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Project Gutenberg's Fables et légendes du Japon, by Claudius Ferrand This eBook is for the use of anyone anyhere at no cost and ith al!ost no restrictions hatsoe"er# $ou !ay copy it, gi"e it aay or re%use it under the ter!s of the Project Gutenberg &icense included ith this eBook or online at #gutenberg#org Title Fables et légendes du Japon (uthor Claudius Ferrand )llustrator Ferdinand *affin *elease +ate +ece!ber -, ../ 01Book 234567 &anguage French Character set encoding )89%::54%- ;;; 8T(*T 9F T<)8 P*9J1CT G=T1>B1*G 1B99? F(B&18 1T &@G1>+18 += J(P9> ;;; Produced by Guillau!e +oré and the 9nline +istributed Proofreading Tea! at httpAA#pgdp#net This file as produced fro! i!ages generously !ade a"ailable by the BibliothDue nationale de France BnFAGallicaE at httpAAgallica#bnf#frE Fables et Légendes du Japon Par Claudius Ferrand Texte et illustrations d'après l'édition publiée à To-Kyo Quarante-deux gravures de Ferdinand Raffin

Claudius Ferrand--Fables et légendes du Japon

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  • 5/28/2018 Claudius Ferrand--Fables et l gendes du Japon

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    Project Gutenberg's Fables et lgendes du Japon, by Claudius Ferrand

    This eBook is for the use of anyone anyhere at no cost and ithal!ost no restrictions hatsoe"er# $ou !ay copy it, gi"e it aay orre%use it under the ter!s of the Project Gutenberg &icense includedith this eBook or online at #gutenberg#org

    Title Fables et lgendes du Japon

    (uthor Claudius Ferrand

    )llustrator Ferdinand *affin

    *elease +ate +ece!ber -, ../ 01Book 234567

    &anguage French

    Character set encoding )89%::54%-

    ;;; 8T(*T 9F TB1*G 1B99? F(B&18 1T &@G1>+18 += J(P9> ;;;

    Produced by Guillau!e +or and the 9nline +istributedProofreading Tea! at httpAA#pgdp#net This file asproduced fro! i!ages generously !ade a"ailable by theBibliothDue nationale de France BnFAGallicaE athttpAAgallica#bnf#frE

    Fables et Lgendes du Japon

    Par

    Claudius FerrandTexte et illustrations d'aprs l'dition publie To-KyoQuarante-deux gravures de Ferdinand Raffin

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    ParisLibrairie d'ducation Nationale

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    Collection PicardBibliothque d'ducation Rcrative

    TAL! "!# $AT%&!#

    Ourashima Taro et la Desse de l'OcanLa petite VoleuseLa Veneance du LivreLe monstre !atama

    http://www.gutenberg.org/files/23954/23954-h/23954-h.htm#ourashima_taro_et_la_deesse_de_l_oceanhttp://www.gutenberg.org/files/23954/23954-h/23954-h.htm#la_petite_voleusehttp://www.gutenberg.org/files/23954/23954-h/23954-h.htm#la_vengeance_du_lievrehttp://www.gutenberg.org/files/23954/23954-h/23954-h.htm#le_monstre_yatamahttp://www.gutenberg.org/files/23954/23954-h/23954-h.htm#la_petite_voleusehttp://www.gutenberg.org/files/23954/23954-h/23954-h.htm#la_vengeance_du_lievrehttp://www.gutenberg.org/files/23954/23954-h/23954-h.htm#le_monstre_yatamahttp://www.gutenberg.org/files/23954/23954-h/23954-h.htm#ourashima_taro_et_la_deesse_de_l_ocean
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    L'unique parapluieLes huit "hevreau#Les aventures de Ben$Le vase de %ompitoLes Rats au temple

    Les &raises de dcembreLe oineau sans lanueLes deu# loupes(ne ruse de )iro

    (uras)i*a Taro et la "esse de l'(can

    *l + avait autre,ois- au pa+s de Tano- une bourade du nom de i.uno/ Dans cette bouradevivait un p0cheur- qui s'appelait Ourashima Taro/ "'tait un homme vertueu#- au c1ur sensible et

    bon qui- de sa vie- n'avait 2amais ,ait ni souhait de mal 3 personne/

    Taro revenait un soir de la p0che/ La prise a+ant t abondante- il rentrait satis,ait et 2o+eu#/ 4urle rivae- il aper5oit une bande de petits ar5ons- qui semblaient prendre un malin plaisir 3tourmenter une petite tortue- trouve sur le sable/

    Taro n'aimait pas qu'on ,6t sou,,rir les b0tes/ *l eut piti de la tortue/ 4'approchant des en,ants- ets'e,,or5ant de donner 3 sa voi# un ton imprieu#7

    8 9uel mal vous a donc ,ait- dit:il- cette innocente crature- pour la tourmenter de la sorte;*nore.:vous que les dieu# punissent les en,ants qui maltraitent les animau#;

    http://www.gutenberg.org/files/23954/23954-h/23954-h.htm#l_unique_parapluiehttp://www.gutenberg.org/files/23954/23954-h/23954-h.htm#les_huit_chevreauxhttp://www.gutenberg.org/files/23954/23954-h/23954-h.htm#les_aventures_de_benkehttp://www.gutenberg.org/files/23954/23954-h/23954-h.htm#le_vase_de_kompeitohttp://www.gutenberg.org/files/23954/23954-h/23954-h.htm#les_rats_au_templehttp://www.gutenberg.org/files/23954/23954-h/23954-h.htm#les_fraises_de_decembrehttp://www.gutenberg.org/files/23954/23954-h/23954-h.htm#le_moineau_sans_languehttp://www.gutenberg.org/files/23954/23954-h/23954-h.htm#les_deux_loupeshttp://www.gutenberg.org/files/23954/23954-h/23954-h.htm#une_ruse_de_jirohttp://www.gutenberg.org/files/23954/23954-h/23954-h.htm#une_ruse_de_jirohttp://www.gutenberg.org/files/23954/23954-h/23954-h.htm#l_unique_parapluiehttp://www.gutenberg.org/files/23954/23954-h/23954-h.htm#les_huit_chevreauxhttp://www.gutenberg.org/files/23954/23954-h/23954-h.htm#les_aventures_de_benkehttp://www.gutenberg.org/files/23954/23954-h/23954-h.htm#le_vase_de_kompeitohttp://www.gutenberg.org/files/23954/23954-h/23954-h.htm#les_rats_au_templehttp://www.gutenberg.org/files/23954/23954-h/23954-h.htm#les_fraises_de_decembrehttp://www.gutenberg.org/files/23954/23954-h/23954-h.htm#le_moineau_sans_languehttp://www.gutenberg.org/files/23954/23954-h/23954-h.htm#les_deux_loupeshttp://www.gutenberg.org/files/23954/23954-h/23954-h.htm#une_ruse_de_jiro
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    Ourashima s'approcha des enfants.

    8 0le.:vous donc de ce qui vous rearde- rpond insolemment le plus "'tait une ,ortune pour ces marmots/ *ls acceptent sans hsiter? Taro leur donnedonc deu# petites pices blanches? aussit@t ils courent au villae acheter des Le proverbe te donne di# mille ans d'e#istence- tandis qu'il n'en accordeque mille 3 la cione/ 9ue serais:tu devenu sans moi; )e crois bien que tes di# mille ansauraient t considrablement courts> "ar ils allaient te tuer- ces vauriens> =llons- 2e vais terendre la libert/ ais 3 l'avenir- sois prudente- et surtout ne retombe 2amais plus dans les mains

    des en,ants/

    "ela dit- il dpose la tortue sur le sable- et la laisse aller/ Auis- 2ouissant de la pleine satis,actionque procure tou2ours un bon acte accompli- il retourne en si,,lant 3 sa demeure/ "e soir:l3- lasoupe lui parut meilleure- et son sommeil ,ut plus ler

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    Le lendemain matin- Taro- s'tant lev de bonne heure- part pour la p0che- selon son habitude/ Levoil3 qui ane le lare- mont sur sa petite barque/ *l va 2eter son ,ilet/ Tout 3 coup- il per5oitdans l'eau un clapotement trane/

    8 onsieur Ourashima> ,ait une voi# derrire lui/

    Le p0cheur se demande qui peut bien- 3 cette heure matinale- l'appeler par son nom/ *l reardeautour de lui- mais il ne voit personne/ "ro+ant s'0tre tromp- il se dispose de nouveau 3commencer sa p0che/

    8 onsieur Ourashima> rpte la m0me voi#/

    Taro se retourne une seconde ,ois/ 9uelle n'est pas sa surprise- d'apercevoir- tout auprs de labarque- la petite tortue- la tortue dont- la veille- il a sauv la vie>

    8 Oh> "'est donc toi qui m'as appel;

    8 Oui- c'est moi- onsieur Ourashima/ )e suis venue vous dire bon2our- et vous remercier duservice que vous m'ave. rendu hier soir/

    8 Voil3 qui est bien aimable de ta part/ Vo+ons> que pourrais:2e t'o,,rir; 4i tu ,umais- 2e tepasserais volontiers ma pipe/ ais tu ne dois pas ,umer- toi>

    8 Non- 2e ne ,ume pas- onsieur Ourashima/ ais- si ce n'est pas trop d'indiscrtion-2'accepterais avec plaisir une tasse de sa$/

    8 Du sa$; Tu bois donc du sa$> "'est bien heureu#> )'en ai 2ustement ici une petite bouteille/ *l

    n'est pas de premire qualit- mais il n'est pas mauvais tout de m0me/ Voici>

    Ct le p0cheur- emplissant une tasse- la passe 3 la tortue- qui l'avale d'un trait/ Auis- laconversation- un instant interrompue- continue de la sorte7

    8 Cn veu#:tu une seconde tasse;

    8 Non- merci- onsieur Ourashima/ (ne seule me su,,it = propos- ave.:vous d23 visit lepalais d'Otohim- la desse de l'Ocan;

    8 Non- pas encore/

    8 )'ai 2ustement l'intention de vous + conduire au2ourd'hui/

    8 "omment; Tu veu# m'+ conduire; ais il doit 0tre bien loin- ce palais> D'abord- 2e ne sais pasnaer comme toi/ "omment veu#:tu que 2e te suive;

    8 Oh> il n'est pas ncessaire de savoir bien naer- onsieur Ourashima/ Vous n'aure. m0me pas3 naer du tout/ Vous alle. monter sur mon dos? 2e vous porterai moi:m0me/

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    8 onter sur ton dos> ais- tu n'+ penses pas- ma petite tortue/ 9uand bien m0me tu serais di#,ois plus rosse- il serait impossible 3 un homme comme moi de monter sur ton dos- et de s'+tenir sans daner>

    8 =h> onsieur Ourashima- vous trouve. que 2e suis trop petite; "'est bien =ttende. une

    seconde/ Vous alle. voir/

    Ct voil3 que la petite tortue se met 3 rossir 3 rossir Clle devient aussi rosse que la barquedu p0cheur/ "elui:ci- ,rapp de ce prodie- n'hsite plus/ *l monte sur le dos de l'animal- s'+installe 3 son aise/ Ct la tortue l'emporte vers le palais d'Otohim- la desse de l'Ocan/

    =u bout de quelques heures- Taro aper5oit dans le lointain un immense monument7

    8 9uel est ce monument; demande:t:il 3 la tortue/

    8 "'est le portail du palais- rpond:elle/

    Ct- 3 mesure qu'ils approchent- le portail semble randir- et se teinter de couleurs brillantes/

    *ls arrivent en,in/ La tortue dpose son cavalier sur du sable- dont chaque rain est une perle/ Lep0cheur peut voir alors que le portail est en or massi,- incrust de pierreries/ Deu# normesdraons en ardent l'entre/ *ls ont un corps de cheval- une t0te et des ri,,es de lion- des ailesd'aile et une queue de serpent/ Leur aspect est terrible? nanmoins- c'est d'un reard plein dedouceur qu'ils ,i#ent le nouvel arriv/

    La tortue seule avait pntr sous le porche/ Clle en sortit bient@t- accompane d'une multitudede poissons/ *l + en avait de toutes les randeurs et de toutes les ,ormes/ "hacune des espces

    que ren,erme l'Ocan tait reprsente/ *ls portaient tous la livre de la desse- couleur d'a.ur etalons d'arent/ *ls s'avancrent au:devant du p0cheur et le salurent 2usqu'3 terre- avec toutes lesmarques de la s+mpathie et du respect/

    Le brave Taro ne comprenait rien 3 toutes ces choses? mais- sachant trs bien qu'on ne lui voulaitaucun mal- il se laissa ,aire/ On le dpouilla de son costume de p0che- et on le rev0tit d'unemani,ique robe de soie/ On lui attacha au# pieds des pantou,les de velours? puis un paecharmant- le prenant par la main- l'introduisit dans le palais/

    4'appu+ant sur une rampe d'ivoire- il monte les sept ders d'un escalier de marbre- et arrivedevant la porte en bois d'aca2ou- sur laquelle scintillent des meraudes/ Clle s'ouvre d'elle:m0me

    et Taro pntre dans l'appartement de la desse/ "'est une salle immense- dont le pla,ond encorail est soutenu par vint colonnes de cristal/ De nombreuses lampes en vermeil + donnent unedouce et brillante lumire/ Les parois sont en marbre parsem de rubis et de pierreries diverses/

    =u milieu de toutes ces merveilles- assise sur un tr@ne de diamant- orne de ses plus richesparures- et environne de toute sa cour- se tient Otohim- la desse de l'Ocan/ Clle este#traordinairement belle- plus belle que l'aurore 3 son lever/ Lorsque Taro la vit- elle lecontemplait avec son plus racieu# sourire/ *l voulut se prosterner/ La desse ne lui en laissa pas

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    le temps/ 4e levant de son tr@ne- elle s'avan5a vers lui- ma2estueuse et aimable- et lui prenanta,,ectueusement les mains7

    8 4o+e. le bienvenu> lui dit:elle/ )'ai appris que- hier soir- vous avie. sauv la vie 3 l'un dessu2ets les plus vnrs de mon empire/ )'ai voulu vous en e#primer de vive voi# ma sincre

    reconnaissance- et voil3 la raison pour laquelle 2e vous ai ,ait venir ici/

    Taro ne savait que rpondre/ *l se tut/ =lors- sur un sine de la desse- on le ,it asseoir sur uncoussin en soie- cousue de ,il d'or/ On lui apporta une petite table en ivoire- sur laquelle taientposs- dans des plateau# de vermeil- toutes sortes de mets apptissants/ Taro ,it un repas- commeil n'en avait 2amais ,ait depuis qus'il tait au monde/ 9uand il eut ,ini de maner- la desse leconduisit voir les diverses parties de son palais/

    Taro fit un repas comme il n'en avait jamais fait depuis qu'il tait au monde.

    Le p0cheur marchait de surprise en surprise- d'blouissement en blouissement/ ais ce qui le,rappa le plus- et mit le comble 3 son admiration- ce ,ut le 2ardin/ *l + avait l3 quatre parterresimmenses? chacun reprsentait l'une des quatre saisons de l'anne/

    = l'est- c'tait le parterre du printemps7 d'innombrables pruniers et cerisiers en ,leurs s'levaientau:dessus d'un verdo+ant a.on? de nombreu# rossinols + modulaient leurs dlicieusesromances? des alouettes + ,aisaient leur nid/

    =u sud s'tendait le parterre de l't7 l3- des pommiers et des poiriers- dont les branches pliaientsous le poids de leurs ,ruits/ Des ciales + remplissaient l'air de leurs cris assourdissants etmonotones/ *l + rnait une rande chaleur- tempre par un dou# .ph+r/

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    L'automne tait reprsent par le parterre de l'ouest/ Le sol + tait couvert de ,euilles 2aunissanteset de bouquets de chr+santhmes/ Cn,in- le parterre de l'hiver tait au nord7 c'tait un immensetapis de neie- entourant un tan de lace

    Taro passa sept 2ours dans ce palais enchanteur/ &ascin par toutes les merveilles qui s'o,,raient 3

    ses reards- charm de la bont que lui tmoinait la desse- et du bien:0tre qu'il prouvait auprsd'elle- il avait oubli son villae? il ne soneait plus 3 son vieu# pre- 3 sa ,emme- 3 ses en,ants- 3sa barque- 3 ses ,ilets/

    (n 2our pourtant il s'en souvint- et la tristesse le prit/

    8 9ue doit penser mon pre- se dit:il- d'une si lonue absence; "ombien ma ,emme et mesen,ants doivent 0tre inquiets- et attendre mon retour> *ls me croient peut:0tre mort- enlouti au,ond de l'Ocan> Ct ma barque- qu'est:elle devenue; Ct mes ,ilets;

    =lors- Taro rsolut de partir/ *l en parla 3 la desse/ "elle:ci essa+a bien de le retenir encore-

    mais toutes ses instances demeurrent in,ructueuses/ "e vo+ant- la belle Otohim le prit 3 partdans sa chambre secrte et- tirant du ,ond d'un co,,re une petite bo6te en laque- elle la lui donna-en disant7

    8 Auisqu'3 tout pri# vous voule. partir- onsieur Ourashima- 2e ne vous retiens plus/ Tene.>Cmporte. cette bo6te- comme souvenir de moi et de votre s2our ici/ ais promette.:moi que-quoiqu'il arrive- vous ne l'ouvrire. 2amais/ onsieur- retene. bien mes paroles7 le 2our o- cdant3 une curiosit coupable- vous ouvrire. cette bo6te- vous 0tes un homme mort/

    Taro accepta le prsent avec beaucoup de reconnaissance/ *l promit que 2amais il n'ouvrirait labo6te- quoiqu'il puisse arriver/ Auis la desse l'embrassa sur le ,ront- elle l'accompana 2usqu'au

    seuil de sa porte- et ils se sparrent/ Le p0cheur remonta sur le dos de la tortue- et celle:ci leramena au rivae

    Taro est de retour/ ais- comme tout a chan pendant son absence> Les arbres qui se trouvent 3l'entre du bour ne sont plus ceu# qu'il tait habitu 3 + voir/ Le villae s'est arandi? il + a desmaisons nouvelles- des maisons comme il n'en a 2amais vu de sa vie/ 9uel n'est pas sontonnement de ne plus retrouver aucune de ses connaissances> Tous les visaes qu'il rencontre luisont entirement inconnus>

    Ne comprenant plus rien 3 cette soudaine mtamorphose des hommes et des choses- Taro ne saitque penser ni que croire/ *l lui tarde de retrouver son pre- sa ,emme et ses en,ants- pour

    apprendre de leur bouche le pourquoi de ce qui l'tonne/ *l se dirie vers sa demeure/ L3- sasurprise redouble/ "'est bien cette maison qu'il a quitte- il + a sept 2ours/ ais elle tombe enruines/ *l s'approche et 2ette un coup d'1il 3 l'intrieur/ *l n'+ voit aucun des ob2ets qui lui taient,amiliers/ *l n'+ retrouve ni son pre- ni sa ,emme- ni ses en,ants/

    4ur la natte- un vieillard est assis- les bras appu+s sur le bord du brasero- mais ce vieillard n'estpas son pre> Taro va d,aillir sous le poids d'une motion trop ,orte/ *l se contient pourtantencore/

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    8 Bon vieillard- demande:t:il d'une voi# tou,,e- il + a sept 2ours que 2'ai quitt ce villae/ Tout+ a chan depuis/ "ette maison est 3 moi- et 2e vous + trouve- vous- un inconnu/ O sont doncmon vieu# pre- ma ,emme et mes en,ants- que 2'ai laisss ici;

    8 )eune homme- rpond le vieillard- qui croit avoir 3 ,aire 3 un ,ou- 2e ne sais ce que vous voule.

    dire/ 9ui 0tes:vous donc; 9uel est votre nom;

    8 )e suis Ourashima Taro- le p0cheur/

    8 Ourashima Taro> s'crie le vieillard au comble de la surprise- mais alors- vous 0tes un,ant@me un revenant une ombre> )'ai souvent- en e,,et- entendu parler d'un certainOurashima Taro/ ais- voil3 bien lontemps qu'il n'est plus de ce monde/ *l + a sept cents ansqu'Ourashima Taro est mort>

    8 4ept cents ans> s'crie le p0cheur/

    =ussit@t il p

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    8 9ue contient cette bo6te; La desse m'a dit- en me la remettant7 le 2our o- par une curiositcoupable- vous ouvrire. cette bo6te- vous 0tes un homme mort (ne desse ne ment point etpourtant- qui sait; Aeut:0tre est:ce pour m'prouver qu'elle m'a dit cela> Aeut:0tre cette bo6tecontient:elle mon bonheur> Ct puis- aprs tout- que m'importe la mort- 3 cette heure; Nesuis:2e pas seul au monde- sans parents- sans amis- sans connaissances- sans ,ortune; Oui-

    mieu# vaut cent ,ois la mort- qu'une e#istence aussi malheureuse>

    =insi pense Taro/ =lors- d'un mouvement nerveu#- il entr'ouvre la bo6te/ *l en sort un nuaepais- qui l'enveloppe des pieds 3 la t0te/ 4oudain- ses cheveu# deviennent blancs comme laneie- son ,ront se ride- ses membres se desschent et il tombe mort sur la plae/

    Le lendemain- des p0cheurs dcouvrirent sur la rve le corps d'un homme qui avait vcu septcents ans

    La petite +oleuse

    ademoiselle =$i tait une 2eune ,ille de di#:sept ans/ 4es parents l'avaient

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    Le ministre faisait sa toilette.

    8 Bon2our- adame Osandon- lui dit =$i en la saluant- 2e suis la ,ille de / Ta$e+oshi- lemarchand de soieries qui habite la rue de Fono/ Fier soir- votre ma6tre a rendu 3 mon pre unservice important/ Ct mon pre m'envoie le remercier en son nom- en attendant qu'il se prsentelui:m0me/ *l m'a char de remettre 3 / le ministre ce panier de poissons/ 9uoique ce soit peude chose- veuille. prier votre ma6tre de l'accepter comme un ,aible tmoinae de notrereconnaissance/

    La brave cuisinire n'a aucun moti, de mettre en doute la sincrit de cette 2eune ,ille/ Clleaccepte le panier- va trouver le ministre qui ,aisait sa toilette- et lui rpte les paroles d'=$i/

    Le ministre- aprs avoir cout- r,lchit un instant- puis il rpond7

    8 )e ne connais personne du nom de Ta$e+oshi? 2'inore s'il + a un marchand de soieries de cenom dans la rue de Fono? 2e n'ai pas souvenance d'avoir rendu hier soir un service quelconque 3qui que ce soit/ La chose m'eEt t di,,icile- vu que 2e ne suis pas sorti hier de toute la 2ourne/ *l+ a l3 une erreur? cette 2eune ,ille se trompe d'adresse? reporte:lui son panier/

    Aendant que se tenait ce petit bout de conversation dans la chambre du ministre lle=$i- reste

    seule 3 la cuisine- avait 2et un coup d'1il sur les tares? elle avait aper5u une petite tasse devaleur- et trs dlicatement- l'avait lisse dans les pro,ondeurs de sa manche/ ais- cela tant endehors du proramme- et n'tant arriv que par hasard- ne nous + arr0tons pas- et continuons/

    meOsandon redescend donc 3 la cuisine- et rend le panier 3 la 2eune ,ille- en lui rapportant lesparoles de son ma6tre/

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    8 "'est curieu#> rpond =$i- en reprenant le panier "'est pourtant bien ici> =urais:2e malentendu; )e suis si sotte> )e vais retourner 3 la maison- et demander de nouveau 3 mon pre/Voudrie.:vous 0tre asse. aimable pour me permettre de dposer mon panier ici; )e reviendraidans tous les cas le prendre/

    8 *l n'+ a pas d'inconvnient- ademoiselle/

    =$i dpose donc son panier dans un coin de la cuisine? puis- saluant pro,ondment meOsandon-elle reprend le chemin par lequel elle est venue/

    Vous vous demande. peut:0tre pourquoi la ruse 2eune ,ille a laiss l3 son panier; Aourquoi; )evous le donne en mille/ *nutile de vous creuser la t0te/ Vous ne devinere. pas/ ais vous alle.comprendre tout 3 l'heure- et vous ne pourre. vous emp0cher de penser7 quelle petite coquine>

    D'abord- elle ne retourne pas che. elle- tout naturellement/ La voil3 qui remonte l'avenue- en,ilela rue de 4a$anacho et s'arr0te devant la boutique d'un horloer/

    8 Aardon> dit:elle en entrant/ )e viens de la part de me4an2o- la ,emme du ministre/ Cst:ce quevous ave. de belles montres en or;

    8 ais par,aitement- ademoiselle/ Cn dsire.:vous de randes ou de petites;

    8 Voici/ a ma6tresse voudrait en voir quelques:unes de dimensions di,,rentes- pour pouvoir,aire son choi#/ Clle est trs ,atiue au2ourd'hui et ne peut quitter la chambre/ *l lui ,autcependant une montre pour ce soir/ Ne voudrie.:vous pas en con,ier quelques:unes 3 votreapprenti- et le prier de m'accompaner che. ma ma6tresse;

    8 )e n'ai pas l'habitude de con,ier des montres 3 mon apprenti/ ais- si vous n'+ vo+e. pasd'inconvnient- 2e puis vous accompaner moi:m0me/

    8 "e sera encore mieu#>

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    Aki reprit le panier qu'elle avait dpos la cuisine.

    L'horloer- lui non plus- n'a aucune raison de soup5onner la 2eune ,ille/ *l choisit dou.e bellesmontres- les introduit dans une bo6te- enveloppe la bo6te d'un beau ,oulard de soie- met sonmanteau et part avec =$i/

    *ls arrivent che. / le ministre- entrent par la porte cochre- et pntrent dans la cour/ =rrivs l3-la petite ruse dit 3 son companon7

    8 "omme adame est couche- elle serait peut:0tre contrarie de vous recevoir che. elle/

    Aasse.:moi les montres? 2e vais les lui porter/ Ct attende.:moi ici- ce ne sera pas lon/

    L'horloer sans m,iance passe la bo6te 3 =$i- et les montres vont re2oindre la tasse de tout 3l'heure dans les pro,ondeurs de sa manche

    La 2eune ,ille se rend 3 la cuisine- o elle retrouve meOsandon7

    8 C#cuse.:moi- dit:elle en entrant- 2e me suis e,,ectivement trompe/ "e n'est pas che. / leministre 4an2o que mon pre m'envo+ait- mais bien che. un certain / 4on2o/ Aardonne.:moi ledranement que 2e vous ai occasionn tant@t/

    8 *l n'+ a pas de quoi- ademoiselle- rpond la cuisinire? tout le monde peut se tromper/

    =$i reprend donc le panier au# poissons qu'elle avait dpos 3 la cuisine- vous commence. 3comprendre dans quel but/ Clle salue la bonne- et revient vers la cour- o attendait l'horloer/

    8 adame est en train d'e#aminer les montres- dit:elle? ds qu'elle aura ,ait son choi#- elle doitvous ,aire appeler/ Aatiente. encore quelques secondes- et veuille. m'e#cuser? il ,aut que 2'ailleporter ces poissons 3 une amie de adame/

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    L3:dessus elle le quitte et sort de la cour/

    L'horloer- qui la voit sortir- un panier de poissons au bras- alors qu'elle est entre les mainsvides- n'a pas un instant la pense de douter qu'elle soit une domestique de me4an2o/ *l nesoup5onne pas- le brave homme que- dans la manche de cette ,ille qui vient de sortir- reposent

    insouciantes les dou.e montres en or- qu'il a apportes de che. lui>

    *l attend un bon quart d'heure/ ais personne ne vient/ On a l'air- dans la maison- de ne pasm0me soner 3 lui/ *mpatient- il se rend 3 son tour 3 la cuisine/

    L'horloger la vit sortir un panier au bras.

    8 Ch bien> dit:il 3 la cuisinire- est:ce que adame a termin son choi#;

    8 9uel choi#;

    8 ais le choi# des montres/

    8 9uelles montres;

    8 Les montres que 2e viens d'apporter et que 2'ai con,ies 3 la 2eune ,ille- pour les ,aire voir 3

    adame/

    8 9uelle 2eune ,ille;

    8 "elle qui vient de sortir avec un panier/

    8 "elle qui vient de sortir avec un panier;

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    8 Oui/

    8 ais- mon brave homme- cette 2eune ,ille n'est pas plus emplo+e 3 la maison- que moi 2e nesuis emplo+e au palais de l'Cmpereur>

    Ct la cuisinire raconte alors 3 l'horloer ptri,i les antcdents de l'histoire- et pourquoi etcomment cette 2eune ,ille est sortie de la maison avec un panier/ L'horloer raconte 3 son tourl'histoire des montres- et pourquoi et comment il se ,ait qu'il est l3/

    8 =lors- mon pauvre homme- conclut la cuisinire- vous pouve. leur dire adieu 3 vos montres>

    Le malheureu# horloer- comprenant un peu tard qu'il a t ,ilout- s'arrache les cheveu# dedsespoir- 2ure par tous ses anc0tres que 2amais plus de sa vie- il ne con,iera de montres 3personne/

    *l s'en va de ce pas ,aire sa dclaration 3 la police/ La police s'est mise 3 la recherche de la petite

    voleuse/

    La retrouvera:t:elle; G"hi lo s3>H

    La +engeance du Li,re

    *l tait une ,ois un vieu# et une vieille/ Le vieu# se nommait Iombi2i- et la vieille Tora/"'taient de bien braves ens/ *ls vivaient dans une intimit par,aite- et savaient se contenter depeu/ Toute leur ,ortune consistait en une misrable cabane- couverte de chaume- b

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    8 Aauvre ,emme> lui dit:il d'une voi# compatissante- 2e sou,,re de te voir travailler de la sorte- 3ton

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    8 Oui- rpond:elle- 2'ai pens que tu aurais ,aim 3 ton retour/ Tiens> vois comme 5a sent bon>

    Ct- en parlant ainsi- elle soulve le couvercle/ De la marmite en bullition- s'chappe une odeur-que le vieillard ne peut s'emp0cher de trouver trs trane>

    Auis- il dpose ses instruments de travail- se lave les mains- s'assied devant la minuscule table oil prend ses repas- se ,ait servir- et commence 3 dvorer avec apptit/ Aauvre Iombi2i> ne va passi vite- et ne te dlecte pas si ,ort> 4i tu savais ce que tu manes> = peine a:t:il aval ladernire bouche- qu'il entend derrire lui un ,ormidable clat de rire/ *l se retourne/ 9uelle n'estpas sa stupeur> 4a vieille n'est plus l3> = sa place- le blaireau- qu'il avait cru maner> "elui:ci- ene,,et- venait en un clin d'1il de reprendre sa ,orme naturelle- et riait 3 ore dplo+e7

    8 Ch bien- vieu#> lui dit:il- tait:elle bonne- ta vieille; "ar c'est elle que tu viens de maner>Clle m'a dtach- la sotte> =lors- 2e l'ai tue- puis coupe en morceau#- puis 2e l'ai ,ait cuire 3 maplace- et tu l'as avale> =h> ah> ah>

    Ct- avant que Iombi2i ait pu revenir de sa surprise- le blaireau ,it un bond vers la porte ets'en,uit de toute la vitesse de ses 2ambes/

    Le malheureu# vieillard resta lontemps- bien lontemps- sans pouvoir se remettre/ De dsespoir-il se serait volontiers arrach les cheveu#- s'il en avait eu encore/

    8 Aauvre Tora> ne cessait:il de rpter en pleurant> "'est ta bont qui t'a perdue> Ct moi- quit'ai mane> "omment supporter le poids d'une pareille honte; Auis:2e survivre 3 un telmalheur> Non- il ne me reste plus qu'3 mourir- comme meurent les samuraJ

    "hacun sait que les samuraJ- pour sauver leur honneur- ne cro+aient pouvoir mieu# ,aire que de

    s'ouvrir le ventre/ "'est donc 3 ce dernier parti que le malheureu# vieillard se dtermina/

    *l aper5oit 3 ses pieds le couteau de cuisine- ce m0me coutelas- dont le blaireau s'est servi pourcouper en morceau# l'in,ortune Tora/ *l le saisit d'une main tremblante/ Auis- tombant 3 enou#-il prononce la supr0me prire- la ,ormule sacre que prononcent les hros qui se donnent la mort7GNamu =mida butsuH/ =lors- re2etant son habit en arrire- il s'en,once le couteau dans le ventre-et lentement- de auche 3 droite- en promne la lame

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    !ombiji s'enfon"a le couteau dans le ventre.

    ais- @ miracle> voil3 qu'au m0me instant- la cabane s'illumine tout 3 coup d'une clartm+strieuse/ (ne ,orme blanche et transparente s'approche du vieillard- tendu sans vie sur lesol L'apparition touche la blessure de sa main diaphane Du ventre entr'ouvert- pleine de vieet souriante- la vieille Tora s'chappe- et la blessure se re,erme Auis- le ,ant@me dispara6t et lalumire s'vanouit>

    Les deu# vieillards- revenus 3 la vie- se reardent =u comble de la surprise- ils ne saventd'abord que penser et que se dire *ls comprennent en,in que le ciel est venu 3 leur secours *lstombent 3 enou#- remercient les dieu#- pleurent- se ,licitent- s'embrassent

    Le lendemain de ce 2our mmorable- les deu# pou# s'entretenaient ensemble sur les mo+ens dese vener du blaireau qui leur avait ,ait tant de mal/ 9u'tait- en e,,et- devenu le blaireau; *ls'tait r,ui dans sa tanire et- crainant 3 2uste titre les reprsailles du vieu#- il n'osait plus ensortir/

    Les deu# pou# causaient donc ensemble/ Tout 3 coup- un bruit ler de pas se ,it entendre 3 laporte de la cabane/ (ne voi# trs douce demanda la permission d'enter/ "'tait le livre- le 2olilivre blanc qui habite dans la montane- et qui venait leur ,aire visite/

    Le livre n'est pas mchant comme le blaireau> =ussi les deu# pou# le re5urent trs poliment/

    *ls le ,irent asseoir auprs d'eu#- et lui o,,rirent du th/ =lors le vieillard lui raconta comme quoile blaireau avait assomm sa ,emme et la lui avait ,ait maner? comment lui- de dsespoir- s'taitouvert le ventre- qu'une divinit tant alors apparue avait rendu la vie 3 la vieille et uri sapropre blessure/ Cnsuite il lui parla de leurs pro2ets de veneance- et lui demanda s'il neconna6trait pas un mo+en de s'emparer du blaireau/

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    8 "hers amis- rpondit le livre- aprs avoir en silence cout cet trane rcit- ne vous mette.pas en peine/ Vous voule. une veneance; Vous l'aure./ Ct c'est moi:m0me qui m'en chare/ &oide livre- vous n'attendre. pas lontemps>

    L3:dessus tous les trois se ,irent les saluts d'usae? le livre prit con de ses amis et retourna

    dans son 6te- pour ruminer son plan/

    Le blaireau- dans son terrier- s'ennu+ait 3 mourir/ = quelque temps de l3- le livre vint le voir7

    8 "amarade- lui dit:il en entrant- que se passe:t:il donc; On ne te voit plus dans les champs/4erais:tu par hasard malade;

    Le blaireau ne voulut pas e#pliquer 3 son visiteur le vrai moti, pour lequel il se tenait cach- etlui rpondit qu'en e,,et- il se sentait un peu malade/

    8 on cher- repartit alors le livre- ce n'est pas en restant ainsi en,erm que tu te uriras/

    Rearde quel temps splendide nous avons au2ourd'hui> Vo+ons> ne viens:tu pas ,aire avec moiun tour de promenade; Nous irons 3 la montane o nous ramasserons du menu bois/

    Le blaireau- d'un c@t- s'ennu+ait 3 mourir/ De l'autre- il n'avait aucun moti, de soup5onner le 2olilivre blanc de lui vouloir du mal/ "e ,ut donc sans hsiter qu'il accepta la proposition/ *ls partentbras dessus bras dessous- s'en vont dans la montane- ramassent de menus branchaes- en ,ontdes ,aots et se les attachent mutuellement sur le dos/ Auis- ils se disposent 3 redescendre/ Lelivre avait apport un briquet7 car le livre avait son plan/ Aro,itant d'un moment o soncompanon est distrait- il passe doucement- derrire lui- bat le briquet pour en tirer du ,eu7G%atchi$atchiH- ,ait le briquet/

    Le blaireau entend- et sans se retourner7

    8 Livre- demande:t:il- qu'est:ce qui a ,ait G%atchi$atchiH derrire moi;

    8 "e n'est rien- rpond l'autre/ La montane o nous sommes s'appelle %atchi$atchi? c'est sonnom que tu as cru entendre>

    Tout en parlant ainsi- le livre a mis le ,eu au ,aot du blaireau/ La ,lamme en crpitant ,ait G%a:pi$aH/ Le blaireau demande encore7

    8 9u'est:ce qui a ,ait G%a:pi$aH derrire moi;

    8 Oh> ce n'est rien- rpond le livre/ La montane o nous sommes s'appelle aussi %a:pi$a? c'estson nom que tu as cru entendre>

    Le ,aot brElait La ,lamme atteinit bient@t les poils du blaireau/ = la premire sensation de ladouleur- celui:ci poussa un cri d'e,,roi> Auis- la sou,,rance devenant de plus en plus cuisante- il seroula sur le sol- avec des contorsions horribles? en,in- n'en pouvant plus- il se prcipita au bas dela montane- et s'en,uit dans sa tanire- o il passa la nuit dans d'a,,reuses tortures/

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    Le lendemain matin- le livre vint lui ,aire une seconde visite7

    8 "amarade- lui dit:il- avec une tendresse ,einte- il t'est survenu hier une aventure ,ortdsarable> )'ai eu piti de toi/ )e suis all trouver un pharmacien de mes amis/ *l m'a remis ceremde/ Bois:le ce soir- avant de t'endormir- et demain tes sou,,rances auront compltement

    disparu/

    Ct il lui tendit une petite ,iole- laquelle contenait un poison trs violent- qu'il avait lui:m0meprpar avec des herbes de la montane/ Le blaireau- qui ne soup5onnait pas son ami d'avoir 3son ard de mauvaises intentions- accepta sans m,iance aucune le soi:disant remde/ Le livrelui souhaita alors bonne chance- et le saluant pro,ondment- retourna dans son 6te- 2ouissant enson c1ur du succs de sa ruse/

    Le blaireau avala le poison/ =ussit@t il prouva dans tout son corps une brElure pouvantable/ *lse tordit comme un ver- au milieu d'atroces sou,,rances et se mit 3 pousser des cris dchirants/ Lelendemain- 3 l'aurore- le livre vint voir si le blaireau tait mort/ "elui:ci n'tait pas mort encore-

    car les blaireau# ont la vie dure/ *l tait couch et sou,,rait horriblement/

    Le livre 2uea alors que l'occasion tait on ne peut plus ,avorable pour assouvir sa veneance7

    8 Blaireau- lui cria:t:il- tu te souviens sans doute de la vieille Tora- que tu as assomme et ,aitmaner 3 son mari/ Ch bien- apprends que les dieu# punissent tou2ours le crime/ "'est moi qu'ilsont choisi comme instrument de leur veneance/ "'est moi qui ai mis le ,eu 3 ton ,aot de bois aumont %atchi$atchi/ "e remde que 2e t'ai apport hier est un violent poison que 2e t'avais moi:m0me prpar pour te ,aire mourir/ eurs donc> Ct que Iombi2i et Tora soient vens>

    *l dit- et saisissant une rosse pierre- il en assomma le blaireau- qui ne tarda pas 3 rendre le

    dernier soupir

    Le blaireau ne tarda pas rendre le dernier soupir.

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    Le livre- aprs avoir accompli sa mission- se rendit de ce pas che. le vieu# et la vieille quil'attendaient dans leur cabane/ *l leur raconta dans tous les dtails l'histoire de la veneance/ Lesbraves ens ,urent bien heureu# d'apprendre la mort de leur ennemi/ Irande ,ut leurreconnaissance 3 l'ard du 2oli livre blanc qui les avait vens/ *ls l'adoptrent pour leur ,ils-l'appelrent (saidono- l'aimrent et le traitrent bien/ Le livre commen5a ds lors 3 leur rendre

    toutes sortes de services/

    La veuve du blaireau vivait- avec ses deu# en,ants- dans une bien misrable condition/ Tous lesanimau# de la montane savaient ce qui s'tait pass/ On racontait partout- le soir 3 la veille- lesm,aits du blaireau- le secours inespr du ciel- la veneance du livre blanc/ "e dernier taitport au# nues- tandis que la conduite du premier tait l'ob2et des apprciations les plusmalveillantes/ =ussi- point n'e#istait:il de piti pour la veuve et ses deu# ,ils/

    Les pauvres dshrits ne pouvaient plus para6tre en plein 2our? ds qu'on les apercevait- c'tait 3qui les insulterait davantae/ On leur 2etait des pierres- les chiens abo+aient aprs eu#- les loupsles poursuivaient- les livres eu#:m0mes riaient 3 leur passae/

    L'a6n des deu# en,ants portait le nom de Tanu$itaro? son ,rre s'appelait !ama2iro/ *ls n'taientpas mchants comme l'avait t leur pre/ ais la situation dans laquelle ils vivaient taitintolrable et- de tout c1ur- ils haJssaient le 2oli livre blanc- qui avait tu leur pre et les avaitrduits 3 cette e#istence malheureuse/

    (n des devoirs les plus sacrs de la pit ,iliale leur ordonnait de vener la mort de leur pauvrepre/ *ls dcidrent- en consquence- de ,aire mourir son meurtrier/ ais ils savaient que cedernier n'tait point l

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    "ette anne:l3- la veille du rand 2our- (saidono- 3 ,orce d'instances- avait obtenu de ses vieu#ma6tres la promesse de l'accompaner 3 cette runion qu'il devait prsider lui:m0me/ *ls allaientse mettre au lit- quand ils entendirent les pas d'un visiteur/ "'tait un livre tout 2eune/ *l pntradans la cabane- salua pro,ondment le nral en che,- et lui parla en ces termes7

    8 C#cuse.:moi de venir vous draner 3 une heure aussi tardive/ *l s'ait d'une a,,aire de ladernire importance/ )e viens vous supplier de ne pas vous rendre 3 la runion de demain soir/Voici pourquoi7 les deu# 2eunes blaireau#- dont le mal,aisant pre a pri sous vos coups- veulentpro,iter de la ,0te pour vous ,aire un mauvais parti/ *ls ne parlent de rien moins que de vousmettre 3 mort/ a mre tient la chose d'une belette- amie de la ,amille/ *l para6t aussi que- depuisplusieurs 2ours- les deu# ,rres s'e#ercent au maniement des armes- et que !ama2iro- le cadet- +est devenu d'une habilet rare/ Vous connaisse. le proverbe qui dit7 Le vritable hros nes'e#pose pas au daner/

    9uand le visiteur eut ,ini de parler- (saidono rpondit7

    8 Tu es vraiment bien aimable d'0tre venu me prvenir- et 2e te remercie de cette preuved'a,,ection- mais 2e suis rsolu 3 ne point tenir compte du daner dont tu me parles/ Depuislontemps- 2e le sais- les deu# ,ils du blaireau complotent ma mort/ 9uoi de plus 2uste et de plusnaturel; N'ont:ils pas le devoir de vener leur pre; "hacun son tour en ce monde/ )e m'tais,iur que mes deu# ennemis- pro,itant de la ,acult de se mtamorphoser que leur a octro+e lanature- useraient de ruse pour me tuer 3 l'improviste/ *l para6t qu'ils renoncent 3 emplo+er cedlo+al stratame- ils veulent se mesurer avec moi 3 ,ace dcouverte/ )e les admire et lesestime/ )e serai heureu# de mourir de la main de ces deu# braves/ Bien loin donc de les ,uir- 2eveu# aller moi:m0me au:devant de leurs coups/

    =insi parla le 2oli livre blanc/ Le vieu# Iombi2i l'avait cout en silence/ Auis- il prit 3 son tour

    la parole7

    8 on cher en,ant- dit:il 3 son ,ils adopti,- ce que tu viens de dire est raisonnable- et 2e ne puisque t'approuver/ Laisse:moi cependant te ,aire une remarque/ Tu vas mourir- dis:tu- de la maindes blaireau#/ 9u'arrivera:t:il aprs; *l arrivera que les livres qui t'ont choisi pour che, voudront3 leur tour vener ta mort7 ce sera alement leur droit et leur devoir/ *ls tueront donc les deu#blaireau#/ Auis- la tribu des blaireau# voudra vener la mort des deu# en,ants/ La lutte entrelivres et blaireau# continuera de la sorte de nration en nration- chose ,ort rerettable/

    N'+ a:t:il pas un mo+en de mieu# arraner les choses; coute/ Voici 3 quoi 2e pense depuisquelques 2ours/ Le blaireau que tu as tu tait mon ennemi quand il vivait? maintenant- il n'est

    plus de ce monde? 2e n'ai aucune raison de lui continuer ma haine/ )e sone donc 3 lui lever untombeau et 3 ,aire clbrer pour lui un service solennel- auquel seraient convoques les deu#tribus des blaireau# et des livres/ )e ,erais aussi une pension 3 la pauvre veuve/ Les deu# ,ilsreconnaissants abandonneraient sErement leur pro2et de veneance- et la pai# serait rtablie/

    (saidono approuva pleinement la niale et nreuse proposition de son ma6tre/ *l ,ut doncconvenu que tout le monde se rendrait 3 la ,0te et que le livre blanc annoncerait publiquement la

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    chose/ L3:dessus- le visiteur prit con/ Iombi2i- Tora et (saidono se couchrent- l'

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    8 on vieu# ma6tre- ici prsent- veut lever une tombe 3 son ancien ennemi/ *l dsire qu'on lui,asse des ,unrailles solennelles/ *l nous demande aussi d'oraniser une souscription nreusepour ,aire une pension 3 la veuve in,ortune/

    = peine ces derniers mots eurent:ils t prononcs- qu'un rand bruit se produisit du c@t de la

    porte/ Les deu# blaireau# venaient de ,aire irruption dans la salle/ Les livres- e,,ra+s- selevrent d'un mouvement commun et se massrent autour de leur che,/ Les deu# ,rres s'tantavancs 2ettent au loin leurs armes et se prosternent devant (saidono- versant des larmesabondantes/ Le livre blanc les relve et les embrasse/ =lors un ,rmissement d'motion s'emparede la salle entire/ Les deu# blaireau# sont ports en triomphe/ (ne danse ,olle s'oranise et-2usqu'3 l'aurore- 2usqu'3 ce que la lune ait disparu derrire la montane- ce ,ut une ,0te telle queles livres n'en avaient 2amais eu/

    Le lendemain- (saidono promena dans la campane la veuve du blaireau et ses deu# en,ants/ *lleur ,it ,aire de nombreuses connaissances et les rconcilia avec tous leurs ennemis/ Les deu#tribus des livres et des blaireau# se runirent ensuite7 on se 2ura de part et d'autre amiti

    ternelle? puis- un corte s'oranisa et le corps du blaireau ,ut transport dans la tombe queIombi2i lui avait prpare/

    Le corps du blaireau fut transport dans la tombe qui lui avait t prpare.

    Depuis ce 2our- livres et blaireau# ont tou2ours vcu dans les rapports de l'harmonie la pluspar,aite et de la plus troite amiti/

    Le *onstre ata*a

    *l + a bien lontemps de cela7 les nombreuses 6les du )apon venaient 3 peine d'0tre en,antes parla desse *.anami/ 4a ,ille =matrasu- desse du soleil- rnait- ma2estueuse et brillante- dans lessplendeurs in,inies du Ta$amaahara- c'est:3:dire du ciel/ Clle avait un ,rre- plus 2eune qu'elle

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    de quelques annes- qui rpondait au nom de 4usanoonomi$oto/ *l tait d'une taille iantesque-,ort comme un taureau- capricieu# comme une chvre- et espile comme un sine/ Le plusrand de ses plaisirs tait de ,aire des malices et de 2ouer des tours- tant@t 3 la desse sa s1ur-tant@t au# autres divinits du Ta$amaahara/ ais- comme il n'avait pas mauvais c1ur- cesillustres personnaes lui pardonnaient bien des choses et ne lui ardaient nralement pas

    rancune/

    (n 2our pourtant- il se permit une ,antaisie qui dpassait toutes les bornes/ La desse du soleilvenait de ,aire construire un immense et mani,ique atelier de tissae/ On ne pourrait direcombien de tracas et de soucis lui avait causs cette installation/ Cn consquence- elle + tenait detout son c1ur/ Clle en tait ,ire- et la montrait avec orueil au# autres divinits/ (n 2our donc-4usanoonomi$oto- cdant 3 un trs mauvais instinct- s'avisa de mettre le ,eu 3 l'atelier enquestion- le dtruisit de ,ond en comble- et ,it prir dans les ,lammes toutes les ouvrires qu'+emplo+ait sa s1ur/

    Le fils de la desse tait espi#gle comme un singe.

    =matrasu- en apprenant la chose- entra dans une violente colre/ 4i rand ,ut son dpit que-pour se vener et pleurer 3 son aise- elle s'en,erma dans une rotte pro,onde et rsolut de n'enplus sortir/ "e ,ut un vrai dsastre/ Le ciel et la terre se trouvrent tout 3 coup plons dansl'obscurit la plus complte/ (ne paisse nuit enveloppa l'univers/ Les hommes terri,is secrurent 3 la ,in du monde et- de chaque partie du lobe- s'leva vers le ciel une immense clameurde dtresse/

    Le Ta$amaahara lui:m0me ,ut le th

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    rotte/ ais- quel mo+en emplo+er; 9uelle dmarche ,aire; =saaonomi$oto- le plus 2eune desdieu#- 3 l'esprit prompt- 3 l'intellience vive et ouverte- s'avance au milieu de l'auusteassemble7

    8 Vous save. tous- dit:il 3 ses collues- que la desse =matrasu aime 3 la ,olie la musique et la

    danse/ )e propose donc de nous rassembler devant l'entre de la rotte et d'+ oraniser un bal/Nous + ,erons rand vacarme 2usqu'3 ce que- cdant 3 la curiosit ou 3 la colre- elle entr'ouvresa porte/

    La proposition du 2eune dieu est innieuse et son plan para6t devoir russir/ On l'adopte 3l'unanimit- et la sance est leve- aprs qu'on a dtermin le moment du rende.:vous/

    = l'heure convenue- tous les dieu# du Ta$amaahara se runissent donc devant la rotte o-boudeuse et charine- =matrasu s'est en,erme/ "hacun porte avec soi l'instrument ,avori danslequel il e#celle/ La danse s'oranise/ Les tambours et les ,lEtes- les uitares et les ons m0lentleurs sons et leurs accords au# cris- au# chants/ Le r+thme s'acclre/ Le bal se trans,orme

    bient@t en une ronde a,,ole- en un tumulte indescriptible- dont les chos descendent 2usque surla terre- et + sment l'pouvante

    =matrasu entend du ,ond de sa rotte7

    8 9ue se passe:t:il au2ourd'hui- se dit:elle? que sini,ie ce tapae;

    La curiosit devient tellement ,orte que la desse- toute desse qu'elle est- n'+ tient plus/ Clleentr'ouvre la porte- 3 travers laquelle s'chappe 3 l'instant un ,lot de lumire/ 4oudain- elle se sentsaisie au bras par une main de ,er/ "'est la main de "hi$arav@nomi$oto- le plus ,ort de tous lesdieu#/ *l se tenait 3 l'entre de la rotte- pr0t 3 saisir la desse au moment o elle en ouvrirait la

    porte/ =matrasu a t entra6ne au dehors- et la porte repousse s'est re,erme sur elle/ =l'instant- le ciel et la terre reviennent 3 la vie/ La lumire les inonde de ses ,lots bien,aisants/L'univers retentit des cris de 2oie pousss par tous les 0tres/ Le soleil a reparu- et les choses de cemonde reprennent toutes leur cours normal/

    Les dieu# se sont prcipits au# pieds d'=matrasu/ *ls la supplient de ne plus dsormais seren,ermer dans sa rotte- et de ne plus les priver de sa lumire/ Clle promet- mais elle e#ie unecondition/ "'est que son ,rre 4usanoonomi$oto sera puni de son ,or,ait/ *l sera banni del'assemble des dieu#- chass du Ta$amaahara et e#il sur une terre lointaine/ *l en ,ut ,ait ainsi-et 4usanoonomi$oto- e#puls du ciel- ,ut prcipit sur la terre/ *l tomba dans le pa+s d'*d.umo- 3l'endroit appel au2ourd'hui Fino$aKa$ami/ L3- il resta quelque temps- pleurant sur sa rande

    in,ortune/

    (n 2our qu'il se promenait sur le bord de la rivire- il aper5ut une paire de b

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    $usanoonomikoto e%puls du ciel fut prcipit sur la terre.

    *l part aussit@t et lone- en le remontant- le cours de la rivire/ *l se trouve bient@t en ,ace d'unecabane- 3 moiti dlabre- sise sur le penchant d'une haute montane/ 4usanoonomi$otos'approche en tou,,ant le bruit de ses pas- et 3 travers les ,entes d'une porte mal 2ointe reardel'intrieur/ *l + voit un vieillard risonnant- une vieille plus risonnante encore et une 2eune ,illede di#:huit 3 vint ans/ Le vieu# et la vieille pleuraient- assis auprs de leur petit brasero/ *lsparaissaient comme accabls sous le poids d'un immense charin/ La 2eune ,ille ne pleurait point-mais sur son visae se lisait sans peine l'e#pression d'une rande mlancolie et d'une doucersination/

    Clle tait d'une beaut e#traordinaire/ Le dieu n'avait 2amais pens que parmi les mortels- il pEtse rencontrer de si belles et si ravissantes cratures/ *l prouva 3 sa vue un 2e ne sais quoid'intime- qu'il n'avait encore 2amais prouv/ Lui- qui descendait des hauteurs du Ta$amaahara-subit les charmes d'un amour ardent pour cette humble ,ille de la terre/

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    *l entr'ouvrit doucement la porte et sans bruit pntra dans l'intrieur de la cabane/ La 2eune ,ille-3 sa vue- poussa un cri d'e,,roi et se prcipita vers sa mre/ Le vieillard et sa ,emme levrent lat0te et leurs reards tonns ,i#rent avec crainte le vo+aeur inconnu/ 4usanoonomi$oto taitbeau- lui aussi- beau d'une beaut divine/ 4on visae respirait la ,orce et la sant/ 4a tailleiantesque commandait le respect/

    Le dieu- s'approchant des trois personnaes- leur demanda d'une voi# douce et s+mpathiquequelle tait la cause de leurs larmes et du charin dans lequel ils paraissaient plons/ "e ,ut levieillard qui prit la parole pour rpondre7

    8 Noble vo+aeur- dit:il- nous inorons qui vous 0tes- mais votre s+mpathie nous meut et noustouche/ )e m'appelle =shina.uchi? ma ,emme se nomme %ata.uchi- et notre ,ille que vous vo+e.l3 rpond au nom de *nadahim? nous avons eu huit en,ants depuis notre mariae et tous cesen,ants taient des ,illes/ "elle que vous vo+e. l3 est la dernire qui nous reste/

    Or- vous alle. 2uer de notre malheur et conna6tre la cause de nos larmes/ Tout prs d'ici habite le

    monstre !atama- le serpent 3 huit t0tes- qui a trente pieds de lon/ "e serpent vient tous les ansdans ces paraes- et nous emporte chaque ,ois une de nos en,ants qu'il dvore/ Nos septpremires ,illes ont ainsi disparu l'une aprs l'autre- il ne nous reste plus maintenant que celle quiest devant vous/

    "'est au2ourd'hui que le monstre doit venir/ *l viendra 3 la nuit tombante et nous emportera notredernire en,ant pour la dvorer/ Voil3- noble vo+aeur- le rcit de notre in,ortune- et le moti, denotre charin/

    8 Braves ens- rpond alors 4usanoonomi$oto- mu 2usqu'au# larmes- remercie. le ciel dem'avoir au2ourd'hui envo+ prs de vous/ )e vais rester 2usqu'3 la nuit tombante/ )'attendrai le

    serpent/ )e le tuerai de ma main- et sauverai votre ,ille/

    Le vieillard le rearda- et lui sourit tristement7

    8 )'admire- lui dit:il- votre bravoure et votre bont/ ais- hlas> vous inore. 3 qui vous ave. 3,aire/ Non- non? ne vous e#pose. pas? vous + perdrie. inutilement votre prcieuse vie/

    8 Ct vous- noble vieillard- rpond alors le dieu- se redressant de toute la hauteur de sa taille- vousinore. quel est celui qui vous parle et vous promet le salut de votre ,ille/ =pprene.:le donc/ )ene suis point un homme/ )e m'appelle 4usanoonomi$oto- 2e suis le ,rre de la desse =matrasu/

    = ces mots- le vieillard- sa ,emme et sa ,ille- tremblants 3 la ,ois de crainte et de bonheur- seprosternent et adorent? puis- 2oinant les mains et s'avan5ant 3 ses pieds- le remercient d'0tre venuprs d'eu# pour leur porter secours

    Le dieu se dirie seul vers la montane/ *l prend huit normes blocs de pierre et les transportedevant la cabane/ Auis- il prononce sur elles quelques paroles m+strieuses- et les pierres setrans,orment en aues/ *l les remplit ensuite avec l'eau de la rivire- ,rappe trois coups surchacune d'elles de la pointe de son sabre- et cette eau se trans,orme 3 l'instant en sa$ dlicieu#/

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    *l ,ait placer ensuite la 2eune et belle *nadahim sur un petit monticule- de ,a5on 3 ce que sonvisae se re,lte dans chacune des aues/ *l se cache lui:m0me derrire un rocher et attend-tranquille et calme- l'arrive du serpent/

    Le soleil avait disparu derrire la montane/ La lune venait de se lever/ Tout 3 coup- dans le

    lointain- on put apercevoir comme sei.e toiles de diamant qui brillaient d'un vi, clat dans lapro,ondeur de la nuit/ "es toiles se rapprochrent/ "'taient les +eu# ptillants de convoitise deshuit t0tes du monstre/ *l s'en vint tout prs de la cabane et ,it entendre 3 la ,ois huit si,,lementsaius/ Le vieillard et sa ,emme tremblrent/ "e cri leur rappelait leurs sept ,illes mortes et ledaner que courait leur chre *nadahim/

    Le serpent- attir par l'odeur du sa$- s'approche avec lenteur- et ses huit t0tes se lvent d'unm0me mouvement/ *l aper5oit dans chacune des aues le visae de celle qu'il cherche/ 4onnorme queue bat un moment l'espace- sine de son immense 2oie/ Les huit t0tes plonentaussit@t- et le monstre- d'un seul trait- avale la prcieuse liqueur- 2usqu'3 la dernire outte/ aisaussit@t ses reards se troublent- le vertie de l'ivresse le saisit- il s'tend sur le sol- puis se replie

    sur lui:m0me et s'endort/

    4usanoonomi$oto sort 3 ce moment de sa cachette/ *l tire son sabre du ,ourreau et- d'une mainhabile- abat l'une aprs l'autre les huit t0tes du monstre- dont le corps bondit en des contorsionse,,ra+antes/

    Le dieu veut achever sa victime/ *l la dcoupe en morceau#/ ais- au moment o il allait sparerla queue du tronc- son sabre est arr0t par un corps rsistant- qui ,ait entendre un son mtallique/Le dieu- surpris- s'arr0te et- dlicatement- entr'ouvre les chairs/ 9uelle n'est pas sa surprised'apercevoir dans la queue du monstre un autre sabre tincelant- tout incrust de diamants et depierres prcieuses- un sabre si beau que les dieu# du Ta$amaahara n'en virent 2amais de pareil>

    $usanoonomikoto abattit l'une apr#s l'autre les huit t&tes du serpent.

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    4usanoonomi$oto le retire et se dit 3 lui:m0me qu'il l'emportera au ciel- en ,era cadeau 3 sa s1ur=matrasu? par ce mo+en:l3- il se rconciliera avec elle- et pourra reprendre sa place dansl'assemble des dieu#

    On se ,iure la 2oie du pauvre vieillard et de sa ,emme- en apprenant que le monstre est mort et

    leur en,ant sauve/ *ls ne surent comment remercier le dieu/ "elui:ci demanda et obtint la mainde la belle *nadahim- qu'il aimait randement/ *ls se marirent- se construisirent au pied de lamontane une habitation lante- et vcurent lontemps ensemble dans la plus par,aiteharmonie/ Auis- quand le temps de l'e#il eut atteint son terme- le dieu retourna au Ta$amaahara-emmena avec lui la belle *nadahim- la prsenta au# autres divinits- qui la nommrent desse/

    On voit encore au2ourd'hui- dans le pa+s d'*d.umo- la maison qu'habitrent 4usanoonomi$oto etson heureuse pouse/ "ette maison est devenue un temple- le temple le plus clbre du )apon-aprs celui d'*s/ Les pr0tres qui le desservent sont les descendants directs de ces deu# divinits/Les habitants de la contre ont tou2ours eu pour ce temple la plus rande vnration/ On + vientm0me en plerinae de toutes les parties du )apon/

    La sabre prcieu# que 4usanoonomi$oto trouva dans la queue du monstre !atama ,ut o,,ert dansla suite 3 l'Cmpereur du )apon- par la desse =matrasu/ *l porte le nom de %usanai:no:tsurui/"e sabre- le miroir sacr- et le sceau de pierre prcieuse- sont les trois talismans de l'Cmpire/

    On le conserve- dit:on- 3 =tsuta- province d'OKari/

    L'uni.ue parapluie

    (n beau soir d't- le ciel est parsem d'toiles- au milieu desquelles la lune- dans son plein- tr@necomme une reine/

    Le boulevard de asaocho est noir de monde7 ,l

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    es magasins coquets et gracieu% sont aligns de chaque c(t de la rue.

    De chaque c@t de la rue sont alins les petits maasins- coquets et racieu#- brillammentclairs- les uns par des lampes 3 ptrole- les autres 3 la lumire lectrique/ Larement ouverts 3tous les reards- ils e#posent sans aucun m+stre leurs marchandises diverses- ranes dans unordre lant/

    *ls sont un peu dlaisss le soir/ La ,oule pr,re circuler devant les nombreu# talaes qui sesuccdent de chaque c@t du boulevard- 3 une petite distance des maisons/ "es talaesconsistent en un simple tapis ou une mince natte tendue sur le sol/ clairs par des lampes

    ,umeuses ou des lanternes biarres- ils ,orment un panorama ravissant- que dpare 3 intervallesruliers l'ombre paisse des normes et disracieu# poteau# du tlraphe ou du tlphone/

    L3- sont alins avec oEt et lance tous les ob2ets 3 la mode du 2our7 ,leurs et ,ruits de lasaison- bi2ou# ,au#- lunettes de m+ope ou de presb+te- to,,es et soieries- porcelaines etustensiles de mnae- bouquins et vieilles revues- 2ouets d'en,ants- sucreries et p

  • 5/28/2018 Claudius Ferrand--Fables et l gendes du Japon

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    L3- c'est le charlatan bavard qui vend des droues au#quelles il dcerne un brevet d'e,,icacitin,aillible- dblatre contre les mdecins qui tuent le pauvre monde- et vendra cinq sous une ,iolemerveilleuse/

    )otaro se prom#ne.

    = quelques pas de lui- un 2eune homme 3 la ,aconde intarissable- mont sur un trteau etdominant la ,oule du este et de la voi#- vend au# enchres des to,,es- que tout naturellement il

    dclare inusables et de qualit suprieure/ Alus loin- nous rencontrons le calliraphe habile?accroupi devant une immense ,euille de papier- il trace sur elle- avec un pinceau qu'il s'est ,i# au,ront- des caractres chinois- dont tout le monde s'accorde 3 proclamer le dessin admirable/

    Cn ,ace- sur une table recouverte d'un tapis- est install un phonoraphe discret- du sein duquels'chappent- comme autant de ra+ons- de lons tubes en caoutchouc/ De nombreu# auditeurs ontachet pour un sou le droit de s'en,oncer ces tubes dans les oreilles- et ils coutent immobiles lamlodieuse s+mphonie/ Cn,in- pour terminer- voici un homme d'un certain

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    verres de lampe incassables/ Ne rie. pas7 car ce qu'il dit- il le prouve/ *l se sert- en e,,et- de cesverres de lampe- tant@t comme d'un marteau pour en,oncer des clous- tant@t comme de bauettesde tambour pour ,rapper sur une planche/

    Aerdu dans la ,oule- !otaro se promne/ "'est un ar5on de quin.e ans/ *l porte la casquette des

    tudiants d'un l+ce quelconque/ De la main droite- il tient un immense parapluie- rand ouvert/"e parapluie est en papier huil- couleur paille- 3 baleines de bambou/ Tout le monde peut + lirede loin- tracs en ros caractres- les nom et prnom de son propritaire- le nom de sa rue et lenumro de la maison qu'il habite/ G9uel oriinal>H se disent les passants sans + pr0ter une plusrande attention7 car- 3 cet 8 4erait:ce le soleil qui te blesse les +eu#;8 Non- car depuis une heure- il a quitt nos cieu#/8 "raindrais:tu par hasard l'in,luence lunaire;8 Ahb ne brEle pas le monde qu'elle claire/8 ais alors pourquoi donc ce parasol 0nant;8 Devine- si tu peu#? 2e te le donne en cent/8 )'ai devin> Tu veu#- dans ton orueil e#tr0me-Te ,aire remarquer7 c'est tou2ours ton s+stme>8 9ue le monde m'observe ou ne m'observe pas-"ela m'est bien al- et ne me trouble pas-

    8 =lors- tu n'es qu'un ,ou? 2e vais te ,aire pendre>8 (n ,ou; Non- non> coute- ami/ Tu vas comprendre/Aour quatre- nous n'avons dans toute la maison9ue ce seul parapluie7 il ,ait chaque saison/9uand il pleut- mon papa- pour aller 3 l'ouvrae-L'emporte? quand il ,ait un soleil sans nuae-a maman le prend- pour aller che. le marchand/4i 2e veu# 3 mon tour me pa+er l'armentDe le porter par,ois- puis:2e autre temps le ,aire9ue lorsqu'il ne pleut pas- et que la lune est claire;

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    )otaro re"ut un formidable coup de poing.

    Ct !otaro continue sa promenade- le parapluie tou2ours ouvert- 3 travers la ,oule/ Tout 3 coup- ilse sent violemment arr0t par le bras- tandis qu'un ,ormidable coup de poin vient s'abattre sur sat0te/ Le pauvre parapluie- brusquement arrach de la main qui le porte- va rouler dans lapoussire

    !otaro distrait avait ,ailli crever l'1il d'un paisible passant/ *l rsolut ce soir:l3 de ne pluse#poser l'unique parapluie de la ,amille 3 de si dsarables aventures et d'aller dsormais lepromener dans la campane- loin de la ,oule/

    Les )uit C)e,reaux*l + avait une ,ois une chvre/ "ette chvre s'appelait !aisan/ Clle avait huit chevreau#/ "es huitchevreau# aimaient bien la chvre- et la chvre le leur rendait bien/

    (n 2our- !aisan partit pour la ville? elle allait au# provisions/ =vant de partir- elle dit au#chevreau#7

    8 es en,ants- il ,aut 0tre bien saes pendant mon absence/ Vous ne sortire. pas/ Vous n'ouvrire.la porte 3 personne- absolument 3 personne/ )e serai bient@t de retour/ )e vous apporterai desbonbons/

    Les chevreau# promirent d'0tre bien saes- de ne pas sortir et de n'ouvrir la porte 3 personne-absolument 3 personne/ Ct la chvre partit un panier au bras/ Les en,ant ,ermrent toutes lesportes/ Auis- pour passer le temps- ils se mirent 3 2ouer 3 pieon vole/

    !aisan marchait 3 rands pas vers la ville/ Le loup la vit passer/ *l eut l'ide de sauter sur elle etde la maner/ "ar le loup aime bien les chvres/ Auis- r,le#ion ,aite- il se dit7

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    8 =u lieu de maner la maman- 2e vais maner les petits/ *ls sont huit- et la chair est plus tendre/

    Les chevreau% promirent d'&tre bien sages.

    *l se dirie de ce pas vers la maison de la chvre/ Cn route- il se lche les babines et aiuise sesdents/

    8 Aourvu que la porte soit ouverte> se dit:il/

    *l arrive/ La porte est ,erme/ Aar une ,ente- il entrevoit les huit chevreau# 2ouant 3 pieon vole/*l ,rappe doucement/

    8 9ui va l3; demande l'a6n des petits/8 *l ne ,aut pas ouvrir/ aman l'a d,endu- dit le plus 2eune/

    8 "'est moi- rpond le loup? moi- votre tante? vous save.- votre tante Fa+atobisan/ )e vousapporte des bonbons/ Ouvre.:moi>

    8 "ette voi# n'est pas la voi# de notre tante- remarque l'un des chevreau#/ Notre tante a une voi#bien plus douce- plus tremblante et plus tra6nante/

    8 Nous n'ouvrons pas 3 notre tante> crie alors l'a6n des petits/

    Ct tous se mettent 3 rire et continuent 3 2ouer/

    Le loup a tout entendu/ *l se reproche de n'avoir pas une voi# douce- tremblante et tra6nante/

    8 )e reviendrai> dit:il/

    Ct vite il court che. un clbre pharmacien7

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    8 Donne.:moi- lui dit:il- une mdecine pour adoucir la voi# et la rendre chevrotante/

    Le pharmacien lui donne le remde- mais le loup se arde bien de dire au pharmacien pourquoi ilveut chaner sa voi#/

    =prs avoir pris la mdecine- il retourne 3 la maison de la chvre/ La porte en est tou2ours,erme? les chevreau# 2ouent tou2ours/ Le loup ,rappe doucement7

    8 9ui va l3; demande l'a6n des petits/

    8 *l ne ,aut pas ouvrir> aman l'a d,endu- rpte le plus 2eune/

    8 "'est moi- rpond le loup moi- votre rand'mre vous save.- votre rand'mreNa$ioesan> Ouvre.:moi/ )e vous apporte des ,euilles de chou#>

    (n chevreau plus curieu# s'approche de la porte et rearde par la ,ente/

    8 "e n'est pas notre rand'mre- s'crie:t:il/ Irand'mre a des pieds tout blancs- blancs comme laneie/ "elui:ci a des pieds tout noirs- noirs comme le charbon/

    8 Nous n'ouvrons pas 3 notre rand'mre- crie alors l'a6n des petits- et tous se mettent 3 rire- etcontinuent 3 2ouer/

    Le loup a tout entendu/ *l se reproche de n'avoir pas des pieds blancs comme la neie/

    8 )e reviendrai- dit:il/

    Ct vite il court che. un clbre teinturier7

    8 Veuille. me teindre les pieds en blanc? rende.:les blancs comme la neie/

    Le teinturier lui teint les pieds- mais le loup se arde bien de dire au teinturier pourquoi il veutavoir les pieds blancs comme la neie/ =prs cela- le loup retourne encore 3 la maison de lachvre/ La porte en est tou2ours ,erme? les chevreau# 2ouent tou2ours/ Le loup ,rappedoucement/

  • 5/28/2018 Claudius Ferrand--Fables et l gendes du Japon

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    Le teinturier lui teint les pieds.

    8 9ui va l3; demande l'a6n des petits/

    8 *l ne ,aut pas ouvrir> aman l'a d,endu- rpte le plus 2eune/

    8 "'est moi- rpond le loup moi- votre maman> )e reviens de la ville et vous apporte desbonbons/

    8 La maman> crient en ch1ur les huit petits chevreau#/

    "ette ,ois- le doute n'est plus possible/ La voi# est la voi# de la chvre? les pieds sont ses pieds/"'est la mre> La porte s'ouvre le loup entre/ Le plus 2eune des chevreau# se prcipitederrire un paravent/ *l se tient l3- tremblant de peur/ *l voit ses sept ,rres dispara6tre l'un aprsl'autre dans la ueule ,ormidable du loup/

    "elui:ci- a+ant achev son repas- quitte la maison de la chvre et retourne 3 la ,or0t/

    !aisan revient de la ville/ Clle voit la porte ouverte/ (n pressentiment terrible la saisit/ Clleentre et ne voit plus ses petits 4ur les nattes- des taches de san7

    8 Oh> s'crie:t:elle en s'arrachant les poils de dsespoir- ils ont ouvert la porte> le loup sera

    venu et les aura mans>

    Ct elle pleure>

    Le plus 2eune des chevreau# s'tait cach derrire le paravent/ Le loup ne l'avait point vu/=percevant sa mre- il sort de sa cachette- se 2ette dans ses bras- et- d'une voi# tremblante- luiraconte la terrible aventure/

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    La chvre- a+ant tout entendu- se redresse ,urieuse/ 4es +eu# lancent des clairs/

    8 )e retrouverai mes petits- s'crie:t:elle- et 2e me venerai>

    Ct- suivie de son chevreau- elle s'lance 3 la piste du loup/

    Le loup tait retourn au bois/ *l s'tait tendu dans un pais taillis- et l3- tout en ,aisant sadiestion- il s'tait endormi/

    !aisan trouve le loup endormi dans les broussailles/ 4on sommeil est pro,ond/ *l ron,lebru+amment/ La chvre s'approche sans ,aire de bruit- car elle ne veut pas rveiller le loup/ Clleprend des ciseau#- et dlicatement entr'ouvre la peau du ventre/ Le loup ne se rveille pas/ Lessept petits chevreau# sont l3- dans le ventre du loup- vivants- bien portants- entasss comme despetits oiseau# dans leur nid/

    *ls sortent en poussant des cris de 2oie/ *ls reconnaissent leur maman- se 2ettent 3 son cou- la

    couvrent de caresses/ Le loup est tou2ours endormi/ ais il n'+ a pas de temps 3 perdre/ Vite- lamre ordonne au# sept petits de lui apporter chacun une pierre/ Les petits obissent aussit@t/ Lachvre prend les sept pierres et les dpose dans le ventre du loup- 3 la place m0me o tout 3l'heure taient ses sept petits/ Auis- prenant une rosse aiuille et du ros ,il- elle en,ile la rosseaiuille et dlicatement recoud la peau du ventre/ "ela ,ait- elle se retire 3 l'cart avec ses huitchevreau#/

    Aendant l'opration- le loup dormait tou2ours/ *l se rveille au bout d'un quart d'heure- se lve- se,rotte les +eu#- s'tire/ 4on ventre est lourd- trs lourd>

    8 La diestion est di,,icile> dit:il 3 haute voi#/

    Les chevreau# ont entendu/ *ls tou,,ent un rire/

    Le loup est dvor par la soi,- une soi, brElante/ *l descend vers un tan- s'approche et se baissepour boire/ =u m0me instant- les sept pierres roulent l'une aprs l'autre 2usque vers son osier/ Leloup- entra6n par le poids- tombe dans l'tan/

  • 5/28/2018 Claudius Ferrand--Fables et l gendes du Japon

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    Le loup entra*n par le poids tombe dans l'tang.

    La chvre et les chevreau# voient le loup se dbattre/ *ls applaudissent- rient et chantent/ Le loupest descendu 2usqu'au ,ond de l'tan- d'o il n'est plus ressorti

    La veneance des chvres est terrible>

    Les a,entures de en/

    usashibo Ben$ tait- s'il ,aut en croire certains chroniqueurs- le troisime ,ils du bon.eBensh@- prieur de l'antique et clbre monastre de Ionuen/ D'aucuns disent pourtant qu'il avaitle diable pour pre/ Les circonstances e#traordinaires dont ,ut accompane sa naissancedonnent 3 cette dernire opinion une certaine valeur/

    D'abord- au moment m0me o il vint au monde- il se produisit un tremblement de terre tel que-de mmoire d'homme- on n'en avait 2amais vu/ Deu# normes vautours vinrent se poser sur le toitdu temple- et poussrent des cris luubres/

    Ben$ naquit

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    4a mre mourut en le mettant au monde/ Le bon.e ne se consola pas de la perte de sa ,emmequ'il aimait tendrement/ *l accusa Ben$- non sans raison- d'0tre cause de sa mort/ *l n'prouvadans son c1ur aucun sentiment d'a,,ection 3 l'ard de ce monstre que les dieu#- ou le diable- luiavaient octro+/ *l rsolut de le chasser de la maison paternelle- et de l'envo+er ailleurs e#ercerses prcoces talents/

    Bensh@ avait une s1ur qui rpondait au dou# nom de 4ammi/ Clle tait d'une pit anlique-d'une douceur proverbiale- et point bavarde du tout- qualits qui- soit dit en passant- serencontrent rarement che. une s1ur de bon.e/ "ette brave ,ille- qui n'avait pas d'en,ants- prouvapour son neveu autant de s+mpathie et d'a,,ection- que son ,rre lui portait d'antipathie et dehaine/ Clle demanda la ,aveur de prendre l'en,ant che. elle- et de l'adopter pour son ,ils- ,aveurque le bon.e lui accorda avec le plus rand empressement/

    Ben$ devint donc le ,ils adopti, de sa tante- la vertueuse 4ammi/ "elle:ci l'emmena 3 la capitale-et se dcida 3 lui ,aire commencer ses tudes/

    *l n'e#istait pas encore 3 cette poque d'coles proprement dites/ Le s+stme de l'enseinementn'tait pas- tant s'en ,aut- oranis comme de nos 2ours/ Les rares 2eunes ens qui voulaienttudier se runissaient dans les monastres bouddhistes/ Le bon.e en che, du monastre tait leprincipal de ces sortes de colles/ On le reardait par le ,ait comme un personnae tellementremarquable- que son nom devenait historique et passait 3 la postrit/ *l 2ouissait sur ses lvesd'une autorit absolue et inconteste- et son enseinement tait rput in,aillible/ Les tudesd'alors consistaient uniquement 3 apprendre et 3 retenir le plus possible des quatre:vint millecaractres chinois7 tude abrutissante qui nervait l'intellience- supprimait toute ,acult de2uement et d'initiative- ,aussait la marche et la direction de l'esprit/

    La vertueuse 4ammi- s1ur du bon.e Bensh@- envo+a donc Ben$- son neveu et ,ils adopti,- dans

    une de ces maisons- que l'on nommait alors des Tra$o+a/ Clle choisit pour lui le clbremonastre de Fiei.an- situ sur la montane du m0me nom- 3 quelques lieues de la capitale/ "emonastre avait alors pour che, l'un des bon.es les plus renomms de l'poque/ On l'appelait%an$/

    Le nouvel lve avait alors si# ans/ "omme il avait randi trs vite- il possdait d23- quand ilentra au monastre- la taille d'un homme de trente ans/ 4a lonue chevelure ,lottante- ses +eu# 3l'e#pression sauvae et brutale- son visae d'une laideur repoussante- les poils de ses mains7 toutdans sa personne inspirait la crainte et loinait l'a,,ection/ 4es condisciples- en le vo+ant- luidonnrent aussit@t le surnom d'OniKa$a- terme qui sini,ie 2eune dmon/

    Aendant les premiers mois que Ben$ passa au monastre- il se montra docile 3 la direction etau# avis de son illustre ma6tre- bon et a,,ectueu# 3 l'ard de ses nouveau# camarades/ *l travaillaavec ardeur- ,it des prors rapides- et se tint tranquille et sae comme le plus dou# des aneau#/Le bon.e- son ma6tre- s'e#tasia devant ce prodie- ne lui mnaea point les compliments ni lesloes- et le considra comme une loire du monastre/

    alheureusement- ces e#cellentes dispositions ne tardrent pas lontemps 3 se modi,ier che. le2eune disciple/ *l commen5a bient@t 3 pr,rer les amusements 3 l'tude/ *l se mit 3 taquiner ses

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    camarades- 3 commettre toutes sortes d'espileries/ 4on amour de la lutte corps 3 corps devinte#traordinaire/ "haque 2our- il provoquait des 2eunes ens de l'cole- et prenait un rand plaisir 3leur ,aire mordre la poussire/ (ne de ses rcrations ,avorites tait de s'en aller seul dans lamontane- pour + draciner des arbres et + ,aire des d

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    3 la recherche des aventures- sans loer ni s'arr0ter nulle part- de mener dsormais une vieindpendante et vaabonde et de s'abandonner au destin- au hasard et au caprice/ "'est ce qu'il ,it/

    Ben$ descend donc la montane/ *l voit une barque amarre au bord de la rivire/ *l la dtache-+ monte et se laisse aller 3 la drive/ Le courant l'emporte au pa+s de =Ka/ L3- il dbarque-

    traverse la contre- dormant la nuit 3 la belle toile- se nourrissant des ,ruits- des poules- desanimau# qu'il peut drober au passae- ne parlant 3 personne et marchant au hasard/

    *l arrive ainsi au pa+s de Farima/ L3 se trouve la montane du 4hosha.an/ 4ur le sommet decette montane s'lve le clbre monastre du m0me nom- diri par le bon.e 4hinanobo- l'undes plus savants et des plus renomms de l'poque/ "e bon.e avait sous sa direction plusieurscentaines de disciples- venus 3 lui de tous les coins du pa+s- attirs par sa haute rputation descience et de vertu/

    Ben$ aper5oit le monastre/ = sa vue- il commence 3 se sentir ,atiu de cette e#istencevaabonde qu'il mne depuis plusieurs mois/ (ne envie ,olle le prend de redevenir lve- de se

    remettre 3 l'tude/ *l ravit donc la montane- et va demander 3 4hinanobo de l'admettre parmises disciples/

    Le bon.e- apercevant cet hercule 3 l'aspect sauvae et ,roce- re,use tout d'abord de l'introduireauprs de lui/ ais Ben$ le menace- s'il ne l'accepte pas- de ,aire de son monastre ce qu'il a ,aitdu monastre de Fiei.an/ Le bon.e- pouvant- le re5oit donc au nombre de ses disciples- et luidemande en retour d'0tre bien docile et bien sae- ce que l'autre promet et 2ure sans di,,icult/

    Aarmi les tudiants du monastre- il s'en trouvait un- dou d'une ,orce prodiieuse et renommpour son caractre espile et mchant/ *l tait la terreur de tous ses camarades/ La puissance deses muscles lui octro+ait sur eu# une supriorit incontestable- dont il abusait en toute occasion/

    Outre sa mchancet diabolique- ce 2eune homme tait possd d'un orueil e#tr0me et d'unepdanterie insupportable/ *l ne pouvait sentir prs de lui un rival- ni que quelqu'un lui ,Etcompar/ "e disciple se nommait %a+mon? il tait

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    peine l'a:t:on aper5u que toute la troupe se met 3 rire et 3 chuchoter 3 voi# basse/ Ben$ necomprend pas la cause de cette hilarit nrale/ *l s'avance vers les rieurs et d'une voi# o d23tremble la colre7

    8 9u'ave.:vous- leur dit:il- et pourquoi rie.:vous de la sorte;

    %a+mon sort du roupe et ,aisant 3 son adversaire un salut ironique7

    8 onsieur Ben$- lui rpond:il- quelle est donc cette ,e bien,aisante et tutlaire qui- durantvotre sommeil- est venue- de sa main minonne- tracer sur votre auuste ,ront votre nom et votrequalit;

    *l dit- et le ,ou rire devient plus bru+ant dans la tourbe des disciples intrius qui prvoient unebataille/

    Ben$ a bondi sous l'insulte/ 4a colre et sa surprise ,ont pressentir les plus terribles clats/ *l se

    contient pourtant encore/ *l s'approche d'un baquet rempli d'eau et s'+ mire/ La sur,ace liquide luire,lte les trois malheureu# caractres qui l'ont couvert de honte et l'ont rendu l'ob2et de la riseuniverselle/

    =lors sa ,ureur ne conna6t plus de bornes/ Le roue de la colre et de l'indination lui a,,lue auvisae/ *l bondit comme une b0te ,auve- s'empare d'un norme bambou- et se 2ette au:devant dela troupe des coliers qui- pressentant une pouvantable catastrophe- commencent 3 p

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    +a,mon retombant de tout son poids vint s'aplatir dans la cour.

    %a+mon 2ue que le moment est venu de se mesurer avec son ennemi/ *l s'avance vers lui et- letoisant du reard7

    8 Ben$- lui dit:il- tu veu# qu'il se dnonce; Ch bien> 2e vais te le dire/ "'est moi- qui ai crit

    *l n'eut pas le temps d'achever/ L'hercule l'avait saisi par la ceinture/ *l l'leva du sol avec lam0me aisance qu'il eEt soulev une plume- le ,it tourno+er un instant dans l'espace- et le lan5adans l'air 3 une hauteur vertiineuse/ Le malheureu# %a+mon- retombant de tout son poids aubout de quelques secondes- vint s'aplatir dans la cour devant ses camarades terri,is/ 4on corps

    n'tait plus qu'un hideu# mlane de san et de chair- d'os et de membres disloqus/ =u:dessusde cette bouillie in,orme planait le rire atroce du ant/

    Tous les lves pouvants de cette scne s'en,uient en dsordre et se r,uient dans l'intrieur dumonastre/ ais Ben$ n'est pas satis,ait encore/ *l veut achever sa veneance/ *l se prcipitedans le 2ardin- dracine tous les arbres qu'il rencontre- les transporte et les entasse tout autour del'immense di,ice- en ,ait un norme bEcher et + met le ,eu =u bout de quelques heures- leclbre monastre de 4hosha.an n'tait plus qu'un monceau de cendres/

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    Ben$- calm par ce nouvel e#ploit- quitte alors la montane et se retire 3 la capitale/ 4a mreadoptive- la vertueuse 4ammi- avait quitt ce monde- et notre hros se trouve seul/ *l sent son pense Ben$/

    Ct comme 2amais il n'a cherch querelle 3 une ,emme- il s'appr0te 3 la laisser passer/ ais voil3que cette prtendue ,emme s'approche du ant- tout en 2ouant de la ,lEte- et d'un coup de piedadroit 2ette 3 terre le sabre qu'il tenait 3 la main/

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    La lutte ne fut pas longue.

    Ben$- surpris et ,urieu#- lui dit7

    8 4i tu n'tais une ,emme- tu n'aurais plus qu'une minute 3 vivre>

    (n clat de rire bru+ant part de dessous le voile en uise de rponse/ Ben$ alors- tout en sebaissant pour ramasser son arme- soulve d'une main le voile qui recouvre la t0te et cache la,iure/ *l s'aper5oit alors qu'il a 3 ,aire 3 un racieu# et lant 2eune homme/

    "e 2eune homme porte- pass dans la ceinture- un mani,ique sabre 3 poine d'or/ Ben$ lecontemple avec un reard de convoitise7

    8 "e sabre- se dit:il- ,era trs bien pour terminer ma collection/

    Ct il essaie de s'en emparer/ ais le 2eune homme- d'un mouvement rapide- le ,rappe violemmentau ,ront d'un coup de son ventail/

    Ben$- p

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    8 !oshitsune; "'est vous- dont la renomme est si rande; =h> 2e suis heureu# d'avoir t vaincupar le ,ils de !oshitomo>

    Ben$- comme il se l'tait promis- cessa ds ce 2our ses querelles et ses luttes/ *l demanda etobtint de devenir l'cu+er de son vainqueur- et !oshitsune n'eut pas de serviteur plus ,idle/

    Le ,ase de Ko*pito

    Le maire du villae de %ara.a$i clbrait les noces de sa ,ille/ &onctionnaires- propritaires etrentiers de l'endroit taient invits au ,estin/ =ssis en rond sur les nattes- ils se passaient l'un 3l'autre- sans interruption- la traditionnelle tasse de sa$/ La conversation allait bon train/ Traitsd'esprit et 2eu# de mots sortaient tout ptillants de ces bonnes t0tes de pa+sans e#cites par laprcieuse liqueur/

    *l + avait- parmi les convives- un brave et honn0te vieillard- qui s'appelait Ioro+mon/ *l taitd'une temprance telle- que la seule odeur du sa$ lui donnait mal au c1ur/ *l ne buvait donc pas/

    Or- on s'ennuie beaucoup- quand on ne boit pas 3 un repas de noces/ Le vieillard s'ennu+ait donc/Le ma6tre de la maison s'en aper5ut/ *l appela aussit@t une de ses servantes- et lui ordonnad'apporter le vase de %ompito/

    )e dois e#pliquer deu# choses au lecteur- sans l'e#plication desquelles- il aurait une certaine peine3 comprendre ce rcit/ La premire- c'est qu'on appelle au )apon du nom racieu# de %ompitode petits bonbons en sucre- blancs ou roses- comme nos draes de &rance? la seconde- c'est quele vase de %ompito- que le ma6tre de la maison se ,it apporter par sa servante- tait une petite2arre- dont le col asse. troit- pouvait donner passae 3 une main d'homme/ "ela dit- 2e continue/

    La servante apporta le vase de +ompito.

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    La servante apporte donc le vase de %ompito/ Le ma6tre de la maison le prsente poliment auvieillard7

    8 Auisque vous ne buve. pas- lui dit:il- mane. donc sans ,a5on quelques %ompito/ "ela vousdistraira/

    Le vieillard repousse cette o,,re- car- pour 0tre poli et ,aire bien les choses- il ,aut d'abord re,userle super,lu que prsente un ma6tre de maison- m0me quand on prouve une terrible envie del'accepter/ Cn,in- cdant au# instances de ses voisins- il prend la 2arre- la pose sur ses enou#- +plone la main et saisit quelques %ompito/ Or- voil3 que la main- qui est entre si ,acilement- nepeut plus ressortir/ Clle demeure l3- prisonnire dans la 2arre- et tous les e,,orts du bras au boutduquel elle est ,i#e- sont impuissants 3 l'en retirer/

    8 Fol3> qu'ave.:vous donc; demande un des voisins- ,rapp de l'trane e#pression qu'a prisetout 3 coup le visae de Ioro+mon/

    8 Oh> ce n'est rien- rpond ce dernier- cherchant 3 conserver son calme- mais ennu+ de voir quesa msaventure a des tmoins/ )'ai seulement un peu de di,,icult 3 retirer ma main de ce vase>

    8 "'est curieu#> reprend l'autre/ =ttende. donc- 2e vais vous aider/

    L3:dessus- le voisin complaisant prend la 2arre des deu# mains- en appuie ,ortement le ,ondcontre sa poitrine- et la serrant solidement7

    8 (ne- deu#- trois- tire.> dit:il/

    Le pauvre Ioro+mon tire bien tant qu'il peut7 vains e,,orts> La main rcalcitrante re,use

    tou2ours de sortir/

    Les convives- tout d'abord intrius et amuss de l'tranet et du comique de la scne- nepeuvent retenir un immense clat de rire/

    Le vieillard- lui- ne riait point/ La honte et la douleur se lisaient sur son visae/

    8 a main on,le- dit:il tout 3 coup d'une voi# tremblante/

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    Le voisin complaisant prend la jarre des deu% mains.

    Les convives commencent 3 s'inquiter/ L'un parle d'envo+er 3 l'instant chercher un mdecin/ (nautre propose un rebouteur/ Le ma6tre d'cole du villae- qui- depuis un moment- contemplaitsans rien dire le tableau- se lve tout 3 coup- et d'un este solennel imposant silence 3l'assemble- lui adresse- d'une voi# maistrale- le petit discours suivant7

    8 Aourquoi vous troubler ainsi- essieurs; La chose n'en vaut vraiment pas la peine/ Vous n'0tespas sans avoir plus ou moins entendu raconter l'histoire du ,ameu# 4hiba On$@> Cn deu# mots- lavoici7 4hiba On$@- encore en,ant- s'amusait un 2our sur le bord de la mer- avec plusieurs de ses2eunes camarades/ *l + avait- sur le rivae- une urne en terre de dimensions normes/ 9ue ,aisaitl3 cette urne; L'histoire ne le dit pas/ Tou2ours est:il- essieurs- que le plus 2eune des en,ants-

    s'tant imprudemment assis sur le rebord du vase- se laissa choir dedans/ *l + tomba- en poussantun cri de terreur/ 4es camarades e,,ra+s s'en,uirent de toute la vitesse de leurs 2ambes/ 4hibaOn$@ ne bouea pas/ a6tre de lui:m0me- et ardant tout son calme- il reste prs de la victime/ *lr,lchit lontemps au mo+en de sauver son petit camarade/ Bient@t un trait de lumire traverseson esprit/ 4'loinant de quelques pas- il ramass une rosse pierre- la lance de toutes ses ,orcescontre l'urne/ "elle:ci ,ut brise et le prisonnier en sortit sain et sau,/

    "ette histoire- essieurs- prsente- 3 mon avis- de ,rappantes analoies avec la situation 0nantedu bon / Ioro+mon/ *l ne s'ait pas d'un en,ant prisonnier dans une urne- il est vrai> maisqu'importe; La main est aussi ncessaire au corps de l'homme- que l'en,ant est ncessaire 3 la,amille/ =llons> 2e prends sur moi le r@le de 4hiba On$@/ ais ce n'est pas avec une pierre du

    rivae- que 2e briserai le vase de %ompito- c'est avec ceci- essieurs>

    Ct il montra sa pipe- sa petite pipe 3 tu+au de bambou et 3 ,ourneau de ,er/

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    Le magister d'un coup sec fit voler en clats le vase de +ompito.

    Tout le monde avait- en silence- cout l'loquent pdaoue/ Le vieillard- dont la main taittou2ours prisonnire- et le voisin complaisant- qui tenait la 2arre- taient rests immobiles- dans lam0me position/

    Le dine maister a ,ini de parler/ *l s'avance solennel- tenant sa pipe de la main droite- commeun ancien samuraJ tenait leve son pe- quand il allait couper le cou 3 quelque manant impoli/ *lrelve le bord de sa manche- qui pourrait le 0ner dans cette opration dlicate/ Auis- 2etant unreard circulaire sur les convives7

    8 essieurs- dit:il d'une voi# sacramentelle- cette 2arre est un ustensile de valeur/ ais elle estmoins prcieuse que la main de ce vieillard>

    *l dit- et d'un coup sec- il ,ait voler en clats le vase de %ompito/ Les %ompito e,,ra+s serpandent sur la natte- semblables 3 des ,locons de neie

    (n rand clat de rire part au m0me instant de tous les coins de la salle/ La main du vieu#Ioro+mon appara6t au# +eu# de tous- et l'on comprend alors pourquoi tout 3 l'heure- ellere,usait de sortir

    Clle tient encore ,ortement serrs une di.aine de %ompito- qui en avaient aument le volume-

    et qu'elle n'avait pas son 3 l

    Les ats au te*ple

    4ur le penchant d'une colline- dressant dans l'air ses ,ormes bi.arres et ses sculptures tranes-s'lve le temple de "ouannon- la desse de la piti/ Les plerins s'+ succdent en ,oule/

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    "'est un d,il de toutes les in,ortunes- qui passe incessamment devant la statue de la desse- au#on.e t0tes et au# mille bras/

    Clle a ,ort 3 ,aire- 3 couter ces multitudes de plaintes- 3 e#aucer ces innombrables demandes/=ussi- la bonne desse en prend:elle trs 3 son aise? les misres des mortels ne troublent ure

    son auuste repos- et ses oreilles de pierre restent par,aitement indi,,rentes au# appelsdsesprs de la douleur/

    Les bon.es qui desservent le temple sont plus sensibles qu'elle au# pieu# concours des ,oules? cen'est pas sans plaisir qu'ils entendent rsonner sur les dalles le bruit continuel des petits sous decuivre/

    (n plerin qui aurait- un certain soir- pass la nuit dans le temple- eEt assist 3 une scne traneet m+strieuse/ *l eEt vu surir de tous c@ts une multitude de petits 0tres 3 quatre pattes- 3 laqueue lonue et cailleuse- au# poils noir

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    Or- il + a quelques 2ours- pouss par 2e ne sais quel caprice- notre propritaire s'est procur unchat de taille respectable et d'une habilet e#traordinaire/ "et ternel ennemi de notre race s'estmis 3 nous livrer une chasse sans tr0ve et sans merci/ (n soir- c'est une de nos 2eunes ,illes- quenous aimions tendrement- qui dispara6t pour ne plus revenir/ Le lendemain- c'est une de nos,emmes? puis vient le tour d'un pre ou d'une mre- d'un oncle ou d'une tante- d'un cousin ou

    d'une cousine/ "haque nuit est pour l'un ou l'autre d'entre nous ,atale et mortelle/ 4i les chosescontinuent de la sorte- nous sommes destins 3 dispara6tre l'un aprs l'autre- et 3 nous teindrepour tou2ours/

    Ne sachant plus comment ,aire- nous recourons 3 vous- @ bonne et charitable desse/ De notreennemi mortel- de ce chat sanuinaire- desse dlivre. nous>

    Telle ,ut la prire du che,/ = peine eut:il ,ini- que tous les rats se prosternant- se mirent 3 pousserdes cris dchirants et 3 verser des larmes abondantes/

    Derrire la statue insensible- une renouille tait cache/ Clle avait entendu la lonue et plaintive

    prire/ 4ans se montrer- elle leva la voi# et rpondit7

    8 es chers amis- c'est de tout c1ur- cro+e.:le bien- que 2e compatis 3 vos charins et 3 vosmalheurs/ Le chat dont vous me parle. est- en e,,et- pour vous un adversaire terrible/ ais-cro+e.:vous par hasard que le chat soit votre unique ennemi; Ne vous en connaisse.:vous pointd'autres;

    erri#re la statue insensible une grenouille tait cache.

    8 Non> rpondirent les rats- cro+ant que cette voi# qui leur parlait tait la voi# de la desse/

    8 Ch bien> continua la renouille- tou2ours sans se montrer- c'est malheureu# pour vous> Non-mes amis- le chat n'est pas votre unique et plus mortel ennemi/ Vous en ave. un autre- et c'estcelui:l3 la cause unique de tout le mal qui vous arrive>

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    8 9uel est:il donc; bonne desse- rpondit le che, de la ,amille/ )usqu'ici nous ne nousconnaissions vraiment pas d'autre ennemi que le chat>

    8 "et ennemi dont 2e vous parle- plus subtil- plus terrible- n'est pas loin de vous/ Vous le porte.avec vous:m0me/ *l vous accompane partout o vous alle.- et voil3 votre malheur>

    *ci les rats se reardrent/ *l + eut dans la troupe des chuchotements 3 voi# basse/ *ls necomprirent pas ce que la desse voulait dire/ *ls attendirent donc qu'elle leur dvoil cet ennemi mortel- ce sont ces dents pointues comme une vrille- que vous porte. dansvotre bouche/ "es dents vous dmanent sans cesse/ Clles ne s'arr0tent pas de travailler/ La nuit-quand l'homme dort- couch dans ses oreillers- il vous entend roner ou rinoter les poutres deson toit ou les planches de son pla,ond/ "e bruit l'aace et l'emp0che de dormir/

    Le lendemain- quand il se lve- quelle n'est pas sa colre de voir un des ob2ets auquel il attachait

    du pri#- ron par ces dents qui ne savent rien parner? tant@t c'est un %a$emono qu'il destinaitcomme cadeau 3 un ami? tant@t c'est un des livres dont son ,ils se servait 3 l'cole- ou uneceinture de soie que sa ,ille par marde avait laiss tra6ner dans un coin de la chambre/ (n 2our-c'est la porte du bu,,et sur laquelle vos dents ont laiss des traces dsastreuses- ou la cloison depapier dchire en plusieurs endroits/ (n autre 2our- c'est le beau coussin que l'homme neprsente qu'au# visiteurs de marque/ Tout cela- sans parler des d

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    9uand la renouille eut ,ini de parler- les rats se consultrent/ &allait:il obir au conseil de ladesse- et se ,aire arracher les dents; La discussion ,ut lonue/ Le pour et le contre ,urent pess/

    8 9ue ,erons:nous donc sans nos dents; tel ,ut le cr