24
LES ANNONCES DE LA SEINE RENTRÉE SOLENNELLE Barreau de Bordeaux L’avocat, défenseur de la Défense par Bernard Quesnel ............................................................................2 Le cercle des plaideurs disparus par Selim Vallies...................................................................................7 De la nécessité de s’indigner encore par Clarisse Casanova ..........................................................................9 Eloge de la folie par Matthieu Chauvet ......................................................................11 AGENDA......................................................................................5 AU FIL DES PAGES La loi peut-elle dire l'histoire ? sous la direction de Bertrand Favreau.............................................13 La fraude pénale en droit de la sécurité sociale par Renaud Salomon........................................................................14 SOCIÉTÉ Quel avenir pour les retraites ? Continuité et justice par Jean-Marc Ayrault ....................................14 VIE DU DROIT Ordre des Avocats au Conseil d’Etat et à la Cour de la cassation Revue annuelle Justice & Cassation : « La bonne administration de la justice » ........................................15 Association Internationale de Droit Pénal ........................24 ANNONCES LEGALES ...................................................16 J OURNAL OFFICIEL D’ANNONCES LÉGALES - I NFORMATIONS GÉNÉRALES, J UDICIAIRES ET TECHNIQUES bi-hebdomadaire habilité pour les départements de Paris, Yvelines, Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis et Val de Marne 12, rue Notre-Dame des Victoires - 75002 PARIS - Téléphone : 01 42 60 36 35 - Télécopie : 01 47 03 92 15 Internet : www.annoncesdelaseine.fr - E-mail : [email protected] FONDATEUR EN 1919 : RENÉ TANCRÈDE - DIRECTEUR : JEAN-RENÉ TANCRÈDE Lundi 17 juin 2013 - Numéro 37 - 1,15 Euro - 94 e année Photo © Jean-René Tancrède - Téléphone : 01.42.60.36.35 Barreau de Bordeaux Séance Solennelle de Rentrée - 14 juin 2013 Matthieu Chauvet, Clarisse Casanova, Bernard Quesnel et Selim Vallies L e Barreau de Bordeaux a célébré sa Rentrée Solennelle dans le cadre magnifique du Palais de la Bourse érigé le 9 septembre 1749, il revenait au Bâtonnier Bernard Quesnel d’accueillir ses invités ce vendredi 14 juin 2013. Ce fut un grand rassemblement de prestigieuses personnalités issues des mondes politique, juridique, judiciaire, économique et universitaire qui étaient venues assister à la 190 ème édition pour écouter de jeunes et talentueux avocats bordelais, lauréats de la Conférence du Stage, prononcer les discours d’usage. Cette année, le premier secrétaire Selim Vallies a discouru sur le thème « Le cercle des plaideurs disparus », quant à Clarisse Casanova et Matthieu Chauvet, deuxièmes secrétaires ex-aequo, ils ont respectivement choisi de plaider sur « La nécessité de s’indigner encore » et sur « L’éloge de la folie ». Nous les félicitons d’entretenir, par leurs exceptionnelles joutes oratoires, une tradition d’excellence orale. Ayant pris ses fonctions le 1 er janvier 2012, le Bâtonnier Bernard Quesnel, après avoir rendu hommage à ses consoeurs et confrères disparus, a dressé un bilan provisoire de ses actions à la tête du Barreau bordelais qui compte 1 330 avocats. Il a voulu placer « sa dernière rentrée » sous le signe de la tradition et de la modernité. Après avoir félicité Anne Cadiot-Feidt qui prendra sa place en janvier prochain, il a incité les avocats de France à méditer les leçons du passé à propos de l’aide juridictionnelle et de la taxe sur les actes de justice : rappelant l’impôt instauré par Louis XIV pour financer la guerre de 1674 qui provoqua une profonde révolte à Bordeaux dès le 26 mars 1675, et pour laquelle le Roi envoya, à partir du 17 novembre 1675, 18 régiments pour réprimer les « révolutionnaires ». A l’aube du troisième millénaire, il est donc regrettable de constater que l’Etat, dont la justice est une des cinq missions régaliennes, « fait supporter par la profession d’avocat l’accès au système judiciaire des plus démunis ». L’hôte de la Maison de l’Avocat de la rue de Cursol a ensuite clairement posé la question d’une représentation professionnelle forte des avocats en France : « si le Barreau français ne peut sérieusement se concevoir sans le Barreau de Paris, il ne peut non plus se concevoir sans le Barreau de province. Notre gouvernance doit être repensée ». Faute de trouver une « organisation professionnelle efficiente au 21 ème siècle, l’avocat que nous connaissons disparaîtra bien plus rapidement que nous le craignions »; à moins que ne cessent « les guerres picrocholines entre ceux qui prétendent exercer les plus hautes responsabilités au sein de notre profession » a-t-il ajouté. Pour conclure sa brillante allocution, il a exhorté ses confrères à « rester particulièrement vigilants » afin qu’ils puissent « continuer à vivre sur une terre de liberté dans un contexte plus proche du progrès que de la décadence ».

Edition du lundi 17 juin 2013

Embed Size (px)

DESCRIPTION

 

Citation preview

Page 1: Edition du lundi 17 juin 2013

LES ANNONCES DE LA SEINE

RENTRÉE SOLENNELLEBarreau de BordeauxL’avocat, défenseur de la Défensepar Bernard Quesnel ............................................................................2Le cercle des plaideurs disparuspar Selim Vallies...................................................................................7De la nécessité de s’indigner encorepar Clarisse Casanova ..........................................................................9Eloge de la foliepar Matthieu Chauvet ......................................................................11AGENDA......................................................................................5AU FIL DES PAGESLa loi peut-elle dire l'histoire ?sous la direction de Bertrand Favreau.............................................13La fraude pénale en droit de la sécurité socialepar Renaud Salomon........................................................................14SOCIÉTÉQuel avenir pour les retraites ?Continuité et justice par Jean-Marc Ayrault ....................................14VIE DU DROITOrdre des Avocats au Conseil d’Etatet à la Cour de la cassationRevue annuelle Justice & Cassation :« La bonne administration de la justice » ........................................15Association Internationale de Droit Pénal ........................24ANNONCES LEGALES ...................................................16

JOURNAL OFFICIEL D’ANNONCES LÉGALES - INFORMATIONS GÉNÉRALES, JUDICIAIRES ET TECHNIQUESbi-hebdomadaire habilité pour les départements de Paris, Yvelines, Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis et Val de Marne

12, rue Notre-Dame des Victoires - 75002 PARIS - Téléphone : 01 42 60 36 35 - Télécopie : 01 47 03 92 15Internet : www.annoncesdelaseine.fr - E-mail : [email protected]

FONDATEUR EN 1919 : RENÉ TANCRÈDE - DIRECTEUR : JEAN-RENÉ TANCRÈDE

Lundi 17 juin 2013 - Numéro 37 - 1,15 Euro - 94e année

Phot

o ©

Jea

n-R

ené

Tanc

rède

- T

élép

hone

: 01

.42.

60.3

6.35

Barreau de BordeauxSéance Solennelle de Rentrée - 14 juin 2013

Matthieu Chauvet, Clarisse Casanova, Bernard Quesnel et Selim Vallies

Le Barreau de Bordeaux a célébré sa RentréeSolennelle dans le cadre magnifique du Palaisde la Bourse érigé le 9 septembre 1749, ilrevenait au Bâtonnier Bernard Quesnel

d’accueillir ses invités ce vendredi 14 juin 2013. Ce futun grand rassemblement de prestigieuses personnalitésissues des mondes politique, juridique, judiciaire,économique et universitaire qui étaient venues assisterà la 190ème édition pour écouter de jeunes et talentueuxavocats bordelais, lauréats de la Conférence du Stage,prononcer les discours d’usage.Cette année, le premier secrétaire Selim Vallies adiscouru sur le thème « Le cercle des plaideursdisparus », quant à Clarisse Casanova et MatthieuChauvet, deuxièmes secrétaires ex-aequo, ils ontrespectivement choisi de plaider sur « La nécessité des’indigner encore » et sur « L’éloge de la folie ».Nous les félicitons d’entretenir, par leurs exceptionnellesjoutes oratoires, une tradition d’excellence orale.Ayant pris ses fonctions le 1er janvier 2012, le BâtonnierBernard Quesnel, après avoir rendu hommage à sesconsoeurs et confrères disparus, a dressé un bilanprovisoire de ses actions à la tête du Barreau bordelaisqui compte 1 330 avocats. Il a voulu placer « sa dernièrerentrée » sous le signe de la tradition et de la modernité.Après avoir félicité Anne Cadiot-Feidt qui prendra saplace en janvier prochain, il a incité les avocats de Franceà méditer les leçons du passé à propos de l’aide

juridictionnelle et de la taxe sur les actes de justice :rappelant l’impôt instauré par Louis XIV pour financerla guerre de 1674 qui provoqua une profonde révolteà Bordeaux dès le 26 mars 1675, et pour laquelle le Roienvoya, à partir du 17 novembre 1675, 18 régimentspour réprimer les « révolutionnaires ». A l’aube dutroisième millénaire, il est donc regrettable de constaterque l’Etat, dont la justice est une des cinq missionsrégaliennes,« fait supporter par la profession d’avocat l’accès ausystème judiciaire des plus démunis ».L’hôte de la Maison de l’Avocat de la rue de Cursol aensuite clairement posé la question d’une représentationprofessionnelle forte des avocats en France :« si le Barreau français ne peut sérieusement se concevoirsans le Barreau de Paris, il ne peut non plus se concevoirsans le Barreau de province. Notre gouvernance doit êtrerepensée ».Faute de trouver une « organisation professionnelleefficiente au 21ème siècle, l’avocat que nous connaissonsdisparaîtra bien plus rapidement que nous le craignions » ;à moins que ne cessent « les guerres picrocholines entreceux qui prétendent exercer les plus hautes responsabilitésau sein de notre profession » a-t-il ajouté.Pour conclure sa brillante allocution, il a exhorté sesconfrères à « rester particulièrement vigilants » afin qu’ilspuissent « continuer à vivre sur une terre de liberté dansun contexte plus proche du progrès que de la décadence ».

Page 2: Edition du lundi 17 juin 2013

2 Les Annonces de la Seine - lundi 17 juin 2013 - numéro 37

Rentrée solennelle

L’avocat, défenseur de la Défensepar Bernard Quesnel

(...)

Une tradition désormais séculaire,nous permet de célébrer la 190ème

édition de la Rentrée Solennelle duBarreau de Bordeaux, à laquelle est

attachée depuis l’origine, la cérémonie destinéeà permettre, aux plus talentueux de nos jeunesConfrères, de prononcer les discours d’usagecomme étant lauréats de la Conférence du Stagede notre Barreau.C’est à nouveau sous les voûtes du Palais de laBourse, chef d’œuvre de l’architecture classique,que le Barreau a choisi d’allier traditionvestimentaire et modernité oserai-je dire« musicale », tant il est vrai que nous nousattachons à notre Robe et notre déontologietout en investissant des branches de plus enplus nombreuses du droit, et qu’évoluent nosexercices professionnels.Je me préparais à me réjouir au crépuscule del’exercice de ma fonction de Bâtonnier et à saluerl’heureuse initiative du décret du 15 avril 2013abrogeant le décret du 3 avril 2012 créantl’article 97.1 de notre règlementation permettantl’accès à notre profession aux « personnesjustifiant (de) 8 ans au moins d’exercice deresponsabilité publique les faisant directementparticiper à l’élaboration de la loi… ».Ce conditionnel n’était guidé que par de récentesévolutions législatives à l’égard desquellesj’envisageais, au nom de mes Confrères, destigmatiser le projet de loi sur la transparencede la vie publique, qui avait cru utile d’exclure,dans un premier temps, les avocats qualifiésd’affaire, catégorie juridique inexistante, desmandats parlementaires et qui marquait, ànouveau, la défiance manifestée par l’ensemblede nos représentants à l’égard de notreprofession.

Des évolutions hiératiques et récentesm’amènent cependant aujourd’hui à souhaiterque le répit partiel dont nous bénéficions soitutilisé efficacement afin que l’image des gens deRobe soit perçue à l’aune de leur compétenceet de leur déontologie et non à celle del’ignorance.Notre Barreau, le Vème de l’hexagone, fort deses 1330 avocats en exercice, a, dans ce contextedélicat, l’honneur et le plaisir de vous accueillir.(…)

Introduction

La loi numéro 71-1130 du 31 décembre 1971dispose en son article 15 alinéa 2 : « Le Conseilde l’Ordre est présidé par un Bâtonnier élu pour2 ans… ».Ayant pris mes fonctions le 1er janvier 2012, monmandat va donc s’achever le 31 décembre decette année.Sans qu’il s’agisse de dresser un inventaire quirappellerait inévitablement l’un de ceux à la« Prévert », la diversité des fonctions exercéesm’amène à tenter d’établir un bilan provisoirede ces dix-huit mois passés dans cette belleMaison de l’Avocat de la rue de Cursol.Encore très sincèrement merci, à vous tous, meschers Confrères, de m’avoir permis de vivre cetteexpérience unique d’avoir pu être, tout au longde ces deux années, ce que l’on appellecommunément le premier défenseur de ladéfense.Nous avons fêté l’année passée le550ème Anniversaire du Barreau de Bordeaux dontla date de naissance est concomitante à celle duParlement en 1462. Nous fêtons cette année le190ème Anniversaire de la Conférence du Stagecréée par le Bâtonnier Louis Brochon en 1824.Ces dates sont le signe, bien réel, de la vitalitéde notre Barreau, alliant traditions et modernité.L’une des plus profondes mutations de notreOrdre ainsi que de notre profession est sonextraordinaire rajeunissement. Nous devonsdonc, non seulement, former nos jeunes en leur

LES ANNONCES DE LA SEINESiège social :

12, rue Notre-Dame des Victoires - 75002 PARISR.C.S. PARIS B 339 349 888

Téléphone : 01 42 60 36 35 - Télécopie : 01 47 03 92 15Internet : www.annoncesdelaseine.fr

e-mail : [email protected]

Etablissements secondaires :l 4, rue de la Masse, 78910 BEHOUST

Téléphone : 01 34 87 33 15l 1, place Paul-Verlaine, 92100 BOULOGNE

Téléphone : 01 42 60 84 40l 7, place du 11 Novembre 1918, 93000 BOBIGNY

Téléphone : 01 42 60 84 41l 1, place Charlemagne, 94290 VILLENEUVE-LE-ROI

Téléphone : 01 45 97 42 05

Directeur de la publication et de la rédaction :Jean-René Tancrède

Comité de rédaction :

Thierry Bernard, Avocat à la Cour, Cabinet BernardsFrançois-Henri Briard, Avocat au Conseil d’EtatAgnès Bricard, Présidente de la Fédération des Femmes AdministrateursAntoine Bullier, Professeur à l’Université Paris I Panthéon SorbonneMarie-Jeanne Campana, Professeur agrégé des Universités de droitAndré Damien, Membre de l’InstitutPhilippe Delebecque, Professeur de droit à l’Université Paris I Panthéon SorbonneBertrand Favreau, Président de l’Institut des Droits de l’Homme des Avocats Européens,ancien Bâtonnier de BordeauxDominique de La Garanderie, Avocate à la Cour, ancien Bâtonnier de ParisBrigitte Gizardin, Magistrat honoraireRégis de Gouttes, Premier avocat général honoraire à la Cour de cassationChloé Grenadou, Juriste d’entrepriseSerge Guinchard, Professeur de Droit à l’Université Paris II Panthéon-AssasFrançoise Kamara, Conseiller à la première chambre de la Cour de cassationMaurice-Antoine Lafortune, Avocat général honoraire à la Cour de cassation Bernard Lagarde, Avocat à la Cour, Maître de conférence à H.E.C. - EntrepreneursJean Lamarque, Professeur de droit à l’Université Paris II Panthéon-AssasChristian Lefebvre, Président Honoraire de la Chambre des Notaires de ParisDominique Lencou, Président d’Honneur du Conseil National des Compagniesd’Experts de JusticeNoëlle Lenoir, Avocate à la Cour, ancienne MinistrePhilippe Malaurie, Professeur émérite à l’Université Paris II Panthéon-AssasJean-François Pestureau, Expert-Comptable, Commissaire aux comptesGérard Pluyette, Conseiller doyen à la première chambre civile de la Cour de cassationJacqueline Socquet-Clerc Lafont, Avocate à la Cour, Présidente d’honneur de l’UNAPLYves Repiquet, Avocat à la Cour, ancien Bâtonnier de ParisRené Ricol, Ancien Président de l’IFACFrancis Teitgen, Avocat à la Cour, ancien Bâtonnier de ParisCarol Xueref, Directrice des affaires juridiques, Groupe Essilor International

Publicité :Légale et judiciaire : Didier ChotardCommerciale : Frédéric Bonaventura

Commission paritaire : n° 0713 I 83461I.S.S.N. : 0994-3587Tirage : 14 187 exemplairesPériodicité : bi-hebdomadaireImpression : M.I.P.3, rue de l’Atlas - 75019 PARIS

Copyright 2013Les manuscrits non insérés ne sont pas rendus. Sauf dans les cas où elle est autoriséeexpressément par la loi et les conventions internationales, toute reproduction, totale oupartielle du présent numéro est interdite et constituerait une contrefaçon sanctionnéepar les articles 425 et suivants du Code Pénal.

Le journal “Les Annonces de la Seine” a été désigné comme publicateur officiel pourla période du 1er janvier au 31 décembre 2013, par arrêtés de Messieurs les Préfets :de Paris, du 27 décembre 2012 ; des Yvelines, du 31 décembre 2012 ; des Hauts-de-Seine, du 31 décembre 2012 ; de la Seine-Saint-Denis, du 27 décembre 2012 ; duVal-de-Marne, du 27 décembre 2012 ; de toutes annonces judiciaires et légales prescritespar le Code Civil, les Codes de Procédure Civile et de Procédure Pénale et de Commerceet les Lois spéciales pour la publicité et la validité des actes de procédure ou des contratset des décisions de justice pour les départements de Paris, des Yvelines, de la Seine-Saint-Denis, du Val-de-Marne ; et des Hauts-de-Seine.N.B. : L’administration décline toute responsabilité quant à la teneur des annonces légales.

- Tarifs hors taxes des publicités à la ligneA) Légales :Paris : 5,48 € Seine-Saint-Denis : 5,48 €Yvelines : 5,23 € Hauts-de-Seine : 5,48 €Val-de-Marne : 5,48 €B) Avis divers : 9,75 €C) Avis financiers : 10,85 €D) Avis relatifs aux personnes : Paris : 3,82 € Hauts-de-Seine : 3,82 €Seine-Saint Denis : 3,82 € Yvelines : 5,23 €Val-de-Marne : 3,82 €- Vente au numéro : 1,15 €- Abonnement annuel : 15 € simple

35 € avec suppléments culturels95 € avec suppléments judiciaires et culturels

COMPOSITION DES ANNONCES LÉGALESNORMES TYPOGRAPHIQUES

Surfaces consacrées aux titres, sous-titres, filets, paragraphes, alinéasTitres : chacune des lignes constituant le titre principal de l’annonce sera composée en capitales (oumajuscules grasses) ; elle sera l’équivalent de deux lignes de corps 6 points Didot, soit arrondi à 4,5 mm.Les blancs d’interlignes séparant les lignes de titres n’excéderont pas l’équivalent d’une ligne de corps6 points Didot, soit 2,256 mm.Sous-titres : chacune des lignes constituant le sous-titre de l’annonce sera composée en bas-de-casse(minuscules grasses) ; elle sera l’équivalent d’une ligne de corps 9 points Didot soit arrondi à 3,40 mm. Lesblancs d’interlignes séparant les différentes lignes du sous-titre seront équivalents à 4 points soit 1,50 mm.Filets : chaque annonce est séparée de la précédente et de la suivante par un filet 1/4 gras. L’espace blanccompris entre le filet et le début de l’annonce sera l’équivalent d’une ligne de corps 6 points Didot soit2,256 mm. Le même principe régira le blanc situé entre la dernière ligne de l’annonce et le filet séparatif.L’ensemble du sous-titre est séparé du titre et du corps de l’annonce par des filets maigres centrés. Leblanc placé avant et après le filet sera égal à une ligne de corps 6 points Didot, soit 2,256 mm.Paragraphes et Alinéas : le blanc séparatif nécessaire afin de marquer le début d’un paragraphe où d’unalinéa sera l’équivalent d’une ligne de corps 6 points Didot, soit 2,256 mm. Ces définitions typographiquesont été calculées pour une composition effectuée en corps 6 points Didot. Dans l’éventualité où l’éditeurretiendrait un corps supérieur, il conviendrait de respecter le rapport entre les blancs et le corps choisi.

2012

Phot

o ©

Jea

n-R

ené

Tanc

rède

- T

élép

hone

: 01

.42.

60.3

6.35

Bernard Quesnel

Page 3: Edition du lundi 17 juin 2013

Les Annonces de la Seine - lundi 17 juin 2013 - numéro 37 3

Rentrée solennelle

transmettant nos savoirs et notre déontologiemais avant, et surtout, les protéger.Il s’agit là de la tâche première de notre ordinalitéet je sais que mes successeurs l’auront à cœur.A défaut, nos jeunes se tourneront vers d’autreshorizons et notamment celui des entreprises.Les arrêts Akzo Nobel et Puke n’y changerontrien, notre profession passant alorsinexorablement de celle d’opérateuréconomique à celle d’acteur de lamarchandisation du droit.Nous nous devons donc de mener ce combatsans complaisance mais sans ostracisme pourdemeurer ce que nous sommes. Nous avons renforcé les liens institutionnels,tant à l’intérieur du Barreau par ledéveloppement des instituts, qu’à l’extérieur parde nombreux jumelages et l’extensionterritoriale d’une CARPA communeregroupant, à présent dans quatredépartements, cinq barreaux du Sud-Ouest,qui en font l’une des premières CARPA deFrance.Je voudrais insister dans mon propos sur ladimension économique, qui n’est pas àconfondre avec la notion marchande, quecertains voudraient nous voir adopter tout ennous la reprochant par anticipation.Les Avocats sont à la tête d’entreprises civilesplus ou moins importantes ou plus ou moinslimitées, dans tous les cas, ils ont droit à la justerétribution de leur activité professionnelle àlaquelle ils n’ont eu accès qu’à la suite d’épreuvesparticulièrement longues et difficiles.Alors, je doute que la suppression du timbre de35 euros, remplacé par une contribution sur lechiffre d’affaires des cabinets, destinée, au moinspubliquement, à financer le secteur aidé, soitun signal favorable adressé à l’ensemble de notreprofession.Je voudrais enfin remercier l’ensemble desmembres du Conseil de l’Ordre avec lesquels j’aieu l’honneur de collaborer en regrettant quenombre de mes Confrères ignorent, ledévouement avec lequel certains d’entre eux,

consacrent une part importante de leur tempset de leur science, et ce, au profit de la collectivité. Tant qu’il existera des femmes et des hommescapables de donner, notre profession pourraprétendre rester debout.

Je ne saurai taire que, pour la première fois dansl’histoire du Barreau de Bordeaux, ce derniersera dirigé par une femme, je devrai dire : « seraenfin dirigé par une femme ». Il est vrai qu’il n’y a guère qu’en France, pays desdroits de l’Homme, que notre Barreau etquelques autres qui n’ont peut-être pas encorefranchi le cap du XXIème voire du XXème Siècle,s’interrogent.Fort heureusement, tous les oracles ne sont pasdes Cassandres, et je crois très utile que certainsd’entre nous trouvent le temps de lire enfin lemerveilleux ouvrage de Jean-Denis Bredin etThierry Levy : « Convaincre ». Ils y trouverontla preuve que selon la formule de FrançoisPoullain de La Barre : « L’esprit n’a pas de sexe ».

I. La dérive normatrice

Depuis plusieurs décennies, le secteur aidé estsource de polémiques au sein et à l’extérieur dela profession.A l’instar des médecins qui ne s’occupent quetrès rarement de l’organisation des coûts de lasanté « ce sont marginalement les Avocats quis’occupent des dépenses d’aide juridictionnelle ». (1)

On ne peut être qu’inquiets de constater, quenotre profession a cessé de jouer un rôle majeur,comme conseil du politique.Une telle situation nous conduitinexorablement, non vers un consensus de ladécision d’Etat, mais vers une réalitéhiérarchique qui nous amène à subir laréglementation, au rebours de notre aspirationprofonde, qui est d’inscrire la défense des libertésindividuelles et publiques de nos concitoyens,dans notre démocratie.

Il nous importe donc de reconquérir pas à pas,en commençant par les niveaux les plushumbles, l’intégralité des sphères décisionnelles,car nos partenaires ont au moins autant besoinde nous, que nous dépendons d’eux, même siaujourd’hui beaucoup l’ignorent ou feignent del’ignorer.L’hyperbolisme de la France jacobine voudraitnous imposer dans le droit fil de l’arrêt Cesareode la 3ème Chambre Civile de la Cour de cassationdu 7 juillet 2006, une concentration matérielledes moyens.C’est-à-dire dans un langage clair, une présentationnormée de nos écritures et probablement à terme,je crains à court terme une réduction drastiquede notre temps de plaidoirie.Pour concevables que soient ces points de vueextérieurs aux nôtres, la tendance à lastandardisation des prestations marque un reculdu concept qualifié par Louis Assier-Andrieu,de « l’économie de la qualité », si chère à notreprofession.Cette tendance, qui a pour corollaire la croyancedu citoyen devenu consommateur d’un savoirou d’un accès au savoir équivalent au nôtre, nepeut conduire, qu’à la défiance et au déclindurable de notre profession, dans sa réalitéromano-germanique.Le paradoxe est l’émergence de conventions biou multilatérale entre l’institution judiciaire etles barreaux où les particularismes locauxprennent le pas sur l’homogénéisation de laprocédure et comportent un réel risqued’inégalité à l’égard du corps social.

II. Les leçons de l’Histoire

Si « L’Histoire est encore plus rancunière que lesHommes » selon Nicolaï Karamzine, laissez-moivous conter la révolte du papier timbré qui sedéroula en Guyenne en 1675.Pour financer la guerre de 1674, le Roi LouisXIV instaura une taxe sur le papier timbré

Phot

o ©

Jea

n-R

ené

Tanc

rède

- T

élép

hone

: 01

.42.

60.3

6.35

Page 4: Edition du lundi 17 juin 2013

4 Les Annonces de la Seine - lundi 17 juin 2013 - numéro 37

Rentrée solennelle

rendue obligatoire pour tous les actessusceptibles d’être utilisés en justice.Cette taxe augmenta le prix des actes pour lesparticuliers et diminua sensiblement le nombredes affaires pour les professionnels.De ce mécontentement général, découla unsoulèvement qui commença à Bordeaux le26 mars 1675.Malgré l’arrêt du Parlement de Bordeaux du28 mars de la même année condamnant lesattroupements sous peine de mort, la révolteétait si profonde qu’un nouvel arrêt desuspension de cette taxe dû être pris.La conclusion de cette révolte fut, après larépression, la présence à Bordeaux, à partir du17 novembre 1675, de 18 régiments royauxdont dix de cavalerie qui passèrent l’hiver auxfrais de la ville.L’exil du Parlement fut consommé pendantquinze années.

Il faut savoir méditer les leçons du passé, ainsi,la réforme du 29 juillet 2011 instituant unenouvelle taxe sur les actes de justice destinée àabonder le budget du secteur aidé à l’encontredu principe d’indivisibilité budgétaire, estd’autant moins comprise, que les Avocatsdoivent en faire usuellement l’avance, mais quedans le même temps, le budget global de l’aidejuridictionnelle a diminué de 30 % ces cinqdernières années.L’évolution des modalités budgétaires de cettetaxe n’est pas de nature à satisfaire la profession.La conclusion est que l’Etat, dont la justice estl’une des cinq missions régaliennes, faitsupporter par notre profession dite encorelibérale l’accès au système judiciaire des plusdémunis.Il est certain que de tels artifices ne pourrontéternellement perdurer.La profession a, depuis longtemps, milité pourque les charges du secteur aidé soientuniformément réparties sur l’ensemble desactivités juridiques mais, jusqu’à présent, sanssuccès.Il en est ainsi de nombre de nos réformes.

C’est pourquoi, il faudra bien, qu’enfin, laprofession soit fortement impliquée dansl’ingénierie sociale qui doit être à l’origine desdécisions de l’Etat.

III. L’adolescence est un âge ingrat

Comme en écho, nous nous sommes répondupar discours interposés de Bâtonnier àBâtonnier sur le maillage territorial.En l’état de nos institutions, je vois difficilementcomment se passer de la présence d’unBâtonnier partout où il existe un procureur, c’est-à-dire partout où il existe un tribunal de grandeinstance.Ce n’est probablement pas la meilleureorganisation à laquelle l’on pourrait songer maisnotre présence est indispensable afin d’assurerla libre expression de nos Confrères, tant quenotre Barreau Français ne connaitra pas l’unitéindispensable à son efficacité. Par les assauts incessants qu’elle subit tant àl’endroit du périmètre de son exercice, que dela limitation de ses prérogatives citoyennes, deson exclusion à la sécurisation juridique desnouveaux champs d’activité dévolusprincipalement à des acteurs dont ladéontologie est inexistante, notre profession sefragilise.Tant bien que mal le Barreau français avaittrouvé un équilibre entre l’ordinalité et lareprésentation directe, entre Paris et la province,entre le conseil et l’art oratoire.

Cette belle unité vient récemment d’êtreprofondément déstabilisée.Si l’impatience est l’apanage de la jeunesse, lavolonté de pouvoir si bien analysée par FriedrichNietzsche est universelle. Il ne s’agit pas deproférer quelque leçon de morale que ce soitmais d’inviter chacun des protagonistes à fairepreuve de maturité et de retenue car la politique

de la terre brûlée n’a toujours conduit qu’àl’échec, même les plus grands conquérants,d’Attila à Napoléon Bonaparte.Dans ce contexte professionnel complexe, ilappartient aujourd’hui aux plus grands desBarreaux de province représentant 35 % deseffectifs de la profession, d’assumer leursresponsabilités.Si le Barreau français ne peut sérieusement seconcevoir sans le Barreau de Paris, il ne peutnon plus se concevoir sans le Barreau deprovince.Notre gouvernance doit donc être repensée.Qu’il y ait débat sur l’organe fédérateur etcomme souvent sur les détails c’est-à-dire sadénomination, ne doit pas occulter le fait quedepuis plus de vingt ans le Conseil National desBarreaux (CNB) a permis l’union, certesimparfaite, mais bien réelle de la profession.C’est donc à partir des structures existantes quidevront être très profondément remaniées tantà l’égard de leur composition que de leurgouvernance, que notre Barreau doit s’attachersans relâche.

C’est donc à nous Bâtonniers et Amis des Centqu’il convient d’être l’interface entre Paris et laprovince en soutenant loyalement le Présidentde la Conférence des Bâtonniers qui est lereprésentant politique de l’ensemble desBarreaux de l’hexagone hors Paris, c’est-à-direla majorité du Barreau Français.Si d’aucuns se posaient la question de l’utilité dela Conférence des Bâtonniers de France etd’Outre-Mer, elle est aujourd’hui évidente et ilnous appartient de ne pas ou plus camper surdes postures, pour aborder enfin la questioncentrale d’une organisation professionnelleefficiente au 21ème siècle, seule garante de ladéfense des libertés de nos concitoyens.Mon sentiment est que plusieurs siècles doiventtrès largement suffire, pour passer del’adolescence à la maturité, et qu’il est doncgrand temps, que tous ceux qui prétendent àexercer les plus hautes responsabilités, arrêtentleurs « guerres picrocholines » pour se mettre au

Phot

o ©

Jea

n-R

ené

Tanc

rède

- T

élép

hone

: 01

.42.

60.3

6.35

Page 5: Edition du lundi 17 juin 2013

Les Annonces de la Seine - lundi 17 juin 2013 - numéro 37 5

Rentrée solennelle Agendaservice de notre profession, faute de quoil’avocat que nous connaissons disparaitra et ce,bien plus rapidement que nous le craignions.

IV. Les chances d’espérer

Depuis plusieurs années les Bâtonnierssuccessifs du Barreau de Bordeaux, fort des liensétroits entre notre ville, ses universités etl’univers francophone, disent et redisent encore,l’absolue nécessité d’un soutien fort et sans failleà l’endroit de nos Confrères venantprincipalement des pays d’Afrique.Nous sommes persuadés que dans l’exercice denotre langue commune, nous ne nouscontentons pas d’échanger des phonèmes, maisune véritable culture.Malheureusement cette culture a, pendant dessiècles, été celle du colonialisme et donc del’inégalité.C’est pourquoi je ferai mien les propos d’Henryde Montherlant pour lequel : « Les colonies sontfaites pour être perdues ».Notre langue et nos cultures communesconstituent le cinquième groupe de locuteursdans le Monde.Il en était ainsi en 2009, il en est toujours ainsien 2013.Si sur le podium, le mandarin, l’anglais etl’espagnol semblent inexpugnables, le russe etl’hindi ont joué aux chaises musicales.Sommes-nous pour cela une langue mondialeavec près de 290 millions de locuteurs ou400 millions suivant l’OIF représentant 75 paysdécomptant les francophones réels et lesfrancophones occasionnels ?En fait, je crains que la grande faiblesse de lafrancophonie soit l’étiquette ou la référence auxvocations impériales passées.Notre société hexagonale multiculturelle etmulti-ethnique du moins en apparence, atoujours demandé à ses citoyens une adhésionsans faille à ses valeurs.A ses partenaires notamment linguistiques, elledemande la reconnaissance de leur « part deFrance » dans leur culture.Il est donc grand temps que nousreconnaissions aussi dans notre langue et notreculture notre « part d’ailleurs » etprincipalement d’Afrique puisque notre langue

commune est présente sur tous les continents,tant il est vrai que si nous ne nousreconnaissons pas dans les autres, il y a fort àcraindre que les autres ne se reconnaissent pasen nous.Cette universalité culturelle doit nous permettreensemble d’affronter les grands défis futurs.Les courbes démographiques démontrent quedans près de quatre décennies, notre languesera la troisième de la planète avec plus de700 millions de locuteurs.Notre langue maternelle, telle que nous laparlons est, sur terre, la langue de la littérature,de la culture et de l’amour. Peut-être devrions-nous appartenir à l’univers symbolique de lapœsyphonie, nous serions des pœsyphones,c’est-à-dire ceux qui parlent la langue des poètes.La poésie n’a pas de sexe, pas de race, pas dereligion, elle est donc un vecteur qu’entend notrecœur.Nous nous sentirions non seulement plusproches, plus solidaires mais nous pourrionsdans notre langue commune par-delà nosdifférences, nous les « avocatus », œuvrer plusefficacement encore pour ce qui est l’essencede nos missions.

V. Le retour à la réalité

Deux mille treize, pas plus que les annéesprécédentes, n’est une belle année pour lesAvocats pratiquant dans des Etats où l’exercicedu pouvoir s’accommode mal de la liberté deton et de parole de nos Confrères.Il avait déjà fallu lutter contre l’incarcération le27 juillet 2011 du Bâtonnier Isidore Rufykini,Bâtonnier national du Burundi.Le 1er juillet 2012, le Bâtonnier MohamedAbdellah Aldouma du Barreau du Darfour étaitarrêté.Le 10 septembre 2012, le Bâtonnier Mbuy-Mbiye Tanayi du Barreau National de laRépublique Démocratique du Congo étaitmenacé d’interdiction d’exercer la profession etde la perte de son mandat de Bâtonnier.Plus fragile et à la fois géographiquement plusproche de nous, le Barreau Turc en la personnedu Bâtonnier d’Istanbul Yuel Sayman avait, dès1999, eu à s’opposer aux pratiques judiciairesd’un autre âge.

Phot

o ©

Jea

n-R

ené

Tanc

rède

- T

élép

hone

: 01

.42.

60.3

6.35

LE CONSEIL NATIONAL DESBARREAUX ET LE BARREAU DE CAEN 15ème rendez-vous de Cabourg : La liberté d'expressionColloque le 22 Juin 2013Grand hôtel de Cabourg Promenade Marcel Proust14390 CABOURGRenseignements : 02 31 86 39 [email protected] 2013-450

BUREAU INTERNATIONALCATHOLIQUE DE L’ENFANCEJustice juvénile : Quelle approche socio-éducative ?Congrès le 26 Juin 2013Centre de conférencesMinistère des Affaires Etrangèreset Européennes27, rue de la Convention75015 PARISRenseignements : 01 53 35 01 00 [email protected] 2013-451

L’UNIVERSITÉ DE ROUEN,L’UNIVERSITÉ DE HANOVREL’UNIVERSITÉ FRANCO-ALLEMANDEDE SARREBRUCKLe Traité de l’Elysée,Le socle d’une coopération exemplaire50 ans aprèsColloque les 27 et 28 juin 2013 Faculté de droit3, avenue Pasteur76000 ROUEN Renseignements : 02 32 76 98 82 [email protected] 2013-452

BARREAU DU VAL-DE-MARNE Les Indispensables Ateliers et Conférences du 1er au 5 juillet 2013Palais de justice 17-19, rue Pasteur Valléry-Radot 94110 CRETEIL Renseignements : 01 45 17 06 [email protected]

2013-453

BARREAU DE PARIS

Campus 2013 « 2013, Année de la Médiation :trois jours de médiation en continu...»Les 9, 10 et 11 juillet 2013Maison de l'UNESCO125 avenue de Suffren75007 PARISRenseignements : 01 47 55 54 50

[email protected]

2013-454

Page 6: Edition du lundi 17 juin 2013

Le 31 janvier 2013, le nouveau Bâtonnierd’Istanbul, Umit Kocasakal fut inculpé detentative d’entrave au déroulement d’uneprocédure judiciaire et a dû subir une premièreaudience pénale le 17 mai dernier, renvoyée au10 octobre prochain.Cette liste n’est malheureusement pas limitativeet partout dans le Monde, des Avocats et leursreprésentants sont assassinés, emprisonnés,persécutés parce qu’ils exercent leur mission etque leur ordinalité les défend. De nombreux barreaux se mobilisent ce quidémontre que quand la profession est unie, rienne lui est impossible.

Deux mille treize n’est pas non plus, sur un autreregistre, une belle année pour les Avocatsfrançais.

1- Le projet de loi sur la transparence prévoyait, dansun premier temps, l’interdiction du cumul desfonctions de parlementaire et d’avocat.Devant le tollé provoqué par cet ostracismediscriminatoire, nos législateurs ont beaucoup« œuvré » pour faire évoluer ce projet vers unesimple incompatibilité, entre les mandats dedéputés ou de sénateurs avec la seule fonctionde « conseil ».Le Conseil National des Barreaux avait jugécette prétendue notion juridique floue etinconstitutionnelle.Elle était surtout très mal venue.Elle aurait permis tout d’abord pour les plushabiles sous le couvert d’une locutionvolontairement imprécise de contourner lefutur texte.Elle l’était surtout, parce qu’elle marquait unedéfiance signifiante du pouvoir à l’endroit desgens de Robe par ignorance des règles régissantnotre profession règlementée.Le Président du Conseil National des Barreaux,Monsieur le Bâtonnier Christian Charriere-Bournazel, avait à cet égard écrit un très beléditorial le 28 mai dernier.Je craignais que ce texte ne soit adopté, restantpour nous, Avocats de base, un texte attentatoireà nos libertés fondamentales dont celle dereprésenter le peuple souverain. Par le miracle de navettes discrètes tout autantqu’efficaces, la Commission des Lois de

l’Assemblée Nationale a supprimé cetteincompatibilité parlementaire, tout en lamaintenant cependant, avec l’exercice desfonctions au Conseil Constitutionnel. Le pire,c’est-à-dire la rupture, a été de justesse évitée.Ne nous réjouissons cependant pas trop vite,les séances parlementaires relatives à la loi detransparence de la vie publique s’échelonnantdu 17 au 21 juin prochain, peuvent réserver biendes surprises.

C’est pourquoi les Avocats garderont enmémoire que la France, pays des Droits del’Homme, a sérieusement envisagé d’être leseul pays démocratique à interdire à unavocat en exercice d’être membre duParlement.Comme il faut parfois être désagréable pourêtre compris, j’inviterai Monsieur le coprésidentdu groupe des Députés EELV à plus de retenueet à se souvenir que l’honneur de la révolutionfrançaise a été portée par les Girondins desAvocats, Guadet, Gensonnet, Vergniaud etGrangeneuve, et que même si certains parprovocation s’en réfèrent à Robespierre, cedernier également était un membre de notreconfrérieJe ne ferai pas l’affront à cette assemblée dereprendre mon précédent discours mais s’il estune profession qui a donné à la République seslibertés les plus emblématiques, c’est trèscertainement la nôtre.

2 - Plus récemment encore, le projet de loi présentéen Conseil des Ministres le 2 mai 2013 créant l’actionde groupe à la française exclut la profession d’avocatde son champ d’application.Au prétexte d’éviter je cite « des effets perversà l’américaine », cette action a été réservée à 16associations de consommateurs agréées.Sans qu’il s’agisse d’une remise en cause du rôlefondamental du secteur associatif, cetteexclusion, au-delà de la surprise, est totalementinacceptable pour reprendre les termes utiliséspar Madame Christiane Feral-Schuhl, Bâtonnierde Paris.Là encore, nos élus se livrent, peut-êtreinvolontairement, à une stigmatisation et uneexclusion totalement inadmissibles de laprofession d’avocat.

3 - Enfin, le projet de loi sur la sécurisation del’emploi prévoit la prise en charge financièreobligatoire d’un expert-comptable dans le cadre d’unplan de sauvegarde à l’emploi afin d’aider lesorganisations syndicales dans leurs négociations.Les avocats qui, par la voix de leurs instances,avaient sollicité qu’un sort identique leur soitréservé, ont été exclus de ce périmètre…Tant va la cruche à l’eau, qu’à la fin, …. elle se casse.Les avocats sont donc considérés non pascomme étant les acteurs principaux de ladéfense, ni même de l’exercice du droit, maisaujourd’hui comme une variable d’ajustementqu’il est de bon ton, véhiculant une image d’uneprofession de nantis, d’assimiler à leur clientèle,pour mieux les affaiblir.Ne nous y trompons pas. Nous sommes en effetentrés dans une période troublée où l’hostilitémanifestée, car c’est bien de cela dont il s’agit, àl’égard de notre profession nécessite non pluscomme je vous y ai engagé l’année dernière à« nous réveiller » ; mais à mener le combat surle terrain de la première des libertés qui est celle,de pouvoir défendre une profession forte de sadéontologie et de ses valeurs pour assurer ladéfense, c’est-à-dire la liberté, de nosconcitoyens.

Conclusion

Toute limitation à l’exercice des fonctions desAvocats est un signe de régressiondémocratique. L’absence d’accès aux dossiersen matière de garde à vue et la mise en causepersonnelle des Avocats dans le cadre deprocédures qu’ils ont eues à connaître en est unsigne quotidien avant-coureur et alarmant. Il faut donc rester particulièrement vigilantspour que nous puissions continuer à vivre surune terre de liberté dans un contexte plusproche du progrès que de la décadence.Parce que nous portons tous la même Robe,parce que nous parlons tous la même langue,celle de la liberté, nous nous devons de respecternotre devoir le plus sacré, La Confraternité.Mesdames et Messieurs, je vous remercie devotre attention. Que la force soit avec vous…1 - Des avocats, identité, culture et devenir – Louis Assier-Andrieu.

6 Les Annonces de la Seine - lundi 17 juin 2013 - numéro 37

Rentrée solennelle

Phot

o ©

Jea

n-R

ené

Tanc

rède

- T

élép

hone

: 01

.42.

60.3

6.35

Page 7: Edition du lundi 17 juin 2013

Les Annonces de la Seine - lundi 17 juin 2013 - numéro 37 7

Rentrée solennelle

Le cercle des plaideursdisparus par Selim Vallies

L’an 2035, la justice n’est plus !Un 14 juin, une salle d’audience vétuste,une ambiance pesante, une jeunefemme frêle au regard bleu trottoir et

un numéro inscrit sur un post-it : RG : 60.000/95/B.Il est de coutume lors des rentrées solennellesque nos cœurs se fassent l’écho d’une fiertépassée mais la vue du carton d’invitation de cetteannée me pousse à évoquer avec vous notreavenir, notre futur à tous.Est née ainsi l’envie de partager avec votreassemblée ce qui pourrait être, sans notrecourage, la dernière des plaidoiries.Une plaidoirie écrite en 2035 devant le T.G.I.,le Tribunal des Grandes Inepties, transformésur réquisition en T.I.O., le Tribunal del’Insurrection Oratoire, une sorte de Courd’Assises d’exception, extraordinaire, calibréed’une procédure quasi militaire à l’image de cequi s’est fait de plus délicieux ou devrais-je diredélictueux et sombre dans l’histoire de notreJustice.Une plaidoirie, je vous le disais, afin de défendredes criminels bien bavards, les derniersapprentis plaideurs. C’est ce que l’on appellerale Procès du « Cercle des Plaideurs Disparus »,le procès de la Conférence du Stage.Oui, sous prétexte de célérité, de poly-technicitédu métier d’avocat et à coup de réformesincessantes et insidieuses, venues parfois denotre antre fratricide, la plaidoirie et avec elleson alchimie, l’oralité des débats, fut, vous lesavez déjà Mes Chers Confrères, interdite,prohibée, exilée, incarcérée, massacrée,guillotinée.

Le principe de l’absence de plaidoirie avaitmême intégré notre R.I.N. (1) devenu R.I.P., pourrequiescat in pace ou pour nos contemporains :Rest in peace.Après la justice des débats était née une justiceminute, économique, égale pour tous et surtout,

rapide. Un mauvais remake de la justice desquestions sacramentelles à l’époque des12 tables remaniée selon un idéal : le mutisme.L’arène du procès, autrefois spectacle n’étaitdevenue qu’un désordre social qu’il convenaitde tarir par tous les moyens y compris enémasculant la défense de son plus bel organe,sa voix.Les fléaux de notre monde avaient été vaincuset l’incontinence verbale du plaideur venait detrouver son vaccin en cette nouvelle justice.La jeunesse des barreaux s’était alors organiséeen mémoire à Louis-Ferdinand Bonnet, enconférences particulières afin de sauvegarderleur art de la parlotte durant cette période deprohibition des mots. Une sorte de résistanceà l’occupation de l’écrit et à la tyrannie du silencejudiciaire.Ils se rendaient coupables, le soir venu, de seréunir dans les bibliothèques de la ville afin deplaider à la chandelle les causes de leur Cabinetque désormais personne et surtout aucunMagistrat ne voulait entendre. Coupables, ilsavaient demandé à être jugés.

Les plaideurs conférenciers prirent alors placesur le banc noirâtre des accusés dans cette Courd’Assises, chapelle ardente, spécialement ré-ouverte pour l’occasion et composée tant deMagistrats que de Confrères déontologues etprésidée par un certain, un illustre Joseph K(2),lui même étonné de devoir donner la parole àla défense…Défense que l’on avait pris soin de museler ennommant comme défenseur officieux unsuppôt de cette nouvelle Justice, croyait-on : lapropre fille de Joseph K, Mademoiselle Anna K.Elle n’avait pas les épaules bien larges pour êtreavocate pénaliste, n’est-ce pas… elle semblaitavoir accepté cette justice de l’écrit.Pourtant elle fréquentait assidûment le Cercledes Plaideurs Disparus et ses plaidoiries sur lesbancs de la Conférence l’avaient fait surnommerSpécial K ou du nom de la célèbre arme deguerre AK47(3).Son père magistrat, bien sûr ignorait tout decette déviance.Nous l’entendîmes alors soupirer : « Affaire60000/95/B, la parole est à la défense ».Monsieur le Président,

Mon père, sur votre chaire vous êtes aux cieux.Que votre nom, la Justice, soit honoré mais quela liberté revienne. Ce soir, je n’ai pour pairs quemes compagnons de robe.Vous ne le savez guère mais voilà des mois queje côtoie la confrérie des avocats disparus, cetteConférence du Stage et ce soir à contre sangmais à cœur plein je vais plaider, plaider pourplaider, Monsieur, plaider pour l’oralité.Les grilles de votre palais sont encore doréesmais c’est désormais le service des monumentshistoriques qui possède l’imperium sur cettecour d’assises. La porte des vestiaires est fermée,les gens de robe ne sont plus et même votrehermine s’est enfuie dans ce terrier de poussièreque laissent tomber les crucifix.

Sous prétexte d’une justice rapide, vous avezmultiplié les lois jusqu’à en étouffer son principalaspect : la défense par la parole. « La justicedevait rendre des arrêts et avant de bien juger, ilfallait juger ».(4)

Vous avez mutilé Iris, cette belle déesse de ladiscorde. Vous avez renié vos lumières, et afind’éviter cette « humanité provocatrice, bruyante,confuse, verbeuse et encombrée de détails(5)» vousavez ré-inventé l’injustice. Sous prétexte que lajustice se suffisait à elle-même, vous avez sacrifiéce rouage fascinant, l’avocat, cet « homme placépour le bien public entre le tumulte des passionset le trône de la Justice(6)». Vous avez retiré la confiance des préceptes dela Justice.C’est par la parole que tous les acteurs du systèmepartageaient un concept nécessaire à toute justice: la Confiance : Confiance entre justiciables etavocats mais également entre avocats eux-mêmes puis entre avocats et juges. Et enfinconfiance des justiciables envers la justice.Il est nul couple, nul amitié, nul entente, nulennemi qui ne se parle pas. C’est parce qu’ilspouvaient être écoutés par leurs plaideursinterposés que les citoyens avaient confianceen leur justice.Plaider c’est plaire (7) Monsieur ! Mais ne voustrompez pas, il n’est pas d’avocat qui plaide sansque cela soit le reflet de la Justice sur le timbrede sa voix qui ne séduise.Vous avez préféré une justice sourde et muetteà notre justice aveugle(8).Vous avez spolié nos magistrats.Nos chers magistrats, cette oreille de la justice,ce sens si nécessaire afin que la Justice se rende.Sans la plaidoirie, les magistrats ont perdu touteleur prestance. Il n’y a plus d’audience, plusd’écoute, plus d’apparât, plus de robe rouge. Lesmagistrats sont devenus de simples bureaucratesweberiens(9), de simples boîtes aux lettres où l’ondépose des conclusions réduites à leur plussimple appareil, en un mot : des post-it.De cette guerre des post-it contemporaineenvoyés par R.P.V.A., ce Réseau de PlaidoirieVite Acquises… « de cette guerre jaillit la richesse,la ruine, l’acquittement ou la vengeancesatisfaite ».(10)

Et ne me parlez pas de cette justiceadministrative, cette justice où l’écrit règne enmaître. Mais qui sont ses maîtres, qui sont sesidoles, si ce ne sont ces plaideurs fous, cesplaideurs sans partie ? Ces commissaires dugouvernement devenus rapporteurs publics.Plaideurs autonomes, ce sont les stars de ce droitécrit qui livrent une plaidoirie d’envie, uneplaidoirie d’érudition, une plaidoirie d’artiste.

Phot

o ©

Jea

n-R

ené

Tanc

rède

- T

élép

hone

: 01

.42.

60.3

6.35

Selim Vallies

Page 8: Edition du lundi 17 juin 2013

Blum ou Romieu seraient-ils rentrés dansl’Histoire sans la parole ?Vous avez tari la justice de ses causes.Sans la parole des avocats, combien de combatsn’auraient pas pu voir le jour ?Sans les plaidoiries de Monsieur Badinter, lapeine de mort aurait–elle été abolie ? Sans lesdiscours d’Abraham Lincoln, appris par cœurpar des générations, l’esclavage aurait-il étéproscrit ? Sans le combat de Monsieur Mandela,l’apartheid aurait-il reculé ? Vous avez détruit notre passé et nos idoles.Même Fouquier-Tinville, ce Procureurmassacreur, à l’écoute de la Plaidoirie de Bellartdéfendant Madame de Rohan se mit à pleurer.« Quel triomphe d’éloquence, quel triomphe dela parole qu’une telle impression produite sur lecœur d’un tel homme. »(11)

Et lorsque notre Gambetta Bordelais eut fini deplaider, au procès du journaliste Delescluze, peuimportait la sanction que son client allait subir.Grâce à ses mots, à son souffle, c’est l’empiretout entier qui était condamné.(12)

Aujourd’hui, nos idoles se meurent Monsieuret l’une d’entre elles, ce Metzner, indiscipliné etbrillant en aura eu marre de briller dansl’obscurité. Surpris par tant de médiocrité, ilaura largué les amarres, d’une dernière plaidoiriebien blafarde. Certainement mis à mal, il aurarejoint le Dormeur du Val .(13)

Oh Capitaine, mon Capitaine !(14)

Fini est « le temps où le cœur battant, les mainstremblantes, nos jeunes confrères allaient avecpassion et avidité, en se haussant sur les orteilsau milieu d’un public haletant, essayer desurprendre les secrets de la réalité d’un procès »(15),d’un empoisonnement, d’un crime de sang.Fini est le temps où venus entendre uneplaidoirie, suspendus à la parole d’un orateurnous sentions courir les frissons et finalement,le sentiment du sublime, découvrions.De votre « banalité du mal »(16), et en retirant laParole à la Justice vous avez amputé le sentimentet toute humanité si propre à la Justice deshommes.Ce soir, sans vous avoir vaincu, Monsieur lePrésident, je sais que je vous ai convaincu etvotre loi deviendra votre châtiment.Ma fille, Anna, quelle mouche te pique ? Oh père L’O-RA-LI-TE.

« Un si grand et secret amour inavoué, si grand que tous vos outrages me paraissentdouceur, si grand qu’à mon Oralité j’en puisse fairehommage, par mes mots je lui donne ce qu’elle aime. Oh mon père je te l’abandonne,et pour moi même à ma folle espérance je renonce. Attachez-moi, maltraitez-moi, nulle souffrance ne m’est trop grande. Ah mon Oralité soit ma suprême offrande. »(17)

La péroraison de cette plaidoirie fissura les mursde la Cour et les jeunes conférenciers furent,vous le savez, acquittés.Madame K fut fusillée sur le champ pour avoirosé plaider. Avant d’être sa fille, elle avait oséêtre poète, elle avait osé être un plaideur.(18)

Ironie du sort, on retrouva Monsieur K desannées plus tard, fou de chagrin, plaidant sanscesse sa peine.Monsieur le Bâtonnier,Mes chers confrères,« La Plaidoirie est une transformation des âmeset révèle à ceux qui l’écoutent qu’ils ne sont plusce qu’ils croyaient être. »(19)

Nos écritures seront-elles les conclusions denotre histoire ?Ne pensez pas que cette histoire n’est qu’unefable pensée pour l’occasion.Sachez que l’histoire se répète et que cela s’estdéjà passé à une époque où nous étions pourtantplus forts qu’aujourd’hui. Notre Ordre a déjà étéinterdit, notre barreau a déjà été épuré et alorsque Desez réussissait à faire acquitter le baronde Besenval(20), au nom d’une liberté devenuefolle, on retira toute parole aux plaideurs(21).Et ce fut la Terreur.Ce sont les plus courageux d’entre nous, lesavocats du Marais, qui ont su sauver la paroleet c’est dans la Bibliothèque de notre ConfrèreFEREY qu’ont pu être sauvegardées nos règlesressuscitées.(22)

N’en déplaise à certains, c’est grâce à leurapprentissage au sein de ce qu’on appellera laConférence et sa phalange de plaideurs disparusque nous avons réussi à conserver notre art etnotre ordre jusqu’à l’empire et bien au-delà.Bossuet affirmait : « Quand l’histoire serait inutileaux autres hommes, il faudrait la faire lire auxprinces. » Mais personne ne lit plus aujourd’hui :alors plaidons, plaidons notre histoire.

Vous êtes ce soir, et chaque jour qui passe, MesChers Confrères et mes chers amis Magistrats,le Tribunal de cette Insurrection Oratoire. Vousseuls pourrez décider si Anna K a réellementplaidé pour la dernière fois. C’est aujourd’huique l’Histoire se joue.Monsieur le Bâtonnier, Madame désignée leBâtonnier, je reste néanmoins confiant car sachezque si 60.000 est le numéro de cette affaireimaginée, c’est aussi le nombre de mots quirecouvrent la robe de la langue française et, nous,la Conférence, ses Secrétaires, vos Mousquetaireset avec nous, tous les avocats, n’hésiterons jamaisà brandir « ces armes de la liberté ».Alors aux magistrats je demande l’acquittementde ma passion oratoire.A mes confrères, je livre ma maxime, cet exordeque prononçait la ligue défensive devant leTribunal de la Convention :« J’apporte à la Justice (Convention) la vérité etma tète. Elle pourra disposer de ma vie aprèsavoir entendu ma parole. »- Plaidez avec folie,- Plaidez avec indignation,- Mais surtout et de grâce… plaidez.Notes : 1 - Référence au Règlement Intérieur National de la Profession d’Avocat2 - Joseph K, du nom du héros dans Le Procès de Kafka3 - Références à la marque de céréales et à l’arme de guerre Kalachnikov 4 - Jacques Charpentier, Justice 655 - Jacques Charpentier. Justice 656 - D’Aguesseau 7 - De l’ancien français plaider, venant du latin placeo (« plaire »).8 - Référence à Thémis les yeux bandés9 - Max Weber, Economie et Société10 - Jacques Charpentier. Justice 6511 - Les Avocats du Marais, Jean-Marc Varaut, Premier Secrétaire de laConférence12 - Bernard Oudin, Défendre13 - Référence au soldat d’Arthur Rimbaud14 - Référence à « O Capitaine! Mon Capitaine » de Walt Whitman,maxime de M. Keating dans le film cercle des Poètes Disparus, quiencourage le refus du conformisme, l'épanouissement des personnalitéset le goût de la liberté15 - Jacques Charpentier. Justice 6516 - La banalité du mal est un concept philosophique proposé parHannah Arendt en 1963 dans son ouvrage Eichmann à Jérusalem17 - Réplique de Liu dans l’Opéra Turandot18 - Tout comme le suicide de l’élève Neil dans le film : Le Cercle desPoètes Disparus19 - Jacques Charpentier. Remarques sur la Parole20 - Edmond Seligman. La Justice en France pendant la Révolution21 - Décret du 10 juin 1794 : « Art 16 : La loi donne pour défenseursaux patriotes calomniés des Jurés patriotes ; elle n’en donne point auxconspirateurs. »22 - Les Avocats du Marais, Jean-Marc Varaut, Premier Secrétaire de laConférence

8 Les Annonces de la Seine - lundi 17 juin 2013 - numéro 37

Rentrée solennelle

Phot

o ©

Jea

n-R

ené

Tanc

rède

- T

élép

hone

: 01

.42.

60.3

6.35

Selim Vallies, Clarisse Casanova et Matthieu Chauvet

Page 9: Edition du lundi 17 juin 2013

De la nécessité des’indigner encorepar Clarisse Casanova

Il y a de cela à peine quinze jours, Monsieurle Bâtonnier Christian Charrière-Bournazel, en sa qualité de Président duConseil National des Barreaux, dans une

tribune intitulée « L'honneur d'être Avocat »,dénonçait la persistance du gouvernement ànous montrer du doigt, tendance notammentaffirmée par la volonté d'instituer uneincompatibilité entre le mandat deparlementaire et notre profession.Ces mots m'ont semblé traduire une émotion,une réaction sensible, voire épidermique, faceà une situation qu'il juge injuste.A mon sens, c’est cela, la spontanéité d'unsentiment qui n'obéit à aucun mot d'ordre,

C'est cela, l'indignation.

En cette rentrée solennelle, j'invite StéphaneHessel à ôter son linceul pour revêtir la robe.Place de la Bourse rime avec Tahrir, Bastille,Puerta del Sol, Bellecour et depuis peu Taksim...Le sentiment d'indignation est en effet universel.Il nous concerne tous, avocats du CommonLaw ou du Code Napoléon, mais avant toutavocats du peuple.

J'entends encore raisonner le cri de monhomologue bruxellois, Christophe Marchand,qui disait (1) : « Aujourd'hui face à un Etat quirêve de régenter tous les aspects de notreexistence, face à la démesure des moyenstechnologiques à disposition et cette obsessionde l'ordre et de la tempérance non seulementdes passions, mais aussi du gentil petit

quotidien de nos vies privées, partons àl'abordage ! ».Cette phrase fait écho à l’Éloge de l'indignationentonné par le journal The Guardian à la mortde Stéphane Hessel : « Il arrive que des pays, voiredes civilisations entières, prennent de mauvaiseshabitudes, ou pire. C'est pourquoi, depuis l'époquedes prophètes jusqu'à nos jours, l'indignation, la

Les Annonces de la Seine - lundi 17 juin 2013 - numéro 37 9

Rentrée solennelle

Jubilé de Monsieur le Bâtonnier Henri Boerner

Mesdames et Messieurs,mes chers Confrères, mes

chers amis,La longévité professionnellen’est malheureusement pas lachose la plus aisée qu’il soitpour nous, les avocats.Depuis longtemps déjà notreBarreau célèbre ses plusanciens membres en exercice,car ils sont pour nous l’exemplevivant de la tradition françaiseselon laquelle on plaide« debout et en français ».Notre Barreau va donc célébrerl’un de ses Confrères toujoursen activité et pour la premièrefois, à l’occasion d’unecérémonie publique lors de laRentrée de la Conférence.Nos amis québécois ne m’envoudront pas, j’en suis sûr, decet emprunt à leurs traditions,car ce moment rare est

l’occasion pour tout notreBarreau de se proclamer uni etse définir unique dans sesvaleurs et ses institutions.Nous fêtons donc ce jour lejubilé de notre Confrère et amile Bâtonnier Henri Boerner quej’appelle à mes côtés.Monsieur le Bâtonnier, de noséchanges épistolaires, j’aiappris que nous partagions encommun trois origines.Vous vivons dans la fierté denos ancêtres, le plus souventmilitaires, nous possédons uneculture religieuse chrétiennetrès minoritaire en France, enfinnous venons du Nord où lehasard de la vie de nos aïeulsnous a posé dans ce territoiredu Grand Sud-Ouest.Vous avez cependant laparticularité qu’étant d’originealsacienne, vos ancêtres ontopté pour la France ce quin’était pas sans conséquence,voire sans danger, à l’époque,car notre pays était partagé parla ligne de démarcation et,quoique d’origine agenaise, laplace de Bordeaux en zoneoccupée rendait impensableque vous y poursuiviez votrecursus.Monsieur le Bâtonnier, lorsquevous avez occupé ma place,vous avez défini l’avocatcomme « ce solitaire au serviced’un idéal. ».Je ne vous ferai pas l’affront derappeler votre âge mais il estde mon devoir de préciser ànotre auditoire que vous avezprêté serment à la Première

Chambre de la Cour d’Appel deToulouse qui fut la GrandChambre du Parlement duLanguedoc, celui de l’année1943, le 29 novembre, trèsexactement 500 ans jour pourjour après le rétablissement duplus ancien Parlement deprovince.Nous fêtons aujourd’hui vossoixante-dix ans d’exerciceprofessionnel.Vous avez été inscrit au Tableaude l’Ordre des Avocats à la Courd’Appel de Bordeaux à compterdu 13 décembre 1948 où vousattendait « un secrétariat » aucabinet de votre oncle leBâtonnier Molierac.C’est alors que vous avez créévotre cabinet dans lequel vousêtes toujours associé avec votrefils notre Confrère Jean-DavidBoerner, par ailleurs Consul duChili.Elu au Conseil de l’Ordre àcompter du 28 juin 1965, vous ysiègerez de manièreininterrompue jusqu’en 1970.Elu Dauphin de l’Ordre le 1erdécembre 1980, vous avez étéBâtonnier de notre Ordrependant les années 1982 et1983.Vous avez poursuivi votreengagement en y siégeant sansdiscontinuer de l’année 1984 àl’année 1986.Vous avez consacré une partsubstantielle de votre activitéprofessionnelle à la défense devos Confrères.Syndicaliste militant de laConfédération Syndicale des

Avocats dont vous êtes devenule Président, vous avezégalement présidé la CaisseNationale des BarreauxFrançais dont vous êtes devenuPrésident d’honneur.Vous avez également présidé laCaisse Nationale d’AssuranceMaladie des ProfessionsLibérales puis la section socialede l’Union Internationale desAvocats poursuivant l’ambitieuxprojet d’instituer une « retraitemondiale des avocats ».Je sais que vous tenezparticulièrement à votreprésidence pendant 35 annéesconsécutives de l’AssociationCulturelle Septemvir,Association de soutien et dedéfense des peintres etsculpteurs d’Aquitaine.Votre cursus personnel esttellement touffu qu’il m’estimpossible de citer l’ensembledes institutions auxquelles vousavez participé activement.Vous avez toujours tenu àrappeler que dans votre vieprofessionnelle jusqu’alors,trois évènements vous ontparticulièrement marqués.Tout d’abord, votre plaidoiriesur réquisition d’office dans latragique affaire d’Oradour surGlane où vous avez, suivant vospropres mots, plaidé à genouxà l’adjuration de notre ConfrèreSusson-Martz.Vous avez toujours en mémoirela double exécution capitale oùvous avez, comme il étaitd’usage, assisté jusqu’audernier instant vos clients et

dont la plus belle manifestationde leur reconnaissance ont étéces mots prononcés en serrantvos mains : « … Merci Maître ».Vous êtes également intervenucomme partie civile dans lacélèbre instancecommunément appelée :Procès Papon.Je dois également rappelerqu’engagé à l’occasion dudeuxième conflit mondial, vousavez atteint dans la réserve legrade de Chef de bataillon.Vous êtes, Chevalier de laLégion d’Honneur, tenant àvous remémorer que la croixvous a été remise par Monsieurle Président Jacques Chaban-Delmas, dont tous les bordelaisse souviennent avec unecertaine nostalgie.Vous êtes Officier dans l’OrdreNational du Mérite, égalementOfficier de l’Ordre du Mériteallemand qui est la plus hautedistinction allemandeéquivalente à notre Légiond’Honneur et enfin, Chevalierde l’Ordre Souverain de Malte. Notre Ordre, que je représente,est ému et fier de saluer ici unGrand Monsieur de laprofession, vous êtes unepersonnalité rare qui nous faithonneur.Je vous remets donc, à présent,la médaille d’or du Barreau deBordeaux en témoignage denotre reconnaissance laquelleporte comme devise : « Viventper omnem posterorummemoriam ».(...)

D.R

.

Phot

o ©

Jea

n-R

ené

Tanc

rède

- T

élép

hone

: 01

.42.

60.3

6.35

Clarisse Casanova

Henri Boerner

Page 10: Edition du lundi 17 juin 2013

colère et les appels à un ressaisissement moralont de tout temps étaient nécessaires ».De la nécessité de s'indigner encore, le sujet estbrandi, scandé, assumé…Car qui ? Qui de mieux placé que nous, mesChers Confrères, pour en parler ?Nous, dernier bastion de dignité de l'hommeque l'on suspecte parfois du pire,Nous, Ordre d'insoumis au service des plusdémunis,Nous, Tribuns de la Plèbe.

Alors qui mieux que nous ? Je l'affirme, personne.

La capacité de s'indigner constitue l'essencemême de notre engagement,Elle est inscrite dans nos gênes,Elle coule dans nos veines,C'est par la dénonciation de certaines injusticesque l'on fait la preuve de l'Existence de la Justice,Non que nous soyons les garants d'une justiceparfaite telle que perçue par nos âmes selon ladoctrine platonicienne,Je ne prétends pas que l'avocat rende l'injusticeimpossible,Mais il doit être assez fort pour rendre lespectacle de l'injustice intolérable.« Je me révolte, donc nous sommes » écrivaitCamus (2),Je m'indigne, donc nous sommes, ais-je enviede croire...

A ces développements théoriques répond unepréoccupation pratique, le risque debanalisation de notre profession, et pourbeaucoup d'entre nous, de notre vocation.Ce risque, nous le percevons chaque jour unpeu plus, face au manque de considération decertaines personnes que nous défendons, etmême parfois de certains magistrats.

Mesdames et Messieurs les magistrats, loin demoi l'idée de tomber dans la facilité, vous qui,comme nous, êtes confrontés à ce que Pascalnommé « le vilain fond de l'Homme » (3). Je n'aipas vu venir l'Aurore avec la volonté de vousaccuser.Sans être pour autant trop... Gentil, je ne vienspas vous épingler sur un certain mur, ni vousressasser Outreau.Vous avez néanmoins fait le choix légitime devous émanciper de l'autorité judiciaire danslaquelle la constitution de 1958 vous a cantonnéspour devenir un pouvoir à part entière.Or, cette évolution, comme toute évolution,recèle une contrepartie : l’exposition commeÉlisabeth Lévi le rappelait un peu trivialement,entre « l'Olympe et Canal + » (4), il faut choisir...Je ne saurais pour autant être indigne pour vousconter mon indignation.Aux Enfants Humiliés de Georges Bernanos denous enseigner : « On ne méprise que d'en bas,on ne saurait s'indigner qu'à partir d'une certainehauteur où il faut se maintenir coûte que coûte,sauf à rougir de soi ».

Aussi, ai-je besoin de vous regarder dans lesyeux pour vous réclamer ma place, celled'Auxiliaire de Justice et non de commis quoiqueparfois commise d'office.

Mais cette requête n'a de sens... qu'à la conditionque nous mêmes, mes Chers Confrères, ne nouscomportions pas comme de quelconquesprestataires de services.Conseil, affairiste, avocat d'entreprise, unemultiplication de dénominations qui participede notre banalisation.Soyons attentifs à l'avertissement lancé par leProfesseur émérite Jean-Paul Doucet dans lescolonnes de la Gazette du Palais (5) : « Quandun avocat déserte le Palais pour les affaires, lesacerdoce pour le commerce, il descend de son

piédestal, il devient un simple marchand dedroit ».Seule, notre capacité d'indignation offre un réelrempart contre cet écueil, l'in-di-gna-tion...cetteposture qui nous différencie du juriste, ce motqui renferme le mot encore plus précieux dedignité, dignité de notre éminente fonction,dignité qui nous distingue du mondeéconomique.

Cependant, pour que ce particularisme perdure,il faut que vous, nos pairs, ceux que l'humiliténous empêche encore parfois d'appelerConfrères, il faut que vous nous y aidiez.Je rejoins en cela François Mitterrand quiestimait que « si la jeunesse n'a pas toujoursraison, la société qui la méconnaît a toujourstort ».Alors, je vous en prie ne nous méconnaissezpas, soutenez-nous plutôt à construire dans vospas, le Barreau de demain.Aux termes de ces développements, et alorsque mon intention n'est pas de vous éloignerun peu plus des petits fours tant convoités, jene peux m'empêcher d'entrevoir certainescritiques.A l'image de notre confrère Goldnadel, dans«Le vieil homme m'indigne », vous pourrezm'accuser d'avoir surfé sur une vague finalementbien maîtrisée dont le rouleau se nourrit desujets éculés...Peut-être arrive-t-il en effet à mon indignation«  d'être simpliste, feinte ou même hors depropos, mais sans elle la vie ne connaîtrait jamaisde nouveau départ » (6),Cette conclusion s'impose de fait à l'aube où jem'apprête à donner la vie...

Alors, si un jour cette indignation me quitte, jevous promets de la laisser au placard, je parle bienévidemment de ma robe encore si peu portéemais déjà tant chérie, parfois trop lourde, et jel'admets bien volontiers, pour mes frêles épaules,mais que voulez-vous je suis et resterai avocat.

Notes :1 - Conférence du Jeune barreau de Bruxelles - Séancesolennelle de rentrée du 18 janvier 2013.2 - L’Homme révolté, Albert Camus.3 - Les Pensées, Blaise Pascal.4 - Mensuel Causeur, numéro 3 juin 2013.5 - Jean-Paul Doucet, Gazette du Palais, 1992.6 - The Guardian, après la mort de Stéphane Hessel.

10 Les Annonces de la Seine - lundi 17 juin 2013 - numéro 37

Rentrée solennelle

Phot

o ©

Jea

n-R

ené

Tanc

rède

- T

élép

hone

: 01

.42.

60.3

6.35

Palmarès Prix du Barreau de Munich remis par Hansjörg Staehleet Christian Klima à Selim Vallies. Prix du concours d’improvisation remis par AlainCorrèges à Tristam Héliot.Prix Lexbase remis par Fabien Waechter à SelimVallies.Prix Aviva remis par Franck Chauvel à ClarisseCasanova et à Matthieu Chauvet.Prix de thèse de l’Institut du Droit Public du Barreaude Bordeaux remis par Michel Dufranc à OlivierChambord pour sa thèse : “Nouveau droit del’aménagement et contribution à l’étude des rapportsentre acte unilatéral et contrat”.Prix de thèse de l’Institut de Droit des Affaires duBarreau de Bordeaux remis par Philippe Duprat àCéline Mangematin pour sa thèse : “La faute defonction en droit privé”.

Page 11: Edition du lundi 17 juin 2013

Les Annonces de la Seine - lundi 17 juin 2013 - numéro 37 11

Rentrée solennelle

Eloge de la foliepar Matthieu Chauvet

Ala manière dont les orateurs italienssaluent une prestigieuse assemblée :je vous salue :« Autorità ! »

Qui suis-je ? …Je suis  cette indispensable dispensatrice dubonheur que les Latins appelaient « Stultitia »(ce qui donnera l’adjectif « stolto » en italienmoderne qui signifie « stupide »), et les Grecs,Morìa…Je suis cet état sans lequel aujourd’hui plus de1.300 confrères de notre Barreau n’auraientjamais décidé d’embrasser cette professiond’Avocat…Je suis cette prédisposition naturelle mais sinequa non sans laquelle celui qui vous parlen’aurait probablement jamais choisi de devenirAvocat.Comment pourrait, en effet, le jeune avocatsupporter l’hypocrisie de son statut d’esclavelibéral sans moi ?Lui qui travaille sans relâche, sans ne jamaisrenâcler, qui est toujours souriant, avenant,disponible, d’humeur constante, sans état d’âme-apparents-, maîtrisant parfaitement sesémotions, et gérant au mieux celles des autres :comment un tel « Chevalier des vents divins »peut-il supporter son quotidien,  pavé dedifficultés, dans cette véritable jungle du Barreau ? Parce que je suis la sève qui le parcourt, parceque je suis le sang qui l’irrigue, parce que je suisl’eau de la fontaine à laquelle il s’abreuve chaquejour :Je suis la Folie.Ne vous en déplaise, je vous suis totalementindispensable.Vous me devez tout !

Tout d’abord,dans votre vie personnelle

Sans moi, par exemple, quel homme, je ledemande, tendrait le col au joug du mariage, sicomme le faisaient nos sages, il calculaitpréalablement les inconvénients d’un tel état ?Et quelle femme irait à l’homme si elle méditaitce qu’il y a de dangereux à mettre un enfant aumonde et de fatigue pour l’élever ?Mais je le reconnais, dussé-je faire preuve defeinte humilité, je ne suis pas toujours seule…Comme vous tous ici présents devez, trèscertainement, la vie au mariage, vous devez lemariage à ma suivante : l’Etourderie ! Et à moi… Voyez déjà combien vous m’êtes redevables !Quelle femme ou quel homme, ayant passé parlà, voudrait recommencer si mon cousin,l’Oubli, n’était auprès d’eux ?Toute heure de la vie serait triste, ennuyeuse,insipide, assommante s’il ne s’y joignait le plaisir :c'est-à-dire si je n’y mettais mon piquant. Je peuxinvoquer ici le témoignage de Sophocle, jamaisassez loué, qui dit à mon sujet : « Moins on a desagesse, plus on est heureux ».Mais allons en détail au fond du débat.

Qui ne sait que le premier âge est le plus joyeuxet le plus agréable à vivre ? Si nous aimons lesenfants, les caressons, si un ennemi même leurporte secours, n’est-ce pas parce qu’il y a en euxma séduction ?D’où vient le charme des enfants, sinon de moi,qui leur épargne la raison, et du même coup lesouci ?Quand ils grandissent, étudient et prennentl’usage de la vie, leur grâce se fane, leur vivacitése languit, leur gaîté se refroidit, leur vigueurbaisse. A mesure que l’homme m’écarte, il vit de moinsen moins…Enfin, voici l’importune vieillesse, à charge àautrui comme à elle-même, et que personne nepourrait supporter, si je ne venais encoresecourir tant de misères.Remerciez-moi !De la jeunesse à la vieillesse je vousaccompagne… mais c’est aussi parce que cesdeux états sont très proches…Les vieillards d’ailleurs adorent les enfants etceux-ci raffolent d’eux, car qui se ressembles’assemble. Ils ne diffèrent que par les rides etle nombre des années… Cheveux clairs, bouchesans dent, corps menu, goût du lait,balbutiement, babillage, niaiserie, manque demémoire, étourderie, tout les rapproche, et pluss’avance la vieillesse, plus s’accentue cetteressemblance, jusqu’à l’heure où l’on sort desjours, incapable à la fois, comme l’enfant, deregretter la vie et de sentir la mort…Vous savez maintenant quel est le premier, leplus grand agrément de la vie et d’où il découle :Moi ! La folie.Vous comprendrez, en outre, que sans moi,jusqu’à présent, aucune société n’a d’agrément,aucune liaison n’a de durée. Le peuple nesupporterait pas longtemps son représentant,le valet son maître, le locataire son propriétaire,l’écolier son professeur, l’ami son ami, la femmeson mari, l’employé son patron, le camarade soncamarade, l’hôte son hôte, s’ils ne secomportaient l’un l’autre dans l’illusion, s’il n’yavait entre eux tromperie réciproque, flatterie,prudente connivence, enfin, le lénifiant échangedu miel de la Folie…

Cela vous paraît énorme ?Ecoutez de plus fort !Dites-moi si l’homme qui se hait soi-même estcapable d’aimer autrui, si celui qui combat soi-même peut s’entendre avec quelqu’un, si celuiqui est à charge à soi-même peut être agréableà un autre. Pour le prétendre, il faudrait être plus fou quemoi. Eh bien, si l’on me chassait de la Société,nul ne pourrait un instant supporter sessemblables, chacun même se prendrait endégoût et en haine.Car la Nature, souvent plus marâtre que mère,a semé dans l’esprit des hommes, pour peu qu’ilssoient intelligents, le mécontentement de soi etl’admiration d’autrui.

Je vous suis essentielledans votre vie sociale

et professionnelle

Je dirai, en effet, qu’il n’y a pas d’action d’éclatque je n’inspire, pas de bel art dont je ne sois lacréatrice…N’est-ce pas, d’ailleurs, au champ de la guerreque se moissonnent les exploits ? Or, qu’est-il de plus fou que d’entamer ce genrede lutte pour on ne sait quel motif, alors quechaque partie en retire toujours moins de bienque de mal ?Quand s’affrontent les armées, à quoi seraientbon ces sages, ces intellectuels, épuisés parl’étude, au sang pauvre et refroidi, qui n’ont quele souffle ? On a besoin alors d’hommes gros etgras qui réfléchissent peu et aillent de l’avant.Ces intellectuels, ces sages, ces juristes, qui n’ontjamais rien su faire dans la vie, témoin Socratelui-même, le sage par excellence, proclamé telpar Apollon, qui se jour-là manqua de sagesse.Ayant voulu parler au public sur je ne sais quelsujet, il dut se taire devant la risée générale. Il nemontre de vrai bon sens que lorsqu’il se refuseà prendre ce titre de sage, réservé à lui par Dieuseul… Ce qui lui a valu de boire la cigüe, n’est-cepas là précisément l’inculpation de la sagesse ?

Phot

o ©

Jea

n-R

ené

Tanc

rède

- T

élép

hone

: 01

.42.

60.3

6.35

Matthieu Chauvet

Page 12: Edition du lundi 17 juin 2013

Tandis qu’il philosophait sur des idées et desnuées, mesurait mathématiquement les pattesde la puce, observait le bourdonnement dumoucheron, il n’a rien compris à l’ordinaire del’existence.Et voici Platon, son disciple, prêt à plaider pourle sauver de la mort, excellent avocat en vérité,qu’ahurit le bruit de la foule et qui peut à peineen public débiter la moitié de sa période !Que dire même de Théophraste, qui monte àla tribune et tout à coup reste coi, comme s’ilapercevait le loup !Aurait-il à la guerre, entraîné des soldats ? Quant à Isocrate, il fut si timide qu’il n’osa mêmejamais ouvrir la bouche.Marcus Tullius, pourtant père de l’éloquenceromaine, prononçait son exorde avec untremblement pénible, pareil à un sanglotd’enfant. Quintilien y a vu la marque de l’orateur sensé,qui se rend compte du péril : il vaudrait mieuxavouer que la sagesse nuit au succès !Que feraient, en effet, l’épée à la main, ceshommes que la peur glace, quand le combatn’est seulement qu’en paroles ?A bas les sages orateurs ! Vive les fous !

Si tant est que vous m’étieztous ici présents redevables,

vous êtes, vous, jeunes avocatsencore plus redevables envers

ma personne…

Sans moi, la réalité de la vie vous aurait dissuadésde devenir Avocat, vous auriez laissé parler votrenature peut être contemplative et surtout votreraison.

Celle-ci, dont vous êtes heureusementradicalement dépourvus aurait égrainé lesarguments de sa plaidoirie ou plutôt de sonréquisitoire : chocs pétroliers, crise économiquemondiale, courbe exponentielle du chômage,mort programmée du vieux continent,récession économique de la France, pandémiemondiale du SIDA…Et vous auriez comme plus de la moitié desjeunes diplômés, dont le courage forcel’admiration, voulu grossir les rangs déjà saturéset à demi dégoulinants de la plus grande sourcede dépense étatique : la fonction publique…Moi, la Folie, je ne peux que vous rendrehommage.Car j’ai peut-être trouvé plus fou que moi… :Vous !Vous avez résisté aux sirènes tant de la fonctionpublique que du protecteur salariat ! Vous n’êtes pas tombés dans leurs rets faits dechants séducteurs : 35h, retraite à 65 ans, tempspartiel, RTT, promesse d’une vie sociale etfamiliale…Vous vous êtes jetés follement dans l’arène decette profession libérale -liberticide-, quand bienmême notre Etat centralisé, inquisiteur etomnipotent s’est juré de vous le faire payer etce à coup d’obligations redistributivesassommantes en tout genre: cotisations CNBF,URSSAF, déclaration 2035, RSI, Ordre… J’enpasse et des meilleurs… « Vous avez voulu être libres, Chères professionslibérales ?  Vous avez voulu vous émanciper dema férule ? » « Vous allez souffrir… ».Tout cela serait éminemment insupportable sije n’étais pas sans cesse à vos côtés ! Moi l’éternelcompagnon anesthésiant vos prises deconscience et les oignant de l’huile oublieusemais joyeuse de la folie…Dieu merci, vous pratiquez, -mais je vous y aide-vous, jeunes avocats, le déni de réalité !Vous êtes un peu les Véronique Courjault du

Barreau… et vos patrons vous enremercient sincèrement : « Surtout ne changez pas ! »… « N’ouvrez jamais les yeux ! »Sans moi : comment supporteriez-vous, en effet,ce téléphone qui sonne toutes les 5 minutespour vous demander où vous en êtes sur tel ettel dossier, et par la même occasion vousrappeler pour seulement la 3ème fois de lamatinée, les choses à ne surtout pas oublier defaire… ? Comment supporteriez-vous de devoirstrictement «  simultanément  » (au sens del’article 906 du Code de procédure civile), letout en 30 minutes maximum :

Attention … Chronomètre: Top !1. Terminer une assignation de 25 pages dansun premier dossier, 2. Mettre en évidence à la vitesse de l’éclair leséléments nouveaux des conclusions adversesdans un deuxième dossier pour pouvoir lesenvoyer au client afin de prévoir un entretientéléphonique le même jour (en commençant àbâtir une trame de réponse, bien évidemment),3. Signifier des conclusions sans oublier lesmentions de la signification avec leur bordereaudans un troisième dossier,4. Remplir une déclaration d’appel dans unquatrième dossier, 5. Répondre au téléphone concernant uncinquième dossier, 6. Débloquer l’imprimante qui fait bourragepapier sur bourrage papier alors que vous devezimpérativement déposer un mémoire en 8exemplaires devant la Cour administratived’appel avant 17h accompagné de ses 35 piècesdans un sixième dossier,7. Appeler le responsable informatique pour desproblèmes de connexion internet qui vousempêche de vous constituer en tant qu’intimépar le RPVA sachant que c’est le dernier jour

12 Les Annonces de la Seine - lundi 17 juin 2013 - numéro 37

Rentrée solennelle

Phot

o ©

Jea

n-R

ené

Tanc

rède

- T

élép

hone

: 01

.42.

60.3

6.35

Page 13: Edition du lundi 17 juin 2013

pour vous constituer, et ce dans un septièmedossier,8. Courir au Palais amener un document à votrepatron en extrême urgence dans un huitièmedossier et, par la même occasion, le rassurer enlui disant que vous avez bien : rédigé l’assignationdans le premier dossier, mis en évidence leséléments nouveaux des conclusions adversesdans le deuxième dossier, signifié les conclusionsdans le troisième dossier, etc, etc…Stooooop ! 26 min ! J’ai encore amélioré mon record !Tout cela pour ne vous octroyer qu’uneprétendue pause déjeuner de cinq minutes vers17h après l’ouragan, en faisant toutefoisparallèlement une recherche de jurisprudencedes plus exhaustives et dignes des plus groscabinets anglo-américains parisiens dont vousavez un jour claqué la porte… parce que… il nefaudrait pas que vous vous détendiez trop quandmême !! ...Ceci cinq jours sur cinq de 9h30 à 20h. Et sans ne jamais perdre votre bonne humeur,votre sourire, votre éducation…

Sans moi : comment accepteriez-vous, de plus,de feindre de croire en cette prétendue libertéde développer une clientèle personnelle qui n’estconcrètement possible qu’après 20h, les week-ends, et les 1er et 8 mai ?Mais… à vous entendre… Il me semble voir oùvous voulez en venir, Chers jeunes Confrères…Je vous arrête tout de go! Ne cherchez pas àm’apitoyer  Chers Confrères! Dites-le,reconnaissez-le : vous y trouvez votre compte !Mais c’est encore parce que je suis là !Et vous développez même, grâce à moi, uneforme larvée de syndrome de Stockholm àl’égard de vos tortionnaires, dont voustacitement reconnaissez (sans pour autant leleur dire…) leurs immenses qualités deformateurs, leur envergure intellectuellerarissime, leur culture classique et humanistefoisonnante, leur spiritualité, leur humour, leursimmenses qualités rédactionnelles, leur côtétentaculaire à pouvoir se battre sur 3000 frontsdifférents sans ne jamais fléchir, vostortionnaires dont vous vous dites au plusprofond de vous-même que… vous les

appréciez énormément… et que vous êtes fiers(à votre toute petite échelle) de porter lescouleurs du Cabinet dont ils ont forgé  lanotoriété aux termes de très longues années detravail acharné assorti d’une exigence qui nes’est jamais fanée d’une quelconque façon…Je vais me permettre une confidence dans laplus stricte intimité de cette Assemblée : marelation est tellement fusionnelle avec vous,notre symbiose est telle, que je finis même parme demander si, au fond, moi, la Folie, je ne suispas vous ou inversement si vous n’êtes pas moi…Peu importe, vous avez compris de toutefaçon…Comme l’écrivait Erasme dans son éloge de laFolie « Rien n’est plus sot que de traiter avecsérieux de choses frivoles, mais rien n’est plusspirituel de faire servir les frivolités à des chosessérieuses, […] si l’amour propre ne m’égare, jecrois avoir loué la Folie d’une manière qui n’estpas tout à fait folle ».

2013-444

Les Annonces de la Seine - lundi 17 juin 2013 - numéro 37 13

Rentrée solennelle

Au fil des pages

Pourquoi des « lois mémorielles »censées déclarer, voire imposer, unpoint de vue officiel sur desévénements historiques ?

En France, la loi dite « Gayssot » du 13 juillet1990 est la première « loi mémorielle ».Son but était de lutter contre le négationnismeet de reconnaître la douleur des survivants etdes descendants des victimes face à cesremises en cause. Les lois suivantes ont reprisces objectifs de lutte contre la négation de faitshistoriques avérés (génocide arménien,esclavage, traite négrière) et de reconnaissancedes mémoires blessées (Arméniens, habitantsdes départements d’Outre-mer, ancienscolonisés, rapatriés, harkis ).En Belgique, la loi du 23 mars 1995 tend àréprimer la négation, la minimisation, lajustification ou l'approbation du génocidecommis pendant la Seconde Guerremondiale par le régime national-socialisteallemand.La question de l'efficacité de ces dispositifs esten débat. Plusieurs conceptions des rapportsentre la loi et l’histoire s'affrontent. Lespartisans de telles lois soulignent qu'il ne s'agitpas de dicter l'histoire mais de lutter contrel’oubli des crimes. Les opposants à la loi disentque celle-ci instaure une vérité officielle.

Certains affirment aussi qu'elles seraientcontraires à la liberté d'expression et auxdroits de l'homme et donc contraire àplusieurs instruments internationaux.Les « lois mémorielles » n’incitent-ellespas à une « guerre des mémoires » et àune «concurrence des victimes » ? Ceslois ne remettent-elles pas en cause lesfrontières entre histoire et mémoire ?Faut-il une multiplication de tels textesou bien au contraire une abrogationtotale ou partielle de ces lois ?

Dans cet ouvrage Pim den Boer,Francois Delpla, Bertrand Favreau,Jean-François Flauss, GeorgesKiejman, Mario Lana, ChristophePettiti, Michel Puechavy, GillesManceron, Emmanuel Naquet,Vincent Nioré, Pierre Nora, del'Académie française, et ChristianVigouroux, envisagent cette quesionqui divise les historiens.

Edition Bruylant203 pages - 50 euros

2013-445

La loi peut-elle dire l'histoire ?Droit, Justice et HistoireSous la direction de Bertrand Favreau

Page 14: Edition du lundi 17 juin 2013

14 Les Annonces de la Seine - lundi 17 juin 2013 - numéro 37

Société

Continuité et justicepar Jean-Marc Ayrault

’ai reçu le rapport de la Commissionprésidée par Yannick Moreau. C’est unrapport riche, dense et utile et, surtout, d’unegrande lucidité, qui laisse au gouvernementtoute liberté de choix sur un sujet aussi

essentiel que l’avenir de notre système deretraite. Mais la retraite, ce n’est pas un élément parmid’autres de notre système social, chaqueFrançais en est profondément convaincu. Jecrois que la France s’est dotée au fil des

générations d’un système de retraite qui ouvreun nouvel âge de la vie, c’est pour ça que lesFrançais y sont si attachés. Et en même temps,je crois que si nous savons faire preuve decourage et de lucidité, et surtout rester fidèlesaux valeurs qui ont fondé ce régime de retraitepar répartition, nous pouvons parfaitementaffronter les difficultés qui se présentent à nous.Je crois en effet que nous avons le devoir devérité, et je comprends l’inquiétude des Français.Le devoir de vérité, c’est que le problème definancement se pose entre maintenant et les 20ans qui viennent, pour une raison simple quechacun comprend bien, c’est qu’après la guerrela France a connu une démographie trèsdynamique qu’on appelle le baby-boom. Et doncbeaucoup de personnes arrivent aujourd’hui àl’âge de la retraite, et cette situation va durerencore plusieurs années. Il faut donc financer leur retraite, tenir comptede leur espérance de vie qui augmente et par voiede conséquence de la durée de la retraite qui estplus longue qu’autrefois.Donc c’est face à cela que nous devons noussituer pour traiter ce problème avec courage etefficacité. Mais cette réforme, elle est totalementà notre portée, j’en suis sûr. Il y aura des effortsà faire, mais ces efforts ne sont pas écrasants,simplement il faut faire le choix. Et ils serontguidés par deux principes, la continuité et lajustice. La continuité, c’est assurer le financement dansla durée, pas seulement pour les 20 ans quiviennent mais pour les générations à venir dufinancement de notre système de retraite parrépartition.

Et le deuxième principe, je l’ai dit, c’est la justice,et là je pense aux petites retraites, je pense auxfemmes, je pense à ceux qui ont – à travers leurcarrière – cotisé à plusieurs régimes de retraite,je pense aussi aux travailleurs qui ont eu destravaux pénibles et qui sont défavorisés parrapport à la durée de leur retraite, et puis jepense aux jeunes qui entrent et qui entrerontplus tardivement dans la vie active.Ce sont ces problèmes qu’il faut traiter, nousallons les traiter mais il y a une méthode poury parvenir, c’est la concertation, c’est le dialogueavec les partenaires sociaux. (...)C’est la clé même de la confiance dans notrepacte social. Moi je veux être le garant d’uneconcertation réussie, d’une concertation utileet surtout, je voudrais faire une mise en garde,je refuserai toute opposition entre les jeunes etles retraités, entre les actifs et les retraités et aussientre les différents régimes. Ça serait unemauvaise méthode qui rendrait la concertationbeaucoup plus difficile. Ce qui est essentiel, c’estd’aller rechercher – et j’y contribuerai avecMarisol Touraine et les autres membres dugouvernement qui vont conduire cetteconcertation – tout ce qu’il y a de commun etd’essentiel que nous pouvons partager, et quisera - une fois que cette réforme sera réalisée -un plus pour la France, un élémentsupplémentaire de la cohésion nationale et dela cohésion sociale. (...)A la fin de l’été le gouvernement présentera unprojet qui sera ensuite soumis au Parlement.

2013-446

Quel avenir pour les retraites ?Déclaration du Premier Ministre du 14 juin 2013

Phot

o ©

Jea

n-R

ené

Tanc

rède

- T

élép

hone

: 01

.42.

60.3

6.35 Jean-Marc

Ayrault

Longtemps inexistant, le droit de lasécurité sociale est né d'une aspirationde l'homme, en tant qu' "animal social",à la sécurité, dans ses liens à la

communauté nationale. Afin de lutter contreles diverses fraudes à la sécurité sociale, parfoistrès sophistiquées, émanant de l'assuré, dusalarié, de son employeur, ou parfois même desprofessionnels de santé, s'est développé, depuisla Seconde Guerre mondiale, un droit pénal dela sécurité sociale. Ce dernier a pris un reliefparticulier à l'époque contemporaine, marquéepar la volonté des pouvoirs publics de lutter plus

efficacement contre ce type de fraude, commeen attestent les lois successives de financementde la sécurité sociale et les rapports de la Courdes comptes. Ce thème de la lutte contre lafraude pénale en droit de la sécurité socialeintéressera tant les étudiants de droit oud'économie que les praticiens du droit(magistrats, avocats, experts-comptables,conseils juridiques, entreprises, organismes desécurité sociale,administrations associés à lalutte contre la fraude .. .).

Economica - 311 pages - 37,00 € 2013-447

La fraude pénaleen droit de la sécurité socialepar Renaud Salomon

Au fil des pages

J

Page 15: Edition du lundi 17 juin 2013

La difficulté que pose la notion de bonneadministration de la justice parait êtreprécisément sa définition. Si son analysepermet de dégager des éléments de

compréhension, on s'aperçoit rapidement queson contenu varie en fonction de l'usage auquelelle est destinée.Ce sont les finalités poursuivies qui permettentde donner un contenu à la notion, quand cesfinalités sont évolutives au gré des nécessités etdes impératifs, d'ordre social, économique oupolitique, du moment. Leur mise en oeuvre est

en outre soumise à des tensions contradictoires :les mêmes éléments peuvent concourir à unebonne administration de la justice ou lui êtrecontraires. Une utilisation mesurée des denierspublics, par exemple, participe d'une bonneadministration de la justice mais l'économie dela justice ou la recherche de l'efficacité ne peutpas être « l'étalon exclusif à l'aune duquel estmesurée la qualité de la justice ».Célérité, efficacité, qualité et économie demoyens concourent ainsi à une bonneadministration de la justice. Si de tellespréoccupations sont anciennes, elles sont prisesen compte par le droit européen avec,notamment, le délai raisonnable de jugementet l'exigence du procès équitable. Mais l'intrusionactuelle du management, favorisant la célérité,l'économie de moyens et une logiquecomptable, a pour effet d'éloigner la notion despréoccupations tenant à la qualité de l'acte dejuger. Or il ne faut pas perdre de vue la fonctionsociale de la justice et les principes majeurs dusystème judiciaire comme celui de lacomparution personnelle ou celui du débatpublic et contradictoire. L’efficacité doit être auservice de l'équité.Au nom d'une bonne administration de lajustice, sont notamment prônéesl'indépendance de la justice à l'égard de l'autoritéadministrative et du pouvoir exécutif, ainsi quela dissociation entre une organisation du servicepublic de la justice et l'exercice de la fonctionjuridictionnelle.

De même, la notion commande un meilleuraccès à la justice, la garantie de l'impartialité desjuges et l'exécution des décisionsjuridictionnelles. Mais, à l'inverse, la bonneadministration de la justice impose desélectionner les affaires afin de consacrer lesmoyens limités dont dispose la justice à cellesqui le méritent (...). Or cette sélection des affairesse fait souvent au prix d'un abandon del'obligation de motiver qui participe égalementde la bonne administration de la justice et de lafonction sociale de la justice. Des garanties sontdonc nécessaires : la non-admission devant leConseil d'État résulte d'une instruction collégialedu dossier et d'une décision juridictionnelle ; deméme, la non-admission est décidée après queles parties ont été mises en mesure de discutercontradictoirement le rapport de non-admission qui peut être annexé à la décision dela Cour de cassation pour l'information dujusticiable. La bonne administration de la justiceexprime ainsi des tensions permanentes entredes objectifs contradictoires et, chaque fois qu'ilest porté atteinte en son nom à l'un des élémentsla définissant, des garde-fous sont parallèlementinstitués pour limiter les effets de cet abandon.Tel est l'enseignement que livre le dossier decette année. Pour en savoir plus, il faut découvrirsans attendre les articles qui le composent.André Breton nous y invitait « tout doit êtrelibéré de sa coque ».

Gilles Thouvenin2013-448

Les Annonces de la Seine - lundi 17 juin 2013 - numéro 37 15

Vie du droit

Ordre des Avocats au Conseil d’Etatet à la Cour de la cassationRevue annuelle Justice & Cassation : « La bonne administration de la justice »Neuvième édition - Paris, 13 juin 2013

Phot

o ©

Jea

n-R

ené

Tanc

rède

- T

élép

hone

: 01

.42.

60.3

6.35

Agnès Fossaert, Pierre Delvolvé , Jean-Paul Costa, Ludovic Jariel, Gilles Thouvenin,Jacques Arrighi de Casanova, Alain Lacabarats, Chantal Arens et Daniel Tardif

Pour la deuxième fois, Gilles Thouvenin a présenté, en sa qualité de Président de l’Ordre des Avocats aux Conseils, la revue « Justice &Cassation » éditée chez Dalloz, après « L’accès au juge » en 2008, « L’office du juge » en 2009, « L’enfant » en 2010, « La norme : déclin ourenouveau ? » en 2011, la neuvième édition imprimée en 2013 pour l’année 2012 est consacrée à « La bonne administration de la justice ».Quelques initiés étaient réunis ce jeudi 13 juin 2013 dans la Bibliothèque de l’Ordre pour découvrir la nouvelle édition de cet ouvragepluridisciplinaire qui rassemble des contributions réalisées par des personnalités des mondes juridique, judiciaire et universitaire.

Jean-René Tancrède

Page 16: Edition du lundi 17 juin 2013

16 Les Annonces de la Seine - lundi 17 juin 2013 - numéro 37

Annonces judiciaires et légales

Page 17: Edition du lundi 17 juin 2013

Les Annonces de la Seine - lundi 17 juin 2013 - numéro 37 17

Annonces judiciaires et légales

Page 18: Edition du lundi 17 juin 2013

18 Les Annonces de la Seine - lundi 17 juin 2013 - numéro 37

Annonces judiciaires et légales

Page 19: Edition du lundi 17 juin 2013

Les Annonces de la Seine - lundi 17 juin 2013 - numéro 37 19

Annonces judiciaires et légales

Page 20: Edition du lundi 17 juin 2013

20 Les Annonces de la Seine - lundi 17 juin 2013 - numéro 37

Annonces judiciaires et légales

Page 21: Edition du lundi 17 juin 2013

Les Annonces de la Seine - lundi 17 juin 2013 - numéro 37 21

Annonces judiciaires et légales

Page 22: Edition du lundi 17 juin 2013

22 Les Annonces de la Seine - lundi 17 juin 2013 - numéro 37

Annonces judiciaires et légales

Page 23: Edition du lundi 17 juin 2013

Les Annonces de la Seine - lundi 17 juin 2013 - numéro 37 23

Annonces judiciaires et légales

J R T SER VIC ES

Domiciliationscommerciales

01 42 60 36 [email protected]

12, rue Notre-Dame des Victoires75002 PARIS

R. TANCRÈDE S.A.

Toutes formalités légaleset démarches administratives

01 42 60 36 3512, rue Notre-Dame des Victoires

75002 PARIS

Page 24: Edition du lundi 17 juin 2013

24 Les Annonces de la Seine - lundi 17 juin 2013 - numéro 37

Vie du droit

L’Association Internationale de DroitPénal(1) (AIDP) a réuni les 7 et 8 juindernier son comité de direction à laCour de cassation, comme tous les ans

depuis 1924.Cette assemblée annuelle, placée sous ladirection de son Président, José Luis de la Cuesta,a été également l’occasion de réunir le comitéexécutif, le comité scientifique et le comité de laRevue Internationale de Droit Pénal.Composée de presque 2000 membres dans64 pays du monde, l’AIDP est un réseau deprofesseurs de droit, de magistrats et d’avocatsspécialisés en matière pénale qui a pour objet defavoriser la réflexion dans le domaine de lapolitique criminelle, du droit pénal comparé, dudroit pénal international et des droits de l’hommedans l’administration de la justice pénale.Créée en 1924, l’Association a tenu son premiercongrès autour d’une question brûlante après laPremière Guerre mondiale : « faut-il créer unecour pénale internationale ? » et elle a œuvrépendant trois quarts de siècle pour donner corpsà cet objectif. Le Comité de rédaction des statuts de la Courpénale internationale réuni en 1999 sous lesauspices des Nations-Unies était d’ailleursprésidé par le Professeur Cherif Bassiouni,Président d’alors de l’AIDP.Son chapitre national français, l’AssociationFrançaise de Droit Pénal (AFDP), a compté etcompte parmi ses membres les plus grandsnoms du droit pénal français, de Pierre Bouzatà Mireille Delmas-Marty, Robert Badinter, JeanPradel ou Jacques Buisson qui est aujourd’huile Président de l’AFDP.

L’activité scientifique de l’AssociationInternationale de Droit Pénal s’exprime autravers de la publication de la Revueinternationale de droit pénal, de la tenue deconférences internationales et d’un congrèsquinquennal qui traite d’un thème donné dedroit pénal sous quatre perspectives : le droitpénal général, le droit pénal spécial, la procédurepénale et le droit pénal international.

Le prochain congrès, qui se tiendra à Rio deJaneiro du 31 août au 7 septembre 2014, aurapour thème la cybercriminalité.

C’est précisément pour préparer la tenue de soncongrès que son comité de direction s’est réunile 7 juin dernier dans la Grand’chambre de laCour de cassation.De nombreux autres sujets ont été égalementévoqués par une cinquantaine de représentantsvenus de nombreux pays d’Europe oud’Argentine, de Russie, d’Albanie, de Turquie etmême de Chine. Parmi ceux-ci, la tenue, l’annéesuivant le congrès, d’une conférence mondialesur le droit pénal de l’environnement.L’équipe de direction de l’AIDP représente elle-même les différentes régions du monde. Elle estprésidée par le professeur José-Luis de la Cuesta,professeur de droit à l’Université de SanSebastian (Espagne), épaulé par un magistratfrançais, Jean-François Thony, Procureurgénéral près la Cour d’appel de Colmar.

Jean-René Tancrède

Notes :1 - Un réseau mondial au service de la justice pénale2 - Catherine Thony est Secrétaire générale de l’AIDP

2013-449

Association Internationale de Droit PénalComité de direction annuel - Paris, 7 juin 2013

Phot

o ©

Jea

n-R

ené

Tanc

rède

- T

élép

hone

: 01

.42.

60.3

6.35

Phot

os ©

Jea

n-R

ené

Tanc

rède

- T

élép

hone

: 01

.42.

60.3

6.35

Catherine Thony(2)

et José Luis de la Cuesta