Feuille Verte n°215 – Mars 2016

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  • 8/19/2019 Feuille Verte n°215 – Mars 2016

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    ANNÉE SOMBRE POUR EÉLV, MAIS

    NOTRE AVENIR NOUS APPARTIENT

    Certains se réjouissent de la situation difficile dans laquelle se

    retrouve notre mouvement : il est tellement plus facile de voir la

    paille dans l’œil du voisin que la poutre dans le sien. Certes, nous

    ne pouvons pas dire que nous ayons été très lisibles dans notre

    stratégie, déchirés entre deux visions : être « dedans » ou être

    « dehors ».

    En d'autres mots, participer ou non au gouvernement alors

    que nous l’avions quitté deux ans auparavant et qu’aucune évolu-

    tion dans les politiques nationales ne pouvait nous faire espérer un

    véritable tournant écologique et social. Le choix de notre ex-

    Secrétaire nationale de rejoindre le gouvernement s’est fait

    contre l’avis du mouvement EÉLV. On conçoit bien, évidemment, la

    difficulté de résister à l’appel du pouvoir ou, peut-être, à l’envie de

    pratiquer la politique des petits pas ; mais là où le bât blesse, c’est

    que la décision se devait d’être collective et Emma Cosse aurait dû

    s’y soumettre. Même s’il a à son actif de timides avancées, nous savions déjà

    que nous ne pouvions faire confiance à ce gouvernement, tant les

    promesses ont été bafouées, tant les politiques menées sont anti-

    libertés publiques et antisociales. Avec la loi sur le travail, François

    Hollande piétine une fois de plus les valeurs que devrait porter la

    gauche : jamais ces dernières décennies nous n’avons vu une telle

    dérégulation du marché du travail.

    Notre force était d’être un parti pas comme les autres, de

    « faire de la politique autrement ». Qu’en est-il aujourd’hui ?

    Aujourd’hui, il nous faut reconstruire, retrouver la confiance ;

    souhaitons que notre prochain congrès en juin soit l’occasiond’une refondation profonde de notre mouvement. 

    D’ores et déjà, nous vous invitons à réserver votre journée du

    samedi 28 mai 2016 : nous aurons un Congrès fédéral décentralisé,

    au cours duquel seront discutées les motions d’orientation et élus

    les délégués au Congrès national et au Conseil fédéral.

    Pour conclure, je reprendrai les propos de notre nouveau

    secrétaire national David Cormand, qui appelle à nous rejoindre

    toutes celles et tous ceux qui veulent faire de l’écologie politique

    un mouvement indépendant et libre, qui veulent participer à la

    construction d’un projet de société alternatif. 

    Le travail ne manque pas : retroussons-nous les

    manches au lieu de nous lamenter sur notre sort.

    MARS 2016 / n°215 / 1,70 € 

    Brigitte Monnet

    Coporte-parole

    EÉLV Franche-Comté

    33, Avenue Carnot

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    C'ÉTAIT TROP BEAU ?...

    Sommaire

    2

    P 1 : Édito

    P 2 : Bimestriel

    P 3-4 : 9 et 10 janvier 2016 : Conseil fédéral d’EÉLV

    P 4-5 : Emmanuelle Cosse au gouvernement

    P 5 : Où trouver EELV au plus près de chez soi ?

    P 6 : Conférence-débat : Comment retrouver le goût de

    l’avenir ? 

    P 7-8 : Un second mandat ?

    P 9 : Sexisme à l’Assemblée 

    P 10-11 : La méthanisation en Franche-Comté

    P 12-13-14 : Science et écologie

    P 14 : Comment recevoir La Feuille Verte ?

    P 15-16 : Notre-Dame-des-Landes

    P 16 : Brèves

    P 17-18 : Piqûre de rappel contre l’amnésie 

    P 19-20 : Petite chronique wallisienne (6)

    P 21-22 : Un mois, émois, et moi

    P 23 : Bulletin d’adhésion 

    P 24 : En bref !

    Souvenez-vous : il fut un temps, pas si lointain

    (disons jusqu'à fin 2012, début 2013, si mes souvenirs

    sont bons), où La Feuille Verte  –  ou ce qu'il en restait  – 

    lançait des SOS à répétition : tout le monde semblait se

    désintéresser de son sort et plus personne, ou presque, ne

    lui proposait d'articles. Les appels au secours ont-ils fini

    par payer ? Toujours est-il que tout d'un coup, « c'est re-

    parti » : les propositions ont afflué, à tel point que le

    Comité de Lecture a fini par décider de limiter à 20 le

    nombre mensuel de pages  –  décision qu'il n'a en fait ja-

    mais appliquée, puisqu'on a vu paraître quantité de nu-

    méros à 24 ou 26 pages ; record battu deux fois de suite,

    en octobre et novembre 2014, avec 28 pages ! Bref,

    La Feuille Verte se portait plutôt bien et n'accusait pas ses

    vingt ans (en novembre dernier), même si elle était en

    droit de s'interroger sur l'intérêt quelque peu émoussé

    que semblaient lui porter ses lecteurs, en tout cas parmi

    les adhérents d'EÉLV (1). 

    Était-ce trop beau ? C'est hélas la réflexion

    qu'on peut se faire aujourd'hui. Car entre-temps est arrivé

     –  patatras ! - ce qu'il faut bien appeler la dérouillée des

    dernières élections régionales. Et qui dit débandade dit

    aussi faillite, ou quasiment. En tout cas, EÉLV-FC, qui a vu

    fondre ses ressources financières, n'a plus les moyens

    (entre autres) d'entretenir un mensuel. Raison pour la-

    quelle vous avez remarqué  – si vous faites partie de ceuxqui s'en préoccupent encore  –  l'absence de Feuille Verte

    en février, le Conseil politique régional (CPR) du 16 janvier

    ayant décidé, par mesure d'économie, de transformer

    notre canard en bimestriel, qui paraîtra donc, en théorie,

    en janvier, mars, mai, juillet, septembre et novembre. Il a

    même été proposé (mais pas accepté) de supprimer car-

    rément la version papier et de ne fabriquer plus qu'une

    « e-Feuille Verte » (!), ou encore d'accompagner le journal

    papier, toutes les 3 ou 4 semaines, d'une sorte de niouze-

    letter... à laquelle personne ne semble croire vraiment… 

    Ça a même failli être pire : quasiment jusqu'à la

    date limite, les contributions pour ce numéro, bien

    qu'elles aient eu deux mois au lieu d'un seul pour mûrir,

    ne se sont pas franchement bousculées, et on se voyait

    déjà éditant une Feuille Verte étique (mais bien sûr tou-

     jours éthique !), qui semblait nous ramener à des temps

    que nous pensions révolus. En fin de compte - on aurait

    dû s'en douter  –, les propositions d'articles sont arrivées

    tardivement, mais abondamment, si bien que vous avez

    entre les mains un numéro « normal ».

    Demeure donc (et ce n'est pas rien) la question des

    finances, qui ne concerne pas seulement La Feuille Verte.

    Allez, on va faire preuve d'un optimisme plus que jamais

    nécessaire en cette sinistre période : on va dire que ce

    n'est qu'une mauvaise passe et que ça ira mieux bientôt.

    Oui, c'est ça, bientôt.

    Pour le Comité de Lecture,

    Gérard Roy 

    (1) Cf. Toujours là, le petit canard, in Feuille Verte

    n°212, novembre 2015.

    Bimestriel

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    Il m’est arrivé une chose étrange le deuxième week-

    end de janvier : j'ai eu le sentiment d’avoir atterri sur une

    planète où le FN ne serait pas une menace et où les échosdes attentats de 2015 se seraient en grande partie estom-

    pés.

    En effet, comment expliquer la longue litanie des

    représentants du Conseil statutaire ânonnant des réponses

    aux recours portés à l’encontre de la constitution des listes

    pour les élections régionales  – élections qui, rappelons-le,

    avaient eu lieu un mois avant ?

    Comment comprendre les empoignades exacerbées

    sur le nombre de délégués par région au Conseil fédéral ?

    Comment supporter la ribambelle d’orateurs (et

    d’oratrices) dont l’impérieuse volonté de monter à la tri-

    bune paraît augmenter en même temps que l’insignifiance

    du contenu de leur discours ?

    Comment, alors que l’oxygène politique nous

    manque dramatiquement, nous préoccuper une fois de

    plus de... réforme statutaire ?

    Nous avons, il est vrai, fait le point sur l’état finan-

    cier du parti, certes préoccupant mais pas aussi drama-tique que d’aucuns se plaisent à le dire. 

    Nous avons également voté des textes non clivants

    sur les suites de la Cop 21 ou la réévaluation de l’obligation

    vaccinale… et applaudi debout, en signe de solidarité, les

    manifestants de Notre-Dame-des-Landes.

    Heureusement, quelques temps forts ont marqué

    positivement ce week-end et permis de reprendre pied

    dans la réalité : le bilan de Sandrine Rousseau sur les élec-

    tions régionales

    en Nord-Pas-de-

    Calais-Picardie et

    son analyse de la

    montée du FN

    comme phéno-

    mène de société,

    et surtout les

    différents temps

    organisés sur la

    question de l’état d’urgence. 

    Il a été question de prévention de la radicalisation

    avec Sarah Turine, échevine écologiste de Molenbeek,

    d’état de droit avec Laurence Blisson, secrétaire générale

    du Syndicat de la Magistrature, d’opposition à la dé-

    chéance de nationalité avec Françoise Dumont, présidente

    de la Ligue des Droits de l’Homme (je sais, nous devrions

    dire « droits humains » …). Les débats sont d’une autre

    portée et d’une autre richesse lorsque nous ouvrons nos

    portes au lieu de rester entre nous !

    En tout cas, le vote d’une motion demandant la le-

    vée de l’état d’urgence n’en paraît que plus éclairé… Rien

    que pour cela il fallait sans doute y être, à ce Conseil fédé-

    ral (1). 

    Philippe Chatelain

    (1) Lors dudit Conseil fédéral, Emmanuelle Cosse

    nous a annoncé qu’en raison d’un désaccord profond avec

    la ligne politique majoritaire au sein d’EÉLV, elle remettait

    son mandat de Secrétaire nationale et se préparait à en-

    trer au gouvernement ; ce choix politique, difficile à com- prendre pour les délégués au CF, serait néanmoins respec-

    table et permettrait d’envisager dans la clarté la continui-

    té au bureau national… 

    3

    9 et 10 janvier 2016 : Conseil fédéral d'EÉLV 

    SURRÉALISTE !

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    Vous l’avez compris, c'est là pure fiction :

    Mme Cosse nous a gratifiés d’un discours sur l’espoir et le

    rassemblement des écologistes, sans oublier quelques

     piques en direction d’un gouvernement... qu’elle a depuis

    rejoint ! Autant un choix politique aurait pu se comprendre,

    autant - n’en déplaise à Éric Alauzet et quelques autres -

     profiter du statut de Secrétaire Nationale d’EÉLV pour négo-

    cier un ministère contre l’avis de la grande majorité desadhérents de ce même parti est tout simplement indécent !

    (Et encore, j’ai en réserve d’autres qualificatifs moins édul-

    corés…) 

    Note du Comité de lecture :

    Interviewé le 12 février par L'Est républicain, Éric

    Alauzet, député EÉLV de Besançon, approuve l'entrée

    d'Emmanuelle Cosse

    dans le gouverne-

    ment. « On est de

    retour, voilà, c’est

    bien », dit-il, et ilconsidère que l’er-

    reur « n’est pas

    d’être revenu aux

    affaires mais de les

    avoir quittées il y a

    deux ans ». Comme il le précise lui-même : « On n’est

     pas les seuls ; partout à gauche, on se déchire sur la

    question de la stratégie et des alliances. Ça explose. » 

    Ce qu'illustre, entre autres, la note de cet article...

    4

    Emmanuelle Cosse au gouvernement...

    ...AU PLUS MAUVAIS MOMENT

    Que Jean-Vincent Placé ait enfin obtenu son maro-

    quin n'a rien de très étonnant : il était tellement pathétique

    à quémander depuis si longtemps sa sucette (ou son su-

    sucre, comme on voudra) en récompense de toutes ses

    manifestations de soutien inconditionnel au chef de l'État !

    Mais l'entrée d'Emmanuelle Cosse au gouvernement a été

    davantage un choc pour les militants écologistes, elle qui

    semblait en phase avec les militants d'EÉLV dans sa critique

    encore récente des dérives sécuritaires de Valls.

    Emmanuelle Cosse croise Christiane Taubira qui,

    elle, a démissionné du gouvernement pour rester fidèle à

    ses valeurs, à sa conscience. On peut disserter sur sa démis-

    sion tardive, mais au moins elle a fini par reprendre sa liber-

    té de parole et de critique en refusant de cautionner plus

    longtemps une détestable orientation politique (1).

    Il est difficilement compréhensible de venir au

    secours d'un gouvernement empêtré dans la dé-

    chéance de nationalité et la prolongation de l'état

    d'urgence, alors que tous les spécialistes du terro-

    risme disent que cela ne sert à rien pour protéger les

    citoyens. Par ailleurs, la quasi-totalité des ONG de

    défense des droits de l'homme (LDH, Amnesty, etc.) a

    dénoncé le risque d'atteintes graves aux libertés indi-

    viduelles et collectives.

    Comment comprendre aussi la participation à

    un gouvernement qui, avec 700 000 chômeurs de plus

    depuis 2012, est en échec sur sa politique économique

    et sociale et qui pourtant ne veut pas en changer ? Et

    cela malgré les indicateurs économiques, qui sont tous

    au vert : baisse de l'euro, pétrole pas cher, taux d'inté-

    rêt voisins de zéro. Et au moment même où le gouver-

    nement propose une remise en cause sans précédent .

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    du droit du travail, qui provoque la colère de tous les syn-

    dicats

    Cerise sur la gâteau, l'ex-Secrétaire nationale

    d'EÉLV accepte le poste de ministre du logement, anté-

    rieurement occupé par Cécile Duflot. Rappelons tout de

    même que la loi ALUR, qui avait pour objectif de faciliter

    l'accès de tous au logement, en particulier les plus dému-

    nis, a été consciencieusement détricotée par Manuel

    Valls. Cela en dit long sur le cynisme de Hollande et la

    naïveté (?) d'Emma Cosse, qui n'est là que pour caution-

    ner une politique qu'elle avait par ailleurs contestée.

    Tout le monde a compris qu'à un peu plus d'un an

    de la présidentielle, Hollande et Valls ne changeront pas

    d'orientation, libérale au plan économique et autoritaire

    au niveau politique, qui désespère tant le peuple de

    gauche. De toute façon, un an, c'est trop court pour mener

    la moindre politique publique. Il ne reste donc qu'une

    seule explication à ce revirement d'Emmanuelle Cosse :

    privilégier une aventure individuelle  – être ministre une

    fois dans sa vie  –  en abandonnant la participation à un

    projet collectif. Les militants d'EÉLV ont quelques raisons

    d'être amers.

    Gérard Mamet

    (1) Je recommande la lecture du petit livre de

    Christiane Taubira, Murmures à la jeunesse, édition

    Philippe Rey.

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    Le 11 février, au grand Kursaal, à Besançon, environ350 personnes étaient réunies à l'appel d’initiateurs du

    manifeste pour la primaire des gauches et des écologistes.

    Barbara Romagnan a assuré une introduction

    moins centrée sur l’enjeu d'une primaire que sur la diffi-

    culté d'être socialiste aujourd'hui face aux déceptions

    engendrées par la politique du président et ses postures

    autour de l’état d'urgence et de la déchéance de nationa-

    lité. Elle a ensuite laissé la parole à Michel Wieviorka,

    sociologue, directeur d’études à l’ÉHESS (École des Hautes

    Études en Sciences Sociales), en insistant sur l'intérêt pourles politiques de se confronter aux discours des intellec-

    tuels.

    Lui non plus n'a pas centré son propos unique-

    ment sur la primaire, pas plus qu'il n'a souhaité endosser

    un costume d'expert ou d'autorité pour indiquer de ma-

    nière solennelle la voie à emprunter.

    On retrouvera sur http://

    wieviorka.hypotheses.org/631 un billet assez proche de

    son discours, qui contenait un point essentiel : la nécessi-

    té du débat et du conflit. Il n'y a pas de débat sans conflit,

    c'est-à-dire sans confrontation des points de vue dans le

    respect de ceux qui les énoncent. La gauche meurt de ne

    plus débattre.

    En ce sens, la primaire n'a pas pour première fonction de

    désigner un candidat, un porteur de projet, mais de tracer

    les lignes d'un projet à travers un débat.

    Les questions venues de la salle ont souligné à la fois

    l'intérêt pour la démarche et une sorte de scepticisme

    quant à son aboutissement, sujet que l'orateur n'a surtout

    pas esquivé.

    Il existe une volonté de débat mais se font jour ici ou là

    des exclusives (sans le PS par exemple, comme si le PS

    était un bloc) ou des affirmations quant à l'issue même

    de la confrontation : une nécessaire rupture.Michel Wieviorka s'est efforcé de souligner l'impasse

    d'un débat restreint et de montrer que l'époque

    n'était pas prérévolutionnaire, autrement dit qu'il

    apparaissait peu probable qu'un discours de totale

    rupture soit aujourd'hui audible. Pour autant, il n'en

    reste pas moins des questions vives qui appellent un

    renouveau des idées.

    On sort d'une telle soirée à la fois encou-

    ragé par l'importance du public dans cette période

    morose et par l'envie de débattre qui s'est dégagée

    du jeu des questions-réponses, et marqué par le ca-

    ractère incertain du processus.

    Il se dessine pourtant une perspective, un pari pour

    tout dire, qui paraît infiniment plus porteur que la

    répétition de nos querelles intimes.

    Quelques jours plus tard, une réunion de

    personnes intéressées par la démarche a rassemblé

    un peu plus d'une trentaine de personnes : hommes

    et femmes du monde de la culture, du monde asso-ciatif, militants du PS, d'EÉLV ou d'Ensemble (une des

    composantes du Front de Gauche). Les échanges ont

    confirmé un besoin quasi viscéral de débattre, d'ou-

    vrir les fenêtres. Après les annonces du gouverne-

    ment sur la réforme (?) du code du travail, les partici-

    pants furent assez unanimes à considérer comme

    urgent de tracer une autre voie, les militants socia-

    listes n'étant pas parmi les moins vigoureux à fustiger

    les choix du président.

    Si, comme lors de la conférence de Michel

    Wieviorka, certains ferment la porte à toute partici-

    pation à la primaire d'un membre du trio Hollande-

    Valls-Macron, chacun se retrouve sur l'idée de l’éla-

    boration d'une plate-forme : sinon un programme, du

    moins un socle à partir duquel pourrait s'organiser le

    choix du candidat. Des idées,  puis une femme ou un

    homme pour les porter. En quelque sorte, une per-

    version nécessaire de la logique de la présidentielle.

    Des groupes de travail vont être constitués à cette fin.

    Michel Boutanquoi

    Conférence-débat

    COMMENT RETROUVER LE GOÛT DEL’AVENIR ?

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    Loin de moi, Monsieur le Général-Président,

    l'idée de vous dicter votre conduite. Mon seul souci est

    d'essayer d'envisager un avenir à la gauche dans ce pays.

    Vous nous obligeriez si vous renonciez à vous présenter

    pour un second mandat.

    À 14 mois de l'échéance, c'est peu dire que votre

    bilan n'est pas mirifique. On cherche ici et là quelques

    mesures qui rehausseraient l'inventaire en cours, mais

    soit elles sont noyées dans des logiques technocratiques

    qui les transforment en usine à gaz, tel le « compte péni-

    bilité », soit elles restent largement en deçà des an-

    nonces, tel le « compte personnel d'activité », soit encore

    elles manquent totalement leur cible, tels les « contrats

    de génération ». Et de toute façon, elles disparaissent

    sous les nuées de vos renoncements : de la réforme fis-

    cale aux trente-cinq heures, les digues sont en voie de

    rupture.

    Je n'ignore en rien le caractère parfois injuste

    d'un regard rétrospectif qui liste plus les échecs que les

    avancées, mais en dernier ressort, vous ne pouvez pas ne

    pas prendre en compte le sentiment qui domine : une

    défiance généralisée à votre égard comme à l'égard de

    votre caporal-chef, dont les mouvements de menton se

    veulent républicains.

    Vous et vos gouvernements successifs avez

    glissé tranquillement dans une dérive libérale sur le plan

    social et économique, et désormais dans une dérive

    droitière sur le plan moral. Faute de réussir sur la ques-

    tion du chômage, vous vous êtes engouffrés, sous le

    coup de l'émotion, dans une opération politique très

    mitterrandienne pour piéger vos adversaires, croyant

    vous ouvrir ainsi le chemin d'une réélection. Il faut avoir

    renoncé à tout idéal, à tout vocabulaire un tant soit peu

    socialiste pour vous être commis dans cette entreprise

    profondément amorale.

    Jusqu'ici, on observait un président qui cherchait

    à « faire président » au gré de son art éculé de la syn-

    thèse et qui suscitait une déception de plus en plus

    amère. On pouvait essayer de comprendre combien

    vous étiez marqué par une sorte d'inaptitude à cerner la

    Un second mandat ?

    SUPPLIQUE AU GÉNÉRAL-PRÉSIDENTDE LA RÉPUBLIQUE

    Dessin publié avec l’aimable autorisation de Charlie Hebdo 

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    fin d'un monde, celui de la croissance ; une sorte d'inca-

    pacité à penser le monde à faire naître, ce dont témoigne

    votre inculture en matière d'écologie. Aujourd'hui, on est

    face à un général-président qui se sert d'une réalité in-

    soutenable pour porter atteinte à une certaine idée de

    l’État et de la République ; un général-président qui tient

    plus ou moins en laisse son caporal-pitbull dont les yeux

    révulsés et la bave des certitudes catastrophiques auxlèvres doivent maintenir le sentiment de peur, le con-

    traire même d'une lutte assurée contre ce qui nous me-

    nace. D'urgence en déchéance, vous avez définitivement

    rompu avec votre élection de 2012. Votre dernière trou-

    vaille politique, débaucher la secrétaire d'EÉLV pour la

    nommer au poste occupé naguère par Cécile Duflot alors

    que la loi Alur reste presque lettre morte, signe un peu

    plus une fin de règne inscrite dans la décomposition et

    les combinaisons politiciennes . Laissons à Emma ses illu-

    sions. À votre égard, il n'y en a plus aucune.

    Quatre ans après votre élection, la gauche est

    en miettes et le FN aux portes. Certes, la totalité de la

    responsabilité ne vous incombe pas, mais vous aurez

    contribué ardemment à obscurcir l'avenir : votre parti est

    déchiré, le Front de gauche éclaté et EÉLV dans une

    phase d'agonie avancée.

    Il ne nous reste finalement que l'appel à une pri-

    maire comme fragile tentative pour repeindre l'horizonaux couleurs d'une nouvelle espérance. Ce n'est, à mes

    yeux, ni une tentative de vous légitimer ni une occasion

    de vous exclure. Cela ouvre un possible incertain, vulné-

    rable dans l'orage de nos convictions malmenées et de

    nos appartenances désenchantées. Si vous êtes honnête

    avec vous-même, avec votre passé, vous savez que cette

    primaire ne vous concerne pas, qu'elle ne peut pas vous

    concerner.

    Je vous en conjure : laissez la gauche rebâtir

    une maison sobre et accueillante, ouverte et chaleu-

    reuse, loin des postures sans lendemains, des rodomon-

    tades des uns et des autres, des hommes ou femmes

    providentiels qui lisent leur destin fantastique dans l'ho-

    roscope de leurs chimères ; laissez la gauche repenser

    demain, donnez-lui la chance de se renouveler à travers

    le débat. Renoncez à prétendre à un second mandat

    pour ne pas la condamner à la faillite.

    À défaut d'un véritable héritage, léguez-nous au

    moins cela.

    Respectueusement.

    Michel Boutanquoi

    Dessin publié avec l’aimable autorisation de

    Charlie Hebdo 

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    Sexisme à l'Assemblée

    PAMELA ET LES DÉPUTÉS

    Mardi 19 janvier 2016, à l'Assemblée. En France,

    donc, au XXIe siècle !

    Un grand moment de représentation nationale a

    eu lieu à Paris ce jour-là, où les députés recevaient

    Pamela Anderson,

    actrice et mili-

    tante de la

    cause animale.

    La star cana-

    dienne, venue

    soutenir un

    projet de loi de

    la députée éco-

    logiste Laurence Abeille contre le gavage, n’a pas laissé

    les parlementaires insensibles.

    Eux qui, comme tous les

    mâles de leur génération

    (1), ont dû passer quelques

    heures devant la télévision,

    admirant Pamela courir en

    bikini sur une plage de

    Malibu et rêvant d’être à laplace du blessé vers qui

    accourait la lifeguard de la

    beach patrol... 

    Eux qui sont des élus de la

    nation, des représentants

    des citoyens, qui exercent la

    souveraineté nationale, qui votent les lois…  

    On aurait pu penser qu’ils avaient conçu une

    forme de gratitude envers Pamela Anderson pour ces

     jolis souvenirs d’adolescence, et donc qu’ils écoute-raient le message qu’elle venait leur délivrer - pour ses

    arguments éthiques et philosophiques, s’entend. Et

    puis, éventuellement, on pouvait espérer que nos repré-

    sentant nationaux avaient une haute idée leur fonction.

    Haute idée dont ils ont donné la mesure (ce

    n'était hélas pas la première fois, ni sans doute la der-

    nière...) dans ces messages, ces dizaines de tweets,

    d’une élégance et d’un humour que l’on ne soupçonnait

    pas chez nos élus :

    - #PamelaAnderson Une dinde gavée au silicone parade à l'assemblée contre le gavage des oies... Quelle

     farce ! Qui en sera le dindon ?

    - @Bleu_Gironde Oui au gavage des canards et

    des oies à la purée de maïs ! Non au gavage des lèvres

    et des seins au Botox ! #PamelaAnderson

    - #Pamela "n'y connaît rien. Pas de silicone

    dans le foie gras. Qu'elle continue à courir. Ça nous

    rappellera des souvenirs" @patrick_ollier

    https://twitter.com/patrick_ollier

    Nous avons donc, d’un côté, une ex-actrice qui

    a mis sa notoriété au service d’une cause, qui parcourt

    le monde depuis 20 ans contre la chasse aux phoques,

    contre la fourrure, pour la protection des baleines,

    contre toutes les formes de maltraitance animale, avec

    PETA (2), Sea Sheperd ou la FBB (3), et de l'autre,

    quelques individus qui pensent rester dans les mé-

    moires grâce à des vannes de piliers de bistrots. Le-

    quel de ces deux types de personne est-il le plus digne

    de fréquenter l’Assemblée nationale ? Douloureuse

    question...

    Chère Pamela, un conseil : présente-toi au

    Congrès en 2017 ; non seulement tu y seras à ta place,

    mais lors de ta prochaine visite à Paris, tu y seras aussi

    bien traitée que le fut ArnoldSchwarzenegger. Sacré Arnold the Governator, aux

    formes avantageuses pourtant tout aussi modifiées

    que celles de Pamela, mais pour qui on déroule le ta-

    pis rouge à l’Assemblée nationale et qui peut se prêter

    à une séance de pose au sein même de l’hémicycle

    sans que personne ne s’en offusque ! Au contraire, nos

    chers députés, émus, se battaient presque pour une

    photo avec Arnie. Mais Arnold est un homme et un ex-

    gouverneur : il est des leurs… 

    Martine Landry

    (1) Ah ! ben non : moi, je savais même pas qui c'était...[Note du réviseur] 

    (2) People for the Ethical Treatment of Animals.

    (3) Fondation Brigitte Bardot.

  • 8/19/2019 Feuille Verte n°215 – Mars 2016

    10/24

    10 

    La méthanisation est un procédé biologique qui

    permet d'obtenir un gaz combustible, le méthane, à partir

    de la fermentation anaérobie (1) de déchets organiques.

    Cette technique, utilisée un peu partout dans le monde

    depuis le début du 20e siècle, permet d'éliminer et de

    valoriser certains déchets. On parle aussi de la production

    de biogaz qui est une forme d'énergie renouvelable. Mais

    attention à ne pas oublier les préoccupations agrono-

    miques et environnementales !

    Un secteur en développement 

    Il y a en Franche-Comté une dizaine d'installationsde méthanisation à la ferme, dont celle de la ferme biolo-

    gique de They (Haute-Saône), de M. Devillair, qui a été

    construite en 2011. On compte aussi deux installations

    pour traiter les boues des stations d'épuration (dont celle

    de Besançon) et trois liées à des fromageries, sans comp-

    ter une vingtaine en projet ou en construction.

    Les équipements de méthanisation sont des ins-

    tallations classées soumises à déclaration ou autorisation

    (selon la taille) et à contrôle périodique. Cette réglemen-

    tation se justifie par les risques qui y sont liés : pollution,

    circulation de véhicules, émanations, explosions…

    L'ADEME, les services de l'État et la Chambre d'Agriculture

    sont chargés d'étudier la faisabilité des projets et la con-

    formité à la règlementation.

    Le pouvoir méthanogène varie beaucoup selon les

    substrats. Ainsi, une tonne de lisier de porc ne produit que

    quelques m3 de gaz alors qu'une tonne de déchets de

    céréales en produit jusqu'à 350 m3. Le gaz méthane peutêtre valorisé de quatre manières différentes :

    - injection dans le réseau de gaz naturel quand la

    proximité le permet,

    - utilisation directe par combustion : chauffage,

    séchage du foin, etc.,

    - cogénération : production simultanée de cha-

    leur et d'électricité,

    - transformation en carburant GNV (Gaz Naturel

    Véhicule).

    Préoccupations agronomiques et environ-

    nementales

    Dans le cadre de Franche-Comté Nature

    Environnement, un guide de réflexion a été élaboré pour

    aider les associations ou les élus à donner un avis sur les

    projets de méthanisation. L'idée générale retenue a été

    qu'il ne fallait pas se préoccuper seulement de questions

    énergétiques, mais qu'on devait aussi tenir compte des

    impératifs agronomiques, comme la préservation du

    taux d'humus des sols, et écologiques, en évitant les

    épandages excessifs de nitrates et de phosphates conte-

    nus dans les digestats de méthanisation (2). 

    En effet, selon la célèbre loi de Lavoisier - « Rien

    ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme » -, la part

    de carbone transformée en méthane n’est plus dispo-

    nible pour enrichir le sol en humus et les quantités

    d’azote et de phosphore sont exactement les mêmes à

    l’entrée et à la sortie de la méthanisation. Celle -ci ne

    permet en aucun cas de résoudre la question des excé-

    dents d’azote et de phosphore, qui se retrouvent inté-

    gralement dans les digestats. Il est donc recommandé de

    maintenir une fertilisation mixte (digestats et fumier sur

    paille), moins lessivable et plus durable, indispensable à

    la préservation des eaux souterraines, des rivières et des

    sols.

    La fertilisation avec les digestats est intéressante

    quand elle remplace les engrais chimiques. Mais les

    règles d'épandage de ces fertilisants très solubles doi-

    vent être très strictes pour éviter qu'en zone karstique,

    Transition énergétique

    LA MÉTHANISATION EN FRANCHE-COMTÉ

  • 8/19/2019 Feuille Verte n°215 – Mars 2016

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    11

    ils ne se retrouvent dans les eaux souterraines et les ri-

    vières.

    Attention aux dérives ! 

    La production de gaz doit être réalisée à partir de

    déchets organiques, qu’ils soient uniquement d’origine

    agricole ou en mélange avec d’autres déchets (gazons,

    graisses usagées…). Nous refusons la méthanisation réali-sée à partir de cultures dédiées, avec les mêmes arguments

    que ceux de notre refus des agrocarburants en général. Il

    ne doit pas y avoir de concurrence, dans l’utilisation des

    surfaces cultivées, entre production à des fins énergétiques

    et production alimentaire. Cette dernière doit toujours res-

    ter prioritaire.

    Les matières organiques provenant d’une zone

    extérieure au territoire d’épandage des digestats entraî-

    nent, automatiquement, une augmentation des quantités

    globales de nitrates et de phosphates apportées au sol. Ilpeut en résulter des excédents que le territoire est inca-

    pable d’absorber, avec les risques d'aggravation des pollu-

    tions d'origine agricole.

    L’utilisation du biogaz doit se substituer à une

    énergie fossile. On doit privilégier une utilisation sur

    place, sur l’exploitation ou à proximité. En aucun cas

    cette production ne doit servir de prétexte à de nou-

    veaux besoins. Si on crée un nouveau besoin, comme le

    chauffage d’une serre par exemple, on n’avance pas vers

    la transition énergétique. Quand c'est possible, l’injec-

    tion dans le réseau de gaz naturel est aussi une solution

    intéressante.

    Pour éviter les transports, gourmands en éner-gie, tant des matières à méthaniser que des digestats, il

    faut privilégier l’installation d’unités modestes « à la

    ferme » ou des projets collectifs, aux dimensionnements

    liés aux capacités d’épandage dans des projets de fertili-

    sation mixte. Les sols ne peuvent pas s’adapter aux

    quantités à épandre. Aussi la dimension des projets doit

    s’adapter à la nature des sols, à la surface réellement

    disponible pour l’épandage et aux besoins en fertili-

    sants.

    Gérard Mamet

    (1) Anaérobie : sans oxygène, à l'abri de l'air. 

    (2) Digestats : nom donné aux résidus de méthanisa-

    tion.

    Europe Ecologie Les Verts de Franche

    omté

     

    (33, Avenue Carnot 25000 Besançon) 

    Directeur de publication :

    Gérard Roy  

    omité de lecture : Michel Boutanquoi, Gérard Mamet, 

    Gérard Roy, Suzy Antoine, Françoise Touzot 

    CPPAP: 0518 P 11003

    Maquette : Corinne Salvi Mise en page : Suzy Antoine

    Imprimé sur papier recyclé

     

    Par les soins d’Europe Ecologie Les Verts de Franche-Comté 

    ISSN 1169-1190

  • 8/19/2019 Feuille Verte n°215 – Mars 2016

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    12

    1. La vague d'innovation actuelle détruit

    plus d'emplois qu'elle n'en crée 

    La vague actuelle d'innovations tourne autour du

    numérique, mais pas seulement. Les avancées tou-

    chent aussi les matériaux, l'énergie, la biologie molécu-

    laire, la génétique, etc. D'après la théorie de la

    « destruction créatrice » de l'économiste Joseph

    Schumpeter, quand une nouvelle technologie remplace

    une ancienne, elle permet de faire mieux et moins cher.

    Mais l'impact sur l'emploi est immédiat. Dans les

    vagues d'innovations passées, dans les secteurs émer-

    gents, de nouveaux emplois étaient créés, plus nom-

    breux et mieux rémunérés. Le problème, c'est que la

    phase actuelle d'innovations détruit beaucoup plus

    d'emplois qu'elle n'en crée. Ainsi, Le Bon Coin, qui

    fonctionne avec moins de 300 personnes, remplace10 000 agents immobiliers, Amazon entraîne la destruc-

    tion de centaines d'emplois dans les librairies tradition-

    nelles. Et on ne voit pas très bien quels seront les do-

    maines de création des nouveaux emplois. Il y a bien

    chaque année dans le monde un million de plus de

    chercheurs en R & D (Recherche et développement),

    mais c'est beaucoup moins que le nombre d'emplois

    détruits. (La Recherche n° 508, février 2016, pp. 72-75)

    Commentaire : Certains pensent que, pour

    faciliter la création de nouveaux emplois, il faudraitsimplifier la réglementation. Néanmoins, tous s'accor-

    dent sur l'importance de la formation et de la re-

    cherche fondamentale de haut niveau. Mais cela ne

    répond pas à la menace du chômage technologique. Le

    chercheur américain Randall Collins (1) définit le chô-

    mage technologique comme « le mécanisme par lequel

    les innovations en matière d'équipement et d'organisa-

    tion du travail permettent d'économiser de la main

    d'œuvre : produire plus à un coût inférieur et avec moinsde travailleurs ». Collins ajoute que « la substitution des

    machines et des ordinateurs au travail humain est un

     processus potentiellement sans fin ». Or c'est le secteur

    des services, qui emploie déjà 75 % de la population ac-

    tive aux États-Unis (2), qui est le plus affecté par les tech-

    nologies de l'information. Dans ces conditions, Collins

    envisage la possibilité d'un chômage structurel de 50 %

    de la population en âge de travailler, dès 2040, dans les

    pays développés. Au moment où le gouvernement et le

    Medef veulent défaire la loi sur les 35 heures, cela re-

    pose donc avec une très grande acuité la question de la

    réduction du temps de travail.

    2. Des carburants solaires pour la transition

    énergétique 

    En ces temps de réchauffement climatique, l'éner-

    gie solaire apparaît comme une solution. Son exploita-

    tion par l'homme revêt deux principales formes : les pro-

    cédés photovoltaïques (transformation de la lumière en

    électricité) et les procédés photothermiques (le rayonne-

    ment est transformé en chaleur, par exemple dans un

    chauffe-eau solaire). La difficulté vient de son caractère

    intermittent et il est donc nécessaire de la stocker. Une

    troisième forme d'exploitation directe de l'énergie solaire

    est prometteuse : la transformation de l'énergie solaire

    en carburant, ce qui résout en même temps la question

    de son stockage.

    Science et écologie

    DESTRUCTION NON CRÉATRICE,CARBURANTS SOLAIRES,

    VIRUS EBOLA ET MALADIE DE LYME

    La science pour éclairer les choix de l'écologie politique.

    La réflexion politique pour développer la critique de la science.

  • 8/19/2019 Feuille Verte n°215 – Mars 2016

    13/24

    13

    L'hydrogène gazeux est le plus simple des carburants so-

    laires et il peut être obtenu par électrolyse de l'eau. Mais

    son stockage reste compliqué. D'autres recherches visent

    à fabriquer directement des carburants carbonés tels que

    les hydrocarbures ou le méthanol, à partir du CO2, en

    cherchant à imiter la photosynthèse (3). (Pour la Science

    n° 459, janvier 2016, pp. 57-63)

    Commentaire : Les recherches sur la production

    directe de carburants carbonés n'en sont qu'à leurs pre-

    miers balbutiements. Les rendements énergétiques sont

    encore trop faibles, autour de 0,1 %, c'est-à-dire inférieurs

    à ceux de la photosynthèse. Un rendement énergétique

    global de 10 %, qui est l'objectif des chercheurs, est consi-

    déré comme plausible. Pour y arriver, il faudrait mobiliser

    de nombreuses ressources humaines et matérielles, dans

    le cadre de collaborations internationales. Dans ces condi-

    tions, les carburants solaires pourraient trouver leur place

    dans la transition énergétique.

    3. Les débuts prometteurs du vaccin contre

    Ebola 

    Depuis le début de l'épidémie, 28 635 personnes

    ont été infectées par le virus Ebola et 11 314 décès dé-

    nombrés. La maladie a un taux de décès élevé mais qui

    varie selon les 5 souches de virus identifiées. Elle est mo-

    dérément contagieuse : son mode de transmission par les

    fluides corporels (sueur, sang, etc.) rend efficace une stra-

    tégie d'isolement des malades. Mais devant la gravité dela situation observée pendant l'été 2014, la communauté

    internationale a lancé une coopération de grande ampleur

    (OMS, ONG, ONU, pays donateurs). Les laboratoires qui

    travaillaient déjà sur cette maladie ont rapidement mis au

    point des candidats vaccins qui ont d'abord été testés sur

    des cellules et des animaux. Entre avril et juillet 2015, le

    plus avancé des vaccins, rVSV-Ebov, a été testé sur

    7 500 personnes. Les résultats montrent qu'il offre une

    bonne protection contre le virus sans provoquer d'effets

    secondaires importants. (La Recherche n° 507, janvier2016, pp. 51-54).

    Commentaire : L'épidémie, qui a démarré en

    Guinée en décembre 2013, a pris une grande ampleur,

    sans doute parce que les populations concernées se dé-

    plaçaient beaucoup et que les autorités ont tardé à

    mettre en place un contrôle strict. C'est « l'urgence de

    santé publique de portée internationale » à un moment

    donné qui a stimulé la recherche sur les vaccins. Le vac-

    cin protège non seulement les personnes vaccinées,

    mais aussi celles qui ne l'ont pas été en coupant la circu-

    lation du virus dans la population. Comme le virus circuletoujours dans la faune sauvage, notamment chez les

    chauves-souris, cette épidémie ne sera pas la dernière. Il

    est donc très important de disposer d'un ou de plusieurs

    vaccins efficaces.

    4. Maladie de Lyme : les outils pour améliorer

    le diagnostic sont pourtant là 

    La maladie de Lyme, ou borréliose, est transmise

    par des tiques. Selon l'Institut de Veille sanitaire, la

    France compte 27 000 cas nouveaux par an mais, selonles associations de malades, ce nombre serait largement

    sous-estimé. Le symptôme classique est une tache rouge

    sur la peau, ou érythème, qui disparaît en quelques

     jours. C'est une maladie facile à guérir au stade précoce

    à l'aide d'antibiotiques adaptés. Par contre, sans traite-

    ment antibiotique précoce, la situation se complique.

    Des symptômes très variés  –  articulaires, musculaires,

    neurologiques - apparaissent. Le problème, c'est que

    l'affection n'est pas toujours facile à diagnostiquer.

    D'abord, la morsure de la tique peut passer inaperçue,

    parce qu'elle injecte une substance anesthésiante. En-

    suite, les tests ne détectent pas tous les cas. En France, il

    y a 5 espèces de bactéries responsables de la maladies

    et les tests commercialisés ne précisent ni leur spécifici-

    té ni leur sensibilité. (Pour la Science n° 460, févier 2016,

    pp. 14-16)

    Commentaire : La maladie de Lyme pose un

    grave problème de santé publique et la Franche-Comté

    est particulièrement touchée. Il y a une certaine mécon-

    naissance de la maladie dans le monde médical. Les

    tests, basés sur la détection d'anticorps spécifiques, sont

    parfois réalisés trop tôt ou ne correspondent pas tou-

     jours à la souche de bactérie concernée. Il y a ainsi près

    de 20 % de faux négatifs. L'information du public est

  • 8/19/2019 Feuille Verte n°215 – Mars 2016

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    insuffisante : chaque fois qu'on se promène dans un en-

    droit susceptible d'abriter des tiques, il faudrait s'exami-

    ner et enlever les tiques le plus tôt possible, car les

    risques de transmission augmentent avec la durée d'at-

    tachement de la bestiole. La ministre de la Santé a été

    alertée à plusieurs reprises sur la gravité de l'épidémie

    par des parlementaires francs-comtois sans qu'il en ré-

    sulte, à ce jour, des actions adaptées et efficaces. Pour-tant, des techniques sont disponibles pour détecter les

    différents microorganismes transmis par les tiques, mais

    il faudrait qu'elles soient généralisées.

    Gérard Mamet

    (1) Immanuel Wallerstein, Randall Collins,

    Machael Mann, Georgi Derluguian, Craig Calhoun, Le

    Capitalisme a-t-il un avenir ? La Découverte, novembre

    2014.

    (2) Dans les pays avancés, le travail agricole ne

    représente plus que 1 % des emplois et les industries ma-

    nufacturières 15 %.

    (3) La photosynthèse est le processus utilisé parles plantes vertes pour fabriquer de la matière organique

    (sucres, graisses, protéines) à partir du CO2, en utilisant

    l'énergie lumineuse.

    14

    Comment recevoir La Feuille Verte ?  

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    Nous avions lancé un appel à l’aide dans La Feuille Verte de janvier. Nous le réitérons dans ce numéro.

    Malheureusement, le nombre d'abonnements payants demeure désespérément bas et bien insuffisant, dans les conditions

    actuelles, pour assurer la pérennité de notre canard. Si vous êtes aussi attachés que nous à la continuité de La Feuille Verte,

    il n'y a pas 36 solutions : abonnez-vous, réabonnez-vous, faites (ré)abonner les gens autour de vous, « placez » des numéros

    partout où vous pouvez ! N'ayons pas peur des banalités quand elles disent vrai : pour une publication (sans la moindre pu-

    blicité, bien sûr), l'abonnement, c'est le nerf de la guerre.

    Le Comité de lecture de La Feuille Verte

  • 8/19/2019 Feuille Verte n°215 – Mars 2016

    15/24

    On entend sans cesse le gouvernement et le Medef

    dire qu'il faut économiser l'argent public ; et pourtant, à

    Notre-Dame-des-Landes, Manuel Valls continue de sou-

    tenir un projet d'aéroport coûteux, inutile et destructeur

    de terres agricoles. Le 13 janvier, les militants de la Con-

    fédération paysanne du Doubs ont manifesté leur soutien

    à leurs collègues de Loire-Atlantique menacés d'expul-

    sion.

    Un acte de solidarité 

    Ce jour-là, 4 paysans et 11 familles étaient jugés

    devant le tribunal de Nantes pour avoir refusé de quitter

    leurs terres. Ils risquaient l'expulsion immédiate, la saisie

    et la séquestration de leur bétail et de leurs biens et une

    astreinte pouvant aller jusqu'à 1 000 euros par jour.

    Une quarantaine de militants et sympathisants de

    la Conf' 25 se sont retrouvés, au même moment, au rond

    point d'Étalans, pour organiser un barrage filtrant avec

    une dizaine de tracteurs et pour distribuer une informa-

    tion aux automobilistes de passage sur cet endroit straté-

    gique entre le Haut-Doubs et Besançon. Cet acte de soli-

    darité a été assez bien accepté par les personnes de pas-

    sage.

    Le samedi 23 janvier, un rassemblement de sou-

    tien a eu lieu aussi à Besançon, à l'appel du collectif bi-

    sontin contre NDDL, avec le soutien d'EÈLV. Le jugement

    est tombé le 25 janvier : il a décidé l'expulsion dans un

    délai de deux mois, mais sans astreinte.

    En finir avec les grands projets inutiles 

    Il a été largement démontré que ce projet était

    ancien, basé sur l'hypothèse d'une progression complè-tement surestimée du transport aérien. Il existe déjà un

    aéroport international à Nantes, qu'il suffirait de réno-

    ver. Le coût de la rénovation serait 8 à 10 fois moindre et

    cela éviterait la destruction de 1 700 ha de terres agri-

    coles et de zones humides remarquables, très riches en

    biodiversité.

    La ville de Nantes peut être reliée à Paris en deux

    heures par le train, beaucoup moins gourmand en éner-

    gie. Ce sont les lobbies du bétonnage qui cherchent à

    imposer ce type de projet. La terre est précieuse et elle

    doit être réservée autant que possible à l'alimentation

    humaine. Les paysans de Notre-Dame-des-Landes, qui

    respectent la terre et l'environnement, veulent pouvoir

    continuer de vivre de leur travail, soutenus par des di-

    zaines d'associations.

    Dernier rebondissement : un référendum 

    Si le gouvernement est à l'écoute des citoyens,

    s'il veut se conformer aux engagements de la COP 21 qui

    vient de se tenir à Paris, il doit renoncer à ce projet inu-tile, qui augmenterait encore les émissions de gaz à effet

    de serre. Après le remaniement gouvernemental,

    François Hollande a annoncé un référendum local pour

    15

    Notre-Dame-des-Landes

    NON A L'EXPULSION DES PAYSANS,OUI A LA PRÉSERVATION DE

    LA BIODIVERSITÉ

  • 8/19/2019 Feuille Verte n°215 – Mars 2016

    16/24

    16

    trancher la question. Problème : on ne sait pas quel sera

    le périmètre du vote, peut-être le seul département de la

    Loire-Atlantique. Mais le conseil de ce département a déjà

    annoncé qu'il refusait de l'organiser. C'est encore une fa-

    çon de tergiverser.

    Les forces en présence sont assez bien identifiées :

    d'un côté, les partisans des GPI (1) qui sont sous

    l'influence du lobby des grandes entreprises de BTP

    (Bouygues, Vinci…) et qui, sous prétexte de croissance et

    d'emplois, sont prêts à faire n'importe quoi, même de

    l'inutile (alors qu'il y a tant à faire en matière de transition

    énergétique) ; de l'autre, des paysans qui veulent conti-

    nuer à vivre de leur travail et des défenseurs de l'environ-

    nement qui veulent préserver une zone remarquable pour

    sa biodiversité. Référendum ou pas, il est plus que temps

    de mettre un terme définitif à ce projet déraisonnable (2). 

    Gérard Mamet 

    (1) Grands Projets Inutiles.

    (2) Et comme si ça ne suffisait pas, voilà qu'on ap-

     prend, par le Canard enchaîné, que l'État a tenu secret un

    rapport de la DREAL remis en 2014 au préfet de région et

     préconisant l'extension de l'aéroport actuel plutôt que la

    construction d'un nouveau !

    ON VIT UNE ÉPOQUE FORMIDABLE

    Brèves

    1) Selon un article du Canard enchaîné, chaque

    année, dans le monde, 12 millions de tonnes de ma-

    tières plastiques  finissent dans l’eau. On estime que

    960 000 tonnes de débris plastiques se sont conglomé-

    rées en cinq immenses dépotoirs flottants. Le plus grand

    se trouve dans le Pacifique, et il est épais de 30 mètres.

    Tout ce bon plastique n’est pas perdu pour tout le

    monde : oiseaux, tortues, phoques s’étouffent en l'ingé-

    rant. Mais ce n’est pas tout : il s’émiette en minuscules

    fragments qui se mélangent au plancton. Et qui mange

    le plancton ? Poissons, huîtres, coquillages filtreurs… 

    Une étude récente menée sur les espèces pê-

    chées dans la Manche a montré que les plus

    « plastiqués » étaient le merlan bleu, le grondin rouge,

    et certaines soles. Quand on songe que ce plastique

    contient lui-même du bisphénol, des phtalates… 

    Y a pas à dire : le plastique, c'est fantastique !

    2) Le magazine  Auto plus a testé la consomma-

    tion réelle des autos  les plus vendus en France. Ils ont

    testé des modèles lambda, non préparés, sur route, sanssoufflerie, bref sans tricherie. Du coup, ils ont mesuré

    une consommation plus élevée de 37,2 % que celle an-

    noncée par les constructeurs ! Et les voitures françaises

    sont parmi les plus tricheuses.

    3) Actuellement, les déplacements à vélo ne repré-

    sentent en France qu’un peu plus de 3 % du total

    (87 km par an et par Français). Le Club des villes et terri-

    toires cyclables a calculé que la Sécurité sociale pourrait

    économiser le montant de son déficit annuel (plus de 14

    milliards d’euros) si ce pourcentage montait jusqu’à 15 %

    (300 km par an et par personne). (Ville et vélo, mai 2015)

    Voir à ce sujet :

    http://www.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/

    avan-

    tages_sanitaires_du_velo_version_assemblee_du_17_dece

    mbre.pdf

    ou (version courte) :http://tinyurl.com/hn62mno

    Michèle Greif

  • 8/19/2019 Feuille Verte n°215 – Mars 2016

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    Piqûre de rappel contre l'amnésie

    LA BATAILLE D'EINAUDI (1) : LES DÉRIVES DELA RÉPUBLIQUE

    17

    En ces temps de questionnement sur laRépublique, ses valeurs et ses renoncements, ses si-

    lences appuyés et ses représentations, sur ce qu 'elle

    voudrait bien paraître par rapport à ce qu'elle est, un

    récent petit livre du Bisontin Fabrice Riceputi sur les

    aléas de la construction de notre Histoire est à la fois

    passionnant et instructif. Le sous-titre du livre annonce

    déjà le propos : « Comment la mémoire du 17 octobre

    1961 revint à la République » après plus de trente ans

    de « dissimulations systématiques de la part des autori-

    tés françaises, sans que l'alternance politique de 1981

    ne change profondément les choses », comme le pré-

    cise Gilles Manceron dans la préface.

    Cette enquête retrace le parcours complexe d'un

    chercheur citoyen, Jean-Luc Einaudi (auteur de La

    Bataille de Paris en 1991), pour faire reconnaître un

    massacre oublié et les obstacles auxquels il s'est heurté.

    Elle pose aussi la question de la construction

    d'une Histoire officielle et de sa contestation, comme

    celles de la consultation des Archives nationales ou de

    l'élaboration des manuels d'histoire. Elle montre de plus

    à quel point un dispositif d'exception peut permettre

    des dérapages. Ce qui n'est pas sans écho avec la situa-

    tion actuelle.

    À l'époque, c'est la mise en place d'un acte

    anticonstitutionnel, un couvre-feu après 20 h 30 vi-

    sant les seuls « Français musulmans d'Algérie », qui

    avait provoqué la manifestation réprimée. Ainsi, déjà

    par le passé, on savait instrumentaliser des dispositions

    exceptionnelles discriminatoires mettant en danger leslibertés et la cohésion sociale.

    Un crime d'état laissé dans l'oubli

    Les massacres de manifestants pacifistes perpé-

    trés le 17 octobre 1961 et les jours qui ont suivi repré-sentent une des pages d'un passé colonial dont l'opacité

    officielle a creusé en silence une fracture dans toute

    notre société. Sous prétexte de préserver l'unité natio-

    nale, cette opacité perpétue cette fracture entre

    Français par la distinction de traitement qu'elle opère.

    Le Préfet de police Maurice Papon estimait à

    l'époque avoir défendu Paris sans violence contre les

    terroristes du FLN. Il ne re-

    connaîtra en fin de compte

    que deux morts, alors que lenombre réel de victimes

    durant cette opération de

    « maintien de l'ordre » par

    une police armée contre un

    défilé pacifiste reste incon-

    nu, bien qu'estimé à plus de

    200 morts, « noyés par

    balles », victimes de matra-

    quages mortels, de strangulations ou de tortures - faits

    relatés par de nombreuses sources, y compris dans lapolice.

    Le parcours d'un chercheur citoyen 

    Outre l'opposition du principal ordonnateur de

    ces basses œuvres, la recherche de la vérité d'Einaudi a

    rencontré aussi celle de l'Université, qui lui a refusé

    toute aptitude à la recherche comme à quiconque

    n'ayant pas le statut de chercheur. Force est de consta-

    ter que cette défense corporatiste, crispée autour du

    fétichisme des diplômes, passe avant la reconnaissance

    argumentée des faits. Einaudi, éducateur, ne verra ainsi

    son travail pris en considération que beaucoup plus tard.

    Au procès de Maurice Papon, à Bordeaux, pour

    concours actif à la déportation de Juifs, Einaudi fut ap-

    pelé pour témoigner de la continuité dans les agisse-

    ments du Préfet à travers ses différentes fonctions. Tou-

    tefois, c'est surtout la plainte pour diffamation formulée

    ensuite par Papon lui-même contre Einaudi pour avoir

    évoqué, lors du procès de Bordeaux, des faits couverts

    par l'amnistie de 1962 qui donneront au récit d'Einaudi

    son véritable impact. Si tout portait à croire que Papon

    sortirait vainqueur de cette confrontation étant donné

    cette prescription, Einaudi obtint la relaxe, ce qui reve-

    nait à faire reconnaître Papon comme l'organisateur de

  • 8/19/2019 Feuille Verte n°215 – Mars 2016

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    cette répression. Et cela à force de témoignages et grâce

    au concours d'archivistes qui ont soutenu Einaudi, mais qui

    en paieront le prix par la suite.

    En effet, ces archivistes témoignèrent en sa faveur,

    mais verront de ce fait leur carrière compromise, pour

    avoir brisé la loi du silence, par une « mise au pla-

    card » jusqu'à leur retraite, d'où personne, de droite

    comme de gauche, ne les sortira malgré des demandes

    réitérées, ni n'ouvrira les archives comme promis.

    Le difficile accès aux archives et l'histoire offi-

    cielle 

    Il faut préciser qu'en 1979, Papon, Ministre des Fi-

    nances sous Giscard, avait soigneusement fait en sorte que

    le délai de consultation de certaines archives soit allongé

    de 60 à 100 ans, au nom de la raison d’État, sauf déroga-

    tion exceptionnelle dont ne bénéficiera pas Einaudi. Par

    ailleurs, la destruction d'archives durant ce délai, ainsi que

    la prescription ou l'amnistie, permettront difficilement que

    l'on revienne sur les versions officielles du « roman natio-

    nal ».

    L'ensemble de ces pressions réduit considérable-

    ment l'accès à la compréhension des faits et le dialogue

    nécessaire entre les histoires de chacun de son vivant et

    l'Histoire retenue par les manuels scolaires, en particulier

    autour du fait colonial, consubstantiel à la République. La

    lecture de ce livre est l'occasion de mesurer à quel point

    cette « tendance lourde à l'occultation du savoir favorise

    une incapacité plus ou moins consciente à reconnaître ce

    que l'on sait et à en tirer les leçons », comme le précise

    Fabrice Riceputi. Il ne s'agit pas de repentance, mais de

    reconnaissance de ce qui s'est passé, afin de ne pas répé-

    ter les mêmes erreurs. Or, depuis les attentats de 2015, on

    voit réapparaître implicitement dans certaines décisions

    une stigmatisation à peine retenue. Même si cette grille de

    lecture doit en croiser d'autres, rien ne sert de l'éluder, car

    un pays qui ne fait pas les comptes de son passé est un

    pays qui ne cesse de le payer.

    À Besançon, un collectif d'associations (2) appelle

    chaque année, le 17 octobre, à un rassemblement en sou-

    venir de ces événements tragiques . Des fleurs sont lan-

    cées symboliquement à cette occasion dans le Doubs de-

    puis le pont Battant. Pour le cinquantenaire, en 2011, une

    plaque a été posée avec la participation de la ville au coin

    gauche du pont, côté quai Vauban. Toutefois, incroyable

    mais vrai, le texte de cette plaque est gravé sur une pierredont les marbrures mouchetées le rendent quasiment illi-

    sible.

    « À la mémoire des Algériens Victimes de la ré-

    pression lors d’une Manifestation Pacifique le 17 octobre

    1961 à Paris » 

    Thierry Lebeaupin

    (1) : La Bataille d’Einaudi -

    Comment la mémoire du17 octobre 1961 revint à

    la République de Fabrice

    Riceputi, Éditions Le Pas-

    sager clandestin, 2015.

    2) : Ce collectif est formé par CISIA, CDDLE, l'asso-

    ciation À la rencontre de Germaine Tillion, LDH, CIMADE,MRAP, Pastorale des migrants, CCFD Terre Solidaire du

    Doubs, Survie, Terre des hommes, FSU, Solidaires, PG25,

    PS, PCF, EELV, NPA, les Alternatifs...

    18

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    À peu près au moment du bouclage de cette

    Feuille Verte, le 22 février, le Président de la République,

    Falakiko Hollande, nous rendra visite, avant de rejoindre

    la Polynésie Française. La dernière visite présidentielle fut

    celle de Valery Giscard d'Estaing en 1979, il y a trente-

    sept ans. Et c'est la première fois qu'un président de la

    République en exercice foule le sol de Futuna... Évène-

    ment historique, donc. Notons encore que François

    Hollande sera ici le lundi 22 février, puis le dimanche 21

    en Polynésie : petite facétie de la ligne de changement de

    date !...

    Mais aujourd'hui, c'est de santé que je souhaite

    vous parler, l'archipel étant confronté à un défi considé-

    rable dans ce domaine.

    Une espérance de vie inférieure de sept ans

    à celle de la métropole 

    Depuis la nuit des temps, en Polynésie, ce sont les

    plantes, le recours aux guérisseurs et à des cérémonies

    permettant d'éloigner les temonio (esprits mauvais) quipermettaient de lutter contre les maladies. Ces pratiques

    n'ont pas disparu, le recours aux plantes médicinales

    reste en effet très habituel dans le quotidien des familles

    wallisiennes et la peur des temonio est toujours présente.

    Aujourd'hui, l'Agence de Santé définit la politique

    de santé, gère un hôpital et trois dispensaires, fournit les

    médicaments et gère les actions de prévention. Les soins

    sont gratuits et il n'existe pas ici de médecine libérale. Les

    dépenses de santé par habitant sont à Wallis les plus

    basses d'Outre-Mer, à égalité avec Mayotte.

    Mais ce n'est pas l'équipement médical, ni même

    l'éloignement des plateaux techniques très pointus de

    Nouméa ou de métropole, qui posent problème ici. La

    préoccupation n°1 est celle de l'explosion de l'obésité

    et du diabète. À Wallis, 60 % de la population est en

    situation d'obésité selon la classification OMS, 87 % en

    surcharge pondérale et 19 % des habitants souffrent

    de diabète. Les complications liées sont nombreuses :

    hypertension artérielle et maladies cardiovasculaires,

    insuffisance rénale chronique, risque accru de certains

    cancers (sein, colon, prostate), problèmes articulaires,

    moindres défenses immunitaires… 

    Ces chiffres sont les plus élevés de l'ensemble du

    territoire national. Aujourd'hui, selon l'INSEE, l'espé-

    rance de vie d'un Wallisien, hommes et femmes con-

    fondus, est de 75,8 ans. Elle est en métropole de 82,8

    ans.

    Si elle atteint des records ici, cette réalité est

    hélas partagée : selon un rapport de la Cour des

    Comptes de juin 2014, obésité et hypertension ont

    doublé en outre-mer entre 1980 et 2010.

    Régime soda-chips-corned beef

    C'est bien sûr l'évolution des modes de vie et de

    consommation qui est en cause. Mais il existe aussi

    des prédispositions génétiques qui remontent aux

    temps anciens : dans ces îles soumises aux aléas clima-

    tiques (cyclones) et ces territoires isolés, ne survi-

    vaient que ceux qui pouvaient stocker assez de calories

    pour résister aux famines récurrentes. Une sélection

    naturelle s'est donc opérée, mais cette force devient

    aujourd'hui une faiblesse face à l'abondance alimen-

    taire et à la baisse des besoins énergétiques.

    De la Franche-Comté à Wallis-et-Futuna

    PETITE CHRONIQUE WALLISIENNE (6)Une nouvelle fois, je vous emmène sur l'archipel de Wallis-et-Futuna, le territoire français le plus

    éloigné de la métropole, à la rencontre d'une terre et de ses habitants.

  • 8/19/2019 Feuille Verte n°215 – Mars 2016

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    L'arrivée des Américains pendant la guerre du

    Pacifique (1) a été le point de départ d'une véritable révo-

    lution dans l'archipel. Alors que l'agriculture vivrière et le

    troc régissaient la vie économique locale, les Américains

    ont introduit la monnaie en rétribuant la population pour

    les aider à construire routes et infrastructures. Et au pas-

    sage en introduisant coca, corned beef, alcool et ciga-

    rettes… 

    Après le rattachement de Wallis-et-Futuna à la

    France en 1961, l'administration s'est développée et avec

    elle l'emploi salarié.

    Péni, Kika et Florence travaillent au service Préven-

    tion Santé de l'hôpital. Pour elles, c'est bien l'évolution des

    modes de vie qui est au cœur du problème : 

    « Le changement est net depuis les années 1985.

     Aujourd'hui, les gens ont un salaire, ils achètent dans les

    supermarchés beaucoup de sodas, du poulet congelé, du

    corned beef, du riz, du pain, pas de légumes et peu de

     fruits. On mange moins de taro et d'ignames, mangues et

    bananes pourrissent souvent sur les arbres et les gens

    achètent des pommes et des oranges...

     Autrefois, lorsque les hommes préparaient le 'umu

    (2), tout le monde prenait ses repas ensemble. Maintenant

    chacun mange quand il a faim. Les enfants partent à

    l'école les sacs plein de sachets de Twisties (chips).

     Avant, on marchait beaucoup, aujourd'hui tout le

    monde a une voiture. Et puis il y a la télé, internet, les jeuxvidéo... »

    Une évolution tristement classique donc, mais ici

    tout s'est passé très vite. En quarante ans, les modes de

    vie ont été radicalement bouleversés.

    Face à cette situation, l'équipe du service Préven-

    tion Santé propose quelques supports aux personnes dia-

    bétiques : ateliers culinaires, information sur la maladie et

    le traitement, organisation de journées « marche », travail

    en groupe pour motiver des patients souvent peu cons-cients des conséquences du surpoids. Mais face à

    l'ampleur de la tâche, les professionnelles avouent leur

    découragement, leur sentiment de n'être qu'une goutte

    Alain Sœur, Directeur de l'Agence de Santé, le

    reconnaît :

    « Nous intervenons trop tard et nous manquons

    de professionnels compétents : pas de médecin de san-

    té publique, pas de diététicienne ni de psychologue ou

     psychiatre ! Une des difficultés aussi, c'est que les per-

    sonnes font preuve de fatalisme : c'est Dieu qui décide

    de notre sort. Et il n'y a pas encore de prise de cons-cience chez les habitants des graves conséquences du

    surpoids. Pas beaucoup plus chez les responsables poli-

    tiques et/ou économiques du territoire. »

    Alain Sœur le constate, le système économique

    de l'archipel est contre-productif : les revenus du terri-

    toire sont constitués des taxes issues des produits

    d'importation. Les élus n'ont donc pas intérêt à déve-

    lopper une production locale (pêche, fruits, légumes,

    volaille, porcs) , alors qu'il faudrait réorienter la con-

    sommation des habitants vers les produits locaux, quisont sains et goûteux. Ici, pas d'intrants en agriculture

    ni de ciguatera dans le poisson (3). 

    Tout reste à faire, donc.

    François Hollande sera-t-il sensible au charme

    voluptueux des Wallisiennes ? Entendra-t-il la de-

    mande de leur député, Napole Polutélé, bien décidé

    semble-t-il à solliciter des moyens supplémentaires

    pour faire face à cette « urgence sanitaire », comme il

    la nomme ?

    L'avenir le dira. Ou pas.

    Françoise Touzot

    (1) Cf. La Feuille Verte, septembre 2015 : Pendant la

    Seconde Guerre mondiale, Wallis devient une base

    arrière américaine (1942-1944).(2) Four traditionnel du Pacifique.

    (3) Intoxication alimentaire par le poisson contaminé

     par une algue présente dans les récifs coralliens.

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    Breloques. David Bowie avait refusé d'être fait

    commandeur de l'ordre de l'Empire britannique  –  un

    peu comme s'il avait dédaigné la Légion d'honneur  – 

    parce qu'il « ne compren[ait] vraiment pas à quoi çasert ». Et trois ans plus tard, même refus de l'anoblisse-

    ment par la Queen. Respect.

    Retour. Jean-François Copé veut désormais

    « faire de la politique autrement ». Si ça lui réussit aussi

    bien qu'aux Verts, on ne devrait pas entendre parler de

    lui trop longtemps.

    Vroum. Aux États-Unis, en 2015, la consomma-

    tion d'essence a augmenté de 3 % et les ventes de pick-

    up et de SUV (ces 4x4 « urbains » pour emmener leschiards à l'école au coin de la rue) ont bondi de 15 %.

    La faute, paraît-il, à la chute des prix du pétrole. Peut-

    être un peu aussi à la connerie des acheteurs, non ?

    Virée. Je n'éprouve aucune sympathie particu-

    lière pour Fleur Pellerin, bonne élève de la classe PS.

    Mais que dire alors des malotrus qui l'ont débarquée

    comme une malpropre du ministère de la Culture, en

    plein examen d'un texte de loi qu'elle défendait ?

    Sacerdotaux. Vous avez vu les photos de la

    réconciliation « historique » (à Cuba !!!) entre les

    Églises catholique et orthodoxe ? Y a pas de doute,

    entre François et Cyrille, c'est bien le second qui avait le

    plus beau chapeau !

    Multifonctions. Laurence Rossignol est désor-

    mais ministre de la Famille, de l'Enfance et des Droits

    des Femmes. Il était prévu d'ajouter « des Couches-

    culottes, la Serpillère et de la Cocotte-minute », mais ça

    tenait trop de place sur le papier à en-tête.

    Cool. Les Émirats Arabes Unis font encore plus

    fort, en nommant des ministres (femmes, et voilées,

    bien sûr !) du Bonheur et de la Tolérance. À ce niveau

    d'aberration, on devrait bientôt voir un ministère saou-

    dien du String et du Fist Fucking.

    PS. Et aussi, chez nous, un ministère des Pro-

    messes tenues ? Bah non, faut quand même pas exagé-

    rer .

    Lettres. Selon un communiqué officiel, les

    Coréens du Nord, après le tir de « fusée » par Pyongyang

    début février, ont pu admirer « la vapeur fascinante du

    satellite de la Juche striant le ciel bleu et clair au début du

     printemps, à la veille de la fête de l'étoile qui brille ».

    Avec Sarko, les Français ont un écrivain ; avec Kim Jong-

    un, les Nord-Coréens ont un poète.

    Arsenal. Après les États-Unis, la Serbie et le

    Yémen, c'est la Suisse qui abrite la plus forte densité

    d'armes au monde ! Terminées pour moi les virées chas-

    selas-malakoff entre Nyon et Lausanne.

    Indulgent. Dans une interview au Monde, début

     janvier, Nicolas Hulot se dit « frappé par l'indigence des

     partis politiques sur la question du climat ». Seulement

    sur cette question-là ?!

    Nuls. Le snobisme anglomane des pubeux ne

    connaît pas de limites. Record (provisoirement) battu par

    ceux d'Alstom, dont la dernière campagne proclame :

    « Alstom is France. We are Alstom. Designing fluidity. »

    En soi, c'est déjà très, très con (normal, c'est de la pub).

    Mais ça l'est encore plus quand on parvient à lire la mi-nuscule traduction bien planquée dans un coin : « Alstom

    is France » est traduit par « Alstom est en France ».

    Même pas un niveau de 6e !

    UN MOIS (1), ÉMOIS, ET MOI

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    Ingrat. Condamné pour le détournement massif,

    pendant 26 ans, de dons des fidèles, le curé de Saint-Lizier

    explique qu'il piquait ces fonds « par peur de manquer ».

    Faut dire que le Seigneur ne se foule guère pour assurer la

    subsistance de ses serviteurs.

    Urne. Les cendres du défunt créateur de la célèbre

    cafetière italienne Bialetti ont été déposées dans... une

    cafetière. Heureusement qu'il n'était pas l'inventeur du

    godemiché !

    À foison. Ségolène Royal, ministre des Chasseurs

    et autres nuisibles, déclare qu'en France, « le loup proli-

     fère ». C'est évidemment faux, puisque l'ONCFS (2) en a

    compté 282 en 2015 contre 301 en 2014. Mais même si

    c'était vrai, ce ne serait pas grâce à elle, sous le règne gran-

    diose de qui 40 loups sont déjà morts depuis juillet der-

    nier. Ce qui prolifère, dans la Grande Hollanderie, c'est le

    foutage de gueule.

    Travail. Non seulement la droite se réjouit, mais

    même la CFDT (!!) fait les gros yeux : il y en a encore

    pour douter que la loi d'El Khomry est une vraie loi de

    droite ?

    Insultant. Selon la cour d'appel de Versailles qui

    a finalement relaxé Orelsan, les textes vulgaires, vio-

    lents et misogynes du rappeur sont le « reflet d'une

    génération révoltée ». C'est vraiment prendre pour des

    cons les gens de ladite génération.

    Gérard Roy

    (1) Oui, bon, maintenant, c'est deux mois. Mais

     franchement, « Deux mois, émois, et moi », ça le fait

     pas , hein ?

    (2) Office national de la Chasse et de la faune

    sauvage –  appellation qui me fait toujours rire. Jaune...

    Reçus fiscaux

    Toute personne ayant adhéré ou versé un don à EELV-Franche-Comté en 2015 recevra un reçu fiscal au cours du

    mois de mars.

    Au début de l’année 2015, nous avons quitté l’ancien système informatique qui gérait les données au niveau natio-

    nal pour un autre, plus performant et correspondant aux exigences actuelles de la CNCCFP (Commission nationale des

    Comptes de Campagne), qui contrôle les comptes des partis politiques ainsi que ceux des candidats ayant fait une cam-

    pagne électorale. L’aspect des nouveaux reçus sera probablement différent de celui que vous connaissiez auparavant.  

    Les personnes ayant payé par carte bancaire recevront leur reçu de la part du national, comme à l’accoutumée.  

    Suzy Antoine

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    En bref !

    Samedi 23 janvier :

    500 personnes àNantes déambulent

    contre les expulsions à

    Notre-Dame-des-

    Landes.

    Dimanche 24 janvier :

    des militants antinu-

    cléaires des deux cô-

    tés du Rhin se sont

    rassemblés à

    Fessenheim.

    « Inquiets » desrisques que présente

    la centrale électrique,

    ils réclament l'arrêt

    définitif des deux ré-

    acteurs les plus an-

    ciens de France dans

    les plus brefs délais.

    Samedi 30 janvier : manifesta-

    tion contre la prolongation de

    l’état d’urgence à Besançon.