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''Déchets et transports, ce qu'il faut savoir ...'' Toulouse-Blagnac, 19 juin 2014 Actes du colloque

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''Déchets et transports, ce qu'il faut savoir ...''

Toulouse-Blagnac, 19 juin 2014

Actes du colloque

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ORT Midi-Pyrénées/Transports de déchets Toulouse-Blagnac, 19 juin 2014

Sommaire

Veolia, acteur du transport des déchets en Midi-Pyrénées..............................................3

Un système, des filières et des enjeux.......................................................................................4

Les déchets d'activités de soins à risques infectieux..........................................................9

Les déchets au cœur des activités de la grande distribution........................................13

Transport de déchets de déconstruction : comment favoriser le report modal de la route vers le fer ?........................................................................................................................ 16

Le transport des déchets : un sujet majeur pour les logisticiens................................19

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La matinée était animée par Eugène Sacuto, de la DREAL Midi-Pyrénées

''En France, la production totale de déchets atteignait 770 millions de tonnes en 2009, et plus d'1/4 des marchandises transportées sont des déchets (données 2007)1. On ne perçoit souvent les déchets que sous l’angle de l’élimination, du tri sélectif, du recyclage, avec, depuis quelques années, des systèmes qui se mettent en place et une volonté toujours affirmée de réduire la source de production et de diminuer les flux, mais leur transport demeure un élément essentiel de la gestion des déchets, au même titre que leur mode de traitement.''

Veolia, acteur du transport des déchets en Midi-PyrénéesJean-François Rezeau,

directeur général de Veolia Propreté Midi-Pyrénées-Atlantique

Veolia, multinationale et entreprise ancrée localement Le groupe Veolia, qui compte 330.000 collaborateurs dans 64 pays, s'affirme comme le leader mondial des services à l'environnement et le n° 2 dans le domaine de le gestion des déchets.Les activités de Veolia couvrent l'ensemble du domaine :

• Services logistiques des flux de déchets (nettoyage, assainissement, collecte, transfert) pour les collectivités locales et les entreprises

• Tri, traitement et recyclage des déchets dangereux et non dangereux par incinération, compostage, stockage et traitement physico-chimique

• Valorisation des déchets sous forme d’énergie, de matières organiques et de matières premières recyclées

1 Source ORDIMIP

3

Collecte et transfert des déchets dangereux et non dangereux

Dépollutiondes sols

Maintenance et nettoyage industriel, nettoiement urbain

TraitementIncinération RecyclageCompostageStockagePhysico-chimique

Valorisation Production d’engrais et amendementsExtraction de matières premièresProduction d’énergie renouvelable

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Dans le Sud-Ouest de la France, Veolia Propreté Midi-Pyrénées-Atlantique fédère l’ensemble des activités de collecte, valorisation matière et énergétique au sein de 4 sociétés : Veolia Propreté Midi-Pyrénées, SETMI, ROM et SOVAL. L'ensemble compte 550 collaborateurs et génère un chiffre d'affaires d'environ 100 M€, dont 26 M€ issus de l'activité collecte des déchets en entreprises.

Le déchet, objet réglementaire L'article L541-1 du code de l’Environnement considère comme déchet ''tout résidu d’un processus de production, de transformation, d’utilisation, toute substance, matériel, produit ou plus généralement tout bien meuble abandonné ou que son destinataire destine à l’abandon''. Le même article précise également que ''est ultime [...]un déchet, résultant ou non du traitement d’un déchet, qui n’est plus susceptible d’être traité dans les conditions techniques et économiquesdu moment, notamment par l’extraction de la part valorisable ou par réduction de son caractèrepolluant ou dangereux''.Globalement, le droit de l'Environnement place les producteurs des déchets en responsabilité de leur collecte, de leur transformation et de leur élimination.

Transport public de marchandises et transport de déchetsAux termes de la loi du 30 décembre 1982, dite loi LOTI, relative à l’organisation des transports intérieurs, ''sont considérés comme des transports publics, tous les transports de personnes ou de marchandises, à l’exception des transports qu’organisent pour leur propre compte des personnes publiques ou privées''.L'activité de transport public de marchandises nécessite une inscription au registre des transporteurs (décret n°99-752 du 30 août 1999). La société Veolia Propreté Midi-Pyrénées-Atlantique, qui transporte des déchets pour compte d'autrui et pour son propre compte, est titulaire d’une inscription au registre des transports permettant l’exercice des professions de transport public de marchandises et de loueur de véhicules industriels.Dans un contexte économique difficile, Veolia s'interroge sur la pérennité de son activité de transport pour compte d'autrui, et va probablement chercher à confier cette activité à des professionnels sous-traitants.

Un système, des filières et des enjeuxChloé Maisano, directrice de l'ORDIMIP

L'ORDIMIP – Observatoire des déchets de Midi-Pyrénées - a été créé en 1993. Structure de concertation et d’étude, l'ORDIMIP regroupe les différents acteurs de la région concernés par la gestion des déchets, avec pour objectif de contribuer à la prévention et à l’amélioration de la gestion et des impacts de l’ensemble des déchets de la région.L'ORDIMIP est financé par la Région Midi-Pyrénées, la DREAL et l'ADEME. L'association, qui compte 2 salariées, travaille en partenariat avec les réseaux professionnels et anime ou participe à nombreuses instances de travail et de formation auprès de publics divers.L'ORDIMIP produit des données et des cartes, édite des supports de sensibilisation, diffuse de l'information aux différents acteurs (institutionnels, professionnels, …) et anime des colloques, journées techniques et visites de sites.

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770 millions de tonnes de déchets produits en France en 2009En France, la production de déchets en 2009 atteignait 770 millions de tonnes, dont :

Chaque année, selon une estimation, 280 millions de km sont parcourus pour la collecte des déchets, dont 70 % pour la collecte des ordures ménagères. Une étude de l'ADEME (données 2007) a montré que 61% des déchets produits avaient fait l'objet d'un transport (exception pour les déchets agricoles et de sylviculture : seulement 12% de ce tonnage est transporté, le reste est traité sur le lieu de production). En France, chaque année, 25 % à 30 % des ''marchandises transportées'' sont des déchets. En Midi-Pyrénées, la quasi-totalité passe par la route.

Le transport : une étape stratégique dans la gestion des déchetsUne déclaration ''transporteur de déchets'' en préfecture est obligatoire dès 100 kg par chargement pour les déchets dangereux et dès 500 kg par chargement pour les déchets non dangereux (exonération pour les entreprises effectuant la collectedes ordures ménagères pour le compte des collectivités). Certainstransports de déchets sont également soumis à l'ADR.Traditionnellement organisée dans une logique linéaire, lalogistique des transports des déchets correspond aujourd'hui à uneorganisation systémique, où la multiplication des filières devalorisation implique davantage de ruptures de charge et unrecours plus important aux transports et à la manutention.Désormais, le transport constitue une étape stratégique dans lagestion globale des déchets, qui intervient en amont et en aval dechaque opération de gestion des déchets, depuis leur production jusqu’à leur traitement/valorisation.Les principales étapes de transport :

1. collecte et pré-collecte (ramassage des déchets sur leur lieu de production)2. transit/transfert (massification des déchets collectés, passage par les quais de transit,

regroupement vers les centres de tri)3. tri et pré-traitement (regroupement par nature de déchets, conditionnement des flux,

massification, retour vers le conditionnement)

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ADR (''european Agreement concerning the international

carriage of Dangerous goods by Road'', ou ''accord

pour le transport de marchandises dangereuses par la route'') : règlement international concernant l'ensemble des pays de l'Europe continentale

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4. traitement/valorisation (orientation vers les différents sites de traitements finaux)5. débouchés industriels (réintégration des matières issues du recyclage dans les circuits

de production économique)

Filières REP et éco-organismesLa constitution de filières REP (filières à responsabilité élargie du producteur) a vu apparaître un nouvel acteur : l'éco-organisme. Deux objectifs principaux :

• décharger les collectivités territoriales de tout ou partie des coûts de gestion des déchets et transférer le financement du contribuable vers le consommateur

• internaliser dans le prix de vente du produit neuf les coûts de gestion d’un produit une fois usagé afin d’inciter les fabricants à s'engager dans une démarche d'éco-conception

La REP peut être initiée volontairement ou imposée réglementairement. Le ''producteur'' pourvoit à la mise en œuvre de la collecte et de l'élimination des déchets générés par le produit qu'il met sur le marché et qui arrive en fin de vie.Trois systèmes possibles :

• Système individuel : les producteurs organisent eux-mêmes la filière, sans passer par un éco-organisme, en se chargeant de la collecte et du traitement des déchets générés par leurs produits, à hauteur de ce qu'ils ont mis sur le marché

• Système mutualisé : certains producteurs confient la collecte et l'élimination à un prestataire indépendant, à la gouvernance duquel ils ne participent pas

Dans les deux cas, il n'y a pas de transfert de responsabilité, le producteur conserve la responsabilité de la gestion de la fin de vie de ses produits.

• Système collectif : dans la majorité des cas les''producteurs'' se rassemblent autour d'un éco-organisme,structure financée par les ''producteurs '' au prorata de cequ'ils mettent sur le marché et qui se charge d'organiser lafilière de collecte et de traitement des déchets, avec transfertde responsabilité du ''producteur'' à l'éco-organisme

L'éco-organisme peut être simplement financeur (il verse unecontrepartie financière aux collectivités ou aux structures quiorganisent la filière), ou financeur et organisateur (il finance etorganise la filière).

Les filières déchets spécifiques• Les lubrifiants

La filière de collecte et de traitement des lubrifiants a été créée en 1979. Les ''producteurs '' d'huile paient la TGAP, en partie reversée à l'ADEME qui co-finance la collecte gratuite. Depuis 2011, la filière s'équilibre financièrement par la revente des lubrifiants usagés pour valorisation matière ou énergétique, aussi l'ADEME ne devrait-elle plus avoir besoin de compenser cette filière. Les collecteurs sont agréés par les préfectures pour des zones géographiques données.

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Producteur : fabricant, importateur, metteur sur le

marché du bien ou du produit avant qu'il ne soit abandonné et ne devienne

un déchet

''Les éco-organismes sont des structures privées, avec

des statuts juridiques différents (SA ou autres). Certains éco-organismes

sont en situation de monopole sur une filière,

d'autres sont en concurrence (exemple :

filière DEEE).''Chloé Maisano, ORDIMIP

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• Les emballages ménagersCette filière est mise en oeuvre depuis 1993. Deux éco-organismes : Eco-Emballages et ADELPHE. Cette organisation réglementaire ne pourvoit qu'à l'indemnisation des collectivités,l'organisation de la filière restant à leur initiative : collecte, tri et transport des matières vers les valorisateurs.

• Les emballages non ménagersCertains organismes se chargent de la collecte et del’élimination des emballages industriels et commerciaux,comme Ecofut, Valorplast, EcoPSE. Ces filières sontvolontaires et restent payantes pour le détenteur dudéchet.

• Les médicaments non utilisés (médicamentshumains, rien à ce jour pour les médicamentsvétérinaires)

Cette filière est obligatoire et règlementée depuis 2009.Cyclamed est le seul éco-organisme agréé. Cetteorganisation prévoit le financement par les''producteurs'' (laboratoires pharmaceutiques) de lacollecte et de l'élimination par incinération.

• Les piles et accumulateursCette filière a démarré en 2001 et a été renforcée par de nouveaux textes en 2009 (notammentintégration des déchets des professionnels). Screlec & Corépile sont les deux organismes agréés pour la collecte et le traitement des piles et accumulateurs portables (pas encore d'écoorganisme pour les accumulateurs automobiles). Le groupe Mobivia (Norauto, Midas, ...) a instauré un système de collecte des accumulateurs portables qui a été agréé en janvier 2011.

• Les produits de l'agrofournitureCette filière volontaire a démarré en 2001 avec des opérations ponctuelles de collecte des produits phytosanitaires non utilisés et de leurs emballages. L'éco-organisme unique ADIVALOR assure l'organisation de ces collectes. En 2009, ses missions s'étendent aux emballages de semences et films plastique agricoles, et d'autres déchets pourraient être prochainement concernés (emballages de produits laitiers, oenologiques, ficelles, …).

• Les pneumatiquesLa filière a démarré en 2004. Sept organismes collectifs gèrent la collecte et le traitement des pneumatiques, dont ALIAPUR et FRP, et sont chargés d'organiser la filière (collecte gratuite). Les collecteurs sont agréés par les préfectures pour des zones géographiques données.

• Les véhicules hors d'usageLa filière a démarré en 2006. Il n'y a pas d'éco-organisme mais un réseau de démolisseurs et broyeurs agréés qui doivent gratuitement dépolluer et détruire les véhicules. A ce jour, la filière doit s'équilibrer par la revente des pièces et des métaux.

• Les déchets des équipements électriques et électroniques (DEEE)La filière des DEEE ménagers a démarré en 2006. Quatre éco-organismes : Ecologic, Ecosystèmes, ERP et Recylum (lampes uniquement), qui ont en charge l'organisation de la filière et l'indemnisation des collectivités. Ils assurent la logistique de retour des produits.

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''L'éco-contribution est-elle destinée à financer les frais de collecte et de

traitement des déchets ?''Eugène Sacuto, DREAL Midi-Pyrénées

''Oui, mais aussi les coûts de logistique, de communication auprès du grand

public, de recherches et développement pour la valorisation des matières. L'éco-

contribution doit permettre aux fabricants de faire mieux, de concevoir

des produits plus éco-conçus et qui pourront être réintroduits dans des

systèmes de production.''Chloé Maisano, ORDIMIP

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La filière des DEEE professionnels est bien moins structurée. Chaque ''producteur'' est tenu demettre en œuvre la collecte et l’élimination des équipements professionnels qu'il a mis sur le marché depuis août 2005. On commence à voir apparaître quelques opérations collectives et des organismes par secteur d'activité comme Recy'stempro.

• Les consommables informatiquesSeule la France dispose d'une telle filière. Depuis 2000, des fabricants se sont volontairement regroupés pour créer CONIBI, éco-organisme qui prend en charge l’organisation de la filière pour le compte de ses adhérents. D'autres structures issues de l'économie sociale et solidaire organisent elles aussi le circuit de collecte et de valorisation.

• Imprimés et papiers graphiquesCette filière est effective depuis 2008. Un seul éco-organisme : EcoFolio. La filière repose sur l'indemnisation des collectivités et concerne aujourd'hui tous les papiers graphiques.

• Textiles, linge de maison, chaussuresLa filière est mise en œuvre depuis 2009. L'éco-organisme unique, ECO-TLC, est chargé d'indemniser les opérateurs de la filière de collecte et de tri des déchets issus des ménages.

• Fluides frigorigènesCette filière fonctionne depuis 2009. Les ''producteurs'' sont tenus de faire collecter et traiter les fluides récupérés par les distributeurs. Il n'y a pas d'éco-organisme mais un réseau d'opérateurs agréés ayant obtenu une attestation de capacité.

• Déchets diffus spécifiques (ou déchets dangereux des ménages comme peintures,solvants, ...)

Filière en fonction depuis 2013. Un seul éco-organisme : ECO-DDS, qui indemnise les collectivités et organise la collecte et le traitement des déchets.

• Déchets d'éléments d'ameublementFilière effective depuis 2013, mais qui doit se mettre progressivement en place jusqu'en 2017. Deux éco-organismes : Valdelia pour le mobilier professionnel et Ecomobilier pour le mobilier des particuliers.

• Déchets d'activité de soins des patients en auto-traitement (déchets perforants, c'est-à-dire : tranchants, coupants ou piquants)

Un seul éco-organisme : DASTRI (voir plus bas)

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''Dans toute la chaine du traitement des déchets, l'activité transport est-elle la

moins investie ?''Eugène Sacuto, DREAL Midi-Pyrénées

''Non, bien au contraire, et d'ailleurs les logisticiens s'intéressent à cette activité,

ne serait-ce que parce qu'elle peut constituer un transport « reverse »

permettant de limiter l'impact environnemental du transport à vide.

Les transporteurs répondent aux besoins quotidiens des citoyens en

matière de production industrielle et de transport.''

Jean-François Brou, ORT Midi-Pyrénées

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Les déchets d'activités de soins à risques infectieuxClément Izard, DASTRI, responsable secteur Sud et référent santé,

Nicolas Kudlikowski, DASTRI, responsable Grand Est et chargé du bilan carbone

En présence de Laurence Bouret, DASTRI, Déléguée générale

DASTRI, éco-organisme de la filière DASRI-PATAux termes de la réglementation, les DASRI (déchets d'activités de soins à risques infectieux) doivent être incinérés dans des incinérateurs adaptés ou pré traités par broyage et désinfection avant d'être incinérés dans un un incinérateur classique ou enfouis. La liste des 18 pathologies concernées est fixée par l'arrêté du 23 août 2011. La pathologie la plus représentée en volumes de déchets collectés est lediabète.DASTRI est l'éco-organisme chargé de la collecte desDASRI-PAT (DASRI des patients en auto-traitement).DASTRI est une association loi 1901 agréée fin 2012. Lagouvernance de l’éco-organisme est assurée par unConseil d’administration composé de 9 membresreprésentant la diversité des 41 entreprisesadhérentes (entreprises du médicament et du dispositifmédical : fabricants, exploitants, distributeurs).DASTRI a pour mission d'assurer les obligationsréglementaires de ses adhérents :

• approvisionner gratuitement les patients enauto-traitement (PAT) en boites à aiguilles(boites de collecte des aiguilles usagées) via leréseau des pharmacies

• collecter les DASRI produits par les patients

• informer et rendre compteDASTRI collecte les 10 catégories de DASRI perforants produits par les patients en auto-traitement (DASRI piquants, coupants, tranchants), auxquels s’ajoutent les médicaments utilisés par les patients dans ces dispositifs médicaux (ex : insuline).

Procédure de commande des boites de collecte (boites à aiguilles)Les commandes sont à effectuer sur internet, exclusivement par les pharmacies et pharmacies à usage intérieur (PUI). Une unité de distribution est composée de 90 boites d'1 l et de 2 l. Les pharmacies doivent ensuite distribuer gratuitement les boites à

aiguilles aux patients en auto-traitement, sur présentation d’une ordonnance.

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''Que deviennent les déchets de soins autres que les aiguilles, tels que les

plastiques, les cotons, les pansements ?''

Bernard Baranowski, FNST-CGT

''DASTRI collecte 10 catégories de DASRI (les « coupants, piquants, tranchants »)

ainsi que les produits qu'ils contiennent. Pour les déchets mous comme les cotons et pansements, il

n'existe pas de filière et ils partent avec les ordures ménagères.''

Clément Izard, DASTRI''Les « coupants, piquants, tranchants »

constituent un risque pour les personnels de collecte, ce qui n'est pas

le cas des déchets mous.''Laurence Bouret, DASTRI

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ORT Midi-Pyrénées/Transports de déchets Toulouse-Blagnac, 19 juin 2014

Deux millions de boites à aiguillesexpédiéesAu 4 juin 2014, DASTRI comptait plus de 22.000commandes et 2 millions de boites à aiguillesexpédiées sur l'ensemble du territoire français, dont72 % à des pharmacies. En Midi-Pyrénées, le taux depharmacies ayant commandé au moins une fois estde 73 % (1.064 pharmacies).12.000 points de collecte, dont 11.000 pharmacies,sont répartis sur le territoire français, soit plus de99 % du territoire et de la population. Ces tauxvont au-delà du cahier des charges initial de DASTRIqui prévoyait un point de collecte tous les 15 km. EnMidi-Pyrénées, on compte 494 points de collecte,dont 328 pharmacies, 162 collectivités et 4 autresstructures, sans ''zone blanche''.Des opérateurs de collecte opèrent sur chacun dessecteurs nationaux (Nord et Ile-de-France, Est, Sud,Ouest et outre-mer). En Midi-Pyrénées, c'est un groupement composé de MIDI-COLL, VALORISet CDM qui a été retenu.De janvier à avril 2014, soit 4 mois, DASRI a collecté près de 92 tonnes de déchets, soit 24 % du gisement mensuel moyen (près de 6,5 tonnes en Midi-Pyrénées, soit 41 % du gisement moyen). Le cahier des charges prévoit qu'à l'issue de l'agrément la collecte soit de 60 % du gisement évalué à 360 tonnes de déchets (1.200 tonnes si on prend en compte les contenants).

La procédure de collecte des boites à aiguillesLa collecte s'appuie sur un réseau de contenants de pré-collecte(caisses carton ou fûts plastique de 50 litres) fabriqués sur plusieurs

sites français et livrésdirectement aux opérateurs decollecte. L’opérateur de collecte définitavec le site le calendrier de collecte (collectes trimestrielles au démarrage). Lors de chaque visite, l’opérateur de collecte :

• reprend le stock existant

• effectue la pesée à l’enlèvement (obligation réglementaire depuis mai 2014)

• dépose des contenants vides (caisses cartons et fûts plastique)

• fait signer les documents de suivi ou bordereau de suivi des déchets

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''Il existe encore des patients en auto-traitement non desservis par le réseau de collecte et dont les aiguilles finissent avec les ordures ménagères. Par ailleurs, des

professionnels de santé utilisent le réseau DASRI-PAT, ce qui désorganise le réseau et

son équilibre économique …''Lisa Attelan, présidente de MIDI-COLL,

présidente de la CNCDS 

''En Midi-Pyrénées, il reste 2 zones blanches. Le réseau de pharmacies pourra

être étendu. En ce qui concerne les professionnels de santé, DASTRI informe

et sensibilise les pharmaciens sur ce point et informe l'ARS lorsqu'un cas d'utilisation

de la filière par un professionnel est avéré.''

Clément Izard, DASTRI

''Les chauffeurs des camions ont-ils reçu une formation spécifique ?''

Bernard Baranowski, FNST-CGT

''Les transporteurs doivent remplir leurs obligations de formation de leurs

chauffeurs en matière de formation ADR, et DASTRI va intensifier sa

présence auprès des chauffeurs.''Clément Izard, DASTRI

''Le transport de déchets dangereux est un métier spécifique, qui impose des

formations spécifiques des personnels pour chacune des étapes : conduite, collecte et traitement des déchets, renseignement des bordereaux.''

Lisa Attelan, présidente de MIDI-COLL, présidente de la CNCDS

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DASRI et transport par la route : la réglementationLes DASRI des patients en auto-traitement sont considérés comme des déchets dangereux. Concernant ce type de déchets, la réglementation ADR2013 prévoit que :

• pas d’emballage des DASRI en commun avecautres marchandises

• exemption d’ADR pour des quantités limitées

• véhicules ou conteneurs couverts ou bâchés

• transport en vrac autorisé dans véhicules etconteneurs spécifiquement aménagés pour évitertout risques pour les humains, les animaux etl'environnement

• chargement à proximité de denrées alimentairesstrictement réglementé

Au titre de la réglementation TMD (transport dematières dangereuses – arrêté du 29 mai 2009), leproducteur (ou le professionnel de santé) peuttransporter ses DASRI sans être soumis à laréglementation TMD si les déchets sont d'un poids <15 kg.Quelle que soit la masse transportée, les DASRI doiventêtre transportés dans des compartiments solidaires des véhicules ou des caissons amovibles, strictement réservés aux DASRI et répondant à certains critères de conception et de fabrication.Il faut par ailleurs éviter tout contact entre les DASRI et le reste du chargement, nettoyer et désinfecter après chaque déchargement, maintenir les caissons immobiles et fermés pendant le transport avec un dispositif de fermeture. Le stationnement de plus de 2 heures doit être effectué dans un lieu fermé offrant toutes garanties de sécurité. Enfin, le conducteur d'un chargement de DASRI a l'interdiction de transporter des voyageurs.

L'obligation d'information faite à DASTRIDASTRI est tenu de fournir aux ministères de tutelle, à l'ADEME, aux entreprises adhérentes et aux différents points de collecte – collectivités notamment - un certain nombre d'informations sur son activité :

Réseau Nombre de points de collecte et d’enlèvement par origine (pharmacies, collectivités territoriales, bornes, ...)

Collecte et traitement

Quantités collectées par point de collecte et par départementQuantités mensuelles collectées en tonnes par point de collecteQuantités traitées par type de traitement et par lieu de traitement

Ressources de l'éco-organisme

Montant des cotisations et nombre d’adhérentsRépartitions recettes/dépensesMontant consacré à la R&D et étudesMontant consacré à la communication

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''La désinfection des véhicules de transport est-elle vérifiée ? Même

lorsque le transport est sous-traité à des sociétés en difficulté financière ?''

Alain Arquier, FNST-CGT

''Chaque véhicule dispose d'un carnet de désinfection qui doit être tenu à jour, et un conseiller à la sécurité assermenté vérifie toutes les procédures et tous les process. La société d'incinération Veolia

suit également un process désinfection.''

Lisa Attelan, présidente de MIDI-COLL, présidente de la CNCDS

''Le choix des opérateurs, dont DASTRI, a été fait avec soin et en tenant compte

de leurs capacités financières. Un contrat avec un opérateur a déjà été résilié après constat de défaillances.''

Laurence Bouret, DASTRI

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Un suivi mensuel des données terrain est assuré sur la base d'informations mises en ligne par les opérateurs de collecte : tableau de suivi des contenants et des points de collecte, bordereaux de suivi des déchets, factures, bons de livraison, tickets de pesée.Certaines données sont suivies au fil de l’eau (stock de contenants de collecte, réponses aux anomalies et réclamations), d'autres sont suiviesannuellement (état du réseau de points de collecte, bilancarbone).

Le bilan carbone de l'activité de DASTRIUn bilan des émissions de gaz à effet de serre (GES) estexigé annuellement par les autorités de tutelle deDASTRI conformément à son cahier des chargesd’agrément. Au quotidien, DASTRI optimise lesdifférents transports pour limiter les émissions autantque possible, notamment en matière de livraisons desconteneurs aux points de collecte.Le bilan carbone est établi sur la base d'informationsremontées par les opérateurs de collecte : quantité de déchets traités, parcours de transport des points de collecte aux points de traitement (consommation de gasoil, km parcourus, nombre de voyages pour DASTRI, poids moyen transporté par collecte, taux moyen de remplissage des véhicules de collecte, type de véhicule utilisé).

Les résultats 2013 (partiels) montrent que les intrants (fabrication des boîtes à aiguilles et des conteneurs) ont représenté 77 % des émissions carbone, le traitement des déchets 4 %.

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Contactswww.dastri.fr – [email protected] – 01 45 05 70 79Clément Izard, responsable secteur Sud : [email protected] Kudlikowski, responsable secteur Est : [email protected]

''Pour éviter des transports inutiles, pourquoi ne pas confier aux opérateurs la distribution des boîtes à aiguilles -et

pas seulement des conteneurs – aux points de collecte ? ''

Lisa Attelan, présidente de MIDI-COLL, présidente de la CNCDS

''Le réseau est encore jeune et pourra être amélioré.''

Laurence Bouret, DASTRI

''Un véhicule parcourt parfois plusieurs centaines de km pour collecter

seulement une boîte ou deux …''Lisa Attelan, présidente de MIDI-COLL

et présidente de la CNCDS 

''Chaque opérateur de collecte peut proposer à DASRI un calendrier de

collecte optimisé permettant de répondre à de telles situations.''

Nicolas Kudlikowski, DASTRI

''Quel type de véhicules utilisent les opérateurs de collecte, des VL <3,5 T ou

des poids lourds ?''Eugène Sacuto, DREAL Midi-Pyrénées

''Certains opérateurs ne travaillant que pour DASTRI emploient plutôt des VL. Ceux qui mutualisent les transports,

avec des hôpitaux par exemple, utilisent alors des PL.''

Clément Izard, DASTRI

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ORT Midi-Pyrénées/Transports de déchets Toulouse-Blagnac, 19 juin 2014

Les déchets au cœur des activités de la grande distribution

Jean Salvignol, directeur Transport Grand Ouest du groupe Carrefour, En une quinzaine d'années, le volume et le poids des emballages des produits alimentaires a considérablement augmenté : aujourd'hui, les clients de la grande distribution attendent du ''prêt à consommer'', avec des modes de conditionnement qui favorisent la production de déchets. Dans le secteur de la grande distribution, le groupe Carrefour se place comme leader en France et en Europe. Il compte 4.630 magasins, emploie 110.000 personnes (7e employeur privé au monde) et génère plus de 35 M€ HT de chiffre d'affaire.Le groupe Carrefour dispose de 68 entrepôts en France et assure 7.400 livraisons par jour pour transporter plus de 90.000 palettes. La ''supply chain'' du groupe représente plus de 6.000 personnes qui assurent l'approvisionnement magasins. Cette activité se situe dans un environnement marqué par 4 contraintes :

• de nouvelles attentes clients et de nouvelles habitudes de consommation qui favorisentl'emballage des produits (le ''prêt à consommer'')

• un contexte économique complexe, où alternent des périodes de micro-crise et des périodes de macro-crise

• une pression fiscale et des enjeux environnementaux croissants

• un besoin de simplification et de renforcement de la performanceRéfléchir à l'environnement est une démarche vertueuse pour un acteur de la grande distribution : produire en respectant l'environnement c'est aussi très souvent produire moins cher, produire mieux.Aujourd'hui, un magasin produit de nombreux types de déchets : cartons, plastiques, déchets alimentaires, métaux, bois, verre, DEEE, déchets dangereux, … A eux seuls, les hyper et supermarchés Carrefour produisent autant de déchets qu'une ville de 800.000 habitants.Dans ce domaine, Carrefour met en œuvre plusieurs types d'actions : prévention des déchets (:mise en place de cagettes plastiques réutilisables), dons aux associations pour éviter le

gaspillage, recyclage des cartons et des plastiques, valorisation organique (le tri des biodéchets est en place dans les hypermarchés, et dans de nombreux Carrefour Market).Le recyclage du carton et du plastique rapporte 14M€ de recette

pour les hypermarchés et 4M€ pour les supermarchés.Les magasins sont équipés de matériels de tri (bennes à cartons ou plastiques, presses à cartons, ''chariots casse'', …) et les personnels sont sensibilisé par des supports d'information.

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''Le tri : ça marche, ça rapporte et c'est bon pour

l'environnement !''

1 balle de carton recyclée = 6 arbres sauvés ou 5.800 boites

à œufs fabriquées

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Valorisation des déchets : l'exemple del'entrepôt Carrefour de Plaisance-du-TouchL'entrepôt Carrefour de Plaisance-du-Touch (Haute-Garonne) a mis en œuvre une démarche particulièrede valorisation des biodéchets.Les objectifs de la démarche :

• construire un projet commun et transversal entre le site de Toulouse et l’enseigne Carrefour Market

• optimiser le parcours de collecte des déchets : l’entrepôt LCM Plaisance-du-Touch (partie logistique de Carrefour) s’inscrit parfaitement dans le circuit de collecte Cler Verts déjà existant

• tester un nouveau mode de déconditionnement chez le prestataire pour en faire bénéficier les magasins si les résultats sont satisfaisants

• mettre à disposition le compost produit par les biodéchets de l’entrepôt auprès du personnel, des producteurs locaux de fruits et légumes et des agriculteurs pour épandage sur les champs)

Ce projet s'inscrit dans les pétales de la ''marguerite du développement durable'' :

On isole les dos d'étiquettes,sangles, …, et tout le reste part

en recyclage

Diminution des déchetsménagers et optimisation

kilométriqueDiminution du coût des DIB (déchets industriels banaux)

Mise à disposition de compostpour le personnel et les

fournisseurs locaux de fruitset légumes

Exonération de la TGAP (taxe générale sur les activités polluantes)

1 € de CA pour la société derecyclage = 1 kg de compost

pour LCM

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Biodéchet : résidu composé de matières organiques (végétales, animales, …) qui

peut être dégradé par les micro-organismes pour lesquels il représente une source

d'alimentation.

''L'expérience, ce n'est pas ce qu'on a vécu, c'est ce qu'on fait de ce qu'on a vécu.''

Jean Salvignol, groupe Carrefour

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Transport de marchandises et développement durableLes chiffres clés 2013 pour le groupe Carrefour : 184.000 tonnes de CO2 émises, 7,2 kg de CO2par palette et 125 g par colis (- 4 % par rapport à 2012, - 15 % pour les colis).En matière de transports de marchandises, le groupe Carrefour a développé une stratégie développement durable autour de 5 axes :

• développer le transport alternatif à la route

• favoriser des technologies de motorisation innovantes

• développer une logistique urbaine

• favoriser une flotte propre avec un objectif decharte CO2

• travailler avec un cercle de transporteursCarrefour

A partir des ports maritimes d'arrivée du Havre etde Fos-sur-Mer, 42 % des produits d'import sontacheminés vers les entrepôts par voiemultimodale, soit l'équivalent de plus de 4.700camions. Les marchandises sont ensuite livrées auxmagasins par fret ferroviaire (3.200 caisses mobileslivrées dans le Sud-Est) ou camions. Le recours à lavoie fluviale est envisagé à Bordeaux. En termes de motorisations, Carrefour testeactuellement de nouvelles technologies, dont unporteur 100 % électrique (le seul au monde), desvéhicules bioéthanol et biométhane et un véhicule à pile hydrogène.Dans ce domaine, les premières enquêtes montrent que :

• le gasoil reste le référent en termes de coût, mais son bilan en termes d'émission de CO2

et de GES reste insuffisant

• les véhicules électriques ont un impact CO2 etGES nul mais se révèlent inadaptés aux besoinsde la grande distribution et coûteux

• les véhicules électriques ont un impact CO2 etGES décevant mais se révèlent peu adaptés auxbesoins de la grande distribution etrelativement coûteux

Les tests réalisés montrent que les véhicules aubiométhane semblent les plus prometteurs car ilspermettent de transformer en énergie les déchets dumagasin tout en en réutilisant les camions delivraison : la ''boucle vertueuse''. La limite vient desvéhicules eux-mêmes, limités pour l'instant à 330 cvavec une autonomie de 350 km. Des progrès sur laqualité du gaz (liquéfaction) permettront dansl'avenir de dépasser ces limites.

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''Comment Carrefour travaille-t-il avec les transporteurs pour favoriser les évolutions

comme l'utilisation du biométhane ?''Bernard Tourde, ISTELI Toulouse

''Carrefour s'appuie sur le « cercle des transporteurs » avec lesquels il travaille

pour réaliser des tests de matériels et d'équipements. Le biométhane se révèle

moins cher et échappe pour l'instant à toute fiscalité, mais des évolutions réglementaires et fiscales sont attendues. La piste de la pile à hydrogène semble prometteuse mais va

nécessiter un temps de recherche – et donc d'investissement – de plusieurs années.''

Jean Salvignol, groupe Carrefour

''L'utilisation du biométhane est-elle soumise à autorisation ? Et pourquoi ne se

développe t-elle pas davantage ?''Lisa Attelan, présidente de MIDI-COLL,

présidente de la CNCDS

''Les maires peuvent faire appliquer une réglementation contraignante, en limitant

le tonnage des véhicules par exemple. Il faut poursuivre les efforts auprès des

collectivités pour faire connaître et développer ces nouvelles technologies. Le travail avec les transporteurs, notamment

au sein du «cercle des transporteurs », sera un levier d'action essentiel.''

Jean Salvignol, groupe Carrefour 

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Mais la première action à mener par leslogisticiens reste de réduire le nombre devéhicules sur la route. Dans ce domaine, Carrefourtravaille sur plusieurs axes avec un enjeud'économie de 35.600 camions et de 18millions de km :

• améliorer le taux de remplissage descamions (70 % aujourd'hui) pouréconomiser 25.000 camions et 12 millionsde km par an, notamment par l'utilisationde palettes aluminium (projet d'origine dugroupe Casino)

• développer le multimodal par un report surle fer (économie annuelle de 5.000 camionset 4,9 millions de km) et le fluvial(économie annuelle de 3.300 camions et900.000 km)

Tous les 2 ans, les ''Trophées de l'environnement''ouverts à tous les salariés du groupe viennentrécompenser les actions terrain les plusexemplaires.Agir pour l'environnement, c'est aussi agir pour l'économie. Et c'est aujourd'hui une préoccupation des distributeurs, même si certains freins technologiques et réglementaires demeurent.

Transport de déchets de déconstruction : comment favoriser le report modal de la route vers le fer ?

Gilles Bourgeois, responsable développement ECORAIL SolutionsLes filières déchets visent un enjeu environnemental. Or, paradoxalement elles empruntent aujourd'hui très peu les modes de transport alternatifs à la route : seules quelques expérimentations de transport par voie ferroviaire existent à ce jour, à Marseille, dans la valléede l'Oise et dans l'Ain notamment.

ECORAIL, acteur du fret ferroviaireECORAIL SA, filiale à 100% du pôle ferroviaire de SNCF GEODIS, est un commissionnaire de transports multi-produits dans le domaine du vrac de granulats, céréales, engrais, sucre et déchets. ECORAIL, qui compte 72 collaborateurs, transporte plus de 6 millions de tonnes par an (chiffres 2013), dont 750.000 par mode fluvial, en affrétant 4.500 trains et 1.600 péniches. Le chiffre d'affaires généré est de 85 M€.

Le transport ferroviaire de fret : l'alternative à la route Le transport ferroviaire de fret présente des atouts : capacité d'emportimportante, mode respectueux de l’environnement (8 fois moinsd'émission de CO2 que la route pour les wagons isolés et 13 fois moinspour les trains entiers), bonne fiabilité.

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''Le projet Caravelle tient-il compte des aspects environnementaux ?''

Bernard Baranowski, FNST-CGT

''Le projet Caravelle prévoit de faire livrer par un même entrepôt tous les formats de

magasins, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui : le magasin Carrefour de Labège est livré par Béziers en produits frais et par Bordeaux en produits secs alors qu'il existe 2 entrepôts en zone toulousaine. L'enjeu est d'économiser

30 % de km, et donc aussi 30 % d'émissions de CO

2 et GES.''

Jean Salvignol, groupe Carrefour''Les distributeurs attendent des constructeurs

et transporteurs qu'ils proposent des évolutions technologiques, même si celles-ci

se heurtent encore à la réglementation existante.''

Emmanuel Beaussart, SNCF-Geodis

1 train = 50 camions

Atout : capacité d'emport importante

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Mais il constitue un environnement pouvantparaître complexe : multiplicité des acteurs (RFF,SNCF, entreprises ferroviaires, collectivités,opérateurs ferroviaires de proximité,wagonniers, …) qui suppose de travailler avecdes ''assembleurs'' (facilitateurs).Le mode ferroviaire emploie des wagons detype courant :

• wagons de type trémie (capacité de 58 m3et 64 tonnes), adaptés au transport dedéchets inertes concassés

• wagons de type tombereau (capacité de71 m3 et 62 tonnes), adaptés aux déchetsinertes non concassés tels que terres,gravats, ferrailles, bois, …

Des matériels plus spécifiques peuvent aussiêtre mis en œuvre, comme le systèmemultiberces (système Ampliroll) avec deswagons porte-conteneurs plats et des bennesrail-route qui passent très facilement du camionau wagon (capacité 30 m3 et 14 tonnes), idéalpour le transport des déchets industriels banals,bois, amiantés.En fonction du produit transporté et de la solution exutoire, plusieurs systèmes peuvent être mis en œuvre :

Nature des déchets Exutoires potentiels Solution technique

Déchets inertes (béton, terre, gravats)

ISDI (classe 3)Carrières pour remblaiementPlateforme de stockage (pour commercialisation)

Wagons trémies ou wagons tombereaux

Déchets de boisFilière recyclage (valorisation énergétique, panneaux, …)ISDND (classe 2)

Wagons tombereaux ou bennes Ampliroll rail-route sur wagons multiberces

Déchets amiantés

Selon la nature du produit (caractère volatil)ISDND (classe 2)ISDD (classe 1) ou intertage (torche à plasma)

Bennes Ampliroll rail-route sur wagons multiberces

Déchets industriels banals ISDND (classe 2) Bennes Ampliroll rail-route sur wagons multiberces

FerraillesCentres de collecte ferraille Wagons tombereaux ferrailles

ou bennes Ampliroll rail-routesur wagons multiberces

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''Le fret ferroviaire n'a pas la même réactivité que le transport routier, notamment en matière de

réservation des sillons ferroviaires. Ce constat ne risque t-il pas de nuire au développement du fret

ferroviaire ?''Jean-François Brou, ORT Midi-Pyrénées

''Sur des flux réguliers et importants, il faut un an pour réserver des sillons, et ce délai reste le point

noir en matière de développement du fret ferroviaire, même si l'exemple du chantier à

Bordeaux montre qu'il est possible de mettre des solutions en place avec une certaine réactivité. Le

ferroviaire ne sera jamais la variable d'ajustement de la route, il doit rester réservé à

des projets industriels sur le long terme.''Gilles Bourgeois, ECORAIL

''Même si la logistique et la gestion ferroviaires ont considérablement évolué ces dernières

années, la nature même du transport ferroviaire le laissera inévitablement soumis à des

contraintes de temps que ne connait pas le transport routier.''

Emmanuel Beaussart, SNCF Géodis

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Certains pays européens (Suisse, Pays-Bas, Allemagne) ont mis en œuvre des solutions innovantes sur la base de camions spécifiques 5 essieux avec des porteurs 44 tonnes brutes, àbras articulé, qui chargent et déchargent des bennes rail-route de 30 m3 et 26 tonnes nettes qui peuvent être posées au sol. En France, la réglementation, qui limite les tonnages, ne permet pas encore d'utiliser ce type de techniques, qui se révèlent pourtant très pertinentes sur les très gros chantiers urbains.

Deux exemples d’utilisation du rail pour le transport de déchets du BTP depuis un centre-ville

• Le chantier du tramway de Tours, avec 5.000 tonnes de gravats à évacuerLa solution mise en œuvre a consisté à mettre en place 22 rames mixtes wagons trémie et wagons tombereaux en navette entre la carrière et le dépôt. Les trains circulent à charge dans les 2 sens, avec à l'aller 950 tonnes de produits de carrière et destombereaux vides, et au retour 450 tonnes de gravats et des trémiesvides. Les avantages de cette solution : peu de moyenssupplémentaires, une réactivité optimale et une mise en œuvrepossible sans délai, une optimisation du schéma existant (sillonsferroviaires existants), l'utilisation de wagons courants facilementdisponibles.

• Le chantier de déconstruction des ex-ateliers du matériel SNCF en gare de Bordeaux-Saint-Jean

L'objectif était là d'évacuer les 22.000 tonnes de déchets par mode ferroviaire pour éviter 2.500 trajets routiers en centre-ville. La solution mise en place a compris des moyens ferroviaires dédiés pendant toute la durée des évacuations :

• une locomotive et 2 agents de manœuvre

• l’achat et la gestion des sillons ferroviaires (sillons de ''dernière minute'')

• la fourniture de 12 wagons multiberces et de 34 conteneurs à bennes pour les transports des déchets amiantés, déchets industriels banaux (DIB) et bois vers des sites girondins, charentais ou landais (distance maximum : 100 km pour les déchets amiantés)

• la fourniture de 18 wagons à trémie pour les transports de déchets concassés

Quelles conditions pour favoriser le report modal vers le fer ?• Faire un choix politique : se donner du temps pour identifier des flux éligibles à un

report modal et concevoir un scénario viable techniquement et économiquement ; intégrer objectivement les coûts sociaux des diverses solutions dans le processus de décision ; avoir conscience de l’intérêt de certaines infrastructures ; proposer (imposer ?) une alternative ferroviaire dans les cahiers des charges des programmes

• Anticiper le besoin (compter 6 mois à un an pour chaque phase d'études, de procédures et d'aménagement), en impliquant des experts ferroviaires en amont dans la rédaction des cahiers des charges

• Privilégier la simplicité dans l'organisation (les schémas les plus simples sont les plus performants) : si possible une seule origine/destination par type de déchet ; éviterles investissements et utiliser du matériel déjà éprouvé ; optimiser des flux existants ; optimiser les sillons à l’aller comme au retour et profiter des capacités résiduelles

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Sillon ferroviaire : droit à circuler d’une origine vers

une destination à un horaire donné. Aucun train ne peut circuler

sans réservation préalable d’un sillon.

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existantes sur les parcours à vide ; à défaut, imaginer des flux chargé/chargé; réserver le fer pour les grosses masses (envois ''massifiables'')

Le cas échéant, des solutions de mise en œuvreà court terme sont possibles, sous réservetoutefois d’un contexte simple, d’un minimumd’anticipation (jusqu’à M-3), d’intégration dansdes schémas existants ou d’accès à des sillonsferroviaires ''de dernière minute'', dedisponibilité de moyens.

Un cas concret en Midi-Pyrénées : leprojet urbain Toulouse Euro Sud-Est(TESO)Le projet urbain Toulouse Euro Sud-Est prévoit laréhabilitation des quartiersMatabiau/Periole/Raynal, avec 300.000 m² àdéconstruire et à reconstruire sur 60 à 100 ha etd'énormes enjeux en matière de transport dematériaux et de déchets.Ce projet rencontre un contexte ferroviaire apriori favorable :

• des infrastructures ferroviaires au cœurdu futur chantier TESO

• des sites industriels embranchés(raccordés) proches de l’agglomérationtoulousaine

• un calendrier permettant d’intégrer unschéma de report modal

Ce projet pourra être l'opportunité d'un choix politique en faveur du report modal.

Le transport des déchets : un sujet majeur pour les logisticiens

Jean-François Brou, président de l'ORT Midi-PyrénéesLe transport des déchets est aujourd'hui un vrai sujet pour les acteurs de la ''supply chain''- ce qui n'aurait pas été le cas il y a 10 ans -, notamment grâce à l'action des organismes de formation, des logisticiens. Désormais, les entreprises de transport sont aussi en charge de la logistique des emballages pour certains de leurs clients. Par ailleurs, l'aspect environnementalet le respect de l'Homme sont désormais au cœur des préoccupations des professionnels. Dans ce domaine, le monde du transport et de la logistique est en pointe.

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''Le fonctionnement ferroviaire reste assez mystérieux, avec des voies à double sens ou non, des contraintes techniques qui peuvent dérouter les utilisateurs. Les acteurs du mode ferroviaire

auraient à gagner en transparence …''Bernard Tourde, Isteli Toulouse

''Un train qui va d'un point A à un point B peut, pour des raisons techniques, ne pas emprunter le

chemin le plus court, ce qui peut paraître étonnant pour les utilisateurs non spécialistes du ferroviaire. Mais la fiabilité des engagements des entreprises ferroviaires et des commissionnaires

reste l'essentiel, même si le client n'est pas informé des détails des chemins qu'emprunte sa

marchandise. Ceci étant, certaines matières – matières dangereuses notamment - sont

tracées.''Gilles Bourgeois, ECORAIL

''Les spécialistes tels que les commissionnaires sont là pour faciliter l'accès au ferroviaire. De son

côté, la SNCF œuvre à une plus grande transparence de ses pratiques, par exemple en

précisant le coût CO2 sur chaque facture de

transport.''Emmanuel Beaussart, SNCF Géodis

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ORT Midi-Pyrénées/Transports de déchets Toulouse-Blagnac, 19 juin 2014

Observatoire régional des transports de Midi-Pyrénées

Colloque ''Déchets et transports, ce qu'il faut savoir ...'' Toulouse-Blagnac, 19 juin 2014

Rédaction et mise en page : Valérie Médaille, rédactrice

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En savoir plus …

- ORT Midi-Pyrénées : http://www.ortmidipyrenees.com/- ORDIMIP : http://www.ordimip.com/- DASTRI : http://www.dastri.fr/- Groupe Carrefour : http://www.carrefour.com/- ECORAIL : http://www.ecorail.fr/