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INDUSTRIES À RISQUES TECHNOLOGIQUES : UN ENJEU DE SOCIÉTÉ À NÉGOCIER ? 10 QUESTIONS Groupe d’échange Vers un contrat social négocié 2011-05 LES CAHIERS DE LA SÉCURITÉ INDUSTRIELLE

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INDUSTRIESÀ RISQUES TECHNOLOGIQUES :UN ENJEU DE SOCIÉTÉ À NÉGOCIER ?

10 QUESTIONS

Groupe d’échangeVers un contrat social négocié

2011-05

LES CAHIERSDE LA

SÉCURITÉ INDUSTRIELLE

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L’Institut pour une culture de sécurité industrielle (Icsi) est une association loi 1901dont la vocation est de faire progresser la culture de sécurité en France. Il est né en

2003 de l’initiative de huit partenaires fondateurs (Airbus, Arcelor, CNRS, Communautéd’agglomération du Grand Toulouse, EDF, Institut National Polytechnique de Toulouse,Région Midi-Pyrénées et Total) qui ont été rapidement rejoints par d’autres industrielsde branches diverses, des Instituts spécialisés, des Écoles et Universités, des acteurs dela société civile (associations de maires, organisations syndicales, organisations nongouvernementales).

C’est donc l’ensemble des parties prenantes de la sécurité industrielle que l’Icsi fédère,ce qui en fait son originalité.

Cet Institut poursuit trois objectifs principaux :

• rechercher, pour une meilleure compréhension mutuelle et en vue de l’élaborationd’un compromis durable entre les entreprises à risques et la société civile, lesconditions et la pratique d’un débat ouvert prenant en compte les diUérentesdimensions du risque ;

• contribuer à l’amélioration de la sécurité dans les entreprises industrielles de toutetaille, de tous secteurs d’activité, par la prise en compte du risque industriel soustous ses aspects ;

• favoriser l’acculturation de l’ensemble des acteurs de la société aux problèmes desrisques et de la sécurité.

La Fondation pour une culture de sécurité industrielle (Foncsi) est une Fondation deRecherche reconnue d’utilité publique par décret en date du 18 avril 2005. Elle

a les mêmes ambitions que l’Icsi et travaille en étroite collaboration avec lui. Pouratteindre ses objectifs, la Foncsi favorise le rapprochement entre les chercheurs de toutesdisciplines et les diUérents partenaires autour de la question de la sécurité industrielle :entreprises, collectivités, organisations syndicales, associations. Elle incite également àdépasser les clivages disciplinaires habituels et à favoriser, pour l’ensemble des questions,les croisements entre les sciences de l’ingénieur et les sciences humaines et sociales.La sécurité industrielle y est ainsi abordée sous tous les angles : technique, sociétal,comportements, organisation, économique, juridique, etc.

Éditeur : Institut pour une culture de sécurité industrielleAssociation de loi 1901

http://www.icsi-eu.org/

6 allée Émile Monso - BP 3403831029 Toulouse Cedex 4France

Téléphone : +33 (0) 534 323 200Fax : +33 (0) 534 323 201Courriel : [email protected]

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Dans la même collection

Les Cahiers de la sécurité industrielle sont disponibles et librement téléchargeables sur le site internet del’ICSI : www.icsi-eu.org

• 2011-04, Les PPRT : où en sommes-nous ? Point de vue des élusAmaris/ Icsi

• 2011-03, L’ouverture au public : vers un changement des pratiques du REX ?Éric Chauvier, Irène Gaillard et Alain Garrigou

• 2011-02, Coûts et bénéVces de l’usage des nanoparticules d’argent dans les réfrigérateursRémy Tello, Éric Marsden, Nicolas Treich

• 2011-01, Human and organizational factors of safety : state of the artFrançois Daniellou, Marcel Simard, Ivan Boissières

• 2010-09, Externalisation de la maintenance et sécurité : une analyse bibliographiqueDounia Tazi

• 2010-08, La Conférence Riveraine de Feyzin : un modèle pratique de démocratie participativeOdile Piriou et Pierre Lénel

• 2010-07, Les risques et pollutions industriels sur le territoire dunkerquois : des perceptions à la « concertation »Collectif Irénée Zwarterook

• 2010-06, Impact d’une catastrophe sur l’avenir d’un site industriel urbain. Les cas de Lyon et ToulouseMarion Cauhopé, François Duchêne et Marie-Christine Jaillet

• 2010-05, Analyse comparée des pratiques de REX entre l’industrie chimique et l’industrie nucléaireSaVétou Mbaye

• 2010-04, La Conférence Riveraine de Feyzin : conception et mise en placeOdile Piriou et Pierre Lénel

• 2010-03, Le partage social du risque comme impératif de gestion ? Le cas de l’industrie à risque aux portesde MarseilleStephan Castel, Pierrick Cézanne-Bert et Mathieu Leborgne

• 2010-02, Les facteurs humains et organisationnels de la sécurité industrielle : un état de l’artFrançois Daniellou, Marcel Simard, Ivan Boissières

• 2010-01, Leadership en sécurité : pratiques industrielles (1ère édition)Groupe de travail « Leadership In Safety » de l’Icsi

• 2009-10, Les relations professionnelles de la sécurité industrielle : le REX comme outil de médiation ?Patrick Chaskiel

• 2009-09, Fréquence des événements initiateurs d’accidentGroupe d’échange « Fréquence des événements initiateurs d’accident et disponibilité des barrières deprévention et de protection » de l’Icsi

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• 2009-08, Le retour d’expérience : processus socio-cognitifs dans l’explication des dysfonctionnementsSaVétou Mbaye, Rémi Kouabenan et Philippe Sarnin

• 2009-07, Débats lors du forum IFIS 2008René Amalberti, Laurent Magne, Gilles Motet et Caroline Kamaté

• 2009-06, Analyse coût-bénéVces : guide méthodologiqueValérie Meunier et Éric Marsden

• 2009-05, La norme ISO 31000 en 10 questionsGilles Motet

• 2009-03, La Concertation : changements et questionsMarie-Gabrielle Suraud, Françoise Lafaye, Mathieu Leborgne

• 2009-02, Études de dangers et ouverture au publicGroupe d’échange « Ouverture et études de dangers » de l’Icsi

• 2009-01, Évaluation du « juste besoin » en matière de maîtrise du risque incendieGroupe d’échange « Incendie » de l’Icsi

• 2008-05, Facteurs socio-culturels du REX : sept études de terrainÉquipes du programme de recherche REX de la Foncsi

• 2008-04, À quoi faut-il penser, vis-à-vis de la sécurité, avant la décision éventuelle de sous-traiter ?Groupe d’échange « Sous-traitance » de l’Icsi

• 2008-03, L’Analyse Coût-BénéVces en 10 questionsNicolas Treich

• 2008-02, État des pratiques industrielles de REXOlivier Gauthey

• 2008-01, Analyse bibliographique des facteurs socio-culturels de réussite du retour d’expérienceIrène Gaillard

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Avant-propos

“ Les engagements qui nous lient au corps social ne sont obligatoires que parcequ’ils sont mutuels, et leur nature est telle qu’en les remplissant, on ne peuttravailler pour autrui sans travailler aussi pour soi [. . .] ?1

Comment vivre avec l’industrie à risques, au regard de ses apports tels le développement écono-mique, la production de richesses, les emplois directs et indirects, la valeur ajoutée au territoire

mais également de ses impacts sur l’homme et l’environnement ?

Ce document est le fruit des réWexions du Groupe d’échange « Vers un contrat social négocié » de l’Icsiaprès une première phase d’un peu plus d’un an de travail. Depuis sa création début 2010, l’objectifde ce GEc est de permettre aux parties prenantes de témoigner de leurs besoins et de leurs attentes,de débattre de leur vision des priorités et de solutions à mettre en œuvre pour améliorer le « vivreensemble » et dépasser le « vivre avec » l’industrie à risques. Les réunions ont regroupé nombre departicipants représentatifs des acteurs concernés ; ils sont issus de sociétés industrielles génératricesde risques, d’associations de riverains, de collectivités territoriales et de leurs établissements publicsde coopération, de syndicats, d’établissements universitaires, d’instituts et centres de recherche, etc.

Les premières rencontres du groupe se sont déroulées en parallèle avec des séminaires organisés parle Conseil ScientiVque de la Foncsi. Ces séminaires visaient à explorer diUérents aspects de l’analysedes conditions à remplir pour que les activités à risques technologiques puissent faire l’objet d’unnouveau « contrat social ». Cette concomitance des réunions a permis à l’ensemble des membres del’Icsi d’accéder « en direct » à la vision des chercheurs et, inversement, aux chercheurs d’appréhenderles attentes de l’ensemble des acteurs. En décembre 2010, la Foncsi a lancé un appel à propositions derecherche intitulé « Activités à risques technologiques et enjeux sociétaux. Dynamique des processusde négociation, d’arbitrage et de compromis ». Les travaux des équipes sélectionnées débuteront Vn2011 et les réunions du Groupe d’échange reprendront, de nouveau avec une volonté de favoriser lesinteractions entre les chercheurs et les membres de l’Icsi.

Ce cahier interroge les diXcultés de cohabitation entre la population et les activités industrielles gé-nérant des risques, thématique sensible puisqu’associée à des enjeux de développement économique,de confort, mais pouvant porter atteinte à l’intégrité de la vie humaine. Le sujet est d’autant plusdélicat qu’il s’agit de potentialités d’incidents ou d’accidents, non traitables facilement par l’extérieurquand on évoque le fonctionnement ordinaire des installations. Si le groupe a axé ses réWexionssur les risques d’accidents majeurs, il a également soulevé la question des risques chroniques. Cesderniers sont perçus de manière spéciVque, aUectent parfois le quotidien des riverains et sont sus-ceptibles de nuire à l’environnement et/ou la santé publique à plus ou moins brève échéance. Au Vldes témoignages, des expériences remontées du terrain par ses participants, de l’identiVcation dediUérentes pratiques existantes, le Groupe d’échange a établi des constats, rapporté des problèmes,souligné des manques.

1Du Contrat social, II – Chapitre IV – Des bornes du pouvoir souverain, Jean-Jacques Rousseau, 1762. Nous avons ajouté un pointd’interrogation à cette citation aVn de souligner les interrogations qu’elle soulève

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Ceci témoigne du besoin :

• de participer à l’émergence de solutions à des problèmes saillants, récurrents ;

• d’améliorer les outils et pratiques existants ;

• de développer de nouveaux outils et d’expérimenter des pratiques innovantes ;

pour une dynamique renouvelée des activités industrielles à risques.

Dans le domaine des risques en particulier, croiser les idées pose la question du rassemblementoptimal de talents hétérogènes, d’expertises issues de domaines diUérents pour tenter de résoudreensemble des problèmes. C’est pourquoi il importe :

• d’ancrer sa réWexion dans le terrain ;

• et de rendre compte de la façon dont les objets étudiés par les scientiVques et par les techniciensreviennent dans le monde social ;

pour favoriser une meilleure conVance entre tous les partenaires impliqués.

AVn de disposer d’une expertise non conWictuelle entre parties prenantes, il convient d’écrire unehistoire partagée par ceux qui la font et par ceux à qui elle est destinée. Il faut tâcher de clariVer lerôle et les intérêts des diUérents acteurs, faire l’état des incertitudes de la connaissance scientiVqueet technique, mesurer l’étendue des questions irrésolues et les points d’interrogation et imposerla prise en compte des demandes sociales dans la rationalité de l’expertise. Pour ce faire, on doitdisposer d’un cadre suXsamment serein ou partiellement « neutre » pour avancer. . . Cependant, danscette approche complexe entre « sachants » techniques et « profanes », l’aspect neutre ne signiVe pas,au Vnal, décision neutre, s’appuyant sur la recherche d’un consensus mou. Il y a alors possibilitéd’expérimenter ; au fond, si c’est une mauvaise méthode pour prouver, cela reste une bonne méthodepour découvrir. C’est bien l’enjeu de l’approche proposée dans cette suite de questionnementsinterdépendants pour avancer en tentant de retrouver du sens et de la cohérence entre les diUérentspartenaires concernés par les risques accidentels et impliqués dans leur gestion.

Ce cahier propose ainsi le regard croisé, au stade actuel des échanges engagés début 2010, des acteursde cultures diUérentes concernés par ces questions. Il rassemble, synthétisées et déclinées en dixcourtes rubriques, certaines de leurs réWexions sur les mêmes thèmes. Les questions sont numérotéesde un à dix, cependant leur lecture peut s’eUectuer de manière indépendante. Le cahier s’adresse àun public élargi, mais néanmoins averti des problèmes soulevés par les industries à risques dans lesterritoires et pourrait être un outil pratique et accessible présentant certaines questions concrètesdans lesquelles ces acteurs pourront reconnaître leurs préoccupations. Il vise à susciter la réWexion, àfaire appel à l’expertise plurielle et notamment à notre expertise citoyenne2 pour vivre autrementavec les industries à risques.

Toulouse, le 24 août 2011Caroline Kamaté3 & Jean-Claude André4

2En lien notamment avec plusieurs controverses technico-scientiVques et en marge du concept traditionnel d’expert commepersonne détenant une connaissance pointue de par sa formation et sa pratique, a émergé la notion « d’expert citoyen ». Reconnaîtrel’expertise citoyenne c’est considérer comme légitime l’intervention dans le débat public des citoyens « classiques » pour faire-valoirleurs savoirs propres, dits parfois « savoirs d’usage », sur le sujet traité.

3Équipe Foncsi (Fondation pour une culture de sécurité industrielle).4INSIS-CNRS.

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Avertissement

Ce cahier n’est en aucun cas un guide exposant des solutions «clé en main» pour améliorer levivre ensemble avec l’industrie à risques. Ni exhaustif, ni Vgé, il s’agit d’un document d’étapereWétant l’état actuel des réWexions du Groupe d’échange « Vers un contrat social négocié »qui par ailleurs, en parallèle avec les projets de recherche à l’initiation desquels il a contribué,poursuit ses travaux.Si ce cahier expose un diagnostic majoritairement partagé par l’ensemble des parties prenantesreprésentées dans le groupe, il importe de souligner que certains points n’ont pas fait consensus– voire ont fait l’objet de divergences – parmi les participants. Le cas échéant, cela se trouveindiqué par des notes de bas de page.

Ce cahier est le produit d’un travail collectif d’un Groupe d’échange de l’ICSI. Caroline Kamaté1

et Benoît Hannart2, animateurs de ce Groupe d’échange, en ont coordonné la rédaction.

Votre avis nous intéresse! Pour tout commentaire ou remarque permettant d’améliorer ce docu-ment, merci d’envoyer un courriel à [email protected].

La taille des mots dans ce graphique est fonction de leurfréquence d’apparition relative dans le présent document(en ayant exclu un certain nombre de prépositions cou-rantes). Le graphique est créé de façon semi-automatiqueà l’aide de l’application wordle.net.

1Équipe Foncsi (Fondation pour une culture de sécurité industrielle).2Équipe ICSI.

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Remerciements

L’Icsi et la Foncsi tiennent à remercier les personnes suivantes, qui, par leur participation auxdébats au sein du Groupe d’échange, leurs témoignages et leur investissement dans la rédaction ontcontribué à la réalisation de ce document.

Nom Prénom Organisme ou fonctionAFFELTRANGER Bastien InerisANDRÉ Jean-Claude INSIS-CNRSARNOUX Patrice ACFCI (Assemblée des chambres françaises de commerce et d’in-

dustrie)BEGNEU Michel SNCFBERNE Gérard SPIRAL (Secrétariat permanent pour la prévention des pollutions

industrielles et des risques dans l’agglomération lyonnaise)BLANC Jean-Jacques Arkema (Fédéchimie FO)BOMBASARO Daniel GIE OsirisBOUTTIN David RéalisateurBUCHHOLZ Sigurd BayerCABAUD Bertrand Mairie de Salaise-sur-SanneCALDART Jean-Paul Mairie de Salaise-sur-SanneCARLE Jacques Collectif citoyen santé environnement de Port-Saint-Louis du

RhôneCASANOVA Gérard Collectif citoyen santé environnement de Port-Saint-Louis du

RhôneCASTELLAN Isabelle Conseil Général du Val d’OiseCAZE Philippe Novelia EngineeringCHALLUT Mathilde PrimagazCHASKIEL Patrick Université de ToulouseCRESSY Jean-Paul Fédération Chimie-Énergie, CFDTCROUAIL Jacky Mairie de Salaise-sur-SanneDEBRAY Bruno InerisDELEUZE René IcsiDES DESERTS Jean Ufip (Union française des industries pétrolières)DORGE Marie Agence EdelDUPRÉ Michèle Centre Max WeberESSIG Philippe IcsiFARO Nabil ConsultantFAVRE Delphine Amaris (Association nationale des communes pour la maîtrise

des risques technologiques majeurs)FRAYSSE Patrick Mairie de Salaise-sur-SanneGALIMANT Frédérique TotalGALLAND Jean-Pierre ENPC–École des Ponts ParisTechGALLUCCI Jacques Rhodia OpérationsGENTIL Annie Mairie de Salaise-sur-SanneGIANNOCCARO François Irma (Institut des risques majeurs de Grenoble)

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Nom Prénom Organisme ou fonctionGICQUEL Stéphane Fenvac (Fédération nationale des victimes d’accidents collectifs)GILBERT Claude CNRSGIRAUD Dominique Mairie de Salaise-sur-SanneGUILLOUX Michel Mairie de Feyzin–AMARIS (Association nationale des communes

pour la maîtrise des risques technologiques majeurs)GUITARD Joël Collectif citoyen santé environnement de Port-Saint-Louis du

RhôneHALLER Philippe ArkemaHANIA Alice Fenvac (Fédération nationale des victimes d’accidents collectifs)HERRERO Nadine Fnath (L’association des accidentés de la vie)KOCHEL Aurélie Fenvac (Fédération nationale des victimes d’accidents collectifs)LASFARGUES Marion Décider ensembleLAURENT André Ensic (École nationale supérieure des industries chimiques)LE STER Martine InéosMAGNE Laurent EDFMAHEAS Camille AmarisMAIRE Nicole IcsiMARSDEN Éric FonCSIMEDINA Roselyne Mairie de Salaise-sur-SanneMENGUY Justine Mairie de Salaise-sur-SanneMICHEL Sophie Mairie de Port-Saint-Louis du RhôneMIGAULT Guy RhodiaMOTET Gilles FoncsiMOULIN Ludovic InerisNEVEU Christian SNCFPERROTIN Gérard Mairie de Salaise-sur-SannePETITPAIN Bernard TotalPHILIPPS Gérard CFE-CGCPIERRIN Cathy ArevaPOMARES Bernadette Mairie de FeyzinRENARD Marc IcsiRENIER Christophe GDF SuezRUEF François IcsiSAIL Julien GDF Suez-CRIGENSANZ Germain Académie des TechnologiesSARRAZIN Michèle Mairie de Salaise-sur-SanneSAUGE-GADOUD Danielle Mairie de FeyzinSAVALL André Université de ToulouseSCHEER Dirk Université de StuttgartSOUBRANE Alexandre AvocatDe TERSSAC Gilbert CNRSTREICH Nicolas Université de ToulouseVACHER Gilles IcsiVIGNES Pierre IcsiVIGOUROUX Alexandre PrimagazXUEREB Catherine Université de Toulouse

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Table des matières

Avant-propos vii

Avertissement ix

Remerciements xi

Q1. Quels préalables à la recherche d’un accord pour un «mieux » de l’industrie à risques ? 1

Q2. Comment dépasser la notion de « risque acceptable » ? 2

Q3. Comment mieux se comprendre ? 3

Q4. Comment renforcer l’impact du débat sur les risques technologiques ? 4

Q5. Comment instaurer une conVance pérenne ? 5

Q6. Quel impact de l’évolution du contexte ? 6

Q7. Comment intégrer les spéciVcités liées aux risques chroniques ? 7

Q8. Quelles interactions avec les accords internes à l’industrie à risques ? 8

Q9. Comment évolue la notion de responsabilité ? 9

Q10. Quelle place, quel rôle pour l’État ? 10

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Que

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n 110

Quels préalables à larecherche d’un accordpour un « mieux » del’industrie à risques ?

Il importe en premier lieu de déVnir quiveut véritablement s’accorder et sur quoi.Il ne s’agit pas d’élaborer un contrat au

sens juridique, mais d’associer toutes les par-ties prenantes du thème des risques indus-triels et d’identiVer les conditions à remplirpour un compromis collectif sur le dévelop-pement des industries à risques dans un terri-toire d’implantation.

Les réWexions de ce Groupe d’échange sefondent sur un postulat, une volonté a prioripartagée de maintenir et développer les acti-vités industrielles sur les territoires, en évo-luant vers moins de risques et en garantissantl’engagement de tout mettre en œuvre pourles maîtriser. L’objectif est donc clairementdéVni : « obtenir un accord de progrès visantà concilier expansion industrielle et diminu-tion des risques ». Ceci suppose de traiter leparadoxe selon lequel l’industrie génère à lafois risques, pollutions et richesses sourcesde confort.

Cependant, les parties prenantes doivent, aupréalable, s’interroger sur les valeurs, les prin-cipes qu’elles partagent, formant un ensembleappelé à devenir le socle d’un accord pourun « plus et mieux » avec les industries àrisques. La notion de progrès, toujours d’ac-tualité, peut-elle simplement être estampilléepar un indicateur de l’activité économique

comme le produit intérieur brut (PIB) ou doit-elle être en conformité avec les attentes, lesespoirs et le bien-être des citoyens, autrementdit être gage de prospérité, au sens du termelatin pro (conformément) et spes (espoir, at-tente) ? De même doit se poser la questionde la stratégie économique. Celle-ci est né-cessaire au fonctionnement, à la croissanceet la survie de l’activité industrielle, qu’ellesoit à risques ou non, via l’innovation notam-ment. Donc, comment faire coïncider, dansune perspective de développement durable,deux démarches : l’une fondée sur le calculéconomique et l’autre privilégiant le respectdes limites écologiques et sociales ?

L’objectif partagé étant ainsi sous-tendu pardes enjeux et des points de vue diUérents,voire contradictoires, établir les conditions àremplir pour pouvoir s’accorder est un déV.Le relever implique de décrypter et de tenircompte des tensions sociales. Sinon, celles-cipourraient engendrer un dialogue en pointilléavec la société civile et des blocages. Or, l’ex-périence montre que l’opposition frontale estsouvent stérile à long terme. Toutefois, com-ment réaliser la nécessaire reconnaissance etintégration de ces approches contradictoiresentre les diUérentes parties prenantes pourpouvoir arriver à un compromis proVtable àchacune d’elles ?

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Question2

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Comment dépasser lanotion de « risqueacceptable » ?

Si l’accident n’est jamais « acceptable5 »,un certain risque peut être socialementaccepté. Ces questions peuvent être

traitées sur un mode rationnel, si l’on consi-dère que l’on peut décider d’un seuil d’ac-ceptabilité. L’industriel, avec l’aval de l’État,déVnit des conditions économiquement rai-sonnables ; l’autorité légitime réglemente enVxant un seuil à partir duquel un risque estacceptable. Cependant, plutôt que d’accepta-bilité d’un risque, ne faut-il pas parler d’ac-ceptabilité d’une activité, d’un site ? L’objectifest, en eUet, de rendre les activités à risquescomprises et admises, comme élément inté-gré à notre modèle de développement et deconsommation.

Cette problématique peut aussi être abordéede manière plus diUuse, sur le registre de laconVance. La perception des risques technolo-giques varie selon le contexte historique, géo-graphique, économique et culturel. Elle estégalement dépendante de l’état des connais-sances et du niveau d’incertitude liés auxrisques, en particulier pour les risques asso-ciés à l’innovation. Comment tenir compte deces mécanismes qui sous-tendent l’accepta-tion ou non de certaines activités, voire mêmeleur rejet ? Comment intégrer leur évolutionau cours du temps ?

Quelles conditions économiquement accep-tables pour la présence de l’industrie àrisques ? L’acceptation de telle ou telle ac-

tivité à risques conduit encore souvent à unpositionnement Nimby (Not in my back yard :« pas dans mon arrière cour »). Comment,pour une culture de sécurité partagée, sortirde cette attitude ? Quelle gestion des méca-nismes de compensation pour les territoiresimpactés par le risque industriel ? Les éluset les collectivités doivent faire des choixparfois diXciles et souvent liés à des enjeuxsocio-économiques forts pour leur territoire.Quelles perspectives, dans une optique coût-bénéVces, pour aider à la décision d’implan-tation ou de maintien d’industries à risques ?

L’éventualité d’intéresser plus concrètementles riverains à l’activité industrielle, parexemple en leur ouvrant le CE (Comité d’en-treprise) et/ou le CHSCT (Comité d’hygiène,de sécurité et des conditions de travail) a étéévoquée dans le Groupe d’échange6. D’autrepart, bien que risques accidentels et risqueschroniques présentent des diUérences, entreautres de perception, très importantes, uneautre voie pouvant être potentiellement ex-plorée a été suggérée : pour autant que lesseuils admissibles ne soient pas dépassés, lescontributions des divers phénomènes dange-reux aux aléas technologiques autour d’unezone industrielle donnée pourraient-elles êtrediscutées et négociées entre industriels et ri-verains, comme commencent à l’être7 cellesdes uns et des autres en matière de pollutionchronique ?

5L’utilisation même du terme « acceptable » est controversée au sein du Groupe d’échange.6Voir également question 8.7Voir question 7.

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Que

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n 310

Comment mieux secomprendre ?

La recherche d’un accord mutualisé surles industries à risques requiert queles parties prenantes se comprennent,

mais aussi saisissent et admettent des intérêtsapparemment disjoints.

Or, se proVlent des diXcultés de compréhen-sion, en particulier tout d’abord de donnéesscientiVques et techniques. L’évaluation pro-babiliste des risques, utilisée depuis la loi dejuillet 2003 pour expliquer le niveau d’expo-sition à un danger, reste diXcile à interpréterpar la population. Si l’entreprise s’ouvre auxriverains notamment au sein des instances deconcertation, si ces derniers peuvent accéderà l’information, ils ne sont pas toujours ar-més pour l’appréhender, la maîtriser. D’autresacteurs clés sont confrontés à ce problème.Bien que les études de dangers (EDD) soientélaborées sans les organisations syndicales,ces dernières sont consultées pour produireun avis. Leurs représentants se retrouventsouvent dépassés devant la quantité de docu-ments à étudier et leur complexité. Les maires,au vu des responsabilités qui leur incombentet de leur lien de proximité avec la popula-tion sont généralement les premiers sollicitéspar les administrés, notamment en cas d’in-cident. Cependant, dans ce rôle de médiationentre industriels et riverains, ils se trouventparfois démunis, ne sachant pas forcémentcomment gérer l’information. Les dispositifsde concertation se doivent d’être des lieux

de traitement de l’information pour qu’elledevienne compréhensible par tous, mais com-ment bien organiser ce nécessaire eUort devulgarisation ? De même, quelles sont les cléspour diUuser l’expertise citoyenne vers lesautres acteurs et la capitaliser ?

D’autres diXcultés découlent des diUérencesde langage des parties prenantes, liées à leurculture. Ces dernières sont d’autant plus pré-gnantes et leurs conséquences plus impor-tantes en situation de crise. Par exemple,en cas d’accident industriel la sphère judi-ciaire parlera de faute alors que les acteurstechniques et administratifs raisonneront entermes d’erreur.

En absence d’éléments de discussion compré-hensibles et partagés par tous, est-il possibled’établir un accord sans en comprendre tousles termes ? Quels éléments de connaissanceréunir pour pouvoir discuter ces termes ?

Des formations innovantes destinées aux par-ties prenantes aVn qu’elles disposent d’unebase culturelle et d’un langage partagés, pour-raient améliorer la compréhension mutuelle.Mieux se comprendre nécessite de mieux seconnaître. L’engagement sur la durée des ac-teurs dans une dynamique d’apprentissagecollectif et d’appropriation d’une culture desécurité semble une piste intéressante. Com-ment co-construire la connaissance et quelssont leviers pour la transmettre ?

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Question4

10

Comment renforcerl’impact du débat surles risquestechnologiques ?

Le débat sur les risques technologiquesrencontre les problèmes communs àtoute concertation. La conVance entre

les parties prenantes est parfois modeste etcertaines s’interrogent sur leur intérêt à par-ticiper, leur capacité à être écoutées et à pe-ser dans la construction des décisions. Parconséquent, la déVnition préalable du cadredu débat, précisant ses Vnalités et ses limites,est essentielle aVn que chaque acteur sache àquoi s’en tenir. Il faut, entre autres, éviter la« concertation-alibi ».

Au-delà de ces généralités, débattre desrisques technologiques se heurte à des dif-Vcultés spéciVques de conception et de fonc-tionnement des dispositifs. Contrairementaux débats sur des projets d’infrastructureslimités dans le temps, la concertation sur lesrisques est vouée à s’inscrire dans la durée.Les instances correspondantes doivent doncintégrer cette dimension. À la diXculté desusciter la mobilisation, de la société civileparticulièrement, s’ajoute donc celle de l’en-tretenir, ainsi qu’une nécessaire adaptationaux évolutions des installations, du procédéà l’intérieur de l’entreprise.

La multiplication des structures de concer-tation peut nuire à la participation, les res-sources de chacun pour « être présent par-tout » étant limitées. On le déplore particuliè-rement pour les associations alors que l’ex-pertise citoyenne peut apporter un regardpertinent. Quel est d’autre part le risque de

redondance ? Il est indispensable de renfor-cer la cohérence entre diverses structures deconcertation qui fonctionnent souvent bien,mais se limitent à leur périmètre-projet.

Pour clariVer les enjeux des débats sur unaspect particulier, il faut donc disposer deséléments clés d’une politique de l’industrie àrisques prenant en compte les possibilités dechangement dans le procédé et le développe-ment du territoire dans son ensemble.

Les dispositifs participatifs existant sur lesrisques industriels présentent des modalitésde fonctionnement, des degrés de formalisa-tion et des périmètres variables. La légitimitéà y participer, la place et la nature de l’exper-tise, l’éclairage du débat en leur sein sont desproblèmes récurrents. Se pose, au regard deleur nature et du contexte, la question de leureXcience. Quels indicateurs utiliser ou créerpour l’évaluer ?

Au vu de cette problématique, certaines pistesont été tracées par le Groupe d’échange. Uneimplication préalable et conjointe des élus etde l’exploitant pourrait être souhaitable. Oncitera aussi notamment le principe de faireparticiper les riverains à l’élaboration d’undispositif de concertation avant sa mise enœuvre. EnVn, faire appel, pour présider le dé-bat, à un animateur extérieur, non porteurd’enjeux et légitimé par tous ou à une prési-dence tournante pourrait, pour certains, oUrirde nouvelles perspectives.

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Comment instaurerune confiance pérenne ?

La conVance8 est une notion subjective,culturelle et sensible au contexte. Selonles circonstances, elle se trouve renfor-

cée ou au contraire fragilisée, voire anéan-tie. Le schéma « conVance/déVance » s’appuieaussi sur le fait que les échanges sociaux sontétablis dans un contexte psychologique déter-miné, à un moment donné. Quelles conditionsréunir pour créer, maintenir et, le cas échéant,restaurer la conVance ?

Comment favoriser la transparence, possiblelevier de conVance ? L’objectif reste, en ren-dant publics certains éléments, d’améliorerla cohabitation entre l’industrie à risques etson territoire d’implantation. Dans les étudesde dangers (EDD), les données évoluent, lesmodèles sont discutés, les résultats jamais cer-tains. Or, public et politiques demandent desdonnées arrêtées. Comment reconnaître cesincertitudes sans pour autant décrédibiliser ladémarche ? La totale indépendance de l’exper-tise n’existe pas au sens strict, il conviendraitde toujours favoriser sa pluralité par l’inter-vention d’experts d’origine et de positionne-ment diUérents. Mais quelle tierce expertisedemander ? Qui croire, que faire lorsque lesétudes menées par des organismes spécialiséssont remises en cause ?

Comment entretenir la conVance, au Vl dutemps et au regard des événements ? Quelle« bonne » communication des industriels, del’État, vers les autres parties prenantes ? Com-ment organiser sur la durée une interfacefructueuse entre tous les acteurs ? Comment

apaiser les relations avec la presse dont letraitement de l’information peut parfois ré-duire à néant une conVance qui avait mis desannées à s’établir ?

Après un accident, l’industriel peut-il restau-rer la conVance ? Des catastrophes indus-trielles, des scandales sanitaires, des biais d’in-formation ont aussi largement entaché laconVance dans les pouvoirs publics. La dis-tinction, parmi les agences d’expertise, entreles organismes à mission de recherche, devigilance et d’information et les autorités ad-ministratives en charge de la réglementationet du contrôle est-elle gage de constructionou de reconstruction de conVance ?

Savoir se « méVer » de tous n’est-ce pas unecondition préalable à la conVance ? Le postu-lat de départ est l’acceptation des logiquesde chacune des parties prenantes. S’il estillusoire de considérer que tous les acteurspeuvent être associés à la prise de décisionet aux choix stratégiques, limiter la commu-nication régulière à la seule sphère des dé-cideurs publics et privés est inopérant ; desdémarches innovantes associant industriel,élus et public sont attendues. Le groupe aégalement interrogé la possibilité, en amontdu plan de prévention des risques technolo-giques (PPRT), de rendre publiques les dis-cussions entre industriels et installations clas-sées pour la protection de l’environnement(ICPE) sur le coût « économiquement accep-table » de nouvelles mesures de prévention etde protection.

8Précisons que certains membres du Groupe d’échange n’ont pas reconnu d’intérêt particulier à traiter de ce concept.

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Question6

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Quel impact del’évolution ducontexte ?

Les conditions pour s’accorder mutuelle-ment sur la cohabitation avec les indus-tries à risques seront largement dépen-

dantes du contexte. Comment faire vivre lecompromis en anticipant les évolutions socio-économiques, les variations dans la réceptionsociale des diUérents types de risques en lienou non avec des événements accidentels, etc. ?

Se pencher un peu sur le passé permet d’ap-précier la sensibilité potentielle d’un futuraccord aux mutations de notre société. Aucours des deux derniers siècles, l’industria-lisation a connu un développement specta-culaire, créant des liens très forts entre lesterritoires et les industries sur lesquelles repo-saient l’essentiel de leur développement éco-nomique. Cette industrialisation est allée depair avec un mouvement d’urbanisation qui aprogressivement encerclé les sites au-delà dulogement des salariés. La problématique decohabitation avec l’industrie à risques s’estfaite jour via les nuisances engendrées et no-tamment les odeurs. Elle s’est ampliVée dufait que les riverains, étant de moins en moinssalariés des usines près desquelles ils viventen sont moins directement dépendants éco-nomiquement. Les bassins industriels sontappelés à connaître d’autres mutations, dedistribution géographique de leurs activités(potentiellement liées à l’application eUective

des plans de prévention des risques techno-logiques [PPRT] entre autres) ainsi, que, etcela y est lié, de population. Comment rendrel’accord établi entre les parties prenantes po-tentiellement robuste à ces changements ?

Les clauses d’un accord sur les risques in-dustriels seront déVnies en fonction du ni-veau de connaissances dont on dispose aumoment de son établissement, du degré d’exi-gence de sécurité que l’on revendique. Cesparamètres étant en évolution permanente,comment concevoir la démarche dans unedynamique d’amélioration continue ?

À l’heure actuelle, les systèmes sont de plusen plus interconnectés, la gestion de la pro-tection des infrastructures critiques se com-plexiVe. Les causes d’accident seront de plusen plus multifactorielles. Comment prendreen compte, dans la détermination des condi-tions de l’accord, les eUets de couplage derisques a priori indépendants ? Comment in-tégrer l’émergence de risques systémiques ?

La perception que la société a d’un risquevarie, notamment au regard des événementsaccidentels. Comment travailler cette ques-tion de l’ampliVcation ou de l’atténuation desrisques perçus, de la mobilisation sociale quiy est plus ou moins liée, du traitement média-tique qui en est fait ?

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Comment intégrer lesspécificités liées auxrisques chroniques ?

Les risques chroniques, les nuisances sontperçus diUéremment du risque d’acci-dent majeur et plus spontanément évo-

qués que ce dernier. Les pratiques de gestionde ces deux types de risques sont distinctes(modèles mathématiques pour les analysesde risques probabilistes d’accidents du fait,heureusement, de leur nombre limité ; statis-tiques pour les risques chroniques). De plus,leur traitement réglementaire fait l’objet d’un« découpage institutionnel ». Si une approcheglobale de ces deux volets, parfois interdépen-dants, serait préférable, les risques chroniquesprésentent toutefois des caractéristiques spé-ciVques. Comment, en premier lieu, optimiserla mise à jour et la diUusion de l’informationainsi que les possibilités de formation sur cesrisques pour toutes les parties prenantes ?

Si chaque entreprise individuellement res-pecte la réglementation nationale, commenttenir compte des émissions cumulées ? Desétudes cartographiques pilotes englobant lesrejets industriels comme ceux liés à d’autressources sont initiées. La contribution des di-vers industriels à une pollution chroniquecommence parfois à être négociée. Un suivide l’existant polluant et un seuil de pollution« autorisé » par zone sont-ils envisageables ?Comment, aVn de soumettre l’implantationde nouvelles installations à un eUort collectif,favoriser les pratiques de concertation visantun compromis élargi à toutes les parties pre-nantes ?

Un volet sanitaire est intégré à l’étude d’im-pact et des études d’impact de zone sont par-

fois réalisées. Cependant, leurs résultats nedonnent pas d’indication Vable sur la santédes populations. Comment favoriser l’obten-tion de telles données, rendue délicate parl’absence d’information précise sur l’état desanté initial, l’inWuence de multiples para-mètres et de leur combinaison, mais aussi parles diXcultés de coordination des diUérentsacteurs ?

Maladies professionnelles et atteintes à lasanté des populations se déclarent souventtardivement, pouvant rendre le lien causalavec l’exposition diXcile à établir. De plus,porter un jugement sur le passé avec lesconnaissances actuelles peut créer des ten-sions souvent coûteuses. Comment intégrerl’évolution des connaissances et des régle-mentations ? Les risques chroniques sontdonc d’autant plus diXciles à appréhenderqu’ils sont teintés d’incertitude à long terme,la toxicologie expérimentale ne disposant pasd’un potentiel d’étude suXsant et l’eXcacitéde la prévention étant parfois mise en doute.Une autre question sensible concerne la res-ponsabilité de l’industriel qui peut-être auracessé sa production au moment où des eUetsnégatifs pourraient apparaître.

EnVn, la non-Wexibilité de nombre de pro-cessus de production peut faire craindre desrisques pour l’emploi, dès que les niveauxd’exposition maxima sont réduits. Commentanticiper sur une réglementation sensible auxreprésentations, à la pression médiatique et àl’avancée scientiVque dans le domaine ?

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Question8

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Quelles interactionsavec les accordsinternes à l’industrie àrisques ?

Les salariés sont les premières victimesen cas d’accident industriel. Les organi-sations syndicales étant ancrées à la fois

dans le territoire et dans l’usine, les instancesde concertation et de dialogue social en placeont un rôle primordial dans la cohabitationentre l’industrie à risques et son environne-ment. La conVance viendrait en partie du rap-port avec la parole des salariés, assurant lacontinuité entre l’usine et son territoire.

La diXculté de l’articulation entre la sécu-rité et les autres enjeux ne peut être occul-tée. La sécurité est un thème récurrent lorsde restructurations, et, réciproquement, unaccident entraînera souvent une réaction spé-ciVque des organisations syndicales. Com-ment caractériser ce lien implicite entre cli-mat social et sécurité ? Une bonne dyna-mique de culture sécurité dans l’entreprisefera des représentants des salariés des am-bassadeurs plus eXcaces de cette culture àl’extérieur. Comment, dans un contexte socio-économique parfois diXcile, promouvoir l’im-plication des salariés nécessaire à une bonneprise en compte des facteurs humains et or-ganisationnels de la sécurité ? En outre, lesrelations professionnelles sont logiquementtrès centrées sur la sécurité au poste de tra-vail. Quelles clés pour une meilleure appro-priation par le comité d’hygiène, de sécuritéet des conditions de travail (CHSCT) de lagestion des risques d’accident majeur ?

En interne, la prise en charge du risque est defait « négociée » de longue date. Pour contri-buer à l’amélioration de la sécurité, les sala-

riés et leurs représentants disposent, outre laréglementation, de leviers relevant davantaged’une dynamique contractuelle. Des accordsde groupe, de branche, placent la sécurité aucœur des enjeux de responsabilité sociale del’entreprise, vis-à-vis des salariés, clients etfournisseurs, mais aussi au regard des exi-gences de la société civile. Si historiquementla légitimité de l’emploi, de la taxe profession-nelle tendait à conVner les risques industrielsà l’intérieur de l’usine, certaines tensions s’ex-priment désormais publiquement. On ne peutplus considérer les relations professionnellessans tenir compte de l’espace public, sans lesreplacer dans le contexte territorial et socio-économique de l’entreprise. Comment cepen-dant s’adapter à la multiplication des interlo-cuteurs potentiels ?

L’inWuence de la société civile sur les orga-nisations syndicales peut exercer une pres-sion génératrice de changements favorables.Elle s’observe lorsque ces dernières prônentl’anticipation de l’évolution « inéluctable »de certaines productions, inscrivant leur ana-lyse dans une logique de développement du-rable qui intègre aussi la gestion des em-plois à terme. Pourrait-on imaginer inviterau CHSCT des représentants des riverainsdes sites à risques, d’associations de défensede l’environnement qui y apporteraient un re-gard diUérent ? Pourrait-on envisager d’élar-gir la participation des CHSCT au comité lo-cal d’information et de concertation (Clic) ?Comment appréhender l’impact du « dedans »sur le « dehors » et vice et versa ?

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Comment évolue lanotion de

responsabilité ?

En cas d’accident, l’exploitant est juridi-quement responsable, ce qui n’entraînepas forcément sa culpabilité. Pourrait-

on imaginer, au-delà de la mobilisation dusecteur des assurances, d’autres modes de dé-dommagements ? L’État peut-il autoriser uneactivité non assurable à la hauteur des préju-dices possibles ?

Pour un compromis collectif sur les indus-tries à risques, au-delà de l’exploitant, quelsacteurs sont concernés par l’engagement deleurs propres responsabilités ? Les collecti-vités et les maires en particulier, au traversdes plans de prévention des risques naturels(PPRN) et technologiques (PPRT), ont un de-voir d’information et de protection de la po-pulation face aux risques majeurs. Suite à unsinistre, les élus locaux peuvent voir leur res-ponsabilité civile mais aussi pénale, engagée(uniquement en cas d’infraction aux disposi-tions de l’article L 221-6 du Code Pénal : fautepar maladresse, imprudence, négligence oumanquement à une obligation de sécurité oude prudence). Qu’en est-il de la responsabi-lité de l’État et de ses services qui prescriventet approuvent les plans de prévention des

risques et sous le contrôle desquels l’indus-triel réalise l’étude de dangers ?

Avec la judiciarisation de la vie publique,l’injonction de désignation d’un coupable,le concept de responsabilité partagée peut-il vraiment avoir un sens ? Peut-on travaillerl’écart entre sphères technico-administrativeet judiciaire en termes de déVnition et de par-tage des responsabilités ?

Les risques associés aux nouvelles technolo-gies sont le plus souvent teintés d’incertitude.Comment engager une démarche éthique, in-tégrer le plus en amont possible les aspects so-ciétaux pour une recherche et une innovationresponsables ? Quelle application eUectivedu principe constitutionnel de précaution ?Quelle responsabilité pour l’industriel au re-gard de l’état des connaissances au momentoù débute une activité ? Comment considérerle « délit d’ignorance », stipulant que l’on doitêtre au fait des connaissances scientiVques ac-tuelles ? À l’inverse, peut-on ne pas mettre enœuvre des dispositifs innovants devant amé-liorer la sécurité même s’il on n’en possèdepas de retour d’expérience ?

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Question10

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Quelle place, quel rôlepour l’État ?

Selon Georges Burdeau : «Dans une so-ciété où la complexité se traduit inévita-blement par des tensions internes, l’État

apparaît comme la seule force capable de fairede l’ordre avec du mouvement. Il est le seul àmême d’imposer son arbitrage dans la concur-rence des pouvoirs de faits [L’État Arbitre, En-cyclopedia Universalis] ».

Au regard des enjeux liés à la présence desindustries à risques sur les territoires, quelleplace pour l’État ? Peut-il et doit-il être le chefd’orchestre de la négociation du contrat so-cial ? En est-il acteur ou bien arbitre ?

L’État, dans sa fonction régalienne est un ac-teur incontournable garant de l’intérêt géné-ral sur le long terme, répondant de la sécu-rité des populations par la prescription et lecontrôle des normes et des procédures décli-nées des dispositions législatives. Le pouvoirjudiciaire peut cadrer voire rejeter une décli-naison abusive ou illégale. L’État a aussi pourmission de mettre en œuvre les décisions del’exécutif. Il apparaît ainsi sur la scène du dé-bat public dans diUérents rôles. Localement,il est personnalisé par le Préfet, qui anime,exécute, prescrit, contrôle, approuve et saisitla justice pour les actes litigieux. La directionopérationnelle est assurée par les Directionsrégionales de l’environnement, de l’aménage-ment et du logement (Dreal) qui endossent àla fois le rôle de prescripteur et de contrô-

leur des installations classées pour la pro-tection de l’environnement (ICPE). Ce sontégalement elles qui, par délégation du Préfet,assurent presque toujours la régulation desdébats dans les instances de concertation.

La place de l’État est-elle bien déVnie et po-sitionnée dans une République décentralisée,telle que le proclame la Constitution dansson article premier ? Comment clariVer lesrelations entre les services de l’État ? L’Étatest-il le seul à avoir la légitimité pour assurertous les rôles ? Un transfert partiel de com-pétences à des pouvoirs locaux décentralisésserait-il plus eXcace et plus démocratique ?La conVance des populations et la cohabita-tion avec les industries à risques gagneraient-elles à s’appuyer sur un débat public où l’Étatne serait pas le maître d’œuvre ?

Les commissions locales d’information au-tour des sites nucléaires (Cli), dont la pré-sidence et l’animation sont conVées au Pré-sident du Conseil général sont-elles un mo-dèle pertinent d’un partage des rôles entrel’État et les pouvoirs délocalisés ? La Régiondans sa compétence de développement éco-nomique et certains établissements publicsde coopération communale dans leur savoir-faire d’aménagement des bassins de vie nesont-ils pas des creusets d’une démocratiemoderne avec un concert à plusieurs voix ?

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ISSN 2100-3874

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