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MAGAZINE DE MSF CANADA Volume 14 Numéro 1 Hiver 2011 DEPECHES NIGERIA : Un état d’urgence constant : la santé menacée de toutes parts, p. 05 HAÏTI : Aider la population et gagner sa confiance, p. 08 | HAÏTI : Épidémie du choléra, p. 09 PAKISTAN : Assistance aux survivants des inondations, p. 10 | SOUDAN : Briser un tabou. Un message percutant, p. 11 DJIBOUTI : « Je ne me suis toujours pas habituée à voir mourir des enfants », p. 13 COMPTE RENDU DE LIVRE : Hope in Hell, p. 14 « Pas d’armes, pas de frais » AFGHANISTAN

Dépêches (Hiver 2011)

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Dépêches est le bulletin de Médecins Sans Frontières (MSF) Canada.

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Page 1: Dépêches (Hiver 2011)

MAGAZINE DE MSF CANADA Volume 14 Numéro 1 Hiver 2011

DEPECHES

NIGERIA : Un état d’urgence constant : la santé menacée de toutes parts, p. 05HAÏTI : Aider la population et gagner sa confiance, p. 08 | HAÏTI : Épidémie du choléra, p. 09

PAKISTAN : Assistance aux survivants des inondations, p. 10 | SOUDAN : Briser un tabou. Un message percutant, p. 11 DJIBOUTI : « Je ne me suis toujours pas habituée à voir mourir des enfants », p. 13

COMPTE RENDU DE LIVRE : Hope in Hell, p. 14

« Pas d’armes, pas de frais »

AFGHANISTAN

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Après cinq ans d’absence, Médecins Sans Frontières (MSF) a recommencé à tra-vailler en Afghanistan. L’organisation

avait quitté le pays suite à l’assassinat de cinq membres de son personnel dans la province de Badghis en juin 2004. Alors que le pays est encore une fois plongé dans la guerre, la dé-gradation des soins offerts aux Afghans a mo-tivé le retour de MSF. Depuis des années, les Afghans vivent dans la pauvreté et de manière générale, ils ont difficilement accès aux soins médicaux, notamment aux soins spécialisés.

« Les services essentiels risquent de se dégra-der davantage si le conflit se poursuit », déclare Michiel Hofman, le représentant de MSF en Afghanistan. « Pour sauver des vies, MSF a décidé de concentrer ses activités dans les régions les plus touchées par le conflit et d’offrir des soins spécialisés comme la chirur-gie et les soins de santé maternelle. »

Pour que le personnel de MSF puisse prodiguer des soins dans les hôpitaux en toute sécurité, il était crucial de parvenir à un accord avec toutes les parties impliquées, y compris l’armée et la police afghanes, les forces militaires internatio-nales et les nombreux groupes d’opposition.

« La principale conséquence de cet accord passé avec tous les belligérants est que les armes sont strictement interdites dans les hôpitaux », explique Michiel. « Le fait que des gens armés circulent à l’intérieur ou autour de l’hôpital en fait une cible. Ce principe est généralement bien compris dans les zones de conflits, mais l’Afghanistan était le pays où j’ai vu le plus de personnes armées dans les structures médicales. »

MSF n’accepte aucun financement de la part des gouvernements pour ses projets menés en Afghanistan. Ses activités sont financées exclu-sivement grâce à des dons privés.

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DES SOINS VITAUX

À LA MERCI

DES DONS Privés

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L’HÔPITAL DE DISTRICT D’AHMAD SHAH BABA À L’EST DE KABOUL

À l’est de Kaboul, entre 200 000 et 300 000 personnes habitent une agglomération tentaculaire dans le district d’Ahmad Shah Baba, anciennement appelée Arzan Qi-mat, « terre à bas prix » en langue dari. Ville d’un million d’habitants il y a 10 ans, Kaboul en compte entre trois et cinq millions aujourd’hui. Cette augmentation spectaculai-re s’explique par le fait que certains viennent y trouver refuge pour fuir l’insécurité ou pour des raisons économiques.

« Même si Kaboul est une ville relativement stable, nous avons établi que le district d’Ahmad Shah Baba représentait un groupe vulnérable souvent négligé par les bailleurs de fonds internationaux, lesquels suivent gé-néralement les pas des forces militaires de leur pays, c’est-à-dire en dehors de la capitale », explique Michiel.

Le personnel médical MSF ainsi que les mé-decins, sages-femmes et infirmières afghans travaillent en collaboration avec les employés médicaux de l’hôpital provincial d’Ahmad Shah Baba pour améliorer la qualité des soins. L’immeuble a été rénové et des améliorations ont été apportées au service de maternité, à la salle d’urgence, au laboratoire et au service de radiologie. Récemment, une salle d’opération et un petit service d’hospitalisation ont été mis sur pied. Des chirurgies simples mais es-sentielles, comme les césariennes, peuvent désormais être réalisées sur place au lieu d’être dirigées vers d’autres hôpitaux situés à plus d’une heure de route.

Lisbet Pettersen travaille comme infirmière pour MSF à Ahmad Shah Baba. Elle a entre autres formé plus de 50 nouvelles infirmières afghanes pour que l’hôpital puisse offrir plus de services. « Ici, ce qui compte vraiment, c’est de soigner les maux les plus communs comme les problèmes cutanés, les diarrhées

Le premier opéré

d’Ahmad Shah Baba

Il y a tout juste quelques mois, Mohammed Akram, un fermier de la province de Lagh-man, est venu rejoindre sa famille à Ahmad Shah Baba, une agglomération qui s’étend à l’est de Kaboul.

« Je dois maintenant m’occuper de mes trois fils et de ma femme malade », explique l’homme de 70 ans. « Moi-même, je ne me sentais pas très bien et j’avais très mal ici », dit-il en montrant son abdomen.

Mohammed s’est d’abord rendu aux ur-gences de l’hôpital d’Ahmad Shah Baba, près de chez lui. Mais comme la nouvelle salle d’opération n’était pas prête, le per-sonnel médical l’a dirigé vers un hôpital du centre de Kaboul. « Ils m’ont donné un médicament et m’ont fait passer une écho-graphie qui n’a rien détecté d’anormal. Ils m’ont dit de rentrer chez moi. »

À peine une semaine plus tard, peu avant le lever du jour, Mohammed a senti une dou-leur insoutenable dans le bas de son abdo-men. « Je crois que tout le monde dans le voisinage m’a entendu crier », confie-t-il. Son fils l’a conduit à nouveau à l’hôpital

d’Ahmad Shah Baba où la salle d’opération venait d’ouvrir le matin même, et le chirur-gien et l’anesthésiste étaient en poste. Là on a diagnostiqué une hernie étranglée : une complication grave où un organe quitte sa cavité naturelle par un orifice de la paroi abdominale et dont la compression bloque la circulation sanguine. Mohammed est en-voyé d’urgence en salle d’opération.

Deux jours après son opération, Mohammed est assis en tailleur dans sa chambre d’hôpital. Il pourra sortir le lendemain et est de bonne humeur. Il prévoit passer l’hiver avec sa famille à Kaboul, mais compte bien reprendre sa vie de fermier. « Ce n’est qu’après-coup que j’ai appris que j’étais la première personne opérée dans cet hôpital », dit-il. « Je suis heureux d’être en vie, et c’est une véritable victoire pour moi. »

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et les pneumonies », explique Lisbet. « Nousdevons également prendre en charge de nombreux accidentés de la route, des cas souvent sérieux. Et aussi beaucoup de grands brûlés. Le cas le plus grave dont j’ai été té-moin dernièrement était celui d’une jeune fille de 17 ans. Une casserole lui avait explosé au visage alors qu’elle cuisinait. Son visage, son cou et sa poitrine ont été complète-ment brûlés. On nous a aussi amené son bébé, mais elle ne pouvait pas l’allaiter. »En moyenne, 10 000 consultations et plus de 350 accouchements ont lieu chaque mois à l’hôpital d’Ahmad Shah Baba. On construit en ce moment un nouveau service de soins ambulatoires. Une fois la construction termi-née, l’espace restant permettra d’agrandir le service d’hospitalisation.

L’HÔPITAL DE BOOST À LASHKARGAH DANS LA PROVINCE DE HELMAND

Depuis novembre 2009, MSF soutient l’hôpital provincial de Boost à Lashkargah, capitale de la province de Helmand. Le million d’habitants que compte la région fait partie de la population la plus affectée par le conflit.

Comptant parmi les deux seuls hôpitaux de référence encore opérationnels dans le sud de l’Afghanistan, l’hôpital de Boost rece-vait auparavant entre 120 et 160 patients par mois. L’hôpital principal soigne mainte-nant en moyenne 1 200 patients par mois. Le soutien fourni par MSF à cet hôpital de 145 lits s’étend aux services de maternité, de pé-diatrie, de chirurgie et d’hospitalisation, aux soins intensifs, aux consultations internes et aux salles d’urgence. MSF collabore égale-ment à la réfection des principales installa-tions et aide à mettre en place des protocoles de stérilisation et d’hygiène.

Le service de maternité reçoit maintenant en moyenne 200 naissances chaque mois, en plus d’offrir des soins pré et postnataux et des services de planification familiale. Le service de maternité est également mieux préparé pour pratiquer des césariennes et faciliter les accouchements compliqués. Le nombre de chirurgies réalisées à l’hôpital, y compris les césariennes, a doublé depuis janvier 2010. En moyenne, 200 chirurgies et 20 césariennes sont pratiquées chaque mois.

De plus, alors que les enfants constituent entre 25 et 30 pour cent des patients que reçoit l’hôpital, depuis septembre 2010, les lits de l’aile de pédiatrie sont occupés à 150

pour cent. Par conséquent, des lits supplé-mentaires se retrouvent dans le couloir, et les patients ont peu d’intimité.

« Quand je suis arrivée, il y avait des patients dans les corridors, le pire endroit pour soignerdes enfants », se souvient Laura Mendicoa, pédiatre pour MSF, qui travaille en collabora-tion avec des infirmières et médecins afghans. « La plupart d’entre eux étaient dans un état extrêmement grave. À plusieurs reprises, nous avons dû réanimer des enfants entre la vie et la mort devant leur père, voire toute la famille, sans équipement adéquat ou avec presque rien. »

Au début du mois de septembre 2010, une annexe plus que nécessaire de 16 lits a été construite, portant le nombre total de lits dans le service de pédiatrie à 30.Le service est divisé en trois sections : une unité de soins intensifs de six lits, un cen-tre de nutrition thérapeutique de huit

lits et un centre de pédiatrie générale de 16 lits.

Du personnel médical travaille maintenant de façon permanente dans une salle d’urgence améliorée ouverte 24 heures sur 24 et qui ac-cueille un nombre croissant de patients souf-frant de traumatismes violents et de blessures de guerre. Une fois stabilisés, ces cas graves sont ensuite dirigés vers d’autres départe-ments pour recevoir des soins spécialisés. Depuis l’ouverture de la salle d’urgence en mai 2010, près de 20 000 patients ont reçu des soins et 10 pour cent d’entre eux était dans un état critique.

Vers la fin de 2010, MSF entend étendre son soutien aux hôpitaux et aux centres de santé ruraux d’autres provinces en Afghanistan.

Kate RibetAgente des communications

Selema a 11 ans et a été malade pendant la majeure partie de sa vie. Sa famille vivait à Naw Zad jusqu’à ce que leur maison soit détruite pendant la guerre il y a cinq ans. « Tout est en ruine », déplore Aysah, la mère de l’enfant. « Nous avons déménagé à Lash-kargah où nous vivons avec mon fils. Nous sommes bloqués ici car nous n’avons pas d’argent pour repartir. »

Atteinte d’une pneumonie et présentant des symptômes de méningite, Selema a été prise en charge à l’hôpital de Boost. Son état de santé général était désastreux : elle souf-frait d’une hyperthyroïdie, de cécité, d’un gonflement abdominal, de malformations de la colonne vertébrale et des articulations,

et de malnutrition. De plus, le personnel médical a constaté que les premiers antibio-tiques qu’il lui avait prescrits provoquaient un gonflement important de ses yeux et qu’elle y était allergique.

La pédiatre Laura Mendicoa croit que Selema souffre d’un problème neurologique et de tuberculose. Elle a longuement discuté de ce diagnostic avec le personnel médical afghan lors de leur ronde matinale. « Nous allons lui prescrire un traitement contre la tuberculose. Bien que nous ne puissions guérir le pro-blème neurologique, Selema sera plus ré-sistante aux infections. Elle pourra peut-être même marcher et manger normalement.

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Après avoir répondu à une urgence puis à une autre pendant ses plus de 14 mois en tant que chef de mission pour MSF dans le nord du Nigeria, Gautam Chatterjee n’a aucun doute sur l’utilité de l’aide médicale et humanitaire de MSF.

Je crois que dans des endroits comme le nord du Nigeria, les pauvres sont relative-ment impuissants et ne peuvent se faire

entendre de l’État pour demander soutien et intervention en cas de crise. Alors que d’autres agences bilatérales et organismes des Nations Unies engagent des pourparlers avec le gou-vernement pour le convaincre d’agir rapide-ment, des organisations comme MédecinsSans Frontières (MSF) prennent immédia-tement des mesures d’urgence pour sauver des vies et réduire les souffrances inutiles.

Au Nigeria, plus de 70 pour cent de la popula-tion vit sous le seuil de pauvreté. Les systèmes de santé et de services sociaux de l’État sont

largement sous-financés et mal administrés, et les Nigériens y ont difficilement accès. 13 femmes sur 1 000 meurent en couche, et 94 nouveaux-nés sur 1 000 ne survivent pas. Les services de santé de l’État facturent les soins et les médicaments. Par ailleurs, les fournis-seurs de soins de santé locaux n’informent pas les populations que certains groupes dé-mographiques bénéficient d’exemptions et que certaines maladies peuvent être soignées gratuitement. Ainsi, les systèmes d’adaptation de ces populations démunies relativement fragiles en temps normal ne suffisent pas à faire face à des crises de plus grande ampleur comme les éclosions de maladie, les épidé-mies et les catastrophes naturelles.

MSF travaille au Nigeria depuis 1996 en com-battant notamment les éclosions de maladies qui se déclenchent généralement dans le nord du pays. Depuis 2009, MSF a su répon-dre rapidement aux menaces posées par la méningite, la rougeole et le choléra dans 18

des 36 États du pays. De plus, MSF fournit des soins de santé maternelle et infantile gratuits dans certains États du nord et du sud.

J’étais basé dans l’État de Sokoto dans le nord-ouest du pays où MSF collabore avec le ministère de la Santé pour offrir des soins de santé maternelle et infantile dans la ville de Goronyo. MSF suit de près les éclosions de maladie et les épidémies dans les États de Sokoto, Kebbi, Niger et Zam-fara. MSF est ainsi en mesure de répon-dre rapidement aux urgences médicales lorsqu’elles surviennent.

ÉPIDÉMIES SIMULTANÉES DE ROUGEOLE ET DE MÉNINGITE

Nous avons été très occupés en 2010 avec de nombreuses interventions d’urgence con-comitantes dans ces quatre États. Une éclo-sion de rougeole s’est déclarée dans l’état

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de Kebbi en janvier 2010 et s’est rapidement propagée aux autres États. MSF a dû intensi-fier rapidement ses activités. Elle a en effet mis sur pied des centres de traitement dans des structures médicales locales afin d’offrir des soins 24 heures sur 24 et sept jours sur sept dans les villages. L’organisation a fourni des médicaments et versé des indemnités au per-sonnel local de manière à assurer des quarts de travail. À la fin de la phase d’urgence, lorsque MSF a passé le relais au ministère de la Santé, elle avait soigné plus de 42 000 patients atteints de la rougeole et vacciné 128 000 enfants de moins de cinq ans.

L’éclosion de méningite est survenue vers le mois de février alors que nous intensifiions notre intervention de lutte contre la rougeole. Cette souche de méningite était différente de celle observée en 2009. Pour compliquer les choses, la maladie ne s’est pas abattue sur une région en particulier, mais a sévi de manière sporadique et agressive. Comme la vaccina-tion de masse ne constituait pas la solution adéquate, nous avons dû diversifier notre ap-proche. Nous avons opté pour la vaccination dans les régions affectées les plus peuplées et offert des traitements dans les centres de santé locaux comme nous l’avions fait pour l’épidémie de rougeole.

En dépit d’une préparation minutieuse en faisant appel aux chefs traditionnels pour in-former la population ciblée, les résultats des campagnes de vaccination ont été mitigés. Comparativement, le bilan de la campagne de vaccination contre la rougeole (pour les enfants de moins de cinq ans) avaient dépassé nos attentes avec 90 pour cent de la popula-tion cible vaccinée. Cependant, nous ne som-mes parvenus à atteindre un taux de vaccina-tion contre la méningite que de 50 pour cent au sein de la population visée. Les adolescents et les jeunes adultes ont refusé de se faire

vacciner, mais ont amené les enfants de moins de cinq ans. Dans l’État de Zamfara, j’ai de-mandé aux jeunes hommes qui se trouvaient près des centres de vaccination pourquoi ils refusaient le vaccin. Ils m’ont répondu qu’ils étaient forts et en bonne santé, et que seuls les enfants avaient besoin d’un vaccin. Nous leur avons expliqué que vacciner tous les groupes d’âge contribuait au bien et à la santé de tous.

À la fin de la campagne contre la méningite en juillet 2010, MSF avait soigné 2 300 patients et vacciné plus de 80 200 Nigériens âgés entre deux et 30 ans.

LES SPÉCIALISTES MSF DÉCOUVRENT LA CAUSE D’UNE MALADIE INHABITUELLE

Avec le printemps s’est présentée une situa-tion qu’il aurait été à peu près impossible de prévoir. En avril, nous avons enquêté sur des rapports indiquant un nombre de décès anormal chez des enfants de moins de trois ans dans deux districts de l’État de Zamfara. Les premières recherches ne permettant pas de déterminer la cause de ce mal, nous avons donc eu recours à des spécialistes d’un des groupes d’intervention d’urgence de MSF.

Une équipe expérimentée constituée d’épi-démiologistes, de médecins, d’ingénieurs en eau et assainissement et d’infirmières de la san-té publique ont rapidement analysé la situa-tion. Des échantillons de sang prélevés chez les enfants malades ont été envoyés pour être analysés dans un laboratoire spécialisé en Al-lemagne. Les résultats ont montré que les en-fants avaient un taux inhabituellement élevé de plomb dans le sang et qu’ils étaient atteints de saturnisme. Cette intoxication s’explique par l’extraction d’or à petite échelle que pratiquent les villageois à partir d’un minerai qui con-tient du plomb. Le processus qui comprend le

Au Nigeria, bon nombre de femmes souffrent de la crise sanitaire aigüe et permanente. Selon les estimations de l’ONU, près de 59 000 d’entre elles meurent chaque année de complications pendant l’accouchement.

La cause de ce nombre élevé est que les soins prénataux pour les femmes enceintes et postnataux pour les mères ne sont pas facilement accessibles ou efficaces dans les centres de santé de l’État. Le manque de moyens de transport à partir des villages jusqu’aux hôpitaux limite également l’accès aux soins obstétricaux d’urgence pour de nombreuses femmes.

Les équipes médicales MSF ont tenté de re-médier à la situation en offrant des exam-ens prénataux et postnataux dans certains villages grâce à des cliniques mobiles et en dirigeant les cas compliqués vers les centres de soins primaires ou les hôpitaux pour un suivi. La population a accepté son soutien et, en un an, le nombre de femmes qui ont ac-couché dans le centre de soins primaires MSF à Goroyo est passé de six à 70 par mois.

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broyage et le séchage du minerai, souvent dans la maison des villageois, a contaminé le sol.

Avec le soutien des autorités locales, MSF a fourni aux personnes les plus vul-nérables au saturnisme, soit les jeunes enfants et les mères qui allaitent, des traite-ments vitaux, appelés chélation. Entre juin et novembre, plus de 450 enfants de moins de cinq ans et plus de 100 mères en période d’allaitement ont bénéficié de ce traitement.

40 000 PERSONNES DÉPLACÉES PAR LES INONDATIONS

En septembre, après une saison des pluies record, le barrage de Goronyo sur la rivière Rima a cédé. Une grande région au nord de l’État de Sokoto a alors été inondée, rava-geant des maisons, des récoltes, du bétail et

des routes. Plus de 40 000 personnes ont dû être déplacées après que leur maison ait été détruite. MSF est intervenue immédiatement dans les camps improvisés pour fournir aux personnes déplacées des articles de première nécessité comme des couvertures, du savon et de l’eau potable. J’ai moi-même fait par-tie d’une équipe qui distribuait ces articles dans un camp où vivaient 9 000 personnes déplacées. Nous avons rencontré beaucoup de personnes qui souhaitaient nous aider à leur tour, ce qui était incroyable dans de pareilles circonstances. Alors que les équi-pes comme la mienne ont distribué des ar-ticles de survie essentiels, le personnel MSF a informé les gens sur les risques du palu-disme et leur a expliqué comment utiliser les moustiquaires imprégnées d’insecticide qu’il leur fournissait.

Nous leur avons également enseigné les mesures d’hygiène primordiales pour préve-nir les maladies hydriques comme le choléra.

MSF a mis en place des cliniques de méde-cine préventive et a fait pression sur les autres intervenants pour qu’ils intensifient leurs ac-tivités de manière à réduire la propagation du choléra. Malheureusement, une épidémie de choléra s’est déclarée dans le nord de l’État de Sokoto et, au moment de mettre Dépêches sous presse, MSF menait des interventions d’urgence pour fournir des soins et essayer de limiter le plus possible les décès. À la fin novembre, nous avions traité 19 000 patients et 542 personnes sont décédées. Alors qu’il arrive à MSF de prendre la parole en encoura-geant notamment les gouvernements et les autres organisations à agir lorsque le besoin se fait grandement sentir, comme au Nigeriaou ailleurs, sa priorité demeure toutefois de fournir des soins urgents dans l’espoir de sauver des vies et d’alléger les souffrances.

Gautam ChatterjeeChef de mission

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Je suis arrivé en Haïti sept mois après le séisme. L’ampleur des dégâts est encore énorme aujourd’hui : des rues pleines de

décombres et de structures métalliques tor-dues, des bâtiments sur le point de s’effondrer et des ordures partout. Des parcelles de terre dénudées qui attestent que tout ce qui s’y trouvait auparavant a tout simplement glissé en contrebas.

Les habitants de la capitale sont entassés les uns sur les autres dans le moindre espace disponible. Avant même le séisme, Port-au-Prince se distinguait tristement com-me étant l’une des plus pauvres parmi les grandes villes de l’hémisphère occidental et la seule sans système d’égout. Depuis le tremblement de terre, plus d’un million de personnes vivent aujourd’hui sous des bâches en plastique en décomposition, et ce, malgré les mois d’efforts déployés par les organismes

internationaux d’aide et les milliards de dol-lars promis.

La présence de Médecins Sans Frontières (MSF) est très importante ici. L’aide qu’elle a apportée en Haïti suite au séisme constitue la plus grande intervention de son histoire après une catastrophe naturelle. Nous avons prati-qué des chirurgies traumatologiques, d’abord dans une rue sous des bâches et au milieu des décombres, éclairés par les phares d’un ca-mion en marche. Par la suite, nous avons fait le nécessaire pour remplacer nos hôpitaux détruits, que ce soit par des structures gon-flables ou des dispensaires dans des écoles, des églises ou des conteneurs d’expédition.

Dans des conditions terriblement insalubres et déplorables, MSF fournit des soins maternels, pédiatriques et nutritionnels d’urgence, ainsi que des services de consultations externes

pour les blessés, les malades et les personnes déplacées. Les équipes fournissent également de l’eau potable, des latrines convenables et des tentes, ainsi que des kits de base compre-nant des articles essentiels, comme des cas-seroles, des ustensiles de cuisine et des réci-pients pour l’eau. Le personnel organise des consultations pour les personnes souffrant de traumatismes liés à la catastrophe et aux con-ditions de vie. Globalement, nous espérons témoigner notre solidarité au peuple de cette nation insulaire meurtrie.

Les défis sont nombreux, mais deux se déga-gent en particulier : la tension ancrée dans l’histoire entre le peuple haïtien et les étran-gers, et l’ampleur de la catastrophe.

La vie haïtienne a été influencée par les étran-gers cinq siècles durant. Seule nation dans l’histoire où les esclaves se sont battus et ont

MSF continue de mener ses opérations médi-cales courantes en Haïti, y compris des soins postopératoires, maternels et secondaires, des interventions chirurgicales et des programmes de santé mentale.

Plus de 3 000 employés MSF haïtiens et in-ternationaux, médicaux et non médicaux, fournissent une assistance à la population du pays. Les équipes gèrent sept hôpitaux de soins de santé secondaires, privés et gratuits et soutiennent deux structures du ministère de la Santé à Port-au-Prince, pour un total de près de

1 000 lits dans la capitale. Ces établissements offrent des services d’urgence, de traumatolo-gie, d’obstétrique, de pédiatrie, de maternité et d’orthopédie. MSF fournit aussi des soins de santé mentale ainsi qu’un traitement et des consultations psychologiques aux victimes de violences sexuelles.

En dehors de la capitale, MSF vient en aide aux hôpitaux du ministère de la Santé dans les villes de Léogâne et de Jacmel avec une capacité de près de 200 lits. À Léogâne, MSF a ouvert en octobre un hôpital-conteneur privé de 120 lits.

Du 12 janvier au 30 septembre 2010, MSF a traité plus de 339 000 personnes, effectué plus de 15 700 interventions chirurgicales et a mis au monde plus de 9 900 bébés. MSF fournit également des soins médicaux primaires et des biens de première nécessité aux personnes dé-placées par le séisme vivant dans les camps de Port-au-Prince par le biais de cliniques mobiles et fixes. L’organisation réalise aussi des activi-tés d’assainissement et d’approvisionnement de l’eau pour les personnes déplacées dans le bidonville de Cité Soleil.

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réussi victorieusement à acquérir leur liberté, Haïti a été occupé à différentes périodes par l’Espagne, la France et les États-Unis. Après des siècles de mauvais traitements, les Haïtiensse méfient des intentions de ceux qui vien-nent leur promettre de l’aide. La présence de milliers d’organisations humanitaires et d’agences des Nations Unies, dont le person-nel expatrié vit dans le luxe, au beau milieu de l’extrême pauvreté des Haïtiens, et dont l’impact n’est pas toujours évident, n’a pas contribué à gagner leur confiance. De nom-breux Haïtiens éprouvent un profond ressenti-ment envers les étrangers, y compris envers les organisations non gouvernementales.

Pour fournir une assistance en Haïti, MSF fait tout son possible pour reconnaître et respecter ce sentiment, et tente de gagner la confiance du peuple haïtien. L’organisation s’efforce de maintenir une totale indépendance, des programmes de haute qualité, une éthique irréprochable et une stratégie de communica-tion proactive pour établir le dialogue avec la population, le personnel haïtien, le gouverne-ment et les autres. Ce n’est pas chose facile, car la méfiance et l’insécurité engendrent sou-vent de sérieuses conséquences sur la capacité de notre personnel à faire son travail.

Qui plus est, les besoins sont immenses. Si un pays riche et développé avait connu un tel niveau de destruction, il aurait déjà eu beau-coup de mal à se relever. Dans un pays déjà fragilisé, la situation a été si catastrophique qu’il faut le voir pour le croire.

Le séisme du 12 janvier 2010, d’une magnitudede 7,0 sur l’échelle de Richter, a frappé à proximité de Port-au-Prince, où, sur neuf mil-lions d’Haïtiens au total, près de 3,5 millions d’habitants y ont élu domicile. Dans ce centre

urbain densément peuplé, plus de 250 000 personnes ont été tuées par le séisme qui n’aura duré que 35 secondes, mais dont les conséquences se sont fait promptement sentir. Ce désastre, d’une intensité ahuris-sante, aura été concentré sur un petit espace en un court laps de temps.

Pour mettre ces chiffres en perspective, cela représente plus que le nombre estimé de décès enregistrés lors des bombardements nuclé-aires d’Hiroshima et de Nagasaki, et près d’une centaine de fois le nombre de personnes tuées dans les attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis. Malgré l’aide massive, les besoins en Haïti étaient et restent encore écrasants.

MSF et les autres organisations humanitaires internationales qui tentent d’apporter un peu de dignité et d’assistance au peuple haïtien ont connu beaucoup de difficultés devant ces défis. Les Haïtiens, sans oublier les médias in-ternationaux, exigent de savoir pourquoi les sinistrés vivent encore dans des conditions précaires. Nous avons sauvé des milliers de vies, mais la population continue à vivre au jour le jour, vulnérable à la maladie, à la vio-lence, et exposée aux éléments. La lutte est loin d’être terminée pour les Haïtiens, et MSF con-tinuera à offrir des soins médicaux essentielset de l’aide à ceux qui en ont le plus besoin.

Ivan GaytonChef de mission adjoint

Depuis la rédaction de cet article, Ivan Gayton est retourné en Haïti pour participer à l’intervention d’urgence de MSF pour combattre l’épidémie de choléra.

Depuis la fin du mois de novembre 2010, MSF a monté plus de 20 centres de traite-ment du choléra à Port-au-Prince, dans la ré-gion de l’Artibonite et dans le nord du pays. Les équipes MSF ont traité sans interruption plus de 16 500 malades rien qu’entre le 22 octobre et le 14 novembre. Les équipes MSF dédiées au traitement du choléra totalisent déjà plus de 1 000 Haïtiens et 150 expatriés. Plus de 240 tonnes de matériel médical et logistique ont été acheminées dans le pays depuis le début de l’épidémie.

De sérieux manques dans le déploiement de mesures adaptées ont sapé les efforts pour endiguer l’épidémie de choléra en Haïti dans les deux premiers mois, et ce, malgré la présence massive d’organisations interna-tionales sur le terrain. Le 19 novembre, MSF a appelé tous les groupes et toutes les agences compétentes travaillant en Haïti à intensifier leurs efforts et à dépêcher des équipes plus rapidement pour faire face à cette épidémie mortelle.

« Le choléra est une maladie facile à préve-nir », déclare Caroline Seguin, coordon-natrice médicale d’urgence pour MSF. « Elle n’apparaît peut-être qu’aujourd’hui en Haïti, mais les moyens de la prévenir et de la traiter sont connus. Sans un renforcement immédiat des mesures nécessaires par les acteurs internationaux et le gouvernement haïtien, nous ne pourrons contenir seuls cette épidémie. »

À Port-au-Prince, le nombre de personnes se présentant dans les structures gérées ou soutenues par MSF est passé de 350 la se-maine du 7 novembre à 2 250 la semaine suivante. Dans le nord du pays, les struc-tures médicales de MSF ont enregistré 280 cas la première semaine de novembre, mais ce nombre est rapidement passé à 1 200 cas la semaine d’après.

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Les inondations qui ont fait rage au Pakistan de juillet à septembre 2010 ont affecté directement des millions

de personnes, causé la destruction massive d’habitations et d’infrastructures et la mort de plus de 1 500 personnes. Les équipes de Médecins Sans Frontières (MSF), composées de médecins, infirmiers, logisticiens et experts en eau et assainissement, sont intervenues en offrant une assistance d’urgence, notamment en fournissant de l’eau potable, des abris, de la nourriture pour les enfants malnutris et des soins de santé primaires à des dizaines de milliers de personnes déplacées et rendues vulnérables par cette catastrophe.

Durant cette intervention au Pakistan, les équipes MSF ont :• mené 80 150 consultations dans 5 hôpitaux, 7 cliniques mobiles et 6 centres de traitement de la diarrhée;• dépisté plus de 29 000 enfants et femmes enceintes ou en période

d’allaitement, et ont traité plus de 4 500 enfants malnutris;• fourni 1 825 000 litres d’eau potable par jour et construit 843 latrines, 280 douches et 130 points d’eau pour se laver les mains;• fait don de 64 836 kits de secours et 16 300 tentes au total;• distribué 122 abris transitoires.

Trois mois après les inondations qui ont submergé le pays, MSF a mis fin à ses activités de secours dans certaines régions du pays où les gens ont commencé à retourner chez eux, notamment dans les provinces du Khyber Pakhtunkhwa et du Sindh du nord. Toutefois, au sud du Sindh et à l’est du Balouchistan, les équipes MSF continuent de fournir aux populations affectées des soins de santé, des programmes de nutrition, de l’eau potable et des abris transitoires. De plus, MSF a ouvert un nouveau site à Gulshan-e-Iqbal et à Gadap, dans la ville de Karachi (au sud du Sindh), pour venir en aide à

30 000 personnes affectées par les inondations qui n’ont reçu aucune forme d’assistance. Les activités comprennent la mise sur pied de cliniques mobiles, le dépistage des cas de malnutrition, la promotion de la santé, l’approvisionnement en eau potable et la distribution de kits de secours et de tentes.

Le personnel MSF repose sur 125 employés internationaux qui collaborent avec près de 1 200 travailleurs pakistanais pour mener des programmes existants et des programmes d’intervention en réponse aux inondations. Depuis 1988, MSF fournit une assistance médicale aux Pakistanais et aux réfugiés afghans souffrant des conséquences des conflits armés, du manque d’accès aux soins de santé et des catastrophes naturelles. MSF n’accepte aucun financement public ou gouvernemental et choisit volontairement de reposer exclusivement sur des fonds privés.

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Briser un tabouUn message PERCUTANT

Pour les habitants des communautés avoisinant la ville de Port-Soudan, par-ler de la santé génésique des femmes était souvent tabou. Depuis trois ans, cependant, des membres de ces com-munautés ont commencé à se tailler un rôle de premier plan dans la promo-tion de la santé et à en parler plus ou-vertement. Les équipes médicales MSF sont confiantes que le travail qu’elles ont amorcé à l’hôpital de Tagadom en 2005, en offrant gratuitement des soins de santé en matière de reproduc-tion, se poursuivra en 2011, année où le ministère de la Santé prendra la relève de l’exécution du programme médical.

Sous un ciel bleu qui se perd dans les vagues azur de la mer Rouge, A’m (oncle) Tita, grand-père, promoteur de

la santé et l’une des figures de proue de la

communauté Béja de Port-Soudan, se sou-vient de l’époque où on se moquait de lui et où on ne l’écoutait pas. « On me disait de res-pecter mes cheveux gris parce que je parlais franchement des effets médicaux de la mutila-tion génitale des femmes. »

A’m Tita fait partie d’une équipe de 10 promo-teurs de la santé – huit femmes et deux hom-mes – qui travaille dans une unité de santé gé-nésique appuyée par Médecins Sans Frontières (MSF) dans la ville soudanaise de Port-Soudan située dans l’État de la Mer Rouge. MSF fournit gratuitement des soins de santé aux habitants de Tagadom et des autres communautés avoi-sinantes qui, pour la plupart, n’ont pas accès à des soins de santé génésique.

Depuis trois ans, les promoteurs de la santé MSF frappent inlassablement aux portes cinq jours par semaine pour discuter avec les gens

en béja et en arabe de questions liées à la reproduction et la santé en général. Ils leur parlent des avantages de donner naissance à l’hôpital, de la planification familiale, de l’allaitement, des infections transmises sexuel-lement et des vaccins, en plus d’aborder la question délicate de la mutilation génitale des femmes.

En 2006, environ 69 pour cent des Souda-naises et 80 pour cent des femmes de l’État de la Mer Rouge avaient subi une forme ou une autre de mutilation génitale. À Tagadom et dans la région avoisinante, les chiffres sont encore plus impressionnants, passant à 98 pour cent des femmes.

Les femmes de Tagadom et des environs subissent la pire forme de mutilation géni-tale, le type 3, dit circoncision pharaonique. Il s’agit de l’excision doublée de l’ablation

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des grandes lèvres, suivie de la suture bord à bord des deux moignons. Ne subsiste qu’une petite ouverture permettant le passage des urines et du flux menstruel. La procédure douloureuse de l’excision et de l’infibulation est souvent pratiquée chez des bébés aussi jeunes que sept jours et a des répercussions pendant la puberté et à l’âge adulte, et a de graves conséquences pendant la maternité.

Les promoteurs de la santé MSF expliquent que les jeunes filles et les femmes ayant subi cette procédure risquent de mourir d’une hémorragie et d’une infection comme le téta-nos. Il est probable qu’elles développent des kystes, une infection récurrente des voies uri-naires et que leurs menstruations soient dou-loureuses. Bien des femmes éprouveront une douleur aiguë pendant les relations sexuelles. Pendant l’accouchement, le travail risque d’être plus long, ce qui augmente les risques pour la santé du nouveau-né.

« Nous découvrons des abcès et des kystes même chez les jeunes filles. Avant la naissance d’une fille, nous expliquons aux mères toutes les complications possibles liées à la mutila-tion génitale », explique la gynécologue MSF, Medilyn Guevarra.

Lorsqu’on prépare une femme enceinte à ac-coucher, on retire la fibule et on découd les grandes lèvres. La gynécologue ne procède pas à une réinfibulation ni ne recoud les lèvres après l’accouchement de la mère en raison des graves conséquences médicales.

Les femmes victimes de la mutilation génitale sont grandement traumatisées. « Mon organe reproducteur est incomplet car ma famille m’a excisée, mais aujourd’hui, je me sens mieux parce qu’on ne m’a pas refermée [réin-fibulée] », dit Muzna, une des milliers de

femmes ayant choisi d’accoucher dans une unité de santé génésique de MSF.

Étant donné que la mutilation génitale fémi-nine est une pratique culturelle solidement ancrée, les promoteurs de la santé MSF qui proviennent des communautés auxquelles ils s’adressent jouent un rôle sans pareil dans la transmission des messages médicaux à ce su-jet. Au départ, la population associait les agen-tes de promotion de la santé à des mendiantes et jugeait indécent de parler ouvertement de questions en rapport avec la santé génésique. Malgré les vives critiques auxquelles ils étaient confrontés, les membres de l’équipe ont per-sévéré et continué de transmettre leur impor-tant message. Avec le temps, les promoteurs sont parvenus à susciter l’intérêt de quelques personnes qui ont commencé à former des groupes de discussion pour aborder diverses questions de santé.

« Quand une femme se présente à nous et nous accorde sa confiance, nous nous assu-rons de lui donner toute l’information dont elle a besoin pour choisir ce qu’il y a de mieux pour sa santé », indique Awadia Siddig, con-seillère pour MSF. La population discute maintenant des avan-tages d’accoucher à l’hôpital, des con-séquences médicales de la mutilation génitale et des infections transmises sexuellement. La question de la planification familiale est abor-dée avec les promoteurs de la santé et l’équipe de conseillers. Il y a trois ans, c’était totale-ment impensable.

L’équipe responsable de la promotion de la santé collabore également avec des membres de la communauté, dont des imams locaux, des dirigeants communautaires et des chan-teurs, pour faire passer des messages sur la

santé et sensibiliser davantage sur les infec-tions transmises sexuellement et les effets médicaux dévastateurs de la mutilation géni-tale féminine.

La plupart des résidents de Tagadom et des alentours proviennent de la communauté Béja. Avant que MSF n’ouvre son unité de santé génésique – la seule dans la région – la plupart des femmes donnaient naissance à la maison avec l’aide d’une accoucheuse tradi-tionnelle. Aujourd’hui, elles sont de plus en plus nombreuses à se présenter à l’hôpital pour accoucher.

En collaboration avec le ministère de la Santé, MSF offre toute une gamme de services gra-tuits dans l’unité de santé génésique, comme des soins pré- et postnataux, des services de maternité, la planification familiale ainsi que des traitements et des consultations liées aux infections sexuellement transmissibles. Au cours de l’année, MSF a bâti et amé-nagé une salle d’opération pour venir en aide aux femmes ayant des complications à l’accouchement. En 2010, les équipes médi-cales de l’hôpital de Tagadom ont réalisé 54 césariennes et près de 1 500 accouchements.

En septembre 2010, le comité soudanais sur les pratiques traditionnelles a organisé des séances de formation visant à accroître les compétences des agents de promotion de la santé. Le personnel du ministère de la Santé continue d’aider les femmes de Tagadom et des environs depuis que MSF lui a remis la res-ponsabilité de l’unité de santé génésique à la fin de 2010.

Asia KambalAgente des communications

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« Une unité de soins intensifs pour en-fants, ça ne vous dérange pas? Dans un bidonville? », m’a demandé le recruteur MSF. En tant qu’urgentiste à l’hôpital Eastern Ontario et après avoir passé du temps dans l’Arctique, j’ai travaillé avec des enfants malades et j’ai travaillé dans des endroits éloignés. Cependant, l’idée d’une unité de soins intensifs pour en-fants est toujours difficile à avaler. J’ai envoyé mon CV à MSF. Ils m’ont engagée. Je me suis dit : « on verra bien ».

Alors que les populations partent pour la ville, Médecins Sans Frontières (MSF) adapte ses méthodes rurales, économes

en ressources, au contexte urbain. Dans le bi-donville de Balbala, à Djibouti en Afrique de l’Est, MSF a mis en place un projet de nutrition pédiatrique. Il se compose d’un programme de nutrition ambulatoire, basé dans la com-munauté, qui identifie les enfants souffrant de malnutrition grave et distribue de la nourriture thérapeutique prête à la consommation. Les enfants les plus malades sont envoyés en soins intensifs.

La veille de mon départ pour Djibouti, j’ai dit au revoir à Darcy, mon mari, qui partait comme

pédiatre résident sur l’île de Baffin. J’ai trouvé la situation ironique : c’est un cours sur MSF à l’école de médecine qui nous a rapprochés, d’abord par un échange de regard, puis un premier rendez-vous. Aujourd’hui, six ans plus tard, nos intérêts communs nous envoient cha-cun à des coins opposés du monde pour soi-gner des enfants.

J’ai passé mon premier jour à Balbala à faire l’état des lieux. Près des lits, nous avions des poches d’hémoglobine et de glucose, des ex-tracteurs d’oxygène et un masque à oxygène. C’est tout. Je savais que notre objectif était de faire baisser le taux de mortalité en dessous des cinq pour cent. Cela dit, j’espérais que beau-coup de temps s’écoulerait avant que je ne sorte le dernier instrument de ma trousse et que je me rende compte que c’est tout ce qu’il me restait. C’est arrivé le lendemain. Le pauvre petit bonhomme était déjà très malade. Il souffrait d’une infection du sang et du kwashiorkor, un syndrome de malnutrition caractérisé par un gonflement de l’abdomen dû à la rétention de sel, contrairement au syndrome caracté-risé par un amaigrissement extrême. Son foie était gonflé, le tour de ses yeux était bouffi et

il n’urinait plus. Modeste, un médecin africain très expérimenté, pensait que l’enfant avait une septicémie, c’est-à-dire une infection du sang. Nous nous sommes donc demandés si nous de-vions lui administrer des fluides pour aider ses reins ou du furosémide, un médicament contre le gonflement et les insuffisances cardiaques. C’est notre lot quotidien, trop habitués que nous sommes aux standards des pays indus-trialisés. Ici pas de radiographie pulmonaire ni d’échographie. On nous a appelés quand le petit garçon ne s’est pas réveillé à la vérification matinale des signes vitaux. Après avoir posé ma main sur son pied et senti distinctement son pouls, nous avons vu sa respiration devenir irrégulière. Il a respiré à nouveau, plus fort cette fois, ses maigres côtes se soulevant et son ventre se gonflant. Puis, il s’est arrêté de respirer. J’ai attendu une seconde. Dans un cas pareil, c’est comme si quelque chose restait en sus-pend, comme une absence de quelque chose. Ce n’est pas comme entendre des coups de feu et voir ensuite une personne s’écrouler. Rien ne se passe, aucune réaction. C’est simplement un manque.

Le système d’aide alimentaire distribue actuellement aux enfants malnutris des aliments de piètre qualité ayant des conséquences dramatiques sur la vie et l’avenir de 195 millions d’enfants dans le monde. Cette politique inadaptée doit cesser.

Signez la pétition Starved for Attention pour demander que l’aide alimentaire réponde aux besoins nutritionnels des jeunes enfants.

www.starvedforattention.org

Au sommet du G8 de 2011, MSF présentera cette pétition aux grands donateurs d’aide alimentaire, dont le Canada.

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« Je ne me suis toujours

pas habituée à voir mourir

des enfants. Je commençais

à croire que je l’étais. »

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Le journaliste canadien Dan Bortolotti nous invite une nouvelle fois à partager la vie d’un travailleur humanitaire dans

cette troisième édition actualisée du livre Hope in Hell: Inside the World of Doctors Without Borders.

Dan Bortolotti partage les récits de travail-leurs de terrain MSF témoignant de leur engagement à toute épreuve et de leurs défis personnels vis-à-vis des principes hu-manitaires. Les lecteurs découvriront aussi les épreuves qui attendent les expatriés à leur retour et la frustration qu’ils peuvent connaître en parlant de leur expérience à leurs proches et leurs amis qui parfois ne

souhaitent pas en savoir plus sur un monde aussi différent et loin du leur.

Cette nouvelle édition comporte des ren-seignements actualisés sur le travail de MSF dans des contextes extrêmement sen-sibles à travers le monde. Un chapitre sur l’expérience de l’auteur rendant visite au personnel haïtien en 2009 a aussi été ajouté, de même qu’une annotation écrite après le tremblement de terre qui a secoué la capi-tale le 12 janvier 2010.

Hope in Hell est publié dans les éditions Firefly Books et est maintenant en vente dans les librairies.

Ça fait quelque chose de regarder un enfant qui s’arrête de respirer.

S’ensuivent les gestes affairés, la réanima-tion. Toujours pas de pouls. « Je ne pense pas qu’on devrait continuer », dit Modeste d’un air résigné. Déchirée, je garde ma main sur le masque, mais j’ai arrêté de l’actionner. De l’autre main, je cherche du réconfort auprès de l’enfant et sens la chaleur de son jeune buste.

Dans mon monde médical à moi, les enfants ne meurent pas. De son côté, Darcy se préparait aus-si à faire des réanimations mais pour lesquelles l’issue fatale est quasiment improbable. Il vient de faire sa première réanimation sur l’île de Baffin. Il a intubé l’enfant et l’a fait transporter par avion à Ottawa où elle s’est remise grâce à un ventilateur. Ici, nous n’avons pas de ventilateur. « On ne continue pas plus que 15 minutes ici », explique Modeste.

J’ai fait oui de la tête.

Je me demande si après une réanimation qui se solde par le décès du patient, le médecin peut éprouver autre chose que des doutes. La marée de reproches qui inondaient mon esprit me donnait la nausée.

La mère est arrivée. Silencieuse. Elle m’a re-gardée, m’a embrassé la main et a parlé. Souleiman, un jeune infirmier est arrivé pour faire l’interprète. « Ici, on dit : “Le docteur soi-gne, mais Dieu sauve.” » Elle a dit que son fils était allé au paradis et nous a remerciés.

J’étais reconnaissante de sa générosité, mais l’envie de rentrer chez moi pour pleurer était toujours là. Puis j’ai regardé autour de moi et je me suis soudain rendu compte que nous n’avions pas encore examiné un seul autre en-fant. Les reproches que je me faisais n’étaient que de la complaisance. Je suis sortie pour aller aux toilettes et me suis lavé les mains. J’ai repris ma respiration. Puis je suis revenue à l’intérieur et j’ai commencé ma tournée. C’est ainsi qu’a commencé mon obsession pour la réanimation pédiatrique. J’ai envoyé des courriels à des collègues (merci Raghu), fait des recherches sur Internet et organisé un million de séances de formation. J’ai passé en revue toutes les procédures possibles dans ce contexte et n’ai gardé qu’une série de gestes essentiels. Mon équipe tient la route, et nous avons connu de nombreux succès. S’asseoir sur un lit où gisait un petit être tout pâle puis y voir à la place un enfant aux doigts collants et pleins d’énergie jouer avec votre stéthoscope, le tirer et l’entortiller, est la plus belle des choses.

Mais les enfants malnutris continuent de mourir. À chaque fois que je vois un petit corps encore chaud qu’on enroule dans une couver-ture, quelqu’un vient me rappeler : « Le docteur soigne, mais Dieu sauve ». La sagesse des gens que je rencontre ici commence à me gagner, tout comme leur lucidité sur le fait qu’ils ne peuvent pas contrôler le monde. Mon rôle est de faire mon métier, de leur sourire quand je croise leur regard et d’accomplir ma tâche, celle de « soigner », du mieux que je peux. Je ne me suis toujours pas habituée à voir mourir des enfants. Je commençais à croire

que je l’étais. Mais ce matin, après une nuit sans sommeil durant laquelle j’ai fait deux in-jections dans de petits os et donner cinq doses d’adrénaline, en vain, à une enfant dont les doigts gigotaient encore et qui essayait de vivre, je ne pouvais m’empêcher de penser qu’elle aurait pu s’en sortir à l’unité de soins intensifs d’Ottawa où Darcy travaille désormais. Quand Modeste, le réconfort personnifié, s’est assis sur le bord du lit, à mes côtés, j’ai compris qu’au moment où j’allais croiser son regard compréhensif j’allais fondre en larmes. Et c’est exactement ce que j’ai fait, faisant voler en éclat l’image endurcie de l’Afrique que j’avais créée dans mon esprit. « Non, pas à la fin de ta mission! Regarde tous les enfants qu’on a aidés », me réconforte Modeste. Je suis retournée voir Abdourahman, un petit garçon atteint de la tuberculose et du VIH et ayant contracté au moins trois fois une septicémie. Il est resté avec nous si longtemps que son dossier ressemble à un livre, et sa mère nous sourit comme si nous faisions maintenant partie de la famille. Aujourd’hui tout potelé, il est assis dans son lit, et attendrie comme devant un chaton, je ne peux m’empêcher de le pren-dre sur mes genoux. Avec un sourire adorable, il se soulage sur moi; un signe de bénédiction ici. « Tu vas avoir des fils! », me dit en riant Khaltoum, l’assistante du programme de nutri-tion. Quant à Abdourahman, il semble fier de lui. Les yeux grands ouverts, il s’est levé pour attraper mon stéthoscope.

Courtney HowardMédecin

COMPTE RENDU DE LIVRE hope in hell Troisième édition mise à jour (en anglais uniquement)

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BANGLADESHMarjorie Middleton Calgary, Alb. Infirmière

BURUNDILysanne Lafetière Montréal, Qc Infirmière

CAMEROUNSerge Kaboré Québec, Qc Coordonnateur médical John Orr Vancouver, C.-B. Coordonnateur des finances

COLOMBIERaquel De Quieroz Smithers, C.-B. Infirmière

DJIBOUTICourtney Howard Ottawa, Ont. Médecin

ÉTHIOPIERachida Aouameur Montréal, Qc Agente responsable des affaires humanitairesJustin Armstrong Toronto, Ont. Coordonnateur de projetBrice Garnier Montréal, Qc Administrateur terrainSarah Lamb Ottawa, Ont. Coordonnatrice de projetCynthia Wonham Vancouver, C.-B. Infirmière

HAÏTIValérie Auger-Voyer Gatineau, Qc AdministratriceCindy Barbe Farnham, Qc InfirmièreAnne-Josée Boutin-Trudeau St-Bruno, Qc Coordonnatrice logistiqueJean-Daniel Duhaime Montréal, Qc MédecinFabrice Fotso Montréal, Qc Spécialiste en eau et assainissementNicolas Gauvin Weedon, Qc LogisticienMaude Giboudeaux Montréal, Qc InfirmièreBernard Lachance Québec, Qc LogisticienJoanne Liu Montréal, Qc MédecinYvan Marquis Québec, Qc Coordonnateur de projet Michael Minielly Toronto, Ont. LogisticienJean-François Nouveaux Laval, Qc LogisticienNadia Perreault Mascouche, Qc InfirmièreLuella Smith Waterside, N.-B MédecinEyal Tapiero Montréal, Qc Administrateur des ressources humainesNicolas Verdy Montréal, Qc LogisticienBrenda Vittachi Calgary, Alb. InfirmièreRobin Williams Montréal, Qc Médecin

INDEAndrew Cullen Toronto, Ont. LogisticienRehana Permall Ottawa, Ont. Agente de liaisonRoberta Wynne Vancouver, C.-B. Infirmière

IRAK Reshma Adatia Vancouver, C.-B. Coordonnatrice de projetSebastien Hogan Ottawa, Ont. Coordonnateur de terrain

JORDANIEGéraldine Jacquemin Montréal, Qc Médecin

KENYACarlo Testa Blandford, N.-É. Logisticien

MALAWIMariam Kone Montréal, Qc Médecin

MALINina Hodonou Montréal, Qc Médecin

MOZAMBIQUEIsabelle Casavant Montréal, Qc Infirmière

NIGERClaire Adbulahad Sutton, Qc Logisticienne

Laura Archer Montréal, Qc Coordonnatrice médicaleBreno Horsth Toronto, Ont. LogisticienIsabelle Major Montréal, Qc Logisticienne

NIGERIAJodi Enns Burlington, Ont. InfirmièreKaren Friesen Vancouver, C.-B. InfirmièreMarilyn Hurrell Winnipeg, Man. Coordonnatrice médicaleDouglas Kittle Wasa, C.-B. Chef de mission Harry MacNeil Toronto, Ont. LogisticienPaulo Rottmann Toronto, Ont. Coordonnateur des ressources humainesDarryl Stellmach Calgary, Alb. Chef de mission

OUGANDAAlia Tayea Oakville, Ont. Agente responsable des affaires humanitaires

OUZBÉKISTANSusan Adolph Dartmouth, N.-É. InfirmièreCalvin White Salmon Lake, C.-B. Spécialiste en santé mentale

PAKISTANErwan Cheneval Montréal, Qc Chef de mission adjointRink De Lange Ste-Cécile de Masham, Qc Spécialiste en eau et assainissementMaude Giboudeaux Montréal, Qc InfirmièreZelda Goad Falardeau ,Qc Chef d’équipe médicaleMathieu Vandal Montréal, Qc Administrateur

PAPOUASIE-NOUVELLE-GUINÉEJudy Adams Moncton, N.-B. Spécialiste en santé mentale

RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINEColette Badjo Laval, Qc MédecinJean-Guy Bisaillon Mont-Laurier, Qc Spécialiste en eau et assainissementAnne Connelly Ottawa, Ont. LogisticiennePascal Desilets Montréal, Qc LogisticienPeter Heikamp Montréal, Qc Coordonnateur de projetKanadi Ibrahim Gatineau, Qc LogisticienStella Carine Kengne Tine Montréal, Qc MédecinJean-Baptiste Lacombe Montréal, Qc LogisticienJudith Letellier Montréal, Qc LogisticienneAntoine Maranda Gatineau, Qc LogisticienAlphonsine Mukakigeri Montréal, Qc Logisticienne

RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGOAdham Abo Shahbo Toronto, Ont. LogisticienTamiko Andrews Montréal, Qc InfirmièreBryce Burger Kelowna, C.-B. LogisticienMichelle Chouinard St-Quentin, N.-B. Chef de missionOonagh Curry Toronto, Ont. Coordonnatrice de projetMarika Daganaud Québec, Qc InfirmièreSteffen De Kok Kingston, Ont. Coordonnateur de projetMartha Gartley Toronto, Ont. Spécialiste en eau et assainissement

Fabienne Gilles Toronto, Ont. Coordonnatrice des ressources humainesMarie-Michèle Houle Victoriaville, Qc InfirmièreStéphanie Jodoin Mont St-Hilaire, Qc LogisticienneSamantha Kemp Thunder Bay, Ont. InfirmièreBarbara LeBlanc Guelph, Ont. ChirurgienneShannon MacDonald Halifax, N.-É. Sage-femmeThierry Oulhen Montréal, Qc Coordonnateur de terrainTodd Philipps Winnipeg, Man. LogisticienMargaret-May Raymond Montréal, Qc MédecinGrace Tang Toronto, Ont. Chef de missionStephanie Taylor Vancouver, C.-B. Médecin Martine Verreault Rivière-du-Loup, Qc Pharmacienne

RÉPUBLIQUE DU CONGONicolas Bérubé Québec, QC Logisticien

SOUDANLoretta Beaulieu Vancouver, C.-B. Coordonnatrice logistiqueJaroslava Belava Vancouver, C.-B. InfirmièreKevin Coppock Toronto, Ont. Chef de missionSteve Dennis Toronto, Ont. Coordonnateur de projetTyler Foley Fredericton, N.-B. Logisticien Jeffrey Grass Toronto, Ont. LogisticienArif Hasan Toronto, Ont. MédecinMegan Hunter Prince George, C.-B. Coordonnatrice logistiqueRichard Maunsell Waterloo, Ont. InfirmierRyan McIver Stouffville, Ont. LogisticienLetitia Rose Vancouver, C.-B. InfirmièreTara Seon Toronto, Ont. Coordonnatrice des ressources humainesMichael White Toronto, Ont. Coordonnateur de projet

SRI LANKAJL Crosbie Toronto, Ont. Coordonnateur de projet

TADJIKISTANDavid Croft Squamish, C.-B. Coordonnateur de projet

TCHADGrant Assenheimer Edmonton, Alb. Coordonnateur de projetFrédéric Dubé Québec, Qc Logisticien Mario Fortin Montréal, Qc LogisticienJean-François Harvey Rivière-du-Loup, Qc Coordonnateur de projetClea Kahn Toronto, Ont. Chef de missionChantelle Leidl Edmonton, Alb. Spécialiste en eau et assainissementSarah Levine Vancouver, C.-B. InfirmièreJeff Peters Beaconsfield, Qc LogisticienFrançois St-Amant Montréal, Qc Logisticien Elizabeth Savoie Whitehorse, T.N.-O. Infirmière

ZIMBABWETammy McIntyre Vancouver, C.-B. Infirmière

LES CANADIENNES ET CANADIENS EN MISSION

DÉPÊCHESMédecins Sans Frontières (MSF)720, av. Spadina, bureau 402Toronto (Ontario) M5S 2T9Tél. : (416) 964-0619Téléc. : (416) 963-8707Sans frais : 1 800 982-7903Courriel : [email protected]

www.msf.ca

Rédactrice : linda o. nagy Directrice de la rédaction : Avril BenoîtCoordonnatrice de la traduction : Jennifer OcquidantCollaborateurs : Gautam Chatterjee, Ivan Gayton, Courtney Howard, Asia Kambal, linda o. nagy, Kate Ribet

Photo de la couverture : © Kate Ribet / MSF

Tirage : 145 000Graphisme : Tenzing CommunicationsImpression : Warren’s Waterless PrintingHiver 2011

ISSN 1484-9372

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Faites don de la vie.

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