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Contrat cadre MARE/2011/01 Évaluation et analyse d’impacts Lot 3 – Évaluations rétrospectives et prospectives relatives à la dimension interne de la politique commune de la pêche Contrat spécifique n° 14 Évaluation rétrospective et prospective du protocole de l’accord de partenariat dans le secteur de la pêche entre l'Union européenne et la République gabonaise Rapport final Août 2015 GAB198R02B Ref. Ares(2015)3745132 - 10/09/2015

Contrat cadre MARE/2011/01 Évaluation et analyse … · Lautorité compétente gabonaise en charge de la pêche est la ... afin de mener un audit général de la fonction publique

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Contrat cadre MARE/2011/01 Évaluation et analyse d’impacts

Lot 3 – Évaluations rétrospectives et prospectives

relatives à la dimension interne de la politique commune de la pêche

Contrat spécifique n° 14

Évaluation rétrospective et prospective du protocole de

l’accord de partenariat dans le secteur de la pêche entre l'Union européenne et la République gabonaise

Rapport final

Août 2015 GAB198R02B

Ref. Ares(2015)3745132 - 10/09/2015

DG MARE 2011/01/Lot 3 – CS14 Août 2015, GAB198R02B

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Ce rapport a été préparé avec l’appui financier de la Commission européenne.

Les opinions exprimées dans ce rapport sont celles des auteurs et ne reflètent pas nécessairement les opinions de la Commission européenne ou de ses services.

Le contenu de ce rapport, ou partie de celui-ci, ne peut être reproduit sans référence explicite à la source.

Le rapport doit être cité de la manière suivante :

COFREPECHE, MRAG, NFDS et POSEIDON, 2015. Évaluation rétrospective et prospective du protocole de l'accord de partenariat dans le secteur de la pêche entre l'Union européenne et la République gabonaise. Contrat cadre MARE/2011/01 - Lot 3, contrat spécifique n° 14. Bruxelles, 162 p.

Photo de couverture : pirogues accostant au CAPAL – Libreville. Crédit © COFREPECHE, 2015

COFREPECHE : 32 rue de Paradis, 75010 Paris, France. [email protected]

Rapport final Référence : GAB198R02B Nombre total des pages : 162

Date de transmission : Août 2015

Action Prénom Nom Société Poste

Auteurs Etienne Jarry

COFREPECHE

Chef d’équipe

Sébastien Metz Économiste

André Fontana Spécialiste des pêches

Contribution Alain Fonteneau Biologiste des pêches spécialiste des thonidés

Révision par un pair

Christian Chaboud - Économiste

Relecture - édition Matthew Bunce MRAG Consultant

Validation Jean-Pierre Silva COFREPECHE Directeur général délégué

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Résumé

1. Depuis 1998 plusieurs accords de pêche autorisant les navires de pêche de l’UE à accéder à la zone de pêche gabonaise se sont succédé. L’accord de partenariat actuel est en vigueur depuis 2007. Son protocole actuel s’applique depuis juillet 2013 pour trois ans. Il fait suite à une période de négociation de 20 mois durant laquelle les navires de l’UE n’ont pas été autorisés à pêcher dans la zone. Afin de permettre au Conseil d’autoriser la Commission à négocier au nom de l’UE un nouveau protocole avant l’expiration du protocole actuel, une évaluation indépendante ex post (couvrant les deux premières années d’application du protocole) et ex ante a été conduite. Ce rapport en présente les résultats.

Contexte

2. La République du Gabon est située en Afrique, sur l’équateur et au bord du golfe de Guinée. Indépendant depuis 1960, le pays s’est doté d’un régime semi-présidentiel septennal où le Président de la République endosse le rôle de chef de l’État. La prochaine élection présidentielle est prévue au premier semestre 2016. La population compte 1 650 000 habitants concentrés à 85 % dans les villes de Libreville et de Port-Gentil. L'indice de développement humain en 2012 situait le pays au 106e rang mondial (UNDP, 2013). Le Produit Intérieur Brut (PIB) par an et par habitant de 9 051 USD en 2012, place le pays en revenu intermédiaire supérieur.

3. L’économie gabonaise repose essentiellement sur l’exploitation pétrolière, minière (manganèse, terres rares, etc.) et forestière qui contribuent à plus de 70 % du PIB national et 96 % des exportations. Très vulnérable aux fluctuations des cours internationaux et au différentiel de change euro/dollar, l’économie du Gabon subit de fait directement la baisse des cours du pétrole brut au niveau mondial.

4. Le Gabon est le premier des 10 pays de la Communauté Économique des États de l'Afrique Centrale (CEEAC) sur le plan de la facilité de conduire des affaires, cependant des complications administratives et la présence d’importantes barrières douanières handicapent l’investissement et le développement d’un secteur privé.

5. La façade littorale couvre 800 km et la Zone Économique Exclusive (ZEE) est estimée à 213 000 km2 mais n’a pas été fixée auprès de la Convention des Nations unies sur le Droit de la Mer. Depuis le milieu du XXe siècle, la région du golfe de Guinée est une zone de tension pour le contrôle des ressources énergétiques à terre comme en mer exacerbant les revendications de zones maritimes des pays limitrophes. C’est notamment le cas dans la délimitation des ZEE avec la Guinée équatoriale, Sao Tomé-et-Principe, le Congo et l’Angola (enclave de Cabinda).

6. Le Plan stratégique « Gabon émergent » de l’actuel Président adopté en 2010 vise à identifier des relais de croissance pour assurer une diversification de l’économie et générer une valeur ajoutée à moyen et long terme ainsi qu’une redistribution des richesses autour de trois piliers économiques : le « Gabon industriel », le « Gabon des services » et le « Gabon vert ».

7. À l’image des initiatives mises en place pour la protection des milieux naturels terrestres, une politique de conservation ciblant le domaine marin est l’objet du projet « Gabon bleu », une émanation du pilier « Gabon vert ». Couvrant les eaux fluviales, côtières et océaniques du Gabon, il vise à renforcer la gestion des pêcheries industrielles et artisanales ainsi qu’à la création d'un réseau de parcs nationaux marins couvrant 23 % de la ZEE. Cette politique volontariste de conservation forte du Président utilise l'expertise d'un Conseiller spécial chargé du projet « Gabon bleu », issu d'une ONG américaine, influente au Gabon, pour le renforcement des capacités du Gabon et la gestion de son patrimoine naturel terrestre et marin.

8. Les relations entre l'UE et le Gabon reposent sur l'accord de Cotonou, sur le document de stratégie par pays et le programme indicatif national (PIN) pour la période 2014 – 2020. La contribution de l’UE à l’État gabonais au travers des APP est importante. Le 11e Fonds Européen de Développement prévoit un soutien d’environ 13 millions d’euros par an sur la période 2014 – 2020. Sur le plan commercial, l’absence d’accord

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de partenariat économique entre l’UE et le Gabon ne permet pas de favoriser les échanges entre les deux parties.

Le secteur des pêches au Gabon

9. Historiquement tourné vers ses ressources intérieures, notamment forestières, le pays ne possède pas à proprement parler de culture maritime. L’agriculture gabonaise, pêche comprise, est peu développée et ne représente qu’une faible part du PIB (environ 3 %). Le pays reçoit un fort apport de migrants originaires des pays limitrophes et de la sous-région. Ces travailleurs ne sont pas intégrés dans la vie nationale et travaillent souvent dans l’illégalité notamment dans le secteur de la pêche artisanale.

10. L’autorité compétente gabonaise en charge de la pêche est la Direction générale de la pêche et de l’aquaculture (DGPA) qui dépend depuis 2011 du Ministère de l'agriculture, de l’élevage, de la pêche et de la sécurité alimentaire. Elle est structurée en plusieurs directions techniques localisées dans les services centraux ou provinciaux. En 2011 la DGPA avait un effectif de 367 personnes (153 personnels techniques, 43 personnels administratifs et 171 vacataires).

11. En 2013, l’État gabonais par l’intermédiaire du Fonds Gabonais d’Investissements Stratégiques (FGIS) et le groupe mauricien Ireland Blyth Limited (IBL) ont signé un accord de partenariat public-privé d’un montant de 100 millions d’euros sur 5 ans en vue de valoriser les produits halieutiques gabonais. Ce partenariat prévoit une assistante technique étrangère positionnée par IBL auprès du Ministre de tutelle de la DGPA et du Directeur général de la pêche et de l’aquaculture visant à accompagner la réorganisation du secteur de la pêche et de l'industrie des produits de la mer.

12. Depuis février 2014 les crédits de fonctionnement de toutes les administrations gabonaises sont gelés, y compris ceux de la DGPA, afin de mener un audit général de la fonction publique dans le cadre de la lutte contre les emplois fictifs et la corruption. Seuls les fonctionnaires sont payés, entrainant de fait un blocage complet de l’administration dans ses actions extérieures, telles que les missions de surveillance. Cette situation ne sera vraisemblablement pas résolue avant la prochaine élection présidentielle. Les fonds de l'appui sont toutefois débloqués depuis juillet 2014.

13. Les autorités gabonaises ayant jugé le mode de fonctionnement de la DGPA perfectible ont lancé, en 2014, une réforme du cadre institutionnel du secteur. Elle vise à améliorer la performance, la profitabilité et la durabilité du secteur de la pêche et de l’aquaculture. Les compétences sont redistribuées entre la DGPA et l’Agence nationale des pêches et de l’aquaculture (ANPA) nouvellement créée. La DGPA conserverait les prérogatives politiques, la veille sur la gestion et l’application des lois et règlements. L’ANPA prendrait en charge les missions opérationnelles : surveillance, suivi et contrôle des activités de pêche (par l’intégration du centre de surveillance des pêches notamment), gestion des agences décentralisées et collecte des données statistiques. Certaines prérogatives de la DGPA liées au contrôle sanitaire des produits de la pêche ont déjà été réallouées à l’Agence gabonaise de sécurité alimentaire (AGASA) créée en 2011.

14. Du fait de son statut spécifique, l’ANPA bénéficie d’une autonomie de gestion permettant le recrutement et la gestion de personnels qualifiés en dehors du cadre rigide d’une administration. En complément d’un financement de l’État, les dons, les legs, les subventions et les recettes générées par le secteur de la pêche (licences, amendes) pourront être gérés en autonomie financière. Les fonds de l’APP entreront dans la catégorie des recettes du secteur et seront partagés avec la DGPA selon une clé de répartition à définir.

15. L’administration gabonaise en charge du secteur de la pêche et de l’aquaculture est donc en pleine période de transition ce qui a des conséquences dans son fonctionnement quotidien. L’ANPA n’est actuellement pas encore opérationnelle. Devant les incertitudes liées à l’absence des décrets d’application ainsi qu’aux problèmes de financements, il est très difficile de s’engager sur un calendrier de mise en place opérationnelle du nouveau modèle institutionnel encadrant ce secteur, malgré la volonté affichée.

16. Du fait du blocage des crédits de l’administration, les moyens de contrôle de la DGPA sont tous bloqués sauf le centre de surveillance des pêches assurant le suivi des navires étrangers par VMS. Les missions

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de contrôle de la pêche sont assurées principalement par les brigades des parcs nationaux marins uniquement dans la bande côtière ou par des moyens émanant du projet « Gabon bleu » en partenariat avec l’ONG Wildlife Conservation Society (WCS).

17. Il n’existe au Gabon aucune structure nationale de recherche halieutique. L’Institut de Recherches Agronomiques et Forestières (IRAF) qui devrait recevoir les données de capture dans le cadre du Protocole n’a pas la capacité de suivre ces problématiques. Il en est de même pour le Centre national de la recherche scientifique (CENAREST) organe technique de coordination et d’application de la politique nationale de la recherche du Gabon.

18. Les abondances globales et respectives des diverses espèces de la zone sont actuellement mal connues du fait d’un suivi non réalisé depuis les années 1980. Toutes les campagnes de recherche effectuées ces dernières années par des navires scientifiques étrangers n’ont pas suivi une méthodologie adaptée et les données statistiques de pêche détaillées sont manquantes. À l’exception des thonidés dont l’état du stock est suivi au niveau régional, les informations relatives aux espèces démersales et aux petits pélagiques côtiers sont rares et fragmentaires.

19. L’exploitation halieutique est assurée par une flotte artisanale et une flotte industrielle. Le secteur de la pêche emploierait 21 700 personnes, dont plus de 80 % d’étrangers majoritairement illégaux, faisant du secteur des pêches un pôle d’insertion et d’emploi faible pour les Gabonais. La production nationale stagne à 43 000 t par an depuis les années 2000. Le Gabon importe 40 % des 50 000 à 55 000 t de produits halieutiques qu’il consomme annuellement.

20. La pêche dans les eaux sous juridiction gabonaise est encadrée par le Code des pêches et de l’aquaculture de 2005. De nombreux décrets d’applications prévus n’ont pas encore été publiés. L’APP entre l’UE et le Gabon est le seul accord de pêche bilatéral existant. Le Gabon propose cependant des licences privées aux thoniers senneurs sous pavillon étranger, mais plus pour la pêche palangrière, suite à la suspension en 2012 de l'accord avec la fédération de l'industrie Japonaise.

21. D’après les données de captures soumises à l’organisation régionale de gestion de pêches de thons et d’espèces associées en Atlantique – la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l’Atlantique (CICTA), la ZEE du Gabon est la plus productive en thons en Atlantique Est (hors captures en haute mer). La région du Cap Lopez a été activement exploitée par les thoniers (canneurs, senneurs et palangriers) depuis les années 1960. Les prises annuelles moyennes totales dans la dernière décennie sont estimées à 13 600 t (dont environ 10 000 t par les navires de l’UE) soit 6,7 % des prises totales des senneurs dans l’Atlantique Est. La zone est de fait d’une importance toute stratégique pour l’ensemble des armements thoniers.

L’APP entre l’Union européenne et le Gabon

22. Sur la période d’application du protocole (24 mois), quatre directeurs de la DGPA se sont succédé traduisant les tensions au sein de l’administration gabonaise. Mis en avant comme une démonstration de la volonté gabonaise de rompre avec des pratiques du passé cela interroge toutefois sur la capacité au sein de l’administration d’appropriation, de développements futurs et de pérennisation des nouvelles orientations décidées au plus haut niveau de l’État sur la base d'une expertise spécifique non étatique.

23. Le protocole prévoit le versement d’une contrepartie financière annuelle de 1 350 000 euros divisée entre 900 000 euros pour le droit d’accès et 450 000 euros pour l’appui à la mise en œuvre d’une politique sectorielle de la pêche au Gabon. Il permet l’accès à 27 thoniers senneurs et 8 thoniers canneurs de l’UE avec un tonnage de référence de 20 000 t par an. Les armateurs doivent s’acquitter de 13 750 euros pour une autorisation de pêche annuelle et d’une redevance dès la première tonne pêchée de 55 euros la première année et de 65 euros pour les deux années suivantes. Le protocole ne prévoit pas le mécanisme de calcul de la redevance en cas de dépassement du tonnage de référence. Le règlement du droit d’accès par la partie européenne a été réalisé sans encombre pour les années 2013 et 2014.

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24. Le blocage des fonds de la DGPA a concerné les fonds de l’appui sectoriel, empêchant l’exécution de la matrice pluriannuelle de programmation validée lors de la première Commission mixte. À défaut de la mise en œuvre des actions programmées au titre de la première tranche versée, la partie européenne a suspendu le versement de la deuxième tranche. Ce blocage a été levé, pour ces fonds seulement, en février 2015 permettant la reprise des projets et la validation d’une matrice révisée.

25. Le protocole prévoit des mesures techniques spécifiques et originales telles que le paiement par les armateurs d’une autorisation de pêche ne donnant pas droit à un tonnage forfaitaire, l’interdiction des navires d’appui dans la zone de pêche, le recours à des dispositifs de concentration de poissons (DCP) dérivants artificiels dits écologiques (non-maillants et biodégradables) et l’exclusion des DCP dans la bande des 12 milles marins et dans les zones d’exploration et d’exploitation pétrolières.

26. La zone de pêche gabonaise est fréquentée par les senneurs français et espagnols durant 5 mois, de mai à septembre. Elle est d’une importance stratégique prépondérante notamment pour le secteur français. En 2014, 11 % des captures des senneurs espagnols et 27 % des captures des senneurs français réalisées dans l’Atlantique Est provenaient de la zone gabonaise, représentant un tonnage de capture total de 92 % du tonnage de référence, ce qui le place parmi les meilleurs taux d'utilisation du tonnage de référence des Accords de Pêche et de Partenariat (APP) thoniers.

27. Aucun des thoniers canneurs de l’UE n’a fait de demande d’autorisation de pêche dans la zone de pêche. Pour ces professionnels, la zone n’est pas attractive en raison des problèmes liés aux conditions d’accueil à terre, à l’obligation de débarquement des captures pour l’approvisionnement du marché local ainsi qu’à l’absence de garanties sur l´obtention auprès des pêcheurs artisans locaux d’appâts vivants indispensables à la pêcherie.

28. Le taux d’utilisation des possibilités de pêche pour les senneurs en 2014 est satisfaisant (81 %). Toutefois, l’application des mesures techniques liées aux DCP (50 % des opérations dans la zone), et aux journaux de pêche posent des problèmes. La partie gabonaise fait part de ce qu’elle considère être des manquements des navires de l’UE aux règles du protocole, notamment les mauvaises communications des informations d’entrées/sorties des navires, la non-conformité des journaux de pêche et l’utilisation de DCP non conformes. Il est à noter que deux procédures d’infractions ont été initiées fin 2013 par la partie gabonaise.

29. La DG MARE a rencontré des difficultés dans le suivi des captures des navires de la flotte de l’UE du fait d’importants retards et des incohérences dans les transmissions des données par les États membres. Le suivi régulier des efforts et des captures en a été perturbé. L’atteinte des 80 % de consommation du tonnage de référence à la fin du dernier trimestre, a été un peu tardivement constatée par l'UE. Sur la base de ces captures, suivies directement par la partie gabonaise, celle-ci a souhaité la tenue d’une Commission mixte extraordinaire afin de discuter, entre autres, d’une augmentation du tonnage de référence – qui n’a finalement pas été entérinée. Par ailleurs, une plus grande transparence devrait être apportée sur le mécanisme de traitement des données de captures par les instituts scientifiques concernés (IRD et IEO).

30. En raison du manque d’infrastructure dans le pays, les captures des navires de l'UE ne sont ni débarquées, ni transformées, ni commercialisées au Gabon. Sur le plan de l'investissement public, l'APP se révèle particulièrement intéressant puisque chaque euro de la compensation financière génère une création de valeur ajoutée directe de 6,80 euros et une valeur ajoutée totale de l'ordre de 10,19 euros dont 4,17 euros revient à l'UE.

31. Les avis rendus par le comité scientifique de la CICTA en 2014 pour les thonidés tropicaux font état concernant l'albacore d’une légère surexploitation des stocks (B<Bmsy) tout en concluant à une absence de surpêche (F<Fmsy) (évaluation conduite en 2011), concernant le thon obèse et le listao (évaluations conduites respectivement en 2010 et en 2014), d’une absence probable de surexploitation et de surpêche, les niveaux de biomasse et de mortalité par pêche étant équivalents aux valeurs de référence (Bmsy et Fmsy). Pour le listao, l’avis tenait compte des fortes captures récentes observées notamment sous DCP au large de la Mauritanie. Il serait souhaitable d’étudier l’impact de l’augmentation probable de l'efficacité

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de l'effort de pêche liée à un usage accru de DCP pouvant conduire à une situation de surpêche et de surexploitation des stocks de thons tropicaux, notamment pour l’albacore et le thon obèse. Ainsi, la Recommandation 14-03 de la CICTA entérine la création d’un groupe de travail ad hoc sur les DCP afin d’évaluer les conséquences des développements technologiques sur les futures options de gestion liées aux DCP. La première réunion de ce groupe a eu lieu en mai 2015 avec des participants des deux parties.

32. Les limites de la zone de pêche gabonaise communiquées englobent une zone de conflit territorial entre le Gabon et la Guinée équatoriale (zone nord de la ZEE gabonaise). Les armateurs européens ont donné des consignes spécifiques aux navires afin d’éviter cette zone.

Conclusions de l’évaluation

33. Le protocole en cours a permis la capture de 92 % du tonnage de référence en 2014 uniquement par les thoniers senneurs, soit 17,7 % de la production totale estimée par les navires de l’UE dans l’océan Atlantique Est. Sa contribution à l'approvisionnement des marchés de l'UE est de l’ordre de 3 %. L’absence des navires européens dans les ports gabonais ne permet pas de créer des emplois au Gabon. En revanche, le protocole contribue à la création estimée d'environ 200 emplois directs et 470 emplois indirects sur la période, répartis entre la zone UE et les pays ACP. Au vu du tableau contrasté entre ces différents aspects, et tenant compte des objectifs de toutes les parties intéressées, on peut conclure à une efficacité plutôt élevée.

34. L'efficience est élevée en raison du rapport coût-bénéfice constaté. Pour 1 euro investi par l’UE, 10 euros de valeur ajoutée totale sont générés, dont 40 % pour l’UE et 60 % pour les pays ACP. Le montant total obtenu par l'État gabonais est de 2,8 millions d’euros. Il perçoit une plus-value sur chaque tonne de poisson capturée d’au moins 18 euros, soit 14 %. En comparaison des licences privées négociées, le protocole est plus avantageux économiquement pour le Gabon (de l’ordre de 20 % du paiement global). Le protocole permet aux navires de l’UE d'opérer dans la zone de pêche gabonaise avec un taux d’utilisation des possibilités de pêche de 81 % pour les senneurs. Le coût de l'accès effectif en 2014 est de 127 euros par tonne, sur lesquels 49 euros/t proviennent du budget de l'UE et 78 euros/t des redevances versées par les armateurs des navires de l’UE.

35. En termes d'économie, les problèmes liés à l’utilisation de l’appui sectoriel n'ont pas permis d’atteindre pleinement les résultats escomptés en termes d'amélioration du cadre de la gestion des pêches au Gabon. Toutefois la reprogrammation axée sur le renforcement administratif, scientifique, et des capacités de surveillance et les progrès récents observés constituent une tendance positive.

36. Le protocole en vigueur bien que cohérent avec la politique commune des pêches de l’UE a provoqué de nombreuses discussions avec le Gabon. En effet, le protocole prévoit des mesures techniques conformes ou allant même au-delà des dernières recommandations et résolutions de la CICTA portant sur l’exploitation des ressources thonières. Du fait de la réorganisation complète des institutions nationales en charge du secteur, il est difficile d’évaluer la cohérence de ce protocole avec la politique gabonaise qui semble s’orienter vers une politique environnementale très proactive sur les enjeux de conservation sans toutefois prévoir une recherche nationale dédiée performante.

37. L’acceptabilité du protocole est moyenne. Les armateurs, hormis pour les thoniers canneurs, ont fait des demandes d’autorisation de pêche dès l’application provisoire du protocole. L’intérêt ne s’est, depuis lors, pas démenti. La partie gabonaise est globalement satisfaite de cet accord qui permet la valorisation d’une ressource que l’industrie nationale n’est pas en mesure de capter. Il témoigne aussi du bon état des relations unissant le pays à l’UE, en dépit de difficultés et désaccords sur l'interprétation de certains points du protocole.

38. Deux options sont envisageables dans le futur : la conclusion d’un nouveau protocole (option A) ou ne pas en conclure (option B). Il est attendu que les flottes de l’UE intéressées à pêcher dans la zone de pêche gabonaise soient celles ayant été actives lors du protocole en cours.

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39. Dans l’hypothèse où un nouveau protocole ne serait pas conclu, les armateurs de l’UE demanderaient à pouvoir accéder aux ressources halieutiques présentes dans les eaux gabonaises par des arrangements privés, ce qui nécessiterait la dénonciation de l’accord de pêche en cours, compte tenu de la clause d'exclusivité qu'il contient.

40. Toutefois le maintien d’un protocole est envisageable et pertinent au regard des enjeux que représente cette zone pour les navires de l’UE, en particulier français. Il est recommandé de ne pas proposer l’inscription des thoniers canneurs au futur protocole. Il serait souhaitable de maintenir le tonnage de référence à son niveau actuel ou de prévoir une légère augmentation en fonction des captures observées et des perspectives de variation. Par ailleurs l’appui sectoriel devrait être orienté vers le développement d’une recherche nationale gabonaise afin de permettre au pays de prendre toute sa place dans la gestion des ressources thonières. Les mesures techniques liées à la pêcherie et notamment les modalités d’usage des DCP devraient être précisées pour en garantir l'utilisation dans des conditions encadrées, et être en cohérence avec les résultats du groupe de travail ad hoc de la CICTA auquel les deux parties doivent absolument participer.

41. Si la conclusion d’un nouveau protocole devait être assortie de l’interdiction du déploiement des DCP dans la zone de pêche gabonaise, cela diminuerait l’intérêt de la zone pour les armateurs de thoniers senneurs. Il en résulterait une forte diminution de l’ordre de 90 % de l’excédent brut d’exploitation (EBE) généré par les thoniers senneurs, qui chuterait de 2,2 millions d’euros à 0,2 million d’euros.

42. Il apparaît comme légitime que la partie gabonaise souhaite améliorer sa captation de valeur ajoutée au regard de l’importance de la zone pour les navires de l’UE. Des marges de progressions sont possibles, tout en veillant à préserver l'attractivité économique du protocole et des conditions suffisamment favorables à la flotte mais il appartient à la partie gabonaise d’en définir les modalités d’application. Il est possible d’envisager une augmentation des droits d’accès, des coûts d’autorisations ou la mise en place d’incitations à débarquer au Gabon (comme c’est le cas à Madagascar), lorsque les infrastructures sur place le permettront. Il s’agira alors pour les opérateurs de la transformation présents au Gabon de s’inscrire dans une démarche de concurrence avec d’autres pays de la sous-région.

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Executive summary

1. Since 1998, several fisheries partnership agreements (FPA) have allowed EU fishing vessels to work in the Gabonese fishing zone. The current partnership agreement has been in force since 2007. Its current Protocol has been enforced since July 2013 and will last three years. It follows a 20-month negotiation period during which EU vessels were not authorised to fish in the area. This report present the major results of an ex post (covering the first two years of implementation of the Protocol) and ex ante evaluation which will enable the Council to authorise the Commission to negotiate a new Protocol on behalf of the EU before the expiry date of the current Protocol.

Context

2. The Gabonese Republic is located in Africa, on the Equator, with a coastline on the Gulf of Guinea. Gabon regained its independence in 1960, the political regime is semi-presidential, under which the President serves for a seven-year term as the head of state. The next presidential election is planned for the first half of 2016. The country has a population of 1.65 million, which is concentrated, of which 85 % is concentrated in the two major cities of Libreville and Port-Gentil. Gabon ranks 106th in the UN's Human Development Index (HDI) in 2012 (UNDP, 2013). Gabon is part of the upper-middle-income countries group, with an annual Gross Domestic Product (GDP) per inhabitant of USD 9 051 in 2012.

3. The Gabonese economy is mainly focused on the exploitation of crude oil, mining (manganese, rare earths, etc.) and forestry accounting together for more than 70 % of the GDP and representing 96 % of Gabonese exports. Extremely vulnerable to shifts in commodity prices and to the euro/dollar exchange rate differential, the Gabonese economy thus directly suffers from the global drop in crude oil prices.

4. Gabon is ranked first out of the 10 countries of the Economic Community of Central African States (ECCAS) for its ease of doing business, although administrative complications and important tariff barriers are hampering potential investments and the development of the private sector.

5. Gabon has an 800 km long coastline. Its Exclusive Economic Zone (EEZ) covers an estimated 213 000 km2 but has not been fixed by the United Nations Convention on the Law of the Sea. Since the middle of the 20th century, the Gulf of Guinea is an area of tension over the control of energy resources both onshore and offshore, exacerbating claims over maritime areas from neighbouring countries. The delineation of the EEZ between Gabon, Equatorial Guinea, Sao Tome e Principe, Congo and Angola (the Cabinda enclave) is a topical example of these tensions.

6. The strategic plan “Emerging Gabon” of the current Gabonese president has been adopted in 2010. It aims at identifying the potential growth drivers that would allow the diversification of the Gabonese economy, the creation of medium and long-term added value as well as some wealth redistribution, focusing on three economic pillars: “Industrial Gabon”, “Service Gabon” and “Green Gabon”.

7. Following the on-going initiatives for the protection of inland natural environments, a marine conservation policy is emerging called “Blue Gabon”, as a spin off of the pillar “Green Gabon”. This policy is covering Gabonese rivers, coastal and oceanic waters and aims at reinforcing artisanal and industrial fisheries management and at developing a network of marine protected areas covering 23 % of the EEZ. Initiated by the president, this proactive conservation policy is elaborated with the help of a senior advisor dedicated to the project “Blue Gabon” aiming at reinforcing the Gabonese capacities and the management of the terrestrial and marine natural heritage. This special advisor has close ties with a US-based Non-Governmental Organisation (NGO) which is influent in Gabon.

8. The relationships between the EU and Gabon are based on the Cotonou Agreement, the Country Strategy Paper and the National Indicative Programme for the period 2014-2020. The EU contribution to Gabon through FPAs is important. The 11th European Development Fund includes 13 million euros per year of funding for the period between 2014 and 2020. From a trade perspective, there is no Economic Partnership Agreement between EU and Gabon, hindering trade between the two parties.

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The fishing sector in Gabon

9. Gabon has very little maritime tradition, being historically more focused on its land-based natural resources, notably the forest. The Gabonese agriculture sector, covering fisheries, generates only a small share of the GDP (around 3 %). There is a net inflow of migrant originating from neighbouring countries and the sub-region. These migrant workers are not integrated into the Gabonese society and often work illegally in Gabon, notably in the artisanal fishery sector.

10. The Gabonese competent authority for the fishery sector is the Directorate General for Fisheries and Aquaculture (DGPA), which is part of the Ministry for agriculture, animal production, fishery, and food security since 2011. The Directorate General is organised in several technical directions spread across the central or provincial administrations. In 2011, 367 staff members were working for the DGPA (153 technical staff, 43 administrative clerks and 171 individual contractors).

11. In 2013, the Gabonese Strategic Investment Fund (FGIS) and Ireland Blyth Limited (IBL, a Mauritian holding) have entered into a 100 million euros public-private partnership for five years, aiming at promoting the Gabonese seafood products. This partnership integrates the deployment of foreign technical assistants funded by IBL within the Ministry supervising the DGPA as advisors for the General Director for fisheries and aquaculture. This technical assistance aims at fostering the reorganisation of the fishing and seafood processing sectors.

12. All the Gabonese administrations, including DGPA, have had their operating budget frozen since February 2014 as part of a thorough audit of the civil service to track corruption and fictitious jobs. The budget of the DGPA makes no exception. Only civil servants are paid, thus hindering the administration to implement any external activities such as surveillance. No improvement is expected before the next presidential election. The sectoral funding has however been released since July 2014.

13. The Gabonese authorities have considered that the organisation of the DGPA could be improved and have launched in 2014 a complete reorganisation of the institutional framework of the sector. This reorganisation aims at improving the performance, the profitability and the sustainability of the fisheries and aquaculture sector. The attributions are redistributed amongst two organisations: the DGPA and the National Agency for Fisheries and Aquaculture (ANPA). The DGPA is to retain the political prerogatives, the regulatory watch and the enforcement of laws and regulations. The ANPA would cover operational tasks: monitoring, control and surveillance of fishing activities (notably by integrating in its perimeter the fishing monitoring centre), management of the devolved agencies and statistical data collection. Some prerogatives related to the sanitary control of fisheries products formally supported by the DGPA have already been transferred to the Gabonese Agency for Food Security (AGASA), which was established in 2011.

14. The ANPA benefits from a specific status granting more autonomy to recruit and retain skilled staff than the civil service. The ANPA is financed by the state budget but is also allowed to manage autonomously subventions, gifts, bequests, donations or any other resources generated by the fishing sector (licence fees, fines). Funding originated from the FPA will be considered as resources generated by the sector and will be shared with the DGPA, although the allocation key has still to be decided.

15. The Gabonese administration in charge of the fisheries and aquaculture sector is thus in full transition, affecting its daily operations. The ANPA is currently not yet operational. It is not possible to have confidence in any reasonable timeline for the implementation of the new institutional framework due to several radical uncertainties, as several implanting decrees are still missing and budget issues may not be resolved in the short term.

16. Due to the budget freeze of the administration, all means of control of DGPA are inoperative excepted the fishing surveillance centre that tracks the activity of foreign fishing vessels through VMS. Control operations are mainly carried out by the Marine National Parks brigades in the inshore waters, but also by resources from the “Blue Gabon” project, in partnership with the NGO Wildlife Conservation Society (WCS).

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17. There is no national research centre for fisheries sciences in Gabon. The Institute for Agronomic and Forestry Research (IRAF) is the designated institute to receive catch data according to the current Protocol. There is however no IRAF team able to follow these issues, nor is there any capacity at the National Centre for the Scientific Research (CENAREST), the technical organisation in charge of coordinating and implementing Gabon’s national research policy.

18. The abundance levels of the various species present in the area are currently little known due to a lack of monitoring since the 1980s. All research campaigns recently carried out by foreign research vessels have not followed an appropriate methodology and detailed fishing statistics are missing. Except tuna species for which the stock assessment is done at the regional level, information for demersal species and coastal small pelagics are scarce and fragmentary.

19. An artisanal fleet and an industrial fleet are currently exploiting Gabon’s fisheries resources. The fishing sector is employs 21 700 workers; of whom over 80 % are foreign and mostly illegal immigrants. Therefore, the fishing sector does not provide many employment opportunities for Gabonese workers. National fisheries production has been stable around 43 000 t per year since the years 2000s. Gabon imports 40 % of its annual seafood consumption, which is evaluated at 50 000 to 55 000 t.

20. Fishing activities in the areas under Gabonese jurisdiction are governed by the 2005 Code for fishing and aquaculture. Several implementing decrees have yet to be published. The FPA between EU and Gabon is the only bilateral fisheries existing agreement. Gabon is however offering private licences to foreign purse seiners. Following the interruption of the agreement with the Japanese fishing federation in 2012, no tuna longliners have been fishing in the Gabonese waters.

21. According to the catch data submitted to the International Commission for the Conservation of Atlantic Tunas (ICCAT) – the Regional Fisheries Management Organisation responsible for the monitoring of tuna and tuna-like species in the Atlantic – the Gabonese EEZ is the most productive area for tuna species in Eastern Atlantic (not including catches in high seas). The Cap Lopez area has been actively exploited by tuna vessels (pole-and-line, purse seiners and longliners) since the 1960s. Annual average catch are estimated to be close to 13 600 t in the past decade, of which approximately 10 000 t caught by EU fishing vessels. This represents 6.7 % of the total catch achieved by the purse seiners in the East Atlantic area. The zone is thus of strategic importance for all tuna fishing companies.

The FPA between EU and Gabon

22. During the period of application of the Protocol (24 months), no less than four directors have been successively appointed to manage the DGPA, reflecting the tensions currently characterising the Gabonese administration. Although this turnover has been highlighted as a result of the Gabonese will to break with past practices, this instability may hinder the ability of the Gabonese administration to integrate, further develop and make sustainable the new orientations decided at the highest level of the state and based on a very specific external expertise.

23. The Protocol provides for an annual financial compensation of 1 350 000 euros, corresponding to 900 000 euros for the access rights and 450 000 euros for the sectoral funding supporting the implementation of a sectoral fisheries policy in Gabon. It grants 27 fishing opportunities for EU purse seiners and 8 fishing opportunities for EU pole-and-line vessels, with a reference tonnage of 20 000 t per year. The vessel owners have to pay an annual fee of 13 750 euros to be granted a fishing authorisation, but also royalties based on the tonnage caught: 55 euros per tonne during the first year of the Protocol, 65 euros per tonne for the two following years. The Protocol does not provide a clear mechanism to calculate the royalties to be paid if the reference tonnage is exceeded. The EU has fully compensated the access rights in 2013 and 2014.

24. The sectoral funding has been frozen as the rest of the operating budget of the DGPA, hindering the completion of the multiannual implementation plan agreed during the first mixed commission. In the absence of the implementation of the actions planned under the first paid instalment, the EU has suspended

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the payment of the second instalment. Only the freezing of the sectorial funding has been waived in February 2015, allowing the reinstalment of the different projects and the validation of a revised implementation plan.

25. The Protocol provides specific and original technical measures such as: a payment by vessels owners for a fishing authorisation that does not grant a free catch allocation; the ban of support vessels in the fishing zone; the obligation to deploy ecological drifting fish aggregating devices (non-entangling and biodegradable FADs); and the exclusion of FADs at less than 12 miles of the coastline and in the areas of oil exploration or exploitation.

26. French and Spanish purse seiners exploit the Gabonese fishing zone 5 months per year, from March to September. The area is of major importance for these vessels, notably the French sector. In 2014, 11 % of the Spanish catch and 27 % of the French catch achieved in the East Atlantic area originated from the Gabonese fishing zone, representing in total 92 % of the reference tonnage. This uptake level is one of the best rates amongst the tuna Fisheries Partnership Agreements (FPAs).

27. No EU pole-and-line vessel has requested to be granted a fishing authorisation to enter the fishing zone. According to the vessel owners, the fishing zone is not attractive enough due to poor services in ports, the obligation to land all the catch to supply the national seafood market and the lack of a local supply chain to provide live baits critical to these vessels.

28. The capacity utilisation of fishing opportunities for purse seiners is satisfactory in 2014 (81 %). The implementation of some technical measures is however problematic, notably for the use of FADs (50 % of the fishing operations in the area) and some provisions about logbooks. The Gabonese authorities highlighted what was felt as shortcomings from EU vessels in the implementation of the Protocol, notably poor communications of entry/exit of vessels, non-conformance of logbooks and the use of noncompliant FADs. It should however be noted that two infraction procedures were initiated by the Gabonese authorities at the end of 2013.

29. DG MARE has faced difficulties following catch data from EU vessels, due to important delays and incoherencies in data transmission from Member States. The close monitoring of effort and catch levels was thus disrupted. The reference tonnage uptake reached 80% at the end of the last trimester, which the EU noted with a small delay. The Gabonese authorities are following in real-time the evolution of the catch level. Based on these catches, the Gabonese authorities requested an extraordinary mixed commission to notably discuss the increase of the reference tonnage (which has not been approved). Moreover, mechanisms of data validation and integration implemented by the EU research organisations (IRD and IEO) could be more transparent.

30. The lack of onshore infrastructure in the country is leading to no landings, no processing or no trade by EU vessels in Gabon. From a public investment perspective, the FPA seems to be highly valuable as every euro invested in financial compensation generates 6.80 euros of directed added value and a total value added of 10.19 euros, among which 4.17 euros of value added are captured by the EU economy.

31. The recommendations issued by ICCAT’s Scientific Committee in 2014 for tropical tunas report for yellowfin a slight over exploitation of stocks (B<Bmsy) while finding an absence of overfishing (F<Fmsy) (assessment conducted in 2011), for bigeye tuna and skipjack tuna (assessment conducted respectively in 2010 and 2014) an unlikeliness of overexploitation and overfishing, levels of biomass and fishing mortality being equivalent to the reference values (Bmsy and Fmsy). For skipjack, the recommendation reflected the strong recent catches observed in particular with FADs off the coast of Mauritania. It would be desirable to study the impact of the likely increase in the effectiveness of the fishing effort related to an increased use of FADs and potentially leading to a situation of overfishing and overexploitation of tropical tuna stocks, particularly for yellowfin and bigeye tuna. As such, the ICCAT recommendation 14-03 endorses the instalment of an ad hoc working group on FADs aiming at evaluating the consequences of technological developments on future management measures governing FADs. The first meeting of this working group was held in May 2015 with the participation of both the EU and Gabon.

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32. The limits of the Gabonese fishing zone passed onto the EU include a “grey” area: a zone situated in the Northern part of the EEZ is claimed by Gabon but also Equatorial Guinea. EU vessel owners have sent specific instructions for vessels to avoid this area.

Conclusions of the evaluation

33. The current Protocol allowed the EU purse seiners to catch 92 % of the reference tonnage in 2014, which represents 17.7 % of the estimated total production by EU vessels in the Atlantic Ocean. In terms of supplying the EU markets, the contribution of the Protocol is about 3 %. No jobs were created in Gabon due to the absence EU fishing vessels in Gabonese ports. It is estimated that the Protocol contributes to maintain 200 direct jobs and 470 indirect jobs, distributed amongst the EU and ACP countries. Combining all these elements as well as the objectives of the different interested stakeholders, the effectiveness of the Protocol is considered relatively high.

34. The efficiency of the Protocol is high, due to its estimated cost-benefit ratio. For 1 euro invested by the EU, 10 euros of total added value are generated and distributed between the EU (40 %) and ACP countries (60 %). The total added value benefitting Gabon is 2.8 million euros. Gabon realised a gain on each tonne fished of at least 18 euros (14 %). In comparison with the negotiated private licences, the current Protocol is more advantageous for Gabon (with a benefit of about 20 % of the total payments). The Protocol allows EU vessels to access the Gabonese fishing zone with an uptake of 81 % of the purse seiners fishing authorisations. The effective cost of access in 2014 is 127 euros per tonne: 49 euros per tonne are covered by the EU budget while the remaining 78 euros per tonne are paid by EU vessels owners.

35. In terms of economy, several issues have not allowed the full use of the sectoral funding hindering the expected results in terms of improvement of the Gabonese fisheries management system. However, the shift in focus of the implementation plan towards administrative, scientific and surveillance capacity-building and the recent progress observed is expected to produce positive results.

36. The Protocol currently enforced is coherent with the EU Common Fisheries Policy. Several observations were nonetheless raised by Gabon. The technical measures provided by the Protocol are indeed in line with and sometimes more restrictive than the most recent recommendations and resolutions decided by ICCAT for the management of tuna resources. Due to the complete reshuffle of the administration in charge of the sector, it is difficult to evaluate the level of coherence of the Protocol with the Gabonese policy, which tends to orientate towards an environmental policy very proactive on conservation issues although with limited support for the development of research capabilities at the national level.

37. The level of acceptability of the Protocol is considered to be average. EU vessel owners have requested fishing authorisations since the provisional enforcement of the Protocol, except for pole-and-line vessels. The popularity of the Protocol since then has remained high. Gabonese authorities are overall satisfied with this FPA that allows the exploitation of a resource that could not be caught by the national industry. This demonstrates also the close relationships between EU and Gabon, despite ongoing difficulties and disagreements regarding the interpretation of some provisions of the Protocol.

38. Two options have been envisaged for the future: the agreement on a new Protocol (option A) or the absence of a Protocol (option B). The EU fleets involved in a future Protocol are expected to be the same than those currently fishing in the area.

39. If there was no agreement for a new Protocol, the EU vessel owners would request access to resources in the Gabonese waters through private licences, which would require the termination of the current agreement, as it contains an exclusivity clause.

40. The continuation of the Protocol is pertinent when taking into consideration the importance of this fishing zone for EU vessels, especially French. It is recommended not to include pole-and-line vessels in a future Protocol. Maintaining the reference tonnage at its current level is advisable; although a slight raise could be considered if it was taking into account recent catch levels and future trends. The sectoral funding should be targeted at the development of national Gabonese research capabilities, allowing Gabon to fully

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participate in the management of the tuna resources. Precisions on technical measures related to this fishery should be added to the Protocol, notably on measures governing the use of FADs to ensure their use in controlled conditions and to be more coherent with the results of the ICCAT ad-hoc working group on FADs. The participation of both the EU and Gabon in this working group is therefore of vital importance.

41. If a new Protocol were to forbid the use of FADs in the Gabonese fishing zone, the purse seine vessel owners would have much less interest in the area. This would result in a drop of 90 % of their gross operating surplus, which would fall from 2.2 million euros to 0.2 million euros.

42. It seems legitimate for the Gabonese authorities to seek a more favourable distribution of the added value in relation with the importance of the area for EU fishing vessels. Several options are available, although the economic attractiveness of the Protocol should be preserved with access conditions compatible with the vessels profitability. It is however up to Gabon to define the implementing rules. This redistribution could translate into an increase of the fishing rights and of the authorisation fees. It could also consist in the introduction of incentives to land in Gabon (as it is the case for Madagascar) when its infrastructures improve sufficiently. Gabonese seafood processors will have to compete then with other countries of the region.

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Resumen

1. Desde 1998 se han sucedido una serie de acuerdos que permiten a los buques de pesqueros de la UE acceder a la zona de pesca de Gabón. El Acuerdo de Asociación actual está vigente desde el 2007. Su actual Protocolo se aplica por tres años desde julio de 2013. Se firmó tras un período de negociación de 20 meses durante los cuales los buques de la UE no tuvieron autorización para pescar en la zona. Se ha llevado a cabo una evaluación independiente ex post (que abarca los dos primeros años de aplicación del Protocolo) y una ex ante con el fin de que el Consejo pueda autorizar a la Comisión a negociar en nombre de la UE un nuevo Protocolo antes de que expire el actual. Este informe presenta los resultados de dicha evaluación.

Contexto

2. La República de Gabón se sitúa en África, en el ecuador y bordea el Golfo de Guinea. Independiente desde 1960, el país cuenta con un sistema semi-presidencial en el que el Presidente de la República asume el papel de Jefe de Estado por 7 años. La próxima elección presidencial está prevista para el primer semestre de 2016. La población cuenta con una población de 1 650 000 habitantes de los cuales el 85 % se concentra en las ciudades de Libreville y Port-Gentil. El índice de desarrollo humano del país se situaba en el 106º rango mundial en 2012 (PNUD, 2013). El Producto Interior Bruto (PIB) anual per cápita es de 9 051 USD en 2012 y sitúa al país en un nivel intermedio-alto de ingresos.

3. La economía gabonesa se basa principalmente en la explotación del petróleo, la minería (manganeso, tierras raras, etc.) y la silvicultura que contribuyen a más del 70 % del PIB nacional y al 96 % de las exportaciones. La economía de Gabón es muy vulnerable a las fluctuaciones de los precios internacionales y a las variaciones del cambio euro/dólar y sufre directamente la reducción de los precios del crudo a nivel mundial.

4. Gabón es el primero de los 10 países de la Comunidad Económica de los Estados de África Central (CEEAC) en términos de facilidad para hacer negocios. Sin embargo, las complicaciones administrativas y la presencia de importantes barreras comerciales obstaculizan la inversión y el desarrollo de un sector privado.

5. La fachada litoral cubre 800 km y la Zona Económica Exclusiva (ZEE) se estima en 213 000 km2 aunque no haya sido definida ante la Convención de las Naciones Unidas sobre el Derecho del Mar. Desde mediados del siglo XX, el Golfo de Guinea es una zona de tensión por el control de los recursos energéticos tanto en tierra como en el mar, exacerbando las reivindicaciones de los países limítrofes por las zonas marítimas. Es el caso en particular de la delimitación de la ZEE con Guinea Ecuatorial, Santo Tomé y Príncipe, Congo y Angola (enclave de Cabinda).

6. El Plan estratégico del actual Presidente, « Gabón emergente », adoptado en 2010, tiene como objetivo identificar nuevas fuentes de crecimiento para garantizar la diversificación de la economía y generar un valor añadido a medio y largo plazo, así como una redistribución de la riqueza en torno a tres pilares económicos: « Gabón industrial », « Gabón de los servicios » y « Gabón verde ».

7. Siguiendo el modelo de las iniciativas puestas en marcha para la protección de los hábitats naturales terrestres se ha propuesto el proyecto « Gabón azul », una política de conservación del espacio marino, a su vez parte del pilar « Gabón verde ». Este proyecto cubre las aguas fluviales, costeras y oceánicas de Gabón y tiene como objetivo fortalecer la gestión de las pesquerías industriales y artesanales así como la creación de una red de parques nacionales marinos que cubra el 23 % de la ZEE. Esta política proactiva de conservación del Presidente se basa en la experiencia de un Asesor especial encargado del proyecto « Gabón azul ». Este asesor proviene de una ONG estadounidense influyente en el país que trabaja para el fortalecimiento de las capacidades de Gabón y para la gestión de su patrimonio natural terrestre y marino.

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8. Las relaciones entre la UE y Gabón se basan en el Acuerdo de Cotonú, en el Documento de estrategia para el país y en el Programa Indicativo Nacional (PIN) para el período 2014 - 2020. La contribución de la UE al Estado gabonés a través del AAP es importante. El 11º Fondo Europeo de Desarrollo ofrece una ayuda de cerca de 13 millones de euros al año durante el período 2014-2020. A nivel comercial, la falta de Acuerdo de Asociación Económica entre la UE y Gabón no permite promover los intercambios entre las dos partes.

El sector pesquero en Gabón

9. Históricamente orientado hacia sus recursos interiores, especialmente forestales, el país no tiene una cultura marítima propiamente dicha. La agricultura gabonesa, incluyendo la pesca, está poco desarrollada y sólo representa una pequeña proporción del PIB (aproximadamente el 3 %). El país recibe un número elevado de inmigrantes de los países vecinos y de la subregión. Estos trabajadores no están integrados en la vida nacional y con frecuencia trabajan ilegalmente, en particular en el sector de la pesca artesanal.

10. La autoridad competente de Gabón para la pesca es la Dirección General de Pesca y Acuicultura (DGPA) que depende desde el 2011 del Ministerio de agricultura, ganadería, pesca y seguridad alimentaria. Se estructura en varias Direcciones Técnicas ubicadas en oficinas para servicios centrales o provinciales. En 2011, la DGPA tenía una plantilla de 367 personas (153 técnicos, 43 administrativos y 171 contratistas).

11. En 2013, el Gobierno de Gabón con la intermediación del Fondo Gabonés de Inversiones Estratégicas (FGIS) y el grupo mauriciano Irland Blyth Limited (IBL) firmaron un Acuerdo de cooperación público-privado por un monto de 100 millones de euros para 5 años con el objetivo de valorizar los productos pesqueros gaboneses. Este Acuerdo prevé que una asistente técnica extranjera, designada por IBL, asesore al Ministro encargado de la DGPA y al Director General de pesca y acuicultura para reforzar la reorganización del sector pesquero y de la industria pesquera.

12. Desde febrero de 2014 los créditos de funcionamiento de todas las autoridades de Gabón están congelados, incluidos los de la DGPA, con el fin de llevar a cabo una auditoría general de la función pública dentro del marco de la lucha contra los empleos ficticios y la corrupción. Sólo los funcionarios reciben su sueldo y esta situación provoca un bloqueo completo de la administración en sus acciones exteriores tales como las misiones de vigilancia. Es poco probable que se resuelva esta situación antes de la próxima elección presidencial. Los fondos de ayuda, sin embargo, han sido desbloqueados desde julio 2014.

13. Las autoridades gabonesas han considerado el modo de funcionamiento de la DGPA mejorable y han lanzado en 2014 una reforma del marco institucional del sector. Su objetivo es mejorar el rendimiento, la rentabilidad y la sostenibilidad del sector pesquero y acuicultura. Las competencias están distribuidas entre la DGPA y la recientemente creada Agencia Nacional de Pesca y Acuicultura (ANPA). La DGPA conservaría las prerrogativas políticas, el seguimiento de la gestión y de la ejecución de las leyes y reglamentos. La ANPA se encargaría de misiones operativas: la vigilancia, el seguimiento y control de las actividades pesqueras (a través de la integración del centro de vigilancia de las pesquerías, en particular), de la gestión de las agencias descentralizadas y de la recopilación de datos estadísticos. Ciertas prerrogativas relacionadas al control sanitario de los productos pesqueros ya han sido reasignadas a la Agencia Gabonesa de Seguridad Alimentaria (AGASA) creada en 2011.

14. Debido a su estatuto especial, la ANPA es autónoma para gestionar la contratación de personal y la gestión de agentes cualificados fuera del marco rígido propio a una administración. Además de la financiación estatal, las donaciones, legados, subvenciones e ingresos generados por el sector pesquero (licencias, multas) pueden ser gestionados de manera autónoma por la agencia. Los fondos del AAP entrarán en la categoría de ingresos de la industria y serán compartidos con la DGPA en base a una clave de distribución que debe definirse.

15. La administración gabonesa encargada del sector pesquero y de la acuicultura se encuentra por ende en un período de transición que tiene consecuencias en su funcionamiento diario. La ANPA no está actualmente operativa. Frente a las incertidumbres relacionadas tanto con la ausencia de decretos de

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aplicación como con problemas de financiación es muy difícil definir un calendario de ejecución real del nuevo modelo institucional que administrará este sector, a pesar de la buena voluntad mostrada.

16. Debido al bloqueo de los créditos de la administración, los medios de control de la DGPA están todos bloqueados excepto el centro de seguimiento de las pesquerías que realiza el seguimiento de buques extranjeros por VMS. Las misiones de control de la pesca son llevadas a cabo principalmente por las brigadas de los parques marinos nacionales, únicamente en la franja costera o por medios del proyecto « Gabón azul », en colaboración con la ONG Wildlife Conservation Society (WCS).

17. En Gabón no existe ninguna estructura nacional de investigación pesquera. El Instituto de Investigaciones Agronómicas y Forestales (IRAF) debería recibir los datos de captura en el marco del Protocolo pero no tiene la capacidad de monitorear estas problemáticas. Lo mismo pasa con el Centro Nacional de Investigación Científica (CENAREST), órgano técnico de coordinación y de aplicación de la política nacional de investigación de Gabón.

18. Actualmente, se tienen un conocimiento limitado de la situación de abundancia global y respectiva de varias especies de la zona debido a que no se ha realizado un seguimiento de éstas desde los años 80. Ninguna de las campañas de investigación realizadas en los últimos años por buques científicos extranjeros ha seguido una metodología adaptada y faltan datos estadísticos detallados de la pesca. Con la excepción de las poblaciones de túnidos, cuya condición se controla a nivel regional, las informaciones relativas a las especies demersales y a los pequeños pelágicos costeros son escasas y fragmentarias.

19. La explotación pesquera está operada por una flota artesanal y una flota industrial. El sector pesquero emplearía 21 700 personas entre las cuales más del 80 % de extranjeros, en su mayoría ilegales, por lo que el sector pesquero representa un vector de inserción y de empleo débil para los Gaboneses. La producción nacional se ha estancado en 43 000 t por año desde la década de los 2000. Gabón importa el 40 % de las 50 000 a 55 000 t de productos pesqueros que consume anualmente.

20. La pesca en aguas bajo jurisdicción gabonesa se rige por el Código de pesca y acuicultura de 2005. Muchos de los decretos de aplicación previstos todavía no se han publicado. El AAP entre la UE y Gabón es el único acuerdo de pesca bilateral existente. Sin embargo, Gabón ofrece licencias privadas a atuneros cerqueros con bandera extranjera pero ya no a palangreros, a raíz de la suspensión en 2012 del Convenio con la Federación de la Industria Japonesa.

21. En base a los datos de captura presentados a la organización regional de ordenación de la pesca de túnidos y especies asociadas en el Atlántico - la Comisión Internacional para la Conservación del Atún Atlántico (ICCAT), la ZEE de Gabón es la más productiva en atunes en el Atlántico Este (excluyendo las capturas en alta mar). La región de Cabo López ha sido activamente explotada por atuneros (cañeros, cerqueros y palangreros) desde los años 60. Las capturas anuales medias durante la última década se estiman en 13 600 t (de las cuales cerca de 10 000 t realizadas por buques de la UE), el 6,7 % de las capturas totales por buques cerqueros en el Atlántico Este. El área es de hecho de gran importancia estratégica para todos los atuneros.

El AAP entre la Unión Europea y Gabón

22. Durante el período de aplicación del Protocolo (24 meses) se han sucedido cuatro Directores en la DGPA. Esto refleja las tensiones en el seno de la administración gabonesa. Presentados como una manifestación de la voluntad de Gabón de romper con las prácticas del pasado, estos cambios sin embargo crean dudas sobre la capacidad de la administración de apropiarse, de desarrollar en el futuro y de asegurar una continuidad de las nuevas orientaciones decididas al más alto nivel de Estado, en base a un asesoramiento específico no estatal.

23. El Protocolo prevé el pago de una contribución financiera anual de 1 350 000 de euros dividida en 900 000 euros para los derechos de acceso y 450 000 euros para la ayuda a la aplicación de una política sectorial pesquera en Gabón. Permite el acceso de 27 atuneros cerqueros y 8 cañeros de la UE con un tonelaje de referencia de 20 000 t al año. Los armadores deben pagar 13 750 euros para una licencia de

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pesca anual además de una cuota a partir de la primera tonelada pescada de 55 euros el primer año y de 65 euros los dos años siguientes. El Protocolo no prevé el mecanismo de cálculo de la cuota en caso de superarse el tonelaje de referencia. El pago de los derechos de acceso por parte de la UE se ha realizado sin incidentes en 2013 y 2014.

24. El bloqueo de los fondos de la DGPA ha repercutido en los fondos de ayuda sectorial, impidiendo la ejecución de la matriz de programación plurianual validada por la primera Comisión Mixta. Frente a la no aplicación de las acciones previstas en el marco del primer tramo del pago, la parte europea ha suspendido el pago del segundo tramo. Este bloqueo ha cesado en febrero de 2015, para estos fondos únicamente, para permitir la reanudación de los proyectos y la validación de una matriz revisada.

25. El Protocolo contiene medidas técnicas específicas y originales tales como el pago por los armadores de una autorización de pesca que no da derecho a un tonelaje fijo, la prohibición de los buques de apoyo en la zona de pesca, el uso de dispositivos de concentración de peces (DCP) de deriva y artificiales llamados “ecológicos” (no-enmalle y biodegradables) y la exclusión de los DCP en la banda de las 12 millas náuticas y en las áreas de exploración y de explotación de petróleo.

26. La zona de pesca gabonesa está frecuentada por cerqueros franceses y españoles durante 5 meses, de mayo a septiembre, y es de una importancia estratégica preponderante, especialmente para el sector francés. En 2014, el 11 % de las capturas de los cerqueros españoles y el 27 % de las capturas de los cerqueros franceses realizadas en el Atlántico Este procedían de la zona gabonesa, con un tonelaje total de captura que representa el 92 % del tonelaje de referencia, estando así entre las mejores tasas de utilización del tonelaje de referencia de todos los Acuerdos de Asociación en el sector Pesquero (AAP) atuneros.

27. Ningún cañero de la UE ha solicitado la autorización para pescar en esta zona. Para estos profesionales el área no es atractiva a causa de los problemas relacionados con las condiciones de acogida en tierra, con la obligación de desembarcar capturas para abastecer el mercado local así como con la falta de garantías para la obtención de cebos vivos, indispensables para esta pesquería, con los pescadores artesanales locales.

28. La tasa de utilización de las posibilidades de pesca para los cerqueros en 2014 es satisfactoria (81 %). Sin embargo, la aplicación de medidas técnicas relacionadas con los DCP (el 50 % de las operaciones en la zona) y con los diarios de pesca es problemática. La parte gabonesa denuncia lo que considera son violaciones de los buques de la UE de las normas del Protocolo, en particular la mala comunicación de las informaciones de entrada/salida de los buques, la no-conformidad de los diarios de pesca y la utilización de DCP no conformes. Cabe destacar que Gabón ha lanzado dos procedimientos de infracción a finales de 2013.

29. La DG MARE ha encontrado dificultades para seguir las capturas de los buques de la flota de la UE debido a importantes retrasos e inconsistencias en las transmisiones de datos por los Estados miembros. El seguimiento regular del esfuerzo y de las capturas se ha visto perturbado. El alcance del 80 % del consumo del tonelaje de referencia en el último trimestre fue reconocido un poco tardíamente por la UE. En base a estas capturas, seguidas directamente por la parte gabonesa, ésta ha querido reunir una Comisión Mixta Extraordinaria para discutir, entre otras cosas, un aumento del tonelaje de referencia - que finalmente no ha sido aprobado. Por otra parte, una mayor transparencia debe ser proporcionada sobre el mecanismo de procesamiento de los datos de captura por parte de los institutos científicos implicados (IRD y IEO).

30. Debido a la falta de infraestructura en el país, las capturas realizadas por los buques de la UE no se desembarcan, transforman o comercializan en Gabón. En términos de inversión pública, el AAP es particularmente interesante ya que cada euro de compensación financiera genera una creación de valor añadido directo de 6,80 euros y un valor añadido total de cerca de 10,19 euros de los cuales 4,17 euros vuelven a la UE.

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31. Las recomendaciones del Comité Científico de ICCAT en 2014 para los túnidos tropicales concluyen que en el caso del atún de aleta amarilla existe una ligera sobreexplotación de las poblaciones (B<Bmsy) pero no sobrepesca (F<Fmsy) (evaluación realizada en 2011) y que en el caso del atún patudo y del listado (evaluaciones efectuadas respectivamente en 2010 y en 2014) hay una ausencia probable de sobreexplotación y de sobrepesca, los niveles de biomasa y de mortalidad por pesquería siendo equivalentes a los valores de referencia (Bmsy y Fmsy). En el caso del listado la recomendación había tenido en cuenta las importantes recientes capturas, en particular con DCP, observadas frente a las costas de Mauritania. Sería conveniente estudiar el impacto del probable aumento de eficacia del esfuerzo de pesca relacionado con el uso creciente de DCP que podría conducir a una situación de sobrepesca y de sobreexplotación de las poblaciones de túnidos tropicales, en particular el atún de aleta amarilla y el atún patudo. Así, la recomendación 14-03 de ICCAT confirma la creación de un grupo de trabajo ad hoc sobre los DCP para evaluar las consecuencias de los avances tecnológicos sobre las futuras opciones de gestión relacionadas con dichos DCP. La primera reunión de este grupo tuvo lugar en mayo de 2015 con participantes de las dos partes.

32. Los límites de la zona de pesca de Gabón comunicados abarcan un área de conflicto territorial entre Gabón y Guinea Ecuatorial (zona norte de la ZEE gabonesa). Los armadores europeos han dado instrucciones específicas a los buques de evitar esta zona.

Conclusiones de la evaluación

33. El actual Protocolo ha permitido la captura del 92 % del tonelaje de referencia en 2014 sólo por atuneros cerqueros, el 17,7 % de la producción total estimada para buques de la UE en el océano Atlántico Este. Su contribución al abastecimiento de los mercados de la UE es de aproximadamente un 3 %. La ausencia de buques europeos en los puertos gaboneses no permite crear puestos de trabajo en Gabón. Sin embargo, el Protocolo contribuye a la creación estimada de 200 empleos directos y 470 empleos indirectos durante el período, repartidos entre la zona UE y los países ACP. Dada la imagen contrastada entre estos diferentes aspectos y teniendo en cuenta los objetivos de todas las partes, se puede concluir que este acuerdo tiene una eficacia más bien elevada.

34. La eficiencia es alta debido a la relación costo-beneficio constatada. Por 1 euro invertido por la UE se generan 10 euros de valor añadido total, de los cuales el 40 % es para la UE y el 60 % para los países ACP. El importe total obtenido por el Estado gabonés es de 2,8 millones de euros. Percibe un beneficio por cada tonelada de pescado capturado de al menos 18 euros, o sea el 14 %. En comparación con las licencias privadas negociadas, el Protocolo es más ventajoso económicamente para Gabón (del orden del 20 % del pago global). El Protocolo permite a los buques de la UE operar en la zona de pesca de Gabón con un índice de utilización de las posibilidades de pesca de 81 % para los cerqueros. El costo de acceso efectivo en 2014 es de 127 euros por tonelada, de los cuales 49 euros/ t provienen del presupuesto de la UE y 78 euros/ t provienen de las cuotas pagadas por los armadores de los buques de la UE.

35. En términos económicos, los problemas relacionados con el uso del apoyo sectorial no han permitido alcanzar plenamente los resultados deseados en la mejora de la gestión de la pesca en Gabón. Sin embargo la nueva programación centrada en el fortalecimiento de las capacidades administrativas, científicas y de vigilancia y los recientes progresos observados constituyen una tendencia positiva.

36. El Protocolo en vigor, aunque sea coherente con la Política Pesquera Común de la UE ha provocado muchas discusiones con Gabón. De hecho, el Protocolo prevé medidas técnicas consistentes o incluso más exigentes que las últimas recomendaciones y resoluciones de ICCAT sobre la explotación de los recursos atuneros. A causa de la reorganización completa de las instituciones nacionales responsables del sector es difícil evaluar la coherencia de este Protocolo con la política gabonesa, que parece orientarse hacia una política ambiental muy proactiva sobre las cuestiones de conservación pero sin prever una investigación científica nacional dedicada y competente.

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37. La aceptabilidad del Protocolo es mediana. Los armadores, a excepción de los atuneros cañeros, han pedido autorizaciones de pesca desde la aplicación provisional del Protocolo y su interés ha sido desde entonces ininterrumpido. La parte gabonesa está globalmente satisfecha con este acuerdo, que permite la valoración de un recurso que la industria nacional no es capaz de capturar. También demuestra el buen estado de las relaciones que unen el país a la UE a pesar de las dificultades y desacuerdos sobre la interpretación de ciertos puntos del Protocolo.

38. Pueden considerarse dos opciones en el futuro: la conclusión de un nuevo Protocolo (opción A) o no (opción B). Se espera que las flotas de la UE que estén interesadas en pescar en la zona de pesca gabonesa sean las flotas activas durante el Protocolo actual.

39. En el caso de que no se concluya un nuevo Protocolo, los armadores de la UE solicitarían el acceso a los recursos pesqueros de las aguas gabonesas a través de acuerdos privados, lo cual requeriría la terminación del Acuerdo de Pesca en vigor dada la cláusula de exclusividad que contiene.

40. Mantener un Protocolo es sin embargo factible y pertinente frente la importancia que reviste esta zona para los buques de la UE, sobre todo franceses. Se recomienda no proponer la inscripción de los atuneros cañeros en el futuro protocolo. Sería preferible mantener el tonelaje de referencia en su nivel actual o prever un ligero aumento en base a las capturas observadas y las perspectivas de variación. Por otra parte, el apoyo sectorial debería estar dirigido hacia el desarrollo de una investigación nacional gabonesa para que el país pueda ocupar el lugar que le corresponde en la distribución de los recursos atuneros. Es necesario aclarar las medidas técnicas relacionadas con la pesca. En particular, las condiciones de uso de DCP deberían ser precisadas para garantizar su uso en condiciones definidas y ser coherentes con los resultados del grupo de trabajo ad hoc de ICCAT, en el que ambas partes deben absolutamente participar.

41. Si la conclusión de un nuevo Protocolo llegara a estar sujeta a la prohibición de utilización de DCP en la zona de pesca gabonesa disminuiría el interés de la zona para los armadores de atuneros cerqueros. Esto conllevaría una fuerte disminución de cerca del 90 % del excedente bruto de explotación (EBE) generado por los atuneros cerqueros, que pasaría de 2,2 millones a 0,2 millones de euros.

42. Parece legítimo que la parte gabonesa quiera aumentar su parte del valor añadido vista la importancia de la zona para los buques de la UE. Hay márgenes de progresión posibles, mientras se preserve el atractivo económico del Protocolo y condiciones suficientemente favorables para la flota, pero la parte gabonesa debe definir las modalidades de aplicación. Es posible prever un aumento de los derechos de acceso, del costo de las licencias o la introducción de incentivos para desembarcar en Gabón (como es el caso en Madagascar) cuando las infraestructuras lo permitan. Los transformadores presentes en Gabón deberán entonces inscribirse en un proceso de competición con otros países de la subregión.

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Table des matières

Résumé .............................................................................................................................................................. iii

Executive summary ............................................................................................................................................ ix

Resumen ........................................................................................................................................................... xv

Table des matières ........................................................................................................................................... xxi

Introduction ........................................................................................................................................................ 1

Présentation succinte de l’APP et du protocole en vigueur ................................................................................ 3

1 Contexte général ................................................................................................................................... 6

1.1 Géographie et population .................................................................................................................. 6

1.2 Les limites maritimes du Gabon ........................................................................................................ 7

1.3 Le plateau continental gabonais ....................................................................................................... 8

1.4 Contexte politique, institutionnel, économique et social .................................................................... 8

1.4.1 Contexte politique et institutionnel ................................................................................................ 8

1.4.2 Contexte socio-économique ......................................................................................................... 9

1.4.3 Politique environnementale .........................................................................................................11

1.5 Relations extérieures avec les autres pays, entités politiques et organisations régionales et internationales ..........................................................................................................................................13

1.5.1 Relations avec l’Union européenne .............................................................................................13

1.5.2 Relations avec la Chine ...............................................................................................................14

1.5.3 Relations avec le Maroc ..............................................................................................................15

1.5.4 Relations avec le Japon ..............................................................................................................15

1.5.5 Relations avec d’autres pays et entités politiques et organisations internationales/régionales ...15

2 Environnement côtier et marin et écosystèmes aquatiques et ressources halieutiques .......................17

2.1 Environnement côtier et marin .........................................................................................................17

2.2 État des ressources halieutiques marines – Potentiel et statut ........................................................19

2.2.1 Les espèces démersales du plateau continental .........................................................................19

2.2.2 Les espèces démersales profondes ............................................................................................20

2.2.3 Les espèces de petits pélagiques côtiers ....................................................................................21

2.2.4 Les espèces de grands pélagiques hauturiers ............................................................................22

2.3 Effets des pêches sur les ressources et sur l’environnement ..........................................................23

3 Le secteur des pêches au Gabon ........................................................................................................24

3.1 Les métiers actifs dans les eaux gabonaises ...................................................................................24

3.1.1 La pêche artisanale gabonaise ....................................................................................................24

3.1.2 La pêche industrielle gabonaise côtière ......................................................................................24

3.1.3 Les débarquements .....................................................................................................................25

3.1.4 La pêche hauturière thonière .......................................................................................................26

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3.2 Le secteur aquacole ........................................................................................................................35

3.3 Infrastructures et services à terre.....................................................................................................35

3.3.1 Les infrastructures de débarquement ..........................................................................................35

3.3.2 Transformation à terre .................................................................................................................36

3.3.3 La vision des professionnels européens sur ce projet d’infrastructure ........................................37

3.4 Circuit de valorisation des produits ..................................................................................................37

4 Gouvernance des pêches au Gabon ....................................................................................................38

4.1 Cadre institutionnel des pêches et de l’aquaculture .........................................................................38

4.1.1 Le blocage des crédits de fonctionnement ..................................................................................38

4.1.2 La réorganisation de la DGPA et la création de l’ANPA ..............................................................38

4.1.3 Le Conseil National de la Mer (CNM) ..........................................................................................40

4.1.4 La recherche halieutique .............................................................................................................40

4.2 Politique nationale des pêches ........................................................................................................41

4.3 Cadre juridique ................................................................................................................................42

4.3.1 Zone de pêche ............................................................................................................................42

4.3.2 Le contrôle de la zone de pêche .................................................................................................43

4.3.3 Le cadre de la pêche thonière défini par la CICTA ......................................................................44

4.4 Mode d’accès des navires étrangers ...............................................................................................45

4.5 Application des mesures de conservation et de gestion ..................................................................46

4.6 Développements possibles et contraintes ........................................................................................46

5 Mise en œuvre du protocole de l’APP entre l'UE et le Gabon ..............................................................48

5.1 Évolution de l’accord de partenariat dans le domaine de la pêche entre l’UE et le Gabon ..............48

5.1.1 Utilisation des autorisations de pêche et du tonnage de référence .............................................51

5.1.2 Revenus obtenus par le Gabon dans le cadre du protocole en cours .........................................53

5.2 Respect des obligations spécifiées dans l’APP et le protocole ........................................................55

5.2.1 Versement de la contrepartie financière et des droits d’accès par les armateurs ........................55

5.2.2 La Commission mixte et le Comité scientifique ...........................................................................56

5.2.3 Mesures techniques de conservation et de gestion .....................................................................57

5.2.4 Mesures économiques et sociales ...............................................................................................62

5.3 Appui sectoriel .................................................................................................................................64

5.3.1 Appui à la « politique maritime et de la pêche du Gabon » .........................................................64

5.3.2 Matrice – présentation .................................................................................................................64

5.3.3 Capacité d’absorption ..................................................................................................................65

5.3.4 Réalisation des activités de la matrice .........................................................................................65

5.4 Éléments d’appréciation additionels.................................................................................................65

5.4.1 Éléments d’appréciation d’ordre général .....................................................................................65

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6 Effets économiques de l'APP ...............................................................................................................67

6.1 Approvisionnement des marchés européens, gabonais, et ACP .....................................................67

6.2 La flotte concernée ..........................................................................................................................68

6.3 Création d'emplois ...........................................................................................................................69

6.4 Valeur ajoutée directe et résultat brut d'exploitation ........................................................................71

6.5 Valeur ajoutée indirecte ...................................................................................................................73

6.6 Partage de la valeur ajoutée ............................................................................................................75

6.7 Ratios coût / bénéfice de l'APP ........................................................................................................77

6.8 Synthèse de l’analyse économique .................................................................................................79

7 Évaluation ex post (ou rétrospective) du protocole en vigueur selon les critères de cohérence, d’efficience, d’économie, d’acceptabilité et d’efficacité.........................................................................81

7.1 Efficacité – les objectifs de l’APP ont-ils été atteints ? .....................................................................81

7.1.1 La contribution de l’APP au développement d'une pêche durable et rationnelle .........................82

7.1.2 La création d’emploi indirect ........................................................................................................82

7.1.3 L’appui au Gouvernement gabonais pour structurer la filière de la pêche ...................................83

7.1.4 La surveillance de la pêche .........................................................................................................83

7.1.5 La zone de pêche ........................................................................................................................84

7.1.6 L’approvisionnement des marchés européens, du marché local et de l'industrie de transformation ..........................................................................................................................................84

7.2 Efficience : les résultats attendus l’ont-ils été à un coût raisonnable ? ............................................84

7.2.1 L’APP est-il avantageux pour l’industrie de la pêche de l’UE ? ...................................................84

7.2.2 L’APP est-il avantageux pour le secteur de la pêche gabonaise ? ..............................................85

7.2.3 L’importance relative et impacts des captures des navires de l’UE au Gabon ............................85

7.3 Économie .........................................................................................................................................86

7.4 Cohérence .......................................................................................................................................87

7.4.1 Conformité avec la PCP et avec la CICTA ..................................................................................87

7.4.2 Conformité de l'APP avec les autres politiques européennes .....................................................87

7.4.3 Conformité de l'APP avec les politiques des pêches et de développement du Gabon ................88

7.4.4 Analyse de la conformité des parties prenantes à certaines clauses du protocole ......................88

7.5 Acceptabilité – les objectifs de l’APP étaient-ils pertinents concernant les besoins, les problèmes et enjeux auxquels sont confrontés les parties prenantes ? .........................................................................90

8 Évaluation ex ante (ou prospective) d’un éventuel futur protocole d’accord de pêche entre l’UE et le Gabon ..................................................................................................................................................92

8.1 Évaluation des besoins à satisfaire à court ou à long terme ............................................................92

8.1.1 Besoins à satisfaire partagés par le Gabon et l’UE .....................................................................92

8.1.2 Besoins à satisfaire pour le Gabon ..............................................................................................93

8.1.3 Besoins à satisfaire pour l’Union européenne .............................................................................95

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8.1.4 Positionnement de la société civile ..............................................................................................98

8.2 Enseignements tirés du passé .........................................................................................................99

8.2.1 Pour les thoniers senneurs de l’UE .............................................................................................99

8.2.2 Pour les thoniers canneurs de l’UE .............................................................................................99

8.2.3 Pour les palangriers de l’UE ......................................................................................................100

8.2.4 Interaction avec la pêche industrielle et artisanale gabonaise ...................................................100

8.3 Les objectifs d’accord de partenariat de pêche ..............................................................................100

8.3.1 Objectifs globaux de la PCP ......................................................................................................100

8.3.2 Objectifs opérationnels ..............................................................................................................101

8.4 Options de politique et risques y étant associés ............................................................................101

8.4.1 Option 1 : conclusion d’un nouveau protocole entre l’UE et le Gabon .......................................102

8.4.2 Option 2 : absence de conclusion d’un nouveau protocole entre l’UE et le Gabon ...................102

8.4.3 Résultats attendus et incidences escomptées selon les différentes options .............................102

8.4.4 Évaluation globale .....................................................................................................................106

8.5 Synthèse d’appui à la décision éventuelle de l’UE de conclure un protocole d’accord de partenariat de pêche avec le Gabon .........................................................................................................................110

8.5.1 Tonnage de référence dans la zone de pêche sous juridiction gabonaise ................................110

8.5.2 Plus-value de l’intervention de l’Union européenne (représentée par la Commission européenne) dans un protocole ...................................................................................................................................111

8.5.3 La question de la captation par le Gabon de la valeur ajoutée générée ....................................111

8.5.4 Mode d’exécution le plus approprié ...........................................................................................112

8.5.5 Cohérence interne du protocole de l’APP et sa relation avec d’autres instruments pertinents ..114

8.5.6 Volume de crédits, des ressources humaines et des autres dépenses administratives à allouer en fonction du principe de coût/efficacité ................................................................................................115

9 Conclusions et recommandations ......................................................................................................116

10 Références .........................................................................................................................................120

Annexes

Annexe A : données monétaires, métriques et unités de mesure ...................................................................125 Annexe B : liste des abréviations et acronymes ..............................................................................................126

Annexe C : organisations consultées et avec lesquelles les évaluateurs ont communiqué ............................130 Annexe D : détails de la méthode d’analyse financière et économique ...........................................................133 Annexe E : terminologie ..................................................................................................................................136

Liste des figures, tableaux et encadrés

Figures

Figure 1.1 : croissance du PIB réel du Gabon, 2004 - 2015 ............................................................................... 9 Figure 1.2 : solde de consommation des poissons et fruits de mer au Gabon, 1991 - 2011 .............................10 Figure 2.1 : répartition saisonnière des températures de surface .....................................................................17

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Figure 2.2 : cartographie satellitaire haute définition de la température de surface (juillet 2014) ......................18 Figure 3.1 : carte provisoire à partir des données soumises à la CICTA des captures de thons réalisées par

des navires Ghanéen de 2008 à 2010 ......................................................................................................27 Figure 3.2 : pourcentages à appliquer pour l'estimation des prises dans la ZEE du Gabon, sur la base des

statistiques CICTA, dans les secteurs de 1° de côté de la ZEE ................................................................28 Figure 3.3 : estimation des prises totales annuelles de thons majeurs dans la ZEE du Gabon (captures du

Ghana non inclues) et des prises des senneurs de l’UE ...........................................................................29

Figure 3.4 : estimation des prises totales annuelles de thons majeurs par les senneurs de pavillons français et espagnols dans la ZEE du Gabon .............................................................................................................30

Figure 3.5 : prises moyennes mensuelles dans la ZEE du Gabon (1980-2013) ...............................................31 Figure 3.6 : pourcentages annuels des prises sur DCP par les senneurs dans la ZEE du Gabon ....................32 Figure 3.7 : prises annuelles sur DCP et sur bancs libres par les senneurs fournissant des données à la

CICTA dans la ZEE du Gabon ..................................................................................................................32 Figure 3.8 : prises sur bancs libres des senneurs dans la zone de capture du Gabon .....................................33 Figure 3.9 : prises sur DCP des senneurs dans la zone de capture du Gabon .................................................33

Figure 3.10 : prises par unité d’efforts annuels moyens par pavillons dans la ZEE du Gabon ..........................33 Figure 6.1 : cheminement des thons capturés dans la zone de pêche du Gabon .............................................67 Figure 10.1 : taux de change de l’euro (EUR) en Franc CFA et en dollar des États-Unis, moyenne annuelle,

2009 à 2015 (juin 2015) ..........................................................................................................................125 Figure 10.2 : taux d’inflation annuel de la monnaie gabonaise (XAF) selon l’indice de prix à la consommation

(en pourcent) comparé au taux d’inflation de l’UE, de la zone euro et du monde ...................................125 Tableau 10.3 : relation entre deux variables d’activité, le nombre de jour de mer dans la zone de pêche et le

ratio captures dans la zone/captures totales ...........................................................................................133 Tableau 10.4 : variation des coûts en fonction de la variation de variables d’activité ......................................134

Tableaux

Tableau 1.1 : évolution du classement du Gabon à l’indice Doing Business (sur 189 économies) ...................10

Tableau 2.1 : résultats des campagnes NANSEN - Biomasses estimées des stocks de sardinelles au Gabon21 Tableau 3.1 : évolution du nombre des navires de la pêche industrielle gabonaise (2013-2015) .....................25

Tableau 3.2 : évolution du nombre de navires industriels démersaux au Gabon (2008-2015) ..........................25 Tableau 3.3 : captures de la pêche industrielle gabonaise ................................................................................26 Tableau 3.4 : comparaison entre les captures réalisées par les thoniers senneurs de l’UE dans l’Atlantique et

les captures réalisées dans la ZEE du Gabon ..........................................................................................26 Tableau 3.5 : composition spécifique moyenne des prises (%) sur bancs libres et sur DCP (1991-2013) ........33 Tableau 3.6 : nombre de senneurs actifs annuellement dans les trois principales flottilles de senneurs pêchant

potentiellement dans la ZEE .....................................................................................................................34 Tableau 3.7 : Nombre de senneurs actifs annuellement dans la ZEE du Gabon ..............................................34

Tableau 4.1 : nombre de senneurs ayant une licence sous accord privé ..........................................................45 Tableau 5.1 : évolution des protocoles récents (1998 à 2016) ..........................................................................50 Tableau 5.2 : utilisation des autorisations de pêche (2006 -2015) ....................................................................51

Tableau 5.3 : utilisation du tonnage de référence dans le cadre du précédent protocole et celui en vigueur (tonne), 2006 – 2014 .................................................................................................................................52

Tableau 5.4 : revenus max. et min. théoriques en fonction des taux d’utilisation des autorisations de pêche ..54 Tableau 5.5 : montant total obtenu par le Gabon en 2013 et 2014 (euro) .........................................................54

Tableau 6.1 : structure de coûts des navires .....................................................................................................68 Tableau 6.2 : emplois directs liés à la flotte de l'UE en 2013 et 2014 ...............................................................69 Tableau 6.3 : emplois directs et indirects imputables à l'APP entre l'UE et le Gabon .......................................70 Tableau 6.4 : valeur des captures réalisées en 2013 et 20014 dans les eaux gabonaises par les navires de

l'UE ............................................................................................................................................................71 Tableau 6.5 : valeur ajoutée directe et excédent brut d'exploitation (milliers d’euros) .......................................72

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Tableau 6.6 : ratios relatifs aux droits d'accès, au CA et à la VAD ....................................................................73 Tableau 6.7 : valeur ajoutée indirecte liée à l’approvisionnement de carburant (milliers d’euros) .....................74

Tableau 6.8 : valeur ajoutée indirecte liée aux activités d’entretien et de réparation des navires (milliers d’euros) .....................................................................................................................................................74

Tableau 6.9 : valeur ajoutée indirecte liée à la transformation des captures réalisées dans la zone de pêche du Gabon (milliers d’euros) ............................................................................................................................75

Tableau 6.10 : répartition de la valeur ajoutée (milliers d’euros) .......................................................................76

Tableau 6.11 : coût moyen de l'accès pour chaque tonne de poisson pêché en 2013 et en 2014 ....................78 Tableau 6.12 : ratios relatifs à la valeur ajoutée ................................................................................................79 Tableau 6.13 : ratios relatifs à la création d’emploi ...........................................................................................79 Tableau 8.1 : comparaison des deux options de politique évaluées et leurs incidences .................................105 Tableau 8.2 : composition spécifique moyenne des prises sur bancs libres et sur DCP (1991-2013) ............107 Tableau 8.3 : simulation des captures réalisées avec ou sans DCP dans les eaux gabonaises par les navires

de l'UE .....................................................................................................................................................107 Tableau 8.4 : simulation des captures réalisées avec ou sans DCP dans les eaux gabonaises par les navires

de l'UE .....................................................................................................................................................108 Tableau 8.5 : estimation de valeur ajoutée directe et excédent brut d'exploitation réalisées avec ou sans DCP

(milliers d’euros) ......................................................................................................................................109 Tableau 8.6 : simulation de la répartition de la valeur ajoutée (milliers d’euros) .............................................110

Cartes

Carte 1.1 : la République du Gabon ................................................................................................................... 6

Carte 1.2 : la ZEE du Gabon .............................................................................................................................. 7 Carte 1.3 : le plateau continental gabonais (rose) .............................................................................................. 8 Carte 1.4 : carte des aires protégées (aquatiques et continentales) .................................................................12

Carte 4.1 : zone de pêche thonière (en orange) ................................................................................................43 Carte 4.2 : zoom sur la zone grise au nord de la zone de pêche thonière ........................................................43

Carte 4.3 : zone de fermeture spatio-temporelle de la pêche sous DCP à partir de 2013 .................................44

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Introduction

Le Gabon est un pays d’Afrique centrale traversé par l’équateur, d’une superficie de 267 667 km² et présentant une façade maritime de 850 km donnant dans le golfe de Guinée en Atlantique Est. Le pays est indépendant depuis le 17 août 1960. Historiquement tourné vers ses ressources forestières qui couvrent 85 % de son territoire, le pays possède d’importantes ressources pétrolières et gazières.

D’après les données de captures soumises par les pays à la Commission Internationale pour la Conservation des Thonidés de l’Atlantique (CICTA), la Zone Économique Exclusive (ZEE) du Gabon est, dans l’Atlantique Est, la plus productive en thons (hors captures en haute mer). Ainsi la région du Cap Lopez est activement exploitée par les thoniers canneurs et senneurs depuis le début des années 1960. Les prises annuelles moyennes dans la dernière décennie sont estimées à 13 600 tonnes1. Ces prises identifiées à partir des données agrégées de la CICTA correspondent ainsi à 6,7 % des prises totales des senneurs dans l’Atlantique Est durant la décennie 2004-2013. La zone est d’une importance toute stratégique pour l’ensemble des armements thoniers travaillant dans l’Atlantique Est. De ce fait l’Union européenne (UE) et le Gabon ont conclu le premier accord bilatéral de pêche en 1998.

Cependant, l’abondance de cette ressource dans la ZEE gabonaise ne s’est pas accompagnée d’un développement d’armements nationaux ni d’une filière de transformation nationale, le pays n’ayant pas cherché à optimiser les revenus économiques pouvant être retirés de l’exploitation de cette ressource.

Néanmoins, avec la baisse des cours du pétrole, le pays cherche à diversifier son économie et en 2010, à l’initiative du nouveau Président de la République, le Plan stratégique « Gabon émergent » a été adopté. Dans le cadre de ce programme, le développement du projet « Gabon bleu » a pour objectif, entre autres, de réorganiser les filières de la pêche et de garantir la pérennité des ressources naturelles nationales.

En 2014, les hautes autorités gabonaises, jugeant le fonctionnement de l’administration des pêches insatisfaisant, ont décidé une réorganisation importante de l’administration en charge de la pêche, la Direction Générale de la Pêche et de l’Aquaculture (DGPA). Cette dernière doit abandonner ces prérogatives opérationnelles au profit d’une agence très récemment crée, l’Agence Nationale de la Pêche et de l’Aquaculture (ANPA). À cela s’ajoute depuis février 2014, le blocage des fonds publics pour réaliser un grand audit général de la dépense publique au Gabon empêchant le bon fonctionnement de l’administration. De ce fait, le secteur est dans une période de transition forte en instabilité, rendant difficile la construction d’une relation solide de partenariat avec l’Union européenne. Si sur le papier cette réorganisation semble maitrisée, avec des objectifs stratégiques identifiés et un plan de réforme cohérent (ayant pour modèle l’Agence Nationale des Parcs Nationaux – ANPN), cette réorganisation est portée principalement par le Conseiller Spécial du Président qui pousse à la création rapide de l’ANPA. On peut donc s’interroger sur le devenir de cette réorganisation en cas d’alternance politique (les prochaines élections présidentielles au Gabon sont prévues en 2016) ou simplement en cas de réorientation de cette politique. Ainsi un fort degré d’incertitude persiste sur le résultat final.

C’est dans ce cadre incertain que le présent rapport expose les différents éléments de l'évaluation rétrospective (ex post2) du protocole en cours entre la République du Gabon et l’UE ainsi que ceux de l'évaluation prospective (ex ante) afférente à l'opportunité de conclure un nouveau protocole avec la République gabonaise3.

1 Sans prendre en compte les prises de la flotte immatriculée au Ghana qui seraient voisine de 2 500 tonnes par an dans la période récente et dont les données ne sont pas transmises à la CICTA comme celles des autres parties contractantes.

2 Par souci de simplification les termes génériques « ex post » et « rétrospectif » sont utilisés par la Commission pour toutes les évaluations des accords de pêche et de partenariat (APP), qu'elles soient finales ou intermédiaires, comme c'est le cas ici.

3 Le cadre de cette évaluation est défini par les termes de la décision du Conseil européen du 19 juillet 2004 relative aux APP et les conclusions du Conseil européen du 19 mars 2012. Dans le règlement de base de la Politique Commune de la Pêche en vigueur depuis le 1er janvier 2014, il est prévu que la dénomination des APP soit modifiée en APPD (pour « accord de partenariat dans le domaine de la pêche durable »). Le terme APP est conservé dans l’ensemble du texte du fait que l’accord sur lequel repose le protocole en vigueur est antérieur à ce nouveau règlement.

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La période couverte par cette évaluation du protocole s'étend sur environ 24 mois, du 23 juillet 2013 à juillet 2015, soit de la date d’entrée en application provisoire du protocole à la fin des travaux de l’évaluation. Les déclarations de captures définitives d'une année calendaire de pêche n’étant généralement pas disponibles de manière immédiate, l'évaluation a porté sur les données fournies par les services de la Commission Européenne (CE) pour les années 2013 et 2014.

Afin d’obtenir les informations les plus complètes et précises possibles, les évaluateurs ont organisé des rencontres et correspondances avec les acteurs professionnels, les acteurs institutionnels nationaux et communautaires ainsi qu’avec les organismes de recherche ayant un lien avec le protocole. Cela a permis d'acquérir des informations de première main sans pour autant lever toutes les incertitudes qui peuvent entourer les pratiques, les stratégies et les décisions politiques pouvant impacter la bonne application du protocole actuel. Par ailleurs, l'analyse faite de la situation est mise en regard avec les résultats des évaluations précédentes et notamment celles conduites pour l'Accord de Partenariat dans le domaine de la Pêche (APP) entre l'UE et la République gabonaise (en 20054 et en 20115), et plus largement la revue des pêcheries thonières dans l’océan Atlantique Est6.

En dépit des limites liées à la conduite d’une évaluation dans un contexte de réorganisation complète de l’administration gabonaise et, en ce qui concerne la saison de pêche de 2015, de manière simultanée aux activités de pêche, les résultats obtenus présentent une certaine robustesse et, s'ils méritent d'être affinés, permettent, à tout le moins, de dégager les aspects les plus importants du protocole actuel. Leur élaboration s'appuie, en cela, sur la note de méthode7 jointe aux termes de références de l’évaluation.

Le rapport est divisé en deux parties : d’une part, le contexte général et spécifique du secteur des pêches au Gabon (chapitres 1 à 4) et, d’autre part, les résultats et conclusions de l’évaluation (chapitres 5 à 8). Le premier chapitre expose le contexte géographique, humain, politique, institutionnel, économique et social ; le deuxième chapitre, l’environnement côtier et marin, le potentiel et le statut des ressources halieutiques ciblées par les flottes de l’UE ; le troisième chapitre, la pêche au Gabon et le commerce des produits halieutiques ; le quatrième chapitre traite de la gouvernance des pêches dans les eaux gabonaises et des opportunités et contraintes propres au secteur. La seconde partie présente, aux chapitres 5, 6 et 7, l’analyse de la mise en œuvre du protocole en cours, ses effets économiques et les résultats de l’évaluation rétrospective (ex post) ; au chapitre 8, l’analyse prospective (ex ante) de l’éventuelle conclusion d’un nouveau protocole est exposée. La conclusion regroupe les principaux éléments de l’analyse du protocole en cours et donne une appréciation de l'opportunité de conclure un nouveau protocole à la fin de l'année 2016.

4 Oceanic Développement et al. (2005). ‘Evaluation ex post du protocole d'accord de pêche conclu entre le Gabon et la Communauté

Européenne, et analyse de l'impact du futur protocole sur la durabilité, incluant une analyse ex-ante’. 5 Oceanic Développement, MegaPesca Lda (2011). ‘Evaluation ex-post du protocole actuel d’accord de partenariat dans le domaine de la pêche entre l’Union européenne et le Gabon’. 6 COFREPECHE, POSEIDON, MRAG et NFDS, 2013. Revue des pêcheries thonières dans l’océan Atlantique Est (Contrat cadre MARE/2011/01 – Lot 3, contrat spécifique n°5). Bruxelles, 123 p. Cité parfois dans le texte en tant que « Rapport régional ».

7 COFREPECHE, MRAG, NFDS et POSEIDON, 2014. Analyse économique de la flotte thonière de l'UE – Note de méthode. Contrat cadre MARE/2011/01 - Lot 3, contrat spécifique n° 09. Bruxelles, 162 p.

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Présentation succinte de l’APP et du protocole en vigueur

Le premier accord en matière de pêche liant l’Union Européenne (UE) et la République gabonaise remonte à décembre 1998. Cet accord, d’une durée de trois ans, était exclusivement dédié à des navires thoniers (42 senneurs et 33 palangriers de surface). Suite à son expiration, un deuxième accord a été négocié en 2001 pour une durée de 4 ans. Il permettait l’accès aux ressources halieutiques gabonaises à 38 senneurs et 26 palangriers de surface ainsi que des possibilités de pêche pour des chalutiers crevettiers, qui ne seront finalement pas utilisées.

Un troisième accord a été négocié et paraphé en novembre 2005 pour une période de 6 ans et a été adopté et signé définitivement le 6 juin 20078. En raison de la refonte des accords de partenariat dans le domaine de la pêche en conformité avec les conclusions du Conseil de 2004 sur l’avenir des accords bilatéraux, un protocole a été signé et est entré en application en décembre 2005. D’une durée similaire à celui de l’accord, 6 ans, il est arrivé à échéance en décembre 2011.

Le protocole actuel, signé le 23 juillet 2013 pour une durée de 3 ans, fait suite à une interruption d’un an et huit mois (du 2 décembre 2011 – fin du protocole précédent au 24 juillet 2013 – date de la signature du nouveau protocole) durant laquelle les navires européens n’ont pas pu pêcher dans la ZEE de la République gabonaise. En effet, l’accord et son protocole annexé9 n’autorisaient pas les navires européens à pêcher sans une autorisation de pêche10 délivrée dans le cadre de cet accord et aucun protocole n’existait entre les deux parties durant la négociation du protocole de remplacement.

Le protocole actuel autorise l’obtention de possibilités de pêche11 par des navires de l'Union européenne pour pêcher dans les eaux gabonaises (27 thoniers senneurs et 8 thoniers canneurs). Les navires intéressés sont immatriculés en Espagne et en France.

Cet accord fait partie du réseau d'accords sur la pêche de thon et d’autres espèces hautement migratoires listées en annexe I de la Convention des Nations unies sur le Droit de la Mer - CNUDM conclus entre l'UE et plusieurs pays de la façade Atlantique et notamment du golfe de Guinée, dont la Côte d’Ivoire, la Guinée équatoriale12 et Sao Tomé-et-Principe. En Afrique de l'Ouest, les accords avec la Mauritanie13, le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Cap Vert et la Guinée Bissau concernent également la pêche de thonidés. Le terme « thonidés » est utilisé dans l’ensemble du texte pour définir les espèces qui relèvent du mandat de l'Organisation Régionale de Gestion de la Pêche (ORGP) de thonidés dans l’océan Atlantique, la « Commission Internationale pour la Conservation des Thonidés de l’Atlantique » (CICTA).

Le protocole en vigueur a pour particularité d’apporter des mesures techniques spécifiques applicables aux navires de l’UE ayant demandé une autorisation de pêche. Il prévoit, entre autres, une interdiction des navires d’assistance, une fermeture de zones à la pêche, et des exigences spécifiques en lien avec l’utilisation des

8 Information publiée au Journal Officiel de l’Union européenne le 19 novembre 2013 indiquant la notification de la procédure interne par le Gabon le 11 juin 2007 (L 279/1).

9 Article 6 de l’Accord de partenariat dans le secteur de la pêche entre la République gabonaise et la Communauté européenne.

10 Dans le protocole l’appellation « licence de pêche » pour les navires de l’UE ne s’applique qu’à la partie gabonaise. La terminologie officielle de la Réglementation UE est « autorisation de pêche ». C’est cette dernière qui sera utilisée dans le présent rapport d’évaluation.

11 Une « possibilité de pêche » permet à un navire de l’UE d’obtenir une autorisation de pêche afin d’accéder aux ressources halieutiques dans les eaux gabonaises conformément aux termes du protocole.

12 Suspendu en 2009, cet accord mixte est depuis lors « dormant ».

13 Le protocole en vigueur est arrivé à expiration le 15 décembre 2014. Actuellement les navires de l’UE ne sont pas autorisés à pêcher dans la zone. Cependant un nouveau protocole a été paraphé en juillet 2015 et devrait permettre aux navires de l’UE et notamment aux navires ciblant les thonidés de pêcher à nouveau dans la zone mauritanienne dès l’application provisoire du protocole (d’ici octobre/novembre 2015).

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Dispositifs de Concentration de Poisson – DCP. Ces spécificités ne sont présentes dans les différents protocoles d’accords de pêche et partenariats (APP) en cours dans la région.

Le protocole annexé à l’accord en vigueur couvre donc une période s’étendant du 23 juillet 2013 au 23 juillet 2016. Il est assorti d'une contrepartie financière annuelle de 1 350 000 euros, dont 450 000 euros destinés à soutenir la mise en œuvre de la politique sectorielle de la pêche au Gabon. Tableau 0.1 : Principales caractéristiques de l’APP et du protocole annexé

Durée de l'accord 6 ans : du 11 juin 2007 au 10 juin 2013 Reconduit tacitement pour une nouvelle période de 6 ans : du 11 juin 2013 au 10 juin 2020

Durée du protocole actuel 3 ans : du 23 juillet 2013 au 23 juillet 2016

Date d'entrée en vigueur de l'accord

11 juin 2007

Date d'entrée en vigueur du protocole

Protocole paraphé le 24 avril 2013 et appliqué de manière provisoire depuis le 24 juillet 201314 ; Approbation du Parlement européen le 5 février 201415

Contrepartie financière annuelle 1 350 000 EUR, dont 450 000 EUR sont destinés à l’appui à la mise en œuvre de la politique sectorielle de la pêche du Gabon

Redevance à la charge des armateurs (par tonne pêchée)16

55 EUR/t pour la première année d’application du protocole 65 EUR/t pour la deuxième année et la troisième année d’application du protocole

Coûts des autorisations de pêche17

Thoniers senneurs : 13 750 EUR/an Canneurs : 13 750 EUR/an

Tonnage de référence annuel 20 000 t

Nombre des navires de l'UE autorisés à pêcher18

27 thoniers senneurs dont 15 espagnols et 12 français 8 thoniers canneurs dont 7 espagnols et 1 français

Mesures techniques spécifiques Interdiction de pêcher dans la zone des 12 milles marins Interdiction de naviguer et de pêcher dans les zones adjacentes aux activités

d’exploration et d’exploitation pétrolières Veiller à ce qu’aucun dispositif de concentration de poisson (DCP) porteur de balise

d’un navire de l’UE ne s’introduise dans la bande de 12 milles marins ainsi que dans les zones adjacentes aux activités d’exploration et d’exploitation pétrolières

Interdiction des navires d’appui dans la zone de pêche19 du Gabon Limitation dans l’utilisation des DCP dérivants artificiels à des DCP dits écologiques

(non maillants20 et biodégradables)

Dates des commissions mixtes 28-29 octobre 2013 à Bruxelles 9-11 décembre 2014 à Libreville 10-11 juin 2015 (Commission mixte extraordinaire – à la demande de la partie

gabonaise) à Bruxelles Source : élaboration propre à partir de données de la Commission européenne (2015)

14 Le 14 avril 2014 le Conseil a adopté la décision nº 2014/232/UE relative à la conclusion du protocole et fixant l’étendue des pouvoirs conférés à la Commission mixte (JO L 125/48 du 26 avril 2014).

15 Fiche de procédure du Parlement européen, accès 28 avril 2014 (http://www.europarl.europa.eu/oeil/popups/ficheprocedure.do?reference=2013/0216%28NLE%29&l=fr).

16 Cette redevance par tonne péchée est calculée sur la base des captures et du prix de 55 euros/t (captures jusqu’au 23 juillet 2014 inclus) passant à la première date anniversaire du protocole soit le 24 juillet 2014 au prix de 65 euros/t.

17 A noter que le coût de la licence ne donne pas droit à un tonnage forfaitaire initial comme cela peut être le cas dans d’autres protocoles d’APP. Pour les première et dernière années du protocole, cette autorisation de pêche est calculée au pro rata temporis.

18 Règlement (UE) n° 897/2013 relatif à la répartition des possibilités de pêche au titre du protocole fixant les possibilités de pêche et la contrepartie financière prévues par l’accord de partenariat dans le secteur de la pêche entre l’Union européenne et la République gabonaise.

19 La zone de pêche autorisée dans le cadre du protocole ne correspond pas à la ZEE du Gabon dans son ensemble.

20 Un DCP non maillant vise à limiter les captures accidentelles des tortues ou des requins qui peuvent s’emmailler dans la nappe déployée sous le dispositif.

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Le fait que certains paiements sont en lien avec la date d’anniversaire de la signature du protocole en vigueur alors que d’autres sont liés à la fin de l’année calendaire ne facilite pas la compréhension de l’application concrète du protocole. Afin d’en faciliter la lecture et la compréhension, le tableau ci-dessous présente le calendrier théorique des différents termes de paiements prévus.

Tableau 0.2 : Calendrier théorique d’application des mesures du protocole en vigueur

Année 2013 2014 2015 2016

Mois 7 8 9 10 11 12 1 7 8 12 1 7 8 12 1 2 3 4 5 6 7

Période d'application du présent protocole du 24 juillet 2013 au 23 juillet 2016

Calendrier du protocole Année 1 Année 2 Année 3

Contrepartie financière

(1) Accès (EUR) 900 000 900 000 900 000

(2) Appui sectoriel (EUR) 450 000 450 000 450 000

Tonnage de référence (t) 20 000 20 000 20 000

Autorisation de pêche par navires (EUR) 6 065* 13 750 13 750 7 285*

Contribution forfaitaire observateurs (EUR)** 200 200 200 200

Redevance par tonne pêchée (EUR) 55 65 65 * Paiement réalisé au pro rata temporis. ** Le paiement est dû pour chaque période d’application annuelle, et a lieu en théorie au moment du paiement de la redevance forfaitaire (paiement des captures), mais dans la pratique au paiement de l’autorisation de pêche. Source : élaboration propre à partir du texte du protocole (2015)

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1 Contexte général

1.1 Géographie et population

Située en Afrique centrale et traversée par l’Équateur, la République du Gabon couvre une superficie de 267 667 km² dont 85 % sont occupés par une forêt équatoriale dense qui comprend une grande diversité d’espèces21. Le pays possède de riches ressources, pétrolières et gazières notamment22.

Sa population était estimée en 2013 à 1 640 286 habitants. Le taux de croissance démographique annuelle est de 1,9 % et 36 % de la population a moins de 15 ans. Bien que non évalué, le pays reçoit un fort apport de migrants originaires des pays limitrophes et de la sous-région. Ces travailleurs, sans perspectives de naturalisation, ne sont pas intégrés dans la vie nationale et travaillent très souvent dans l’illégalité. C’est notamment le cas dans le secteur de la pêche artisanale.

Avec une densité moyenne de 6,13 habitants/km², le Gabon est un pays faiblement peuplé, mais cette population est très inégalement répartie sur le territoire puisque les deux villes côtières Libreville (capitale administrative et politique) et Port-Gentil (centre de l’activité pétrolière du pays) concentrent 85 % des habitants. L’intérieur du pays est pourtant riche en ressources naturelles (bois, minéraux), mais les difficultés de communication expliquent que ce potentiel soit insuffisant pour corriger les déséquilibres démographiques régionaux.

Carte 1.1 : la République du Gabon Source : ministère français des affaires étrangères, 2004

21 Sources de ce paragraphe : Ministère français des Affaires étrangères, PopulationData.net et World Population Prospects Nations Unies 2013.

22 Mais aussi des ressources en uranium, or, diamant et manganèse.

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1.2 Les limites maritimes du Gabon

La ZEE gabonaise23 couvre une superficie de 213 000 km². Elle jouxte les ZEE de Guinée équatoriale au nord et au sud-ouest, de Sao Tomé-et-Principe à l’ouest et de la République du Congo au sud. La façade littorale atlantique couvre 800 km. Le Gabon n’a pas fixé sa ZEE auprès de la CNUDM24.

Depuis le milieu du XXe siècle, la région du golfe de Guinée est devenue une zone de tension pour le contrôle des ressources énergétiques à terre comme en mer. Ces luttes se traduisent aussi dans la revendication des zones maritimes par les pays limitrophes, entrainant des difficultés dans la délimitation des limites maritimes.

Ainsi, au nord et à l’ouest du Gabon, la délimitation de la ZEE avec la Guinée équatoriale est une zone contestée, notamment dans la baie de Corisco où les îles qui s’y trouvent sont majoritairement placées sous juridiction de la Guinée équatoriale. Le différend remonte à 1972 et fait suite à l’extension à 12 milles marins de la mer territoriale gabonaise. En 1999, la fixation par la Guinée équatoriale de sa ZEE entérine le désaccord, malgré un accord signé en 1974. Les deux parties se sont engagées en 2004 à négocier un accord sous l’égide des Nations Unies25, sans succès à ce jour. Il est précisé que cette zone de désaccord est incluse dans la zone de pêche définie au protocole. Cette problématique est détaillée dans la section 4.3.1 du rapport.

Au sud de Sao Tomé-et-Principe, la délimitation entre l’île d’Annobòn sous souveraineté de la Guinée équatoriale et le Gabon n’a pas été entérinée.

À l’ouest, la délimitation de la ZEE entre Sao Tomé-et-Principe et le Gabon a fait l’objet d’un accord « portant sur la délimitation de la frontière maritime » signé en 200126.

Carte 1.2 : la ZEE du Gabon Source: Gabon bleu, 2015

Au sud, la délimitation de la ZEE entre le Congo et le Gabon n’a pas donné lieu à la signature d’un accord public relatif à la délimitation des ZEE. Par ailleurs, il apparaît que la redéfinition des ZEE entre le Congo et l’Angola

23 Les informations fournies pour la superficie de la ZEE, l’étendue de la façade et la superficie du plateau continental proviennent du Plan Stratégique pour le développement durable de la Pêche et de l’Aquaculture (PSPA). 24 Site Internet de la Division des Affaires Maritimes et du Droit de la Mer – Gabon (accès le 15 mai 2015) - http://www.un.org/depts/los/LEGISLATIONANDTREATIES/STATEFILES/GAB.htm.

25 Site Internet de la Division des Affaires Maritimes et du Droit de la Mer – Guinée équatoriale (accès le 15 mai 2015) - http://www.un.org/depts/los/LEGISLATIONANDTREATIES/STATEFILES/GNQ.htm.

26 Site Internet de la Division des Affaires Maritimes et du Droit de la Mer (accès le 15 mai 2015) - http://www.un.org/depts/los/LEGISLATIONANDTREATIES/PDFFILES/TREATIES/GAB-STP2001MB.PDF.

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(Cabinda) pourrait avoir des répercussions sur les délimitations au sud du Gabon : l’Angola a ainsi fait objection en juin 2012 à la demande soumise par le Gabon pour l’extension de son plateau continental.

L’impact de ces conflits sur la zone de pêche des navires de l’UE est détaillé dans la section 4.3.1.

1.3 Le plateau continental gabonais

Le plateau continental (0-200 m) couvre 40 600 km² et est légèrement plus large au nord du Cap Lopez (36 milles marins en moyenne) qu’au sud (25 milles marins).

Carte 1.3 : le plateau continental gabonais (rose) Source: Web- based Resources for continental margins biological research and education

Le 10 avril 2012, la République gabonaise a soumis une demande à la « Commission des limites du plateau continental » des Nations-Unies, conformément au paragraphe 8 de l’article 76 de la CNUDM. Cette demande contient des informations sur la limite extérieure du plateau continental au-delà des 200 milles marins des lignes de base à partir desquelles est mesurée la largeur de la mer territoriale.

1.4 Contexte politique, institutionnel, économique et social

1.4.1 Contexte politique et institutionnel

Indépendant depuis le 17 août 1960, le Gabon est doté d’un régime semi-présidentiel, où le Président de la République endosse le rôle de chef de l’État. Le premier Ministre est chef du gouvernement. Le pouvoir législatif est partagé entre les deux chambres du parlement, Assemblée nationale et Sénat.

Le 8 juin 2009, le président Omar Bongo décède après 42 ans de pouvoir donnant lieu à une élection présidentielle. Son fils Ali Bongo Ondimba lui succède le 16 octobre 2009 en défendant un projet de société intitulé « l’avenir en confiance ». Il se concrétisera en 2010 par le Plan stratégique « Gabon émergent » (PSGE) qui repose sur trois piliers économiques : le « Gabon vert », le « Gabon industriel » et le « Gabon des services ». La prochaine élection présidentielle est prévue au premier semestre 2016.

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1.4.2 Contexte socio-économique

Malgré une récession de 1,5 % en 2009 (Figure 1.1), le Gabon a su contenir la dégradation de sa situation budgétaire au point de devenir en 2010, le seul pays de la Commission Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC) à respecter l’ensemble des critères macroéconomiques régionaux de convergence. En 2012, la stabilisation de la production pétrolière ainsi que la baisse des prix a été compensée par l’augmentation de la production de manganèse27. Le climat social et politique est cependant tendu et c’est grandement détérioré durant ces derniers mois. Une part importante des fonctionnaires est ainsi en grève et réclame des revalorisations salariales et des primes ce que refuse le gouvernement entrainant une radicalisation des positions de part et d’autre. Par ailleurs le rapprochement de l’échéance présidentielle début 2016 accroit les tensions et se traduit par des flambées de violence à Libreville comme celles qui ont suivi le décès d’un des principaux opposants en avril 2015.

Ainsi, du fait des inégalités dans la répartition des revenus et d’une disparité sociale de plus en plus criante, une proportion importante de la population reste pauvre. En milieu urbain, 30 % de la population vit sous le seuil de pauvreté, 45 % en milieu rural. Malgré une croissance moyenne d’environ 6 % par an du Produit Intérieur Brut (PIB), le chômage s’élevait en 2012 à 27 % de la population active et 35 % des jeunes restaient sans emploi28. D’après le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), l’indice de développement humain du Gabon plaçait cette année-là le pays au 106e rang mondial sur 186.

Comme il est mentionné dans le Plan stratégique « Gabon Emergent : vision 2025 et orientations stratégiques 2011-2016 », « le Gabon est confronté au paradoxe socioéconomique d’appartenir de par son PIB par habitant (9 051$US en 2012) au groupe des pays à revenus intermédiaires tout en s’apparentant de par ses indicateurs sociaux au groupe des pays les moins avancés ! »

Figure 1.1 : croissance du PIB réel du Gabon, 2004 - 2015

Source : African economic outlook, 2014

L’économie gabonaise repose essentiellement sur l’exploitation de trois matières premières : le pétrole, les ressources minières (manganèse, terres rares, etc.) et les produits de l’industrie forestière. Ces matières premières représentent 96 % des exportations du pays et contribuent pour plus de 70 % au PIB national. Cette orientation rend cependant l’économie du pays très vulnérable aux fluctuations des cours internationaux et au

27 Source : Ministère français des Affaires étrangères.

28 Source : Enquêtes nationale sur l’emploi. ENEC, 2010.

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différentiel de change euro/dollar29. Le Gabon subit de fait directement la baisse des cours du pétrole brut au niveau mondial.

Partant de ce constat, il s’est donc agi pour le gouvernement d’identifier d’autres relais de croissance que le pétrole dont les réserves devraient s’épuiser d’ici une trentaine d’années. Dans cette perspective, le Plan stratégique « Gabon émergent » (PSGE) ambitionne d’atteindre une croissance forte, durable et diversifiée qui repose sur la valorisation du potentiel énergétique, minier, forestier, touristique, agricole et agro-industriel et débouche sur une véritable redistribution des richesses.

Malgré une politique volontariste, le pays reste cependant aux prises avec un défi majeur relatif à l’amélioration du climat des affaires. Bien que le Gabon occupe le premier rang des 10 pays de la Communauté Economique des États de l'Afrique Centrale (CEEAC) sur le plan de la facilité de conduire des affaires, son classement Doing Business30 au niveau mondial démontre que l’environnement administratif demeure toujours peu incitatif à l’investissement privé et au développement d’un secteur privé31 (Tableau 1.1). Ceci se reflète également dans le classement sur la base de l’indice Economic Freedom qui positionne le pays au 110ème rang sur 17932.

Tableau 1.1 : évolution du classement du Gabon à l’indice Doing Business (sur 189 économies)

2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015

129 132 144 151 158 156 160 165 170 144 Source : Plan stratégique « Gabon émergent »

Par ailleurs, l’agriculture gabonaise, y compris la pêche, est peu développée et ne représente qu’une faible part du PIB (environ 3 %). Concernant la pêche artisanale, la quasi absence de données économiques ne permet cependant pas de mesurer sa contribution réelle à l’économie.

Les statistiques de l’organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO)33 permettent d’extraire le solde de consommation des poissons et des fruits de mer au Gabon (Figure 1.2).

Figure 1.2 : solde de consommation des poissons et fruits de mer au Gabon, 1991 - 2011

Source : Statistiques FAO (http://faostat3.fao.org/download/D/FS/F)

29 De par la fixité du taux de change Franc CFA/Euro.

30 Le rapport Doing Business est une initiative de la Banque mondiale lancée en 2002 pour mesurer la réglementation des affaires et son application effective dans 183 économies. L’objectif principal est de fournir une base objective pour comprendre et améliorer l'environnement réglementaire des affaires partout dans le monde.

31 Source : Banque Africaine de Développement- Document de stratégie pays 2011-2015, 2011.

32 Source : Étude sur le développement du secteur privé, Banque Mondiale (BM), 2010.

33 http://faostat3.fao.org/download/FB/FBS/F (consulté le 18/06/2015).

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D’après ces données, la population gabonaise consommait, en 2011, 33 kg de poissons et fruits de mer par habitant dont un tiers sous forme de poissons pélagiques34 (11 Kg par an et par habitant). À titre comparatif et d’après les statistiques FAO, en 2010, la consommation de poisson par habitant au niveau mondiale était de 17 kg. Le Gabon consomme prioritairement les produits nationaux même si la part d’importation (solde commercial) est en augmentation depuis 2002 et atteignait en 2011 40 % des produits consommés.

1.4.3 Politique environnementale

La gestion durable des écosystèmes et la valorisation de la biodiversité sont énoncées comme des axes forts de la stratégie de développement économique du pays et très tôt, le Président Ali Bongo Ondimba s’est positionné comme un fervent défenseur de la préservation de l’environnement. Sous l’impulsion de son président, le Gabon est donc très en avance sur les pays avoisinants. Cette politique est alliée aux soucis de générer une valeur ajoutée à moyen et long terme plus importante sur les ressources naturelles nationales (avec une première transformation dans le pays). À titre d’exemple il est possible de citer les mesures de préservation de l’environnement suivantes :

Interdiction des sacs en plastique ;

Interdiction de l’exportation des billes de bois ;

Lutte contre le braconnage ; et

Restriction sur la pêche.

Faisant partie du bassin du Congo, deuxième puits de carbone au monde après l’Amazonie, la forêt gabonaise, avec ses 22 millions d’hectares, contribue largement à la lutte contre le changement climatique. À ce jour, le Gabon a consacré 11 % de son territoire, soit 30 000 km², à la création de 13 parcs nationaux terrestres35.

Une politique identique de conservation se développe également à l’initiative de la Présidence pour le domaine marin dans le cadre principalement du projet « Gabon bleu ». Cette politique volontariste forte est portée principalement par le Conseiller spécial du président chargé de la mise en œuvre de ce projet.

Pour les autorités, il s’agit de renforcer la vigilance et les moyens mis en place pour mieux valoriser et protéger durablement le patrimoine maritime et halieutique, et satisfaire ainsi les besoins alimentaires de la population36.

Le projet « Gabon bleu » s’articule autour de quatre grands volets d'action :

1) Délimitation, Aménagement, Sécurité et Surveillance du Domaine Fluvial et Maritime ;

2) Gestion Durable et Optimisation des Ressources Halieutiques ;

3) Gestion Durable et Optimisation des Ressources Pétrolières et Minières ; et

4) Transport et Commerce Maritimes.

D’une façon plus concrète, les résultats attendus de ce projet à l’orée 2016 sont les suivants :

Les limites de la ZEE du Gabon sont définies et présentées à la CNUDM ;

Un réseau de Parc Nationaux Marins couvrant 23 % de la ZEE du Gabon est créé ;

Un réseau de Zones d'Exclusion Pétrolière existe suivant trois piliers : la production de pétrole pour l’économie nationale, la sécurité absolue des installations pétrolières et la conservation de la biodiversité ;

34 Il faut cependant faire preuve de prudence avec ce résultat en raison de l’exportation importante non déclarées des petits pélagiques vers les pays voisins.

35 Source : www.parcsgabon.org.

36 Voir le discours du Président de la République Ali Bongo Ondimba à la 38ème Session de la Conférence de la FAO, à Rome le 20 Juin 2013.

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Les administrations de la Pêche, Marine Marchande, Marine Nationale, Gendarmerie Nationale, Direction Générale de la Documentation et de l’Immigration (DGDI), Agence Nationale des Parcs Nationaux (ANPN), Douanes et Office des Ports et Rades du Gabon (OPRAG) protègent intégralement les eaux, ressources, infrastructures, navires, ports et personnes dans la ZEE du Gabon contre toute activité illégale, créant ainsi une économie marine prospère et intègre ;

Les objectifs du secteur pêche du Plan Stratégique « Gabon Émergent » sont renforcés et acquis : le Gabon est mondialement reconnu comme exemplaire d'une pêche durable, respectueuse des écosystèmes marins, avec 100 % de transformation locale de produit de qualité ; et

Un programme de conversion des zones pétrolières en parcs nationaux préparant l’après pétrole, avec transition des plateformes en récifs, en accord avec le fonds de gestion, est établi.

Des mesures en appui à la mise en œuvre de cette politique ont été adoptées, notamment (voir le Chapitre 4 portant sur la gouvernance de la pêche au Gabon) :

Une réorganisation structurelle de l’administration en charge de la politique et du contrôle des pêches et de l’aquaculture (DGPA) ;

La création d’une Agence Nationale de la Pêche et de l’Aquaculture (ANPA) ; et

La création d’un Conseil National de la Mer (CNM).

D’ores et déjà, des mesures drastiques ont été prises depuis 2 ans pour diminuer l’effort de pêche industriel sur les ressources démersales côtières.

Le Président Bongo Ondimba a par ailleurs annoncé en novembre 2014 au 6ème Congrès mondial sur les parcs naturels à Sydney que 23 % de la ZEE gabonaise auraient le statut d’aires marines protégées. La superficie des parcs marins37 avoisinerait alors les 6 millions d’hectares, soit près du double des espaces occupés par les parcs naturels terrestres38. L’effort de conservation réalisé est représenté sur la carte 1.4 ci-après.

Carte 1.4 : carte des aires protégées (aquatiques et continentales) (Les frontières terrestres en jaune, les limites de la ZEE en violet et les zones protégées en vert)

Source: Gabon bleu, 2015

37 La dénomination législative des parcs marins est inscrite dans le code des pêches et de l’aquaculture de 2005. Il s’agit d’une aire protégée aquatique au même titre que la « réserve aquatique », et le « sanctuaire » (section 3 art 54.). La dénomination des aires marines protégées n’est pas présente dans la réglementation nationale.

38 Sources : www.gabonemergent.com / Gabon review, 13 novembre 2014.

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La liste des parcs marins créés ou en projet est la suivante (du nord au sud) :

Akanda Banie Frigo ;

Pongara ;

Baie de Nazaré ;

Parc industriel Octopus ;

Sea Mount ;

Loango (créé) ;

Gamba ;

Moukalaba ; et

Mayumba (créé).

La création de ces zones ne va pas sans créer des conflits d’occupation d’espace entre les parcs nationaux, les activités pétrolières, les activités de pêche39 et le développement de nouvelles activités40.

Étant donnée l’importance de la volonté politique au plus haut niveau de l’État gabonais de mettre en place cette politique environnementale ambitieuse, la question de la pérennité de cette politique peut se poser. En effet, une alternance politique au plus haut niveau de l’État suite aux élections présidentielles prévues au premier trimestre 2016 ou un changement de cap dans la politique menée pourraient se présenter. L’appropriation de ces initiatives par l’administration gabonaise ainsi que l’implication de la société civile sont indispensables à la réalisation des objectifs énoncés ci-dessus. Ce point crucial reste encore très incertain sauf à dire qu’un appui fort des plus hautes autorités de l’État est indispensable pour sa bonne réalisation. Cela fait d’ailleurs l’objet d’un questionnement dans les chapitres ex post et ex ante de l’évaluation.

1.5 Relations extérieures avec les autres pays, entités politiques et organisations régionales et internationales

1.5.1 Relations avec l’Union européenne

Il n’existe pas d’accord de partenariat économique (APE) entre l’UE et le Gabon. L’absence d’un tel accord ne permet pas de favoriser le développement de l’exportation des produits gabonais vers l’Europe. Cependant si les instances gabonaises le souhaitent, le pays a la possibilité de négocier et de ratifier un accord intérimaire (comme c’est le cas du Cameroun depuis 201441). L'APE intérimaire peut permettre l'accès en franchise de droits de douane et sans contingent au marché de l'UE pour les exportations en provenance du pays. En échange, le pays tiers peut ouvrir progressivement son marché aux exportations européennes sur une période transitoire, qui peut se faire à l’exception d’un certain nombre de produits de façon à assurer la protection des marchés agricoles et industriels considérés comme sensibles par le pays. En outre, l'accord contient des dispositions relatives aux instruments de défense commerciale, au règlement des différends et à la coopération au développement.

39 Principalement de la pêche côtière du fait de l’implantation des parcs marins les parcs étant majoritairement situés dans la bande des 12 milles marins. Une analyse plus fine des captures sera nécessaire pour identifier l’impact de ces parcs dans la zone de capture autorisée pour les thoniers senneurs.

40 La création d’une Aire Marine Protégée (AMP) étendue jusqu’à la limite de la ZEE au sud du Gabon pourrait se justifier par la création d’un corridor permettant aux populations de tortues d’avoir un accès protégé pour venir se reproduire sur les plages dans la région de Mayumba.

41 http://europa.eu/rapid/press-release_IP-14-884_fr.htm accès le 16 juin 2015.

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Lors de la 12e session ordinaire de la CEMAC tenue en mai 2015 à Libreville42, les Chefs d’État, de Gouvernement et de Délégation ont abordé la situation actuelle des négociations de l’APE entre l’Afrique Centrale et l’UE. À cet effet, ils ont chargé le président de la République du Gabon de jouer le rôle de parrain des négociations en prenant la tête du dialogue politique en vue de la conclusion d’un APE régional, complet et équilibré. Ils ont adopté le projet de texte portant création, organisation et fonctionnement du Fonds Régional de l’Accord de Partenariat Economique (FORAPE).

En dehors de l’appui à la politique du secteur halieutique de l’APP, l’appui direct de l’UE au secteur halieutique gabonais est limité. Le 10e FED43 (2008-2013) se concentrait sur deux domaines d'intervention : les infrastructures de base, notamment le secteur routier et l'assainissement urbain, et l'éducation et la formation. Une enveloppe de 50,2 millions d’euros était prévue pour aborder ces thématiques.

La planification du 11e FED (2014-2020) au Gabon prévoit un soutien à hauteur de 13 millions d’euros. L’écart entre les dotations des deux FED s’explique par la reconnaissance du Gabon comme un pays au revenu intermédiaire supérieur entrainant la soumission de l’aide au critère de différenciation. Le Gabon a soumis un nouveau Programme Indicatif National (PIN) focalisé sur le développement autour des problématiques de renforcement du capital humain, d’emploi et de croissance inclusive.

L’autorité sanitaire gabonaise est pleinement reconnue par l’UE pour l’exportation des produits de la pêche, hors aquaculture44.

Au niveau régional, le Conseil a adopté en mars 2014 une stratégie de l'UE relative au golfe de Guinée45 afin d'appuyer les efforts consentis par la région et ses États côtiers dans la lutte contre l'insécurité maritime et à la criminalité organisée. De fait la stratégie axée sur la sécurité maritime intègre des dimensions de lutte et de prévention des pêches Illicites, Non déclarées et Non réglementées (INN) et se décline dans les différents programmes indicatifs régionaux (PIR) de l'Afrique de l'Ouest et de l'Afrique Centrale, qui mettent en œuvre le 11e FED. Ainsi, le PIR Afrique Centrale signé en juillet 2015, pour un montant de 350 millions d’euros (2014-2020) et dont la mise en œuvre repose sur des partenariats régionaux couvre les trois domaines suivants :

L’intégration et la coopération politique dans le domaine de la paix et de la sécurité (43 millions d’euros) ;

L’intégration économique et le commerce au niveau régional (211 millions d’euros, dont 135 qui transiteront par le Fonds fiduciaire pour les infrastructures) ; et

Le développement durable des ressources naturelles et de la biodiversité (88 millions d’euros).

En outre, un montant supplémentaire de 8 millions d’euros est prévu pour l’assistance à la coopération technique et aux ordonnateurs régionaux.

Ces fonds pourraient ainsi être mobilisés pour soutenir des actions dans le domaine des pêches aussi bien dans une optique de lutte contre les pêches INN que pour garantir la préservation des ressources naturelles.

1.5.2 Relations avec la Chine

Un protocole d’accord de coopération a été signé entre le Gabon et la Chine en mai 1986, puis reconduit en 2004. Dans ce cadre, une société mixte de pêche a été créée, la SIGAPECHE (Société sino gabonaise de pêche) qui dispose de 10 chalutiers ciblant les espèces côtières (pélagiques et demersales) basés à Owendo et a investi dans la construction d’un entrepôt frigorifique d'une capacité de stockage de 300 tonnes (voir section 3.1.2).

42 http://www.cemac.int/actualites/fin-des-travaux-de-la-12%C3%A8-session-ordinaire-du-sommet-des-chefs-detats-de-la-cemac.

43 http://www.caonfedgabon.com/index.php.

44 Courrier transmis par la Commission européenne au Ministre de l’agriculture, de l’élevage, de la pêche et de la sécurité alimentaire du Gabon le 19 mai 2015 (Ref, Ares(2015)2090471).

45 Pour plus d’information : http://eeas.europa.eu/statements/docs/2014/140317_01_fr.pdf.

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1.5.3 Relations avec le Maroc

Signé en février 2005, un accord de coopération lie le Royaume du Maroc et la République du Gabon sur les aspects suivants :

Formation ;

Recherche scientifique et technique ;

Transformation et commercialisation des produits halieutiques ; et

Partenariat entre professionnels.

Dans le cadre de cette coopération, une étude sur la restructuration de l’agriculture et de la pêche au Gabon (2013)46 a été soumise par un bureau d’études marocain. Ce document proposant de mettre en place une organisation basée sur le modèle de gestion actuellement appliqué au Maroc n’a pas été suivi d’effet, l’administration gabonaise ayant souhaité mettre en œuvre sa propre stratégie.

1.5.4 Relations avec le Japon

Un accord a été conclu en 2000 entre le Gabon et la Fédération d'armateurs Japan Tuna pour autoriser la pêche thonière de 30 palangriers dans les eaux gabonaises. En contrepartie, le Japon, par le biais de son Agence de Coopération internationale (JICA), a développé un vaste programme d’appui consacré au développement des centres de pêche artisanale et de l’aquaculture continentale ainsi qu’au renforcement des capacités humaines de la DGPA.

Le Japon a ainsi mené une coopération active dans la promotion du secteur de la pêche au Gabon. Dans ce cadre, la coopération japonaise a réalisée depuis 2001 de nombreux projets, à savoir :

La réhabilitation du Centre Communautaire des Pêches d'Owendo (CCPO) en 2001 ;

La réhabilitation du Centre Communautaire des Pêches d'Etimboué (CCPE) en 2002 ;

La construction du Centre Communautaire des Pêches Artisanales de Port-Gentil (CCPAP) en 2002 ;

La construction du Centre Communautaire des Pêches Artisanales de Lambaréné (CCPAL) en 2005 ; et

La construction du Centre d'Appui à la Pêche Artisanale de Libreville (CAPAL) en 2011.

Suite à la suspension des accords privés (en 2012) dont bénéficiaient les palangriers japonais dans la ZEE gabonaise et au positionnement du Gabon contre la pêche à la baleine, notamment dans le cadre de la Commission baleinière internationale (IWC)47, les relations entre les deux pays ce sont tendues. La coopération suspendue depuis 2012 a repris en mars 2015 avec le redéploiement d’un assistant technique à la DGPA. La possibilité d’une reprise des négociations pour le renouvellement de l’accord de pêche a été évoquée officieusement, sans avoir été confirmée.

En juillet 2013 une station piscicole proche du Lac Mbolet à Lambaréné, financée par le Japon, a été inaugurée48. Elle se compose d'un nouveau bâtiment avec une écloserie, d’une salle de stockage d'aliments, de trois bacs de stockage de poissons et d’un laboratoire de recherche collectant des données.

1.5.5 Relations avec d’autres pays et entités politiques et organisations internationales/régionales

Le Gabon est membre de :

L’Union Africaine (UA) ;

46 http://www.ambagabon.ma/article/cabinet-valyans-consulting-presente-sa-premiere-version-de-revalorisation-de-agriculture-et.

47 https://iwc.int/iwcmain.

48 Le montant du projet s’élève à 44 millions de FCFA (source : Ambassade du Japon au Gabon).

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La CEEAC, Communauté économique des États de l’Afrique centrale ;

La CEMAC, Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale ;

La BEAC, Banque des États de l’Afrique centrale ;

La BDEAC, Banque de développement des États d’Afrique centrale ;

Le Nepad, Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique ;

L’OCI, Organisation de la coopération islamique ; et

L’Ohada, Organisation pour l’harmonisation en Afrique du droit des affaires.

Plus spécifiquement pour les pêches, le Gabon fait partie des organisations suivantes :

FAO, Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture ;

FAO COPACE, Comité des pêches pour l’Atlantique centre est, organe consultatif de la FAO ;

CICTA, Commission internationale pour la conservation des thonidés de l’Atlantique ;

COMHAFAT, Conférence ministérielle sur la coopération halieutique entre les États africains riverains de l’Océan Atlantique ;

INFOPECHE, Organisation intergouvernementale d’information et coopération pour la commercialisation des produits de la pêche en Afrique ; et

COREP, Commission régionale des pêches du golfe de Guinée, émanation de la CEEAC.

Le Gabon est également signataire de :

la Convention des Nations Unies sur le Droit de la Mer (CNUDM) et du Code de conduite pour une pêche responsable de la FAO ;

La Convention baleinière internationale ;

La Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES) ; et

La Convention sur les zones humides (Ramsar).

Enfin, 3 organisations non gouvernementales (ONG) interviennent au Gabon sur le domaine maritime :

UICN, Union internationale pour la conservation de la nature ;

WCS, Wildlife Conservation Society49 ; et

WWF, World Wide Fund.

49 Le Directeur de l’Agence Nationale des Parcs Nationaux (qui est aussi le représentant du Gabon lors de la convention balein ière internationale) ainsi que le conseiller présidentiel en charge du programme Gabon bleu sont issus de WCS.

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2 Environnement côtier et marin et écosystèmes aquatiques et ressources halieutiques

2.1 Environnement côtier et marin

Compte tenu de la morphologie du plateau continental et du littoral, le domaine côtier gabonais abrite des habitats marins diversifiés. Au sud du Cap Lopez, le littoral est relativement rectiligne et sableux avec des débouchés de plusieurs lagunes importantes (Sette Cama, Mayumba, Gamba, Fernand Vaz). Au nord du Cap Lopez, le littoral s’incurve, créant ainsi une cellule cyclonique de courants qui piège les sédiments fins et vaseux. Ces dépôts terrigènes favorisent le développement d’importantes formations de mangrove.

Deux estuaires entaillent la côte : celui de l’Ogooué au niveau du Cap Lopez et celui du Komo à Libreville. Avec des débits relativement importants, ces fleuves drainent et rejettent en mer des quantités importantes de sédiments.

Le plateau continental est en général sableux à sablo vaseux sauf au sud du Cap Lopez où affleurent de nombreux platiers rocheux qui rendent le chalutage difficile. Dans cette région, de vastes zones du plateau continental sont interdites à toutes pêches en raison de l’existence de champs pétroliers.

D’un point de vue hydrologique, le domaine maritime gabonais se situe dans une zone d’alternance saisonnière. Les cartes de température de surface fournies par les satellites NOAA (Figure 2.1) montrent de façon très explicite les deux dynamiques en jeu, leur localisation et leur intensité.

En saison froide (juin à septembre), le système Benguela caractérisé par des eaux froides et salées atteint son intensité et son extension maximum vers le nord (12° Sud). Conjointement se développent à la côte des remontées d’eaux froides et salées (upwellings) du nord de l’Angola jusqu’au Gabon, dans la zone du Cap Lopez.

Figure 2.1 : répartition saisonnière des températures de surface Source : Communication Hervé Demarcq – IRD- 2013 (d’après des données satellitaires NOAA)

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En saison chaude (janvier à avril), avec la relaxation des upwellings côtiers, le plateau continental du Gabon, du Congo, de la République Démocratique du Congo (RDC), et du nord de l’Angola est envahi par des eaux équatoriales chaudes et moins salées. Le système du courant de Benguela, bien que toujours présent et actif dans le sud de l’Angola, baisse néanmoins d’intensité.

À plus petite échelle, et en relation avec la pêche des thonidés, la zone du Cap Lopez, revêt une importance toute particulière. Elle est en effet caractérisée par la présence d’une zone frontale50, appelée front de Berrit51. Sur cette zone se retrouve entre juin et septembre, deux catégories d’eaux à caractéristiques différentes :

Au sud du Cap, des eaux froides et salées d’origine tropicale et enrichies par la branche côtière du courant de Benguela et par les upwellings côtiers ;

Au nord du Cap, des eaux guinéennes, chaudes, peu salées et nettement moins productives.

Figure 2.2 : cartographie satellitaire haute définition de la température de surface (juillet 2014) (Orange : 32°C - Vert : 21°C)

Source : Communication L. Dagorne et J. Citeau – IRD - 2015, à partir des données SST MODIS-AQUA NASA-OBPG (modifiée)

50 Un front désigne en océanographie une zone de discontinuité physique se traduisant en surface par un fort gradient de densité

causé par l’affrontement d’eaux de température et de salinité différentes.

51 Du nom de son découvreur.

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Il est possible de distinguer de façon très nette les eaux chaudes du golfe de Guinée au nord, les eaux froides au sud et l’affrontement de ces deux masses d’eaux à la latitude du Cap Lopez avec l’apparition d’un front thermique particulièrement prononcé (Figure 2.2).

Dans la zone de contact de ces eaux se forme un front thermohalin52. En relation avec le déplacement de la Zone intertropicale de convergence (ITCZ), ce front apparaît vers le mois de juin, puis migre progressivement vers le sud à partir de la mi-juillet.

Ces caractéristiques environnementales très particulières jouent un rôle déterminant dans la distribution et la concentration des pélagiques hauturiers (thonidés) qui recherchent les zones de front plus riches en proies53.

2.2 État des ressources halieutiques marines – Potentiel et statut

La composition et la répartition des différentes ressources halieutiques présentes dans les eaux gabonaises ont fait l’objet de très nombreux travaux réalisés dans les années 1960 (notamment par l’Institut de recherche pour le développement – IRD), mais du fait d’un suivi non réalisé depuis les années 1980, les abondances globales et respectives des diverses espèces sont actuellement mal connues. Par ailleurs, toutes les campagnes de recherche effectuées ces dernières années n’ont pas suivi une méthodologie adaptée et les données statistiques de pêche détaillées sont manquantes. Ces informations sont ainsi rares et fragmentaires. Dans le cas des espèces de grands pélagiques hauturiers, le suivi est assuré au niveau régional par la CICTA.

Dans la composition des différentes ressources halieutiques, on différencie :

Les espèces démersales du plateau continental ;

Les espèces démersales profondes ;

Les espèces de petits pélagiques côtiers ; et

Les espèces de grands pélagiques hauturiers.

2.2.1 Les espèces démersales du plateau continental

Les stocks démersaux du plateau continental gabonais (0 à 120 m) sont représentés par un ensemble d’espèces (poissons, crustacés, céphalopodes) dont la répartition et la biologie sont liées à la nature du substrat et à la profondeur.

Ces populations de poissons de fond sont relativement sédentaires et n’effectuent pas de migrations en fonction de la latitude comme les espèces pélagiques, les sardinelles par exemple. En revanche, elles peuvent effectuer des déplacements côte-large en fonction des saisons.

Schématiquement et suivant la classification de Longhurst54, ces peuplements se répartissent en 4 grandes communautés :

Communauté estuarienne : elle est constituée d’espèces localisées au niveau des estuaires et des débouchés de lagune, très côtières et dépassant rarement les profondeurs de 10-15 mètres. Assez sensibles aux variations de salinité, elles font des déplacements intérieur-extérieur des estuaires et lagunes en fonction des apports d’eaux douce et donc des saisons. Ces espèces (Pseudotholitus elongatus, Pseudotholithus quadrafilis, Arius sp, Cynoglossus sp, etc.) sont particulièrement abondantes au nord du Cap Lopez où elles font l’objet d’une forte pêche artisanale sur les faibles fonds ;

52 Il s’agit d’une discontinuité physique se traduisant en surface par un fort gradient de densité causé par l’affrontement d’eaux de température et / ou de salinité différentes.

53 Cette zone frontale est également une zone de concentration de baleines qui ont fait l’objet jusque dans les années 1950 d’une pêcherie importante basée à Port-Gentil et qui sont aujourd’hui un enjeu phare de la politique de conservation du Gabon.

54 Longhurst (A.R.), 1969 – Species assemblages in tropical demersal fisheries. In : Actes symposium oceanogr. Ress. Halieut. Atlant. Trop. UNESCO Abidjan (1966) : 147-166.

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Communauté littorale ou communauté dite à Sciaenidés (Pseudotholitus senegalensis, Pseudotholitus typus, Pteroscion peli, Pentanemus quinquarius, Galeoides decadactylus, Vomer setapinis, Cynoglossus sp, ect.) : ces espèces représentent la biomasse la plus diversifiée. Présentes significativement de la côte jusqu’aux fonds de 20 à 40 mètres, leur abondance maximum est côtière. Cette population de poissons est la plus intéressante commercialement, car constituée d’espèces recherchées par les consommateurs nationaux et étrangers : poissons nobles, mais aussi crustacés comme les crevettes, langoustes et crabes, etc. Un stock de crevettes peneïdes (Penaeus duorarum) situé au nord du Cap Lopez fait l’objet d’une exploitation par les industriels ;

Communauté eurybathe : un ensemble d’espèces, d’un intérêt commercial médiocre, est distribué sur tout le plateau sans exigence particulière pour une profondeur donnée. L’espèce la plus abondante est le pelon (Brachydeuterus auritus) qui peut se déplacer en banc très dense et représenter des biomasses importantes ; et

Communauté du rebord du plateau ou communauté dite à Sparidés : les espèces principales sont la dorade rose et le pageot auxquelles sont associés les brotules, les trigles et quelques autres espèces mineures. Ces ressources se caractérisent par une migration saisonnière côte – large. Se situant sur le rebord du plateau pendant la saison chaude, elles remontent sur le plateau jusqu’aux fonds de 40 – 50 mètres en saison froide (de juillet à septembre).

Ces populations démersales sont représentées par un grand nombre d’espèces, mais on peut considérer qu’une quinzaine d’espèces représentent 80 % des débarquements.

Concernant plus particulièrement les évaluations de biomasses démersales, en 2014, la biomasse totale estimée par la campagne réalisée par le navire océanographique F. Nansen est de 41 000 tonnes. Ce résultat est à mettre en perspective avec les diverses campagnes réalisées par ce navire en 1981, 1985, 2005, 2006, 2007, 2008, 2010 et 2014 et la campagne du Vizconde de Eza en 2002 qui ont fourni des résultats très variables (Tableau 2.1). Les biomasses trouvées sont ainsi comprises entre 40 000 et 160 000 tonnes permettant un potentiel annuel de capture estimé de 32 000 à 57 000 tonnes (Garcia, 2010)55. Cette importante fourchette d’estimation n’est a priori guère surprenante quand on sait que les navires de recherche n’ont pas couvert les mêmes bathymétries, souvent n’ont pas pris en compte les variations saisonnières de capturabilité et ont fourni des estimations de biomasses totales qui renseignent très mal sur les quantités intéressantes commercialement.

Le statut de ces ressources est inconnu. Compte tenu d’un niveau de capture actuel relativement modeste en raison de la forte chute de l’effort de pêche, leur état pourrait être satisfaisant, mais sans que l’on puisse pour autant le démonter scientifiquement. En effet, les analyses détaillées par le groupe de travail COPACE en 2008 ont concerné toute la zone Guinée Bissau-Angola et ont donc fourni des résultats peu significatifs pour la seule zone gabonaise. Par ailleurs, Garcia (2010) sur la base de données par espèce n’a pas pu obtenir de diagnostics concluants.

2.2.2 Les espèces démersales profondes

Par peuplement démersal profond, on entend les ressources présentes sur les fonds s’étendant au-delà du plateau continental. Diverses espèces peuplent ces profondeurs : crevettes, céphalopodes, poissons et crabes.

Les crevettes : 3 espèces d’un grand intérêt commercial sont particulièrement recherchées entre 200 et 600 m de fond : Parapenaus longirostris, Aristeus varidens et Plesiopenaeus edwarsianus ;

Les céphalopodes : entre 200 et 500 m56, ils sont représentés par les calmars (Loligo sp) et les seiches (Sepia officinialis) ;

55 in Revue socio-économique et environnementale de la pêche industrielle au Gabon – Rapport COFREPECHE – Banque Mondiale- 2010.

56 CAYRE et FONTANA, 1981, Les stocks démersaux profonds, in Milieu marin et ressources halieutiques, Travaux et document de l’ORSTOM, n° 138, pp. 259-278.

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Les poissons : 2 espèces d’intérêt commercial sont présentes vers 250 m de fond : le merlu noir (Merluccius poli) et la dorade rose (Dentex angolensis) ; et

Les crabes profonds (Geryon quinquedens) sont présents de 300 à 1 100 m de fond.

L’état de ces stocks est inconnu du fait de l’absence officielle d’exploitation sur ces espèces et que les récentes campagnes d’évaluation n’ont pas visité ces profondeurs. À ce jour, ces espèces profondes, de forte valeur marchande, font probablement l’objet d’une pêche INN. Sur la base des travaux effectués par CAYRE et FONTANA (1981), leur potentiel annuel global de capture doit avoisiner 1 000 tonnes.

2.2.3 Les espèces de petits pélagiques côtiers

On distingue 3 espèces principales :

La sardinelle plate (Sardinella maderensis) ;

La sardinelle ronde (Sardinella aurita) ; et

L’ethmalose (Ethmalosa fimbriata).

Chacune de ces espèces a des exigences et des comportements différents vis-à-vis du milieu.

Ainsi, l’ethmalose se rencontre uniquement près des côtes où elle se sédentarise dans les eaux dessalées des zones estuarienne et lagunaire. Sa présence est ainsi intimement liée à la présence d’eaux dessalées et donc aux apports en eaux douces des fleuves et indirectement à la pluviométrie sur les bassins versants. Au Gabon, où elle est connue sous l’appellation commerciale de sardine, elle constitue l’une des principales espèces débarquées par les pêcheurs artisans. La pêche de l’ethmalose joue un rôle majeur en termes d’emploi, de revenus et de sécurité alimentaire pour les populations et communautés de pêche du Gabon, comme pour les populations des pays voisins où elle est en partie exportée (illégalement). Depuis le 6 janvier 2003, une période de fermeture de la pêche du 1er septembre au 31 octobre est pratiquée entre Donguila et l’Estuaire du Komo.

Il n’existe aucune donnée sérieuse sur les potentiels de cette espèce au Gabon. La DGPA estime à environ 12 000 tonnes les captures annuelles d’ethmaloses. Par comparaison, avec d’autres pêcheries d’ethmaloses en Afrique, on peut cependant estimer que cette ressource estuarienne doit être pleinement exploitée.

En revanche, les sardinelles sont des espèces très sensibles aux conditions de milieu et, dès leur taille adulte, effectuent des migrations de grande amplitude de l’Angola au Gabon. La biologie et le cycle de vie de ces espèces ont fait l’objet de très nombreuses études dont une large synthèse est présentée par GHENO Y et FONTANA A57.

Les diverses campagnes d’échointégration effectuées dans les eaux gabonaises par le navire océanographique F. NANSEN ont donné pour les stocks de sardinelles les biomasses suivantes :

Tableau 2.1 : résultats des campagnes NANSEN - Biomasses estimées des stocks de sardinelles au Gabon

Année de la campagne 2004 2005 2006 2007 2010

Sardinella aurita (t) 165 000 382 000 222 000 NC NC

Sardinella maderensis (t) 195 000 34 000 25 000 NC NC

TOTAL (t) 360 000 416 000 245 000 32 000 63 000 NC : Non Communiqué. Source : rapports FAO NANSEN

La grande variabilité des résultats obtenus par les campagnes d’échointégration n’est guère surprenante pour ce type de ressource et ce constat tient à plusieurs causes :

57 GHENO et FONTAN, Les stocks de petits pélagiques côtiers, in FONTANA A (Ed), Milieu marin et ressources halieutiques du Congo, Travaux et Documents de l’ORSTOM, n° 138, 213-257, 1981.

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Sources d’erreurs potentielles dues à la méthode de l’échointégration et aux stratégies de campagne (zone inférieure à 20 m. non couverte) ;

Grandes variations interannuelles du taux de reproduction et donc du recrutement ;

Fluctuations environnementales interannuelles qui conditionnent l’intensité des cycles migratoires ;

Différentiel de pression de pêche suivant les pays où migre la ressource58 ; et

Combinaison possible de plusieurs sources de variabilité.

Compte tenu de ces éléments, Garcia (2010)59 estime un potentiel théorique pour le Gabon de 100 000 tonnes, très éloigné des captures actuelles qui doivent avoisiner 15 000 tonnes, mais, à l’heure actuelle, l’état des ressources en petits pélagiques présentes dans les eaux gabonaises est incertain60.

2.2.4 Les espèces de grands pélagiques hauturiers

Les thons migrant dans les eaux du golfe de Guinée, la notion de surplus, reliquat ou de biomasse excédentaire à l’échelle d’une seule ZEE n’est pas applicable à cette pêcherie. Les trois principales espèces exploitées dans la ZEE du Gabon sont les trois thonidés majeurs :

Albacore (Thunnus albacares) ;

Listao (Katsuwonus pelamis) ; et

Thon obèse (Thunnus obesus).

Ces stocks sont analysés et suivis par la CICTA à laquelle le Gabon a adhéré en 1977. Au vu des derniers avis scientifiques rendus par le comité scientifique de la CICTA en 2014 pour les thonidés tropicaux :

Le stock d’albacore61 dont la dernière évaluation remonte à 2011 pourrait être en situation préoccupante d’une légère surexploitation des stocks (B<Bmsy) tout en concluant à une absence de surpêche (F<Fmsy). Le niveau de production en 2013 est estimé à 92 615 tonnes en Atlantique pour une production maximale équilibrée fixée à 144 600 tonnes. La Recommandation [14-01] de la CICTA fixe un TAC annuel de 110 000 tonnes pour cette espèce ;

Le stock de thon obèse62 évalué en 2010 n’est probablement pas surexploité (B>Bmsy) ni en surpêche (F<Fmsy), les niveaux de biomasse et de mortalité par pêche étant équivalents aux valeurs de référence. En 2013, la production provisoire est estimée à 63 066 tonnes en Atlantique pour une production maximale équilibrée fixée à 92 000 tonnes. Cependant une incertitude considérable plane sur l’évaluation de l’état du stock et la productivité du thon obèse. La Recommandation [14-01] de la CICTA fixe un TAC annuel de 85 000 tonnes pour cette espèce ;

Le stock de listao63 a été évalué très récemment, en 2014. En 2013, la production provisoire est estimée à 203 500 tonnes en Atlantique Est. Le stock n’est probablement pas surexploité (B>Bmsy) ni en surpêche (F<Fmsy), les niveaux de biomasse et de mortalité par pêche étant équivalents aux valeurs

58 Le groupe de travail COPACE analysant les stocks de petits pélagiques de la zone Gabon-Angola a estimé que l’ensemble de cette ressource était modérément exploité. Réf : COPACE/SCSVI/2011/2b.

59 in Revue socio-économique et environnementale de la pêche industrielle au Gabon – Rapport COFREPECHE – Banque Mondiale- 2010.

60 Précisons que le Gabon dispose d’une ressource en petits pélagiques (Sardinella aurita) de taille adéquate (8 à 12 cm) pour servir d’appât aux thoniers canneurs, mais uniquement dans des zones particulières, à 2°30 sud sur les fonds de 50 m et en baie de Mayumba.(in Gheno et Fontana, 1981).

61 Source : http://www.iccat.int/Documents/SCRS/ExecSum/YFT_FR.pdf.

62 Source : http://www.iccat.int/Documents/SCRS/ExecSum/BET_FR.pdf.

63 Source : http://www.iccat.int/Documents/SCRS/ExecSum/SKJ_FR.pdf.

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de référence. L’avis tenait notamment compte des fortes captures récentes observées notamment sous DCP au large de la Mauritanie avec un record historique des captures en Atlantique Est en 2012. Cette espèce n’est pas soumise à un TAC dans son cadre de gestion par la CICTA.

Les pêcheries ont beaucoup évolué depuis les évaluations des stocks d’albacores et de thons obèses (en particulier avec un accroissement très marqué des nombres de DCP posés par les senneurs). Il serait ainsi souhaitable d’étudier l’impact de l’augmentation probable de l'efficacité de l'effort de pêche liée à un usage accru des DCP pouvant conduire à une situation de surpêche et de surexploitation des stocks de thons tropicaux, notamment pour l’albacore et le thon obèse. En outre ces évaluations reposent sur des données de base transmises de façon très insuffisante par certaines flottes majeures (dont celle du Ghana64). Enfin plus spécifiquement à l’albacore, l’absence d’un grand programme de marquage dans l’Atlantique limite d’autant les connaissances biologiques du stock.

Par ailleurs, la CICTA s’interroge actuellement sérieusement sur la croissance très forte, non quantifiée et incontrôlée du nombre des DCP utilisés dans l’Atlantique (et dans le golfe de Guinée en particulier). Cette situation pourrait à terme dégrader l’écosystème hauturier en remettant en cause certains des grands équilibres biologiques et faunistiques65, par exemple :

En modifiant les caractéristiques biologiques des thons associés aux DCP (croissance, mouvements, mortalité naturelle, ponte : hypothèse du piège écologique66) ; et

En accroissant les prises accidentelles d’espèces non désirées ainsi que la mortalité par pêche sur les albacores et les thons obèses juvéniles.

Afin de mener une réflexion associant les opérateurs, les scientifiques, les institutionnels et les représentants des ONG, la Recommandation [14-03] de la CICTA entérine la création d’un groupe de travail ad hoc sur les DCP afin d’évaluer les conséquences des développements technologiques sur les futures options de gestion liées aux DCP.

2.3 Effets des pêches sur les ressources et sur l’environnement

Le Gabon abrite la plus grande population nidifiante de tortues au monde. Ainsi, 4 espèces fréquentent les eaux gabonaises et pondent sur les plages du littoral :

La tortue luth (Dermochelys coriacea) ;

La tortue verte (Chelonia mydas) ;

La tortue imbriquée (Eretmochelys imbricata) ; et

La tortue olivâtre (Lepidochelys olivacea).

Sur le plateau continental, la pêche au chalut peut occasionner des captures de ces espèces.

En outre, de très grands rassemblements de baleines à bosse (Megaptera novaeangliae) ont lieu le long des côtes gabonaises. En provenance de l’océan Austral, les baleines arrivent dans les eaux gabonaises entre juin et juillet pour les trois à quatre mois que dure la saison de la reproduction.

64 A titre d’exemple le rapport d’évaluation portant sur le stock de listao fait état de correction des données statistiques du Ghana qui montre pour la période 2006-2012 que les captures de listao déclarées par le Ghana étaient sous-estimées de l’ordre de 28 %.

65 Tailles trop petites des albacores et des thons obèses capturés sous les DCP, accroissement des captures d’espèces accessoires non désirées et risques d’un piège écologique qui pourrait être introduit par de très nombreux DCP pouvant modifier la biologie des espèces qui y sont associées.

66 Hallier, Gaertner, 2008. Drifting fish aggregation devices could act as an ecological trap for tropical tuna species, Mar. Ecol. Progress Series 353: 255-264.

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3 Le secteur des pêches au Gabon

3.1 Les métiers actifs dans les eaux gabonaises

Le secteur emploierait 21 700 personnes, dont plus de 80 % d’étrangers (nigérians, béninois, etc.) faisant du secteur des pêches un pôle d’insertion et d’emploi faible pour les gabonais67. La production nationale stagne à 41 000 – 46 000 tonnes par an depuis le début des années 2000. Comme présenté dans la Figure 1.2, le Gabon importe 40 % des produits halieutiques consommés pour une consommation annuelle totale estimée entre 50 000 et 55 000 tonnes par an. À l’horizon 2020 la demande totale en produits halieutiques est estimée entre 48 000 et 69 000 tonnes par an68.

3.1.1 La pêche artisanale gabonaise

La pêche artisanale gabonaise est définie dans la Loi n°015/2005 « Code des pêches et de l’aquaculture » comme exercée à des fins commerciales par des embarcations armées par des marins non-inscrits69 utilisant des moyens relativement performants, mais sans investissements lourds.

La pêche artisanale maritime compte environ 1 100 embarcations non pontées (pirogues, chaloupes, etc.) et près de 5 000 pêcheurs dont l’essentiel (90 %) sont basés au nord du Cap Lopez et répartis entre Port-Gentil et la région de Libreville. Au sud du Cap Lopez, la pêche artisanale est très peu développée. D’après la DGPA, au moins 80 % des pirogues de cette flotte artisanale sont armées par des étrangers parfois installés depuis plusieurs générations dans des villages littoraux où ils vivent entre eux.

Il est difficile de procéder au recensement de cette activité artisanale dont le suivi statistique est imparfait et la collecte des taxes et redevances une épreuve compliquée. La cellule statistique de la DGPA estime à 35 % le nombre de pirogues en situation irrégulière70.

En outre, l’exportation vers les pays limitrophes d’une partie importante des produits de la pêche artisanale (80 % des ethmaloses) par des voies diverses ne facilite pas le contrôle de la production.

3.1.2 La pêche industrielle gabonaise côtière

La distinction est faite entre la pêche industrielle gabonaise côtière qui déploie des navires au-delà de 3 milles marins et la pêche hauturière thonière non accessible à la flotte gabonaise (décrite par la suite dans la section 3.1.4).

D’après les données fournies par la DGPA, de 48 navires en 2007, la flottille industrielle est ainsi passée en 2015 à 25 navires, poissonniers et crevettiers, armés par 5 sociétés :

La Société industrielle de pêche gabonaise (SOCIPEG) : 10 chalutiers sous pavillon gabonais. Dont 4 nouveaux navires remplacent depuis 2015 les 4 navires les plus anciens de la société. Les navires sont basés à Owendo ;

La Société sino-gabonaise de Pêche (SIGAPECHE) : 8 chalutiers dont 6 battant pavillon gabonais et 2 sous pavillon chinois (2 navires supplémentaires sont en attentes d’obtention des licences). Les navires sont basés à Owendo ;

AMERGER GABON71 : 3 crevettiers battant pavillon gabonais basés à Port-Gentil ;

67 Source : PSGE – 2011.

68 D’après le plan stratégique pour le développement durable de la pêche et de l’aquaculture – Potentialités-contraintes-politique sectorielle et programme prioritaire quinquennal 2011-2016.

69 Dans le sens où les pêcheurs artisans ne sont pas soumis au régime légal de l’inscription maritime.

70 Le système statistique de la DGPA a perdu de sa fiabilité et demanderait à être recalibré sur la base d’une enquête cadre intéressant tout le littoral gabonais.

71 L’armement AMERGER est d’origine française sous intérêts gabonais.

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INTERBUR CO : 1 crevettier battant pavillon gabonais basé originellement à Port-Mole (Libreville) ; et

L’Armement de pêche gabonais (APG) 72 : 3 chalutiers battant pavillon gabonais basés à Libreville, 2 de ces navires ont des licences gabonaises et équato-guinéennes leur permettant de travailler dans les eaux des deux pays. Le dernier navire pêche en permanence dans les eaux gabonaises.

Les armements SOCIPEG et SIGAPECHE sont d’origine chinoise et ont été créés à la faveur d’un accord de pêche contracté en 1986, lequel est tombé en désuétude aujourd’hui.

Tableau 3.1 : évolution du nombre des navires de la pêche industrielle gabonaise (2013-2015)

2013 2014 2015

Armements Nbr de

navire Pavillon

Type de pêche

Nbr de navire

Pavillon Type de pêche

Nbr de

navire Pavillon

Type de pêche

SOCIPEG 10 Gabonais Poisson 10 Gabonais Poisson 10 Gabonais poisson

SIGAPECHE 10 Gabonais/

Chinois Poisson 10

Gabonais/Chinois

Poisson 8 Gabonais/

Chinois Poisson

APG 3 Gabonais Poisson 3 Gabonais Poisson 3 Gabonais Poisson

AMERGER GABON

3 Gabonais Crevettier 3 Gabonais Crevettier 3 Gabonais crevettier

INTERBURGO / INTER CO

1 Coréen Crevettier 1 Coréen Crevettier 1 Gabonais crevettier

GEOPESCA 1 Sao Tomé Crabe - - - - - -

Total 28 27 25

Source : DGPA, 2015

En raison de mesures drastiques prises par les autorités pour diminuer l’effort de pêche industriel côtier, la flottille chalutière exploitant les eaux gabonaises a considérablement diminué depuis ces dernières années (Tableau 3.2).

Tableau 3.2 : évolution du nombre de navires industriels démersaux au Gabon (2008-2015)

Années 2008 2009 2010 -2012

2013 2014 2015

Nombre de navire 46 35 * 28 29 25 * Les données de 2010 à 2012 n’ont pas été communiquées. Source : DGPA, 2015

Par ailleurs, l’absence d’infrastructures de base et les prestations de services portuaires non adaptées, la faible industrialisation du secteur et la faible organisation de la profession sont autant de freins au développement de cette pêche.

3.1.3 Les débarquements

Sur la période 1995 à 200873, dernière année prise en compte dans le rapport statistique de 2010 de la DGPA, la production de la pêche industrielle n’a cessé de décroître puisqu’elle est passée de 10 180 à 5 860 tonnes. Cette diminution des captures n’est pas nécessairement liée au déclin des stocks puisque sur la même période et jusqu’en 2013, l’effort de pêche global a également fortement chuté. En 2015 le tonnage des débarquements est remonté à 7 419 tonnes (Tableau 3.3).

Sur la même période, la production de la pêche artisanale est restée relativement stable et de l’ordre de 20 000 tonnes (dont plus de 80 % de petits pélagiques).

72 L’armement l’APG est d’origine française sous intérêts gabonais.

73 Ces données sont extraites du rapport de COFREPECHE relatif à la revue socio-économique et environnementale du secteur de la pêche industrielle au Gabon (GAB3R01B-octobre 2010).

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Tableau 3.3 : captures de la pêche industrielle gabonaise

2013 2014

Armements Nombre de débarquements

Quantités débarqués (t)

Nombre de débarquements

Quantités débarqués (t)

SOCIPEG 85 2 124 103 3 306

SIGAPECHE 89 3 059 87 3 136

APG 14 421 9 488

AMERGER GABON 28 276 35 315

INTERBURGO / INTER CO

1 9 7 65

Total débarquements 217 5 889 241 7 310 Source : DGPA, 2015

3.1.4 La pêche hauturière thonière

Cette pêche est pratiquée exclusivement par des navires étrangers intervenant dans le cadre d’un accord privé ou dans le cadre de l’accord de pêche et de partenariat entre l’UE et le Gabon pour les navires battant pavillons européens. L’accord en vigueur actuellement comporte en effet une clause d'exclusivité imposant à tout navire de pavillon UE de pêcher avec une autorisation délivrée dans le cadre de l'accord. En l'absence de protocole, aucun navire battant pavillon de l’UE n’est autorisé à négocier un accord privé74.

Afin de donner une idée de l’importance de la zone pour les navires de l’UE le Tableau 3.4 rassemble les données de capture des navires de l’UE en Atlantique et dans la ZEE gabonaise. En 2014, la zone de pêche sous juridiction gabonaise représentait 17,68 % des captures totales des navires de l’UE.

Tableau 3.4 : comparaison entre les captures réalisées par les thoniers senneurs de l’UE dans l’Atlantique et les captures réalisées dans la ZEE du Gabon

2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012* 2013 2014

Capture des thoniers senneurs en Atlantique (en t)**

Espagne 29 002 33 865 56 956 70 261 66 304 73 172 73 682 75 785 63 065

France 27 098 14 810 21 014 28 720 38 079 39 053 35 905 39 735 41 528

Total UE 56 100 48 675 77 970 98 981 104 383 112 225 109 587 115 520 104 593

Capture des thoniers senneurs dans la ZEE gabonaise (en t)***

Espagne 913 1 987 7 669 5 916 6 435 9 015 0 995 7 102

France 3 891 1 799 2 254 1 635 10 549 7 975 0 7 112 11 390

Total UE 4 804 3 786 9 923 7 551 16 984 16 990 0 8 107 18 492

Pourcentage relatif des captures dans la ZEE gabonaise (%)

% Espagne 3,15 5,87 13,46 8,42 9,71 12,32 0,00 1,31 11,26

% France 14,36 12,15 10,73 5,69 27,70 20,42 0,00 17,90 27,43

% Total UE 8,56 7,78 12,73 7,63 16,27 15,14 0,00 7,02 17,68 * Les navires de l’UE n’étaient pas autorisés à travailler dans la zone du fait de l’absence d’un protocole actif. ** Données de tâche 1 issues de la CICTA. *** Données transmises par la DG MARE. Source : CICTA et DG MARE, 2015

3.1.4.1 Méthode d’analyse

Ici, le choix est fait d'estimer les prises, effort, Prise par Unité d'Effort (PUE)75 et prises par taille dans la ZEE du Gabon en utilisant les données CICTA qui sont disponibles dans les bases de données CICTA de tâche 1 et de tâche 2. Ces dernières regroupent76 :

74 Comme cela a été le cas durant la période de suspension du protocole.

75 Fournit un indice relatif à la mortalité par pêche et la densité du stock exploité.

76 Manuel de le la CICTA. https://www.iccat.int/Documents/SCRS/Manual/CH1/CH1-FRA.pdf#page=3.

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Les données de tâche 1 correspondent aux prises totales annuelles par espèce, engin et grande région ou stock. La tâche 1 est disponible, déclarée ou connue, pour toutes les captures réalisées (espèce cible, prise accessoire) et de rejets de poissons morts classés par flottille de pêche, espèce, année, engin, région, eaux de pêche (ZEE ou haute mer) ; et

Les données de tâche 2 correspondent aux données fines des captures par espèce et engin par 1° et mois, des données issues des journaux de pêche, des enchères, de l’échantillonnage au port et des ports de débarquement. Ces données sont disponibles uniquement pour une fraction des captures, celles déclarées par les pays pêcheurs (administrations ou scientifiques selon les cas).

On peut considérer que le choix de cette méthode est fiable pour toutes les ZEE de grande taille comme celle du Gabon. En effet, et à titre d'exemple, en comparant avec les données de captures fournies par l’UE, les prises moyennes dans la ZEE du Gabon sont estimées durant la période avec une erreur moyenne de 0,01 % pour l'Espagne et de 0,4 % pour la France (les écarts annuels étant aussi faibles le plus souvent). Ainsi cette méthode fournit des résultats scientifiques très fiables.

Les estimations des prises dans la ZEE reposent jusqu’en 1990 sur l’ensemble des données de tâche 2 déclarées à la CICTA. À partir de 1991, elles ne portent que sur le sous échantillon de données collectées par les chercheurs de l’UE dans les ports de débarquements, soit sur 71 % des prises des senneurs de l’Atlantique Est durant la période 2004-2013. Les données du Ghana dont les prises sont importantes ne sont pas prises en compte dans ces estimations, fautes d’être finalisées et soumises à la CICTA. Or le Ghana est depuis une quarantaine d'années un des pays les plus actifs dans la pêche thonière de la région, avec des captures moyennes récentes d'environ 70 000 tonnes. L'examen des données disponibles permet de confirmer que les navires ghanéens ont pêché des quantités significatives de thons dans la ZEE du Gabon dans les années récentes (Figure 3.1).

Figure 3.1 : carte provisoire à partir des données soumises à la CICTA des captures de thons réalisées par des navires Ghanéen de 2008 à 2010

Dans les camemberts : en jaune l’albacore, en bleu le listao et en rouge le thon obèse. Source: données non finalisées ni acceptées dans la base de données CICTA – et fournies par les scientifiques ghanéens

Ces données de tâche 2 du Ghana restent incomplètes et elles ne permettent donc pas d'estimer ces captures durant les dernières décennies. Pour information, les données de tâche 2 du Ghana de la période récente 2006-2013 sont en cours de finalisation dans le cadre d'un projet CICTA-IRD-Ghana, mais elles ne sont pas disponibles à ce jour.

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Les prises dans la ZEE du Gabon sont estimées avec une bonne précision par carré de 1° de côté et du tracé de la ZEE, les pourcentages des surfaces de chaque secteur de 1° situés dans la ZEE du Gabon ayant été estimés. Les prises de chaque carré de 1° déclarées à la CICTA sont ainsi allouées statistiquement à la ZEE du Gabon en fonction de ces pourcentages géographiques (voir Figure 3.2). Il en est de même pour toutes les autres ZEE.

Figure 3.2 : pourcentages à appliquer pour l'estimation des prises dans la ZEE du Gabon, sur la base des statistiques CICTA, dans les secteurs de 1° de côté de la ZEE

Source : Réalisation propre à partir des données CICTA

La comparaison des chiffres estimés par cette méthode avec les déclarations officielles des captures dans les ZEE montrent que ces estimations sont d’un ordre de grandeur très satisfaisant, avec une erreur potentielle inférieure à environ 5 % dans ces estimations.

Les estimations des prises et des rendements dans la ZEE du Gabon ont été réalisées durant 2 périodes distinctes :

La période historique 1967-1990, sur toutes les données CICTA de tâche 2, durant laquelle le mode de pêche des senneurs (DCP ou bancs libres) est indéterminé. En outre, ces prises déclarées à la CICTA sont sensiblement sous estimées dans les années initiales du fait de l’absence dans les bases de données ICCAT des captures de certaines flottilles majeures77. Ces prises dans la ZEE ont donc été estimées à partir des données de tâche 2 de la CICTA par 1°, puis ces estimations ont été corrigées en ajoutant aux prises de la ZEE : 9 % des prises totales des senneurs espagnols durant la période 1963-1977 sans données (un pourcentage moyen basé sur la période 1980-1985) et 20 % des prises totales de la France de 1963 à 1968 (un pourcentage moyen basé sur la période 1969-1975) ;

77 Pas de chiffres sur les captures françaises de 1963 à 1968 (alors que la région du Gabon était déjà exploitée par cette flottille à partir de Pointe Noire) et surtout pas de chiffres sur les captures des senneurs espagnols jusqu’en 1977, alors que cette flottille était active saisonnièrement au Cap Lopez dès la fin des années 1960.

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La période récente 1991-2013, où les captures par mode de pêche sont bien connues pour les senneurs de l’UE (France et Espagne) et pour d’autres pays (Panama, Belize, Cap Vert, Guatemala, Antilles néerlandaises), une attention particulière étant donnée à la période récente depuis 2004.

Les tailles des thons capturés dans la ZEE ont été estimées à partir du fichier CICTA des échantillons de taille des senneurs des pavillons soumettant des données dont l’UE, non extrapolés et par secteur de 1°, en sélectionnant tous les échantillons de tailles réalisés dans les secteurs de 1° appartenant à 100 % à la ZEE du Gabon (Figure 3.2).

Les captures totales annuelles estimées depuis 1967 pour les navires de l’UE sont montrées par la Figure 3.3.

Figure 3.3 : estimation des prises totales annuelles de thons majeurs dans la ZEE du Gabon (captures du Ghana non inclues) et des prises des senneurs de l’UE

Pas de données pour les senneurs de l’UE avant 1970. Source : réalisation propre à partir des données de tâche 2 de la CICTA

La région du Cap Lopez a été activement exploitée en permanence par les thoniers canneurs et senneurs, et ce dès le développement des pêcheries de surface des thons tropicaux dans le golfe de Guinée au début des années 1960 (principalement avec les navires japonais, français, américains et espagnols). Les prises annuelles estimées dans la ZEE atteignent ainsi une moyenne d’environ 13 300 tonnes par an depuis 1970, et de 13 600 tonnes dans la dernière décennie, sans prendre en compte les prises du Ghana qui seraient voisines de 2 500 tonnes par an dans la période récente. Ces prises identifiées correspondent ainsi à 6,7 % des prises des senneurs dans l’Atlantique Est durant la décennie 2004-2013.

On doit ainsi noter que la ZEE du Gabon est dans l’Atlantique Est celle qui a jusqu’à présent été en moyenne, et de loin, la plus productive en thons : les prises moyennes estimées sont très largement supérieures aux prises moyennes qui sont estimées par la même méthode à partir des données CICTA, dans la dernière décennie en Mauritanie78 (7 400 tonnes), en Angola (5 600 tonnes), en Guinée équatoriale (5 100 tonnes) ou au Liberia (4 700 tonnes).

Les données montrent que les poids moyens des listaos et des thons obèses capturés dans la ZEE du Gabon sont sensiblement plus élevés que les poids moyens capturés par les senneurs dans l’Atlantique Est. En revanche il faut noter que le poids moyen des albacores capturés dans la ZEE du Gabon est inférieur au poids moyen capturé dans l’Atlantique Est, du fait de la rareté relative dans la ZEE des gros albacores qui sont

78 Concernant la Mauritanie il faut toutefois noter que depuis 2012 les prises dans la ZEE mauritanienne sont à des niveaux très élevés jamais observés dans la zone de capture du Gabon.

0

5 000

10 000

15 000

20 000

25 000

30 000

35 000

1963

1965

1970

1975

1980

1985

1990

1995

2000

2005

2010

2013P

rise

en

t

Prise totale Prise des senneurs de l'UE

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capturés principalement lors de la saison de ponte de décembre à mars (soit en dehors de la période de pêche dans la zone gabonaise).

On doit aussi noter que les prises des senneurs des navires de l’UE (France et Espagne) ont toujours été très importantes et dominantes dans la ZEE du Gabon comme le montre la Figure 3.4 (sauf en 2012 du fait de l’absence d’un protocole actif).

Les prises des senneurs français dans la ZEE du Gabon sont en général plus importantes que celles des senneurs espagnols, malgré le plus faible nombre de senneurs français. La flottille espagnole a par contre, et ceci depuis le début de la pêcherie à la senne, des captures très élevées dans la région Sénégal - Mauritanie à la même saison que celle du Gabon.

Figure 3.4 : estimation des prises totales annuelles de thons majeurs par les senneurs de pavillons français et espagnols dans la ZEE du Gabon

Source : réalisation propre à partir des données de tâche 2 de la CICTA

Il est important de noter la remarquable stabilité dans le long terme des captures annuelles totales dans la ZEE qui ont peu changé depuis la fin des années 1960 et ce en dépit des grands changements intervenus dans les flottilles (pays, types et nombre de senneurs, technologie, emploi des DCP79, etc.), des grandes fluctuations des efforts de pêche et des prises dans l’Atlantique Est, de l’état des stocks, et de la variabilité naturelle de l’environnement.

3.1.4.2 Saisonnalité des captures dans la ZEE du Gabon

La ZEE du Gabon, avec une surface de 213 000 km2 correspond seulement à 1,3 % de la surface de l’habitat des thons tropicaux de l’Atlantique. Elle a toutefois permis la capture moyenne de près de 10 % des prises des senneurs de l’échantillon étudié (France, Espagne et navires de pavillons tiers80), et ceci durant une saison de pêche annuelle qui est limitée à seulement 5 mois par an comme le montre la Figure 3.5 (de mai à septembre).

79 Principalement à partir des années 1990.

80 Voir liste dans le Tableau 4.1 dans la Section 4.4 dont les données sont transmises à la CICTA.

0

2000

4000

6000

8000

10000

12000

14000

1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010

Pri

se e

n t

Espagne France

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Figure 3.5 : prises moyennes mensuelles dans la ZEE du Gabon (1980-2013)

Source : réalisation propre à partir des données de tâche 2 de la CICTA

La pêche des thons dans la région du Cap Lopez a toujours été très liée à la saisonnalité marquée de l’environnement dans la région et à la présence estivale du Front du Cap Lopez qui accroit localement la productivité biologique et aussi la capturabilité des thons dans la région. De nombreux bancs de thons faciles à localiser et à capturer y sont ainsi concentrés chaque année.

3.1.4.3 Les prises sur DCP et sur bancs libres des senneurs dans le ZEE gabonaise

La ZEE du Gabon est une région où la pêche sur les objets flottants naturels a débuté dans les années 1960 sur des tas de paille et de troncs d’arbres, en particulier ceux rejetés par le fleuve Congo. Ces pêches sur les DCP se sont surtout développées depuis les années 1990, avec les très nombreux objets artificiels qui sont posés en permanence par les senneurs et leurs navires auxiliaires. On estime qu’en 2013 environ 17 000 DCP auraient été posés dans l’Atlantique Est81. Le nombre de DCP qui étaient actifs dans la ZEE du Gabon dans les années récentes ne peut pas être estimé faute de données statistiques et sachant que les DCP sont très mobiles. Les trois espèces de thons majeurs (albacore, listao et thon obèse) sont capturées dans des proportions habituelles dans la ZEE du Gabon.

Les prises dans la ZEE du Gabon se caractérisent chaque année par une proportion très voisine des prises sur les bancs libres et sur les objets flottants. Ainsi, d’après les données CICTA, en moyenne 53 % des captures 1991-2013 ont été réalisées sur des DCP et 47 % sur des bancs libres (Figure 3.6, Figure 3.7).

81 Fonteneau, Chassot and Gaertner 2014. Managing tropical tuna purse seine fisheries through limiting the number of drifting fish aggregating devices in the Atlantic: food for thought. Document ICCAT SCRS/2014/133, 15p.

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Figure 3.6 : pourcentages annuels des prises sur DCP par les senneurs dans la ZEE du Gabon

Source : réalisation propre à partir des données de la CICTA

Figure 3.7 : prises annuelles sur DCP et sur bancs libres par les senneurs fournissant des données à la CICTA dans la ZEE du Gabon

Source : réalisation propre à partir des données de la CICTA

Une autre caractéristique majeure de ces prises sur objets flottants et sur bancs libres est l’analogie marquée de la composition spécifique des captures de ces deux modes de pêche (Tableau 3.5, Figure 3.8, Figure 3.9). Les prises sur DCP contiennent en moyenne sensiblement moins d’albacore et plus de listao que les prises sur bancs libres. En revanche, aucune prise avec 100 % d’albacore n’a été enregistrée, à l’inverse de celles fréquemment observées sur les bancs libres dans la majorité des zones de pêche du golfe de Guinée.

ZEE Gabon: % des prises sur FADs

(moyenne=53%)

0

10

20

30

40

50

60

70

80

90

1001

99

1

19

94

19

97

20

00

20

03

20

06

20

09

20

12

An

%

Prises senneurs par mode de pêche: ZEE Gabon

0

5 000

10 000

15 000

20 000

25 000

19

91

19

94

19

97

20

00

20

03

20

06

20

09

20

12

An

Pri

se

t.

Bancs libres DCP

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Tableau 3.5 : composition spécifique moyenne des prises (%) sur bancs libres et sur DCP (1991-2013)

Bancs libres DCP

Albacore 47,2 % 21,8 %

Listao 46,9 % 73,4 %

Thon obèse 5,9 % 4,8 % Source : réalisation propre à partir des données de la CICTA

Figure 3.8 : prises sur bancs libres des senneurs dans la zone de capture du Gabon

Figure 3.9 : prises sur DCP des senneurs dans la zone de capture du Gabon

Source : réalisation propre à partir des données de la CICTA

La composition spécifique des captures de ces deux modes de pêche est relativement stable d’une année à l’autre.

Il est intéressant de noter que la proportion de listao est restée très stable dans la composition spécifique des bancs libres, voire s’est accrue dans les années récentes, a contrario des autres régions de l’Atlantique où le listao capturé dans les bancs libres tend à disparaître ces dernières années (rapport SCRS 2014).

3.1.4.4 Rendements annuels des senneurs dans la ZEE du Gabon

Les rendements annuels moyens en tonnes par jour de mer des senneurs fournissant des données à la CICTA sont représentés dans la figure ci-dessous (Figure 3.10).

Figure 3.10 : prises par unité d’efforts annuels moyens par pavillons dans la ZEE du Gabon

Source : réalisation propre à partir des données de la CICTA

ZEE Gabon: prises sur bancs libres(YFT = 47%, SKJ =47%, BET=6%)

0

2000

4000

6000

8000

10000

12000

14000

19

91

19

94

19

97

20

00

20

03

20

06

20

09

20

12

An

pris

es t

.

YFT SKJ BET ALB

ZEE Gabon prises sur FADs(YFT = 22%, SKJ =73%, BET=5%)

0

2000

4000

6000

8000

10000

12000

14000

19

91

19

94

19

97

20

00

20

03

20

06

20

09

20

12

AnP

ris

es t

. ALB

BET

SKJ

YFT

0

5

10

15

20

25

30

35

40

45

50

1991 1996 2001 2006 2011

PU

E T

/JP

France Espagne pavillon autre

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Les rendements des senneurs français sont dans la ZEE en général meilleurs que ceux des senneurs espagnols : en moyenne 19 t/jour contre 14 t/jour pour les senneurs espagnols. Il est intéressant de noter les excellents rendements et aussi les bonnes captures obtenues en 2012 par les senneurs qui pêchent sous d’autres pavillons (Cap-Vert, Curaçao, Belize, Panama, etc.), et qui opèrent sous accords de pêche privés82. Par ailleurs, de très bons rendements ont été observés pour tous les senneurs en 2013.

3.1.4.5 Nombre de senneurs actifs dans la ZEE du Gabon

Le nombre de senneurs actifs dans la ZEE du Gabon n’est pas disponible dans les bases de données de la CICTA. Le nombre total de senneurs actifs annuellement dans l’Atlantique Est par contre est bien suivi pour les flottilles françaises, espagnoles et des autres pavillons soumettant des données à la CICTA comme le démontre le document soumis à la CICTA par Delgado et al (2014) - Tableau 3.6.

Tableau 3.6 : nombre de senneurs actifs annuellement dans les trois principales flottilles de senneurs pêchant potentiellement dans la ZEE

2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 Moyenne

France 12 9 7 5 7 10 10 9 0 9 9 8,7

Espagne 15 10 8 13 15 16 15 15 0 14 12 13,5

Autres Pavillons

19 18 17 14 16 21 20 18 18 17 17 17,9

Sources : Delgado et al, 2014 et pour 2014-2015, Commission européenne et DGPA

On peut estimer que la grande majorité, voire la totalité, des senneurs français et espagnols viennent pêcher chaque année dans la ZEE du Gabon : en général entre 80 et 100 % des navires actifs, la proportion des senneurs français dans la zone étant souvent plus importante que celles des navires espagnols. La zone du Cap Lopez est une des zones de pêche favorites pour les navires français, au contraire des senneurs espagnols qui préfèrent souvent, et depuis les années 1960, pêcher en été dans les zones de pêche du Sénégal et de la Mauritanie.

Le nombre de senneurs de l’UE actifs dans la ZEE du Gabon est connu dans les années récentes à partir des déclarations des États membres (Tableau 3.7). À cela s’ajoute les senneurs des autres pays qui exploiteraient la ZEE du Gabon, notamment ceux du Ghana dont les captures semblent être significatives, mais dont le nombre exact reste difficile à estimer à partir des données CICTA.

Tableau 3.7 : Nombre de senneurs actifs annuellement dans la ZEE du Gabon

2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 Moyenne

France 5 7 9 10 9 0 9 9 7

Espagne 9 12 12 11 15 0 4 12 11

Maximum UE 24 24 24 24 24 0 27 27 25

Autres pavillons 14 16 21 20 18 18 17 17 18

Total senneurs 38 40 45 44 42 18 44 44 39 Sources : Delgado et al, 2014 et pour 2014-2015, Commission européenne et DGPA

Depuis 2013 la saison de pêche dans la zone du Gabon est en forte compétition pour les senneurs espagnols avec la pêche dans la ZEE de Mauritanie, où les prises et les rendements ont été exceptionnellement élevés pour ces navires depuis 2012. Cette tendance était à modérer en 2015 du fait de l’expiration du protocole entre l’UE et la Mauritanie le 15 décembre 2014 et de l’impossibilité pour les navires de l’UE d’y travailler dans le cadre d’une licence privée, l’accord mentionnant une clause d’exclusivité. Suite au paraphe d’un nouvel accord en juillet 2015 les thoniers senneurs pourront d’ici 2016 à nouveau fréquenter cette zone. Un degré d’incertitude persiste quant à savoir s’ils retrouveront les niveaux de capture constatés les années précédentes.

82 Du fait qu’ils étaient alors les seuls autorisés à pêcher dans la ZEE gabonaise.

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3.2 Le secteur aquacole

D’après un dernier rapport de la Conférence ministérielle sur la coopération halieutique entre les États africains riverains de l’océan Atlantique – COMHAFAT83, le secteur de l’aquaculture reste relativement modeste. La production était de l’ordre de 276 tonnes en 2011 et ne concernait que des espèces de poissons d’eau douce, presque exclusivement le tilapia qui représente 98 % de la production. Les élevages de silure et de l’huître restent faibles, sinon anecdotiques. Les exploitations d’élevage de tilapias sont de type artisanal avec 70 unités fonctionnelles.

Les autorités encouragent le développement de la pisciculture et des projets de démonstration d’élevage de poissons en cage flottante ont été organisés dans plusieurs sites. L’élevage de poisson est perçu comme un secteur d’avenir pouvant compenser le déficit des captures de pêche, réduire l’importation et limiter l’augmentation du prix du poisson. Cependant, la pisciculture est actuellement une activité de subsistance qui tarde à s’imposer comme un secteur de développement. Sa contribution demeure donc marginale. Le Gabon dispose pourtant d’importants atouts naturels : nombreux cours d’eau, lacs, lagunes, forêt de mangrove, etc. Ces zones sont riches en espèces aquatiques endémiques et bénéficient d’un climat favorable au développement de plusieurs espèces halieutiques. Les facteurs limitant se situent au niveau des capacités humaines, de la maitrise technologique, de la disponibilité d’alevins de souches performantes et surtout de la disponibilité locale et à bas prix d’aliments protéinés spécifiques à l’aquaculture de poissons. Par ailleurs, les systèmes de conservation n’existant pas, les circuits de distribution et de vente du poisson d’élevage ne sont pas organisés.

3.3 Infrastructures et services à terre

3.3.1 Les infrastructures de débarquement

Le Gabon se caractérise par une insuffisance notoire dans les installations portuaires et les infrastructures terrestres dédiées à la pêche maritime. Cette carence traduit bien la faiblesse de la tradition halieutique du pays mais aussi la priorité donnée au secteur pétrolier. Il n’existe pas de port de pêche et les débarquements des captures des chalutiers se font au niveau du port d’Owendo sur un quai réservé avant tout au commerce. C’est ainsi que pour obtenir une place à quai, les navires de pêche sont parfois obligés de subir une longue attente84. Des débarquements industriels pour les crevettiers sont possibles à Port-Gentil sous réserve que le port de commerce ait la place d’accueillir les navires. Quant aux infrastructures à terre comme les chambres froides, elles sont jusqu’à présent extrêmement limitées et prévues pour la pêcherie artisanale.

Concernant la pêche artisanale, les débarquements sont peu encadrés et se situent à proximité des marchés dans des sites le plus souvent non aménagés. Le Centre d’Appui à la Pêche Artisanale de Libreville (CAPAL) construit dans le cadre de la coopération japonaise à Libreville avait pour vocation d’améliorer les conditions des débarquements. Le centre propose une jetée pour l’accostage, une station essence, deux machines à glace et une halle couverte pour la vente et le mareyage. Bien que terminé, le CAPAL n’est cependant pas opérationnel du fait de l’absence de la digue de protection prévue sous financement gabonais et n’ayant pas été réalisée. De ce fait, le nombre de pirogues fréquentant le site est très inférieur aux projections. L’éloignement du site par rapport aux zones d’habitation des pêcheurs (ne permettant pas aux pêcheurs de sécuriser les équipements la nuit) ainsi que les contrôles sur les équipages, la nature et la quantité des produits débarqués pratiqués sur place sont autant de freins pour les pêcheurs. Afin de remédier à cette situation, la partie gabonaise souhaite réorganiser le site afin de le rendre plus attractif en aménageant les berges de la rivière longeant le site, ce qui pourrait faciliter les débarquements. Un assistant technique de la coopération japonaise est arrivé en avril 2015 afin de préparer ce projet. Par ailleurs il est envisagé de faire évoluer la réglementation en imposant

83 Étude sur les industries des pêches et de l’aquaculture au Gabon – Rapport COMHAFAT, mars 2014.

84 Source : FONTANA et CUEFF, 2013 - Étude sur la mise en place d’un système d’attribution de licences basé sur les quotas – Rapport Aquaconsult/DGPA/Banque mondiale.

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des sites identifiés de débarquement sur toute la côte gabonaise. Les débarquements sont actuellement autorisés en tout lieu sans restriction.

Le plan stratégique « Gabon émergent » (PSGE) s’est également fixé pour objectif de concentrer les activités halieutiques autour de 3 pôles : Libreville, Port-Gentil avec la Zone économique Spéciale de l’île Mandji et Mayumba. Par ailleurs, le développement du transport fluviomaritime et du transport maritime de marchandise par cabotage devrait permettre d’organiser les flux de transfert et de commercialisation des produits halieutiques.

En l’état actuel de la situation sur le terrain, il n’existe donc pas d’infrastructures dans le pays permettant le débarquement des thoniers senneurs ou des thoniers canneurs dans les conditions optimales telles qu’elles existent dans d’autres pays où débarquent les navires de l’UE (Côte d’Ivoire, Ghana ou Sénégal). Le seul projet visant à remédier à cette carence dans les infrastructures, « Gabon Seafood », est détaillé dans la section suivante.

3.3.2 Transformation à terre

En 2013, l’État gabonais, le Fonds Gabonais d’Investissements Stratégiques (FGIS) et le groupe mauricien Ireland Blyth Limited (IBL) ont signé un accord de partenariat public-privé d’un montant de 100 millions d’euros85 sur 5 ans en vue de valoriser les produits halieutiques gabonais86. Ce projet d’envergure est le seul en cours actuellement au Gabon. Cet accord comprend notamment :

La reprise par Gabon Seafood de l’usine SIFRIGAB basée à Owendo ;

La construction d’un chantier naval d’importance susceptible d’être utilisé par les navires thoniers ;

Le développement d’une filière intégrée et performante consacrée à la transformation du thon pêché notamment dans la zone de pêche gabonaise ; et

Le déploiement de 2 assistants techniques étrangers contractés par IBL auprès du Ministre de tutelle de la DGPA87 ainsi que du Directeur Général de la pêche et de l’aquaculture. Cette assistance technique vise à conseiller et à accompagner la réorganisation du secteur de la pêche et de la filière de l'industrie des produits de la mer au Gabon.

L’usine pourrait recevoir en l’état actuel 5 000 tonnes de poissons par an (pour le marché local) soit une capacité journalière de 14 tonnes. L’usine qui devrait employer 500 personnes possède une importante capacité frigorifique mais souhaite avant tout privilégier la transformation plutôt que le stockage. Étant située à distance du port, un recours à des camions frigorifiques sera indispensable avant la construction d’un éventuel quai pour les débarquements. L’objectif à terme, pour les autorités, est de faire du Gabon un des principaux pays exportateurs de thon de la côte ouest africaine.

Actuellement et suite à d’importants investissements, l’usine Gabon Seafood n’est que très partiellement opérationnelle en raison du manque d’approvisionnement en poisson. Une petite quantité de poisson transformé (salé et fumé) à destination du marché local est produite.

La production des sardines en conserve devait initialement démarrer en juin 2014 cependant en raison d’un manque d’approvisionnement en matière première (ethmalose) cette dernière n’a pas débuté. Selon l’accord signé entre Gabon Seafood et les pêcheurs artisanaux opérant à proximité du site, ceux-ci devaient fournir au moins une tonne d’ethmalose à l’usine.

85 60 % des fonds sont apportés par IBL et 40 % sont à la charge du FGIS.

86 Source : http://www.legabonemergent.com/2014/10/sardines-made-in-gabon.html (consulté le 15/04/2015).

87 Le déploiement d’un assistant technique rattaché au Directeur Général de l’ANPA est prévu ainsi que le maintien de l’assistant technique auprès du Ministre de tutelle.

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La construction du chantier naval n’a pas encore débuté. Le terrain a été identifié et validé mais le financement n’est pas encore finalisé. L’objectif de ce chantier sera de permettre la réparation navale des unités et la petite construction avec comme exemple le Chantier Naval de l'Océan Indien (CNOI) de l’île Maurice.

Le lancement de la transformation du thon ne paraît pas, à moyen terme, envisageable du fait de l’absence de marchés de destination rentables88. Il faut cependant rappeler que l’agence gabonaise de sécurité alimentaire (AGASA89), nouvelle autorité sanitaire gabonaise qui a été créée par Décret le 18 février 201190, est pleinement reconnue par l’UE pour l’exportation vers les pays de l’UE des produits de la pêche gabonaise, hors aquaculture.

Il y a ainsi lieu de s’interroger sur l’avenir de cette initiative qui n’enregistre actuellement aucun bénéfice deux ans après son démarrage et cela malgré des investissements substantiels.

3.3.3 La vision des professionnels européens sur ce projet d’infrastructure

Les professionnels européens ont confirmé l’intérêt que pourraient avoir des débarquements (sur la même base saisonnière que celle de la pêche, soit de mai à septembre) à Libreville. Il faudra préalablement résoudre le problème de la capacité de débarquement sur place et aussi celle des barrières douanières (voir section 3.4 ci-après). Par ailleurs, la perspective d’un chantier naval de qualité sur place représenterait un intérêt tout particulier pour les armements européens. En effet, dans la région, le seul chantier naval dont la compétence est reconnue est celui d’Abidjan (Côte d’Ivoire). Il n’y a pas de chantier à Tema (Ghana) ni à Dakar (Sénégal). Il y a bien un autre chantier au Cap-Vert mais son éloignement et sa qualité moindre n’en font pas une solution satisfaisante pour les armateurs. De la même façon le chantier de Luanda (Angola) testé par le passé n’a pas donné satisfaction. Ainsi, faire émerger un chantier de qualité dans la région serait très intéressant, notamment si celui-ci avait pour modèle le CNOI implanté sur l’île Maurice et géré par IBL.

3.4 Circuit de valorisation des produits

Seule la création récente de l’usine Gabon Seafood permet d’envisager un début de valorisation de la production halieutique gabonaise sur place. La pêche artisanale valorise une partie de sa production, notamment les petits pélagiques, par le fumage. Mais la majeure partie des débarquements est vendue directement sur les marchés.

Pour les armements thoniers européens, le débarquement des captures dans un port gabonais n’est pas encore d’actualité. Actuellement la capacité de débarquement est nulle pour les senneurs, or, elle doit atteindre 150 tonnes de débarquement par jour pour rendre la zone de débarquement attractive. En outre le prix d’achat du poisson se doit lui aussi d’être compétitif au regard notamment des places concurrentes que sont Téma au Ghana et surtout Abidjan en Côte d’Ivoire.

L’autre frein majeur au débarquement des thoniers européens est la barrière douanière. Cette dernière est un problème d’importance aussi bien pour l’importation des pièces et des matériaux nécessaires aux navires que pour l’exportation des produits de la pêche transformés (notamment vers le marché européen). Les taux de droit de douane au Gabon applicables aux produits des pays tiers importés varient de 5 % à 30 % et sont élevés pour les produits transformés.

Une solution à court terme pour envisager des débarquements à Libreville et sous réserve d’avoir résolu la problématique de la main d’œuvre pour le débarquement, est de réaliser un débarquement de produits congelés à fin de stockage uniquement avant réacheminement vers un site de transformation. Cette stratégie permettrait aux navires de limiter les rotations vers les ports de débarquement habituels (Abidjan et Tema) et donc d’optimiser la période de présence dans les eaux gabonaises et de permettre une exportation des produits transformés vers l’UE en s’affranchissant de la barrière douanière entre le Gabon et l’UE.

88 Pas d’avancement dans la conclusion d‘un APE avec l’UE, pas de marchés satisfaisants identifiés comme alternative hormis les États-Unis d’Amérique pour la longe de listao mais dont la valeur ajoutée est très faible.

89 http://www.agasa-gabon.com/ (consulté le 11/06/2015).

90 Décret n°0292/PR/MAPDR du 18 février 2011 portant création et organisation de l’Agence Gabonaise de Sécurité Alimentaire.

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4 Gouvernance des pêches au Gabon

4.1 Cadre institutionnel des pêches et de l’aquaculture

Depuis 2011 c’est le Ministère en charge de l’agriculture, de l’élevage, de la pêche et de la sécurité alimentaire qui est en charge du secteur de la pêche et de l’aquaculture par l’intermédiaire de la Direction Générale de la Pêche et de l’Aquaculture (DGPA)91. Cette Direction est structurée en plusieurs directions techniques localisées dans les services centraux ou provinciaux. En 2011 la DGPA avait un effectif de 367 personnes (153 personnels techniques, 43 personnels administratifs et 171 vacataires).

4.1.1 Le blocage des crédits de fonctionnement

Les fonds de la DGPA sont gelés depuis février 201492 en raison du gel des crédits publics décidé par la Présidence afin de mener un audit général de la fonction publique dans le pays, dans le cadre de la lutte contre les emplois fictifs et la corruption. En l’état actuel, les fonctionnaires de l’administration sont payés mais le décaissement par la DGPA pour les autres dépenses n’est plus autorisé. Seuls les fonds perçus au titre de l’appui sectoriel ont été débloqués en février/mars 2015 d’après le Trésor gabonais93.

Pour assurer son fonctionnement, la DGPA percevait auparavant du Trésor, en ce qui concerne la ressource thonière : le montant des autorisations de pêche versées par les navires de l’UE dans le cadre de l’APP ainsi que par les armements sous accord privé, 100 % de l’appui sectoriel et 50 % du droit d’accès versés par le budget de l'UE, les 50 % restant allant au budget de l’État94. À cela s’ajoute le paiement des tonnages pêchés.

Ce blocage dans l’utilisation des recettes perçues ne permettait pas à la DGPA de fonctionner normalement. En février 2015 une solution a été trouvée pour permettre le déblocage des sommes transmises dans le cadre de l’appui sectoriel. Les fonds sont déposés sur un compte de la Caisse des Dépôts et de Consignation (CDC) supervisé par le Trésor mais utilisable par la DGPA pour réaliser les opérations programmées et validées durant les commissions mixtes tenues dans le cadre de l’APP. Le déblocage exclusif de ces fonds s’explique par le fait qu’ils sont considérés par la partie gabonaise comme une « subvention » et ne sont donc pas enregistrés au même titre que les crédits de fonctionnement gérés par le Trésor public gabonais.

Concernant les autres recettes thonières (droits d’accès, licences et redevances) ou plus généralement concernant les crédits de fonctionnement, il n’y a aucune visibilité sur un calendrier de déblocage de la situation.

4.1.2 La réorganisation de la DGPA et la création de l’ANPA

Le mode de fonctionnement de la DGPA est jugé peu satisfaisant et manquant d’efficacité par les autorités gabonaises, notamment au regard des missions d’un service public responsable d’une exploitation rationnelle des ressources halieutiques, de la lutte contre les pêches INN ou de la collecte des données statistiques.

Devant ce constat et sur l’initiative des gestionnaires du projet Gabon bleu, le cadre institutionnel des pêches et de l’aquaculture au Gabon est en restructuration profonde. Cette restructuration vise à améliorer la performance, la profitabilité ainsi que la durabilité du secteur de la pêche et de l’aquaculture. Cette réorganisation officialisée par le Décret 37395 du 21 octobre 2014 entraîne de très nombreux changements dans les champs de compétences des administrations déjà existantes. Dans le même temps, une Agence Nationale des Pêches et

91 Créée par Décret le 9 novembre 1995 (n°0001260/OR/MTMMPTPN).

92 Comme ceux de toute l’administration.

93 Les minutes de la Commission mixte de décembre 2014 mentionnent la date de juillet 2014 avancée par la partie gabonaise pour le déblocage de ces fonds. Il apparaît que l’argent de l’appui sectoriel ait été transmis sur un compte de la Caisse des Dépôts et Consignation (CDC) à cette date mais qu’il n’a été « exploitable » par la DGPA sous la supervision d’un inspecteur central du trésor qu’en février 2015.

94 Ce partage du droit d’accès entre la DGPA et le trésor serait la justification de la non-inscription des versements aux recettes de

l’État. Son inscription ne permettrait plus l’allocation de 50 % du droit d’accès à la DGPA.

95 Portant réorganisation de la Direction Générale des Pêches et de l’Aquaculture.

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de l’Aquaculture (ANPA) a été officiellement créée par le Décret 37596 du 21 octobre 2014 en vertu de la Loi n° 020/2005 du 3 Janvier 2006 fixant les règles de création, d’organisation et de gestion des services publics.

Il faut signaler que les statuts définitifs ainsi que les missions, les moyens humains et financiers de la DGPA et de l’ANPA ne sont pas encore publiés lors de la rédaction du présent rapport. Les domaines d’intervention listés et les détails fournis sont ceux communiqués par le Directeur Général de l’ANPA, nommé en mars 2015, et les autorités du projet Gabon bleu qui supervisent la création de l’ANPA et la réorganisation de la DGPA. Pour les même raisons, il n’a pas été possible de consulter le budget prévisionnel de la DGPA et de l’ANPA après finalisation de la réorganisation. La mise à disposition des fonds suffisants pour atteindre les objectifs cités ci-dessous n’est donc pas clairement démontrée. Les modèles de création utilisés pour l’ANPA sont ceux de l’Agence Nationale des Parcs Nationaux (ANPN) et de l’Agence Gabonaise de Sécurité Alimentaire (AGASA), ces deux agences ayant été créées en 2011. De ce fait les éléments détaillés ci-après peuvent faire l’objet de modifications substantielles.

Pour les autorités gabonaises, cette nouvelle Agence a vocation à fonctionner en synergie avec la DGPA qui ne disparaît pas mais dont les prérogatives sont modifiées en profondeur. Ainsi dans un premier temps, l’ANPA va intégrer certaines des anciennes Directions de la DGPA avant de les faire évoluer (comme le Centre de Surveillance des Pêches - CSP et son personnel formé à la surveillance).

Ces changements d’organisation au profit de l’ANPA ainsi que la réorganisation dont fait l’objet la DGPA ne vont pas sans difficultés. Ainsi ce ne sont pas moins de 4 personnes différentes qui ont occupé le poste de Directeur Général depuis le début du protocole en vigueur entraînant de fait une instabilité institutionnelle vécue par l’UE comme un obstacle au développement d’une relation solide de partenariat mais, au contraire, mis en avant par la partie gabonaise comme la garantie de la réelle volonté politique de faire évoluer un système jugé déficient.

La DGPA conservera les prérogatives politiques, la veille sur la gestion et l’application des lois ainsi que sur tous les aspects réglementaires (conception des politiques, préparation des textes et décrets, contrôle de la mise en œuvre des programmes, transmission des licences au Ministre pour signature, etc.) mais abandonnera ses missions opérationnelles ainsi que ses antennes locales. De ce fait, elle ne conservera qu’un site à Libreville.

De son côté l’ANPA interviendra dans les domaines plus opérationnels (en aval de la DGPA), s’assurera du suivi et du contrôle des activités de pêche et assurera la gestion des agences décentralisées sur le littoral gabonais (Centre de pêche, Stations piscicoles, Brigades de pêches, etc.). Elle aura pour rôle :

D’exécuter les politiques sectorielles ;

De contribuer à la négociation et à la gestion des accords de pêche et autres arrangements ;

De réaliser la gestion des entités de pêche dans tout le pays ; et

D’assurer l’application de la Loi, le contrôle et la surveillance des activités de pêche et d’aquaculture, le suivi des dossiers administratifs (tri des demandes de licence).

Pour permettre à l’ANPA d’être opérationnelle, un Directeur Général ainsi qu’un Directeur Administratif et Financier ont été nommés officiellement entre mars et avril 2015. L’ANPA devrait s’installer très prochainement dans ses nouveaux locaux à la Peyrie (Libreville). Actuellement sans fonds (en juin 2015), les recrutements des premiers personnels, contractuels, n’ont pas encore eu lieu. En outre les gestionnaires devront obtenir la levée du blocage des fonds pour pouvoir percevoir les recettes de la pêcherie thonière.

L’ANPA pourra évoluer indépendamment d’une administration « classique » du fait d’une autonomie de gestion, permettant par exemple de recruter du personnel qualifié et de les faire évoluer en dehors du cadre rigide d’une administration. L’Agence pourra aussi gérer indépendamment ces fonds grâce à l’autonomie financière qui lui a été donnée. En complément d’un financement de l’État97 qui alimentera les activités de la structure, les dons,

96 Portant création et organisation de l’Agence Nationale des Pêches et de l’Aquaculture (ANPA).

97 Le financement actuel de la DGPA serait divisé en deux avec 80 % pour l’ANPA et 20 % pour la DGPA.

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les legs, les subventions et les recettes générées par le secteur de la pêche (licences et amendes notamment) complèteront le budget. Pour ce qui est spécifiquement des fonds de l'accord de pêche communautaire, ils entreront dans la catégorie des recettes du secteur et seront partagé avec la DGPA selon la clé de répartition prévue.

Les objectifs de l’ANPA sont d’être installée dans des locaux et d’atteindre un effectif de 30 personnes d’ici la fin de l’année 2015. À moyen terme, l’Agence ambitionne d’atteindre un effectif de 200 personnes avec des antennes locales puis de grandir autant que de besoin. Les agents recrutés seront contractuels et non fonctionnaires même si dans un premier temps les deux statuts coexisteront.

Le contrôle sanitaire des produits de la pêche historiquement à la charge de la DGPA a été confié à l’Agence gabonaise de sécurité alimentaire (AGASA98) créée par Décret le 18 février 201199. Cette agence est la nouvelle autorité sanitaire gabonaise, la DGPA ne gardant plus aucune attribution dans ce domaine. Cette Agence est pleinement reconnue par l’UE pour l’exportation vers les pays de l’UE des produits de la pêche gabonais, hors aquaculture.

4.1.3 Le Conseil National de la Mer (CNM)

La création du Conseil National de la Mer a été entérinée par le Décret n° 0312 du 25 septembre 2014. Ce Conseil doit servir d’interface interministérielle pour toutes les questions en lien avec l’usage de l’espace maritime au sens large et notamment les conflits d’usage qui pourraient en découler.

Il est compétent pour le suivi des sujets suivants :

Délimitation, aménagement et sécurité du domaine maritime et fluvial du Gabon ;

Aménagement et protection de l’environnement marin ;

Gestion durable et optimale des ressources halieutiques, pétrolières et minières ; et

Transport et commerce maritime.

4.1.4 La recherche halieutique

Historiquement, les seules actions de recherches structurées menées dans les eaux gabonaises l’ont été par des scientifiques de l’Office de la recherche scientifique et technique outre-mer - ORSTOM (IRD aujourd’hui) basés à Pointe Noire au Congo. Des années 1960 à 1980, les navires de l’ORSTOM (Ombango, Nizery, Capricorne) ont ainsi étudié de façon approfondie le milieu marin et les ressources marines des eaux gabonaises. Ces études ont fait l’objet de très nombreux rapports et publications transmis aux autorités gabonaises. Au cours des deux dernières décennies, un certain nombre de campagnes d’évaluation par chalutage pour les ressources démersales et par échointégration pour les ressources en petits pélagiques ont été réalisées, notamment dans le cadre du projet FAO NANSEN. Des personnels de la DGPA participaient à ces campagnes.

Il convient de préciser qu’aujourd’hui, il n’existe au Gabon aucune structure nationale de recherche impliquée dans l’étude des problématiques halieutique. Il n’y a donc aucune véritable expertise scientifique nationale dans ce domaine. Le Centre national de la recherche scientifique (CENAREST) qui est l’organe technique de coordination et d’application de la politique nationale de la recherche du Gabon, n’a pas de ressource en interne pour suivre ces problématiques. Il en est de même pour l’Institut de Recherches Agronomiques et Forestières (IRAF) qui dépend du CENAREST et qui devrait pourtant recevoir les données de capture dans le cadre du protocole en vigueur entre l’UE et le Gabon.

Certes, quelques cadres de la DGPA possèdent certaines notions acquises lors de stages ou formations ponctuels et interviennent parfois sur des sujets bien spécifiques, mais il n’y a jamais eu de réflexion nationale

98 http://www.agasa-gabon.com/ (consulté le 11/06/2015).

99 Décret n°0292/PR/MAPDR du 18 février 2011 portant création et organisation de l’Agence Gabonaise de Sécurité Alimentaire.

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sur l’intérêt d’une recherche halieutique pour la gestion des pêches gabonaises et encore moins sur une éventuelle programmation de cette dernière.

Cette carence se traduit dans les faits par une absence totale d’intérêt pour un système statistique performant, base pourtant incontournable de toute recherche en halieutique. Le Gabon avait exprimé il y a quelques années son intention de développer un Observatoire des pêches. L’étude qui s’en était suivi100 n’a malheureusement eu aucune suite à ce jour.

Les seules actions scientifiques menées actuellement le seraient par quelques experts étrangers recrutés par l’ONG américaine WCS, mais qui s’impliqueraient plutôt sur des problèmes de conservation de tortues et de cétacés.

Il n’apparaît pas que la réorganisation de l’administration des pêches entraîne une amélioration de cette situation. S’il est prévu que l’ANPA assure le suivi de l’exploitation ainsi que des statistiques en lien avec la pêche, il s’agit d’une approche de restructuration de la base de données sur le secteur et d’organisation de l’archivage sans analyse scientifique.

4.2 Politique nationale des pêches

Avec la définition du PSGE en 2011, le Gabon s’est fixé des objectifs ambitieux pour redynamiser son secteur de production halieutique (pêche et aquaculture).

Dressant un état des lieux du secteur de la pêche et de l’aquaculture, le PSGE identifie un certain nombre de pré requis pour atteindre cet objectif et en particulier :

La mise en place d’une gestion durable basée sur une meilleure connaissance de l’état de la ressource en partie grâce au renforcement de la gouvernance du secteur et des partenariats avec les pays ayant déjà marqué une avance significative dans le domaine de la pêche, notamment le Maroc, la Tunisie, le Sénégal, la France, le Japon et l’Espagne ;

La définition d’un cadre règlementaire attractif à l’investissement national et étranger ;

La définition d’une politique favorisant la transformation locale et l’appropriation d’une plus grande partie de la valeur ajoutée ;

Le renforcement du dispositif d’encadrement et de formation des techniciens, des scientifiques et des hauts cadres de l’administration ; et

La mise en place d’infrastructures terrestres adaptées (quais de débarquement, halles de marché, conservation sous froid, aires aménagées pour l’implantation d’unités industrielles et pour la transformation artisanale, etc.).

Le plan sectoriel qui a été arrêté à cette occasion a identifié dans un premier temps la mise en œuvre des actions spécifiques suivantes :

Mise en œuvre des dispositions du Code des pêches et de l’aquaculture, avec un accent particulier sur le renforcement de la surveillance maritime et la lutte contre la pêche INN ;

Création d’un centre de formation aux métiers de la pêche et de l’aquaculture destiné à professionnaliser la filière pêche ;

Organiser les divers acteurs du secteur (Groupements d’Intérêt Économique, coopératives…) pour faciliter l’accès aux financements et faciliter la commercialisation des produits ;

100 Étude COFREPECHE/DGPA/ BAD « Evaluation des stocks, gestion des ressources et mise en place d’un observatoire des pêches », 2011.

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Développement des infrastructures de débarquement et de transformation des produits halieutiques, aussi bien pour les filières industrielles que pour l’artisanat ;

Développement d’un armement national de pêche industrielle côtière (ciblant les pélagiques), à travers la création d’armements et de sociétés mixtes travaillant sous pavillon gabonais et débarquant leurs captures au Gabon ; et

Négociation des accords de pêche avec des contreparties en termes de financements, aménagements d’infrastructures, accès préférentiels aux marchés de la sous-région, etc.

4.3 Cadre juridique

Le secteur est régi par la Loi n°15/2005 portant Code des pêches et de l’aquaculture. « Les ressources halieutiques des eaux sous juridiction relèvent du domaine public de l’État. À ce titre et sous réserve des droits d’usage coutumiers, nul ne peut les exploiter, ni les récolter, ni les utiliser, ni en disposer sans autorisation préalable délivrée dans les formes et conditions prévues par la présente loi. » (Article 4) Les seuls textes règlementaires en application de la loi de 2005 sont les suivants :

Arrêté n° 0368.09/MEFEPA/DGPA du 8 mai 2006 organisant le système de suivi des activités des navires de pêche par satellite ;

Arrêté n° 00014.07/MEFEPPN/SG/DGPA du 9 janvier 2007 portant institution d’une période de repos biologique dans certaines zones de pêche en République gabonaise (éthmalose) ;

Arrêté n° 0215/MEFBP/DGCP du 28 février 2007 modifiant l’Arrêté n°0632/MEFBP du 5 août 2004 instituant une régie de recette à la Direction générale des pêches et de l’aquaculture ;

Arrêté n° 00234.08/MEFEP/DGPA du 21 mars 2008 portant interdiction de pêche aux non nationaux dans les rivières, fleuves, lagunes et lacs en République gabonaise ;

Arrêté n° 000947/MEFBP/MEFEPA du 11 juin 2008 fixant les modalités de la vente de carburant aux armements de pêche artisanale ;

Arrêté n° 000948/MEFBP/MEFEPA du 11 juin 2008 fixant les modalités de la vente de carburant aux armements de pêche industrielle ;

Arrêté n° 00503.08/MEFEP/DGPA du 5 août 2008 conférant les pouvoirs à l’autorité compétente de saisir ou de détruire les produits de pêche impropres à la consommation humaine.

Il est à noter que de nombreux décrets d’application de la Loi de 2005 sont encore manquants. Actuellement seule l’élaboration des textes sur l’obtention des licences était avancée.

4.3.1 Zone de pêche

La zone de pêche des thoniers senneurs intervenant dans le cadre d’une licence privée ou d’un accord négocié (comme l’APP) est identique. Les navires ne sont pas autorisés à pêcher dans la zone des 12 mn près des côtes.

Le tracé de la zone de pêche inscrit sur la carte 4.1 ci-dessous reprend les points transmis par la partie gabonaise durant la 1ère Commission mixte d’octobre 2013. Il semble que ces coordonnées restent basées sur l’accord de 1974 entre la Guinée équatoriale et le Gabon et ne prennent pas en compte les négociations initiées en 2004 faisant suite à la promulgation de sa ZEE par la Guinée équatoriale. De ce fait une « zone grise » constitutive d’une zone de chevauchement entre deux zones sous juridictions gabonaise et équato-guinéenne est présente (voir carte 4.2 ci-dessous).

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Carte 4.1 : zone de pêche thonière (en orange) Tracé des ZEE en noir et la zone de pêche autorisée en orange avec la zone grise au nord. Source : Gabon bleu, 2015

Carte 4.2 : zoom sur la zone grise au nord de la zone de pêche thonière Tracé des ZEE en noir et la zone de pêche autorisée en bleue avec en rouge la délimitation de 1974 entre la Guinée équatoriale et

le Gabon. Source : Gabon bleu (modifiée), 2015

Les armements français ont identifié ce chevauchement en 2013 et ont décidé d'interdire à leurs navires l'accès à cette zone. Pour les navires espagnols, les opérateurs donnent eux aussi comme consigne d’éviter la zone. En cas de capture dans cette zone par les navires sous intérêts espagnols et sous pavillon tiers (voir section 4.4) travaillant avec des licences privées, c´est l’Instituto Español de Oceanografía (IEO) qui attribue le ratio de capture pour chacun des deux pays, les scientifiques divisant la zone grise en deux.

4.3.2 Le contrôle de la zone de pêche

La DGPA ne peut intervenir directement que dans la zone des 12 milles marins du fait de ses moyens matériels actuels. La projection des moyens de contrôle en mer dans la zone de pêche des navires de l’UE ne peut se faire qu’avec le soutien de la Marine nationale gabonaise. Des missions conjointes associant la DGPA, l’ANPN et la gendarmerie sont prévues. Un réseau d’informateurs est déployé au niveau de la côte (notamment aux frontières) pour rendre compte de l’entrée de navires étrangers dans la zone sous juridiction gabonaise et lutter contre la pêche INN. Une surveillance « participative » de la ZEE est réalisée avec l’appui des pêcheurs –

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notamment européens101 - et des pétroliers. Par ailleurs, le projet Gabon bleu et la WCS possèdent aussi des moyens de contrôle, 4 avions et des ULM ont la charge de la surveillance des parcs marins par des survols côtiers et peuvent étendre la surveillance à la ZEE si besoin.

Le cadre réglementaire de ces interventions n’est pas très clair. Les nouveaux décrets d’application devraient permettre une meilleure compréhension du rôle et des mandats réglementaires de chacun des intervenants. Une dizaine de navires ont été arraisonnés dans la bande côtière, notamment quatre navires équato-guinéens, quatre navires congolais et deux navires chinois. Tous les produits de la pêche illégale sont saisis et donnés aux ONG ou aux personnes en difficulté. Aucune opération d’inspection conjointe UE / Gabon n’a été réalisée.

4.3.3 Le cadre de la pêche thonière défini par la CICTA

Le cadre de gestion de la pêche thonière au Gabon ne fait pas l’objet d’une réglementation spécifique. C’est donc le Code des pêches de 2005 qui s’applique et qui est complété si besoin par les réglementations internationales (CNUDM notamment) et régionales (CICTA et les Comités des pêches - COPACE).

Les mesures de gestion de la CICTA peuvent être scindées en deux groupes : le premier concerne les mesures visant à prévenir la pêche INN ; le second rassemble les mesures techniques de gestion des pêcheries (Total Admissible de Capture - TAC, limitation de l’effort ou de la capacité de pêche, taille minimale, etc.).

La Recommandation [14-01] de la CICTA portant sur un programme pluriannuel de conservation et de gestion pour les thonidés tropicaux fixe les bases minimales de gestion et de contrôle applicable à la pêcherie. Elle fixe un TAC global pour le thon obèse de 85 000 tonnes ainsi que de 110 000 tonnes pour l’albacore. Le texte prévoit en outre des mesures techniques en lien avec l’utilisation des DCP et des obligations déclaratives faites aux armements ainsi qu’aux parties contractantes. Par-delà les mesures de limitation de captures, la recommandation formule une interdiction de pêcher à l’aide de DCP artificiels dans la zone présentée dans la carte 4.3 pendant les deux premiers mois de l’année à partir de Janvier 2013102. Tous les navires de plus de 20 m doivent de plus embarquer des observateurs-inspecteurs pendant cette période et transmettre par la suite les données à la CICTA.

Carte 4.3 : zone de fermeture spatio-temporelle de la pêche sous DCP à partir de 2013 Source : réalisation propre d’après CICTA (fond de carte de Google Earth)

101 Le protocole en vigueur prévoyant une surveillance « participative » en matière de lutte contre la pêche INN (Annexe - Chapitre VI – article 4).

102 Limite Nord : côte africaine ; Limite Sud : parallèle 10º de Latitude Sud ; Limite Ouest : méridien 5º de Longitude Ouest ; Limite Est : méridien 5º de Longitude Est.

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Cette mesure n’impacte cependant pas directement la pêche dans la zone de pêche sous juridiction gabonaise.

4.4 Mode d’accès des navires étrangers

Indépendamment des accords négociés avec les flottes du Japon, de la Chine ou de l’UE, le Gabon négocie des licences privées avec des armements étrangers (Tableau 4.1).

Tableau 4.1 : nombre de senneurs ayant une licence sous accord privé

2013 2014 2015

Nombre de navires 17 17 négociation en cours

Dont Belize N.C 3 N.C

Dont Cap-Vert N.C 2 N.C

Dont Curaçao N.C 3 N.C

Dont Ghana 7103 4 N.C

Dont Guatemala N.C 1 N.C

Dont Panama N.C 2 N.C N.C non communiqué. Sources : DGPA (pour le nombre de navires total) et DG MARE (pour le détail)104, 2015.

Ces navires sont des anciens navires espagnols intervenant par le passé dans le cadre d’accords de pêche entre l’UE et des pays riverains de l’ouest africain. Ces navires ont été re-pavillonnés notamment au Panama, au Belize ou au Guatemala, pour des raisons économiques. Conformément à la législation nationale, les licences sont attribuées pour une année calendaire et sont renouvelables. Elles peuvent être suspendues en cas de non-respect des conditions d’application de la licence. Pour 2015, lors de la rédaction de ce rapport, la négociation pour l’attribution des licences n’avait pas encore abouti, les discussions se poursuivant autour des mesures techniques imposées par la partie gabonaise. Il faut noter que dans le cadre du Code de pêche de 2005 (article 14), il est prévu que des plans d’aménagement soient établis pour les principales pêcheries en prenant en compte notamment leur état d’exploitation de la ou des pêcheries ainsi que les objectifs à atteindre lors de l’exploitation. Ces plans d’aménagement n’ont pas été communiqués. Dans le cadre de ces accords privés, l’armement du navire verse un droit d’accès de 120 000 euros qui donne droit de capturer 1 000 tonnes. En cas de dépassement de cette allocation, la tonne supplémentaire est facturée 120 euros. Actuellement, les navires d’appui doivent s’acquitter d’une redevance de 100 000 euros. Ce prix jugé prohibitif par les armements fait que les navires d’appui ne sollicitent pas d’autorisation et qu’ils n’interviennent donc pas dans les eaux gabonaises. Il faut noter que les navires intervenant dans le cadre d’une licence privée sont autorisés à mettre à l’eau des DCP sans limitation. Ils doivent par ailleurs transmettre les informations sur les captures sur une base quotidienne. Les informations sur les volumes de capture de ces navires n’ont pas été communiquées.

Tous les ans, la liste des navires sous accord privé devrait être transmise au service de la DG MARE de l’UE dans le cadre de la demande de surveillance participative en matière de lutte contre la pêche INN inscrite dans le protocole en vigueur (Annexe, chapitre VI article 4). Une liste a été communiquée en février 2014 mais n’a pas été actualisée alors même que de nouveaux navires étrangers ont signé des licences en cours d’année comme il est possible de le constater en comparant la liste transmise avec le nombre total de navires communiqué par la DGPA (Tableau 4.1). En 2015 aucune liste n’a été communiquée, il a été indiqué durant la Commission mixte extraordinaire qu’aucun navire étranger n’était encore autorisé sous licence privée.

103 3 de ces navires ont eu leurs licences supprimées après 3 mois pour non-respect des termes de l’accord.

104 Information transmise par la DGPA à la DGMARE le 7 février 2014.

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4.5 Application des mesures de conservation et de gestion

Depuis 2006, la DGPA dispose d’un système de suivi des activités de pêche par balises « Vessel Monitoring System - VMS » avec un centre opérationnel basé dans ses locaux105. En septembre 2013, une délégation de la DG MARE a réalisé une mission de renforcement des capacités sur place couplée à une évaluation des besoins. Elle a ainsi réalisé un état des lieux du bureau en charge de la surveillance des pêches ainsi qu’une évaluation des besoins de contrôle. L’accent a été mis sur l’amélioration de la signalisation et du marquage des pirogues et engins de pêche. La mission a été répétée en 2014 dans le cadre du renforcement de capacité mené conjointement avec l'Agence Européenne de Contrôle des Pêches (AECP106). Cette deuxième mission avait pour objectif de former des agents du CSP aux méthodes de contrôle appliquées dans l'UE, les niveaux de participation et d'implication avaient été jugés décevant par les formateurs.

Il est prévu107 que le système VMS soit complété par d’autres systèmes techniques (Radar, Automatic Identification System – AIS, etc.) et que le Gabon dispose d’un centre de contrôle et de surveillance de son domaine maritime qui soit capable de mettre en œuvre un ensemble de moyens (techniques, humains, maritimes et aériens) aptes à combattre efficacement la pêche INN sur l’ensemble de la ZEE. Le financement n’est cependant pas détaillé et n’a pas été transmis durant l’évaluation.

Depuis avril 2015 et par l’intermédiaire de l’aide américaine, le radar militaire basé à Port-Gentil a été remis en état et a été confié aux autorités gabonaises. Ce système radar AIS permettrait théoriquement de suivre les navires passant entre Sao Tomé-et-Principe et le Gabon. Les deux pays discutent actuellement un protocole visant à la mise en place d’un réseau commun. Cet outil devrait permettre de renforcer les contrôles dans la zone même si de nombreuses questions se posent sur la portée et les capacités réelles de ce système.

4.6 Développements possibles et contraintes

Le secteur des pêches au Gabon souffre depuis plusieurs années de maux structurels liés :

À la faiblesse technique des acteurs gabonais de la filière du fait de la faible mise en valeur du secteur au niveau national qui laisse aux ressortissants des pays voisins l’exploitation des ressources côtières ;

Sur le plan de la gouvernance, au manque de stabilité institutionnelle particulièrement important ces dernières années du fait du gel des fonds publics et de la refonte de l’administration des pêches ;

Sur le plan de la recherche, à l’absence totale de recherche nationale dans le domaine de l’halieutique entrainant une insuffisance de connaissances fondamentales tant sur l’état des ressources et de ses stocks que de l’effort de pêche ;

Sur le plan de la fiscalité, aux contraintes liées au prix de l’investissement et aux barrières douanières rendant la fiscalité inadaptée au développement d’une flotte gabonaise ; et

À une politique nationale tournée principalement vers l’exploitation des hydrocarbures entrainant ce qu’on appelle le syndrome hollandais (Dutch disease108). Ainsi l’économie nationale toute entière tournée vers le secteur du pétrole pénalise les autres secteurs, comparativement peu compétitifs, en augmentant les revenus à la disposition de l'État, accroissant la demande de biens et provoquant une hausse générale des prix dans le pays. Cette hausse des prix est au détriment des secteurs moins compétitifs (la pêche dans notre exemple), qui devra payer ses fournisseurs et ses employés plus cher.

105 Source : Revue socio-économique et environnementale du secteur de la pêche industrielle au Gabon- 2010- Rapport COFREPECHE/DGPA.

106 Plus connu sous son acronyme anglais EFCA - European Fisheries Control Agency.

107 Source : Chouinard John- 2013- Centre de contrôle et de surveillance des pêches au Gabon– Rapport COFREPECHE/DGPA.

108 https://fr.wikipedia.org/wiki/Maladie_hollandaise.

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Dans un tel contexte de dysfonctionnement à la fois public et privé, plusieurs vecteurs d'amélioration peuvent être proposés, tels que :

La volonté politique, au plus haut niveau de l’État de mettre en place une amélioration de la gestion de la pêche dans le pays et de capter la rente halieutique par une augmentation de la production nationale ;

Le projet de mise à jour de l'ensemble de l'arsenal législatif et de ses décrets d’application liés à la pêche dans les eaux gabonaises ;

La réorganisation du cadre institutionnel de la pêche avec la création de l’ANPA ; et

Le renforcement du dispositif de surveillance dans les ZEE notamment par la mise en œuvre du plan d'action contre la pêche INN.

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5 Mise en œuvre du protocole de l’APP entre l'UE et le Gabon

5.1 Évolution de l’accord de partenariat dans le domaine de la pêche entre l’UE et le Gabon

Le premier accord de pêche conclu entre l’UE (alors Communauté économique européenne) et la République du Gabon a été signé en décembre 1998 pour une période de 3 ans. Depuis lors, 2 nouveaux accords ont été signés, en 2001 puis en 2007. C’est dans le cadre du dernier accord que 2 protocoles ont été appliqués : de décembre 2005 à décembre 2011 puis de juillet 2013 à juillet 2016. De janvier 2012 à juin 2013, correspondant à la période de négociation du nouveau protocole, aucun navire battant pavillon de l’UE n’a été autorisé à pêcher dans la ZEE gabonaise, l’APP ayant une clause d’exclusivité. Durant cette période, les navires sous pavillons tiers ont pu continuer à pêcher dans le cadre d’autres accords.

Malgré le changement de cadre juridique, la structure de ces accords reste relativement similaire (voir Tableau 5.2). La partie commerciale, correspondant essentiellement à l'accès aux eaux et aux ressources halieutiques gabonaises, est constituée de la compensation financière en échange de possibilités de pêche et perdure. La partie « aide et soutien » (actions spécifiques) des protocoles d’avant 2007 évolue pour devenir une composante « appui à la mise en œuvre de la politique sectorielle de la pêche du Gabon » (dénommé « appui sectoriel » ci-dessous et dans les chapitres suivants). La mise en œuvre de l’APP se fait ainsi dans la continuité de celle de l’accord de 1998.

Le protocole actuel, en application depuis le 23 juillet 2013 pour une période de 3 ans comporte, en comparaison du protocole précédent, un grand nombre d’éléments nouveaux dont les plus importants sont :

La création d’une redevance nationale pour les navires de l’UE demandant une licence. Cette dernière, d’un montant forfaitaire, n’est pas liée au calcul d’une base fixe à partir d’un tonnage de référence109. Suite à ce versement, un prix à la tonne est facturé dès la première tonne pêchée. Cette redevance correspond à un droit d’entrée dans la zone de pêche sous juridiction gabonaise pour y pêcher, indépendamment du niveau d’effort de pêche réalisé et des résultats obtenus ;

La disparition du protocole des possibilités de pêche pour les palangriers de surface, le précédent protocole autorisait 16 navires ;

L’apparition dans le protocole d’une autorisation de 8 thoniers canneurs de l’UE à bénéficier de possibilités de pêche ;

La demande faite de veiller à ce qu’aucun dispositif de concentration de poisson (DCP) porteur de balise d’un navire de l’UE ne s’introduise dans la bande de 12 milles marins ainsi que dans les zones adjacentes aux activités d’exploration et d’exploitation pétrolière ;

L’interdiction des navires d’appui dans la zone de pêche sous juridiction gabonaise ;

La limitation dans l’utilisation des DCP dérivants artificiels en ayant recours à des DCP dits écologiques (non maillants110 et biodégradables) ;

La création d’une redevance forfaitaire annuelle de 200 euros payable par navire au titre de contribution au régime d’observation de leurs activités de pêche, qui prévoit la possibilité d’embarquement d’un observateur ; et

109 Le tonnage de référence ne constitue pas une limite de captures, mais un seuil pris en compte pour le calcul de la contribution financière initiale provenant du budget de l'UE. En cas de dépassement de ce seuil, il existe généralement un mécanisme permettant de calculer un complément à la compensation financière, sur base du dépassement constaté. Ce modèle de calcul n’est pas défini dans le protocole. L’article 6 fait mention de l’organisation d’une Commission mixte pour établir les modalités du paiement complémentaire dû. Par ailleurs il existe un mécanisme de suivi des captures avec un niveau d’alerte à 80 % qui déclenche l’organisation d’une Commission mixte.

110Ces dispositifs visent à circonscrire la mortalité accidentelle de la faune marine par maillage dans les matériaux constituant le DCP (notamment des tortues et des requins).

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La mise en place d’une surveillance « participative » en matière de lutte contre la pêche INN, reposant notamment sur les signalements faits par les navires de pêche de l’UE présents dans la zone de pêche sous juridiction gabonaise.

Le tout premier protocole (1998-2001) offrait des possibilités de pêche pour 42 thoniers senneurs et 33 palangriers de surface. Du fait de la richesse de la zone en ressources thonières, les navires sont restés présents jusqu’à l’intensification de la pêche dans l’océan Indien. Les navires se sont alors massivement redéployés vers cette zone. L’avènement de la piraterie dans l’océan Indien dans les années 2007-2009 provoque un mouvement retour des navires thoniers européens111. Les protocoles ne reflètent pas directement cette tendance en termes de possibilités de pêche, exprimées en nombre d’autorisations de pêche disponibles, qui ont été portées successivement à 42, 38, 24 puis 27 pour les thoniers senneurs.

Alors que des possibilités de pêche avaient été accordées aux palangriers de surface sans interruption depuis 1998, le protocole actuel ne permet pas à ces navires d’accéder aux ressources de la zone de pêche gabonaise. Cette décision prise à l’initiative de la partie gabonaise durant les négociations était justifiée par une problématique de conservation des requins et de lutte contre les captures d’espèces protégées (tortues principalement). Cette suspension de l’activité des palangriers a été généralisée en 2012 à tous les pavillons pêchant dans les eaux gabonaises mais n’est pas inscrite dans la loi nationale. Il est donc envisageable de prévoir un retour de ces navires dans le futur en cas de changement de politique.

Les négociateurs ont vu la possibilité de remplacer ces palangriers de surface dans le nouveau protocole en ouvrant des possibilités à un métier jugé plus « écologique » par la partie gabonaise du fait des captures plus sélectives s’insérant mieux dans une politique environnementale volontariste et permettant des débarquements sur place. Des opportunités de pêche ont donc été prévues dans le cadre du nouveau protocole pour un maximum de 8 thoniers canneurs. Ces navires européens (espagnols majoritairement) opérant depuis Dakar éprouvaient des difficultés au moment de la négociation à trouver des zones d’intervention traditionnellement situées de la Mauritanie au Liberia et les autorités gabonaises voyaient d’un bon œil la possibilité d’introduire ce métier dans le protocole. Ils ont ainsi été inclus dans le protocole par effet d’opportunité. Comme indiqué dans le chapitre 2 – section 2.2.1 le Gabon dispose d’une ressource en petits pélagiques (Sardinella aurita) de taille adéquate (8 à 12 cm) pour servir d’appât aux canneurs, mais cela dans des zones particulières (à 2°30 sud, sur les fonds de 50 m et en baie de Mayumba) et l’état de la ressource n’est pas évalué.

Cette introduction est cependant un échec puisqu’aucune demande d’autorisation de pêche n’a été soumise. Les armements de ces thoniers sont très réticents à s’éloigner autant de leurs zones d’activités traditionnelles et jugent impensable de travailler dans la zone en l’état actuel des connaissances. En effet, l’absence de garanties pour les professionnels sur l´obtention des appâts vivants indispensable à la pêcherie est rédhibitoire. Il faudrait donc réaliser un diagnostic sur la présence des appâts vivants sur la zone ainsi que sur la possibilité de développer des relations entre les pêcheurs locaux et les canneurs comme c’est le cas au Sénégal112. La partie gabonaise a réitéré à plusieurs reprises durant les Commissions mixtes son accord à permettre des campagnes de prospection pour ces navires sans pour autant qu’une telle initiative aboutisse.

La zone de déploiement de thoniers canneurs est beaucoup plus restreinte que celle des senneurs, car ils ne peuvent pas parcourir de grandes distances. Pour cette raison, la présence de plusieurs accords disponibles dans la zone d’intervention est considérée comme hautement stratégique, dans le cas du Gabon, de l’Angola, du Congo et de la Guinée équatoriale sans que pour autant la question de l’approvisionnement en appât ne soit résolue. Enfin, la question du débarquement de la totalité de la capture au Gabon afin d’alimenter le marché local telle qu’elle est inscrite dans le protocole en vigueur113 est aussi un problème pour les professionnels qui

111 Cf. COFREPECHE et al., (2013), Rapport d'évaluation de l'APP entre l'UE et les Comores

http://ec.europa.eu/fisheries/documentation/studies/comoros/index_en.htm. 112 Au Sénégal, les thoniers canneurs ont des « partenariats » avec les pirogues des pécheurs locaux qui assurent la disponibilité en appât vivant pour les canneurs en échange d´argent, d’engins de pêche, etc.

113 Annexe – Chapitre V – article 2.b.

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souhaitent plutôt privilégier des transbordements. Ces derniers étant eux aussi interdits par le protocole en vigueur.

Tableau 5.1 : évolution des protocoles récents (1998 à 2016)

Protocole 1998-2001 2001-05 2005-11 2013-16

A) Montant annuel de l’accès (EUR) 270 000 378 750 344 000 900 000

B) Appui annuel au secteur de la pêche (EUR) 405 000 883 750 516 000 450 000

Somme A + B 675 000 1 262 500114 860 000 1 350 000

Tonnage de référence (t) 9 000 10 500 11 000 20 000

Indicateur du montant annuel de l’accès (EUR/tonne) 30 36 31 45

Indicateur de la contribution totale de l’UE (EUR/tonne)

(A + B) / tonnage de référence 75 75115 78 67,5

Redevance forfaitaire des armateurs (EUR/tonne) 25 25 35 55/65***

Somme contribution UE + armateurs (EUR/tonne) 100 100 113 123/133

Thoniers senneurs

Possibilités de pêche (nb d’unités) 42 38 24 27

Tonnage forfaitaire (t) 100 104 130 0

Avance forfaitaire (EUR)* 2 500 2 600 4 550 13 750

Palangriers de surface

Possibilités de pêche (nb d’unités) 33 26 16 -

Tonnage forfaitaire (t) 44/32** 44 58 -

Avance forfaitaire (EUR) 1 100/800** 1 100 2 030 -

Chalutiers

Possibilités de pêche – capacité (GRT) - 1 200 - -

Tonnage forfaitaire* - - - -

Redevance (EUR/TJB) - 168 - -

Thoniers canneurs

Possibilités de pêche (nb d’unités) - - - 8

Tonnage forfaitaire (t)* - - - 0

Avance forfaitaire (EUR)* - - - 13 750

* : Du fait de la disparition du tonnage forfaitaire dans le protocole 2013-16, l’avance forfaitaire est remplacée par une redevance nationale ; ** Distinction entre les palangriers de plus de 150 TJB (44 t - 1 100 EUR) et de moins de 150 TJB (32 t - 800 EUR) ; *** 55 EUR pour la première année du protocole puis 65 EUR pour les deuxième et troisième années ; Source : élaboration par les auteurs à partir de données transmises par la Commission européenne

Le tonnage de référence a très grandement évolué puisqu’il est passé de 9 000 tonnes (en 1998-2001) à 20 000 tonnes (en 2013-2016). C’est notamment dans le cadre de ce dernier protocole que le tonnage a été considérablement augmenté passant de 11 000 tonnes à 20 000 tonnes. Dans le même temps, L’indicateur de

114 Le protocole de la période 2001-2005 précise que la contrepartie financière pour l'accès des navires thoniers s'élève à 787 500 EUR par an. Par déduction, l'accès des chalutiers est de 475 000 EUR par an.

115 Sur la période 2001-2005, seule la contrepartie financière pour l’accès des navires thoniers (pour rappel 787 500 EUR) est prise en compte pour définir ce prix de référence.

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la contribution provenant du budget de l’UE pour l’accès à la ressource est passé de 30 euros/t en 1998 à 45 euros/t en 2013. L’augmentation du tonnage de référence et les augmentations du coût d’accès ont été répercutées le plus fortement sur la redevance forfaitaire annuelle à la charge des armateurs. Cette répartition de l’effort est conforme aux conclusions de la réforme de la Politique Commune de la Pêche (PCP) rééquilibrant les contributions vers une plus grande participation privée aux coûts d'accès. Ainsi, la redevance forfaitaire est passée de 25 euros/t en 1998 à 65 euros/t en 2014. À cela s’ajoute le remplacement du tonnage forfaitaire, habituel dans d'autres accords thoniers, par une redevance nationale. L’évolution de la compensation financière, qui correspond à la multiplication du tonnage de référence par la somme des contributions, est donc restée proportionnelle aux évolutions du tonnage de référence.

L'APP mis en œuvre à partir de 2007 a maintenu un équilibre entre le tonnage de référence et les coûts d’accès. Il faut cependant noter que dans la répartition des charges, les armements ont été mis à contribution de façon plus importante.

5.1.1 Utilisation des autorisations de pêche et du tonnage de référence

Durant les 6 années d’application du protocole précédent, l’utilisation des autorisations de pêche était globalement satisfaisante pour les thoniers senneurs (83 %). Pour le protocole en vigueur (2013-2016), le taux d’utilisation est proche de celui de la période précédente pour les thoniers senneurs mais les nouvelles autorisations pour les thoniers canneurs n’ont jamais été utilisées (cf. Tableau 5.2) ni même fait l’objet d’une expérimentation.

Tableau 5.2 : utilisation des autorisations de pêche (2006 -2015)

2006-11* 2013 2014 2015***

Thoniers senneurs (nbr d’autorisations

disponibles) 24 27 27 27

Espagnols (15 navires**) - 14 13 12

Français (12 navires**) - 9 9 9

TOTAL 20 23 autorisés

(dont 13 réellement

actifs)

22 autorisés

(dont 21 réellement

actifs)

21

% d’utilisation des autorisations de pêche 83 % 85 % 81 % 78 %

% de fréquentation des eaux 48 % 77 %

Thoniers canneurs (nbr d’autorisation) 0 8 8 8

Espagnol (7 navires**) - 0 0 0

Français (1 navire**) - 0 0 0

% d’utilisation - 0 % 0 % 0 %

* En moyenne sur les 6 années (pour comparaison, les palangriers de surface ont été retirés) ; ** Conformément au Règlement UE n° 897/2013 article premier a) et b). Les navires listés dans les colonnes suivantes ont réglé le droit d’autorisation de 13 750 EUR ; *** Ces données sont provisoires ; Source : Oceanic et Megapesca, 2011, complété avec les données transmises par la Commission européenne

En 2013, 85 % des thoniers senneurs ont réglé la redevance nationale mais seulement 43 % de ces navires sont effectivement venus pêcher dans la zone de pêche. Cela s’explique par la signature du protocole en juillet soit en plein milieu de la saison (voir Figure 3.5).

Malgré la richesse des eaux, il est à noter que le taux d’utilisation des autorisations de pêche pour les thoniers senneurs, bien que relativement élevé, n’exploite jamais la totalité des capacités allouées. Quant aux thoniers canneurs ils n’ont pas porté d’intérêt à cette zone.

Les armements des thoniers senneurs semblent privilégier une approche régionalisée avec une prise en compte de la position de la ressource dans l’Atlantique Est durant l’ensemble de la saison de pêche (comme ce fut le

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cas dans la zone de pêche mauritanienne pour la flotte espagnole avec des captures exceptionnellement élevées depuis 2012 notamment grâce à l’utilisation plus importante des DCP). Les opérateurs français ont veillé à maintenir un nombre de navires stable sur les trois années du protocole. Ils souhaitent conserver une opportunité pour un navire supplémentaire de demander une autorisation de pêche (pouvant venir de l’océan Indien) ainsi qu’une marge de manœuvre par rapport au gel de la capacité de pêche demandé par la CICTA.

Même si cette stratégie des opérateurs européens leur permet de réserver un accès spatial potentiel le plus large possible, par principe de précaution face aux incertitudes liées à la répartition spatiale de la ressource, cette situation est problématique pour la partie gabonaise. En effet, le cadre réglementaire national (Code des pêches de 2005) les oblige à prendre en compte les capacités offertes aux navires de l’UE pour définir les opportunités des autres flottes que ce soit dans le cadre d’accords nationaux et/ou d’accords privés116. L’application de cette règle reste sujette à interrogation comme cela est mentionné dans la partie ex post de l’évaluation.

L’utilisation des tonnages de référence durant les différents protocoles est présentée dans le Tableau 5.3.

Tableau 5.3 : utilisation du tonnage de référence dans le cadre du précédent protocole et celui en vigueur (tonne), 2006 – 2014

Type de

navire

État

membre 2006* 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014**

Thoniers

senneurs

Espagne 913 1 987 7 669 5 916 6 435 9 015 - 995 7 102

France 3 891 1 799 2 254 1 635 10 549 7 975 - 7 112 11 390

Sous-total 4 804 3 785 9 923 7 551 16 984 16 990 - 8 107 18 492

Palangriers

Espagne 58 434 254 249 243 365 - - -

Portugal 0 0 0 14 62 0 - - -

Sous-total 58 434 254 263 305 365 - - -

Thoniers

canneurs

Espagne - - - - - - - 0 0

France - - - - - - - 0 0

Sous-total - - - - - - - 0 0

Total tous navires 4 862 4 219 10 177 7 814 17 290 17 355 - 8 107 18 492

Tonnage de référence 11 000 t par an - 20 000 t par an

% du tonnage de référence 44 % 38 % 93 % 71 % 157 % 158 % - 41 % 92 %

* : Le protocole précédant ayant été signé en novembre 2005, les données de cette année ne sont pas prises en compte ; ** : données provisoires pour 2014 transmis par la DG MARE dans le cadre de la préparation de la Commission mixte extraordinaire ; Source : élaboration par les auteurs à partir des données transmises par les États membres de l’UE et archivées par la DG MARE

Il apparaît très clairement que le tonnage de référence du protocole précédant (2005-2011) n’était plus pertinent au regard du volume des captures de 2010 et de 2011. En raison de l’absence d’un protocole valide, aucune capture n’a été réalisée par les navires de l’UE durant l’année 2012. Par la suite, la signature du nouveau protocole en juillet 2013 (date tardive en regard de la saison de pêche sur la zone) n’a pas permis aux navires de réaliser une campagne complète ou même de se rendre sur la zone d’où le pourcentage d’utilisation du

116 L’article 14 du Code des pêches de 2005 précise qu’en matière de pêche, des plans d’aménagement sont établis sur la base des

principales pêcheries selon un modèle dont le contenu et les modalités de mise en œuvre sont déterminés par arrêté du ministre. Ce plan doit comporter (entre autres) la détermination du niveau d’effort de pêche imposable ou requis à l’endroit de toute flotte opérant dans la zone concernée.

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tonnage de référence particulièrement faible cette année-là (41 %). Il faut constater que les navires français ont immédiatement réagi à la réouverture de cette zone puisqu’ils ont en quelques mois réalisé des captures presque équivalentes à celles de l’année 2011. A contrario, les espagnols n’ont effectué que ce qui semble être une campagne de prospection puisqu’ils travaillaient alors avec succès dans la zone de pêche mauritanienne. Les captures de l’année 2014, dont les chiffres sont encore provisoires, semblent entériner la relance de la pêche sur la zone pour les deux flottes avec un pourcentage d’utilisation du tonnage de référence de 92 %. Si ce taux venait à être reproduit dans les années à venir, il pourrait confirmer la pertinence du nouveau tonnage de référence.

Du fait de la mise en place d’une redevance nationale dont doivent s’acquitter les navires de l’UE donnant droit à une autorisation de pêche avec un montant forfaitaire à la charge des armateurs sans lien avec le tonnage pêché, la notion de dépassement du tonnage alloué disparaît (dans la limite globale du tonnage de référence correspondant à la somme de toutes les captures). La modalité de calcul du paiement de la tonne pêchée au-delà de ce tonnage de référence n’est pas explicitée dans le texte du protocole. Lors de l’atteinte de 80 % du tonnage de référence annuel, il est prévu de tenir une réunion spécifique de la Commission mixte pour établir les modalités du paiement complémentaire dû (article 6) générant ainsi un fort degré d’incertitude pour les parties prenantes de l’accord.

5.1.2 Revenus obtenus par le Gabon dans le cadre du protocole en cours

Le prévisionnel de revenus liés à l’application du protocole en cours que le Gabon obtiendra au titre de l’année 2014 (première année couvrant la période de pêche dans la zone dans son entier) serait de l’ordre de 2,3 millions d’euros (cf. Tableau 5.4 ci-dessous ligne « Total contribution armateurs et contribution UE »). À cela s’ajoutera vraisemblablement la deuxième tranche de l’appui sectoriel actuellement non versée (450 000 euros) soit un revenu total dépassant les 2,8 millions d’euros.

Ces revenus sont relativement proches de ceux que le pays pouvait espérer encaisser en cas de pleine utilisation des possibilités de pêche (3 millions d’euros). L’écart s’explique par l’absence d’utilisation du protocole par les thoniers canneurs. Le versement d’une redevance nationale déconnectée de l’activité des navires et un niveau assez élevé d'utilisation des possibilités de pêche expliquent cette performance. La contribution des armements à la mise en œuvre du protocole en 2013 a été de 42 % (pour 5 mois d’activité) contre 66 % dans le cas d'une pleine utilisation. En l’absence du versement de l’appui sectoriel en 2014, le pourcentage de contribution n’est pas comparable, cependant il serait de 52 % après son versement. Il apparaît donc que la non-participation des armements canneurs à la contribution générale a un coût élevé pour l’UE. La répercussion de cette absence sur le coût à la tonne pêchée reste cependant marginale.

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Tableau 5.4 : revenus max. et min. théoriques en fonction des taux d’utilisation des autorisations de pêche

Pleine utilisation Utilisation 2013 Utilisation 2014*

Tonnage de référence et captures (1) 20 000 8 107 18 492

Catégorie Senneurs Canneurs Senneurs Canneurs Senneurs Canneurs

Nombre d’autorisations utilisées (2) 27 8 23 0 21 0

Redevance nationale (EUR) (3) calculée au pro rata temporis 13 750 13 750 6 065 6 065 13 750 13 750

Contribution financière observation (EUR) (4) 200 200 200 200 200 200

Montant forfaitaire (EUR/tonne pêchée) (5) 55/65** 55 55 / 65

Coût de l’accès par navire UE (EUR) (6) = (3) + (4) 13 950 13 950 6 265 6 265 13 950 13 950

Coût total de l’accès des navires (7) = (6) x (2) 376 650 111 600 144 095 0 292 950 0

Coût du tonnage pêché (EUR) (8) = (1) x (5) 1 240 000 445 885 1 191 905

Total contribution armateurs par an (9) = (7) + (8) 1 728 250 589 980 1 484 855

Montant annuel pour l’accès à la zone (10) 900 000 900 000 900 000

Montant spécifique annuel pour l’appui sectoriel (11) 450 000 450 000 0***

Total contribution de l’UE par an (12) = (10) + (11) 1 350 000 1 350 000 900 000

% Contribution armateurs / UE 66 % 43 % 62 % / 52 %

Total contribution armateurs et contribution UE (13) = (9) + (12) 3 078 250 1 939 980 2 384 855 / 2 834 855

Coût moyen pour chaque tonne pêchée (EUR) (14) = (13) / (1) 154 239 155

* les données 2014 sont provisoires ; ** 55 EUR/t pour la première année d’application du protocole du 24 juillet 2013 au 23 juillet 2014 puis 65 EUR/t du 24 juillet 2015 à la fin du protocole. De ce fait le montant forfaitaire pour le modèle théorique de pleine utilisation est calculé de la façon suivante (55*1/3+65*2/3=62 EUR/t) ; *** l’appui sectoriel n’a pas été versé pour le compte de l’année 2014 en raison du retard pris dans la réalisation des objectifs par la partie gabonaise, il sera versé en 2015 et est pris en compte dans les

lignes suivantes du tableau après le « / » de séparation ; Source : élaboration par les auteurs à partir des données transmises par la Commission européenne

Tableau 5.5 : montant total obtenu par le Gabon en 2013 et 2014 (euro)

2013 2014*

Montant payé par les armateurs pour les autorisations de pêche (1) 766 735 1 484 855

Montant payé par les armateurs pour le dépassement du tonnage forfaitaire (2) 0 0

Montant total acquitté par les armateurs (3) = (1) + (2) 766 735 1 484 855

Contribution de l’UE pour l’accès des navires européens à la ZEE du Gabon 900 000 900 000

Montant total pour l’accès (armateurs et UE) 1 666 735 2 384 855

Appui sectoriel de l’UE 450 000 0

Montant total pour l’accès et l’appui sectoriel 2 116 735 2 384 855

* Données provisoires ; ** l’appui sectoriel n’a pas encore été versé pour le compte de l’année 2014 en raison du retard pris dans la réalisation des objectifs par la partie gabonaise ; Source : Réalisation propre d’après fichiers de la Commission européenne

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Il n’y a pas eu de dépassement du tonnage de référence durant les deux premières années d’application du protocole. Cependant, du fait de la redevance nationale sans lien avec un tonnage forfaitaire, il ne faut pas oublier de calculer le coût moyen de l’accès à partir de la somme du prix forfaitaire (55 euros la première année d’application du protocole – au pro rata temporis - puis 65 euros les deux années suivantes jusqu’au terme du protocole) auquel on ajoute la redevance nationale (13 750 euros) et dans une moindre mesure la redevance de participation au programme d’observation (200 euros). Cette dernière devrait être payée par les armements en même temps que le paiement des captures (une fois par année d’application du protocole), mais dans la pratique le paiement est couplé avec celui de l’autorisation de pêche en début d’année calendaire.

Ainsi il est possible d’évaluer un coût moyen de l’accès rapporté à chaque tonne de poissons effectivement pêchée (en incluant la redevance nationale, la contribution au programme d’observation et le tonnage par navire de l’UE dans la zone de pêche du Gabon) est de près de 261 euros en 2013 et 155 euros en 2014117. Le coût d'accès est au regard de tous ceux estimés pour les APP thoniers (dans l'océan Atlantique ou dans l'océan Indien118) très élevé en 2013 et dans la moyenne en 2014 (entre 150 et 280 euros). Le coût très élevé de 2013 s’explique par la signature du protocole en juillet ce qui n’a pas permis à tous les navires de venir pécher. Il est à noter que c’est le budget de l’UE qui a supporté principalement ce surcoût.

5.2 Respect des obligations spécifiées dans l’APP et le protocole

5.2.1 Versement de la contrepartie financière et des droits d’accès par les armateurs

La contrepartie financière versée par l’UE comprend :

Un montant annuel pour l’accès à la zone de pêche du Gabon de 900 000 euros équivalent à un tonnage de référence de 20 000 tonnes par an, et

Un montant spécifique de 450 000 euros par an pour l’appui à la mise en œuvre de la politique sectorielle de la pêche au Gabon.

5.2.1.1 Le versement du droit d’accès à la zone et au tonnage de référence par l’UE

Le paiement de la contrepartie financière dans sa partie « accès à la zone de pêche et tonnage de référence » doit intervenir au plus tard trois mois après la date d’application provisoire du protocole pour la première année et, au plus tard, à la date d’anniversaire du protocole pour les années suivantes soit respectivement le 23 juillet 2014 et le 23 juillet 2015.

Le versement de la contrepartie financière :

Pour l’année calendaire 2013 le versement a eu lieu en novembre 2013119 ; et

Pour l’année calendaire 2014 le versement a été réalisé en juillet 2014120.

L’UE a donc respecté les termes du protocole. L’affection de la contrepartie financière relève de la compétence exclusive des autorités du Gabon. Il est cependant regrettable que ces sommes ne soient pas inscrites dans le budget national.

5.2.1.2 Paiements des fonds alloués pour l’appui à la politique sectorielle de la pêche

Il est convenu dans le protocole en cours que les deux parties s’accordent au sein de la Commission mixte sur un programme sectoriel pluriannuel conformément à la stratégie nationale du Gabon dans le domaine de la pêche et au cadre politique de l’Union européenne.

117 Hypothèse dans laquelle la deuxième tranche de l’appui sectoriel est versée.

118 Voir les différents rapports d'évaluation relatifs aux APP entre l'UE et les pays tiers sur le site de la Commission : http://ec.europa.eu/fisheries/cfp/international/agreements/index_en.htm.

119 Compte rendu de la Commission mixte du 28-29 octobre 2013.

120 Compte rendu de la Commission mixte du 9-11 décembre 2014.

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Conformément aux exigences du protocole, la partie gabonaise a soumis à discussion durant la première réunion de la Commission mixte du 28-29 octobre 2013 une proposition de programmation annuelle et pluriannuelle comprenant :

La description des actions ;

Les indicateurs de suivi ;

Les sources de vérification ; et

Les indications sur les allocations provenant de l’appui sectoriel de l’UE ainsi que du budget gabonais lorsque l’action est « cofinancée ».

Suite à la validation de ce document, la première tranche de l’appui sectoriel a été versée en novembre 2013. En février 2014 les fonds de la DGPA ont été gelés (voir section 4.1.1), y compris deux de l’appui sectoriel121. Les actions programmées n’ont donc pas pu être réalisées avant le déblocage de ces fonds dédiés qui est intervenu un an plus tard en février 2015, suite à un intense travail de la DGPA et de la délégation de l’UE à Libreville auprès des services du Budget gabonais. Ce déblocage ne concerne toutefois que l’appui sectoriel. Les autres ressources financières de la DGPA perçues dans le cadre de l’application du protocole restent bloquées (accès à la ressource, autorisation de pêche, etc.).

Durant la deuxième réunion de la Commission mixte du 9 au 11 décembre 2014, la non-exécution de tout ou partie de la programmation a fait l’objet d’une discussion et il a été décidé de modifier la programmation initiale en mettant l’accent sur des actions ciblées ayant un potentiel de réalisation à court terme. Par ailleurs, en application de l’article 7.3 du protocole l’UE a pris l’initiative de suspendre temporairement le versement de la deuxième tranche de l’appui sectoriel en attente de la soumission par la partie gabonaise d’un rapport annuel de réalisation (conformément à l’article 3.5) au plus tard le 15 juin 2015. Un objectif de principe d'engagement de 70 % des fonds déjà versés a été fixé pour déclencher le versement de la deuxième tranche.

Durant la réunion de la Commission mixte extraordinaire des 10 et 11 juin 2015, la partie gabonaise a présenté un état d’avancement détaillé rendant compte d’un taux d’exécution de l’ordre de 88 %. Le versement de la deuxième tranche de l’appui sectoriel pourra donc être réalisé dès transmission officielle par la partie gabonaise du rapport opérationnel et financier tel que prévu lors de la deuxième Commission mixte qui n’avait pas encore été transmis.

Pour plus d’informations concernant l’appui sectoriel et l’utilisation de ces fonds, voir section 5.3 ci-après.

5.2.2 La Commission mixte et le Comité scientifique

5.2.2.1 La Commission mixte

La Commission mixte de l’APP, constituée de représentants de l'Union européenne et de la République gabonaise est chargée de contrôler l’application de l'accord et de son protocole. Elle doit se réunir au moins une fois par an et dès que la quantité globale des captures atteints 80 % du tonnage de référence, l’UE devant informer ses États membres et le Gabon de cette situation. Dans ce cas, la Commission mixte convoquée sera chargée d’établir les modalités du paiement complémentaire dû au Gabon au titre d’un éventuel dépassement (article 2.6 du protocole) étant donné que ce mécanisme n’est pas détaillé dans le protocole. La Commission mixte s’est réunie deux fois en octobre 2013 et en décembre 2014.

En outre, à la demande de la partie gabonaise, une Commission mixte extraordinaire s’est tenue les 10 et 11 juin 2015 afin de considérer une révision à la hausse du tonnage de référence, du fait du dépassement du seuil des 80 %. Cela fait suite au reproche fait par la partie gabonaise à la partie européenne de ne pas avoir transmis cette information conformément à l’article 2.5 du protocole. L'UE ayant pris connaissance après que la date de la deuxième Commission mixte ait été fixée au 14 décembre 2014 de l'atteinte du seuil des 80 %, suite 121 La totalité du budget de l’administration gabonaise a été bloquée or l’appui sectoriel étant considéré comme une « subvention » de l’UE à la DGPA, elle n’apparaît pas dans le budget général et de ce fait devrait pouvoir rester disponible pour le financement des actions prévus au titre de la programmation.

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à la transmission des déclarations fournies par ces États membres. De fait cette information n'a pas été transmise au Gabon, l’UE estimant que la Commission mixte déjà programmée servirait à cette occasion (la notification aux États membres du 3 décembre 2014 faisait état d’un tonnage provisoire pêché de 15 292 tonnes).

5.2.2.2 Remarque sur l’organisation d’un comité scientifique spécifique et de réunions techniques et scientifiques

Dans le cas des accords de l’UE d’espèces hautement migratoires (thonidés, assimilées ou associées), seule la coopération scientifique est mentionnée dans les clauses des accords et des protocoles. En effet, l'avis sur l'état des stocks et les recommandations de gestions de la pêche résultent d'une expertise scientifique qui est celle du Comité Scientifique de la CICTA (voir section 2.2.4).

Il est important de rappeler, comme mentionné dans la section 4.1.4, que le Gabon ne possède pas d’institutions spécialisées dans la recherche halieutique. Ainsi la coopération scientifique telle que prévue à l’article 4 du protocole est inexistante.

Pour information, dans le cadre du protocole, c’est l’Institut de Recherches Agronomiques et Forestières (IRAF) qui doit recevoir une copie électronique transmise par le capitaine du navire de tous les journaux de pêche. Durant la première Commission mixte d’octobre 2013, les coordonnées de contact du Gabon ont été communiquées (Annexe III.b des minutes de la réunion) mais sans aucune adresse de l'IRAF. Cette situation n’ayant pas évoluée depuis lors, les informations ne sont pas transmises directement.

En février 2015, le CENAREST, organe technique de coordination et d’application de la politique nationale de la recherche du Gabon dont dépend l’IRAF, a demandé la coopération de l’IRD dans la mise à disposition et la formation au traitement desdites données et de toutes autres données relatives à ce sujet (données des observateurs, échantillonnages au débarquement des thoniers à Abidjan, etc.).

En réponse l’IRD a rappelé que la fourniture des données à des tiers n’étaient pas possible en raison de la clause de confidentialité inscrite dans le contrat liant l’Institut et la Direction française des Pêches Maritimes et de l'Aquaculture (Ministère français de l'Écologie, du Développement Durable et de l'Energie) mais que les aspects liés à la formation à des outils utilisés pour la manipulation et l'analyse de données pouvaient être envisagés sous réserve d’un financement et de ressources humaines disponibles tant du côté des formateurs que de celui du bénéficiaire (CENAREST / IRAF).

5.2.3 Mesures techniques de conservation et de gestion

Le protocole définit de façon précise les conditions de l’exercice de la pêche dans la zone de pêche sous juridiction du Gabon par les navires de l’UE. Il s’agit ici de passer en revue ces différents points ainsi que les problèmes qui peuvent avoir été rencontrés durant la période d’application du protocole.

5.2.3.1 Les autorisations de pêche

Les autorisations de pêche sont délivrées aux conditions d’une part que le navire soit inscrit et actif dans le registre des navires de pêche de l’UE et dans le registre des navires de pêche de la CICTA et d’autre part que toutes les obligations liées aux activités antérieures de pêche au Gabon de l’armateur, du capitaine ou du navire aient été remplies. Les autorisations de pêche ont une durée de validité d'un an du 1er janvier au 31 décembre. Elles sont renouvelables. Les procédures d’obtention n’ont pas entrainé de difficultés majeures hormis des difficultés lors de la première année d’application du protocole (2013) du fait notamment de la nécessité pour les armements d’obtenir ces autorisations au plus vite.

La partie gabonaise constate avec regret qu’aucun thonier canneur n’ait fait la demande d’une autorisation de pêche et que le nombre de senneur ne corresponde pas à 100 % des opportunités offertes. Elle estime de ce fait qu’il serait souhaitable d’ajuster le protocole au nombre de navires qui viennent effectivement pêcher. L'UE considère qu'une petite marge d'adaptation est nécessaire pour prendre en compte les évolutions de stratégie de pêche.

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L’obtention d’une licence est assujettie au versement d’une redevance nationale (qui n’est pas une avance forfaitaire) de 13 750 euros par navire et par an auquel s’ajoute la contribution financière forfaitaire de 200 euros au titre de la participation au programme d’observateur.

Des problèmes ont été rencontrés par la partie gabonaise lors de la première année du protocole notamment pour obtenir de certains armements le paiement de la participation au programme d’observateur (200 euros par navire et par an). Par ailleurs la partie gabonaise regrette d’avoir à sa charge les frais bancaires lors de la réception des paiements des armements. Après vérification par les services de la DG MARE il apparaît toutefois que les versements faits par les armateurs mentionnent une imputation des frais de virement au donneur d'ordre, en conformité avec le protocole.

5.2.3.2 Zones de pêche

Les coordonnées de la zone de pêche ont été communiquées par les autorités gabonaises durant la première Commission mixte. Cette délimitation a fait apparaître une zone grise au nord (entre le Gabon et la Guinée équatoriale) que les navires de l’UE évitent. Il est précisé que les navires de l’UE peuvent exercer leurs activités de pêche uniquement au-delà des 12 milles marins à partir des lignes de base. En outre des zones sont interdites à la navigation et à la pêche. Il s’agit :

Des zones adjacentes aux activités d’exploitation et d’exploration pétrolière ; et

Des Parcs nationaux, des aires marines protégées ainsi que des zones de reproduction des poissons.

La délimitation de ces zones est transmise par la partie gabonaise aux armateurs lors de la délivrance de l’autorisation de pêche (voir cartes dans la section 4.3.1).

À fin de contrôle, toute entrée ou sortie de la zone de pêche doit être notifiée au Gabon dans un délai de 6 heures avant l’entrée ou la sortie. Un modèle type devrait être approuvé prochainement à la demande de la partie gabonaise qui se plaint de la transmission disparate de ces informations. Par ailleurs il est attendu des navires de l’UE de signaler la présence dans la zone de pêche du Gabon de tout navire qui ne figure pas sur la liste des navires autorisés. Pour ce faire la partie gabonaise transmet en début d’année la liste complète des navires autorisés à pêcher au Gabon (notamment dans le cadre de licences privées).

5.2.3.3 Les navires d’appui

Les navires d’appui utilisés par les navires de l’UE sont interdits dans la zone de pêche du Gabon en vertu du protocole et ce en dépit du souhait de l’UE de permettre l’utilisation de ces navires. Les navires d’appui servent principalement à la mise à l’eau des DCP ainsi qu’à leurs maintenances, à la recherche des bancs de thons et au ravitaillement des navires de pêche.

5.2.3.4 L’utilisation de DCP

Point d’achoppement principal du protocole actuel, la question de l’usage des DCP a été longuement débattue entre les deux parties. Le protocole prévoit qu’à l’exception des DCP dérivants naturels, l’utilisation des auxiliaires de pêche est limitée à des DCP dérivants artificiels dits écologiques dont la conception, la construction et la mise en œuvre doit permettre d’éviter toute capture accidentelle par l’auxiliaire de cétacés, de requins ou de tortues. Les matériaux de constitution de ces auxiliaires devront être biodégradables. Par ailleurs, les navires de l’UE doivent veiller à ce qu’aucun de leur DCP porteur de balise ne s’introduise dans les zones interdites à la navigation et à la pêche ainsi que dans la bande des 12 milles marins établie à partir de la ligne de base.

Durant des campagnes de prospection pétrolière réalisées à partir de sondes sismiques tirées par un navire, les DCP ont provoqué des dommages dans les équipements, entrainant des retards dans la campagne. Certains de ces DCP provenaient de navires de l’UE. À la demande de la partie gabonaise, il a été convenu que les positions géographiques des DCP actifs appartenant à des navires de l’UE et se trouvant dans les zones de prospections préalablement transmises par la partie gabonaise soient communiquées au navire sismique en charge de cette prospection. La partie gabonaise a également souhaité que le positionnement de la totalité des DCP mis à l’eau par des navires de l’UE lui soit communiqué. La partie européenne a refusé cette demande

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arguant que cette transmission n’était pas inscrite au protocole et s'agissant de données à caractère commercial, ne pouvait imposer la transmission de ces données, que par ailleurs les autorités de contrôle au sein même de l'UE ne reçoivent pas non plus.

La question des DCP de la flotte de l’UE qui ne sont plus actifs122 dans le sens où ils n’émettent plus de signaux mais qui peuvent entrainer des dommages à la faune (maillage) a été abordée sans qu’une solution ne puisse être trouvée. Le Gabon souhaite que s’applique un principe de responsabilité pour le navire mettant à l’eau le DCP et qui doit donc mettre en œuvre une solution pour son ramassage qui rendrait nécessaire une autorisation des navires d'appui, interdits pour l'UE par le protocole actuel, alors que cette interdiction ne touche pas d'autres pavillons.

Ces mesures visant à limiter l’utilisation des DCP posent donc des problèmes dans son application par les opérateurs des navires de l’UE.

5.2.3.5 Captures accessoires (et éventuels rejets en mer)

Le protocole stipule que le montant des redevances forfaitaires annuelles à la charge des armateurs est fixé sur la base de la tonne pêchée. Sans mention supplémentaire dans le texte il apparaît donc que la totalité des captures doit être consignée dans le journal de pêche du navire et rentrer dans le calcul de la redevance. Ainsi les capitaines doivent reporter dans le journal de pêche, sur une base journalière, les quantités de chaque espèce rejetées en mer (en kilogrammes de poids vif ou, le cas échéant, en nombre d’individus). La question de la déclaration de ces captures accessoires et des rejets a été un point de discussion entre les deux parties.

Il est ainsi surprenant que certains navires de l’UE123 ne mentionnent jamais de captures accessoires ni de rejets dans les journaux de pêche. Cette déclaration est pourtant une obligation au titre du règlement contrôle de l’UE. Lors de la Commission mixte extraordinaire de juin 2015, la partie gabonaise a indiqué réfléchir dans de pareil cas à la mise en place automatique d’un pourcentage de majoration des captures (20 %). La partie européenne s’oppose à cette procédure mais confirme que ces deux catégories doivent être déclarées dans le journal de pêche, décomptées du tonnage de référence et être payées au même titre que les espèces cibles.

Pour améliorer cette situation, les deux parties ont décidé de modifier le modèle du journal de pêche annexé au protocole, qui ne prévoit pas la catégorie des rejets et de proposer un nouveau modèle rendant plus explicite leurs enregistrements.

5.2.3.6 La déclaration des captures

Le journal de pêche électronique ou système d’enregistrement électronique (ERS124)

Selon le Règlement (UE) n° 1224/2009, ou règlement « Contrôle », les navires de pêche de l’UE de plus de 24 m de longueur hors tout et de plus de 12 m doivent transmettre au moins une fois par jour au centre de surveillance de l’État membre correspondant à leur pavillon les données de captures sur la base d’un journal de pêche électronique respectivement à partir du 1er janvier 2010 et du 1er janvier 2012.

Par ailleurs, le protocole prévoit que les journaux de pêche soient remplis en français, ce qui n’est pas toujours le cas, sur une base journalière, pour chaque jour de présence du navire dans la zone de pêche du Gabon. La capture journalière doit apparaître avec la quantité de chaque espèce capturée (code FAO) et détenue à bord. Il est prévu que pour les espèces principales, le capitaine mentionne également les captures nulles. Ce document doit être communiqué par courrier électronique directement aux autorités gabonaises en cas de passage dans un port du Gabon ou, en cas de sortie de la zone, dans un délai de 14 jours après l’arrivée dans tout autre port et au plus tard 30 jours après la sortie de la zone.

122 On parle aussi de DCP fantôme.

123 Cela ne concerne qu’une faible fraction de la flotte. Ce problème n’ayant pas fait l’objet de procédures d’infractions, aucune investigation n’a été menée.

124 Electronic Reporting System.

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Dans les faits, et en attendant l’application du journal de pêche électronique au sein du protocole en vigueur, certains armateurs effectuent des doubles saisies (en versions papier et électronique). C’est le cas des senneurs français utilisant à titre provisoire un fichier de logiciel ERS de première génération et un fichier Excel125.

Il existe des difficultés de compatibilité du modèle de journal de pêche électronique développé par les États membres de l’UE pour leurs flottes thonières avec le modèle prévu annexé au protocole. Ce modèle a été jugé obsolète par les deux parties durant la Commission mixte extraordinaire de juin 2015 (voir section 5.2.3.5).

Ainsi, actuellement, les navires de l’UE utilisent des modèles différents, dans des langues différentes, avec parfois des informations manquantes sur les rejets et les captures accessoires, aucune information sur les DCP, etc. Cet état de fait est jugé négativement par la partie gabonaise, qui a pourtant considéré que le modèle inclus au protocole était acceptable alors même qu’il ne permettait pas l’enregistrement de ces informations. Ces points ne sont pas non plus conforme au règlement contrôle de l’UE. D’après la partie gabonaise, ces documents sont par ailleurs transmis au Centre de contrôle et Surveillance de la pêche du Gabon souvent avec retard et après de nombreuses relances. Les armements, reconnaissant ce problème ont adapté la procédure de transmission pour en améliorer les délais (voir section 5.2.4.3 relative aux procédures d’infraction). La transmission est assurée directement par le navire ou parfois par l’armement ou l’organisation professionnelle qui regroupe les armements sans pour autant systématiquement en copier les services de la DG MARE.

Le protocole prévoit que l’Union européenne informe le Gabon dès que le total des captures enregistrées dans la zone de pêche atteint 80 % du tonnage de référence. La partie gabonaise ayant constaté le dépassement du tonnage de référence durant la préparation de la Commission mixte de décembre 2014 reproche que ce dépassement du tonnage de référence par les navires de l’UE sur la période 2014 n’ait pas été notifié comme cela était prévu par le protocole. De son côté, l'UE considérait que la constatation du seuil atteint (le 3 décembre 2014) pouvait être formalisée auprès de la partie gabonaise lors de la deuxième Commission mixte programmée indépendamment (du 9 au 11 décembre 2014) et n'a en effet pas fait une notification par écrit préalable. Ce point n’a pas été abordé conjointement durant les travaux de préparation de cette Commission mixte.

5.2.3.7 La confirmation des captures

Hormis quelques cas litigieux et des retards dans la transmission, dont deux ayant entrainé une procédure d’infraction, les journaux de pêche sont transmis au centre de surveillance des pêches (CSP) gabonais qui les reçoit sans accuser réception alors que le protocole prévoit que ce soit le cas.

Les données extraites des journaux de pêche et transmises directement à la partie gabonaise par les navires de l’UE ne sont que des données de capture provisoires et le protocole prévoit que les capitaines transmettent en parallèle une copie des journaux de pêche aux instituts de recherche européens et gabonais concernés, l’Institut de Recherche Agricole et Forestière (IRAF) pour le Gabon et pour l’Europe, l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD) et l’Instituto Español de Oceanografía (IEO). Dans les faits, aucune coordonnée de contact n’ayant été communiqué par la partie gabonaise pour l’IRAF, aucune transmission de journal de pêche ne leur a été faite. Sur la base des déclarations de captures consolidées par les instituts de recherche, l’Union européenne établit pour chaque navire au plus tard le 31 juillet de l’année en cours126 un tonnage définitif, le « décompte final des redevances » qui servira de base comme son nom l’indique au calcul de la redevance. Le Gabon peut contester le décompte final et demander une information complémentaire dans un délai de 30 jours, ce qui n’a pas été le cas en en 2014 pour les données de 2013. Les décomptes finaux des captures pour l’année 2014 n’ont pas encore été envoyés par la partie européenne.

La partie gabonaise s’interroge sur les données de captures consolidées transmises par la partie européenne sur la base des rapports des États membres, après validation par leur institut scientifique national pour le décompte final des redevances des années 2013. Regrettant dans un premier temps que cette validation

125 Entretiens avec la DPMA, Orthongel et IRD.

126 Pour rappel, du fait de sa date de signature, le protocole cours de juillet à juillet.

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scientifique ne fasse pas l’objet d’un courrier officiel des instituts de recherche concernés, elle s’interroge sur la procédure utilisée par ces instituts pour aboutir à ces données finales. Les deux parties se sont mis d’accord pour que la partie gabonaise envoie des scientifiques pour participer aux travaux de définition des méthodes de redressement des données de capture. Les données de capture ont été validées par les deux parties pour les années 2013 et 2014.

5.2.3.8 Observateurs

Il est prévu au titre du protocole que des navires de l’UE autorisés à pêcher dans la zone de pêche gabonaise peuvent se voir désigner par les autorités gabonaises des observateurs pour embarquement. Ce régime d’observation se conforme aux dispositions prévues par les recommandations adoptées par la CICTA (Annexe, Chapitre X du protocole). Il s’agit, à la demande des autorités gabonaises, d’atteindre un taux de couverture par des observateurs nationaux de 25 % des navires ayant une autorisation de pêche. Ainsi, lors du paiement de l’autorisation de pêche, le navire doit s’acquitter du versement d’un montant forfaitaire de 200 euros. Si l’embarquement et/ou le débarquement ont lieu depuis un port étranger, les frais de voyage de l’observateur sont à la charge de l’armement. L’hébergement et la nourriture à bord du navire sont à la charge de l’armement. Le salaire et les charges sociales sont à la charge du Gabon. Le versement du montant forfaitaire a posé quelques difficultés en 2013 certains des navires européens ayant oubliés de s’acquitter de ce montant forfaitaire mais ces problèmes ont été résolus depuis.

L’objectif principal des programmes d’observation inscrits dans les protocoles d’APP est, pour les deux parties signataires, de veiller au respect des dispositions arrêtées par l'accord et par le protocole. Il s'agit donc a priori et principalement de programmes d'observation de conformité avec les mesures techniques dudit accord et protocole. Toutefois, des tâches scientifiques sont possibles avec notamment de l’échantillonnage biologique.

Dans le but d’initier des programmes d’observations régionaux rendant compatibles les différentes obligations inscrites dans les protocoles des accords de l’Atlantique Est et dans les résolutions de la CICTA127, les armateurs espagnols et français ont mis en place, à leur initiative et sur des fonds privés, des programmes d’observation expérimentaux. Ces derniers visent à gérer de façon rationalisée les missions d'observation liées à la conformité des mesures de gestion et de conservation nationales, de l’UE et de la CICTA ainsi qu’à la collecte de données scientifiques (DCF notamment). Pour l’Espagne, l’utilisation de caméras est en test alors que les senneurs français ont établi un programme expérimental d’observateur commun unique et permanent (OCUP). Dans le cadre du programme OCUP, il est prévu que les informations issues du rapport de l’observateur embarqué puissent être consultées à la demande du pays concerné et par l’intermédiaire d’un portail internet. Cette initiative ne relevant pas du protocole, il appartient à la partie intéressée de se rapprocher des armements pour obtenir de plus amples informations.

Les deux parties soutiennent les efforts réalisés dans le cadre de la CICTA visant à mettre en place un régime d’observateurs régionaux embarqués. Le Gabon précise même que des discussions ont lieu en ce sens au sein de la COREP.

Taux de couverture du programme d’observations des senneurs

Depuis la mise en application du protocole, aucune demande d’embarquement d’observateur n’a été faite par la partie gabonaise. Cependant le Gabon a fait savoir durant la Commission mixte extraordinaire de juin 2015 que la nouvelle agence ANPA aura pour mandat d’embarquer des observateurs nationaux sur les navires de l’UE avant la fin du protocole actuel. Pour ce faire, le Gabon a passé une convention avec l’ONG Aventure Sans Frontière (ASF) pour recruter et former ces observateurs qui embarqueront aussi sur les navires de pêche gabonais.

127 Les programmes nationaux d’observations scientifiques des États membres de l’UE cofinancé par le cadre de collecte de données de pêche de l’UE (DCF) visent à obtenir une couverture de 5 % de leurs flottes battant leur pavillon et pêchant les thonidés et les espèces associées en zone Atlantique.

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5.2.3.9 Le système de suivi par satellite (VMS)

Les navires de l’UE opérant dans la zone de pêche du Gabon doivent être équipés d’un système de suivi par satellite (VMS) transmettant la position du navire toutes les heures au CSP de leur état de pavillon.

Ces informations sont retransmises automatiquement par les États de pavillon au CSP du Gabon lorsque le navire est présent dans la zone de pêche. La partie gabonaise fait état de transmissions en retard ou parcellaires ce qui peut inutilement provoquer une suspicion quant à l’activité du navire durant cette période. Il est prévu que le CSP du Gabon informe sans délai le CSP de l’État de pavillon en cas d’interruption ce qui n’a pas été le cas. Les raisons précises de ces interruptions ou retards sont de ce fait mal cernées. Ces événements rapportés n’ayant pas entrainés de procédures d’infractions, aucune investigation n’a été diligentée pour en identifier les sources potentielles. Il paraît très peu vraisemblable que le signal soit « coupé » sciemment par le CSP de l’État de pavillon au regard notamment des obligations européennes en la matière ainsi que du nombre de navires suivis par ces centres. Il paraît plus plausible d’imaginer un dysfonctionnement du système de communication par lequel transite l’information. Cela a été par exemple le cas dans le passé en raison d’un droit d’accès au logiciel arrivé à échéance ou une suspension de la connexion Internet. Il est par ailleurs prévu par le protocole que c’est à la partie gabonaise de s’assurer de la compatibilité de son équipement électronique.

En cas de panne du système à bord du navire, le capitaine du navire a un délai de 10 jours pour procéder à sa réparation. Durant cette période le capitaine doit transmettre au moins toutes les 4 heures à son CSP toutes les informations obligatoires. Cette situation ne s’est jamais produite durant le protocole en vigueur.

5.2.4 Mesures économiques et sociales

En complément des mesures techniques de conservation et de gestion, le protocole contient un ensemble de clauses ayant pour objectif d’améliorer les retombées économiques et sociales du protocole au Gabon. L’application de ces clauses depuis l’entrée en application du protocole est présentée ci-dessous.

5.2.4.1 Emploi de marins gabonais et ACP à bord des navires de pêche

Conformément à l’annexe du protocole – chapitre IX, l'embarquement de marins des pays d’Afrique Caraïbe et Pacifique (ACP) doit être d’au moins 20 % des équipages pendant la campagne de pêche dans la zone de pêche gabonaise. Les normes de l’Organisation Internationale du Travail (OIT), soit le droit à la négociation collective, l’élimination de discrimination en matière d’emploi et les conditions minimales de rémunérations, doivent s’appliquer de plein droit aux marins originaires de pays ACP.

Aucun marin gabonais n’est embarqué sur les navires de l’UE. Cela s’explique par la faiblesse de la tradition maritime hauturière du pays et l’absence de ce type de qualification dans la population. En effet, il n’existe pas d’école de formation au métier de la pêche hauturière au Gabon. Sur le point, il est regrettable que la mise en œuvre du Centre des Métiers des Pêches et de l'Aquaculture (CMPA) créé par la Loi n° 02/2007 du 14 Juin 2007 et promulguée par le Décret 000799/PR du 27 août 2007 sur le site de la Peyrie à Libreville soit restée à l'état de projet. Il s’agissait de permettre la formation des pêcheurs et des aquaculteurs aux nouvelles techniques ainsi qu’à la technologie moderne utilisées dans la pêche et l’aquaculture. Le bâtiment construit dans le cadre de ce projet est actuellement abandonné.

En supplément des marins européens, les marins ACP embarqués sont donc principalement de nationalités ivoiriennes et ghanéennes et représentent un pourcentage plus élevé que les 20 % inscrits dans le protocole.

5.2.4.2 Obligation et incitation du débarquement des produits de pêche au Gabon

Historiquement, il n’y a jamais eu de débarquement des produits de la pêche thonière au Gabon. Le manque de main d’œuvre pour assurer les débarquements, l’absence d’infrastructures pour stocker et conditionner les produits ainsi que les barrières douanières pour l’importation des équipements et pour l’exportation des produits transformés sont autant de freins à cette activité.

Conscient de cette problématique, les termes du protocole n’imposent pas d’obligation de débarquement aux thoniers senneurs. Il est fait mention d’un objectif de débarquement lorsque les structures portuaires et de transformation du thon seront opérationnelles. En principe, il faudra alors débarquer un minimum de 30 % des

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captures réalisées dans les eaux gabonaise et 100 % des captures accessoires, qui seront destinées au marché local. Comme mentionné dans la section 3.3.1, un site de transformation (Gabon Seafood) a été récemment rénové et réactivé. Les autorités gabonaises ambitionnent donc de voir des navires de l’UE débarquer des captures à Owendo d’ici la fin du protocole actuel. Il faut tout de même noter que la question de la capacité de débarquement n’est pas résolue et que la main d’œuvre nécessaire n’est toujours pas présente. La possibilité d’absorption de ces produits par les marchés locaux à des prix intéressants reste aussi à démontrer.

Concernant les thoniers canneurs, le protocole prévoit un engagement de la part des armements à débarquer 100 % des captures réalisées dans les eaux gabonaises afin d’alimenter le marché local. Pour les opérateurs, cette exigence n’est pas acceptable du fait de l’absence de marché pour ces produits et par principe ils souhaitent pouvoir exporter ces captures vers leurs marchés traditionnels.

5.2.4.3 Les procédures d’infraction

Durant les Commissions mixtes et lors de la mission d’évaluation, la partie gabonaise a fait part de nombreux manquements des navires de l’UE aux règles du protocole. Sont ainsi reprochés :

Pour certains navires, la communication insatisfaisante des notifications d’entrées / sorties des navires ;

L’utilisation de DCP non conformes (non-biodégradable et parfois maillant) ;

Le non-respect par les navires de l’UE du modèle de journal de pêche annexé au protocole sachant que ce modèle n’est plus adapté aux attentes ;

Le remplissage des journaux de pêche dans une langue différente du français pour certains navires ;

Le non enregistrement des rejets et des captures accessoires dans le journal de pêche pour quelques navires ; et

La transmission avec retard des journaux de pêche et nécessitant de multiple relances pour quelques navires.

Sur tous ces points, la partie gabonaise a indiqué privilégier une approche basée sur la concertation tant avec les opérateurs des navires qu’avec les acteurs institutionnels (DG MARE et autorités de pavillon des navires). Cette démarche explique que ces différents manquements n’ont abouti « seulement » qu’à deux procédures d’infraction au titre du protocole128. Cela semble regrettable car ce faisant elle prive le partenaire institutionnel UE de vision sur les fréquences, gravité et caractère avérés ou non de ces manquements, le dialogue direct avec les opérateurs n'étant pas systématiquement relayé par des communications entre autorités.

Le Code des pêches et de l’aquaculture gabonais de 2005 décrit les procédures réglementaires de la constations des infractions, de la transaction et du cautionnement (chapitre 2 du code). En matière de pêche le Code prévoit des amendes de 3 000 000 à 500 000 000 FCFA129 sans plus de précision. Le Code précise par ailleurs (article 92) que « l’initiative de la transaction appartient au contrevenant. Elle doit être approuvée par écrit par l’autorité compétente. »

Initiées par la partie gabonaise, les deux procédures d’infractions initiées dans le cadre de ce protocole concernent deux navires de l’UE (français) qui, fin 2013, se sont vus notifier un procès-verbal pour défaut de transmission dans les délais prévus au protocole des journaux de pêche (ceux-ci ont été transmis mais avec retard et après relances par courrier électronique). L’armement de ces navires a admis l’infraction et proposé, conformément au code des pêches et de l’aquaculture un montant transactionnel à verser à la partie gabonaise. Cette proposition a été transmise par la partie européenne. La partie gabonaise n’a, à ce jour, pas réagi à la proposition transactionnelle. La procédure n’a donc pas abouti, sans toutefois que d’autres suites, notamment pénales, ne soient envisagées par la partie gabonaise.

128 Une enquête est en cours au moment de la rédaction du rapport sur une possible infraction d’un navire d’appui de l’UE. Ce serait alors la troisième procédure d’infraction.

129 Soit de 4 600 à 760 000 euros.

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5.3 Appui sectoriel

5.3.1 Appui à la « politique maritime et de la pêche du Gabon »

Dans les APP dit « thoniers », l’UE apporte un appui financier spécifiquement destiné à la promotion d’une exploitation responsable et durable des ressources halieutiques du pays concerné. Il s’agit donc d’un appui à la politique sectorielle de la pêche définie par le gouvernement gabonais qui fixe de lui-même les priorités et les besoins pour le renforcement de sa filière. Cet appui prend la forme d’un programme sectoriel pluriannuel, constitué sous forme de matrice, validé par les deux parties en Commission mixte. Cette programmation comprend des objectifs à atteindre sur une base annuelle et pluriannuelle et des indicateurs permettant une évaluation des résultats.

Le montant de l'appui sectoriel est donc découplé de la compensation au titre de l’accès inscrit dans le protocole.

Avant le blocage des fonds de l’administration par le trésor début 2014, 50 % de la compensation au titre de l’accès (tous pavillons confondus) et 100 % de l’appui sectoriel était reversé à la DGPA en soutien à sa politique de gestion et de développement des pêches. Suite au blocage de la totalité des fonds, la DGPA n’a pas été en mesure de mettre en œuvre la programmation prévue. Alors que le versement de la première tranche de l’appui sectoriel a été réalisé en novembre 2013, ce n’est qu’en février-mars 2015 que les fonds de l’appui sectoriel ont été débloqués et que la DGPA a pu commencer les activités prévues. Face à ce retard d’une année dans l’exécution des activités, la partie européenne a suspendu le versement de la deuxième tranche de l’appui au titre de l’article 7.3 du protocole130.

La création de l’ANPA entrainera une nouvelle répartition de ces fonds. Il s’agira alors pour l’ANPA de réussir à les faire débloquer, sachant que dans le cadre de l’utilisation des fonds de l’appui sectoriel, la partie européenne incite la partie gabonaise à accélérer l’exécution des actions afin de permettre la finalisation des opérations prévues durant la période du protocole actuellement en vigueur.

5.3.2 Matrice – présentation

En raison des difficultés décrites ci-dessus, de nombreux changements ont été apportés à la programmation annuelle et pluriannuelle telle qu’elle avait été présentée par la partie gabonaise durant la première Commission mixte d’octobre 2013. La matrice a été réécrite en préparation de la deuxième Commission mixte de 2014 et a été validée par les deux parties à cette occasion.

La matrice prévoit sur une période de 2013 à 2016 les objectifs suivants :

Le renforcement des capacités scientifiques et administratives liées à la gouvernance des pêches à hauteur de 96 000 euros/an comprenant pour les deux postes principaux (sur une liste de 5) :

o Équipement de l’ANPA en matériel informatique et bureautique (58 000 euros/an) ;

o Équipement des observateurs à bord (26 000 euros/an) ;

Et

Des actions de suivi et de surveillance des pêches à hauteur de 328 000 euros/an comprenant pour les trois postes principaux (sur une liste de 9) :

o L’entretien et la réparation des véhicules des brigades de pêche (102 000 euros/an) ;

o Le carburant des missions de surveillance en mer (86 000 euros/an) ;

o Le développement du logiciel pour intégration VMS/AIS/ERS (67 000 euros/an).

Les fonds de l’appui sectoriel non-versés en 2014 ont été reportés sur l'année en cours. Un degré d’incertitude persiste sur la capacité de la partie gabonaise à revenir au rythme de versement de l’appui sectoriel initialement prévu.

130 « Suspension et révision du paiement de la contrepartie financière ».

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5.3.3 Capacité d’absorption

La capacité d’absorption globale de l’accord est difficilement quantifiable. En effet les recettes de l’accord ne sont pas inscrites dans le budget national et n’apparaissent donc pas dans la loi de finance privant l’administration des pêches de la possibilité d’engager des dépenses indépendamment des dates de versements par l'UE. Cette inscription budgétaire permettrait en théorie de remédier au déficit d'absorption mais ne semble pas être une pratique courante de l'État gabonais. À titre d’exemple, le partage à 50/50 entre la DGPA et le Trésor des revenus générés par le droit d’accès ne pourrait plus être réalisé étant donné que 100 % des revenus seraient alors absorbés par le Budget sans retour pour la DGPA (du fait de la non-inscription de cette recette dans le budget national).

Après une première année de blocage complet, seule la capacité d’absorption des fonds de l’appui sectoriel s’améliore. Le montant de l’appui sectoriel pour l’année 2013 a été déposé sur un compte de la Caisse des Dépôts et de Consignation (CDC) supervisé par le Budget mais utilisable par la DGPA pour réaliser les opérations programmées et validées durant les Commissions mixtes.

L’utilisation de ces fonds par l’ANPA semble être un des objectifs prioritaires de la nouvelle Agence.

5.3.4 Réalisation des activités de la matrice

Durant la Commission mixte extraordinaire de juin 2015, la partie gabonaise a présenté un taux d’exécution de la première tranche de 88 %. Ainsi, conformément aux engagements pris par l’Union européenne durant la Commission mixte de décembre 2014, et suite à la transmission officielle du rapport opérationnel et financier relatif aux actions menées par la partie gabonaise qui devrait intervenir sous peu, la deuxième tranche de l’appui pourra être versée.

5.4 Éléments d’appréciation additionels

D’autres éléments d'appréciation de la mise en œuvre du protocole sont présentés ci-après.

5.4.1 Éléments d’appréciation d’ordre général

Les relations entre les deux parties

Comme la lecture du chapitre peut le laisser supposer, les relations entre les deux parties souffrent d’une certaine distance et parfois des suspicions, incompréhensions et des frustrations pénalisent la bonne réalisation du protocole. La partie gabonaise regrette ainsi par exemple le manque d’appui témoigné par l’UE dans son projet de réorganisation de son administration alors même qu’aucune demande en ce sens n’a été formulée. Par ailleurs, l’UE ne se considère pas en position d’intervenir sur une telle réorganisation alors même que la partie gabonaise est en grande partie accompagnée par un partenariat public-privé. Le non-respect par les navires de l’UE des règles du protocole est fréquemment évoqué par la partie gabonaise mais force et de constater qu’ils ne font pas l’objet de mesures dans les faits ne permettant pas le lancement d’investigations à même de clarifier ces suspicions.

Une représentante de la DG MARE chargée (entre autres) du suivi de l’accord est en poste dans les Services Européen pour l'Action Extérieure (SEAE131) à Libreville, en réponse à l’absence de relai soulignée dans le rapport de l’évaluation du protocole précédent132 en 2011. Pour l’UE, il s’agit premièrement de fluidifier les échanges lors de l'attribution des licences, s’agissant d’une attente principale des armateurs de l’UE, et d’identifier les interlocuteurs impliqués. Ces points donnent satisfaction à l'UE. Le deuxième objectif est de promouvoir une utilisation efficace et rationnelle des fonds de l'appui sectoriel. Sur ce point, les difficultés d'absorption et le déficit de gouvernance ne peuvent pas être résorbées par la seule présence de son attachée qui a pourtant œuvré de façon importante pour permettre le déblocage de la situation.

131 Plus connu sous l’acronyme anglais EEAS (European External Action Service).

132 Oceanic Developpement et Megapesca, page 68. 2011.

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Il est ainsi regrettable que la partie gabonaise dans sa recherche de soutien ne tire pas le plein bénéfice de la présence d'une compétence disponible sur place.

En conclusion, les causes de ces difficultés peuvent s’analyser comme suit :

Les habitudes de fonctionnement héritées du passé qui reposaient traditionnellement sur un dialogue assez peu intense entre les deux parties, cette situation ayant changé en 2011 avec l’émergence du projet « Gabon bleu » ;

La méfiance entre les parties résultant d'intérêts mal identifiés et/ou mal compris entre les acteurs institutionnels, les ONG et les intervenants privés notamment issus du partenariat public-privé (qui ont leurs propres intérêts financiers, industriels ou de gouvernance) ; et

Les communications directes entre les armements voir les administrations nationales des États membres de l’UE avec les assistants techniques ou les administrations gabonaises pouvant maintenir la DG MARE dans l’ignorance de certains évènements ou suspicions sur lesquels elle pourrait agir.

Cette situation semble pouvoir être améliorée si les parties s’engagent à repositionner le dialogue direct au cœur du processus de suivi de l’application du protocole afin de permettre un échange sur tous les points d’achoppements ainsi que, le cas échéant, la réalisation de procédures d’investigations transparentes.

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6 Effets économiques de l'APP

Les effets économiques de l'APP sont de plusieurs ordres : le premier porte sur l'approvisionnement du marché de l'UE et le marché de certains pays africains, le marché gabonais n’étant pas approvisionné par les navires de l’Union ; le deuxième concerne la création d'emplois dans l’UE et dans les autres pays ACP, aucun travailleur gabonais ne prenant part à la pêcherie, et sur la répartition des consommations intermédiaires nécessaires à la mise en œuvre du cycle de production ; le troisième porte sur la création de valeur ajoutée et sa répartition entre les deux entités contractantes ; le quatrième enfin s’exerce sur les finances publiques du Gabon (cf. Annexe D pour une présentation détaillée de la méthode d’analyse financière et économique).

Les éléments chiffrés présentés ci-dessous couvrent la période de l'évaluation, soit près de 18 mois, du 23 juillet 2013 au 31 décembre 2014, sur les 36 que compte le protocole. Ils ne peuvent donc pas être assimilés à ceux d'une pleine durée d'application du protocole. Qui plus est, les données de captures utilisées sont des données provisoires. Une certaine prudence est donc de mise. Les estimations sont présentées à chaque fois pour l’année 2013 et l’année 2014.

6.1 Approvisionnement des marchés européens, gabonais, et ACP

Aucun débarquement de thons n’a été réalisé dans un port gabonais pendant les 18 premiers mois de l’APP (cf. Figure 6.1), le Gabon ne disposant pas d’infrastructure adaptée, que ce soient des entrepôts frigorifiques de dimension suffisante ou des usines pouvant absorber la production d’un thonier senneur. L’intégralité des captures réalisées dans la zone de pêche du Gabon est donc soit débarquée à Abidjan (Côte d’Ivoire) ou Tema (Ghana), soit transbordée dans un des ports de la région pour être envoyée vers l’UE et la Thaïlande. L'essentiel du thon sert cependant à l'approvisionnement des usines basées sur les côtes du golfe de Guinée : en Côte d’Ivoire principalement et au Ghana dans une moindre mesure. La partie transbordée à destination de l’UE sert à alimenter les usines de transformation espagnoles et portugaises pour une mise en marché des produits élaborés sur le marché de l’UE.

Figure 6.1 : cheminement des thons capturés dans la zone de pêche du Gabon Source : Réalisation propre, à partir des flux décrits dans l’évaluation ex post du protocole de l'accord de partenariat dans le domaine de la pêche entre l'Union européenne et la Côte d'Ivoire

Au total, près de 75 % (soit près de 13 600 tonnes en 2014) des captures réalisées dans la zone de pêche du Gabon sont transformés dans un pays ACP (Côte d’Ivoire ou Ghana). La majeure partie des produits

25 %

5 %

20 %

75 % 75 %

0 %

70 %

Flotte

de l’UE

Transbordement

puis débarquement

Débarquement

Direct

Thaïlande

et autres

UE

Côte d’Ivoire - Ghana

Gabon

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transformés est ensuite acheminée vers l'UE. Selon le rapport régional133, le volume des importations de l’UE de thon en conserve est de l'ordre de 370 000 t/an ces dernières années et celui des longes de l'ordre de 100 000 t/an, soit un volume global de 470 000 t/an, sachant qu’il n’est pas précisé dans le rapport régional si ces poids sont exprimés en équivalent poids entier. La contribution de l'APP entre l'UE et le Gabon à l'approvisionnement du marché européen est ainsi de l'ordre de 4 %134.

D’après les données publiées par la CICTA, les thoniers senneurs espagnols ont capturé 75 770 tonnes de thon dans la zone intertropicale en 2013, les thoniers senneurs français capturant 39 345 tonnes de thon cette même année. Les captures réalisées dans la zone de pêche du Gabon représentent donc 1,3 % des captures des navires espagnols et 18,1 % des captures des navires français pour l’année 2013. En 2014, l’importance de la zone de pêche du Gabon est encore plus grande pour les thoniers senneurs de l’UE : les senneurs espagnols y ont réalisé 11,3 % de leurs captures (7 102 tonnes pour un total de 63 065 tonnes) quand les senneurs français y ont effectué 27,4 % de leurs captures (11 390 tonnes pour un total de 41 528 tonnes).

6.2 La flotte concernée

Les navires opérant dans la zone de pêche gabonaise dans le cadre de l’APP appartiennent à un segment majeur de la grande pêche thonière de l’UE : il s’agit de thoniers senneurs français et espagnols. Bien que bénéficiant de possibilité d’accès, aucun canneur n’a sollicité d’autorisation de pêche dans le cadre du protocole actuellement en vigueur.

La structure de coûts utilisée dans le cadre de ce rapport est issue de la base de données publiée dans le cadre de la Data Collection Framework (DCF). Les données utilisées correspondent aux données soumises en 2014 par la France et l’Espagne pour l’année 2012. Les données DCF regroupent l’ensemble des navires opérant hors des eaux de l’UE sans distinction de la zone géographique : elles couvrent donc les flottes opérant en Atlantique mais aussi dans l’océan Indien ou dans l’océan Pacifique. Les données DCF sont donc ajustées pour que le niveau de rentabilité moyen décrit par les données DCF corresponde au niveau d’activité des navires présents dans l’océan Atlantique135.

Tableau 6.1 : structure de coûts des navires

Senneurs espagnols

Senneurs français

Source

Carburant Litres / jour 11 716 10 188 DCF 2013

Autres coûts variables EUR / jour 4 159 1 020 DCF 2013

Réparation (part variable) EUR / jour 502 2 451 DCF 2013

Réparation (part fixe) EUR 143 475 503 200 DCF 2013

Autres coûts fixes EUR 300 867 874 099 DCF 2013

Part des coûts salariaux % du RAP 20 % 36 % DCF 2013

Part des taxes et services portuaires

% du CA 5 % 5 % rapport CI 2012

Source : Données publiées dans le cadre de la DCF (2013). La part des coûts salariaux se détermine à partir du calcul de Reste À Partager (RAP). La part des taxes et services portuaires. Réalisation propre

Selon les données reportées dans le cadre de la DCF (Tableau 6.1), les niveaux des coûts d’entretien et de réparation ainsi que les coûts non variables sont bien plus importants pour les thoniers senneurs français que pour les thoniers senneurs espagnols. À l’inverse, le poste des autres coûts variables est plus important pour les senneurs espagnols que pour les navires français.

133 COFREPECHE, POSEIDON, MRAG et NFDS, 2013. Revue des pêcheries thonières dans l’océan Atlantique Est (Contrat cadre MARE/2011/01 - Lot 3, contrat spécifique n° 5). Bruxelles, 123 p.

134 Pour 2014, près de 19 000 t transformées ou non pour un total de 470 000 t.

135 Cet ajustement consiste à recalculer les coûts moyens observés pour que le niveau de rentabilité des navires soit cohérent avec le chiffre d’affaires réalisé en Atlantique.

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Ces différences se retrouvent également dans le ratio permettant de définir les coûts salariaux à partir du reste à partager136. Pour les navires espagnols, ce ratio est de 20 %, alors qu’il est de 36 % pour les navires français.

Les navires français et espagnols présentent donc une structure de coût sensiblement différente. Les différents rapports publiés dans le cadre de l’Annual Economic Report (AER)137 ne donnent aucune indication sur la raison de ces importantes différences. Bien que le règlement de la DCF soit relativement précis dans la manière de récolter les données économiques, les différents États membres n'appliquent pas les mêmes méthodes de collecte ce qui rend la comparaison difficile. Ainsi, les structures de coûts sont différentes pour des segments similaires dans les données DCF donnant, par exemple, pour les navires espagnols un fort niveau de coûts variables non attribués ("autres coûts variables" selon la terminologie DCF) qui laisse supposer que divers postes de coûts n'ont pas été affectés correctement bien que le résultat d'ensemble (niveau d'EBITDA) soit conforme avec les informations que l'on peut obtenir par ailleurs (rentabilité opérationnelle de l'ordre de 20 à 30 %).

6.3 Création d'emplois

Les 23 navires qui pouvaient évoluer dans la zone de pêche du Gabon en 2013 ont mobilisé un peu moins de 1 100 marins dont près de 550 de l'UE et plus de 480 de divers autres pays ACP (cf. Tableau 6.2). Selon les informations recueillies lors de l’évaluation, aucun marin gabonais n’est embarqué à bord des navires de l’UE. Environ 160 personnes assurent la gestion des 23 navires présents dans la zone, depuis les sièges des armements dans les différents États membres. En 2014, le nombre de navires enregistrés est resté sensiblement le même (un navire espagnol en moins), ce qui ne modifie que peu le niveau d’emploi associé à la flotte de l’UE.

Tableau 6.2 : emplois directs liés à la flotte de l'UE en 2013 et 2014

2013 2014

Senneurs espagnols

Senneurs français

Total Senneurs espagnols

Senneurs français

Total

Nombre de navires 14 9 23 13 9 22

Équipage UE* 387 169 556 360 169 529

Autres équipages* 244 237 481 226 237 463

dont marins gabonais 0 0 0 0 0 0

Total équipage 631 406 1 037 586 406 992

Personnel UE lié à la gestion* 95 61 156 88 61 149

Total emplois directs 726 467 1 193 674 467 1 141

* : en tenant compte de la rotation des équipages

Source : DCF (équipage UE) ; Oceanic Développement et MegaPesca (2011) et armements : hypothèse de 15 % de personnel lié à la gestion basé en Europe ; Réalisation propre

Au prorata des captures réalisées dans la zone de pêche du Gabon, le nombre d'emplois directs, à bord et associés à la gestion de la flotte, est de l'ordre de 90 en 2013 et proche de 200 en 2014 (cf. Tableau 6.3).

Le nombre d’emploi lié aux activités en amont, et notamment à la construction navale et à la maintenance, est de plus de 55 dont environ 40 en Europe et 15 dans les pays ACP (Côte d’Ivoire et Ghana principalement) en 2013 (voir pour le détail de l'estimation par catégorie en bas du tableau 6.3). En 2014, le nombre d’emplois indirects lié aux activités amont est proche de 120 dont 90 en Europe et 30 dans les pays ACP. En raison de

136 Reste à partager = chiffres d’affaires – (coûts de carburant et autres coût variables).

137 Scientific, Technical and Economic Committee for Fisheries (STECF), 2014a. The 2014 Annual Economic Report on the EU Fishing Fleet (STECF-14-16). Publications Office of the European Union, Luxembourg, EUR 26901 EN, JRC 92507, 363 p.

Scientific, Technical and Economic Committee for Fisheries (STECF), 2013. The 2013 Annual Economic Report on the EU Fishing Fleet (STECF-13-15). Publications Office of the European Union, Luxembourg, EUR 26158 EN, JRC 84745, 302 p.

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l’absence d’implication dans le processus d'avitaillement des navires, le Gabon ne bénéficie d’aucun emploi généré par l'APP dans le secteur amont.

Le nombre d'emplois relatifs aux activités en aval (manutention et transformation du poisson) est de près de 160 en 2013 et 370 en 2014, tous situés en pays ACP, Côte d’Ivoire et Ghana principalement (détail de l'estimation en bas du tableau 6.3). Là encore le Gabon ne bénéficie d’aucun emploi généré par l’APP dans le secteur aval.

Tableau 6.3 : emplois directs et indirects imputables à l'APP entre l'UE et le Gabon

2013 2014

Senneurs espagnols

Senneurs français

Total Senneurs espagnols

Senneurs français

Total

% des captures dans ZEE gabonaise / total captures des navires dans l'océan Atlantique

1,3 % 18,0 % 11,3% 27,4%

Emplois directs liés à l'APP avec le Gabon

Équipage UE 5,1 30,6 35,7 40,5 46,4 86,9

Équipage Gabon 0 0 0 0 0 0

Autre équipage pays ACP 3,2 42,8 46,0 25,5 65,0 90,5

Personnel lié à la gestion des flottes et des équipages

1,2 11 12,2 9,9 16,7 26,6

Total emplois directs 9,5 84,4 93,9 75,9 128,1 204,0

Emplois indirects liés à l'APP avec le Gabon

Emplois indirects UE en amont a 4,1 36,6 40,7 32,9 55,5 88,4

Emplois indirects Gabon en amont b 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0

Autres Emplois indirects ACP en amont c

1,5 13,0 14,5 11,7 19,7 31,4

Emplois indirects UE en aval 4,0 28,4 32,4 28,4 45,6 74,0

Emplois indirects Gabon en aval e 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0

Emplois indirects ACP en aval f 14,9 106,7 121,6 106,5 170,9 277,4

Total emplois indirects 24,5 184,7 209,2 179,5 291,7 471,2

TOTAL emplois directs et indirects

34,0 269,1 303,1 255,4 419,8 675,2

Source : Les différents ratios sont basés sur ceux utilisés dans les rapports Sao Tomé-et-Principe138, Cote d’Ivoire139. Ainsi que le rapport régional140. a : 22,5 emplois indirects UE amont par navire thonier ; b : aucune activité d’avitaillement ou de maintenance au Gabon ; c : 8 emplois indirects ACP en amont par navire (au prorata de la part des captures réalisées dans la zone de pêche du Gabon) ; d : e : aucune capture débarquée au Gabon, l’ensemble des captures étant débarquées en pays ACP (Côte d’Ivoire et Ghana principalement) ; f : environ 1 emploi pour 50 tonnes de poissons débarquées ; Réalisation propre

Globalement, l'APP entre l'UE et le Gabon a permis l'emploi de plus de 300 personnes en 2013 et 670 personnes en 2014. L’APP entre l’UE et le Gabon a ainsi débouché sur environ 120 emplois au bénéfice de l'UE et 180 emplois dans les pays ACP en 2013. En 2014, cela correspond à 270 emplois au bénéfice de l’UE pour 400 emplois dans les pays ACP. L’absence d’activité « à terre » des navires de l’UE au Gabon, qu’il s’agisse

138 COFREPECHE, NFDS, POSEIDON et MRAG, 2013. Évaluation rétrospective et prospective du protocole de l'accord de partenariat dans le secteur de la pêche entre l'Union européenne et la République démocratique de São Tomé e Príncipe. Contrat cadre MARE/2011/01 - Lot 3, contrat spécifique n° 5. Bruxelles, 123 p.

139 Océanic Développement et Megapesca Lda, 2011. Evaluation ex post du protocole actuel d’accord de partenariat dans le domaine de la pêche entre l’Union Européenne et le Gabon. Rapport final. Convention spécifique n°31 Framework contrat Fish/2006/20, 93 p.

140 COFREPECHE, POSEIDON, MRAG et NFDS, 2013. Revue des pêcheries thonières dans l’océan Atlantique Est (Contrat cadre MARE/2011/01 - Lot 3, contrat spécifique n° 5). Bruxelles, 123 p.

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d’avitaillement, d’entretien ou de débarquement, implique que l’APP ne génère aucun emploi dans le pays, hormis les emplois administratifs.

6.4 Valeur ajoutée directe et résultat brut d'exploitation

La valeur des captures réalisées par les navires de l'UE dans les eaux gabonaises s'élève à environ 13,8 millions d'euros en 2013 et 22,8 millions d’euros en 2014 (cf. tableau 6.4). Près de 88 % de la valeur est générée par l'activité des thoniers senneurs français en 2013. En 2014, un rééquilibrage entre les flottes françaises et espagnoles est observé suite à l’augmentation de la présence des thoniers senneurs espagnols dans la zone de pêche gabonaise. Les thoniers senneurs français ne génèrent alors plus que 63 % de la valeur débarquée.

Tableau 6.4 : valeur des captures réalisées en 2013 et 20014 dans les eaux gabonaises par les navires de l'UE

2013 2014

Espèces Senneurs espagnols

Senneurs français

Total Senneurs espagnols

Senneurs français

Total

Captures dans la zone de

pêche gabonaise

(1) (tonnes)

Listao 820 4 804 5 623 3 764 4 793 8 557

Albacore 114 1 951 2 065 2 546 5 351 7 897

Thon obèse 25 273 297 603 1 189 1 792

Germon 0 7 7 0 7 7

Autres 37 77 114 189 49 239

Total 995 7 112 8 107 7 102 11 390 18 492

Prix moyen (2)

(EUR/tonnes)

Listao 1 490 1 490 750 750

Albacore 2 400 2 400 1 750 1 750

Thon obèse 1 300 1 300 1 300 1 300

Germon 1 460 1 460 1 460 1 460

Autres 1 000 1 000 1 000 1 000

Valeur des captures

(3) = (1) X (2) (milliers d'EUR)

Listao 1 222 7 157 8 379 2 823 3 595 6 418

Albacore 273 4 683 4 956 4 456 9 365 13 820

Thon obèse 32 355 387 784 1 546 2 330

Germon 0 11 11 0 11 11

Autres 37 77 114 189 49 239

Total 1 564 12 283 13 847 8 252 14 565 22 817 * Source : Données de captures fournies par la DG MARE, prix: prix relevé sur le marché d’Abidjan GLOBEFISH monthly and quarterly reports; Réalisation propre

La valeur ajoutée directe (VAD) de l'APP est de l'ordre de 16,6 millions d’euros pour les 18 premiers mois de l'application du protocole (cf. tableau 6.5) : l’APP aurait en effet permis de générer près de 7,4 millions d’euros de valeur ajoutée directe en 2013 et 9,2 millions d’euros en 2014. Elle correspond à la différence entre le chiffre d'affaires (vente du produit de la pêche) et les consommations intermédiaires (carburant, autres frais et services variables) liées aux activités de pêche. Cette valeur représente la richesse qui est créée à partir de l’exploitation des ressources halieutiques dans la zone de pêche du Gabon en utilisant un certain nombre d’intrants.

Les consommations intermédiaires sont, de plus, source d'une création de richesse dans les pays dans lesquels les navires de l'UE s'avitaillent, à travers la demande adressée aux secteurs économiques amont. Celle-ci est prise autant que possible en compte dans l'estimation des effets économiques indirects générés par l'APP entre l'UE et le Gabon. Les ports d’Abidjan (Côte d’Ivoire) et de Tema (Ghana) sont les principaux ports d’avitaillement et de débarquement pour les navires de l'UE.

Le calcul des droits d’accès pour l’année 2013 repose sur l’hypothèse que la redevance nationale a été payée au prorata de la durée de l’APP qui n’a été entamé que le 24 juillet, soit le 205ème jour de l’année, ce qui correspond à un ratio de 44 %.

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Les coûts présentés dans le tableau ci-dessous sont calculés à partir des informations présentées précédemment et notamment les structures de coûts des thoniers senneurs évoluant dans la zone de pêche gabonaise (voir tableau 6.1 page 68). La base de calcul pour chaque coût repose sur la méthodologie définie dans la note de méthode publiée dans le cadre de l’analyse économique de la flotte thonière de l'UE141.

Tableau 6.5 : valeur ajoutée directe et excédent brut d'exploitation (milliers d’euros) 2013 2014

Senneurs espagnols

Senneurs français

Total Senneurs espagnols

Senneurs français

Total

Nombre d'autorisations délivrées 14 9 23 13 9 22

Nombre de navires actifs dans la zone gabonaise

4 9 13 11 9 20

Nombre de jours de mer dans la zone gabonaise

71 374 445 426 504 930

Captures (t) 995 7 112 8 107 7 102 11 390 18 492

dont captures au-delà du tonnage forfaitaire

0 0 0 0 0 0

Chiffre d'affaires (CA)

1 564 12 283 13 847 8 252 14 565 22 817

Consommations intermédiaires variables (CIV)

Carburant 583 2 670 3 252 3 497 3 594 7 091

Autres coûts variables 217 382 599 1 361 514 1 875

Consommations intermédiaires incompressibles (CII)

Entretien & Réparation 43 1 736 1 779 392 2 477 2 869

Autres Coûts non-variables 16 808 824 373 1 429 1 802

Consommations intermédiaires (CIT = CIV + CII)

859 5 595 6 455 5 623 8 014 13 637

Valeur ajoutée produite (VA = CA - CIT)

704 6 688 7 392 2 629 6 551 9 181

Subventions - - 0 - - 0

Coût des autorisations de pêche

142 448 590 617 820 1 437

dont redevance nationale a 85 55 139 179 124 303

dont contribution observateur b 3 2 5 3 2 4

dont part au prorata du tonnage capturé c

55 391 446 436 694 1 130

Taxes portuaires 78 614 692 413 728 1 141

Impôts et taxes liés à l'activité (IT)

221 1 062 1 282 1 030 1 548 2 578

Charges de personnel embarqué (CPE)

153 3 316 3 470 682 3 757 4 439

Excédent brut d'exploitation (EBE=VA-IT-CPE)

330 2 310 2 640 918 1 246 2 164

Source : DCF pour la structure des coûts des navires, armements. a : redevance nationale : 6 065,07 EUR/navire en 2013, 13 750 EUR/navire en 2014 (année pleine). b : contribution observateur : 200 EUR/navire/an. c : coût à la tonne : 55 EUR/tonne capturée en 2013 et jusqu’au 23 juillet 2014 ; 65 EUR/tonne à partir du 24 juillet 2014 ; Réalisation propre

141 COFREPECHE, MRAG, NFDS et POSEIDON, 2014. Analyse économique de la flotte thonière de l'UE – Note de méthode. Contrat cadre MARE/2011/01 - Lot 3, contrat spécifique n° 09. Bruxelles, 32 p.

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L'excédent brut d'exploitation (EBE) dégagé à la suite des opérations de pêche est de l'ordre de 2,6 millions d’euros en 2013 et 2,2 millions d’euros en 2014. Cette baisse de l’EBE reflète la forte baisse des prix du thon entre 2013 et 2014. La zone de pêche du Gabon se présente néanmoins comme un lieu intéressant pour la flotte de l’UE principalement en raison de l'importance des captures qui y sont réalisées. Les thoniers senneurs français contribuent à hauteur de 87 % à la constitution de l'EBE en 2013 en raison de leur plus forte implication dans la zone de pêche gabonaise (près de 7 fois celles des thoniers senneurs espagnols). La situation se rééquilibre en 2014 avec 42 % de l’EBE généré par les thoniers senneurs espagnols.

La VAD représente entre 30 et 50 % du chiffre d'affaires selon les flottes et les années considérées (voir tableau 6.6). Les niveaux de valeur ajoutée sont moindres en 2014, du fait de la dépréciation des deux principales espèces pêchées, listao et albacore, sur le marché d’Abidjan. Le ratio « coût des autorisations de pêche / chiffre d'affaires » est relativement faible pour les thoniers senneurs français, oscillant entre 4 % et 6 % entre 2013 et 2014 (un bon niveau de résultat tourne autour de 20 %). Ce ratio est plus important pour les thoniers senneurs espagnols, notamment en 2013 où il était de 9 % soit deux fois plus que les thoniers senneurs français pour cette année142. Le coût des autorisations de pêche prises pour 11 navires n’ayant pris part à aucune activité de pêche dans la zone de pêche gabonaise est la principale raison pour laquelle le ratio coût des autorisations de pêche / chiffre d’affaires est si élevé en 2013. La plus forte participation des navires espagnols à la campagne de pêche de 2014 a permis de voir baisser ce ratio à 7 %. Il reste cependant plus élevé que pour les navires français, le volume moyen de captures réalisé par les navires espagnols étant moindre, ce qui mécaniquement renchérit le coût de l’accès aux zones de pêche gabonaise pour ces navires.

Tableau 6.6 : ratios relatifs aux droits d'accès, au CA et à la VAD 2013 2014

Ratio Senneurs espagnols

Senneurs français

Total Senneurs espagnols

Senneurs français

Total

Ratio VAD / CA 45 % 54 % 53 % 32 % 45 % 40 %

Ratio coût des autorisations de pêche / CA

9 % 4 % 4 % 7 % 6 % 6 %

Ratio coût des autorisations de pêche / VAD

20 % 7 % 8 % 23 % 13 % 16 %

Source : réalisation propre

6.5 Valeur ajoutée indirecte

Au-delà de la valeur ajoutée directe générée par l’activité des navires de pêches, l’APP entre l’UE et le Gabon bénéficie aussi aux industries amonts (avitaillement, maintenance) et avales (négoce et transformation des poissons débarqués).

L’approvisionnement des navires en carburant s’effectue généralement dans des ports de pays ACP (principalement Côte d’Ivoire et Ghana). Des navires français ont en effet réalisé quelques essais d’approvisionnement à Port-Gentil, sans que l’expérience ne se soit révélée positive. L’intégralité de la valeur ajoutée indirecte générée par les activités d’avitaillement est donc captée par d’autres pays ACP, ce qui représente près de 100 000 euros en 2013 et 210 000 euros en 2014 (voir Tableau 6.7), en prenant comme hypothèse un ratio de valeur ajoutée / chiffres d’affaires de 3 % pour les entreprises d’approvisionnement de carburant. Ce ratio est dérivé des informations financières publiées par un des principaux distributeurs de carburant marin OW Bunker en 2013143. Il est à noter que ce ratio est cohérent avec les informations existant par ailleurs sur l’activité de distribution de carburant qui est le maillon à faible valeur ajoutée de l’industrie pétrolière.

142 Ainsi, si un navire présente 20% de résultat opérationnel sur chiffre d'affaires (correspondant à un bon résultat), une autorisation de pêche représentant 9% supplémentaire correspondrait à la moitié du résultat du navire.

143 OW Bunker, 2013. Annual Report 2013. 88 p.

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Tableau 6.7 : valeur ajoutée indirecte liée à l’approvisionnement de carburant (milliers d’euros) 2013 2014

Gabon

Autres pays ACP

UE Gabon Autres pays

ACP UE

Achats de carburants 3 252 7 091

Part des achats de carburants par pays

0 % 100 % 0 % 0 % 100 % 0 %

Chiffre d'affaires générées par l’achat de carburant

0 3 252 0 0 7 091 0

Ratio VA / Chiffre d'affaires pour les distributeurs de carburant

3 % 3 % 3 % 3 % 3 % 3 %

Valeur ajoutée liée à l’achat de carburant

0 98 0 0 213 0

Source : réalisation propre

Il n’existe pas d’entreprise de réparation navale capable d’accueillir les thoniers senneurs européens au Gabon. Pour faire réaliser les visites régulières de maintenance et les réparations occasionnelles, ces navires doivent se retourner vers des chantiers navals dans la sous-région (Côte d’Ivoire, Cap Vert, Angola). En l’absence de données fiables sur le secteur, il a semblé utile de suivre une hypothèse plutôt conservatrice, à savoir un ratio de valeur ajoutée / chiffres d’affaires égal à 15 % pour cette activité, comme dans l’étude « Regional social and economic impacts of change in fisheries-dependent communities »144.

En utilisant ce ratio, les activités auraient généré près de 270 000 euros de valeur ajoutée indirecte en 2013 et 430 000 euros en 2014 (cf. Tableau 6.8). En termes de répartition, il est fait l’hypothèse que 25 % des coûts de maintenance reviennent à des entreprises de l’UE145.

Tableau 6.8 : valeur ajoutée indirecte liée aux activités d’entretien et de réparation des navires (milliers d’euros)

2013 2014

Gabon

Autres pays ACP

UE Gabon Autres pays

ACP UE

Dépenses d’entretien et réparations

1 779 2 869

Part des dépenses d’entretien et de réparations par pays

0 % 75 % 25 % 0 % 75 % 25 %

Chiffre d'affaires généré par les activités d’entretien et de réparations

0 1 334 445 0 2 152 717

Ratio VA / Chiffre d'affaires pour les activités d’entretien et de réparations

15 % 15 % 15 % 15 % 15 % 15 %

Valeur ajoutée liée aux activités d’entretien et de réparations

0 200 67 0 323 108

Source : réalisation propre

Les captures réalisées dans la zone de pêche du Gabon permettent d’alimenter un ensemble d’entreprises de transformation situées en pays ACP ainsi qu’en Europe, aucun débarquement n’étant réalisé au Gabon. L’hypothèse retenue ici est que le ratio liant la valeur ajoutée aux achats de matières premières est de 30 % pour les entreprises de transformation européennes, ratio cohérent avec les données les plus récentes

144 Etude Fish/2006/09.

145 Ce pourcentage a été vérifié avec les différents armements concernés.

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concernant le secteur de la transformation des produits de la mer en Europe146. Pour les entreprises de transformation basées en pays ACP, ce ratio est estimé être proche de 15 %147. Ce différentiel s’explique avant tout par les gammes de produits différentes selon les grandes régions de production : en pays ACP, la production est orientée vers l’entrée de gamme, à faible valeur ajoutée, alors que les produits issus des entreprises de l’UE sont des conserves plus élaborées, comme des salades de thon.

La valeur ajoutée indirecte générée par les entreprises basées en pays ACP peut ainsi être estimée à près de 1,6 million d’euros en 2013 et à 2,6 millions d’euros en 2014 (voir Tableau 6.9). Une partie du thon capturé dans la zone de pêche gabonaise est transbordée dans les ports ACP (Abidjan, Téma) et transformée dans l’UE, notamment en Espagne et au Portugal. La valeur ajoutée indirecte générée par ces entreprises peut être estimée à près de 0,8 million d’euros en 2013 et 1,4 million d’euros en 2014.

Tableau 6.9 : valeur ajoutée indirecte liée à la transformation des captures réalisées dans la zone de pêche du Gabon (milliers d’euros)

2013 2014

Gabon

Autres pays ACP

UE Gabon Autres pays

ACP UE

Valeur des débarquements 13 847 22 817

Part des débarquements par pays

0 % 75 % 20 % 0 % 75 % 20 %

Montant des achats de la filière aval

0 10 385 2 769 0 17 113 4 563

Ratio VA / achats de matière première pour les activités de transformation

15 % 15 % 30 % 15 % 15 % 30 %

Valeur ajoutée liée aux activités de transformation

0 1 558 831 0 2 567 1 369

Source : réalisation propre. La somme de la part des débarquements ne fait que 95%, étant donné l’estimation de transbordement de 5% des captures vers la Thaïlande, cf figure 6.1 page 67

6.6 Partage de la valeur ajoutée

La richesse créée, la valeur ajoutée (VA), se répartit entre les salariés (salaires), le ou les États (impôts et taxes nets de subventions), les financeurs (intérêts d'emprunt), les actionnaires (dividendes) et l'entreprise (investissements, développement). La répartition de la valeur ajoutée créée par l’APP est présentée dans le Tableau 6.10.

Celle qui revient au Gabon n’est composée que des droits d'accès, aucun marin de nationalité gabonaise n’étant embarqué à bord des navires de l’UE (pas de salaires) et aucun navire n’ayant d’activité économique au Gabon (pas de valeur ajoutée indirecte en amont ou en aval). Son montant est de 1,4 million d’euros en 2014 (11 % de la VA totale produite).

Les pays du groupe ACP ayant des marins à bord et réalisant des opérations portuaires (avitaillement, transbordement et déchargement) captent près de 6,7 millions d’euros de VA totale en 2014 (49 % de la VA totale). Leurs liens économiques avec les thoniers senneurs leur permettent en effet de récupérer une partie de la valeur ajoutée produite à chaque étape :

Les entreprises en amont génèrent une faible part de la valeur ajoutée indirecte (avitaillement et réparations) ;

146 Scientific, Technical and Economic Committee for Fisheries (STECF) – The Economic Performance Report on the EU Fish Processing (STECF-14-21). 2014. Publications Office of the European Union, Luxembourg, EUR 27029 EN, JRC 93340, 355 pp.

147 Com pers Patrice Guillotreau.

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La présence de marins des pays ACP à bord des navires de l’UE permet de capter une partie des salaires générés (valeur ajoutée directe) ;

Les taxes portuaires permettent également de capter une partie de la valeur ajoutée directe produite par l’activité des navires de l’UE ; et

La transformation d’une partie non négligeable des captures dans les principaux pays de débarquement (Côte d’Ivoire, Ghana) génère elle aussi une valeur ajoutée indirecte importante pour ces pays.

L'UE enfin reçoit 40 % de la valeur ajoutée totale créée, pour un montant de 5,6 millions d’euros. Il s’agit avant tout des salaires des marins et de l’EBE des navires. La transformation d’une part des captures par l’industrie de l’UE permet également de capter une partie non négligeable de la valeur ajoutée indirecte.

Tableau 6.10 : répartition de la valeur ajoutée (milliers d’euros) 2013 2014

Gabon Pays ACP

UE Total Gabon Pays ACP

UE Total

VA directe

Droits accès des navires de pêche

590 590 1 437 1 437

Salaires et charges sociales du personnel embarqué

0 1 995 1 475 3 470 0 2 456 1 983 4 439

Taxes portuaires + EBE (pour l'UE)

0 692 2 640 3 332 0 1 141 2 164 3 305

VA indirecte

Valeur ajoutée amont 0 297 67 364 0 535 108 643

Valeur ajoutée aval 0 1 558 831 2 389 0 2 567 1 369 3 936

Total 590 4 543 5 012 10 145 1 437 6 699 5 623 13 760

% 6 % 45 % 49 % 100 % 11 % 49 % 40 % 100 %

Source : réalisation propre

Il est intéressant de noter que l’UE et le Gabon ne captent que la moitié de la valeur ajoutée totale produite dans le cadre de l’APP. In fine, le Gabon ne récupère qu’un sixième de la valeur ajoutée totale qui reste sur le continent africain. Si d’aventure le Gabon souhaitait entreprendre des actions pour augmenter la part de valeur ajoutée totale qui lui revient, plusieurs options s’offrent à lui.

La première reviendrait à augmenter les droits d’accès. Le rééquilibrage se ferait alors au détriment des navires de l’UE, qui verraient leur niveau d’EBE se réduire. Cette possibilité rendrait cependant la zone de pêche du Gabon moins attractive pour les navires européens et pourrait induire des rééquilibrages vers d’autres zones, moins productives mais plus rentables pour les navires. L’effet cumulé pourrait alors limiter les gains de valeur ajoutée pour le Gabon.

La seconde reviendrait à inciter des travailleurs gabonais à prendre part à la pêcherie. Il n’est que peu envisageable qu’un nouveau protocole implique une obligation à embarquer des marins gabonais. Cependant, la mise en place de filières de formation de marins qualifiés au Gabon pourrait permettre au pays de proposer une main d’œuvre qualifiée aux armements de l’UE, ce qui permettrait de générer des salaires non seulement dans la zone de pêche du Gabon, mais également dans le reste de la sous-région. Cette option permettrait une redistribution des emplois parmi les pays ACP puisqu’il est peu envisageable que l’apport de marins gabonais réduise le contingent de marins de l’UE à bord des navires thoniers. Cette option pose cependant la question de l’attractivité du secteur de la pêche thonière de l’UE pour des travailleurs gabonais. En l’absence d’une forte tradition maritime et avec la concurrence de secteurs potentiellement fortement rémunérateurs à terre, il n’est pas certain que le développement de filières de formation ait un effet attractif sur les travailleurs gabonais.

Enfin, la dernière option consisterait au renforcement des activités économiques des navires au Gabon (avitaillement, débarquement), ce qui permettrait de capter une partie de la valeur ajoutée indirecte générée par

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l’accord. Ce renforcement devrait cependant passer par le développement de services compétitifs à terre aussi bien en amont (avitaillement, réparation) qu’en aval (manutention portuaire, capacité de stockage, voire capacité de transformation). La mise en place d’une obligation réglementaire de débarquement ou de présence dans les ports gabonais ne serait cependant pas la meilleure option à envisager. Si les services proposés par le Gabon ne sont pas un tant soit peu compétitifs en comparaison des autres pays de la sous-région, une obligation de débarquement conduirait à réduire l’intérêt de la zone de pêche du Gabon pour les navires de l’UE. L’exemple des canneurs atteste que la zone de pêche peut perdre de son attractivité en l’absence de structures capables d’approvisionner les navires ou de réceptionner et commercialiser leurs captures. La mise en place de filières compétitives en amont ou en aval est cependant complexe et peut prendre plusieurs années avant que les entreprises gabonaises soient à même de concurrencer les entreprises de Côte d’Ivoire ou du Ghana. La mise en place d’une décote du paiement à la tonne, qui existe dans d’autres protocoles (Madagascar notamment), permettrait au Gabon de combler ce manque de compétitivité tout en permettant la diversification de son économie. Cette option entrainerait une nouvelle répartition au sein des pays ACP, le Gabon captant une partie de la valeur ajoutée actuellement générée dans les pays de la sous-région.

6.7 Ratios coût / bénéfice de l'APP

Les principaux types de ratios utilisés pour mesurer la pertinence de l'APP sont ceux du coût moyen total de la tonne de poisson pêchée (voir Tableau 6.11) et de la VA / compensation financière (voir Tableau 6.12). Le premier donne une indication de ce que coûte réellement la capture d'une tonne de poisson en considérant à la fois les montants publics et privés investis. Le second mesure la pertinence de l'investissement public à l'aune d’une part du ratio « Valeur Ajoutée Directe (VAD) / Compensation financière » (ou de la contrepartie financière dès lors que l'on veut prendre en compte le montant de l'appui sectoriel) pour ce qui est de l'impact global et d’autre part du ratio « VAD qui revient à l'UE (VAD UE) / Compensation financière » pour ce qui est de l'effet dans la sphère économique circonscrite à l'UE.

En 2013, chaque tonne de thon capturée dans la zone de pêche du Gabon a coûté, en termes d'accès, en moyenne 122 euros/t si l'on rapporte le volume de captures (près de 8 100 tonnes) à la somme de la compensation financière acquittée par l'UE et des autorisations et paiements additionnels réglés par les armateurs (voir Tableau 6.11). Si l'on tient compte de l'ensemble du budget public qui entre dans le champ d'application du protocole en vigueur (compensation et appui sectoriel), alors le coût moyen de l'accès passe à 147 euros/t. Dans le premier cas, 49 euros/t sont à la charge de l'UE et dans le second 73 euros/t. Celle des armateurs est, dans les deux cas, égale à 73 euros/t. Le coût de l'accès est, dans le premier cas, supporté à hauteur de 61 % par les armateurs contre 51 % dans le second.

Comparés à l’année 2013, les indicateurs de coût à la tonne pour 2014 sont quasiment stables, pour plusieurs raisons :

L’ensemble des contributions de l’UE a été ajustée à la durée de validité de l’APP pour l’année 2013, avec un ratio de 44 % (l’accord étant entré en vigueur le 24 juillet 2013) ;

Dans le même temps, les captures enregistrées pour 2013 représentent 44 % des captures réalisées en 2014 ; et

L’augmentation du coût à la tonne prévue par le protocole, qui passe de 55 euros/t à 65 euros/t pendant l’année 2014 est partiellement compensée par une meilleure utilisation des licences par les armateurs, 91 % des autorisations délivrées étant effectivement utilisées en 2014 (20 navires sur 22 autorisations) contre seulement 56 % des autorisations délivrées en 2013 (13 navires sur 23 autorisations).

Au global, le coût moyen de la tonne pêchée passe à 126 euros/t si l’on ne compte que la compensation financière et 151 euros/t si l’appui sectoriel est inclus dans le calcul. La contribution à la charge de l’UE reste inchangée (hausse quasi identique du tonnage capturé et de la compensation prévue). La contribution des armateurs passe quant à elle à un niveau de 78 euros/t.

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Tableau 6.11 : coût moyen de l'accès pour chaque tonne de poisson pêché en 2013 et en 2014 2013 2014

Calcul en ne considérant

que la compensation

financière

Calcul en tenant compte

du support sectoriel

Calcul en ne considérant

que la compensation

financière

Calcul en tenant compte

du support sectoriel

Compensation financière (milliers EUR)

397 397 900 900

Appui sectoriel (milliers EUR)

198 450

Redevances nationales et coûts observateurs (milliers EUR)

144 144 307 307

Paiement au prorata du tonnage débarqué (milliers EUR)

446 446 1 130 1 130

Total paiements UE et armateurs (milliers EUR)

987 1 185 2 337 2 787

Coût moyen de la tonne de poisson pêchée (EUR/tonne)

121,7 146,2 126,4 150,7

Coût moyen supporté par l'UE (EUR/tonne)

49,0 73,4 48,7 73,0

Coût moyen supporté par les armateurs (EUR/tonne)

72,8 72,8 77,7 77,7

Pourcentage du coût à charge de l'armateur

60 % 50 % 62 % 52 %

Source : réalisation propre

Au regard du montant de base du protocole, 123 euros/t pour 2013 et 129,11 euros/t pour 2014 (en prenant en compte que le coût à la tonne payé par les armateurs a augmenté au court de l’année), le coût réel d’accès aux ressources gabonaises est au niveau du coût annoncé a priori en ne considérant que la compensation. Si l’on étend la comparaison à la contrepartie (compensation plus appui sectoriel), le coût à la tonne payé est supérieur au coût annoncé (+19 % en 2013 et +17 % en 2014).

En matière de retour sur l’investissement public, à un euro investi dans la compensation et l’appui sectoriel correspond une valeur ajoutée directe (répartie entre l'UE, le Gabon et les pays ACP dont la Côte d’Ivoire et le Ghana) de 6,73 euros en 2014 (voir Tableau 6.12). En intégrant la valeur ajoutée indirecte, ce ratio monte à 10,13 euros. Si l'on ne considère que la part de la VA qui revient à l'UE, le ratio passe à 3,00 et 4,10 euros.

En prenant en compte l’ensemble des paiements prévus au protocole (compensation, appui sectoriel et paiements armateurs), la valeur ajoutée totale générée dans le cadre de l’APP approche 4,90 euros pour chaque euro payé en 2014, avec près de 40 % de la valeur ajoutée revenant à l’UE (1,98 euro).

C’est la première fois que la note de méthode148 est mise en application depuis sa parution. Les ratios relatifs à la valeur ajoutée ne sont donc pas directement comparables avec les évaluations d’APP précédemment réalisées. Dans la précédente évaluation de l’accord avec le Gabon, il était estimé qu’un euro de contrepartie permettait de générer 5,80 euros de valeur ajoutée.

148 COFREPECHE, MRAG, NFDS et POSEIDON, 2014. Analyse économique de la flotte thonière de l'UE – Note de méthode. Contrat cadre MARE/2011/01 - Lot 3, contrat spécifique n° 09. Bruxelles, 32 p.

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Tableau 6.12 : ratios relatifs à la valeur ajoutée 2013 2014

Valeur ajoutée

/ Captures (EUR/t)

/ Contrepartie (EUR/EUR)

/ Paiements armateurs (EUR/EUR)

/ Total des paiements (EUR/EUR)

/ Captures (EUR/t)

/ Contrepartie (EUR/EUR)

/ Paiements armateurs (EUR/EUR)

/ Total des paiements (EUR/EUR)

UE et Pays tiers

directe 912 12,41 12,53 6,24 491 6,73 6,32 3,26

indirecte 340 - - - 248 - - -

totale 1 251 17,04 17,19 8,56 739 10,13 9,51 4,90

UE

directe 507 6,91 6,97 3,47 219 3,00 2,82 1,45

indirecte 111 - - - 80 - - -

totale 618 8,42 8,49 4,23 299 4,10 3,85 1,98

Pays tiers

directe 404 - - - 272 - - -

indirecte 229 - - - 168 - - -

totale 633 - - - 440 - - -

Source : réalisation propre

En termes de création d’emploi, 1 million d’euros investi dans le protocole au titre de paiement total (contrepartie et paiement armateur) contribue à maintenir près de 240 emplois en 2014, dont 40 % en Europe (voir Tableau 6.13). Au global, près de 70 % des emplois créés sont des emplois indirects, principalement dans le secteur de la transformation du thon.

Tableau 6.13 : ratios relatifs à la création d’emploi Année 2013 2014

Emplois

/Captures (emploi /

millier de tonnes)

/Total des paiements (emploi /

million d'EUR)

/Captures (emploi /

millier de tonnes)

/Total des paiements (emploi /

million d'EUR)

UE et Pays tiers

directs 12 79 11 71

indirects 26 176 25 168

totaux 37 256 36 239

UE

directs 6 40 6 39

indirects 9 62 9 57

totaux 15 102 15 96

Pays tiers

directs 6 39 5 32

indirects 17 115 17 110

totaux 22 154 22 143 Source : réalisation propre

6.8 Synthèse de l’analyse économique

Les 21 navires de l’UE (sur 22 autorisés) ayant participé activement à l’exploitation des ressources présentes dans la zone gabonaise en 2014 ont capturé près de 92 % du tonnage de référence (soit 18 492 tonnes), ce qui représente un chiffre d’affaire estimé de 22,8 millions d’euros. Leur activité dans la zone de pêche gabonaise a permis l’emploi d’environ 200 emplois directs (navires et armements) et 470 emplois indirects (principalement dans l’industrie de la transformation).

L’activité des navires de pêche de l’UE dans la zone de pêche gabonaise est actuellement une activité génératrice de valeur ajoutée pour le secteur de la pêche (9,1 millions d’euros) et pour les secteurs connexes en amont et en aval de la filière (4,6 millions d’euros). Il est économiquement très bénéfique aux industries thonières impliquées à savoir espagnole et française.

La majeure partie de la valeur ajoutée totale (59 %) revient aux pays africains bordant le golfe de Guinée, bien que le Gabon ne capte qu’un sixième de cette valeur ajoutée (10 %) réalisée au sein des pays ACP. L’UE capte pour sa part 41 % de la valeur ajoutée totale générée par l’activité des thoniers senneurs dans la zone de pêche gabonaise.

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En matière de retour sur l’investissement public, à un euro investi dans la compensation et l’appui sectoriel correspond une valeur ajoutée totale de 10,13 euros en 2014 dont 4 euros reviennent à l’UE, ce qui en fait un accord profitable pour l’UE. Par ailleurs, le montant total obtenu par l'État gabonais est de 2,8 millions d’euro. Il perçoit une plus-value sur chaque tonne de poisson capturée d’au moins 18 euros, soit 14 %.

En termes économiques, l’APP entre l'UE et le Gabon est donc un accord globalement profitable à toutes les parties prenantes.

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7 Évaluation ex post (ou rétrospective) du protocole en vigueur selon les critères de cohérence, d’efficience, d’économie, d’acceptabilité et d’efficacité

Du fait de la saison de pêche dans les eaux gabonaises (mai à septembre), du délai dans la validation des données de captures et de la date d’anniversaire du protocole (juillet), l'évaluation ex post du protocole présentée ci-après est en fait une évaluation rétrospective des 18 premiers mois d’application du protocole qui en comptera 36, soit plutôt une évaluation à mi-parcours (de juillet 2013 à décembre 2014). La réalisation de cette évaluation permet à l’UE de se conformer à une obligation juridique, afin de pouvoir initier au plus tôt la négociation d’un éventuel futur protocole en 2016 avec la République gabonaise.

Durant la lecture de ce chapitre il est important que garder à l’esprit que des éléments constitutifs de l’analyse pourront être amenés à changer durant la période d’application du protocole en cours. Ainsi, les éventuelles évolutions de la politique nationale, les modifications dans la réglementation des pêches et la réorganisation de l’administration gabonaise en charge du secteur sont autant de facteurs à suivre du côté gabonais. En ce qui concerne les navires de l’UE, le redéploiement de la flotte espagnole en 2015 suite à la fin du protocole entre l’UE et la Mauritanie149, la mise en place d’un nouveau journal de pêche dans le cadre du protocole rendant systématique la déclaration des captures accessoires et des rejets sont autant d’inconnues qui pourront, demain, modifier le comportement des opérateurs. Des premiers débarquements de navires de l’UE dans un port du Gabon durant le protocole en vigueur, tels que le souhaitent les instances politiques gabonaises, pourraient modifier le flux de la valeur ajoutée créée par le secteur. De ce fait et à la lumière de ces éléments, il est préférable d’accueillir avec beaucoup de précautions et de réserves les avis émis dans les sections suivantes relatives à l'efficacité, l'efficience, l'économie, la cohérence et l'acceptabilité du protocole en vigueur.

La définition des éléments d'appréciation de la mise en œuvre de l'APP, énumérés ci-dessus, est donnée dans les documents d'évaluation de l'UE150 :

L'efficacité mesure le niveau d’atteinte des objectifs de l'APP ;

L'efficience caractérise l'atteinte des objectifs à un coût considéré comme raisonnable ;

L'économie manifeste la capacité de mobilisation des ressources dédiées à l'APP en temps, en qualité, en quantité et au meilleur prix ;

La cohérence traduit tout d'abord la conformité des actions entreprises dans le cadre de l'APP avec d'autres actions portant sur des domaines similaires et ensuite la cohésion d'ensemble des politiques de l’UE, gabonaises et internationales dans lesquelles figurent le volet externe de PCP, d'un côté, et le développement du secteur des pêches gabonaises, de l'autre ; et

L'acceptabilité exprime enfin l’inclination des parties prenantes à accepter les politiques et les instruments mis en œuvre dans le cadre de l'APP.

7.1 Efficacité – les objectifs de l’APP ont-ils été atteints ?

L’APP a comme objectifs d’assurer un accès aux eaux gabonaises aux navires de l’UE tout en préservant les ressources halieutiques et leur environnement naturel, de générer des emplois indirects liés à l'activité de pêche, d'apporter son appui au Gouvernement gabonais pour structurer le secteur de la pêche, de contribuer à la surveillance de la zone de pêche gabonaise et d'approvisionner le marché européen en produits de la mer.

149 Et vraisemblablement le retour de ces navires dans la zone mauritanienne en 2016 du fait du paraphe d’un nouveau protocole en juillet 2015 (dont l’application provisoire devrait être possible avant la fin de l’année 2015).

150 Notamment celui du Secrétariat général de la CE et celui de la DEV-CO, respectivement : http://ec.europa.eu/dgs/secretariat_general/evaluation/docs/eval_activities_en.pdf et http://ec.europa.eu/europeaid/evaluation/methodology/methods/mth_ccr_fr.htm#03_02.

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7.1.1 La contribution de l’APP au développement d'une pêche durable et rationnelle

Les deux parties sont parties contractantes de la CICTA en charge de la gestion des thonidés dans l’Atlantique. 27 navires de pêche de l’UE à senne coulissante et 8 thoniers canneurs de l’UE ont la possibilité de pêcher dans les eaux gabonaises dans les conditions prévues au titre de l’accord et du protocole actuels. En 2014, 22 senneurs de l'UE ont bénéficié des possibilités de pêche, avec une capture totale annuelle de 18 492 tonnes réalisées par 21 d’entre eux. Ce volume est inférieur au tonnage de référence annuel fixé dans le protocole (20 000 tonnes). Ces captures sont réalisées conformément aux résolutions et recommandations de la CICTA et ne posent donc a priori pas de risques pour les stocks de thonidés exploités notamment au regard des dernières évaluations des stocks de la CICTA. De plus, ces captures ne représentent que 17,6 % de la production totale estimée par les navires de l’UE dans l'océan Atlantique (pour une capture tous pavillons confondus de 350 000 tonnes environ151). En tant que tel, l'impact des activités de pêche actuelles des navires de l'UE dans les eaux gabonaise, bien que significatif, n’est pas susceptible de menacer le statut des thons tropicaux et le tonnage de référence est adapté au nombre de navires autorisés.

Du fait de l’inexistence de la recherche gabonaise dans le domaine de l’halieutique, les avis formulés par la partie gabonaise sur le tonnage de référence et les possibilités de pêche (tous navires confondus) semblent se baser sur une logique empirique de suivi des captures des pêcheries thonières présentes dans les eaux nationales par le passé. L’absence de capacités scientifiques au Gabon reste par ailleurs un problème à part entière d’autant que le Gabon souhaite la mise en place d’une réelle coopération scientifique sur les objectifs de la pêche thonière alors même que le pays n’est pas à même de prendre part aux travaux scientifiques menés dans le cadre de la CICTA. À titre d’exemple, le protocole prévoit que l’organisme scientifique en charge du suivi scientifique des captures à partir des journaux de pêche soit l’IRAF qui n’est absolument pas à même de mener ces travaux. Les coordonnées électroniques permettant la transmission de ces données à l’IRAF n’ont par ailleurs jamais été communiquées. Cette situation dont les deux parties se sont accommodées semble pour le moins surprenante au regard des enjeux en présence. Il est ainsi regrettable que les ambitions du pays ne s’accompagnent pas d’un projet concret de création d’un organisme de recherche dédié.

Sur le plan des possibilités de pêche, le protocole en vigueur se base donc principalement sur les avis scientifiques de la CICTA qui n’ont que peu changé ces dernières années (section 2.2.4). Un mécanisme tenant compte des captures de l’ensemble des flottes ciblant la ressource thonière (pour les navires sous licences privées ou accords publics) qui permettrait d’ajuster les capacités à l’état de la ressource, s’il existe, n’a pas été présenté par la partie gabonaise alors même que le Code des pêches de 2005 prévoit la réalisation d’un plan de gestion. Il est important de rappeler que la renégociation du tonnage de référence telle qu’elle a été discutée durant la Commission mixte extraordinaire de juin 2015 ne devrait pas correspondre uniquement à une négociation économique mais doit tenir compte des évaluations des stocks ainsi que du contexte régional.

Il est prévu que les capitaines des navires opérant dans la zone de pêche sous juridiction transmettent la copie du journal de pêche tenu sur une base journalière en mentionnant la totalité des captures (espèces cibles mais aussi captures accessoires et rejets) après la sortie de la zone de pêche. Il apparaît que certains capitaines ne se conforment pas à cette obligation contractuelle (aussi bien au regard du protocole que du règlement contrôle de l’UE) notamment en ce qui concerne les rejets et les captures accessoires afin de ne pas payer la redevance forfaitaire annuelle. Cet état de fait fausse dans le même temps des données précieuses pour les scientifiques dans leurs évaluations des stocks migratoires par définition partagés.

7.1.2 La création d’emploi indirect

L’absence de rotation des navires européens dans les ports gabonais, qu’il s’agisse d’avitaillement ou de débarquement, ne permet pas de générer de l’activité dans les secteurs amont (avitaillement, entretien) ou aval (stockage et transformation du poisson). Dans son mode de fonctionnement actuel, sous réserve d’une évolution dans le comportement des navires de l’UE durant le protocole en vigueur, l’APP ne permet pas de créer des

151 COFREPECHE, et al. Evaluation régionale, 2013.

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emplois indirects au Gabon. Il faut cependant prendre en compte l’absence d’infrastructures satisfaisantes dans le pays pour les navires de l’UE ne permettant pas d’encourager les navires à se rendre dans les ports gabonais.

7.1.3 L’appui au Gouvernement gabonais pour structurer la filière de la pêche

Le secteur des pêches gabonais est en profonde restructuration depuis octobre 2014 (voir Chapitre 4).

Ces changements du cadre institutionnel visent à améliorer la performance, la profitabilité ainsi que la durabilité du secteur de la pêche et de l’aquaculture et ont été initiés par la partie gabonaise sans qu’un appui de l’UE ne soit requis.

La vision de cette réorganisation a donc été très différente pour les deux parties, créant des incompréhensions et fragilisant d’autant les relations. Ainsi la partie gabonaise était en attente d’un réel appui et soutien dans le développement de sa nouvelle stratégie qu’elle considère être un effort important de sa part pour améliorer l’encadrement et les pratiques de toute la filière. De son côté, l’UE considère qu’elle n’a pas à interférer dans ce projet qui relève de la décision de la partie gabonaise et n’a fait constater les nombreux changements à la tête de la DGPA que cette réorganisation a entraînés : 4 personnes différentes ont en effet occupé le poste de Directeur Général depuis le début du protocole en vigueur. En outre, elle n’a pas été réellement saisie de demande précise en termes d’échange d’expérience dans le domaine. Les objectifs de cette réorganisation semblent bien définis et paraissent aller dans le sens d’une amélioration globale du suivi de la filière. Il faut cependant constater que ces changements ont été initiés avant la promulgation des décrets d’application et qu’un certain flou persiste autour du résultat final.

Il est important de noter qu’un membre détaché de la DG MARE est présent à la délégation de l’UE à Libreville. Deux missions ponctuelles de l’UE ont été réalisées dans le domaine de la surveillance des pêches (voir section 4.5) dont une sur le renforcement de capacité du CSP (AECP152, Septembre 2014), mais, comme le pointe la partie gabonaise, il n’y a pas d’assistance technique directe au quotidien153 et il faut noter que cela n’a pas fait l’objet d’une demande formalisée du Gabon.

Il n’existe donc pas d’appui direct de l’UE au gouvernement gabonais pour structurer le secteur de la pêche, l’appui structurel n’ayant pour objet que le renforcement de la surveillance et le contrôle de la pêche.

7.1.4 La surveillance de la pêche

La surveillance des navires opérant dans la zone de pêche du Gabon permet de lutter contre la pêche Illicite, Non déclarée et Non réglementée (INN). Le protocole prévoit la mise en place d’une surveillance « participative » innovante reposant sur la communication par les capitaines des navires de pêche de l’UE de tout navire qui ne figure pas sur la liste des navires autorisés à pêcher. Cette initiative dont le qualificatif ne semble pas approprié du fait de son caractère obligatoire au titre du protocole, i) permet de pallier, dans une moindre mesure, le défaut de capacité de projection des navires de surveillance gabonais et ii) renforce la collaboration entre les deux parties par le biais d’échanges d’informations sur tous les navires autorisés à pêcher dans la zone, sans considération du pavillon.

L’absence des observateurs à bord des navires de pêche est regrettable notamment du fait des manquements constatés de certains navires sur les tonnages prélevés et les enregistrements des rejets et des captures accessoires. La mise en place d’un pourcentage comme pénalité pour les navires ne déclarant pas de rejets ni de captures accessoires semble pertinente et devrait de fait inciter les capitaines à une plus grande rigueur.

L’obligation des balises VMS sur les navires européens est effective. Les balises transmettent la position, le cap et la vitesse toutes les heures en conformité avec le protocole. Le système permet ainsi une surveillance optimale par les États de pavillon qui transmettent automatiquement par voie électronique selon un système de 152 Agence Européenne de Contrôle des Pêches plus connu sous son acronyme anglais EFCA - European Fisheries Control Agency.

153 Ce n'est d'ailleurs pas un mode d'intervention habituel pour l'institution UE, en comparaison avec les agences de coopérations des États membres. Par ailleurs sur certains aspects liés au contrôle nécessitant des capacités informatiques assez spéciales et pointues, l'UE recommande d'intégrer ce soutien dans les contrats qu'elle aide à financer avec les fournisseurs de systèmes de surveillance intégré.

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communication sécurisé154 le signal au CSP gabonais lors des périodes de présence des navires de l’UE dans la zone de pêche sous juridiction.

Cependant, la partie gabonaise fait état de suspicions quant à la suspension des signaux qui empêcherait un suivi efficient des navires de l’UE dans la zone de pêche. Il est possible que des arrêts dans la transmission du signal se produisent mais ils doivent être rares et de courtes durées. Il apparaît tout à fait improbable que les CSP des États de pavillon des navires de l’UE puissent mettre en œuvre une telle procédure volontairement. Par ailleurs ces suspicions n’ont pas donné lieu à des demandes d’investigations formulées par la partie gabonaise, et n’ont donc pas permis d’apporter des réponses claires. Il faut noter que par le passé la transmission du signal vers le CSP gabonais a été suspendue en manière impromptue en raison de l’interruption de l’abonnement Internet du CSP ou en raison de certificats de sécurité transmis au Gabon pour autoriser la réception arrivés à échéance.

Il faut noter que l’utilisation des fonds de l’appui sectoriel pour le renforcement du CSP gabonais ainsi que la remise en fonctionnement très récente du système de surveillance militaire installé à Port-Gentil (voir section 4.5) devrait permettre aux autorités gabonaises d’améliorer le suivi des navires présents dans la zone.

7.1.5 La zone de pêche

La présence d’un conflit territorial entre la Guinée équatoriale et le Gabon dans la zone de pêche sous juridiction déclarée par la partie gabonaise dans le protocole devrait être revue afin de la retirer de la zone de pêche autorisée pour les navires de l’UE.

7.1.6 L’approvisionnement des marchés européens, du marché local et de l'industrie de transformation

La contribution de l'APP à l'approvisionnement du marché de l’UE est de l'ordre de 3 % du total des importations de thons commercialisés sur le marché européen.

Selon le protocole, « Lorsque les structures portuaires et de transformation du thon seront opérationnelles au Gabon, les armateurs [de thoniers senneurs] s’engagent à débarquer un minimum de 30 % des captures réalisées dans les eaux gabonaises, en prenant en compte les besoins effectifs de l’unité de production ». L’absence d’installation suffisante au Gabon ne permet pas pour l’instant aux navires européens de satisfaire cet élément du protocole. Dans les faits, la contribution de l’APP est donc nulle pour l’approvisionnement du marché gabonais, aucun débarquement n’étant effectué dans le pays.

7.2 Efficience : les résultats attendus l’ont-ils été à un coût raisonnable ?

7.2.1 L’APP est-il avantageux pour l’industrie de la pêche de l’UE ?

Le protocole permet à un maximum de 35 navires de l’UE d'opérer dans la zone de pêche gabonaise. Dans l'ensemble, pour l’année 2015, le nombre total de navires ayant demandé une autorisation de pêche est de 21, soit 60 % des possibilités ouvertes par le protocole. Ce ratio monte à 78 % si on exclue les 8 autorisations de pêche offertes aux thoniers canneurs qui n’en n’ont pas utilité dans les conditions actuelles. Ainsi les conditions d’accueil à terre, les conditions de débarquement, l’approvisionnement en appâts sont autant de contraintes opérationnelles que ces navires ne rencontrent pas dans leurs zones d’interventions habituelles.

L'APP contribue à l'industrie de la pêche de l'UE grâce aux activités des navires de l'UE dans la zone de pêche gabonaise. En 2014, cette zone a contribué à hauteur de 17,6 % aux captures totales des navires de l’UE dans l’Atlantique Est soit 11 % des captures totales des senneurs espagnols et 27 % des captures totales des senneurs français. Cette même année, le coût public du protocole pour l'Union européenne est de 900 000 euros pour l'accès seul (correspondant à un tonnage de référence de 20 000 tonnes) et 1 350 000 euros pour l'accès et l’appui à la mise en œuvre de la politique sectorielle. Le coût privé, pris en charge par les armateurs, est estimé à près de 1 437 016 euros, représentant le coût des autorisations de pêche (la redevance nationale) ainsi que le coût à la tonne payé par les armateurs. Cela se traduit par un coût de l'accès effectif en 2014 de

154 Les informations transitent entre les CSP via le prestataire en charge du suivi, la société française CLS.

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126 euros par tonne si l'on ne tient pas compte de l'appui sectoriel (151 euros/t en l'incluant dans l'évaluation), sur lesquels 49 euros/t (73 euros/t si l'on intègre l'appui sectoriel) proviennent du budget de l'UE et 78 euros/t des redevances versées par les armateurs des navires de l’UE.).

Le protocole contribue à la création d'environ 200 emplois directs (dont aucun gabonais) et 470 emplois (dont aucun gabonais) indirects sur la période estimé. Le protocole a donc une contribution négligeable en termes d’emploi au Gabon.

D’après nos estimations, le protocole aurait généré une valeur ajoutée totale de près de 13,7 millions d’euros en 2014, dont 5,5 millions d’euros serait revenue à l’UE au travers de l’Excédent Brut d’Exploitation (EBE) généré par les navires, des salaires collectés par les marins de l’UE et des secteurs connexes (voir Chapitre 6 pour le détail de l’estimation). La même année, le coût public de l’APP pour l’UE, accès et appui à la mise en œuvre de la politique sectorielle compris, aurait été de 1,35 million d’euros. Le protocole présente donc un bon rapport coût-bénéfice puisque 1 euro investi par l'Union européenne génère 10,1 euros de valeur ajoutée totale, dont 4,1 euros de valeur ajoutée totale pour l'UE.

7.2.2 L’APP est-il avantageux pour le secteur de la pêche gabonaise ?

En 2014, le Gabon a reçu 2 787 016 euros (900 000 euros au titre de la compensation et 1 437 016 euros au titre des redevances) pour l’accès des navires de l’UE à la zone de pêche gabonaise ainsi que 450 000 euros en appui sectoriel. Le montant total obtenu par l'État gabonais est ainsi de près de 2,8 millions d’euros.

Le coût de l'accès est en théorie de 133 euros/t (67,5 euros/t au titre de la compensation et 65 euros/t à celui de la redevance des armateurs), si toutes les possibilités de pêche étaient utilisées. Comme souligné ci-avant le coût réel de l'accès est pour 2014 de 151 euros/t en raison de la sous-utilisation du tonnage de référence (18 000 tonnes de thonidés capturés contre 20 000 tonnes de prévus) et des coûts afférents : tout d'abord pour l'UE dont la compensation est prévue pour 20 000 tonnes et pour les armateurs qui se sont acquittés de la redevance sans venir pêcher dans la zone gabonaise. Cela signifie que l'État gabonais perçoit une plus-value sur chaque tonne de poisson capturée d’au moins 18 euros, soit 14 %.

Comme indiqué plus haut, l’absence de débarquement dans le pays et d’embarquement de marins / observateurs gabonais rend cet accord peu intéressant en terme de création d’emploi.

Il est difficile de mettre en relation ces revenus avec ceux des navires opérant dans le cadre d’une licence privée. Cependant, à partir des données de captures de la CICTA pour les autres pavillons, dans la zone de pêche du Gabon (hors navires sous pavillon ghanéen) et du nombre de navires bénéficiant d’une licence privée, il est possible d’établir qu’a minima ces licences privées auraient généré un revenu annuel de 2,04 millions d’euros en 2013 et en 2014 (17 licences à 120 000 euros). L’estimation des captures de ces navires dans la zone de pêche du Gabon laisse à penser que le tonnage de référence de 1 000 tonnes par licence n’a pas été dépassé en 2013, avec une estimation de capture proche de 8 100 tonnes pour 10 navires, les captures du Ghana n’étant pas connues (7 navires en 2013). Ce niveau de capture ne semble pas avoir occasionné de paiement complémentaire sachant que toute capture supplémentaire occasionne un paiement de 120 euros/t. Dans le cas où les navires sous licence privée approchent voire dépassent leur tonnage de référence (1 000 tonnes), le revenu généré pour le Gabon approche les 120 euros/t, soit un prix 20 % inférieur au paiement global réalisé dans le cadre de l’APP (151 euros/t). Par ailleurs, ce revenu est plus fluctuant que celui généré par l’APP, les navires sous licence privée pouvant décider de ne pas la renouveler au gré des conditions proposées par le Gabon (aucune licence privée n’a été délivrée pour 2015 lors de la rédaction de cette étude).

En d'autres termes, l'APP est avantageux économiquement pour le Gabon, notamment en comparaison des accords privés.

7.2.3 L’importance relative et impacts des captures des navires de l’UE au Gabon

La partie gabonaise juge les taux d’utilisation des autorisations de pêche trop faibles notamment en ce qui concerne les thoniers canneurs et milite pour une meilleure adéquation entre les autorisations de pêche offertes et les utilisations réelles.

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Il n’y a aucun débarquement au Gabon des captures réalisées par les navires de l’UE. L’effet de l’APP sur le secteur de la transformation gabonais est donc nul.

L'UE reçoit une proportion relativement élevée de la VA de l'APP par rapport au Gabon (plus de quatre fois la valeur ajoutée directe perçue par le Gabon).

D’après nos estimations155, 45 % de la valeur ajoutée directe générée par l’activité des flottes de l’Union européenne dans la zone de pêche gabonaise bénéficie à l’UE. En combinant les salaires des marins européens et l’EBE généré par les navires européens, cela représente 4,1 millions d’euros en 2014. En l’état actuel des choses, le Gabon capte 16 % de la valeur ajoutée directe issue uniquement, en l’absence de marins gabonais participant à la pêcherie et de taxes portuaires, des paiements des droits d’accès des armements des thoniers senneurs de l’UE, ce qui représente 1,4 million d'euros en 2014. Les autres pays ACP capturent 40 % de la valeur ajoutée directe par le biais des salaires des marins et des taxes portuaires collectées.

Les infrastructures et les services portuaires gabonais souffrent d'un manque complet d’équipement permettant d’accueillir les navires de pêche à Libreville ou dans tout autre port du pays (Port-Gentil par exemple). Ce fort désavantage comparatif face à d'autres ports de la sous-région, notamment Abidjan (Côte d’Ivoire), explique que le pays ne bénéficie d’aucun flux financier et d’aucune valeur ajoutée indirecte liés à l'entretien des navires et à l'avitaillement ou aux activités de valorisation et de transformation qui pourraient se faire sur le territoire gabonais. En l’absence de lien économique entre les flottes de l’UE et le Gabon, la majeure partie de la valeur ajoutée indirecte est captée par les pays ACP (Côte d’Ivoire principalement), soit 3,1 millions d’euros en 2014 (68 % de la valeur ajoutée indirecte), le reste revenant à l’UE au travers de l’activité du secteur européen de la transformation du thon (près de 1,5 million d’euros en 2014).

Ainsi, l’impact des captures des navires de l'UE sur le secteur de la transformation du Gabon est nul : il n’existe aucune obligation de débarquer ou de transborder au Gabon les poissons capturés dans la zone de pêche du pays (sauf pour les thoniers canneurs). Les marchés locaux et/ou le secteur de transformation ne bénéficient d’aucune valeur ajoutée découlant du protocole.

7.3 Économie

Le versement de la contrepartie financière dans son volet « accès à la zone de pêche et tonnage de référence » a été réalisé sans encombre aux titres de la première année et de la deuxième année d’application du protocole.

La contrepartie financière dans son volet « appui à la mise en œuvre de la politique sectorielle de la pêche au Gabon » n’a été versée que dans sa première tranche au début de l’application du protocole. Suite à la constatation de la non-utilisation de ces fonds pour des raisons propres à la partie gabonaise, la partie européenne a suspendu le paiement de la deuxième tranche. Du fait du déblocage de l’appui, cette situation semble cependant en passe d’être réglée et le deuxième versement semble imminent. Restera alors à la partie gabonaise à utiliser les deux dernières tranches en une année.

Il est entendu que les montants nécessaires à la mise en place de la politique des pêches du Gabon dans tous ses aspects ne sont pas dépendants exclusivement de la contrepartie financière de l’UE et que le salaire des fonctionnaires de l’administration est versé. Il faut constater néanmoins que ce blocage complet des fonds de la DGPA (depuis février 2014) va pénaliser durablement le secteur du fait du rôle majeur attendu de la puissance publique dans son développement.

Le budget alloué est donc dans son ensemble mal utilisé et, à défaut de trouver une solution rapide, pourrait mettre en péril les projets de développement futur du secteur.

155 Voir le chapitre 6 pour plus de détails sur l’estimation de la valeur ajoutée générée.

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7.4 Cohérence

Il s'agit de la conformité des actions menées dans le cadre de l'APP avec des actions portant sur des domaines similaires, et de la cohésion d'ensemble des politiques européenne et gabonaise. La cohérence doit permettre de répondre aux questions suivantes :

Quel est le niveau de conformité du protocole en cours avec la Politique Commune de la Pêche (PCP) et avec les mesures adoptées par des organisations régionales de gestion de pêche (la CICTA) ? ;

Le protocole en cours est-il conforme aux autres politiques européennes ? ; et

Le protocole est-il conforme avec la politique des pêches du Gabon ?

7.4.1 Conformité avec la PCP et avec la CICTA

La PCP vise à n’exploiter que des stocks excédentaires (reliquat), à imposer une non-discrimination par rapport aux flottes étrangères, à faire payer une redevance adéquate par les armateurs et à utiliser les fonds de l’appui sectoriel pour développer et structurer le secteur gabonais des pêches. Le protocole est donc dans sa construction et sa mise en œuvre conforme aux objectifs fixés par la PCP.

La CICTA évalue, à l'échelle de l'océan Atlantique, les stocks de thonidés et autres espèces apparentées et formule des recommandations et des résolutions concernant le niveau et les conditions d’exploitation de ces stocks. Les avis énoncés ne concernent pas les activités de pêche dans les eaux du Gabon mais s’appliquent dans les eaux de tous les pays côtiers parties contractantes dans lesquels la ressource thonière est présente, sans lien avec l’exploitation effective de cette ressource dans les eaux nationales. La flotte de l’UE opérant au Gabon se conforme donc globalement aux recommandations et aux résolutions de la CICTA dont l'UE et le Gabon sont membres. Des améliorations sont possibles notamment au regard des déclarations et des captures des rejets et des espèces accessoires ainsi que dans le suivi de l’utilisation des DCP ce que le nouveau modèle de journal de pêche devrait faciliter. Les possibilités de pêche prévues dans le protocole sont par ailleurs compatibles avec le niveau d’exploitation recommandé. Le protocole est donc conforme avec la CICTA.

Il faut cependant noter que l’interdiction des navires d’appui, les restrictions dans l’utilisation des DCP, le retrait des palangriers du protocole en vue de conservation des requins ainsi que la mise en place d’une surveillance « participative » sont des mesures pour lesquelles le protocole va au-delà des recommandations et des résolutions actuelles de la CICTA. L'interdiction des navires d’appui est perçue par l’UE comme une discrimination à son encontre, cette restriction n’étant pas inscrite dans la réglementation actuelle et n’étant pas imposée aux autres pavillons (notamment en 2013 et 2014).

7.4.2 Conformité de l'APP avec les autres politiques européennes

La politique de développement de l’UE vise à améliorer le niveau de vie des pays en développement, par la mise en place d’infrastructures, la création d’emplois, la formation, le respect des droits de l’homme, la promotion des femmes, etc.

L’aide apportée par l’UE au Gabon à travers le 10e FED et les PIN successifs s’élève en moyenne à 10 millions d’euros par an. Le protocole en cours apporte donc une contribution financière annuelle représentant près d’un quart de l’aide au développement156. L’appui sectoriel a par ailleurs vocation à renforcer la mise en œuvre de la politique sectorielle de la pêche du Gabon et la gestion durable des ressources facilitant le développement de la filière ce qui est conforme aux objectifs de la politique de développement de l’UE.

L’appui sectoriel notamment dans ces volets actions de suivi, contrôle et surveillance des pêches contribue donc aux objectifs définis dans le cadre de la stratégie de l'UE relative au golfe de Guinée qui vise à appuyer les efforts consentis par la région et ses États côtiers dans la lutte contre l'insécurité maritime et à la criminalité organisée.

156Dans l’hypothèse d’un versement de l’appui sectoriel conforme aux calendriers.

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7.4.3 Conformité de l'APP avec les politiques des pêches et de développement du Gabon

Les recettes publiques générées par l’application du protocole n’apparaissent pas dans le budget de l’État ce qui n’est pas conforme aux règles des finances publiques. Ce système de gestion de la partie gabonaise ne permet pas de suivre de façon transparente le cheminement de ces flux financiers. Durant la mission d’évaluation il a été expliqué que la non-inscription de ces recettes en permettait le partage 50/50 entre la DGPA et le Budget. Le blocage actuel de ces fonds rend toute politique de développement du secteur halieutique impossible. Avec la mise en place de l’ANPA le partage devait évoluer vers une répartition de ces recettes entre les deux acteurs avec 50 % pour le Budget et une répartition des 50 % restants à 80/20 en faveur de l’ANPA.

Au regard de la politique des pêches en cours de redéfinition et de précision, l'APP est conforme aux objectifs d'utilisation durable des ressources halieutiques, les ressources thonières ne faisant pas l'objet d'une surexploitation ni même d’une exploitation nationale. En revanche, il ne participe pas pour l’instant à la création d'emplois, que ce soit à bord des navires ou dans les secteurs connexes à terre. Il n’est donc pas en conformité avec l'objectif de valorisation du potentiel halieutique national et de création de richesse en raison de l’absence de débarquements au Gabon et d’embarquement de marins. Il faut cependant noter qu’à l’heure actuelle, aucune structure n’est en mesure de réceptionner et de transformer 30 % de la production de thoniers senneurs au Gabon (soit 6 000 tonnes). Enfin, il n’est pas concordant avec l'objectif de contribution à la sécurité alimentaire du fait de l’absence de débarquements pour satisfaire la demande des populations locales. De ce point de vue, l’apport en matière première généré par le débarquement des captures accessoires des navires de l’UE présenterait une avancée significative, sous réserve que le consommateur s’intéresse à ces produits, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui par méconnaissance de ces espèces. Cette situation pourrait évoluer par la suite grâce notamment à des campagnes de communication.

Par ailleurs l’approche de concertation mise en avant par la partie gabonaise lors des situations litigieuses impliquant des navires de l’UE pêchant dans le cadre du protocole ne semble pas en concordance avec la volonté politique affichée de lutter contre les pratiques illicites. Ainsi il apparaît que des opérateurs n’ont pas respecté les termes du protocole (notamment en ce qui concerne les obligations déclaratives) sans que la partie gabonaise ne dresse de procès-verbal d’infraction. Néanmoins, l’utilisation de l’appui sectoriel pour le renforcement du contrôle des pêches de façon opérationnelle, sur le terrain, par l’entretien et la réparation des moyens naviguant des brigades de pêche aussi bien que par l’intégration des outils VMS, AIS et ERS devrait améliorer la lutte contre les pêches INN.

7.4.4 Analyse de la conformité des parties prenantes à certaines clauses du protocole

De nombreux points de divergences dans l’application du protocole en vigueur persistent entre les deux parties. Ces derniers sont détaillés ci-après.

7.4.4.1 L’utilisation des DCP

Il faut en premier lieu rappeler que tous les DCP présents dans les eaux gabonaises n’appartiennent pas aux navires de l’UE et qu’en état actuel des connaissances, il n’est pas possible de fournir un décompte total (ou même partiel) du nombre de DCP présent actuellement dans les eaux gabonaises. Forte de ce constat, la partie gabonaise souhaiterait obtenir la position de tous les DCP de l’UE en temps réel. L’UE s’y oppose mettant en avant que le protocole en vigueur ne prévoit pas la transmission de ce type d’information à caractère commercialement sensible. La CICTA ne publie d’ailleurs ces données qui sont réservées à l’usage des scientifiques nationaux.

La formulation du protocole en vigueur sur l’utilisation des DCP porte à interprétation. S’il est bien fait mention d’une limitation à l’utilisation de DCP biodégradable et non-maillant, il n’est pas mentionné explicitement une interdiction de l’usage des autres types de DCP. Il serait souhaitable de clarifier cette dénomination pour rendre compte précisément de ce qui est interdit au titre du protocole.

Si la partie gabonaise pointe la responsabilité des navires de l’UE dans l’usage de DCP non conformes (maillants et non-biodégradables), elle n’a cependant pas lancé de procédures d’infractions. On peut par ailleurs regretter que le code des pêches gabonais ne fournisse pas un cadre réglementaire clair sur ce point. Une telle initiative

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provoquerait des contradictions entre les nouvelles dispositions de la législation nationale gabonaise et le protocole en vigueur imposant, conformément à l’Article 9.3 du protocole, la convocation d’une Commission mixte afin de clarifier cette situation. En l’état actuel de la réglementation, la conformité aux mesures de gestion et de conservation de la CICTA s’applique à savoir le recours à des DCP non-maillant. La question de la biodégradabilité est en effet encore à l’étude157.

Le conflit d’usage identifié entre un navire de prospection sismique (recherche de pétrole) et des DCP a entraîné des tensions entre les deux parties. Une solution de compromis a été trouvée : la transmission aux navires en charge de la prospection pétrolière des positions des DCP de l’UE dans des zones délimitées de prospection, afin d’en faciliter l’évitement.

Aucune solution n’a été apportée en ce qui concerne l’entrée de DCP appartenant à des navires de l’UE dans les zones interdites ainsi que dans la bande des 12 milles marins. Les armateurs défendent que sans le soutien des navires d’appui il n’est pas possible de collecter ces DCP. Des pistes de réflexion ont été ouvertes, comme le financement d’une campagne de ramassage ou l’entrée d’un navire d’appui spécialement et exclusivement dédié à cette tâche. Aucun accord n’a été trouvé sur ce point.

7.4.4.2 Le suivi de la consommation du tonnage de référence par l’UE

La partie européenne n’a pas informé selon son souhait la partie gabonaise de l’atteinte des 80 % du tonnage de référence en 2014 (voir section 5.2.3.6). Cela est perçu comme un manquement au titre du protocole en vigueur et est lié à des questions de délai entre les captures et leur notification à l’UE par les États membres. Paradoxalement, la partie gabonaise reçoit plus immédiatement des données provisoires au travers des journaux de pêche. Il existe donc un problème dans la collecte et l’agrégation des données transmises par les États des pavillons des navires à l’UE. Il apparaît que ces données sont transmises en retard et présentent de nombreuses erreurs de saisie nécessitant un travail de vérification important. Le système de notification et de suivi interne de l’UE devrait donc être amélioré, ou des conditions en cas de dépassement du tonnage de référence préétablies.

7.4.4.3 L’utilisation des navires d’appui

Au moment de la rédaction du rapport et en conformité avec le protocole en vigueur, aucun navire d’appui de l’UE n’a accédé à la zone de pêche du Gabon. Il faut cependant noter qu’une demande de coopération a été faite par la partie gabonaise du fait d’une présomption d’activité de pêche INN liée à un navire d’appui de l’UE. Une enquête est actuellement en cours.

7.4.4.4 Respect des obligations liées à la transmission d’information par les flottes de l’UE (messages entrée/sortie, transmission des livres de bord)

Aucun incident majeur n'a été reporté quant aux procédures d'entrées et de sorties mais du fait de problèmes à répétition dans la transmission ou la réception de cette information, les deux parties se sont mises d’accord pour élaborer un modèle devant être utilisé par les navires de l’UE afin de simplifier et clarifier cette procédure.

Les manquements constatés par la partie gabonaise dans l’enregistrement des captures accessoires et des rejets dans le journal de pêche des navires de l’UE ont été abordés durant les Commissions mixtes. Aucune procédure d’infraction n’a cependant été lancée pour ce motif par la partie gabonaise. L’UE a confirmé son accord pour que ces deux catégories soient enregistrées et transmises conformément au protocole et le nouveau modèle de journal de pêche en cours de discussion entre les deux parties devrait permettre de restreindre ce problème. Il semble indispensable que les États de pavillon des navires ainsi que l’UE se saisissent plus fermement de ce problème pour que les navires se conforment au protocole en vigueur notamment par le remplissage exhaustif des nouveaux journaux de pêche qui est par ailleurs une obligation au regard du Règlement (UE) n° 1224/2009, ou règlement « Contrôle ».

157 http://www.iccat.int/Documents/Meetings/Docs/2015_FADs_WG_report_FRA.pdf .

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Une divergence persiste sur l'intégration de données commerciales sensibles dans les journaux de pêche (positions des DCP notamment). Ces questions sont en discussion et les parties travaillent pour arriver à une solution mutuellement acceptable, mais qui n'est pas encore trouvée.

Le non-respect des délais de transmission des journaux de pêche, prévus dans le protocole en vigueur, a entrainé le lancement d’une procédure d’infraction contre deux navires de l’UE. La réception électronique des données du journal de pêche des navires de pêche de l’UE (système ERS) est toujours inopérante au Gabon en l’absence des équipements de réception nécessaires. L’UE appuie le Gabon à l’acquisition de ces équipements avec les fonds de l’appui sectoriel. Néanmoins le Gabon reçoit directement les déclarations et les journaux de pêche envoyées par courrier électronique par les armateurs suite aux sorties de zones. En revanche il faut noter que les armements oublient souvent de les transmettre dans le même temps à l'UE.

7.4.4.5 Embarquement de marins et d’observateur à bord

L'embarquement de marins des pays ACP est inscrit dans le protocole en vigueur à hauteur de 20 % des équipages. Dans la pratique, les marins des pays ACP (notamment Sénégal, Côte d’Ivoire et Ghana) représentent un pourcentage bien plus élevé. Il n’y a en revanche aucun marin gabonais embarqué à bord des navires de l’UE par manque d’attrait pour ce métier.

Aucun observateur gabonais n’est embarqué. Aucune demande d’embarquement n’a été formulée par la partie gabonaise. Suite à la formation et à l’équipement d’observateurs gabonais, cette situation pourra évoluer durant le protocole en vigueur (voir section 5.2.3.8).

L’APP est donc en conformité théorique avec les politiques du Gabon mais sa mise en œuvre pratique conduit à l’évaluer sa conformité effective comme moyenne.

7.5 Acceptabilité – les objectifs de l’APP étaient-ils pertinents concernant les besoins, les problèmes et enjeux auxquels sont confrontés les parties prenantes ?

La partie prenante principale de l’UE est la flotte de senneurs espagnols et français.

En effet, pour les thoniers canneurs, le degré d’incertitude quant aux appâts (disponibilité, possibilité de passer des accords avec les pêcheurs locaux, etc.), la distance par rapport à la zone d’activité historique des navires et les exigences des mesures techniques (obligation de débarquement de 100 % des captures notamment) rendent ce protocole inintéressant dans le contexte actuel.

La flotte des senneurs quant à elle a besoin de l'accès aux eaux productives de la sous-région pour lui permettre de capturer les ressources thonières de manière efficiente. Le protocole, en complément de ceux des autres APP dans l'océan Atlantique, répond donc aux besoins des armements de l'UE en fournissant l’accès aux ressources thonières. Près de 80 % des 27 possibilités de pêche prévues au protocole ont été utilisées par les navires de l'UE en 2014. Les captures annuelles pour les senneurs ont par ailleurs atteint 92 % du tonnage de référence. Le protocole répond donc globalement aux attentes des armements de l'UE.

L’acceptabilité est cependant diversement appréciée entre les deux pavillons constitutifs de la flotte UE du fait de l’importance relative de la zone pour les deux pavillons et de leurs pratiques de pêche respectives, plus ou moins impactées par les mesures techniques (pêche sur banc libre ou DCP).

La signature du protocole en 2013 après une période de suspension d’un an et huit mois a été un réel soulagement pour les armements français pour qui la zone de pêche gabonaise est le pivot de la stratégie des navires dans l’Atlantique Est. Il n’est donc pas surprenant que ces navires aient immédiatement profité de l’ouverture de la zone de pêche en 2013. Depuis lors le taux d’utilisation des navires français est resté constant. En 2014, 27 % des captures totales réalisées par les senneurs français l’ont été dans la zone gabonaise.

Les navires espagnols sont moins dépendants de cette zone et sont plus réticents à se conformer aux obligations du protocole que d’aucuns jugent excessives, notamment sur la question des DCP et des navires d’assistance. En outre, ces navires peuvent travailler en synergie avec des navires sous pavillons tiers

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intervenant avec des licences privées dans les mêmes eaux voire dans des zones fermées aux navires de l’UE (comme en Mauritanie par exemple). Le taux d’utilisation de l’accord par les navires espagnols est donc plus faible. En 2014, 11 % des captures totales réalisées par les senneurs espagnols l’ont été dans la zone gabonaise. Cependant, comme mentionné en introduction de ce chapitre, il faudra regarder avec attention l’impact de la fermeture de la zone de pêche mauritanienne pour les navires espagnols en 2014.

La partie gabonaise est globalement satisfaite de cet accord qui permet la valorisation d’une ressource que l’industrie nationale n’est actuellement ni en mesure de capter ni de valoriser. Pour certains acteurs institutionnels gabonais, il témoigne aussi du bon état des relations unissant le pays à l’UE. Le cadre politique national au Gabon insiste légitiment pour encourager la création d’une valeur ajoutée dans le pays notamment au regard de l’importance de la zone pour les navires de l’UE et pour la pêche thonière du golfe de Guinée dans son ensemble. En l’absence de débarquement et de transformation cet objectif n’est pas atteint et la valeur ajoutée générée reste donc très faible. La volonté politique forte de voir réaliser des débarquements par des navires européens dans un port gabonais avant la fin du protocole en vigueur pourra faire évoluer cet aspect. Cependant les relations avec la partie européenne sont jugées difficiles et devant aller vers une plus grande coopération.

La société civile gabonaise n’est pas au fait des enjeux liés à l’exploitation de la ressource thonière, ces poissons étant très peu consommés localement et le secteur de la pêche maritime ne faisant pas l'objet d'une intense identification à la culture nationale. Cependant les très fortes présences et influences des ONG internationales dans les hautes sphères de l’État gabonais ont placé le pays très en avance par rapport au reste du continent africain sur les questions de conservation des milieux naturels. De ce fait le Gabon se positionne comme un pays moteur sur les enjeux de conservation sans que sa population ait réellement conscience de cette problématique du fait d’autres préoccupations plus prégnantes. Néanmoins, les caractéristiques de l’accord, notamment en matière d’exigences économiques, environnementales et sociétales, laissent à penser que l’acceptabilité de l’accord pour la population serait bonne.

En conclusion, les objectifs de l’APP tels qu’ils ont été définis par les parties prenantes pour les besoins, les problèmes et les enjeux des thoniers senneurs étaient donc pertinents. On pourra tout de même regretter que l’enjeu DCP n’aient pas fait l’objet d’un texte prenant mieux en compte les besoins et points de vue des parties prenantes alors même que l’UE est très proactive sur cette question à la CICTA. En ce qui concerne l’introduction des thoniers canneurs, on pourra dresser un constat d’échec tant au regard des besoins que des enjeux, mais cette situation ne devrait pas être considérée comme définitive.

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8 Évaluation ex ante (ou prospective) d’un éventuel futur protocole d’accord de pêche entre l’UE et le Gabon

Conformément à la législation européenne158, la conclusion de tout nouveau protocole d’accord de pêche nécessite la réalisation d’une évaluation indépendante prospective (ex ante) afin d’en étudier la pertinence. Les difficultés rencontrées dans le passé dans le cadre des précédentes négociations, l’importance stratégique que revêt cet accord pour une partie de la pêche thonière des navires de l’UE dans l’Atlantique Est, les enjeux liés aux objectifs fixés par les autorités du Gabon dans le cadre du plan stratégique « Gabon émergent » et la diversité des parties prenantes européennes requiert d’entreprendre relativement tôt les négociations pour élaborer un éventuel nouveau protocole. Tenant compte de cette exigence et de la durée du protocole en cours de 3 ans, l’évaluation prospective d’un éventuel futur protocole est réalisée juste avant la fin de la deuxième année d’application du protocole en vigueur.

S’inscrivant dans la continuité du protocole actuellement en vigueur et au regard de l’intérêt des deux parties, la présente évaluation ex ante ne porte que sur la mise en place d’un protocole strictement thonier.

L’évaluation se base sur :

Les règles d’évaluations définies dans l’Article 18 du Règlement délégué (UE) n° 1268/2012 de la Commission du 29 octobre 2012159 ; et

Le guide ex ante160 de la Commission européenne.

8.1 Évaluation des besoins à satisfaire à court ou à long terme

La signature d’un accord de pêche et de son protocole a pour objectif de satisfaire les besoins des opérateurs économiques de la filière halieutique, des citoyens (notamment des consommateurs) de l’UE, du pays tiers signataire – ici le Gabon – et des pays voisins, en particulier les pays ACP, et des institutions nationales et internationales en charge de la bonne gouvernance de la filière, notamment la CICTA.

8.1.1 Besoins à satisfaire partagés par le Gabon et l’UE

Les deux parties ont pour obligation d’assurer l’exploitation durable des ressources halieutiques conformément aux dispositions de la Convention des Nations unies sur le droit de la mer (CNUDM) dont l’UE et le Gabon sont parties prenantes.

L’accès aux eaux et aux ressources halieutiques ciblées par les flottes étrangères, dont la flotte de l’UE, dans les eaux sous juridiction gabonaise au moyen de tout arrangement (accord public, licence privée, affrètement) doit en outre s’effectuer en conformité avec sa législation nationale (article 62, alinéa 4 de la CNUDM).

L'accès des navires de pêche de l’UE aux ressources halieutiques présentes dans les eaux gabonaises doit aussi respecter la règlementation de l'UE en matière de gestion de la pêche, notamment le Règlement n° 1224/2009 instituant un régime communautaire de contrôle des pêches, le Règlement n° 1006/2008 permettant d’assurer le suivi des autorisations de pêche pour les navires de pêche de l’UE actifs en dehors des eaux de l’UE et le règlement de base de la politique commune de la pêche entré en vigueur le 1er janvier 2014 et en particulier la partie spécifiquement dédiée au volet externe de la PCP (pour ce volet, voir section 8.3).

158 Article 30 du règlement « relatif aux règles d’application du Règlement (UE, Euratom) n° 966/2012 du Parlement européen et du Conseil relatif aux règles financières applicables au budget général de l’Union ».

159 Règlement « relatif aux règles d’application du Règlement (UE, Euratom) n° 966/2012 du Parlement européen et du Conseil relatif aux règles financières applicables au budget général de l’Union ». Ces deux règlements abrogent (partiellement) le Règlement (CE, Euratom) n° 1605/2002 du Conseil du 25 juin 2002 et son règlement d’application (Règlement (CE, Euratom) n° 2342/2002).

160 CE, 2001. Évaluation ex ante - guide pratique pour l'élaboration de propositions de programmes de dépenses. Commission européenne – DG Budget. 34 p. Note : version française.

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Dans le cas d’un projet de protocole incluant l’exploitation de ressources thonières161, l’accès à la zone de pêche du Gabon doit alors s’effectuer en conformité avec les mesures de gestion et de conservation définies par la CICTA dont le Gabon et l’UE sont membres. En effet, en raison de la nature hautement migratrice de ces ressources pélagiques, il est important pour l’UE et ses États membres, le gouvernement gabonais et les organisations régionales de gestion des pêches, et notamment la CICTA, que l’ensemble des parties concernées travaille de concert dans le but de promouvoir et de renforcer les capacités de gestion des pêches au Gabon et au niveau régional.

Il est entendu que la mise en œuvre d’un nouveau protocole est basée sur une négociation entre les deux parties directement concernées. Il est rappelé la possibilité faite aux parties de mettre en œuvre une politique nationale allant au-delà des mesures de conservation et de gestion de la CICTA. Le protocole doit alors être rédigé en conformité de la réglementation la plus contraignante voire allez au-delà.

Enfin, pour l’UE et le Gabon, les conditions de travail à bord des navires de pêche de l’UE dans les eaux gabonaises devraient être en accord avec les standards sociaux internationaux établis par l’organisation internationale du travail (OIT)162. Ces standards ont en effet pour but d’assurer des conditions de travail convenables et sans discrimination entre les marins de nationalité différente.

Dans l’hypothèse de la continuité de l’accès des flottes de l’UE aux ressources thonières présentes dans les eaux gabonaises, les deux parties auront donc à définir un protocole conforme à ces cadres normatifs. Elles devront également s’entendre sur une délimitation précise de la zone de pêche autorisée afin d’éviter tous risques de conflits ou de contentieux sur les zones de pêche. Les deux parties devront aussi s’assurer de l’acceptabilité du tonnage de référence en tenant compte des avis scientifiques et des recommandations de gestion de la CICTA, de la prise en compte des différents usages des acteurs présents et des différents régimes de protection dont peuvent bénéficier certaines zones. Enfin, l’application du protocole devra également trouver le compromis entre assurer une pêche durable dans les eaux sous juridiction gabonaise et créer pour l’UE et le Gabon des retombées économiques pour leur espace économique respectif, notamment par la création ou la pérennisation d’emplois et de richesses directs et indirects dans le secteur halieutique, en mer et à terre.

8.1.2 Besoins à satisfaire pour le Gabon

Les besoins à satisfaire pour le Gabon ont pu être identifiés sur la base des échanges et des informations recueillies auprès des autorités gabonaises principalement, durant la mission d’évaluation au Gabon et telles qu’elles ont été indiquées dans les minutes des trois Commissions mixtes ayant été tenues. Les rares autres parties prenantes du secteur de la pêche au Gabon, notamment privées, ont aussi été interrogées. À noter pour mémoire qu’il n’existe pas d’organisme de recherche traitant de l’halieutique au Gabon.

8.1.2.1 Pour le gouvernement gabonais

Le Gabon développe un plan stratégique national ambitieux (« Gabon émergent », voir section 1.4) en prévision de l’après pétrole. Le secteur de la pêche trouve sa place au sein de ce projet et les attentes sur le devenir de la filière sont donc très fortes. À cela s’ajoute une politique très volontariste sur les enjeux de conservation (création de parcs nationaux marins, protection des baleines, des tortues, interdiction de la pêche à la palangre, réflexion sur l’interdiction des rejets, etc.) plaçant le Gabon en précurseur sur ces thématiques en Afrique.

Le Gabon souhaite pérenniser la relation commerciale durable qui le lie à l’UE. Cependant, du fait de l’importance stratégique de la zone de capture que représente sa zone de pêche pour les navires de l’UE, que le pays n’ignore pas, le pays ambitionne à prendre toute sa place dans l’économie thonière de la région Atlantique Est. Ainsi le Gabon souhaite que l’UE prenne en considération son importance stratégique dans cette pêcherie et mette en place des projets de coopération plus ambitieux, notamment au détriment de pays que le

161 Des thons, des espèces apparentées et des espèces associées à la pêche de ces deux groupes d’espèces.

162 Dont en sont membres, entre autres, le Gabon, l’Espagne, la France, la Chine, le Japon, Belize, Panama. Site de l’OIT : http://www.ilo.org/public/english/standards/relm/country.htm ; 10 juin 2015. Chaque convention de l’OIT doit être ratifiée pour être appliquée par ses membres.

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Gabon juge privilégiés alors même qu’ils ne sont pas signataires d’un APP tel que le Ghana ou qu’il profite d’une valeur ajoutée très importante (la Côte d’Ivoire). Cependant comme mentionné dans la section 6.6, il appartient au Gabon de mettre en place une politique pour capter une valeur ajoutée plus importante en notant que cette politique ne passe pas forcément par des débarquements dans les ports gabonais.

Il s’agit donc pour le Gabon de s’inscrire pleinement dans les besoins partagés avec l’UE tels qu’ils sont détaillés ci-dessus et de prévoir dans l’éventuel futur protocole :

La création d’une valeur ajoutée directe au Gabon impliquant dans la vision des décideurs politiques des débarquements de navires de l’UE au Gabon ainsi que de la transformation sur place163. Le Gabon souhaiterait ainsi créer une filière d’approvisionnement pour les marchés locaux en « faux thon »164 principalement et faire concurrence aux ports de débarquement de Tema (Ghana) et Abidjan (Côte d’Ivoire) pour l’approvisionnement des marchés internationaux ;

L’augmentation du tonnage de référence au-delà des 20 000 tonnes prévues par le protocole en vigueur afin d’augmenter les revenus de l’APP ;

La fixation d’un nombre de navires autorisés corrélé à leur présence effective dans la zone de capture et, le cas échéant, la possibilité de moduler le nombre d’autorisations de pêche au nombre de navires ayant fait la demande. Le Gabon ne souhaitant pas être pénalisé par des navires ne venant pas pêcher alors même que la capacité de pêche qui leur est attribuée est « bloquée » ;

La fixation d’un prix à une autorisation de pêche pour les navires d’appui assortie d’une éventuelle interdiction d’apporter un soutien logistique aux navires de pêche qui ne sont pas sous pavillon UE dans la zone de pêche gabonaise ;

Le retrait des thoniers canneurs du protocole si ces derniers persistent à ne pas prendre part à la pêcherie ; et

Des mesures techniques spécifiques telles que par exemple :

o L’obligation de la transmission du journal de pêche des navires de l’UE vers le CSP gabonais sur une base quotidienne ;

o L’obligation de quitter la zone de pêche immédiatement en cas de VMS défaillant ;

o L’obligation de ne recourir qu’à des DCP non-maillants et biodégradables ;

o L’identification des DCP, la communication du positionnement de toutes les balises GPS des DCP présents dans la zone de pêche sous juridiction ainsi que l’obligation d’assurer le retrait des DCP en fin de vie afin d’éviter les DCP « fantômes » et les échouages ;

o La transmission des rapports des observateurs embarqués à la DGPA portant sur les opérations réalisées dans la zone de capture ;

o L’accès aux informations relatives aux quantités capturées dans la zone de pêche sous juridiction gabonaise et débarquées dans les ports à l’étranger ; et

o L’embarquement d’observateurs gabonais sur les navires de l’UE, le Gabon n’étant pas opposé à la mise en place d’un programme d’observation à l’échelle régionale géré par la CICTA.

163 Comme mentionné dans la section 1.4.3, il est rappelé qu’un des objectifs du projet « Gabon bleu » en 2016 est le suivant : « le Gabon est mondialement reconnu comme exemplaire d'une pêche durable, respectueuse des écosystèmes marins, avec 100 % de transformation locale de produit de qualité. »

164 Composés de captures accessoires conservées à bord en vue d’une vente dans le port d’avitaillement ou de débarquement de la cargaison. Elles sont composées de poissons d’espèces variées. Les thonidés de qualité moindre que ceux destinés aux conserveries et/ou de petite taille.

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À cette liste s’ajoutent le nécessaire renforcement des contrôles notamment en lien avec les déclarations (entrée-sortie et journal de pêche) ainsi que le décompte précis des rejets et des captures accessoires par les navires de l’UE. Le Gabon envisage la création d’un pourcentage de majoration appliqué automatiquement (de l’ordre de 20 %) aux navires ne déclarant ni rejets ni captures accessoires. Cette décision est motivée par le constat qu’il n’existe pas de pêche sans un certain pourcentage de rejets et/ou de captures accessoires.

Dans l’hypothèse d’une conclusion d’un nouveau protocole, les autorités gabonaises ont aussi pour souhait que l’Europe participe à la création d’écoles pour former les futurs marins gabonais et renforcer l’embarquement de marins gabonais sur les navires de l’UE, aucun marin gabonais n’étant actuellement embarqué faute de compétences.

Enfin, le Gabon confirme son souhait de ne pas autoriser sa zone de capture aux palangriers et précise que cette interdiction s’applique à tous les pavillons sans discrimination. Ils estiment en effet que ce métier peut mettre en péril les populations de requins présentes dans la zone de pêche.

8.1.2.2 Pour les opérateurs « gabonais »

Le groupement d’intérêt mauricien ayant investi dans le cadre d’un partenariat public-privé pour la remise aux normes de l’usine Gabon Seafood souhaite à moyen terme repositionner le centre de gravité de la transformation des thonidés plus au sud qu’actuellement.

Il s’agit pour l’opérateur d’une part d’obtenir des débarquements des navires de l’UE afin d’approvisionner son usine et d’autre part de militer auprès des instances nationales gabonaises pour permettre l’exportation des produits, notamment vers l’Europe, afin d’améliorer les débouchés pour les produits transformés aujourd’hui limités par les barrières douanières (l’exportation des longes de listao vers les États-Unis d’Amérique est envisagée étant donné que les barrières douanières ne s’appliquent pas sur les produits transformés sur le sol américain).

8.1.2.3 Pour les consommateurs gabonais

Le consommateur gabonais ne connait pas les produits thoniers dont il n’est pas consommateur par méconnaissance. Ces poissons ne se retrouvent pas dans les marchés où le consommateur gabonais s’approvisionne. Cela peut paraître paradoxal alors même que la population consomme de grandes quantités de produits halieutiques (33 kg/an/habitant).

Il semble indispensable qu’un effort important soit mené pour améliorer l’acceptabilité de ces produits pour les consommateurs.

8.1.3 Besoins à satisfaire pour l’Union européenne

8.1.3.1 Pour l’Union européenne représentée par la Commission

L’UE a pour objectif de signer un protocole d’accord avec le Gabon en conformité avec les objectifs globaux et spécifiques au regard de la nouvelle dimension extérieure de la politique commune de la pêche. Il s’agit, pour l’UE, de conclure un protocole fondé sur une absence de discrimination en termes financiers et techniques entre les flottes de l’UE, les flottes nationales et les autres flottes étrangères et de permettre au travers d’un montant spécifique, l’appui à la mise en œuvre de la politique sectorielle de la pêche au Gabon.

Conformément à la réforme de la politique commune de la pêche, l’effort de répartition du paiement des droits d’accès vers les armateurs devrait être maintenu.

D’une façon plus pragmatique, la Commission souhaiterait conserver les mêmes interlocuteurs sur une période de temps compatible avec la mise en place d’une relation efficace basée sur un dialogue constant. Cela passe par une définition claire des parties prenantes de l’accord aussi bien au niveau des administrations que des personnes contacts en leur sein.

Il serait souhaitable d’obtenir une meilleure utilisation de l’appui sectoriel afin de permettre un développement et un renforcement de la politique sectorielle de la pêche au Gabon en synergie avec les objectifs définis dans le cadre du projet « Gabon bleu ».

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Il s’agirait aussi pour l’UE de recevoir des armateurs ou des États membres les informations relatives aux captures des navires de l’UE sur une base régulière, en particulier durant la saison de pêche, permettant un suivi effectif du tonnage de référence compatible entre autre avec les obligations du protocole ce qui n’a pas été le cas durant l’année 2014 (défaut de communication entre les États de pavillon, les armateurs et la DG MARE).

8.1.3.2 Pour les armateurs de l’UE pêchant à la senne

Depuis les années 2000, les senneurs de l’UE axent leur saison de pêche principalement dans le golfe de Guinée, et notamment dans les eaux gabonaises, à l’exception bien entendu des 18 mois pendant lesquels aucun protocole n’était actif165. Cette période due à la longue négociation du protocole en vigueur entre l’UE et le Gabon avait entrainé de grandes difficultés pour les armements. Les armateurs de l’UE ont donc pour souhait que la transition entre les protocoles soit anticipée afin d’éviter tout période de vacance.

Les armateurs de l’UE souhaitent également accéder aux ressources halieutiques présentes dans la zone de pêche sous juridiction gabonaise au moyen d’un cadre juridique transparent, en conformité avec les mesures de gestion internationales et sans qu’il n’y ait de régime discriminatoire en termes de droits d’accès et de conservation avec les autres flottes actives dans les eaux gabonaises.

Il est à noter que la clause d’exclusivité de l’accord (article 6 point 1) rend impossible la négociation d’arrangements privés pour les navires de l’UE. Il s’agit donc d’évaluer et d’identifier le plus clairement possible l’intérêt des flottes européennes à pêcher dans la zone sous juridiction gabonaise, au regard notamment d’une stratégie régionale.

La flotte espagnole pourrait voir son intérêt pour cette zone se renforcer du fait de la fermeture de la zone de capture mauritanienne166 en 2015 et d’une éventuelle diminution des captures dans cette zone durant les années à venir. Cependant la stratégie des navires espagnols est difficile à appréhender du fait de la mise en commun de certaines stratégies avec des flottes d'autres pavillons et avec qui les opérateurs travaillent en synergie. Il est en effet tout à fait possible que les navires espagnols sous pavillon UE se concentrent dans la zone de pêche du Sénégal, grâce au nouvel accord de pêche avec ce pays167, tout en travaillant en synergie avec les DCP des senneurs associés sous pavillon tiers qui pêchent encore en Mauritanie dans le cadre d’accords privés. Dans ce cas, la zone de capture du Gabon, même si elle reste d’importance notamment dans le cas de captures faibles au Sénégal, perdra de son attrait pour la flotte espagnole.

Cette zone est en revanche d’une importance stratégique pour la flotte française pour qui elle représente la 2ème zone de capture après la haute mer. La fermeture de la zone entrainerait pour la flotte française une réorganisation profonde de l’ensemble de la flotte présente dans l’Atlantique Est et notamment un transfert de plusieurs navires vers l’océan Indien.

Aucun autre État membre ne dispose à ce jour de flottes intéressées par la capture de thon en Atlantique Est.

Les armateurs sont globalement conscients des difficiles négociations qui pourraient résulter des attentes de la partie gabonaise quant aux modifications à apporter à un futur protocole : règles sur les DCP, débarquements au Gabon, etc. Il n’en demeure pas moins qu’ils insistent sur l’importance de la conclusion d’un nouveau protocole. La principale crainte exprimée concerne la possible interruption des possibilités d’accès en cas de retard dans la négociation, puisqu’elle coïnciderait avec la saison de pêche dans la zone. Ils souhaitent être associés à la négociation du nouveau protocole afin d’assister les deux parties à définir des termes compatibles avec le déploiement de senneurs dans la zone de pêche du Gabon.

165 Le précédent ayant expiré en décembre 2011, le nouveau protocole est en application provisoire depuis juillet 2013.

166 Fermeture le 15 décembre 2014, la zone était très fréquentée par les navires espagnols. Les navires pourront a priori pouvoir retravailler dans la zone en fin 2015 (signature d’un nouveau protocole – qui a été paraphé en juillet 2015).

167 Entré en vigueur le 20/11/2014 pour une durée de 5 ans. Il a un tonnage de référence pour les captures de thonidés de 14 000 t/an.

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8.1.3.3 Pour les armateurs de l’UE pêchant à la canne

Le protocole en vigueur ne présentait pas d’intérêt pour ces armateurs (voir section 7.5). Il ne paraît pas plausible que ce point de vue puisse évoluer dans le futur quand bien même les conditions d’accès seraient jugées plus favorablement. Seules de profondes modifications dans le stock exploité (déplacement des espèces cibles vers de nouvelles zones) ou dans les accords utilisés par ces navires pourraient infléchir ce positionnement, ce qui n’est pas le cas pour le moment. À titre d’exemple, l’UE a renouvelé en novembre 2014 un accord avec le Sénégal pour 5 ans.

8.1.3.4 Pour les armateurs de l’UE des palangriers

Les palangriers de l’UE avaient accès à la zone de pêche sous juridiction gabonaise jusqu’à la conclusion du protocole en vigueur. Cette zone était d’une grande importance à certaines périodes de l’année pour ces navires et le protocole était complémentaire des activités qui étaient réalisées dans la région, notamment à Sao Tomé-et-Principe et en haute mer.

L’interdiction de l’accès a été prise à l’initiative de la partie gabonaise en raison des captures accessoires de requins. Les armateurs des palangriers souhaiteraient pouvoir réintégrer le futur protocole tout en confirmant que la capture de certaines espèces de requins fait partie de leur stratégie de pêche et qu’ils n’envisagent pas d’évoluer sur ce point. Au sein de l’UE, il n’existe pas actuellement de distinction administrative entre les palangriers ne ciblant que les thonidés et les palangriers ciblant les thonidés et d’autres espèces associées comme les requins et principalement deux espèces de requins, le requin bleu (Prionace glauca) et le requin taupe bleu (Isurus oxyrinchus). Afin de baisser significativement les captures de requins pour les palangriers ciblant les thonidés des mesures techniques ont été développées (avec des avançons en nylon).

8.1.3.5 Pour les citoyens européens, notamment consommateurs

Les besoins des citoyens sont évalués au travers du positionnement des ONG (voir paragraphe suivant).

S’agissant des consommateurs, au cours des 15 prochaines années, en raison de l’accroissement démographique de sa population168 et de l'augmentation de la consommation per capita169, la consommation de produits de pêche dans les 28 États membres170 de l’UE devrait augmenter légèrement (UE, 2013 ; Ernst & Young et al., 2009). Les captures et la production aquacole au sein des États membres de l’UE ne suffisant pas à satisfaire les besoins des consommateurs, en accord avec les objectifs de la politique commune de la pêche171, l'UE doit assurer l'approvisionnement du marché européen en produits de qualité, à des prix raisonnables et conformes aux règles d'hygiène européennes (adapté de COFREPECHE et al., 2013a).

Selon nos estimations, la majeure partie des captures effectuées dans la zone de pêche gabonaise permet d’approvisionner le marché de l’UE, notamment sous forme de conserve de thon. En effet, ces captures sont majoritairement débarquées à Abidjan (Côte d’Ivoire) et Tema (Ghana), où elles alimentent l’industrie de la transformation ouest africaine, dont le principal débouché est le marché de l’UE. Par ailleurs, une partie minoritaire des captures est directement transporté en Europe pour alimenter l’industrie de la transformation afin de produire des produits à plus haute valeur ajoutée.

168 Analyse sur un même nombre d’États membres.

169 Le marché des produits de la pêche n’est en effet pas homogène avec une consommation de produits de pêche élevée par habitant (entre 30 kg/an et 60 kg/an dans les années 2000) sur les pays du sud-ouest de l'Union européenne (Ernst and Young et al., 2009).

170 Incluant la Croatie depuis le 1er juillet 2013.

171 Notamment stabiliser les marchés, assurer des prix raisonnables aux consommateurs, garantir la santé des consommateurs.

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8.1.4 Positionnement de la société civile

8.1.4.1 Remarque(s) de la société civile gabonaise sur les besoins à satisfaire

Du fait de l’absence de débarquement au Gabon, de l’éloignement de la ressource thonière des côtes entrainant une absence de retombée économique directe, cette pêcherie n’est pas connue du citoyen gabonais. Par ailleurs, le pays n’ayant pas de tradition maritime hauturière, l’intérêt porté à ces activités est très limité.

Les ONG implantées au Gabon sont plutôt focalisées sur la préservation des forêts du pays ainsi que sur la protection des espèces animales endémiques.

L’ONG Wildlife Conservation Society (WCS)172 s’est positionnée de façon très importante sur la politique nationale du Gabon en lien notamment avec la conservation des espaces maritimes nationaux et revendique une très forte influence. Elle joue un rôle clé dans la mise en œuvre du projet Gabon bleu ainsi que dans la réorganisation de l’administration des pêches du Gabon. Le Conseiller spécial du Président chargé du Programme Gabon Bleu ainsi que le Directeur de l’ANPN sont issus de cette ONG. WCS participe au renforcement des compétences du Gabon dans la gestion de son patrimoine naturel terrestre et marin ainsi qu’au suivi des résultats des mesures de protection de la faune.

8.1.4.2 Remarque(s) de la société civile européenne sur les besoins à satisfaire

Les ONG telles que Transparentsea173 et la CAPE (Coalition pour des accords de pêche équitables)174 encouragent, entre autres :

La transparence des accords de pêche européens et non-européens, notamment pour le suivi des activités de pêche et l'utilisation des fonds de l’UE ;

Un accès non subventionné par l'UE et dont le coût demeure équitable ; et

La bonne gouvernance des pêches, avec la réduction de la pêche INN, pour toute flotte sans exception.

Organisés au sein du comité de dialogue social paritaire, les partenaires sociaux européens, dont les fédérations européennes et internationales des ouvriers du transport (ETF175 et ITF176), envisagent quant à eux de demander à la Commission européenne une modification de la clause sociale des protocoles d’APP177. En application des normes de l’organisation internationale du travail OIT178, les contrats de travail à bord des navires de l'UE ne leur semblent pas suffisants en l'absence de bases salariales précises dans les textes actuels du protocole.

172 http://programs.wcs.org/gabon/fr-ca/accueil.aspx.

173 http://transparentsea.co.

174 D’autres ONG, Greenpeace et Pew, ayant des objectifs généraux similaires peuvent être citées.

175 ETF : European Transport Workers’ Federation (http://www.itfglobal.org/ETF).

176 La Fédération internationale des ouvriers du transport (ITF – International Transport Workers’ Federation) est une fédération syndicale internationale composée de syndicats de travailleurs du transport localisés dans différents pays dans le monde. Elle intervient aussi dans le secteur de la pêche.

177 http://www.europeche.org/images/stories/video/EP51_CDP_APS_FR.doc.

178 Les clauses sociales des protocoles des accords de pêche de l’UE ont été modifiées en 2002 en vue d’appliquer les normes de l’organisation internationale du travail (OIT) aux conditions de travail des marins sur les navires de pêche de l’UE. Pour les pays où il existe des syndicats, la demande des partenaires sociaux est d’obtenir des négociations collectives vis-à-vis du droit du travail à bord des navires (tous pavillons confondus) avec les syndicats locaux (si nécessaire en coopération avec les syndicats de l’État du pavillon). Dans les cas où il n’y aurait pas de syndicat local, le syndicat de l’État du pavillon doit, selon les fédérations de travailleurs, être impliqué dans les négociations, ce qui ne serait pas actuellement le cas.

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Très récemment l’association Bloom179 a publié un article intitulé « Désaccords de pêche »180 en réponse à une communication de l’Association des organisations nationales d’entreprises de pêche de l’UE (Europêche181). Cet article qui fait écho aux critiques récurrentes faites aux APP cible en premier lieu la communication faite par Europêche autour des APP.

8.2 Enseignements tirés du passé

Afin de tirer les enseignement du passé, nous avons recours aux deux évaluations portant sur les protocoles précédents réalisées en juin 2005 (Oceanic et al., 2005 évaluation ex-post et ex-ante) et en juin 2011 (Oceanic et al. 2011 évaluation ex post uniquement). La revue des pêcheries thonières dans l’Océan Atlantique (COFREPECHE et al., 2013) est aussi une source d’information importante.

Il est à noter que l’accord a été exclusivement thonier sauf durant la période de 2001 à 2005, où l’introduction de possibilités de pêche pour des chalutiers a été testée et n’a pas été jugée probante. De ce fait nous nous concentrons dans cette analyse sur les trois catégories de pêche inscrites aux protocoles :

Les thoniers senneurs ;

Les thoniers canneurs ; et

Les palangriers.

Enfin un point est consacré aux potentielles interactions passées entre les navires de l’UE et les navires des pêcheries industrielle et artisanale gabonaises.

8.2.1 Pour les thoniers senneurs de l’UE

Historiquement les senneurs de l’UE réalisent la très grande majorité des captures des navires de l’UE dans la zone de pêche sous juridiction gabonaise. Les senneurs ont ainsi capturé 18 492 tonnes avec un taux d’utilisation des autorisations de pêche de 81 % en 2014. Ce tonnage n’est cependant pas représentatif des dix dernières années pour lesquelles les captures moyennes ont été d’environ 10 000 t/an, en excluant l’année 2012 sans capture en raison de l’absence de protocole, soit 50 % du tonnage de référence actuel. Les senneurs réalisent ces captures sur une base saisonnière de mai à septembre tous les ans.

Le nombre de senneurs de l’UE dans le golfe de Guinée a fluctué dans le temps. Il est à la hausse depuis 2008 du fait de la montée de la piraterie dans la partie occidentale de l’océan Indien, forçant les senneurs de l’UE à se redéployer dans l’Atlantique. Le nombre de senneurs ayant demandé une autorisation de pêche est en moyenne d’un peu plus de 20 senneurs correspondant à un pourcentage d’utilisation des autorisations de pêche de 80 %.

La base de négociation pour le nouveau protocole pourrait donc s’appuyer sur une proposition de 25 autorisations de pêche pour des thoniers senneurs et un tonnage de référence de 20 000 tonnes.

8.2.2 Pour les thoniers canneurs de l’UE

Il n’existe aucun historique de déploiements de thoniers canneurs dans le passé. Hormis le simple constat que l’inscription n’a entrainé aucune demande d’autorisation de pêche par ces navires, pour les raisons détaillées dans les chapitres précédents, il n’est pas possible d’en tirer de plus amples enseignements.

Néanmoins, compte-tenu du faible intérêt que représentent des autorisations de pêche pour ces navires, l’UE a tout intérêt de les supprimer du futur accord.

179 http://www.bloomassociation.org/.

180 http://www.bloomassociation.org/desaccords-de-peche/.

181 http://chil.me/europeche/accueil.

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8.2.3 Pour les palangriers de l’UE

La position claire de l’administration gabonaise sur son refus de l’entrée des palangriers dans le protocole énoncée à de nombreuses reprises182 ne permet pas d’imaginer une proposition pouvant servir de base à une négociation.

8.2.4 Interaction avec la pêche industrielle et artisanale gabonaise

En raison de la délimitation de la zone de pêche prévue dans le protocole, en particulier l’exclusion des 12 milles marins, et les caractéristiques de la flotte de pêche nationale gabonaise qui ne cible pas les thonidés il n’y a pas d’interaction entre la flotte de l’UE et les navires gabonais qui ne peuvent s’éloigner de la côte. En outre les navires de l’UE ne fréquentent pas les ports gabonais.

8.3 Les objectifs d’accord de partenariat de pêche

Les objectifs globaux et opérationnels assignés de manière générale à tous les APP et leur protocole d'application doivent se retrouver dans celui qui pourrait lier l'UE au Gabon.

8.3.1 Objectifs globaux de la PCP

Le Conseil de l’Union européenne183 a actualisé les objectifs globaux de tout accord de partenariat de pêche (et de son protocole) entre l’UE et un pays tiers dans ses conclusions de session du 19 mars 2012184. L’APP, comme c’est le cas de celui en vigueur ici, doit alors185 :

Préserver les ressources et leur écosystème par une exploitation rationnelle et durable des ressources marines vivantes dans les eaux sous juridiction des États côtiers conforme à des évaluations qualifiées et aux avis scientifiques ;

Obtenir des retombées économiques (pour les parties prenantes) directes et indirectes par la création d'emplois (en appliquant des standards de travail non-discriminant) et de valeur ajoutée pour les deux parties de l'APP ;

Contribuer à l’alimentation des populations des parties signataires et des pays du groupe ACP ;

Tendre à une meilleure gouvernance mondiale des pêches ;

Intégrer les États côtiers en développement dans l’économie mondiale ;

Promouvoir le respect des droits de l’homme et des principes démocratiques ; et

Prendre en considération les intérêts des régions ultrapériphériques de l’UE situées dans le voisinage des États côtiers. Aucune région ultrapériphérique n’est située à proximité du Gabon.

182 Et encore durant la Commission mixte extraordinaire de juin 2015.

183 Il s’agit de l’institution de l’UE où se réunissent les ministres des gouvernements de chaque pays membre de l'UE pour adopter des actes législatifs et coordonner les politiques par secteur (www.consilium.europa.eu).

184 Conseil de l’UE, 2012. Conclusions du Conseil sur la communication de la Commission relative à la dimension extérieure de la politique commune de la pêche. 19 mars 2012. 7 p.

185 La présentation des objectifs globaux est identique à celle d’autres évaluations récentes. Il s’agit en effet de termes validés par la Commission sur la base des conclusions du Conseil de l’UE du 19 mars 2012.

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Par ailleurs, les termes d’une nouvelle politique commune de la pêche ont été adoptés le 10 décembre 2013186 pour une application le 1er janvier 2014. Sa dimension extérieure précisant la politique de pêche de l’UE hors des eaux de l’UE est globalement similaire, dans ses principes, à ceux présentés ci-dessus187.

Il est prévu que les nouveaux accords de partenariat de pêche portent alors l’appellation « accord de partenariat dans le domaine de la pêche durable » (APPD). Les discussions, plus techniques, portent également sur la politique à appliquer pour la réduction des rejets en mer et les mesures à mettre en œuvre afin d’éviter tout dépavillonnement abusif de navires de pêche de l’UE.

Étant donné que l’accord sur lequel est basé le protocole en vigueur entre l’UE et le Gabon a été signé en juin 2007 et qu’il n’est pas envisagé de le renégocier, l’appellation APP est maintenue dans l’ensemble du texte. Néanmoins, en dehors de cette question de sémantique, les contours du protocole devront prendre en compte ce nouveau cadrage.

8.3.2 Objectifs opérationnels

Les objectifs opérationnels188 sont de :

Faciliter l’accès de la flotte de pêche de l’UE aux eaux des pays tiers afin d’exploiter les ressources halieutiques excédentaires, prenant en compte le reliquat non pêché par la flotte battant pavillon de l’État côtier et la disponibilité de stocks chevauchants ou hautement migratoires ;

Contribuer au développement durable du secteur de la pêche en mettant en place un cadre de gestion conforme aux standards internationaux ; et

Responsabiliser le secteur de la pêche par la mise en œuvre d’un cadre de suivi et de contrôle conforme aux standards internationaux.

Ces objectifs opérationnels sont toujours valables pour la négociation du protocole futur.

8.4 Options de politique et risques y étant associés

Deux options sont envisageables pour l’UE et le Gabon : la conclusion d’un protocole d’accord de partenariat de pêche dit thonier (option 1) ou non (option 2). L’option d’un accord de pêche négocié au niveau régional ne peut pour le moment être examinée car cette approche nécessite un minimum de préparation par l’UE, les États et les institutions régionales qui pourraient être impliqués.

L’évaluation présente les avantages, les inconvénients et les incidences des différentes options et sous options. Les deux parties pourront, si elles le souhaitent, approfondir la nature et le mode d’exécution de l’option privilégiée à partir de l’analyse ci-dessous.

Il existe un risque de rupture pour les navires de pêche de l’UE de pouvoir accéder à la zone de pêche gabonaise entre la fin du protocole en cours et le début d’un éventuel futur protocole, par exemple, si le processus de négociation prend du retard, en raison de la clause d’exclusivité prévue par l’accord. Par ailleurs le paraphe seul d’un nouveau protocole avant l’expiration du protocole en cours donnerait la possibilité aux navires de l’UE d’accéder aux eaux gabonaises pendant une période transitoire maximale de six mois, sous réserve de l’accord du Gabon. La possibilité de continuité est cependant difficile à prévoir. En effet les dispositions du Règlement

186 Depuis l’entrée en vigueur du traité de Lisbonne le 1er décembre 2009, la révision de la PCP a été entreprise selon le mécanisme de codécision entre le Parlement européen et le Conseil de l’UE au travers d’un processus de consultations des différentes parties prenantes.

187 Cf. site du Parlement européen - http://www.europarl.europa.eu/oeil/popups/ficheprocedure.do?reference=2011/0195%28COD%29&l=FR#documentGateway (lien accessible le 18 juin 2015).

188 Le terme « objectif opérationnel » est utilisé dans le guide ex ante (CE, 2001), il s’agit dans le cadre de cette évaluations à la fois des résultats à atteindre et des objectifs spécifiques d’un accord de pêche (et de son protocole).

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de l’UE n° 1006/2008 sont imprécises sur les conditions d’application de cet accès189 par ailleurs la DG MARE ne souhaite plus privilégier ces dispositions compte tenu du renforcement de la clause d'exclusivité dans le règlement de base article 31, postérieur au Règlement relatif aux autorisations pour les activités de pêche. La mesure d’atténuation la plus simple serait alors de procéder à une négociation anticipée et, pour le futur, d’étendre la durée du protocole afin de disposer d’un retour d’expérience plus important au moment de renégocier l’accord et le protocole.

Enfin, il existe un risque d’absence d’accord sur l’accès des flottes européennes si l’UE et le Gabon ne s’entendent pas sur les mesures de gestion et/ou de conservation à appliquer, notamment sur l’interdiction de l’utilisation des DCP. La négociation pour le protocole d’APP avec le Gabon actuellement appliqué est un exemple où les deux parties n’ont pas pu trouver de solution et où une partie de la flottille, en l’espèce la flottille palangrière, n’a pas obtenu de possibilités de pêche.

8.4.1 Option 1 : conclusion d’un nouveau protocole entre l’UE et le Gabon

Pour l’option 1, deux sous-options sont étudiées :

Sous-option a : un protocole garantissant un accès des flottes de l’UE aux thonidés avec l’utilisation possible des DCP ; et

Sous-option b : un protocole garantissant un accès des flottes de l’UE aux thonidés mais assorti d’une interdiction de l’utilisation des DCP.

8.4.2 Option 2 : absence de conclusion d’un nouveau protocole entre l’UE et le Gabon

La poursuite de la pêche d’espèces hautement migratoires dans les eaux gabonaises est conditionnée à la dénonciation de l’APP en raison de la clause d’exclusivité interdisant aux navires de l’UE un accès sous forme d’une licence privée, puis à la conclusion de protocoles privés pour l’obtention de licences de pêche.

Pour l’option 2, deux sous-options sont donc étudiées :

Sous-option c : un accord non dénoncé interdisant de fait la conclusion d’accords privés pour les navires de l’UE ; et

Sous-option d : un accord dénoncé permettant la conclusion d’accords privés.

8.4.3 Résultats attendus et incidences escomptées selon les différentes options

8.4.3.1 Option 1 : conclusion d’un nouveau protocole entre l’UE et le Gabon

Les discussions entre les parties tenues durant la Commission mixte extraordinaire de juin 2015 amènent à conclure à la nécessaire adaptation du nombre de possibilités de pêche et du tonnage de référence à la réalité des niveaux d’utilisation du protocole lors des dernières campagnes de pêche. Le nouveau protocole devrait donc être basé sur un calcul des possibilités de pêches attribuées à l’UE en cohérence avec un plan de gestion gabonais présenté à l’UE et incluant les navires sous licences privées. Il devrait surtout être en adéquation avec un tonnage de référence conforme aux recommandations de la CICTA s’appliquant à un niveau régional.

Il devrait être décidé de ne pas renouveler les possibilités de pêche des thoniers canneurs dans ce nouveau protocole en raison de leur apport nul. Le retour de palangriers de surface, bien que susceptible d’intéresser l’UE, ne paraît pas envisageable du fait de l’opposition du Gabon.

Le nouveau protocole devrait également tenir compte des revendications entre le Gabon et la Guinée équatoriale en retirant de la zone de capture les points de chevauchement.

Enfin, s’agissant des mesures techniques en vigueur, les discussions entre les parties tenues durant la Commission mixte extraordinaire de juin 2015 ont entériné le statu quo pour le protocole actuel. À l’analyse de

189 Les possibilités de pêche du précédent protocole sont à appliquer pendant cette période transitoire mais le règlement n’indique pas si les autres clauses du protocole précédent doivent ou non s’appliquer pendant cette période (redevances, tonnage de référence, mesure techniques, etc.).

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ce protocole les auteurs proposent néanmoins deux sous-options qui sont présentées ci-après. Quelle que soit la sous-option retenue, les navires d’appui de l’UE devraient être autorisés en échange du paiement d’un droit d’accès à la zone dont le montant devrait être conditionné aux possibilités d’actions qui leurs sont offertes. Leur champ d’activité devrait être défini précisément dans les termes du protocole, notamment la possibilité (ou non) de porter une assistance à des navires sous pavillon tiers pêchant dans le cadre d’une licence privée.

Sous-option a : un protocole autorisant l’utilisation des DCP190

Si le protocole autorise l’utilisation des DCP artificiels balisés, le nombre de DCP mis à l’eau devrait être conforme aux limitations fixées par le Gabon. Les modalités d’usage des DCP devraient alors être clarifiées dans les termes du protocole notamment en ce qui concerne la structure du DCP (matériaux et conformation), les procédures à appliquer afin d’éviter les entrées dans les zones interdites et le ramassage des DCP en fin de vie. Les positions de l’ensemble des DCP munis de balise ayant été mis à l’eau par les navires de l’UE pourraient être transmises en temps réel au CSP du Gabon en échange de la signature d’un engagement de confidentialité et de non divulgation, du fait du caractère commercialement sensible de ces informations.

Sous option b : un protocole interdisant l’usage des DCP

L’interdiction de pêcher sous DCP artificiels balisés ainsi que de les mettre à l’eau est prévue dans la réforme de la loi nationale gabonaise et s’appliquerait à tous les navires opérant dans la zone de pêche sous juridiction gabonaise, sans discrimination de pavillon. Seules les opérations de pêche sur banc libre ou sur DCP naturels (non balisés) sont autorisées pour les navires opérant dans la zone de pêche du Gabon. Le protocole pourrait donc définir les moyens permettant la récupération des DCP étant entrés par dérive dans la zone de pêche sous juridiction, voire interdire également l’usage des DCP, par cohérence avec la loi nationale. Cette restriction ne serait acceptable que si elle s’applique uniformément à l’ensemble des accords conclus par le Gabon, qu’ils soient publics ou privés, afin d’éviter toute discrimination.

8.4.3.2 Option 2 : absence de conclusion d’un nouveau protocole entre l’UE et le Gabon

En absence d’un nouveau protocole, deux hypothèses sont envisageables :

Sous-option c : un accord non dénoncé

Le texte de l’accord de pêche en lui-même n’est pas dénoncé par une des deux parties, il est toujours en vigueur et applicable. En l’absence d’un protocole en vigueur, l’accord devient alors « dormant ». Ainsi la clause d’exclusivité s’applique et interdit aux armateurs de l’UE d’accéder aux ressources thonières dans les eaux sous juridiction gabonaise.

Sous-option d : un accord dénoncé

Le cadre de l’accord de pêche lui-même est dénoncé, pouvant entrainer, si les parties le souhaitent, la négociation d’un nouveau APPD. Quoi qu’il en soit, en l’absence d’un accord, les armateurs de l’UE souhaitant exercer des activités de pêche dans les eaux sous juridiction gabonaise auraient la possibilité de négocier des licences privées ou de conclure des arrangements privés.

Dans ce cas, il est intéressant de noter que les termes de la législation nationale et des arrangements privés, basés sur un arrêté qui par nature est facile à abroger et dont la transparence est moindre, sont plus sujets à interprétation et donc source d'incertitude. Le risque d'engendrer des litiges difficiles à résoudre est donc fort. Les droits d’accès actuellement en vigueur placent le prix d’une licence pour un thonier senneur à hauteur de 120 000 euros pour un tonnage de référence de 1 000 tonnes par navire, chaque tonne supplémentaire étant facturée au coût de la licence (120 euros/t). À titre de comparaison, le coût actuel d’une autorisation de pêche associé au coût de 1 000 tonnes de captures représente 78 950 euros pour un thonier senneur de l’UE, sachant que le prix de la tonne supplémentaire lui serait facturée 65 euros/t dans la limite de 20 000 tonnes (en cas de dépassement ce prix serait modulé vraisemblablement à la hausse pour l’armateur).

190 Entendu que des mesures techniques encadrant cette utilisation sont incluses dans le texte du protocole.

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Enfin il faut prendre en considération que la partie gabonaise précise qu’elle applique les mêmes mesures techniques aux navires sous licence privées qu’à ceux opérants dans le cadre du protocole avec l’UE. Elle est même sur certains points plus exigeante, en particulier en ce qui concerne la transmission journalière du journal de pêche.

L’absence d’un accord sur un nouveau protocole renchérirait donc fortement l’accès à la zone de pêche gabonaise pour les armateurs européens. Néanmoins, il serait certainement moins impactant pour les armateurs de l’UE de dénoncer l’accord, afin de leur laisser l’opportunité d’accéder à la zone de pêche, si les nouvelles conditions économiques ne sont pas rédhibitoires. Il est donc probable que les armateurs militent dans ce cas pour une dénonciation de l’accord.

8.4.3.3 Comparaison des deux options – effets et risques

La comparaison des deux options dans le Tableau 8.1 en termes de résultats attendus et de risques (cf. ci-dessus) se base sur la page 20 du guide ex ante de la Commission européenne (CE, 2001). Le critère d’évaluation « acceptabilité » permet, en complément, d’avoir une vision d’ensemble plus élargie des potentielles forces, faiblesses et opportunités de chaque option.

Le Tableau 8.1 ci-après synthétise les deux options (et leurs sous-options).

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Tableau 8.1 : comparaison des deux options de politique évaluées et leurs incidences Option 1 : un protocole d’accord de partenariat de pêche avec l’UE

- Sous-option a (Ssa) – avec DCP

- Sous-option b (Ssb) – sans DCP

Option 2 : pas de protocole

- Sous-option c (Ssc) – accord maintenu

- Sous-option d (Ssd) – accord dénoncé

Efficacité

Ssa et Ssb : Elevée – la quantification partagée de l’effort de pêche garantit la préservation des ressources halieutiques. Contribution de l’UE maintenue à la politique de durabilité de la filière halieutique gabonaise grâce à l’appui sectoriel.

Ssc : Moyenne – l’absence de possibilité de pêche pour les armateurs de l’UE induit de fait l’absence d’impact sur les ressources halieutiques. En revanche, la contribution de l’UE à la durabilité de la filière halieutique au travers d’autres instruments financiers est moindre, le pays étant à revenu intermédiaire supérieur.

Ssd : Faible – la quantification de l’effort de pêche est moins transparente et ne garantit plus forcément la préservation des ressources halieutiques. La contribution de l’UE à la durabilité de la filière halieutique au travers d’autres instruments financiers est moindre, le pays étant à revenu intermédiaire supérieur.

Coûts

Ssa et Ssb : Coûts pour l’UE : adaptés – si le montant de la contrepartie financière correspondant à des navires demandant une autorisation de pêche et utilisant un tonnage de référence est significatif, les coûts restant à la charge de l’UE peuvent être considérés comme équitables.

SSc : Coûts pour l’UE : nuls. (les coûts de contrôle des navires perdurent).

Ssd : Coûts pour l’UE : réduits – les coûts sont exclusivement liés au suivi et à la surveillance de la flotte au titre du Règlement « Contrôle ». Ce sont les armateurs qui assument directement l’ensemble des coûts liés à l’activité.

Risques identifiés et mesures d’atténuation possibles

Ssa : moyens – Les navires peuvent continuer à pêcher dans les conditions connues. Si les contraintes liées à des mesures techniques sont non acceptables par les armateurs thoniers, les flottes ne font pas de demande d’autorisation de pêche.

Ssc : élevés – Du fait de clause d’exclusivité, absence d’accès à la ressource pour les armateurs.

Ssd : moyens – possibilité d’accès sous réserve d’accords privés. Possibilité de négocier un nouvel APPD.

Ssb : élevés – Désintérêt de la zone par les armateurs dont l’équilibre économique repose sur l’utilisation des DCP mais maintien sur zone des navires pêchant sur banc libre.

Acceptabilité

Ssa : forte – maintien de l’activité dans une zone d’importance stratégique, en particulier pour les thoniers senneurs français

Ssc : nulle pour les armateurs – l’importance de la zone pour les armements milite pour une option permettant son accès.

Ssd : Peu acceptable par les armateurs – Les armateurs de l’UE seraient alors directement soumis aux conditions financières et techniques prévues par la législation gabonaise et aux incertitudes liées aux éventuels changements de cette réglementation.

Ssb : moyenne – maintien de l’activité dans une zone d’importance stratégique, mais sous contraintes techniques fortes qui interdisent un auxiliaire de pêche performant et qui optimise les périodes de pêche. Limite la capacité de pêche sur zone, pouvant entrainer des répercussions sur les autres pays de la région.

Meilleure acceptabilité d’un arrangement public pour les ONG sous réserve d’un accord équitable, transparent pour toutes les parties, équilibré dans la contribution de l’UE et des armateurs et protégeant l’environnement marin

Economie

Ssa et Ssb : moyenne – l’UE peut collaborer avec l’administration des pêches du Gabon à partir des fonds de l’appui sectoriel et suivre le développement de cette dernière.

SSc et SSd : Nulle – l’UE n’a pas de levier direct pour accompagner et aider le développement de l’administration du Gabon, et ne peut s’appuyer que sur le FED et les agences de développement des États membres de l’UE.

Source : réalisation propre

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8.4.4 Évaluation globale

Pour les armateurs, il apparaît que conclure un protocole privé n’est pas le plus approprié. En effet, la sécurité juridique (cadre réglementaire et durée du protocole), la transparence, le coût sont autant de critères qui militent pour le maintien de la pêche dans le cadre d’un protocole. Par ailleurs, le recours à des licences privées plus onéreuses nécessiterait la dénonciation de l’APP en cours, créant ainsi un fort degré d’incertitude pour l’avenir et fragilisant d’autant les prévisions économiques des armateurs.

Si la volonté de maintenir le protocole apparaît clairement pour les armateurs, la question principale, au vue des attentes et des exigences de la partie gabonaise, est de savoir le degré de compromis qui sera jugé acceptable par l’UE et les armateurs. Or la partie gabonaise n’est pas sans savoir que sa zone de pêche sous juridiction sera encore très prisée par les senneurs durant la saison de pêche et qu’elle représente le pivot de la stratégie des navires déployés dans la région.

Concernant les deux sous options étudiées pour la mise en place d’un protocole, celle excluant complétement les DCP semble moins intéressante pour les armateurs et pour l’UE que celle les autorisant.

En se basant sur les informations collectées pour évaluer les effets économiques de l’APP (Chapitre 6) et sur les niveaux d’activité des thoniers senneurs (Chapitre 5), il est possible d’évaluer l’impact économique que pourrait avoir l’interdiction d’utiliser les DCP.

Plusieurs hypothèses de base ont été définies pour cette évaluation :

La flotte présente actuellement dans la zone sera celle qui pêchera dans la zone de pêche gabonaise dans le cadre d’un futur protocole ;

Ces navires captureront l’intégralité du tonnage de référence. Le niveau de capture réalisé dans l’ensemble de la sous-région correspond au niveau de capture de 2014 ; et

La structure de coût de ces navires est similaire à celle présentée au Chapitre 6 et suit la structure développée dans la note de méthode publiée dans le cadre de l’analyse économique de la flotte thonière de l'UE191 :

o Les coûts de carburants et les coûts variables sont une fonction du nombre de jours passés dans la zone de pêche ;

o Les coûts fixes sont répartis au prorata de l’importance des débarquements de la zone de pêche dans le chiffre d’affaires des navires ;

o Les coûts d’entretien comportent une partie fixe et une partie variable. La partie fixe est répartie au prorata de l’importance des débarquements de la zone de pêche dans le chiffre d’affaires des navires quand la partie variable est une fonction du nombre de jours passés dans la zone de pêche ;

o Enfin la rémunération des équipages se calcule selon le principe du salaire à la part (méthode du reste à partager).

L’interdiction de l’utilisation des DCP modifierait deux éléments essentiels de la dynamique de fonctionnement des navires de l’UE : la composition de leurs captures et la baisse d’efficacité de leurs opérations de pêche.

Concernant la composition des captures, celle-ci serait modifiée si l’ensemble des opérations de pêche réalisées dans la zone de pêche du Gabon ciblait des bancs libres. En prenant comme référence le niveau des captures sous banc libre enregistrées dans la zone (Tableau 8.2), les captures de chaque état membres ont été ré-estimées (Tableau 8.3). La proportion d’albacore capturé serait plus importante, notamment pour les thoniers senneurs espagnols.

191 COFREPECHE, MRAG, NFDS et POSEIDON, 2014. Analyse économique de la flotte thonière de l'UE – Note de méthode. Contrat cadre MARE/2011/01 - Lot 3, contrat spécifique n° 09. Bruxelles, 32 p.

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Tableau 8.2 : composition spécifique moyenne des prises sur bancs libres et sur DCP (1991-2013)

Bancs libres DCP

Albacore 47,2 % 21,8 %

Listao 46,9 % 73,4 %

Thon obèse 5,9 % 4,8 % Source : rappel du tableau 3.5. Réalisation propre

Tableau 8.3 : simulation des captures réalisées avec ou sans DCP dans les eaux gabonaises par les navires de l'UE

Hypothèse : utilisation pleine du tonnage de référence avec DCP

Hypothèse : utilisation pleine du tonnage de référence sans DCP

Espèces Senneurs

espagnols Senneurs

français Total

Senneurs espagnols

Senneurs français

Total

Captures dans la ZEE

gabonaise (1)

(tonnes)

Listao 4 071 5 184 9 254 3 507 5 749 9 255

Albacore 2 754 5 788 8 541 3 529 5 785 9 314

Thon obèse 653 1 286 1 938 441 723 1 164

Germon 0 8 8 0 8 8

Autres 205 53 258 205 53 258

Total 7 681 12 319 20 000 7 681 12 319 20 000

Prix moyen (2)

(EUR/tonnes)

Listao 750 750 750 750

Albacore 1 750 1 750 1 750 1 750

Thon obèse 1 300 1 300 1 300 1 300

Germon 1 460 1 460 1 460 1 460

Autres 1 000 1 000 1 000 1 000

Valeur des captures

(3) = (1) X (2) (milliers d'EUR)

= chiffre d’affaires

Listao 3 053 3 888 6 941 2 630 4 311 6 941

Albacore 4 819 10 128 14 947 6 176 10 124 16 300

Thon obèse 848 1 672 2 520 573 940 1 514

Germon 0 12 12 0 12 12

Autres 205 53 258 205 53 258

Total 8 925 15 753 24 677 9 584 15 441 25 025 Source : Données de captures fournies par la DG MARE, prix : GLOBEFISH monthly and quarterly reports, armements ; réalisation propre. Hypothèse : utilisation à 100 % du tonnage de référence. Réalisation propre

La seconde modification majeure concerne la baisse d’efficacité inhérente à l’absence d’utilisation de DCP. Une des hypothèses principales de ces simulations est que les navires seront en mesure de trouver suffisamment de bancs libres dans la zone du Gabon pour consommer entièrement le tonnage de référence. Une seconde hypothèse est que l’absence de DCP conduira à une diminution du niveau de capture journalier pour l’ensemble des navires. En se basant sur les données de captures des navires espagnols pour l’année 2014, il apparaît que les opérations sous DCP sont en moyenne deux fois plus productives que les opérations sur banc libre. Le nombre d’opérations de pêche à réaliser pour obtenir le même tonnage en l’absence de DCP devrait donc être plus important. En première approche (Tableau 8.4), les navires espagnols devraient augmenter le nombre d’opérations de pêche dans la zone de 49 % quand les navires français devraient effectuer 32 % d’opérations en plus pour maintenir leur tonnage de capture. Si l’on considère que les thoniers senneurs sont à même de développer des stratégies leur permettant d’être plus efficaces dans la recherche et la capture de bancs libres, il peut être envisagé qu’ils comblent pour moitié la perte d’efficacité due à l’interdiction des DCP (il est à noter que cette dernière hypothèse est purement théorique en l’absence de toute donnée permettant d’approcher le gain d’efficacité que pourraient développer les navires).

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Tableau 8.4 : simulation des captures réalisées avec ou sans DCP dans les eaux gabonaises par les navires de l'UE

Senneurs espagnols Senneurs français

Banc libre Banc sous DCP Banc libre Banc sous DCP

Opérations de pêche 162 167 402 196

Tonnage 2014 2 340 4 762 5 805 5 589

Tonnage par opération 14,4 28,5 14,4 28,5

Opérations sans DCP pour obtenir le même tonnage

492 789

Augmentation du nombre d'opération de pêche

49 % 32 %

Source : Données de captures fournies par la DG MARE. Le nombre d’opérations de pêche des navires français est estimé à partir des données de tonnage par opération espagnoles. Réalisation propre

Cette baisse d’efficacité se traduit par un tonnage journalier inférieur à la situation de référence. Si l’on considère que les navires parviennent à capturer le tonnage de référence, il leur faudra donc plus de temps dans la zone pour y parvenir.

Bien que nos simulations conduisent à une légère augmentation du chiffre d’affaires global de 24,6 millions d’euros à 25,0 millions d’euros avec l’arrêt de l’utilisation des DCP, l’augmentation des coûts d’exploitation serait globalement plus importante, passant de 22,6 millions d’euros à 24,2 millions d’euros (Tableau 8.5). Il en résulterait une forte diminution du niveau d’EBE qui passerait de 2,2 millions d’euros à 0,2 million d’euros.

Comparé à une utilisation pleine du tonnage de référence avec DCP, l’interdiction de DCP entrainerait ainsi une forte baisse d’EBE pour les navires espagnols et pour les navires français. Dans notre simulation, la différence d’impact repose avant tout sur la différence de profil d’exploitation des navires français et espagnols, les navires espagnols capturant actuellement une plus faible part d’albacore que les navires français. Un rééquilibrage vers un profil de capture sans DCP entrainerait une augmentation du chiffre d’affaires réalisé par les navires espagnols de 8,9 millions d’euros à 9,6 millions d’euros (+7 %) quand les navires français verraient leur chiffre d’affaires diminuer légèrement de 15,8 millions d’euros à 15,4 millions d’euros (-2 %). Selon nos hypothèses, l’augmentation du chiffre d’affaires des navires espagnols compenserait ainsi partiellement l’augmentation des coûts d’opération résultant de l’absence d’utilisation de DCP.

Il faut cependant noter que ces simulations n’ont qu’une valeur d’illustration et qu’elles sont fortement dépendantes des hypothèses de travail retenues pour effectuer les calculs. Il n’en reste pas moins que l’interdiction des DCP devrait avoir un impact négatif important sur la rentabilité des entreprises, rendant la zone de pêche du Gabon beaucoup moins attractive pour les thoniers senneurs de l’UE.

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Tableau 8.5 : estimation de valeur ajoutée directe et excédent brut d'exploitation réalisées avec ou sans DCP (milliers d’euros)

Hypothèse : utilisation pleine du tonnage

de référence avec DCP Hypothèse : utilisation pleine du tonnage

de référence sans DCP

Senneurs espagnols

Senneurs français

Total Senneurs espagnols

Senneurs français

Total

Nombre d'autorisations délivrées

13 9 22 13 9 22

Nombre de navires actifs dans la zone gabonaise

13 9 22 13 9 22

Nombre de jours de mer dans la zone gabonaise

461 545 1 006 611 649 1 260

Captures (t) 7 681 12 319 20 000 7 681 12 319 20 000

dont captures au-delà du tonnage forfaitaire

0 0 0 0 0 0

Chiffre d'affaires (CA)

8 925 15 753 24 677 9 584 15 441 25 025

Consommations intermédiaires variables (CIV)

Carburant 3 782 3 886 7 669 5 010 4 627 9 636

Autres coûts variables 1 472 556 2 028 2 061 677 2 739

Consommations intermédiaires incompressibles (CII)

Entretien & Réparation 459 2 679 3 138 534 2 933 3 467

Autres Coûts non-variables 476 1 546 2 022 476 1 546 2 022

Consommations intermédiaires (CIT = CIV + CII)

6 189 8 667 14 856 8 081 9 783 17 865

Valeur ajoutée produite (VA = CA - CIT)

2 735 7 086 9 821 1 503 5 658 7 160

Subventions - - 0 - - 0

Coût des autorisations de pêche

681 926 1 607 681 926 1 607

dont redevance nationale a 179 124 303 179 124 303

dont contribution observateur b

3 2 4 3 2 4

dont part au prorata du tonnage capturé c 499 801 1 300 499 801 1 300

Taxes portuaires 446 788 1 234 479 772 1 251

Impôts et taxes liés à l'activité (IT)

1 127 1 714 2 841 1 160 1 698 2 858

Charges de personnel embarqué (CPE)

738 4 063 4 801 505 3 642 4 147

Excédent brut d’exploitation (EBE = VA – IT - CPE)

871 1 308 2 179 -162 318 155

Source : DCF pour la structure des coûts des navires, armements. a : redevance nationale : 13 750 EUR/navire. b : contribution observateur : 200 EUR/navire/an. c : coût à la tonne : 65 EUR/tonne. Réalisation propre

Par ailleurs l’introduction de l’interdiction de la pêche sur DCP dans ce protocole pourrait faire tache d’huile aux niveaux des autres pays de la sous-région et ainsi modifier en profondeur les équilibres économiques de la flotte. Les impacts ici présentés sont donc une estimation minimale.

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L’hypothèse que la zone de pêche du Gabon soit encore prisée par les senneurs devrait continuer à rendre l’éventuel futur protocole favorable quant à la contribution de l’UE en redevance pour le Gabon et en termes de valeur ajoutée. Dans l’hypothèse où des services à terre se développent au Gabon (avitaillement, réparation, stockage et transformation des captures) et à condition que les conditions proposées soient attractives par rapport aux autres pays de la région (notamment un prix du poisson débarqué compétitif par rapport au marché d’Abidjan), l’accord serait encore plus bénéfique pour le Gabon, puisqu’il permettrait d’assurer la venue régulière de près d’une vingtaine de thoniers senneurs dans les ports gabonais. Comme indiqué dans le Chapitre 6, il s’agit avant tout de créer les conditions d’accueil favorables pour que les navires de l’UE soient attirés par les services proposés par le Gabon.

En faisant l’hypothèse que la moitié de l’avitaillement nécessaire à la campagne de pêche dans la zone de pêche gabonaise soit réalisée dans les ports gabonais et que 30 % des captures soient stockées au Gabon avant d’être réexpédiées vers d’autres marchés, la valeur ajoutée captée par le Gabon doublerait, passant de 1,6 million d’euros à 3,4 millions d’euros, notamment par l’augmentation de la valeur ajoutée indirecte récupérée suite au débarquement de poissons au Gabon. Il est à noter que ces niveaux d’avitaillement et de débarquement sont des hypothèses et que le niveau de redistribution de la valeur ajoutée est grandement dépendant du tonnage effectivement débarqué dans les ports gabonais.

Tableau 8.6 : simulation de la répartition de la valeur ajoutée (milliers d’euros)

Hypothèse : utilisation pleine du tonnage

de référence sans débarquement ou avitaillement au Gabon

Hypothèse : utilisation pleine du tonnage de référence avec débarquement

et avitaillement au Gabon

Gabon Pays ACP

UE Total Gabon Pays ACP

UE Total

VA directe

Droits accès des navires de pêche

1 607 1 607 1 607 1 607

Salaires et charges sociales du personnel embarqué

0 2 656 2 144 4 801 0 2 656 2 144 4 801

Taxes portuaires + EBE (pour l'UE)

0 1 234 2 179 3 413 370 864 2 179 3 413

VA indirect

e

Valeur ajoutée amont 0 583 118 701 350 233 118 701

Valeur ajoutée aval 0 2 776 1 481 4 257 1 110 1 666 1 481 4 257

Total 1 607 7 250 5 922 14 778 3 438 5 418 5 922 14 778

% 11 % 49 % 40 % 100 % 23 % 37 % 40 % 100 %

Source : réalisation propre

8.5 Synthèse d’appui à la décision éventuelle de l’UE de conclure un protocole d’accord de partenariat de pêche avec le Gabon

Dans l’hypothèse où l’UE déciderait de conclure un nouveau protocole d’accord de pêche avec le Gabon, sont présentés ci-après des points sur la question de l’évolution du tonnage de référence, la plus-value de l’intervention de l’UE, la question de la captation par le Gabon de la valeur ajoutée générée, le mode d’exécution du protocole le plus approprié et la cohérence de ce protocole avec d’autres instruments de l’UE : accord de partenariat économique, appui du FED, politique commune de la pêche, etc.

8.5.1 Tonnage de référence dans la zone de pêche sous juridiction gabonaise

Il est fort probable que le Gabon demandera l’augmentation du tonnage de référence du futur protocole. Les autorités gabonaises semblent faire une confusion entre le volet économique du protocole et la prise en compte de l’absolue nécessité de maintenir un niveau de capture cohérent pour les ressources migrantes et chevauchantes que sont les thonidés tropicaux au niveau de l’ensemble du golfe de Guinée.

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Dans notre analyse, le tonnage de référence actuel de 20 000 tonnes alloué au protocole en vigueur semble logique et précautionneux au regard de la production maximale moyenne de la zone de pêche sous juridiction, tenant compte des captures de la flotte de l’UE et des navires sous pavillon tiers. En outre, il faut rappeler de la grande difficulté de porter un avis sur une ZEE ou une zone particulière du fait de leur étroite interdépendance (Haute Mer et ZEE des pays du golfe de Guinée). Au vu des états des stocks il est envisageable de proposer une légère augmentation de ce tonnage de référence afin de tenir compte des évolutions récentes des captures dans la zone. Par contre, il est clair qu'un niveau du tonnage de référence très supérieur au niveau actuel ne serait pas soutenable pour la ressource présente saisonnièrement dans la zone, pouvant entrainer du fait de la migration de ces espèces, des profonds déséquilibres dans toute la zone du golfe de Guinée. En outre, il n'est même pas prouvé qu'il soit possible de réaliser de telles captures, jamais atteintes par le passé alors même qu’il n’y avait aucune restriction sur le niveau des captures possibles au sein de la ZEE gabonaise.

Il paraît important de rappeler que l’évaluation pour les ressources migrantes et chevauchantes est faite par l’ORGP compétente (la CICTA) qui fait l’évaluation avec la participation obligatoire des États côtiers. Or la participation effective du Gabon apparaît ici très limitée en raison de l’inexistence de ces moyens scientifiques. Par ailleurs le principe du reliquat ne peut être appliqué simplement à une seule ZEE dans le cas du thon puisque le RMD est océanique. Chaque pays côtier doit être représenté au mieux pour faire valoir la part de ce RMD qui lui revient. D’où l’intérêt d’une représentation plus effective du Gabon au sein de la CICTA.

8.5.2 Plus-value de l’intervention de l’Union européenne (représentée par la Commission européenne) dans un protocole

L’intervention de l’UE permet la mise en place d'un cadre juridique et transparent192 propre à protéger les armateurs des navires de pêche de l’UE. La stabilité des instruments juridiques que sont les protocoles de l’UE garantit également la continuité de leurs opérations de pêche au Gabon mais aussi dans la région par l’application des autres APP avec les États voisins. Il témoigne aussi du bon niveau de coopération entre les deux parties.

Par ailleurs, dès lors que les activités prévues dans le cadre de l'appui sectoriel sont réalisées, elles contribuent à l'amélioration de la gouvernance dans le pays tiers et au renforcement de la lutte contre la pêche INN et permettent de développer une approche mutualisée avec les différents programmes d’appui tel que le fonds européen de développement (FED).

8.5.3 La question de la captation par le Gabon de la valeur ajoutée générée

Comme cela a été détaillé dans les chapitres précédant, la partie gabonaise est satisfaite de permettre la valorisation d’une ressource qu’en l’état actuel des choses son industrie nationale n’est ni en mesure de capter ni de valoriser. Par ailleurs, la question de la valorisation de la ressource thonière pour le pays est un sujet de préoccupation pour les acteurs du projet « Gabon bleu ». Il est aussi possible d’imaginer que le partenariat public-privé signé entre le Gabon et IBL repose sur un développement à moyen terme des débarquements au Gabon. Cela permettrait de comprendre la raison de cet investissement important consenti par IBL alors même que les résultats actuels ne semblent pas satisfaisants.

Il est important de confirmer en premier lieu qu’il est tout à fait légitime que le Gabon insiste et encourage à la création d’une valeur ajoutée la plus importante possible sur son territoire au regard notamment de l’importance de la zone pour les navires de l’UE et pour la pêche thonière du golfe de Guinée en générale. Des marges de progressions sont d’ailleurs possibles. L’analyse économique a démontré que 60 % de la valeur ajoutée était réalisée dans des pays ACP (en Côte d’Ivoire très majoritairement) de ce fait, il est possible d’envisager la mise en place de solutions permettant une plus grande captation de la valeur ajoutée :

192 Pour exemple, la publication des APP de l’UE, des protocoles et de ses textes d’application au journal officiel de l’UE, les évaluations ex ante (prospective) et ex post (rétrospective) des protocoles rendues publiques, la possibilité de participation du Parlement européen à l’approbation d’un nouveau protocole et du suivi de sa mise en œuvre depuis l’entrée en vigueur du traité de Lisbonne. Cette transparence permet aux sociétés civiles d’analyser et de critiquer les protocoles de l’UE avec un maximum d’informations disponibles.

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En augmentant les droits d’accès. Le rééquilibrage se ferait alors au détriment des navires de l’UE, qui verraient leur niveau d’EBE se réduire. Cette possibilité rendrait cependant la zone de pêche du Gabon moins attractive pour les navires européens et pourrait induire des rééquilibrages vers d’autres zones, moins productives mais plus rentables pour les navires. L’effet cumulé pourrait alors limiter les gains de valeur ajoutée pour le Gabon ;

En incitant des marins gabonais à prendre part à la pêcherie. La mise en place de filières de formation de marins qualifiés au Gabon pourrait permettre au pays de proposer une main d’œuvre qualifiée aux armements de l’UE, ce qui permettrait de générer des salaires non seulement dans la zone de pêche du Gabon, mais également dans le reste de la sous-région. Cette option permettrait une redistribution des emplois parmi les pays ACP puisqu’il est peu envisageable que l’apport de marins gabonais réduise le contingent de marins de l’UE à bord des navires thoniers ; et

En renforçant les activités économiques des navires au Gabon (avitaillement, débarquement), ce qui permettrait de capter une partie de la valeur ajoutée indirecte générée par l’accord. Ce renforcement devrait cependant passer par le développement de services compétitifs à terre aussi bien en amont (avitaillement, réparation) qu’en aval (manutention portuaire, capacité de stockage, idéalement des capacités de transformation).

Il faut toutefois prendre en considération que la mise en place d’une obligation réglementaire de débarquement ou de présence dans les ports gabonais ne serait pas la meilleure option à envisager. Si les services proposés par le Gabon ne sont pas un tant soit peu compétitifs en comparaison des autres pays de la sous-région, une obligation de débarquement conduirait à réduire l’intérêt de la zone de pêche du Gabon pour les navires de l’UE. L’exemple des canneurs atteste que la zone de pêche peut perdre de son attractivité en l’absence de structures capables d’approvisionner les navires ou de réceptionner et commercialiser leurs captures. La mise en place de filières compétitives en amont ou en aval est cependant complexe et peut prendre plusieurs années avant que les entreprises gabonaises soient à même de concurrencer les entreprises de Côte d’Ivoire ou du Ghana. La mise en place d’une décote du paiement à la tonne, qui existe dans d’autres protocoles (Madagascar notamment), permettrait au Gabon de combler ce manque de compétitivité tout en permettant la diversification de son économie. Cette option entrainerait une nouvelle répartition au sein des pays ACP, le Gabon captant une partie de la valeur ajoutée actuellement générée dans les pays de la sous-région.

Ces solutions sont des pistes qu’il est possible de mettre en œuvre mais il appartient à la partie gabonaise d’en définir les modalités d’application. Quel que soit la solution choisie, il faut toujours veiller à préserver l'attractivité économique du protocole et des conditions suffisamment favorables aux flottes pour s’assurer de leurs présences.

8.5.4 Mode d’exécution le plus approprié

Outre l’impérieuse nécessité que toutes les parties en présence s’engagent à mettre en œuvre les moyens et les politiques nécessaires à la bonne réussite dudit protocole, les termes de l’éventuel futur protocole devraient tenir compte des éléments ci-dessous :

Espèces autorisées à être pêchées au sein du protocole : l’UE et le Gabon devraient définir la liste des espèces autorisées selon la liste des espèces gérées par la CICTA ;

Terminologie : l’UE et le Gabon devraient veiller à utiliser une terminologie évitant toute interprétation notamment dans les modalités d’utilisation des DCP (comprenant la mise à l’eau, l’utilisation et le ramassage) et les déclarations des captures accessoires et des rejets ;

Modalité de calcul des paiements en cas de dépassement du tonnage de référence : l’UE et le Gabon gagneraient à les prévoir précisément dans le texte du protocole (définition du coût pour les armateurs) sauf à considérer que le tonnage de référence ne peut être dépassé et que sa consommation entraine la fermeture de la zone jusqu’à l’année suivante correspondant de fait à l’introduction d’une limite de captures. Cela permettrait d’éviter la problématique de l’organisation d’une Commission mixte

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extraordinaire à l’atteinte du seuil des 80 % et de la remplacer par un système d’information commun entre les deux parties du taux de consommation du tonnage de référence ;

Durée : la durée du protocole devrait permettre pour l’UE de pouvoir étudier quantitativement et qualitativement les effets du protocole sur la flotte de pêche de l’UE et sur le secteur halieutique du Gabon, notamment lors de l’analyse rétrospective de l’éventuel futur protocole. Pour le Gabon, un protocole d’une durée supérieure permettrait une programmation de l’appui sectoriel à plus long terme ainsi qu’une garantie de revenus versés par l’UE au titre de l’accès. Pour les armateurs, il devrait permettre un accès sécurisé sur le moyen terme avec une stabilité des droits d’accès. Dans ces considérations, une durée du protocole de 4 ans semblerait pertinente ;

Coordonnées de la zone de pêche gabonaise : afin d’éviter les difficultés dans la confirmation de la localisation des captures lors de la validation des données de captures, notamment entre les différentes zones de pêches sous juridiction, les coordonnées de la zone de pêche définies par la législation nationale et inscrites dans le protocole devraient exclure les zones contestées. Le travail en cours entre la Commission européenne et les États membres de l’UE afin de définir des référentiels de zone de pêche identiques entre ces parties prenantes pour la validation des captures devrait être finalisé dès que possible ;

Validation des captures : la validation des captures devrait être de la responsabilité des administrations en charge du suivi et de la gestion des pêches des États membres de l’UE et du Gabon avec l’appui des instituts scientifiques européens et les scientifiques gabonais qui pourraient proposer des méthodes de redressement de ces données et donner leur avis sur une base de coopération et transparente ;

Législation nationale du Gabon : l’application et le suivi des mesures de gestion et de conservation du protocole et de la législation nationale dans le domaine de la pêche du Gabon devraient être concordants. Les mesures du protocole ne devraient pas être discriminatoires pour les navires de l’UE. Dans le cas de l’entrée en vigueur d’un nouveau texte législatif plus contraignant, et même si le protocole a une suprématie sur les textes de la législation nationale mis en place après sa signature, les deux parties devraient tenir une Commission mixte pour aplanir ces difficultés ;

Les navires d’appui : l’appel à des navires d’appui devrait être autorisé dans la zone de pêche afin, a minima, d’assurer la récupération des DCP présents dans la zone ou en fin de vie. Ce droit d’accès pourrait faire l’objet d’une redevance versée à la partie gabonaise dont le montant devrait tenir compte des possibilités d’actions autorisées pour ces navires ;

Possibilités de pêche : l’éventuel futur protocole devrait proposer le maintien du nombre de navires de l’UE pouvant demander une autorisation de pêche en veillant à maximiser les pourcentages d’utilisation de ces autorisations ;

Tonnage de référence : tenant compte de l’observation des historiques de captures et des capacités de la région, le tonnage de référence devrait pouvoir être légèrement augmenté au-delà des 20 000 tonnes pour l’accès aux thonidés et aux espèces associées à la pêche des thonidés ;

Le suivi des captures : La transmission de données de captures aux autorités gabonaises par l’intermédiaire du journal de pêche électronique (ERS) devrait être mise en place. Cette transmission automatique pourrait se faire sur une base journalière durant les périodes de présence dans la zone de pêche sous juridiction gabonaise. Cette obligation s’appliquerait à toutes les flottes pêchant la ressource thonière dans la zone de pêche gabonaise sans distinction de pavillon ;

Procédures d’infraction : En cas d’infraction, une procédure d’infraction devrait être initiée par la partie la constatant et recevoir l’appui de l’autre partie pour aboutir. Les montants des amendes relatives aux différentes infractions devraient être fixés à l’avance et inscrits dans le cadre législatif national. Le cas échéant, une communication entre les deux parties d’un montant minimal en fonction des infractions devrait être envisagée ;

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Programme d’observation inscrit dans le protocole : les termes d’un éventuel programme d’observation devraient être plus précis, en particulier s’il doit s’intégrer dans un éventuel programme régional mise en œuvre par la CICTA. Les activités des observateurs au sein d’un tel programme devraient être complémentaires des activités d’observations réalisées au sein du cadre de collecte de données scientifiques de l’UE (Data collection framework), des objectifs du programme national gabonais et permettre de n'avoir qu'un seul observateur embarqué à bord des navires ;

Les débarquements des captures dans un port au Gabon : du fait de la dispersion de la ressource à l’échelle de la région, il serait préférable de laisser la liberté aux armateurs de décide r des stratégies de débarquement et d’avitaillement des flottes de l’UE. Imposer des contraintes de débarquement peut ainsi se révéler contreproductif et remettre en cause l’attrait de la zone de pêche. Il est cependant possible de proposer des incitations aux armateurs à débarquer sur place (en compte de l’état de développement des infrastructures sur place). Pa ailleurs, la création d’une filière de « faux poissons » (captures accessoires et rejets) pourrait être encouragée par le débarquement et la transformation sur place de ces captures sous réserve d’une meilleure acceptabilité des produits thoniers au niveau local ;

Gestion des DCP artificiels balisé (si ces derniers sont acceptés dans le protocole) : les DCP utilisés devraient être similaires aux termes du protocole actuel. Le protocole devrait également définir un nombre maximum de DCP par senneur pouvant être mis à l’eau dans la zone de pêche sous juridiction du Gabon afin d’en limiter les impacts et d’en encadrer plus facilement l’utilisation . Le remplacement de la balise d’un DCP trouvé fortuitement par une balise d’un navire de l’UE devrait être interdit compte -tenu du risque que ce DCP soit non-conforme au protocole. Les DCP ainsi que les balises devraient porter un code unique d’identification transmis aux autorités de pavillon du navire mettant le DCP à l’eau, chargées de l’enregistrer dans un registre pouvant être communiqué aux parties à leur demande. Les deux parties devraient s’engager à participer et à suivre les préconisations faites par le groupe de travail ad hoc sur les dispositifs de concentrations des poissons (DCP) créé dans le cadre de la Recommandation [14-03].

8.5.5 Cohérence interne du protocole de l’APP et sa relation avec d’autres instruments pertinents

Le nouveau protocole se basera sur les objectifs de la PCP et les clauses de l’accord de Cotonou, notamment celle portant sur les droits de l’homme.

Il devra, de plus, être conforme aux mesures de conservation et de gestion émises par l’organisation régionale de gestion des thonidés et espèces associées, la CICTA. Il devrait en outre prendre en considération les recommandations pertinentes émises par la CICTA voir la COPACE ainsi que les lignes directrices des plans d’actions internationaux de la FAO visant à la lutte contre la pêche INN et à la protection de l’environnement (comme la conservation des requins et des oiseaux). À noter que ces recommandations seront plus facilement acceptées par les flottes de l’UE si elles sont en vigueur dans les eaux gabonaises pour tous les navires de pêche sans distinction de pavillon.

Il serait utile qu’en ce qui concerne les DCP artificiels, la prise en compte des problèmes techniques liés à leurs caractères biodégradables, soit conforme aux avis du groupe de travail sur les DCP193 de la CICTA auquel participent les deux parties.

Enfin, une attention particulière devra être portée tout au long du processus de négociation à la conformité des actions prévues avec la politique de développement du secteur de la pêche sur le plan de la programmation de l'appui sectoriel.

193 http://www.iccat.int/Documents/Meetings/Announce/1435-15_FRA.pdf. Ce groupe, créé dans le cadre de la recommandation [14-

03], suite à sa première rencontre de mai 2015 précise notamment « Les prochaines étapes vers des DCP dérivants complètement non-emmêlant et des DCP biodégradables risquent d'être plus complexes et auraient besoin d'un appui renforcé de la part de la science de la technologie halieutique. »

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8.5.6 Volume de crédits, des ressources humaines et des autres dépenses administratives à allouer en fonction du principe de coût/efficacité

Le suivi et le contrôle des activités de pêches des navires de l’UE relèvent avant tout des États membres de l’UE, même si la Commission a des obligations en matière de transmission des informations aux États tiers. Sous réserve que les parties prenantes et les États membres de l’UE suivent les obligations liées à l’application du protocole, le suivi de ce dernier devrait nécessiter un temps raisonnable pour la Commission, et ce que l’accord comprenne une autorisation ou une interdiction de la pêche sous DCP. Actuellement, 2 personnes travaillent à temps partiel à la Commission européenne sur l'APP entre l'UE et le Gabon. Cette allocation en moyen humain est satisfaisante et ne devrait pas être remise en cause par le nouvel accord.

Du fait de la réorganisation actuelle de l’administration des pêches gabonaises, il n’est pas possible de faire des préconisations sur les ressources en moyens humains spécifiques pour assurer le suivi du protocole pour la partie gabonaise, même si un interlocuteur clairement identifié est au minimum bien évidemment indispensable.

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9 Conclusions et recommandations

Conclusions de l’évaluation rétrospective et recommandations

L’analyse du protocole en vigueur entre l’UE et la République gabonaise au regard de ces deux premières années d’application et de l’avis des parties prenantes nous permet de dresser les éléments de conclusion suivants.

Le protocole en vigueur a une efficacité plutôt élevée. Il a permis une exploitation durable des surplus de stocks présents dans la ZEE gabonaise. La pêche dans la zone de pêche sous juridiction représente 17,6 % de la production totale estimée par les navires de l’UE dans l'océan Atlantique. Son impact, au regard du tonnage de référence actuel, n’est pas susceptible de menacer le statut des thons tropicaux. Le nombre d’autorisations allouées aux navires de l’UE est adapté sauf dans le cas des thoniers canneurs qui ne participent pas à l’accord. L’approvisionnement du marché UE des thons capturés est fait au travers d’autres ports d’Afrique tels qu’Abidjan (Côte d’Ivoire) principalement et Tema (Ghana) du fait de l’absence de débarquement des captures au Gabon faute d’infrastructures adéquates. La contribution est de l’ordre de 3 % du total des importations de thons commercialisés sur le marché UE. En revanche, l’absence de rotation des navires européens dans les ports gabonais en raison du manque d’infrastructures ne permet pas de créer des emplois indirects au Gabon. En outre, des échanges plus importants entre la DGPA et la délégation de l’UE basée à Libreville auraientt pu permettre de mieux répondre aux attentes des partenaires ainsi que de renforcer la collaboration entre les deux parties. Actuellement, l’assistance de l’UE par l’intermédiaire des fonds de l’appui sectoriel se focalise sur le renforcement de la surveillance et le contrôle de la pêche.

Le protocole en vigueur est d’une efficience élevée au regard des résultats attendus, sauf en ce qui concerne les retombées en terme d’emploi et de création de valeur ajoutée indirecte pour la partie gabonaise. Le protocole permet aux navires de l’UE d'opérer dans la zone de pêche gabonaise avec un taux d’utilisation des possibilités de pêche de 80 % pour les senneurs. Le coût de l'accès effectif en 2014 est de 126 euros par tonne (hors appui sectoriel), sur lesquels 49 euros/t proviennent du budget de l'UE et 78 euros/t des redevances versées par les armateurs des navires de l’UE. Il contribue à la création d'environ 200 emplois directs et 470 emplois indirects sur la période estimée, répartis entre la zone UE et les pays ACP. Le protocole présente donc un bon rapport coût-bénéfice puisque pour 1 euro investi par l’UE, 10,1 euros de valeur ajoutée totale sont générées, dont 4,1 euros de valeur ajoutée totale exclusivement pour l'UE. Le montant total obtenu par l'État gabonais est de près de 2,8 millions d’euros. Malgré la non-consommation de la totalité du tonnage de référence (92 % en 2014), l'État gabonais perçoit une plus-value sur chaque tonne de poisson capturée d’au moins 18 euros, soit 14 %. Il apparaît qu’en comparaison avec les licences privées négociées, le protocole est plus avantageux économiquement pour le Gabon (de l’ordre de 20 % du paiement global). En revanche, aucun des emplois générés par l’application du protocole n’est gabonais en raison de l’impossibilité des navires à débarquer les captures au Gabon ou à embarquer des marins nationaux. Il en va de même pour l’impact des captures des navires de l'UE sur le secteur de la transformation du Gabon ou de la création de valeur ajoutée indirecte. Ainsi, si 45 % de la valeur ajoutée directe générée par l’activité des flottes de l’Union européenne dans la zone de pêche gabonaise bénéficie à l’UE, le Gabon n’en capte « que » 16 %, les autres pays ACP en captant 39 %. En ce qui concerne la valeur ajoutée indirecte, le Gabon n’en capte aucune puisqu’elle est partagée entre l’UE et les pays ACP, à hauteur de respectivement 32 et 68 %.

Le suivi du protocole en vigueur dans son critère d’évaluation « économie » est difficile pour les deux parties. Les deux premiers versements de la contrepartie financière dans son volet « accès à la zone de pêche et tonnage de référence » ont été réalisés sans encombre. L’utilisation de la contrepartie financière dans son volet « appui à la mise en œuvre de la politique sectorielle de la pêche du Gabon » a été beaucoup plus problématique. Suite à la constatation de la non-utilisation des fonds de la première tranche par l’UE pour des raisons propres à la partie gabonaise, le paiement de la deuxième tranche a été suspendu. De nombreuses discussions ont eu lieu pour résoudre cette situation qui est a priori en passe d’être réglée, le versement n’étant pas encore réalisé lors de la rédaction de cette conclusion.

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Le protocole en vigueur bien que cohérent avec la politique commune des pêches de l’UE a présenté de nombreux discussions dans son application avec le Gabon. Le protocole est conforme aux dernières recommandations et résolutions de la CICTA portant sur l’exploitation des ressources thonières. Il faut cependant noter que des mesures techniques spécifiques à l’initiative du Gabon, dont l’interdiction des navires d’appui, les restrictions dans l’utilisation des DCP artificiels, ainsi que la mise en place d’une surveillance participative, sont des mesures allant au-delà des recommandations et des résolutions actuelles de la CICTA. La cohérence de ce protocole avec la politique gabonaise est difficile à évaluer dans la mesure où la réorganisation complète de l’administration nationale des pêches est en cours, induisant des incertitudes sur les décisions politiques. Néanmoins, le Gabon semble mettre en place une politique environnementale très proactive sur les enjeux de conservation. Cette approche louable paraît cependant manquer d’une cohérence globale qui pourrait être dommageable au regard des résultats ambitieux attendus. Ainsi l’approche de conservation qui semble prédominer dans la gestion des espaces naturels ne s’accompagne pas d’un développement de la recherche halieutique nationale actuellement inexistante visant à mettre en place une réelle politique de gestion des ressources naturelles renouvelables pouvant renforcer le pays dans son projet de diversification de l’économie.

Enfin son acceptabilité est moyenne. Hormis pour les thoniers canneurs, les armateurs ont fait des demandes d’autorisation de pêche dès l’application provisoire du protocole. L’intérêt ne s’est, depuis lors, pas démenti. La partie gabonaise est globalement satisfaite de cet accord qui permet la valorisation d’une ressource que l’industrie nationale n’est pas en mesure de capter ni de valoriser. Il témoigne aussi du bon état des relations unissant le pays à l’UE. L’application du protocole se fait néanmoins au prix de tensions entre les deux parties que les engagements communs pris durant la Commission mixte extraordinaire de juin 2015 devraient être en mesure d'apaiser. La présence d’acteurs non étatiques ONG et intérêts privés aux objectifs mal identifiés accompagnant la restructuration de l’administration nationale de pêches interroge sur la capacité d’appropriation par l’administration gabonaise et par la société civile des modifications profondes mises en œuvre. La société civile n’est par ailleurs pas au fait des enjeux liés à l’exploitation de la ressource thonière, ces poissons étant très peu consommés localement.

Les objectifs de l’APP tels qu’ils sont définis pour les besoins, les problèmes et les enjeux sont donc pertinents en ce qui concerne les thoniers senneurs. On peut tout de même regretter les relations difficiles entre les deux parties et le fait que l’enjeu « DCP » n’ait pas fait l’objet d’un texte prenant mieux en compte les besoins et attentes des parties prenantes. En ce qui concerne l’introduction des thoniers canneurs, on peut dresser un constat d’échec tant au regard des besoins que des enjeux.

Conclusions de l’évaluation prospective et recommandations

L’importance stratégique que revêt cet accord pour la pêche thonière des navires de l’UE dans l’Atlantique Est et les enjeux liés aux objectifs ambitieux fixés par les autorités du Gabon dans le cadre du plan stratégique « Gabon émergent » et « Gabon bleu » requièrent d’entreprendre relativement tôt les négociations pour élaborer un éventuel nouveau protocole. Cette négociation devra reposer sur une réelle volonté d’aboutir à un compromis tant les positions actuelles de deux parties semblent éloignées.

Deux options sont envisageables dans le futur : la conclusion d’un nouveau protocole (option 1) ou ne pas en conclure (option 2).

Concernant un nouvel accord (option 1), il est attendu que les flottes de l’UE intéressées à pêcher dans les eaux sous juridiction gabonaise soient celles ayant été actives lors du protocole en vigueur. En effet, il apparaît que les thoniers canneurs n’auront pas d’avantage d’intérêt à recevoir des autorisations de pêche qu’actuellement. Par ailleurs, il est très probable que les palangriers de l’UE, pourtant intéressés à un droit d’accès à la zone gabonaise, ne seront pas autorisés par décision unilatérale du Gabon (en raison des captures de requins pratiquées par ce métier).

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Le démarrage de la négociation en vue d’aboutir à la signature d’un nouveau protocole doit se faire au plus vite afin d’éviter une interruption dommageable pour l’activité des navires, particulièrement au regard de la date de fin du protocole en vigueur qui correspond au milieu de la saison de pêche.

Il apparaît que dans le cadre des discussions parfois difficiles entre les deux parties, le caractère hautement migrateur de la ressource exploitée soit passé au deuxième plan. Il est donc indispensable que la négociation voulue par les deux parties dans le cadre d’un futur protocole fasse bien la distinction entre ce qui est du ressort d’une négociation économique (montant de l’accès et de l’appui sectoriel, coût de l’autorisation de pêche et de la redevance des armateurs, etc.) de ce qui ne peut en aucun cas faire l’objet d’une négociation bipartite concernant l’exploitation d’une espèce migratrice pouvant être capturée dans la ZEE gabonaise, et principalement en ce qui concerne le tonnage de référence.

La détermination du tonnage de référence pour les navires de l’UE, devra s’accompagner comme prévue par la CICTA d’un plan de gestion de la partie gabonaise prenant en compte la totalité des navires autorisés à pêcher dans la zone afin de s’assurer de la durabilité des captures au regard des modèles de gestion de la CICTA, dont les deux parties sont membres.

La base de négociation pour le nouveau protocole pourrait donc s’appuyer sur une proposition de 25 autorisations de pêche pour des thoniers senneurs et un tonnage de référence légèrement supérieur à 20 000 tonnes, cette possibilité d’augmentation étant fonction des captures observées durant ces dernières années et des perspectives de variation.

Il est important de noter que les clauses concernant l’utilisation ou l’interdiction des DCP artificiels risquent de cristalliser les débats et ont fait l’objet de deux sous-options étudiées séparément dans ce rapport. En effet, pour les armateurs de l’UE, l’utilisation des DCP artificiels revêt une importance stratégique cruciale et leur interdiction aurait des conséquences dramatiques pour leurs résultats économiques (chute de l’EBE de 90 %) allant jusqu’à entrainer un désintérêt de la zone du fait de l’absence de rentabilité (pour les navires français comme pour les navires espagnols). En revanche, pour le Gabon, l’interdiction des DCP artificiels correspond à un engagement politique fort qui semble difficile à nuancer. Le compromis résidera donc peut-être dans une solution d’utilisation de DCP sous contraintes exigeantes.

Le nouveau protocole devrait avoir une durée plus longue pour faciliter le suivi des flottes et garantir une meilleure visibilité aux professionnels, idéalement il pourrait être souhaitable de mettre en place un mécanisme de continuité inscrit dans le protocole sous réserve qu’il soit assujetti à des clauses de réalisation et d’atteinte de résultats claires. La négociation ou les termes du futur protocole devraient prendre en compte les nécessités suivantes :

a) Le besoin de réellement initier et accompagner le développement d’un centre de recherche national dédié à l’étude des questions halieutiques ;

b) La définition durant la négociation de la modalité de calcul des paiements en cas de dépassement du tonnage de référence par les navires de l’UE ;

c) La protection de la ressource en se basant sur les recommandations et résolutions de la CICTA et dans le cadre des mesures techniques en lien avec les DCP, suivant les communications du groupe de travail ad hoc sur les dispositifs de concentrations des poissons (DCP) créé dans le cadre de la Recommandation [14-03] et auquel les deux parties devraient participer ;

d) Le niveau de contribution des armateurs européens et les mesures techniques associées doivent être discutés par l’UE et les responsables gabonais, avant la signature du protocole, en gardant à l’esprit que les armateurs de l’UE ne peuvent être attirés par la ZEE gabonaise que s’ils y trouvent un intérêt ;

e) L’utilisation d’une terminologie dans le protocole évitant toute interprétation notamment dans les modalités d’utilisation des DCP (comprenant la mise à l’eau, l’utilisation et le ramassage) ainsi que dans les déclarations des captures accessoires et des rejets ;

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f) L’incitation pour le Gabon à mettre en conformité sa législation nationale avec les mesures techniques que les autorités du pays souhaitent voir mises en application ; et

g) Le besoin d’accompagner le secteur des pêches gabonais par des investissements ciblés (transformation/conservation, avitaillement etc.) dans le cadre de la structuration du secteur halieutique gabonais afin de permettre la captation par le pays d’une plus grande part de la valeur ajoutée créée.

Dans l’hypothèse où un nouveau protocole ne serait pas conclu (option 2) suite à un désaccord des deux parties, les armateurs de l’UE ne pourraient plus accéder à la zone de pêche du Gabon en raison de la clause d’exclusivité de l’accord. Il est alors possible d’imaginer le maintien de l’accord qui devient alors « dormant ». Plus vraisemblablement, les armateurs demanderaient à pouvoir accéder aux ressources halieutiques dans les eaux gabonaises par des arrangements privés et donc militeraient pour la dénonciation de l’accord de pêche en cours. Dans l’hypothèse de cette dénonciation, il est peu probable que l’arrangement tel qu’il peut être proposé par le Gabon attire les armateurs de l’UE.

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COFREPECHE, POSEIDON, MRAG et NFDS, 2013. Revue des pêcheries thonières dans l’océan Atlantique Est (Contrat cadre MARE/2011/01 – Lot 3, contrat spécifique n°5). Bruxelles, 123 p.

COFREPECHE, 2010. Revue socio-économique et environnementale de la pêche industrielle au Gabon – Banque Mondiale- 2010.

COFREPECHE, MRAG, NFDS et POSEIDON, 2014. Analyse économique de la flotte thonière de l'UE – Note de méthode. Contrat cadre MARE/2011/01 - Lot 3, contrat spécifique n° 09. Bruxelles, 32 p.

COFREPECHE, POSEIDON, MRAG & NFDS, 2012. Évaluation ex post du protocole de l’accord de partenariat dans le domaine de la pêche entre l'Union européenne et la Côte-d’Ivoire, Contrat cadre MARE/2011/01 - Lot 3, contrat spécifique n° 2, Bruxelles, 144 p.

COFREPECHE, NFDS, POSEIDON et MRAG, 2013. Évaluation rétrospective et prospective du protocole de l'accord de partenariat dans le secteur de la pêche entre l'Union européenne et la République démocratique de São Tomé e Príncipe. Contrat cadre MARE/2011/01 - Lot 3, contrat spécifique n° 5. Bruxelles, 123 p.

COFREPECHE, NFDS, POSEIDON et MRAG, 2013. Évaluation rétrospective et prospective du protocole de l'accord de partenariat dans le secteur de la pêche entre l'Union européenne et la République de Madagascar. Contrat cadre MARE/2011/01 - Lot 3, contrat spécifique n° 10. Bruxelles, 175 p.

COFREPECHE, NFDS, POSEIDON et MRAG, 2013. Évaluation rétrospective et prospective du protocole de l'accord de partenariat dans le secteur de la pêche entre l'Union européenne et la République islamique de Mauritanie. Contrat cadre MARE/2011/01 - Lot 3, contrat spécifique n° 8. Bruxelles, 176 p.

Convention Scientific, Technical and Economic Committee for Fisheries (STECF), 2014a. The 2014 Annual Economic Report on the EU Fishing Fleet (STECF-14-16). Publications Office of the European Union, Luxembourg, EUR 26901 EN, JRC 92507, 363 p.

Delgado de Molina, Floch, Rojo, Damiano, Ariz, Chassot, N’Gom, Chavance, Tamegnon. 2014. Statistics of the European and associated purse seiners and baitboat fleets in the Atlantic ocean. Doc. ICCAT SCRS/2014/080

Delgado de Molina, Ariz, Murua and Santana. 2014. Spanish Fish Aggregating Device Management Plan. Preliminary data. Doc ICCAT SCRS/2014/163, 11p.

DGPA Gabon, non daté. Plan stratégique pour le Développement durable de la pêche et de l’aquaculture – potentialités-contraintes-politique sectorielle et programme prioritaire quinquennal 2011-2016. 79 p.

DGPA Summary results FAO et IEO surveys 2002 – 2008 et commercial 2001 – 2009 (26 pp).

DG MARE 2011/01/Lot 3 – CS14 Août 2015, GAB198R02B

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Plan Stratégique Gabon Emergent (PSGE), 2010. (34pp)

Ernst and Young et al., Analyse de l’approvisionnement et de la commercialisation des produits de la pêche et de l’aquaculture dans l’Union européenne. Tome 1 – Rapport de synthèse. 72 p.

FAO BCLM Project : DF Nansen survey report 2004 (68 pp)

FAO (2005) : Evaluation de la Contribution du secteur des pêches à l’économie gabonaise (43 pp).

FONTANA et CUEFF, 2013 - Étude sur la mise en place d’un système d’attribution de licences basé sur les quotas – Rapport Aquaconsult/DGPA/Banque mondiale.

Fonteneau A., Chassot and Gaertner 2014. Managing tropical tuna purse seine fisheries through limiting the number of drifting fish aggregating devices in the Atlantic: food for thought. Document ICCAT SCRS/2014/133, 15p.

GHENO et FONTANA, Les stocks de petits pélagiques côtiers, in FONTANA A (Ed), Milieu marin et ressources halieutiques du Congo, Travaux et Documents de l’ORSTOM, n° 138, 213-257.

Hallier, Gaertner, 2008. Drifting fish aggregation devices could act as an ecological trap for tropical tuna species, Mar. Ecol. Progress Series 353: 255-264

Longhurst (A.R.), 1969 – Species assemblages in tropical demersal fisheries. In : Actes symposium oceanogr. Ress. Halieut. Atlant. Trop. UNESCO Abidjan (1966) : 147-166.

MRAG, Oceanic Développement, IFM, Lamans, Poseidon, IEEP, 2011. Regional social and economic impacts of change in fisheries-dependent communities. Contrat FISH / 2006 / 06. Studies in the Field of the Common Fisheries Policy and Maritime Affairs. Lot 4: Impact Assessment Studies related to the CFP. Regional social and economic impacts of change in fisheries- dependent communities. 47p + annexes.

MAEPSA (2014) : Plan national d’investissement agricole et de sécurité alimentaire et nutritionnelle (PNIASAN 2014-2020).

MAEPSA (2011) : Fiche sur les accords et conventions dans le domaine de la pêche

MAEPSA (2011) : Plan Stratégique pour le développement durable de la pêche et de l’aquaculture 2011-2016. 79 p.

Nations unies, 1994. Convention des Nations unies sur le droit de la mer. 176 p.

Océanic Développement et Megapesca Lda, 2011. Evaluation ex post du protocole actuel d’accord de partenariat dans le domaine de la pêche entre l’Union européenne et le Gabon. Rapport final. Convention spécifique n°31 Framework contrat Fish/2006/20, 93 p.

Oceanic Développement, Poseidon Aquatic Resource Management Ltd et MegaPesca Lda (2005). Contrat cadre pour la réalisation d'évaluations, d'études d'impact et de suivi concernant les accords de partenariat dans le domaine de la pêche conclus entre la Communauté européenne et les pays tiers : évaluation ex-post du protocole d'accord de pêche conclu entre le Gabon et la Communauté européenne, et analyse de l'impact du futur protocole sur la durabilité, incluant une analyse ex-ante'. 133p

Océanic Développement et Megapesca Lda, 2007. Evaluations, impact analyses and monitoring services in the context of FPAs: Establishment of a Framework Contract Management Unit (FCMU) to manage, monitor and coordinate the activities under the Framework contract and the relevant specific agreements. 51 p.

OW Bunker, 2013. Annual Report 2013. 88 p.

Programme UE-CEMAC « appui à l’intégration régionale en Afrique centrale : développement du commerce du secteur halieutique : Rapport 2008 (103 pp).

Rapport des Commissions mixtes 2013, 2014 et 2015.

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Scientific, Technical and Economic Committee for Fisheries (STECF), 2014b. The Economic Performance Report on the EU Fish Processing (STECF-14-21). Publications Office of the European Union, Luxembourg, EUR 27029 EN, JRC 93340, 355 p.

Scientific, Technical and Economic Committee for Fisheries (STECF), 2013. The 2013 Annual Economic Report on the EU Fishing Fleet (STECF-13-15). Publications Office of the European Union, Luxembourg, EUR 26158 EN, JRC 84745, 302 p.

Stretta J.M., J. Noel et L. Vercesi. 1975. Caractérisation des situations hydrobiologiques et potentialités de pêche thonière au Cap Lopez en Juin et Juillet 1972 et 1974. Doc. Scient. Centre Rech. Océanogr. Abidjan, Vol.VI, n°2, Nov. 1975, pp. 59.74

Législation gabonaise en vigueur (sélection) et citée dans le texte

Loi 15-2005 Code de la pêche et de l’aquaculture (15pp)

Compendium 2008 des textes applicables dans le domaine de la pêche, notamment Décret 176 (2005) relatif au suivi des navires de pêche

Arrêté 368 (2009) organisant le système de suivi des activités des navires de pêche par satellite.

Arrêté n° 00014.07/MEFEPPN/SG/DGPA du 9 janvier 2007 portant institution d’une période de repos biologique dans certaines zones de pêche en République Gabonaise (éthmalose) ;

Arrêté n° 0215/MEFBP/DGCP du 28 février 2007 modifiant l’arrêté n°0632/MEFBP du 5 août 2004 instituant une régie de recette à la Direction générale des pêches et de l’aquaculture ;

Arrêté n° 00234.08/MEFEP/DGPA du 21 mars 2008 portant interdiction de pêche aux non nationaux dans les rivières, fleuves, lagunes et lacs en République Gabonaise ;

Arrêté n° 000947/MEFBP/MEFEPA du 11 juin 2008 fixant les modalités de la vente de carburant aux armements de pêche artisanale ;

Arrêté n° 000948/MEFBP/MEFEPA du 11 juin 2008 fixant les modalités de la vente de carburant aux armements de pêche industrielle ;

Arrêté n° 00503.08/MEFEP/DGPA du 5 août 2008 conférant les pouvoirs à l’autorité compétente de saisir ou de détruire les produits de pêche impropres à la consommation humaine.

Décret 312 (2014) portant création et organisation du Conseil national de la Mer.

Décret 373 (2014) portant réorganisation de la DGPA (10pp).

Décret 375 (2014) portant création et organisation de l’ANPA (5pp).

Décision 4 du MEFEPEPN (2003) relative à l’interdiction temporaire de la pêche d’Ethmalose dit « sardine ».

Principale législation de l’UE en vigueur et citée dans le texte

(pour obtenir les textes complets et les versions consolidées tenant compte des dernières modifications, cf. Journal officiel de l’Union européenne – http://eur-lex.europa.eu)

UE, 1986. Règlement (CEE) N° 2930/86 du conseil du 22 septembre 1986 définissant les caractéristiques des navires de pêche. JO L 274 du 25.9.1986, p. 1. Dernière modification en 1994 : Règlement (CE) n° 3259/94 du Conseil du 22 décembre 1994.

UE, 1995. Décision n° 95/84/CE de la Commission du 20 mars 1995 relative à la mise en œuvre de l'annexe du Règlement (CEE) n° 2930/86 du Conseil définissant les caractéristiques des navires de pêche. JO L 67 du 25.3.1995, p. 33.

UE, 2003. Règlement (CE) n° 26/2004 de la Commission du 30 décembre 2003 relatif au fichier de la flotte de pêche communautaire. JO L 5 du 9.1.2004, p. 25. Dernière modification par le Règlement (CE) n° 1799/2006 de la Commission du 6 décembre 2006 L 341 p. 26.

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UE, 2008a. Règlement (CE) n° 1005/2008 du Conseil du 29 septembre 2008 établissant un système communautaire destiné à prévenir, à décourager et à éradiquer la pêche illicite, non déclarée et non réglementée, modifiant les Règlements (CEE) n° 2847/93, (CE) n° 1936/2001 et (CE) n° 601/2004 et abrogeant les Règlements (CE) n° 1093/94 et (CE) n° 1447/1999, JO L 343, 22.12.2009.

UE, 2008b. Règlement (CE) n° 1006/2008 du Conseil du 29 septembre 2008 concernant les autorisations pour les activités de pêche des navires de pêche communautaires en dehors des eaux communautaires et l'accès des navires de pays tiers aux eaux communautaires, modifiant les Règlements (CEE) n° 2847/93 et (CE) n° 1627/94 et abrogeant le Règlement (CE) n° 3317/94, JO L 286, 29.10.2008, p. 34.

UE, 2009a. Règlement (CE) n° 1010/2009 de la Commission du 22 octobre 2009 portant modalités d’application du Règlement (CE) n° 1005/2008 du Conseil établissant un système communautaire destiné à prévenir, à décourager et à éradiquer la pêche illicite, non déclarée et non réglementée, JO 280/5, 27.10.2009.

UE, 2009b. Règlement (CE) n° 1224/2009 du Conseil du 20 novembre 2009 instituant un régime communautaire de contrôle afin d’assurer le respect des règles de la politique commune de la pêche, modifiant les Règlements (CE) n° 847/96, (CE) n° 2371/2002, (CE) n° 811/2004, (CE) n° 768/2005, (CE) n° 2115/2005, (CE) n° 2166/2005, (CE) n° 388/2006, (CE) n° 509/2007, (CE) n° 676/2007, (CE) n° 1098/2007, (CE) n° 1300/2008, (CE) n° 1342/2008 et abrogeant les Règlements (CEE) n° 2847/93, (CE) n° 1627/94 et (CE) n° 1966/2006. JO L 343, 22.12.2009. p. 1.

UE, 2012. Règlement délégué (UE) n° 1268/2012 de la Commission du 29 octobre 2012 relatif aux règles d’application du Règlement (UE, Euratom) n° 966/2012 du Parlement européen et du Conseil relatif aux règles financières applicables au budget général de l’Union. JO L 362, 31.12.2012, p. 1.

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Annexes

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Annexe A : données monétaires, métriques et unités de mesure

Source : actualisé et adapté de COFREPECHE et al., 2014 (rapport d’évaluation rétrospective et prospective du protocole de l’accord de partenariat dans le secteur de la pêche entre l’UE et la République islamique de Mauritanie).

Données monétaires - taux de change et d’inflation

Sauf précisé dans le texte, les valeurs données dans les devises sont des valeurs courantes et non constantes. L’euro a remplacé l’ancienne unité de compte monétaire de la Communauté européenne, l’écu, le 1er janvier 1999 au taux de 1 : 1.

La monnaie du Gabon et le Franc CFA de la Banque des États de l’Afrique Centrale - BEAC (code monétaire international : XAF) et le dollar des États-Unis (USD) sont convertis dans ce rapport en euro (EUR) selon les taux de change ci-dessous (sauf indication contraire).

2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015*

Euros (code monétaire EUR)/Franc CFA BEAC (code monétaire : XOF)

655,957

Euros/Dollar US (code monétaire : USD)*

1,39 1,33 1,40 1,29 1,33 1,34 1,13

Figure 10.1 : taux de change de l’euro (EUR) en Franc CFA et en dollar des États-Unis, moyenne annuelle, 2009 à 2015 (juin 2015) * Pour 2015, il s’agit de la moyenne de janvier à juin. Source : site de la Commission européenne InforEuro194.

Figure 10.2 : taux d’inflation annuel de la monnaie gabonaise (XAF) selon l’indice de prix à la consommation (en pourcent) comparé au taux d’inflation de l’UE, de la zone euro et du monde Source : Banque mondiale195 d’après les statistiques financières internationales et autres fichiers de données du Fonds monétaire international).

Unités de mesure

Le système métrique est utilisé de manière générale.

1 mille nautique (mn) = 1,852 km

194 http://ec.europa.eu/budget/index_fr.cfm, 1er juillet 2015.

195 http://donnees.banquemondiale.org/indicateur/FP.CPI.TOTL.ZG/countries/1W-EU-XC-GA?display=graph, 20 juin 2015

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Annexe B : liste des abréviations et acronymes

ACP Afrique, Caraïbes et Pacifique

AECP Agence européenne de contrôle des pêches (EFCA en anglais)

AER Annual Economic Report

AGASA Agence gabonaise de sécurité alimentaire

AIS Automatic Identification System

AMP aire marine protégée

ANPA Agence nationale de la pêche et de l’aquaculture, Gabon

ANPN Agence nationale des parcs nationaux, Gabon

APE accord de partenariat économique

APP accord de partenariat dans le domaine de la pêche (entre l’UE et un pays tiers)

APPD accord de partenariat dans le domaine de la pêche durable

ASF Aventure sans frontière, ONG Gabon

BAD Banque africaine de développement (pour BAD, ne pas confondre avec Banque asiatique de développement)

BDEAC Banque de développement des États d’Afrique centrale

BEAC Banque des États d’Afrique centrale

BET bigeye tuna soit thon obèse/patudo en français (code espèce CICTA/ICCAT). Le terme thon obèse est utilisé dans l’ensemble du rapport (sauf lorsqu’il s’agit d’une citation ou du titre d’une référence)

BMSY Biomass MSY (B RMD en français) voir PRMD

BM Banque mondiale

CA Chiffre d’affaires

CAPAL Centre d’appui à la pêche artisanale de Libreville, Gabon

CAPE Coalition pour des accords de pêche équitables (ONG internationale)

Cat. catégorie

CCPO Centre communautaire des pêches d’Owendo, Gabon

CCPE Centre communautaire des pêches d’Etimboué, Gabon

CCPAP Centre communautaire des pêches artisanales de Port-Gentil, Gabon

CCPAL Centre communautaire des pêches artisanales de Lambaréné, Gabon

CDC Caisse des Dépôts et de Consignation, Gabon

CE Commission européenne

CEEAC Communauté Economique des États de l'Afrique Centrale

CEMAC Communauté économique et monétaire des États d’Afrique centrale

CENAREST Centre national de la recherche scientifique, Gabon

CICTA Commission internationale pour la conservation des thonidés de l'Atlantique (l’acronyme anglais ICCAT est aussi utilisé en français)

CIV Consommation intermédiaire variable

CII Consommation intermédiaire incompressible

CIT Consommation intermédiaire

CITES Convention internationale sur le commerce transfrontalier des espèces menacées d’extinction

CNUDM Convention des Nations unies sur le droit de la mer

CNOI Chantier naval de l'océan indien

CNM Conseil national de la mer, Gabon

COMEXT base de données du commerce extérieur, UE ; disponible sur Eurostat

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COMHAFAT Conférence ministérielle sur la coopération halieutique entre les États africains riverains de l’océan Atlantique

Comm. pers. communication personnelle

COPACE Comité des pêches pour l’Atlantique Centre-Est

COREP Commission régionale des pêches du golfe de Guinée, émanation de la CEEAC

CPUE catch per unit effort soit captures par unité d’effort

CSP Centre de surveillance des pêches, Gabon

CSC Comité scientifique conjoint

DCF Data Collection Framework

DCP dispositif(s) de concentration de poissons (Fish Aggregating Device(s) – FAD - en anglais)

DEVCO DG Développement et Coopération - EuropeAid de la Commission européenne

DG direction générale (de la Commission européenne)

DGDI Direction Générale de la Documentation et de l’Immigration, Gabon

DGPA Direction générale de la pêche et de l’aquaculture, Gabon

DG MARE direction générale des affaires maritimes et des pêches (anciennement DG Pêche)

DPMA Direction des pêches maritimes et de l’aquaculture, France

EBE excédent brut d’exploitation

e.g. exempli gratia en latin, équivalent à « par exemple » en français

ERS Electronic reporting system – Système d’enregistrement électronique

ETF European Transport Worker’s Federation (Fédération européenne des ouvriers du transport)

ETP équivalent temps plein

EUMOFA European Market Observatory for Fisheries and Aquaculture products

EUR code ISO de l’euro

EUR-LEX site Internet du droit de l’Union européenne : http://eur-lex.europa.eu/

Eurostat Office statistique de l’UE : http://epp.eurostat.ec.europa.eu

FAO Organisation des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation

FCFA Franc CFA (code monétaire international : XOF ou XAF, voir annexe 1)

FED Fonds européen de développement

FGIS Fonds Gabonais d’Investissements Stratégiques

FMSY fishing MSY (P RMD en français)

FORAPE Fonds régional de l’accord de partenariat économique

IBL Ireland Blyth Limited

IDH indice de développement (cf. sa terminologie pour plus de détail)

i.e. id est en latin, équivalant à « c’est-à-dire » en français

IEO Instituto Español de Oceanografía (Institut espagnol d’océanographie) (Espagne)

IRAF Institut de Recherches Agronomiques et Forestières, Gabon

ITF International Transport Worker’s Federation (Fédération internationale des ouvriers du transport)

IWC International whaling commission / Commission baleinière internationale

INFOPECHE Organisation intergouvernementale d’information et coopération pour la commercialisation des produits de la pêche en Afrique

INN [pêche] illicite, non déclarée, non réglementée

IRD Institut de recherche pour le développement (France)

ISO Organisation internationale de normalisation (abréviation utilisée en français pour International Organisation for Standardisation

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IT Impôts et taxes

ITCZ Zone intertropicale de convergence

JICA Japan International Cooperation Agency

JO journal officiel

Mio million(s)

Mrd milliard(s)

MSY Maximum Sustainable Yield

NA non applicable

ND non disponible

Nepad Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique ;

NO Navire océanique

NOAA National oceanic and atmospheric administration

OCI Organisation de la coopération islamique

OCUP observateur commun unique et permanent

OEMPPA Observatoire européen des marchés des produits de la pêche et de l'aquaculture (en anglais EUMOFA)

Ohada Organisation pour l’harmonisation en Afrique du droit des affaires

OIT Organisation internationale du travail

OMI Organisation maritime internationale

ONG organisation non-gouvernementale

ONU Organisation des Nations unies

OPRAG Office des Ports et Rades du Gabon

ORGP organisation régionale de gestion de pêches

ORSTOM Office de la recherche scientifique et technique outre-mer (maintenant IRD), France

p. page

PCP politique commune de la pêche

PIB produit intérieur brut

PNUD Programme des Nations unies pour le développement.

PNUE Programme des Nations unies pour l’environnement

PRMD « Pêche » RMD soit le taux maximal de mortalité d’un stock d’une ressource halieutique par des activités de pêche résultant, en général à long terme, à une taille de population du stock correspondant à une biomasse « B RMD » permettant d’atteindre le rendement (le niveau de capture) maximal durable (RMD). PRMD est une constante. Elle peut être appliquée à n’importe quel stock dont la capacité de reproduction n’est pas compromise (adapté de Ocean 2012 - http://assets.ocean2012.eu/publication_documents/documents/329/original/MSY_Explained_FR.pdf )

PSGE Plan stratégique « Gabon émergent », Gabon

PSPA Plan stratégique pour le développement durable de la pêche et de l’aquaculture, Gabon

PUE prise par unité d’effort

PV procès-verbal

RAP Reste À Partager

RDC République démocratique du Congo

RMD rendement (niveau de captures) maximal durable (MSY en anglais) – cf. PRMD

SCS suivi, contrôle et surveillance

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SCRS Standing committee on research and statistics / Comité permanent pour la recherché et les statistiques (structure de la CICTA)

SEAE services européen pour l'action extérieure / European External Action Service (EEAS)

SKJ skipjack soit listao (code espèce CICTA/ICCAT)

SNS suivi des navires par satellite

STCW Standards for Training, Certification, and Watchkeeping

STCW-F Standards of Training, Certification and Watchkeeping for Fishing Vessel Personnel

SWO swordfish soit espadon (code espèce CICTA/ICCAT)

t tonne

TAC Total admissible de capture

TJB tonneau de jauge brute (cf. Annexe A)

UA Union africaine

UE Union européenne

ULM (planeur) ultra-léger motorisé

UICN Union internationale pour la conservation de la nature (organisation non-gouvernementale)

VA valeur ajoutée

VAD valeur ajoutée directe

VMS Vessel Monitoring System soit système de suivi des navires (incorrectement utilisé tant en français qu’en anglais en tant qu’abréviation pour le suivi des navires par satellite, cf. SNS)

WCS Wildlife Conservation Society

WWF World Wild Fund (Fonds mondial pour la nature)

YFT yellowfin tuna soit albacore (code CICTA/ICCAT)

ZEE Zone économique exclusive

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Annexe C : organisations consultées et avec lesquelles les évaluateurs ont communiqué

Organisations et institutions en Europe

Organisation/société, unité/département Sous-unité et fonction

Commission européenne

DG MARE - direction

générale des affaires

maritimes et de la pêche

B3 - Accords bilatéraux et contrôle des pêches dans

les eaux internationaux : Responsable du suivi de

l’accord de pêche UE – Gabon, Chargé des questions

scientifiques et de gestion des pêches – Responsable

de politiques

DG DEVCO : direction

générale du

développement et de la

coopération - EuropeAid

E1 - Coordination géographique pour l’Afrique

australe et l’océan Indien : Géographe

Service européen pour

l’action extérieure

Délégation au Gabon,

pour la Guinée

équatoriale, Sao Tomé-

et-Principe et la CEEAC

Attaché

Espagne, ministère de l’agriculture, de l’alimentation

et de l’environnement, direction des ressources

halieutiques et de l’aquaculture, Espagne /

Ministerio de agricultura, alimentación y medio

ambiente (MAGRAMA), Secretaría general de

pesca, D. G. de recursos pesqueros y acuicultura

Unité des accords et organisations régionales de

pêche : Sous-Directeur Général, Sous-Directeur

Général Adjoint et Chef de Service Accords de Pêche

Espagne - ANABAC (organisation professionnelle

représentant des armateurs espagnols propriétaires

de senneurs de l’UE ou non pêchant dans l’océan

Atlantique, l’océan Indien)

Directeur

Espagne - CEPESCA – Confédération espagnole de

pêche (représentation d’armateurs espagnols de

palangriers, senneurs et autres métiers)

Secrétaire général

Espagne – Dakartuna (représentant des navires

thoniers canneurs)

Directeur

Espagne – CALVOPESCA – Armement Chef d’opération

Espagne - ARVI (ANAPA ARPOAN) – Association

espagnole de pêche à la palangre de surface

Secrétaire technique

Espagne – Albacora – Armement Chef de flotte

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Organisation/société, unité/département Sous-unité et fonction

Espagne - OPAGAC (organisation professionnelle

espagnole représentant des armateurs propriétaires

de senneurs de l’UE ou non pêchant dans l’océan

Atlantique, l’océan Indien et l’océan Pacifique)

Directeur

Espagne – Instituto Español de Oceanografía (IEO) Directeur

France - ORTHONGEL - organisation française des

producteurs de thon congelé et surgelé

(organisation professionnelle représentant les

armateurs français propriétaires de senneurs

français pêchant hors des eaux de l’UE)

Directeur (et représentants des sociétés membres

d’Orthongel)

France – CNPMEM (Comité Nationale des pêches

maritimes et des élevages marins)

Coordinatrice du Pôle pêche et aquaculture,

Pêcheries méditerranéennes et lointaines

France – SOVETCO (commercialisation du thon) Directeur commercial et logistique

France – Saupiquet - Armement Directeur d’armement

France – Institut de recherche pour le

développement (IRD)

Unité Mixte de Recherche 248 MARine Biodiversity,

Exploitation & Conservation - Observatoire thonier

France – Direction des pêches maritimes et de

l’aquaculture (DPMA)

Sous-direction des ressources halieutiques : Bureau

des affaires européennes et internationales

Organisations et institutions au Gabon

Organisation/société, unité/département Sous-unité et fonction

Gabon – Ministère de l’agriculture de l’élevage, de la

pêche et de la sécurité alimentaire - Agence

Nationale des Pêches et de l’Aquaculture (ANPA)

Directeur Général

Directeur Administratif et Financier

Gabon – Ministère de l’agriculture de l’élevage, de la

pêche et de la sécurité alimentaire – Direction

Générale de la Pêche et de l’Aquaculture (DGPA)

Directeur Général

Chef de projet Conseiller technique du Directeur

Général (Tropical Holding)

Directeur Général Adjoint 1

Directeur Général Adjoint 2

Centre de Surveillance des Pêches

Service Financier

Gabon – Ministère de l’agriculture de l’élevage, de la

pêche et de la sécurité alimentaire – Agence

Gabonaise de sécurité Alimentaire (AGASA)

Directeur Général

Directeur Général Adjoint

Directeur Sanitaire Halieutique

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Organisation/société, unité/département Sous-unité et fonction

Gabon – Ministère de l’agriculture de l’élevage, de la

pêche et de la sécurité alimentaire

Conseiller du Ministre en charge de la Filière

Halieutique

Gabon – Présidence de la République Conseiller spécial du Président de la République

Chargé du Programme Gabon Bleu

Gabon – Ministère des affaires étrangères Directeur Général des affaires juridiques

Gabon – Ministère de l’agriculture de l’élevage, de la

pêche et de la sécurité alimentaire - Centre d’Appui à

la Pêche Artisanale de Libreville (CAPAL)

Directeur du site

Gabon – Receveur Percepteur du contentieux de

l’État

Inspecteur Central du Trésor

Gabon – Gabon Seafood (usine de transformation) ex

SIFRIGAB

Chef de Projet Conserverie Gabon Seafood

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Annexe D : détails de la méthode d’analyse financière et économique

L’analyse économique est réalisée en tenant compte de la méthodologie développée dans la note de méthode publiée dans le cadre de l’analyse économique de la flotte thonière de l'UE196. Il ne s’agit pas de reprendre ici cette note de méthode mais de mettre en lumière les implications que cette méthode peut avoir quant à l’estimation des coûts des navires, notamment lors d’un exercice prospectif.

Dans le cadre de cette étude, les structures de coûts publiées dans le cadre de la DCF ont été reprises. Les coûts sont exprimés en coût unitaire pour les coûts variables (coût par jour de mer) et en coût par navire pour les coûts fixes. La note de méthode inclut une adaptation pour les coûts de réparation qui sont considérés comme étant partiellement liés à l’activité : une moitié des coûts de réparation est considérée être une fonction affine du nombre de jours de mer d’un navire, tandis qu’une moitié est considérée fixe.

L’administration centrale espagnole publie une enquête annuelle197, dont les éléments sont très proches de données DCF, au détail près qu’elles ne comprennent aucune information sur le niveau des captures ou sur le nombre de jours de mer par segment. L’absence de ces deux indicateurs essentiels rend ces données inutilisables pour notre étude.

Les navires évoluent dans la zone de pêche du Gabon, mais également dans d’autres ZEE ou en haute mer. Afin d’estimer le niveau des coûts associés au temps de présence dans la zone de pêche du Gabon, les différents coûts sont recalculés en fonction de deux variables décrivant l’activité des navires : le nombre de jour de mer passé dans la zone de pêche et le ratio « captures effectués dans la zone de pêche du Gabon / captures totales » (Tableau 10.3 ci-après).

Tableau 10.3 : relation entre deux variables d’activité, le nombre de jour de mer dans la zone de pêche et le ratio captures dans la zone/captures totales

Variable Relation avec les variables d’activité

Carburant litres/jour Fonction du nombre de jours de mer

Autres coûts variables EUR / jour Fonction du nombre de jours de mer

Réparations (part variable) EUR / jour Fonction du nombre de jours de mer

Réparations (part fixe) EUR Fonction du ratio de captures effectuées dans la zone

Autres coûts fixes EUR Fonction du ratio de captures effectuées dans la zone

Part des coûts salariaux % du RAP Pourcentage du reste à partager

Part des taxes et services portuaires % du CA Pourcentage du chiffre d’affaires

Les coûts supportés par les navires évoluant dans la zone de pêche du Gabon sont estimés de la manière suivante (voir chapitre 6 pour l’application au cas du Gabon) :

Les coûts de carburants et les coûts variables sont une fonction affine du nombre de jours passés dans la zone de pêche.

Les coûts fixes sont répartis au prorata de l’importance des débarquements de la zone de pêche dans le chiffre d’affaires des navires.

Les coûts d’entretien comportent une partie fixe et une partie variable. La partie fixe est répartie au prorata de l’importance des débarquements de la zone de pêche dans le chiffre d’affaires des navires quand la partie variable est une fonction du nombre de jours passés dans la zone de pêche.

196 COFREPECHE, MRAG, NFDS et POSEIDON, 2014. Analyse économique de la flotte thonière de l'UE – Note de méthode. Contrat cadre MARE/2011/01 - Lot 3, contrat spécifique n° 09. Bruxelles, 32 p.

197 http://www.magrama.gob.es/es/estadistica/temas/estadisticas-pesqueras/pesca-maritima/encuesta-economica-pesca-maritima/

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Enfin la rémunération des équipages se calcule selon le principe du salaire à la part : la méthode consiste à calculer le reste à partager comme la différence entre le chiffre d’affaires et les coûts variables (coûts de carburant et autre coûts variables), dont une partie revient à l’équipage.

Une fois, cette structure de coût mise en place, des variations peuvent être introduites afin de tester différentes options de gestion (voir chapitre 8). Quatre variables permettent de comprendre les modifications de coûts qu’engendreraient des mesures de gestion : il s’agit des jours de mer, du ratio « captures dans la zone gabonaise / capture totale des navires », prix des captures et volumes des captures.

Tableau 10.4 : variation des coûts en fonction de la variation de variables d’activité

Augmentation de 1 % pour la variable

Jours de mer

Ratio captures dans la zone gabonaise /

captures totales des navires

Prix des captures Volume de

captures

Chiffre d'affaires (CA)

- - +1 % +1 %

Consommations intermédiaires variables (CIV)

Carburant +1 % - - -

Autres coûts variables +1 % - - -

Consommations intermédiaires incompressibles (CII)

Entretien & Réparation +0,5 % +0,5 % - -

Autres Coûts non-variables - +1 % - -

Consommations intermédiaires (CIT= CIV + CII)

Variation positive Variation positive Stable Stable

Valeur ajoutée produite (VA = CA-CIT)

Variation négative Variation négative Variation positive Variation positive

Subventions

Coût des autorisations de pêche

dont redevance nationale - - - -

dont contribution observateur - - - -

dont part au prorata du tonnage capturé

- - - +1 %

Taxes portuaires - - +1 % +1 %

Impôts et taxes liés à l'activité (IT)

Stable Stable Variation positive Variation positive

Charges de personnel embarqué (CPE)

Variation négative Stable Variation positive Variation positive

Excédent brut d'exploitation (EBE=VA-IT-CPE)

Variation négative Variation négative Dépend de la

structure de coût Dépend de la

structure de coût

Si le niveau d’effort augmente : o Les coûts variables augmentent dans la même proportion ; o Les coûts d’entretien et de réparation sont affectés mais dans une moindre mesure, puisqu’il

est considéré que seule la moitié de ces coûts sont liés au niveau d’activité ; o La principale conséquence serait une baisse des charges de personnelles et une baisse

combinée de la valeur ajoutée et de l’EBE

Si la zone de pêche du Gabon devient plus importante pour les navires en terme de captures, ce qui implique une augmentation du ratio « captures dans la zone gabonaise / captures totales des navires » :

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o Les coûts fixes associés à la zone de pêche du Gabon sont plus importants : l’augmentation touche les autres coûts variables et pour moitié les coûts d’entretien et de réparation

o La principale conséquence serait une baisse combinée de la valeur ajoutée et de l’EBE

Si le prix des captures augmente : o Le chiffre d’affaires augmente ; o Les charges de personnel augmentent ; o Les taxes portuaires augmentent puisque le modèle utilisé lie ces taxes à la valeur débarquée. o Le principal résultat est que la valeur ajoutée augmente. Il n’est cependant pas possible de

définir a priori comment évolue l’EBE.

Si le niveau des captures augmente : o Le chiffre d’affaires augmente ; o Les charges de personnel augmentent ; o Le coût des autorisations augmente du fait du paiement à la tonne ; o Les taxes portuaires augmentent puisque le modèle utilisé lie ces taxes à la valeur débarquée. o Le principal résultat est que la valeur ajoutée augmente. Il n’est cependant pas possible de

définir a priori comment évolue l’EBE.

Evaluer l’introduction de nouvelles mesures de gestion revient avant tout à évaluer quelles variables d’entrée doivent être modifiées pour refléter les changements subis par les navires de pêche.

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Annexe E : terminologie

Les termes techniques utilisés dans ce rapport sont issus essentiellement de la législation de l’UE (http://eur-lex.europa.eu/). La base de données terminologique multilingue de l'Union européenne Interactive Terminology for Europe (IATE) donne également des informations utiles sur les termes techniques utilisés en présentant les définitions dans l’ensemble des langues des États membres de l’UE. Les termes suivants s'y retrouvent entre autres (non exhaustif) :

armateur : celui qui exploite le navire en son nom, qu’il en soit ou non propriétaire (Code maritime malgache).

autorisation de pêche,

benthique,

capacité de pêche,

captures accessoires,

conseil de l’UE,

contrepartie financière,

démersal,

espèces associées,

indice de développement humain (IDH),

ligne de base,

mangrove,

métier,

ordonnance,

pêcherie,

pélagique,

produit intérieur brut (PIB) nominal et réel,

possibilité de pêche,

potentiel de pêche,

production maximale équilibrée,

rejets,

rendement maximum durable,

secteur primaire.

Autre terme (non disponible dans la base IATE) :

navire assimilé UE (terme propre aux auteurs ; utilisé également dans des textes de la CICTA) : navire battant pavillon d’un État non-membre de l’UE dont le propriétaire, l’actionnaire principal ou le gestionnaire est citoyen d’un État membre de l’UE.