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Faire des outils entre le 50ème et le 35ème millénaire en France méditerranéenne. Systèmes techniques et évolutions anthropologiques Ludovic Slimak 1 Rebut: 14-12-2008 Acceptat: 20-02-2009 Résumé L’analyse des principales séries archéologiques de la fin du Paléolithique moyen de France médi- terranéenne permet de reconnaître l’émergence de groupes culturels originaux ainsi que leur évo- lution technique. Dans un premier temps des processus de continuité et d’évolution technique peuvent être reconnus, aboutissant à la structuration de sociétés dont les techniques sont exclu- sivement orientées vers l’obtention de lames, lamelles et pointes. Ce processus évolutif induit une transmission structurée des traditions techniques. Un second temps, correspondant locale- ment aux dernières expressions du Moustérien, entre le 45ème et le 35ème millénaire. On y voit l’émergence de groupes moustériens dont les traditions techniques sont fondées sur des objec- tifs et des savoir-faire fortement différenciés. L’origine de ces derniers groupes du Moustérien reste encore à éclaircir. L’organisation de ces sociétés est abordée au travers de la structure de leurs systèmes techniques et des relations culturelles qu’ils ont entretenu avec leur milieu écologique. Cette présentation pose les premiers jalons d’une approche anthropologique et historique des sociétés néandertaliennes en portant le regard sur les 15 derniers millénaires du Paléolithique moyen en France méditerranéenne. Mots clés: Paléolithique moyen, technologie, Méthodologie, systèmes techniques. Resum. Fabricació d’eines entre el 50è i el 35è mil·lennis a la França mediterrània. Sistemes tèc- nics i evolucions antropològiques L’anàlisi de les principals sèries arqueològiques del paleolític mitjà final de la França mediterrània permet reconèixer l’emergència de grups culturals originals i la seva evolució tècnica. En un pri- mer moment es reconeix un procés de continuïtat i d’evolució tècnica que dóna lloc a l’estructuració de societats en les quals les tècniques s’orienten exclusivament cap a l’obtenció de làmines, lami- netes i puntes. Aquest procés evolutiu implica una transmissió estructurada de les tradicions tèc- niques. Una segona etapa correspon localment a les últimes expressions del musterià, entre el 45 i el 35 mil·lenni BP. Assistim a l’aparició de grups musterians en els quals les tradicions tècni- ques es fonamenten sobre objectius i savoir-faires fortament diferenciats. L’origen d’aquests últims grups musterians és encara una incògnita. L’organització d’aquestes societats es tracta mitjançant l’estructura dels seus sistemes tècnics i de les seves tradicions culturals. Aquest treball és una pri- 1. UMR 5608, TRACES, Université de Toulouse-Le Mirail. Maison de la Recherche. 5 Allées Antonio-Machado. 31058 Toulouse Cedex 9. France. [email protected] Treballs d’Arqueologia, 2008, Núm. 14, p. 65-86 65

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Faire des outils entre le 50ème et le 35ème millénaireen France méditerranéenne. Systèmes techniqueset évolutions anthropologiques

Ludovic Slimak1

Rebut: 14-12-2008Acceptat: 20-02-2009

Résumé

L’analyse des principales séries archéologiques de la fin du Paléolithique moyen de France médi-terranéenne permet de reconnaître l’émergence de groupes culturels originaux ainsi que leur évo-lution technique. Dans un premier temps des processus de continuité et d’évolution techniquepeuvent être reconnus, aboutissant à la structuration de sociétés dont les techniques sont exclu-sivement orientées vers l’obtention de lames, lamelles et pointes. Ce processus évolutif induitune transmission structurée des traditions techniques. Un second temps, correspondant locale-ment aux dernières expressions du Moustérien, entre le 45ème et le 35ème millénaire. On y voitl’émergence de groupes moustériens dont les traditions techniques sont fondées sur des objec-tifs et des savoir-faire fortement différenciés. L’origine de ces derniers groupes du Moustérienreste encore à éclaircir. L’organisation de ces sociétés est abordée au travers de la structure de leurssystèmes techniques et des relations culturelles qu’ils ont entretenu avec leur milieu écologique.Cette présentation pose les premiers jalons d’une approche anthropologique et historique dessociétés néandertaliennes en portant le regard sur les 15 derniers millénaires du Paléolithiquemoyen en France méditerranéenne.

Mots clés: Paléolithique moyen, technologie, Méthodologie, systèmes techniques.

Resum. Fabricació d’eines entre el 50è i el 35è mil·lennis a la França mediterrània. Sistemes tèc-nics i evolucions antropològiques

L’anàlisi de les principals sèries arqueològiques del paleolític mitjà final de la França mediterràniapermet reconèixer l’emergència de grups culturals originals i la seva evolució tècnica. En un pri-mer moment es reconeix un procés de continuïtat i d’evolució tècnica que dóna lloc a l’estructuracióde societats en les quals les tècniques s’orienten exclusivament cap a l’obtenció de làmines, lami-netes i puntes. Aquest procés evolutiu implica una transmissió estructurada de les tradicions tèc-niques. Una segona etapa correspon localment a les últimes expressions del musterià, entre el 45i el 35 mil·lenni BP. Assistim a l’aparició de grups musterians en els quals les tradicions tècni-ques es fonamenten sobre objectius i savoir-faires fortament diferenciats. L’origen d’aquests últimsgrups musterians és encara una incògnita. L’organització d’aquestes societats es tracta mitjançantl’estructura dels seus sistemes tècnics i de les seves tradicions culturals. Aquest treball és una pri-

1. UMR 5608, TRACES, Université de Toulouse-Le Mirail. Maison de la Recherche. 5 AlléesAntonio-Machado. 31058 Toulouse Cedex 9. France. [email protected]

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mera aproximació antropològica i històrica a les societats neandertals dels últims 15 mil·lennisdel paleolític mitjà de la França mediterrània.

Paraules clau: Paleolític Mitjà, tecnologia, metodologia, sistemes tècnics.

Resumen. Fabricar útiles entre el 50 y el 35 milenio en la Francia mediterránea. Sistemas técni-cos y evoluciones antropológicas

El análisis de las principales series arqueológicas del Paleolítico Medio final de la Francia medi-terránea permite reconocer la emergencia de grupos culturales originales y su evolución técnica.En un primer momento se reconoce un proceso de continuidad y de evolución técnica que dalugar a la estructuración de sociedades en las que las técnicas se orientan exclusivamente hacia laobtención de láminas, laminitas y puntas. Este proceso evolutivo implica una transmisión estruc-turada de las tradiciones técnicas. Una segunda etapa corresponde localmente a las últimas expre-siones del musteriense, entre el 45 y el 35 milenio BP. Asistimos a la aparición de grupos mus-terienses en los que las tradiciones técnicas se fundamentan sobre objetivos y savoir-fairesfuertemente diferenciados. El origen de estos últimos grupos musterienses resulta todavía unaincógnita. La organización de estas sociedades se aborda mediante la estructura de sus sistemas téc-nicos y de sus tradiciones culturales. Este trabajo pone los primeros jalones de una aproximaciónantropológica e histórica a las sociedades neandertales de los últimos 15 milenios del PaleolíticoMedio en la Francia mediterránea.

Palabras clave: Paleolítico Medio, tecnología, metodología, sistemas técnicos.

Abstract. Tool-making between the 50th and 35th millennium in the Mediterranean France.Technical systems and anthropological evolution

The analysis of the main archaeological sequences of the late Middle Palaeolithic in Mediter-ranean France permits to study the emergence of original cultural groups and their technical evo-lution. Firstly, a process of continuity and technical evolution gives places to societies in whichtechnology is focused exclusively on the obtaining of blades, bladelets and points. This evolu-tionary process entails a structured transmission of technical traditions. A second stage corre-sponds to the late local Mousterian traditions, between the 45th and 35th millennium BP.At this time period, Mousterian groups show technical traditions based on objectives and savoir-faires clearly differentiated. The origin of these late Mousterian groups is still unknown. Theorganization of these societies is analysed via the study of their technical systems and culturaltraditions. This paper sets the ground for an anthropological and historical approach to the Nean-derthal societies of the last Middle Palaeolithic 15 millennia in the Mediterranean France.

Key words: Middle Palaeolithic, Technology, Methodology, technic systems.

SLIMAK, Ludovic. «Faire des outils entre le 50ème et le 35ème millénaire en France méditer-ranéenne. Systémes techniques et évolutions anthropologiques». Treballs d’Arqueologia, 2008,Núm. 14, p. 65-86.

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1. Mise en perspective

Nous allons nous intéresser à la périodecomprise entre le 50ème et le 35ème mil-lénaire, soit les 15 derniers millénaires duPaléolithique moyen dans l’aire franco-méditerranéenne. Cette synthèse permetde reconnaître différents moments d’in-flexion influant sur la structure même dessociétés du Paléolithique moyen récent.Un dernier point porte sur les statégiesreliant ces groupes à leur milieu écolo-gique.

Dans son travail de thèse, Jean Com-bier (1967) montre l’existence de mous-tériens tardifs présentant un faciès lepto-lithique très accusé, riche en élémentsmicrolithiques et s’orientant selon cetauteur vers un Paléolithique supérieur.L’exemple le plus frappant de ces indus-tries est celui de l’abri du Maras. Cetteséquence montre un enrichissement pro-gressif des industries moustériennes enproduits laminaires. Le niveau supérieurde cette série stratigraphique voit l’appa-rition d’un outil original, la pointe deSoyons (figure 1). Ces industries dont lesspécificités techniques sont fortementaccusées ont depuis été reconnues dans lesprincipales séquences régionales, certainesd’entre-elles illustrant un développant pro-gressif des pointes et des lames, avant l’ap-parition de la pointe de Soyons, élémentdiagnostique de ces industries. A la Grot-te Mandrin (en rive orientale du Rhône),le plein développement de ce type d’in-dustrie peut être reconnu. Les productionsde pointes laminaires et microlithiquesdeviennent alors exclusives. Sur cette baseun groupe culturel original, le Néronien,a alors été défini (Slimak 2004). Ces indus-tries propres à l’aire méditerranéenne expri-ment un cheminement parallèle —histo-rique, culturel- vis-à-vis des ensembles

continentaux du Castelperronien. Cesdonnées viennent enrichir notre percep-tion des sociétés de la fin du Paléolithiquemoyen et de leurs propriétés évolutivestelles qu’elles sont reconnues dans diffé-rentes aires d’Eurasie. On notera cepen-dant la rareté de ce type d’installations endehors des ensembles reconnus sur le ter-ritoire français, en extrémité occidentaledu continent; presque aucune donnée enstratigraphie concernant le super-groupeLincombien/Ranisien/Jerzmanovicien (Flas2006), des données éparses et de moindrefiabilité pour l’Uluzzien (Palma di Ces-nola 1966, 2001), deux séries en strati-graphie pour le Bohunicien, dont un facièsd’atelier sans contexte biostratigraphique(Oliva 1981, 1984, Valoch 2008), cinqensembles rattachés au Streletskien (Ani-kovich 2000, Rogachev et Anikovich1984, Pavlov et Indrelid, 2000), mais repo-sant sur des données s’étalant sur 10.000ans, des rives de la mer noire (Matioukhine1998, Giria 1999), aux franges sub-arc-tiques européennes (Pavlov et al. 2004).

Enfin, aucune de ces séquences, descastelperroniens atlantiques aux contre-forts de l’Oural ne nous permet de docu-menter précisément les processus tech-niques, anthropologiques ou historiquesliés à l’émergence de ces premières expres-sions du Paléolithique supérieur.

La fenêtre chronologique sur laquel-le nous allons nous pencher permet dedocumenter l’une de ces dynamiquesanthropologiques, amenant un réagence-ment progressif des objectifs artisanaux decertains groupes du moustérien en zonepéri-méditerranéenne. Il est possible pources ensembles de suivre un processus évo-lutif amenant à la structuration des indus-tries du Néronien (Slimak 2007). Onnotera qu’en bout de chaîne et à la suited’une évolution progressive s’étalant sur

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Figure 1. Industries du Néronien des niveaux 1 et espace du Maras (Ardèche). Dessins: J. Com-bier et L. Slimak.

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plusieurs millénaires les liens techniquesdiscernables entre ces industries et les com-plexes du Paléolithique moyen deviennentrelativement ténus.

L’une des particularités des ensemblesméditerranéens réside enfin dans la per-sistance de groupes plus classiques duMoustérien qui vont lui succéder dans lesderniers millénaires du Paléolithiquemoyen. Cette inconformité —une inter-calation entre ensembles «évolutif» et«traditionnel»— permet de s’interrogersous l’angle de l’anthropologie pure, etnon sur des processus évolutifs prédictifs—du plus simple au plus complexe—, surles mécanismes liés aux mutations des der-nières sociétés moustériennes.

2. Cadre chronoculturel

2.1. Chronologie absolue

Le cadre chronoculturel de ces dernièresexpressions du moustérien a pu être pré-cisé à la Grotte Mandrin. Cette séquencelivre une riche industrie à pointes deSoyons, dans un contexte exclusivementlaminaire et à microlithes. Postérieure-ment, cinq occupations d’un moustérienfinal et un passage du Protoaurignaciensont documentés dans la cavité (Slimak etal. 2006a, 2006b).

Cette succession stratigraphique estactuellement la plus complète reconnueen France méditerranéenne et peut êtreemployée comme séquence-type afin decaractériser les mutations affectant lesensembles du Paléolithique moyen entrele 50ème et le 35ème millénaire (figure 2).

Douze datations par thermolunines-cence sur silex brûlés ont été réalisées parHélène Valladas. Ces mesures radiomé-triques concernent les deux extrémités dela séquence archéologique. A son sommet,

cinq mesures portent sur la base de la der-nière installation moustérienne (niv. 1) etla partie supérieure du niveau moustérien2. La moyenne pondérée de ces mesuresse place autour du 35ème millénaire.

A la base de la séquence, sept échan-tillons ont donné une moyenne pondéréede 52.000 ans et concernent le niv. 7,atteint lors d’un sondage de 1m2, environ1 mètre sous le niveau à pointes deSoyons, en cours de fouille.

Un corpus de datations mis en placepar le laboratoire d’Oxford permettra depréciser la position précise des industriesà pointes de Soyons, postérieurement à52 Ka.

La position chronologique précise desdifférentes industries reconnues dans cettesuccession demande encore à être préci-sée, les mesures en thermo-luminescencegénérant des différences trop accusées avecdes évaluations sur carbone. Mais que laposition chronologique exacte de cetteoccupation leptolithique, s’inscrive auxalentours du 39ème ou du 45ème millé-naire, la pertinence de cette séquence està rechercher dans les successions cultu-relles qu’elle enregistre. Synthétiquement,en France méditerranéenne, quatre phasesculturelles sont donc actuellement recon-nues sur les 15 derniers millénaires duPaléolithique moyen.

2.2. Chrono-stratigraphie culturelle

1. En reculant dans le temps, il est pos-sible de mettre en évidence l’originedes industries leptolithiques du Néro-nien au sein d’un processus de muta-tion de certains moustériens régionaux.Cette évolution est visible dans les prin-cipales séquences de la fin du Paléoli-thique moyen, comme à la Grotte de

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Néron, à l’abri du Maras ou à l’abriMoula. Si ces industries présententdans un premier temps un caractèrecharentien bien affirmé, elles dévelop-pent de manière discrète un fond lep-tolithique fondé sur l’obtention delames, lamelles et pointes élancées.

L’analyse de ces ensembles révèleune évolution continue dans l’équi-libre de leurs industries, aboutissantà un développement graduel de leurcomposante leptolithique parallèle-ment à la diminution du rôle joué parles outillages sur éclats. Cette tendances’exprime sans changement discernabledans le choix des roches exploitées et

la notion de territoire sous-jacente.2. La deuxième phase de cette trame de

la fin du Paléolithique moyen est illus-trée par des groupes dont les objectifsartisanaux sont exclusivement articu-lés autour de l’obtention de produitsélancés et d’ustensiles acérés (lames,lamelles et pointes). Le plein dévelop-pement de cette phase leptolithique estaccompagné d’expériences typologiquesfondées sur une modification des sup-ports à l’aide de retouches affectant leurface plane. Ce moment voit alorsl’émergence d’outils que l’on retrouveexclusivement au sein de ces industries.La pointe de Soyons représente l’un de

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Figure 2. Séquence type de la Grotte Mandrin. Cadre chronologique et culturel des cinc derniersmillénaires du Paléolithique moyen et positionement régional du premier Protoaurignacien.

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ces outils spécifiques et peut être véri-tablement considéré comme un fossi-le directeur propre à ces ensemblesméditerranéens. Ces industries ont étéreconnues dans les principalesséquences archéologiques régionales(Néron I, Moula IV, Figuier 1’,Maras 1-1’, Mandrin 6). Elles formentun ensemble techniquement trèshomogène et particulièrement conno-té qui permet de les regrouper sous uneappellation propre, le Néronien.

3. L’existence de traditions moustériennespost-Néroniennes n’a pu être recon-nue qu’à la grotte Mandrin. Ces indus-tries marquent une rupture dans lessystèmes techniques et les territoires.Les roches employées sont désormaislocales et leur exploitation relève direc-tement de logiques d’obtention d’éclatsen vue de la confection d’outils dufond commun moustérien. Le premiermoment est connu par une uniqueoccupation du niveau 5 de la grotteMandrin. Cet ensemble est orienté versla confection de petits éclats par l’ex-ploitation de la face inférieure d’éclatscorticaux. Ces systèmes de type Kom-bewa permettent l’obtention de sup-ports peu normés et de petite dimen-sion. Une large part des supportsrecherchés au sein de ce système pré-sente un module inférieur à 2 cm.

4. La dernière étape de cette fin duPaléolithique moyen est reconnuedans les 4 niveaux niveaux supérieursde la cavité. Ces installations sonttechniquement similaires entre elles.Les systèmes techniques sont orientésvers l’obtention d’éclats de grandedimension en vue de la confectiond’outils massifs, essentiellement desracloirs, montrant un caractère mous-térien plus classique.

3. Faire des outils entre le 50èmeet le 35ème millénaire

Abordons maintenant la question de l’or-ganisation des systèmes techniques desensembles du moustérien dans le sud-estde la France. Nous allons nous intéresserà l’évolution des objectifs artisanaux sui-vant les quatre phases chrono-culturellesque nous venons de présenter.

A. Dans une première phase, les systèmestechniques reconnus sont principale-ment fondés sur l’obtention d’éclatsdépendants de l’exploitation de nucléusDiscoïdes. Ce type d’industrie présen-te, au niveau de ses produits finis, uncaractère charentien accusé, avec uneforte proportion de racloirs à retouchescalariforme. Ces productions se trou-vent principalement en association avectrois catégories de supports, des pointes,des lames et des lamelles. Ces catégo-ries d’objets sont alors dépendantes deschémas de production autonomes etaucun lien technique ne peut être éta-bli entre les catégories de supportsrecherchés (figure 3). Les lames sontdans ce premier temps obtenues à par-tir de nucléus prismatiques dontl’amorce est conditionnée par la confec-tion de lames à crête. Ces lames nes’inscrivent pas dans une premièrephase technique liée à l’obtention depointes. Ces dernières sont obtenues àpartir de nucléus Levallois classiques,sans phase laminaire.

Les productions lamellaires sontdans ces ensembles peu représentéeset caractérisées par la cohabitation deschémas diversifiés dont certains sonttechniquement très investis. Ainsidans ces séries les productions delamelles Kostienki reposent sur une

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Figure 3. Les productions s’organisent dans une première phase principalement autour de l’obtentiond’éclats en vue de la réalisation de racloirs. Trois autres catégories de supports sont recherchéespar les artisans dans des proportions moindres, des pointes, des lames et des lamelles. Chacunede ces catégories est techniquement indépendante.

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Figure 4. Industries du Néronien de la Grotte Mandrin. Les productions sont exclusivementorientées vers l’obtention de lames, lamelles et pointes.

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importante configuration deséclats/nucléus. Ces débitages s’articu-lent autour de la mise en place d’uneou deux crêtes latérales, prélablementà l’obtention de lamelles montrant uninvestissement important en vue deleur obtention.

B. L’évolution de ce type d’industrie peutêtre reconnue dans les principalesséquences de la fin du Paléolithiquemoyen du bassin rhodanien. Les pro-ductions traditionnelles d’éclats sont,selon ce schéma, graduellement rem-placées par des productions laminaires,pointues et microlithiques. Ce chavi-rement progressif s’établit sans chan-gements discernables dans le choix desroches exploitées et la notion de ter-ritoire sous-jacente (Slimak 2008a).Les productions leptolithiques occu-pent alors une place de plus en plusimportante dans les séries rhoda-niennes, jusqu’à devenir exclusives,postérieurement au 50ème millénai-re, moment où apparaît l’outil typede ces industries, la pointe de Soyons(figure 4).

Dans ces ensembles, produitslaminaires et pointes sont désormaisobtenus aux dépens d’un même systè-me. Deux schémas peuvent alors êtreindividualisés, un schéma lame/poin-te et un schéma lamelle/micropointe(figure 5). Ces systèmes techniquespermettent l’obtention de produitslaminaires très élancés, préalablementà l’obtention de pointes normées. L’ini-tialisation des débitages s’appuie cou-ramment sur l’extraction d’une lameou d’une lamelle à crête. L’obtentionvolontaire d’éclats, omniprésente dansles ensembles traditionnels du Paléo-lithique moyen, n’a pu être reconnuedans cette industrie. Pointes, lames et

lamelles sont épisodiquement reprisespar une fine retouche inverse, souventsemi-abrupte, parfois convergente.D’un point de vue technique, cesensembles illustrent une complexité etune maîtrise considérables, condi-tionnées par des savoir-faire d’unegrande précision. Le caractère micro-lithique de ces artisanats est particu-lièrement accusé. Lamelles et micro-pointes représentent près de la moitiédes produits finis et ont une longueurmaximale inférieure à 3 cm. Certainsde ces éléments sont centimétriques.On peut alors parler de véritablesnanopointes.

Ces micro-débitages sont exclu-sivement établis à partir d’éclats pro-venant de la mise en forme desnucléus à lames et pointes. Commedans les phases antérieures, les débi-tages Kostienki sont bien représen-tés. En revanche, la configuration deces éclats/nucléus diffère fortementde ce que nous pouvons reconnaîtredans les phases anciennes. L’aména-gement des supports avant leurexploitation se limite à la mise enplace d’une troncature à l’une desextrémités du support, généralementdans sa partie proximale. Cette tron-cature inverse est directement suivied’une phase lamellaire s’appuyantsur la consommation des arêtes pré-existant en face supérieure del’éclat/nucléus. Cette phase lamellai-re, unipolaire et convergente est sui-vie de l’extraction d’une pointe detrès petit module.

On peut alors relever au sein de cesdébitages Kostienki un processus de sim-plification du système comparativement àla phase préalable où ces débitages étaient

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Figure 5. Industries du Néronien de la Grotte Mandrin. Dans ces ensembles, produits laminaireset pointes sont obtenus aux dépens d’un unique système. Deux schémas peuvent être individua-lisés, un schéma lame/pointe et un schéma lamelle/micropointe.

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Figure 6. Certains outils, comme la limace présentent une vocation structurelle de circulation surde longues distances. De tels objets montrent l’intégration de deux fonctions complémentaires«débitage» et «outillage» à partir d’un même objet. De tels éléments ne peuvent être compris queconçus et adaptés à cette vocation de haute mobilité dont elle constitue un élément stratégique.

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fortement investis, avec la mise en placede crêtes et une forte configuration deséclats préalablement à leur exploitation.Plus qu’un simple processus de simplifica-tion, il se dégage de ces ensembles, une idéede spécialisation des productions autourd’un système performant. Cette idée despécialisation de ces débitages est soulignéepar la disparition des modalités ne rentrantpas dans cette conception unipolaireconvergente. Les débitages Kostienki bipo-laires et unipolaires, fortement employéesprécédemment, ne sont plus attestés.

C. Dans toute l’aire franco-méditerra-néenne, les tout derniers moments duPaléolithique moyen, s’exprimant pos-térieurement à ces industries lami-naires et microlithiques ne sont abor-dables avec précision que dans lesniveaux supérieurs de la Grotte Man-drin. Deux cultures du Moustérien sesuccédant peuvent être mises en évi-dence. Ces industries sont localementremplacées par des groupes du Pro-toaurignacien. Au sein de ces derniersmoustériens l’obtention de lames etde pointes est anecdotique. Le niveau5 de la grotte Mandrin, directementsus-jacent aux ensembles leptoli-thiques que nous venons d’aborder,permet de documenter une installa-tion moustérienne essentiellementorientée vers la confection d’éclat depetit module obtenus à l’aide deséquences ramifiées. Des supports cor-ticaux sont exploités à partir d’undébitage de type Kombewa afin d’ob-tenir des séries d’éclats de faibledimension. Ces exploitations succes-sives d’exploitation d’éclats se succè-dent sur plusieurs générations, chaqueéclat produit pouvant potentiellementêtre à son tour exploité. De nombreux

éclats issus de ce système d’exploita-tion séquentiel présentent alors 2, 3,voir 4 surfaces positives (deux panspositifs en face inféreure, une facesupérieure correspondant à une faceplane et un talon emportant lui-mêmel’une des surfaces positives de l’éclatexploité); témoignant de l’intégrationgraduelle de nombreux supports dansce cycle progressif et réducteur deconsommation de la matière.

D. Le deuxième moment, représenté par4 niveaux archéologiques dans la cavi-té peut être défini comme unensemble moustérien de facture plusclassique, fondé sur des débitages Dis-coïdes et Levallois à éclat en vue de laréalisation de racloirs. Les débitagesLevallois sont minoritaires et mon-trent la recherche d’éclats finalementpeu normés. Cette articulation dessystèmes techniques se retrouve danschaque niveau de la séquence supé-rieure et illustre une forme de redon-dance technique particulièrementfrappante. L’obtention des supportsrépond systématiquement aux mêmesobjectifs et dans les mêmes propor-tions. Les équilibres typologiques sontextrêmement proches. Cette proxi-mité est perceptible dans la confec-tion des tranchants de racloirs (caté-gorie typologique très dominante)tout autant que dans la localisation etles procédés «d’amincissements» dontune partie pourrait ici témoigner deleur emmanchement. Cet aspect sty-listique des outillages trouve aussi unrépondant dans la confection deracloirs présentant des tranchants par-faitement rectilignes et se recoupantparfois en angle droit, formant cettecatégorie discrète, mais particulière-ment étonnante des racloirs à angle.

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Figure 7. Illustration d’une complémentarité fonctionnelle entre le tranchant massif des limaces,permettant le travail de matériaux durs, et l’exploitation des matières souples animales à partirdu tranchant très acéré de micro-éclats, inférieurs au centimètre et provenant de l’exploitation dela matrice des limaces. Photographies microscopiques, M. De Araujo-Igreja. Dessin L. Slimak.Photographie macroscopique L. Roux. Extraits de Slimak 2008c.

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Ces industries ne livrent que de raresindices de productions laminaires oulamellaires. Les quelques lamelles avé-rées sont alors essentiellement obte-nues aux dépens de nucléus de typeburin.

4. Contexte écologique;territoires et mobilité à la findu Paléolithique moyen

Les facteurs environnementaux paraissentici peu pertinents pour aborder les rap-ports liant les sociétés à leur territoire. Lesressources en roches siliceuses ne sontjamais déterminantes dans l’implantationdes grands sites régionaux. Cette assertionreste pertinente dans des contextes écolo-giques très différents, que l’environnementsoit riche en roches de grande qualité, ouparticulièrement ingrat.

Les grands fleuves, Rhône, Saône,Loire sont aisément traversés. En contex-te métamorphique, sur le gisement deChamp Grand, ce sont plusieurs centainesde kilos de silex qui ont dû être apportédepuis la rive opposée du fleuve sur plusde 10 à 15 kilomètres.

Les principaux massifs montagneuxne semblent pas contraindre des limitesterritoriales et des circulations depuis lePuy-de-Dôme et la vallée du Rhône sontavérées, indiquant un franchissement depart en part du Massif central (Slimak2004, Slimak et Giraud 2007, Slimak2008b). Cette origine morcelée dans l’es-pace des roches exotiques induit des dépla-cements de 4 à 500 kilomètres à vol d’oi-seau et le franchissement d’obstaclesgéographiques majeurs.

Les circulations d’objets semblent iciexclusivement liées à deux facteurs. Le pre-mier est à rechercher dans le statut des ins-

tallations et les activités qui y sont déve-loppées. Champ Grand et les gisementsdu Saut-de-Perron paraissent en relationavec une organisation particulière desgroupes humains, liée à une exploitationintensive (saisonnière?) des équidés.

4.1. Objets à vocation mobile

Différentes stratégies peuvent être recon-nues dans la gestion des éléments à voca-tion mobile. L’une d’entre-elle repose surl’intégration de deux fonctions complé-mentaires «débitage» et «outillage» à par-tir d’un même objet (figure 6). Ce procé-dé s’appuie sur une configurationparticulière des blocs à vocation de mobi-lité, permettant d’obtenir, certainementde manière étalée dans le temps, des éclatsde petit module.

Le fonctionnement de ces objets doitalors être compris en correspondance avecles micro-éclats qu’ils permettent d’obtenir,tout au long de leur cycle de vie. Les indi-cations tracéologiques tendraient à voirune complémentarité fonctionnelle entrele tranchant massif des limaces, permet-tant le travail de matériaux durs, et l’ex-ploitation des matières souples animales àpartir du tranchant très acéré de ces micro-éclats, inférieurs au centimètre pour l’es-sentiel (figure 7).

Mais cette catégorie d’objets a vrai-semblablement une implication plus géné-rale quant à la fonction du site. Synony-me de grande mobilité, elle reflètepotentiellement le déplacement d’un grou-pe humain dans une aire périphérique àson habitat principal. Cette informationpeut être croisée avec la distorsion de pers-pective induite par des déplacements deroches depuis des aires géographiquesopposées. Plus que la circulation d’objetsde proche en proche, ces roches, ainsi que

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leur origine disjointe et leur vocation struc-turelle de mobilité, suggèrent le regrou-pement de plusieurs groupes de chasseursen un point éloigné ou périphérique à leursterritoires respectifs.

Le premier facteur influant sur la cir-culation d’objets serait donc lié à la fonc-tion de site et, avant tout, à la toile socio-logique reliant plusieurs groupes humainsautour d’une activité commune.

Sans concerner des circulations aussivastes et surtout divergentes dans leursaires d’approvisionnement, des circula-tions transgressant les obstacles géogra-phiques majeurs sont largement docu-mentés en moyenne vallée du Rhône, dansdes contextes pourtant bien différenciésd’habitats pérennes, comme à la grotte deNéron, ou à l’inverse dans le cadre d’ins-tallations de courte durée comme à la grot-te Mandrin. Dans la phase ancienne,jusque dans le Néronien, la traversée duRhône est un fait banal. Ces franchisse-ments du fleuve sur plusieurs dizaines dekilomètres concernant près de la moitiédes roches employées dans de nombreusesséquences régionales, marquent un affran-chissement de ces groupes vis-à-vis d’éven-tuelles contraintes écologiques.

Une telle situation paraît pérenne jus-qu’au Néronien, mais postérieurement,alors que les objectifs artisanaux et les sys-tèmes techniques illustrent la plus pro-fonde rupture que nous soyons à mêmede documenter, les territoires sont subite-ment redistribués suivant des organisa-tions inédites et régionalement originales.Cette restructuration rapide, de l’ensembledes champs discernables dans l’analyse desindustries lithiques semble associée à uneforme d’instabilité des techniques et desterritoires dans les derniers millénaires duPaléolithique moyen. Aucune mutationprogressive des techniques ne peut être

mise en évidence. Aucun héritage territo-rial ne peut être suggéré. Ces réalités dis-tinguent fortement le Néronien, toutautant que les deux ensembles qui émer-gent postérieurement et qui n’illustrententre-eux ni les mêmes stratégies d’ex-ploitation des roches, ni les mêmes terri-toires.

La rupture dans l’implantation dessociétés dans le territoire est particulière-ment marquée, la circulation de matériauxissus de la rive opposée du Rhône n’étantattestée que par la présence de rares piècescirculant sous la forme de produits finis.Une telle distorsion, affectant l’ensembledes champs discernables au travers del’analyse des roches, a de fortes chances derelever de causes purement anthropolo-giques. Dans les derniers moments duMoustérien, le Rhône se confondrait alorsavec le tracé d’une frontière sociale quin’existait pas jusqu’alors.

Régionalement, le second facteurinfluant sur la circulation des roches seraitalors strictement culturel et lié aux limitesterritoriales instituées entre différentsgroupes humains. Ces mutations tech-niques et territoriales marquent les toutderniers moments du Paléolithique moyendans le sud-est de la France et permettentde percevoir l’existence d’une importantecomplexité anthropologique bien anté-rieurement à l’arrivée des populations exo-tiques du Protoaurignacien.

5. Systèmes techniqueset évolutions anthropologiques

Revenons aux premières phases de cettetrame historique. Le développement descirculations d’objets sur plusieurs centainesde kilomètres et selon des origines géogra-phiquement opposées induit la mise en

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place au sein des sociétés du Paléolithiquemoyen récent de réseaux sociaux fortementstructurés. Un gisement comme le ChampGrand, au sein duquel il est possible demettre en évidence des objets provenantd’un territoire couvrant près du 1/3 de lasurface actuelle du territoire français cor-respond vraisemblablement à un site d’agré-gat sur lequel des populations légatairesd’une même culture matérielle mais issuesde différents territoires devaient se retrou-

ver régulièrement autour d’activités collec-tives. Il n’existe pas de meilleur cadre inter-prétatif pour aborder la présence, dans unemême occupation, de roches provenant àla fois du Cher, du Bassin parisien, du sudde la Bourgogne, de l’Ardèche, du Gard etdu Puy-de-Dôme (figure 8). Le détail detels rassemblements nous échappe, maisleur persistance jusqu’au Paléolithique finaldans les gisements du Massif central consti-tue une clef de lecture de premier impor-

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Figure 8. Circulations des roches les plus exotiques reconnues sur le gisement de Champ Grand.La diversité des approvisionnements et leurs origines disjointes dans l’espace permettent d’ar-gumenter en faveur du rassemblement de différents groupes humains au débouché des gorgesde la Loire.

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tance pour aborder les éléments les pluspérennes quant à l’organisation des socié-tés paléolithiques en contexte d’agrégat.

Une telle vision interprétative induitdes contacts pérennes et probablementcontinus entre groupes humains de la faça-de atlantique aux berges de la méditerra-née. Elle induit surtout que ces relationssociales ne se structurent pas de manièresynchrone avec l’émergence des formes dece que l’on appelle le Paléolithique supé-

rieur en Europe, vers le 40ème millénai-re, mais bien antérieurement, a minima,dès le 50ème millénaire et probablementpréalablement, au sein de différentsgroupes du Moustérien.

Cette phase de développement deséchanges —d’idées— et de circulations—d’hommes et d’objets— pourrait êtrele révélateur d’un paroxisme dans la com-plexité sociale moustérienne, préalable àune phase de différenciation des sociétés

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Figure 9. Morcellement, diversification, expression de l’altérité, les industries du Néronien et duCastelperronien marquent pour la première fois avec autant de clarté l’ancrage des cultures etprobablement des sociétés humaines dans un territoire.

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et que nous reconnaissons le plus souventsous l’appellation d’industries de transi-tion. On perçoit alors, dans ce secondtemps, une réduction des territoires paral-lèlement à l’affirmation de particularismesculturels profonds dans des espaces géo-graphiques distincts. Ce second tempspeut être perçu comme une forme de mor-cellement culturel lié à l’émergence d’en-tités culturelles, plus fortement différen-ciées, Néronien en France méditerranéenneet Castelperronien sur l’arc occidental duMassif central.

Les objectifs artisanaux sont alorsexclusivement articulés dans l’aire médi-terranéenne autour de l’obtention de pro-duits élancés et laissent une place impor-tante aux productions microlithiques,lamelles et micro-pointes. Le développe-ment progressif des lames et pointes, jus-qu’à leur emploi exclusif, permet d’entre-voir que des fonctions techniquespréalablement dévolues aux outils suréclats se trouveraient progressivement attri-buées aux pointes. La dynamique du pas-sage de l’éclat à la pointe serait alors liéeà un processus de transfert de compétence;des propiétés fonctionnelles inférées ancien-nement par les artisans à leurs productionsétant progressivement supplantées par denouvelles formes. Il faut alors comprendreque ces mutations affectent le rapport del’artisan à son outil et, plus précisément,aux propriétés fonctionnelles que celui-ciconfère (ce que j’appelle les propriétés infé-rées) à son outillage. En quelques millé-naires cette notion de transfert de com-pétence génère une spécialisation desartisanats moustériens autour de l’obten-tion de lames et pointes et de leurs homo-logues microlithiques. Cette diversifica-tion de la panoplie de l’outil pointupourrait d’ailleurs être reliée au spectrefonctionnel de plus en plus large auquel

doivent répondre ces objets. Dans le Néro-nien, l’essentiel des activités sont établies àpartir de ces éléments et les productionsd’outils sur éclats ne constituent plus unecomposante autonome des systèmes tech-niques. L’outil sur éclat, anciennementobjectif premier de l’ensemble du systè-me, se trouve relégué à une position stric-tement secondaire, exclusivement lié àl’emploi de sous-produits (principalementdes supports corticaux) provenant de laconfection des pointes et lames.

Quoi qu’il en soit, ce moment de dif-férenciation et d’affirmation d’identitésculturelles régionales est alors particulière-ment contrasté en regard des échangestrans-régionaux qui existaient préalable-ment. On serait alors tenté d’imaginer lastructuration progressive de frontières cul-turelles entre la France méditerranéenne etcontinentale vraisemblablement anté-rieurment au 45ème millénaire (figure 9).Cette idée est acceptable si l’on n’induitpas que les vastes circulations, reconnuesdans la phase antérieure, renvoient à descontacts inter-groupes plus développés,préalablement à l’émergence des industriesrégionales dites de transition. Si la diffé-renciation culturelle peut être le fruit del’isolement des sociétés elle peut tout autantrésulter de la connaissance directe de l’al-térité. En suivant la pensée de Claude Lévi-Strauss, la question de la diversification descultures matérielles ne serait pas à recher-cher dans un fractionnement géographique,mais dans la nécessaire affirmation de sonidentité face à la perception d’un regardétranger (Lévi-Strauss 1953).

Les contacts inter-groupes reconnusjusqu’aux alentours du 50ème millénaireinduisent pour cette période une connais-sance respective entre peuples néanderta-liens, de l’Atlantique à la Méditerranée,préalablement à l’émergence de formes

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culturelles originales et strictement régio-nales. L’émergence du Castelperronien etdu Néronien, sur des territoires connexes,mais excluants, marque alors un momentde différenciation culturelle, entre dessociétés qui ont conscience de leur parti-cularité, et donc de l’altérité des groupesvoisins.

Nous nous trouverions alors face à unprocessus en deux temps.

Un premier moment verrait le déve-loppement des interactions sociales entregroupes humains néandertaliens. On voitalors se structurer le regroupement, dansdes aires territoriales communes ou par-tagées, de groupes issus d’horizons géo-graphiques lointains. Ces groupes dumoustérien semblent légataires d’une cer-taine unité culturelle.

Un deuxième temps serait marqué parl’émergence, de l’altérité culturelle. Face àla richesse sociale induite par les circula-tions d’objets, un tel morcellement cultu-rel ne peut être attribué à un isolementdes sociétés humaines. Nous nous trou-vons selon toute vraisemblance face à desgroupes ayant pleinement conscience deleur identité. Ce processus correspondraitalors à l’affirmation par ces sociétés de leursingularité.

La réduction des territoires, visible demanière effective dans les circulations d’ob-jets du Castelperronien et du Néronien,ne renverrait pas à une réduction descontacts entre groupes humains, mais plu-tôt à un bousculement de leurs relationssociales.

Le morcellement culturel, différen-ciant ensembles méditerranéens et conti-nentaux, serait alors un processus affec-tant différents groupes néandertaliens et setrouverait lié à l’émergence de la notiond’altérité. Un tel processus de différen-ciation culturelle peut être perçu comme

le contre-coup du développement des rela-tions inter-groupes visible préalablementdu 50ème millénaire. Ces sociétés expri-ment alors postérieurement, et ostensi-blement, leurs particularismes. Cemoment voit l’émergence, pour la pre-mière fois dans l’histoire des techniques,de véritables fossiles directeurs, pointesde Châtelperron et pointes de Soyons.L’outil se trouve alors -sur-investi d’unefonction de signe qui ne semble pas dis-cernable dans les industries anciennes. Ilfaut évidemment envisager que de telsprocessus puissent être liés à un certaindéveloppement démographique, quecelui-ci soit à l’origine ou la simple résul-tante de telles interactions.

De nombreuses questions restent ensuspens pour appréhender la dynamiquede ces évolutions anthropologiques, quine concernent pas l’occident méditerra-néen et les relations entre deux groupeshumains, mais sous des formes très diffé-rentes, affecterait l’organisation de nom-breuses sociétés humaines de la fin duPaléolithique moyen.

On relèvera de cette lecture quel’émergence des formes du Paléolithiquesupérieur ne peut être appréhendée enfocalisant l’attention sur les tout derniersmillénaires du Paléolithique moyen, maiss’inscrit probablement, sur plusieursdizaines de milliers d’années, dans les inter-actions entre sociétés moustériennes. L’exis-tence de groupes moustériens postérieu-rement au Néronien nous rappelle que lesmutations affectant les sociétés humainesà la fin du Paléolithique moyen ne peu-vent être modélisés dans une mouvanceeurasiatique linéaire, mais relèvent exclu-sivement de processus historiques, c’est-à-dire du dialogue s’instaurant sur un ter-ritoire, entre des groupes humains etl’infini richesse de leurs réponses anthro-

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humaines—, et abandonner l’idée de pro-grès et de perfectionnement continu quistérilisent notre perception des sociétésfossiles.

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