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“Je veux passer mon Ciel à faire du bien sur la terre.Apres ma mort je ferai tomber une pluie de roses.”

(Sœur Thérèse de l’Enfant-Jésus.)

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l’avis d’un autre confrère. Les six premiers jours de ces

consultations, les progrès du mal furent étroitement et

savamment surveillés; les soins les plus minutieux, les plus

énergiques me furent prodigués et, malgré cela, la fièvre

allait croissant, alternant de 40° à 41°. Enfin le matin du

septième jour, le mot d’opération fut prononcé et j’y fus

préparée par de délicats ménagements. Dès le premier

jour de la consultation des trois docteurs, je commençai

avec ferveur une neuvaine à Sr Thérèse de l’Enfant-Jésus

du Carmel de Lisieux. Le mal pourtant allait s’aggravant,

mais je gardais très ferme ma confiance.

Ma famille, plusieurs Carmels et d’autres personnes

s’unirent dans la même prière. L’opération semblait pour

tous une évidence et devait se faire le dimanche qui était

le neuvième jour de ma neuvaine. La veille je voulus

recevoir la sainte communion ; les préparatifs se faisaient,

je lisais une douloureuse angoisse dans les yeux rougis de

ma sœur.

Le soir j’eus 41° de fièvre; ma nuit fut atroce ; les douleurs

cérébrales m’arrachaient des cris et, malgré cela, ma foi

était inébranlable... une voix intérieure, infiniment douce,

m’insinuant le triomphe de mes prières, celles de ma chère

famille sur le Cœur de Jésus !...

Oh ! cette voix intérieure je l’entendrai toujours!... « Sr

PariS, 24 avriL 1909

Dans la dernière quinzaine de février je fus prise d’un coryza aigu qui dégénéra vite en grippe infectieuse. Une otite des plus douloureuses fit suite à cette grippe, je devins complètement sourde et après avoir subi deux fois la paracentèse du tympan, une mastoïdite se déclara. Elle fut des plus graves ; ses débuts amenèrent vite des symptômes de méningisme.

Le spécialiste qui me soignait ne voulut pas prendre

sur lui seul la responsabilité de cette maladie si terrible

en complications, et appela à mon chevet le célèbre

spécialiste des hôpitaux, qui lui-même voulut avoir

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NEw-YOrk,12 aOûT 1909

A la gloire de Dieu tout-puissant et de sa servante Thérèse, la petite Fleur de Jésus, je raconterai la grande faveur reçue par l’intercession de la sainte carmélite.

Cette grâce obtenue est la guérison extraordinaire de ma sœur mortellement blessée. Cette chère sœur marchait dans les rues de New-York le matin du 3o juillet 1909, quand un cheval indompté se précipita sur elle et la piétina. Sa figure fut horriblement contusionnée et sa tête reçut un tel coup qu’elle était tout en sang. Bien plus, les côtes brisées percèrent le poumon; le cœur fut également blessé et comprimé; en un mot elle offrait l’aspect le plus pitoyable.Dans son intense agonie elle ne perdit pas cependant connaissance et put se confesser dans la rue, au prêtre

Thérèse de l’Enfant-Jésus, suppliai-je avec ferveur, j’ai foi

en votre sainteté, ne m’abandonnez pas, demandez à Jésus

qu’il ait pitié de ma mère, qu’il exauce les prières de mes

chères tantes, qu’il entende les invocations des Carmels,

qu’il ait pitié de moi ! » Et toujours cette même voix si

douce faisait descendre en moi une suave confiance !...

Ma tante, carmélite, eut la même intuition très énergique,

elle était certaine que je ne serais pas opérée.

Le matin de l’opération arriva : à 7 h. j’avais 40° de fièvre!

Je priai, m’isolant dans une foi absolue.

a 8 h. ½ les docteurs arrivèrent, prêtant la main aux

derniers préparatifs... J’eus un dernier élan! « Sœur Thérèse,

suppliai-je, restez avec moi, ne m’abandonnez pas, j’ai

foi, j’ai confiance ! » Les docteurs entrèrent : il fallait me

résigner... Quand soudain un apaisement de mon mal, une

décroissance subite de ma fièvre et l’écoulement de l’abcès

de ma mastoïde se faisant normalement par l’oreille ! J’eus

un cri d’allégresse, j’étais guérie ! Les docteurs ne voulaient

pas en croire leurs yeux ; ils observèrent, constatèrent, et

furent muets de stupéfaction, enregistrant un cas unique

dans la mastoïdite.

Oh ! merci de toute mon âme à Sr Thérèse de l’Enfant-

Jésus que je vénère et glorifie comme une sainte !

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POrT-SaïD (EgYPTE)

10 aOûT 1915

Le «Jauréguiberry» protégé aux Dardanelles. Sur le vaisseau de guerre Le Jauréguiberry.

Ma Révérende Mère,Réjouissez-vous avec tout notre équipage, qui s’est senti spécialement protégé, à maintes reprises, pendant son séjour aux Dardanelles. Nous avons été exposés autant, sinon plus que les autres, tant sur la terre qu’à bord. Nous n’avons pas eu de morts, à peine quelques blessés, et encore si heureusement, que tous sont rétablis aujourd’hui.Nous avons reçu à bord un obus qui a éclaté magnifiquement, au seul endroit où les risques du

accouru de l’église la plus proche.Le docteur de l’ambulance de New-York ne pensait pas qu’il lui fût possible d’arriver vivante à l’hôpital et, pour tout espoir, dit seulement qu’une personne sur mille pouvait en réchapper après de si terribles brisements.Tout le jour la pauvre jeune fille resta suspendue entre la vie et la mort et, vers minuit, tout espoir de guérison était abandonné. Chaque respiration semblait être la dernière. Elle resta dans cette agonie jusqu’au 3 août. Le médecin la croyait si bien perdue que, pour lui redonner un peu de respiration, il osa lui faire une piqûre qui devait infailliblement amener la mort par l’empoisonnement.Le 3 août, tandis que le médecin attendait sa mort, une religieuse très dévote à Sr Thérèse de l’Enfant-Jésus nous conseilla de placer en elle toute notre espérance et de lui commencer une neuvaine. Je donnai à ma sœur une image-relique de la petite sainte; elle l’appliqua, avec la plus grande confiance, sur son corps broyé. Aussitôt une amélioration se produisit, et le dernier jour de la neuvaine la malade était sauvée.

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comme il venait de baiser l’image de Sœur Thérèse, il eut l’inspiration de sortir à l’extérieur et de prendre une longue vue, sans avoir l’attention attirée par quoi que ce soit d’insolite. Enfin, il porta la longue vue à hauteur de l’œil, sans raison définie, et vit dans l’oculaire, à environ 2.000 mètres sur l’avant, un objet brillant par les reflets du soleil, formant un sillage continu. Un peu ému, il avertit l’officier de quart et le commandant, qui firent les mêmes constatations. On venait, pour la première fois aux Dardanelles, d’apercevoir un sous-marin, et on pouvait désormais prendre les précautions recommandées en pareil cas.Nous marins, nous ne pouvons expliquer cet enchaînement des faits, en dehors de l’intervention de la petite Sœur.Vu : l’Officier de quart, Valois.

Vu : le Capitaine de frégate, Monaque.Vu : le Second-Maître favorisé, Laine.Je n’ai rien à ajouter au récit du second-maître Laine que j’ai visé. Je ne puis que vous en confirmer l’exactitude.J’étais de quart sur la passerelle au moment où ce second-maître a quitté providentiellement son poste, et quand, après coup, il nous a dit ce qu’il en pensait, j’ai acquis

personnel étaient insignifiants.Deux mètres à gauche, à droite ou en avant, auraient transformé l’incident en catastrophe.Aussi sommes-nous tous persuadés que le bon Dieu a bien voulu exaucer les prières que tous les nôtres ne cessent de lui adresser.La protection de Sr Thérèse de l’Enfant-Jésus s’est manifestée huit jours après la réception, par le second-maître Lainé, d’une image envoyée par une amie de sa famille. On avait demandé à cette amie de prier pour l’absent. Elle a accepté volontiers, mais a exigé la prière personnelle et confiante. Cette prière a été entendue.Voici les détails de cette protection dont nous avons été l’objet :Le 23 mai 1915, notre vaisseau de guerre avait quitté la rade de X., vers 5 heures du matin, faisant route sur les détroits des Dardanelles pour aller relever un autre cuirassé et tirer sur les batteries de la côte d’Asie.Le temps était très beau, la mer presque plate.Le second-maître de timonerie Laine avait pris le quart à 8 heures, dans l’abri de navigation de la passerelle avant, à côté du compas, et devait surveiller la route.Il n’avait aucun motif de cesser de rester à côté de l’homme de barre, lorsque vers 9 heures et demie,

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BréhaN-LOuDéaC (MOrBihaN),

LE 2 DéCEMBrE 1915

Un trappiste-soldat guéri du mal de Pott et de tuberculose pulmonaire. Abbaye de Notre-Dame-de-Thymadeuc.  

Très Révérende Mère,Je laisse de côté la répugnance naturelle que j’éprouve à écrire, à cause de mon peu d’instruction, parce que je tiens à payer ainsi mon tribut de reconnaissance envers ma céleste Bienfaitrice, satisfaire au désir que vous avez exprimé à ma mère, et obéir à mon Révérend Père abbé.J’étais sur le front depuis le mois de septembre 1914, aux environs d’Arras, où je suis resté jusqu’au 23 décembre.

la conviction que nous avions été protégés par notre chère petite sainte. Je ne cesse depuis lors de l’invoquer chaque jour, me promettant bien de rester désormais fidèle à cette dévotion. Valois,Lieutenant de vaisseau. Le récit de cette protection fut encore confirmé de vive voix au Carmel par M. Wohrer, agent des Messageries maritimes, venu de Port-Saïd à Lisieux, avec sa femme, en actions de grâces pour diverses faveurs, le 1er octobre 1919.

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désir de m’emmener au monastère, pour me soigner. On lui répondit que ce n’était jamais permis, mais quelques jours après son départ on me réforma.Je pouvais donc partir, mais c’était une grosse affaire, car il m’était impossible de me tenir ni debout ni même assis, et la moindre secousse du brancard me causait de fortes douleurs. Enfin, mon Révérend Père à qui j’avais appris ma réforme envoya l’un de nos Pères me chercher, au moment du départ, le major dit au Père : « Vous emportez un mort. » Le voyage ne fut pas aussi pénible que je l’avais craint, et la joie que j’éprouvais à la pensée de revoir mon cher couvent et mes Frères me faisait oublier les fatigues du voyage.J’arrivais à Notre-Dame-de-Thymadeuc le 15 mars. J’eus la visite du médecin quelques jours après. M’ayant ausculté et questionné sur mon état, il me trouva très malade, et déclara, lui aussi, que j’avais tous les symptômes du mal de Pott. Il dit même à mes Supérieurs que c’était une affaire de semaines, vu que, dans quelque temps, il devait se former à l’intérieur, assurait-il, un abcès nécessitant une opération que mon état de faiblesse ne me permettrait point de supporter.Tout paraissant perdu aux yeux de la science, nous nous

A cette époque, je souffrais déjà depuis trois semaines de douleurs aux reins. Mais, bientôt, je dus me laisser évacuer; j’avais perdu l’appétit et j’avais beaucoup de fièvre.Envoyé à Vierzon (Cher), je croyais me rétablir promptement et retourner à la guerre, mais le bon Dieu en avait décidé autrement. Mon mal s’aggrava : ma jambe gauche pliée ne pouvait plus s’allonger qu’au prix de violents efforts, qui provoquaient de grandes douleurs dans les reins. On me mit alors un appareil que je gardai près d’un mois, sans succès. Mes souffrances augmentaient toujours, et je ne reposais la nuit qu’en absorbant une dose de morphine.Me voyant en cet état, j’en écrivis à mon Révérend Père, qui eut la bonté de venir jusqu’à moi, et le médecin de la salle lui avoua que j’étais perdu. Outre le mal de Pott, j’avais la poitrine déjà prise. Pour moi, j’ignorais complètement quelle était ma maladie, quoique chaque semaine il vînt à l’hôpital beaucoup de médecins tout exprès pour m’examiner, mais ils parlaient très souvent à mi-voix ou dans leurs termes de médecine, auxquels je ne comprenais rien. Quelques-uns m’exhortaient à la patience, me disant que cette maladie serait très longue.A sa visite, mon Révérend Père exprima au major le

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aucune douleur; son étonnement fut à son comble, quand je lui assurai que je ne ressentais plus aucune souffrance. Il m’ausculta sur tous les points jadis sensibles et, après m’avoir fait plier et allonger les jambes et les reins (jusqu’à la limite du possible), il resta stupéfait de ne me voir montrer aucun signe de douleur. Enfin, il se retira, je crois, sans être convaincu que j’étais si bien guéri. C’était pourtant très vrai, et je n’ai plus du tout souffert depuis (1). Aujourd’hui, je suis en si parfaite santé que malgré toutes les prévisions des médecins, je me tiens aussi droit qu’avant ma maladie; je n’ai pas la moindre infirmité, je peux me livrer à n’importe quel genre de travail et suivre tous les exercices de la Communauté.Au mois de juillet, un major de l’hôpital de Pontivy, venu visiter la maison, et ayant entendu parler de moi, demanda à me voir. Il m’ausculta et ne voulut pas croire que j’avais été atteint du mal de Pott. Pour moi, je m’en rapporte aux nombreux médecins qui m’ont examiné à Vierzon, et qui étaient tous du même avis. C’est Sœur Thérèse qui m’a guéri. J’attends d’elle maintenant une aussi grande protection pour mon âme. Si dans ces quelques jours qui me restent à vivre, je puis encore cueillir quelques fleurs pour ma couronne du Ciel, c’est à elle que j’en donnerai mes remerciements au Paradis.

tournâmes vers le Ciel. Mon Révérend Père proposa à la Communauté de faire une neuvaine à Sr Thérèse de l’Enfant-Jésus. Nous la commençâmes le dimanche, et, le jeudi, quoique mes douleurs fussent toujours très grandes, il me vint, non pas à l’intérieur, mais extérieurement, une petite grosseur qui semblait l’abcès prédit par les médecins. Le Père infirmier en informa notre docteur qui n’y comprit rien, tant il était persuadé que cet abcès devait se former à l’intérieur et exiger une grave opération.Il annonça néanmoins sa visite pour le mardi suivant. Quand il fut arrivé, il reconnut, à sa grande surprise, qu’il n’était nécessaire que de quelques ponctions. Il en fit une sur-le-champ, qui rendit un litre de pus. D’après ses prévisions, la petite ouverture produite par la ponction devait se refermer, mais Sœur Thérèse y avait déjà mis la main, et le pus continua de couler tous les jours naturellement, sans qu’il fût besoin d’autre ponction.Cependant mes souffrances ne diminuant pas, nous commençâmes une seconde neuvaine. Vers les derniers jours, je repris un appétit formidable et mes forces revinrent à vue d’oeil.Quand le médecin me vit un mois après m’avoir fait la ponction, il fut tout surpris que je puisse m’asseoir sans

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LE MiraCLE DE gaLLiPOLi, iTaLiE.

Mère Maria Carmela du Cœur de Jésus avait le même âge que Thérèse et se trouvait confrontée à un grave problème: sa communauté commençait déjà à ressentir les effets d’une crise économique qui touchait toute l’Italie et qui mena le monastère, l’année suivante, à un pas de la ruine. En 1910, trois cents lires étaient une grosse somme. C’était le montant de la dette que le monastère avait accumulée et que les sœurs n’arrivaient pas à rembourser avec leurs travaux de broderie et la préparation des hosties pour le diocèse. Au début de l’année, Mère Maria Carmela, certaine que la petite Thérèse l’écouterait,

Agréez, très Révérende Mère, mes sentiments de respect et de reconnaissance.  Frère Marie trappiste convers. Attestation du Père Abbé :Voilà, ma Révérende Mère, écrit par le petit malade lui-même, le récit de sa maladie et de sa guérison. Faites de ce récit l’usage que vous jugerez bon pour la plus grande gloire de Dieu et l’honneur de sa Servante.Dom Brieuc, abbé.En août 1919, le Père Abbé de la Trappe de Thymadeuc vint en pèlerinage à Lisieux, remercier Sœur Thérèse d’avoir visiblement protégé ses religieux mobilisés. Il confirma de vive voix à la Mère Prieure du Carmel la guérison du frère Marie, et sa persévérance parfaite jusqu’à ce jour. 1. Notre bon petit frère omet un détail qui lui avait été caché, c’est que le médecin, à sa première visite, le déclara atteint de tuberculose pulmonaire, le poumon droit était entièrement pris, et le gauche déjà attaqué. A sa seconde visite. Il constata avec étonnement que les poumons étaient complètement dégagés. (Note du Rd Père Abbé.)

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Lettre de Mère Maria Carmela, prieure du monastère des Carmélites déchaussées de Gallipoli, à Mère Agnès (sœur de Thérèse) prieure du carmel de Lisieux.

Carmel de Gallipoli, 25 février 1910 Très Révérende Mère Agnès de Jésus Que la grâce de l’Esprit saint soit toujours dans l’âme de Votre Révérence. Amen. …La nuit précédant le 16 janvier de cette année, je ne la passai pas très bien, je souffrais physiquement. Trois heures du matin sonnaient, et presque à la limite de mes forces je me relevai un peu sur mon lit comme pour me rafraîchir et je m’endormis. Alors j’eus un rêve et je sentis comme une main qui me touchait et qui, remontant ma couverture, me couvrait avec amour. Je crus que c’était quelque soeur de la communauté qui avait voulu faire envers moi cet acte de charité et sans ouvrir les yeux je dis: “Laisse moi, ne m’évente pas, je suis en nage, ce n’est pas une bonne chose, je sens proprement la vie me quitter”. Alors une voix inconnue de moi me dit: “Non, ma fille, c’est une bonne chose et elle ne t’enlève pas la vie” et continuant à me couvrir elle dit en souriant: “Regarde, le Seigneur se sert aussi bien des habitants du Ciel que de ceux de la terre. Voilà cinq cents lires avec

décida de célébrer un triduum à la sainte Trinité pour demander, par l’intercession de sœur Thérèse de l’Enfant-Jésus, une solution aux graves problèmes de subsistance du monastère. «La confiance fait des miracles», avait écrit une fois Thérèse à sa sœur Céline, en l’invitant à prier toujours, sans se fatiguer. Et ainsi, la réponse aux prières de Mère Maria Carmela ne se fit pas attendre.

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pus continuer. Ensuite la céleste soeur après avoir mis sa main sur mon voile, comme pour l’ajuster, et m’avoir fait une caresse fraternelle s’éloigna lentement. Attendez, lui dis-je, pour pourriez vous tromper de chemin [en italien «voie»]. Et elle, avec un sourire angélique, me répondit: “Non, non, ma fille, ma voie est sûre et je ne me suis pas trompée”. Je me réveillai, et malgré ma fatigue, je fis un effort, me levai et descendis au Chœur, à la Sainte Communion, etc. Les soeurs me regardaient et voyant que je n’allais pas bien voulaient à tout prix appeler le médecin. Je passai par la sacristie et comme les deux sacristines voulaient absolument m’envoyer au lit et appeler le médecin, pour éviter cela je leur dis que j’étais sous l’impression d’un rêve qui m’avait un peu ébranlée et je le leur racontai avec simplicité. Ces deux religieuses voulaient ensuite que j’aille ouvrir le coffret, mais je leur répondis qu’il ne fallait pas croire aux rêves, que c’était même un péché. Finalement, vu leur insistance, je le fis, mais uniquement pour leur complaire. J’allai au tour, j’ouvris le coffret et là… je trouvai réellement le billet miraculeux de cinq cents lires! Je laisse le reste à votre considération! Ma Révérende Mère, nous nous sentons toutes

lesquelles tu paieras la dette de votre communauté”. Les prenant, je répondis que la dette de ma communauté était seulement de trois cents lires et elle reprit: “Cela signifie que le reste est en plus, mais comme tu ne peux pas garder d’argent dans ta cellule, viens avec moi”. Moi sans répondre je pensais: “Comment puis-je me lever trempée de sueur comme je le suis?”. Alors pénétrant mes pensées, elle ajouta en souriant: “La bilocation se produira”. Et au moment même, je me trouvai hors de ma cellule en compagnie d’une jeune soeur carmélite; il émanait de son habit et de son voile une lumière paradisiaque qui éclairait la route. Elle me conduisit jusqu’à la pièce du tour, me fit ouvrir un coffret en bois où se trouvait la note de la dette de la communauté et me remit les cinq cents lires. Je la regardai joyeuse et émerveillée et je me prosternai pour la remercier en disant: oh, ma Sainte Mère! Mais me relevant et me caressant affectueusement elle répondit: “Non, ma fille, je ne suis pas Notre Sainte Mère, je suis la servante de Dieu, Soeur Thérèse de Lisieux…! Aujourd’hui fête au Ciel, fête sur la terre, puisque c’est la fête du Saint Nom de Jésus”. Et moi émue, ébahie, ne sachant que dire, je m’exclamai, plus avec le cœur qu’avec la bouche: «Mon Dieu! Ces violences continuelles… mais je ne

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LE COFFRET Où ONT éTé DéPOSéES LES CINQ CENTS LIRES

Réponse de Mère Agnès à la prieure de Gallipoli, le 4 mars 1910:

«Ma Révérende et bonne mère, vous devinez avec quelle joie nous avons reçu votre si intéressante relation. Thérèse nous avait dit étant encore ici-bas:

“Si ma voie de confiance et d’amour est suspecte, je vous promets de ne pas vous laisser dans l’erreur, je reviendrai pour vous avertir, si elle est sûre, vous le saurez également”.

Et voilà que c’est à vous, Mère très chère en Jésus, que cet ange vient dire ce qu’il en est: “Ma voie est sûre, je ne me suis pas trompée”. Peut-être n’avez-vous donné qu’un sens physique à cette phrase, mais ici, il en a été différemment.

embarrassées d’une telle bonté et nous désirons ardemment que vienne le moment où nous saurons sur les autels la petite sœur Thérèse et notre grande protectrice! Voulez-vous m’envoyer la vie de cet Ange en langue italienne? Cela me fera extrêmement plaisir et je vous aurai une reconnaissance éternelle. Je vous remercie aussi du fond du cœur de la chère image que vous m’avez envoyée. Que le bon Dieu vous récompense largement de votre grande charité. Veuillez agréer les respects les plus sincères de toute la communauté qui se recommande à vos saintes prières. Et permettez-moi maintenant de vous recommander de façon spéciale ma pauvre âme. Vous prierez beaucoup pour moi, j’en suis sûre. Considérez-moi comme une de vos sœurs (bien que j’en soit très indigne!), vu que j’ai le même âge que votre sœur céleste! Je salue fraternellement votre communauté, ma bonne Mère, et croyez-moi dans le Seigneur. De votre Révérende, humble sœur et servante,

Sœur Maria Carmela du Cœur de Jésus, rci

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apparurent cent autres lires. Le même mois s’ouvrait à Lisieux le procès de béatification. Pour éclaircir tous ces événements mystérieux, arriva à Gallipoli le vice-postulateur de la cause, Mgr de Teil. Mère Maria Carmela lui fit un récit entièrement conforme à la relation précédente qu’elle avait envoyée à la prieure de Lisieux. Pendant ce temps, l’évêque de Nardò, Nicola Giannattasio, fut informé de la prodigieuse somme d’argent trouvée par la prieure. Il savait aussi que les Carmélites, désireuses d’embellir la pauvre église du monastère, avaient recommencé à invoquer leur petite sœur de Lisieux pour obtenir la somme nécessaire, trois cents lires environ. Ainsi, pour témoigner sa dévotion à l’égard de Thérèse et fêter le premier anniversaire du miracle, il eut l’idée, au début de l’année, d’offrir au Carmel une somme équivalente à celle qui avait été trouvée au mois de janvier précédent. Il prit un billet de cinq cents lires et le mit dans une enveloppe. Il inséra aussi dans l’enveloppe sa carte de visite sur laquelle il écrivit: «In memoriam, Ma voie est sûre, je ne me suis pas trompée, Sœur Thérèse de l’Enfant-Jésus à Sœur Maria Carmela, Gallipoli, 16 janvier 1910. Orate pro me quotidie ut Deus misereatur mei». Sur l’enveloppe laissée ouverte,

Ce que j’admire encore, c’est que Thérèse soit venue vous dire cela juste au moment où l’on s’occupe de sa cause, où l’on va étudier sa “voie”. Ah, ma Mère, depuis sa mort ma petite Thérèse a fait bien des merveilles, mais aucune ne m’a touchée comme cette dernière».

C’est aussi la raison pour laquelle fut réservée au miracle de Gallipoli une session spéciale du procès de béatification. Mais le “miracle de Gallipoli” ne se limita pas à l’événement de janvier 1910. Le premier “cadeau du Ciel” fut suivi d’autres cadeaux qui avaient pour but de permettre au monastère de ne pas se trouver à nouveau couvert de dettes. Fin janvier, les sœurs trouvèrent dans la caisse, de façon inexplicable, vingt-cinq lires supplémentaires, phénomène qui se répéta jusqu’en avril. Au mois de mai, Mère Maria Carmela revit en rêve la petite Thérèse qui la rassura en lui disant que le miracle se renouvellerait et lui promit qu’elle trouverait dans le coffret un nouveau billet de cinquante lires. En fait, il en fut trouvé non pas un mais trois. Finalement, en août,

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demandé avec tant de confiance à Soeur Thérèse?». Il n’est pas étonnant, si l’on y pense, que Thérèse ait été émue par une requête faite avec cette “grande confiance” qui est le propre des enfants et qui représente le cœur même de sa “petite voie”. Et puis Thérèse connaissait, elle aussi, la situation de ceux qui ne peuvent pas payer leurs dettes. Dans la dernière phase de sa maladie, elle avait appris avec déplaisir qu’elle avait été aussi dispensée de l’office des morts que toute Carmélite doit réciter pour ses consœurs défuntes dans tous les monastères du monde. Et elle avait dit à Mère Agnès: «Je ne puis m’appuyer sur rien, sur aucune de mes œuvres pour avoir confiance. Ainsi j’aurais bien voulu pouvoir me dire: je suis quitte de tous mes offices de mort. Mais cette pauvreté a été pour moi une vraie lumière, une vraie grâce. J’ai pensé que je n’avais jamais pu dans ma vie acquitter une seule de mes dettes envers le bon Dieu, mais que c’était pour moi comme une véritable richesse et une force si je le voulais. Alors j’ai fait cette prière: O mon Dieu, je vous en supplie, acquittez la dette que j’ai contractée envers les âmes du Purgatoire, mais faites-le en Dieu, pour que ce soit infiniment mieux que si j’avais dit mes offices des morts. Et je me suis souvenue avec une grande douceur de ces paroles du cantique de

il écrivit à nouveau «In memoriam». Cette enveloppe fut ensuite glissée dans une enveloppe plus grande qui fut fermée par un sceau de cire à cacheter portant les insignes épiscopaux. À l’emplacement de l’adresse, l’évêque écrivit cette recommandation: «À déposer dans le coffret habituel et à ouvrir par la Mère prieure, Sœur Maria Carmela du Cœur de Jésus, le 16 janvier 1911». Il fit parvenir cette enveloppe au Carmel et, quelques jours plus tard, à l’occasion de l’anniversaire, il s’y rendit lui-même pour prêcher les exercices spirituels. Ayant appris à son arrivée que l’enveloppe était intacte et qu’elle se trouvait toujours dans le coffret où elle avait été déposée, comme il l’avait demandé, il invita Mère Maria Carmela à prendre cette enveloppe. Celle-ci l’ouvrit après avoir rompu le sceau de cire et la passa à Mgr Giannattasio qui eut la surprise de trouver à l’intérieur quatre nouveaux billets de banque: deux de cent lires et deux de cinquante, pour un total de trois cents lires. L’évêque pensa que son billet avait été échangé avec des billets de valeur moindre, mais il vit avec surprise que le billet de cinq cents lires était encore dans la petite enveloppe. Il n’en revenait pas. La prieure conclut alors: «Cet argent est à vous, comptez-le. S’il y a trois cents lires en plus, ne serait-ce pas ce que la communauté a

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St Jean de la Croix: “Acquittez toutes les dettes”. J’avais toujours appliqué cela à l’Amour… Je sens que cette grâce ne peut se rendre… C’était trop doux! On éprouve une si grande paix d’être absolument pauvre, de ne compter que sur le bon Dieu». À cet amour, à cette pauvreté, à cette paix Thérèse avait ajouté, du Ciel, une charité surabondante et très concrète.