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Dany Dug Sacré(e)s tours ! Chronique d’un handicapé dans une tour

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Sacré(e)s tours ! Chronique d’un handicapé dans une tour

Dany Dug 4.94 651372

Dany Dug

Sacré(e)s tours !Chronique d’un handicapé dans une tour

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Introduction

n fait, cette histoire de tour a débuté au cours du mois d’août 1977, période durant laquelle nous avons emménagé. Claudie (mon épouse) et moi-même (Dany pour les intimes), nous nous étions

connus à l’Atelier APF (voir Souvenirs d’antan). Dans la corbeille de mariage, en quelque sorte, M. G***, directeur dudit atelier à cette époque, par l’entremise du Foyer rémois organisme logeur, nous avait déniché un appartement type 3, dans le quartier Europe, au 6 rue de l’Adriatique.

Caprice du destin ou ironie du sort,… notre logement se trouvait au sixième étage (à croire que nous étions prédestinés à prendre de la hauteur (!)

Nous avons vécu là environ trois ans. Cette tour, tout comme l’autre d’ailleurs, nous en joua plus d’un (!), d’où ce titre.

Inutile de préciser que l’immeuble était desservi par un ascenseur. Claudie ayant des difficultés à marcher et moi en fauteuil roulant, cela eut été franchement impensable qu’il en fut autrement !

Les deux premières années s’écoulèrent sans incidents marquants : l’engin tombait

bien en panne de temps à autre, mais pas trop fréquemment. Certes, il lui arrivait parfois de nous laisser en rade le vendredi soir, à la veille du week-end, mais n’y voyez là qu’un effet du hasard (!)

La troisième se passa moins bien : les pannes se répétaient un peu trop continuellement !

Je me souviens même qu’une s’est produite un lundi matin, juste avant

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de partir au travail : c’est M. G *** en personne qui est venu me chercher et me descendre afin de m’emmener à l’atelier.

Il nous vint alors l’idée de demander à nous reloger dans un pavillon. L’organisme accepta et nous prîmes possession de ce dernier en 1980, au 2 allée des Catalans, quartier Croix Rouge. Mal nous en pris !

Le côté paradisiaque (plus de souci d’ascenseur, rez-de-chaussée de plain-pied) céda bien vite la place à l’enfer : le secteur était mal famé !

Jets de pierres, d’œufs pourris dans les fenêtres, les persiennes. Certains enfants de familles nombreuses (par ailleurs insolvables) fouillaient même les poubelles la nuit à la recherche d’hypothétiques restes de nourritures pour tromper leur faim !

Enfin, nous fûmes victimes de quatre cambriolages en quatre ans. Depuis cette époque lointaine, nous avons appris que ce quartier a bien

changé : le Foyer rémois a débarrassé l’endroit de sa population gênante au regard de la société pour en loger une autre plus respectable. Seulement voilà : il a attendu que nous fussions partis !

C’est pourquoi nous décidâmes de revenir dans le quartier Europe plaisant par son environnement. Il est agréable de vivre au milieu de ses maisons particulières alternant avec des immeubles, de ses nombreux espaces verts accueillants, de ses petits commerces proches.

Nous nous retrouvâmes donc, un 21 décembre 1984, au 7ème étage d’une tour, 4 rue du Danube. Durant deux décennies, nous ne connûmes pas trop de problèmes : certes, l’ascenseur connaissait parfois des pannes, mais pas trop rapprochées.

Celles-ci se révélèrent plus nombreuses à partir des trois dernières années.

A tel point que cela valut quelques articles pertinents dans le journal quotidien régional. D’ailleurs, les photos qui ornent ces premières pages sont produites par ce dernier.

Je tiens aussi à porter à votre connaissance l’information suivante : selon une enquête sérieuse, il est apparu que le parc des ascenseurs français est le plus ancien, donc le plus vétuste de l’union européenne. Cocorico ! Franchement, il n’y a pas de quoi en être fier.

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Face à la recrudescence d’accidents (souvent mortels) causés par ceux-ci, le gouvernement a donc décidé de les faire remplacer et de les mettre aux normes de sécurité en vigueur.

La loi a été votée depuis un an ou deux, je crois, mais le décret n’est entré en application que depuis un an et demi environ.

Bref, quoi qu’il en soit, la remise en état de l’ascenseur de notre immeuble vient juste de commencer. Et encore, comble de malchance, les travaux ont débuté avec une semaine de retard !

Inutile de vous dire que cette nouvelle nous avait mis d’excellente humeur (!)…

Enfin, bon gré, mal gré, il a bien fallu se faire une raison. Comme le Foyer rémois n’a pas trouvé d’autre appartement de

remplacement durant cette période difficile, il nous a proposé une solution compensatrice.

Puisque nous ne pourrons plus, chaque jour, descendre pour relever le courrier et aller chercher le pain, c’est donc une personne employée par l’Aradopa (service d’aide à domicile), qui s’en chargera, excepté le week-end. La rémunération de ces prestations particulières sera assurée par l’organisme logeur lui-même. C’est le geste minimum que l’on pouvait attendre de ce dernier, non ?

Ce qui n’empêche pas que Claudie et moi-même, nous allons trouver le temps rudement long. Malgré tout, elle a décidé de faire un effort et de se coltiner les sept étages au moins une fois par semaine pour effectuer sa rééducation chez le kiné. Ce n’est peut-être pas recommandé pour ses problèmes de colonne vertébrale,… mais c’est un excellent exercice pour le cœur, paraît-il, et l’entretien de sa forme !

De son côté, l’auxiliaire médical est d’accord pour effectuer la même activité physique afin de me faire bénéficier de ma séance hebdomadaire. Les autres jours, Claudie reprendra sa broderie délaissée depuis fort longtemps.

Quant à moi, une idée m’est venue : rédiger, au fil des jours, dans les

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pages suivantes, une sorte de Carnet de bord dans lequel je vais rapporter les faits et gestes marquants qui se dérouleront durant cette inaction forcée !…

Si leur lecture vous procure du plaisir, voire de l’intérêt, j’en serai vraiment comblé !…

Je vous en remercie à l’avance…