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Histoire dans une photo

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Les élèves de 5ème2 ont choisi un élément d'une photo en noir et blanc et lui ont donné la parole...

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Page 1: Histoire dans une photo

Histoire dans une

photo

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À partir d’une photo

choisie dans une série

en noir et blanc,

les élèves ont donné la parole

à un élèment de leur choix

(personnage, objet...).

Lisez leurs histoires…

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Henri Cartier-Bresson

Athènes, 1953

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Elles n’avaient rien en commun.

C’est ce que pensait Madame Kovpeion, propriétaire d’un petit musée grec. Elle avait environ déjà 75 ans et elle vivait seule, au numéro 43. Elle ne l’avait pas choisi pour son « contenu » mais pour son chiffre : 43. C’était l’âge où elle avait perdu de vue sa sœur, partie quelque part en Afrique.

Un jour où Madame Kovpeion était en train de vérifier le contenu de son musée, elle remarqua une femme dans le musée. Cette femme ne bougeait pas et ne proférait aucun son. Elle regardait fixement devant elle. « Étrange... » se dit Madame Kovpeion. À l’heure de la fermeture, la femme était toujours là : elle regarda l’heure et sortit.

Madame Kovpeion ferma le musée et sortit à son tour. Elle marcha et soudain s’arrêta. L’étrange femme la suivait. Alors, Madame Kovpeion accéléra le pas ; et enfin elle arriva chez elle. Le lendemain, quand elle sortit, elle vit la femme qui la regardait en pleurant : « Ne te souviens-tu pas de moi ? »« Anne! dit-elle en pleurant. »

C’était sa sœur. Elle l’avait retrouvée ! Car la vie était ainsi : toute personne rencontrée réapparaîtra au grand jour...Et c’est ainsi que Madame Kovpeion, qui n’attendait plus rien de la vie, retrouva sa sœur.

Ariane

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Mexico, 1964

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Discours de la petite fille

C'est bon, je l'ai ! J'ai le tableau de la voisine ! Il fallait juste passer par la fenêtre ouverte, prendre le tableau et voilà le tour est joué !Maintenant je vais le vendre et je vais devenir millionnaire. 1, 2 millions d'euros peut-être ou même plus si je le vends à un musée, en plus c'est un original du XIXe siècle ; il doit vraiment valoir beaucoup. En réfléchissant bien, je fais même une bonne action en le vendant à un musée : il sra mieux conservé au lieu d'être là , chez la voisine, cette femme qui passe son temps à admirer toute la journée son tableau au fond du couloir. Comme ça, au moins, il y aura plus de personnes qui l'admireront aussi.

Bon, maintenant je vais le laisser à la maison dans la cave. Ah non , avant je vais le montrer à mes parents car ce sont eux qui ont eut cette idée. On est une famille de voleurs depuis des décénies: mon arrière- arrière- arrière grand-père était déjà voleur. pour moi, ce n'est que le début; je vais encore voler beaucoup sans que mes victimes ne le voient. Après avoir rangé ce tableau, j'irai m'asseoir sur le canapé que ma mère a volépour regarder la télévision que mon frère a volée . Même la maison où je vis a été volée . Je ne sais pas comment, mais c'est ce que mes parents m'ont dit. Avec cet argent je vais m'acheter une belle maison et tout ce que je veux. Je vais même essayer de former un groupe de voleurs et comme ça les voleurs feront le travail à ma place; tout l'argent et les objets seront à moi et ce seront les autres qui se feront attraper par la police ; pas moi. Maintenant, allons mettre tout ça en place...

Antonio

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Hollande, 1953

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Philosophie de gadoueEcrasée en plein soleil par un cochon... Quelle vie horrible. Et je risque à

tout moment de me déshydrater. Cet idiot de cochon ne sait rien faire d'autre que grogner et rire comme une bête avec son copain à trois pataugeoires d'ici. Pffff...

Pourtant le fermier devrait me changer, cela fait TROIS jours que les cochons pataugent et font leurs besoin sur moi. Si je le pouvais, je ferais la grêve et ce serait bien fait pour ce fermier. Ou une manifestation : il serait bien étonné de voir de la gadoue devant sa porte en train de hurler:" Augmentez le salaire ! Baissez les impôts ! Arrêtez de maltraiter la gadoue !" et de brandir une pancarte.

Mais c'est impossible : je n'ai pas de bras. Ni de jambe, de tête ou de corps. Je suis liquide et salissante et personne ne veut me piétiner à part les cochons. Ce n'est pas que je le regrette, mais cela montre leur dégout. En plus, en ce moment, c'est censé être la crue. Oui, c'est ça. Evidemment. La terre est plus aride que la peau du fermier...

En attendant, je peux quand même suivre la conversation entre Alfred et Gaspard (ces cochons ont des noms pas possible...). Ils disent des choses comme :- Eh Gaspard ! Tu paries que j'arrive à avaler plus de gadoue que toi ?- Non Alfred, j'ai mal au ventre depuis la dernière fois.- Alors... on peut voir qui court le plus vite de la maisonnette à la clôture de l'enclos !- Mais puisque je te dis que j'ai mal au ventre ! Et caetera.

Ce qu'ils disent n'est forcément pas intéressant, mais ça peut aider à tromper l'ennui. Toute la journée, Alfred lance des paris idiots à Gaspard et Gaspard répond toujours qu'il a un soi-disant mal de ventre, donc c'est toujours Alfred qui gagne. Alfred, c'est celui qui me piétine. Quelque fois, il est sympathique, mais d'autres fois, il oublie que j'ai une conscience. D'ailleurs, le sait-il ? Ou mieux, en ai-je une ?

Tiens, le ciel se couvre... Je sais que cela n'a rien à voir, mais c'est bizarre. Depuis que je suis arrivée ici (j'ai l'impression que ça fait des années que je suis coincée ici), je n'ai pas vu un seul nuage.

Mais revenons à nos moutons. Je me demandais si cet idiot d'Alfred avait une conscience (et pour faire d'une pierre deux coups, si j'en avais aussi une). Je ne pense pas qu'il en ait une : il est trop bête – tiens il commence à y avoir beaucoup de nuages. Voilà que Gaspard paraît plus... on va dire raisonnable. Il ne propose pas de paris idiots, ne se vautre pas dans sa gadoue, etc...

Mais... il commence à pleuvoir ! Je vais sortir enfin de... Bllllggll... Pfff... Cet idiot de cochon arrive même à faire boire la tasse à de la gadoue...Fanny

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Sifnos, Grèce, 1961

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PAUVRE DE MOI

Encore un jour, ici, au soleil.

Vous savez, un jour je vais finir par m'enflammer avec toute cette chaleur. Vous voyez cette petite ombre là-bas au dessus de moi ? Dans deux heures exactement cette ombre va arriver à ma petite fenêtre ; je me sentirai beaucoup mieux ; mais après elle va repartir.

Mes deux meilleurs amis sont la fenêtre et la porte d'à côté. Ici, en Grèce, tout est calme et on n'entend que le vent qui passe et parfois des filles qui courent en criant : «Je vais t'attraper » et « tu rêves ».

Bon, mais parlons un peu de moi : j'ai 92 ans ; j'ai été repeinte hier et regardez comment je suis maintenant ! Je suis en bois, j'ai une petite fenêtre et un petit rideau à l'intérieur. Une petite fille et ses grands-parents vivent dans “ma” maison ; les parents de la fille sont morts ; le père était soldat et la mère était journaliste de guerre.

En fait, regardez bien là au fond la petite fille dont je vous ai parlé et qui sort toujours en claquant la porte : elle marche pieds nus parce qu'elle n’a pas d’argent pour s’acheter des chaussures. La pauvre petite, elle marche, elle court et trébuche tout le temps sur ce sol abimé.

Mais que puis-je faire ? Je ne suis qu'une porte...

Ricardo

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Louis Stettner

Promenade Brooklyn, 1954

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Ma pauvre vie de banc

Je suis un malheureux banc. Assez grand et long. Je n’ai rien de spécial, comme les autres bancs. Je suis juste devant la mer, et derrière il y a plein de gratte-ciel. Ma vie n’a rien de spécial : j’ai passé ma vie à souffrir. Il y a eu des milliers de gens qui se sont assis sur moi. Ca me déplait énormément. Une fois, il y a eu un homme et une femme énormes ! Ils étaient tellement lourds !! Avec les années, je me suis dégradé à un point… Heureusement que j’avais un ami. C’était un chien. Il était petit et mignon. C’était mon seul et mon meilleur ami. Il s’appelait Chocolat car il adorait le chocolat et il était brun. Bref, un jour (et je l’ai vu de mes propres yeux !) il y a eu un groupe de chiens qui lui couraient après, ils ont commencé à l’encercler, puis à se bagarrer avec lui. Le combat ne dura pas longtemps. Mon seul et meilleur ami fut tué. Son cadavre resta des heures devant moi. J’ai pleuré pendant longtemps… Après cette horreur je ne fus plus le même. Je broyais tout le temps du noir. Au bout d’un an, un homme bizarre, de couleur foncée, vint s’asseoir sur moi. Au début je ne faisais pas attention ; mais après quelques heures de réflexion, j’ai remarqué qu’il était triste et seul. Il m’a fait penser à moi. J’ai eu comme de l’affection pour lui.

Ma vie se terminera ainsi chers lecteurs : cet homme viendra tous les après-midi, jusqu’à sa mort. Après de très nombreuses années, je serais remplacé par de nouveaux bancs contemporains. Je serais détruit…Et voilà ma vie. Un malheureux banc. Assez grand et long. Rien de spécial, comme les autres bancs.

Lara

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L'Homme sur son banc

“ Ah ! Enfin, un peu de tranquillité ! Cette ville immense et démesurée me fatigue. Je suis si bien ici, seul. De toute façon, je suis toujours seul... toujours... depuis mon anniversaire. Ah ! Elle aurait pu partir le lendemain. Elle aurait pu me prévenir, elle aurait pu... elle aurait pu me dire que cela n'allait plus, qu'elle n'en pouvait plus. J'aurais fait pour que tout aille bien, j'aimerais donné tout mon amour et toute mon attention pour qu'elle soit heureuse. Pourquoi a-t-elle fait cela ? Et, où est-elle maintenant, fragile comme elle est ? Il faudrait que je la retrouve, mais pour cela il faut du temps... du temps et de l'argent.

D'ailleurs, en parlant d'argent, je me demande quand Mr. Darsaw va me payer mon salaire !? Heureusement que j'ai plusieurs métiers sinon je ne sais pas comment je ferai ! Et puis ils ne me donnent jamais de congés tous autant qu'ils sont. Je ne pourrai jamais le revoir, lui reparler. Cela faisait 10 ans de mariage, et elle ma fait cela après 10 ans de bonheur et de fidélité. Quand même, elle exagère... Jamais une femme ne m'avait fait cela.

Enfin bon ! Tant pis. Il faut passer à autre chose, il faut profiter de l'instant présent. Profiter de cet incroyable ciel bleu. Il est magnifique ce ciel ! Plus beau que ma vie, à coup sûr ! Plus profond que n'importe quel cœur de femme, plus immense que cette monstrueuse ville, cette ville qui repose sur le commerce, sur l'argent et non sur les sentiments.

Pas comme ma bonne vieille Auvergne natale ; elle, elle me comprend. Elle ne m’a jamais déçu. Et oui, je suis français ! Oh, que mes proches me manquent, combien de temps cela fait dans les 15 ans ? Oui, c'est cela. En plus, c'est Gill qui m'a presque obligée à rester ici. C'est elle. C'est ma femme, et maintenant elle me fait cela ! Pfff. Elle est américaine. On s'est rencontré ici. J'étais en voyage. Ce voyage était génial, mais je pense que j'aurai préféré que ce soit un simple voyage !!

En France, j'avais un beau métier qui me plaisait, j'avais ma famille qui me soutenait, on me respectait. Ah la la la. La belle vie quoi. Il ne me manquait que l'amour. L'amour je l'ai trouvé

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ici. Mais c'est un amour ingrat, apparemment. Bon, il faut que je me bouge ! Il faut que quelque chose se

passe ! Quelque chose de bien, qui me rende heureux. Dire que je commençais à vouloir un enfant, dommage que je ne lui en aie pas parlé, c'est peut-être cela qu'elle voulait, enfin... NE PLUS PENSER A RIEN ! C'est cela qu'il faut que fasse, il faut que je fasse le vide. Ici c'est parfait, ça fait bien une dizaine d'années que je me confie à ce banc ! Il me réconforte, il est apaisant. Et ce ciel, ce ciel ! Parfois, quand je suis là, j'ai l'impression de m'envoler !

Tiens donc, il est marrant cet hélicoptère, il est rose bonbon... sa couleur préférée. Mais il tient une banderole violette. Parfait pour faire une publicité ; ma parole, c'est un message. Voici ce qui est écrit en belles lettres décorées de fleurettes:

JE T'AIME, MON AMOUR. J'AI GAGNE AU LOTO UNE SOMME INCROYABLE. RETOURNONS EN FRANCE. GILL.

Ah, mais oui, grâce à cette énorme banderole je me le rappelle maintenant. Gill m'avait dit qu'elle partait pour Las Vegas. Je ne m'en souvenais pas du tout !Oh, mon amour, elle a pensé à moi. Elle m'aime, elle veut notre bonheur. Oh oui, partons en France !

CE QUE JE L'AIME QUAND MEME !Mathilde

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Fifties Grafitti, New York, 1954

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Une tache noireSalut, moi c'est LA tache noire de Chantilly, le plus beau

chien du monde grâce à moi, la plus belle tache au monde. Je sais je suis très narcissique et j'aime tout ce qui m'appartient.J'ai beaucoup de jumelles ; mais c'est moi la plus belle. Je n'ai pas beaucoup d'amis car je suis trop narcissique et tout le monde me le dit.

Je me rappelle, un jour, on faisait une promenade avec Chantilly dans une voiture d'un rouge brillant. J'ai pris l'air, la voiture allait très vite, tellement vite que j'étais décoiffée. Quand on est sortis de la voiture nous étions dans la forêt, il venait de pleuvoir et Chantilly s'est roulé dans la boue. A un moment, un lapin est passé devant nous et évidemment Chantilly l'a poursuivi...Je peux vous dire que quand nous sommes remontés dans la voiture j'étais très très sale.

Chantilly et Caramel étaient tous les deux à l'arrière de la voiture. Ils prenaient l'air, la tête dépassant de la fenêtre, la langue sortie et l'air joyeux. On est sortis de la voiture et on est rentrés à la maison pour prendre un bain. Après le bain j'étais la plus heureuse des taches ; en plus, je sentais bon, comme une rose !

Un jour je me suis réveillée et j'avais rétréci, c'était comme si le blanc était en train de me manger. Je devenais de plus en plus petite, le blanc prenait toute la place, il grandissait, me narguait, se moquait de moi, moi,la plus magnifique des taches !Le pire c'est qu'il n'y avait que moi qui me faisais manger. Le soir j'avais peur de m'endormir et de me réveiller plus petite qu'une puce ou même d'avoir disparu. Au bout d'une semaine on est remontés dans la voiture pour aller chez le vétérinaire mais je ne savais pas pourquoi.

Le vétérinaire a endormi Chantilly et donc moi avec. Quand je me suis réveillée je n'étais plus sur Chantilly mais sur sa soeur : Caramel. J'étais la plus moche ; quand je dis moche, c'est moche ! Au point que tout le monde se moquait de moi.

J'ai fini ma vie comme ça, dans la mocheté !Lili.

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Jean Dieuzaide

Hommage à Charlie Chaplin, usine metallurgique, aude, 1949

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Je suis Charlie ChaplinEt je travaille en Chine,

Si tu veux que je travaille pour toi tu dois dire pourquoi.

Cette usine est magnifiqueElle est vraiment chic,

Il y a beaucoup de machinesDans cette usine.

Je répare les machines qui ne fonctionnent pasTout en mangeant des noix.

C'est mon fruit préféréMais maintenant je dois y aller.

Manuel

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Madère, 1956

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Ma Moto et moi

Bonjour je m'appelle Lucas. Je suis avec ma sœur sur la moto que mon père m'a construite. Je suis dans la forêt près de chez ma grand-mère. J'adore ma sœur sauf que parfois on doit faire tout ce que les petites sœurs veulent sinon on se fait gronder.

J'aime bien ma sœur ,mais seulement pour jouer quand j'en ai envie. Aujourd'hui je suis chez ma grand-mère et j'ai mangé pour le dîner des pommes de terre avec des légumes. Les légumes viennent du potager de mon grand-père ; ils sont délicieux.

Après le repas, je suis allé tout de suite jouer avec ma moto, sauf que j'ai dû prendre ma sœur avec moi ! C'est vraiment énervant : je ne voulais pas qu'elle vienne cette fois-ci !

J'adore être avec ma moto car je peux aller partout avec elle. Ce que j'aime surtout c'est descendre des collines. Le plus embêtant c'est de les remonter. Quand je suis revenu chez ma grand-mère après avoir descendu et remonté des collines, je suis rentré et ma mère m'a grondé parce que j'étais resté trop longtemps dans la forêt… Je suis privé de moto...

Ce matin, quand je me suis réveillé, je suis allé voir ma moto. Elle n'était plus là… J'ai couru à la maison et j'ai demandé à mes parents s'ils l'avaient rangée quelque part, mais non ! Je suis allé voir ma sœur et lui ai demandé si elle n’avait pas joué avec ma moto hier soir. "Non !"…

Conclusion : ma moto a été volée. Voilà comment se termine mon histoire…

Salomé

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Bodazköy, Turquie, 1955

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Je m'appelle Dimitri Petrowsko, j'ai 8 ans et demi et j'habite dans un bidonville à Bogazokoy en Turquie. Ma maison n'a pas d'eau ni d' électricité. Je dois aider mes parents à la maison. Tous les matins, je manque l'école pour aller puiser de l'eau dans le fleuve Canonanier, il se situe à trois kilomètres de chez moi ; c'est essentiel pour prendre notre bain, faire la vaisselle, faire bouillir les boites. Quand je reviens du fleuve, maman me prépare un Kébab quand elle a le temps.

Un jour je pourrai peut-être aller à l'école, à l'Université et peut-être même avoir un métier. Je n'aurai pas besoin d'aller puiser de l'eau avec ma bouilloire. J'aurai aussi de l'électricité pour me chauffer. J'aurai de l'argent et ma mère n'aura plus besoin de travailler, je lui offrirai tout ce dont elle aura besoin.

Ce matin, ma mère devait aller chercher du bois à la décharge. J'y suis allé avec elle et on a refait une porte ; elle est solide et épaisse, comme ça on n'aura pas froid l'hiver. Cette fois-ci, elle ne m'a pas préparé un kebab, mais elle m'a offert une blouse qu'elle a cousue sans que je m'en aperçoive Une blouse rouge avec des fleurs jaunes ! J'étais si content que j'ai fait un bisou sur la joue de ma mère et je suis parti chercher de l'eau dans le fleuve.

Francisco B.

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Fenêtre de l’Alfama, Lisbonne, 1954

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Histoire d'un réverbèreQuand je suis sorti de mon nid, un endroit très chaud, tout rouge

et bien douillet, mon père m'a "modelé, forgé" comme il disait. Il m'a demandé quelle forme je voulais et moi, je lui ai demandé quelque chose de joli, et de pas trop lourd à porter. Il m'a fait des chatouilles, il m'a coupé les cheveux, étiré le corps et arrondit les coudes, genoux et menton. Il m'a demandé si cela me convenait, je lui ai dit que c'était parfait. Alors il m'a fait, cinquante petits frères de la même forme que moi. Puis il nous a tous chatouillés et nous sommes devenus noirs, il a entouré notre tête de verre et nous sommes devenus réverbères.

Il nous a enroulés dans une chose blanche, très, très douce qu'il appelait "coton". Il nous a rangés dans dix très grandes boites dures et marrons mais grâce au fameux coton, je m'y sentais bien, même si c'était un peu moins douillet que mon nid. Ce qui m'a fait peur c'est le noir : il faisait tout noir. Moi, je craignais qu'un monstre, ou pire, un fantôme n'arrive. Mais je n'ai pas crié pour ne pas effrayer mes petits frères. Et puis maman m'avait dit que quand il ferait tout noir, c'est que j'aurais grandi. Elle a dit aussi que plus je grandirais, moins je serais chaud et c'est vrai.

Après un voyage qui a duré au moins deux fois plus longtemps que quand j'étais dans mon nid, je me suis senti soulevé Puis "BRONG!" je me suis senti tomber par terre. C'était rigolo ! J'ai crié : "Encore !"; mais ça n'a pas recommencé. Deux mains et deux pieds (comme papa) a ouvert ma boite dure et marron, m'a sorti de mon coton douillet et j'ai eu un peu froid mais je ne suis pas tombé malade. Il m'a attaché solidement à un mur très dur, tout blanc. Là j'ai senti que j'étais tout froid. J'étais enfin devenu grand !

Quand il a fait noir, un autre papa m'a allumé pour que je n'aie pas peur. J'étais si content !

Ça fait longtemps que je suis là. J'ai même vu une petite "humaine" - maintenant je sais que ça s'appelle comme ça - grandir et devenir une grande "dame". Tous les soirs, le même papa vient m'allumer. Il a des cheveux tout blancs sur la tête et au menton maintenant ! Moi je n'ai pas changé et c'est très bien comme ça !Lucile