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Hubert de Vauplane
avocat associé
Contrôle interne: les apports de la jurisprudence
des commissions de sanction ACP/AMF
Sommaire
Jurisprudence AMF
Jurisprudence ACP
Jurisprudence AMF
Indépendance
La fonction de contrôle des risques doit être exercée defaçon indépendante des activités risquées
Condamnation de la SGP lors de la crise de liquidité desOPCVM pour manque d’indépendance de la fonction degestion des risques:
Le département des risques, en intervenant dans le processusdécisionnel de gestion et de valorisation des actifs illiquides, s’estéloigné de son rôle essentiel de contrôle. Il s’est donc révélé êtreune force de proposition et de coordination opérationnelle et nepouvait plus exercer la mission qui lui était dévolue, de sorte que lepremier échelon de contrôle n’a pas pu fonctionner
Sanction AMF, 7 octobre 2011, Société Générale Asset Management:1 M €
Jurisprudence AMF
Externalisation
La SGP doit en permanence disposer de moyens,
d’une organisation et de procédures de contrôle
Condamnation de la mise en cause qui avait
entièrement dévolu à un cabinet externe les
vérifications liées au contrôle interne
Le cabinet n’effectuait que quelques revues par an
N’assurait pas un contrôle suffisamment exhaustif et
régulier de l’activité de gestion
Sanction AMF, 23 oct. 2008, St Européenne de Gestion privée:
avertissement + 100 000 €
Jurisprudence AMF
Permanence des moyens matériels, financiers et
humains - Externalisation
La SGP doit utiliser en permanence des moyens, notamment
matériels, financiers et humains adaptés et suffisants
L’externalisation de tâches ou fonctions opérationnelles
essentielles ou importantes ne doit pas être faite de manière qui
nuise sensiblement à la qualité du contrôle interne
Condamnation de la mise en cause pour insuffisance de moyens
humains car:
Absence de convention instituant de manière permanente
l’externalisation du contrôle interne
Intervention du consultant extérieur limité à 2 demi-journées par
an
Sanction AMF, 17 juin 2010, St CMI France & autres: 25 000 € +
5000 € pour 2 pers. phy.
Jurisprudence AMF
Carence dans l’organisation et manque de
moyens
Les opérations contraires à l’intérêt des porteurs (taux de
rotation anormalement rapide du portefeuille et
dépassements répétés du ratio de division des risques) sont
révélatrice de l’insuffisance du contrôle interne
Condamnation de la société car elle ne disposait pas de
l’organisation, des moyens et des procédures de contrôle
en adéquation avec les activités exercées
Sanction AMF, 13 mars 2008, St JP Klein Investissement & M. Porte:
blâme + 80 000 €
Jurisprudence AMF
Permanence du dispositif
L’absence de vérification des ratios d’engagement et
l’absence de suivi des positions caractérisent à elles
seules une insuffisance du contrôle interne et
déontologique
Aucun contrôle systématique du respect des ratios
Déontologue qui n’était qu’exceptionnellement présent
dans les locaux
Les moyens doivent exister en permanence et le
déontologue est soumis à ce principe de permanence
Sanction AMF, 15 mai 2008, St Agilis Gestion: 20 000 €
Jurisprudence AMF
Permanence du dispositif
Condamnation pour contrôle interne défaillant
Comptes-rendus de gestion erronés envoyés aux clients ne
reflétant pas correctement les risques encourus
Contrôle insuffisant des mouvements entre les portefeuilles
gérés et les comptes des gestionnaires
Cependant, le grief tiré de ce que la SGP n’aurait pas
disposé de moyens et de l’organisation interne adaptée à
ses activités n’est pas retenu:
Le manquement n’est pas caractérisé, dès lors qu’il n’est pas
démontré que les défaillances du contrôle interne aient été la
conséquence d’une insuffisance de moyens ou d’une organisation
inadéquate
Sanction AMF, 7 oct. 2010, St X, M. A et B: 30 000 € + 1000 € & 5000
€ pour M. B & A
Jurisprudence AMF
Insuffisance de moyens matériels et humains – Permanence du dispositif –
Valorisation – Indépendance vis-à-vis de l’émetteur
Une SGP doit utiliser en permanence des moyens matériels, financiers
et humains adaptés et suffisants
Elle doit être en mesure d’effectuer sa propre valorisation des
instruments financiers de son portefeuille
La réglementation n’impose toutefois aucun dispositif spécifique de
valorisation
Condamnation de la société:
Elle ne disposait pas de moyens adaptés et suffisants pour satisfaire à l’obligation
d’effectuer sa propre valorisation
Carence dans la mise en place d’un dispositif de contre-valorisation (tests de son
dispositif et modalités de validation de ses modèles)
Les données alimentant les calculs de valorisation provenaient de l’émetteur, d’où
une dépendance à son égard
Sanction AMF, 7 avril 2011, Société X: 100 000 €
Jurisprudence AMF
Insuffisance de moyens humains et matériels – Valorisation -
Indépendance vis-à-vis de l’émetteur
Une SGP doit utiliser en permanence des moyens, notamment matériels, financiers et humains
adaptés et suffisant
Elle doit pouvoir mesurer à tout moment les risques associés aux positions prises dans le cadre de la
gestion des portefeuilles de l’OPCVM ou du mandant et la contribution de ces positions au profil de
risque général de ces portefeuilles
Il est fait grief à SGP de n’avoir pas mesuré ces risques, ayant été dans l’incapacité de valoriser par
ses propres moyens les EMTN émis par Landsbanki Island HF, dont elle a maintenu la valorisation à
100% dans ses comptes-rendus de gestion semestriels, y compris au moment où l'émetteur a fait
défaut
Elle n’était pas dotée du dispositif qui lui aurait permis de procéder elle-même à la valorisation des
instruments non cotés entrant dans la composition des portefeuilles gérés, tels que les titres d’un
EMTN
Bien qu’il n’entrait pas dans la mission de la SGP de procéder à la valorisation des EMTN (elle
n’était pas agréée pour traiter ce type de titres), le fait de ne pas avoir disposé des moyens humains et
matériels d’évaluation et d’expertise indispensables au suivi d’un tel investissement et de s’en être
remise aux évaluations de l’arrangeur, sans exercer le moindre contrôle, constitue une circonstance
aggravante du grief relatif à la violation de son programme d’activité
Sanction AMF, 3 mai 2012, Société GSD Gestion, Mm. Jacques Gautier et Thierry Gautier: blâme +
150.000 €
Jurisprudence AMF
Carence de la fonction de la conformité
Contexte de crise de liquidité des OPCVM. Condamnation de la mise
en cause:
La réunion, sous une même responsabilité, des risques et de la conformité,
bien qu’autorisée, a cependant nuit aux fonctions de contrôle
La branche conformité ne disposait pas des moyens humains et des outils
informatiques indispensables à sa mission (3 personnes seulement dédiées
à la fonction de conformité)
La fonction conformité a été totalement mise à l’écart et n’a pu exercer
son contrôle sur les mesures de gestion de crise ni remplir son rôle de
contre-pouvoir
La SGAM ne disposait pas d’outils d’alerte de dépassement des ratios et
n’apporte pas la preuve de l’existence d’un suivi de ces dépassements
Sanction AMF, 7 octobre 2011, Société Générale Asset Management
précitée: 1 M €
Jurisprudence AMF
Carence du contrôle des risques
Une SGP doit pouvoir mesurer à tout moment les
risques associés à ses positions
Condamnation de la société:
Elle n’a pas informé immédiatement l’AMF de la
démission de son contrôleur des risques
Constatation d’une carence totale du contrôle des
risques d’autant plus grave que la gestion alternative
pratiquée par SGP exigeait une surveillance accrue
Sanction AMF, 2 octobre 2008, St Fininfor et Associés Multigestion:
Blâme + 50 000 €
Jurisprudence AMF
Carence du contrôle des risques
La structure du contrôle des risques de la mise en cause était organisée
autour du comité « risques et compliance » et du directeur des risques
et des contrôles permanents, structures affectées à l’ensemble du
groupe
Le fonds concerné était affecté par une combinaison de facteurs de
risques importants ce qui imposait un contrôle renforcé
Le grief tiré de l’insuffisance du contrôle des risques est néanmoins
écarté:
Les diligences qu’appelait cette situation ont été mises en œuvre en sus du
reporting mensuel, de la communication sur le site internet du fonds des
performances hebdomadaires et mensuelles
4 visites et 6 réunions téléphoniques ont été spécialement organisées selon une
périodicité mensuelle
Il en résulte que la SGP avait ainsi une connaissance précise de la situation
Sanction AMF, 8 avril 2010, Crédit Agricole Asset Management Alternative
Investments: avertissement + 300 000 €
Jurisprudence AMF
Carence des fonctions risques et conformité (1)
Il était reproché à la SGP un défaut d’organisation des
fonctions risques et conformité illustré par de nombreux
dépassements des ratios réglementaires applicables aux
OPCVM, par l’incapacité à gérer, contrôler et régulariser
ces ratios
Condamnation de la mise en cause:
Nombre très élevé de dépassement des ratios dans des proportions
importantes
Le contrôle des ratios s’effectuait seulement à partir d’outils mis à
disposition par le valorisateur des OPCVM, d’où un manque
d’indépendance et de fiabilité
Ce contrôle a été quasi inexistant sur plus d’un an
Jurisprudence AMF
Carence des fonctions risques et conformité (2)
Il était en outre reproché à la SGP d’avoir voulu régulariser
certains dépassements de ratios avec des Total Return
Swaps (TRS)
Condamnation de la mise en cause:
Ces opérations, qui avaient pour effet de régulariser en apparence
les dépassements de ratios de certains fonds, ne diminuaient en
rien les risques auxquels étaient exposés les porteurs de parts
La mise en place de TRS visait à contourner le respect de la
réglementation en occultant les dépassements
Sanction AMF, 7 octobre 2011, Société Générale Asset Management
Alternative Investments: 1.5 M€
Jurisprudence AMFInsuffisance du dispositif de conformité et défaillance du contrôle des
risques en matière de pratiques commerciales
Il était reproché à l’entreprise d’investissement d’avoir souscrit des parts d’un fonds non autorisé
à la commercialisation en France dans le cadre d’un mandat de gestion individuel qui n’autorisait
pas d’opérations sur ce type d’instrument financier
Il lui était également reproché d’avoir autorisé ses préposés à investir par le biais de mandats de
gestion dans des actions d’une SICAV luxembourgeoise non coordonnée alors que les
souscriptions à un tel fonds étaient exclues par les mandats qui lui avaient été confiés et que les
lettres de décharges remises aux contrôleurs pour justifier de ces investissements émanaient de
clients hors mandat et ne pouvaient se substituer à l’accord exprès et spécial des mandants.
Condamnation de la mise en cause:
Elle ne s’était pas dotée d’un dispositif de contrôle et de conformité suffisamment efficace
pour détecter et prévenir les pratiques de commercialisation active de fonds non autorisés à la
commercialisation en France alors que la fonction de contrôle interne doit établir et maintenir
opérationnelle une fonction de conformité efficace exercée de manière indépendante
Le dispositif de conformité et de contrôle des risques de l’entreprise d’investissement s’est
avéré insuffisant pour détecter et prévenir une transgression de ses obligations
professionnelles, notamment celle de respecter l’interdiction de toute commercialisation
active en France d’un fonds étranger non coordonné
Sanction AMF, 21 septembre 2012, M. B. et Société X venant aux droits de la société Y: 180.000 €
à l’égard de la Société X + 20.000 € à l’égard de M. B
Jurisprudence AMFAccords de composition administrative (ACA)
ACA du 6 juillet 2012, Société Sunny Asset Management
Grief tiré de ce que, compte tenu de moyens techniques et humains inadaptés, la Société avait été incapable de gérer les
risques liés à la gestion financière d’instruments financiers en dehors du champ de son programme d’activité
Engagement de la Société à payer 20.000 €
ACA du 10 juillet 2012, Société Carmignac Gestion
La société n’avait pas mis en œuvre un contrôle des risques adapté à son activité. En particulier elle n’employait qu’un seul
contrôleur des risques, alors que son programme d’activité en annonçait deux, et elle n’avait pas averti l’AMF de la
modification du rattachement hiérarchique de ce dernier. De plus, en appréciant les risques en recourant à la méthode
linéaire et non à la méthode de la Value at Risk (VaR), comme elle l’avait indiqué à l’AMF, la Société n’avait pas mis en
œuvre une procédure permettant d’identifier de manière adaptée et suffisante tous les risques liés aux stratégies de gestion
mises en œuvre, compte tenu notamment du recours à certains instruments financiers à terme complexes. Elle n’avait pas
procédé à un suivi et une analyse des risques de liquidité suffisants
Engagement de la Société à payer 500.000 €
ACA du 21 mai 2012, Société Assya Asset Management
Instabilité et sous-dimensionnement du dispositif de conformité de la Société: la fonction de la conformité et du contrôle
interne (« RCCI ») a été assurée de manière discontinue depuis octobre 2008, année de création de la société et jusqu’en
2010, puisque les personnes en charge de cette fonction, l’ont exercée soit sans autorisation à titre temporaire, soit sans être
titulaires de la carte professionnelle prévue à l’article 313-31 du règlement général de l’AMF, soit les deux
Absence de continuité et d’efficacité dans l’exercice de la fonction RCCI
Engagement de la Société à payer 15.000 €
ACA du 14 mars 2012, Société Alis Capital Management
Défaut de permanence de moyens humains à l’origine d’une absence partielle ou totale de gestion effective d’un fonds
Engagement de la Société à payer 20.000 €
Jurisprudence ACP
Décision de la commission des sanctions n°2010-01 du 10
janvier 2011, Caisse de Crédit municipal de Toulon
Organisation des fonctions de contrôle permanent et de contrôle périodique
Les entreprises assujetties au règlement n°97-02 du 21 février 1997 du CRBF doivent mettre en place un contrôle permanent
assuré par certains agents exclusivement dédiés à cette fonction et d’autres exerçant des activités opérationnelles, et un contrôle
périodique exercé par encore d’autres agents. Les unités en charge du contrôle périodique doivent exercer leurs missions de
manière indépendante à l’égard de l’ensemble des entités et services qu’elles contrôlent
Le dispositif de contrôle interne de la caisse de crédit municipal était avant tout formel, son organisation manquait de clarté et se
caractérisait par une confusion entre les différents niveaux et dans la répartition des contrôles entre les agents concernés
L’intervention du responsable du contrôle interne se limitait à des contrôles récurrents de premier degré dans les services
opérationnels, suppléant dans certains cas l’absence de contrôles permanents de premier degré
Si l’agent comptable était en principe responsable du contrôle périodique, il effectuait des contrôles permanents, responsabilité en
principe confiée au contrôleur interne
Manquement établi
Séparation des fonctions d’engagement et de validation
Le règlement n°97-02 impose une stricte indépendance entre les unités chargées de l’engagement des opérations et les unités
chargées de leur validation
Il arrivait de manière récurrente que les agents comptables subordonnés soient amenés à remplacer les chefs d’agence et procèdent à
la validation des opérations
Manquement établi
Les moyens alloués au contrôle interne
Le règlement n°97-02 prescrit à tout établissement de s’assurer que le nombre et la qualification des personnes en charge du
contrôle permanent et du contrôle périodique ainsi que les moyens mis à leur disposition sont adaptés à ses activités, à sa taille
et à ses implantations
Il est relevé par l’ACP une faiblesse des moyens consacrés au contrôle interne, tant en nombre qu’en qualification
Manquement établi
Blâme et sanction pécuniaire de 150.000 €
Jurisprudence ACP
Décision de la commission des sanctions n°2010-05 du 26
mai 2011, établissement de crédit A (1/2)
Séparation des fonctions d’engagement et de validation
Le règlement n°97-02 impose une stricte indépendance entre les unités chargées de l’engagement des opérations et les unités
chargées de leur validation
Malgré la dimension réduite de l’activité titres, largement sous-traitée à un prestataire externe, le fait que le back-office ne soit mis à
même d’exercer aucun contrôle sur l’activité titres avant l’exécution des ordres n’est pas conforme au principe réglementaire de
séparation entre l’engagement et la validation des opérations, qui s’applique même au cas d’appel à un prestataire externe
La responsable de l’activité titres disposait dans l’applicatif comptable d’un profil d’habilitation étendu, l’autorisant notamment à opérer
des transferts de titres ou à modifier directement les données résultant de l’interfaçage des relevés d’exécution de A
Même si l’intéressée n’a fait usage de cette habilitation qu’à 4 reprises entre 2003 et 2009 pour corriger des erreurs matérielles du teneur
de compte, il reste que l’existence même de cette habilitation, qui lui aurait permis théoriquement d’intervenir sans contrôle dans la
comptabilité, méconnaissait à la lettre les dispositions du règlement n°97-02
Manquement établi
L’organisation et les moyens des fonctions de contrôle permanent et de contrôle périodique
Selon le règlement n°97-02, le contrôle permanent de la conformité, de la sécurité et de la validation des opérations réalisées et du
respect des diligences liées à la surveillance des risques doit être assuré, avec un ensemble de moyens adéquats, d’une part par des
agents exclusivement dédiés à cette fonction et, d’autre part, par d’autres agents exerçant des activités opérationnelles
Tout établissement doit s’assurer que le nombre et la qualification des personnes en charge du contrôle permanent et du contrôle
périodique, ainsi que les moyens mis à leur disposition, sont adaptés aux activités, à la taille et aux implantations de l’entreprise
Il est relevé par l’ACP que les fonctions de responsable du contrôle permanent et de l’audit (contrôle périodique) étaient assurée par le
contrôleur interne, directement rattaché à la direction générale. En l’absence d’une personne chargée exclusivement du contrôle
permanent du groupe employant 271 personnes, cette fonction était assurée par les responsables hiérarchiques, voire épisodiquement par
le contrôleur interne
Manquement établi
Jurisprudence ACP
Décision de la commission des sanctions n°2010-05 du 26
mai 2011, établissement de crédit A (2/2)
L’élaboration et la mise à jour de manuels de procédures
Les entreprises assujetties au règlement n°97-02 doivent élaborer et tenir à jour des manuels de procédure décrivant notamment les
modalités d’enregistrement, de traitement et de restitution des informations, les schémas comptables et les procédures d’engagement
des opérations
L’établissement n’avait pas mis à jour son instruction d’avril 2005 relative à l’enregistrement des conversations téléphoniques, n’avait pas
établi de manuel de procédures comptables et avait présenté des schémas comptables incomplets
Manquement établi
Avertissement
Jurisprudence ACP
Décision de la Commission des sanctions n°2010-06 du 16
décembre 2011, établissement de crédit A (1/2)
Contrôles de second niveau
Les entreprises assujetties au règlement n°97-02 du 21 février 1997 du CRBF doivent disposer d’agents réalisant les contrôles
conformément aux dispositions ci-après: le contrôle permanent de la conformité, de la sécurité et de la validation des opérations
réalisées est assuré, avec un ensemble de moyens adéquats, par, d’une part, certains agents, au niveau des services centraux et
locaux, exclusivement dédiés à cette fonction, et d’autre part, par d’autres agents exerçant des activités opérationnelles
Le contrôle a relevé que les résultats économiques quotidiens des opérations de marché n’étaient calculées que par le seul front office,
ensuite qu’aucune procédure formalisée ne décrivait les modalités du contrôle de ces résultats quotidiens et qu’aucune entité
indépendante ne s’assurait de leur fiabilité à l’issue du processus de récupération des données de marché, et enfin qu’aucun contrôle
de second niveau n’était réalisé sur les calculs effectués par le service en charge du suivi de marché (« middle office ») au sein de
l’établissement A pour déterminer tant le résultat économique mensuel des activités de marché que le montant de l’exigence
réglementaire en fonds propres impliquée par ces activités
Manquement établi
Moyens affectés au contrôle permanent
Aux termes du premier alinéa de l’article 9 du règlement n°97-02 « les entreprises assujetties s’assurent que le nombre et la
qualification des personnes mentionnées à l’article 6, ainsi que les moyens mis à leur disposition, en particulier les outils de
suivi et les méthodes d’analyse de risques, sont adaptés aux activités, à la taille et aux implantations de l’entreprise »
En l’absence de personnel dédié, le contrôle permanent de premier niveau de la salle des marchés était exclusivement assuré par le
responsable de la salle et son adjoint
La direction chargée des risques (chargée du contrôle de second niveau de l’ensemble des risques financiers) ne disposait pas, avec
un petit nombre de collaborateurs seulement en sus du directeur, des ressources suffisantes pour assumer cette charge, en sorte que,
par exemple, elle ne contrôlait pas les résultats de la salle, et ne procédait pas à la supervision ou à l’analyse contradictoire des
travaux du middle office (notamment politique de réfactions, récupération des paramètres de marché). L’insuffisance de ses moyens
affaiblissait l’autorité dont elle devrait disposer vis-à-vis du front office (relevant de la direction des marchés) et du middle office
(rattaché à la direction financière)
Manquement établi
Jurisprudence ACP
Décision de la Commission des sanctions n°2010-06 du 16
décembre 2011, établissement de crédit A (2/2)
Moyens dédiés au contrôle périodique
Aux termes du b) de l’article 6 du règlement n°97-02, « le contrôle périodique de la conformité des opérations, du niveau de
risque effectivement encouru, du respect des procédures, de l’efficacité et du caractère approprié des dispositifs mentionnés au
a) est assuré au moyen d’enquêtes par des agents au niveau central et, le cas échéant, local, autres que ceux mentionnés au
point a) ci-dessus ». Aux termes du second alinéa de l’article 9 du même règlement « les moyens affectés au contrôle
périodique au titre des dispositifs mentionnés au b) de l’article 6 doivent être suffisants pour mener un cycle complet
d’investigations de l’ensemble des activités sur un nombre d’exercices aussi limité que possible : un programme des missions de
contrôle doit être établi au moins une fois par an en intégrant les objectifs annuels de l’organe exécutif et de l’organe
délibérant en matière de contrôle »
Les moyens de l’inspection générale de l’établissement A étaient insuffisants compte tenu de l’importance des activités de marché :
elle ne disposait que d’une seule personne affectée au contrôle des opérations de marché, ce qui ne permettrait pas d’assurer
l’ensemble des audits programmés. Après l’appel à d’autres fonctions en juin 2007 de l’auditeur confirmé dans le domaine des
activités de marché, l’auditeur qui participait à ses côtés aux missions relatives à ces activités était resté seul et sans renforts
supplémentaires jusqu’en juillet 2009, tout en assurant d’autres tâches. En outre, la présence d’un petit nombre de personnes
désormais affectées au contrôle périodique restait insuffisant compte tenu du périmètre à couvrir
Manquement établi
L’analyse et la mesure du risque de contrepartie
Selon l’article 17 du règlement n°97-02, les assujettis « mettent en place des systèmes d’analyse et de mesure des risques en les
adaptant à la nature et au volume de leurs opérations afin d’appréhender les risques de différentes natures auxquels ces
opérations les exposent, et notamment les risques de crédit, de marché, de taux d’intérêt global, d’intermédiation, de règlement
et de liquidité »
La nature complexe d’une opération de marché, si réduit qu’en soit le volume, exclut que le risque qui y est attaché, notamment
celui de contrepartie, ne soit pas complètement appréhendé
En s’abstenant, eu égard à la complexité des produits concernés, de calculer lui-même son risque de contrepartie (s’en remettant alors
à la valorisation du produit déterminée par sa contrepartie) l’établissement A a méconnu les dispositions précitées de l’article 17, qui
ne distinguent pas selon qu’une banque a ou non la qualité de teneur de marché ou choisit de manière prudente ses contreparties
Manquement établi
Avertissement et sanction pécuniaire de 800.000 €
Jurisprudence ACP
Décision de la Commission des sanctions n°2011-01 du 29
juin 2012, Banque Populaire des Alpes (BPA)
Le dispositif de contrôle interne en matière de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du
terrorisme (LCB-FT)
Le a) de l’article 6 du règlement n°97-02 du 21 février 1997 modifié dispose que le contrôle permanent de la conformité, de la
sécurité et de la validation des opérations réalisées et du respect des diligences liées à la surveillance des risques doit être assuré,
avec un ensemble de moyens adéquats, d’une part par des agents exclusivement dédiés à cette fonction, et d’autre part, par
d’autres agents exerçant des activités opérationnelles. Le point 9 de l’article 11-7 de ce règlement impose aux établissements
assujettis d’exercer un contrôle permanent du dispositif de LCB-FT, lequel fait partie du dispositif de contrôle de la conformité.
Selon l’alinéa 2 du 9 de cet article, il incombe au responsable du contrôle de la conformité de veiller au caractère adapté de ce
dispositif et notamment au respect des obligations prévues aux articles L. 561-10-2, L. 561-15 et R. 561-31 du COMOFI. Selon
l’article 9.1 du règlement n° 97-02 modifié : « Les entreprises assujetties définissent des procédures qui permettent : a) De
vérifier l’exécution dans des délais raisonnables des mesures correctrices qui ont été décidées par les personnes compétentes dans
le cadre du dispositif de contrôle interne ; b) Au responsable du contrôle périodique d’informer directement et de sa propre
initiative le comité d’audit de l’absence d’exécution des mesures correctrices décidées »
La mise en œuvre du contrôle permanent de premier niveau par les directeurs d’agence
Insuffisance du contrôle permanent de premier niveau sur le traitement des alertes par les conseillers clientèle
Contrôle insuffisant des ouvertures de comptes par les directeurs d’agence: ils n’exerçaient aucun contrôle sur la manière dont leurs
collaborateurs vérifiaient la validité des pièces recueillies lors de l’identification des nouveaux clients
Manquement établi
Les contrôles de second niveau exercés par la Cellule de sécurité financière (CSF) et le contrôle hiérarchique des activités
du CSF
Absence de contrôle par la CSF du traitement des alertes en matière de gel des avoirs
Le contrôle hiérarchique des activités de la CSF, chargée de piloter le dispositif de LCB-FT, n’était pas en place au moment de
l’inspection. L’obligation de soumettre un service de contrôle de second niveau au contrôle permanent de sa propre hiérarchie résulte du
simple bon sens et s’impose donc alors même que les textes ne la prévoient pas
Manquement établi
Blâme et sanction pécuniaire de 200.000 €