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Bulletin de l’Association des Pharmaciens de l’Industrie et du Club de la Communication Santé www.apiccs.com SOMMAIRE MARDI 12 JUIN 2012 Génériques & biosimilaires Prescription - Substitution - Modèle économique Cadre réglementaire et juridique Thierry Demerens Laure Lechertier Frédéric Collet Michel Chassang Philippe Gaertner Gilles Aulagner Jean-Michel Descoutures Christian Doreau Alain Astier Actualité “Réglementaire, Juridique et Economique” Actualité réglementaire de la politique menée sur les génériques et biosimilaires ... Lire la suite Position de l’Académie nationale de pharmacie .................................................. Lire la suite Alain Astier Académie nationale de pharmacie Les biosimilaires versus les génériques ....... Lire la suite Clotilde Clément Pharmacien responsable, Laboratoire Sandoz L’impact des génériques sur la maîtrise des dépenses Les travaux conduits par la Cnamts sur le médicament générique et biosimilaire .................................................. Lire la suite Thierry Demerens Direction des produits de santé, Cnamts Le marché des génériques en France : une situation de repli inédite ......................... Lire la suite Laure Lechertier Responsable du Département “Politique des produits de santé”, Mutualité française Le point de vue du GEMME .......................... Lire la suite Frédéric Collet Vice-président du GEMME Président, Laboratoires Sandoz Prescription - Substitution - Modes de rémunération Le point de vue du médecin .......................... Lire la suite Michel Chassang Président de la CSMF Le point de vue du pharmacien .................... Lire la suite Philippe Gaertner Président de la FSPF Hôpital : Référencement - Circuit du médicament et politique d’achats Utilisation hors AMM du médicament : une nouvelle gouvernance à inventer ........... Lire la suite Gilles Aulagner (Président de la 3Comedims des HCL de Lyon) Politique d’achat des médicaments à l’hôpital : la problématique des biosimilaires ............... Lire la suite Jean-Michel Descoutures RSI-CH Argenteuil, Coordonnateur Médicaments Resah-idf Biosimilaires : la position aux Etats-Unis ..... Lire la suite Christian Doreau Pharmacien hospitalier, consultant Jeudi 4 octobre 2012 : Produits de santé à l’APHP-AGEPS Mardi 9 octobre 2012 : Le médicament à l’heure des comptes FORMATIONS DU 2 ÈME SEMESTRE 2012

Génériques & biosimilaires©n... · 2020. 4. 29. · et biosimilaire ..... ire la suite ierr emerens Direction des produits de santé, Cnamts e marcé des génériques en rance

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  • Bulletin de l’Association des Pharmaciens de l’Industrie et

    du Club de la Communication Santéwww.apiccs.com

    SOMMAIRE MARDI 12 JUIN 2012

    Génériques & biosimilaires

    Prescription - Substitution - Modèle économique

    Cadre réglementaire et juridique

    Thierry Demerens

    Laure Lechertier

    Frédéric Collet

    Michel Chassang

    Philippe Gaertner

    Gilles Aulagner

    Jean-Michel Descoutures

    Christian Doreau

    Alain Astier

    Actualité “Réglementaire, Juridique et Economique”

    Actualité réglementaire de la politique menée sur les génériques et biosimilaires ... Lire la suite

    Position de l’Académie nationale de pharmacie .................................................. Lire la suite

    Alain AstierAcadémie nationale de pharmacie

    Les biosimilaires versus les génériques ....... Lire la suite

    Clotilde Clément Pharmacien responsable, Laboratoire Sandoz

    L’impact des génériques sur la maîtrise des dépenses

    Les travaux conduits par la Cnamts sur le médicament générique et biosimilaire .................................................. Lire la suite

    Thierry DemerensDirection des produits de santé, Cnamts

    Le marché des génériques en France : une situation de repli inédite ......................... Lire la suite

    Laure LechertierResponsable du Département “Politique des produits de santé”, Mutualité française

    Le point de vue du GEMME .......................... Lire la suite

    Frédéric ColletVice-président du GEMME Président, Laboratoires Sandoz

    Prescription - Substitution - Modes de rémunération

    Le point de vue du médecin .......................... Lire la suite

    Michel ChassangPrésident de la CSMF

    Le point de vue du pharmacien .................... Lire la suite

    Philippe GaertnerPrésident de la FSPF

    Hôpital : Référencement - Circuit du médicament et politique d’achats

    Utilisation hors AMM du médicament : une nouvelle gouvernance à inventer ........... Lire la suite

    Gilles Aulagner(Président de la 3Comedims des HCL de Lyon)

    Politique d’achat des médicaments à l’hôpital : la problématique des biosimilaires ............... Lire la suite

    Jean-Michel DescouturesRSI-CH Argenteuil, Coordonnateur Médicaments Resah-idf

    Biosimilaires : la position aux Etats-Unis ..... Lire la suite

    Christian DoreauPharmacien hospitalier, consultant

    Jeudi 4 octobre 2012 : Produits de santé à l’APHP-AGEPS

    Mardi 9 octobre 2012 : Le médicament à l’heure des comptes

    FORMATIONS DU 2ÈME SEMESTRE 2012

    www.apiccs.com

  • JUIN 2012 - GÉNÉRIQUES & BIOSIMILAIRES

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    Ce thème a été retenu parce que de nombreux brevets concernant les biomé-dicaments vont tomber en 2012-2013 et que des copies - des biosimilaires - seront dès lors disponibles. Il faut en effet rappe-ler que l’Europe dispose d’une législation sur les biosimilaires.

    Par ailleurs, les médicaments génériques ont fait l’objet dernièrement d’un “buzz” à travers les positions affichées par l’Acadé-mie nationale de médecine d’une part, ce qui a entraîné d’autre part des réponses de l’Afssaps et une mise au point de l’Académie nationale de pharmacie.

    DES DÉFINITIONS CODIFIÉES

    Le médicament générique est défini par l’article L 5121-1 5 du Code de la santé publique (CSP) qui souligne qu’“une spé-cialité générique d’une spécialité de réfé-rence, est celle qui a la même composition qualitative et quantitative en principe actif, la même forme pharmaceutique et dont la bioéquivalence avec la spécialité de référence est démontrée par des études de biodisponibilité appropriées. Les dif-férentes formes pharmaceutiques orales à libération immédiate sont considérées comme une même forme pharmaceu-tique. Les différents sels, esters, isomères, mélanges d’isomères, complexes ou déri-vés d’un principe actif sont considérés comme un même principe actif, sauf s’ils présentent des propriétés sensiblement différentes au regard de la sécurité ou de l’efficacité. Dans ce cas, des informations supplémentaires fournissant la preuve de la sécurité et de l’efficacité des différents sels, esters ou dérivés d’une substance active autorisée doivent être apportées”.

    Le CSP précise, par ailleurs, que les phar-maciens d’officine peuvent substituer une prescription de spécialité dès lors qu’elle est inscrite sur le répertoire des groupes génériques élaboré par l’ANSM. Ce réper-toire mentionne les conditions de subs-titution, les excipients à effet notoire et la façon de prescrire en DCI. L’assurance maladie, le Code de la sécurité sociale et le CEPS indiquent que le remboursement du médicament interviendra si l’ordonnance comporte la dénomination commune ou un nom de fantaisie suivi d’une mention spé-cifique (par exemple “Gé”). Ils encouragent

    Actualité “Réglementaire, Juridique et Economique” Pourquoi ce thème ?

    Lire la suite

    les pharmaciens à substituer en disposant de la même marge qu’avec la spécialité de référence, sauf si le médicament a un TFR. Ces mêmes acteurs encouragent les patients à accepter la substitution (tiers payant contre générique). Les médi-caments biosimilaires quant à eux sont définis par l’article L 5121-1 du CSP. On entend par biomédicament tout “médica-ment biologique, tout médicament dont la substance active est produite à partir d’une source biologique ou en est extraite et dont la caractérisation et la détermination de la qualité nécessitent une combinaison d’es-sais physiques, chimiques et biologiques ainsi que la connaissance de son procédé de fabrication et de son contrôle”.

    Enfin, sans préjudice des articles L. 611-2 et suivants du Code de la propriété intel-lectuelle, on entend par biosimilaire tout “médicament biologique similaire, tout médicament biologique de même compo-sition qualitative et quantitative en subs-tance active et de même forme pharma-ceutique qu’un médicament biologique de référence mais qui ne remplit pas les condi-tions prévues au a du 5° du présent article pour être regardé comme une spécialité générique en raison de différences liées notamment à la variabilité de la matière première ou aux procédés de fabrication et nécessitant que soient produites des don-nées précliniques et cliniques supplémen-taires dans des conditions déterminées par voie réglementaire”.

    DU BON USAGE DES MÉDICAMENTS

    BIOSIMILAIRES

    L’ANSM souligne sur son site que les médicaments biosimilaires sont en prin-cipe autorisés pour traiter les mêmes maladies que le médicament de référence.

    Un médicament biosimilaire peut toutefois avoir moins d’indications que le médica-ment de référence, le plus souvent faute d’études probantes d’efficacité et de sécurité dans l’indication concernée alors que le mécanisme d’action exige que ces études soient fournies.

    Le concept de biosimilarité suppose donc que les doses recommandées soient les mêmes que celles du médicament de référence. Dans tous les cas il importe, avant prescription, de vérifier le résumé des caractéristiques de chaque produit pour s’assurer d’éventuelles différences avant prescription.

    Pour un même patient, les changements multiples ou fréquents de traitement entre médicaments déclarés similaires (y com-pris le médicament de référence) rendent difficile le suivi des effets indésirables, en particulier d’origine immunitaire. Il sera en effet impossible d’affirmer lequel des trai-tements équivalents est responsable de l’effet observé.

    En conséquence, pour assurer le suivi de pharmacovigilance et la sécurité des patients, l’Agence recommande de changer le moins souvent possible les traitements avec des médicaments bio-similaires chez un même patient. Cette position est celle de l’Agence française. En effet, la réglementation européenne laisse à chaque pays membre la possibi-lité d’autoriser ou non la substitution.

    Pour lancer le débat…

    Pour lancer le débat quelques constats. En France, le médicament de référence ou princeps ne peut pas aligner son prix sur celui des génériques. Le laboratoire a tendance à abandonner la commercialisation et la promotion et à se reporter sur une spécialité sous brevet.

    Pourquoi le paracétamol ou l’aspirine ne sont pas compris dans les groupes génériques ?

    S’il y a nécessité à encourager les pharmaciens d’officine à substituer en leur accordant la même marge que pour le princeps, le coût des génériques est plus élevé en France et le TFR est relativement peu utilisé. Il y aurait aussi une multi-plication des non-substituables, “NS” injustifiés ou justifiés sur les prescriptions. Le risque de confusion, notamment pour les personnes âgées, est réel de même que l’absence de VM des génériqueurs auprès des prescripteurs. Enfin, concer-nant les brevets, si aux Etats-Unis, les génériqueurs sont encouragés à attaquer les brevets et disposent d’un monopole pendant 6 mois de commercialisation, la situation est différente en France et en Europe.

    Christian DoreauPharmacien hospitalier, consultant

  • JUIN 2012 - GÉNÉRIQUES & BIOSIMILAIRES

    3

    EVALUATION CENTRALISÉE PAR L’EMA

    Tous les biosimilaires sont évalués par l’Agence européenne du médicament. Aujourd’hui, il existe 14 spécialités bio-similaires autorisées en Europe pour 3 médicaments de référence :

    • l’époïétine,

    • le filgrastim et

    • la somatropine.

    Concernant l’époïétine dont le princeps est Eprex/Erypo, les biosimilaires sont Absea-

    Sommaire

    med, Binocrit, Epoetin alfa Hexal, Retacrit (zeta) et Silapo. Seuls Binocrit et Retacrit (zeta) sont commercialisés en France. L’époietine beta / Neorecormon, theta et l’époratio ne sont pas considérés comme des biosimilaires car ils ne sont pas fabri-qués de la même façon.

    Concernant le filgrastim dont le princeps est Neupogen, les biosimilaires sont Bio-grastim, Filgrastim Hexal, Filgrastim ratio-pharm, Nivestim, Ratiograstim, Tevagras-tim et Zarzio. Seuls Nivestim, Ratiograstim, Tevagrastim et Zarzio sont commercialisés en France. Le lénograstim : Granocyte, le

    pegfilgrastim : Neulasta ne sont pas consi-déréés comme biosimilaires à Eprex.

    Enfin, concernant la Somatropine, dont le princeps est Genotropin, les biosimilaires sont Omnitrope, Valtropin. Seul l’Omni-trope est commercialisé en France. Geno-tonorm, Saizen, Umatrope, Norditropine et Zomacton ne sont pas considérés comme des biosimilaires.

    Le médicament à l’heure des comptesRégulation “Ville - Hôpital”

    Programmes de toutes les réunions disponibles sur le site www.apiccs.com

    ➤ Actualité “Equilibre des comptes”

    ➤ Orientations du comité économique des produits de santé

    ➤ Perspectives 2013 sur la fixation du prix des produits de santé

    ➤ Le marché des génériques

    ➤ Médicaments innovants et DMI : modalités de régulation

    ➤ Etudes post-inscription

    Principaux thèmes abordés

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    Mardi 9 octobre 2012, 8h30 - 15h

    www.apiccs.com

  • JUIN 2012 - GÉNÉRIQUES & BIOSIMILAIRES

    4Sommaire

    Si la part des médicaments génériques évolue en France depuis 2000, un tasse-ment, voire une diminution, est toutefois observée depuis 2 ans. Une étude de la Mutualité française dressant un bilan de 25 ans de politique des génériques montre que, comme toujours, la France est sin-gulière. Si l’Allemagne et le Royaume-Uni affichent des parts de marché de l’ordre de 56-57 %, la France est à 38 %.

    Face au “buzz” existant autour des géné-riques, l’Académie nationale de pharma-cie a émis un certain nombre de constata-tions qui sont les suivantes :

    1. les médicaments génériques sont des médicaments aux qualités identiques à celles des médicaments princeps,

    2. les médicaments génériques ont fait la preuve de leur bioéquivalence, ce qui garantit la même qualité de traitement et donc d’efficacité thérapeutique,

    3. les médicaments génériques ne pré-sentent ni plus ni moins d’effets indé-sirables ou de réactions “allergiques” que les médicaments princeps,

    4. les autorités de santé évaluent la qua-lité des médicaments génériques dans le cadre d’un vrai dossier d’AMM,

    5. les médicaments génériques per-mettent de réaliser des économies substantielles en matière de dépenses de santé, ce qui est un facteur favori-sant l’accès aux soins du plus grand nombre à un moment de grande diffi-culté pour le financement des dépenses de santé, et

    6. les médicaments génériques ne sont, en rien, un obstacle à la recherche pharmaceutique et à l’innovation.

    Actualité réglementaire de la politique menée sur les génériques et biosimilaires Position de l’Académie nationale de pharmacie

    Alain AstierAcadémie nationale de pharmacie

    QUALITÉ IDENTIQUE AU PRINCEPS

    Les médicaments génériques offrent une qualité identique à celle des princeps.

    Une étude de l’Afssaps conduite sur 2 521 contrôles pharmaceutiques effectués en dix ans portant sur 524 princeps et 1997 génériques n’a révélé aucune différence en terme de qualité entre les princeps et les génériques. Sur 418 produits ayant posé problème, 18,9 % concernaient des prin-ceps et 14,3 % les génériques.

    Les médicaments génériques sont égale-ment aussi biodisponibles que les princeps.

    Une étude de la FDA portant sur 2 070 dos-siers examinés entre 1996 et 2007 a monté que 98 % des études présentaient des variations inférieures à 10 %.

    Les médicaments génériques sont aussi efficaces que les princeps.

    Une méta-analyse américaine portant sur les anti-épileptiques n’a pas monté de différences significatives entre les géné-riques et les princeps en terme de surve-nue des épisodes comitiaux. Une étude française de la Cnamts comparant l’effi-cacité de la simvastatine 20 mg auprès de 100 000 patients sur 2 ans dont 87,8 % étaient sous génériques et 12,7 % sous princeps n’a pas mis en évidence de dif-férences significatives en termes de mor-talité toute cause, d’infarctus et d’AVC.

    Concernant les immunosuppresseurs, un essai de 2008, publié sous forme d’abs-tract, a montré un doublement du rejet rénal et des taux plasmatiques inférieurs avec un générique de tacrolimus mais le produit de comparaison avait été refusé par la FDA pour mauvaise qualité du produit.

    Les génériques permettent d’optimiser les coûts de santé. Selon une étude de la Mutualité française, les génériques ont permis d’économiser, en 2010, 1,855 mil-lion d’euros en progression de 28,5 % mais le montant des économies potentielles a été évalué à 780 millions d’euros. Il existe donc encore des marges de manœuvre dans le domaine de la substitution.

    En ce qui concerne la rationalité du “NS” (non substituable), comment expliquer qu’il y ait 2 % de NS dans les pays de la Loire et près de 10 % en Basse Norman-die et Languedoc Roussillon,

    Enfin, la substitution par les génériques ne tue pas la recherche. Plus un pays utilise les génériques, plus il met de nou-velles molécules sur le marché. Entre 1995 et 2010, sur les 548 produits mon-dialisés, les Etats-Unis enregistrent 45 % des découvertes desdits produits avec un taux de pénétration des génériques de plus de 60 %. L’Allemagne et le Royaume-Uni enregistrent plus de 10 % dans la découverte desdits produits avec un taux de pénétration des génériques de plus de 55 % et la France enregistrent moins de 5 % dans la découverte desdits produits avec un taux de pénétration des géné-riques de moins de 40 %.

    Trois mythes doivent être oubliés :

    1. les génériques sont de moins bonne qualité, moins efficaces et moins sûrs,

    2. les fabricants de génériques ne sont pas soumis aux mêmes standards de qualité, et

    3. l’utilisation des génériques met en péril la recherche de nouveaux médicaments.

  • JUIN 2012 - GÉNÉRIQUES & BIOSIMILAIRES

    5

    Les biosimilaires ne sont absolument pas des médicaments génériques.

    La France a été pionnière dans la trans-cription de la directive européenne qui laissait le choix ou non aux Etats membres quant à la substitution de ces produits. Elle a exclu, depuis 2007, cette possibi-lité de substitution afin de tenir compte de la variabilité de la matière première, des procédés de fabrication et de la nécessité de fournir des données précliniques et cli-niques supplémentaires.

    Les biosimilaires sont des biomédica-ments “similaires” d’un référent. Ce n’est pas une sous-catégorie de produits. Les biomédicaments sont des médicaments issus des procédés de biotechnologies avec une technologie de l’ADN recombi-nant. Ce sont des molécules complexes en termes de taille et de structure. Elles ne peuvent pas être produites par synthèse chimique et leur fabrication nécessite l’aide d’un organisme vivant. Les biosi-milaires présentent les mêmes caractéris-tiques que le biomédicament de référence qui n’est pas un princeps puisqu’il n’y a pas de substitution. On va s’attacher à ce que le principe actif, les propriétés phy-sicochimiques, les propriétés biologiques, la forme pharmaceutique présentent une équivalence en termes d’innocuité et d’efficacité. Les différences entre les bio-similaires et les autres biomédicaments reposent sur le mode de fabrication et de purification avec des impuretés optimi-sées.

    La synthèse de ces produits débute par une modification des cellules hôtes (bac-téries, levures, mammifères) pour pro-duire des protéines recombinantes. Cette opération est suivie de la croissance des cellules par fermentation. Viennent ensuite l’extraction et la purification de la molécule biologique et la formulation en produit fin stable sous forme de flacon, seringue ou cartouche en diminuant leur potentiel immunogène.

    SÉCURITÉ D’EMPLOI

    Le biosimilaire est bien le terme régle-mentaire du biomédicament approuvé selon un processus défini et validé par

    Les biosimilaires versus les génériques

    Clotilde ClémentPharmacien responsable , Laboratoire Sandoz

    Sommaire

    l’EMA. Tout ce développement est basé sur la comparabilité au niveau de la qua-lité avec le comparateur approuvé par l’EMA. Des études précliniques in vitro et in vivo sont ensuite établies puis des études de pharmacocinétique et phar-macodynamiques de phase 1 croisées, randomisées en double aveugle face au comparateur puis des études cliniques de phase 3 juste avant le dépôt d’AMM. Enfin, après commercialisation, un plan de gestion des risques (PGR) sera établi.

    La partie essentielle de ces produits a trait à la sécurité d’emploi. Chaque programme de développement est discuté avec les autorités : évaluation par les essais cli-niques et précliniques (les annexes régle-mentaires sont publiées sous forme de recommandations : GH, insuline, G-CSF, IFa, EPO), taille de la population et durée d’observation argumentées selon chaque produit, études chez l’animal requises dans certains cas et suivi post-enregis-trement assuré par un plan spécifique de gestion de risques complémentaire de la pharmacovigilance traditionnelle.

    L’immunogénicité est un point impor-tant des produits de biotechnologie en général et pas des biosimilaires en par-ticulier. Les facteurs d’immunogénicité sont représentés par la voie d’administra-tion (SC, IV), les excipients, ou la forme galénique. La recherche d’anticorps neu-tralisants ou non est également conduite.

    Tous les produits de biotechnologie doivent être tracés pour un meilleur suivi des patients à cause de la survenue d’an-ticorps. La substitution type générique n’est pas applicable aux biosimilaires et les mêmes règles de prescription que les produits biologiques de référence s’appliquent. Le RCP peut comporter des informations propres aux essais complé-mentaires de comparabilité réalisés. Une demande d’un PGR pour chaque biosimi-laire ayant obtenu une AMM est effectuée et les délégués médicaux hospitaliers sont formés pour être acteurs des PGR (remise de documents obligatoires, PV). Un suivi spécifique et complémentaire de la pharmacovigilance - observations de tolérance - est assuré et le plan peut être

    assorti de demandes spécifiques concer-nant l’immunogénicité ou tout autre aspect nécessitant un suivi particulier. Le PGR est élaboré au plan européen, en col-laboration avec la firme et la vérification de son application auprès des autorités nationales est réalisée. Enfin, la traçabi-lité doit être facilitée en proposant des solutions techniques adaptées au suivi de chaque unité de médicament.

    Qu’est-ce qui différencie un médica-ment générique d’un biosimilaire ?

    Le générique est un médicament chimique, le biosimilaire est un médicament issu des biotechnologies. Le générique présente la même composition quantitative et quali-tative en principes actifs, la même forme pharmaceutique. Il présente en outre une bioéquivalence avec la spécialité de réfé-rence démontrée par des études de bio-disponibilité.

    Le biosimilaire a les mêmes caractéris-tiques que le produit biologique :

    • principe actif,

    • propriétés physico-chimiques,

    • propriétés biologiques,

    • forme pharmaceutique et

    • équivalence en termes d’innocuité et d’efficacité.

    Le développement des génériques repose sur des études de bioéquivalence alors que celui des biosimilaires s’appuie sur des études pré-cliniques et cliniques (phases I, III et IV). Le générique est subs-tituable alors que le biosimilaire ne l’est pas. La communication des génériques repose sur la visite pharmaceutique et celle des biosimilaires sur la visite médi-cale.

    Le développement des biosimilaires nécessite un engagement sur le long terme :

    • 7 à 8 ans et 500 patients contre 8 à 10 ans et 800 à 1000 patients pour les originaux et

    • 2 à 3 ans et 20 à 50 patients pour les génériques.

    Le développement des biosimilaires va faire face à cinq grands challenges :

    1. un environnement légal et réglemen-taire changeant,

    2. un développement qui requiert des investissements très significatifs en temps et ressources et de l’expertise

    3. La nécessité d’une capacité de pro-duction de haute qualité à des coûts acceptables,

    4. un environnement complexe aux acteurs multiples, et

    5. une concurrence dynamique et des positions fortes des originateurs.

  • JUIN 2012 - GÉNÉRIQUES & BIOSIMILAIRES

    6Lire la suite

    Sur la base de données de l’OCDE, la France est au-dessus de la moyenne des dépenses par habitant en matière de médicament (1,8 % du PIB versus 1,5 %). Les années à venir seront caractérisées par une moindre tombée de brevets jusqu’en 2015. Par ailleurs, la Cnamts voit arriver de nouveaux produits (hépatite C, anticoagulants et cancer cutané) qui vont générer des dépenses importantes.

    La Cnamts a deux objectifs : accroître l’efficience des soins et assurer un égal accès aux soins pour tous. En matière de générique, la Cnamts a conduit un certain nombre de campagnes auprès des méde-

    cins, des pharmaciens et des patients et travaille actuellement avec les pharma-ciens pour promouvoir ces médicaments à travers la convention pharmaceutique.

    Les génériques représentent pour l’assu-rance maladie une dépense de 3,2 mil-liards d’euros et une économie évaluée en 2011 à 1,4 milliard d’euros. Un point de substitution représente entre 14 et 15 mil-lions d’euros. A fin 2011, la substitution était de 71,2 %. Elle est toutefois en baisse de plusieurs points depuis quelques mois. L’élargissement du répertoire, les cam-pagnes de dénigrement du générique et le “NS” des médecins expliqueraient en partie cette baisse. Enfin, sur la base de

    panels internationaux, le prix des géné-riques apparaît plus élevé en France par rapport à la moyenne européenne.

    Concernant les biosimilaires, le marché français s’élève à 200 millions d’euros. Le taux de pénétration de ces produits est estimé entre 15 et 16 % contre 60 % en Allemagne. Leur prix sont inférieurs de seulement 20 % par rapport aux princeps. Les coûts de développement qui sont 2 à trois moins chers que ceux de la molécule originale ne se retrouvent pas dans le prix final. Enfin, la production des biosimilaires permet de faire des économies que l’on ne retrouve pas, là non plus, dans le prix.

    Le médicament, pour la Mutualité fran-çaise, est le premier poste de rembourse-ment avec plus de 3 milliards d’euros par an soit 1/3 des remboursements. Avec les produits de santé, c’est près de 50 % des remboursements.

    En chiffre d’affaires TTC, le marché des génériques en France a progressé de 1,5 % en 2011 à 4,6 milliards d’euros contre 4,5 milliards en 2010, 4,1 milliards en 2009 et 3,8 milliards en 2008. Après plusieurs années de dynamisme, le mar-ché s’essouffle. La situation des géné-riques aujourd’hui est très préoccupante. En volume, la chute des ventes est de 3,1% à 650 millions de boîtes en 2011, soit 21  millions de boîtes. Une situation inédite et inquiétante qui marque le repli des génériques. Le clopidrogel a baissé de 12 %, la trimébutine de 11,9 %, la

    L’impact des génériques sur la maîtrise des dépenses Les travaux conduits par la Cnamts sur le médicament générique et biosimilaire

    Le marché des génériques en France : une situation de repli inédite

    Thierry DemerensDirection des produits de santé, Cnamts

    Laure LechertierResponsable du Département “Politique des produits de santé”, Mutualité française

    paroxétine de 6,5 %, la pravastatine de 6,4 % ou encore le gliclazide de 18,8 %, par exemple, alors même que ces molé-cules à fort potentiel commercial font l’objet d’un suivi national et individuel de délivrance pour 2012. L’évolution de la part de marché des génériques en France montre un décrochage de la part de mar-ché en volume : moins d’une boîte sur quatre dans le marché de ville en 2011. Les parts de marché stagnent donc en valeur : 15,2% en 2011 contre 14,9 % en 2010.

    La délivrance de génériques a permis d’éviter 1,9 milliard d’euros de dépenses supplémentaires (régime obligatoire et assurance maladie complémentaire) avec un gisement d’économies potentielles qui s’élèvent à 936 millions d’euros. Et ce gisement d’économies potentielles ne fait que croître d’année en année.

    Concernant l’évolution des objectifs et le taux de substitution générique en France, le taux effectif de substitution est en baisse malgré la généralisation du dis-positif tiers payant contre génériques et des blocages dans la substitution en lien avec l’usage de la mention “Non Subsi-tuable” sont observés, de même qu’une moindre acceptation des génériques par les patients.

    FREINS ET LEVIERS AU DÉVELOPPEMENT

    La Mutualité fait un quadruple constat : • mise en place tardive d’une politique

    des génériques en France,

    • essor en 2000 grâce au droit de substi-tution accordé aux pharmaciens,

    • net repli préoccupant aujourd’hui et

    • une position de la France en retard par rapport à l’Europe.

    Les freins au développement sont connus :

    • l’influence de la visite médicale des laboratoires pharmaceutiques sur les médecins afin qu’ils prescrivent des produits nouveaux et plus chers notam-ment des contre-génériques (“me-too”),

    • l’usage de la mention “Non Substi-tuable” apposée sur les ordonnances par les prescripteurs,

  • JUIN 2012 - GÉNÉRIQUES & BIOSIMILAIRES

    7Lire la suite

    • le climat de doute et de suspicion entre-tenu ces derniers mois sur les géné-riques (rapport de l’Académie de Méde-cine de février 2012),

    • la limitation du répertoire des génériques (cas du paracétamol et de l’aspirine) et l’instauration des TFR faisant perdre l’in-citation financière des pharmaciens sur les génériques.

    Les leviers de développement et de crois-sance sont également connus :

    • de récentes dispositions législatives en faveur des génériques avec la possibi-lité pour un générique de copier l’appa-rence et la texture du princeps,

    • l’obligation de prescription en DCI,

    • l’inscription au répertoire des génériques des spécialités pharmaceutiques orales à libération modifiée (médicaments dits quasi-génériques) et

    • l’obligation de certification des logiciels d’aide à la prescription et ceux d’aide à la dispensation au plus tard le 1er janvier 2015 et l’apparition de nouveaux outils de relation conventionnelle rénovés : nouvelle convention pharmaceutique et nouvelle convention médicale (rémuné-ration à la performance).

    Pour conclure, il est urgent de relancer la politique des génériques avec des dis-positions ambitieuses et structurantes,

    impliquant l’ensemble des acteurs du sys-tème de santé.

    La Mutualité formule plusieurs propo-sitions dont la création d’un répertoire européen des brevets afin de donner une plus grande visibilité aux industriels sur les dates d’expiration des brevets et limiter les litiges, la création d’un réper-toire des équivalents thérapeutiques pour lutter contre le phénomène d’érosion du répertoire des génériques, l’inscription de la prescription en DCI dans les objectifs de la convention médicale, la mobilisa-tion de tous les professionnels de santé, une action sur les prix, la révision des exceptions aux décotes sur les prix des génériques et une réflexion lancée sur les appels d’offres, pas de généralisation du TFR, la mise en place d’une campagne d’information nationale pour rassurer les patients sur la qualité, l’efficacité et la sécurité des médicaments génériques, donner des suites à l’enquête sectorielle sur le secteur pharmaceutique de la DG concurrence de janvier 2009 et définir une politique européenne du générique.

    La Mutualité appelle également à une politique publique en faveur du dévelop-pement des biosimilaires, enjeu majeur des prochaines années, et souhaite une réforme en profondeur de la politique de prix et de remboursement.

    Le premier constat que l’on peut faire, c’est que la France a constitué un envi-ronnement favorable aux génériques. Cet environnement est favorable à plusieurs égards. Tout d’abord les acteurs de l’offre, qui sont constitués d’une quinzaine de laboratoires et de plus de cinquante façon-niers garantissent la qualité des médi-caments génériques. Plus de 95 % des volumes du générique vendus en France sont fabriqués en Europe et 55 % d’entre-eux sont fabriqués en France. Ensuite, le cadre réglementaire dans lequel opèrent les génériqueurs est identique à celui des fabricants de princeps et est garant de la qualité des médicaments. Puis, les phar-maciens avec plus de 22 000 officines, (36

    pharmacies pour 100 000 habitants, soit 10 pharmacies de plus que la moyenne de l’OCDE), assurent un maillage très dense et sont les garants d’une bonne qualité de distribution. Enfin, concernant le prix, la France est dans la moyenne basse des pays européens. Les génériques per-mettent de réaliser entre 1,5 et 1,9 milliard d’euros d’économies par an.

    Le deuxième constat que l’on peut faire, c’est que le générique est sous-développé en France : 2 % de pénétration contre 60 % en Allemagne, un répertoire des génériques, gage de qualité, étroit et qui représente 35 % en volume et une substitution comprise entre 71 et 72 %.

    Le point de vue du GEMME

    Frédéric ColletVice-président du GEMME, Président du Laboratoire Sandoz

    ➤ La politique des produits de santé à l’AP-HP

    ➤ Liste en sus de la T2a - liste rétrocession

    ➤ Les produits de santé à l’AGEPS

    ➤ Le pôle PH-HP de l’AGEPS

    Principaux thèmes abordés

    Jeudi 4 octobre 2012,8h30 - 15h

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    Produits de santé à l’APHP-AGEPSBon usage, enjeux écono-miques, actualité

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  • JUIN 2012 - GÉNÉRIQUES & BIOSIMILAIRES

    8

    Discussion

    • Il existe déjà un mécanisme incitatif qui est le tiers payant contre générique. Les disparités régionales observées vont conduire les caisses primaires, en liaison avec les pharmaciens, à renforcer ce dispositif pour qu’il soit mieux respecter sur la France entière.

    • En Belgique, les systèmes de tiers-payant ne remboursent que le produit le moins cher. Charge au patient de payer la différence s’il souhaite un produit plus cher.

    • Nous ne pouvons pas faire porter la responsabilité aux complémentaires de refuser la prise en charge d’un médicament que le patient refuserait de prendre pour le remplacer par un autre.

    • Concernant les différences de prix des génériques entre la France et les autres pays européens, il n’y a pas de lien entre les volumes et les prix des médicaments.

    • La Cnamts a conduit une étude sur le “NS”. Elle a porté

    sur 19 000 ordonnances (200 ordonnances par caisse primaire). Le taux de “NS” a été analysé à la ligne, à la boîte et à l’ordonnance. Les résultats ont monté que le taux de “NS” à la ligne de produit était de 4,2 %, le taux de “NS” à la boîte de 4,4 % et le taux de “NS” à l’ordonnance de 3,5 %. Par produit, le top five des “NS” est le suivant : clopidrogel (12,5 %), bromazépam (12 %), levothyroxine (11,5 %), chlorhexidine (10 %) et esoméprazole (8 %).

    • Le “NS” a progressé. Une étude conduite par l’Institut BVA pour le Gemme a porté sur 200 médecins rédigeant en moyenne 25 ordonnances par jour. Le taux de “NS” s’est élevé à 22 % et est cohérent avec les données recueillies par les délégués. Il semblerait, selon l’étude BVA, que le taux de “NS” serait particulièrement élevé chez les médecins à forte patientèle. Peu importe le taux, il faut s’en préoccuper.

    Malgré ce cadre efficient, nous observons une décroissance du générique :

    • un marché en valeur en croissance de l’ordre de 3 % malgré un flux d’échéances de brevets significatif,

    • une substitution en baisse,

    • une érosion du répertoire dans lequel la part du médicament générique a ten-dance à baisser malgré toutes les initia-tives volontaristes : tiers payant contre

    générique, prescription en DCI, objectifs de substitution.

    Avant de regarder la question du prix des génériques, regardons l’efficience du sys-tème et l’implication de l’ensemble des acteurs. La première chose sur laquelle nous avons à travailler, c’est sur la péné-tration du générique et les pays qui ont mis en place des appels d’offres n’ont pas permis de répondre à cette interrogation.

    Sommaire

  • JUIN 2012 - GÉNÉRIQUES & BIOSIMILAIRES

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    Concernant le corps médical, nous n’avons aucune interrogation vis-à-vis du médicament générique. Nous faisons des économies sans porter atteinte à la qualité des soins, à la santé des patients et sans perte de chance pour eux. Cette équation ne fait pas débat. Nous croyons telle-ment à la politique du générique que nous l’avons faite inscrire dans la convention médicale à travers le paiement à la per-formance, le P4P. Le volet efficience de la convention repose quasi exclusivement sur la prescription dans le répertoire des médicaments génériques. Le médecin est payé pour prescrire dans le répertoire. Ce

    principe, qui concerne la médecine géné-rale, a été étendu à d’autres spécialités comme la cardiologie dans un premier temps puis la pédiatrie, l’endocrinologie, la gastroentérologie. A cela, nous avons inclus un volet organisation du cabinet avec l’acquisition de logiciels certifiés d’aide à la prescription (LAP) rendant possible la prescription en DCI. Plus de la moitié des médecins ne sont pas à ce jour équipés.

    Ce sujet est à la fois économique et sociétal. Il faut éviter que les acteurs de la chaîne du médicament s’affrontent. C’est pourquoi nous avons mis en place

    avec les caisses d’assurance maladie une commission nationale paritaire conventionnelle réunissant les médecins et les pharmaciens pour les sujets qui les concernent. Une commission de travail va être constituée pour élaborer les principes d’une charte de bonne conduite.

    Quatre grands chapitres ont été retenus :

    1. une adhésion des médecins et des pharmaciens à la politique du géné-rique,

    2. le principe que le médecin est seul responsable de la prescription et des modifications de posologie,

    3. un retour d’informations réciproque entre le médecin et le pharmacien, et

    4. la non modification des traitements des personnes âgées ou fragiles. Ces quatre items seront suivis dans la durée. C’est une façon responsable d’aborder le dossier.

    Le LAP, le P4P et le fait que le générique pourra être strictement identique au prin-ceps sont des éléments positifs au déve-loppement des génériques.

    La répartition du marché des spécia-listes remboursables en CATTC à fin avril 2012 en cumul sur 12 mois est le suivant : les spécialités remboursables hors réper-toire représentent 19,6 milliards d’eu-ros (72 %), les génériques représentent 4,2  milliards d’euros (16 %) et les prin-ceps représentent 3,2 milliards d’euros (12 %). Le générique représente donc 16 % du chiffre d’affaires en médicament remboursable et correspond à 26 % de la marge sur le médicament remboursable. En d’autres termes, si nous touchons à la rémunération du générique, cela entraî-nerait des conséquences sur l’officine qui pourraient faire augmenter la rémunéra-tion du princeps. La marge de l’officine sur la dispensation du médicament rem-boursable était de 5,5 milliards fin 2007 et est inchangée fin 2011.

    La convention pharmaceutique en matière de génériques met tout d’abord en avant

    la qualité de la pratique en prévoyant une stabilité de la dispensation des génériques au moins 90% des patients de plus de 75 ans et une seule marque de génériques par an pour 11 DCI (pravastatine, ramipril, amlodipine, glimepiride, lercanidipine, clopidogrel, losartan, nebivolol, repagli-nide, losartan + HCTZ et mycophenolate mofetyl). Si cet objectif n’est pas atteint, une décote de 20 % de la rémunération P4P générique de la molécule considérée est prévue. A noter que 50 % des phar-macies ont 100 % de leurs patients de plus de 75 ans qui n’ont reçu qu’une seule marque de génériques en 2011.

    La convention met ensuite en avant l’ef-ficience de la pratique. Elle prévoit un suivi individualisé, officine par officine, pour 31 DCI (pravastatine, cefpodoxime, citalopram, paroxétine, ramipril, amlodi-pine, lansoprazole, alfuzosine, zolpidem, sertraline, pantoprazole, venlafaxine,

    glimepiride, valaciclovir, clopidogrel, esomeprazole, lercanidipine, terbinafine, risperidone, tramadol, losartan, nebivolol, repaglinide, losartan + HCTZ, risedronate, mycophenolate mofetyl, olanzapine, val-sartan, valsartan + HCTZ, et letrozole), boîte à boîte, soit les deux tiers des ventes.

    Un seuil bas et un seul intermédiaire per-mettront de calculer la rémunération com-plémentaire sur le générique. Le dernier tiers des ventes sera quant à lui appré-cié de manière globale. La rémunération moyenne pour une officine devrait s’éle-ver à 3000 euros par an. Elle sera fonction de la progression et du niveau de substi-tution déjà atteint. Les économies seront réparties pour 2/3 à l’assurance mala-die et pour 1/3 aux pharmaciens. Nous sommes bien dans une logique de paie-ment à la performance et partagé. Pour cela, le principe du tiers payant contre générique sera réactivé en juillet 2012. Il devrait permettre au taux de substitution de gagner 10 points et ainsi de passer de 72 à 82 %. L’avenant générique prévoit donc un objectif national en 2012 de 85 % de taux de substitution, le respect de la réglementation tiers payant contre géné-rique et des sanctions conventionnelles pour les pharmaciens qui ne respecte-raient pas le dispositif et ont un taux de substitution inférieur à 60 %.

    Prescription - Substitution - Modes de rémunération Le point de vue du médecin

    Prescription - Substitution - Modes de rémunération Le point de vue du pharmacien

    Michel ChassangPrésident de la CSMF

    Philippe GaertnerPrésident de la FSPF

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  • JUIN 2012 - GÉNÉRIQUES & BIOSIMILAIRES

    10

    FÉVRIER 2012 - DISPOSITIFS MÉDICAUX

    Discussion

    • L’assurance maladie et les syndicats sont en phase.

    C’est ce qui fait la force des conventions, convention très proche de celle des médecins. C’est aussi le fait que nous considérons le pharmacien comme un professionnel de santé. Avec les délégués de l’assurance maladie, nous allons faire fin juin des visites auprès des pharmaciens pour expliquer la convention.

    Et puis l’assurance maladie va financer à la rentrée de septembre une campagne auprès des patients sur le générique. Enfin, nous conduisons actuellement une étude auprès de médecins, de pharmaciens et de patients pour connaître en profondeur les freins et leviers portant sur les génériques.

    • La convention pharmaceutique est une révolution pour nous car elle déconnecte la rémunération finale du prix de la boîte et le volume n’est pas non plus le seul déterminant de la rémunération. En ce qui concerne la question de la DCI, cette pratique ne décolle pas. Elle représente 12 % des prescriptions chez les généralistes et 4 % chez les spécialistes. Nous sommes pour une réforme structurelle au niveau de la formation initiale des médecins et des pharmaciens pour que le langage enseigné dans les facultés soit en DCI. En 2006, 80% des prescriptions étaient en DCI au Royaume-Uni. Aujourd’hui, en France, dans le répertoire, 74 % des molécules qui ne sont plus brevetées sont prescrites en nom de marque. On voit bien tout le chemin qui reste à faire.

    Sommaire

  • JUIN 2012 - GÉNÉRIQUES & BIOSIMILAIRES

    11

    La Loi dite “Bertrand” impose un cer-tain nombre de règlements sur le hors AMM. Il importe en premier lieu de savoir ce que recouvre l’AMM.

    L’AMM présente des garanties incon-testables :

    • évaluation standardisée,

    • niveau de preuve scientifique,

    • bénéfice/risque,

    • expertise internationale,

    • indication(s),

    • conditions d’usage associées.

    L’AMM, en revanche, a des limites évi-dentes :

    • c’est une stratégie industrielle et marke-ting versus le besoin thérapeutique et la concurrence : c’est par exemple le cas des protocoles temporaires d’utilisation (PTT) mis en place au niveau de l’hôpi-tal et qui correspondent au rembourse-ment d’une indication qui n’est pas dans l’AMM et que la puissance publique considère comme justifié ;

    • c’est la balance bénéfice/risque favo-rable versus l’intérêt thérapeutique, mais quel est l’intérêt thérapeutique ? ;

    • c’est la validité interne des essais versus la vraie vie ; ceux sont les essais “types” AMM versus les essais de stratégies

    • et c’est enfin le décalage temporel.

    Et puis ce sont les oubliés permanents : le sujet de plus de 65 ans, la pédiatrie, la femme enceinte et les patients “particu-liers”. En regardant les résultats de la HAS en 2010, très globalement j’adhère totale-ment aux positions de la Commission de la Transparence en matière d’ASMR qui dans leur très grande majorité ont été de niveau V.

    En résumé, l’AMM est un cadre et il y a clairement des besoins non couverts. Se pose alors la question de la prise en charge optimale du patient et des garan-ties de bon usage des produits de santé. Le hors AMM est un mal nécessaire mais c’est un débat qui est souvent biaisé : liberté de prescription versus “meilleurs soins”, dialogue singulier versus evidence based medicine, responsabilité du pres-cripteur versus celle de l’industriel et du

    dispensateur, responsabilité médico-légal versus remboursement SS.

    Globalement nous avons trois situa-tions :

    • le hors AMM “réglementaire” (ATU, PTT et préparations),

    • le hors AMM “recommandé” et

    • le reste…

    Selon les Assises du médicament, 20 à 25 % des prescriptions en France seraient hors AMM. Et puis nous avons l’avis de la Cour des comptes sur cette pratique du hors AMM : “Les multiples dispositifs contractuels mis en place aussi bien avec la médecine de ville qu’avec l’hôpital n’ont de fait pas substantiellement infléchi une culture de prescription qui privilégie les médicaments récents et chers et se sin-gularise par l’importance du hors AMM. La prescription hospitalière en particulier échappe à toute maîtrise effective”.

    Alors le hors AMM c’est quoi ?

    • la pathologie ?,

    • le stade de la maladie ?,

    • le terrain ?,

    • la pédiatrie (nouveau-né, nourrisson, enfant, adolescent…) ?,

    • la grossesse ?,

    • les posologies ?,

    • les associations ?,

    • les durées de traitement ?,

    • les contre-indications ?

    ET MAINTENANT…

    Nous avons la loi du 29 décembre relative au renforcement de la sécurité sanitaire et ses décrets d’application du 10 mai applicables depuis le 13 mai.

    Le hors AMM, c’est la reconnaissance des recommandations temporaires d’uti-lisation (RTU). Elles peuvent concerner de nombreuses spécialités. Leur élaboration est assurée par l’ANSM sur sollicitation du titulaire de l’AMM, par le centre de réfé-rence (maladie rare) ou par l’INCa (can-cer). Enfin, la délivrance d’une AMM pour l’indication encadrée par la RTU met fin à

    la RTU. Un deuxième décret précise les conditions de remboursement.

    Alors quelles sont, en pratique, les impli-cations des décrets d’application RTU aux Hospices civils de Lyon ?

    Les principales spécialités médicales concernées sont :

    • la cancérologie / l’oncologie,

    • la néonatalogie / la pédiatrie,

    • la neurologie,

    • l’ophtalmologie.

    Les obligations pour le prescripteur sont au nombre de trois :

    • mention sur l’ordonnance de l’utilisation hors AMM,

    • information du patient et

    • justification à documenter le dossier médical.

    Aucune RTU à ce jour n’a été publiée mais toute une série de PTT existe.

    La reconnaissance du hors-AMM repo-sera sur deux conditions :

    • la recommandation temporaire utilisa-tion et

    • la situation clinique (information du patient, traçabilité et motivation scienti-fique / dossier).

    Quid alors des responsabilités ?

    Celle du prescripteur est évidente et le patient sera informé. C’est aussi la res-ponsabilité du dispensateur, qu’il soit pharmacien de ville ou pharmacien hospi-talier car lui aussi est informé. Il est garant du bon usage et de la sécurité du patient La gouvernance du hors-AMM à l’hôpital est un problème de transparence et d’or-ganisation institutionnelle. La méthode reposera sur les données de la science dans un cadre pluridisciplinaire et ce sera aux Comedims de jouer le rôle d’obser-vatoire.

    En conclusion, c’est clairement la fin d’un cycle. Le hors AMM est une nécessité. Il doit être envisagé dans le cadre d’une logique globale de sécurité sanitaire, de bon usage et d’efficience, d’information correcte “en l’absence de donnée”.

    Hôpital : Référencement - Circuit du médicament et politique d’achats

    Utilisation hors AMM du médicament : une nouvelle gouvernance à inventer

    Gilles AulagnerPrésident de la Comedims des HCL de Lyon

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  • JUIN 2012 - GÉNÉRIQUES & BIOSIMILAIRES

    12

    Discussion

    • L’industrie pharmaceutique ne fait aucune promotion du hors AMM. C’est une décision prise par les praticiens hospitaliers au vu de la littérature et des recommandations. Mais comment le prescripteur hospitalier va-t-il pouvoir informer ses patients ? Il faudra dans un premier temps qu’il explique l’AMM et que celui-ci puisse l’intégrer… Cela me semble sur un plan pratique utopique.

    • D’où l’intérêt des RTU…

    Parmi les 10 premières spécialités du Resah-Idf se trouvent 6 anticorps mono-clonaux :

    • bevacizumab (Avastin®),

    • infliximab (Remicade®),

    • rituximab (Mabthera®),

    • trastuzumab (Herceptin®),

    • cetuximab (Erbitux®),

    • et natalizumab (Tysabri®).

    Ils représentent les 6 premières dépenses du réseau des acheteurs hospitalier d’Ile de France pour 54 hôpitaux, soit 23% de la dépense annuelle des médicaments sous monopole.

    Un médicament biosimilaire est un médi-cament biologique similaire à un médica-ment biologique de référence. La régle-mentation française ne permet pas de substitution par un pharmacien. Il n’y a pas de répertoire de médicaments biosi-milaires mais une simple interchangeabi-lité du médicament princeps par un bio-similaire sous responsabilité du médecin prescripteur.

    L’EMA précise que le biosimilaire doit être identifiable donc il faut utiliser le nom de marque et non la DCI en opposition avec l’avis de l’OMS alors même que la loi du

    29  décembre 2011 souligne que la pres-cription en DCI est recommandée par l’OMS.

    Et pourtant la substitution existe au gré des marchés après avis de la Comedims locale depuis 1998 : lenograstim - filgras-tim, par EPO bêta (Neorecormon®) après les cas d’érythroblastopénie observés chez les insuffisants rénaux chroniques avec EPO alfa (Eprex®) - juillet 2002, par darbépoétine alfa (Aranesp®) ou peg EPO bêta (Mircera®), par darbépoétine alfa après rupture d’approvisionnement de peg EPO bêta, par EPO alfa ou bêta biosi-milaires et par biosimilaires de FCH de la lignée neutrophile depuis 2008. Donc, il y a bien pratique de substitution classique.

    En ce qui concerne les anticorps mono-clonaux qui sont l’avenir dans ce domaine, ils ont une structure parfaitement définie grâce à la chimie analytique. La variabi-lité liée notamment aux modifications du process de fabrication pose question (Schiestl M et al - Nature biotechnology 29, 310-312, 2011). Ces variabilités sont acceptées par les autorités sanitaires s’il n’y a pas d’atteinte à la sécurité ni à l’efficacité. Un biosimilaire peut parfois être plus similaire au produit de référence qu’une version post-variation à une ver-

    Politique d’achat des médicaments à l’hôpital : la problématique des biosimilaires

    Jean-Michel DescouturesRSI-CH Argenteuil , Coordonnateur Médicaments Resah-idf

    Cette gouvernance doit être réfléchie dans le cadre d’une territorialité. C’est une solution intéressante à une situation dif-ficilement acceptable. J’espère que la loi sera appliquée et que les lobbies n’inter-viendront pas trop dans ce domaine.

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    un accès aux programmes et leurs mises à jour immédiatesune mise à disposition des documents et présentations aux participantsun service en évolution pour ses membres.

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  • JUIN 2012 - GÉNÉRIQUES & BIOSIMILAIRES

    13

    Discussion

    • Il y a de plus en plus une prise de conscience des prescripteurs à la problématique “prix”. Les chefs de pôle gèrent leur budget qui comprend aussi bien les dépenses de personnel que les dépenses de médicaments. A l’hôpital, la substitution par biosimilaires voire la substitution par équivalent thérapeutique est tout à fait possible sans aucun problème. En termes de qualité, nous voyons dans la littérature que pour les biosimilaires, pour les protéines en général, les produits sont beaucoup mieux étudiés parce que les techniques analytiques ont considérablement changé. Les processus de fabrication peuvent être

    optimisés. Par ailleurs, les biosimilaires sont développés comme les princeps et sont de fait de même qualité.

    • Nous souhaiterions que, sur les thérapeutiques à plus long terme, il y ait la mise en place d’une pharmacovigilance particulière pour suivre ces problèmes d’anticorps et surtout ceux de significations cliniques qui peuvent se poser.

    • Il n’y a pas que le prix. Au moins 50 % de l’évaluation d’un appel d’offres repose sur la qualité la présentation, les problèmes de stabilité etc, 30 %, c’est le prix et 20 % les aspects logistiques (délégués médicaux, réduction des volumes de commandes…) 

    sion pré-variation du même médicament d’origine.

    Les freins utilisés par les laboratoires d’origine à l’utilisation des biosimilaires sont connus :

    1. réduction du nombre d’administrations : dosages plus importants, améliorations pharmacocinétiques, réduction du nombre d’injections, pegylation…

    2. amélioration galénique : IV versus SC,

    3. combinaisons thérapeutiques entre biothérapies du même laboratoire d’ori-gine (ex: pertuzumab + trastuzumab dans le cancer du sein), et

    4. réduction du coût du traitement du médicament d’origine : un coût du changement qui fait qu’aujourd’hui l’érythropoïétine alpha est pratique-ment au même prix qu’un biosimilaire.

    Les biosimilaires sont une chance pour le développement de l’industrie pharmaceu-

    tique. Ils offrent une réduction du coût de

    30 % par rapport au biopharmaceutique

    d’origine.

    Les conséquences sont au nombre de

    trois : ils autorisent un plus grand nombre

    de prises en charge de patients, l’argent

    économisé pourra permettre un dévelop-

    pement de l’innovation et le dialogue est

    renforcé avec les prescripteurs, la Come-

    dims et les patients.

    Aux Etats-Unis, biosimilaire signifie substituable.

    Une loi sur la compétition et l’innovation et sur le prix des produits biologiques a été promulguée par le président Barack Obama le 23 mars 2010 (Public Health Service Act Biologics Price Competition and Innovation Act [BPCI Act]) passée en tant que partie du “Affordable Care Act”. Cette loi crée un dossier d’autorisation allégé pour les produits biologiques pré-sentés comme biosimilaires à /ou inter-

    changeable avec / un produit de référence autorisé par la FDA (section 351(k) of the Public Health Service Act).

    Interchangeable ou interchangeabilité signifie que le produit biologique est biosi-milaire au produit de référence. On attend qu’il produise le même effet que le pro-duit de référence chez tous les patients et pour un produit administré plus d’une fois, la sécurité et le risque de moindre sécurité ou d’efficacité en alternant ou en substituant n’est pas plus important qu’en utilisant le produit de référence de

    façon répétée sans alterner ou substituer. Le texte précise, sous forme de note, que le produit interchangeable peut être subs-titué au produit de référence sans l’autori-sation du soignant.

    Le texte décrit pour le biosimilaire toute une graduation d’étape d’évaluation dans “l’evidence” pour obtenir la validation “similarité”.

    LA FDA a actuellement 35 requêtes pour des biosimilaires correspondant à 11 pro-duits de référence. 9 AMM ont été reçues. Il est intéressant de noter que le premier produit interchangeable biosimilaire auto-risé bénéficie d’une période d’exclusivité durant laquelle les autres biomédica-ments se comparant au produit de réfé-rence ne peuvent être autorisés comme interchangeables. La durée d’exclusivité est basée sur l’autorisation de commer-cialisation et les embûches sur les bre-vets. La FDA encourage les laboratoires de biosimilaires à attaquer les brevets en leur garantissant une période.

    Biosimilaires : la position aux Etats-Unis

    Christian DoreauPharmacien hospitalier, consultant

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