École Pratique d'Études Bibliques. Revue biblique. 1892. Volume 25

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    REVUE BIBLIQUE

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    Typorrraphie Firmin-Didot et C". Paris.

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    NOUVELLE SERIE TREIZIEME ANNEE TOME \III

    REVUE BIBLIQUEPUBLIEE PAR

    L'ECOLE PRATIQUE D'TUDES BIBLIQUESETAr.LIE AU COUVENT DOMINICAIN S \INT-ETIENNE DE JERUSALEM

    PARISLIBRAIRIE VICTOR LECOFFRE

    J. GABALDA, DITEURRUE BONAPARTE, 90

    1916

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    QIELQ[IES PROCDS LITTRATRESDE SAINT >[ATTIIIi:i]

    On connat le but du premier vangliste : montrer que Jsus estbien le Messie annonc par les prophtes, qu'il a fond le royaumepromis au vrai Isral, et que, s'il n'a pas t reconnu par la majeurepartie de la nation et par ses chefs, c'est qu'obstinment renfermsdans leurs prjugs et leur infidlil aux avances divines, ils se sontexclus eux-mmes de ce royaume, en laissant la place aux Gentilsempresss d'y entrer. Pour dvelopper cette thse, et dans le milieumme o s'taient passs les vnements, il n'tait pas besoind'insister sur le dtail des faits et sur leur enchanement rel, ni deles replacer exactement dans les temps et les lieux de leur accomplis-sement. La plupart des premiers auditeurs de la parole apostolique,A Jrusalem et dans la Palestine, n'avaient-ils pas t tmoins de cesfaits qui avaient eu un tel retentissement par tout le pays? Dans untel milieu, il importait davantage pour un vangile, cho fidle dela premire prdication, de prsenter de prfrence les enseigne-ments du Matre, et, afin d'en mieux faire saisir la porte, de lesrunir sous certaines ides principales, sans trop se proccuper descirconstances particulires de toutes les paroles.Cette absence de proccupation vraiment historique se rvle au

    premier abord dans les grands discours et dans le groupement des faitsmiraculeux. Voyez les cinq grands discours qui forment comme cinqchapitres de la doctrine sur le royaume de Dieu : L'esprit du nouveauroyaume et sa justice (ch. v-vii), l'apostolat du nouveau royaume(ch, x\ la description du royaume lui-mme dans ses origines, sesconditions et ses progrs (ch. xiii), les relations des membres dunouveau royaume (ch. xviii), enfin la consommation du royaume etla fin de toutes clioses (ch. xxiv-xxvl. Chacun de ces discours, qui seterminent par une formule semblable de transition avec la suite del'vangile, est construit d'aprs une mme mthode. A un fond prin-cipal qui forme l'essentiel du discours et se rapporte une situation

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    (; HKVl r. illIiLIOli:.Irtormine, sont ajouts d'autres matriaux liis d'enseignements du.Matre, donns en des temps et des lieux dillrents, mais se laissantplus ou moins troitement ratlachei' par Tanalogie des ides. Ainsidans le sermon sur la Montagne, l'vangliste prtend bien donnerun vrai discours de Jsus-Christ prononc en (ialile, discours danslequel la justice intrieure et spirituelle du nouveau royaume estmise en opposition avec la justice extrieure et lgale des pharisiens.Mais ;\ l'organisme primitif de ce discours il ajoute beaucoup d'l-ments trangers, auxquels saint Luc, plus historien, assigne dans lavie de .lsus-Christ une place diffrente, dans un contexte qui expli-(]uc mieux le sens prcis des paroles. Le premier vang-liste faitentrer dans le discours ces additions, sans indiquer qu'il les donnecomme telles; mais le caractre morcel de certains passages, leurlion assez lAche avec le fond du discours et surtout la comparaisonavec saint Luc, nous font apparatre le procd littraire de l'auteur.Tout en donnant comme authentiques les paroles qu'il met dans labouche du Sauveur, il ne prtend point que toutes ont t dites danscette circonstance particulire : plusieurs ne viennent qu' titre decomplment, d'explication ou de dveloppement des premires.

    il groupe les faits conmie les paroles : Ainsi les dix miracles, men-tionns par saint Matthieu api's le sermon sur la Montagne dans seschapitres viii et ix, sont runis dans un dessein tout autre que la suitechronologique des vnements. Le rcit de saint Luc nous montreque cet ordre et exig- la rpartition de ces miracles des poquestrs diverses de la vie de Notre-Seigneur. D'ailleurs saint Matthieun'a pas rattach ces faits entre eux par des transitions ayant unevaleur de prcision historique (1). On ne le voit pas non plus s'arr-ter d'ordinaire au dtail des vnements comme saint Marc ou saintLuc : il se liAte d'arriver, ou la parole de Jsus comme la choseessentielle qui dvoile le sens du fait, ou" la prophtie qui rattachele fait cit l'ide principale de son vangile. Avec de telles proc-cupations la peinture dtaille des vnements, leur place historiquees consitlrations i:in lalrs sur la mthode (li(lacti(|ue, j>arlicu-lire ;\ noli'c auteur. e\pli(pieut (pichpu'S j)ni((''ils |>arliculiers (juc

    (I Les fiirimili^s vaRUCs cmnnx; c/i cr linips-hi, nltirs. voici (pie, o(|iie ^irnrale de l.i vie pulilique deJj'sus-Chrisl.

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    MUELuLi'S im;o(.kih:s i.iTi:fiAmi:s df. saint MViTiiiiiii. 7nous ronconti'ons dans la composition de son vangile, et sur lesquelsnous voudrions nous arrter.

    C'est d'abord le pluriel mis volontiers la place du singulier, plu-riel d'indtermination ou pluriel de catgorie. C'est aussi une sortede condensation de plusieurs faits ou des dtails d'un mme fait, telleque leur ordre ou dveloppement rel est nglig au profit d'unenseignement mettre plus en relief. ^Quelquefois ces deux procdssont unis ensemble. Voici quelques exemples.

    Il est certain qu'en bien des cas le pluriel a quelque chose deplus indtermin que le singulier. Comparez, par exemple, dansle rcit de la premire tentation, la formule de saint Matthieu cellede saint Luc. D'aprs le premier vangliste (iv, 3 , le tentateur s'a-dresse ainsi Jsus-Christ : Dis que ces pierres deviennent pains.L'expression de saint Luc (iv, 8) est certainement plus prcise et pluspittoresque : Dis cette pierre quelle devienne pain.

    De mme dans les conseils sur la prire : Si vous, qui tes m-chants, savez donner de bonnes choses vos enfants, combien plusvotre Pre cleste donnera-t-il ceux qui le prient de bonnes choses,2;xhx? (Matth., VII, 11). L'expression est gnrale et assez vague. Cellede saint Luc : une bonne disposition, un esprit droit et saint, 7:vcj;Aay.yizy , est plus particulire et s'harmonise mieux avec la porteleve de l'oraison dominicale, qui est le point de dpart de cesdveloppements sur la prire.

    Aprs le rcit d'un clatant miracle, saint Matthieu (ix, 8) fait cetteremarque : Les foules glorifiaient Dieu qui a donn une telle puis-sance aux hommes : il n'a cependant en vue, dans le cas prsent,que la puissance donne Jsus, au Fils de l'homme.

    C'est avec la mme indtermination qu'il dit aprs la mortd'IIrode (11, 20) : Ceux qui cherchaient la vie de l'enfant sontmorts. Il ne s'agit videmment que de la mort d'Hrode seul.Un autre exemple du pluriel mis pour le singulier se rencontreprobablement dans le rcit du lestin de Bthanie (xxvi, 8). En voyantune femme rpandre des parfums de grand prix sur la tte de Jsus, les disciples dirent avec indignation : A quoi bon cette perte?On aurait pu vendre ce parfum trs cher et en donner le prix auxpauvres (1) . Saint Jean, qui nous rapporte le mme fait (xii, 5), metdans la bouche de Judas cette rflexion : Pourquoi n'a-t-on pas vendu

    (1) Le rcit du second vangliste (xiv, 4) est peu de choses prs identif|ue. Cependantau lieu de la formule gnrale ttoXoj, trs cher , pour le prix du parfum, il donne uneapprciation prcise : trois cents deniers.

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    8 HKVUE BIBLIQUE.ce parfum trois cents deniers pour les donner aux pauvres? Etreconnaissant Je vrai motif de son apparent souci des indigents, ilajoute :

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    QUELQUES PROCDS LITTKRAIRKS DK SAINT MATTHIEU. 9l'expression dont se sert saint Mattliicu dans le rcit de la passion,ch. xxvii, . Aprs avoir montr, autour de la Croix, les passants quiinjuriaient Jsus, les princes des prtres et les anciens du peuple quile raillaient, il ajoute : Les brigands qui taient en croix avec luil'insultaient de la mme manire. Dans le rcit plus dtaill desaint Luc (xxni, 39), il n'y a pas deux malfaiteurs insulter, maisun seul. Or, l'un des malfaiteurs pendus la croix l'injuriaitdisant : N'es-tu pas le Christ? Sauve-toi toi-mme et sauve-nous! Maisl'autre le reprenait en ces termes : Ne crains-tu pas Dieu, toi nonplus, condamn que tu es au mme supplice? Pour nous, c'est jus-tice; car nous recevons ce qu'ont mrit nos crimes. Mais lui, il n'arien fait de mal. Et il dit Jsus : Seigneur, souviens-toi de moiquand tu seras parvenu dans ton royaume. Jsus lui rpondit : Jete le dis, en vrit, aujourd'hui tu seras avec moi dans le Paradis.

    Faut-il admettre avec saint Matthieu que les deux larrons ontblasphm, ou dire avec saint Luc que ce lut le fait d'un seul? Il estcurieux de voir comment saint Jean Chrysostome {Homlie sur leParalytique, 3,i) cherche tablir qu'il n'y a pas contradiction entreles deux vanglistes.

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    ii:vi;i: niui.inrr.(le leur IciiipM. .soient reconnus maintenaiii impuissants en l'ace de(liflicults nouvelles. Ils cherchaient surtout rsoudre les cas parti-culiers, mesure qu'ils se prsentaient eux, dans leurs homlies ouleurs commentaires. L'tude plus approfondie qui a t faite de nosJours de la nature de linspiration et du genre littraire des diverslivres de la lilile, permet souvent de trouver des principes de solu-tion i)lus gnrau.x et plus solides.

    Voici comment, dans le cas particulier qui nous occupe, le grandorateur cherche montrer que le fait, racont diversement par saintMatthieu et par saint Luc, n'est pas racont contradictoirement. Unvangliste dit que les deux larrons blasphmaient; un autre que l'unfl'entre eux hlmait avec nergie son compagnon. En cela rien deI ontradictoire. Et pourquoi? Parce que tous deux au commencementNe conduisirent d'une manire indigne. Mais ensuite quand les pro-diges eurent clat, que la terre eut trembl, que les rochers se furenttendus, le soleil obscurci, l'un des brigands changea de sentiment etrevenant une conduite plus sage, il reconnut l'innocence du crucifiet confessa sa royaut. Afin que vous n'aperceviez pas en cette con-lession reflet d'une sorte de ncessit et d'une violence s'exerant surl'mc du larron, et qu vous n'prouviez en cet endroit aucun embar-ras, on vous le montre conservant d'abord sur la croix sa perversitpremire, preuve manifeste de la sincrit et de la spontanit de saconversion et de l'intervention de la grce divine, laquelle il futredeval)le de ce retour au bien.

    Saint .lean Chrysostome est un orateur. Rapprochant par la 'pensel'attitude des larrons la Croix et les prodiges qui s'accomplirent aumoment de la mort de .lsus, il trouve dans la terre qui tremble et lesrochers qui se fendent un motif capable d'branler les Ames les plusendurcies, d'arrter les blasphmes sur les lvres d'un des larrons enles remplaeant pai- des paroles de repentir et de confiance. Mais,

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    oiKi-UiEs i'iiU(;i;i)Ks Lirn-i'.AiRr.s de saint mattiiiki'. uphrmes. Eli faisant des rcpi'ochcs l'autre larron, il ne s'accuse enaucune faon d'avoir lui-mme injuri Jsus. Son langage supposedonc une tout autre attitude dans les moments qui ont prcd saprire. Sans doute lorsqu'il fut associ au supplice de Jsus, qu'il levit souffrir et l'entendit parler, il dut sentir son Ame profondmentremue et entrevoir quelque chose de surhumain dans cette patienceinaltrable. Ce brigand pouvait tre un violent, un passionn; mais,aprs des annes de crimes, il gardait encore une certaine droiturequi lui jiermettait do se laisser toucher et gagner par la vrit.

    Comljien l'explication de saint Augustin n'est-elle pas plus natu-relle et plus profonde que l'expdient propos par saint Jean Chry-sostome? Il la donne, non dans un discours, mais dans un livre com-pos ex professo pour expliquer les contradictions apparentes desvangiles, dans le De consensu cvangelislarwn, 1. III, c. xvi. Voicicomment il s'exprime : " Saint Matthieu (1) dit : Les voleurs qui taientcrucifis avec lui, le blasphmaient. Comment se peut-il que saint Lucnous dise qu'un seul des deux blasphmait et que l'autre gardait lesilence, et crut en lui? Ne devons-nous pas croire que saint Matthieu,dans le but d'abrger le rcit, emploie le pluriel pour le singulier?...Quoi de plus ordinaire par exemple que d'entendre dire quelqu'un :Les paysans m'insultent, quand il n'y en a qu'un pour l'insulter?L'usage a permis d'employer la forme plurielle, quoiqu'un seul aitcommis ce crime, En effet saint Matthieu groupe par catgories ceux qui insultent la

    Croix : le peuple qui passait, les sanhdrites, les voleurs crucifis. Ilne prtend pas que tous dans la populace, que tous parmi les mem-bres du sanhdrin insultaient le Sauveur mourant; il en est de mmepour les voleurs. Selon son habitude le premier vangliste va au pluscourt et, dans le dessein de rappeler seulement les injures subies parJsus dans son dernier supplice, il passe rapidement en revue etd'une faon gnrale les catgories d'insulteurs. Saint Luc, qui entreen plus de dtails et prcise les faits, nous montre comment en ralitles choses se sont passes. Le genre de composition de saint Matthieu,ses procds littraires habituels fournissent donc encore la solutionde la difficult.

    La constatation du mme procd nous donne galement la solu-tion de la divergence des rcits de saint Matthieu (vci, 5-13) et desaint Luc vu, 1-10), dans le fait de la gurison du serviteur d'un

    (1, Saint Marc parle ici comme saint Matthieu : son rcit dpend troitement de lamme prdication populaire primitive.

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    12 KEVl i: hlBI.IUI-^^-ol'fcicr (..([(liariHiuiu. Le i)i'eniier vaiigrlistc va au plus court : ilsupprime les deux mess.iges envoys par le centurion, et met dans labouche de ce dernier ce que le troisime vangliste fait dire par lesanciens de la cit et par les amis de cet ollicior.Pour ('.\pli(juor cette contradiction, saint Clirysostomc [Hom-lif XWI sur S. M(iiihieu) essaie de trouver un certain accord, pluttmatriel, entre les deux rcits. Que iMatthieii, dil-il, mette ce lan-iXR'^e dans la bouche du centurion mme, au lieu de l'aire parler desmessaiiers, c'est sans importance; on veut savoir si l'un et l'autrevanglistes attestent la bonne vohmt de cet homme et la rectitudede son jug-ement sur le Christ. Rien n'empche, aprs cela, qu'il nesoit venu hii-uiuic tenir le langage qu'il avait tenu par ses amis.S. Luc n'a pas dit l'une de ces choses et saint Matthieu l'autre ; ce n'estpas (ju'il y ait dsaccord dans leurs narrations, c'est au contraire qu'ilsse eonipltent mutuellement.

    Il va bien cependant quelque difficult ajouter le rcit de saint.Matthieu la suite de celui de saint Luc, et faire rpter exactementpar le centurion lui-mme ce que ses amis ont dj dit Jsus desa part.Saint Augustin est plus dans le \rai quand il reconnat l uneligure de langage employe par S. .Matthieu jiour ahrrgci'. Si la chosea eu lieu de la sorte (comme le rapporte S. Lucl, o est la vrit dansces mots (le S. Matthieu : Un centurion s'ajiproclia de lui, puis(|u'ilne vint pas lui-mme le tr(juver, mais lui envoya ses amis? Ne laut-ilpas (pi'unc observation attentive nous fasse comprendre que S. Mat-thieu a employ ici une figure de langage assez haltituclle?... Nousdisons ordinairement qu'on est parvenu prs de (piehjuun, l>ieu qu'onne le voie pas soi-mme, quand on arrive par rintermdiaire d'unami jrs de qnelipiun dont on rccherclu; la faveur... Le centurions'tant donc ajiproeh du Seign .iru iens qui sniM-nl l'oiiininn df s.iiiil Auniislin, scjnlplus nornbri'iix (|tir Icn parli^aiis du sontiiiHtil dr- s.iinl Chryso^lniiM-.

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    le lU-VLE BlBLIUt;.Jsus r(>ssusc-ilt'. A\cs courent annoncer la nouvelle aux disciplesrunis. I/van,t;liste ne nous dit pas expressment qu'elles aientaccompli lour message : la runion des disciples en (ialiie, raconteplus loin. It' sui)pos

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    OLKLOLtS l>ROCi:i)i:S LlTTliliAlKES DE SAINT MATTHIEU. i:\premier vangliste fait allei- au iombcau Madeleine avec les antresfemmes : ce sont elles ensemble, ou nommment Madeleine et Marie,qni reoivent le message de Fange; ce sont elles galement que leChrist rencontre lenr retour du spulcre. Matthieu ne supposepas que Madeleine se soit spare de Marie.

    De plus, la concorde des quatre vangiles sur la rsurrection seheurte de trs graves difficults, dans la supposition d'une appari-tion aux saintes femmes distincte de celle dont .Madeleine fut favo-rise. Elle est au contraire singulirement facilite par l'identificationdes deux rcits de saint Matthieu et de saint Jean. Si les saintesfemmes dans leur retour du spulcre ont vu non seulement lesanges, mais le Christ lui-mme, elles ont d, en rejoignant le groupedes disciples, ne pas leur porter simplement l'avertissement desmessagers clestes, mais leur dire qu'elles avaient vu Jsus lui-mmeressuscit. Or, d'aprs le rcit des deux voyageurs d'Emmaiis, ellesn'ont parl aux disciples que d'apparition d'anges. On a voulu, sansraison et contrairement au texte, les faire venir dabord Jrusalem,aprs l'apparition des anges, pour avertir les aptres, et ensuite lesfaire retourner au tombeau, o se placerait alors la vision du Christressuscit. Mais le texte de saint Matthieu, qu'on veut dans cettehypothse prendre la lettre, s'y oppose : car c'est pendant que lessaintes femmes sont en route pour porter aux disciples le messagedes anges, que Jsus serait venu au-devant d'elles.

    L'identification du rcit gnral de saint Matthieu avec la narrationsi vivante de saint Jean une fois admise, la concorde des vangilesdans cette premire partie des rcits sur la rsurrection est singu-lirement facilite. Les saintes femmes, ds l'aube du premier jourde la semaine, s'empressent d'aller au tombeau pour complter lem-baumement et rendre les derniers devoirs au Matre bien-aim. Enarrivant, elles constatent que la lourde pierre qui fermait le spulcrea t roule, que l'entre est libre et que le corps du Christ n'estplus l. Madeleine, tout mue, croyant un enlvement, quitteprcipitamment ses compagnes et court avertir Pierre et Jean, quine devaient pas alors se trouver avec les autres aptres. Ces der-niers, qui avaient fui ds l'arrestation de Jsus dans le jardin de(retlismani, s'taient cachs ensemble dans une maison de Jrusalem,celle o le Christ les trouvera runis au soir de la rsurrection, cellesans doute o s'tait clbre la dernire cne. Mais Pierre, honteuxde son reniement et de sa lchet, s'tait retir daus la solitude,loin de tous les regards, pleurant amrement sa faute. Il pouvaits'tre cach dans quelque maison connue de Jean, o celui-ci l'avait

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    QUELQUES PROCKDKS UITTKRAIRES DE SAINT MATTHIEU. 17thieu; saint Marc n'insiste que sur la crainto. Le premier vang-lis'e, pRS plus que le second, ne constate expressment que le mes-sage des anges a t port aux disciples. La runion des disciplesen Galile, raconte par saint Matthieu, le suppose seulement.Jusqu'ici donc, saint Matthieu (xxviii, 1-8) et saint Marc (xvi, 1-8) serenconlrent. Mais au moment de poursuivre son rcit selon le mmeplan (1), le second vangliste paratavoireu une certaine hsitation.S'il s"in*>pire d'une mme prdication orale ou d'une mme source,aprs l'apparition des anges aux saintes femmes, il devrait placerl'apparition de Jsus aux mmes saintes femmes. Mais, comme s'il ett retenu par le scrupule de sa prcision habituelle, il lui rpugned'attribuer aux saintes femmes en gnral ce qui ne convient qu'une seule. Aussi place-t-il ici la simple mention de l'apparition deJsus Madeleine, dont saint Jean nous donne le rcit dtaill.

    Il semble du reste ne rappeler cette apparition que pour constaterl'incrdulit des disciples en face des affirmations de Madeleine. Mmeconstatation aprs l'allusion faite par lui l'apparition de Jsus auxplerins d'Emmas. De mme, il ne semble mentionner l'apparitionaux onze, au moment du repas, le soir de la rsurrection, que pourplacer les reproches du Christ ses disciples sur leur incrdulit et laduret de leur cur.

    Ces trois constatations de l'incrdulit des disciples, qu'est-ce autrechose sinon l'explication d'une remarque qui, dans le rcit de saintMatthieu, a pass inaperue? Cette remarque du premier vanglistesur l'incrdulit des aptres se trouve insre dans le rcit de l'ap-parition sur la Montagne. Les saintes femmes, comme nous l'avonsvu, devaient transmettre aux disciples du Christ l'invitation faitepar les anges de se rendre en Galile. Or les onze disciples s'enallrent en Galile sur la montagne que Jsus leur avait indique (Malth., xxvHi, 16). Le texte poursuit ainsi : -/.a- -.sivTs; aj-bv Ttpoc-cy.jvr,sav, zl l io-TTasav. Ce que la Vulgate traduit par : et videnteseum adoraverunt, quidam auiem dubitavcnint. Les commentateurstraduisent d'ordinaire le grec conformment au sens de la Vulgate : Et le voyant ils l'adorrent, cependant quelques-uns eurent desdoutes. Mais ci ci n'est pas synonyme de tiv, quelques-uns,certains; il signifie : ceux-ci (2). Il faudrait traduire : Et (les

    (1) Bien entendu, le second vangliste en suivant son dessein n'avait pas relever,jcomine le premier, ce qui concerne la garde du tombeau et la mauvaise foi des Juifsxxvm, 2-4 et 11-15).

    (2) S'il y avait ol [iv, ol os, il y aurait alors un partage, dans le sens de ceux-ci, ceux-l.REVUE BIBLIQUE 1916. N. S., T. XIII. 2

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    QUELQUES PROCDES LITTrUIUES DE SAINT MATTHIEU. l'juniversel qu'inaugure le Messie ressuscit, comme le premier van-gliste : ce n'tait pas, comme pour celui-ci, essentiel au but deson vangile. Mais la mission donne aux disciples d'aller prcherdans le monde entier, de faire des croyants, de les baptiser, setrouve galement dans les deux vangiles. Si la linale do saint Marcinsiste sur les miracles, sur les uvres de puissance et de domina-tion de la nature et des dmons, qui doivent accompagner la pr-dication, c'est que cette remarque est conforme l'ide gnrale dusecond vangile.

    La finale de saint Marc semble donc ne faire que suivre, en lecommentant, un rcit de la rsurrection semblable celui de saintMatthieu.

    Le rcit de ce dernier, conforme au but de son vangile que nousavons indiqu plus haut, et ses procds habituels de composition,donne les faits en raccourci et veut en arriver au plus vite la paroledu Christ, essentielle son dessein. Il se contente de dire d'unefaon gnrale, trs brivement, que les saintes femmes ont vu desanges et le Christ lui-mme ressuscit; qu'elles sont charges deporter aux aptres l'ordre de se runir en Galile, selon la paroledu Christ avant sa passion. Les onze entours du troupeau fidle,runi de nouveau, voient le Christ ressuscit qui se met leur tte,Trpcvc'., inaugure le nouveau royaume universel, et les envoie fairela conqute du monde. Il est donc bien le Messie attendu qui fondele vrai royaume : avec ces deux ides qui forment le dessein de sonvangile, il n'oublie pas ici, comme dans le reste de son uvre,de montrer la mauvaise foi des juifs, qui par leur infidlit s'excluenteux-mmes de ce royaume.

    Nous trouvons dans le rcit de l'institution de l'Eucharistie unautre exemple de simplification et de raccourci des faits par le pre-mier vangliste.

    Saint Matthieu (x'xvi, 20 et 26-29) s'exprime ainsi : -'M.e soir venu,il se met table avec les douze disciples (1). ~''0r pendant qu'ils man-geaient, Jsus prenant du pain, le bnit, le rompit et le donna sesdisciples en disant : Prenez et mangez, ceci est mon corps. "-' Et pre-nant la coupe il rendit grce et la leur donna en disant : Buvez-entous : -"^car ceci est mon sang, le sang de la [nouvelle^ alliance, quiest rpandu pour la multitude en rmission des pchs.

    -' Je vous le dis. je ne boirai plus dsormais de ce fruit de la vigne,(1) Vient ici rallusioii celui qui rievait le trahir (v. 21-25).

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    20 MME 151IUJQUE.jusqu'au jour ou je le boirai de nouveau avec vous dans le royaumede mon l're.

    Il suflit ici d'indiquer qu'on trouve la mme disposition et, peu dechose prs, les mmes expressions dans saint Marc : ces deux rdac-tions proviennent videmment d'une mme source.

    Le rcit de saint Luc commence par des dtails omis dans les deuxautres synoptiques (xxii, 14-20).

    'Hvorsque l'heure fut venue, il se mit table et les douze aptresavec lui. *' Et il leur dit : .l'ai vivement dsir de manger cette pqueavec vous avant de soufTrir. ^^' Car je vous dis que je ne la niang-eraijplus] (1) jusqu' ce qu'elle soit accomplie dans le royaume de Dieu.'^Et ayant reu une coupe, aprs avoir rendu grce il dit : Prenez etdistribuez-la entre vous. '^Car je vous dis que ds maintenant je neboirai plus de ce fruit de la vigne jusqu' ce que vienne le royaume.de Dieu.

    < '' Et ayant pris un pain, aprs avoir rendu grce, il le rompit etle leur donna en disant : Ceci est mon corps, donn pour vais, faitesceci en mmoire de moi. '"Et de mme il prit i aussi la coupe aj>rs lesouper en disant : Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang,rpandu pour vous.

    Les deux parties du rcit de saint Luc (14-18 et 19-20) s'enchanenttrs naturellement. En commenant le repas de cette dernire pqueJsus dit ses disciples : J'ai dsir vivement de manger ccffe pdr/iieavec vous. Pourquoi? parce que c est /a dernire, avant sa pleineralisation dans le royaume de Dieu. Et, ayant reu une coupe devin vcis Je commencement du repas, il ajouta : je n'en boiiai [)lus

    1 Les ms. N A IJ C, e( f|tiel(|ucs aulns imporlanls, omeUpnl oxeti devant oj (if, ^iyu).On a dit t\ue les co|>isles laiiraifMil insr pour (aire dire .Ifsus

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    UNE PRTENDUE ANAPHORE APOSTOLIQUELorsque parut ic mmoire de Doni Paul Cagiu intitul Eucharisiia

    canon primitif de la messe (1912), je lui consacrai dans le Bul-letin d'ancienne littrature et d'archologie chrtiennes, 1913, p. 228-233, un compte rendu, par lequel j'exprimai, avec la dfrence quej'ai pour Fauteur, et qui est grande, les rserves qu'il me paraissaitprudent de prsenter sur sa mthode et sur quelques-unes de sesthses, notamment sur la dcouverte qu'il croyait avoir faite ducanon de la messe apostolique (1).

    Mes rserves n'ont pas d mouvoir beaucoup Trudit bndictin,dont les tudes sont dos soliloques.

    il lui est venu, d'ailleurs, des adhsions notables, et je m'en vou-drais de ne pas rappeler celle que lui adressa Dom Germain Morin :

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    ^24 REVUE lilBLIQUE.Entre temps, un rudit catholique allemand, M. Schermann, abor-

    dait d'un autic biais le mrmc problme que Dom Cagin. S'tant avisque, dans le document qui a donn Dom Cagin son anaphore, serencontre un rituel d'ordination dos voques, des prtres, des dia-cres, il a bravement entrepris de dmontrer que ce rituel tait romain,et qu'il reprsentait la tradition des soixante premires annes quiont suivi la mort de Jsus . C'est le sujet de sa brochure Ein Wri/ir-rituale dcr rnmchcii Kirchc am Schlusse des erslcn Jahrhunderts(1913). A cette occasion, rencontrant Tanaphore, la miraculeuse ana-phore, il est trs tent d'en faire un texte contemporain du rituel del'ordination; mais il flaire dans cette anaphore une tendance anti-gnostique, antidocte du moins; tout au plus, l'anaphore peut-ellotre antrieure l'ptre lU^ saint Barnabe. Elle ne sera donc pas dupremier sicle, mais il s'en faudra de bien peu. La thorie de Schcr-uianu avait suscit en Allemagne des contradicteurs rsolus 1).Comme il n'y a pas de raison cependant pour que Ton ne rench-risse pas encore, et que quelque autre rudit ne vienne pas nous direque l'anuphore de Dom Cagin est proprement celle dont se servaitMelchisdec, il ne paratra peut-tre pas inopportun de revenir surle problme pos, et de montrer, par une simple application de lamthode historique, que le liis l(''(j;ei' indice, fiminis par les doimncnls dats, mais par unfsorte dr si'conde vue il arrive a d

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    UNE PRTENDUE ANAPHORE APOSTOLIQUE. 23Constitution ecclsiastique gi/ptienne, ou, comme disent les critiquesallemands, Aegi/ptische Kirchenorclnung. Cettn Constitution ecclsias-tique gyptienne m t publie pour ia premire fois, en copte, parH. Tattam, en 18V8. Nul d 'Ute que l'onginal ait t grec, on amme retrouv du grec un fragment trs cnurt, dcouvfrt et publipar F. X. Funk, en 1893. Plus rcemment, on en a retiouv uneportion en laliu, dans un manuscrit de la bibliothque du chapitrede Vrone, manusi-rit des Sentences de saint Isidore de Sville, ma-nuscrit du viii" sicle, manuscrit de 99 feuillets dont 40 sont palim-psestes. Ces feuil ets palimpsestes portent presque leur date, car surl'un d'eux (fol. 88) tait crit un catalogue des consuls de 439 486,continu de seconde main jusqu'en 494. Le reste des feuillets rcritscontient des fragments d'une version latine de la Didascalia apostolo-rum, des Canones apostoloruni (1), et de notre Constitution ecclsias-tique gyptienne. Ces fragments latins ont t publis par E. Hauler,en 1900. On s'est trop press de voir dans ces textes ecclsiastiquesdu palimpseste de Vrone une traduction latine excute Milan aumilieu du iv^ sicle : ces prcisions ne sont susceptibles d'aucune d-monstration. En ce qui concerne la Consiitution ecclsiastique gyp-tienne, le palimpseste de Vrone prouve simplement ceci, que, ant-rieurement la fin du v" sicle, on a excut une traduction latine dece document grec n en terre grecque (2).

    Quelle date fixer ce document grec?M. Bardenhewer estime que les onze premiers canons correspondent

    aux chapitres 4-32 du VHP livre des Constitutions apostoliques, et quequelques-uns de ceux qui suivent s'y retrouvent pareillement. Surd'autres points, ils s'cartent de ce VHP livre pour se rapprocher desConstitutiones per Hi//polytiu)i{S). D'o l'on infre que notre Constitu-tiu7i ecclsiastique gyptienne esi faite de pices et de morceaux rap-ports. Elle aurait pour base ces Constitutiones per Hippolytum, queFunk date de 42.5 environ, rejetant ainsi la compilation de la Consti-tution ecclsiastique gyptienne vers 450. iM. Bardenhewer rsume lles conclusions de Funk, auxquelles il parat se rallier. M. Slaehlin(aprs Schwartz et Achelis), au contraire, estime que la Consiitutionecclsiastique gyptienne est antrieure au VI II" livre des Constitu-

    (t) Par Canones apostoloi-um, ^nims entendons les 85 canons qui se lisent la fin dulivre VllI des Conslitulions apostoliques.

    (2) Ou II cuvera la ConslUutioii ecclsiastique gyptienne dans Funk, Didascalia etConstitutiones apostoloruni (l'JO.i), t. II, |i. 97-119.(;!) Les Cotistituliones pu- Uipiiolylnm, autre pseudpigraphe, sont un remaniementdu VllI' livre des ConsL apostoliques. Vo}ez le texte dans Fumc, ibid., p. 72-96, Cf.

    Barde.nhewer, Patrologie, p. 323-32. Stakiiun, p 990-991.

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    jr, Ri:\l K lllJl.lnli:.tioiis uposfo/tf/ues, loin qu'elle en dpeiidc. Comme ce Vlll' livre estselon toute apparence du temps de Valeus (3GV-378), notre Comtihi-tion eccli'>iiasliqiie est reporte ainsi au milieu du iv*^ sicle au plustard. On ne croit pas qu'elle puisse tre antrieure 300. Nousnous en tiendrons, par hypothse, au verdict de Staehlin.

    Notre ConstilKiicn a t remploye par l'auteur du Tcslamendnn/^//////?/ publi en syriaque) par 1. E. Rahmani, en 1809. On est una-nime dater cet npocryphe, dont Toriginal (grec; est perdu, desenvirons de V75 (1).

    Ces explications sommaires sont indispensables la discussion quiva suivre : on ne saurait argumente^' sur des documents qu'on invoquecomme tmoins, si on n'a pas au pralable dtermin la date et lesaccointances de ces tmoins. Nous pouvons maintenant en venir lanaphore de Dom Cagin.

    Dans le canini I, de episcopis, de la Consiiiutiou ecclsiastique gi/p-licnnc, est dcrite l'ordination d'un vque. Sitt l'vque ordonn, iloffre le saint sacrifice, et le canon 1 donne le texte de lanaphore pro-nonce par lvque. Pour pins de clart, nous allons mettre sous lesyeux du lecteur le texte de cette anaphore tel qu il est dit parFunk < ex versione aethiopica Ci), en donnant en note les variantesdu latin de Vrone.

    Post(iii;ini episcopus l'iictiis est, oinnes ci ore siio pacem dent, eum oscillantes.iJiijconi autem ci obiationem adierant. Cumque mannm suam super oblatiouc posue-rit et presbyteri. dieat L;ratias agens :

    Doniinus ciiin oniiiihiis vobis. Kt universns populus dicat : Cluin spirilii tiio. Ki

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    28 ]\KME niHI.lOLE.phrase son toiii-; la seconde (publie par Renaudot . abstractionfaite de Tpiclse, ne connat pas le Tcsiaiucnium Domini et doit avoirpris Tanaphore qu'elle remploie et paraphrase directement dans laConsiitution eccli'siastique gf/ptienne. Cela ressoit avec une i;rand('clart de la publication de ces textes en colonnes parallles et polychro-mes si luxueusement excute par Dom Cagin. Toutefois il convientde ne pas se laisser fasciner par la polychromie. Les deux premi-res colonnes ne sont qu'un seul et mme texte reprsentant l'originalgrec perdu. La troisime est une paraphrase de ce texte premier,laquelle est (nous l'avons dit) de la fin du v" sicle. Quant la (|ua-trime et la cinquime colonne, ensemble, elles''appartiennent laliturgie thiopienne mdivale, o l'on sait que les anaphores derechange abondent (1). De toute cette polychromie il ne sort pas unargument permettant de faire du texte premier un texte remontantplus haut que la priode djl. Mark) luit... Iheir inllucnre is found only in llie remotergion ol Kthiopia, i. r. llie Aliyssinian Cliurch. Tependaiil la gramle anaphore qui selit au livre NUI d'is ConslUulinus n/iosfntif/uex Un, t-.M reproduit plusieurs passades denotre anaphore.

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    l NE PRUTENDLt: ANAPHUUE APOSTOFJQUE. 29gyptienne avait t si vnrable que rimaginent M. Schermann el\\.

    (2) F. E. Brioiitman, Liturgies eastern and western (1896), p. 50i-509 ; The liturgvfrom the writings of the egyplian fatheis.

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    1,, KKVLK 151l{LIni:i:.est rlcincnt U' [>his anciennement attest de la liturgie. Ecclesiaeauh'iii ('hrisli omnes ab oriente iisque ad occidentem convenienterPatiem (t Serapkim laudari profUentur in ministeriorimi clbra-lione (1). L'usage liturgique du Saiictus est attest ds la PrimaClrn/enfis (xxxiv, 6-7), au sentiment de litur^istes srieux (2).

    Ainsi, Tanaphore de la Constihiiion ecclsiastique gyptienne.insre dans une fiction littraire, est elle-mme une compositionlittraire. L'auteur a quelque prtention de style, il cherche desantithses : Passus est itt patientes liberaret... Notez bien ce petitdveloppement, qui est le plus littraire : on y trouve l'indice quel'auteur a probablement lu l'pitre de Barnabe :

    xjzzz ci. '.'va 7,x-xp'rr,7r, -rbv Qui ut mortem dissolveret... etOxvaTsv, y.a'. -.'c;! /. vEv.pwv vcTa-'.v resurrectionem patefaceret.ISvr,... {Barn. v, 6).

    Le rapprochement a t signal par M. Scliermann qui a vu l uneprouve que notre anaphore tait connue de l'auteur de l'pitre deKarnab. L'inverse est seul textuellement vraisemblable. On pourraitsouponner pareillement dans notre anaphore des rminiscences duMarti/ riujn Pah/carpi (3).

    Le mme M. Schermann veut voir dans des expressions comme ... / uterum virginis, caro /actus, gestatus in ventre... , uneinsistance rvlatiice de la tendance combattre les Gnostiques quicontestent que le Christ soit n dune vraie naissance. Si cette ten-dance tait relle, l'auteur aurait insist tout autant sur la vraiepassion et la vraie mort : or il n'en fait rien. Voulez-vous savoir sur(pioi il insiste de prfrence? Pour ne rien perdre, donnons parall-lement le texte de Vrone et le texte traduit par Funk de l'thio-pioii :

    l.ntin : Elliiopirn :(Jiii nnniqiiei tniderctur voluntarine Qui Iraditiis est voliiiil.itc sua ad pas-

    pnssioni, \\\ mortem solvnt. -- ut vincula sioiiem. nt mortem dissolvciel. et vin-dialtoli dirmnpat, et iiilt'niiim calcet, et cuia s;iiiiiiae rumperct. et roneulcaret

    1 I'seii(lr Tiiitiliilc ot Spirilii savrio. u; /'. G. t. XXVI, |>. r>ii8).' !'. I)i;i:w>. arl. .Messe i., de la Healeiicylilopardir de IIaick, 1. XII d'.io.i , j). 702 :

    . In Hoin s< hon damais (also Knde des 1 .lalirlninderls' das Trisliagioii ans Jes. 6,3iicl.-l

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    DIEU ET LE 310NDED'APRS LES CONCEPTIONS JUIVES AU TEMPS DE JSUS-CHRIST

    Les relations de la divinit avec les tres ^isibles avaient constitupour les philosophes de la Grce un des problmes les plus pineux.Les uns identifiaient Dieu avec le monde, d'autres l'en sparaient sibien qu'ils rendaient tout rapport impossible, d'autres enfin se crurentdans la ncessit d'introduire une sorte de Dieu secondaire, l'me dumonde. Le problme des origines n'tait pas moins embarrassant.Gnralement on admettait l'ternit de la matire; si Dieu intervenaitdans la formation de l'univers, ce n'tait qu' titre de dmiurge oude premier moteur.

    Les Juifs ne connurent pas ces difficults. Tout dpend de Dieu;l'origine et la conservation de toutes choses sont dues lui seul;entre lui et le monde, d'troits rapports continuent exister. Oncroyait mme que Dieu s'tait rattach l'humanit par des liens d'unenature toute spciale, qui allaient au del de ce que des tres crspouvaient attendre de leur auteur. Nous examinerons, dans cet article,la pense des Juifs sur la cration et sur les rapports naturels de Dieuavec le monde.

    1. LA CRATION (1).La production de toutes choses par la puissance souveraine d'un

    seul Dieu tait enseigne ds la premire page de la Bible, et tous lescrits postrieurs font cho cette doctrine (2),

    (It Sur la cration dans l A. T., cf. Owen C. Whitehouse, art. Cosraogony , dans Has-tings. D. B., vol. 1, 1898, p. 501-50J. H. Zimmern et T. K. Chevne, art. Cration ,dans l'E. B., vol. I, 1899, col. 938-954. A. Vacant, art. Cration , dans Vigouroux,D. B., vol. II, 1S99, col. 1101-1105. Dans les Apocryphes, L.Gry, La cratioh en septjours, d aprs les Apocryphes de l'A. T.. dans la Revue des Sciences philosophiques etthologi^ues, 1908, p. 277-293.

    (2) Gen. 1; Ps. 8, 4-9; 19, 1-3: 24, 1-2; 33, 9; 104, 2-9; 148, 1-6; Job 12, 7-10; 38;Is. 40, 20-28 etc.

    revue bibliole 1916, N. s., T. XllI. 3

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    3G HEVLt BlBLigUE.33), et toutes reurent l'approbation divine ^Ass. Mos. 12, 9). La finqui leur est assii^ne rpond la noblesse de leur origine : elles n'ontd'autre raison d'tre que de proclamer les perfections infinies de leurAuteur : J'ai bni eu tout temps le Seigneur de gloire, dit Ilnoch,et Je contiuuerai le bnir, lui qui a accompli de grands et magni-fiques prodiges pour montrer la grandeur de son uvre ses auges,aux esprits et aux hommes, afin (ju'ils louent son uvre, sa crationtout entire; afin ([uils contemplent l'uvre de sa puissance, qu'ilslouent l'uvre grandiose de ses mains, et qu'ils le bnissent pendanttoute l'ternit (Hn. 36, 'i- ; cf. Eccli. 42, 15-33).

    L'activit cratrice de Dieu s'est tendue tout ce qui existe endehors de lui; jamais aucune exception n'est faite. Gnralement ons'en tient de simples dclarations; on ne se livre gure des sp-culations philosophiques sur la nature de l'acte crateur. Un te.vte,cependant, affirme nettement la production des tres c.r nihilo : Jet'en conjure, mon enfant, dit la mre des Machabes au plus jeunede ses fils, regarde le ciel et la terre, vois tout ce qui est eu eux etsache que Dieu les a faits du non-tre (1).

    Cette dernire affirmation semble contredite par l'auteur de laSagesse : il tait facile, dit-il, la main toute-puissante de Dieu, quicra le monde d'une matire informe {-.',- ii y.':x -yt 7.iT[j,iv z ;j.ip.s'jJay;), d'envoyer contre les gyptiens une multitude d'ours ou delions froces (11, 17). On fait remarquer que ce livre se montre engnral trs accueillant pour les conceptions philosophiques des Pla-toniciens et des Stociens, et qu'en particulier l'expression JAr, iy.ip^ctait alors courante dans les coles (2). Or, pour les philosophesgrecs, la matire est ternelle; dpourvue de formes par elle-mme,elle est capable de les recevoir toutes; elle constitue le subslralumdont le dmiurge tira le monde sensible. Aussi la plupart des com-mtmtateurs protestants (3) voient-ils, dans ce passage, la ngation de

    1, Il MacL. 7. 'M : ox i'^ vtwv -o;r,aev aCx 0:6;; version syria(|ue : le ce i ; version latine : ex nihilo fecil illa Deus . ui% i\ vxwv est identique, pour le sens,a i\ ovx vTwv que prsente le texlus receplus, car on sait qu'en grec classique les parti-cipes et li's ailji'ctifs prcds d'une prposition, aiment avoir leuis detrrminntionsadverbiales avant la prposition (Bi.ass, drammntil, dis Neulcstaincnllic/irti Criecliiscli.19oL, p. 2)2; cf. aussi Hhr. 11. 3). I.a cration ci nihilo sera nalenieiit aflirme parl'Ap. syr. de l(aru

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    DIEU ET LE MONDE D'APRS LES CONCEPTIONS JUIVES. 37la cration proprement dite, l/autem' de la Sagesse, crit Drummond, se spare de la doctrine juive qui enseigne la cration ex nihilo; illa remplace par la croyance des Platoniciens . Et qu'on ne dise pasque l'auteur parle seulement de la. formation du monde, postrieure l'acte crateur, car il se rfre l'acte premier de la cration etne laisse aucune place une cration pralable de la matire exnihilo; cela ressort avec vidence du fait que la formation du mondeest donne comme une garantie de la toute-puissance divine, et s'ilavait suppos que tout l'univers a t tir du complet nant, il auraitsrement fait usage de cet argument beaucoup plus impression-nant {Philo, I, p. 188).Tout d'abord il peut paratre trange qu'on condamne un crivainsur une expression assez obscure, jete en passant, au milieu d'undveloppement sur le rle de la Sagesse dans le chtiment des gyp-tiens. Un indice aussi lger suffira-t-il faire croire que l'auteur arejet la doctrine juive de la cration ex nihilo , et qu'il s'est ainsispar de la croyance commune? L'auteur semble bien partager cettecroyance dans toutes les autres parties de son livre. Dieu a faittoutes choses par (sa) parole (9, 1 : 5 ~zir,:;x: -x t.x'/tx sv Xsvw t^ou), cequi est petit aussi bien que ce qui est grand (6, 7); il a cr touteschoses pour l'tre (1, li t r/.t'.Tsv ! 1 ) yp tl^ lo thxi -x r.h-x\ ; sa sagesseest l'ouvrire de toutes choses (7, 22 : y; vp zvTwv Tv/yX-iz) ; il aime tout ce qui existe [-x h-x ~h-x), car s'il avait eu quelque tre enabomination, il ne l'aurait point fait (11, '2); tout lui appartient(6, 7; 8, 3 : 5 -vTwv oscr-iro?; cf. 11, 17. 23; 12, 16; 11, 26 A : i-izx ijT'.v T.h-x)^ parce qu'il est l'auteur de tout : Quel tre pourraitsubsister, si vous ne le vouliez? tre conserv, si vous ne l'aviez appel l'existence? (11. 25). Il tait difficile au Sage d'employer ces ex-pressions, s'il avait cru la matire indpendante de Dieu dans sonorig ine

    D'ailleurs, l'ide qu'un philosophe se fait de la matire n'est quele corollaire des conceptions qu'il a sur Dieu. S'il considre Dieucomme l'Ide suprme du Bien en face de laquelle tous les tres visi-bles ne sont que des ombres sans consistance (Platon), ou commeder Hebruer, Strasbourg, 1851, p. 353; Drumaiond, Philo Judaeus, London, 1888, I, p. 188;Bois, Essai sur les origines de la philosophie judo-alexamlrine, Paris, 1890, p. 264:Zeller, Philosophie der Griechen, II, 2, p. 294; T. K. Cheyne, art. Cration , dansl'E. B., voL I, 1899, coL 954.

    (1) Nous ne voulons pas insister sur le sens du mot xtkjev; dans les Sept, il rpond leplus souvent N"12. Mais bien que les deux verbes soient employs de prfrence quand ils'agit de cration proprement dite, ils n'ont pas ncessairement celte signification.

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    38 RKVUE BIBLIQUE.un acie pur dont l'intelligence et la volont ne peuvent avoir d'auti'Cobjet k. Thr lioo/c ufW isilotn, p. 1(> .

    '1 l.e contenu de ceUc expression 'liiil d'ailleurs loin diMn" !

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    DIEr I:T le monde d'aprs les conceptions juives. 39L'auteur, objecte-t-on, n'aurait pas manqu de parler de la cration

    ex nihilo, s'il l'avait admise, car son argument on aurait t singu-lirement fortili. L'intention du Sage tait de montrer que lesgyptiens, adorateurs d'animaux, furent justement punis par o ilsavaient pch (11, 16) : Dieu leur envoya des reptiles et de vilsanimaux (v. 15), des grenouilles, des moustiques, des scarabes,(les sauterelles. Mais il aurait pu aussi bien leur envoyer des btesplus grandes et plus froces, des ours ou des lions en grande quan-tit ; rien ne lui et t plus facile, lui dont la main cra lemonde d'une matire informe (v. 17). Il suffisait au but del'crivain de faire allusion l'uvre du sixime jour, o Dieu fitsortir de la matire les animaux domestiques, les reptiles et lesbtes de la terre (Gen. 1, 24). Dieu qui a faonn tous les tres,pouvait sans peine en utiliser une partie contre les gyptiens; bienplus, non content des espces existantes, il pouvait lancer contre'ux des btes nouvellement formes (v. 18). L'argument tir dela crealio seouida tait amplement suffisant. Le recours la crationproprement dite et t mme hors de propos, puisque l'auteur nevoulait pas prcisment prouver la puissance de Dieu, mais mettreen relief sa haute sagesse qui lui a fait employer au chtiment desg-yptiens les vils animaux qui taient l'objet de leur culte, alorsqu'il lui et t si facile de dchaner contre eux des btes plusgrandes et plus redoutables.

    La Sagesse accepta donc sans compromissions la croyance juiveau sujet de l'origine du monde.En tait-il de mme partout? Il semble bien que Philon. et peut-tre aussi l'auteur d He'noc/i slave, aient rejet la cration ex nihilo. Il

    vaut la peine d'tudier de plus prs la doctrine de ces deux crivains.Philon (Il subit en cosmologie l'influence de Platon. Pour lui,comme pour le fondateur de l'Acadmie, la matire est prexistante.

    La cause efficiente n'entre en activit que s'il y a un sujet sur lequelelle puisse s'exercer. Bien des choses, dit-il, doivent concourir la gense d'une chose : ce par quoi, ce de quoi, ce par Vintermdiairede quoi, ce en vue de quoi, c'est--dire la cause efficiente, la matire,l'instrument, la cause finale . Le philosophe montre l'applicationde ce principe dans la construction d'une ville, puis il continue :

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    42 lVUE HIBLIQUE.n'est pas, vi il produit toutes choses (1) >

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    ii REVUE BIBLIQUE.uyines. Cependant rette rponso ne peut suffire pour le premierpassage : une autre solution s'impose. Pliilon s'est-il souvenu, ici, dela croyance commune de ses coreligionnaires, et s'est-il mis, sanss'en apercevoir, en contradiction avec son systme gnral? De lapart du Juif philosophe, il ne faudrait pas s'en tonner outre mesure.Toutefois, le contexte insinue une autre rponse : Philon dclare queDieu peut tre appel soleil . puisqu'il est hi source et l'arciitypcde toute lumire, ou plutt, il est encore au-dessus de l'archtype,car c'est son Logos qui est le paradigme (d'aprs Gen. 4,3). Suitle passage cit. Or, dans son commentaire de l'uvre des six jours,Philon interprte f.en. 4, 1-5 de la cration de la lumire incorporelledu monde des Ides, dont le Logos forme la synthse {De opif. m-26-35, M. I (') s. . Il y distingue trs nettement deux tapes : la cra-tion du monde immatriel et la formation du monde sensible. D'autrepart, rien n'empche Dieu d'tre l'auteur immdiat et unique desIdes, pures intelligences, sans aucun mlange avec la matire {Lfg.ail. I, Vl, M. I 51 ). Ces tres incorporels sont donc crs au sens strictdu mot, tandis que le monde sensible n'a reu de Dieu que son orga-nisation, par l'intermdiaire des Puissances. Par rapport au mondevisible. Dieu est dmiiirrjf, l'gard du monde intelligible, il estcrateur.

    Nous pouvons donc conclure, avec la plupart des auteurs qui sesont occups de la question, que Philon a admis l'ternit de lamatire, et partant qu'il n'a pas cru en la cration e.r ni/i/lo dumonde sensible. La faute en est aux ides platoniciennes, dont il taitentirement pntr. Mais il tait aussi trop profondment juif pouraller jusqu aux dernires consquences qu'entrane le dualisme. S'ilcontinue dire que Dieu est le Seigneur et le Matre de touteschoses, que l'univers entier lui obit, que rien n'est soustrait sasouverainet, c'est par suite d'une heureuse inconsquence. Il obitalors au\ inspirations d'une pit sincre, puise aux sources rvles,plutt qu aux raisonnements de son systme philosophicpie. Il fautpourtant convenir que ce systme penchait de tout son poids vers unedoctrine que h^ .hidasme rpudiait, et bon di'oit, |)iiis(pi'elle con-tredisait la premire page de ses Livres Saints et qu elle eidcvait auDieu Crateur le plus beau fleuron de sa couronne.

    Les thories no-platoniciennes de Philon n'exercrent probable-ment (pi'une influence trs restreinte sur les Juifs de Palestine; lesscribes et les pharisiens taient peu accessibles ;\ ce genre de spcu-lations. Klles pntrrent peut-tre dans lun ou l'autre dos groupeshellnistes taitlis sur la terre judcnne; on ne voit pas

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    DIEL KT LK MOMU: I) APRS LES CONCEPTIONS JLIVES. 4omodifi l'atmosphre thologique dans laquelle maquit le christia-nisme

    Il eu fut sans doute autrement dans la diaspora. Le livre des Secretsd'Hnoch, qui lut, selon toute vraisemblance, compos en Egypte, l'poque de Philon, contient des dclarations assez tranges sur lacration (1). L'auteur semble mlanger renseignement juif officielune doctrine sotrique, qui rap[)elle de prs colle des Orphiques.Il l'annonce avec le plus grand mystre : Dieu fait asseoir llnoch sagauche, et lui rvle les secrets de la cration : Je vais l'apprendretout ce que, avant le commencement, j'ai cr (en le faisant passer; dunou-ti'e l'tre, de l'tat invisible l'tat visible. Mme mes angesje n'ai pas fait connatre les mystres de ma cration... Avant que neft aucune chose visible, je me mouvais seul parmi l'invisible... et jen'avais aucun repos, car j'allais tout crer. Et je songeais poser lesfondements et produire la crature visible (llri. si. 24, 1-5 Rec.AB). Dieu commanda alors l'invisible de produire les choses visibles.Adol vint, clata, et il en sortit une blouissante lumire et unmonde trs grand . La lumire devint le fondement de la crationpar en-haut. Puis vint Archas; lui aussi clata, et il en sortit unmonde tnbreux trs grand , qui devint la base infrieure (c. 25-26). Qu'est cet invisible au milieu duquel Dieu se meut avant la cra-tion? et que sont ces deux tres invisibles si mystrieux qui portenten eux le monde visible.'' Il n'est point ais de rpondre ces ques-tions. Incontestablement ou est ici en prsence d'lments htrog-nes, trangers au vritable judasme, provenant peut-tre de lamythologie gyptienne.

    Mais est-on fond pour autant admettre que, dans l'esprit de l'au-teur, la production des cratures du non-tre l'tre , n'est queleur passage de l'invisible au visible , c'est--dire la sortie destres organiss d'une matire primordiale, incre? Il ne le semble pas,car l'auteur compte les choses invisibles, aussi bien que les choses visi-bles, parmi les cratures de Dieu : Avant que ne ft cre aucunecrature, le Seigneur fit tout ce qui est visible et tout ce qui est invi-sible (65. 1; cf. 47, i ; 51. ; 64, ; 65. 6) ; Dieu est le crateur detoutes choses (24. 5 Rec. A: ; il a bni toute (sa) cration, la visibleet l'invisible 31. 1 ; cf. 51. 5). Les deux tres mystrieux eux-mmesobissent l'ordre divin. Dieu a tout mdit et tout cr par sasagesse; il s'oppose tous les autres tres comme l" ternel etr incr ; ses yeux considrent tout ce qui est, et tout tremble de

    (1) Cf. l'arlicle, cit plus haut, de L. Gry, p. 285-293.

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    46 REVUE BIBLIQUE.crainte , mais s'il dtourne son visage tout est ananti (33, 3-V). Il tait difficile l'auteur de tenir un langage pareil, s'il avaitadmis que des tres incrs aient coexist avec Dieu de toute ternit.On n"a pas de peine constater combien les spculations savantes

    de Philon et d'Hnoch slave s'loignaient de la simplicit des affirma-tions bibliques, docilement acceptes par les foules. La doctrine rv-le se trouvait surcharge d'adjoncti(ms dualistes ou mythologiquesqui l'altraient profondment et menaaient de lui crer un prilsemblable celui (pie les Gnostiques feront courir au christianismeprimitif.

    Les descriptions (jui dtaillent l'uvre de la cration ne sont gn-ralmient qu'un commentaire du rcit gensiaque (1 . Cependant onuse l'gard du texte sacr de la plus grande libert; on se permetmme de le modifier. Vn exemple intressant est fourni par (ien. 2, 2.Le texte original portait : et le septime jour Dieu acheva l'u-vre qu'il avait faite . Dieu aurait-il donc encore travaill le der-nier jour de la grande semaine? Le passage pouvait donner rfl-chir, et les Juifs chez lesquels le repos sabbatique tait devenu unecaractristique nationale (cf. .Tub. 2, 17-33), eurent cur de pr-venir tonte quivoque. Les Septante traduisent : et Dieu acheva lesuii/ie jour l'uvre qu'il avait faite et il se reposa le septime . Lamme modification se trouve dans la version samaritaine. Les Jubils2, 19) accentuent encore la correction : et il finit tous ses travauxle si.rif'?7ie jour, tout ce qui e.viste au ciel et sur la terre et dans la meret dans les abmes (cf. Hu. si. 30, 8 ; 32, 2). Philon {Leg. ail. 1, 2,M. I VV) et .losphe Ant. I, i, 1) acceptrent naturellement la lecturedes Septante.On peut se demander sous quelle image les Juifs se reprsentaientle monde i'2). Le livre d'Ilnoch donne ce sujet les renseignementsles plus complets. L'ensemble des tres crs se rpartit en deuxfractions bien distinctes : le ciel et la terre. La calotte cleste estti'udue au-dessus de nous par la violence des vents 18. 3 ; elle

    1^ Jiib. 2, 2-25: Piiii.oN, Dr p>f- mnnrU: Ilt-n. si. c. 24-31. - Philon pourlmt n'adinclpas que la dislinclion tics .six jours ro(ionde la rcalili' ; loul fut rrt' en mme temps ;mais il fallait bien i|ue la lesrriplion mosai|ue suivit ini ordre d'lermin(^, elle va dumoins parfait au plus parfait [Dp npif. m. f, .M. I !.'>). Les deux coles rivales de Ilillelet di- Schatnma disputaient cliaudcment sur la question de savoir si le ciel avait t cravant la terre. Pour les Schammates, c'est le ciel fui fut cr le premier, " car un roifal)rir[iie d'abord le tntne, et ensuite seulement l'escabeau . Les lliillltes au contrairedonnaient i.i iirfrence A la terre, car un roi qui se construit un palais fait d'abord rla;;einfrifur, et insuile Neuleinenl leselaRCS su|)rieMrs {Bi'rrscli. linh., par. L i" ' 1- )

    2] Cf. Tn. MuiTiN. /.' I.irrc dlfr'iinrh. Paris, lOOC, p. \\ii-\\i\.

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    DIEU ET LE MONDE D'APRS LES CONCEPTIONS JUIVES. 47parait suspendue (69, 16), mais en ralit elle repose sur la terre ses extrmits, l o le firmament touclie l'horizon (18, 1-5 . La terreello-mmc est fonde sur l'eau '69, 17) et repose sur une pierreangulaire (18, '2) ou sur une colonne ,57, :i,. D'ailleurs, les quatrevents soutiennent la terre aussi bien que le firmament du ciel (18, 2).Le ciel leur livre passage par douze portes aux extrmits de la terre(34, 2; 35, 1; 36, 1 ss. ; 76, 1 ss. . Au-dessus des portes des vents,galement aux confins de l'horizon, se trouvent douze autres portes,plus petites, six l'Orient et six l'Occident, par o sortent et ren-trent le soleil, la lune et les toiles (^33, 3; 36, 3; 72, 3; 75, 6). Tousces luminaires, ronds comme le ciel 1 73, 2), se meuvent sur des charspousss par les vents (18, 4; 72, 'i- s.; 75, 8). Le soleil est toutrempli d'un feu qui claire et qui embrase (72, i).

    Mais il serait sans intrt d'insister sur ces spculations cosmolo-giques, qui n'ont qu'un rapport loign avec la thologie. Il seraplus utile d'tudier maintenant les relations de Dieu avec le monde.

    II. RAPPORTS NATURELS UE DIEU AVEC LE MONDE.La premire consquence de la cration est l'absolue souverainet

    de Dieu sur tous les tres. En vertu de l'acte primordial par lequel ila appel le monde l'existence, Dieu est le Roi et le Seigneur de toutl'univers (III Mach. 2, 9). Les titres que les Juifs lui dcernent, mettentbien en rehef le pouvoir absolu de Dieu sur ses cratures.

    Dieu est nomm grand Roi (1 , Roi saint (2), immortel (3), ter-nel (4>, tout-puissant (5), Roi des rois (6), seul Roi (7 , Roi desdieux (8), Roi du ciel (9), Roi du monde (10), Roi de toute lacration (11). Il est le Seigneur grand (12), le Seigneur des Sei-

    (1) Grand Roi : Ps. Sal. 2, 36 [321; Sib. III, 499. 5G0 ; Hn. 84. 2. 5; 91, 13.(2) Roi saint : III Mach. 2, 13.(3) Roi immortel : Sib. III, 616. 717.(4) Roi ternel ;= des sicles) : Hn. 12, 3; 25, 3. 5. 7; 27, 3; cf. Tob. 13, 6. 10.(5) Roi tout-puissant : III Mach. 6, 2.(6) Roi des rois : II Mach. 13, 4; III Mach. 5, 35; Hn. 9, 4; 84, 2; cf. 63, 4.(7) Seul Roi : Il Mach. 1, 24; cf. III Mach. 2, 2; Sib. HI, 70i.(8) Roi des dieux : Hn. 9, 4; cf. Esther 14, 12 (Add. C 23}.(9) Roi du ciel : III Esdr. 4, 46. 58; II Mach. 15, 23; III Mach. 2, 2; Ps. Sal. 2, 34 [30];

    Test. Benj. 10, 7; Hn. si. 39, 8 ; cf. Tob. 13, 7. 11. 16 (x).(10) Roi du monde : II Mach. 7, 9: Dieu du monde ou de l'univers : Hn. 1, 4; 84, 2.(11) Roi de toute la cration : III Mach. 2, 7: cf. .Judith 9, 12; Tob. 10. 3; Eccli. 50, 15

    (izavaci/.s'j).(12) Seigneur grand : Eccli. 46. 5.

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    48 lVUE BIBLIQUE.gneurs (1), le Seigneur de toute puissance (2), le Seigneur dumonde (3\ du ciel et de la terre (4), le Seigneur de toute crature (5),le 31atrc {zl'~z-r^:; (6), sjvTTYj; (7). Tout est soumis la puis-sance de Dieu, parce que tout a t cre par lui III Mach. 2, 3).

    Cette domination souveraine continue s'exercer par la conser-valion et le gouvernement du monde.De mme qu'aucun tre n'est venu l'existence sans Dieu, ainsi

    aucun ne peut se conserver sans lui. Car (( quel tre pourrait demeu-rer si Dieu ne le voulait? (Sap. 11, 25). Dieu a le pouvoir d'anantiren un instant l'univers entier (II Mach. 8, 18); il lui suffirait deretirer son assistance, et tout retournerait dans la poussire (cf. Ps.104, 29-30). Mais Dieu a cr toutes choses pour l'tre (Sap. 1,14), et son Esprit incorruptible est dans toutes les cratures (Sap. 12.1). Aussi a-t-il soin de tout ce qui existe (Sap. 6, 7); car c'est uneloi de la nature que l'ouvrier veille son o'uvrc (Philon, De praem.et poen. 'i-2, M. II 415). Les luminaires du ciel aussi bien que lesfondements de la terre sont sous sa g-arde (Ass. Mos. 12, 9). Dieu estle matre de la vie et de la mort (Eccli. 11, 14; Sap. 16, 13), et c'est lui que l'homme doit la conservation de son existence (Eccli. 23, 1 ;II Mach. 3, 35). 11 fait descendre la pluie et la rose sur la terre,et y produit toute manifestation vitale i;Jub. 12, 4-18: Ariste 10:.L'org-anisation du corps humain, l'adaptation de tous ses membres leur fin, le merveilleux fonctionnement des sens, manifestent sansaucun doute la sagesse infinie qui les a crs; mais il faut aussisonger que tout cela est conserv par la puissance divine et notre

    (1) Seigneur les Seigneurs : Iln. 9, 4; Ass. Mos. 9, 6, cl des llois : lli-n. 63, 2. 4.(2) Seigneur de toute puissance : Il Jlach. 3, 24; cf. Eslh. 14, 12 (Add. C 23).(3) Seigneur du monde : Juli. 25, 23; Iln. 81, Ki ; Ass. Mos. 1, 11 ; II Macli. 12, 15.(4) Sei;;neur du ciel cl de la Icrre : Test. limj. 3. 1 ; Test, lnlir. Nephl. 9. 2; cf. Toi..

    7, 16; Judith 9, 12.(5) Seigneur de toute crature : Ass. Mos. 4, 2; Iln. 82, 7; cf. 84. 2.(6) Seanrr,; : III Esdr. 4, 00; Tob. 3, 14 (X); 8, 17; Jud. 9, 12 (Matre du ciel et de la

    terre); Sap. 6. 7 ; 8, 3 ; 11, 2G; 13,3. 9; Eccli. 23, 1 (.Matre de ma vicy ; 33(36), 1 (SeigneurDieu de toutes clicses) ; Dan. (L.\X) Sus. .^ ; 3, 37; 9, 8. 15. Ki. 17(bis). 19; Tliodot. Sus.5; 3, 37; Ep. .1er. 6; Il Macli. 5, 17. 20; 6, 14; 9, 13; 15, 22; III Madi. 2, 2 (Maitre detoute la cration ; 5, 12; 6, 5. 10; Test. Jos. 1, 5; Piiii.on, De sprc. leg. II, 21! (^^ Def'csio Cophiiii 2; d. Colin, vol. V. p. 140) ; Dr Clivruhim 119, M. I ICO '^Dieu est Seigneurl Maitre de toutes choses ).

    liinrjlivj : Sap. 12, 10. IS; Il Marli. 14, 'Ki Maitre di" la vie); 111 Mach. 7. '.) M.iitre dt>toute |>ui8sanre .

    cic-oTEJEiv : III .Ma(li. 5, (H Dieu niaitriM; toutes choses ). Cf C.istwk lUiiin,Ai7:oTr,;, dans Ic^ llcr/irrr/ics de Scirnn; rclijjirusr, l'.MO |p. 373-379], p. 373 s.

    (7) uviarr,; : Eccli. 45. 5. C. If.; Il Mach. 3. 24; 12, 15. 28; 15. 4. 23. 29; III Mach. 2.3; 5, 51 (K); 6, 39 R,.

    r.,,^-.' . III Mach. 2. ' 5 - 1 -ih 7 'I I'. 2| .

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    !i2 lVLK UlHLInLt:.Mais la ijiieslion prrscntait uii tout autre caractre de gravit,

    quaud on considrait le mal moral, car la saintet de Dieu se trouvaitici directement engage. Or, ce fut toujours pour les Juifs un dogmeincontest ffu'entre Dieu et le pch il y a incompatibilit absolueImpossible de concevoir lahv pactisant avec le mal moral ou nn'megardant son gard la simple neutralit. Il ne peut que le har etle punir. Ce serait se mprendre grossirement (]ue d'interprter aupied (le la lettre des expressions qui semblent attribuer Dieu unepart de responsabilit dans certaines fautes (1) ; si les termes n'ont pastoujours la prcision scolasticpie des modernes 2i, le sens gnralnen est pas moins clair : la saintet de Dieu ne peut soulfrir la pluslgre atteinte.

    D'o vient alors le pch? Les Juifs en cherchrent toujours l'ex-plication immdiate dans la libert de riiomme. Le premier coupletait tomb, parce qu'il avait enfreint librement un prcepte

    (1) Cf. Kx. 7. :',: 9. i:>: 10. 20.:^; 14, 8; I San;. 16, 14. 15. :>3;n Sam. 24. 1 ss. ; I H. 22,20-23; Is. 6. 1 s. ; 19, 14; .1er. 6. :>! : K/cli. 3. 20; 20, 2."i.

    (2) P. ('o.M)AMi.N : La conceplion si;miti,vuEM!\Li:it, p. l'iO. 141), c'est attribuer, seinble-t-il, au\ Smites des temps anciens unemtaphysique trop savante " (Le Livre, disaie. Paris. liO, p. 46 . P. Blzv : II estcerlain

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    Dll^r HT l.K MU.NDE DAPltKS LES CONCEmoNS JUIVES. li.}divin (1). A vrai dire, cette premire faute avait t commise surl'instigatiou d'un agent mystrieux, le serpent ou le diable, et lemal physique lui-mme n'apparaissait que comme une punition intli-gc par Dieu cette dsobissance. Aussi un grand nombre de docu-ments font-ils remonter aux anges dchus la responsabilit derniredes dfaillances humaines (2). Mais ici, nouvelle question : quellecause assigner la chute des anges? La mme rponse se prsente :c'est l'abus de la libert dont Dieu leur avait fait don, qui les aperdus. Du moment que Dieu donnait l'tre des cratures libres,la possibilit de faire le mal existait. Possibilit, mais non nces-sit ! Qu'on se garde de rejeter sur Dieu les pchs des hommes :

    iS'e dis pas : Ma trangression vient de Dieu ,car il ne t'ait pas ce qu'il hait.

    Ne dis pas : C'est lui qui m'a lait tomber .car il n'a nul besoin d'hommes pcheurs,

    lahv sait ce qui est mal et excrableet il ne laisse point succomber ceux qui le craignent.

    Ds l'origine Dieu a cr Thommeet il l'a remis au pouvoir de sou arbitre ("lyV

    Si tu le veux, tu peux garder les commandements,et c'est sagesse de faire ce qui lui ( Dieu) agre.

    Devant toi sont rpandus le feu et l'eau,vers ce que tu veux tends la main.

    Devant l'homme sont la vie et la mort,ce qu'il dsire lui sera donn.

    Grande est la sagesse de lahv,il est puissant en uvres et il voit tout.

    Les yeux de Dieu voient ce qu'il a faitet il connat toute action de l'homme.

    11 n'a ordonn personne de pcher,et son aide n'est point avec les hommes de mensonge. i^Eccli. 15, !l-20.)

    Le livre d'IInoch est tout aussi formel : Je vousjure vous, pcheurs,que le pch n'a pas t envoy sur la terre ; mais l'homme l'a fait delui-mme, et ils seront en grande maldiction ceux qui l'auront com-mis (98, t; cf. 69, 11).

    (1) Cf. Eccli. 15, 11-20; 17, 7; 25, 24; Hn. si. 30, 15. Qu'on nous permette de ren-voyer ici notre article : Ltat originel et la chute de l'homme, d'aprs les conceptionsjuives au temps de Jsus-Christ, publi dans la Revue des Sciences philosophiques etthologiques, 1911, p. 507-54.5.

    2) Sap. 2, 24, llnoch lh., les Jubils, les Testaments des douze Patriarches. Hnoclislave, la Vita Adae et Evae, r.\ssomption de Mose (ap. Orig.) et l'.\pocalypse de Mose. Pour plus de dtails, voir notre tude sur l'anglologie et la dmonologie juives au tempsde Jsus-Christ, dans la mme Revue, 1911. p. 75-110.

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    :ji Ki:vt !: IlllJLinl !:.

    (In ne s.iuiail il'iirnicr plus (at(''i;orit|iu'niciit la libert complte deriinnimc ni l'injustice monsti'Liouso (juil y aurait faire partauor auCrateur les carts de ses cratures.

    Les Juifs ne poussrent [)as plus loin leurs investigations. Ils ne sesont jamais deuiand pounjuoi Dieu n'a |)as cr nu monde d'o lepch et t banni. Persuads cpn' Dieu est inlininicnt puissant et (pn-le monde actuel n"a pas puis sa fcondit, ils ne doutaient pasdavantage que l'tat de choses prsent, malgr ses misres nombreu-ses, ne laisst pleiuemeut intacte la saintet de Dieu.

    Kn dfinitive, l'existence du mal moral ne crait pas leurs yeuxd's objections insolubles contre la Providence. Dieu ne veut pas lepch, il le hait et le punit svrement. Mais il ne pouvait doter cer-tains tres de la noble facult de choisir entre le bien et le mal, sansperuicttre la dfaillance de la v(dont; le pch est la contre-partieinvitable de la vertu et du mrite. .Mais ces fautes ne le prennent pasau dpourvu; sa science infinie les a prvues (1 et sa sagesse saura lesutiliser pour des fins dignes de lui (2). Rien ne peut chapper au gou-vernement de la Providence divine.

    Si les chtiments n'eussent atteint que les i)cheurs, et seulementdans la mesure de leur culpabilit, le problme du mal n'aurait g-uretourment les Juifs. Us admettaient .sans peine cpu' la justice divineput s'exercer contre les impies; mais ils avaient aussi un sentiment trsaigu des droits que la pratique du bien confrait aux justes. Dieu sedoit de protger et de garder les hommes pieux ['.i)\ c'est pour cesderniers que les biens ont t crs ds l'origine, de mme que lesmaux pour les mchants V); c'est aussi contre les pcheurs qu'ontt faits < la peste et le glaive, la nielle et la scheresse, les calamitset la destinetion, la famine et les autres flaux (.V. Le bonheur est lajuste r(omi)en'

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    lilKl i:r \.E .MOMIE DAl'lJKS LES COM:t:PTlUNS .ILIVKS. liiiMais la ralit ne rpondait pas pareil idal de justice. N'avait-on

    pas trop souvent sous les yeux le scandaleux spectacle de laprosprit

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    :i(; HLVUE lUIIJOlE.l'st un ellot de la misricorde diviue pour ceux dont lmc est sanstache i4. 9-1 V). Mais ce qui justifie surtout la Providence aux yeux duSage, cest la sanction de la vie future : alors la vertu sera enfinrcompense, comme elle le mrite, tandis que la vengeance de Dieuatteindra les pcheurs (2, 'il-3, 0; 5, 1 ss.).

    Philon ne spare pas, dans la solution de ce problme, le malmoral du mal physi(juc. Le philosophe alexandrin ne veut voir enlUeu cpie Fauteur du bien, et du bien le plus parfait; il ne consentaucunement lui attribuer une responsabilit quelconque dans laproduction du mal, de quelque ordre qu'il soit. In texte bibliquei^heut. 32, :ii s.) semble-t-il enseigner le contraire? Voici comment ils'en tire : Il y a auprs de Dieu, dit-il, des rserves de biens etaussi de maux. Mais considre ici la bont de Ftre suprme : il ouvrele trsor des biens, et ferme celui des maux, car il convient Dieude nous accorder des biens et de nous prvenir de sa librable, maisde n'envoyer les maux que difficilement 1) . Dieu pourrait donc, la rig-ueur, envoyer des maux, mais comme il ressort de tous lesautres textes, il ne peut le faire dcemment. Il peut les deux, maisil ne veut que le bien (2) . D'o vient alors le mal?Le mal est pour ainsi dire inhrent aux tres qui ne sont pas pure-ment spirituels; c'est pour cette raison que Dieu ne peut entrer encontact direct avec la matire, principe de limitation et d'imperfec-tion, et qu'il charge les Puissances de crer les parties infrieuresde l'homme. Le corps humain est donc la cause principale du pch :il est la prison i^V, le tombeau (V) de Fme; tant naturellementmauvais ', il complote contre elle (); c'est lui (jui donne naissanceaux passions et toute la vie sensitive dont les tendances sont si sou-vent contraires h la droite raison ((>). Quoique l'homme ait reu deDieu le don incomparable de la libert (7), il lui est bien difficile,en raison des lments dont il est compos, de ne |)as pcher iz-j[j.z'j:-z 'xi.y.z~.'j:t'.':t) '8).

    Dieu ne pouvail-il pas empcher- du moins le mal pliysiijne? ('elui tait impossible, rt'pond l'Iiilon, s'il ne voulait changer constam-

    \) l.i'j. (tli. III, lti.">, M. 1 uis.2 De sper. leg. IV, 187. .M. II :5f.7.:t^ De mifjr. A/ir. '.*. M. I 437.| De spec. /nrj. IV, 188, M. Il 307.

    ;:>) Lc'j. ail. m. (,y-7i, .M. 1 loo s.(fi) Lerj. ail. Il, 7'. ; Dr l'roridnilin. l 0-84.(8j De 1 idi Mus. Il, l'(7, M. II ir>7.

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    DIEU ET LE MOMIE U'APKS LES CONCEPTIONS .IIIVES. o7ment le cours des lois naturelles. La pluie et les vents produisent leseffets les plus bienfaisants, et c'est ce bien que Dieu a en vue; cepen-dant il est invitable qu'ils produisent parfois quelque tort acciden-tel. La Providence considre le bien gnral. Dans la cit la mieuxordonne, les lois les plus sages peuvent avoir des inconvnients pourtel particulier; mais s'il est raisonnable, il se rjouira des avan-tages gnraux qu'elles produisent. Ainsi en est-il dans le gouver-nement du monde 1 1 . Les calamits ont aussi pour but, danscertains cas, de chtier les peuples de leurs crimes et de les amener rsipiscence [2). Philon n'admet pas la valeur de l'objectiontire du bonheur des impies et du malheur des justes. De quel droildclarons-nous mchants ceux-ci et justes ceux-l? Connaissons-nou^les secrets des curs (3)? D'ailleurs, le vritable bonheur n'est pastoujours l o nous croyons i i). Nous n'avons pas les lments d'in-formation suffisants pour nous riger en juges de la Providence.

    Il peut paratre singulier que Philon ne recoure jamais la sanc-tion de la vie future dans les deux livres qu'il a crits sur la Provi-dence. Dans ses autres ouvrages aussi, il parle trs rarement de l'au-del, et sa pense n'apparait jamais avec beaucoup de nettet. Ilsemble toutefois avoir connu l'argument : Quant moi et mesamis, dit-il, il nous parait prfrable de mourir avec les justesplutt que de vivre avec les impies : la vie immortelle attend ceux-laprs la mort, tandis que la mort ternelle attend ceux-ci aprs leurvie (5) .

    Les auteurs 'apocalypses avaient pareillement leur rponse auproblme du mal; mais conformment leur systme gnral cettesolution est toute mcanique. Les souffrances des justes ne sontgure envisages sous leur aspect moral. Us se contentent de consta-ter la profondeur du mal, l'immensit du dsastre national. C'est lune situation qui entre dans le dterminisme universel. Le mondeactuel est entirement mauvais, et il faut se consoler des malheursprsents par la pense du monde venir, qui ne tardera pas seraliser (6). *

    Les solutions le plus gnralement envisages peuvent se rameneraux suivantes :

    (1) De Providenlia, l 9'J; De Praern. et poen. 33-35, M. II 413.(2) De Provid. 11. ?, 31-33.(3) De provid. II, g 102; cf. I, g 60.(4) De provid. II, g 16.(5) Depost. Caini 39, M. I 233. *'6) Cf. Lagrange, Le Messianisme chez les Juifs. Paris, 1909, p. 37-59.

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    LE TEXTE 1)1 PSAUTIER DE SAI>T IIIL VIREDE POITIERS ^)

    L'histoire de raucicnne version latine de l'criture n'est pas encorefaite et elle nest probablement pas prs de l'tre. A l'heure actuelle,on peut dire quelle pose plus de problmes qu'elle n'en rsout. Nonseulement nous sommes mal renseigns sur sa ditTasion et sur lesdiverses modifications qu'elle a pu subir depuis son apparition jus-qu'au moment o elle fut dfinitivement supplante par la versionde saint Jrme, mais nous ne savons presque rien de son origine.Nous ne savons ni o, ni quand, ni par qui, ni sur quel texte grecelle a t faite. Nous ignorons si toute l'criture a t traduite enmme temps, et nous ne pouvons mme pas dire s'il y eut plusieursversions indpendantes ou bien si les textes que nous possdons nesont qu'une seule et mme version plus ou moins retouche et corri-ge. Et pourtant il faudrait savoir peu prs tout cela pour utiliser coup sur les anciens textes latins pour la critique textuelle de l'An-cien et du Nouveau Testament.

    Si nous ne sommes pas mieux informs, il ne faut s'en prendrequ' l'obscurit et la difficult du sujet, et ce n'est pas faute detravaux et de recherches. Un coup d'il jet sur les indications liiblio-graphiques de Corssen, Nestl, Kennedy. Mchineau, suffit pour s'enrendre compte ; 2i. L'histoire-de ces travaux a t faite trop souventpour qu'il soit utile de la recommencer ici. On n'a pas abouti encore,pour le moment du moins, reprendre les grandes synthses de Saba-

    (1) CeUe tude servira d'Introduction au texte du psautier de saint llilaireque M. Jean-nette publiera prochainement (.\. D. L. R.}.

    (2) CoF,ssi:>, Bericht iiber die lateiniscfien Bibelberselziingcn, dans Jahresberichlliber die Forschritte de)- klassischen Alterlumsnissencliaft, Leipzig, 1899, t. CI, p. 183 ss.Nestli.. Jiibeliibersetzunfjen [lateinische], dans Realencyklopadic fiir prolestanlischeTheolofjie und Kirche, 3 Auf.. t. III. Ken\edv, Latin versions (The old), dans Ilastings,Dictionary of the Bible, t. III. MTcnixtAi. Latines [versions] de la Bible, dans Vigou-ROLx, Dictionnaire de la Bible, t. IV.

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    ca HKvi i: r.iBLiouE.lier et lie lianchiiii. On ne discute mme plus sur lurigine africaineou non africaine de Vlhila, ou encore sur l'unit ou la pluralit desanciennes versions latines. On a compris (ju'avant de proposer avecquelque chance de vrit des rponses ces questions complexes,tout un travail prliminaire s'impose. Les solutions doivent tre pr-pares par un invenlaii'e mthodique et complet et par un classe-ment pralable de tous les documents, ainsi (juc par des monogra-phies sur quelques points de dtail bien choisis, qui jalonnent laroute et permettent au futur historien de s'orienter, en lui fournis-sant des points de repre srs et bien dtermins.

    C'est de ce ct qu'ont port les plus rcentes recherches dessavants. On s est vite aperu (|u'il y avait intrt diviser la ([ues-tion, tudier sparment l.Vncien et le Nouveau Testament et \commencer par le Nouveau. Car il est iDlinimcnt probable que tousles livres de l'criture n'ont pas t traduits en mme temps et n'ontpas eu la mme circulation. .Vppliquer tous un traitement uniformeserait s'exposer des mcomptes et des confusions regrettables.On s'est occup presque exclusivement jusqu'ici du Nouveau Tes-

    tament, Aussi faut-il bien se garder d"appli((uer toute la Bible lesaffirmations parses qu'on rencontre c et l sur les anciennes ver-sions latines, car il ne s'agit la plupart du temps que du NouveauTestament, et mme vrai dire des seuls Evangiles sur lesquels nouspossdons les documents les plus nombreux et les mieux connus.Le premier pas dcisif vers une solution durable a t fait en 1881,[)ar deux savants anglais, Westcott ef Hort, dans l'introduction leurdition criticjue du texte grec du Nou\eau Testament 1;. Les im-menses donnes qu'ils avaient recueillies pendant vingt ans leur per-mirent de tenter une classilicalion des anciens textes latins. La divi-sion en textes africains, europens et italiens qu'ils ont propose abien support le feu de la critique (2). Les tudes postrieures ontconfirm la justesse de leur induction, au moins pour ce (jui concerneh's textes africains. Un point parait tre dlinilivement aaiticnlirc du Nouveau Testament.Cette version ou recension, nous la connaissons p.iil'aitement. Letexte en a t prcstpie entirement reconstitu*, hej Westcott et Hortavaient signal la parent des manuscrits Hnhhirnsis (ki et Pa/atinui; Poiiif.ksDAPIlkS SKS CHATIONS.

    (3n a dit que quand mme tous les manuscrits de l'Kcriture seraientperdus, il serait encore possible d'en reconstituer le texte au moyendes citations des anciens Pres. En supposant que tous les versets del'criture aient t cits, ce qui n'est gure vraisemblable, la tAchede les runir et de les ordonner ne serait assurment pas facile.Klle lest davantage, quand il s'agit de tirer le texte d'un seul livretrs connu, comme le psautier, des (euvres d'un seul l*re. et quece Pre a comment le psautier, en reproduisant peu prs in-tgralement dans son commentaire le texte qu'il voulait expliquer.

    Saint Hilaire de Poitiers a en etlet crit vers SG une volumineuseexposition du psautier. Il y suit d'un bout l'autre une mthodeuniforme. Cette mthode consiste prendre la suite chacun desversets du psaume qu'il veut commenter et en donner une inter-prtation allgorique. Celte mthode d'exgse a perdu pour nousbeaucorq) de son intrt, mais elle nous a valu la citation textuellede tous les psaumes ainsi comments. Kt il suffit de mettre la lileles versets successivement comments pour i-econstituer le texteint^rral d'un psaume d

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    I.E TKXTE DU PSxVUTIER DE SAINT IIII.AIHE DE 1>()IT1EUS. 67incorrects, et qu'on no doit pas hsiter les adopter contre le tmoi-gnage des meilleurs manuscrits. Xous croyons que c'est le cas deU en particulier, qui a conserv un certain nombre de leons quinous ont paru originales. Zingerle, qui prfre toujours a priori letexte de V ou de G, ne nous donne pas alors le vritai3le texte desaint Hilaire.

    Zingerle no parat pas non plus avoir attach assez d'importanceau tmoignage du commentaire lui-mme. C'est un tmoin de con-trle de premier ordre. Nous ne parlons pas uniquement des remar-ques de critique textuelle, malheureusement trop peu nombreuses,qu'on rencontre et l et qui mettent hors de doute le texte desaint Hilaire. Il ne peut alors y avoir d'hsitation possible. Mais lecommentaire ordinaire permet la plupart du temps de contrler lesmots les plus importants du texte. Saint Hilaire procde toujours dola mme manire : il reprend chacun des mots du texte, il les tourneet les retourne, les analyse, les compare avec d'autres passages dercriture, afin d'en dcouvrir le sens qu'il appelle spirituel , detelle sorte que les mots de valeur reviennent invariablement dansl'exposition deux ou trois ou quatre fois avec un sens allgorique ousous forme d'application morale. Un peu d'attention fait tout de suitedcouvrir le terme prcis qu'il vise. L'examen du contexte est doncun moyen de contrle qui, pour tre dlicat dans l'application, n'enest pas moins un des plus srs. Une leon qui s'harmonise parfaite-ment avec le contexte est excellente ; une leon dont les mots sontentirement trangers au commentaire devient immdiatement sus-pecte, alors mme qu'elle se trouverait dans tous les manuscrits.

    Citons quelques exemples o l'dition de Zingerle parait tre endfaut. Zingerle a adopt pour Ps. ii, 3 la leon de V, et proiciumus anobisiugiim ipsorum. Nous n'avons pas hsit un seul instant reve-nir la leon de K, juge avec- raison meilleure par les diteurs deVrone. En effet, il n'y a pas craindre ici que R ait t corrig surla Vulgate, puisque proiciamus est la leon de la Vulgate. De pluspour quiconque est au courant des habitudes de saint Hilaire, il n'estpas douteux que le commentaire ne suppose abiciamus. De mmepour Ps. Lxxxviii, 28, cit bi Ps. cxxxi, 19. Zingerle a adopt laleon e./celsum prae reges terrae avec VGPT, mais la vritable leonnous a paru avoir t conserve par R excelsum super reges terrae.Car il n'a pu tre corrig sur la Vulgate qui porte excelsum praeregibus terrae, et c'est la leon invariable de In Ps. lxix, 2 et de/// Ps. cxLiir, 21, o le mme texte est cit. Nous n'avons aucuneraison de mettre saint Hilaire en contradiction avec lui-mme. Au

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    es lVUK BIBLIQUE.Ps. cxMir, (), Zingcrle, d'accord avoc les meilleurs manuscrits L'VK.retient la leon no/i confundar cum respicio in mandata tua. Etpourtant il semble bi. On ne peut donc poser en prin-cipe absolu que les leons de V ou de G doivent tre toujours prfres celles de \\ lus modcines, moins barbares. |>lusclairs. Nous ne faisons d'ailleurs aucune dillicMll de reconnatre (|uc

    I //( /'

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    \ TEXTK or PS.VUTIRR DE SAINT IIII.ATKK DE POITIERS. 69la citation faite les yeux sur le manuscrit donne plus de garanties,et que la citation faite de mmoire ofl're plus de dangers. Avec lesmeilleures intentions du monde, on peut tre trahi par sa mmoire.Quand on cite de mmoire, un mot est facilement remplac, par unsynonyme, une expression par une autre quivalente, deux textessemblables se fondent en un seul, en un mot la citation cesse d'trelittral(\ bien que la pense reste intacte. C'est ce (|ue nous ne devronspas perdre do vue, car un bon nombre des citations de saint liilairerentrent probablement dans cette catgorie.Une premire raison qui nous porte croire que saint IHlaire citait

    ri'xriture avec une trs grande exactitude, c'est l'extrme importancequ'il attache dans son commentaire la lettre mme et aux dtailsen apparence les plus insignifiants du texte. Ainsi par exemple, com-ment Ps. cxxxvii, 2, adurabo ad teniphun sanctum tuimi, il nous faitremarquer que le texte porte ad templum et non in templo, ce quipourtant en soi ne donne pas une nuance de sens bien apprcia-ble (11. Un peu plus loin dans le commentaire du psaume cxxxviii,il fait une autre observation du mme genre : non de longe inlelligis,ait..., sed de longe infellexisn{'2). Il voit une grande diffrence entrepsalmus cantici et canticum psalmi (3), entre illius Dauid et illiDauid (4), entre super manum dexterain tuani et ^uper manmn dexte-rae luae (5). Nous citons dessein des exemples o les diffrences nesont que d'ordre textuel. On pourrait les multiplier. Voil certaine-ment quelqu'un qui ne plaisante pas avec l'exactitude. Nous devonsdonc supposer chez saint Hilaire l'intention habituelle de reproduirefidlement avec la dernire prcision la lettre mme du texte qu'ilcommente ou qu'il cite, surtout quand il a son manuscrit sous lesyeux.Nous en conclurons tout d'abord que pour le texte des psaumes

    qu'il a comments et dont il reproduit intgralement le texte dans soncommentaire, il ne s'est pas cart, mme dans les moindres dtails,de son manuscrit. Car il n'y a,pas se demander ici s'il cite de m-moire. Il est bien vident qu'il n'a pu crire son commentaire qu'entenant pour ainsi dire constauiment les yeux sur son manuscrit. D'ail-leurs nous avons en quelque sorte la preuve de sa scrupuleuse exac-

    (1) In Ps. cxxxYii, 6.(2) fn Ps. cxxxviii, 8.(3) Itistruct., 17.(4^ In eo tamen quam non illius Dauid, sed illi Dauid praescribitur... In Ps. lxvui, 1.(5) Absoluta res esset, si dictum esset; super manum dexteram iiiam. At uero cuin

    ila dicitur : super manum dexterae tuae... In Ps. cxx, H.

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    70 HE\1:K niBLlQUE.titiulo dans les remai-qucs de critiqiio textuello cjiic la comparaisonde son manuscrit avec le grec ou avec d'autres manuscrits l'ont amen faire. Il signale les divergences, mais il ne se croit jamais autoris changer son texte. Par exemple, il trouve ([ue praeciijita, Dominr,f't diuide linguas eoriim, Ps. i.iv, 10, ne traduit pas avec assez depioision le grec y.aTaziv-:'.?:;, (pi'il faudrait rendre d'aprs lui pardemei'fjv in profuiidiim, mais il conserve \\3iXin\om^ praecipi