6
ÉDITIONS Les rendez-vous de l’AREHN Entreprises sociales et solidaires, leviers de développement durable pour nos territoires ? 16 novembre 2012 Ces 8 e Journées proposées chaque année par l’AREHN ont permis de créer une véritable coopération entre trois acteurs du Pôle régional des Savoirs, créé à l’initiative de la Région Haute-Normandie : l’ADRESS, l’AREHN et Globules, entreprise sociale et solidaire qui valorise l’expression des jeunes. Elle a contribué au succès de ces évènements. Deux initiatives singulières à noter : une visite d’entreprises, après le colloque, pour découvrir la diversité de leurs activités, et ce journal réalisé avec quatre jeunes de lycées de l’agglomération rouennaise. Il leur a été demandé d’apporter leur regard sur cette question complexe : les entreprises sociales et solidaires sont-elles des leviers de développement durable pour nos territoires ? Pour nos reporters, avant les Journées, « le DD et l’ESS, c’est flou », « ça ne fait pas rêver », « cela semble ennuyeux alors que c’est important pour l’avenir ». Ainsi, l’objectif du journal est double : (dé) montrer que cette économie est au service de tous, que c’est concret grâce à la synergie entre des entreprises locales et leur territoire, et amener les élus à imaginer un développement nouveau et durable pour leur territoire en ayant pour partenaires ces entreprises. Outils anti-crise, elles créent des emplois non délocalisables. Nous souhaitons ici vous rendre plus vivantes ces expériences et leurs valeurs, et commençons avec ces mots de nos reporters, qui ont évolué depuis le début de l’aventure : « Avant, j’avais des clichés ». « Après, dans ma classe, j’ai parlé avec mon prof, je lui ai dit que l’avenir c’est le DD ! ». « Les gens ont l’air d’être heureux dans ces entreprises ». Nous espérons par ce journal emmener nos lecteurs au- delà des clichés, leur donner envie de s’impliquer pour un développement économique équilibré, où l’Homme tient la place centrale. Vanessa Audéon/ADRESS Anne-Sophie de Besses/AREHN 8 e journées des pratiques du développement durable en Haute-Normandie Regard sur les

ÉDITIONS de l’AREHN...2016/12/08  · les talents de demain. Les écoles de commerce et d’ingénieurs, comme Rouen business school, l’école de Management du Havre, l’Institut

  • Upload
    others

  • View
    1

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: ÉDITIONS de l’AREHN...2016/12/08  · les talents de demain. Les écoles de commerce et d’ingénieurs, comme Rouen business school, l’école de Management du Havre, l’Institut

ÉDITIONS

Les rendez-vousde l’AREHN

Entreprises sociales et solidaires, leviers de développement durable

pour nos territoires ?

16 novembre 2012

Ces 8e Journées proposées chaque année par l’AREHN ont permis de créer une véritable coopération entre trois acteurs du Pôle régional des Savoirs, créé à l’initiative de la Région Haute-Normandie : l’ADRESS, l’AREHN et Globules, entreprise sociale et solidaire qui valorise l’expression des jeunes. Elle a contribué au succès de ces évènements. Deux initiatives singulières à noter : une visite d’entreprises, après le colloque, pour découvrir la diversité de leurs activités, et ce journal réalisé avec quatre jeunes de lycées de l’agglomération rouennaise. Il leur a été demandé d’apporter leur regard sur cette question complexe : les entreprises

sociales et solidaires sont-elles des leviers de développement durable pour nos territoires ? Pour nos reporters, avant les Journées, « le DD et l’ESS, c’est flou », « ça ne fait pas rêver », « cela semble ennuyeux alors que c’est important pour l’avenir ». Ainsi, l’objectif du journal est double : (dé)montrer que cette économie est au service de tous, que c’est concret grâce à la synergie entre des entreprises locales et leur territoire, et amener les élus à imaginer un développement nouveau et durable pour leur territoire en ayant pour partenaires ces entreprises. Outils anti-crise, elles créent des emplois non délocalisables.

Nous souhaitons ici vous rendre plus vivantes ces expériences et leurs valeurs, et commençons avec ces mots de nos reporters, qui ont évolué depuis le début de l’aventure : « Avant, j’avais des clichés ». « Après, dans ma classe, j’ai parlé avec mon prof, je lui ai dit que l’avenir c’est le DD ! ». « Les gens ont l’air d’être heureux dans ces entreprises ». Nous espérons par ce journal emmener nos lecteurs au-delà des clichés, leur donner envie de s’impliquer pour un développement économique équilibré, où l’Homme tient la place centrale. Vanessa Audéon/ADRESS Anne-Sophie de Besses/AREHN

8e journées des pratiques du développement durable en Haute-Normandie

Regard sur les

Page 2: ÉDITIONS de l’AREHN...2016/12/08  · les talents de demain. Les écoles de commerce et d’ingénieurs, comme Rouen business school, l’école de Management du Havre, l’Institut

Vallée de la Risle Une économie à développer pour un tourisme intelligent Elise Le Roy est la directrice de l’association du Pôle touristique solidaire. Cette structure met en avant le développement du tourisme mais aussi l’animation sociale du territoire. L’étude de projet de cette association a démarré en 2006 mais ce n’est qu’en 2008 que le projet prend vraiment vie grâce à l’aide de la Région Haute-Normandie dans le cadre de l’appel à projets « Eco Région Solidaire ». Le Pôle touristique solidaire est situé sur le canton de Brionne et sur la Vallée de la Risle. Il propose des activités en plein air, comme des balades à vélo, à cheval, ou encore des sorties kayak. En plus de cela, on peut y trouver un point d’informations touristiques. Cette entreprise associative est constituée de 3 emplois fixes. Les autres participants sont des producteurs, des usagers ainsi que des professionnels du tourisme. Malheureusement, le budget général reste insuffisant pour un développement qu’elle souhaiterait plus rapide bien que l’association arrive à faire une marge même si celle-ci est plutôt faible. Le tourisme, par son aspect social, illustre bien l’économie de cette association, dans laquelle chacun des membres apporte quelque chose aux personnes qui habitent aux alentours (et réciproquement). Le Pôle touristique solidaire bouscule les pratiques de base du tourisme en nous incitant à consommer des services de manière utile et intelligente. Une idée à transposer sur d’autres territoires.Contact : Pôle touristique solidaireTél : 02 32 42 93 80Courriel : [email protected] internet : www.normandie-detente.fr

Emma Duboc

Rencontres

Globules : qu’est ce qu’une entreprise sociale et solidaire ?Jacques Dasnoy : c’est une entreprise qui fonctionne selon certains principes : elle représente un modèle économique viable, mais est centrée sur la personne et non sur le profit ; elle a une activité marchande rentable avec une lucrativité qui n’est pas une fin mais un moyen. Ce sont des structures qui peuvent recevoir des subventions, pour leurs finalités sociales et environnementales, qui embauchent des personnes souvent en souffrance exclues du système social ou de publics non solvables. Ce sont des entreprises qui ont une échelle de salaires peu étendue (par rapport à l’échelle classique) ; ce sont des entreprises qui partagent les dividendes (qui par exemple donnent 2 à 3 % à leurs actionnaires) ; des entreprises qui ont une gouvernance participative (l’entreprise appartient à ceux qui travaillent) et sur des champs comme la santé, la protection de la nature, le logement, l’agriculture bio et l’insertion. C’est une alternative à visage plus humain au capitalisme.

Pourquoi vous êtes-vous tourné vers cet univers ?Jacques Dasnoy : je me suis tourné vers l’économie sociale et solidaire (ESS) parce que je pense que c’est un univers d’innovation sociale intéressant et que c’est un modèle économique viable. Je crois qu’il faut sortir du « village Gaulois » (ne pas rester entre soi), et aller parler à l’extérieur de ce qu’il s’y fait.

Les entreprises de l’ESS sont-elles de véritables entreprises ?Jacques Dasnoy : oui, bien sûr. Mais ces deux univers se côtoient peu et il faut favoriser les liens entres entreprises classiques et les entreprises de l’économie sociale et solidaire car je pense qu’il y a des convergences entre elles. On sait que certaines choses venant de l’ESS comme le management et certaines innovations intéressent beaucoup le monde des entreprises. C’est une manière d’entreprendre différemment, plus sociale, qui propose des services d’intérêt général et le rapport qualité/prix est au moins égal aux autres entreprises.

Ce sont des entreprises de tout statut, qu’elles soient associations, coopératives, sociétés ou autres... qui œuvrent dans tous les secteurs de l’économie (services de proximité, énergies, tourisme, maraîchage bio...) et sont actuellement créatrices d’emploi ; ce qui, par temps de crise, est particulièrement remarquable… Elles ont en commun l’intérêt de tous et souhaitent mettre la personne au centre de leur démarche. JACQUES DASNOY est délégué général du Mouvement des entrepreneurs sociaux (Mouves) où il anime un réseau regroupant 300 dirigeants, en France. Invité pour cette journée, nos reporters l’ont rencontré afin d’éclairer ce sujet complexe :

Quel regard portez-vous sur l’ESS ?À la lumière des journées de l’AREHN, on comprend que les entreprises de l’économie sociale et solidaire ont une approche sociale. Ce sont des entreprises qui prennent en compte le bien être des salariés ainsi que l’environnement (l’écologie). C’est un modèle à promouvoir parce que l’économie aujourd’hui est de moins en moins « éthique ».

Qu’avez vous pensé du colloque et de la journée « Éduc’tour » ?Les témoignages entendus lors du colloque illustrent bien ces propos. Ce sont des personnes qui veulent mettre en adéquation leur mode de vie avec ce qu’elles pensent. On a entendu des

citoyens intéressés par l’économie sociale et solidaire dans leur vie professionnelle autant que dans leur vie personnelle.

Ce modèle d’entreprise peut-il être appliqué sur notre région ?La Haute-Normandie est une région de tradition industrielle qui souffre de problèmes d’emploi. Les entreprises de l’ESS ont une activité économique sur le territoire qui crée des emplois localement. Ce sont des modèles d’entreprises que notre région doit prendre en exemple.

Propos recueillis par Sofian Buallion et Chloé Duhamel

David Cormand, président de l’AREHN

Pays de BrayPour un monde meilleur…L’économie sociale et solidaire, une économie qui intéresse la jeunesseRachid Cherfaoui est le directeur et le fondateur de la Maison d’économie solidaire du Pays de Bray. Vous connaissez ? Il nous explique ce qui l’a poussé à mettre en œuvre ce projet : la volonté d’entreprendre, mais « entreprendre différemment » car, le monde n’étant malheureusement pas parfait, il souhaitait le changer, pour le rendre meilleur. En tout, la maison compte environ 145 emplois « équivalent temps plein ». C’est une entreprise d’insertion qui a beaucoup de « turn over ». Pour Rachid Cherfaoui, si les jeunes s’intéressent à ce genre d’entreprises, c’est parce qu’ils s’aperçoivent que l’économie d’aujourd’hui a atteint ses limites et que leur envie serait de la reconstruire en y apportant de la modernité.Aujourd’hui les banquiers considèrent les acteurs de l’économie sociale et solidaire et les coopérateurs comme « potentiellement pauvres » et ne leur proposent pas forcément des aides adaptées à leur situation. Ainsi le comportement des banques envers les coopératives et les entreprises solidaires et sociales est différent de celui qu’elles ont avec les entreprises plus classiques ; ce qui représente un handicap pour le développement des entreprises de l’économie sociale et solidaire.Enfin, Rachid Cherfaoui nous explique ce qu’est une coopérative, où tous les biens appartiennent aux coopérateurs (ce sont des biens communs). Le fait que tous les biens appartiennent à tous a pour effet de détacher le pouvoir de l’argent. De quoi nous faire réfléchir.Contact : Maison d’économie solidaire du Pays de BrayTél : 03 44 80 25 25 Courriel : [email protected] Site internet : www.eco-solidaire.frDécouvrez la vidéo sur l’Economie Solidaire sur www.actuentreprise.com/documentaire-actuentreprise/leconomie-solidaire

Chloé Duhamel

Porte ouverte pour la jeunesse…

Les entreprises sociales et solidaires : des solutions face à la crise ?

Nous avons demandé aux deux présidents - de l’AREHN et de l’ADRESS – de réagir en quelques phrases sur le sujet de la journée, amorcé en début de colloque par Jacques Dasnoy…

Page 3: ÉDITIONS de l’AREHN...2016/12/08  · les talents de demain. Les écoles de commerce et d’ingénieurs, comme Rouen business school, l’école de Management du Havre, l’Institut

Rencontres

Vous avez dit dans votre intervention que ce secteur est le plus créateur d’emploi par rapport à la moyenne et qu’il plaît aux jeunes, pouvez- vous expliquer ?Jacques Dasnoy : sur le champ de l’ESS, 440 000 emplois ont été créés ce qui correspond à une croissance de 23 % pour un chiffre de 7 % pour l’économie traditionnelle. Comme dans toute entreprise, on a besoin de compétences d’hommes et de femmes…

Ce secteur attire-t-il les jeunes ?Jacques Dasnoy : l’ESS est une porte ouverte pour la jeunesse dans un contexte de départ à la retraite. Un sondage CSA/AVISE, réalisé en 2010, montre que l’ESS séduit les jeunes et sait attirer les talents de demain. Les écoles de commerce et d’ingénieurs, comme Rouen business school, l’école de Management du Havre, l’Institut des Administrations des Entreprises de Rouen... s’y intéressent déjà.

Quelles nouveautés apportent les entreprises de l’ESS face à la crise ?Jacques Dasnoy : toute crise crée des besoins sociaux nouveaux et est source de créativité… C’est peut-être dans l’ESS que cette créativité est forte parce que c’est une économie qui a la volonté de changer le monde en mettant l’Homme au centre de la nouvelle économie, en la voulant durable.

Ces emplois correspondent-ils aux besoins de la population et à quels types d’emplois ?Jacques Dasnoy : dans l’ESS, on trouve des emplois de services qui correspondent aux besoins de la population, dans le domaine de la santé, du social (l’accompagnement des personnes...), de l’environnement (traitement des déchets,

espaces verts, éducation à l’environnement) et de l’alimentation (maraîchage local et/ou bio). L’économie sociale et solidaire est une réponse pour l’économie locale et propose des solutions à des besoins sociaux. C’est une économie à fort potentiel, repérée comme une priorité par la Commission européenne qui propose 11 actions clés pour son développement.

Ces entreprises souffrent-elles aujourd’hui d’une mauvaise image ? Jacques Dasnoy : en dehors des membres qui la composent, l’ESS reste méconnue de l’opinion ; c’est donc – pour le moment – délicat de mobiliser sur ce sujet. L’ESS souffre d’images stéréotypées. Pourtant, dans sa pratique, elle est de plus en plus sollicitée par les collectivités, par les particuliers et également par certaines entreprises. Elle voudrait avoir plus de visibilité ; changer d’image représente beaucoup de travail. L’image doit renvoyer aux notions de qualité et de modernité. L’enjeu est aussi de montrer le professionnalisme de l’ESS. Aujourd’hui la création d’un ministère de l’ESS est un coup de projecteur qui va nous aider.

Les entreprises sociales et solidaires sont-elles toujours des entreprises aidées ?Jacques Dasnoy : les subventions qui existent dans l’ESS correspondent à des services rendus. Il s’agit donc d’échanges économiques.

Propos recueillis par Emma Duboc, Clara Julien, Chloé Duhamel et Sofian Buallion

Des entreprises pour demain

« Les entreprises sociales et solidaires sont des entreprises innovantes. Pour moi, ces entreprises sont à regarder non pas pour ce qu’elles sont aujourd’hui mais plutôt pour ce qu’elles seront demain. Certaines d’entre-elles commencent à porter leurs fruits en employant des personnes qui ne seraient pas employables aujourd’hui ; ces entreprises participent au renouvellement d’une économie qui a de nouveaux besoins sociétaux.Je partage en tous points l’avis de Jaques Dasnoy quant à l’évolution et au développement de l’ESS au sein des entreprises classiques. Je pense que la définition qu’il en fait correspond parfaitement à ma façon de voir.

S’il faut retenir quelque chose de cette journée de travail qui spécifie les entreprises sociales et solidaires, ce sont les mots : « coopération », « ancrage territorial », et « partenariat ».

Propos recueillis par Emma Duboc

Alain Goussault, président de l’ADRESS

Beaumesnil1001 légumes le maraîchage bio adossé au développement touristique Frédéric Lamblin est le directeur de 1001 légumes, association de quatre salariés, dans le champ de l’économie sociale et solidaire. 1001 légumes est une association qui a une activité économique qui se concrétise par la production et la vente des légumes sous forme de paniers hebdomadaires mais aussi d’évènements touristiques. 1001 légumes protège, dans son conservatoire, les variétés anciennes de légumes. Le but principal n’est pas de faire un maximum de profit. Il y a des organisations d’évènements où l’association n’a pas un intérêt monétaire mais a un rôle de lien social.Au commencement, elle était financée aux deux tiers par subvention, maintenant, ces deux tiers sont autofinancés. Le but de l’association est, à terme, de s’autofinancer entièrement. Les raisons pour lesquelles Frédéric Lamblin a décidé de creer une entreprise sociale et solidaire sont les valeurs qu’il défend et en particulier les activités biologiques…Contact : 1001 légumesTél : 02 32 46 02 54 - 06 84 67 93 21Courriel : [email protected] Site internet : www.1001legumes.com

Sofian Buallion

Porte ouverte pour la jeunesse…

Les entreprises sociales et solidaires : des solutions face à la crise ?

ADRESSHuit idées reçues à destination des décideurs

L’ESS ? « C’est un repaire de militants alter-mondialistes » Relier entreprise et solidarité, cela semble incongru. L’entreprise aurait pour unique objectif de faire du profit. C’est pour bousculer les clichés que l’ADRESS a proposé à 6 territoires de projets de l’Eure et de Seine-Maritime d’élaborer, ensemble, un outil destiné aux élus, aux décideurs.Le résultat, c’est un argumentaire qui vient chahuter les idées reçues les plus répandues sur les entreprises sociales et solidaires : ce ne sont pas de vraies entreprises, elles sont sous perfusion, leur modèle économique n’est pas viable, elles ne créent pas d’emplois...Et pourtant, des entreprises qui se donnent un objectif sociétal, social ou environnemental, ça existe ! Elles sont là, sur nos territoires, elles créent des emplois pour les habitants, elles apportent des richesses autres que financières, elles contribuent au dynamisme local. Ce sont des entreprises qui conjuguent intérêt général et efficacité économique. « 8 idées reçues à destination des décideurs », une co-production en ligne sur le site de l’ADRESS : www.adress-hn.org/Accueil/Les-publications

Vanessa Audéon

Nous avons demandé aux deux présidents - de l’AREHN et de l’ADRESS – de réagir en quelques phrases sur le sujet de la journée, amorcé en début de colloque par Jacques Dasnoy…

Page 4: ÉDITIONS de l’AREHN...2016/12/08  · les talents de demain. Les écoles de commerce et d’ingénieurs, comme Rouen business school, l’école de Management du Havre, l’Institut

Des tricotages heureux existent entre territoires et entreprisesProfiter de la crise pour que les idées que véhicule l’ESS infusent dans l’ensemble de l’économieÀ la question : « Les entreprises de l’économie sociale et solidaire sont-elles des leviers de développement pour les territoires ? » On a répondu « OUI ».Qui peut croire que la communauté de communes de Beaumesnil n’a pas directement profité de la création du potager-conservatoire ? Jean-Jacques Prévost (Vice-Président de la Communauté de communes de Beaumesnil) nous a très bien expliqué que ce projet était le fruit d’une rencontre heureuse entre des aspirations de leur projet de territoire qui voulait, si j’ai bien compris, animer le site du château de Beaumesnil et les aspirations d’un entrepreneur. Il y a une alchimie qui s’est produite, nous a dit Mr Prévost. On imagine que les habitants du canton y ont gagné en bien être et en capital santé, qu’ils fréquenteront moins les cabinets médicaux et les divans de psy. Ce sont toutes ces externalités positives – pour reprendre le jargon des économistes – qui sont rarement comptabilisées et qui sont dans l’ADN de l’ESS et dont les élus devraient user et abuser. Qui peut croire que la CREA (Communauté d’agglomération Rouen-Elbeuf-Austreberthe) à qui le

traitement des déchets coûte cher, ne profite pas de « Naturalange » (système de couches lavables) qui extrait plus de 6 000 tonnes du système par an de couches ? « 1001 légumes », « Naturalange » satisfont à des besoins locaux.…Qui peut croire que Rachid Cherfaoui ne sert pas son territoire avec la Maison d’économie solidaire du Pays de Bray ? C’est même ce qui a donné du sens à son activité professionnelle. D’autres exemples de ces tricotages heureux existent entre territoires et entreprises. Ce n’est pas toujours un long fleuve tranquille, ni le monde des bisounours. On voit qu’il faut parfois bousculer des idées préconçues et des organisations qui ronronnent. Dans les cas exposés, on a vu qu’on était plus intelligents à plusieurs et que cette approche « gagnante-gagnante », qui est parfois le fait des entrepreneurs, parfois le fait des collectivités, gagnerait à

être généralisée.D’une certaine manière, la crise, qui est une crise systémique, est une bénédiction pour que les idées que véhicule l’ESS infusent dans l’ensemble de l’économie. Il me semble que l’ESS répond à la quête de sens qui nous anime… Et, finalement, c’est revigorant ! * Nathalie Jourdan, journaliste, observatrice « critique » de cette journée

Contacts utiles :Agence régionale de

l’environnement de Haute-Normandie (AREHN)

Tél. : 02 35 15 78 00www.arehn.asso.fr

Agence pour le

développement régional de l’économie sociale et solidaire

(ADRESS)Tél. : 02 35 72 12 12www.adress-hn.org

L’AREHN et l’ADRESS

sont situées au :Pôle régional des Savoirs,

115, Boulevard de l’Europe 76100 Rouen

Chambre régionale

de l’économie sociale de Haute-NormandieTél. : 02 35 63 50 05

32, avenue de Bretagne 76100 Rouen

www.cres-haute-normandie.org

Région Haute-NormandieService développement et

mutations économiquesTél. : 02 35 52 31 50

5, rue Robert Schuman – BP 1129 76174 Rouen Cedex 1

http://www.hautenormandie.fr/economie-Recherche/Economie-sociale-et-solidaire

Comité de rédaction Les jeunes reporters : Sofian Buallion et Chloé Duhamel, Lycée Val de Seine de Grand-Quevilly ; Emma Duboc et Clara Julien du Lycée Jeanne d’Arc de Rouen –Hélène Michaux, professeur documentaliste au Lycée Val de Seine, Anne-Sophie de Besses, chargée de mission AREHN, Hélène Carré, chef de projet ESS et TPE Région Haute-Normandie et Vanessa Audéon, chargée de communication ADRESS.Conception et réalisation, Christine Ternat, Maquette, Lautent Lebiez, Globules Impression ETC Yvetot, 2 000 exemplairesGlobules 2012

Le regard de Nathalie Jourdan* sur la journée

« Après ces journées, il nous paraît clair que l’économie sociale et solidaire est une véritable économie. Des passerelles et

partenariats existent avec l’économie classique et de nouvelles voies sont à explorer. Nous souhaitons développer le mécénat de compétences que certains des salariés de Veolia assurent déjà à titre individuel ; cela consiste à partager les compétences de nos salariés d’entreprise classique pour répondre à des besoins d’entreprises sociales et solidaires. »Loïc Patin et Corinne Le Bleiz, Veolia propreté

Expression

« J’ai surtout retenu l’importance de l’insertion, de la collaboration, du partenariat entre les différentes structures. Je pense que l’ESS n’est pas assez exposée au niveau de la population et que l’on devrait faire plus de sensibilisation dans les écoles, les collèges et les lycées, ou bien que ça devienne une matière à part entière…»Léa Jourdan, licence pro intervention sociale option économie sociale au Havre

« - L’ESS c’est l’avenir pour les jeunes, c’est une source de travail futur et beaucoup d’entreprises vont évoluer vers l’ESS ».- Je suis assez motivé car je passe mon diplôme en fin d’année et j’aimerais créer une entreprise. Cette journée m’a rassuré car j’ai pu entendre le témoignage de personnes qui ont réussi, ce qui me donne envie de persévérer. » Timothé Saulnier, licence pro intervention sociale, spécialité économie sociale au Havre

Les rendez-vous de l’AREHN

Les jeunes dans l’ESS, une motivation pour l’avenir

Clara Julien

8e journées des pratiques du développement durable en Haute-Normandie

Page 5: ÉDITIONS de l’AREHN...2016/12/08  · les talents de demain. Les écoles de commerce et d’ingénieurs, comme Rouen business school, l’école de Management du Havre, l’Institut

8e journées des pratiques du développement durable en Haute-Normandie

Le chantier naval du Cap Fagnet est une SCOP* qui existe depuis juillet 2009. Nous sommes 6 salariés dont 3 associés charpentiers de marine et stratifieurs, 2 apprentis, 1 agent de maintenance-stratifieur. Le chantier est membre de Dieppe Navals.

Le chantier naval propose...Nous intervenons sur les navires professionnels et de plaisance en bois ou en matériaux composites. Les activités principales restent la réparation, les aménagements, peintures, vernis, manutentions, modifications en tous genres. Nous sommes également en capacité de construire des unités bois traditionnel ou bois moderne.

La démarche…Nos objectifs sont actuellement de faire reconnaître nos savoir-faire en charpente traditionnelle plaisance afin de faire venir de belles unités bois dans notre chantier.

Notre territoire…Pour l’activité de pêcheNotre activité s’étend sur Dieppe et les ports voisins concernés par la pêche. Nous pouvons aller jusqu’en région parisienne pour d’autres bateaux de travail.Pour l’activité de plaisanceToute la côte normande, région parisienne et Angleterre.

Contact : Sandrine Tallec, géranteRue Charles Bloud - 02 35 85 43 14Courriel : [email protected] Internet : www.chantiernavalducapfagnet.com*Société coopérative et participative

La charpente traditionnelle

L’Association pour la CREation d’Emplois et de Projets par les Technologies est une association loi 1901 créée en 1992, qui fonctionne en chantier d’insertion. L’ACREPT propose...Une action d’insertion originale liée aux technologies actuelles. Ce sont 22 places en insertion, dont 20 places pour un public au RSA (Revenu de Solidarité Active), et 2 places « CUCS » (Contrat Urbain de Cohésion Sociale), réparties dans 2 chantiers d’insertion. L’activité de l’ACREPT se décline ainsi :

-1 chantier électrotechnique avec 3 ateliers de 10 places dont 1 atelier restauration de flippers et 1 atelier de montage de cartes électroniques.-1 chantier informatique avec 2 ateliers de 12 places dont 1 atelier fresque-multimédia, et 1 atelier de reconfiguration de matériel informatique d’occasion ;

- L’atelier de reconfiguration de matériel informatique qui comprend 6 salariés en Contrat Unique d’Insertion (CUI) récupère du matériel auprès de partenaires publics et privés. Le matériel, démonté, nettoyé, révisé et équipé d’une série de logiciels gratuits, est vendu à faible coût aux personnes touchant les minima sociaux. Une formation d’une heure à l’utilisation du matériel informatique est programmée pour

chaque appareil vendu. L’ACREPT fait aussi de la configuration d’ordinateurs sur place et de la mise en réseau. L’ACREPT est disponible pour conseiller et informer toute personne désireuse d’acheter du matériel informatique.- Un atelier qui restaure des flippers que l’ACREPT possède en nombre depuis plusieurs années. Ce stock est constitué de flippers des années 1920 aux années 1987. Certaines pièces devenues rares, proviennent de France, d’Italie, d’Espagne et des États-Unis. L’atelier possède plusieurs mètres cubes de pièces détachées et des milliers de documents. L’ACREPT propose un forfait de restauration à des collectionneurs qui souhaiteraient faire réviser leurs vieux flippers.- L’atelier fresque-multimédia embauche, depuis 2004, un public ayant des compétences personnelles ou une sensibilité (bandes dessinées, peinture, travail du bois, divers matériaux…) et dont l’activité informatique est parfois mal maîtrisée. Les CUI présents dans cette action utilisent des logiciels multimédia, des mises en pages de plaquettes, des sites internet ; L’ACREPT se charge de réaliser des fresques sur commande.- La location de vélos. L’association « Vélos Services » a été reprise par l’ACREPT. Elle propose des locations et réparations de vélos. L’ensemble de son parc est consitué de 200 vélos. Elle bénéficie d’un soutien logistique et financier de la ville de Dieppe.

La démarche...L’ACREPT propose un emploi à des personnes en situation d’exclusion (souvent bénéficiaires du RSA, en contrat d’insertion de 6 à 24 mois), orientées par Pôle Emploi, par les services du Département de Seine-Maritime…. L’ACREPT propose un accompagnement socio- professionnel adapté à chacun afin de (re)définir un projet professionnel et de favoriser un retour à l’emploi réussi. Notre territoire...Dieppe et ses environs.Les collectionneurs de France et d’ailleurs. Contact : Jean-Paul Pilard, Directeur CARA-ACREPT27 rue de Stalingrad, 02 35 04 92 40Courriel : [email protected] Internet : www.acrept.org

L’ACREPT

Le chantier naval du Cap Fagnet

I

Des entreprises sociales & solidaires en Haute-Normandie

Entreprises sociales et solidaires, leviers de développement durable pour nos territoires ?

En complément du colloque du 16 novembre 2012, qui s’est déroulé à la Région Haute-Normandie, et afin d’appréhender des entreprises de l’économie sociale et solidaire dans leur réalité, l’AREHN et l’ADRESS ont organisé une visite d’entreprises dieppoises le 27 novembre. Une journée qui nous éclaire sur l’utilité sociale de ces entreprises singulières, sur leur capacité à créer et à gérer des emplois sur leur territoire. Allez les rencontrer, allez sur le terrain pour comprendre…

Garder le savoir-faire des artisans des chantiers d’hier en mémoire et le passer aux plus jeunes. Développer des emplois et proposer des services adaptés à l’histoire et à la vie des gens du bord de mer de notre région…

Ordinateurs hors d’usage ? Flippers anciens ? Pensez récupération, pensez ACREPT.

Page 6: ÉDITIONS de l’AREHN...2016/12/08  · les talents de demain. Les écoles de commerce et d’ingénieurs, comme Rouen business school, l’école de Management du Havre, l’Institut

Les Fermes d’ici proposent…aux particuliers comme aux professionnels : des produits frais et de qualité issus de producteurs locaux. Le souhait de Valentine Hébert, directrice, est de créer une entreprise alliant éthique et engagement tout en répondant aux attentes actuelles des consommateurs.Dans une logique économique et écologique pour tous (producteurs et consommateurs), une trentaine de producteurs locaux proposent chaque semaine, à l’échelle du département, leurs produits auprès :Des particuliers : « je remplis ma brouette sur les fermes d’ici.fr, je la récupère en points relais (notamment sur mon lieu de travail au travers de ma conciergerie d’entreprise). Des collectivités : crèches, écoles, restaurants d’entreprise (pour limiter les km alimentaires : un seul camion de livraison pour l’ensemble des producteurs). La démarche...Le développement durable est inscrit dans les gènes de l’entreprise. Il en constitue les valeurs qui s’illustrent par :

La qualité des produits sélectionnésLe développement de l’agriculture biologique

est favorisé. Sont privilégiés le goût des produits et l’authenticité des recettes au sein d’une agriculture durable. L’entreprise travaille en circuit ultra-court, sans intermédiaire, pour un maximum de fraîcheur. Dans l’assiette, on ne trouve que des produits de saison, cueillis à maturité, garantis sans OGM, sans ajout d’aucun additif ni conservateur.

Le respect du terroir, de l’environnement et des saisonsLes Fermes d’ici ne proposent que des produits de saison. Les exploitations sont situées, en moyenne, dans un rayon maximal de 60 km autour du point de distribution. Les bouteilles en verre sont recyclées, les sacs sont consignés.

Des acteurs qui font partie de l’économie localeLes membres du réseau sont tous agriculteurs (mais aussi pécheur ou artisans), premiers maillons de l’économie locale. Leur credo ? Conserver la valeur ajoutée sur leurs exploitations, ce qui permet leur développement mais aussi la création d’emplois, dans les campagnes.- un engagement sociétalL’agriculture locale dessine et entretient les paysages. Elle est par ailleurs l’actrice de

l’identité régionale et de la culture culinaire : Christian, le chef cuistot membre de l’académie culinaire, apprend à cuisiner, propose 1 001 recettes de saison, des formations de qualité, des conseils et astuces du quotidien. L’entreprise contribue à l’insertion des personnes handicapées au travers de partenariats avec les ESAT (établissements et services d’aide par le travail) de Bois-Himont, Martin-Eglise et La ligue havraise. Notre territoire...La Seine-Maritime Contact : Les Fermes d’ici, Valentine Hébert, directrice95, chemin longue haie 76550 Ambrumesnil 02 35 83 83 83Courriel : [email protected] Internet : www.lesfermesdici.fr

Les Fermes d’ici

Les Ateliers d’Etran proposent…Créés en 1988, les ateliers d’Etran sont un des établissements de l’APEI, association qui accueille des enfants et des adultes en situation de handicap (intellectuel et troubles associés). Aujourd’hui, les ateliers accueillent 126 personnes en ESAT (établissements et services d’aide par le travail) et 39 en Entreprise Adaptée. En plus d’une activité professionnelle rémunérée, les Ateliers d’Etran assurent une prise en charge médico-sociale, visant à accéder à une meilleure autonomie.

La diversité des activités professionnelles des Ateliers d’Etran permet à chaque travailleur de trouver l’activité facilitant l’intégration dans un milieu protégé, voire, pour certains, en milieu ordinaire. Nos activitésLa structure assure des travaux de :- blanchisserie- espaces verts- repassage- menuiserie- démantèlement des DEEE (Déchets d’Equipements Electriques et Electroniques)- sous-traitance« L’Affaire à Repasser », en ville, offre une activité de repassage et de pressing écologique à destination des particuliers.

Les Ateliers d’Etran disposent également d’un laboratoire agro-alimentaire agréé pour la fabrication artisanale de caramel de pommes dieppois.

La démarche...Nos objectifs sont d’assurer une activité professionnelle aux travailleurs en situation de handicap, de favoriser leur insertion professionnelle et sociale, de valoriser leurs compétences et de favoriser leur épanouissement à travers un accompagnement de qualité et adapté à chacun.

Notre territoire...L’agglomération dieppoise pour les emplois.France entière et ailleurs pour les produits.

Contact : France Comtesse, Directrice-adjointe1, grande rue des Salines 76370 Etran Martin-Eglise - 02 32 90 55 00Courriel : [email protected] Internet : www.carameldepommesdieppois.fr

Les Ateliers d’Etran

I I

8e journées des pratiques du développement durable en Haute-Normandie

Entreprises sociales et solidaires, leviers de développement durable pour nos territoires ?

Des entreprises sociales & solidaires en Haute-Normandie

Situés à Dieppe sur un terrain immense, les ateliers d’Étran vont de la fabrication de caramels normands au travail du bois en passant par les activités de blanchisserie… Une visite autant chaleureuse que passionnante…

Produits de saison… en direct des producteurs aux consommateurs.Histoire de manger bien.