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DIALOGUE ENTRE LES TROIS RELIGIONS MONOTHEISTES: VERS UNE CULTURE DE LA PAIX Rapport de la journée de réflexion sur le Dialogue entre les trois religions monothéistes: vers une culture de la paix organisée sous le haut patronage de Sa Majesté le Roi Hassan II par le Ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de la culture et I’UNESCO Rabat, le 16 février 1998 DIALOGUE BETWEEN THE THREE MONOTHEISTIC RELIGIONS: TOWARDS A CULTURE OF PEACE Report on the Seminar on the Dialogue between the Three Monotheistic Religions: Towards a Culture of Peace organized under the high patronage of His Majesty, King Hassan II by the Ministry of Higher Education, Scientific Research and Culture and UNESCO Rabat, 16 February 1998 UNESCO 1998

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DIALOGUE ENTRE LES TROIS RELIGIONS MONOTHEISTES: VERS UNE CULTURE DE LA PAIX

Rapport de la journée de réflexion sur le Dialogue entre les trois religions monothéistes: vers une culture de la paix organisée sous le haut patronage de Sa Majesté le Roi Hassan II par le Ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de la culture et I’UNESCO Rabat, le 16 février 1998

DIALOGUE BETWEEN THE THREE MONOTHEISTIC RELIGIONS:

TOWARDS A CULTURE OF PEACE

Report on the Seminar on the Dialogue between the Three Monotheistic Religions: Towards a Culture of Peace

organized under the high patronage of His Majesty, King Hassan II by the Ministry of Higher Education, Scientific Research and Culture

and UNESCO Rabat, 16 February 1998

UNESCO 1998

Les idées et les opinions exprimées dans cet ouvrage sont celles des participants et ne reflètent pas nécessairement les vues de KJNESCO.

The ideas and opinions expressed in this volume are those of the participants and do not necessarily reflect the views of UNESCO.

Publié en 1999 par l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture Bureau régional de Rabat B.P. 1777, RABAT R.P., Maroc Composé par l’UNESC0 et imprimé par l’Imprimerie El Maarif Al Jadida, Rabat

0 UNESCO 1999 Published in 1999 by the United Nations Educational,

Scientifïc and Cultural Organization Regional Office in Rabat

B.P. 1777, RABAT R.P., Morocco Composed by UNESCO’and printed by the Imprimerie El Maarif Al Jadida, Rabat

DIALOGUE ENTRE LES TROIS RELIGIONS MONOTHEISTES:

VERS UNE CULTURE DE LA PAIX

Rabat, février 1998

PREMIERE PARTIE: Messages

Message de Sa Majesté le Roi Hassan II du Maroc 1 Allocution du Directeur général de l’UNESCO 9 Déclaration de Sa Sainteté le Pape Jean-Paul II 14 Message de Sa Sainteté le Patriarche Oecuménique Bartholomeos 1, Primat des Eglises Orthodoxes 16 Allocution du Grand Rabbin d’Israël Eliahu Bakshi Doron 19

PARTIE II: Les valeurs communes aux trois religions monothéistes 23

PARTIE III: Initiatives de dialogue entre les religions monothéistes 43

PARTIE IV: Propositions d’action 47

PARTIE V: Déclaration 55

ANNEXE: Liste des participants 117

PREMIERE PARTIE MESSAGES

MESSAGE DE SA MAJESTE LE ROI HASSAN II DU MAROC

Louanges à Dieu,

Que la prière et le salut soient sur le Prophète, Ses Proches et Ses Compagnons,

Mesdames et Messieurs,

Il nous est agréable de vous exprimer, à l’ouverture de cette rencontre, Nos salutations, Nos félicitations et Notre considération.

Votre rencontre, qui se tient dans le cadre du dialogue entre les religions révélées, dans la capitale de Notre Royaume, et sous Notre Patronage, constitue un motif de fierté pour le Maroc et une source d’espoir pour tous les intervenants convaincus du rôle du message des religions dans la réalisation de l’entente et de la paix. C’est pourquoi Nous sommes heureux de vous exprimer, éminences et honorable assistance, Notre gratitude d’avoir choisi le Maroc pour abriter et assurer succès à ce dialogue, dont Nous attendons tous qu’il soit l’occasion de méditer et d’engager la réflexion sur l’avenir spirituel de l’humanité.

Nous exaltons, de prime abord, les nobles démarches et les efforts louables déployés pour concrétiser cette rencontre qui regroupe d’éminentes personnalités religieuses et de grands penseurs afin de faire ressortir les valeurs communes aux religions révélées et fonder, sur cette base, une culture de dialogue. Nous avons également la joie d’exprimer à l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), Notre profonde considération pour son rôle et celui de ses

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PREMIERE PARTIE MESSAGES

organismes dans la diffusion de la culture et de la connaissance, et de réaffirmer Notre volonté constante de l’appuyer pour atteindre ses objectifs. Nous sommes aussi heureux d’exprimer à son Directeur général, Monsieur Federico Mayor, Notre considération personnelle pour son œuvre illustre et ses nobles efforts déployés au service des principes de l’Organisation et de sa mission.

Mesdames, Messieurs,

Vous n’êtes pas sans savoir la situation dans laquelle l’humanité se trouve en ce siècle dont nous vivons les dernières années. Cette situation a atteint un degré extrême de souffrances du fait du bouleversement des valeurs morales, de l’exacerbation des disparités entre peuples nantis et peuples démunis, de l’aggravation des dangers de conflits ethniques et de l’extension de la violence, du crime organisé et des actes immoraux. Devant ces menaces, devenus des défis préoccupants, il nous appartient de nous mobiliser dans le cadre d’une stratégie qui nécessite la conjugaison des efforts de toutes les potentialités religieuses, culturelles et sociales pour endiguer ces périls.

L’espoir de dépasser cette réalité est ressuscité par ces mêmes potentialités qui, jusqu’à présent, ont réussi à souligner le rôle de la religion dans la mobilisation des esprits et la sensibilisation des consciences pour remédier à ces bouleversements qui menacent la paix mondiale et font courir à l’humanité le danger de dérives morales certaines. Ainsi, de nombreuses institutions internationales ont commencé à s’intéresser au dialogue entre les religions en vue de conjuguer les efforts des croyants pour faire face à ces défis et limiter leur extension. Il s’agit de défis qui deviennent d’autant plus menaçants que les pays puissants misent sur la détention des moyens de contrôle de l’avenir de l’humanité aux plans économique, médiatique et technologique, et parient sur la mondialisation de la culture pragmatique et du matérialisme démagogique.

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Ces dangers doivent nous rendre plus conscients quant à la nécessité de les affronter et d’éviter que la paix mondiale ne pâtisse de leurs effets néfastes, dus à l’absence d’équilibre face aux graves menaces et à la perte de références morales pour les circonscrire.

Une vision profonde et fondamentalement spirituelle, qui permet de sonder cette réalité complexe nous amène à constater que celle-ci souffre de l’absence de valeurs religieuses et morales. En outre, une telle vision religieuse éclairée, conjuguée à une sensibilisation des gens, est de nature à contribuer à dissiper les craintes que nous éprouvons et à éloigner les dangers que nous redoutons. Cette responsabilité incombe à tous: gouvernements, institutions internationales, société civile, potentialités intellectuelles et religieuses, chacun selon ses moyens, sa position, sa méthode et ses attributions.

Nul doute que les théologiens, et particulièrement ceux appartenant aux religions célestes et qui ont foi en l’unicité de Dieu, sont appelés, plus que tout autre, à mobiliser leurs moyens pour faire face à ce défi qui menace de destruction les valeurs humaines. Ils sont ainsi sollicités non pas seulement parce qu’ils doivent être à l’avant-garde de ceux qui doivent lutter contre la dépravation des valeurs et la dénaturation de la personne humaine, mais, parce que les religions célestes auxquelles ils appartiennent n’auraient pas de sens - ou plus exactement leur attachement à ces religions n’aurait aucun sens - en dehors de cette confrontation que leur impose, en tous temps et en tous lieux, leur foi et ce, afin de lutter contre ces dangers et contenir leurs retombées.

Dans cette situation, l’humanité a grand besoin d’une référence morale commune à laquelle elle devrait croire et œuvrer pour sa réalisation. La paix

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que nous espérons aujourd’hui voir s’instaurer entre les nations, les peuples, les individus et les collectivités - et c’est là une revendication vitale - et l’une des valeurs morales - référence que l’on se doit de consolider entre nous, car les périls que nous avons évoqués sont de nature à attenter à la sécurité et à la paix mondiales, en sapant leurs fondements et en les menaçant gravement. Les autres valeurs n’auraient alors aucune portée, ni aucun écho, d’où la nécessité de consolider, aujourd’hui, la culture de la paix et du dialogue, de l’ériger en tradition internationale et d’en tenir compte dans les programmes enseignés au sein des établissements pédagogiques et scientifiques afin de préserver la paix et d’en garantir la pérennité.

Si la culture de la paix reste notre objectif, elle demeure tributaire de la consécration du droit à la différence qui doit être considéré comme naturel entre les gens, et une preuve de la richesse intellectuelle de l’humanité et de la diversité culturelle et civilisationnelle. Elle suppose également d’admettre la pluralité des identités culturelles et des convictions religieuses.

Admettre le droit à la différence suppose, en premier lieu, d’adopter le dialogue comme moyen de la connaissance mutuelle, de la compréhension, de la communication et de la coopération.

Les sages enseignent que le contact direct et le dialogue continu entre personnes prônant des points de vue divergents procède de la vertu, celle de la tolérance et de la reconnaissance de l’autre comme notre égal en droits et en culture. En outre, ce dialogue abolit les obstacles psychologiques qui entravent sa concrétisation et qui sont érigés par les préjugés, les idées reçues et les a priori, qui, dans la plupart du temps, empêchent de connaître la vérité et de saisir la réalité objective.

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Il est également admis que les gens les plus ouverts au dialogue et qui œuvrent pour sa concrétisation afin que s’instaurent la compréhension et la coexistence, sont ceux-là mêmes qui prêchent les mêmes valeurs morales, admettent des fondements spirituels communs, et qui sont unis par la foi en Dieu, le Tout-Puissant. Il s’agit là, sans nul doute, de qualités propres à l’ensemble des croyants appartenant aux religions révélées.

Mesdames, Messieurs,

Cette rencontre qui vous réunit aujourd’hui, vous qui incarnez les valeurs religieuses communes et cette référence morale universelle, témoigne clairement de la force de votre volonté et de votre détermination et de celles des croyants appartenant aux diverses religions révélées que vous représentez.

L’occasion qu’offre cette rencontre ne doit donc pas être perdue, ni se dérouler sans que l’on jette les bases d’un dialogue régulier et ininterrompu entre les fidèles des religions monothéistes, et sans que l’on œuvre à la consolidation de la culture de la paix et du dialogue, deux revendications indissociables, car la paix constitue le fondement du monothéisme et sa finalité première. De même, l’instauration de la culture du dialogue constitue un garde-fou garantissant la paix et le coexistence entre les religions.

Nul doute que cet objectif noble est celui-là même qui vous réunit aujourd’hui et qui vous a inspiré dans le choix du thème de cette heureuse rencontre.

Mesdames, Messieurs,

L’Islam constitue en lui-même un appel franc au dialogue entre les religions monothéistes. Le Saint Coran a proclamé cet appel du fait de sa révélation dans un environnement civilisationnel qui représentait un lieu de rencontre

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entre Christianisme, Judaïsme et Islam et, aussi, parce que l’Islam constitue la religion du juste milieu qui appelle ses adeptes à croire à tous les messagers et prophètes, sur eux prière et bénédiction de Dieu, ainsi qu’à tous les livres qui leur ont été révélés. C’est pourquoi le Coran exhorte les Musulmans à promouvoir le dialogue avec les adeptes de toutes les religions célestes, unis dans l’adoration d’un Dieu unique. Dieu a dit: “Ne discute pas avec les gens du livre que de la manière la plus courtoise - sauf avec ceux d’entre eux qui sont injustes - dites nous croyons à ce qui est descendu vers nous et à ce qui est descendu vers vous. Notre Dieu qui est votre Dieu unique et nous lui sommes soumis” (Coran).

L’Islam ne s’est toutefois pas contenté d’appeler à ce dialogue pour l’instauration de la paix et de l’entente, il en a également déterminé les conditions entre adeptes des religions célestes et a imposé aux Musulmans de faire prévaloir la paix et d’y adhérer sans hésitation aucune. Le Très-Haut a dit: “Ô vous qui croyez, entrez tous dans la paix” (Coran). Il nous a imposé, à nous Musulmans, de promouvoir la paix entre nous et a fait que nous nous échangeons les salutations en nous disant les uns les autres: “Que la paix soit sur vous”. Il est donc tout à fait naturel que l’appel à l’édification d’une culture de paix, à sa propagation entre les religions et l’éradication des séquelles de la haine et des divergences entm les croyants, soit une dolkance à laquelle les Musulmans s’empressent de répondre chaque fois qu’ils y sont appelés.

Lorsque cet appel tend à la paix et à la planification des méthodes susceptibles de la réaliser, d’en édifier la culture et d’en bâtir les institutions, ces croyants ne sauraient donc que s’en réjouir et ne peuvent que ressentir un profond sentiment de satisfaction et de confiance en les espoirs qu’il ouvre.

Comme nous, éminences, vous devez être impatients de voir débuter les travaux de cette rencontre qui fonde ce dialogue, animés par l’optimisme, les

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espérances et la sérénité dont elle est porteuse. Nous attendons de votre réunion qu’elle scelle les conditions du dialogue entre vous et que celui-ci soit ininterrompu et ait lieu dans un cadre défini, garantissant la régularité et le suivi et inspirant aux responsables et aux décideurs la réalisation de la coexistence entre les Nations et les peuples et l’instauration de la paix entre eux, valeurs qui doivent leur éclairer la voie, constituer un soutien pour eux et édifier tous les acteurs autour.d’eux sur le fait que le Royaume de Dieu sur terre appartient aux fils d’Adam qui en sont les héritiers, pour qu’ils y fassent œuvre d’édification, agissent pour en fructifier les bienfaits et œuvrent pour y promouvoir le développement, se transmettant les valeurs du monothéisme, de la justice, de l’égalité et de la paix, sans différence aucune entre les peuples et leurs tribus si ce n’est par la grâce dont le Tout-Puissant comble ceux d’entre nous qui sommes le plus attachés à la vertu, qui craignent le plus Dieu, qui œuvrent pour le bien et pour que règne l’amitié entre les hommes.

Nul doute que les défenseurs de la paix à travers le monde accueillent avec confiance une telle rencontre et lui souhaitent succès et réussite, eu égard à la noblesse de vos buts et objectifs qui permettent à l’humanité d’entrevoir des horizons d’espoir en l’édification de la paix et la suppression des entraves existant, depuis fort longtemps, entre adeptes de différentes religions. Ces défenseurs de paix et ces croyants fondent donc sur vous de grands espoirs, ce qui fait peser sur vous une grande responsabilité dont vous ne pouvez vous acquitter que par le dialogue constant, les rencontres successives, la loyauté dans la définition des objectifs et la sincérite dans la recherche d’une entente sur les principes communs et les constantes qui ne soufhent d’aucune divergence.

Vous ne pouvez donc pas omettre d’élaborer un plan d’action commun, et nous avons espoir que le temps vous permettra d’en déterminer les contours et d’en dégager les grandes lignes. Nous souhaitons également que vous puissiez élaborer une liste des grandes questions en rapport avec celle de

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l’instauration de la paix entre les peuples, tout en lançant un appel à la conjugaison des efforts pour leur règlement et pour que la logique de la paix prévale sur toute autre considération.

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Puisse Dieu vous accorder soutien et couronner de succès vos actions, Puisse-t-il réunir pour vous les conditions de réussite au service de la justice et de la paix et réaliser les aspirations de tous les croyants à la fraternité, à l’entente et à la concorde, Dieu est le meilleur soutien.

“Dis: Voici mon chemin. J’en appelle à Dieu, moi et ceux qui me suivent” (Coran).

Que la paix et la Bénédiction de Dieu soient sur vous.

Fait au Palais Royal à Rabat, le vendredi 15 Chaoual 1418 de 1’Héjire correspondant au 13 février 1998

Hassan II Roi du Maroc

PREMIERE PARTIE MESSAGES

ALLOCUTION DU DIRECTEUR GENERAL DE L’UNESCO

Monsieur le Ministre Driss Khalil et cher ami, Messieurs les Conseillers de Sa Majesté le Roi Hassan II, Monsieur le Président de la Chambre des Conseillers, Messieurs les distingués Repksentants du Judaïsme, du Christianisme et de l’Islam, Mesdames et Messieurs les Ministres, Excellences, représentants du corps diplomatique, Mesdames et Messieurs les professeurs, observateurs et repkentants des médias, Chers collègues,

Je commencerai cette allocution en rappelant quelques paroles des écritures saintes des trois religions monothéistes:

“... de leurs épées ils forgeront des socs et de leurs lances des faucilles. Les nations ne lèveront plus l’épée l’une contre l’autre, et l’on ne s’exercera plus à la guerre”. (La paix perpétuelle, Isaïe, Ancien Testament)

“Eh bien! moi, je vous dis de ne pas tenir au méchant; au contraire, quelqu’un te donne-t-il un soufflet sur la joue droite, tends-lui encore l’autre”. (Discours évangélique, Saint Mathieu, Nouveau Testament)

Extrait de la sourate III du Coran 84. Dis: “Nous croyons en Dieu; à ce qui nous a été révélé; à Abraham, à Ismaël, à Isaac, à Jacob et aux tribus;

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à ce qui a été donné à Moïse, à Jésus, aux prophètes de la part de leur Seigneur. Nous n’avons pas de préférence pour l’un d’entre eux: nous sommes soumis à Dieu”.

Ces quelques paroles montrent bien que tant nous unit et si peu nous sépare. Malheureusement, pendant des siècles, nous avons souffert de la division, résultat de la mauvaise interprétation du message d’amour, de tolérance et de compassion qui est au coeur de chacune des trois religions ici représentees.

L’inquiétude face à l’intolérance religieuse a amené la Conférence mondiale sur les droits de l’homme en juin 1993 à demander à tous les gouvernements de prendre des mesures appropriées pour lutter contre l’intolérance fondée sur la religion et contre la violence qui l’accompagne. Cette inquiétude s’était aussi exprimée dans la “Déclaration sur 1 ‘élimination de toutes les formes d’intolérance et de discrimination fondées sur la religion ou la conviction”, adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies, le 25 novembre 1981. D’autres résolutions, adoptées par la suite, expriment cette même préoccupation, face aux actes de violence, d’intimidation et de coercition qui se produisent dans de nombreuses régions du monde.

Tous ceux qui recourent à la violence, parfois au nom de la religion, travestissent gravement le message de celle-ci. Il nous faut sortir de cette spirale de méfiance, d’intolérance et de violence, et restaurer les religions dans leur rôle éminemment éthique.

Les Etats membres de I’UNESCO se sont déclarés unanimes pour instaurer une culture de la paix, fondée sur le dialogue, la compréhension mutuelle, le respect de l’autre, la compassion et la tolérance. Dans cette entreprise

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difficile et de longue haleine, les dignitaires de la foi et les personnalités religieuses doivent jouer un rôle de tout premier plan. La Déclaration de Barcelone sur “Le rôle de la religion pour la promotion d’une culture de paix”, adoptée en décembre 1994, diffusée largement par l’UNESC0 et par le Centre UNESCO de Catalunya, a été une étape importante à cet égard. L’UNESCO attend beaucoup des institutions religieuses qui possèdent un vaste réseau de mobilisation et qui peuvent agir quotidiennement en faveur de la paix et contre les actes d’intolérance et de violence.

Les paroles du Mahatma Gandhi, apôtre de la non violence, sont plus que jamais d’actualité. Il disait en effet: “ma religion m’enseigne d’aimer tous les êtres également. J’ai trouvé la même loi d’amour pur aussi bien dans les Ecritures hindoues que dans la Bible et le Coran”.

Chaque civilisation et chaque culture a des valeurs qu’il faut reconnaître et apprécier dans cette diversité, mais aussi dans cette unicité qui caractérise chaque être humain, pour comprendre, respecter et aimer l’autre. La diversité culturelle est la richesse de l’humanité; le pluralisme religieux et culturel est le fondement d’une paix durable: tous différents et tous unis autour de quelques vérités suprêmes. D’où la nécessité d’encourager le dialogue entre les religions pour retrouver et réitérer le message profond de paix qu’elles recèlent.

Ces valeurs fondamentales de solidarité, de justice et de paix doivent inspirer la conduite de tous et contribuer à cette éthique universelle ainsi qu’au cadre éthique de notre vie quotidienne, qui sera le fondement de la “solidarité intellectuelle et morale”, celle-là même qui a été assignée à 1’UNESCO comme son objectif primordial par les pères fondateurs de l’Organisation.

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Il convient à cet égard de se réjouir de la résolution adoptée le 20 novembre 1997 par l’Assemblée générale des Nations Unies, sur la Culture de la paix, ainsi que la proclamation de l’an 2000 comme l’Année de la culture de paix, c’est-à-dire de la transition vers une culture fondée sur les valeurs de convivialité, du partage, de justice, de tolérance, de solidarité et sur la non violence.

Le message de Sa Majesté, transmis au début de cette Journée, est d’une importance cruciale. Nous sommes en effet ici pour montrer notre volonté de dialogue et d’interaction permanente, ainsi que pour jeter les fondements du nouveau contrat moral que l’humanité requiert de façon urgente. Cette nouvelle approche, essentielle et urgente, a pour objet ultime de nous faire vivre ensemble en paix, tous unis face à l’orage et à la tempête dans le bateau évoqué par Leonardo da Vinci. Ce dernier a en effet souligné que nous sommes tous des passagers qui font face au même défi et à un destin commun.

Nous sommes aussi réunis pour adresser un message de tolérance, qui est la condition d’une paix durable. La paix ne peut être durable sans la liberté d’expression, la justice et la solidarité. Ce n’est pas moi qui l’affirme, mais l’Acte Constitutif de I’UNESCO qui le proclame. Il faut également retrouver l’essence de nos religions, élaguer pour retrouver la lumière originale. Il faut dire non aux radicaux et que nous aimons la mémoire de l’avenir. Nous ne pouvons pas modifier le passé, mais nous pouvons choisir notre avenir, pour que s’imposent la force de la raison, le dialogue, la justice, la solidarité et l’amour.

Il nous faut donc lancer un appel à tous les croyants en faveur d’un comportement quotidien fait d’amour et de générosité, et leur réitérer que la violence et la force ne sont pas du tout le message que les religions sont

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chargées de transmettre. Nous devons nous adresser à tous les croyants pour arrêter la spirale de la violence et de ia force et s’engager sur le chemin de la paix, de la compassion et du parrage. Ce serait là la meilleure des prières et aussi la meilleure façon de tendre la main aux non croyants, à ceux qui n’ont pas encore trouvé les réponses aux questions essentielles. Ce serait enfin contribuer au sourire de Dieu.

Federico Mayor

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DECLARATION DE SA SAINTETE LE PAPE JEAN-PAUL II

A Sa Majesté Hassan II, Roi du Maroc

Informé de la tenue à Rabat, à l’invitation de Votre Majesté et avec la participation du Directeur général de-WNESCO, d’une journée de réflexion sur “le dialogue entre les trois religions monothéistes: vers une culture de la paix”, je suis heureux de vous exprimer ma satisfaction pour cette initiative.

Je salue cordialement les éminentes F;rsonnalités qui participent au colloque. Je souhaite que leurs travaux soient l’occasion d’échanges sereins et sincères pour promouvoir parmi les hommes la fraternité et la solidarité qui découlent des valeurs de paix, dc justice et de respect mutuel, communes au Judaïsme, au Christianisme et à l’Islam. Comme j’ai déjà eu l’occasion de le .déclarer, “les contacts interreligieux semblent désormais une voie obligée pour que les nombreux et douloureux déchirements survenus au cours des siècles ne se reproduisent plus et que les blessures qui demeurent soient bientôt guéries” (Message pour la XXVème journée mondiale de la paix 1992, n. 6).

De telles rencontres doivent donc inciter les croyants à se mettre à l’écoute du “Dieu de paix” et à se laisser guider par Lui afin que leurs communautés religieuses respectives observent entre elles une attitude de compréhension et de dialogue, pour pouvoir contribuer ensemble au développement d’une véritable culture de la paix.

Alors que nous nous trouvons au seuil d’un nouveau millénaire, j’encourage vivement tous ceux qui professent la foi au Dieu Unique ainsi que tous les

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hommes de bonne volonté à unir leurs forces pour que l’humanité entière connaisse enfin le temps de la réconciliation et de la paix.

Je prie Dieu Tout-Puissant de répandre sur Votre Majesté, ainsi que sur les participants, à cette journée de réflexion l’abondance de ses Bénédictions.

Du Vatican, le 2 février 1998.

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MESSAGE DE SA SAINTETE LE PATRIARCHE OECUMENIQUE BARTHOLOMEOS 1, PRIMAT DES EGLISES ORTHODOXES

Bartholomeos par la grâce de Dieu Archevêque de Constantinople, Nouvelle Rome, et Patriarche Oecuménique

A Sa Majesté le Roi du Maroc, A Son Excellence Monsieur Federico Mayor, Directeur général de IWNESCO, Aux participants de la journée de réflexion,

Puisque nous n’avons pas pu nous rendre personnellement à cette journée de réflexion si intéressante, nous vous adressons par notre représentant. Son Excellence Monseigneur Emmanuel, Evêque de Réghion, notre cordiale salutation et nos vœux amicaux, en vous souhaitant de tout cœur le succès à vos travaux et toute illumination d’en haut pour la conclusion des résultats positifs qui plaisent à Dieu suite à vos discussions.

Le sujet de votre rencontre “Le dialogue entre les trois religions monothéistes: vers une culture de la paix”, est très actuel et il est nécessaire de l’étudier.

Nous avons hérité malheureusement de nos pères une civilisation des contradictions et de la haine, qui a mené à des actions hostiles. Heureusement nous constatons déjà l’impasse de ce cheminement et nous prenons conscience progressivement de la nécessité de marcher sur un chemin plus droit. Ce chemin droit n’est rien d’autre que celui de la coexistence pacifique, de la réconciliation et de la compréhension mutuelle. A l’antipode de la compréhension mutuelle se trouve la destruction réciproque, mais tandis que celle-ci personne n’en profite, tous profitent de la première.

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Les fidèles des trois religions monothéistes ont suivi cette attitude négative de la haine et des guerres sanglantes entre eux, à cause du malentendu au sujet de la volonté du Dieu unique, qui. est compatissant et miséricordieux selon l’enseignement des trois religions.

II est connu que tous les chapitres du Coran commencent par la phrase “Au nom de Dieu compatissant et miséricordieux”. Le premier chapitre est une prière a Dieu qui peut être dite par chacun des fidèles des trois religions monothéistes, car il n’y a là rien de contradictoire a leur foi.

Dans l’Ancien Testament, le Livre sacré aussi bien des Israélites que des Chrétiens, cité plusieurs fois et respecté par le Coran, on trouve des citations sur la grande miséricorde de Dieu, que Dieu nous couronne en compassion et miséricorde, qu’il gouverne toute la Création en miséricorde etc.

Dans le Nouveau Testament, Livre sacré des Chrétiens, nous trouvons un trésor sur la miséricorde de Dieu pour l’homme déchu.

Cette référence constante à la disposition miséricordieuse de Dieu témoigne que celle-ci est le principal de ses attributs ou, au moins un des plus importants et que toutes les déviations par rapport à elle proviennent de la dureté du cœur des hommes. Si nos cœurs étaient imprégnés de l’esprit de la compassion et de la miséricorde de Dieu, tous ses commandements, qui à cause de nos faiblesses nous permettent certaines déviations, seraient alors inutiles; ils sont en effet des commandements qui se réfèrent au bien relatif lorsqu’il n’est pas possible d’avoir le bien parfait.

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Par conséquent, la civilisation de la paix est indéniablement plus parfaite de celle de la discorde et de la guerre. Elle constitue aussi pour nous tous le but sacré et désirable, bien aimé par le Dieu unique, que tous nous adorons, même si c’est de manière différente pour chacun d’entre nous.

Il est utile par conséquent de multiplier nos efforts pour la réalisation de ce but que nous souhaitons de voir réalisé de nos jours.

Que la grâce du Dieu unique, le Très Haut, soit avec vous tous et qu’il illumine vos cœurs.

Le 12 février 1998. $axtholomeos de Constantinople, Fervent intercesseur pour vous auprès de Dieu.

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ALLOCUTION DU GRAND RABBIN D’ISRAËL ELIAHU BAKSHI-DORON

Monsieur le Directeur général,

Nous avons l’habitude de commencer toute intervention par le mot shalom qui signifie paix, ce qui prend un sens tout à fait particulier ici et maintenant. Nous avons entendu avec beaucoup d’émotion le discours de Sa Majesté le Roi et celui de Monsieur le Directeur général de I’UNESCO, et nous savons que le mot shalom n’est pas simplement un souhait et une bénédiction, mais c’est aussi une culture, une volonté d’aller de l’avant et de formuler un certain nombre de propositions importantes en ce qui nous concerne.

Lorsque l’on se réfère au mot shalom ce n’est pas simplement un souhait, c’est aussi une valeur religieuse fondamentale à laquelle nous adhérons tous ici en tant que représentants des religions monothéistes. Je ne sais pas si en une journée nous pourrons remplir notre engagement, mais le fait même que nous soyons ici ensemble pour parler de ces valeurs fondamentales que constituent la paix et le dialogue interreligieux, a un sens tout à fait fondamental.

Nous savons que ce mot shalom est l’affirmation que Dieu est miséricordieux et qu’il apporte Sa compassion à l’ensemble de l’humanité; le mot shalom est aussi une espérance, une prière que Dieu exauce à l’égard de tous ceux qui le recherchent véritablement. Nous avons l’habitude de penser que lorsque nous avons une bonne intention, le Seigneur, béni soit-Il, prolonge cette bonne intention pour la traduire en une réalité, et il n’est pas de lieu plus propice pour parler de paix et de dialogue interreligieux que dans ce Royaume du Maroc qui est le symbole

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même de l’ouverture, de la fraternité et de cette culture de la paix; par conséquent, nous sommes très heureux de participer à cette rencontre pour parler de paix et de fraternité.

Le fait même que nous affirnnons notre attachement à cette valeur suprême que constitue la paix, est une bénédiction pour l’humanité toute entière, parce que l’ensemble des peuples du monde se rendent compte que de hauts dignitaires et représentants des trois religions sont ici présents pour affirmer ces valeurs de paix et de fraternité. Il est vrai que nous sommes parfois entraînés vers la violence et à affronter nos propres frères, mais nous nous devons de réaffirmer les valeurs fondamentales de la paix, du dialogue et du respect mutuel, car les religions se fondent sur ces valeurs, et cela constitue en soi un énorme progrès et montre la direction à suivre.

Les prophéties de la Bible sur l’absence de guerre, sur l’élimination de toute volonté de guerre ainsi que des armes ne sont pas encore réalisées, et malheureusement des conflits, des guerres et des violences existent ici ou là. On a utilisé parfois la, religion comme moyen pour aller dans le sens de la violence, alors qu’il faut,. au contraire, montrer que la religion transcende les frontières et les divergences entre les hommes. Il convient pour nous d’affirmer solennellement que Dieu n’admet pas la violence et que Dieu ne recommande pas, loin de là, de faire usage de la force; et nous demandons que lorsqu’il y a malheureusement ici ou là - tant que les prophéties d’Isaïe ne sont pas réalisées - des violences et des guerres, celles-ci ne soient pas faites au nom de la religion. Lorsqu’il y a des hommes, des enfants, des vieillards qui sont les victimes des exactions, des violences, c’est le cas en Algérie et récemment en Egypte, il nous faut affirmer tous ensemble que cela ne peut pas être fait au nom de la religion, car l’affirmation fondamentale pour nous est que Dieu est plein de miséricorde et d’amour pour toutes Ses créatures qu’I1 a créées à Son image. Dieu nous

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pardonne nos fautes et Il est plein de compassion et de miséricorde. Il est vrai que la vie et la mort peuvent résulter de la prise de parole comme on l’a rappelé tout à l’heure en citant un poète musulman qui rappelle une idée que l’on trouve dans la Bible. Par conséquent, nous devons être particulièrement responsables et redire de manière très forte et de façon inébranlable que les valeurs de paix doivent transcender l’ensemble des probkmes que connaît actuellement l’humanité.

Le distingué Directeur général de I’UNESCO a cité le verset d’Isaïe qui préconise de briser les épées pour en faire des socs de charrue, mais nous ne sommes plus au temps où la guerre se faisait avec des épées. Il existe malheureusement des moyens de destruction massive d’êtres humains. Je viens d’un pays où on essaye maintenant des masques à gaz à des petits enfants parce qu’il y a effectivement danger. Nous devons par conséquent réaffirmer avec force qu’il faut justement que cette culture de guerre laisse place aux valeurs fondamentales qui ont été évoquées ici depuis ce matin. Il ne s’agit pas seulement de briser des épées, mais d’apporter aussi le bien-être à ceux qui sont dans le besoin. Il ne suffit pas simplement de répéter le mot “paix” comme une sorte d’incantation, il s’agit d’œuvrer pour que ceux qui sont démunis le soient moins, pour qu’il y ait plus de compréhension, plus de sens des responsabilités vis-à-vis de l’ensemble des créatures humaines; c’est aussi cela le sens du verset d’Isaïe: permettre à l’humanité toute entière d’avoir un peu plus de bien-être, un peu plus de bonheur et d’avoir accès à la connaissance et à la culture.

Je voudrais conclure mon intervention en souhaitant que la liberté de culte soit accordée à l’ensemble des croyants et partout dans le monde. J’ai eu le privilège de vivre avant-hier un shabbat au Maroc et j’ai vu la possibilité qui est donnée aux Juifs de vivre dans une intégration totale au sein de la population musulmane, dans un respect et dans une fraternité qui sont tout

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à fait exemplaires; cela m’a rasséréné et, par conséquent, je souhaite que partout les hommes de religion puissent exercer leurs responsabilités religieuses et avoir effectivement la liberté de culte, au-delà des contingences politiques, afin de s’acquitter de la responsabilité qui est au coeur de notre mission. J’ai eu le privilège durant ce shabbat de participer à la prise de fonction du nouveau Grand Rabbin du Maroc. Je souhaite pouvoir dans un proche avenir assister à pareille cerémonie en Iran, en Iraq et ailleurs.

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PARTIE II LES VALEURS COMMUNES AUX TROIS RELIGIONS MONOTHEISTES

LES VALEURS COMMUNES AUX TROIS RELIGIONS MONOTHEISTES

Les interventions des participants à la journée de réflexion ont mis en relief une convergence des trois religions monothéistes autour de valeurs considérées par chacune de ces religions comme des références fondamentales pour les rapports entre leurs adeptes.

1. Conscience partagée de l’existence de valeurs communes

Les messages adressés aux participants à cette journée par Sa Majesté le Roi Hassan II, Commandeur des croyants et Sa Sainteté le Patriarche œcuménique Bartholomeos 1, Primat des Eglises Orthodoxes, ainsi que celui adressé par Sa Sainteté le Pape Jean Paul II à Sa Majesté, mentionnent de façon explicite l’existence de valeurs communes, qui sont à l’origine d’une responsabilité partagée. Ainsi, après avoir exalté “...les efforts louables déployés pour la réalisation de cette rencontre qui regroupe d’éminentes personnalités religieuses et de grands penseurs afin de faire ressortir les valeurs communes aux trois religions monothéistes...” et après avoir montré que “...l’humanité a grand besoin d’une référence commune.. . “, le message royal affirme que “...les gens les plus ouverts au dialogue qui œuvrent pour sa concrétisation afin que s’instaurent la compréhension et la coexistence, sont ceux-là même qui prêchent les mêmes valeurs morales, admettent des fondements spirituels communs et qui sont unis par la foi en Dieu. Il s’agit là, sans nul doute, de qualités propres à l’ensemble des croyants appartenant aux religions révélées...“.

Le Pape Jean Paul II exprime sa conviction de la communauté de ces valeurs lorsque, dans son message, il souhaite que les travaux de cette

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journée soient l’occasion ” . . .d’échanges sereins et sincères pour promouvoir (. ..) les valeurs communes au Judaïsme, au Christianisme et à l’Islam . ..“. Attribuant la haine et les conflits qui ont caractérisé par le passé les rapports entre les fidèles des trois religions à un malentendu à propos de la volonté de Dieu, le Patriarche oecuménique Bartholomeos met l’accent sur l’unanimité des trois religions quant à cette vérité commune, “Dieu est compatissant et miséricordieux”. Cette valeur se retrouve dans les textes des trois livres sacrés, l’Ancien Testament, le Nouveau Testament et le Coran.

Les interventions des participants ont également traduit cette conscience de l’existence de valeurs partagées, pouvant constituer une plate-forme pour une action continue. Elle se manifeste parfois de façon plus implicite, a travers l’expression d’une adhésion à des valeurs qui découlent de la foi commune en un Dieu unique. Ainsi le Grand Rabbin Eliahu Bakshi-Doron insiste sur ces valeurs communes qui constituent à ses yeux le fondement du message divin et affirme que: “... le fait que nous (représentants des trois religions monothéistes) soyons réunis pour démontrer que l’ensemble des religions affirment l’importance de ces valeurs auxquelles nous nous référons aujourd’hui, représente déjà un énorme progrès et indique la direction à suivre. Sa Béatitude le Patriarche de Jérusalem, Michel Sabbah, déclare ” . ..Les valeurs communes, nous les avons tous, nous sommes d’accord, dans toutes les religions...” et estime que les conflits et les guerres qui sont survenus au cours de l’histoire des religions, sont en contradiction avec ses valeurs, ce qui nécessite à son avis une relecture de l’histoire des religions. Le Professeur Abdelhadi Boutaleb, membre de l’Académie du Royaume du Maroc, considère que “...les trois religions représentées dans cette honorable réunion se rencontrent dans une culture de la paix . ..” et affirme qu’elles sont porteuses d’un même message, puisque chacune n’est en fait que le prolongement de celle qui la précède. Cette thèse, il l’étaye sur le fait que le Coran reconnaît la révélation de

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Dieu à Moïse et à Jésus ainsi que sur le prolongement dans la Bible des Dix Commandements transmis par Moïse aux Hébreux. Monseigneur Emmanuel (Adamakis), Evêque de Réghion, se réfere à la cinquième consultation entre Musulmans et Chrétiens, tenue à Chambésy en décembre 1988 sur le thème “Les valeurs communes aux deux religions monothéistes”, pour souligner que “.. . la foi religieuse constitue la source fondamentale des valeurs communes.. .“. Son Eminence le Cardinal Francis Arinze trouve dans le principe “traiter les autres comme on souhaiterait soi-même être traité par les autres” une valeur fondamentale qui se retrouve dans les trois religions. L’Evêque Docteur Heinz Joachim Held, représentant du Conseil mondial des Eglises, évoque plusieurs fois ces valeurs communes aux trois religions qu’il convient de promouvoir dans les sociétés de leurs adeptes. Enfin, le Professeur Mohammed Yassaf, Doyen de la Faculté de la Charia de l’Université Qaraouiyine de Fès, considère que lorsque les représentants des religions “...se réunissent pour servir les valeurs qui leur sont communes, cela constitue un tournant décisif pour l’humanité et traduit la maturité de ces religions et de leurs adeptes.

2. Valeurs communes

La paix

L’objectif de cette journée de réflexion est la contribution des religions à l’instauration d’une culture de la paix, la paix est au cœur des valeurs prônées par les trois religions monothéistes.

Pour les représentants de l’Islam, ” . ..la paix est le fondement de la foi monothéiste et sa finalité...” et ” . . .la paix que nous espérons voir s’instaurer aujourd’hui entre les nations, les peuples, les individus et les collectivités, et c’est là une revendication vitale, est l’une des valeurs morales

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représentant une référence que l’on doit enraciner parmi nous...” (extrait du message royal); la paix “... est la valeur de toutes les valeurs du bien et la clé du bonheur de l’humanité . ..” (P ro esseur Boutaleb); elle représente une f part du sens vrai que le monde ici-bas tire de la spiritualité d’après Monsieur Abdelkébir Alaoui M’Daghri, Ministre des Affaires Islamiques du Maroc, qui rappelle ” . ..cette spiritualité donne à la vie son sens vrai, à savoir une prière pure et fidèle, une servitude totale et complète à l’égard de Dieu et suppléance à lui sur terre, pour y faire régner le bien, y instaurer la justice et y répandre la paix...“; l’approche religieuse est le moyen d’instaurer une paix authentique, car ” . . .l’instauration de la paix par la religion, puisqu’elle jaillit du for intérieur de l’homme et ne lui est pas imposée de l’extérieur, aboutit à l’instauration d’une paix véritable...” (Professeur Yassaf); la paix constitue la mission des religions et, selon le Professeur Abdelouahhab Tazi Saoud, Recteur de l’Université Qaraouiyine de Fès, “Cette rencontre est une sorte de jaillissement de l’espoir de tous les acteurs ayant foi en la mission des religions qui consiste à réaliser la paix et l’entente...“; ” . . .nous devons tout faire pour préparer la voie à la construction collective de cette paix...” (Professeur Ahmed Jalali, Délégué permanent de l’Iran auprès de KJNESCO).

Tout aussi fort est l’attachement des représentants du Judaïsme à cette valeur. Rappelant l’habitude qu’ont les adeptes du Judaïsme de commencer par le mot shalom, qui signifie paix, le Grand Rabbin Eliahu Bakshi-Doron explique que ce mot ” . ..n’est pas simplement un souhait, c’est aussi une valeur religieuse fondamentale à laquelle nous adhérons tous ici en tant que représentants des religions monothéistes...” et que “...il convient d’affirmer solennellement et fortement que la paix constitue le message fondamental de l’ensemble des religions...“. De même, le Grand Rabbin René-Samuel Sirat, malgré la frustration qu’il éprouve et qui est due au fait que les hommes de religion ne sont pas encore parvenus à faire pénétrer

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profondément la culture de la paix dans leurs communautés, considère l’unanimité exprimée au cours de cette journée de réflexion en faveur de la paix comme une avancée considérable. C’est enfin une paix véritable, concrète, que recherche le Rabbin Abraham Levy qui propose une approche pragmatique du dialogue comme véritable moyen de vivre dans la paix.

La paix revêt une très grande importance pour les représentants du Christianisme. Dans son message, le Pape Jean-Paul II exprime le souhait que cette journée de réflexion soit l’occasion “...de promouvoir parmi les hommes les valeurs de paix, de justice et de respect mutuel (...). De telles rencontres doivent inciter les croyants à se mettre à l’écoute du “Dieu de la paix” et à se laisser guider par lui (. . .) pour pouvoir contribuer ensemble au développement d’une véritable culture de la paix”. le Patriarche œcuménique Bartholomeos déclare “...La civilisation de la paix est indéniablement plus parfaite que la civilisation de la discorde et de la guerre. Elle constitue aussi pour nous tous le but sacré et désirable, bien aimé par Dieu unique que nous tous adorons, même si c’est d’une manière différente pour chacun d’entre nous”. Pour 1’Evêque Emmanuel de Réghion, “...les Eglises orthodoxes sont appelées à contribuer à la concertation et à la collaboration interreligieuses et, par ce biais, à faire face au fanatisme. De ce fait, elles œuvreront en faveur (...) du triomphe des valeurs que constituent la liberté et la paix dans le monde”. Pour confirmer cet attachement, 1’Evêque se réfere à la Déclaration de la troisième Conférence panorthodoxe de Chambésy (Genève, décembre 1986): “L’orthodoxie peut et doit contribuer à rétablir la relation organique entre le dialogue international contemporain et les idéaux, chrétiens par excellence, de paix, de liberté...“. Il commente cet extrait en faisant de la diffusion de la paix l’une des missions de toute les religions révélées aujourd’hui. “YEglise, afI%rne-t-il (...), a pour mission dans le monde d’aujourd’hui de se faire l’écho de la bonne entente et de la collaboration de

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toutes les églises chrétiennes avec les deux autres grandes religions monothéistes, en vue de promouvoir les idéaux communs tels que la paix . ..“.

Le Patriarche de Jérusalem, qui est très préoccupé de la difficulté qu’éprouvent les chefs religieux à diffuser la culture de la paix dans des situations politiques qui y font obstacle, déclare: “...nous avons le devoir de parler de paix et d’éduquer à la paix, mais lorsque nous sommes confrontés à des situations politiques dans lesquelles nos croyants subissent des injustices, comment leur parler de la paix?...“. Pour 1’Evêque Held “...ce qui est véritablement important, c’est d’enseigner et d’éduquer pour que nous puissions, nous représentants des trois religions, éduquer les autres pour (...) atteindre cette paix...“.

La justice

Evoquée dans la plupart des interventions, cette valeur est souvent associée à celle de la paix. Elle fait en effet partie des valeurs que les messages de Sa Majesté le Roi Hassan II et le Pape Jean-Paul II appellent à promouvoir, notamment à la suite de cette journée de réflexion. Le message royal rappelle en effet qu’il convient “... de sceller les conditions d’un dialogue qui inspire aux responsables et aux décideurs les valeurs qui leur éclairent la voie vers le bien et le développement ainsi que vers la transmission des valeurs du monothéisme, de la justice et de l’égalité...“. L’Evêque Emmanuel de Réghion mentionne les conclusions de la cinquième consultation entre Musulmans et Chrétiens: ” . . .cette consultation se réfere aux valeurs communes, telles que la paix et la justice (...). La foi religieuse constitue la source fondamentale des valeurs communes de paix et de justice (...). La paix recherchée par les deux religions monothéistes est fondée sur la justice...“. Les interventions du Cardinal Arinze et du Professeur Tazi vont dans le même sens. Le premier estime que “...la paix

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a plus de chances de s’ancrer dans les esprits et dans la réalité lorsqu’elle s’appuie sur les enseignements religieux fondamentaux. D’autant plus que la religion enseigne l’attachement à la justice . ..“. Le second pense “. ..qu’il est de notre responsabilité de planifier pour une œuvre commune (...) en vue d’instaurer la culture de la paix (...), une paix basée inéluctablement sur des valeurs d’égalité, de solidarité, d’équité et de justice...“. C’est une relation de subordination de la paix à la justice que le Patriarche de Jérusalem, le Professeur Jalali et le Chanoine Christopher Lamb tentent de mettre en relief en s’interrogeant, tous les trois, sur la possibilité d’instaurer la paix quand il n’y a pas de justice. “...Comment peut-on parler de paix sans parler de justice? La paix, c’est (d’abord) la paix sociale, Et sans le concept de justice, elle est vide. La paix sans justice demeure une chimère. Le fondement du message religieux est que nous ne pouvons pas négliger ou ignorer le concept de justice comme faisant partie intégrante de la paix et une condition d’établissement de cette paix.. .” (Professeur Jalali). Pour éviter que le discours sur la paix “... ne soit une simple incantation (. . .) nous devons également parler de justice...” (Chanoine Lamb). Se référant à l’enseignement du Prophète Zacharie qui recommande à chacun de se prononcer selon un jugement de paix et de justice, le Grand Rabbin Sirat fait remarquer que souvent, lorsqu’il y a justice absolue, il ne peut y avoir de paix et lorsqu’il y a la paix, il n’y a pas de justice absolue. Mais il y a une façon de transcender l’ensemble des valeurs, c’est “...lorsque nous apportons, en tant qu’hommes de religion, notre expérience, notre foi, notre certitude, notre espérance pour qu’un avenir de justice et de paix concerne l’ensemble de l’humanité., .“.

La dignité humaine

Si les représentants des trois religions ont été unanimes à souligner l’importance de la paix et de la justice, valeurs qu’il faut respecter et

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promouvoir, c’est parce qu’elles servent une valeur ultime, celle de la dignité de l’homme.

Le Grand Rabbin Bakshi-Doron rappelle que Dieu n’admet pas la violence ni que les violences soient perpétrées en son nom, car “...Dieu est plein de miséricorde et d’amour pour ses créatures qu’il a créées à son image...“. Le Grand Rabbin Sirat déclare ” . ..il y a une façon de transcender l’ensemble de ces valeurs (...), c’est lorsque l’on a conscience de ce qui est l’essentiel, c’est l’homme qui est en face de nous...“.

Pour le Patriarche oecuménique Bartholomeos (dans son allocution faite à 1’UNESCQ) ” . . .souvent entraînés par notre égocentrisme et notre intérêt propre (...) nous oublions le plus profond de nous-mêmes, qui a été créé pour s’accomplir en tant que personne à l’image et à la ressemblance de Dieu...“. Le Patriarche avait par ailleurs déclaré, à l’occasion de son intronisation, que le but ultime du dialogue avec les autres religions est “...la protection de la personne humaine, de sa valeur unique, sacrée, et de sa dignité...“.

Quant aux représentants de l’Islam, le Professeur Boutaleb a expliqué que le bonheur de l’humanité constitue la finalité ultime de la paix. La paix est d’après lui, ” . ..la clé qui conduit au bonheur de l’humanité...” et, puisque Dieu a fait de l’homme son héritier sur terre et l’a chargé d’en prendre soin, les religions n’ont été révélées que pour le rendre heureux en lui indiquant le droit chemin. Pour le Professeur Abbas Jirari, Président de l’Union des Ulémas du Maroc, ” . ..L’homme est honoré par Dieu qui l’a créé dans la meilleure des images, qui a insufflé en lui de son âme, qui a mis à sa disposition l’univers pour son bien-être et qui l’a préféré à toutes les créatures dans la mesure où il l’a doté d’une faculté de discernement, de savoir et l’a chargé d’être son vicaire sur la terre”. L’intervention du

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Professeur Mohammed Abed Jabri s’appuie sur la théologie Islamique pour répondre à la question: pourquoi Dieu a-t-il envoyé les prophètes? Les théologiens répondent qu’il s’agit de guider les humains vers leur intérêt. Les trois religions monothéistes identifient trois catégories d’intérêts: les nécessités, les besoins et les améliorations. Les nécessités sont au nombre de cinq: la préservation de la vie, la préservation de la raison, celle de la progéniture, celle des biens et celle de la religion. Or, toutes ces nécessités, même cette dernière ne visent, selon lui, que l’intérêt des hommes qui est le point de départ et la finalité de toutes les religions.

L’amour

Les trois religions monothéistes appellent à l’amour de l’autre, de son prochain, ainsi qu’à la fraternité entre les humains. On ne peut pas prétendre avoir la foi en Dieu si l’on est pas disposé à aimer ses créatures comme on l’aime. Cette valeur a été citée par le Pape Jean-Paul II ainsi que par Sa Majesté le Roi Hassan II qui la considère comme l’une des valeurs que les fils d’Adam, héritiers de Dieu sur terre doivent transmettre pour être honorés par Dieu. On la retrouve aussi dans l’allocution du Grand Rabbin Bakshi-Doron qui a qualifié la journée de réflexion comme “...une affirmation fondamentale de ces valeurs de paix et de fraternité...“.

L’amour et la fraternité ont été au cœur des travaux de la troisième conférence panorthodoxe dont le thème était justement “La contribution de 1’Eglise orthodoxe à la réalisation de la paix, de la justice, de la liberté, de la fraternité et de l’amour entre les peuples et à la suppression des discriminations raciales et autres”, comme l’a indiqué l’Evêque Emmanuel de Réghion. Ce dernier ajoute: “L’Eglise (. . .) a pour mission dans le monde d’aujourd’hui (...) de promouvoir les idéaux communs tels que paix, fraternité, amour, etc.. .“. Aussi se réfêre-t-il à l’ouvrage du théologien

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orthodoxe Olivier Clément, “La vérité te rendra libre”, pour inviter les peuples de la Méditerranée à retrouver les valeurs et principes qui ont prospéré dans cette région durant des siècles, dont l’amour qui dépasse les frontières.

L’amour est l’une des composantes du message de toutes les religions, selon le Professeur Boutaleb. Il est cité parmi “...les valeurs morales et les qualités louables dont (l’une) des plus importantes (...) l’amour de l’autre...” par le Professeur Jirari. Il constitue enfin l’une des bases indispensables pour la construction de la paix (Professeur Tazi).

La tolérance

Les représentants de l’Islam ont été les plus nombreux à faire des commentaires sur cette valeur. Elle a été en effet évoquée dans le message royal en tant que vertu “.. . les sages enseignent que le contact direct et le dialogue continu entre les personnes prônant des points de vue divergents, procède de la vertu, celle de la tolérance (...). La culture de la paix demeure tributaire de la consécration du droit à la différence qui doit être considéré comme naturel entre les gens. et une preuve de la richesse intellectuelle de l’humanité et de la diversité des cultures et des civilisations. Elle suppose également d’admettre la pluralité des identités culturelles et des convictions religieuses”.

Outre les Professeurs Boutaleb et Jirari, le Professeur Tazi explique que “...la tolérance est une disposition de la raison en vertu de laquelle nous accordons à l’autre la liberté d’exprimer son point de vue même si nous ne le partageons pas, de mener le mode de vie qu’il choisit même si ce mode n’est pas conforme au nôtre, à nos traditions ou à nos coutumes (...). Le rôle des religions consiste à inciter à la tolérance, à la cohabitation et à rejeter la haine...“. Il considère que cette journée offre un exemple vivant

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PARTIE II LES VALEURS COMMUNES AUX TROIS RELIGIONS MONOTHEISTES

de tolérance. “Cette rencontre directe entre les représentants des religions révélées, dit-il, incarne la tolérance, la reconnaissance de l’autre, de son existence, de sa confession, de sa dignité, de son style différent de vie et de son mode divergent de pensée...“.

Le Rabbin Gilles Bemheim affirme ” . ..avant qu’il y ait paix, il doit y avoir respect, puis tolérance, puis paix...“. Les autres représentants du Judaïsme mettent l’accent sur l’aspect pratique de ce concept.

La solidarité

La solidarité traduit le sentiment d’avoir une même appartenance, un dessein commun, de partager des devoirs et implique la nécessité d’œuvrer ensemble pour l’intérêt général. Cependant, elle n’a été mentionnée que dans quelques interventions:

l le message pontifical cite la solidarité parmi les valeurs découlant de la paix et de la justice et appelle à la promouvoir;

l 1’Evêque Held déclare: “.. . j’apprécie qu’on ait mentionné les valeurs que nous partageons, nos valeurs communes, en particulier la solidarité et le dialogue...“;

l pour le Professeur Tazi, la solidarité fait partie des valeurs sur lesquelles se fonde la culture de la paix.

L ‘humilité

Parmi les participants qui ont mis l’accent sur cette valeur, 1’Evêque Held qui affirme ” . ..il faut également être humble pour nous comprendre et nous aider les uns les autres. Je me souviens que Jésus lui aussi a dit qu’il était

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PARTIE II LES VALEURS COMMUNES AUX TROIS RELIGIONS MONOTHEISTES

humble dans son cœur. Et je veux mettre l’accent sur le fait qu’il est nécessaire d’éduquer à l’humilité en tant que valeur fondamentale pour parvenir à la paix, avoir un avenir commun et comprendre cet avenir ensemble . ..“. L’humilité est également citée par le Professeur Jirari comme l’une des valeurs qui doivent se refléter dans les comportements et consolider la foi. On la retrouve aussi parmi les, engagements votés à l’unanimité par l’Assemblée mondiale de la Fédération luthérienne mondiale, lors de sa session de juillet 1997: “...placé sous le signe de l’humilité et l’honnêteté, le dialogue offre la possibilité aux adeptes des différentes religions de travailler ensemble au bien commun...“. C’est le Rabbin Bemheim qui tente d’en approfondir le sens en mettant l’accent sur la, complémentarité entre les religions dans la recherche de la vérité, dans la connaissance de Dieu, du monde et des hommes. Se référant au philosophe français Paul Ricœur pour définir l’humilité, il explique: “...la modestie (...) c’est accepter l’idée qu’il y a dans toutes les religions des paroles fortes et des paroles fragiles, c’est-à-dire qu’il y a des dimensions religieuses qui nous permettent de bien comprendre le monde (...). Mais il y en a d’autres qui témoignent de nos difficultés, voire de notre fragilité à comprendre le monde dans lequel nous vivons...“.

Le Pardon

Cette valeur a été parfois abordée en liaison avec la miséricorde dont la signification est très proche, ou ‘en relation avec la réconciliation qui s’efforce de dépasser les conflits du passé.

Dans l’extrait de l’ouvrage du théologien orthodoxe Olivier Clément, cité par 1’Evêque Emmanuel de Réghion, on trouve un appel à la revitalisation des valeurs ayant prévalu dans la région méditerranéenne, dont le pardon. Ce dernier est, selon le Professeur Boutaleb, l’une des valeurs communes

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PARTIE II LES VALEURS COMMUNES AUX TROIS RELIGIONS MONOTHEISTES

au message des religions révélées. Enfin, 1’Evêque Held propose l’organisation de séminaires sur le pardon et la réconciliation: “...en fait, il faut que nous reconnaissions nos erreurs dans le passé, il faut que nous nous pardonnions les uns les autres en vue d’une réconciliation pour l’avenir, pour notre futur. ..“.

3. Valeurs et éthique

Les participants à la journée de réflexion ont exprimé leur souci de ne pas se cantonner dans des discours verbaux et de traduire ces -valeurs dans les attitudes et la conduite des adeptes des trois religions monothéistes. Ces valeurs, en effet, doivent guider les comportements et donc, avoir des implications éthiques.

Sans la connaissance et la reconnaissance de l’autre, sans le respect de l’autre dans sa différence, sans coexistence pacifique ni réconciliation, des valeurs comme la paix; la justice et la dignité humaine, ou encore la tolérance, l’amour et la fraternité, n’auraient pas de sens. La solidarité serait vide de sens si elle ne se traduisait pas par la coopération et une disposition au partage. Et, en définitive, l’ensemble de ces valeurs exigent, pour s’exprimer pleinement, le dialogue permanent.

Dans le message royal, il est rappelé: “... Si la culture de la paix reste notre objectif, elle demeure tributaire de la consécration du droit à la différence qui doit être considéré comme naturel entre les gens -et une preuve de la richesse intellectuelle de l’humanité et de la diversité des cultures et des civilisations. Elle suppose également que l’on admette la pluralité des identités culturelles et des convictions religieuses. Admettre le droit à la différence suppose, en premier lieu, que l’on -adopte le dialogue comme moyen de la connaissance mutuelle, de la compréhension, de la

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PARTIE II LES VALEURS COMMUNES AUX TROIS RELIGIONS MONOTHEISTES

communication et de la coopération. Les sages enseignent que le contact direct et le dialogue continu entre les personnes de points de vue divergents procèdent de la vertu, celle de la tolérance et de la reconnaissance de l’autre en tant que notre égal en droit et en culture...“.

Dans le message pontifical, il est fait référence à la XXVème journée mondiale de la paix (1992): ” . ..comme j’ai déjà eu l’occasion de le déclarer, les contacts inter-religieux semblent désormais la voie obligée pour que les douloureux déchirements survenus au cours des siècles ne se reproduisent plus et pour que les blessures qui demeurent soient bientôt guéries”. Le Pape Jean-Paul II ajoute: “... de telles rencontres doivent donc inciter les croyants à se mettre à l’écoute du “Dieu de la paix” et à se laisser guider par lui afin que les communautés religieuses respectives observent entre elles une attitude de compréhension et de dialogue, pour pouvoir contribuer ensemble au développement d’une véritable culture de la paix”. Quant au Patriarche oecumenique Bartholomeos, il déclare: “...nous avons hérité malheureusement de nos pères d’une civilisation de contradiction et de haine qui a mené à des actions hostiles. Heureusement, nous constatons déjà l’impasse de. ce cheminement et nous prenons progressivement conscience de la nécessité de marcher sur un chemin plus droit. Ce chemin n’est rien d’autre que celui de la coexistence pacifique, de la réconciliation et la compréhension mutuelle . . .“.

L’Evêque Emmanuel de Réghion rappelle que “...ce dialogue interreligieux est pour nous tous une préoccupation majeure puisqu’il constitue le seul moyen de réaliser un espace de paix pour nos peuples assoiffés de paix et de justice (...). Il ne faut pas nous limiter à la contemplation de notre propre égocentrisme, mais à connaître l’autre et à communiquer avec lui...“.

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PARTIE II LES VALEURS COMMUNES AUX TROIS RELIGIONS MONOTHEISTES

Abordant aussi le dialogue et le respect mutuel, le Grand Rabbin Bakshi- Doron affirme ” . ..c’est vrai que le mauvais penchant nous conduit parfois à la volonté de violence, d’aller contre son propre frère. Mais nous devons ici affirmer les valeurs fondamentales de paix, de dialogue et de respect mutuel...“. Le Patriarche de Jérusalem parle du dialogue en s’interrogeant: “...comment faire arriver l’esprit d’ouverture et de dialogue aux peuples qui, eux, font la paix ou font la guerre?...“. L’éducation, les programmes d’éducation religieuse notamment, la parole prononcée dans les mosquées, les églises et les synagogues jouent ” . ..un rôle décisif dans la formation du peuple à cette ouverture...“. Le Cardinal Roger Etchegaray partage cette même préoccupation: ” . ..il faut que cela (le dialogue inter-religieux) devienne un dialogue courant, habituel dans la vie quotidienne (...). Pour moi, le grand problème c’est (...) comment retrouver la vie quotidienne de manière à ce que ce dialogue soit du pain quotidien (...). C’est un appel à ce qui a toujours été la grande responsabilité de ces trois religions monothéistes, à savoir le service de l’éducation (...). Il faut savoir vivre avec les conflits (...) conflits dans le sens d’une meilleur connaissance de l’autre (. . .) de savoir vivre ensemble.. .“.

A propos du dialogue, le Grand Rabbin Sirat s’explique: “...d’où vient par conséquent ce léger sentiment de frustration? Je pense qu’il s’agit effectivement du sentiment qui est le nôtre de rester confinés entre amis qui se rencontrent souvent et de ne pas avoir fait pénétrer profondément dans nos communautés cette nécessité, cette valeur fondamentale que constitue le dialogue interreligieux...“. Les propos du Sheikh Fawzi Fade1 Azzafzaf sur le dialogue vont dans le même sens: “...nous pouvons dire que nous n’avons pas d’autre option que le dialogue (...). Nous sommes tous attachés à ce dialogue et nous avons tous convenu de nous y engager. Mais jusqu’à quand allons-nous épiloguer sur le dialogue sans le mettre en œuvre? Nous voulons maintenant passer aux mécanismes de mise en

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œuvre du dialogue (...). Voilà pourquoi je propose que dans le cadre de cette réunion, nous puissions formuler des recommandations propres à entamer la mise en œuvre du dialogue...“. Evoquant également le dialogue qu’il considère comme le premier pas vers la paix, à condition d’être fondé sur le respect de l’autre et la générosité, le Professeur Tazi ajoute: “...la responsabilité de diffuser et d’enraciner les valeurs de tolérance, de respect et de coexistence nous incombe toujours (...). Nous devons tous oeuvrer, à tous les niveaux, afin que ces concepts ne restent pas limités aux savants et aux grands intellectuels, afin qu’ils soient répandus parmi toutes les couches de la société...“.

Le Professeur Jalali exprime sa conviction que la connaissance de l’autre constitue un moyen, inspiré des religions, d’éviter les conflits: “...les causes de conflit, affirme-t-il, naissent plutôt de l’ignorance des uns par les autres. C’est-à-dire de l’ignorance de celui qui est différent de nous. La question essentielle est de savoir qui est l’autre? Où commence son existence? Comment peut-on établir une relation avec l’autre sans domination?” Il trouve la réponse à ces questions dans les religions qui prônent la rencontre et la connaissance mutuelle: ” . ..la solution proposée par les religions consiste à élargir aussi bien la sphère du moi que celle de l’autre, de telle sorte qu’elles se rencontrent. Nous éviterons ainsi de nous laisser entraîner dans une guerre culturelle par peur de l’autre...“.

C’est un sens pragmatique que le Rabbin Levy souhaite donner au dialogue: ” . ..lorsqu’on parle de dialogue, j’aimerais le comprendre en termes de ce que nous avons fait il y a quelques heures, lorsque nous sommes allés ensemble au Mausolée du Roi Mohammed V et lorsque nous avons tous, Juifs, Chrétiens et Musulmans, enlevé nos chaussures par respect pour la tradition musulmane et rendu hommage au grand Roi. Il s’agit véritablement pour moi d’un dialogue pratique, et cela a plus de

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PARTIE II LES VALEURS COMMUNES AUX TROIS RELIGIONS MONOTHEISTES

signification que les discussions philosophiques qui ne sont finalement qu’un flux de mots, mais ne nous montrent pas la voie pratique du dialogue entre nous”. Quant au Rabbin Bemheim, il souligne l’interdépendance entre les valeurs de paix, de tolérance, de respect, de coopération et ‘de partage: “...faut-il rappeler qu’avant qu’il y ait paix, il doit y avoir respect, puis tolérance, puis paix. Respecter l’autre c’est lui permettre d’exister. La tolérance c’est établir un lien social qui permet aux deux parties de vivre ensemble (...). Faire place à l’autre veut dire accepter l’idée que nous ne savons pas tout, que nous ne pouvons pas tout, que nous ne savons pas tout de Dieu, que nous ne savons pas tout des hommes et que d’autres religions (. ..) peuvent nous accompagner, voire nous aider à éclairer ce qui nous manque (...). Faire place à l’autre, c’est se retirer pour permettre à l’autre d’exister. Si on ne lui fait pas de place, alors on ne l’accueille pas, on ne le reconnaît pas. On fait semblant de temps en temps de dire qu’on le respecte, mais dans les moments difficiles, ce respect se perd...“.

En guise de conclusion, I’Evêque Marc Chambron a rappelé: “...le dialogue interreligieux est un engagement créateur à l’égard des adeptes d’autres religions. Il se déroule sous des formes diverses et il est caractérisé par l’écoute et le partage dans le respect mutuel (...). Un tel dialogue (...) devrait nous amener à voir les autres tels qu’ils se comprennent eux- mêmes. Il nous aide à trouver des solutions aux conflits entre différents groupes. Il se réalise par la réflexion aussi bien que dans les contacts directs dans la vie de tous les jours (...). Une compréhension objective, correcte et plus profonde de la foi de chacun de nous donnera une base plus solide pour nos témoignages auprès des adeptes d’autres religions et pourrait épargner à nos communautés d’être inutilement meurtries par l’ignorance et les préjugés”.

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PARTIE 11 LES VALEURS COMMUNES AUX TROIS RELIGIONS MONOTHEISTES

4. Fondements religieux des valeurs

Certains participants ont évoqué les sources religieuses des valeurs communes aux trois religions monothéistes. Ainsi le Patriarche oecuménique Bartholomeos écrit ” . ..si nos cœurs étaient imprégnés de l’esprit de la compassion et de la miséricorde de Dieu (...) tous ses commandements seraient alors inutiles (. ..). La miséricorde, explique-t-il, est un attribut de Dieu que l’on trouve dans les enseignements des trois religions: elle est citée au commencement de tous les chapitres du Coran, elle est également citée dans les textes de l’Ancien et du Nouveau Testament...“. Cet attribut est donc le fondement de la paix. Le Grand Rabbin Bakshi-Doron se réfère à ce même attribut de Dieu pour expliquer que le mot paix n’est pas simplement un souhait, mais qu’il est effectivement l’affirmation que Dieu est miséricordieux et qu’il apporte sa compassion à l’ensemble de l’humanité. Shalom est aussi une prière pour que Dieu exerce sa compassion vis-à-vis de tous ceux qui la recherchent véritablement; il leur donne effectivement sa bénédiction.

Sa Majesté le Roi Hassan II déclare que la paix constitue le fondement du monothéisme et cite le verset coranique dans lequel Dieu exhorte les croyants à adhérer à la paix: “Ô vous qui croyez, entrez dans la paix”. Le Professeur Boutaleb ajoute que le mot paix désigne aussi le nom de Dieu, comme le confirme le verset de la Sourate “Le Rassemblement”: “Il est Dieu, l’unique, le puissant, le sacré, la paix”. Il marque également son accord avec le Grand Rabbin Bakshi-Doron et le Cardinal Arinze pour confirmer que les trois religions révélées sont des religions de miséricorde. Il se rétêre en effet au verset de la Sourate Al Ahqâf “Le livre de Moïse a été un guide et une grâce”, qui reconnaît la révélation de la Bible à Moïse, ainsi qu’au verset dans lequel Dieu dit à Mohammed “Nous ne t’avons envoyé que par miséricorde pour les hommes”.

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PARTIE II LES VALEURS COMMUNES AUX TROIS RELIGIONS MONOTHEISTES

L’amour a aussi des origines religieuses que le Cardinal Arinze évoque en se référant à la règle d’or “Aime ton prochain du même amour que tu éprouves pour toi-même”, commune aux trois religions ainsi qu’aux propos de Jésus et de Saint Jean. Le premier s’adresse à ses Apôtres avant sa mort sur le crucifix pour leur dire: ” Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés”; le second déclare: “Toute personne qui dit j’aime Dieu et je déteste mon voisin est un menteur”.

Le dialogue a aussi un fondement religieux, par exemple, dans deux versets coraniques: “ne discute que courtoisement avec ceux qui ont le livre”; “appelle à la voie de ton seigneur avec sagesse et bonne exhortation”. Les Professeurs Boutaleb et Jalali s’accordent pour affirmer que le Coran a posé les bases de ce dialogue et de la coexistence entre les religions: “Réunissons-nous autour d’un seul mot, que nous adorions Dieu et que nous nous abstenions de lui associer quiconque. Venez que nous adorions Dieu l’unique, l’absolu (...) que personne parmi nous n’essaie d’être maître des autres, de les dominer...“. Le Professeur Boutaleb considère même le dialogue comme une institution divine, une obligation pour tous les hommes, un devoir sacré; d’où l’obligation d’y recourir pour trouver les solutions aux problèmes et aux malentendus entre les gens. Ce dialogue qui implique l’interdiction d’imposer son opinion, sa volonté ou sa conviction à l’autre, doit particulièrement s’appliquer en matière de religion, comme en témoigne le verset: “Point de contrainte en religion”.

A la connaissance et à la compréhension mutuelle, le Professeur Yassaf trouve un fondement religieux dans un autre verset coranique: “...nous vous avons créés à partir d’un homme et d’une femme et avons fait de vous des peuples et des tribus afin que vous vous connaissiez mutuellement”. On peut en déduire l’unité de l’espèce humaine qui explique la fraternité,

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PARTIE II LES VALEURS COMMUNES AUX TROIS RELIGIONS MONOTHEISTES

car les humains sont frères puisqu’ils descendent des mêmes parents. On y voit aussi une reconnaissance par le Coran de la pluralité et de la différence.

Enfin, le Rabbin Bemheim considère que la tolérance et le partage ont leur ancrage dans la Bible comme l’indique le verset de 1’Exode dans lequel Dieu dit à Moïse: “n’oublie pas que tu as été esclave en Egypte”. L’interprétation donnée par les rabbins de ce verset sur la condition humaine implique que les hommes sont des êtres obligés et responsables les uns à l’égard des autres. Elle implique aussi la référence à la tolérance, au partage et à la générosité.

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PARTIE III INITIATIVES DE DIALOGUE ENTRE LES RELIGIONS MONOTHEISTES

INITIATIVES DE DIALOGUE ENTRE LES RELIGIONS MONOTHEISTES

Les participants à la journée de réflexion ont souligné l’importance majeure du dialogue entre les religions pour créer un espace de rapprochement et dépasser les attitudes négatives et les malentendus hérités du passé. Ce dialogue est indispensable à l’instauration d’une culture de la paix et de la justice. Plusieurs institutions religieuses et académiques ont organisé des rencontres entre des représentants de deux ou des trois religions monothéistes. L’Evêque Emmanuel de Réghion a rappelé les plus importantes d’entre elles.

1. Dialogue entre deux religions

l Les consultations académiques internationales pour le dialogue entre l’orthodoxie et le Judaïsme initiées en 1977, ont eu lieu: la première à Lucerne, entre le 16 et 18 mars 1977, sur le thème “La Loi dans l’interprétation orthodoxe et juive”, la deuxième à Bucarest, entre le 26 et le 3 1 octobre 1979, sur le thème “Tradition et communauté dans le Judaïsme et 1’Eglise orthodoxe”, la troisième à Athènes, entre le 21 et le 24 mars 1993, sur le thème “Continuité et renouveau”.

l Les consultations académiques internationales pour le dialogue entre le Christianisme et l’Islam sont organisées depuis 1986 conjointement par l’Académie Royale de Recherche de la Civilisation Islamique (Fondation Albeit de Jordanie) et le Centre Orthodoxe du Patriarcat Oecuménique à Chambésy. Les huit rencontres qui ont eu lieu entre les deux religions monothéistes sont: consultation à Chambésy (17-l 9

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PARTIE III INITIATIVES DE DIALOGUE ENTRE LES RELIGIONS MONOTHEISTES

novembre 1986) sur le thème “L’autorité”; consultation à Amman (2 l- 23 novembre 1987) sur “Le modèle de coexistence historique entre Musulmans et Chrétiens et ses perspectives” et sur “Les idéaux humanitaires communs aux Musulmans et aux Chrétiens”; consultation à Chambésy (12-15 décembre 1988) sur “La paix et la justice”; consultation à Istanbul (10-14 septembre 1989) sur “Le pluralisme religieux”; consultation à Amman (26-28 juillet 1993) sur “La jeunesse et les valeurs de la modération”; consultation à Athènes (8- 10 septembre 1994) sur “L’éducation pour la compréhension et la coopération”; consultation à Amman (3-5 juin 1996) sur “Le système d’éducation dans l’Islam et dans le Christianisme”; consultation à Istanbul (3-5 juin 1997) sur “Les perspectives de coopération et de participation entre Musulmans et Chrétiens au seuil du troisième millénaire”.

L’Evêque Chambron a insisté sur l’importance pour la Fédération Luthérienne Mondiale des dialogues bilatéraux avec la plupart des grandes confessions chrétiennes, en particulier les réformés, les anglicans et les catholiques, et ce avec la participation du Conseil Oecuménique des Eglises, de l’Alliance Réformée Mondiale et la Conférence des Eglises Européennes.

2. Dialogue entre les trois religions

Dans le cadre des contacts entre des représentants des trois religions monothéistes de la Méditerranée, 1’Evêque Emmanuel de Réghion a cité la rencontre organisée à Tolède par la Commission européenne, les 4 et 7 novembre 1995, sur le thème “La société méditerranéenne: un défi pour les trois religions?“, qui a constitué un cadre de dialogue informel entre Judaïsme, Christianisme et Islam.

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PARTIE 111 INITIATIVES DE DIALOGUE ENTRE LES RELIGIONS MONOTHEISTES

L’Evêque Chambron a indiqué que pour répondre au défi du pluralisme religieux, plusieurs consultations et séminaires regroupant des Chrétiens de différentes traditions ont été organisés pour dialoguer - dans leur contexte géographique et culturel - avec les autres religions; la consultation sur le thème “Vivre et servir l’humanité dans un monde de pluralisme religieux” a été organisée à Asmara, en Erythrée, avec la participation des Eglises luthériennes de différentes parties du monde et de représentants d’autres traditions religieuses.

Le Grand Rabbin Sirat a rappelé qu’un certain nombre d’initiatives ont été prises par I’UNESCO, en particulier le projet des “Routes de la foi”.

3. Les Nations Unies et la culture de la paix

Dans son allocution d’ouverture, le Directeur général de I’UNESCO a souligné l’inquiétude face à l’intolérance religieuse qui a amené la Conférence mondiale sur les droits de l’homme en juin 1993 à demander à tous les gouvernements de prendre des mesures appropriées pour lutter contre l’intolérance fondée sur la religion et la violence qui l’accompagne. Cette inquiétude s’était aussi exprimée dans la “Déclaration sur l’élimination de toutes les formes d’intolérance et de discrimination fondées sur la religion ou la conviction”, adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies le 25 novembre 198 1.

Il a aussi rappelé l’importance de la Déclaration de Barcelone sur “Le rôle de la religion pour la promotion de la culture de la paix”, adoptée en décembre 1994, et de la résolution adoptée le 20 novembre 1997 par l’Assemblée générale des Nations Unies et la proclamation de l’an 2000 comme Année de la culture de la paix.

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PARTIE III INITIATIVES DE DIALOGUE ENTRE LES RELIGIONS MONOTHEISTES

4. Poursuite du dialogue

Le Sheikh Azzafzaf, Secrétaire général de l’Université Al Azhar, a souligné l’importance de la création d’un Secrétariat général pour le dialogue qui serait créé dans l’un des pays actifs dans ce domaine. Ce Secrétariat serait chargé de la coordination entre les institutions religieuses pour déterminer les sujets du dialogue et les moyens de la mise en oeuvre des recommandations afin d’aboutir à des résultats positifs et utiles pour l’humanité.

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PARTIE IV PROPOSITIONS D’ACTION

PROPOSITIONS D’ACTION

Les intervenants ont exprimé le souhait de franchir une nouvelle étape dans le dialogue entre les religions en élaborant des activités concrètes dans les domaines de l’éducation, de la recherche et de la communication.

1. Dans le domaine de l’éducation

L’Evêque Emmanuel de Réghion a souligné que “l’élaboration de programmes éducatifs peut contribuer à la mise en évidence des principes de respect mutuel et de compréhension de l’autre, en faisant disparaître ainsi tout esprit de conflit et de fanatisme religieux. Il y a la volonté indéniable des trois religions de collaborer dans cet esprit par la défense des valeurs communes”; “les échanges des jeunes, l’éducation et une appréhension nouvelle de l’histoire peuvent apporter une contribution” à la création d’un climat de paix.

L’Evêque Chambron a, pour sa part, insisté sur le message du rapport présenté par le Pasteur Noko à l’Assemblée de la Fédération Luthérienne Mondiale, dans lequel il appelle les gens de religions différentes à trouver un langage commun et une base commune pour traiter les problèmes de leurs sociétés, car “une compréhension objective, correcte et plus profonde de la foi de chacun, nous donnera une base plus solide pour notre témoignage auprès des croyants d’autres religions, et pourrait épargner à nos communautés d’être inutilement meurtries par l’ignorance et les préjugés. Le rôle de nos institutions théologiques pour supprimer cette ignorance et ces préjugés est essentiel. Il faut donc incorporer la dimension

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PARTIE IV PROPOSITIONS D’ACTION

interreligieuse dans les programmes de nos écoles bibliques et de nos séminaires et facultés de théologie”.

Le Professeur Boutaleb a souligné l’importance pour les adeptes des trois religions de favoriser - à l’abri de tout sectarisme - la réconciliation et la rectification des stéréotypes, et à faire la distinction entre les véritables préceptes des religions, d’une part, et les attitudes et pratiques de ceux qui s’en réclament indûment pour verser dans les déviations en leur nom, d’autre part. Il s’est également prononcé pour une révision des manuels utilisés dans les écoles religieuses en vue d’en exclure tout ce qui porte atteinte à l’autre religion, contredit les principes de tolérance, fait l’apologie de la violence et de l’agression, ou qui est de nature à manquer de respect pour les autres croyances célestes.

Monsieur Alaoui M’Daghri s’est posé la question de savoir s’il est possible de “cueillir dans les jardins de ce patrimoine spirituel commun ce qu’il y a de plus beau, de plus utile, et de meilleur pour en faire un système éducatif avec lequel on guérirait les maladies de cœur de l’homme moderne, et on referait l’éducation de tous nos enfants; une nouvelle éducation basée sur l’amour de Dieu, de ses serviteurs, de ses créatures, et sur la sécurité des êtres et leur quiétude, en invoquant la grandeur de Dieu et sa beauté, tout en travaillant à répandre la paix, le bien et l’entraide dans ce que Dieu agrée”.

A la fin de son intervention, Monsieur Alaoui M’Daghri a signalé qu’il “n’appelle pas à une éducation soufïe qui ramènerait les gens à l’isolement et au retrait dans les cavernes et les tours, ni à les pousser à se torturer et à se priver. Tout cela ne s’accorde pas avec notre besoin de travail continu pour aller de l’avant dans le domaine du développement, maîtriser les fondements du progrès et de la prospérité, et être au rythme de notre époque dans son mouvement constant sur le chemin de l’évolution et du

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PARTIE IV PROPOSITIONS D’ACTION

progrès, à la lumière de la science et de la pensée créative. Yappelle plutôt à une éducation soufie positive, constructive et humaine dans ses perspectives”.

Le Patriarche de Jérusalem a considéré que la transmission d’un esprit ouvert au dialogue entre les peuples qui font la paix et la guerre, passe par “l’éducation, les programmes d’éducation religieuse dans toutes nos institutions scolaires chrétiennes, musulmanes et juives; car l’image de l’autre dans nos programmes n’est pas toujours la meilleure. Le rôle des chefs religieux à travers la parole qui est dite dans les mosquées, les églises et les synagogues, est décisive dans la formation du peuple à cette ouverture. 11 est vrai que certaines situations politiques créent des injustices subies par les peuples.. . “Comment pouvoir parler de la paix vis-à-vis de l’autre au peuple irakien affamé et réduit à la faim, à la maladie, à la mort par les sanctions des Nations Unies? Quant à Jérusalem qui est la cité de la paix, elle est devenue une cité de guerre et de dispute. Et là, il est très difficile à nous tous - Musulmans, Chrétiens et Juifs - de parler à nos croyants de la paix, et de les inviter à avoir une image correcte et fraternelle de l’autre, qui est supposé être la cause de nos malheurs et de nos injustices. Cela nous impose de faire appel à nos chefs politiques afin de ne pas créer des situations d’injustice pour que nous puissions, en tant que chefs religieux, prêcher la paix et créer une ambiance et une culture de la paix“.

Pour le Grand Rabbin Sirat, “l’homme de religion est d’abord un éducateur et un entraîneur qui guide les consciences tout en respectant leur droit à la critique et à la liberté. Il ne suffit pas de constater que, dans les situations dramatiques, il est difficile de parler de la paix, car c’est précisément dans ces situations que l’enseignement de la paix doit intervenir.. . Ce travail doit être suivi d’un accompagnement pédagogique qui n’a pas été fait malheureusement dans nos universités, nos programmes, afin de renforcer l’enseignement de la paix et du dialogue interreligieux”. Après avoir

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PARTIE IV PROPOSITIONS D’ACTION

remercié I’UNESCO pour le soutien et les moyens mis à la disposition de ce projet, le Grand Rabbin Sirat s’est associé au vœu qui a été formulé pour “demander aux Ministres de l’enseignement supérieur et de l’éducation nationale dans les différents pays de prendre conscience que nous pouvons leur apporter notre concours et notre aide, qui peut être précieuse dans la formation et l’éducation de la génération montante, vers des lendemains plus heureux que ceux que nous avons connus”.

Le Professeur Mohammed Arkoun a indiqué que les études qu’il a menées en tant qu’historien sur les systèmes de théologie construits par la raison juive et la raison Islamique lui font dire que “ce sont des systèmes intellectuels certes, et culturels d’exclusion réciproque. C’est pour cela qu’il appelle I’UNESCO et les Ministres de l’éducation dans tous les pays du monde concernés par “le devenir de la pensée religieuse sous les défis de la pensée scientifique, pour que l’on crée des départements d’histoire comparée des religions, des départements où l’anthropologie religieuse comparée serait une discipline visant à apporter des éclairages neufs sur nos passés religieux respectifs, et modifier le regard intellectuel que nous portons sur le fait religieux et le rôle des religions dans l’histoire.. .“. Il doit y avoir aussi dans ces départements un enseignement de “l’histoire comparée des théologies en tant que systèmes de pensée et également des départements où se développerait un enseignement de la philosophie. Cela existe au Maroc, en particulier, mais il faudrait en même temps que l’histoire de la philosophie, on enseigne l’histoire des systèmes théologiques, car depuis le 16*“‘” siècle en Europe, il y a eu divorce entre la philosophie et la théologie au détiment de cette dernière durant sa phase historique très riche qu’on appelle le Moyen-Age...“. Pour atteindre cet objectif, il faudrait repenser le système éducatif.

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PARTIE IV PROPOSITIONS D’ACTION

Le Cardinal Etchegaray a insisté pour que ce dialogue entre les religions devienne “un dialogue courant et habituel dans la vie quotidienne, au lieu d’être réservé aux initiés, aux responsables et aux leaders religieux. Il a lancé un appel aux hommes de religion pour assumer “la grande responsabilité de ces trois religions monothéistes, à savoir le service de l’éducation”, pour éduquer le peuple à cette culture afin “d’entretenir son jardin de tous les jours pour la paix”.

L’Evêque Held a recommandé la révision des manuels scolaires, comme cela avait été le cas lors de la Rencontre de Rabat en 1995, car ce travail pourrait aider à créer un langage nouveau tout en éliminant les stéréotypes et les insinuations négatives à l’encontre des autres religions. Il a insisté sur les recommandations émises lors des rencontres précédentes, notamment le projet de l’UNESC0 sur “Les routes de la foi”, en particulier:

l la création de chaires institutionnelles sur les études relatives aux trois religions;

l la révision des manuels scolaires et universitaires; l l’échange de visites entre les régions qui connaissent des conflits et des

crises; l la tenue de rencontres pour renforcer la tolérance et la réconciliation.

2. Dans le domaine de la communication et de la culture

L’Evêque Emmanuel de Réghion considère qu’il est évident que nous avons la lourde tâche de poursuivre les dialogues existants et de mettre en pratique les recommandations de ces dialogues académiques”. Il a aussi appelé aux échanges de jeunes, étant donné “le rôle de la jeunesse dans la création d’un climat de paix et de l’application des valeurs religieuses communes”.

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PARTIE IV PROPOSITIONS D’ACTION

La poursuite du dialogue interreligieux est d’une grande importance selon le Professeur Jirari. Ce dialogue doit se dérouler à divers niveaux entre:

l les chargés des affaires des adeptes des trois religions; l les hommes de religion; 0 les jeunes générations; l l’ensemble des croyants, c’est-à-dire l’opinion publique à travers les

médias, afin de propager un esprit de tolérance et d’inciter à la coexistence dans la sécurité et la paix.

Le Patriarche de Jérusalem considère que la relecture de l’histoire par les trois religions monothéistes est essentielle pour y distinguer le bien du mal, sinon “nous risquons de continuer dans l’avenir le mal du passé, c’est-à-dire convertir notre religion en une force de guerre et de conflit”. La question qui se pose à l’élite de la pensée et aux chefs religieux qui ont l’esprit ouvert au dialogue est “comment communiquer ce même esprit à la masse et aux peuples?“.

Le Professeur Boutaleb s’est prononcé pour une mobilisation des moyens d’information en vue de présenter chacune des religions dans sa dimension véritable en tant que vecteur de paix, d’affection et de coopération. Il considère que l’action commune au service de la paix implique une sensibilisation des adeptes des trois religions aux liens qui les unissent dans un message commun pour le rayonnement de la paix, de la fraternité et de la sympathie; et cela d’autant plus que les points de convergence entre ces religions sont multiples, notamment la reconnaissance mutuelle et la foi dans les messages révélés. Après avoir rappelé les valeurs communes qui mettent les croyants à l’abri de l’intolérance et du monopole de la vérité, il a invité les participants à se donner comme principal objectif de

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PARTIE IV PROPOSITIONS D’ACTION

mettre cette culture de la paix au service du rayonnement des nobles valeurs au sein de la communauté humaine.

Le Cardinal Arinze estime que la promotion de la culture de la paix nécessite des hommes et des femmes; cela implique qu’à l’avenir nous accordons plus d’intérêt à la présence des femmes, étant donné l’efficacité de ces dernières. Il a proposé la tenue de réunions de réflexion sur les questions de la paix, en petits groupes, pour que les discussions soient plus approfondies sur des points précis.

Le Professeur Tazi Saoud a souligné “la responsabilité actuelle de planifier un travail en commun pour l’édification d’un avenir riche et plein d’espoir consolidant une culture de la paix basée sur le dialogue, l’amour et le rapprochement des peuples.. .“. Dans cette perspective, l’Université Qaraouiyine, à Fès, continuera d’assumer son rôle en tant “qu’institution qui éduque aux valeurs de liberté, de tolérance, de convivialité et d’affection prêchées par l’Islam”.

L’importance du dialogue interreligieux a été souligné par 1’Evêque Chambron qui s’est référé aux recommandations de l’Assemblée de la Fédération Luthérienne Mondiale, à savoir que le dialogue nous amène “à voir les autres tels qu’ils se comprennent eux-mêmes. Il nous aide à trouver des solutions aux conflits entre différents groupes. Il se réalise par la réflexion aussi bien que par des contacts directs dans la vie de tous les jours.. .“.

Le Chanoine Lamb a abordé la couverture des questions religieuses par les médias en citant un rapport publié en Grande-Bretagne. Selon ce rapport, les médias donnent une fausse idée de l’Islam, des peuples Musulmans et de leurs activités, ce qui crée envers cette religion un état de phobie basé

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PARTIE IV PROPOSITIONS D’ACTION

sur l’ignorance et les préjugés. Pour remédier à cette situation, il ne suffit pas de condamner les journalistes, il faut plutôt travailler avec eux, tout en protestant contre les préjudices causés par les écrits à l’encontre des traditions religieuses. Il est nécessaire d’établir un dialogue avec les journalistes pour corriger les idées et leur montrer les dégâts qu’ils causent à la culture de la paix.

Le Professeur Jalali recommande la poursuite du dialogue et la tenue des rencontres dans le cadre d’un plan d’action précis. Ce travail est nécessaire non seulement à cause des conflits entre les religions, mais aussi en raison des divergences au sein même de chaque religion. Il ne suffit pas d’étudier les doctrines religieuses, il faut développer une approche anthropologique, sociologique, historique et socioculturelle pour aborder ces questions et instaurer une culture de la paix.

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PARTIE V DECLARATION

DECLARATION ADOPTEE PAR LA JOURNEE DE REFLEXION SUR LE DIALOGUE ENTRE LES TROIS RELIGIONS MONOTHEISTES: VERS UNE CULTURE DE LA PAIX

(Rabat, 16 février 1998)

Nous, participants à la Journée de réflexion sur Le dialogue entre les trois religions monothéistes: vers une culture de la paix, organisée à Rabat sous le haut patronage de Sa Majesté le Roi Hassan II du Maroc et à l’initiative du Directeur général de l’UNESC0 et du Ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de la Culture, soucieux de renforcer et de consolider le dialogue entre les trois religions monothéistes:

W-Delant la décision de la Conférence générale de l’UNESC0 en octobre 1995 quant à la nécessité de promouvoir une culture de la paix, définie comme une culture de convivialité et du partage, fondée sur les principes de liberté, de justice et de démocratie, de tolérance et de solidarité; une culture qui rejette la violence, s’attache à prévenir les conflits à leurs sources et à résoudre les problèmes par la voie du dialogue et de la négociation; une culture qui assure à tous le plein exercice de tous les droits et les moyens de participer pleinement au développement endogène de leur société;

velant en outre la Déclaration sur le rôle de la religion dans la promotion d’une culture de la paix (Barcelone, décembre 1994), les Propositions de la Réunion d’experts sur le projet “Les routes de la foi” (Rabat, juin 1995) et la Déclaration de Malte se référant à ce même projet (juin 1997);

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Se félicitant des diverses manifestations récemment organisées en matière de dialogue interreligieux - comme à Cordoue en février 1998 - ou prévues dans un proche avenir;

Réaf_firmons avec-force les valeurs éthiques communes aux trois religions monothéistes, justice, compréhension, compassion, modestie et pardon, solidarité et partage, dialogue et non violence, qui doivent rapprocher et non diviser, contribuer à la solidarité et non à la confrontation des religions;

Exvrimons notre -ferme conviction que toutes les formes d’intolérance, d’intimidation, * de coercition, de discrimination et de violence sont contraires au message fondamental d’amour et de paix de nos religions & a pelons les médias à ne pas qualifier ou décrire les religions de façon à donner une image contraire à leur enseignement;

Sommes convaincus que la diversité culturelle constitue l’une des richesses de l’humanité et que cette diversité, ainsi que la liberté de culte, constituent le fondement d’une paix durable;

Appelons solennellement au dialogue élargi entre toutes les convictions et croyances pour réitérer leurs valeurs profondes afin de mettre un terme à l’intolérance et à la violence et d’instaurer une éthique universelle fondée sur la justice, la solidarité morale et intellectuelle de l’humanité, léguant ainsi aux générations futures un monde animé par une dynamique de paix;

Invitons instamment l’,UNESCO à mettre en place les mécanismes appropriés pour accompagner et soutenir les initiatives de dialogue entre les trois religions abrahamiques sur la culture de la paix, ainsi que celles qui visent ce dialogue aux autres religions;

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PARTIE V DECLARATION

. , Consrderons qu’il est hautement souhaitable que les efforts déployés par l’UNESC0 aboutissent à la permanence du dialogue interreligieux et se traduisent en activités concrètes visant à enraciner la culture de la paix, en particulier: a) celles destinées à l’éducation de la jeunesse, par la mise au point de matériel

didactique visant notamment à modifier les comportements au quotidien; b) celles qui permettent de relire notre histoire commune afin de

réconcilier les interprétations contradictoires que nous en avons; c) celles qui visent à dresser l’état actuel de l’enseignement des religions

dans les Etats membres de KJNESCO ainsi que celui de l’histoire des systèmes théologiques des religions;

d) celles destinées aux médias en vue de leur fournir l’information appropriée pour lutter contre les stéréotypes discriminatoires;

Recommandons qu’une grande part des activités précédemment mentionnées soient lancées dans le cadre d’une Chaire UNESCO créée à cet effet au Maroc, ayant également pour mission d’aider les Etats membres à mettre en place des comités nationaux de dialogue inter-religieux;

fistimons que la très heureuse initiative prise par Sa Majesté le Roi Hassan II et le Directeur général de I’UNESCO d’organiser à Rabat cette Journée de réflexion devra être suivie de l’instauration au Maroc d’une structure de réflexion et d’action entre les représentants des trois religions monothéistes, en vue de mettre au point les activités s’adressant à différents groupes cible et devant favoriser la compréhension mutuelle et l’évolution vers une culture de la paix.

Evêque Emmanuel (ADAMAKIS) de Réghion, représentant de Sa Sainteté le Patriarche oecuménique Bartholomeos 1, Primat des Eglises Orthodoxes

Abdelkébti AL,AOUI M’DAGHRI, Minis& des Habous et des Af&tes Islamiques

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Cardinal Francis ARINZE, Président du Conseil pontifical pour le dialogue inter-religieux

Mohammed ARKOUN, Ancien Professeur à la Sorbonne des Etudes Islarniques

Sheikh Fawzi Fade1 AZZAFZAF, Secrétaire général de l’Université Al Azhar Al Sharif, Représentant de Sheikh Mohammed Sayed Tantaoui, Imam Al Azhar

Eliahu BAKSHI-DORON, Grand Rabbin d’Israël, Primat de Sion

Rabbin Gilles BERNHEIM

Abdelhadi BOUTALEB, Membre de l’Académie du Royaume du Maroc

Evêque Marc CHAMBRON, Fédération Mondiale Luthérienne

Cardinal Roger ETCHEGARAY, Pnkident du Conseil pontifical “Justice et paix”

Evêque Dr Heinz Joachim HELD, Conseil Mondial des Eglises

Mohammed Abed JABRI, Professeur de Philosophie et de la Pensée Islamique

Abbas JIRARI, Président de la Ligue des Ulémas du Maroc

Chanoine Christopher LAMB, Représentant Monseigneur George Leonard Carey, Archevêque de Canterbury et Primat de la Communion Anglicane

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PARTIE V DECLARATION

Rabbin Dr Abraham LEVY, Chef spirituel, Congrégation Israélite espagnole et portugaise

Patriarche Michel SABBAH de Jérusalem

Grand Rabbin René-Samuel SIRAT, Président de l’Académie Hillal, Paris

Rabbin Dr Haym SOLOVEITCHIK

Abdelouahhab TAZI SAOUD, Recteur de l’Université Al-Qaraouiyine

Mohammed YASSEF, Doyen de la Faculté de la Charia, Fès

Federico Mayor Directeurghhl de lzTNEsC0

Driss KHALIL Millis& de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de la Culture

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DIALOGUE BETWEEN THE THREE MONOTHEISTIC RELIGIONS:

TOWARDS A CULTURE OF PEACE

Rabat, February 1998

TABLE OF CONTENTS

PART I: Messages

Message from His Majesty King Hassan II of Morocco 63 Address by the Director-General of UNESCO 70 Message from His Holiness Pope John Paul II 74 Message from His Holiness the Ecumenical Patriarch Bartholomeos I, Primate of the Orthodox Churches 76 Address by the Chief Rabbi of Israel, Eliahu Bakshi-Doron 79

PART II: The Values Common to the Three Monotheistic Religions 82

PART III: Initiatives for Dialogue between the Monotheistic Religions 10 1

PART IV: Proposals for Action 105

PART V: Declaration 112

ANNEX: List of Participants 117

PART I MESSAGES

MESSAGE FROM HIS MAJESTY KING HASSAN II OF MOROCCO

Praise be to God alone.

Peace and prayer be upon My Lord the Prophet of God and his kin and companions.

Ladies and Gentlemen,

At the outset of this meeting, we are happy to convey to you our greetings, our appreciation, and our consideration. Your meeting within the framework of a dialogue between revealed religions, in our capital, and under our patronage, is a source of pride for Morocco. It is also a source of hope for all those who believe in the mission of religions to achieve peace and harmony among people. We are, therefore, pleased to express to Your Eminences and Your Excellencies our gratitude for having chosen Morocco as the venue for this dialogue, which we hope will be an occasion for thinking and meditating on the spiritual future of humankind.

We would like first to commend the noble efforts that have been made to bring together many distinguished religious figures and eminent thinkers in order to highlight the values common to the three monotheistic religions and to build a culture of dialogue on this basis. We are also pleased to convey our great appreciation for the role played by UNESCO and its affiliates in disseminating culture and knowledge as we reiterate our full support for it in the pursuit of its goals. We are also happy to express our

PART I MESSAGES

appreciation for its Director-General, Mr Federico Mayor, for his noble work in the service of the Organization’s mission and guiding principles.

Ladies and Gentlemen,

You are all aware of the condition of humanity during the century which is now drawing to an end. Humanity has experienced extremes of suffering because of the collapse of moral values, because of the great gap that separates rich and poor countries, because of the dangers represented by all the ethnic conflicts, because of the development of violence and organized crime, and of immoral acts. Faced with these threats, which have become a challenge and a cause for great concern, we need to mobilize within the framework of a strategy that brings together religious, cultural and social forces in order to thwart the development of such dangers. We are hopeful that the present problems will be overcome as we see that these same forces have emphasized the role of religion in drawing attention to the dangers that threaten world peace and expose humanity to inevitable moral catastrophes. Thus, many international institutions have begun to show interest in the dialogue between religions with the aim of mobilizing all believers in the face of these threats and challenges. These dangers are compounded by the world powers’ drive to have in their hands the economic, informational and technological instruments that will give them control over the future of humankind, and that will lead to a globalization of pragmatic, loudly materialistic, culture. These dangers should increase our awareness and determination to fight the threats and negative consequences that face world peace as a result of a loss of balance, and an absence of a moral fiarne of reference.

A deeper, basically spiritual examination of this complex state of affairs makes us realize that religious and moral values are no longer the guiding

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PART I MESSAGES

principle. If an enlightened religious vision is shared by other people, it will help to clear the dark fears that we have about the future, and ward off the dangers that we anticipate. It is the responsibility of each and every one: governments, international organizations, civil society, and all intellectual and religious forces. They should all work within their own fields, according to their own capabilities, and using their own specific methods. The responsibility of religious scholars and thinkers comes first, especially of those who belong to the revealed religions and who believe in the unity of God. They should be at the forefront of such forces, mobilizing all their resources to face all the dangers that threaten to destroy human values. They should do it because it is their duty and their vocation to confront this falsification of values and distortion of human nature. Moreover, their commitment to their faith in the revealed religions would be empty and meaningless if they did not prepare themselves to fight these dangers at all times.

The situation of humanity as we described it calls for faith in, and commitment to, a common frame of moral reference. The peace that we hope to see established today between nations, peoples, individuals and communities - and this is a vital affirmation - is one of the moral values representing a frame of reference that must be firmly rooted among us. The threats and dangers that we have referred to aim at the heart of world peace and security, without which all other values cease to have any meaning. That is why we consider that a culture of peace and dialogue must be firmly established in our present world as part of international values, and also covered in the curricula of educational and scientific institutions. This will serve to protect peace and ensure its continuity.

The culture of peace that we need is one that remains contingent upon the recognition of the right to be different as part of the system of relationships between human beings. These differences reflect the richness of the human

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PART I MESSAGES

intellect and the diversity of cultures and civilizations, and entail acceptance of different cultural identities and religious creeds.

Acknowledging the right to be different presupposes, firstly, that dialogue be adopted as a means of mutual knowledge, of understanding one another, of communicating with one another, and helping one another.

Wise people teach that direct contact and continuous dialogue between people proclaiming different points of view is a product of virtue, that of tolerance and acknowledgement of others as our equals in rights and culture. Moreover, dialogue helps to overcome the psychological barriers that result from prejudices and stereotypes which often prevent people from apprehending objective reality.

It is also well-known that those who are most open to dialogue and who are working to make it a reality in order that mutual understanding and peaceful coexistence may prevail are precisely those who preach the same moral values, who acknowledge a common spiritual basis and who are united by their faith in Almighty God. These are without doubt qualities shared by all believers who belong to the revealed religions.

Ladies and Gentlemen,

Your gathering here today as representatives of these common religious values and universal moral references demonstrates the strength of your determination and the determination of those whom you represent from the different revealed religions.

It is therefore important that we should seize this opportunity and work to establish the bases for a structured ongoing dialogue between the revealed

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PART I MESSAGES

monotheistic religions on the one hand and by endeavouring, on the other hand, to establish a culture of peace and dialogue. It is difficult to separate these two objectives. Peace is the foundation of monotheistic faith and its ultimate goal, and the culture of dialogue is the protective shield that ensures peace and coexistence among religions,

It is undoubtedly this noble objective which has brought you together here and inspired your choice of theme for this auspicious meeting.

Ladies and Gentlemen,

The true Islamic religion calls openly for a dialogue between monotheistic faiths. The Holy Qur’an made this appeal because it was revealed in a cultural environment that served as a crossroads for Christianity, Judaism and Islam. As the religion of the golden mean, Islam appeals to its followers to believe in all the messengers and prophets, peace and prayer be upon them, and in all the books that were revealed to them. The Holy Qur’an thus urges Muslims to exchange views with the followers of all the revealed religions who agree that there is only one God. The Almighty said, ‘Be courteous when you argue with the People of the Book, except with those among them who do evil. Say: “We believe in that which is revealed to us and which was revealed to you. Our God and your God is one. To Him we surrender ourselves”’ (The Spider, 46).

Islam has not simply called for a dialogue in the name of peace and harmony; it has, in fact, established the conditions of such a dialogue among the people of the revealed religions by ordering all Muslims to choose peace and join its camp with no hesitation. The Almighty said, ‘0 believers, come all unto peace’ (The Cow, 208). We Muslims are ordered to keep and cherish peace among ourselves, and the expression that we exchange in greeting one another is ‘Peace be upon you’. It is, then, only

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natural that believers should quickly rally to a call to build a culture of peace and disseminate it among all religions to clear any residual conflicts and resentments among the faithful, and Muslims respond to this call each time they hear it.

When this appeal is for peace and ways of achieving it, building its culture and establishing its institutions, all true believers will rejoice and place their trust in the hopes thus awakened.

Your Eminences and Your Excellencies must be, like us, eager to begin this meeting which is to lay the foundations for dialogue. I am sure that you are looking forward with hope to the promise of peace that it carries. We expect this gathering to establish relations of dialogue amongst you; we expect that this dialogue will be maintained within a clearly defined framework that allows for regular contacts and follow-up; and we hope that your meeting will inspire those who hold responsibility and make decisions to achieve peace and coexistence among nations and peoples, peace that embodies the values that light their path, support them and instil in all the decision-makers that God’s kingdom on earth belongs to all of Adam’s offspring, who have inherited it so as to develop and enjoy its abundant resources. They must pass on, from one generation to another, the values of monotheism, of justice, equality and peace. There is no distinction between the various peoples and tribes except in terms of the blessings that God Almighty bestows on those of us who are virtuous, who fear Him, and who generously spread love and charity among all people.

There is no doubt that the hearts of all peace-loving people everywhere in the world are with you and that they pray for the success of this meeting because yours is a noble cause and your aims are virtuous aims, which will enable humankind to glimpse some hope on the horizon thanks to the

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PART I MESSAGES

building of peace and the elimination of the obstacles that have for so long separated the followers of different religions. Peace-lovers and believers place high hopes in you. This increases your responsibility. You can only meet your objectives if you constantly pursue your dialogue and hold more meetings, remaining faithful to your aims and principles in searching for agreement on the common values and the constants that no one disputes.

You thus ,have no choice but to draw up a plan of joint action which we hope you will have time to sketch in broad terms. We also hope that you will be able to prepare a list of the main issues that concern peace among peoples and call for a pooling of efforts so as to make the logic of peace prevail over any other consideration.

May God help you and guide your steps and facilitate agreement among you so as to serve the cause of justice and peace and to achieve the concord and harmony that all believers long for. God Almighty is a gracious guardian and a gracious helper.

‘Say: This is my path. With sure knowledge I call on you to have faith in God, I and all my followers’ (Yuusuf, 108). Such is the word of God Almighty.

May peace and God’s blessing be upon you.

Written in the Royal Palace in Rabat this day 15 Shuwwaal 1418, corresponding to 13 February 1998

Hassan II King of Morocco

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“... . . . ^ -._-^I_ -._-__ -”

PART I MESSAGES

ADDRESS BY THE DIRECTOR-GENERAL OF UNESCO

Mr Minister Driss Khalil and dear friend, Distinguished Councillors of His Majesty King Hassan II, Mr President of the Chamber of Councillors, Distinguished Representatives of Judaism, Christianity and Islam, Honourable Ministers, Excellencies, representatives of the diplomatic corps, Distinguished professors, observers and media representatives, Dear colleagues,

I shall begin this address by quoting from the holy scriptures of the three monotheistic religions:

‘ . . . and they shall beat their swords into plowshares and their spears

into pruninghooks; nation shall not lift up sword against nation, neither shall they learn war any more’. (A prophecy of Christ’s kingdom, Isaiah, Old Testament)

‘But I say unto you, That ye resist not evil: but whosoever shall smite thee on thy right cheek, turn to him the other also’. (Sermon on the mount, Saint Matthew, New Testament)

Extract from Sura 3 (84) of the Qur’an: ‘Say: “We believe in Allah and what is revealed to us; in that which was revealed to Abraham and Ishmael, to Isaac and Jacob and the tribes; and in that which Allah gave Moses and Jesus and the

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PART 1 MESSAGES

prophets. We discriminate. against none of them. To him We have surrendered ourselves.“’

These few words clearly show that so much unites us, and so little separates us. Unfortunately, we have for centuries been afflicted by divisions, the result of misinterpreting the message of love, tolerance and compassion that lies at the heart of the three religions represented here.

Mounting anxiety about religious intolerance led the World Conference on Human Rights in June 1993 to urge all governments to take appropriate measures to combat intolerance based on religion and the violence that accompanies it. This anxiety had also been expressed in the ‘Declaration on the Elimination of All Forms of Intolerance and of Discrimination Based on Religion or Belief, adopted by the United Nations General Assembly on 25 November 198 1. Other resolutions that have been adopted since then reflect this same concern prompted by the acts of violence, intimidation and coercion that occur in many regions of the world.

All those who resort to violence, sometimes in the name of religion, are travestying religion’s message. We must break free from this spiral of distrust, intolerance and violence, and restore religions to their eminently ethical role.

The Member States of UNESCO have declared their unanimous resolve to establish a culture of peace, based on dialogue, mutual understanding, respect for others, compassion and tolerance. In this difficult, long-term undertaking, dignitaries of the different faiths and religious leaders are called upon to play a leading role. The Barcelona Declaration on the Role of Religion in the Promotion of a Culture of Peace, adopted in December 1994 and widely disseminated by UNESCO and by the UNESCO Centre of Catalonia, constituted a major step in this direction. UNESCO expects a

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PART I MESSAGES

great deal from religious institutions, which possess a vast network for mobilizing support, and which can act daily to promote peace and to counter all acts of intolerance and violence.

The words of Mahatma Gandhi, an apostle of non-violence, are today more relevant than ever. ‘My religion’ he said, ‘teaches me to love all beings equally. I have found the same message of pure love alike in Hindu scriptures and in the Bible and the Qur’an.”

Each civilization and each culture possesses values that must be recognized and appreciated in that diversity, but also in that uniqueness which is a feature of every human being, if we are to understand, to respect and to love one another. Cultural diversity constitutes humankind’s richest resource; cultural and religious pluralism is the foundation of any lasting peace. We are all different, but all united around a few supreme truths. Hence the need to encourage dialogue between the religions in order to rediscover and to reiterate the underlying message of peace that they carry.

These fundamental values of solidarity, justice and peace must inform the conduct of each and everyone, and contribute to that universal ethic as well as to the ethical framework of our daily lives, which will be the basis of ‘intellectual and moral solidarity’, that same solidarity that was assigned to UNESCO as its paramount objective by the Organization’s founding fathers.

In this regard, we must welcome the resolution adopted on 20 November 1997 by the United Nations General Assembly on the Culture of Peace, and the proclaiming of the year 2000 as the year of the culture of peace,

I Translated from the French, the original not being available.

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PART I MESSAGES

that is, of the transition to a culture based on the values of conviviality, sharing, justice, tolerance, solidarity and non-violence, His Majesty’s message, conveyed at the start of this Seminar, is one of capital importance. We are gathered here, indeed, in order to demonstrate our will to engage in dialogue and permanent interaction, and to lay the foundations for the new moral contract of which humankind is in urgent need. This new approach, which is today a matter of vital urgency, is aimed ultimately at enabling us to live together in peace, all united in the face of the storms and tempests besetting us in the boat shown by Leonardo da Vinci. For, as Leonardo pointed out, we are all passengers in that boat and we must meet the same challenge, and grapple with a common fate.

We have also gathered together to convey a message of tolerance, which is the sine qua non for all lasting peace. Peace cannot be lasting without freedom of expression, justice and solidarity. It is not I who say so, but the Constitution of UNESCO that proclaims it. It is also essential to rediscover the essence of our religions, to prune away the dead wood in order to let in the original light. We must counter the claims of the radicals, and say that we hold to the memory of the future. We cannot change the past, but we can choose our future, so as to ensure that reason, dialogue, justice, solidarity and love prevail. We must therefore launch an appeal to all believers to support an attitude to life, a way of living that is imbued with love and generosity, and stress that violence and force are in no way the message that religions are called upon to transmit. We must address ourselves to all believers in order to halt the spiral of violence and recourse to force, and to embark upon the path of peace, compassion and sharing. That would be the best of prayers, and also the best way of reaching out a hand to non-believers, to those who have not

yet found answers to the essential questions. It would, ultimately, help to bring a smile to God’s face.

Federico Mayor 73

PART I MESSAGES

MESSAGE FROM HIS HOLINESS POPE JOHN PAUL II

To His Majesty Hassan II, King of Morocco1

Having been informed of the holding in Rabat, at Your Majesty’s invitation, of a Seminar, to be attended by the Director-General of UNESCO, on ‘The Dialogue between the Three Monotheistic Religions: Towards a Culture of Peace’, I am pleased to convey to you my gratification concerning this initiative.

I extend my cordial greetings to the eminent persons who are taking part in the Seminar. May their deliberations be the occasion of a serene and sincere exchange of views serving to promote among all men the brotherhood and solidarity that stem from the values of peace, justice and mutual respect which are common to Judaism, to Christianity and to Islam. As I have already had occasion to state, interfaith contacts must today be regarded as an indispensable means of ensuring that the many painful rifts which have occurred down the centuries do not recur in the future, and that the wounds which remain are soon healed (Message for the twenty-fifth celebration of the World Day of Peace, 1992, No. 6).

Such encounters must therefore encourage believers to hearken to the voice of the ‘God of peace’, and to let themselves be guided by Him, in order that their respective religious communities observe an attitude of mutual understanding and dialogue, so as to be able to contribute together to the development of a true culture of peace.

As we stand at the threshold of a new millennium, I urgently exhort all those who profess their faith in the one God, as well as all men of good

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will, to join forces so that all of humankind may at last rejoice in a time of reconciliation and peace.

I pray Almighty God to shed upon Your Majesty and upon the participants in this Seminar the abundance of His blessings.

From the Vatican, 2 February 1998.

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MESSAGE FROM HIS HOLINESS THE ECUMENICAL PATRIARCH BARTHOLOMEOS I PRIMATE OF THE ORTHODOX CHURCHES

Bartholomeos by the grace of God Archbishop of Constantinople, New Rome, and Ecumenical Patriarch

To His Majesty the King of Morocco, To His Excellency Mr Federico Mayor, Director-General of UNESCO, To all participants in the Seminar,

Being unable to attend this so very interesting Seminar in person, we wish to convey to you through our representative, His Grace Bishop Emmanuel of Reghion, our cordial greetings and friendly good wishes, wishing you with all our heart success in your work and enlightenment from above for the achievement of such positive results as it may please God shall flow from your discussions.

The subject of your encounter, ‘The dialogue between the three monotheistic religions: Towards a culture of peace’, is a very topical one, and it is essential that it should be explored.

We have alas inherited from our forefathers a civilization fraught with contradictions and hatred, which has led to hostile acts. Happily, we have already come to realize the impasse to which such an approach leads, and are gradually becoming aware of the need to pursue a straighter path. This straight path is none other than the path of peaceful coexistence, reconciliation and mutual understanding. At the opposite pole to mutual

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PART I MESSAGES

understanding lies mutual destruction; but whereas in the latter eventuality all will be losers, everyone stands to gain from the former.

The followers of the three monotheistic religions have adopted this negative attitude of hatred leading to bloody warfare among themselves as a result of a misunderstanding regarding the will of the One God, who according to the teaching of all three religions is a compassionate and merciful God.

It is well known that every chapter of the Qur’an begins with the phrase ‘In the Name of Allah, the Compassionate, the Merciful’. The first Sura is a prayer to Allah that can be said by the followers of each of the three monotheistic religions, for it contains nothing that is contradictory to their faith.

In the Old Testament, Holy Writ for both Jews and Christians, and quoted several times and treated with respect in the Qur’an, references are found to God’s great mercy, together with prayers that He grant us His compassion and mercy, that He rule over all Creation in mercy, etc.

In the New Testament, the second part of the Christian Bible, we find a treasury of references to God’s mercy towards fallen humankind.

This constant reference to God’s mercifulness testifies to the fact that mercy is the chief of His attributes, or at least one of the most important, and that all deviations from mercy stem from the hardness of human hearts. If our hearts were imbued with the spirit of God’s compassion and mercy, all His commandments, which take account of our weaknesses and allow us certain deviations, would become irrelevant. They are in fact

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PART I MESSAGES

commandments that refer to relative good when it is not possible to attain to absolute good.

Consequently, the civilization of peace is undeniably more perfect than that of discord and war. It also constitutes for all of us the sacred goal, much to be desired and much loved by the One God, whom we all worship, even though we worship Him each in our different way.

It is therefore right and proper that we should spare no effort in pursuit of this goal, one that we all wish to see attained during our own lifetime.

May the grace of the One God, the Almighty, be with you all and enlighten your hearts.

12 February 1998 Bartholomeos of Constantinople, fervent intercessor on your behalf with God.

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PART I MESSAGES

ADDRESS BY THE CHIEF RABBI OF ISRAEL ELIAHU BAKSHI-DORON

Mr Director-General,

It is our custom to begin every address with the word shalom, which means peace, a fact that takes on a very special significance in the present context. We were greatly moved by the speech made by His Majesty the King, and by that of the Director-General of UNESCO, and we know that the word shalom does not express simply a wish and a blessing, but also a culture, a determination to move forward and to formulate a number of, for us, important proposals.

The word shalom expresses not simply a wish but also a fundamental religious value, one to which all of us here adhere as representatives of the monotheistic religions. I do not know whether we shall be able to do all we have come to do in a single day, but the very fact that we are gathered together here to discuss those basic values represented by peace and interreligious dialogue is in itself of absolutely fundamental significance.

We know that the word shalom affirms that God is merciful, and that he shows His compassion to all humankind; the term also expresses a hope, a prayer which God always answers when it is uttered by those who truly seek Him. We are in the habit of thinking that whenever we nourish some good intention, the Lord, blessed be His name, ‘prolongs’ that intention in order to make it a reality. There can be no better place to speak of peace and interfaith dialogue than this Kingdom of Morocco, which is the very symbol of openness, of fraternity and of that culture of peace; we are thus very happy to take part in this meeting, to discuss peace and fraternity.

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PART I MESSAGES

The very fact that we are affirming our attachment to the supreme value that peace represents is a blessing for humankind as a whole, because all the peoples of the world are aware that the highest dignitaries and representatives of the three religions have gathered here to affirm these values of peace and fraternity. It is true that we are sometimes drawn into violence, into conflict with our own brothers; but we must reaffirm the fundamental values of peace, dialogue and mutual respect, for religions are based on these values, and that in itself constitutes enormous progress and points the way ahead. The Bible’s prophecies regarding the absence of war, the elimination of all warmongering and weapons of war have not yet been fulfilled, and unfortunately conflicts, wars and acts of violence do break out here and there. Religion has sometimes been used to further the cause of violence. What we must do, on the contrary, is to show that religion transcends frontiers and all that divides or separates human beings. It is our duty solemnly to assert that God does not condone violence, and does not recommend - far from it! -. recourse to force. And we ask that when acts of violence and wars do unfortunately break out - so long as Isaiah’s prophecies have not been fulfilled - they should not be prosecuted in the name of religion. When men, women, children and old people fall victim to persecution and violence, as is the case in Algeria and, recently, in Egypt, we must proclaim, with one voice, that such acts cannot be perpetrated in the name of religion, for the fundamental affirmation for us is that God is full of mercy and love for all His creatures, whom He has created in His own image. God forgives us our sins, and He is full of compassion and mercy. It is true that speaking out may prove to be a matter of life or death, as one speaker recalled a short while ago when he quoted a Muslim poet who reminded us of an idea to be found in the Bible. Consequently, we must therefore be fLlly aware of our responsibilities and reaffirm loudly, clearly and with unshakeable conviction that the values of peace must transcend all the problems currently besetting humankind.

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PART I MESSAGES

The distinguished Director-General of UNESCO quoted the verse from Isaiah urging that swords be beaten into plowshares, but we no longer live in an age when war is waged with swords. Today, unfortunately, there are weapons of mass destruction. I come from a country in which small children are now being equipped with gas masks because there is indeed a real danger. We must therefore reaffirm forcefully that precisely that culture of war must now yield place to the fundamental values that have been invoked since the start of our proceedings. It is not a matter only of breaking swords; we must also bring comfort to those who are in need. It is not enough simply to mouth the word ‘peace’ like a sort of incantation; we must strive to ensure that those who are deprived should be less so, strive to bring about a greater measure of understanding, a greater sense of responsibility vis-a-vis all human beings. That too is implicit in the verse from Isaiah: helping to give humankind as a whole access to a little more well-being, a little more happiness, and to knowledge and culture.

I should like to conclude my address by expressing the hope that freedom of worship be granted to all believers throughout the world. I had the privilege the day before yesterday of observing the Sabbath in Morocco, and I saw the opportunity given to Jews to enjoy fully integrated lives within the Muslim population, in a state of mutual respect and brotherhood which is wholly exemplary and which I found most reassuring. I am therefore most anxious that men of religion should be able everywhere to perform their religious duties, and enjoy genuine freedom of worship, irrespective of political contingencies, in order to discharge those responsibilities that lie at the heart of our mission. During the Sabbath, I had the privilege of taking part in the investiture of the new Chief Rabbi of Morocco. It is my hope that I shall be able in the near future to attend similar ceremonies in Iran, Iraq and elsewhere.

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PART II THE VALUES COMMON TO THE THREE MONOTHEISTIC RELIGIONS

THE VALUES COMMON TO THE THREE MONOTHEISTIC RELIGIONS

The addresses and statements made by participants in the Seminar brought out a convergence of the three monotheistic religions around values considered by each to be points of reference of fundamental importance for relations between their followers.

1. Shared awareness of the existence of common values

The messages addressed to participants in the Seminar by His Majesty King Hassan II, Commander of the Faithful, and by His Holiness the Ecumenical Patriarch Bartholomeos I, and to His Majesty by His Holiness Pope John Paul II, refer explicitly to the existence of common values which are at the origin of a shared responsibility. Thus, after commending ‘the noble efforts that have been made to bring together distinguished religious figures and eminent thinkers in order to highlight the values common to the three monotheistic religions’, and after stressing that ‘the situation of humanity . . . calls for . . . a common frame of moral reference’, the royal message asserts that ‘those most open to dialogue and who are working to make it a reality in order that mutual understanding and peaceful coexistence may prevail are precisely those who preach the same moral values, who acknowledge a common spiritual basis and who are united by their faith in Almighty God. These are without doubt qualities shared by all believers who belong to the revealed religions’.

Pope John Paul II expresses his own conviction regarding this community of values when, in his message, he voices the hope that the Seminar will

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PART II THE VALUES COMMON TO THE THREE MONOTHEISTIC RELIGIONS

provide the opportunity for ‘a serene and sincere exchange of views serving to promote (. . .) the values of peace, justice and mutual respect that are common to Judaism, Christianity and Islam’. Attributing the hatred and conflicts which have in the past been such a feature of the relations between the followers of the three religions to a misunderstanding as to God’s will, Patriarch Bartholomeos emphasizes the unanimity of the three religions regarding the common truth that ‘God is compassionate and merciful’. This value is to be found in the texts of the three holy books, the Old Testament, the New Testament and the Qur’an.

The participants’ statements also reflected this awareness of the existence of shared values which can serve as a platform for ongoing action. It is sometimes manifested more implicitly, through the expression of a commitment to values that stem from a common belief in a single God. Thus Chief Rabbi Eliahu Bakshi-Doron places great stress on these common values, which in his view constitute the basis of the divine message, and asserts that the fact that we representatives of the three monotheistic religions have gathered together in order to demonstrate that all religions affirm the importance of these values to which we refer today in itself constitutes enormous progress and points the way ahead. His Beatitude the Patriarch of Jerusalem, Michael Sabbah, declares: ‘We all share common values, we are in agreement, in all religions’, and considers that the conflicts and wars which have occurred in the history of religions are at variance with such values, a fact that in his view makes a rereading of the history of religions essential. Professor Abdelhadi Boutaleb, a member of the Academy of the Kingdom of Morocco, considers that ‘the three religions represented at this distinguished gathering meet in a culture of peace’, and asserts that they all carry the same message, since each is in fact but the extension of the one that precedes it. He bases this thesis on the fact that the Qur’an recognizes God’s revelation to Moses and to Jesus and

PART II THE VALUES COMMON TO THE THREE MONOTHEISTIC RELIGIONS

that the Ten Commandments transmitted by Moses to the Hebrews are echoed or ‘prolonged’ throughout the Bible. His Grace Emmanuel (Adamakis), Bishop of Reghion, refers to the fifth consultation between Muslims and Christians, held in Chambesy in December 1988 on the topic ‘Values shared by the two monotheistic religions’ in order to emphasize that ‘religious faith constitutes the fundamental source of shared values’. His Eminence Cardinal Francis Arinze sees in the principle of ‘treating one’s neighbour as one would wish to be treated oneself a fundamental value that is found in all three religions. Bishop Dr Heinz Joachim Held, representing the World Council of Churches, refers several times to those values common to the three religions that should be promoted in the societies of their followers. Finally, Professor Mohammed Yassaf, Dean of the Faculty of Sharia of the Qarawiyin University in Fez, considers that when the representatives of the religions ‘gather together in order to serve the values that they share, this constitutes a decisive turning point for humankind and reflects the maturity of these religions and of their followers’.

2. Common values

Peace

The purpose of this Seminar was to consider the contribution of religions to the establishment of a culture of peace, for peace lies at the heart of the values commended by the three monotheistic religions.

For the representatives of Islam, ‘peace is the foundation of monotheistic faith and its ultimate goal’, and ‘the peace that we hope to see established today between nations, peoples, individuals and communities - and this is a vital affirmation - is one of the moral values representing a frame of

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PART II THE VALUES COMMON TO THE THREE MONOTHEISTIC RELIGIONS

reference that must be firmly rooted among us . . . ’ (excerpt from the King’s message); peace ‘is the supreme value, the supreme good, and the key to humankind’s happiness’ (Professor Boutaleb); it represents a dimension of the true meaning that this sublunar world draws from spirituality, according to Mr Abdelkebir Alaoui M’Daghri, Morocco’s Minister for Islamic Affairs, who reminds us that ‘such spirituality gives its true meaning to life, namely, a pure and faithful prayer, full and total obedience towards God and a readiness to serve as His vicar on earth, in order to ensure the reign of good, to institute justice and to spread peace’; the religious approach is the means of establishing true peace, for ‘the establishment of peace through religion, since it issues forth from our innermost being and is not imposed upon us from without, leads to the establishment of a true peace’ (Professor Yassaf); peace constitutes the mission of religions and, according to Professor Abdelouahhab Tazi Saoud, Rector of the Qarawiyin University in Fez, ‘this encounter is an outpouring of the hope of all those who have faith in the mission of religions, which consists in bringing about peace and understanding’; ‘ . . . we must do our utmost to pave the way for the collective construction of that peace’ (Professor Ahmed Jalali, Permanent Delegate of Iran to UNESCO).

The commitment of the representatives of Judaism to this value is no less strong. Recalling the custom of the adherents of Judaism to begin their statements with the word ‘shalom’, which means peace, Chief Rabbi Bakshi-Doron explains that this term ‘expresses not simply a wish, but also a fundamental religious value, one to which all of us here adhere as representatives of the monotheistic religions’ and that we must proclaim solemnly and loudly that peace constitutes the fundamental message of all religions. Likewise, Chief Rabbi RenbSamuel Sirat, despite the frustration he feels, a frustration which is due to the fact that men of religion have not

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yet succeeded in instilling the culture of peace deeply into their own communities, considers the unanimity expressed in the course of this Seminar in support of peace to be a considerable step forward. Finally, the peace sought by Rabbi Abraham Levy is a peace rooted in concrete reality, and to this end he proposes a pragmatic approach to dialogue as an effective means of living together peacefully.

Peace is a matter of very great importance for the representatives of Christianity. In his message, Pope John Paul II expresses the hope that the Seminar may provide an opportunity ‘to promote the values of peace, justice and mutual respect among all men and women (. . .). Such encounters must encourage believers to hearken to the voice of the “God of peace”, and let themselves be guided by Him (. . .) in order to be able to contribute together to the development of a true culture of peace’. Patriarch Bartholomeos declares that ‘the civilization of peace is undeniably more perfect than that of discord and war. It also constitutes for all of us the sacred goal, much to be desired and much loved by the One God, whom we all worship, even though we worship Him each in our different way’. For Bishop Emmanuel of Reghion, ‘the orthodox Churches are called upon to contribute to interfaith consultation and collaboration and, by this means, to stand united against fanaticism. By doing so, they will work to promote the triumph of the values represented by freedom and peace in the world’. To confirm this commitment, the Bishop refers to the Declaration of the Third Panorthodox Conference of Chambesy (Geneva, December 1986): ‘Orthodoxy can and must serve to restore the organic relationship between today’s international dialogue and the pre-eminently Christian ideals of peace and liberty . . . ‘. He comments on this statement by making the dissemination of peace one of the missions of all revealed religions today. ‘It is the Church’s mission in today’s world’, he asserts, ‘to publicize the harmony and collaboration existing between all the Christian

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churches and the other two great monotheistic religions, in order to promote such common ideals as peace . . . ‘.

The Patriarch of Jerusalem who is greatly concerned by the difficulty experienced by religious leaders in propagating the culture of peace in political situations which impede its spread, declares that ‘we have the duty to speak out about peace and to educate for peace, but when we are faced with political situations in which our faithful suffer injustices, how are we to speak to them of peace ?’ For Bishop Held, ‘what is truly important is to teach and educate so that, as representatives of the three religions, we may be able to educate the others (. . .) in order to make such peace a reality’.

Justice

Referred to by most speakers, this value is frequently associated with that of peace. It is indeed one of the values whose promotion is called for in the messages both of King Hassan II and of Pope John Paul II, in particular as a follow-up to this Seminar. The message from His Majesty recalls that it is essential to establish the conditions for a dialogue that inspires in those who hold responsibility and make decisions such values as may light their way towards the public good and development, and towards transmission of the values of monotheism, of justice and equality. Bishop Emmanuel of Reghion mentions the conclusions of the fifth consultation between Muslims and Christians: ‘that consultation referred to common values such as peace and justice (. . .). Religious faith constitutes the fundamental source of the common values of peace and justice (. . .). The peace aimed at by the two monotheistic religions is based on justice . . .‘. The statements by Cardinal Arinze and by Professor Tazi echo these affirmations. The former considers that ‘peace has more chance of becoming anchored in our minds and in reality when it is based on fundamental religious teachings,

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particularly as religion stresses the need to cleave to justice . . . ‘. The latter suggests that ‘it is our responsibility to plan for a joint effort (. . .) to usher in the culture of peace (. . .), a peace based inevitably on the values of equality, solidarity, equity and justice’. It is a relationship in which peace is subordinated to justice that the Patriarch of Jerusalem, Professor Jalali and Canon Christopher Lamb seek to highlight when they ponder the possibility of establishing peace when there is no justice. ‘How can we speak of peace without speaking of justice? Peace is (first and foremost) social peace. And without the concept of justice, it is void. Peace without justice remains a pipe dream. The basis of the religious message is that we cannot overlook or ignore the concept of justice as an integral part of peace, and a precondition for the establishment of peace . . . ’ (Professor Jalali). In order to ensure that the discourse on peace ‘is not a mere incantation . . . we must also speak of justice’ (Canon Lamb). Referring to the teaching of the Prophet Zechariah, who recommended that everyone speak their minds and weigh their responses in terms of peace and justice, Chief Rabbi Sirat points out that frequently when there is absolute justice, there cannot be peace, and when there is peace, there cannot be absolute justice. However, there is one way of transcending all values, which is ‘when as men of religion we bring to bear our experience, our faith, our certainty and our hope that a future imbued with justice and peace should benefit humankind as a whole . . . ‘.

Human dignity

If the representatives of the three religions were unanimous in the importance they attached to peace and justice as values which must be respected and promoted, that is because they serve an ultimate value, that of human dignity.

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Chief Rabbi Bakshi-Doron recalls that God does not condone violence, nor does He tolerate acts of violence perpetrated in His name, for ‘God is full of mercy and love for his creatures whom He has created in His image’. Chief Rabbi Sirat declares: ‘there is a way of transcending all these values (. . .), it’s when one is aware of what is essential, it’s the human being who is beforeus . ..‘.

As Patriarch Bartholomeos pointed out (in his address delivered at UNESCO), ‘ . . . frequently carried away by our egocentrism and our own interests (. . .) we tend to forget our innermost self, which has been created in order to achieve fulfilment as a person in the image and likeness of God’. The Patriarch had moreover declared, on the occasion of his enthronement, that the ultimate goal of dialogue with the other religions was ‘the protection of the human person of his or her unique, sacred value and dignity . ..‘.

As for the representatives of Islam, Professor Boutaleb explained that the happiness of humankind represents the ultimate goal of peace. To quote his own words, peace is ‘the key that opens the door to human happiness’ and, since God has made man His heir on earth and entrusted him with the task of taking care of it, religions have been revealed for the sole purpose of making human beings happy by pointing out the path they should follow. For Professor Abbas Jirari, President of the Union of Ulemas of Morocco, ‘Man is honoured by God who has created him in the best of images, who has breathed into him something of His soul, who has placed the universe at his disposal for his well-being and who has preferred him to all other creatures insofar as He has endowed him with the faculty of discernment and knowledge, and has appointed him to be His vicar on earth’. The statement by Professor Mohammed Abed Jabri draws upon Islamic theology in order to answer the question: why did God send the prophets?

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Theologians reply that His purpose was to guide men and women in their best interests. The three monotheistic religions identify three categories of interests: essentials, needs and improvements. There are five essentials: the preservation of life, the preservation of one’s reason, that of one’s offspring, that of one’s property and that of religion. However, all these essentials, including the last one, are in his view focused on the best interest of human beings, which is the alpha and omega of all religions.

Love

All three monotheistic religions call upon us to love one another, as they call for fraternity among humans beings. One cannot claim to have faith in God if one is not disposed to love His creatures as one loves Him. This point was made both by Pope John Paul II and by King Hassan II, who considers it to be one of the values that Adam’s sons, God’s own heirs on earth, must transmit if they wish to be honoured by God. It is also to be found in the address delivered by Chief Rabbi Bakshi-Doron, who proclaimed the Seminar to be ‘a fundamental affirmation of these values of peace and fraternity’.

Love and fraternity lay at the core of the deliberations of the third Panorthodox Conference, whose topic was precisely ‘The contribution of the Orthodox Church to the attainment of peace, justice, freedom, fraternity and love between peoples and the elimination of racial and other forms of discrimination’, as indicated by Bishop Emmanuel of Reghion. Bishop Emmanuel adds: ‘Today, the mission of the Church in the world (. . .) is to promote such common ideals as peace, fraternity, love, and so on . . . ‘. He accordingly refers to the work of the orthodox theologian Olivier Clement, La v&ite’ te rendra Zibre, in order to urge the peoples of the

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Mediterranean to rediscover the values and principles that have flourished in the region for centuries, notably love, which transcends frontiers.

Love is one of the components of the message of all religions, according to Professor Boutaleb, who speaks of ‘the moral values and praiseworthy qualities of which (one) of the most important is love of one’s fellows . . .’ by Professor Jirari. Finally, it is one of the basic building blocks of peace (Professor Tazi).

Tolerance

Many of the representatives of Islam commented on this value. In the royal message, it was invoked as a virtue: ‘The wise teach that direct contact and continuous dialogue between people proclaiming different points of view is the product of virtue, that of tolerance (. . .). The culture of peace remains contingent upon the recognition of the right to be different, as part of the system of relationships between human beings. These differences reflect the richness of the human intellect and the diversity of cultures and civilizations, and entail acceptance of different cultural identities and religious creeds’.

Endorsing the views voiced by Professor Boutaleb and Professor Jirari, Professor Tazi explains that ‘tolerance is a disposition of reason by virtue of which we grant to others the freedom to express their points of view, even if we do not share them, to adopt their own way of life, even if those lifestyles are not consistent with our own, with our traditions and our customs (. . .). The role of religions is to encourage tolerance and coexistence and to reject hatred . . . ‘. Professor Tazi considers that the Seminar offers a living example of tolerance. ‘This face-to-face meeting between the representatives of the revealed religions is in itself an example

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of tolerance, recognition of others, of their existence, their faith, their dignity, their different lifestyles and their divergent ways of thinking . . . .’

Rabbi Gilles Bernheim asserts that, ‘before there can be peace, there must be respect, then tolerance, then peace’. The other representatives of Judaism emphasize the practical aspect of this concept.

Solidarity

Solidarity reflects a shared sense of belonging, of having a community of purpose and the same duties, and implies the need to work together for the general good. However, it was referred to only by a few speakers:

l the Pope’s message refers to solidarity as one of the values stemming from peace and justice, and calls for it to be promoted;

l Bishop Held states: ‘I appreciate the fact that mention has been made of those values we share, our common values, in particular solidarity and dialogue . . . ‘;

l for Professor Tazi, solidarity is one of the key values on which the culture of peace is based.

Humility

Among the participants who placed emphasis on this value, Bishop Held asserted that ‘we must also be humble if we wish to understand and to help one another. I recall that Jesus himself also said that he was humble of heart. And I wish to stress that we must inculcate humility as a fundamental value in order to achieve peace, to have a shared future and to understand that future together’. Humility is also quoted by Professor Jirari as one of the values which must be reflected in people’s behaviour, and

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serve to consolidate faith. It is also one of the pledges unanimously voted by the World Assembly of the Lutheran World Federation at its July 1997 session: ‘when the prevailing keynote is humility and honesty, dialogue offers followers of the different religions an opportunity to work together for the common good’. Rabbi Bernheim seeks to explore its full significance by highlighting the complementary nature of religions in their search for truth, in the knowledge of God, the world, and humankind. Referring to the French philosopher Paul Ricoeur in order to define humility, he explains: ‘modesty (. . .) means accepting the idea that in all religions there are strong words and brittle words, that is, there are religious dimensions which enable us truly to understand the world (. . .). But there are others which testify to our difficulties, indeed to our fragility in understanding the world in which we live . . . ‘.

Forgiveness

This value was sometimes discussed in conjunction with mercy, whose meaning is very close, or in relation to reconciliation, the object of which is to transcend the conflicts of the past. In the excerpt from the work of the orthodox theologian Olivier Clement quoted by Bishop Emmanuel, we find a call for the revitalization of forgiveness as one of the values that long prevailed in the Mediterranean region. Forgiveness is, according to Professor Boutaleb, one of the values conveyed by all the revealed religions. Lastly, Bishop Held proposes that seminars be organized on forgiveness and reconciliation: ‘we must in fact acknowledge our past errors, we must forgive one another in order to bring about a reconciliation for the future, for our future . . . ’ .

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3. Values and ethics

The participants in the Seminar were concerned not to confine themselves to fine words, but to help these values to be reflected in the attitudes and conduct of the followers of the three monotheistic religions. Such values must, indeed, serve to guide people in their daily conduct, and must, hence, have ethical implications.

Without knowledge and recognition of others, without respect for others in their essential difference, without peaceful coexistence or reconciliation, values such as peace, justice and human dignity, or even tolerance, love and fraternity, would have no meaning. Solidarity would be devoid of all meaning were it not given concrete form through co-operation and a readiness to share. Ultimately, indeed, all these values require, if they are to be fully expressed, ongoing, permanent dialogue.

In the King’s message, the point is made that, ‘the culture of peace that we need remains contingent upon the recognition of the right to be different as part of the system of relationships between human beings. These differences reflect the richness of the human intellect and the diversity of cultures and civilizations, and entail acceptance of different cultural identities and religious creeds. Acknowledging the right to be different presupposes, firstly, that dialogue be adopted as a means of mutual knowledge, of understanding one another, of communicating and co- operating with one another and helping one another. The wise teach that direct contact and ongoing dialogue between people with different points of view is a product of virtue, that of tolerance and recognition of others as our equals in rights and in culture . . . ‘.

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In the Pope’s message, reference is made to the twenty-fifth celebration of the World Day of Peace in 1992: ‘As I have already had occasion to state, interfaith contacts must today be regarded as an indispensable means of ensuring that the many painful rifts which have occurred down the centuries do not recur in the future, and that the wounds which remain are soon healed’. Pope John Paul II adds: ‘Such encounters must therefore encourage believers to hearken to the voice of the “God of peace”, and let themselves be guided by Him, in order that their respective religious communities should observe an attitude of mutual understanding and dialogue, so as to be able to contribute together to the development of a true culture of peace’. Patriarch Bartholomeos states: ‘We have alas inherited from our forefathers a civilization fraught with contradictions and hatred, which has led to hostile acts. Happily, we have already come to realize the impasse to which such an approach leads, and are gradually becoming aware of the need to pursue a straighter path. That straight path is none other than the path of peaceful coexistence, reconciliation and mutual understanding’.

Bishop Emmanuel of Reghion reminds us that ‘this interfaith dialogue is a major concern for us all since it represents the sole means of creating a sphere of peace for our peoples, who thirst for peace and justice (. . .). We must not confine ourselves to contemplating our own egocentric natures; rather, we must get to know our fellows, and communicate with them’.

Addressing the twin topics of dialogue and mutual respect, Chief Rabbi Bakshi-Doron points out that ‘it is true that our baser instincts sometimes prompt us to acts of violence, to turn against our own brother. But we must affirm here the fundamental values of peace, dialogue and mutual respect’. The Patriarch of Jerusalem addresses the question of how the spirit of openness and dialogue is to be brought to the peoples, for they it is who

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‘make peace or make war’. Education, religious education programmes, the word of God as preached in mosques, churches and synagogues, all play ‘a decisive role in inculcating this open-mindedness in the people’. Cardinal Roger Etchegaray shares this concern: ‘it is essential that it (the dialogue between the faiths) become a fact of everyday life. For me, the great problem is (. . .) how to rediscover everyday life in such a way that this dialogue is our daily bread (. . .). This is a call to what has always been the major responsibility of these three monotheistic religions, namely, the service of education (. . .). We must learn to live with conflicts, conflicts in the sense of a better understanding of others, We must learn to live together . . . ’ .

Chief Rabbi Sirat has the following to say about dialogue: ‘whence then this slight sense of frustration? I think it derives in fact from our feeling of remaining confined to the small circle of our own friends, and of failing to instil deeply into our communities an awareness of that necessity, that fundamental value represented by interfaith dialogue’. This feeling is echoed by Sheikh Fawzi Fade1 Azzafzaf, who points out that: ‘we have no alternative to dialogue. We are all committed to dialogue, and we have all agreed to commit ourselves to it still more strongly. But how much longer are we going to hold forth on dialogue without actually initiating it? We now wish to move on to setting up the machinery for launching the dialogue. That is why I propose that, within the framework of this meeting, we formulate specific recommendations designed to implement the process’. Professor Tazi, who also regards dialogue as the first step towards peace, provided that it is based on respect for others and on a generous spirit, adds: ‘the responsibility for spreading the values of tolerance, respect and coexistence, and causing them to take root, must always be assumed. We must all strive, at every level, to ensure that these

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concepts do not remain restricted to scientists, scholars and leading intellectuals, but are spread among all sectors of society . . . ‘.

Professor Jalali stresses his conviction that getting to know our fellows constitutes a means, inspired by religions, of avoiding conflicts. The causes of conflict, he asserts, ‘stem rather from our ignorance of one another. That is, our ignorance of whoever is different from us. The crucial question is to know who the other is. Where does his or her existence begin? How can we establish a relationship with others without some form of domination?’ He finds the answer to these questions in religions, which urge us to reach out to meet and broaden our knowledge of one another: ‘the solution proposed by religions consists in broadening both the sphere of the self and that of the other, so that they meet. We shall thereby avoid allowing ourselves to be dragged into a cultural war out of fear of others . . . ‘.

For his part, Rabbi Levy wishes to impart a pragmatic purpose to dialogue: ‘when we speak of dialogue, I should like to understand it in terms of what we did some hours ago when we went together to the mausoleum of King Mohammed V, where all of us, Jews, Christians and Muslims, removed our shoes out of respect for Muslim tradition and paid tribute to the great King. What really matters to me is a practical dialogue, which has more meaning than philosophical discussions that ultimately are no more than a stream of words, but do not show us how dialogue is to be maintained between us in practice’. As for Rabbi Bernheim, he emphasizes the interdependence between the values of peace, tolerance, respect, co- operation and sharing: ‘must it be recalled that before there is peace, there must be respect, then tolerance, then peace. To respect others means allowing them to exist. Tolerance is establishing a social link that permits both parties to live together (. . .). Making room for others means accepting the idea that we do not know everything, that we cannot do everything, that

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we do not know everything about God, that we do not know everything about our fellow humans and that other religions (. . .) can help us, perhaps even in enabling us to see what we lack (. . .). Making room for others means taking up less room ourselves in order to enable others to exist. If we do not make room for them it means we do not accept them, we do not recognize them. From time to time we pay lip service to the ideal of respecting others, but when the going gets rough that respect melts away . ..‘.

By way of conclusion, Bishop Marc Chambron stressed that ‘interreligious dialogue is a creative commitment towards the followers of other religions. It takes various forms, and is characterized by a concern to listen to and share with one another in mutual respect (. . .). Such dialogue should lead us to see others as they see themselves. It helps us to find solutions to conflicts between different groups. It can be advanced by personal reflection as well as by direct contacts in everyday life. An objective, correct and deeper understanding of the faiths of each of us will provide a sounder basis for the witness that we bear to the followers of other religions, and might spare our communities the unnecessary scars of ignorance and prejudice’.

4. Religious foundations of values

A number of participants referred to the religious sources of the values common to the three monotheistic religions. For example, Patriarch Bartholomeos writes: ‘If our hearts were imbued with the spirit of God’s compassion and mercy, all His commandments (. . .) would become irrelevant’. Mercy, he explains, is an attribute of God that is found in the teachings of the three religions: it is mentioned at the beginning of all the chapters of the Qur’an, and is also invoked in the Old and New

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Testaments. This attribute is therefore the cornerstone of peace. Chief Rabbi Bakshi-Doron refers to this same divine attribute in order to explain that the word peace does not simply express a wish, but affirms that God is merciful and that He extends His compassion to all of humankind. Shalom is also a prayer to God to exercise His compassion towards all those who truly seek it; He in fact grants them His blessing.

King Hassan II states that peace is the basis of monotheism, and quotes the verse in the Qur’an in which God exhorts all believers to embrace peace: ‘0 believers, come all unto peace’. Professor Boutaleb adds that the word peace is also one of the names of God, as is confirmed in the Sura entitled ‘Exile’: ‘He is the Sovereign Lord, the Holy One, the Giver of Peace’. He also stresses his agreement with Chief Rabbi Bakshi-Doron and Cardinal Arinze, confirming that the three revealed religions are religions of mercy. He refers to the verse of the Sura entitled Al Ahqaf: ‘The book of Moses was revealed, a guide and a blessing to all men’, which recognizes God’s revelation as recorded in the Bible to Moses, and to the verse in which God says to Mohammed: ‘We sent you only out of mercy towards men’.

Love also has religious origins, to which Cardinal Arinze refers when he quotes the golden rule ‘Thou shalt love thy neighbour as thyself, common to the three religions, and the words of Jesus and Saint John. Before His death on the cross, Jesus addresses his apostles, exhorting them: ‘That ye love one another as I have loved you’, while Saint John declares that ‘If a man say, I love God, and hateth his brother, he is a liar’.

Dialogue also has a religious foundation, for example in the two verses of the Qur’an: ‘Be courteous when you argue with the People of the Book’, and ‘Call unto the way of thy Lord with wisdom and good exhortation’. Professor Boutaleb and Professor Jalali are agreed that the Qur’an has laid

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the foundations for this dialogue, and for the peaceful coexistence of religions: ‘Let us unite around a single word, that we worship Allah, and that we refrain from associating whomsoever with him. Come let us worship the one God, the Absolute (. . .), let no one among us seek to be master of the others, to rule over them . . . ‘. Professor Boutaleb even regards dialogue as a divine institution, an obligation for all men and women, a sacred duty; hence the obligation to resort to dialogue in order to find solutions to the problems which beset people and the misunderstandings which divide them. This dialogue, which by implication forbids imposing one’s own opinions, wishes or convictions upon others, must apply particularly in matters of religion, as witness the verse: ‘No constraint in matters of religion’.

As regards knowledge of one another and mutual understanding, Professor Yassaf finds a religious basis in another verse of the Qur’an: ‘We have created you from one man and one woman, and have made of you peoples and tribes in order that you shall know one another’. From this may be deduced the unity of the human race, from which stems fraternity, for human beings are brothers since they are the offspring of the same parents. We may also see in this a recognition by the Qur’an of plurality and difference.

Finally, Rabbi Bernheim considers that tolerance and sharing are anchored in the Bible, as indicated by the verse from Exodus in which God says to Moses: ‘Forget not that thou wast a slave in Egypt’. The rabbis’ interpretation of this verse concerning the human condition implies that men are beings who are both obliged and responsible towards one another. It also implies a reference to tolerance, sharing and generosity.

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PART III INITIATIVES FOR DIALOGUE BETWEEN THE MONOTHEISTIC RELIGIONS

INITIATIVES FOR DIALOGUE BETWEEN THE MONOTHEISTIC RELIGIONS

The participants in the seminar underscored the great importance of interreligious dialogue in creating an opportunity for the different religions to move closer together and to overcome negative attitudes and misunderstandings inherited from the past. Dialogue was indispensable to the establishment of a culture of peace and justice. Several religious and academic institutions had held meetings of representatives of two or the three monotheistic religions, and Bishop Emmanuel of Reghion gave an account of the major meetings.

1. Dialogue between two religions

l International academic consultations to promote dialogue between the orthodox church and Judaism had been held as from 1977. The first had been held in Lucern from 16 to 18 March 1977 on ‘Orthodox and Jewish Interpretation of the Law’; the second in Bucharest from 26 to 3 1 October 1979 on ‘Tradition and Community in Judaism and the Orthodox Church’; and the third in Athens from 21 to 24 March 1993 on ‘Continuity and Renewal’.

l International academic consultations to promote dialogue between Christianity and Islam had been organized jointly since 1986 by the Royal Academy for Research on Islamic Civilization (Albeit Foundation of Jordan) and the Orthodox Centre of the Ecumenical Patriarchate in Chambesy. Eight meetings of the two monotheistic religions had been held: consultation in Chambesy (17-19 November 1986) on ‘Authority’; consultation in Amman (21-23 November 1987)

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on ‘The model of historical coexistence between Muslims and Christians and prospects for the future’ and on ‘Humanitarian ideals common to Muslims and Christians’; consultation in Chambesy (12- 15 December 1988) on ‘Peace and Justice’; consultation in Istanbul (lo-14 September 1989) on ‘Religious Pluralism’; consultation in Amman (26- 28 July 1993) on ‘Youth and the values of moderation’; consultation in Athens (8- 10 September 1994) on ‘Education for understanding and co- operation’; consultation in Amman (3-5 June 1996) on ‘The education system in Islam and in Christianity’; consultation in Istanbul (3-5 June 1997) on ‘Prospects for co-operation and participation between Muslims and Christians on the threshold of the third millennium’.

Bishop Chambron underscored the importance to the Lutheran World Federation of bilateral dialogues involving the majority of the major Christian denominations, in particular the Reformed, Anglican and Catholic Churches, together with the World Council of Churches, the Reformed World Alliance and the Conference of European Churches.

2. Dialogue between the three religions

In the context of contacts among the representatives of the three monotheistic religions of the Mediterranean, Bishop Emmanuel mentioned the meeting held in Toledo by the European Commission on 4 and 7 November 1995 on the theme ‘The Mediterranean Society: A Challenge for the Three Civilizations?’ which constituted a framework for informal dialogue between Judaism, Christianity and Islam.

Bishop Chambron said that to respond to the challenge of religious pluralism, several consultations and seminars bringing together Christians of different traditions had been held to promote dialogue - in their

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geographical and cultural context - with other religions; the consultation on the theme ‘Live and serve humanity in a world of religious pluralism’ held in Asmara, in Eritrea, had been attended by Lutheran Churches fi-om different parts of the world and representatives of other religious traditions.

Chief Rabbi Sirat recalled that a number of initiatives had been taken by UNESCO, citing in particular the ‘Roads of Faith’ project.

3. The United Nations and the Culture of Peace

In his opening address, the Director-General of UNESCO said that concern about religious intolerance had led the World Conference on Human Rights in June 1993 to request all governments to take appropriate measures to combat intolerance based on religion and the attendant violence. Disquiet was also expressed in the Declaration on the Elimination of all Forms of Intolerance and Discrimination Based on Religion or Belief, adopted by the United Nations General Assembly on 25 November 1981.

He also stressed the importance of the Barcelona Declaration on the Role of Religion in the Promotion of a Culture of Peace, adopted in December 1994, of the resolution adopted on 20 November 1997 by the United Nations General Assembly, and of the proclamation of the Year 2000 as International Year for the Culture of Peace.

4. Continuation of the dialogue

Sheikh Azzafzaf, Secretary-General of Al Azhar University, stressed the importance of the establishment of a General Secretariat for the dialogue, in one of the countries that were active in this field. That Secretariat would

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PART III INITIATIVES FOR DIALOGUE BETWEEN THE MONOTHEISTIC RELIGIONS

be responsible for co-ordination among the religious institutions to determine the topics to be covered by the dialogue and the means of implementing the recommendations in order to achieve positive and useful results for humanity.

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PART IV PROPOSALS FOR ACTION

PROPOSALS FOR ACTION

Speakers expressed the wish to enter a new stage of interreligious dialogue by devising practical activities in the fields of education, research and communication.

1. Education

Bishop Emmanuel said that the development of educational programmes could help to endorse the principles of mutual respect and understanding of the Other, thus putting an end to any tendency towards conflict between religions and religious fanaticism. There was an undeniable desire on the part of the three religions to work together in this spirit to uphold shared values . . . . Exchanges of young people, education and a new view of history could help to establish a climate of peace.

Bishop Chambron spoke of the message contained in the report submitted by Father Noko to the Assembly of the Lutheran World Federation, in which he had called upon members of different religions to find a common language and common ground to tackle the problems of their societies since: ‘an objective, accurate and deeper understanding of each faith will provide a more solid basis for our testimony to the believers of other religions and might spare our communities the pain inflicted by ignorance and prejudice. Our theological institutions play an essential role in combating ignorance and prejudice, and it is therefore important that the curricula of our biblical schools, seminaries and faculties of theology should have an inter-religious discussion?‘.

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PART IV PROPOSALS FOR ACTION

Professor Boutaleb stressed the importance for followers of the three religions - without the least sectarianism - of encouraging reconciliation and the rectification of stereotypes and of distinguishing between the true teachings of each religion and the attitudes and practices of those who improperly invoke a religion in order to justify distortions in its name. He also pressed for the revision of textbooks used in religious schools with a view to excluding everything that denigrated another religion, went against the principles of tolerance, justified violence and aggression, or was lacking in respect for other revealed faiths.

Mr Alaoui M’Daghri wondered whether it might be possible to: ‘gather in the gardens of this common spiritual heritage what is most beautiful, most useful and most excellent and with it to build an education system which would heal the heartache of modem man and offer all our children a new education based on the love of God, and of all his servants and creatures, and on security and tranquillity for all, invoking the greatness and beauty of God and striving to spread peace, goodness and mutual assistance as it pleases Him’.

At the end of his statement, Mr Alaoui M’Daghri said ‘I am not calling for a Sufi education that would make people isolate themselves, withdraw into caves or towers or subject themselves to suffering and deprivation. That would hinder our efforts to foster development, to master the bases of progress and prosperity and keep in step with our era in its steady evolution and progress in the light of science and creative thought. What I am calling for is a positive Sufi education, with a constructive and human outlook’.

The Patriarch of Jerusalem, considered that a mind open to the possibility of dialogue between peoples in peace and at war required: ‘appropriate

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PART IV PROPOSALS FOR ACTION

education and programmes of religious instruction in all our Christian, Muslim and Jewish schools, for the image of the Other transmitted in our present curricula is not always as good as it should be. The role of religious leaders, when they address the faithful in mosques, churches and synagogues, is decisive in creating this open-mindedness. It is true that certain political situations create injustices and suffering . . . how can we speak of peace with the Other to the Iraqi people, condemned to hunger, disease and death by United Nations sanctions? As for Jerusalem, the city of peace, it has become a city of war and contention. It makes it very difficult for all of us - Muslims, Christians and Jews - to speak to our believers of peace and to invite them to cultivate a true and fraternal image of the Other, when that Other is identified as the cause of our misfortunes and injustices. It is our duty to appeal to our political leaders not to create situations of injustice, so that we, as religious leaders, may preach peace and create a climate and culture of peace’.

For Chief Rabbi Sirat, ‘a man of religion is primarily an educator and a spiritual guide who at the same time respects the individual’s right to criticize and to be free. It is not enough to point to the difficulty of speaking about peace in traumatic situations, for it is precisely in such situations that peace education is needed . . . . These efforts should be backed up by pedagogical assistance in order to strengthen peace education and interreligious dialogue, but unfortunately, in our universities and our curricula, this has not been done. After thanking UNESCO for its support and for the resources made available to the project, Chief Rabbi Sirat supported the suggestion that ‘the ministers of higher education and national education in the various countries should be asked to bear in mind that our help and assistance might be a precious asset in the education and training of the rising generation and make for a happier future than the times we have known’.

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PART IV PROPOSALS FOR ACTION

Professor Mohammed Arkoun said that the studies he had carried out as a historian of the theological systems constructed by Jewish and Islamic reasoning led him to regard them as ‘intellectual, of course, but also cultural systems of mutual exclusion’. He therefore appealed to UNESCO and to ministers of education in all the countries concerned by: ‘the future of religious thought as it faces the challenge of the scientific approach for the creation of departments specializing in the comparative history of religions, in which comparative religious anthropology would be a discipline that sought to shed new light on our respective religious pasts and create a new intellectual approach to the phenomenon of religion and the role of religions in history’. These departments should offer courses on: ‘the comparative history of theologies as systems of thought, and there should also be departments for the teaching of philosophy. Morocco, in particular, offers such courses, but the history of philosophy should be taught in parallel with the history of theological systems, because philosophy and theology went their separate ways in the sixteenth century in Europe, and the very fruitful period for theology which was known as the Middle Ages has not been given sufficient attention’. The education system would have to be thought out anew in order to achieve this goal.

For Cardinal Etchegaray it was important that this dialogue between religions should become ‘a regular exchange that was part of everyday life instead of being reserved for the initiated, for decision-makers and for religious leaders’. He appealed to men of religion to shoulder ‘the great responsibility of these three monotheistic religions, that is to say that of providing education’ that encouraged people to ‘cultivate their everyday gardens for peace’.

Bishop Held recommended, as the Rabat meeting in 1995 had done, the revision of school textbooks, which could help to create a new language

108

PART IV PROPOSALS FOR ACTION

and at the same time weed out negative stereotypes and insinuations about other religions. He recalled the recommendations made at previous meetings, in particular the UNESCO project on ‘The routes of faith’, and especially:

l the establishment of professorships in studies relating to the three religions;

0 the revision of school and university textbooks; l the exchange of visits between regions caught up in conflicts or

crises; 0 the holding of meetings to strengthen tolerance and reconciliation.

2. Communication and culture

Bishop Emmanuel considered that ‘ours is clearly the onerous task of pursuing existing dialogue and putting into practice the recommendations arising from these academic discussions’. He also called for exchanges of young people in view of ‘the role of young people in creating a climate of peace and in applying common religious values’.

Professor Jirari regarded the pursuit of interreligious dialogue as of great importance. Such dialogue should take place at various levels, between:

a representatives of the three religions; 0 men of religion; l the younger generation; 0 all believers, i.e. public opinion, approached through the media with a

view to propagating a spirit of tolerance and promoting coexistence in security and peace.

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PART IV PROPOSALS FOR ACTION

The Patriarch of Jerusalem, considered that the three monotheistic religions must review their history in order to distinguish good from evil, otherwise ‘we would be in danger of perpetuating the evils of the past, that is to say converting our religions into instruments of war and conflict’. The question facing the elite of religious thinkers and religious leaders who were open to interreligious dialogue was ‘how to communicate this spirit to the mass of individuals and to peoples’.

Professor Boutaleb argued for the mobilization of the media to present each of the religions in its true dimension as a vehicle of love, peace and co-operation. In his view, joint action in the service of peace required greater awareness among the followers of the three religions of the bonds that united them in a common message of peace, brotherhood and fellow- feeling, especially as the three religions coincided on many points, including their recognition of each other and their faith in revealed messages. Having recalled the shared values that shield believers from intolerance and from thinking they have a monopoly of the truth, he invited the participants to concentrate on using the culture of peace to enable noble values to flourish in the human community.

Cardinal Arinze considered that men and women would be needed to promote the culture of peace; this meant that in future more attention should be paid to the presence of women, since they were so effective in this respect. He proposed that peace issues should be debated in small groups, to encourage more thorough discussion of specific points.

Professor Tazi emphasized ‘our responsibility in the present to lay plans for a joint endeavour to build a rich and promising future that will consolidate a culture of peace based on dialogue, love and closer relations between peoples’. In that perspective the Qarawiyin University in Fez

110

PART IV PROPOSALS FOR ACTION

would continue to play its role as ‘an institution dedicated to teaching the values of freedom, tolerance, social harmony and affection preached by Islam’.

The importance of interreligious dialogue was underlined by Bishop Chambron, who referred to the recommendations of the Assembly of the Lutheran World Federation, according to which dialogue helped us ‘to see others as they see themselves. It helps us to find solutions to conflicts between various groups. It can be advanced by personal reflection as well as by direct contacts in everyday life’.

Canon Lamb spoke of the media coverage of religious issues, citing a report published in the United Kingdom. According to that report, the media gave a false picture of Islam and of Muslim peoples and their activities, which created an irrational fear of that religion based on ignorance and prejudice. To remedy the situation, it was not enough simply to condemn the journalists. It would do more good to work with them, and to take issue with prejudiced views based on articles on religious traditions. Dialogue with journalists would help to rectify certain ideas and show them the disservice they did to the culture of peace.

Professor Jalali recommended that dialogue be continued and meetings held under a specific plan of action, to remedy not only conflicts between religions but also differences of view within each religion. It was not enough to study religious doctrines; an anthropological, sociological, historical and sociocultural approach was needed to tackle these issues and establish a culture of peace.

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PART V DECLARATION

DECLARATION ADOPTED BY THE SEMINAR ON THE DIALOGUE BETWEEN THE THREE MONOTHEISTIC RELIGIONS: TOWARDS A CULTURE OF PEACE

(Rabat, 16 February 1998)

We, the participants in the Seminar on the Dialogue between the Three Monotheistic Religions: Towards a Culture of Peace, organized in Rabat under the high patronage of His Majesty King Hassan II of Morocco and on the initiative of the Director-General of UNESCO and the Minister for Higher Education, Scientific Research and Culture of Morocco, concerned to strengthen and to consolidate the dialogue between the three monotheistic religions:

,RecaEZing the decision of the General Conference of UNESCO in October 1995 concerning the need to promote a culture of peace, defined as a culture of conviviality and sharing, based on the principles of liberty, justice and democracy, tolerance and solidarity; a culture that rejects violence, strives to prevent conflicts at their source and to solve problems by means of dialogue and negotiation; a culture which ensures that everyone is able to exercise to the full all the rights and use all the means necessary to participate fully in the endogenous development of his or her society;

Further recall&g the Declaration on the Role of Religion in the Promotion of a Culture of Peace (Barcelona, December 1994), the Proposals of the

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PART V DECLARATION

Meeting of Experts on the ‘Roads of Faith’ Project (Rabat, June 1995) and the Malta Declaration referring to the same project (June 1997);

JVeZcoming the various events which have been organized recently in matters of interreligious dialogue - as in Cordoba in February 1998 - or which are planned for the near future;

EmphaticaZ(v rea_f_firm the ethical values common to the three monotheistic religions: justice, understanding, compassion, modesty and forgiveness, solidarity and sharing, dialogue and non-violence, which should bring people together rather than divide them, and contribute to solidarity and not to confrontation between religions;

a that all forms of intolerance, intimidation, coercion, discrimination and violence are contrary to the fundamental message of love and peace of our religions, pnd caZZ uvorl the media not to label or describe religions in such a way as to give an image of them that is contrary to their teaching;

Are convinced that cultural diversity is one of humankind’s greatest assets, and that it and freedom of worship constitute the foundation of a lasting peace;

Solemn& caZZ_for extended dialogue between all faiths and beliefs in order to reiterate their fundamental values and put an end to intolerance and violence and to institute a universal ethic founded on justice and the moral and intellectual solidarity of humankind, thereby bequeathing to future generations a world driven by the dynamics of peace;

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PART V DECLARATION

Urgentlv invite UNESCO to set up appropriate machinery to support and sustain the initiatives to promote dialogue between the three Abrahamic religions on the culture of peace, and those aimed at extending this dialogue to the other religions;

Consider it highly desirable that the efforts made by UNESCO should lead to permanent interreligious dialogue, and be reflected in concrete activities aimed at establishing the culture of peace, in particular:

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activities focused on the education of young people, through the development of teaching materials aimed in particular at modifying everyday behaviour patterns; activities that enable our shared history to be reread in such a way as to reconcile the contradictory interpretations which we give to it; activities aimed at taking stock of the way religions and the history of their theological systems are currently taught in the Member States of UNESCO; activities aimed at providing the media with appropriate information to enable them to combat discriminatory stereotypes;

Recommend that a large proportion of the above-mentioned activities be launched by means of a UNESCO Chair established for that purpose in Morocco, which would also help the Member States of UNESCO to set up national committees for interreligious dialogue;

Consider that the most auspicious initiative taken by His Majesty King Hassan II and the Director-General of UNESCO to organize this Seminar in Rabat should be followed by the establishment in Morocco of a structure

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PART V DECLARATION

to promote reflection and action involving representatives of the three monotheistic religions and with a view to devising activities for different target groups to foster mutual understanding and progress towards a culture of peace.

Bishop Emmanuel (ADAMAKIS) of Reghion, representing His Holiness the Ecumenical Patriarch Bartholomeos I, Primate of the Orthodox Church

AbdelkCbir ALAOUI M’DAGHRI,Minister for Habous and Islamic Affairs

Cardinal Francis ARINZE, President of the Pontifical Council for Interreligious Dialogue

Mohammed ARKOUN, former Professor of Islamic Studies at the Sorbonne

Sheikh Fawzi Fade1 AZZAFZAF, Secretary-General of Al Azhar Al Sharif University, representing Sheikh Mohammed Sayed Tantaoui, Al Azhar Imam

Eliahu BAKSHI-DORON, Chief Rabbi of Israel, Primate of Zion

Rabbi Gilles BERNHEIM

Abdelhadi BOUTALEB, Member of the Academy of the Kingdom of Morocco

Bishop Marc CHAMBRON, Lutheran World Federation

Cardinal Roger ETCHEGARAY, President of the Pontifical Council for Justice and Peace

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PART V DECLARATION

Bishop Dr Heinz Joachim HELD, World Council of Churches

Mohammed Abed JABRI, Professor of Islamic Philosophy and Thought

Ahmad JALALI,Professor of Islamic Political Philosophy and Islamic Studies

Abbas JIRARI, President of the League of Ulemas of Morocco

Reverend Canon Dr Christopher LAMB, representing the Most Reverend and Right Honourable George Leonard Carey, Lord Archbishop of Canterbury

Rabbi Dr Abraham LEVY, Spiritual Leader, Spanish and Portuguese Israeli Congregation

Michael SABBAH, Patriarch of Jerusalem

Chief Rabbi RenC-Samuel SIRAT, President of the Hillal Academy, Paris

Rabbi Dr Haym SOLOVEITCHIK

Abdelouahhab TAZI SAOUD, Rector of the Qarawiyin University, Fez

Mohammed YASSEF, Dean of the Faculty of Sharia, Fez

Federico Mayor Director-General of UNESCO

Driss KHALIL Minister for Higher Education, Scientific Research and Culture

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ANNEXUANNEX LISTEDESPARTICIPANTWPARTICIPANTS'LIST

LISTE DES PARTICIPANTS/LIST OF PARTICIPANTS

OrganisateurdOrganisers

M. Federico MAYOR Directeur général de l’UNESCO/Director-General of UNESCO

M. Driss KI+UIL Ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de la Culture

hJDAïSME/hJDAISM

Chief Rabbi Eliahu BAKSHI-DORON Sephardic Chief Rabbi of Israël 80, Rehov Irmiyahu Jerusalem Israël / Israel

Rabbi Dr Abraham LEVY Spiritual Head Spanish JC Portuguese Jews Congregation 2 Ashworth Road Maida Vale London W9 IJY Royaume-Uni / United Kingdom

M. le Grand Rabbin René-Samuel SIRAT Président de l’Académie Hillel - Paris 5 1, rue Rochechouart 75009 PARIS France

Rabbi DrHaym SOLOVEITCHIK 750 Kappock Street Bronx - NY 10463 Etats-Unis d’Amérique / USA

Tel.: (972-2) 53 13 190 Secrétariat: (972-2) 53 13 103 Fax: (972-2) 53 71 305

Tel.: (44-171) 289 2573 Fax: (44-171) 289 2709

Tel.: (33-l) 40 16 45 71 Fax: (33-l) 42 85 19 71

Tel.: (1-718) 543 3677 Fax: (1-718) 543 7212 Fax: c/o Rabbi Robert S. Hirt (1-212) 960 5228

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ANNEXWAJWEX LISTE DES PARTIClPANT?3PARTlCIPANïS’ UST

- Eglise CatholiqueKatholic Church Son Eminence le Cardinal Francis ARINZE Président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux 00 120 Cité du Vatican / Vatican City Bureau/Offce: Via Dell’Erba Tel.: (39-6) 69 88 43 21 I-009 13 Roma Fax: (39-6) 69 88 49 94

Son Eminence le Cardinal Roger ETCHEGARAY Président du Conseil pontifical “Justice et paix” 00120 Cité du Vatican / Vatican City

Sa Béatitude Monseigneur Michel SABBAH Patriarche de Jérusalem Patriarcat Latin P.O. Box 14152 Jerusalem Israël / Israel

- Eglise Orthodoxe/Orthodox Church

Tel.: (972-2) 69 23 23 Fax: (972-2) 27 16 52

Représentant de Sa Sainteté le Patriarche oecuménique Bartholomeos 1, Primat des Eglises Orthodoxes (Istanbul):

Son Excellence 1’Evêque Emmanuel (Adamakis) de REGHION 40, place de Jamblinne de Meux 1030 Bruxelles Tel.: (32-2) 734 8987 Belgique / Belgium Fax: (32-2) 734 9072

- Eglise Anglicane/Church of England

Représentant de Monseigneur Gecrg c Lsumarci carey, Archevêque de Canterbury et Primat de la Communion AnglicaneiRepresentative of the Mosr Reverend and Right Hon. George Leonard Carey, Lord Archbishop of Canterbury and Primate of the Anglican Communion:

Reverend Canon Dr Christopher LAMB Secretary, Churches’ Commission for Inter-Faith Relations Church House, Great Smith Street GB-London SWlP 3N.Z Tel.: (44-171) 222 9011 Royaume-Uni / United Kingdom Fax: (44-171) 799 2717

- Eglise Protestante/Protestant Church

Evêque Marc CHAMBRON c/o Dr Noko, General Secretary Fédération Luthérienne Mondiale l The Lutheran World Federation 150, route de Femey ( .I I- 17 1 1. Genève 2 Suisse / Switzerland

Tel.: (41-22) 791 6111 Fax: (41-22) 798 8616

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ANNEXUANNEX LISTE DES PARTICIPANTWPARTICIPANTS’ LIST

- Conseil Oecuménique des Eglises/World Council of Churches c/o Dr Konrad Raiser 150, route de Femey CH-121 1 Genève 2 Tel.: (41-22) 791 6284 Suisse / Switzerland Fax: (41-22) 798 8616

(Bishop Dr Heinz Joachim HELD) Bussilliatweg 32 D-3041 9 Hannover Tel.: (49-5 11) 271 4308 Allemagne / Gennany Fax: c/o EKD (49-5 11) 279 67 17

Islam

Sheikh Fawzi Fade1 A~ZAFZAF Secretary-General, University Al Azhar Al Sharif El Hossein Tel.: (202) 590 4797 Le Caire (202) 589 9823 Egypte l Egypt

Professeur Abdelhadi BOUTALEB Membre de l’Académie du Royaume du Maroc 100, rue 1’Oudaya Casablanca Tel.: (212-2) 61 82 85 Maroc l Morocco Fax: (212-2) 62 11 95

Mr Ahmad JALALI Professor of Islamic Political Philosophy and Islamic Studies cio Délégation permanente de la République Islamique d’Iran auprès de l’UNESC0 1, rue Miollis 750 15 PARIS Tel.: (33-l) 45 68 32 96 France

Professeur Abbas JIRARI Président de la Ligue des Ulémas du Maroc Bab Chellah Rabat Maroc / Morocco

S. E. M. Abdelkébir ALAOUI M’Daghri Ministre des Habous et des Affaires Islamiques Touarga Rabat Maroc l Morocco

Professeur Abdelouahhab TAZI SAOUD Recteur de l’Université Al-Qaraouiyine Fès Maroc / Morocco

Tel.: (212-7) 70 62 34 Fax: (212-7) 72 28 67

Tel.: (212-7) 76 23 61 Fax: (212-7) 76 05 32

Tel./Fax: (212-5) 64 10 13

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--. .

ANNEXUANNEX LISTEDES PARTICIPANTSiPARTICIPANTS'LIST

Professeur Mohammed YASSAF Doyen de la Faculté de la Charia Fès Tel.: (212-5) 64 03 67 Maroc l Morocco Fax: (212-5) 64 03 07

PENSEURS-PHILOSOPHES/THINKERS-PHILOSOPHER~

Tel.: (33- 1 )40 1803 3’

Professeur Mohammed ARKOUN 44, boulevard Magenta 75010 Paris France

M. le Rabbm Gilles BERNHEIM 8 bis, rue de 1’Eperon 75006 Paris France

Professeur Mohammed Abed JABRI

Tel.: (33- 1 ) 43 29 73 44 Fax: (33- 1: ) 43 25 84 55

_.- __ -_ rue d’omphale, Polo Casablanca Maroc l Morocco

Tel.: (212-2) 21 33 59 Fax: (212-2) 50 10 85

OBSERVATEURS/OBSERVERS

Professeur Saïd BENSAIDAL~OUI Doyen de la Faculté des Lettres et des Sciences Humaines Rabat Tel.: (212-7) 77 06 32 Maroc f Morocco Fax: (212-7) 77 20 68

Rime Aziza BENNANI Secrétaire d’Etat à la Culture CO-Présidente de la Fondation des trois cultures et des trois religions Ministère de la Culture Rabat Maroc / Morocco

Tel.: (212-7) 77 60 54 Fax: (212-7) 70 88 14

S. E. M. Mohammed BERRADA Ambassadeur du Royaume du Maroc en France 5, rue Le Tasse 75 116 Paris Tel.: (33-l) 45 20 69 35 France Fax: (33-l) 45 20 22 58

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ANNEXUANNEX LISTE DES PARTICIPANTS/PARTICIPANTS LIST

M. Serge BERDUGO Secrétaire général Conseil des Communautés Israélites du Maroc 28, place Mohammed V Casablanca Tel.: (212-2) 48 78 50 Maroc l Morocco Fax: (212-2) 48 79 49

M. le Rabbin Rafï DAYAN Secrétaire particulier du Grand Rabbin d’IsraëWersona1 Secretary of the Chief Rabbi of Israel 80, Rehov Irmiyahu Jerusalem Tel.: (972-2) 53 13 103 Israël / Israel Fax: (972-2) 53 71 305

Son Excellence Monseigneur Domenico de LUCA Nonce Apostolique au Maroc rue Beni M’tir - Souissi B.P. 1303 Rabat Tel.: (212-7) 77 22 77 Maroc l Morocco Fax: (212-7) 75 62 13

M. El-Mustafa KABBAJ Directeur du Cabinet du Ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de la Culture BP 4500, avenue Bouregreg Rabat Tel.: (212-7) 73 72 33 Maroc l Morocco Fax: (212-7) 73 72 36

S. E. M. Abdelouhab MAALMI Ambassadeur de Sa Majesté le Roi auprès de Vatican Cité du Vatican l Vatican City

M. le Grand Rabbin du Maroc Aaron MONSONEGO 3 1, rue Jaber Ben Hayan Casablanca Tel.: (212-2) 27 09 20 Maroc / Morocco Fax: (212-2) 47 3 1 99

Mme Naïma TABET Secrétaire générale Commission nationale marocaine pour I’UNESCO 3 bis, rue Innaouen - Agdal Rabat Tel./Fax: (212-7) 68 24 8 1 Maroc i Morocco

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ANNEXE/ANNEX LISTE DES PARTIClPANTS/PARTlClPANTS’ LIST

SECRETARIATDEL'UNESCOKJNESCOSECRETARIAT

M. Miguel J. CARRASCOSA SALAS Presidente Centro UNESCO de Andalucia Facultad de Ciencias de la Educacih Paseo de Cartuja, sln 1807 1 Grenada Espagne / Spain

M. Doudou DIENE Directeur, Division des projets interculturels 1, rue Miollis 75732 Paris Cedex 15 France

Mme Moufida GOUCHA Conseiller du Directeur général 7 place de Fontenoy 75352 Paris 07 SP France

Tel.: (34-58) 24 28 42 Fax: (34-58) 24 39 94

Tel.: (33-l) 45 68 48 12 Fax: (33-l) 45 68 55 88

Tel.: (33-l) 45 68 13 94 Fax: (33-l) 45 68 55 62

M. Felix MARTI Directeur Centre UNESCO de Catalunya Mallorca 285 08037 Barcelona Espagne l Spain

Tel.: (34-3) 458 9595 Fax: (34-3) 457 585 1

Mme Lamia SALMAN-EL MADINI Représentante de I’UNESCO au Maroc Bureau de I’UNESCO à Rabat 35, rue du 16 Novembre B.P. 1777 R.P. Rabat Maroc ! Morocco

M. Albert SASSON Conseiller du Directeur général 7 place de Fontenoy 75352 Paris 07 SP France

Tel.: (212-7) 67 03 72 Fax: (212-7) 67 03 75

Tel.: (33-l) 45 68 12 42 Fax: (33-l) 45 68 55 19

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ANNEXUANNEX LISTE DES PARTIClPANTS/PARTICIPANTS’ LIST

MEDIAVPRESS

M. Kader ABDERRAHIM TV-5 15, rue Cognac Jay 75007 Paris France

Sra Gabriela CARAS El Pais Miguel Yuste, 40 28037 Madrid Espagne / Spain

M. Larbi MESSARI Secrétaire général Syndicat National de la Presse Marocaine 27, avenue Amir Moulay Abdellah Rabat Maroc / Morocco

Mr George OLA DAVIES BBC 1, rue Charles Darwin 77420 Champs-sur-Marne France

Mr Amir TAHERI Ashark Al-Awsat Arab Press House 184 High Holbom London WCIV 7AP Royaume-Uni / United Kingdom

M. Henri TINCQ Le Monde 2 Ibis, rue Claude-Bernard 75242 Paris Cedex 05 France

Tel.: (33-l) 44 18 55 37 Fax: (33-l) 43 06 32 55

Tel.: (34-l) 337 84 32 Fax: (34-l) 304 87 66

Tel.: (212-7) 70 30 77 Fax: (2 12-7) 70 93 3 1

TelJFax: (33-l) 64 68 08 44 e-mail: [email protected]

Tel.: (44-171) 831 8181 Fax: (44-171) 831 2310

***

COMITE LOCAL D’ORGANISATIONILOCAL ORGANISINC COMMITTEE

Mme Lamia SALMAN-EL MADINI Représentante de I’UNESCO au Maroc

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ANNEXEfANNEX LISTE DES PARTICIPANTS/PARTICIPANTS’ LIST

Mme Naïma TABET Secrétaire générale Commission nationale marocaine pour I’UNESCO

Mme Mouna CHERKAOUI Cabinet du Ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de la Culture

Cèllule logistique/logistics

Responsable: Mme Jane WRIGHT, Bureau de I’UNESCO à Rabat Responsableadjoint: Mme Souad NOUR ALAOUI, Ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de la Culture

Bureau d’accueil à l’hdtel AYiltonYWelcome Desk at Hotel Hilton

Mme Souad NOUR ALAOUI, Ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de la Culture Mme Ester VAN DER LAAN, Bureau de I’UNESCO à Rabat Mme Hind BENABDENBI, Bureau de I’UNESCO à Rabat

Responsable des transports/Uesponsible for transportation

M. Mustapha YATRIBI, Commission nationale marocaine pour 1’UNESCO

SecrétaireUSecretaries

Mme Hind BENABDENBI, Bureau de l’UNESC0 à Rabat Mme Ghizlane KABBAJ, Ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de la Culture Mme Fatima LAMRABET, Commission nationale marocaine pour I’UNESCO Mme Touria ROUMMANET, Commission nationale marocaine pour I’UNESCO

Interprètes/lnterpreters

Mme Noufissa BELLEFQUIH M. Bachir BEN MOHAMMED M. Ahmed EL ATMANI M. Rachid FASSI FIHRI M. Abdellatif KRIEM Mme Florence LECLERC M. Abdellah REGRAGUI M. Aziz ZELLOU M. Abdelmajid TAMER, Coordonnateur, Agence de traduction et d’interprétation Multilingue Internationale

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