DES PISTES POUR

LE DÉVELOPPEMENT

DURABLE EN

AFRIQUE:

LE CAS DU SÉNÉGAL

Abdoulaye OUAITARA, Agrégé des Scie,zces de Gestio11,

Co,zseiller du DG du CESAG -Dakar

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RE\TE FRA:-;ÇAISE Dl ' \ IARKET[\(..; - Décembre ZOlH - ;-;0

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ADETEM

Résumé

Cet article est relat(f au.Y pistes du développement durable en Afrique. JI traite du cas d11 Sr5néga!.

Grâce â des enquêtes f!tfectuées auprès d ·11 ne vingtaine de res­ponsahles des ministères concernés par le développement durable et d'experts en matière d 'i11l'estisseme11t a11 Sé1Zégal, nous al'ons ana(vsé les conditions de mise en place d'une politique de déueloppement durahle et enuisai,;é des pistes généroles et des pistes sectorielles pou­vant contrihuer au déueloppement d11mbl<? du Sénégal.

Les recommandations.faites â IL,sue de ces traca11:x demeurent modestes. Cependant, elles pe11uent être d'une c<?11aine utilité pour les autorités t(/i·ùxtines â la recherche d'111le approche stratégique ou modèle pour orienter de manièr<? sensihle leurs actions destinées à fa21oriser le développement durable en Aji-iq11e et plus pmticu/ièrement au Sénégal.

Mots clés : Développement durable - Promotion des investissement-; durables - Orientation stratégique.

Abstract

1J.1is cu1ic/e presents cm approach to sustainable developmellf in Africa hy addressing tbe case qj'Senep,al.

Based on more than 20 interuiews of iiwestment specialists and gouernment officiais responsible for s11stainable decelopment. tbe article anaz}'SCS the conditiu11s necessmy tu set 11/J a j)rogram for SUS­

tainah/e development. Examples il!ustrate hou·. !~y taking a strategic approach, if ispossih!e to encourage sustainah!e dœe!opment in gene­ral and in _,peci/i'c business sector:5 in Senegal.

Recomrnendatio11sJi-orn tbis work remain modes/. Howe11e1; they could be usejit! to Aji·ican authorities loolângjèJr a mode! in orieizting future actionsfauouring s11stainab!e det·elopment in A.J,-ica and par­ticufarly ùz Senegal.

Key words : Sustainahle d(;velopmenr - Promotion of im·estment -Strategic orientation.

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REVU·: FR.'\:\'CAJSE Dl ' .\IARKt:TrNC; - lkcernhre 200-1 · :-,/0 200 · 'i., 'i

Des pistes pour le développement durable en Afrique : le cas du Sénégal

En Afrique d'une mamere générale, et plus particulièrement au Sénégal, les problèmes du développement durable sont essentiellement rela­tifs à la dégradation de l'environnement des popu­lations, à la construction des villes, à la réalisation d 'infrastructures socio-économiques, à la mise en œuvre d'actions sociales et à l'élaboration d'instru­ments spécifiques de régulation juridique, fiscale et budgétaire.

Les questions relatives à la protection de l'envi­ronnement des pays africains constituent une préoc­cupation de plus en plus grandissante des collectivi­tés locales qui mettent en œuvre des actions desti­nées à lutter contre l'insalubrité et les mauvaises conditions d'hygiène des habitants. Ces collectivités déploient des ressources importantes pour préserver l'environnement des populations et entretenir diffé­rents milieux africains.

Les problèmes de construction des villes et de réalisation des infrastructures socio-économiques sont au cœur des préoccupations des autorités gou­vernementales des pays africains. Cette situation est essentiellement justifiée par le fait que le continent africain est constitué, dans sa grande majorité, de sociétés de pénuries où les besoins de logements, d'hôpitaux, d'écoles sont immenses (Ouattara, 2003). De plus, ces pays éprouvent d'importants besoins de création d'entreprises pouvant contribuer au déve­loppement économique et social des populations.

L'importance des questions relatives au déve­loppement durable des pays africains, conduit les autorités de ces pays à créer des structures chargées de la promotion des investissements et de la réalisa­tion des grands travaux. C'est la raison pour laquel­le les gouvernants africains s'efforcent de mettre en place des instruments spécifiques de régulation fis­cale pouvant attirer davantage d'hommes d'affaires et conduire ainsi à la réalisation d'investissements durables en Afrique.

Pour résoudre en partie les problèmes liés au développement durable en Afrique, les autorités afri­caines tendent de plus en plus à créer des agences nationales chargées de promouvoir des investisse­ments dans différents secteurs d'activité, de déve­lopper des projets d'infrastructures et de faciliter leur réalisation (Harribey, 1998).

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Abdoulaye Ouattara

Le Sénégal bénéficie d'atouts incontestables, notamment par sa position géographique par rap­port aux continents américain et européen. De plus ce pays, qui dispose d'un système politique marqué par une démocratie appréciée des gouvernements occidentaux, a mis en place depuis juillet 2000, une structure particulière, l'APIX qui est une agence autonome chargée de faire du Sénégal la destination privilégiée des investissements privés en Afrique de l'Ouest.

Pour réaliser un développement durable en Afrique, il est nécessaire de s'appuyer sur une bonne stabilité politique des pays africains, de mettre en place une organisation administrative adéquate , de promouvoir et développer des · infrastructures et d'apporter une assistance à la réalisation des inves­tissements

Cet article relatif au développement durable en Afrique s'articule autour de deux parties essentielles : la première partie traite des conditions de mise en place d'une politique de développement durable ; la seconde partie est relative aux propositions de pistes sectorielles. Avant d 'analyser les préalables à la mise en place d 'une politique de développement durable, il apparaît nécessaire de présenter les objectifs et la méthodologie de l'étude.

Objectif de l'étude

L'objet de cet article est double.

- Dans un premier temps, nous analyserons les préalables à la mise en place d'une politique de développement durable en Afrique de façon générale et plus particulièrement au Sénégal.

- Dans un second temps, nous dégagerons des pistes pour un développement durable en Afrique et plus particulièrement au Sénégal. Pour atteindre cet objectif, on mettra l'accent sur les pistes par secteur d 'activité

Méthodologie

La réalisation de cette étude repose sur trois approches complémentaires :

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- une analyse des informations contenues dans divers documents, revues et publications liés au développement durable au Sénégal. Il s'agit notamment de la documentation de l'Agence de Promotion de l'investissement et des Grands travaux (APIX), des rapports d'ac­tivités de cette Agence et des travaux de col­loques tenus sur cette question ;

- des entretiens avec différents responsables de départements ministériels concernés par le développement durable au Sénégal ;

- des interviews avec des experts en matière d'investissement en Afrique et, notamment, des hommes d'affaires ayant réalisé d 'impor­tants investissements dans les domaines de l'agroalimentaire, du tourisme, du sport, des services et des biens de consommation. Ces interviews se sont déroulées sous forme d'en­tretiens semi-directifs.

PRÉALABLES D'UNE POLITIQUE

DE DÉVELOPPEMENT DURABLE

Stabilité politique

Pour mettre en place une politique de déve­loppement durable en Afrique, il est nécessaire avant toute action d'instaurer un climat de paix et de privilégier la stabilité politique à travers un système démocratique, conditions indispensables au déve­loppement durable. C'est d'ailleurs ces conditions qui ont permis à certains pays africains tels que la Côte d'Ivoire de réussir des actions de développe­ment durable, durant une quarantaine d'années, dans les domaines de la construction, des infrastruc­tures routières et aéroportuaires et de la création d'entreprises industrielles.

Le Sénégal, qui est situé en Afrique de l'Ouest, est considéré comme un modèle de démocratie en Afrique et un pays de grande stabilité politique . Il est divisé en onze régions administrées chacune par un gouverneur. Ce pays compte trente-cinq départements.

C_réation d'agences et de

structure appropriées

C'est essentiellement pour créer les conditions d'un développement durable que les autorités séné­galaises ont mis en place plusieurs structures char­gées de promouvoir les investissements et de contri­buer à la réalisation des grandes infrastructures. Parmi ces structures, ['Agence de Promotion de l'investissement et des Grands travaux (APIX) joue un rôle de premier plan.

Cette agence est une structure au service du développement durable. Elle met en œuvre de nom­breuses actions de promotion en vue du développe­ment des investissements et de l'amélioration du cadre des affaires au Sénégal. Sa création traduit la volonté des autorités sénégalaises de développer les investis­sements privés aussi bien dans les secteurs productifs que dans les infrastructures d'appui à la production.

Cette structure est chargée d'apporter un appui aux investisseurs durant toutes les phases de réalisa­tion de leur projet d 'investissement. L'aide apportée par cette structure aux investisseurs porte sur les points suivants :

- l'instruction des demandes d'agrément au Code des Investissements et à l'entreprise franche d 'exportation ;

- la conciliation dans les contentieux avec l'ad­ministration ;

- la réalisation des études pour l'amélioration de l'environnement des affaires ;

- la gestion du Centre de Formalités des Entreprises.

L'APIX joue un rôle prépondérant dans le domaine de la promotion du Sénégal ainsi que dans celui du suivi et de l'évaluation des projets d'inves­tissement au Sénégal. Cette structure offre de nom­breux services aux investisseurs tout en facilitant la tâche aux opérateurs économiques soucieux de réa­liser des gains de temps (guichet unique modernisé).

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Des pistes pour le développement durable en Afrique : le cas du Sénégal Abdoulaye Ouattara

Missions et services offerts par l' Agence de Promotion de l'investissement et des Grands Travaux (APIX)

Principales missions

- l'amélioration de l'environnement des affaires au Sénégal ; - la recherche et l'identification d 'investisseurs nationaux et étrangers ; - la promotion du Sénégal comme destination privilégiée pour !'Investissement Direct Etranger en Afrique

de l'Ouest ; - le suivi des contacts avec les investisseurs ; - le suivi et l'évaluation des projets d'investissements au Sénégal ; - la réalisation des grands projets d'infrastructures du Sénégal selon le modèle « Built, Operate and

Transfer ».

Services offerts

- l'accueil et l'accompagnement des investisseurs au Sénégal, à toutes les étapes de l'investissement ; - la mise à la disposition permanente d'informations économiques, commerciales et technologiques sur

les principaux secteurs d'activités ; - l'assistance à l'investisseur pour les formalités d 'immatriculation des entreprises et l'obtention des

diverses autorisations administratives (accès à la terre, permis de construire, licences, .. ) ; - l'appui dans la recherche de financement et de partenariat.

Source : documentation APIX

Les actions mises en œuvre par l'APIX ont for­tement contribué à l'accélération de la croissance des investissements. Ces actions contribuent proba­blement au développement durable du Sénégal grâce à l'établissement des contacts nécessaires au développement des relations et à la réalisation des affaires. De plus, cette structure a conçu une métho­dologie de développement qui contribuera à la réa­lisation de quatre grands projets : nouvel aéroport, autoroute à péage, cité des affaires, chemin de fer à écartement standard.

En effet, depuis quelques années, on a enre­gistré une forte croissance des investissements privés dans les secteurs du tourisme, de l'agriculture, des industries chimiques et alimentaires ainsi que dans les secteurs des bâtiments et des travaux publics. Le taux de croissance des investissements dans ces sec­teurs est évalué à plus de 34% dans la période de 2000 à 2003, comparativement à la période de 1997 à 1999. Ces résultats spectaculaires sont en partie dus à la mise en œuvre d'une stratégie offensive de développement de projets, à des stratégies de mar­keting liées au développement durable, à l'accéléra-

tion et à l'approfondissement des réformes en vue de l'amélioration de l'environnement des affaires .

Les activités de l'APIX sont également relatives à la conception d'une méthodologie de développe­ment et à la supervision de grands projets : Nouvel Aéroport, autoroute à péage, cité des affaires, che­min de fer à écartement standard.

Pour réussir cette mission, l'APIX a établi des partenariats entre les opérateurs publics et les opé­rateurs privés en s'appuyant sur des dispositifs origi­

. naux et spécifiques tels que le cadre institutionnel de préparation et de supervision des grands projets et le cadre juridique d'encadrement des grands travaux.

Parallèlement à ce cadre institutionnel, les auto­rités du Sénégal ont élaboré un cadre juridique d 'en­cadrement des grands travaux. Il s'agit essentielle­ment de la loi Built, Operate and Transfert (BOT).

Cette loi est relative aux contrats de construc­tion, d 'exploitation et de transfert d 'infrastructures. Elle s'applique à tous les contrats par lesquels l'Etat,

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une collectivité locale, un établissement public ou une société à participation publique majoritaire , confie à un tiers, tout ou partie, des missions sui­vantes : le financement d'une infrastructure d'utilité publique, sa conception, sa construction, son exploi­tation et son entretien. Ces contrats peuvent aussi prévoir le transfert à l'autorité concédante, des infra­structures réalisées par l'opérateur économique au cours ou au terme du contrat.

L'institution du Conseil des Infrastructures répond à la volonté des autorités sénégalaises de favoriser la réalisation des projets d'infrastructures à financement privé. Il s'agit là d'une instance consul­tative qui exerce une surveillance indépendante et fournit des appuis dans la conduite des projets d 'in­frastructures régis par la loi Built, Operate and Transfert.

PISTES DE DÉVELOPPEMENT

DURABLE PAR SECTEUR D'ACTIVITÉS

Pistes touristiques-du

développement durable

Le tourisme sénégalais, qui présente de réels atouts , s'appuie sur les activités suivantes : le touris­me balnéaire, le tourisme de congrès, le tourisme de découverte, la pêche sportive, l'éco-tourisme, la chasse et le tourisme culturel. Le Sénégal, pays très ensoleillé, bénéficie d'un littoral de 500 km de plage. De plus, il est à proximité des marchés européens et demeure la première destination touristique en Afrique de l'Ouest. Les activités touristiques sénéga­laises emploient 12 000 personnes et en occupent indirectement 25 000 autres.

Parmi les principaux atouts culturels et touris­tiques du Sénégal on peut citer: la petite côte, l'île de Gorée, les pôles d'attraction touristique de la Capitale, l'art, la musique, les parcs et réserves d'animaux.

La petite côte est la région la plus touristique du pays. Elle s'étend sur près de 70 km au sud-est de Dakar. Il s'agit là d'un long ruban de plages ponc­tuées de villages de pêcheurs disposant d'une mer calme et ensoleillée durant toutes les saisons. Cette petite côte comprend, entre autres, la Somone qui

est un estuaire bordé de palétuviers où hérons et pélicans viennent nicher dans cette nature vierge.

Les pôles d'attraction de Dakar sont le Palais de la Présidence de la République, le musée de l'Institut Francophone d 'Afrique Noire (IFAN) , consacré aux arts et traditions de l'Afrique de l'Ouest, la grande mosquée, l'Hôtel de ville qui date de1914, le marché de Tilène et le marché Kermel.

L'île de Gorée est une île mémoire découverte en 1444 par des portugais. Dès 1580, cette île a connu le commerce des esclaves qui a atteint son apogée vers 1687. Il est possible de visiter à pied cette île, qui mesure 900 mètres du nord au sud et 300 mètre d'est en ouest, et de découvrir la maison des esclaves fondée en 1776, le musée de la femme, l'église Saint Charles Borromée (1830), la mosquée, le plus vieux bâtiment religieux musulman, construi­te en 1892.

Du Nord au Sud du pays, on peut rencontrer des paysages et des animaux sauvages très représentatifs des différents écosystèmes naturels de l'Afrique de l'Ouest. De plus, au Nord, la réserve du Ferlo s'étend sur plus de 600 000 hectares de steppes et de savanes sahéliennes. On y trouve la gazelle à front roux, le calao terrestre, la grande outarde et l'autruche.

Quant à l'art sénégalais, il est présent partout, dans la rue et dans les objets de tous les jours. Les instruments de musique sont fabriqués à partir de matériaux naturels tels que les roseaux, la calebasse, le bois. Parmi les objets traditionnels de musique, on peut citer le balafon qui est une sorte de xylophone dont le son est amplifié par différentes calebasses, le Dioundioug qui est un long cylindre de bois tendu à l'aide de peau de bœ uf, des tambours aux formes variées tels que le Djembe et la kora, sorte de gui­tare à 21 cordes.

La politique touristique mise en œuvre par le Sénégal intègre les préoccupations de développe­ment durable dans la mesure où elle prend en compte la gestion de l'environnement et la protec-

. tion des ressources naturelles. Cette politique est essentiellement orientée dans trois directions :

- l'utilisation du tourisme comme facteur de lutte contre la pauvreté ;

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- l'amélioration des qualités des prestations par l'instauration de la formation permanente, la restructuration de l'Ecole de formation hôte­lière et touristique ;

- le renforcement de la collaboration de l'Etat avec les professionnels du domaine et, notam­ment, avec les syndicats de la profession.

Le tourisme constitue la deuxième ressource économique du Sénégal, aprla la pêche. Cette acti­vité, qui a permis à ce pays d'enregistrer des recettes de 123 milliards de Francs CFA en 2001 , a contribué à la création de « villages » entiers. C'est le cas de cap Skirring, de Nianing et de Saly.

Cependant, les autorités touristiques du Sénégal doivent fournir de nombreux efforts pour attirer des investisseurs sur le créneau « haut de gamme » en développant des infrastructures consé­quentes. Cela permettra de réaliser une grande ambi­tion : attirer 1,5 million de touristes d 'ici à 2010. C'est pourquoi la mise en œuvre de certaines actions pouvant contribuer au développement durable sont indispensables. Ces actions sont les sui­vantes:

- la mise en place d'un système d'assainisse­ment des sites touristiques et la création d ' un organe de contrôle et de surveillance des plages. Ce système pourrait s'appuyer sur l'ex­périence de la ville de Rufisque où un systè­me de décantage des eaux, sur plusieurs bas­sins, a été mis en place. Il s'agit là d'un systè­me qui permet à la fois de filtrer et de recy­cler les eaux usées ;

- la nécessité de développer un plan directeur permettant de sélectionner des plages et des sites touristiques. De plus, les actions pouvant être mises en œ uvre par le ministère en char­ge de l'environnement pourraient éviter le pillage des plages et préserveraient entière­ment le biotope (animaux marins, végétaux et sable) ;

- l'amélioration et le développement des infra­structures routières constituent une nécessité pour le développement d'un tourisme de masse. Cette mesure pourrait contribuer de

Abdoulaye Ouattara

mamere efficace à l'augmentation du chiffre d'affaires des complexes hôteliers ;

- les facilités relatives au transfert des touristes de l'aéroport aux principaux sites touristiques tels que Saly, notamment durant les périodes d'intenses trafics routiers, pourraient contri­buer au développement durable de ce secteur d'activité. On pourrait par exemple prendre des dispositions pour regrouper les arrivées de touristes le samedi ou le dimanche. Cette disposition pourrait faire l'objet d'informations préalables auprès des touristes concernés par la destination du Sénégal. De plus, il est nécessaire d'améliorer la gestion de l'exploita­tion de l'aéropo1t de manière à réduire le temps d 'attente des touristes (facilités admi­nistratives plus substantielles) ;

- la libéralisation du ciel permettrait à toutes les compagnies d'atterrir sur le tarmac de Yoff. Cette disposition peut être réalisée grâce à la réduction des droits de su rvol et d'atterrissage à l'aéroport de Dakar. Cela accroîtrait le trafic aérien et contribuerait par conséquent au développement des activités touristiques du Sénégal ;

- la normalisation des structures hôtelières aux standards internationaux. Il apparaît indispen­sable de prendre des dispositions qui permet­traient une correspondance réelle entre le nombre d 'étoiles affichées et le standing de l'hôtel. De plus, le développement de la for­mation du personnel hôtelier (faible nombre d'écoles hôtelières) pourrait améliorer la qua­lité des prestations touristiques et hôtelières du Sénégal;

- la réussite de la promotion de la destination touristique du Sénégal repose en partie sur la création d 'une Direction de la Promotion tou­ristique dont le responsable serait désigné en fonction de compétences reconnues par ses pairs. Celui-ci serait assigné à des résultats.

- de plus, la mise en place d'un fond pour le développement du tourisme (taxes touris­tiques collectées à pa1tir de l'aéroport et auprès des hôtels) pourrait permettre , en plus de la subvention de l'Etat, de promouvoir et

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de contribuer au développement durable du tourisme au Sénégal. En outre, la création d 'une « vitrine du Sénégal " dans les princi­pales ambassades accréditées dans des pays développés pourrait faciliter la promotion de la destination du Sénégal en collaboration avec l'APIX et les ministères ayant un lien avec le tourisme.

Pistes de financement du

développement durable par le sport

Le football , l'athlétisme et la lutte constituent des sports très populaires dans la plupa1t des pays africains qui éprouvent, le plus souvent, de nom­breux besoins pour le financement de leurs inves­tissements socioéconomiques. Ces activités sportives qui sont des occasions de détente et de distraction des populations africaines, drainent de plus en plus de spectateurs durant leur réalisation.

Le continent africain regorge de nombreux talents sportifs notamment dans le domaine du foot­ball qui compte, parmi les meilleurs joueurs en Europe, de nombreux africains.

Cependant, force est de constater que ces talentueux sportifs africains sont confrontés, sur leur continent, à de nombreux problèmes qui les pous­sent à s'expatrier en Europe dans le but d'améliorer leurs conditions de vie. Parmi ces nombreux pro­blèmes on peut citer : le manque de moyen des ligues nationales africaines, l'incapacité de leurs dirigeants à entretenir et à créer des infrastructures nécessaires à la pratique de leurs sports favoris , le manque de formation adéquate et, surtout, la faible rémunération de ces sportifs.

Pour permettre au sport de se développer davantage et de contribuer au développement durable des pays africains, il est nécessaire d'envisa­ger les orientations suivantes.

- Le développement d'une forte culture des équipes nationales africaines. Cette culture pourrait reposer sur le concept de défense en tout temps et en tout lieu de tous les fils d'une nation africaine. C'est essentiellement cette culture " la défense des fils du pays de la

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Teranga " qui a permis à l'équipe nationale du Sénégal de se hisser parmi les plus grandes nations africaines de football.

- Le développement d 'une telle culture sera facilitée par la mise en œuvre de certaines actions : la détermination de normes compor­tementales que l'on pourrait imposer aux joueurs, l'élaboration de systèmes de valeurs que pourraient partager l'ensemble des membres d'une équipe nationale. Le renforce­ment de la culture d 'une équipe nationale peut aussi favoriser le sentiment d'unité natio­nale et aider à surmonter les problèmes de divisions ethniques que connaissent de nom­breux pays en développement.

- La professionnalisation du sport qui reposerait sur la création d'écoles de formation dans des domaines tels que le football, l'athlétisme ou la lutte. Cette orientation présente l'avantage de mieux aider à l'éclosion des jeunes talents sportifs africains et de préparer ainsi leur inté­gration dans de grandes équipes européennes de football. Cette professionnalisation peut avoir des effets bénéfiques sur les économies nationales des pays africains dans la mesure où ces sportifs pourront en retour apporter leur contribution à la réalisation d'investisse­ments socioéconomiques et culturels dans leurs pays.

- L'utilisation du football peut constituer un puissant facteur pour donner confiance aux africains et mieux valoriser l'image de l'Afrique dans les milieux d 'affaire européens. En effet, le football contribue au même titre que la musique ou les activités artistiques au développement des nations. La lutte sénéga­laise constitue un véritable phénomène social. Elle est· aussi importante que le football. Il s'agit là d 'un sport qui concilie poésie, danse, musique et religion. Les combats de lutte sont généralement de courte durée et l'essentiel réside dans la phase préparatoire.

Cette orientation est justifiée par le fait que cer­taines équipes nationales disposent des grandes potentialités. C'est le cas de l'équipe nationale du Sénégal qui peut s'appuyer sur ses grandes vie-

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toires, notamment celle obtenue lors du Mondial 2002 face à la France, pour améliorer son image dans divers milieux financiers en s'appuyant sur des actions de marketing sportif.

Le développement des infrastructures sportives constitue un préalable indispensable au développe­ment des activités sportives en Afrique. Il s'agit en effet, pour les autorités gouvernementales africaines, d'entreprendre de nombreux investissements en direction de la rénovation ou de la construction de complexes sportifs , la création de centres de forma­tion et la préparation à la médecine sportive.

Cette orientation est d'autant plus justifiée que c'est essentiellement le niveau des infrastructures qui détermine le choix d'un pays pour les grandes com­pétitions internationales. C'est d'ailleurs pour cette raison que l'Afrique du sud a été choisie pour abriter les compétitions de la Coupe du Monde 2006. Cette désignation aura pour conséquence d'accroître les perspectives d'emploi et de contribuer au dévelop­pement de certains secteurs tels que le tourisme.

Pistes agroalimentaires

du développement durable

Les activités agricoles occupent plus de la moi­tié de la population active (environ 60% ) et la quasi totalité des zones rurales du Sénégal. Cependant, les produits de cette agriculture ne permettent pas de satisfaire les besoins alimentaires des populations. C'est essentiellement pour cette raison que le Sénégal importe par exemple la plus grande partie de sa consommation de riz, soit environ 400 000 tonnes.

Pour permettre le développement durable du secteur agroalimentaire du Sénégal, des orientations et des stratégies d'investissement destinées à promouvoir une agriculture paysanne et à favoriser l'émergence d'une agriculture de type entrepreneuriale, doivent être renforcées. Ces orientations sont les suivantes.

- La libéralisation du commerce et des prix des produits agricoles et la mise en place d'une fiscalité favorable à l'investissement privé agri­cole. Cette orientation a essentiellement pour objectif de développer les échanges de pro­duits agricoles et d'inciter des opérateurs éco-

Abdoulaye Ouattara

nomiques à investir dans le domaine agroali­mentaire au Sénégal.

- La mise en place d'un programme national d'infrastructures rurales dont l'objectif est de favoriser le désenclavement des zones de pro­duction et de faciliter l'évacuation et la trans­formation des produits agricoles.

- Les actions de préservation de l'environne­ment et des ressources naturelles qui s'ap­puient sur le programme de gestion des eaux et des sols. Il s'agit essentiellement de la ges­tion durable des terres, du soutien à la régéné­ration des sols et des actions qui visent à pro­mouvoir les systèmes productifs durables (utili­sation des engrais , l'amélioration des jachères ... ).

- La maîtrise de l'eau grâce à l'élaboration d'un programme de développement de la petite irri­gation qui permet aux producteurs de bénéfi­cier de l'appui de l'Etat Sénégalais pour la mise en œuvre de programmes d'économie d'eau et la généralisation des systèmes d'irrigation.

- L'élaboration d'un plan national d'aménage­ment des terres cultivées et, de manière plus spécifique, la promotion d'un plan de déve­loppement de l'agro-business dans le Nord du Sénégal, sur la rive du fleuve Sénégal et la mise en place de facilités liées à l'acquisition des terres. Cette démarche permettra de créer de manière rentable et durable des emplois agricoles et contribuera à fixer les populations sur leurs terroirs.

- L'accroissement de manière significative des surfaces agricoles exploitées (qui ne repré­sentent que 30% de la superficie physique du Sénégal) et la mise en place de mesures pouvant permettre d'assurer une forte crois­sance agricole dans le long terme. Ces mesures pourraient être facilitées par l'élabo­ration de la politique d'hydraulique indispen­sable à l'irrigation des terres.

- La diversification de la production agricole et · ra transformation sur place des produits. Cette orientation est justifiée par le fait que le climat sénégalais est favorable aux cul-

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tures de contre saison. C'est pourquoi il est nécessaire d 'opérer une diversification des cultures fruitières , maraîchères et florales. Elle pourrait être accentuée grâce au déve­loppement des travaux d'irrigation qui contribueraient au développement durable de ce secteur d'activités .

- La mise en œuvre d 'une politique de forma -tian dans le domaine agricole contribuerait au développement durable de ce secteur grâce à la création de centres de formation destinés au personnel de base et au person­nel d 'encadrement. Cette mesure est indis­pensable pour la simple raison que le Sénégal, pays essentiellement agricole, ne dispose que de très peu de centres de for­mation agricoles.

Pistes relatives au domaine

des services

Dans le domaine des services et, plus particu­lièrement dans le domaine des télécommunications, le Sénégal bénéficie d 'atouts remarquables. Son niveau relativement élevé des infrastructures de télé­communication, ses ressources humaines de qualité et peu onéreuses, et sa situation géographique avan­tageuse (Fuseau horaire GMT), sont autant de fac­teurs qui pourraient être utilisés pour renforcer le développement durable du pays.

De plus, la libéralisation des télécommunica­tions et l'environnement favorable du Sénégal peu­vent permettre de développer les télé-services d'une manière générale et, plus particulièrement, les centres d'appel qui pourraient faire du Sénégal une référence dans la sous région ouest-africaine.

Pour développer le secteur des télé-services, il est nécessaire d'adapter la législation du travail et le code des investissements aux réalités des télé-ser­vices. Cette mesure est justifiée par le fait qu'elle évi­terait à ces entreprises qui fonctionnent en flux continu, de supporter des surcoûts liés au nombre élevé de jours fériés au Sénégal.

Le développement des télé-services nécessite la prise de mesures fiscales pouvant permettre aux entreprises de télé-services de renouveler leurs

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équipements technologiques très rapidement frap­pés par l'obsolescence. C'est ainsi que les respon­sables de ces entreprises pourront développer leurs activités et contribuer au développement durable du Sénégal.

Pistes relatives au domaine

des biens de consommation

Du fait du savoir-faire des sénégalais reconnu au niveau international pour leur grande expertise dans des domaines tels que le textile, la chaussure et les produits artistiques , il serait souhaitable de créer sur le territoire sénégalais des pôles de compétitivité en vue de l'exportation dans là sous-région ouest africaine et dans les pays européens et américains. Ces pôles pourraient assurer à ce pays une place de premier plan dans la chaîne mondiale de la sous­traitance pour ces produits.

Cette orientation est justifiée par le fait que le Sénégal bénéficie d 'avantages liés au faible coût de sa main d 'œuvre et à son environnement politique favorable à l'implantation d'industries de transfor­mation. Toutefois, ce pays doit remédier à certaines de ses faiblesses, notamment le coût relativement élevé des facteurs de production et la défaillance de son système énergétique.

- Pour développer certains domaines d'activi­tés tels que le textile ou la chaussure, il est nécessaire de réaliser des publications dans les journaux spécialisés de manière à présen­ter et développer des cas de réussite d'inves­tissement afin d 'inciter des hommes d 'affaires à entreprendre des actions de développement durable au Sénégal. Ces actions pourront avoir pour effets l'augmentation du trafic maritime et aérien et la baisse du coût de ces transports.

- Le renforcement de la compétitivité des indus­tries sénégalaises de biens de consommation nécessite qu ' un accent particulier soit mis sur les facilités à l'exportation et à l'importation des produits au Sénégal (taxes relativement élevées) .

- Il apparaît judicieux de saisir les opportunités économiques offertes par les accords UE/ ACP

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Des pistes pour le développement durable en Afrique : le cas du Sénégal

et AGOA (1) pour négocier et concrétiser des accords avec certains pays développés dans le but de promouvoir les domaines du textile, de la chaussure et des produits artistiques du Sénégal.

- Il est nécessaire de créer des centres de for­mation pour renforcer les connaissances et les compétences des Sénégalais dans le domaine de la production des biens de consommation tels que le textile ou la chaussure .

CONCLUSION

Cette recherche avait pour but essentiel de pro­poser des pistes en vue du développement durable

Abdoulaye Ouattara

en Afrique et, plus particulièrement, au Sénégal.

C'est essentiellement grâce à des analyses docu­mentaires et des enquêtes auprès de différents res­ponsables des ministères concernés par le dévelop­pement durable et des experts ayant contribué au développement durable du Sénégal, que nous avons réussi à proposer des pistes de développement.

Nos recommandations demeurent modestes. Cependant, elles peuvent permettre, d 'une part, de sensibiliser les autorités sénégalaises dans la réalisa­tion des activités liées au développement durable et, d'autre part, être utiles aux autres dirigeants africains qui pourront s'en inspirer pour mettre en œuvre des actions de développement durable dans le contexte socio-économique et culturel de leur pays.

BIBLIOGRAPHIE

Dolan P.(2002) - The sustainability of sustainable consumption, Journal of Marcomarketing vol.22, n°2, 171-181.

Ferone G. , d 'Arcimole C/ H. , Bello P. et Sassenou N. (2002) - Le développement durable, Paris, Edition d'organisation.

Gabriel P. (2003) - Le Marketing comme moyen de légitimation des entreprises dans une perspective de développement durable, Revue Française du Marketing, n°29, 67-76.

Harribey J-M 0998) - Le développement soutenable, Economica.

Kotler Ph, B. Dubois (1997) - Le marketing direct interactif: marketing du 21""" siècle, Revue Française du marketing, n° 164, 43-58.

Martinet A-C. , Reynaud E. (2001) - Shareholders, Stakeholders et Stratégie, Revue Française de Gestion, novembre - décembre, 12-25.

Ouattara A. (2003) - Marketing en Afrique : Concepts et applications, star Editions.

(1)-- .

African Growth opportunity Act constitue un accord permettant aux pays en voie de développement d 'exporter certains de leurs produits en bénéficiant de l'exemption des taxes.

REVUE FRANÇAISE DU MARKETING•- Décembre 2004 - N° 200 - 5/ 5

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EFFECTIF

1000 membres : 54 % dirigeants, cadres d'entreprise 33 % consultants 13 % enseignants

LES MISSIONS

• Porter l'innovation marketing :

- assurer une veille sur les techniques et les méthodes marketing,

- diffuser les nouvelles techniques marketing,

- faire progresser le concept marketing, promouvoir son usage,

- répondre au développement des entreprises par une formation innovante et de haut niveau.

• Etre la référence sur les pratiques du marketing :

- vis-à-vis des professionnels du marketing,

- vis-à-vis des entreprise et des pouvoirs publics,

• Favoriser les échanges :

- entre praticiens du marketing, vers un enrichissement professionnel,

- avec les autres fonctions de l'entreprise.

• Représenter et promouvoir la profession et les métiers marketing.

LES MOYENS

- Le Conseil d 'Administration, le Bureau.

- Le Comité Directeur : 50 animateurs de Groupes, 28 membres de Comités spécifiques, 7 Présidents de Régions.

- 125 intervenants en formation et 10 permanents.

LES RÉALISATIONS

• Groupes et Régions :

85 réunions, 2300 participations.

• Documentation :

- 3300 ouvrages, 2000 arides de revues référencés, 100 revues.

• Publications : - 5 numéros de la Revue Française du

Marketing, 2000 abonnés dans 38 pays.

- L'Annuaire du Marketing.

LOCALISATION

Paris

10 Groupes, professionnels et de méthodes.

3 Régions :

Club adetem Rhône-Alpes - Méditerranée - Ouest

CONTACTS :

Dominique SERVANT, Déléguée Générale

Tél. : 01 41 16 76 50. Fax : 01 41 16 76 58