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Rédaction : Abidjan, Casablanca, Dakar l No 165 : 9 au 15 juin 2011 Afrique CFA 1500 FCFA - Algérie : 80 DA - Belgique 1,9 a - Canada 3,50 $ CAD - France 1,9 a - France OM 2,20 a - Italie 1,90 a - Luxembourg 1,9 a - Maroc 12 DH - Suisse CHF 3,80 - Tunisie 2,3 DT BOURSES Le Tchad lance un emprunt obligataire de 100 milliards FCFA L’appel à l’épargne pu- blique dans le marché sous- régional est effectif depuis le 2 juin 2011 avec le lan- cement à Douala, au Came- roun, de l’emprunt obliga- taire du Tchad. Page 4 BANQUES ET ASSURANCES La Banque agricole et la Banque des PME voient le jour au Cameroun La création de ces nouveaux établissements de crédit en- tièrement à capitaux publics devrait à terme, améliorer la situation socioécono- mique du Cameroun en tant qu’élément de croissance, assure le gouvernement. Page 10 ENTREPRISES ET MARCHéS Aérien : le ciel africain au centre des enjeux L’Afrique est devenue depuis quelques années le théâtre d’une bataille rangée entre les grands transporteurs occidentaux, en quête de nouveaux marchés. Page 13 ECONOMIE L’AFD envoie un bol d’air de 56 milliards FCFA à l’Etat du Sénégal Le Conseil d’administration de l’Agence française de développement a approuvé jeudi 26 mai 2011 deux financements en faveur de programmes de dévelop- pement au Sénégal pour un montant global de 56 mil- liards FCFA. Page 10 Burkina Faso : mobilisation des partenaires techniques et financiers Les soulèvements qui ont eu lieu au Burkina Faso, et qui durent encore, ont causé de lourds dégâts. La commu- nauté internationale vient au secours du pays. Page 20 POLITIQUE Libye : important revirement de la Chine La Chine, qui s’était abstenue de voter la résolution 1973 du Conseil de sécurité, auto- risant le recours à la force pour protéger la population libyenne, mais qui ne lui avait pas opposé son veto, est en train de nouer des relations officielles avec le Conseil national de transition (CNT), instance dirigeante de la rébellion libyenne. Page 20 Jean Ping : « Sur la Libye, la feuille de route africaine n’est pas morte » « Comment voulez-vous que les Africains restent les bras ballants à regarder une situa- tion qui se passe chez eux avec toutes les graves impli- cations pour la sous-région du Sahel ? Croyez-vous que l’Amérique, l’Europe ou l’Asie l’accepteraient si cela se pas- sait chez eux ? » C’est un Jean Ping lucide qui analyse les désaccords entre l’Europe et l’Afrique au sujet de la Libye. A l’heure où les Occidentaux réitèrent leur exigence de départ de Kadhafi, loin de la modeste résolution 1973, l’Union africaine n’a pas dit son dernier mot. Exclusif. Lire en pages 2 et 3 Parole du ministre de l’Economie et des Finances, maître des cérémonies. Dans une interview accordée aux Afriques, Adji Otéh Ayassor, revient sur l’importante opéra- tion de privatisation des quatre banques publiques, à savoir la BTD, l’UTB, la BIA et la BTCI. Les cabinets conseils qui travaillent sur le dossier devraient publier les avis de préqualification des candidats dans quelques semaines. D’ici là, la commission togolaise de privatisation des quatre banques devrait rendre ses conclusions. Lire en page 6 Togo : « De nombreux groupes intéressés par la privasaon des banques publiques » La reconstrucon de la Côte d’Ivoire passe aussi par la finance islamique Le pré-carré francophone bousculé par la mondialisaon Pour Mohamed Diakité et Anouar Hassoun, respectivement, président du Comité national de la Finance islamique de Côte d’Ivoire et direc- teur général associé de Real Economy Partners (REP), la reconstruction de la Côte d’Ivoire passe aussi par la finance islamique. « L’Economie la plus diversifiée de la sous-région, l’une des mieux dotées, avec un secteur de la logistique et du transport dense, des ressources agricoles abondantes, une filière bois florissante, n’aurait aucun mal à attirer les plus grands investis- seurs de la finance islamique. A condi- tion que le cadre règlementaire et la volonté politique soient de la partie. » Lire en page 15 La Côte d’Ivoire, le Sénégal, le Cameroun, le Gabon, pays du pré- carré français sont-ils des pays qui profitent du nouvel environnement du commerce mondial ? Ont-ils pro- gressé depuis le début des années 2000 qui coïncide avec un nouveau boom des matières premières et le début d’un cycle de croissance inin- terrompu pour nombre de pays africains ? Réponse par l’analyse des principaux indicateurs de ces pays. Lire en page 19 Adji Otéh Ayassor, ministre de l’Economie et des Finances.

Jean Ping : « Sur la Libye, enTrePrises la feuille de

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Page 1: Jean Ping : « Sur la Libye, enTrePrises la feuille de

R é d a c t i o n : A b i d j a n , C a s a b l a n c a , D a k a r l N o 1 6 5 : 9 a u 1 5 j u i n 2 0 1 1

Afrique CFA 1500 FCFA - Algérie : 80 DA - Belgique 1,9 a - Canada 3,50 $ CAD - France 1,9 a - France OM 2,20 a - Italie 1,90 a - Luxembourg 1,9 a - Maroc 12 DH - Suisse CHF 3,80 - Tunisie 2,3 DT

BoursesLe Tchad lance un emprunt obligataire de 100 milliards FCFAL’appel à l’épargne pu-blique dans le marché sous-régional est effectif depuis le 2 juin 2011 avec le lan-cement à Douala, au Came-roun, de l’emprunt obliga-taire du Tchad.

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BAnques eT AssurAnCes

La Banque agricole et la Banque des PMe voient le jour au CamerounLa création de ces nouveaux établissements de crédit en-tièrement à capitaux publics devrait à terme, améliorer la situation socioécono-mique du Cameroun en tant qu’élément de croissance, assure le gouvernement.

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enTrePrises eT MArChés

Aérien : le ciel africain au centre des enjeux L’Afrique est devenue depuis quelques années le théâtre d’une bataille rangée entre les grands transporteurs occidentaux, en quête de nouveaux marchés.

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eConoMieL’AFD envoie un bol d’air de 56 milliards FCFA à l’etat du sénégalLe Conseil d’administration de l’Agence française de développement a approuvé jeudi 26 mai 2011 deux financements en faveur de programmes de dévelop-pement au Sénégal pour un montant global de 56 mil-liards FCFA.

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Burkina Faso : mobilisation des partenaires techniques et financiers Les soulèvements qui ont eu lieu au Burkina Faso, et qui durent encore, ont causé de lourds dégâts. La commu-nauté internationale vient au secours du pays.

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PoLiTiqueLibye : important revirement de la Chine La Chine, qui s’était abstenue de voter la résolution 1973 du Conseil de sécurité, auto-risant le recours à la force pour protéger la population libyenne, mais qui ne lui avait pas opposé son veto, est en train de nouer des relations officielles avec le Conseil national de transition (CNT), instance dirigeante de la rébellion libyenne.

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Jean Ping : « Sur la Libye, la feuille de route africaine n’est pas morte »« Comment voulez-vous que les Africains restent les bras ballants à regarder une situa-tion qui se passe chez eux avec toutes les graves impli-cations pour la sous-région du Sahel ? Croyez-vous que l’Amérique, l’Europe ou l’Asie l’accepteraient si cela se pas-sait chez eux ? » C’est un Jean Ping lucide qui analyse les désaccords entre l’Europe et l’Afrique au sujet de la Libye. A l’heure où les Occidentaux réitèrent leur exigence de départ de Kadhafi, loin de la modeste résolution 1973, l’Union africaine n’a pas dit son dernier mot. Exclusif.

Lire en pages 2 et 3

Parole du ministre de l’Economie et des Finances, maître des cérémonies. Dans une interview accordée aux Afriques, Adji Otéh Ayassor, revient sur l’importante opéra-tion de privatisation des quatre banques publiques, à savoir la BTD, l’UTB, la BIA et la BTCI. Les cabinets conseils qui travaillent sur le dossier devraient publier les avis de préqualification des candidats dans quelques semaines. D’ici là, la commission togolaise de privatisation des quatre banques devrait rendre ses conclusions.

Lire en page 6

Togo : « De nombreux groupes intéressés par la privatisation des banques publiques »

La reconstruction de la Côte d’Ivoire passe aussi par la finance islamique

Le pré-carré francophone bousculé par la mondialisation

Pour Mohamed Diakité et Anouar Hassoun, respectivement, président du Comité national de la Finance islamique de Côte d’Ivoire et direc-teur général associé de Real Economy Partners (REP), la reconstruction de la Côte d’Ivoire passe aussi par la finance islamique. « L’Economie la plus diversifiée de la sous-région, l’une

des mieux dotées, avec un secteur de la logistique et du transport dense, des ressources agricoles abondantes, une filière bois florissante, n’aurait aucun mal à attirer les plus grands investis-seurs de la finance islamique. A condi-tion que le cadre règlementaire et la volonté politique soient de la partie. »

Lire en page 15

La Côte d’Ivoire, le Sénégal, le Cameroun, le Gabon, pays du pré-carré français sont-ils des pays qui profitent du nouvel environnement du commerce mondial ? Ont-ils pro-gressé depuis le début des années 2000 qui coïncide avec un nouveau

boom des matières premières et le début d’un cycle de croissance inin-terrompu pour nombre de pays africains ? Réponse par l’analyse des principaux indicateurs de ces pays.

Lire en page 19Adji Otéh Ayassor, ministre de

l’Economie et des Finances.

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Dépôt légal : juin 2011© Reproduction interdite sans l’accord écrit de l’éditeur

Edition internationale : Commission paritaire 1012 C 89135

Edition Maroc : Bulletin Officiel : Décret n° 2-08-121 du 9 rabii 1429 (7 mars 2008) portant autorisation de l’édition du journal Les Afriques au Maroc, paru dans

le B.O.N° 5618-26 rabii 1429 (3-4-2008)

Jean Ping : « Comment voulez-vous que les Africains restent les bras ballants à regarder une situation qui se passe chez eux ? »

Les Afriques : Monsieur le président, la feuille de route de l’Union africaine sur la Libye est une lettre morte. Les

Occidentaux viennent de réitérer au G8, que leur objectif est le départ du colonel Kadhafi.Jean Ping : Je crois qu’il y a dans notre dé-marche beaucoup d’incompréhension. Je vou-drais rappeler que la feuille de route de l’UA a été décidée le 10 mars, sept jours avant la réu-nion du Conseil de sécurité des Nations unies qui a adopté la résolution 1973, deux jours avant celle de la Ligue arabe et un jour avant l’Union européenne. Si vous lisez bien notre feuille de route, vous réalisez qu’elle est tou-jours valide, et elle est la seule qui existe. Nous avons, dès le départ, demandé aux coalisés leur feuille de route. C’était les bombardements avec le no fly zone. Nous leur avons demandé s’ils avaient l’inten-tion de tuer Kadhafi. « Non », ont-ils répondu. « Avez-vous l’intention d’armer le Conseil na-

tional de transition pour qu’il prenne Tripoli ? » Réponse : « Non, ce serait un bain de sang. » Nous leur avons alors dit, « vous n’avez donc pas de plan en dehors des bombardements ». Et puis, au fur et à mesure, nous avons commen-cé à voir la coalition adopter progressivement une sorte de feuille de route, en voulant sortir de l’option militaire pour une option poli-

tique. C’est pourquoi, je suis allé à Londres, après n’avoir pas été à la première réunion à Paris, ni à celle de Londres. Le secrétaire géné-ral de l’Otan, Anders Rasmussen, lui-même, a dit qu’il n’y a pas de solution militaire. Nous avons en conséquence décidé de participer à la recherche d’une solution politique. Le secré-taire britannique au Foreign Office, William Hague, nous a exposé dans un document, un plan en trois points : 1. Application de la résolution 1973 de l’Onu2. Humanitaire 3. Les Libyens doivent décider de leur

propre sort. J’ai répondu que cela tombe bien parce que nous avons pris cette décision depuis le 10 mars. Sur le premier point, je lui ai rappelé que la résolution 1973 a été votée par les trois pays africains membres du Conseil de sécurité, ce que n’ont fait, ni l’Allemagne, ni la Russie, ni la Chine, ni l’Inde, ni le Brésil. Donc nous

sommes tenus de l’appliquer, mais rien qu’elle, ni plus, ni moins. Pour le deuxième point, l’humanitaire, nous sommes à 100% d’accord puisque vous avez des moyens de porter une assistance humanitaire que nous n’avons pas. Il faudrait du reste, dans ce volet humanitaire, protéger les étrangers en Libye, y compris les Africains, puisque tout le monde avait la pos-

sibilité d’évacuer les siens sauf nous. Or, nous y avons plus d’un million d’Égyptiens, 500 000 Tchadiens, des Ghanéens, des Nigérians etc., et ils sont confondus avec les mercenaires. Aidez-nous à les évacuer et aussi à les réinsérer chez eux. Du jour au lendemain, 500 000 Tchadiens devaient se retrouver chez eux.S’agissant du point trois, nous sommes allés plus loin puisque dès le 10 mars nous disions qu’il fallait répondre aux aspirations légitimes du peuple libyen à la démocratie, à l’état de droit, à la bonne gouvernance, aux droits de l’homme, à la justice, au développement. Vous voyez que nous allons plus loin que les autres. Nous sommes donc d’accord avec les autres, mais tout ceci passe par un cessez-le-feu in-contournable, avec un mécanisme internatio-nal crédible. Notre feuille de route est donc là, toujours va-lable : un, cessez-le-feu vérifiable ; deux, tran-sition inclusive et consensuelle, le mot consen-suel est extrêmement important. Il y a aussi l’humanitaire. Et trois, aller vers un vote qui répondrait aux aspirations légitimes du peuple libyen. Qui d’autre a une feuille de route ?Les Turcs sont venus après, avec une position très voisine de la nôtre. Les Grecs aussi ont commencé à intervenir dans ce sens. Je ne vois donc pas les raisons qui amèneraient à essayer de marginaliser l’Afrique qui est seule à avoir une de feuille de route incontournable. Est-il besoin de rappeler que la Libye n’est ni en Europe, ni en Amérique, ni en Asie, ni même au Moyen-Orient mais tout simple-ment en Afrique. Comment voulez-vous que les Africains restent les bras ballants à regarder une situation qui se passe chez eux avec toutes les graves implications pour la sous-région du Sahel ? Croyez-vous que l’Amérique, l’Europe ou l’Asie l’accepteraient si cela se passait chez eux?

LA : Le fait est que c’est ce qui se passe…JP : Oui et non. J’ai entrepris une cam-pagne d’explication. J’ai été aux Etats-Unis voir Mme Hilary Clinton, à Londres pour Mme Ashton, à Bruxelles pour Van Rumpey et le secrétaire général de l’Otan. Nous avons aussi pris part aux réunions de Doha et de Rome. Ensuite, avec les secrétariats des orga-nisations régionales et à vocation universelle, l’Onu, l’UA, la Ligue des Etats arabes, l’Organi-sation de la Conférence islamique, l’UE, nous nous sommes réunis au Caire après Doha pour voir ensemble comment aller vers le cessez-le-feu. Nous les avons réunis à plusieurs reprises à Addis Abeba. Donc, au niveau technique, les choses avancent. Maintenant, la divergence, à mon avis, provisoire, réside dans le fait que

la coalition pose comme condition préalable au cessez-le-feu, le départ de Kadhafi et de sa famille.

LA : Le G 8 vient de le répéter à Deauville.JP : La coalition crie tous les jours que la condition, le préalable, c’est départ de Kadhafi. Nous disons « venez au cessez-le-feu avec toutes les conditions que vous voulez ». Le cessez-le-feu nécessite une négociation et dans cette négo-ciation, il y a beaucoup de choses, pas que le départ de Kadhafi, à mettre en place avant la signature. C’est toujours comme cela partout. « Venez à la table avec vos préconditions, sous la forme d’un package deal par exemple. »Vous avez entendu le secrétaire général des Nations unies, dire qu’il faut un cessez-le-feu. Aujourd’hui, de plus en plus de monde dit ce que nous disons depuis le 10 mars.

LA : Avez-vous pour autant espoir que votre solution s’applique ?JP : Il n’y en pas d’autre.

LA : Si, bombarder, tuer Kadhafi ou le contraindre à l’exil.JP : Quand vous aurez fait cela, vous serez obligé de venir à un cessez-le-feu. En plus, la résolution 1973 ne parle pas de changement de régime mais de protection humanitaire des populations civiles de Benghazi. C’est fait.

LA : Les frappes n’en continuent pas moins.JP : A Rome, nous avons redemandé quelle était la feuille de route des coalisés. Ils ont ré-pondu que c’est continuer la pression militaire, la pression économique, la pression diploma-tique. Ce n’est pas une feuille de route. C’est la même option qui se poursuit en s’accentuant. Si Kadhafi est tué dans les bombardements, on dira qu’il a été touché par hasard. Ne serait-ce pas plutôt le retour à l’assassinat politique qui était chose courante auparavant quand les présidents étaient assassinés chez eux, en Amérique latine, en Afrique ? L’assassinat politique a été abandonné pour de multiples raisons. Si on y revient, c’est, pour nous, un retour, 50 ans en arrière, à l’époque de l’assas-sinat de Patrice Lumumba.Les Africains se posent des questions, sont inquiets. Cela ne veut pas dire qu’ils cherchent le statu quo ante. Pas du tout. Notre résolution dit clairement que nous poursuivons le même objectif ultime : une Libye libre et démocra-tique. La différence, c’est comment et quand.

LA : Alors vous estimez que c’est aux Libyens de décider ? Vous venez de rencontrer les autorités européennes ainsi que l’Otan.

La voix de l’Afrique est inaudible sous les bombardements occidentaux. Le président de la commission de l’UA n’en continue pas moins à plaider pour « l’unique et incontournable feuille de route » sur la Libye.

« Vous connaissez les problèmes que j’ai eus avec le Guide quand il présidait l’Union. C’était des difficultés publiques. Un journaliste s’est même étonné que je ne prenne pas compte de ce que j’ai subi. Mais, je ne suis pas là pour régler des comptes personnels. »

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Les Afriques - N° 165 - 9 au 15 juin 2011 - 3ActuAlité

J’imagine que vous avez évoqué la Libye. Est-ce que cela a rapproché les positions ?JP : Nous n’avons pratiquement discuté que de cela, avec l’Otan. Avec Mme Catherine Ashton, haute représentante de l’UE aux Affaires étran-gères et le président de l’UE, Van Rompuy, nous y avons ajouté la Côte d’Ivoire, le Soudan…

LA : Qu’avez-vous obtenu ?JP : Nous avons pu expliquer à nouveau la validité de notre feuille de route et la nécessité pour nous d’être impliqués, en rappelant que la Libye est en Afrique et que les conséquences de ce qui s’y passe se répercuteront sur le sol africain, en Mauritanie, au Niger, au Mali, au Tchad, au Soudan et jusqu’en Somalie.Les armes qui sont distribuées, soit par Tripoli, soit par Benghazi se retrouveront tôt ou tard dans le désert, des armes parfois sophistiquées entre les mains d’Al Qaïda, de terroristes, de coupeurs de route, de trafiquants de drogue, de trafiquants en tout en genre.

LA : Avez-vous été entendu ?JP : Je crois que oui. Avec l’Otan, j’ai essayé de dissiper certains malentendus. Elle estimait que le paragraphe 5 de notre feuille de route la critiquait. Nous lui avons expliqué claire-ment que la résolution 1973, s’inspirant de mise en œuvre de la doctrine de la responsabi-lité de protéger les populations innocentes née en 2005, concernait les Cyrénaïques et avait atteint ses objectifs. En revanche, l’esprit et la lettre de la résolution 1973 semblent avoir été dépassés parce que maintenant, des civils, des enfants sont tués. Il y a des risques d’enlise-ment. Des hélicoptères sont envoyés, après, il faudra mettre pied à terre…

LA : Vous pensez que les Occidentaux vont prendre ce risque ?JP : Croyez-vous qu’ils n’y sont pas déjà ? A Benghazi, des militaires européens ont été tués au sol. Cela veut dire qu’ils y sont déjà. Sont-ils envoyés par les Etats ? Je ne sais pas, mais il y en a déjà au sol.

LA : Croyez-vous vraiment la coalition ca-pable de revenir sur sa décision de faire partir Kadhafi ?JP : À dire vrai, je ne le crois pas.

LA : L’UA bannit tout changement de pouvoir non constitutionnel. En Libye, c’est insurrec-tion armée qui va aboutir à un changement. N’êtes-vous pas en contradiction avec votre propre doctrine ?JP : La doctrine de l’UA est en train d’évoluer. Avec le printemps arabe, nous avons adapté déjà notre position. Nous avons soutenu la révolution en Tunisie, une révolution popu-laire. Nous l’avons soutenue et accompagnée.

Idem en Egypte. Il ne s’agit plus de condamner systématiquement les changements anticons-titutionnels sans se référer à la nature de ces changements.

LA : Comment déterminer qu’un mouvement est une révolution populaire et non le coup de force d’une minorité ? Qui est juge ? JP : C’est les peuples eux-mêmes. Il ne s’agit pas, à la première manifestation d’étudiants, d’envoyer des troupes. Il faudrait alors en envoyer en Espagne. Mais dans une situation comme celle de la Tunisie, les signes d’un véri-table soulèvement populaire étaient évidents. En plus, il était pacifique. Et le président est parti. Donc il y avait là quelque chose qui de-vait être considéré comme légitime. Peut-être pas légal, mais légitime. Dans le cas des autre pays arabes, même d’Afrique, nous n’avons pas considéré que 2000 étudiants qui manifestent constituent une révolution. Dans le cas de la Libye, c’est différent. Cela a commencé par des manifestations pacifiques, comme en Tunisie, et puis le régime a réagi de manière brutale et disproportionnée. Nous avons condamné l’utilisation excessive de la force contre de pai-sibles manifestants. Puis ces manifestations se sont transformées en guerre civile. Nous avons dit qu’il faut éviter la somalisation, la division du pays, mais nous ne sommes pas mis du côté d’un camp. Nous avons appelé les deux par-ties à dialoguer. Jusqu’à ce jour, nous sommes les seuls à avoir été à Tripoli et à Benghazi. Personne d’autre. Et récemment encore, le président Zuma est allé à Tripoli défendre la feuille de route africaine dont Kadhafi a re-confirmé son acceptation.

LA : Cette feuille de route n’est plus soutenue par tous les pays africains. La Gambie et le Sénégal reconnaissent désormais le comité national de transition. JP : Cette difficulté ne nous est pas propre. Comme partout ailleurs, nos Etats peuvent être divisés sur une question. C’est normal, mais nous avons, jusqu’à ce jour, privilégié l’adoption d’une position commune, malgré des débats vifs. La Ligue arabe n’y a pas réussi. Elle a pratiquement implosé.

LA : Etes-vous pour le départ de Kadhafi ? S’il part, l’immunité doit-elle lui être garantie ?JP : Vous connaissez les problèmes que j’ai eus avec le Guide quand il présidait l’Union. C’était des difficultés publiques. Un journa-liste s’est même étonné que je ne prenne pas compte de ce que j’ai subi. Mais, je ne suis pas là pour régler des comptes personnels. Je suis là pour défendre des principes. Je dois suivre la position de l’UA.Il y a une chose sur laquelle, il ne faut pas se tromper. L’UA n’a jamais été pour l’impunité.

Notre charte combat l’impunité. La justice est, chez nous aussi, très importante. Mais nous estimons que la justice ne peut pas être brandie en ignorant les autres problèmes fondamen-taux que sont la paix, la réconciliation. Sinon, on va droit au mur.

LA : Vous venez de tenir une série de réunions avec la Commission de l’UE. Malgré votre partenariat stratégique, le plan d’action adopté n’a pu être convenablement mis en œuvre faute de financement adéquat. Le nou-veau plan ne connaîtra-t-il pas le même sort avec les difficultés financières dans certains pays européens ?JP : Notre coopération avec l’UE est une vielle coopération. Elle a commencé avec les indé-pendances et même avant. C’est une coopéra-tion importante. La géographie, la proximité,

l’histoire commune que nous avons, bonne et moins bonne, la culture, du fait que nous parlons des langues européennes, la rendent nécessaire, voire même indispensable. Mais elle doit s’adapter et elle s’est adaptée. Elle évolue plus, mieux. Nous avons quelques pro-blèmes d’appréciation mais, dans l’ensemble, en ce qui concerne les questions de paix, par exemple, elle est satisfaisante et même exem-plaire. Il y a une facilité pour la paix, un fonds mis en place par l’UE pour permettre des opérations comme la pacification en Somalie où nous sommes seuls. Pour le rétablisse-ment de l’ordre constitutionnel lorsqu’il y a coup d’Etat, elle nous appuie financièrement et contribue aussi à l’efficacité des sanctions

que nous décrétons. Nous avons beaucoup d’autres domaines de compétences. Mais c’est insuffisant, c’est clair que les engagements pris ne sont pas à la hauteur des attentes et ne sont pas toujours respectés. C’est pourquoi, nous insistons sur les financements innovants. Des taxations internationales qui puissent venir au secours de l’assistance au développement qui s’essouffle. C’est une bonne direction pour avoir des moyens supplémentaires.

LA : L’UA est confrontée à des difficultés fi-nancières. Les programmes sont financés à plus de 70% par des ressources externes et le budget de fonctionnement n’est pas alimenté comme il se devrait par les contributions. JP : Nous rencontrons effectivement de graves problèmes financiers. Comme on dit, « la main qui donne est toujours au dessus de celle qui reçoit ». Nous le ressentons parfois, doulou-reusement. C’est un grave problème que des financements extérieurs viennent au secours d’activités régulières. Nous sommes presque toujours confrontés à des problèmes de tré-sorerie, de paiement. Parfois, je vous assure, c’est dramatique. Il s’y ajoute le fait que vous avez vous-même mentionné, que les cotisa-tions ne rentrent pas toujours. Actuellement, cinq pays africains (Afrique du Sud, Algérie, Egypte, Libye et Nigeria) contribuent pour 75% au budget. Cela signifie que si un de ces pays ne paye pas, c’est 15% en moins. C’est le cas actuellement pour la Libye. Ce n’est pas sain que cinq pays fournissent 75%. Il faut revoir la grille de répartition du budget pour que d’autres pays, et il y en a, qui ont de gros moyens, qui le demandent même, contribuent davantage. D’autre part, comme certaines communautés économiques régionales, nous devons obtenir un financement pérenne ali-menté par des contributions qui ne soient pas forcement d’origine budgétaire. A la CEEAC, les contributions sont tirées directement de la banque centrale et donc tout le monde paye.

LA : La Cédéao et l’Uemoa ont un prélève-ment communautaire sur les importations.JP : Effectivement, il s’agit de contributions que nous qualifions d’innovantes. Nous avons déjà saisis les Etats membres pour mettre en

place une taxation infime, sur les importa-tions, les billets d’avion ou les téléphones cellulaires, que les Etats membres comme les contribuables ne ressentiraient pas pour nous permettre de travailler.

LA : Allez-vous solliciter un second mandat ?JP : Il est encore tôt pour se prononcer. En plus, j’estime que c’est une question qui inté-resse d’abord les Etats membres qui prennent la décision finale. Je crois, toutefois, qu’il faut éviter de dépasser deux mandats.

Propos recueillis par Chérif Elvalide Sèye

Jean Ping interrogé par Chérif Seye - Croyez-vous vraiment la coalition capable de revenir sur sa décision de faire partir Kadhafi ?

- A dire vrai, je ne le crois pas.

« Si Kadhafi est tué dans les bombardements, on dira qu’il a été touché par hasard. Ne serait-ce pas

plutôt le retour à l’assassinat politique qui était chose courante auparavant

quand les présidents étaient assassinés chez eux, en Amérique

latine, en Afrique ? »

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Maroc : les professionnels pour un logement social n’excédant pas 250 000 DH (HT)La Fédération nationale des promoteurs immobiliers du Maroc (FNPI) lance une campagne de déclaration intégrale des prix des transactions dans différentes régions du Royaume. Cette campagne qui sera doublée d’une charte d’éthique allant dans ce sens, rentre dans le cadre des efforts entrepris en vue de pro-fessionnaliser le secteur et de promouvoir la transparence dans les relations commerciales avec la clientèle. C’est ce qui ressort d’un communiqué qui nous est parvenu, la semaine dernière.Face au volume important de production de logements so-ciaux, prévu dans les prochaines années et l’intérêt que portent les acquéreurs à cette catégorie de logements (y compris les Marocains résidents à l’étranger), la FNPI a tenu à rappeler aux citoyens cinq conditions d’acquisition. Les promoteurs soulignent d’abord que « si le prix du logement est variable, il ne peut en aucun cas dépasser la somme de 250 000 DH (HT) ». Ensuite, ils spécifient que « la transaction doit se faire devant le notaire, et ne doit pas comporter d’avance de réservation sur le prix d’acquisition si le compromis de vente n’est pas signé ». Pour lutter contre la spéculation, l’acquéreur doit s’engager à occu-per le logement à titre d’habitation principale, pendant quatre ans. Enfin, ils avertissent que le cahier des charges adossé aux conventions est disponible sur le site du Ministère de l’habitat et celui de la FNPI.

Lancement des travaux d’Oujda Shore (Maroc)

La technopole d’Oujda, aménagée par MEDZ, filiale de CDG Développement a été mise en service mardi 31 mai. La cérémonie de mise en service a été présidée par le roi Mohammed VI, qui s’est enquis de l’état d’avancement du processus

de commercialisation des terrains au profit des investisseurs. Le souverain a par ailleurs procédé à la remise des certificats d’attribution aux premiers récipiendaires de lots sur le site. Aussi, le roi du Maroc a donné le coup d’envoi des travaux de réalisation de la première tranche du projet Oujda Shore, situé au sein de la technopole d’Oujda. Prévu sur une super-ficie totale de 22 500 m², pour un investissement global de 180 millions DH, Oujda Shore fait entrer la région de l’Oriental dans l’ère de l’offshoring, relève-t-on dans le communiqué de MEDZ qui nous est parvenu. Ce document assure qu’il offrira à terme des infrastructures world-class ainsi que des services de gestion et d’animation. Le clean-tech constitue la composante phare de la technopole d’Oujda et s’inscrit dans le cadre de la mise en oeuvre de la stratégie énergétique marocaine. L’objectif recherché, à travers ce projet, est de créer les conditions de création d’un cluster de compétitivité axé sur le développement durable, principalement sur les filières du solaire, de l’éolien et de l’efficacité énergétique. De même, il est prévu un campus dédié principalement à la formation et à la « recherche & déve-loppement », dans les domaines liés notamment aux énergies renouvelables.

Un plan d’aide du G8 à l’Afrique du NordA l’issue du Sommet du G8 à Deauville, en France, les Etats les plus développés de la planète reconnaissent que la promesse d’un doublement de l’aide publique au développement (APD) à l’Afrique, pour la porter à 100 milliards $ entre 2005 et 2010, n’a pas été tenue. Néanmoins, dans un communiqué final, ils se sont de nouveau engagés, vendredi 27 mai, à déployer un plan d’aide de dizaines de milliards de dollars pour accompagner l’instauration de la démocratie en Tunisie et en Égypte, et à maintenir les efforts d’aide aux pays africains. Les changements historiques actuels en Afrique du Nord et au Moyen-Orient sont comparés aux transformations survenues en Europe centrale et orientale après la chute du Mur de Berlin. Pour soutenir les peuples tunisiens et égyptiens, un plan d’aide de 40 milliards $, réparti à raison de 20 milliards $ fournis par les banques multilatérales de développement, une dizaine de milliards $ d’engagement bilatéraux et une autre dizaine des pays du Golfe, a été mis en place. A elle seule, la France accor-derait un milliard d’euros d’aide à l’Égypte et à la Tunisie. De son côté, le FMI a promis de débloquer 35 milliards $ pour stabiliser ces économies. Un soutien qui vient conforter l’assis-tance de la Banque mondiale qui a annoncé 6 milliards $ pour la Tunisie et l’Égypte.

Y a-t-il un miracle rwandais ?

Le président rwandais, Paul Kagamé, est-il en train de réaliser un miracle économique ? Avec la même configuration eth-nique que le Burundi, et sans les ressources de la République démocratique du Congo, le pays des mille et une collines est devenu la vitrine du développement dans la région tour-mentée des grands lacs. A quoi tient cette prouesse dans un pays surpeuplé où la rareté des sols est cause d’affrontements répétés entre paysans et éleveurs ? Comment un ancien mili-taire formé dans le maquis a réussi en l’espace de neuf ans à doubler la taille de l’économie de son pays face à des voi-sins mieux nantis par la nature ? Pourquoi cet ancien rebelle,

réélu en 2010 avec un score stalinien, fait-il mieux sur le terrain économique qu’un président Abdoulaye Wade du Sénégal, bardé de diplômes ou qu’un Denis Sassou Nguesso, président d’un pays qui dispose de ressources énergétiques en abondances ? Est ce grâce à une vision technocratique et pragmatique appliquée par une équipe resserrée ? Grâce à des réformes de l’environnement des affaires plébiscitées par les institutions internationales ? Il faut trois jours pour créer une entreprise dans ce pays contre 13,8 jours dans les pays de l’OCDE et 45 jours en Afrique.Certes, la jeune démocratie rwandaise sortie du chaos géno-cidaire de 1994 a encore du chemin à faire. L’expérience de la justice transitionnelle à travers les tribunaux « gacacas » est un acquis, quoiqu’avec quelques imperfections, comme le rap-pelle à juste titre le dernier rapport de Human Rights Watch (HRW). Mais, l’originalité du Rwanda semble venir de l’élan patriotique de ses dirigeants qui nous donnent l’impression de vouloir relever le challenge du développement. A l’inverse d’un Ben Ali et d’un Moubarak, qui voulaient jouer au gen-darme de l’Europe, le président rwandais tire sa légitimité de ses résultats sur le terrain économique et de l’adhésion de la majorité des Rwandais à son programme politique. Reste à asseoir définitivement la réconciliation entre Tutsis et Hutus. Cela passe par l’enracinement de la démocratie. Au-delà de la suppression de toute référence ethnique (mesure salutaire), le chantier de la réconciliation nationale sera sans doute celui qui fera entrer ou pas Paul Kagamé dans l’histoire.

Point de vue africain

Adama Wade, Casablanca

Le Tchad lance un emprunt obligataire de 100 milliards FCFA

Après cinquante ans d’indépen-dance dont la moitié marquée par une instabilité institutionnelle, la

République du Tchad entend amorcer une nouvelle phase de sa croissance. Il est question de relever le développement éco-nomique, question de faire de ce pays qui pointe au dixième rang des producteurs de pétrole du continent, un pays fiable sur le plan institutionnel et économique. Dans cette perspective, le Tchad a lancé le 2 juin 2011, un appel public à l’épargne sur le marché sous-régional enregistré par la Commission de surveillance du marché fi-nancier d’Afrique centrale (COSUMAF). Il s’agit d’un emprunt obligataire de 100 mil-liards de francs CFA que le Tchad espère mobiliser en peu de temps pour concourir à son développement.

Taux avantageux Pour matérialiser ce projet, les autorités tchadiennes se proposent de parcourir les six Etats de la Communauté écono-mique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac), question d’expliquer le bien fondé de ce programme. De passage à Douala le 2 juin 2011, la délégation tchadienne conduite par le ministre des Finances et du Budget, Gata Ngoulou, a exposé les grandes lignes de cette opéra-tion. « Le Tchad se trouve dans une phase de développement économique important. Nous pensons que ce projet nécessite l’im-plication d’autres acteurs parce que nous ne pouvons pas le faire seul. Nous avons lancé un emprunt obligataire de 100 milliards de francs sur le marché sous-régional. Nos ressources pétrolières, qui ne sont pas notre seule richesse, constituent un moyen de garantie. Douala étant la principale place économique d’Afrique centrale, il nous a semblé tout à fait naturel et opportun de commencer notre action d’explication et de sensibilisation ici », a déclaré le ministre

tchadien au terme d’une rencontre avec les milieux d’affaires camerounais.

Conditions avantageusesLes caractéristiques de cet emprunt sont avantageuses, puisque le taux net rémuné-rateur est fixé à 6%, sur une période diffé-rée de cinq ans, 2011-2015. Ce taux serait d’autant plus alléchant que ceux pratiqués jusque-là tournent autour de 5% et de 5,5%. Il s’agit d’un troisième emprunt obli-gataire lancé par un pays de la Cemac, après le Gabon en 2007, qui avait lancé un emprunt obligataire de 100 mil-liards de francs CFA pour un taux net d’intérêt de 5%, puis, l’emprunt obli-gataire du Cameroun de 200 milliards de francs CFA en 2010 pour un taux net d’intérêt de 5,6%. Les succès ren-contrés par les précédentes opérations, en l’occurrence, l’emprunt obligataire de l’Etat du Cameroun, veulent qu’on soit optimiste pour le dossier tchadien, et ce n’est sans doute pas un hasard si le gouvernement camerounais a an-noncé sa volonté de lancer cette année, un autre emprunt obligataire dans le marché sous régional à hauteur de 150 milliards de francs CFA. Par ailleurs, avec le gel des avances de solde annoncé par la BEAC (Banque des Etats de l’Afrique centrale) qui sera définitivement effectif en 2014, les pays de la Cemac se verront de plus en plus obligés de se tourner vers ce mécanisme de financement pour assurer la réalisation de leurs projets de développement.

Retour à la stabilité institutionnelle Avec un taux de croissance de 6,5%, le Tchad occupe le troisième rang des éco-nomies croissantes en zone Cemac, juste derrière la Guinée équatoriale et le Congo, et devant le Gabon, le Cameroun et la Centrafrique. Des atouts que voudraient exploiter les autorités tchadiennes qui sou-

tiennent qu’en dehors du pétrole, d’autres richesses existent de nature à doper le développement de ce pays de dix millions d’habitants, dont au moins la moitié est éparpillée à travers le continent à cause de l’instabilité qui a longtemps secoué ce pays. Contrairement la SFI (Société Financière Internationale) et la BDEAC (Banque de Développement des Etats de l’Afrique Centrale), qui avaient laissé concomi-tamment le contrôle des opérations à la BVMAC et à la DSX, l’emprunt obligataire du Tchad est exclusivement réservé au marché sous-régional. Au-delà de l’étroitesse du marché ce qui a poussé certains analystes à préconiser, si

ce n’est la fusion, tout au moins, le rappro-chement entre les deux places boursières, l’Afrique centrale dispose en son sein de deux marchés financiers. Il s’agit en l’oc-currence, de la Bourse des valeurs mobi-lières d’Afrique centrale (BVMAC) basée à Libreville, au Gabon, et la Bourse natio-nale des valeurs mobilières du Cameroun, la Douala stock exchange (DSX) qui se trouve dans la métropole économique camerounaise. Au sujet de l’animation du marché, la BVMAC compte pour l’instant trois entreprises dans le compartiment des obligations alors la DSX est plus dy-namique avec six entreprises cotées, dont trois pour le compartiment des actions et trois également pour le compartiment des obligations.

Achille Mbog Pibasso, Douala

L’appel à l’épargne publique dans le marché sous-régional est effectif depuis le 2 juin 2011 avec le lancement à Douala, au Cameroun, de l’emprunt obligataire du Tchad.

Les caractéristiques de cet emprunt sont

avantageuses, puisque le taux net rémunérateur est fixé à 6 %, sur une

période différée de cinq ans, 2010-2015.

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Les Afriques - N° 165 - 9 au 15 juin 2011 - 5ActuAlite

Gel des avoirs de Leila Trabelsi à la Banque libano-canadienne

Dans une tentative appa-rente de saisir les fonds appartenant aux dirigeants arabes déchus, la Banque libano-canadienne a gelé les avoirs de Leila Trabelsi et de certains de ses proches. Plusieurs sources concor-dantes font état d’un mon-tant d’environ 29 millions $.

Néanmoins, certains observateurs ont contesté cette somme, trouvant qu’elle est bien en deçà des avoirs de l’épouse de l’ex-président tunisien. La même source rappelle que certains di-rigeants arabes ont sans doute ouvert des comptes au Liban, profitant de la loi du pays sur le secret bancaire. Dans tous les cas, il a été indiqué, selon des responsables de la Banque centrale libanaise, que seule la Banque libano-ca-nadienne détient un patrimoine appartenant à la famille des Trabelsi. Et justement, ils ont précisé que le compte le plus cré-dité détenu par cette famille est celui de Leila Trabelsi, et tota-liserait 28 779 848,26 $.

La BAD octroie 77 milliards FCFA à la Côte d’IvoirePour saluer les efforts du gouvernement ivoirien, Richard Antonin Doffonsou, représentant de la Banque africaine de développement (BAD), a dévoilé la semaine dernière, après une réunion des instances dirigeantes de la Banque, un décais-sement de 77 milliards FCFA au profit de ce pays. D’après un document qui nous est parvenu, il s’agit d’un appui budgétaire, octroyé dans le cadre de la stratégie d’urgence pour la période 2011-2012. « Un tel financement vise à soulager les finances pu-bliques et à faire face aux besoins urgents », a-t-on assuré du côté de la BAD. A noter qu’au moins une trentaine de milliards FCFA sont aussi attendus de la Banque mondiale en septembre, cette institution n’ayant pas voulu rester en marge de l’aide à la Côte d’Ivoire. « C’est d’autant plus plausible que ce pays a apuré ses arriérés vis-à-vis de l’institution », a fait remarquer Phillip English de la Banque mondiale.

Campagne de promotion tous azimuts d’Access Bank (Zambie) Access Bank Zambie a lancé, mardi 31 mai, une campagne de mobilisation des dépôts bancaires baptisée « Access Bank mène la danse pour promouvoir la culture d’épargne, notamment auprès des PME entreprises ». Mukwandi Chibesakunda, direc-teur général d’Access Bank, a indiqué qu’une telle stratégie ai-derait ainsi la banque à voir les dépôts de la clientèle s’accroître, tout comme son total bilan. Assurant que sa banque va conti-nuer de fournir aux clients des produits répondant à leurs be-soins, elle a mis l’accent sur la nécessité de développer le nombre de programmes de mobilisation de l’épargne dans le pays. Avant de terminer son propos, au lancement de cette promo-tion, la patronne d’Access a salué le fait que les principaux ac-teurs du secteur bancaire aient aussi adopté des campagnes de mobilisation à la clientèle pour attirer plus de clients.

Lancement du fonds InfraMarocCDG Capital Infrastructures, filiale à 100% de CDG Capital, a lancé, en marge de la conférence, organisée vendredi 27 mai et placée sous le thème « L’investissement institutionnel dans les infrastructures : enjeux et opportunités », le fonds d’infras-tructures InfraMaroc. Doté d’une durée de vie de 14 ans (ex-tensible), en cohérence avec la nature des actifs sous-jacents, le fonds, qui sera géré par CDG Capital Infrastructures, et spon-sorisé par la Caisse de Dépôt et de Gestion (CDG), est un fonds d’investissement développant une stratégie d’investissement à long terme, focalisée sur le développement d’infrastructures nouvelles dans les secteurs de l’énergie, des transports et des infrastructures urbaines. Dans une moindre mesure, InfraMaroc investira aussi dans des infrastructures de second marché. Enfin, InfraMaroc, qui dispose d’un partenariat exclusif avec InfraMed, premier ins-trument de financement de l’Union pour la Méditerranée, am-bitionne une taille cible de 3 milliards DH dont 500 millions DH levés au premier closing. A cela, s’ajoutent les engagements dédiés par InfraMed à l’investissement au Maroc, soit 1 à 2 mil-liards DH.

Gabon : relance du programme de 5000 logements

Gulf Finance House retrouve des couleurs après une cure d’amaigrissement

Libreville, beau site au bord de l’Atlantique, est une ville hybride. Les belles constructions du bord

de mer qui n’ont rien à envier aux plus belles avenues d’Afrique et du monde et puis quelques centaines de mètres plus loin, des bidonvilles hideux. Il y a le beau quartier de la Sablière et ses villas, dont le coût se chiffre en millions d’euros et, non loin, de véritables taudis. Ce n’est

pas le propre de la capitale gabonaise. En Afrique et ailleurs, le spectacle n’a rien d’inhabituel. Mais il se ressent plus fortement ici qu’ailleurs en raison de la modestie des besoins et des possibilités

du pays dont le produit national brut (PNB) est estimé pour 2010 à 22,54 mil-liards, soit un revenu annuel par habitant d’environ 14 600 dollars.

Le problème demeureAvec une banque et divers instruments dédiés à la satisfaction des besoins sociaux de logements, le problème de-meure. A Libreville, le déficit en loge-

ments est estimé à 120 000, soit les trois-quarts des besoins nationaux qui s’établissent à 160 000.Le président Ali Bongo Ondimba a décidé de s’attaquer une nouvelle fois à ce véritable et incompré-hensible casse-tête. « Je veux des logements pour les Gabonais et les Gabonais auront des logements », s’est-il engagé la semaine dernière. Tiendra-t-il promesse cette fois ? L’annonce de la construction de 5000 logements sociaux par an, a été parmi ses premiers engage-ments. Elle avait été saluée à sa juste mesure par les populations.

Plus d’un an après, elles n’ont rien vu venir. ABO a réagi avec vigueur. Le ministre de l’Habitat, Pacôme-Rufin Ondzounga en a fait les frais au cours du dernier rema-

niement de janvier dernier. La grande lessive s’est poursuivie de manière spec-taculaire avec un limogeage collectif au Ministère de l’habitat, de l’urbanisme, de l’écologie et du développement durable. Le conseil des ministres du 1er juin der-nier a décidé de « la remise à la disposition de la Fonction Publique de « l’ensemble des responsables de ce Ministère, à l’exception de ceux relevant du secteur de l’écologie et du développement durable ».

Des procédures sur cinq ans… Un grand coup de balai à la mesure des pratiques qui y avaient cours. La procé-dure d’attribution et d’immatriculation foncière jusqu’au titre foncier ne prend pas moins de cinq ans. Cette action spec-taculaire s’inscrit dans un cadre plus général des quatre axes majeurs du plan présidentiel : renforcement du cadre ins-titutionnel ; reforme du cadre juridique et fiscal ; aménagement urbain ; dévelop-pement du marché du logement. Cette politique fait partie du volet dévelop-pement des infrastructures et aménage-ment du territoire du Gabon émergent.Le porte-parole du président, Mme Mezui a averti, s’il en était encore besoin, qu’« au lieu de casser des maisons et de faire déguerpir des populations, le chef de l’Etat attendait la mise en œuvre d’un ambitieux programme d’habitat auquel, près de 50 milliards FCFA (75 millions d’euros) ont été consacrés depuis son arri-vée au pouvoir ».

Hance Guèye

Gulf Finance House annonce des résultats financiers en hausse pour le trimestre clos le 31 mars 2011. Avec un bénéfice net de 11,9 millions de dollars contre 7,5

millions de dollars de perte à la même période de l’année der-nière, l’institution voit le bout du tunnel. Le miracle de cette guérison tient de l’importante réduction des coûts de fonc-tionnements. Les dépenses totales de la banque ont été abais-sées de 50%, passant de 25,9 millions de dollars à 14,5 millions grâce à des mesures strictes de réduction des coûts, couplées à des restructurations agressives de la dette de la banque. Le revenu total de la période a atteint 26,4 millions de dollars, comprenant principalement l’annulation de la récompense de GFH aux employés, qui a été accordée sous forme d’actions Balexco en guise de bonus en 2008. Un remède de chevalGFH était engagée dans un plan de restructuration depuis 2010. La banque a réalisé l’an dernier des sorties réussies de nom-breux investissements, notamment Bahrain Financial Harbour, QInvest et Saudi Real Estate Company, réalisant près de 300 millions de dollars en numéraire et en actifs. En outre, la banque a lancé une Mourabaha convertible visant à mobiliser jusqu’à 500 millions de dollars de capitaux frais. Les intérêts de la Mourabaha peuvent être convertis par les inves-tisseurs, au choix, en actions de GFH. Cette augmentation de capital est en bonne voie, avec plus de 120 millions de dollars déjà reçus des investisseurs et des actionnaires, démontrant clairement leur confiance dans l’avenir de la banque. La banque anticipe le soutien continu des actionnaires et des investisseurs pour l’année en cours pour appuyer davantage sa croissance et renforcer sa position sur le marché.Pour Esam Yousif Janahi, président exécutif de GFH, ce retour à la normale devrait se poursuivre : « Nous admettons que nous

avons eu deux années difficiles en raison de la crise financière mondiale, mais nous avons eu près de dix bonnes années avant cela, période durant laquelle nous avons bâti notre réputation et conforté un palmarès impressionnant dans la création d’insti-tutions financières islamiques et dans des projets d’infrastructure qui visent à combler l’écart de croissance dans les économies en développement, projets dans lesquels nous avons été pionniers. » Reste à savoir si Gulf Finance House profitera de ce retour à l’embellie pour reprendre pied en Afrique du Nord.

MC

Le président Ali Bongo relance sa politique d’habitat qui prévoit la construction de 5000 logements sociaux par an. Tous les respon-sables du ministère de tutelle ont été limogés.

En zone de turbulence depuis la crise financière de 2008, l’institution basée à Bahreïn a retrouvé la rentabilité. Va-t-elle renouer avec ses projets abandonnés au Maghreb ?

Esam Yousif Janahi, président de Gulf Finance House.

La grande lessive s’est poursuivie de manière spectaculaire avec un limogeage collectif au

Ministère de l’habitat, de l’urbanisme, de l’écologie

et du développement durable.

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6 - Les Afriques - N° 165 - 9 au 15 juin 2011 BAnque

Le GPBM (Maroc) annonce une augmentation des salairesAu Maroc, les institutions bancaires emploient quelque 33 000 personnes. A partir du 1er juillet 2011, les salaires des employés de banque seront augmentés de 750 DH bruts. Cette décision, qui a été rendue publique, en milieu de semaine dernière par le Groupement professionnel des banques marocaines (GPBM), a été conclue aux termes d’un accord signé, mercredi 1er juin à Casablanca, avec l’Union syndicale interbancaire (USIB) de l’UMT. En effet, le mémorandum d’entente a été paraphé par Othmane Benjelloun et Mohamed Kettani, respectivement président et vice-président du GPBM, d’une part, et par Farouk Chahir, président de l’USIB, d’autre part. Notons que l’accord porte aussi sur la baisse du taux d’intérêt des prêts au logement (3,5% contre 3,75% auparavant), l’augmentation de 11% de la prime de panier (+20 DH), la régionalisation des œuvres sociales et la promotion de la formation.

De nouvelles licences bancaires au NigeriaTrois nouvelles licences bancaires ont été octroyées, mercredi 1er juin à Abuja, par la Central Bank of Nigeria (CBN) à des banques opérant dans le pays en conformité avec le régime mo-difié de banque universelle. Neuf banques ont reçu une licence bancaire internationale, six ont reçu leur agrément sur le plan national, tandis que deux autres ont obtenu leur licence pour une exploitation en tant que banques régionales (Trust Bank et la Banque Wema). En effet, la CBN a confirmé son approbation à la First Bank, FCMB, Stanbic IBTC et UBA pour garder leurs filiales et adopter une structure de holding. Kingsley Moghalu, vice-gouverneur de la Banque centrale en charge de la stabilité du système financier, a déclaré que la licence sur l’international a été accordée à Access Bank, Diamond Bank, Fidelity Bank, First Bank, First City Monument Bank (FCMB), Guaranty Trust Banque (Banque GT), Banque Skye, Zenith Bank, et United Bank for Africa. Les licences nationales accordées concernent principalement les banques étrangères, notam-ment Citibank, Ecobank, Stanbic IBTC, Standard Chartered, Sterling Bank et Unity Bank.

Les anciens chèques du système bancaire kenyan toujours valables L’association des banques du Kenya a indiqué, mardi 31 mai, que les anciens chèques resteront encore en cours. Le nouveau système mis en place remplacera donc l’ancien de manière pro-gressive. Les banquiers ont tenu à assurer que les contrôles rela-tifs à l’ancien système restent valables dans toutes les banques commerciales. Mais, à terme, ils ont averti que ces chèques cesseront d’être échangés à la chambre de compensation auto-matisée, parce que leur contrôle ne répond pas aux nouvelles normes de circulation des chèques. La nouvelle démarche re-pose sur le chèque troncature. Il s’agit d’un processus où les contrôles physiques sont convertis au format électronique. C’est une image qui est transmise par voie électronique à la chambre de compensation. Avec un tel système, la compensa-tion est plus rapide et peut s’effectuer le même jour. Il permet aussi de réduire les cas de fraude.

Les banques tanzaniennes pour une délivrance plus rapide des cartes d’identitéAfin d’éviter d’accorder des prêts à des étrangers sans scru-pules qui finissent par fuir sans rembourser, les banques commerciales opérant en Tanzanie ont demandé au gouver-nement d’accélérer la délivrance des cartes nationales d’iden-tité pour permettre aux prêteurs de connaître leurs clients. Laurent Mafuru, président de l’association des banquiers de Tanzanie et directeur général de la Banque nationale du commerce, a soutenu, mardi 31 mai à Dar es-Salaam, que les banques ont beaucoup pâti de la fraude d’étrangers. L’étude Tanzania Banking Survey 2011 a révélé une recrudescence d’emprunteurs défaillants, notamment d’étrangers qui ont quitté précipitamment le pays. L’association des banquiers rappelle que la National d’Identification Authority (NIDA) avait déclaré vainqueur, en avril dernier, la société malai-sienne, Iris Corp Bhd du premier lot de la confection de carte d’identité numérisée. Aussi, Shamsi Vuai Nahodha, ministre tanzanien de l’Intérieur, tablait naguère sur une livraison des cartes nationales d’identité au plus tard, avant la fin de cette année.

« De nombreux groupes ont déjà manifesté leur intérêt »

Les Afriques : A quelle étape est aujourd’hui le processus de res-tructuration des banques pu-

bliques BTD, UTB, BIA et BTCI, ceci depuis le vote par l’Assemblée natio-nale de la loi portant désengagement de l’Etat ?Adji Otèth Ayassor : Le processus de cession des banques publiques que vous avez énumérées avance normale-ment. Le processus a été lancé en 2009 et devait se terminer au second semestre 2010 ; mais pour des raisons liées au retard accusé dans l’adoption des textes devant régir ce processus, les délais fixés n’ont pas été respectés. Aujourd’hui c’est chose faite et les cabinets conseils ont repris les travaux qui devront abou-tir à la publication des avis de pré-quali-fication des candidats dans quelques se-maines. La commission de privatisation travaille actuellement sur les stratégies de privatisation des quatre banques et devrait rendre ses conclusions dans de brefs délais.

LA : Qu’est-ce qui explique cette lenteur ?AOA : Le texte ayant régi les privatisa-tions antérieures était une ordonnance devenue caduque. Il y avait un vide juridique qu’il fallait combler par une loi dont l’adoption a pris du retard en raison du calendrier très chargé de l’As-semblée nationale. En plus de cet argu-ment, il faut noter que la privatisation étant une technique délicate et com-plexe, il faut procéder à l’accomplis-sement des diligences y afférentes avec prudence, ce qui nécessite beaucoup de temps.

LA : Quel est le poids de ces quatre banques dans le secteur bancaire et aussi dans l’économie de votre pays ? Et quel devrait être le sort de chacune de ces banques au terme du processus ?AOA : En total de bilan au 31 décembre 2009, ces quatre banques représentent 55% du secteur bancaire au Togo. Elles constituent donc un pilier important de l’économie togolaise. Leur privatisation

aura, nous l’espérons, un impact direct sur cette économie. La privatisation de ces quatre banques entraînera le trans-fert de la majorité de leur capital à des investisseurs privés ayant les moyens et l’expérience nécessaires leur permettant de revitaliser ce secteur bancaire clef pour la relance de notre économie. Les modalités de ce transfert seront arrêtées prochainement par la commission de privatisation.

LA : Sur la cession de ces banques, le Premier ministre avait évoqué devant le Parlement, lors de la déclaration de sa politique générale, la nécessité d’un actionnariat national. Est-ce une piste ou une option privilégiée aujourd’hui dans le processus de privatisation de ces banques ?AOA : Les investisseurs togolais seront naturellement sollicités afin de par-ticiper à l’actionnariat de ces quatre banques. Ils pourront ainsi s’impliquer directement dans l’administration de ces banques aux côtés des investisseurs internationaux. Comme pour les autres investisseurs, leur offre sera jugée sur la base de leur capacité technique, leur plan d’entreprise et le montant financier proposé. En tout état de cause, un pour-centage du capital restant à définir sera garanti aux nationaux. Le gouverne-ment encourage les investisseurs togo-lais à s’impliquer dans les privatisations actuelles et futures. Il est naturel et très important que le Gouvernement encou-rage ses ressortissants à s’impliquer avec audace et créativité dans le développe-ment de l’économie nationale.

LA : Pensez-vous que des investisseurs togolais pourront se mobiliser suffi-samment pour traduire dans les faits de cette vision ?AOA : C’est notre souhait le plus ar-dent. Les appels d’offres transparents et ouverts à tous les investisseurs, dont

les investisseurs nationaux, appor-teront naturellement la réponse à cette question.

LA : Qui sont ceux qui se sont ma-nifestés déjà à cette fin ? Sont-ils en nombre impressionnant ?AOA : Si vous vendez votre maison, allez-vous indiquer aux visiteurs intéressés le nombre réel de pos-sibles acquéreurs ? La confidentia-lité reste l’une des clefs de la réus-site de ces futures privatisations. Toutefois, à ce stade, on peut indi-quer que tous les investisseurs sont les bienvenus et que la sélection des mieux disant se fera sur des bases transparentes et équitables. Le

Togo est une terre d’accueil stable et sé-curisée pour les investisseurs nationaux et internationaux. L’appel à manifesta-tion d’intérêt n’étant pas encore lancé, il serait imprudent de spéculer en avan-çant des chiffres. Je tiens cependant à vous rassurer que c’est une privatisation qui suscite déjà beaucoup d’engoue-ment de la part des investisseurs étran-gers et nationaux. Il ne pouvait en être autrement vu le capital de confiance que

le monde extérieur place aujourd’hui dans le Togo, grâce aux progrès et au succès des réformes engagées par le gouvernement sous l’impulsion du pré-sident Faure Essozimna Gnassingbe. Le Togo est de retour et il faudra compter avec lui.

LA : Bien évidemment, les investis-seurs étrangers ne manquent jamais de se bousculer aux portillons. Quels sont les banques étrangères qui sont inté-ressées et les potentiels repreneurs ?AOA : Il est vrai que de nombreux groupes, et pas des moindres, ont déjà manifesté leur intérêt. Mais il ne serait pas, à mon humble avis, indiqué de divulguer les noms ici avant les adjudi-cations, prudence exige. Le suspens ne tardera pas à être levé bientôt.

LA : On susurre une recherche, à terme, de repreneurs pour seulement certaines de ces banques publiques. Qu’est-ce qui motive cette restriction ?AOA : Le gouvernement a été clair sur la nécessité de privatiser les quatre banques, et sur la nécessité de conduire une procédure transparente de leur ces-sion. Que certains investisseurs fassent courir des rumeurs pour décourager des concurrents, cela fait malheureusement partie des règles du jeu pour ce type de transaction. Je vous invite à ne pas y prêter attention.

LA : Globalement, quel bilan faites-vous du processus de réformes du sec-teur des banques du Togo ? AOA : Le bilan de la réforme des banques est très positif. Cette réforme a concerné les établissements de cré-dit à capitaux publics, notamment les banques publiques. Il fallait un assainis-sement préalable de ce secteur bancaire, ce qui a été fait. En effet, avant 2007 certains établissements de crédit étaient à l’agonie. Il fallait les redresser. C’est pourquoi depuis 2007, nous avons lancé le redressement de l’UTB et la BTCI et racheté la BIA-Togo, une banque à l’époque privée, qui était en faillite et au bord du gouffre et que nous avons as-sainie aujourd’hui. Nous avons ensuite procédé au renforcement de la solva-bilité des banques par la titrisation des créances compromises de ces banques sur les entités publiques, ainsi que sur les entités du secteur privé. Il fallait assainir leur portefeuille en nettoyant les 120 milliards de créances douteuses accumulées depuis des années. En effet, l’Etat a été amené à injecter plus de 88 milliards à cet effet. Aujourd’hui, nous n’avons plus, au Togo, de banques sous surveillance rapprochée de la commis-sion bancaire, grâce à cet assainisse-ment. Le taux moyen de dégradation du portefeuille des banques togolaises est très proche des objectifs de la BCEAO, et la plupart de ces banques respectent les principaux ratios prudentiels. Une fois le processus de cession des banques publiques terminé, nous pensons que notre pays disposera d’une industrie bancaire saine et renforcée, pour soute-nir la croissance de notre économie. Le Togo est résolument en marche. Nous faisons tout pour préserver ses bonnes perspectives d’émergence qui pointent à l’horizon. Le secteur bancaire jouera un rôle clé dans cette émergence.

Entretien réalisé par Olivier Tovor, Lomé

Pour la privatisation des banques publiques togolaises : « …Tous les investisseurs sont les bienvenus… », selon Adji Otèth Ayassor, ministre togolais de l’Economie et des Finances.

« Il fallait un assainissement préalable

de ce secteur bancaire, ce qui a été fait. En effet,

avant 2007 certains établissements de crédit

étaient à l’agonie. Il fallait les redresser. »

« Les investisseurs togolais seront naturellement sollicités afin de participer à l’actionnariat de ces

quatre banques. »

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Les Afriques - N° 165 - 9 au 15 juin 2011 - 7BAnque

Banque africaine d’investissement (Angola) promeut l’artLe « BAI Art Prize » qu’organise la Banque africaine d’investis-sement en Angola (BAI) depuis plus d’une décennie, à Luanda, s’est déroulé du 3 au 7 juin, dans le nord de province de Cabinda. Cette année, cette récompense, qui vise à promouvoir l’art et la culture, a eu pour slogan « Investir dans les artistes locaux ». Pour l’édition 2011, la BAI a sélectionné les œuvres de huit artistes locaux qui touchent la sculpture et la peinture.

Rallonge de la BAD à Nexim Bank (Nigeria)

La Nigeria Export-Import Bank (Nexim) vient de bénéficier d’un prêt, avec une garantie souveraine, de 30 milliards de nai-ras de la Banque africaine de développement (BAD). Auprès de cet établissement bancaire, on apprend que ces fonds serviront à financer les petites et moyennes entreprises (PME) orientées vers l’exportation. Le Bureau fédéral nigérian des statistiques assure que les PME représentent l’essentiel du tissu écono-mique du pays (90% de l’ensemble). « Avec des financements adaptés, les PME exportatrices qui s’activent dans différents sec-teurs de l’économie, pourront ainsi contribuer de façon plus per-tinente au développement économique, à l’offre d’emplois, aux échanges extérieurs et à l’intégration commerciale régionale », souligne-t-on dans les milieux économiques nigérians. Ce prêt s’inscrit dans le droit fil de la nouvelle stratégie du gouverne-ment fédéral qui consiste à relancer l’économie en développant son secteur des PME, en particulier son sous-secteur orienté vers l’exportation.

Appel des compagnies pour un partenariat avec les opérateurs télécomsDans le cadre des efforts visant à augmenter le niveau de péné-tration de l’assurance sur le continent, les compagnies d’assu-rances d’Afrique ont décidé de s’associer à des facilitateurs de distribution, tels que les opérateurs de téléphonie mobile. Une telle stratégie a été développée à la 38ème conférence annuelle de l’Organisation des assurances africaines (OAA), récemment tenu à Victoria Falls au Zimbabwe. Elle a même fait partie de la résolution adoptée à l’issue de cette rencontre. Les partici-pants à la conférence ont également convenu de collaborer avec les différents canaux de distribution qui incluent des organi-sations religieuses, les écoles, les associations et le système de gouvernance en milieu rural. Aussi, il est ressorti de ce sympo-sium le consensus sur une réelle corrélation entre une crois-sance soutenue dans le secteur des assurances africaines et sa contribution significative au produit intérieur brut (PIB), qui n’en serait que majorée, en saisissant les formidables opportu-nités présentées par des solutions de micro-assurance.

PenCom (Nigeria) incite les fonctionnaires à s’inscrireLa Commission nationale de retraite du Nigeria (PenCom) a invité les fonctionnaires (travailleurs du gouvernement fédéral, des ministères et autres agences) à s’inscrire, afin de ne pas être ignorés lors de l’émis-sion d’obligations de retraite, par le Trésor du 13 juin au 22 juillet 2011. Muhammad Ahmad, directeur général PenCom, a tenu à souligner que « seuls les travailleurs qui ont participé à l’exercice, pourront bénéficier de cette émission d’obligations par le gouvernement fédéral ». En principe, les inscriptions auront lieu dans 16 centres à travers le pays, pour faciliter l’accès pour les participants, selon les responsables.

Algérie : la « tripartite » lève partiellement l’obligation du crédit documentaire

Le gouvernement algérien renonce à l’obligation de recourir au cré-dit documentaire comme unique

moyen de financement des importa-tions. Une obligation introduite en juil-let 2009 dans le but, affiché à l’époque par l’exécutif algérien, d’endiguer des importations de marchandises en pleine explosion et dont le montant, stabilisé

depuis lors, frôle les 40 milliards de dol-lars par an.Les entreprises de production de biens et de services pourront désormais impor-ter leurs équipements, intrants et autres produits destinés à la production, en ayant recours à la remise documentaire. Une décision qui donne satisfaction à la principale organisation patronale, le Forum des chefs d’entreprises (FCE), qui préconisait depuis de nombreux mois la mise en place de ce mode de finance-ment. « Avec le crédoc, l’importateur est obligé de déposer son argent et d’attendre sa marchandise deux à trois mois, tandis qu’avec la remise documentaire, ce n’est qu’à l’arrivée de la marchandise que le banquier exige le paiement », explique Réda Hamiani, le président du FCE.En cas d’importations urgentes, les en-treprises de production pourront égale-ment recourir à la procédure du transfert libre dans la limite d’un montant de 4 millions de dinars (40 000 euros) par an.Ces différentes mesures d’assouplisse-ment ne s’appliquent qu’aux entreprises de production et les importations des-tinées à la revente en l’état demeurent soumises au paiement par crédit documentaire.

Surcoûts dans la chaîne d’approvisionnement L’obligation de recourir au crédit docu-mentaire, introduite sans aucun préavis au cœur l’été 2009 par une loi de finance complémentaire, avait fait souffler un vent de panique chez l’ensemble des opé-

rateurs économiques nationaux, en pro-voquant notamment le blocage de leurs marchandises dans les ports algériens et étrangers. Dans les banques algériennes, elle avait causé d’abord un allongement des délais de traitement des dossiers qui ont pu atteindre dans certains cas jusqu’à un mois. Le nombre des lettres de cré-dit traitées par les banques a été multi-

plié par dix dans certains établissements qui ont du s’adapter dans l’urgence à la nouvelle réglementation en renforçant les effectifs et en formant du person-nel. Il a fallu attendre les premiers mois de l’année 2010 avant qu’un retour à la normale en matière de délais de traite-ment soit enregistré dans la plupart des établissements.L’obligation de payer les importations par lettre de crédit depuis août 2009 a provoqué en outre des surcoûts dans la

chaîne d’approvisionnement de l’appa-reil de production national. Une source proche du Forum des chefs d’entreprise les évalue à 400 millions de dollars par an. Le patron d’une entreprise spéciali-sée dans l’importation de matières pre-mières industrielles explique : « Les frais d’approche pour l’importation de nos matières premières ont doublé avec l’obli-gation du paiement par lettre de crédit. Ils

sont passés de 5 à 6% du coût de la tran-saction à plus de 10%. »

Bonne affaire pour les banquesSi les entreprises nationales, de pro-duction notamment, avaient de bonnes raisons de s’en plaindre, les banques al-gériennes se sont en revanche bien adap-tées au crédit documentaire.Aujourd’hui, ce sont plus de 10 000 lettres de crédit qui sont traitées chaque mois par le secteur bancaire algérien. On estime que les banques privées réa-lisent dans ce domaine près de 30% de part de marché. Une performance qui est attribuée à la célérité qui caractérise l’exécution des opérations ainsi qu’à des coûts très compétitifs, notamment dans le cas des grandes banques comme BNP Paribas, City bank ou HSBC qui peuvent s’appuyer sur un réseau interna-tional permettant de réduire les coûts de confirmation La revue interne d’une des banques privées les plus en vue dans le domaine du commerce extérieur, Algeria Gulf Bank(AGB), relève que le nouveau cadre réglementaire a été à l’origine d’une aug-mentation très sensible du nombre des opérations traitées par la banque qui sont passées de 3260 en 2009 à plus de 11 600 en 2010. Cette augmentation du nombre des opérations traitées par les services de la banque s’accompagne d’un accroissement important de leur volume global qui s’est établi à près de 1,9 mil-liard de dollars en 2010 contre 900 mil-lions de dollars en 2009.

L’effet recherchéPour beaucoup d’observateurs les der-nières décisions des autorités algériennes ne sont sans doute qu’une étape. Des voix se sont déjà élevées au sein des milieux patronaux pour regretter l’exclusion des importations destinées à la revente en l’état. Une restriction qui pourrait s’avé-rer préjudiciable pour l’appareil de pro-duction et manquer l’effet recherché. En effet, une proportion importante des ap-provisionnements en matières premières des entreprises de production algé-riennes (agroalimentaire, chimie, phar-macie, etc.) s’effectue en dinars, auprès d’importateurs spécialisés qui restent exclus du bénéfice de ces mesures. Le re-tour pur et simple au régime du transfert

libre, en vigueur avant l’été 2009, est éga-lement réclamé par de nombreux opéra-teurs économiques qui souhaitent ainsi mettre à profit les meilleures dispositions en faveur du dialogue avec le monde de l’entreprise, affichées récemment par les pouvoirs publics algériens.

Hassan Haddouche, Alger

C’est la mesure phare annoncée à la suite de la réunion tripar-tite gouvernement-patronat-syndicat, organisée le 28 mai der-nier, et placée cette année, selon le vœu exprimé par le prési-dent Bouteflika lui-même, sous le signe de : « L’amélioration du climat des affaires. »

« Avec le crédoc, l’importateur est obligé de déposer son argent et d’attendre sa marchandise de deux à trois mois, tandis qu’avec la remise documentaire, ce n’est qu’à l’arrivée de la marchandise que le banquier exige le paiement. »

La réunion tripartite, organisée le 28 mai

dernier.

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8 - Les Afriques - N° 165 - 9 au 15 juin 2011 Bourses

Fonds Afrique

Name2010-12-31 2011-05-30

2010-05-31 2011-05-30

2008-06-02 2011-05-30

DomicileRating Overall

RE:CM Global FF A 1.37 2.51 7.38 South Africa 2Coronation Global Managed [ZAR] A -0.94 2.97 South AfricaOld Mutual Intl Gth FoF A -1.00 6.10 1.24 South Africa 1Coronation Optimum Growth A -1.37 3.05 4.57 South Africa 2Prescient Glbl Growth FF A1 -2.01 0.67 -2.10 South Africa 1Arisaig Africa USD -2.46 5.27 3.40 Mauritius 5Plexus International Allrounder FoF -2.49 1.84 -0.26 South Africa 1Coronation Global Capital Plus [ZAR] A -2.67 -1.28 South AfricaEfficient Active Allocation -3.30 South Africa 3ABSA International FoF A -3.37 0.94 -2.67 South Africa 1RMB World Wide Flexible -3.42 7.84 5.82 South Africa 2PSG Alphen Foreign Flex FoF -3.78 -3.32 0.81 South Africa 1Nedgroup Inv Bravata Ww Flex A -4.13 2.62 9.38 South Africa 2FG International Flexible FoF A -4.17 -2.68 1.97 South Africa 2Flagship IP Worldwide Flexible -4.98 6.70 -2.15 South Africa 1Lynx Global Diversified FoF A1 -5.20 -5.95 7.22 South Africa 2Flagship IP Worldwide Flexible FoF -5.30 -1.94 8.47 South Africa 2Four Plus Global FoF A -5.39 8.78 6.58 South Africa 2Truffle Flexible A -5.43 South AfricaBateleur Flexible A1 -5.59 South Africa36ONE Flexible Opportunity A -5.93 16.19 15.41 South Africa 4Midas Foreign Flexible FoF -5.94 -6.46 2.54 South Africa 1PSG Flexible -6.02 18.68 21.58 South Africa 4STANLIB Equity R -6.18 16.06 3.49 South Africa 1BlueAlpha All Seasons -6.34 12.56 13.66 South Africa 5SIM Top Choice Equity A1 -6.41 14.63 15.18 South Africa 4Allan Gray Equity A -6.43 14.11 13.74 South Africa 4Africa Emerging Markets -6.49 0.32 -0.29 Cayman Islands 4ABSA Rand Protector -6.51 15.94 11.30 South Africa 4Nedgroup Inv Rainmaker A -6.52 16.70 13.75 South Africa 5BlueAlpha Oyster Wwide Inst Flex -6.59 15.57 16.75 South Africa 4SIM Inflation Plus -6.71 5.21 13.12 South Africa 3Foord Flexible FoF R -6.77 11.94 15.89 South Africa 4Coronation Market Plus -6.84 13.26 17.68 South Africa 4BJM Multi-Manager Equity B1 -6.86 10.56 8.80 South Africa 3Discovery Equity -6.89 16.58 24.03 South Africa 5Personal Trust Managed -6.90 9.59 12.45 South Africa 3CFG Emergence MAD Acc -6.97 -9.06 -3.72 MoroccoCoronation Top 20 A -6.98 17.12 20.88 South Africa 5Amity Flexible Growth FoF -7.04 12.55 13.61 South Africa 3Renaissance Sub-Saharan A -7.07 LuxembourgDotport Dynamic Flexible FoF -7.16 7.37 16.21 South Africa 4Quantum Worldwide Flexible FoF -7.40 6.21 0.40 South Africa 1Investec Opportunity R -7.40 8.65 14.10 South Africa 5Celtis Flexible FoF A -7.41 11.05 11.57 South Africa 3SIM General Equity R -7.43 15.79 15.54 South Africa 4Melville Douglas Dyn Strat A -7.43 14.65 10.58 South Africa 3Momentum Accumulator FoF -7.45 10.12 12.66 South Africa 3RE:CM Global Flexible A -7.45 4.96 South AfricaPrudential Equity A -7.46 17.01 15.82 South Africa 4AS Forum Aggressive FoF -7.49 11.17 10.89 South Africa 2Dynasty Wealth Accumulator FoF A1 -7.50 South AfricaVPFP CPI Plus 6 FoF A -7.50 8.28 11.97 South AfricaSIM Mgd Aggressive FoF A1 -7.53 9.82 15.28 South Africa 4Metropolitan Multi-Manager Equity -7.62 15.79 14.30 South Africa 4Truffle General Equity A -7.65 South AfricaAylett Equity A3 -7.67 12.17 20.75 South Africa 5Orange Absolute Return -7.67 5.77 South AfricaVerso MM Secure Growth FoF -7.68 3.21 14.49 South Africa 3Investec Equity R -7.68 12.37 6.59 South Africa 3Kagiso Equity Alpha -7.73 14.01 16.70 South Africa 5PCA Africa -7.73 12.69 TaiwanIntervest Flexible FoF E -7.75 8.14 South AfricaSanlam Namibia Infl Linked A -7.76 5.76 14.92 Namibia 4Nedgroup Inv XS Accelerated FoF A -7.77 11.94 14.33 South Africa 4PSG Macro Active FoF -7.77 1.05 6.14 South Africa 2NFP Assertive FoF A -7.78 12.43 13.73 South Africa 3Prudential Dividend Maximiser A -7.80 15.61 15.91 South Africa 4STANLIB MM All Stars Eq FoF A -7.81 15.20 13.69 South Africa 4Momentum Aggressive Equity FoF B1 -7.81 13.90 11.28 South Africa 3Sanlam Namibia Growth -7.82 13.56 15.59 Namibia 4PSG Balanced A -7.84 9.59 15.20 South Africa 4Old Mutual Investors R -7.90 14.19 11.88 South Africa 3RMB Value -7.90 17.47 11.43 South Africa 4SMM Institutional General Equity 1 B2 -7.92 14.87 13.62 South Africa 4PSG Alphen Equity FoF A -7.92 12.99 10.76 South Africa 2RMB Balanced R -7.95 6.68 11.63 South Africa 3Seed Flexible -7.98 South AfricaRMB High Tide A -8.01 6.64 12.91 South Africa 4Bastion Worldwide Flexible FoF A -8.01 3.70 8.73 South Africa 3Southern Charter Growth FoF -8.05 10.98 12.92 South Africa 436ONE Target Return -8.09 14.41 20.74 South Africa 4Stringfellow Flexible FoF -8.09 11.05 8.97 South Africa 2Platinum Flexible Growth FoF -8.10 7.51 12.64 South Africa 3FNB Namibia General Equity -8.11 10.55 12.63 Namibia 3Coronation Absolute A -8.13 11.63 16.74 South Africa 4Longitude Flexible A1 -8.18 16.38 South AfricaVisio Actinio A -8.18 13.62 16.81 South Africa 4Insight Capital Flexible FoF -8.19 -0.83 South AfricaRMB Strategic Opportunities R -8.19 14.28 13.39 South Africa 3Centaur Flexible -8.20 20.27 20.58 South Africa 4Rezco Value Trend -8.22 8.29 11.84 South Africa 5RCI Flexible Managed -8.23 13.01 5.93 South Africa 2STANLIB MM Balanced A -8.27 9.46 11.83 South Africa 3Inv Solutions MM Equity A -8.29 14.12 12.32 South Africa 3PPS Managed Flexible -8.31 9.28 11.50 South Africa 3Imalivest Flexible -8.32 10.39 13.75 South Africa 4RMB Equity R -8.34 11.93 10.11 South Africa 3Momentum Mod Equity FoF B1 -8.34 14.39 11.37 South Africa 3Analytics Flexible FoF A -8.34 3.09 3.72 South Africa 2Ankh Foreign Flexible FoF A -8.34 -11.19 0.91 South Africa 1SMM Institutional Positive Return 1 B3 -8.35 0.81 11.58 South Africa 3Dynamic Wealth Optimal A -8.35 12.62 9.29 South Africa 2Personal Trust SA Equity -8.38 12.42 South Africa

Element Flexible A -8.40 0.82 11.11 South Africa 3Plexus Sprinter FoF -8.41 5.89 South AfricaSelect Manager Defensive Equity FoF -8.43 12.85 11.78 South Africa 3Nedgroup Inv XS Core Diversified B -8.44 8.48 South AfricaMitonOptimal IP Worldwide Flexible FoF -8.44 4.73 South AfricaABSA Managed A -8.45 8.94 South AfricaOasis General Equity -8.50 12.15 12.01 South Africa 4Personal Trust Active FoF -8.50 12.37 12.89 South Africa 3Noble PP All Weather FoF A -8.51 7.84 13.01 South Africa 3PSG Konsult Creator FoF A -8.52 14.08 13.63 South Africa 4Old Mutual Top Companies R -8.53 12.85 13.20 South Africa 3Imara Equity -8.54 16.40 18.12 South AfricaOld Mutual RAFI 40 Tracker A -8.56 13.78 13.40 South Africa 3Momentum Aggressive Prudential FoF B1 -8.57 10.00 11.23 South Africa 3Select Manager Flexible Growth FoF -8.58 10.09 13.16 South Africa 3Prescient Eqty Quant A1 -8.58 15.57 8.09 South Africa 3Lion of Africa Real Rtn CPI+5 -8.61 2.39 14.18 South Africa 4Carinus Strydom CS Flexible FoF A -8.61 6.68 9.87 South Africa 3Verso MM Managed Equity FoF A -8.63 6.06 12.50 South Africa 3FNB Growth -8.63 13.39 11.06 South Africa 3Investec Growth R -8.63 14.63 7.66 South Africa 3SYmmETRY Equity FoF A -8.70 12.46 12.75 South Africa 3Skyblue Cumulus Moderate FoF -8.70 2.40 13.50 South Africa 4RMB High Dividend -8.70 3.38 11.67 South Africa 3FG Mercury Equity FoF A1 -8.71 13.70 10.70 South Africa 3Alphen Equity Builder -8.74 14.36 South AfricaNedgroup Inv Growth R -8.76 13.60 13.64 South Africa 4Glacier FS Flexible FoF -8.76 8.94 10.18 South Africa 4SIM Value R -8.76 12.63 17.21 South Africa 4SMMI Equity FoF A -8.77 12.03 12.09 South Africa 3STANLIB ALSI 40 A -8.79 15.38 7.80 South Africa 2Verso LT SA Equity A -8.80 12.23 South AfricaOld Mutual Top 40 A -8.80 15.26 7.15 South Africa 2RMB Top 40 Index -8.81 15.13 6.79 South Africa 2NeFG Flexible -8.82 11.50 South AfricaKagiso Top 40 Tracker -8.82 15.33 7.22 South Africa 2Old Mutual Growth R -8.84 12.42 13.34 South Africa 4Sanlam Growth Institutional B1 -8.88 17.90 18.35 South Africa 5Old Mutual Value R -8.88 11.31 13.46 South Africa 3RMB Structured Equity -8.89 14.35 7.15 South Africa 2RMB Small/Mid-Cap A -8.91 14.57 17.00 South Africa 44i Opportunity A -8.92 14.65 16.63 South Africa 4Old Mutual Nam Growth -8.94 13.38 9.64 Namibia 2ABSA Managed CPI + 7% FoF A -8.97 8.52 13.84 South Africa 4Momentum MultiFocus FoF -8.99 11.79 10.92 South Africa 3JM Busha Real Return -8.99 4.08 13.94 South Africa 4STANLIB MM Inflation Plus 5 FoF B1 -9.00 4.11 11.68 South AfricaOld Mutual Flexible R -9.01 10.68 12.94 South Africa 4STANLIB Inflation Plus 3% A -9.02 2.46 11.56 South Africa 3SIM Index R -9.02 15.04 6.71 South Africa 1Sanlam Multi Mgd Aggressive FoF A1 -9.04 South AfricaPPS Equity -9.07 13.95 9.38 South Africa 2Efficient Inflation Plus 6 FoF -9.07 South AfricaPSG Equity A -9.11 16.84 15.25 South Africa 3Investec Value R -9.11 15.99 23.64 South Africa 5Lynx Opportunities FoF A1 -9.12 13.00 South AfricaSIM Equally Weighted Top 40 Index A1 -9.15 South AfricaMitonOptimal IP Flexible FoF -9.18 4.11 11.44 South Africa 3Financial Alliance Flexible FoF -9.18 11.55 11.43 South Africa 3STANLIB SA Equity R -9.19 14.40 1.43 South Africa 2Nedgroup Inv Quants Core Eq A -9.26 13.73 14.76 South Africa 4Coronation Equity R -9.26 16.81 17.48 South Africa 4Hermes Managed A -9.27 7.57 13.50 South Africa 4Hermes Osborne Flexible A1 -9.30 7.92 7.62 South Africa 3African Frontiers B -9.32 -9.55 IrelandXhilarator Multi-SA Flex FoF -9.32 -4.84 5.53 South Africa 2Cadiz Inflation Plus -9.33 8.71 18.67 South Africa 5BoE Enhanced High Growth FoF -9.33 12.77 11.84 South Africa 4Noble PP Wealth Creator FoF A -9.33 4.72 13.20 South Africa 4Allan Gray Optimal A -9.35 -1.88 14.37 South Africa 3Foord Equity R -9.36 16.74 16.46 South Africa 4STANLIB MM Equity A1 -9.36 12.73 11.48 South Africa 2Sasfin Equity -9.39 16.67 9.06 South Africa 2ABSA General R -9.40 12.64 12.85 South Africa 3RMB Absolute Focus A -9.41 -1.71 12.38 South Africa 3SMM Institutional Positive Return 3 B3 -9.41 13.70 22.86 South Africa 5Investec Africa I -9.41 -0.79 -8.30 South Africa 1Analytics Managed Equity A -9.44 14.73 13.23 South Africa 3Huysamer Equity A1 -9.47 14.70 9.96 South Africa 3Gryphon All Share Tracker -9.48 14.97 8.60 South Africa 2MAM Actions Afrique -9.49 FrancePrime General Equity B -9.50 15.32 South AfricaOld Mutual Active Quant Equity A -9.51 13.27 11.77 South Africa 3Efficient Equity -9.52 South Africa 3STANLIB MM Real Return A -9.57 3.25 16.51 South Africa 4MI-PLAN IP Inflation Plus 7 A1 -9.58 7.77 11.62 South Africa 3Sasfin Value -9.59 15.48 7.32 South Africa 1GCI Flexible FoF -9.60 2.10 11.51 South Africa 3Harvard House General Equity -9.60 14.77 10.01 South Africa 3ABSA Flexible -9.60 12.65 7.86 South Africa 3Stewart Macro Equity FoF A -9.61 12.14 7.20 South Africa 2Kruger Flexible FoF A -9.61 10.38 7.73 South Africa 2BoE Growth FoF -9.61 11.55 14.77 South Africa 5Old Mutual High Yield Opp A -9.63 13.48 19.85 South Africa 4BoE Core Equity -9.64 14.34 7.68 South Africa 3STANLIB Index R -9.65 13.88 8.45 South Africa 2Silk African Lions I -9.66 -5.87 LuxembourgNedgroup Inv Balanced A -9.68 8.13 10.65 South Africa 3Nedgroup Inv Entrepreneur R -9.69 14.38 10.68 South Africa 4Efficient Flexible FoF A -9.71 9.88 4.03 South Africa 1APS Managed Growth FoF A -9.76 9.79 11.92 South Africa 3Avocado Dynamic FoF A -9.76 8.39 4.83 South Africa 2Alquity SICAV Alquity Africa B$ Acc -9.78 LuxembourgOld Mutual Small Companies R -9.78 14.40 14.95 South Africa 3Allan Gray Africa Equity (Rand) -9.80 12.57 15.40 Bermuda 5STANLIB Medical Investment B1 -9.82 1.59 12.31 South Africa 3Efficient Prudential -9.84 10.07 7.33 South Africa 2Element Earth Equity A -9.89 7.48 12.86 South Africa 3NeFG Equity -9.89 11.18 South AfricaMarriott Dividend Growth R -9.92 13.75 26.31 South Africa 4Indequity Technical -9.94 9.79 5.37 South Africa 2Huysamer Flexible A1 -9.94 13.25 9.78 South Africa 3Plexus RAFI® Enhanced SA Strategy A -9.94 11.93 14.93 South Africa 4STANLIB Mod Aggressive FoF A -9.95 8.68 7.39 South Africa 2Kagiso Protector -9.96 4.04 9.93 South Africa 3ABSA Allrounder FoF -9.97 8.92 5.76 South Africa 3Investec Africa A Acc Gross USD -10.00 -1.87 -7.24 Guernsey 2ABSA Prudential FoF -10.02 7.33 10.45 South Africa 3

Dibanisa Absolute Return A -10.02 2.74 12.74 South Africa 3Huysamer Opportunity A1 -10.03 10.67 12.45 South Africa 4MI-PLAN IP Beta Equity A1 -10.06 11.11 9.44 South Africa 3Nedgroup Inv Equity R -10.07 14.43 13.44 South Africa 3ABSA Select Equity -10.14 13.54 18.28 South Africa 5Skyblue Solar Flexible FoF -10.16 5.77 11.96 South Africa 3Plexus Allrounder -10.16 1.42 South AfricaCannon Core Companies -10.16 10.77 8.29 South Africa 2Nedgroup Inv Value R -10.17 14.48 21.16 South Africa 5Investec SA Value Z -10.21 South AfricaPrescient Eqty Active Quant A1 -10.26 12.79 11.12 South Africa 3Inv Solutions RR Focus A -10.26 2.79 16.76 South Africa 4Interneuron Managed -10.31 4.13 1.74 South Africa 1Afena Equity A1 -10.33 9.43 13.27 South AfricaFlagship IP Prudential Variable -10.43 8.03 -0.68 South AfricaAnglorand Growth -10.44 -4.62 7.83 Namibia 2ClucasGray Future Titans A1 -10.47 8.63 South Africa27Four Active Equity A1 -10.53 12.51 South AfricaInterneuron Capital Equity -10.64 9.12 3.10 South Africa 1Dynamic Wealth Value -10.65 11.92 11.52 South Africa 3SMM Institutional Aggr Equity 1 B2 -10.68 13.14 13.58 South Africa 4Noble PP Flexible A -10.72 1.13 South AfricaSTANLIB Aggressive FoF A -10.73 9.36 5.68 South Africa 2Community Growth Equity -10.75 9.49 9.55 South Africa 3Interneuron Freestyle -10.81 6.09 3.35 South Africa 2IMC Worldwide Flexible FoF -10.82 0.24 2.98 South Africa 2STANLIB Growth R -10.85 9.09 4.54 South Africa 2CAM Optima Institutional -10.85 10.42 16.14 South Africa 4STANLIB Managed Flexible A -10.92 0.67 9.68 South Africa 2Investec Emerging Companies R -10.99 14.39 7.64 South Africa 3DWS Invest Africa A2 -11.01 7.38 LuxembourgCoris Capital General Equity -11.12 11.36 14.74 South Africa 3Lion of Africa General Equity -11.12 9.17 8.71 South Africa 2Investec Active Quants R -11.14 11.07 7.70 South Africa 3Hermes Equity A -11.15 9.89 10.50 South Africa 4Cannon Equity A -11.26 8.62 8.87 South Africa 2RE:CM Flexible Equity B -11.29 6.35 South AfricaABSA Growth FoF -11.34 9.32 3.97 South Africa 2Metropolitan General Equity -11.37 10.52 10.41 South Africa 2UBS (CH) EF South Africa P -11.40 7.94 7.95 Switzerland 2BPI Africa FI -11.45 2.56 PortugalStandard Bank South Africa Eq A USD -11.49 7.03 -5.75 Ireland 1Wallberg African All Stars I -11.55 0.38 LuxembourgCadiz Mastermind A -11.58 10.90 16.22 South Africa 3STANLIB Quants A -11.59 6.70 7.81 South Africa 2BoE Small & Mid Cap Equity -11.65 12.42 15.39 South Africa 4STANLIB Value A -11.71 8.49 9.68 South Africa 3Nomura South Africa Resources Rel Eq -11.80 JapanJB African Equity C -11.83 1.29 LuxembourgInvestec Pan Africa S Acc Gross USD -11.86 -1.73 -2.57 Guernsey 3Indequity Dynamic FoF -11.86 8.13 7.75 South Africa 2CapitalA South Africa Equity fund -11.99 JapanNeptune Africa A -12.10 United KingdomMetropolitan High Dividend -12.27 11.14 15.37 South Africa 3Pan African B -12.32 -4.24 IrelandSIM Small Cap R -12.47 8.49 8.15 South Africa 3Ankh Prudential -12.48 -1.16 South AfricaNikko Africa Equity -12.54 -0.12 JapanSanlam African Frontier Markets A GBP -12.67 -13.11 IrelandInvestec GSF Africa Opportunities A USD -12.80 LuxembourgSJAM Pan Africa Equity Fund -12.86 JapanCoronation Smaller Companies -12.90 11.07 16.86 South Africa 3Nordea-1 African Equity BI -12.94 -2.96 LuxembourgE.S. África FI -13.00 -13.12 LuxembourgNFB Equity A2 -13.12 4.01 South AfricaE.S. África FEI -13.35 -6.56 -4.64 Portugal 4Renaissance Pan-African A -13.36 LuxembourgJPM Africa Eq A (acc)-USD -13.37 3.60 6.75 LuxembourgCarnegie Afrika -13.92 1.20 -5.40 Sweden 3Standard Bank Africa Equity A USD -13.99 -9.67 -21.88 Ireland 1Metropolitan Inst Flexible -14.00 2.08 13.10 South Africa 3Invest AD Emerging Africa USD A/I -14.21 -12.41 Cayman IslandsCapstone Active Equity FoF -14.38 5.04 12.38 South Africa 3ICECAPITAL Africa A -14.46 -9.34 -22.20 Finland 2Maestro Equity A -14.48 8.58 5.67 South Africa 1Efficient Active Quant -15.06 3.88 South AfricaSTANLIB Nationbuilder A -15.14 3.53 -7.65 South Africa 1Tri-Linear Equity -15.72 -7.57 -0.02 South Africa 1RMB Protected Dividend A -15.84 -5.95 9.77 South Africa 4Robeco Afrika Fonds A -16.42 2.61 NetherlandsSwedbank Robur Africa -16.59 0.29 -5.74 Luxembourg 3STANLIB Small Cap A -16.64 -0.86 -16.71 South Africa 1Magna Africa C -16.89 1.70 -5.67 Ireland 3Nestor Afrika Fonds B -17.04 -11.89 LuxembourgSimplicity Afrika -17.06 2.20 -6.26 Sweden 3Intereffekt Emerging Africa EUR -18.50 -18.90 -16.49 Netherlands 2

Fonds MENA

Name2010-12-31 2011-05-30

2010-05-31 2011-05-30

2008-06-02 2011-05-30

DomicileRating Overall

LHV Persian Gulf A 0.38 17.97 -11.16 Estonia 3Mashreq Arab Tigers Funds -3.45 -5.73 IrelandEMM Middle East B -4.73 0.16 -14.28 Ireland 1FT Emerging Arabia -6.22 6.86 -18.86 LuxembourgPictet-MENA-HP EUR -6.57 9.07 LuxembourgAmundi Oasis MENA SGD -6.81 1.69 -11.91 Singapore 2CompAM Multi Eq Africa & MidEast A € -7.34 0.76 LuxembourgCIMB-Principal MENA Equity -7.79 -0.54 -13.06 Malaysia 2Ocean Fund Eqs MENA Opportunities A -8.01 -0.35 -13.65 LuxembourgEmirates MENA Top Comps A USD Daily -8.93 -15.61 -12.58 Jersey 3Shuaa Arab Gateway -9.06 2.45 -16.32 British Virgin Is. 1SGAM Fund Eqs MENA AE -9.82 -3.61 -15.69 LuxembourgUniEM Middle East & North Africa -9.94 -3.75 LuxembourgBNP Arab Equity -10.21 -4.55 JapanEurovalor África y Oriente Medio FI -10.38 SpainMeridio ArabWorld P -11.00 -8.10 -14.19 Luxembourg 1Investec Africa & Middle East I Acc Net -11.02 -5.78 1.29 United KingdomT. Rowe Price Mid East & Africa Eq I -11.59 -6.29 -14.38 Luxembourg 2Schroder ISF Middle East EUR A -12.05 0.98 -7.98 Luxembourg 3TNI MENA UCITS Fund -12.08 IrelandSilk Arab Falcons I (EUR) -12.32 -7.55 LuxembourgFranklin MENA A Acc $ -12.76 -5.66 LuxembourgApius Avenir Afrique -13.01 -8.45 FranceInvestec GSF Africa & Mid East A Gr Acc -13.48 -9.83 1.96 Luxembourg 5Sydinvest Afrika & Mellemøsten -13.51 -2.64 -8.78 Denmark 3WIOF Middle East Performance Fund A -13.54 -7.91 Luxembourg

Les fonds avec

Page 9: Jean Ping : « Sur la Libye, enTrePrises la feuille de

Les Afriques - N° 165 - 9 au 15 juin 2011 - 9Bourses

ESPA Stock Mid East and Africa Mkts A -13.86 -2.21 -8.04 Austria 4SSgA Global Emerging Markets Index Eq P -14.07 4.75 6.69 France 5BG Selection Africa&Middle East Eqs AX -14.07 -3.65 -6.74 Luxembourg 4Baring MENA Fund A EUR -14.25 -4.81 IrelandING Middle East & Africa -14.39 -0.28 TaiwanDeka-MiddleEast and Africa CF -15.40 -9.38 -7.42 Luxembourg 3Sarasin GCC Equity Opportunities (USD) A -15.42 -15.17 LuxembourgFIM Sahara -15.86 -3.06 -11.90 Finland 3Investec GSF MENA A Gross -16.71 -12.91 -6.21 Luxembourg 4JPM Emerging Middle East Eq A (dist)-USD -17.20 -5.77 -4.75 Luxembourg 4Abancna DZU Delniški Pasivni Afrika & ME -17.60 -11.93 Slovenia

Fonds islamiques

Name2010-12-31 2011-05-30

2010-05-31 2011-05-30

2008-06-02 2011-05-30

DomicileRating Overall

BNI Dana Plus Syariah 2.03 11.30 6.80 Indonesia 1Mandiri Investa Dana Syariah 1.37 2.70 IndonesiaPRUdana dinamik 0.75 13.11 14.38 Malaysia 4PNM Amanah Syariah 0.72 1.23 16.34 Indonesia 4TRIM Syariah Berimbang 0.62 23.18 10.87 Indonesia 1Hong Leong Dana Maarof 0.52 10.37 14.01 Malaysia 4AmIslamic Balanced 0.03 11.42 11.06 Malaysia 4AMB Dana Ikhlas -0.11 15.13 15.80 Malaysia 3Avenue SyariahExtra -0.14 11.73 7.15 Malaysia 2ASM Syariah Dividend -0.38 12.87 MalaysiaDana Makmur Pheim -0.85 10.10 11.70 Malaysia 3Apex Dana Al-Faiz-i Inc -1.04 9.34 15.11 Malaysia 5ING Shariah Balanced -1.63 8.13 7.18 Malaysia 2CIMB Islamic Enhanced Sukuk -1.98 6.02 12.28 Malaysia 3PNM Syariah -2.10 10.02 8.71 Indonesia 1Schroder Syariah Balanced -2.19 8.96 IndonesiaAlliance Dana Alif -2.25 5.43 12.06 Malaysia 2Public Islamic Enhanced Bond -2.60 0.12 10.17 Malaysia 3MAAKL Al-Umran -2.64 10.76 15.97 Malaysia 4PRUdana al-islah -2.69 10.42 12.92 Malaysia 3Reksa Dana Syariah Batasa Kombinasi -2.82 1.32 -8.19 Indonesia 1Cipta Syariah Balance -3.01 17.35 15.42 Indonesia 2Danareksa Syariah Berimbang -3.11 12.60 20.45 Indonesia 2Public Islamic Balanced -3.18 5.24 9.28 Malaysia 3ASBI Dana AL-Munsif -3.18 4.41 7.86 Malaysia 3CIMB Islamic Balanced -3.30 7.81 10.26 Malaysia 3Dana Islamiah Affin -3.39 6.94 9.12 Malaysia 3Apex Dana Aslah -3.43 7.81 17.26 Malaysia 5ASBI Dana AL-Falah -3.94 6.32 11.42 Malaysia 4RHB Mudharabah -4.16 10.10 13.20 Malaysia 4OSK-UOB Muhibbah Income -4.16 0.36 5.55 Malaysia 2Emirates Islamic Global Balanced B Daily -4.19 -5.87 JerseyPacific ELIT Dana Aman -4.20 13.94 MalaysiaIPB Syariah -4.34 13.45 16.34 IndonesiaCIMB Islamic Balanced Growth -4.36 13.95 11.70 Malaysia 3TA Dana Optimix -4.69 13.24 15.47 Malaysia 3Pacific ELIT Islamic AsiaPac Balanced -4.84 4.27 MalaysiaMega Dana Saham Syariah -5.50 13.91 IndonesiaOasis Crescent Worldwide Flexible FoF -6.11 11.37 7.09 South Africa 2TA Asia Pac Islamic Balanced -7.04 2.86 7.59 Malaysia 3Pheim Asia ex-Japan Islamic -7.15 5.37 5.22 Malaysia 2Public Islamic Asia Balanced -7.31 0.42 4.85 Malaysia 2Crescent Bal Progressive FoF -7.46 9.43 8.33 South Africa 1Kenanga Islamic Balanced -7.52 10.01 12.21 Malaysia 3Element Islamic Balanced A -9.18 0.61 South AfricaOld Mutual Albaraka Balanced -10.88 South Africa

Fonds matières premières et ressources naturelles (partiel)

Name2010-12-31 2011-05-30

2010-05-31 2011-05-30

2008-06-02 2011-05-30

DomicileRating Overall

Rare Earth Elements Fund (CHF) 13.71 SwitzerlandAllianz Indice Matières Premières R 10.26 33.50 -17.58 France 1IFR Commodity Fund Diversified 9.69 51.81 SwitzerlandPictet-Timber-HP EUR 6.07 23.24 LuxembourgNikko Resource Fund Equity and Ccy BRL 4.07 39.67 JapanNikko Resources Equity F Ccy Sel BRL D1M 3.94 39.57 JapanNikko Resource Fund Equity and Ccy AUD 3.08 49.01 JapanNikko Resources Equity F Ccy Sel AUD D1M 2.86 48.21 JapanPioneer Inv Akt Rohstoffe A EUR ND 2.69 24.37 1.70 Germany 4Caixa Catalunya Multisectorial FI 1.74 17.63 -10.06 SpainPublic Natural Resources Equity 0.97 20.31 MalaysiaDynamic Focus+ Resource I 0.93 24.49 13.84 LuxembourgSompoJapan DBLCI Commodity 6 0.91 14.72 -13.07 JapanNomura Global Commodity Open 0.37 11.98 -15.04 JapanNordea Foresta Kasvu 0.24 10.53 -1.21 Finland 2DIAM Commodity Passive -0.06 13.12 JapanAAA LONG ONLY Natural Resources Eqs A -0.19 41.61 -0.09 Luxembourg 3Schroder Nikko Commodity B -0.37 28.51 7.25 JapanUBS Glbl Umbrella Petro WTI Future Idx -0.55 3.46 JapanVV-Strategie Rohstoffe T1 -0.71 25.46 -6.82 Luxembourg 2MUFJ Commodity -0.76 17.98 JapanSwedbank Robur Skogsfond -0.76 9.77 -0.41 Sweden 2Daiwa FW Commodity Select -0.78 19.22 -6.58 JapanDaiwa/RICI(R) Commodity -0.89 19.35 JapanNomura Commodity 2 GSCI -1.02 9.96 -15.40 JapanDaiwa Rogers Intl Commodity TM -1.07 19.30 JapanDaiwa Commodity Index -1.14 18.41 -7.40 JapanStrategic Blue Star Resources Fd Ltd. € -1.41 38.67 GuernseyUBS GU Food (AUD Linked) -1.61 67.57 12.20 JapanSchroder Nikko Commodity A -1.62 14.76 -2.33 JapanSchroder Commodity -1.62 14.74 JapanGéo-Energies C -2.01 18.84 -1.80 France 4Nomura Sect Index Oil Nonferr -2.12 6.37 -1.31 JapanParvest Equity World Resources C -2.31 17.71 -2.61 Luxembourg 4Marmite Exploration & Mining Invest -2.42 98.53 10.89 Liechtenstein 1UBS GU Commodity -2.61 14.09 -1.38 JapanIdeal Global -2.75 24.32 -6.15 Luxembourg 2Orsay Ressources -2.79 22.03 -6.60 France 3Andorfons Alpha Primeres Materies -2.79 15.95 AndorraSchoellerbank Global Resources A -3.01 19.55 AustriaRBC Funds (Lux) Global Resources O USD -3.04 29.47 LuxembourgAXA WF Frm Hybrid Resources AC EUR -3.13 20.20 -5.48 Luxembourg 3Investec Enhanced Natural Res I Acc Net -3.26 10.94 5.67 United KingdomMartin Currie GF Glbl Resources -3.29 13.79 -2.50 Luxembourg 5NCB China Res Opp A -3.33 13.28 7.68 Hong Kong 5Chuomitsui Commodity -3.36 11.98 -4.64 JapanT. Rowe Price Glbl Natrl Res Eq I -3.37 16.71 -3.88 Luxembourg 3Nikko Resource Fund Equity and Ccy ZAR -3.40 35.29 Japan

Source © 2010 Morningstar, Inc. Fonds EUR. Tous droits réservésContact : Christophe Tardy, à Johannesburg. Tel :+27 (0)21 480 9661

Londres : la vision africaine de Renaissance CapitalRenaissance Capital, une banque d’investissement de la City de Londres vient d’organiser à Lagos, au Nigeria, la deuxième conférence panafricaine des investisseurs sur le continent.

Voilà six ans que cette banque spécialisée sur les économies émergentes, et longtemps pré-

sente en Russie, a décidé de s’intéresser au marché africain. Cet intérêt pour le continent a été confirmé par la remise à Renaissance Capital, à Johannesburg, de plusieurs trophées, lors de la cérémo-nie des Awards organisé par le journal financier sud africain Financial Mail. A Lagos, il s’agissait de réaffirmer, devant un parterre d’invités spécialisés, « la foi dans l’essor de l’Afrique, terreau fer-tile pour les investissements étrangers ».

L’Afrique se transforme viteIl aura fallu attendre longtemps avant l’organisation, par Renaissance Capital, de cette deuxième conférence panafri-caine des investisseurs. Entre temps, la crise économique mondiale était pas-sée par là, même si l’on sait que l’en-semble du continent ne fut pas secoué au même titre que les économies occi-dentales, voire même asiatiques. Plus de deux cents investisseurs ins-titutionnels étaient présents à Lagos, représentant 65 compagnies interna-tionales. Comme les autres continents, l’Afrique au cours des prochaines dé-cennies, transformera ses économies nationales. Pour Stephen Jennings, le CEO (Chief Executive Officer) du groupe Renaissance « comparé au reste du monde, les opportunités d’affaires en Afrique sont très importantes, pas parce que l’Afrique est différente mais surtout parce que le retard pris dans le déve-loppement du continent est important et que la marge de progression est im-mense ». Les analyses et rapports détail-lés de plusieurs institutions comme le FMI, la Banque mondiale, les banques d’investissement et, plus récemment, le

cabinet McKinsey, démontrent la rapi-dité avec laquelle se fera cette renais-sance africaine. Ainsi, au cours de la dernière décennie, la croissance économique africaine était de l’ordre de 6% par an, plus impor-tante que celle connue par l’Inde entre 1995 et 2005. Mieux, à l’heure actuelle huit des vingt économies les plus per-formantes du monde sont africaines. L’année dernière, excepté Madagascar, aucune économie africaine n’a connu un taux de croissance négatif. Enfin, les participants à cette rencontre de Lagos ont aussi évoqué le fait que les performances macro économiques de

l’Afrique se sont améliorées significa-tivement entre 1999 et 2000, avec une inflation qui a chuté de 64%, les dettes gouvernementales de 28% et le déficit fiscal de 60%.

Les opportunités futuresAu regard de ces « clignotants africains au vert », Stephen Jennings, directeur général de Renaissance Capital, a indi-qué que l’Afrique dépassera l’Asie dans les prochaines décennies en terme de croissance. Mieux, au cours des vingt-cinq prochaines années le Fond moné-taire international s’attend à voir les pays africains suivants figurer parmi les économies les plus performantes du monde : le Liberia, le Ghana, l’Ethio-

pie, le Botswana, la Mauritanie, l’An-gola, la Tanzanie, la RDC, l’Ouganda le Niger et le Mozambique. Très de peu de places sont faites dans ce tableau aux pays francophones, dont les réformes ne semblent pas être aussi audacieuses que dans les pays anglophones. Il faudrait que chaque pays africain se repositionne pour tirer le maximum de profits de ces investissements nou-veaux. On estime en effet que le flot d’investissement en Afrique est passé de 15 milliards en 2000 à 87 milliards en 2007. Et selon McKinsey, les retours sur investissement en Afrique sont les plus élevés au monde. C’est ce que les Chinois ont compris, eux qui ont multiplié par dix leurs investissements en Afrique entre 2000 et 2010. Le commerce Chine Afrique pourrait atteindre en 2015 un chiffre

record de 400 milliards de dollars, avec d’intéressantes plus-values pour l’Afrique. Mais la Chine n’est pas la seule. L’Inde, qui vient d’achever son deuxième sommet avec le continent, se positionne comme un acteur clé sur le marché africain. Il y a aussi le Brésil, la Russie, le Kazakhstan et quelques pays du Moyen-Orient. La constante de cette forte croissance africaine, c’est aussi sa capacité à adopter et à tirer le maximum de profit des nouvelles tech-nologies, comme la téléphonie mobile, qui a connu une pénétration de plus de 37% en quelques années au Nigeria.

Dave Barreau

Un mai boursier positif en AfriqueLa Bourse égyptienne réalise la meilleure performance du mois de mai. Progressions significatives aussi à Casablanca, Lagos et Nairobi.

Selon la note de recherche de la banque d’affaires Alliances, le mois de mai a été globalement positif

dans les bourses africaines. L’indice AA Africa a gagné 1,7% en monnaie locale. Cependant, le renforcement du dollar par rapport aux monnaies africaines s’est traduit par une contre-performance de cet indice global exprimé en devise américaine. Deux des trois marchés nord-africains se sont illustrés durant ce mois de mai par de fortes performances comparées à un avril morose. La Bourse égyptienne a ainsi progressé de 10,4% contre 5,6% pour sa consœur du Maroc. Tunis constitue l’exception avec une contre-performance de 3%.

Lagos positiveLe marché nigérian a lui aussi évo-lué, même si ce trend est à relativiser, coïncidant avec une baisse de 18% du volume des transactions entre les mois d’avril et de mai. Ce marché, le plus grand de l’Afrique de l’Ouest, a pro-

gressé de 3,3% sur le mois. Exprimé en dollars, cette hausse tombe à 2,2% à cause de la mauvaise forme du naira par rapport au dollar. Le marché nigé-rian reste dominé par les bancaires (40% des transactions) qui ont globa-lement évolué dans le territoire posi-tif à l’instar de Zenith Bank (+0,7%), First Bank (+0,4%), GT Bank (+0,6%). A noter le recul de l’action Ecobank (ETI) dépréciée de -3,7%. En dehors du secteur financier, l’agroalimentaire tire son épingle du jeu. Ainsi, Nigerian Breweries se bonifie de 2,9% dans le mois avec des volumes transactions conséquents. Les performances men-suelles les plus significatives sont au profit de Guineness Nigeria (+22,4%), Julius Berger (21,9%), Stanbic IBTC (+9,8%), et Dangote Cement (+6,1%). A l’inverse, TransCorp Nigeria (-27,7%), United Bank (-12,5%), Diamond Bank (-10,9%), Oando (-5,4%) et Fidelity Bank (-4,5%), signent les plus fortes contre-performances du mois.

Embellie à NairobiAu Kenya, l’indice NSE20 a progressé de 1,2% alors que le marché s’est envolé de 10,5% sur le mois de mai. Les petites capitalisations boursières ont profité de cette embellie. C’est le cas de Sasini (+25,0%), CMC Holdings (+14,3%), Kenya Airways (+13,2%). A Maurice, l’indice Semdex a progressé de 0,8% entre avril et mai avec un volume de transactions qui a doublé. A Johannesburg, l’indice composite est en recul de 0,8% avec aussi, il faut le souligner, un rand qui a décroché de 3,5% par rapport au dollar. Ce recul ramène la performance de la place sud-africaine depuis le début de l’année à 1,4%. Cette performance est de 20,0% sur une année glissante. La place ghanéenne a progressé de 5,7%, poussée par les actions Fan Milk (18,0%), Stanchart Ghana (+13,9%) et GCB (+12 ,4%). La BRVM d’Abidjan enregistre une contre-performance de 1,6% entraînée à la baisse par la Sonatel (-6,1%), Solibra CI (-14,9%), Bollore Africa (-14,2%) et Palm Ci (-7,8%). Les meilleures perfor-mances sont celles de SAPH (+52,0%), CIE (+25,9%) et ETI (+4,4%).

Adama Wade

Stephen Jennings, directeur général de Renaissance Capital, a indiqué que l’Afrique dépassera l’Asie dans les prochaines décennies en terme de croissance.

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10 - Les Afriques - N° 165 - 9 au 15 juin 2011 FinAnce

La Banque agricole et la Banque des PME voient le jour au Cameroun

L’AFD envoie un bol d’air de 56 milliards FCFA à l’Etat du Sénégal

Deux nouvelles institutions ban-caires à capitaux publics viennent de voir le jour au Cameroun.

L’acte constitutif de la Banque agricole, dénommée la Cameroon rural finance corporation (CARFIC), et de la Banque des PME a été signé le 1er juin 2011 à Yaoundé au cours des assemblées consti-tutives sous la houlette du Ministère des

finances. En déroulant la feuille de route des nouvelles banques, le ministre des Finances, Essimi Menyé, a indiqué que le processus de mise en place des nou-velles structures va se matérialiser avec le dépôt des demandes à la Commission bancaire de l’Afrique centrale (COBAC) pour l’obtention des agréments. Cette procédure, a-t-il expliqué, ne pouvant faire l’objet d’un obstacle au regard de la qualité des dossiers.

Un pays agricole sur les épaules des PMED’ores et déjà, le gouvernement a précisé que les nouvelles institutions bancaires sont la propriété exclusive de l’Etat du Cameroun, en sa qualité d’unique ac-

tionnaire détenant les 100% d’actions. Ceci implique la mobilisation de 20 milliards de francs CFA puisque les nou-velles dispositions de la COBAC, après la période de restructuration bancaire stipulent qu’il faut disposer d’au moins d’un capital de 10 milliards de francs CFA pour pouvoir créer une banque en Afrique centrale. Selon des sources

proches du dossier, le procédé qui concourt à la mise en place de la Banque agricole est assez avancé, puisque même les locaux seraient déjà disponibles. La Banque des PME, quant à elle, commen-cera ses activités après la période indiquée, étant également assez proche, c’est-à-dire avant la fin de l’année. Il s’agit là de la maté-rialisation des annonces faites au mois de janvier par le président camerounais Paul Biya lors du co-mice agro-pastoral à Ebolowa. La création de ces établissements de crédit intervient dans un contexte socioéconomique marqué par un retour en force de l’Etat dans le secteur bancaire, le Cameroun étant entré dans le capital de trois des multinationales qui ont ou-vert des filiales ces derniers mois sur son sol.

Un grenier vivrierLa naissance de la Banque agricole vient combler un vide dans ce secteur, une quinzaine d’années après la fermeture du Crédit agricole du Cameroun (CAC), mais également la fermeture, quelques années plus tôt du Fonds national de développement rural (FONADER), l’un et l’autre étant destiné pour le finance-ment des activités agricoles. Dans ses missions, la CARFIC devra concourir à l’amélioration de la production agri-cole du pays en apportant un concours financier aux activités agro-pastorales et halieutiques. La création de la Banque agricole intervient au moment où l’auto-suffisance alimentaire n’est plus assurée au Cameroun, raison pour laquelle le

gouvernement entend mettre à la dis-position des producteurs ce mécanisme de financement, afin de relever leurs productions et, par conséquent, relever leur niveau de vie. Pays agricole à plus de 65%, le Cameroun représente également un grenier vivrier pour les pays voisins, aussi bien les Etats de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) que le géant nigérian voisin où la demande serait trop forte.

Emergence économiqueDe son coté, la création d’une Banque des PME était souhaitée depuis des années par des acteurs économiques, surtout pour un pays comme le Cameroun où les PME représentent environ 90% des entreprises. Pourtant, ces PME, au-delà de leur contribution au développement économique, éprouvent de sérieuses dif-ficultés pour accéder au financement, les banques classiques préférant plutôt apporter leurs concours financiers aux grosses structures. Après la liquidation du Fonds de garantie des petites entre-prises (FOGAPE), il y a deux décennies, le Cameroun ne disposait plus d’un éta-blissement de crédit à capitaux publics destiné à assurer le financement des PME. Plusieurs acteurs économiques ont dû recourir au concours financier des Etablissements de microfinances (EMF) avec parfois de lourdes conséquences dues au manque de fiabilité de certains d’entre eux. Le gouvernement prévoit les taux d’intérêts avantageux, aussi bien pour la Banque agricole que la Banque des PME, afin de permettre aux opéra-teurs de ces secteurs de pouvoir financer leurs activités. Au moment où les autorités annoncent l’émergence économique à l’horizon 2035, la création de ces nouveaux établis-sements de crédit pourrait constituer un atout pour l’amélioration des conditions de vie des populations en tant qu’éléments de croissance. C’est pourquoi le gouverne-ment insiste sur le fait qu’il est « important que les jeunes et les autres acteurs écono-miques puissent monter des projets agri-coles ou des projets innovants d’entreprises qui pourront faire l’objet d’un financement prioritaire auprès de la Banque agricole et de la Banque des PME ».

Achille Mbog Pibasso, Douala

L’Agence française de développement (AFD) vient de consentir un prêt de millions d’euros, soit près de 40 mil-

liards FCFA, à l’Etat du Sénégal dans le vaste et important programme de redressement du secteur de l’électricité à travers le plan Takkal. Ce prêt, selon l’AFD, financera notamment la réhabilitation de 14 centrales du parc de pro-duction de Senelec (Société nationale d’élec-tricité) qui traverse un cycle de délestages

intempestifs depuis plusieurs années. Ce bol d’air envoyé au Sénégal permettra de remettre ces centrales à niveau et de récupérer une puis-sance d’environ 60 MW. Récemment, le direc-teur de l’AFD à Dakar, Denis Castaing, nous expliquait la nécessité de libérer rapidement les fonds pour accompagner le plan d’urgence mis en branle par l’ambitieux plan Takkal du ministre sénégalais de l’Energie, Karim Wade.La mise en œuvre de ce programme de réha-

bilitation, indique-t-on du côté de l’AFD, est réalisée par la Senelec avec l’appui technique d’Electricité de France (EDF) partie prenante du processus de relance du secteur énergétique au Sénégal.

Pour Saint-Louis Un autre financement de 24,5 millions d’euros (soit environ 16 milliards FCFA) tombe dans l’escarcelle sénégalaise, pour stimuler le sec-teur touristique de Saint-Louis et de sa région.Il s’agit essentiellement, via ce financement, d’augmenter l’attractivité de la ville de Saint-Louis et des parcs naturels de Djoudj et de Guembeul.Ce programme prioritaire comprend l’amélio-

ration des conditions des activités de la pêche et permettra de valoriser l’image de la ville historique et de sa région, classée patrimoine mondial de l’Unesco.

Ismael Aidara, Dakar

La création de ces nouveaux établissements de crédit entière-ment à capitaux publics devrait, à terme, améliorer la situation socioéconomique du Cameroun en tant qu’éléments de crois-sance, assure le gouvernement.

Le Conseil d’administration de l’Agence française de développement a approuvé jeudi 26 mai 2011 deux financements en faveur de programmes de développement au Sénégal pour un montant global de 56 milliards FCFA.

La création de ces établissements de crédit intervient dans un contexte socioéconomique

marqué par un retour en force de l’Etat dans le secteur bancaire, le Cameroun étant entré dans le capital de trois des multinationales qui

ont ouvert des filiales ces derniers mois sur son sol.

L’ambitieux plan Takkal du ministre sénégalais de l’Energie Karim Wade, reçoit le soutien technique

d’EDF et le soutien financier de l’AFD.

Accord AGRA- USDAAfin d’aider les petits exploitants agricoles en Afrique, l’Alliance pour une révolution verte en Afrique (AGRA) et le départe-ment américain de l’Agriculture (USDA) ont signé, la semaine dernière, un protocole d’accord. D’une durée de 15 ans, cette convention a été paraphée à Washington DC par Tom Vilsack, secrétaire d’Etat américain à l’agriculture, et Namanga Ngongi, président de l’AGRA. Elle porte sur les efforts communs aux deux entités pour promouvoir l’exploi-tation des semences, la mise en va-leur des sols, réduire les pertes de

récolte et gérer les ressources hydriques. Cette entente vise aussi à améliorer la collecte des données, élaborer des programmes de formation des agriculteurs, créer des systèmes d’informa-tion sur les marchés et renforcer les capacités humaines et les infrastructures liées à l’alimentation en Afrique. La réalisation de ces objectifs passerait à travers des travaux de recherches coordonnées, des échanges et des activités de formation et de développement. Si les professionnels admettent que l’investissement dans l’agri-culture est le plus sûr moyen d’aider à réduire la pauvreté, et accélérer un développement économique et social, le secrétaire d’Etat américain à l’Agriculture a mis l’accent sur « les défis in-terdépendants de la sécurité alimentaire mondiale, qui sont plus pressants que jamais ».

La sécheresse déclarée catastrophe nationale au KenyaAprès une réunion avec les législateurs de la province du Nord-Est et les ministres des départements de tutelle pour évaluer les effets de la sécheresse dans diverses parties du pays, Mwai Kibaki, président du Kenya, a annoncé que la sécheresse avait été déclarée catastrophe nationale. Il a alors ordonné que des interventions immédiates soient effectuées pour amortir les pertes des Kenyans touchés. Les mesures concernent aussi bien les récoltes et autres intrants que le bétail sinistré. Enfin, pour augmenter les stocks actuels, vu que le pays doit préserver ses réserves stratégiques de céréales, il a en outre diligenté le Trésor pour faciliter l’importation d’urgence de maïs.

Des rejets nocifs de Glencore en ZambieLa plus grande fonderie de cuivre d’Afrique se trouve à Mufulira en Zambie. Aujourd’hui, les rejets de dioxyde de soufre et d’acide sulfurique entraînent une importante pol-lution qui cause des problèmes pulmonaires, de peau et des cancers aux habitants de la région. Pour mettre un terme à une telle exploitation du cuivre, l’économiste zambien Savior Mwambwa, soutenu par une ONG française, compte faire condamner Glencore. Il rappelle pourtant que cette société de négoce de matières premières a bénéficié d’un prêt environ-nemental de 48 millions d’euros de la part de la BEI (Banque européenne d’investissement) en 2004. Déjà, en avril dernier, un procès avait été intenté par cinq ONG contre la multinatio-nale pour violation des principes de l’OCDE.

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12 - Les Afriques - N° 165 - 9 au 15 juin 2011 entreprises et mArches

Mise en garde de la Zambie contre les exploitants illégaux de manganèse à LuapulaLe gouvernement zambien menace de sanctions sévères les ex-ploitants illégaux de manganèse qui ont inondé Mansa. Outre la réglementation de cette branche, la Zambie se soucie de mainte-nir l’ordre dans les activités minières dans la province de Luapula. Jazzman Chikwakwa, sous-ministre zambien du Développement des mines et des minerais, a soutenu que la province de Luapula disposait « d’un potentiel pour devenir un autre Copperbelt ». Ce sont là « autant de raisons pour lutter contre toutes activités minières illégales ». Dans tous les cas, à l’issue de sa tournée dans le dis-trict de Mansa, Jazzman Chikwakwa a avoué « une collaboration franche avec d’autres groupes d’intérêt pour lutter contre l’informel dans la branche et mettre de l’ordre dans l’exploitation des minéraux dans la province ». Poussant un peu plus loin, son raisonnement, il a souhaité que « les ressources de la province de Luapula puissent être exploitées d’une manière ordonnée et systématique, afin que les recettes déduites puissent améliorer le niveau de vie des populations, en termes de routes, d’hôpitaux et d’écoles. »

AFD au secours du plan Takkal (Sénégal)Le secteur de l’électricité du Sénégal va bénéficier d’un prêt de 60,6 millions d’euros, soit 40,5 milliards de francs CFA. En effet, le conseil d’administration de l’Agence française de développe-ment (AFD) vient d’approuver cette rallonge pour moderniser l’outil de production de la Sénélec. En enveloppe de 32 milliards FCFA sera ainsi destinée à la maintenance et à la réhabilita-tion de toutes les centrales de production d’électricité de cette société. Karim Wade, ministre d’Etat sénégalais en charge de l’énergie, qui a négocié le programme, a assuré qu’avec ce prêt, le pays récupère, à très court terme, une puissance électrique additionnelle d’au moins 30 MW. Ainsi, outre le déploiement de compteurs intelligents (télé relevés et prépayés) à même de permettre la restauration de la crédibilité de la Sénélec vis-à-vis de ses clients, la réhabilitation des centrales dans les prochaines semaines, permettra au Plan « Takkal » (capacités temporaires de 150 MW, à partir de juin) de se développer sans anicroches.

Ernst & Young : l’Afrique plus attractive que jamais

Produits de base : les capitaux spéculatifs à la base de la flambée des prix

Le verdict d’Ernst & YoungLe verdict de la compagnie internationale britannique Ernst & Young est tombé. Les investissements directs étrangers ont aug-menté au cours de la dernière décennie de 87% en Afrique. Ils sont passés en 2003 de 338 projets à 633 en 2010. Même pendant la toute dernière crise économique et financière, l’Afrique est restée attractive, en tirant son épingle du jeu grâce à un flot d’investissement global soutenu vers le continent. D’ici 2015, on s’attend à un investissement total de l’ordre de 150 mil-liards de dollars. Ces bonnes perspectives ne peuvent pas faire oublier que, dans le monde capitaliste, la concurrence est de rigu-eur. Et l’Afrique reste donc en très forte compétition sur les mar-chés internationaux des capitaux avec les pays d’Amérique latine et d’Europe de l’Est qui sont logés à la même enseigne.

Une seconde classe de paysAu cours de la dernière décennie, les investissements directs étrangers ont augmenté en Afrique de 87% passant de 338 projets en 2003, à 633 en 2010. Dans cette lancée, on s’attend d’ici 2015 à voir un investissement total de l’ordre de 150 mil-liards de dollars sur le continent. Mais il faut noter que, jusque-là, au cours de la même période, 70% des investissements en Afrique ont été menés dans dix pays: l’Afrique du Sud, l’Egypte, le Maroc, l’Algérie, la Tunisie, le Nigeria, l’Angola, le Kenya, la

Libye et le Ghana. Au niveau continental, on pourrait citer une seconde classe de pays qui commencent à être assez attractifs pour les marchés des capitaux internationaux. Il s’agit de pays comme l’Ethiopie, l’Ouganda, le Botswana, le Rwanda, et la Tanzanie. Ces derniers ont également attiré pas mal d’investis-seurs, générant une embellie dans les affaires intérieures. Bien qu’appréciables et encourageants, ces investissements restent en deçà des grandes destinations financières internationales. Si en 2010 on a enregistré 633 investissements directs étrangers, il faut retenir que pour la seule Grande-Bretagne, pour la même année, ce sont 728 investissements directs étrangers qui ont été menés à bien. Cela veut dire que pour la treizième année consé-cutive, le Royaume-Uni est resté en tête des Européens par sa capacité de promouvoir la destination UK comme la plus at-tractive dans l’espace européen.

Encore plus d’investissement pour l’AfriqueMais la firme britannique est catégorique. Malgré cet attrait de l’Afrique pour les investisseurs étrangers, leurs intérêts ne reflètent en réalité pas le degré ou « le niveau d’attractivité » de ce conti-nent qui a l’un des taux de croissance économique les plus forts au monde. C’est pour cela, affirme Ernst & Young, que les pays émergents s’intéressent de plus en plus à l’Afrique. Il y a de nos jours 240 projets financés par économies émergentes sur le conti-

nent en 2010, contre seulement 100 en 2003. L’élite mondiale qui a participé à ce sondage d’opinion, estime ainsi que l’Afrique est devenue plus attractive aux cours des trois dernières années. Il est aussi apparu que les Américains du Nord sont plus optimistes sur les perspectives à long terme de l’Afrique que les Européens qui demeurent plutôt sceptiques. Mais on note que, même pessi-mistes, les investisseurs des pays développés restent, en termes de

pourcentages de financement, les premiers en Afrique. Le secteur qui reste le plus attrayant pour les investisseurs est l’industrie ex-tractive, mais d’autres secteurs attirent également de plus en plus, comme le tourisme, les produits de consommation, la construc-tion, les télécommunications et les services financiers.

Les marges de profitCette enquête, la première du genre menée par la firme lon-donienne, révèle qu’à partir de 2012, il y aura une croissance plus forte des investissements directs étrangers en Afrique, qui devrait culminer à terme autour de 150 milliards de dollars en 2015. Cela devrait également créer et générer plus d’emplois pour les jeunes, de l’ordre de 350 000 nouveaux postes d’ici trois ans. L’Afrique bénéficiera de toute évidence de la reprise économique annoncée dans les pays du nord, et aussi de la forte croissance des marchés émergents comme la Chine et l’Inde. Et la firme londonienne conclut en disant que même si en Afrique, le risque est important pour les investisseurs, les marges de profit sont également appréciables, car la compéti-tion est en réalité très faible.

Dave Barraud, Londres

Selon la CNUCED, le marché des produits de base baigne dans une bulle spéculative. Dans sa dernière

étude intitulée « Price formation in finan-cialized commodity markets : The role of information », l’organisation spécialisée des Nations unies établit que « l’antici-pation par les marchés financiers d’une relance économique mondiale a contribué de manière disproportionnée à l’actuelle flambée des prix des produits de produits de base ». Elle y souligne à quel point les investisseurs financiers sur les marchés des produits de base s’appuient sur peu d’éléments d’information (mais connus de tous), ou sur des modèles mathéma-

tiques plutôt que sur les réalités phy-siques de l’offre et de la demande. Panurgisme intentionnelEn effet, les données empiriques de l’étude, confirmées par les témoignages d’acteurs sur ces marchés, attestent de la financiarisation, qui se traduit par une augmentation des investissements réali-sés dans des produits dérivés de matières premières. Cette situation nouvelle « fa-vorise des comportements grégaires », note le rapport. Et d’expliquer que « les opé-rateurs se comportent de plus en plus en fonction des décisions prises par d’autres intervenants sur le marché. Et ce “panur-

gisme intentionnel” est motivé d’une part par les incertitudes liées au manque de transparence qui règne sur ces marchés et d’autre part, par l’impact de l’évolution des indices boursiers sur les prix des pro-duits de base ». Il peut donc être ration-nel pour des acteurs du marché d’imiter les prises de position d’autres opérateurs ou simplement de suivre la tendance en fondant leurs décisions sur une interpré-tation de l’évolution historique des prix. Ainsi, la détermination des prix sur les marchés des produits de base obéit de plus en plus à la logique des placements financiers plutôt qu’aux fondamentaux du marché. « Ces comportements peuvent nuire à l’économie réelle, là où les prix des biens comme les denrées alimentaires influent sur la santé et le bien-être, en par-ticulier dans les pays les moins avancés » déplore la CNUCED.

Louis S. Amédé, Abidjan

Ernst & Young vient de publier une enquête sur le degré d’intérêt des firmes internationales pour l’Afrique. Ernst & Young, qui a son siège à Londres, a mené cette enquête auprès de 500 grands patrons de compagnies et sociétés internationales.

Dans une étude rendue publique, datée du 5 juin 2011, la CNUCED note que la détermination des prix sur les marchés des produits de base obéit de plus en plus à la logique des place-ments financiers plutôt qu’aux fondamentaux du marché.

quatre mesures pour endiguer les effets néfastes de la financiarisationContre ces effets néfastes de la financiarisation, les au-teurs du rapport proposent des mesures consistant, entre autres, à :

1. Renforcer la transparence sur les marchés de produits physiques afin de réduire les incertitudes, en améliorant la qualité et la véracité des données, particulièrement celles relatives aux inventaires. Cette mesure permettrait aux acteurs de mieux apprécier les rapports fondamen-taux actuels et futurs entre l’offre et la demande de pro-duits de base;

2. Améliorer tant les flux d’information sur les échanges de

produits de base que l’accès à ces flux, spécialement concernant les prises de position des différents opéra-teurs sur les marchés de produits dérivés. En particulier, des mesures visant à ce que les obligations en matière d’information sur les transactions boursières existant en Europe soient comparables à celles en vigueur aux États-Unis, devraient considérablement améliorer la transpa-rence des transactions et décourager le « nomadisme réglementaire »;

3. Resserrer la réglementation des acteurs financiers, par exemple en plafonnant le volume des positions pour limi-ter l’impact des investisseurs financiers sur les marchés des produits de base, tout en interdisant les transactions pour compte propre aux institutions financières qui effec-tuent des opérations de couverture au bénéfice de leurs clients, pour cause de conflit d’intérêts. Il faudra à cet effet trouver le juste milieu entre un plafonnement excessif du volume des positions spéculatives et un laxisme tout aussi excessif, y compris en matière de surveillance;

4. Mettre en place des mesures directes de stabilisation des

cours des produits de base, consistant, par exemple, pour les autorités de tutelle des marchés, à intervenir ponctuel-lement pour faire éclater les bulles de prix et aider les opérateurs économiques à mieux prendre en compte les fondamentaux du marché. Comme sur le marché des changes et, plus récemment sur les marchés obligataires, une banque centrale ou une autre autorité compétente peut intervenir sur les marchés financiers en tant que contrepartiste ou comme institution capable de rétablir l’équilibre sur le marché en cas de sur-réaction.

Cette enquête, la première du genre menée par la firme

londonienne, révèle qu’à partir de 2012, il y aura une croissance plus forte des investissements directs étrangers en Afrique, qui devrait culminer à terme autour de 150

milliards de dollars en 2015.

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Les Afriques - N° 165 - 9 au 15 juin 2011 - 13entreprises et mArches

En 2009/2010, le trafic Afrique/Moyen-Orient

a drainé 5,5 millions de passagers pour Air France-KLM. La destination Afrique est même l’une des plus rentables pour

la société et les lignes qui lui apportent les plus grosses marges

bénéficiaires sont toutes africaines.

Pas de conclusion du cycle de Doha en 2011

Rob Davies, mi-nistre sud-africain du Commerce, a été catégorique. Il a avancé, lundi 30 mai au Cap, que « le cycle des négo-ciations de Doha sur la libéralisation des échanges entre les

153 membres de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) ne sera pas conclu d’ici la fin de l’année ». Pascal Lamy, directeur de l’OMC, reconnaissait, au mois d’avril dernier, que le cycle de Doha était au bord de l’échec. Pour mémoire, les membres de l’OMC tentent depuis 2001 de conclure ce cycle de négocia-tions censé faire tomber des barrières aux échanges commer-ciaux internationaux. En fin janvier, les principales économies de la planète se sont engagées à faire tout leur possible pour conclure ce cycle d’ici la fin de l’année. Malheureusement, les négociations butent sur l’accès des produits industriels issus des pays développés aux marchés des pays émergents (Chine, Inde, Brésil). Ces derniers veulent protéger leurs marchés et font valoir que leurs économies ne sont pas encore assez dé-veloppées pour supporter une certaine concurrence. Aussi, la baisse des subventions agricoles serait loin d’être acquise.

Entrée de Walmart en Afrique du SudDepuis l’annonce de la proposition d’acquisition de Massmart (numéro trois de la distribution en Afrique) par Walmart, en septembre 2010, c’est finalement mardi 31 mai 2011, que les autorités sud-africaines de la concurrence ont autorisé le géant américain à prendre possession du groupe sud-africain. Pour les 51% de Massmart, Walmart a déboursé environ 17 milliards de rands, soit 2,36 milliards $. Mais pour que la fusion soit ef-fective, Walmart doit s’engager à ne pas licencier de personnel pendant au moins deux ans, et à respecter les droits de « négo-ciation collective » de ses employés. Aussi, entre autres condi-tions, la nouvelle entité devra réintégrer en priorité quelque 503 salariés. Mais la condition la plus spectaculaire reste la création d’un fonds d’investissement de 100 millions de rands, devant servir, dans les trois ans à venir, à soutenir l’industrie locale et les fournisseurs sud-africains. Ces conditions sont imposées par le tribunal de la concurrence de Pretoria.

Réunion des commissions de l’UA et de l’UE à BruxellesLes travaux des commissions de l’Union africaine et de l’Union européenne, portant sur la mise en œuvre du plan d’action 2011- 2013, adopté lors du sommet UE/UA du mois de no-vembre dernier à Tripoli, en Libye, se sont déroulés, mardi 31 mai et mercredi 1er juin à Bruxelles. A l’ordre du jour, les ques-tions relatives à la paix et la sécurité, la gouvernance démocra-tique et les droits humains, ainsi que le commerce, l’intégration régionale et les infrastructures. La rencontre, qui a été co-prési-dée par Jean Ping, président de la Commission de l’UA et José Manuel Barroso, président de la Commission de l’UE, a aussi planché sur les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD), l’énergie, le changement climatique, la migration, ain-si que la mobilité et l’emploi, les sciences, la société de l’infor-mation et l’espace. La session plénière a été suivie de sessions thématiques réunissant les commissaires européens et africains par secteur de compétence, portant sur les huit partenariats thématiques du partenariat stratégique UE/Afrique.

Dédommagement des opérateurs de télécoms en EgypteL’interruption de services pendant la révolution va coûter cher au gouvernement égyptien. Le Ministère égyptien des télé-communications paiera aux opérateurs de téléphonie mobile 100 millions de livres égyptiennes (16,8 millions $) de com-pensation suite aux dommages causés par cette interruption. Le porte-parole de ce département l’a déclaré, dimanche 29 mai au Caire. Juste avant, Osman Maged, ministre des Télécommunications, soutenait qu’une telle somme irait effec-tivement aux opérateurs mobiles et fournisseurs de services internet lésés par la coupure du service, pour empêcher les réseaux sociaux ainsi que les communications par téléphones de fonctionner au plus fort de la révolte à la place Tahrir.

Aérien : le ciel africain au centre des enjeux

Avec une croissance de plus de 5% en moyenne, une population esti-mée à plus d’un milliard d’habi-

tants et ses matières premières qui at-tirent de plus en plus d’investisseurs (on devrait d’ailleurs y produire 15% du pé-trole mondial), l’Afrique semble définiti-vement être un continent en devenir. Un Africain sur trois fait dorénavant partie d’une classe moyenne émergente. Bien que le trafic aérien africain ne représente que 6% du trafic mondial, soit environ 40 millions de passagers transportés, le taux de croissance du transport aérien y était l’un des plus élevés avant crise (entre 7 et 10% en moyenne par an). Selon le constructeur américain Boeing, le trafic aérien devrait croître de plus de 6% par an dans les 20 prochaines années, et il estime un marché à plus de 700 nou-veaux avions.Tous ces indicateurs ne laissent bien sûr pas indifférents les transporteurs aériens étrangers qui sentent le bon fi-lon. De plus, les compagnies africaines sont, dans la grande majorité, de petites tailles (flottes minimes, faibles réseaux) et sous capitalisées. Il existe néanmoins quelques majors à l’échelle continen-tale, telles que South African Airways, Ethiopian Airlines, Egyptair, Royal Air Maroc ou encore Kenya Airways mais, selon l’AFRAA, l’Association africaine des transporteurs aériens, le trafic inter-continental ne représente que 45% du trafic de ses membres. Cette faiblesse des compagnies aériennes africaines illustre bien l’ancrage des transporteurs étran-gers et surtout leur domination sur cer-taines zones du continent. Très récem-ment encore, Lufthansa, Delta, Brussels Airlines, Air France-KLM, pour ne citer que celles-là, n’ont cessé d’augmenter leurs fréquences sur l’Afrique et d’ac-croître davantage leur position.

Domination d’Air France-KLMLe groupe franco-néerlandais est d’ail-leurs le premier transporteur étran-ger sur l’Afrique avec 350 fréquences

par semaines sur 42 destinations. En 2009/2010, le trafic Afrique/Moyen-Orient a drainé 5,5 millions de passagers pour Air France-KLM. La destination Afrique est même l’une des plus ren-tables pour la société et les lignes qui lui apportent les plus grosses marges bénéficiaires sont toutes africaines. Ce sont les lignes Paris-Libreville et Paris-Luanda qui offriraient les plus grandes marges du groupe. La compagnie a ainsi augmenté de 4% son offre par rapport à l’année dernière.Lufthansa effectue pour sa part 251 fré-quences sur 34 destinations. Le transpor-teur allemand a d’ailleurs étoffé son offre qui a crû de 40% sur le Nigeria. En 2009, il racheta Brussels Airlines qui est aussi très présente sur le continent et qui a aussi augmenté ses liaisons et même ouvert de nouvelles desti-nations (Accra, Lomé, Cotonou et Ouagadougou). Swiss, autre filiale de la compagnie allemande, a aussi augmenté ses fréquences sur le Cameroun.L’américaine Delta Airlines a quasi-ment quadruplé ses rotations entre les États-Unis et l’Afrique (passant de 20 vols hebdomadaires en 2007 à près de 80 aujourd’hui).British Airways a également fait sa-voir qu’elle souhaitait se développer en Afrique, continent qui représente à l’heure actuelle moins de 10% des ses revenus. Elle a d’ailleurs tissé des liens étroits avec la compagnie sud-africaine Comair qui effectue pour le compte du transporteur britan-nique 800 vols par semaine.

Intégrer des alliancesToutefois face à cette invasion, les majors africaines résistent relativement bien. Beaucoup ont d’ailleurs intégré des al-liances. C’est le cas de la SAA et d’Egyp-tair qui sont membres de Star Alliance. Ethiopian devrait les rejoindre d’ici 2012. Kenya Airways, quant à elle, fait partie de Skyteam depuis 2007. Ces alliances

permettent principalement aux trans-porteurs membres d’étoffer leur réseaux et les vols en partage de code, ce qui est un atout précieux pour ces grandes com-pagnies africaines qui sont les seules à pouvoir véritablement faire face à la dé-ferlante des compagnies étrangères dans le ciel africain. Bien que le défi soit dif-ficile, cela n’entame pas l’optimisme des dirigeants, en particulier le CEO d’Ethio-pian, Tewolde Gebre Mariam : « La com-pétition est notre manière de vivre. Nous servons le continent depuis plus de 65 ans et nous connaissons la demande des voyageurs africains mieux que personne. Nous avons une très bonne réputation en Afrique mais nous devons travailler dur afin d’améliorer nos services et nos standards et rester vigilants sur la com-pétition. » Et d’ajouter « je pense qu’il y a beaucoup d’opportunités pour les trans-porteurs émergents locaux comme la SAA,

Kenya Airways, Egyptair ou Ethiopian pour concurrencer les compagnies étran-gères. Nous pensons que l’Afrique est assez grande pour nous tous. C’est un continent peuplé d’un milliard d’habitants dont 300 millions vivent en milieu urbain. »

Willy Kamdem

L’Afrique est devenue depuis quelques années le théâtre d’une bataille rangée entre les grands transporteurs occidentaux, en quête de nouveaux marchés.

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Les Afriques - N° 165 - 9 au 15 juin 2011 - 15FinAnce

Plus de 3 milliards DH à Tanger Med Port Authority Un groupe de banques marocaines, comportant Attijariwafa Bank (chef de file), BMCE Bank, BMCI, Banque Centrale Populaire, Société Générale Maroc, Crédit du Maroc et CDG Capital vient d’octroyer à Tanger Med Port Authority (TMPA), filiale du groupe TMSA chargé de la gestion et du dévelop-pement du complexe portuaire Tanger Med, un crédit à long terme d’un montant de 3,45 milliards DH. Etalé sur une durée de 15 ans, cette enveloppe servira à financer les actifs portuaires sur les ports Tanger Med 1 et Tanger Med Passagers, mais devra aussi contribuer au financement partiel des apports en fonds propres de Tanger Med 2 S.A, véhicule d’investissement de TMPA, dédié au projet Tanger Med 2. Les analystes trouvent qu’à travers ce financement « le secteur bancaire marocain confirme sa capacité et sa volonté d’accompagner le développe-ment du complexe portuaire Tanger Med et d’œuvrer à l’optimi-sation de son endettement financier ».

Les transporteurs et logisticiens africains en conclave à CasablancaDésormais, Casablanca, capitale économique du Maroc, va abriter le Comité régional de l’Union internationale des trans-ports routiers (International Road Union, IRU) et la Délégation

permanente de l’Union africaine du transport et de la logistique (UATL). Ainsi en a décidé le bureau exécutif de l’UATL, au cours de sa première réunion tenue, vendredi 27 mai à Casablanca. Au cours de cette

rencontre, qui a compté la participation de représentants ve-nant de 21 pays, notamment du Bénin, du Burkina Faso, du Cameroun, de Côte d’Ivoire, d’ Égypte, du Gabon, du Ghana, de la Guinée-Bissau, de la Guinée, de la Guinée équatoriale, du Liberia, du Mali, de la Mauritanie, du Niger, du Nigeria, du Sénégal, du Soudan, du Tchad, du Togo et de la Tunisie, le Comité régional et de la Délégation pour l’Afrique, ont été ins-tallés. A noter que l’union, créée en octobre 2010 à l’initiative de la fédération du transport de la Confédération générale des entreprises au Maroc (CGEM), est constituée de représentants des associations professionnelles, mais aussi d’autorités de régulation. L’objectif visé est de développer les échanges com-merciaux entre les pays du continent.

Arrêt technique d’une dizaine de joursPour se conformer aux normes de navigabilité internatio-nales, le bateau Aline Sitoe Diatta, assurant la navette mari-time Dakar-Ziguinchor, observe un arrêt technique de dix jours, depuis la semaine dernière. C’est du moins ce qui a été déclaré par Moustapha Mankadian, chef de l’escale du port de Ziguinchor. Quant à la reprise des rotations, « elle est prévue pour le 10 juin », assure-t-il. Pour les passagers, cet arrêt tech-nique, quoique nécessaire et utile pour sécuriser le navire et lui permettre d’obtenir ses certificats de navigation, sera dif-ficilement vécu. Les rotations du bateau permettent chaque fois de transporter au bas mot quelque 400 passagers sur cette desserte.

Bitumage de l’axe Ouahigouya (Burkina Faso)-Thiou-frontière du MaliAprès un demi-siècle d’attente, l’axe routier Ouahigouya-Thiou-Frontière du Mali, va enfin être goudronné. Une conven-tion de prêt signée, le 23 mai 2011, entre le gouvernement du Burkina Faso et la BADEA, officialise le bitumage prochain du tronçon. Pourtant, il s’agit d’une voie importante en terre bat-tue (latérite) qui permet d’accéder plus rapidement au Mali, en passant par Thiou, d’où une fréquentation importante de TIR et autres camions remplis de marchandises et de fret. Parsemée de nids de poule et de dos d’ânes, le parcours sur cette route relevait du calvaire. Une fois qu’elle sera goudronnée, cette voie sera beaucoup plus pratique et permettra de rapprocher un peu plus les populations des deux régions. Selon plusieurs témoins, dont Oumar Belém, maire de Thiou, « l’attente a été si longue, qu’on y croyait plus ».

La finance islamique peut-elle accélérer la relance de la Côte d’Ivoire ?

Les Afriques : La Côte d’Ivoire cherche des fonds. Pensez-vous que le cadre règlementaire du

pays est suffisamment complet pour attirer les fonds islamiques, du Golfe et d’ailleurs ?Mouhamed Diakité : La Côte d’Ivoire, comme n’importe quel autre pays, doit financer son économie. L’épargne natio-nale n’y suffira pas, en particulier dans la période qui suit immédiatement l’épi-sode de conflit duquel nous sortons à peine. Par conséquent, ce sera une par-tie de l’épargne internationale qui ser-vira à relancer l’investissement en Côte d’Ivoire. Les besoins sont immenses. Dans cette perspective, et comme la Côte d’Ivoire est membre de l’Organisation de la conférence islamique depuis 2001 et de la Banque islamique de dévelop-pement depuis 2002, il est tout à fait légitime de penser que l’industrie finan-cière islamique pourrait servir de canal de transmission des financements inter-nationaux, tant en fonds propres qu’en dette, vers l’économie ivoirienne.Anouar Hassoune : Cela dit, force est de reconnaître que ce mécanisme ne pourra fonctionner à plein régime qu’à la condi-tion que l’arsenal juridique, réglemen-taire et opérationnel du pays soit dûment ajusté pour favoriser l’émergence de transactions financières islamiques. Il est fondamental que les contrats financiers conformes au droit musulman soient en tous points compétitifs par rapport à leurs équivalents conventionnels, sans frottements fiscaux, ni incertitudes régle-mentaires. La Côte d’Ivoire, contraire-ment à de nombreux pays francophones de la sous-région, mais aussi au-delà, n’a pas encore entamé cet exercice et, par conséquent, n’est pas encore éligible à une industrialisation des flux financiers islamiques vers son territoire. Comme ce processus a déjà eu lieu ailleurs, la Côte d’Ivoire pourra s’inspirer de cas simi-laires récents pour organiser l’éclosion d’une finance islamique authentique-ment ivoirienne.

LA : Quelles sont les réformes à mettre en place?MD : Le chantier doit être cohérent, exhaustif, planifié et ambitieux. Sinon, nos partenaires du monde islamique interpréterons nos efforts uniquement comme un moyen de canaliser des flux d’argent et non pas comme la volonté de contribuer à notre tour pleinement au rayonnement d’une industrie finan-cière alternative et éthique, désormais crédible, en phase d’internationalisation croissante, très résiliente face à la crise et qui a définitivement gagné ses lettres de noblesse. Dans cette perspective, il nous faut insister sur le fait que la finance isla-mique s’accommode particulièrement mal de la plaie que constitue la corrup-tion. La Côte d’Ivoire devra lutter sans faillir contre ce fléau. Ensuite, un mar-ché naissant repose sur plusieurs piliers, pas uniquement des institutions à même d’organiser le recyclage des flux finan-ciers. Outre l’amendement du cadre nor-matif (juridique, réglementaire, fiscal), il nous faudra former des professionnels aguerris aux subtilités conceptuelles et

techniques des financements islamiques, lesquels devront se coordonner au sein du Comité national de la finance isla-mique de Côte d’Ivoire (CNFICI), qui a le mérite d’exister déjà depuis 2009 ; les jurisconsultes musulmans ivoiriens devront être identifiés et mis à contribu-tion pour la constitution incrémentale de conseils de conformité locaux ; enfin, les pourvoyeurs de services, comme les cabinets juridiques, d’audit et de conseil, devront rapidement faire connaître leurs offres respectives pour accompagner la montée en puissance d’une finance isla-mique ivoirienne.AH : N’oublions pas que les institutions financières existantes auront aussi leur mot à dire ! Qu’est-ce qui empêche une banque de la place, surtout si elle est publique et surtout si elle reçoit l’aval des autorités, de piloter ce processus ? Au moment même où les études iront bon

train sur le terrain juridico-réglemen-taires, les autorités ivoiriennes devraient organiser assez vite un sommet ou une convention internationale sur la finance islamique, de sorte que les acteurs de dif-férents horizons se connaissent et com-mencent à interagir ensemble : les insti-tutions sont importantes, mais elles ne sont rien sans les femmes et les hommes qui les composent. Les travaux de ce type d’événements servent en général de socle au travail subséquent des Instituts ou Conseils nationaux de finance islamique, lesquels plus tard fonctionnent en réseau pour partager une information précieuse quant aux stratégies qui réussissent. Ces travaux, la plupart du temps, focalisent leur attention à la fois sur l’intermédia-tion bancaire islamique au sens propre (on pense spontanément aux banques islamiques), mais aussi sur les sukuks (ou obligations islamiques), l’assurance isla-mique, la banque d’affaires islamiques et les fonds d’investissement. Il est stérile et contreproductif d’évacuer un sujet par rapport aux autres, ce qui n’interdit pas de fixer des priorités en termes d’expres-sions des besoins, d’objectifs financiers et d’équipe de pilotage.

LA : Les institutions comme le port d’Abidjan peuvent-elles opérer une sortie sur le marché international et notamment sur celui des sukuks ?MD : Absolument ! Bien sûr, de telles

émissions sont tributaires d’un certain nombre de conditions. Au premier rang des conditions inhérentes à une émis-sion de sukuks est le caractère conforme, au sens du droit musulman, des actifs sous-jacents. L’activité d’une entreprise comme le port d’Abidjan est parfaite-ment licite. Ensuite, il faut clairement différencier les sukuks garantis (dits « asset-based » ou « unsecured ») des sukuks de titrisation (dits « asset-bac-ked » ou « secured »). Les premiers béné-ficient de mécanismes de rehaussement de crédit inhérents à la qualité de crédit de l’émetteur, c’est-à-dire de sa notation par les agences de ratings ; les seconds, en revanche, fournissent au marché des sukuks qui reflètent la qualité des sous-jacents, et supposent au préalable un cadre juridique autorisant les titrisa-tions islamiques. Si le second scénario nécessite encore du temps et une certaine maturité, le premier est tout à fait envi-sageable. Par ailleurs, en dehors du port d’Abidjan, il y a de grands projets comme la construction d’une autoroute entre Abidjan et San Pedro (qui est une ville

touristique), et une ligne rapide de train entre Abidjan et Yamoussoukro (qui est la capitale politique).AH : En effet, la séquence devrait être peu ou prou la suivante : l’Etat ivoirien reçoit un rating, lequel servira de test de performance au rating des corporates ivoiriens, lesquels en retour serviront à faciliter les émissions de sukuks, d’abord de l’Etat, puis des entités sub-souveraines (corporates, banques, compagnies d’assu-rance). A ce titre, recourir aux services d’une agence de rating régionale comme West African Rating Agency (WARA) serait une excellente chose, notamment dans la perspective d’émissions conven-tionnelles et islamiques, tant régionales (en francs CFA) qu’internationales (en devises). De telles émissions seraient tout autant souscrites par des investisseurs du Sud que par ceux du Nord, et contribue-raient à densifier les relations éco-finan-cières Sud-Sud, ce qui, symétriquement, tendrait à réduire la dépendance au Nord. Aussi, la finance islamique, par le canal des sukuks, servirait de pont entre deux mondes : un monde riche en liqui-dité (le Moyen-Orient et l’Asie) et un monde riche en ressources (humaines, naturelles et opportunités de croissance).

LA : Existe-il d’autres secteurs pouvant bénéficier de financements ?MD : L’enjeu est précisément là ! La Côte d’Ivoire constitue sans doute l’économie

Les avis de Mouhamed Diakité et d’Anouar Hassoune, deux spé-cialistes africains de la finance islamique. Entretien croisé.

« La finance islamique, en Côte d’Ivoire comme ailleurs, c’est

d’abord cela : la mutualisation de la création de valeur dans la

perspective d’une économie réelle, partenariale et distributive. »

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16 - Les Afriques - N° 165 - 9 au 15 juin 2011 industrie et services

« La nécessité économique et sociale d’investir 2% du PIB mondial dans le verdissement »

la plus diversifiée de la sous-région et l’une des mieux dotée d’Afrique. Outre le secteur de la logistique et des transports (l’Afrique, c’est grand !), pensons aux ressources agri-coles (notamment le cacao) et halieutiques, au secteur de la sylviculture et à la filière du bois en général, à notre sous-sol si riche en mine-rais et énergie fossiles ; pensons à la santé, à l’éducation, aux infrastructures (notamment après le choc de la guerre), au logement, aux énergies alternatives et tout simplement à l’eau… Autant de gisements de richesses qui ne demandent qu’à être exploités de manière éthique, c’est-à-dire dont les rendements sont équitablement distribués entre les parties pre-nantes et les facteurs de production : action-naires et bailleurs de fonds (locaux, régionaux et internationaux), main d’œuvre locale, ex-perts, spécialistes et bien évidemment le bud-get de l’Etat. AH : La finance islamique, en Côte d’Ivoire comme ailleurs, c’est d’abord cela : la mutua-lisation de la création de valeur dans la pers-pective d’une économie réelle, partenariale

et distributive. Les investisseurs étrangers, notamment en provenance du monde musul-man, percevront le risque d’un pays sortant à peine d’un conflit armé. Mais rapidement, au terme de la stratégie de communication des autorités, la qualité de signature du pays (re-flétée par un rating qui ne tardera pas à venir) s’améliorera sans aucun doute et l’industrie financière islamique découvrira à quel point la Côte d’Ivoire représente l’exemple-type de ce dont elle a besoin : une grande économie très diversifiée regorgeant d’une vitalité à la mesure de l’étendue de ses ressources.

LA : Comment la BCEAO, institution cen-trale, et les différentes autorités du marché accueilleraient-elles ces innovations ?MD : C’est déjà le cas ! La Côte d’Ivoire n’est pas le premier pays de la sous-région à explo-rer les opportunités que la finance islamique suggère. Par exemple, le Sénégal dont le sec-teur bancaire tombe aussi sous la régulation et la supervision de la BCEAO. Par conséquent, l’institut d’émission régional central a déjà eu à connaître des problématiques islamiques dans plusieurs juridictions de la sous-région. Force est de constater, à cet égard, que les auto-rités régionales, tant bancaires que de marché, ont très bien accueilli les initiatives islamiques et ont contribué avec la plus grande diligence à faciliter les travaux de recherche, d’étude et d’aménagement réglementaire, notamment les articles 43 et 56 de la nouvelle loi bancaire.AH : Tant que les risques systémiques sont sous contrôle, que les pressions inflationnistes en provenance de l’activité de crédit et de création monétaires sont suffisamment bor-nées et que, plus généralement, la stabilité du système financier n’est pas en jeu, les autorités de régulation centrale tendent à faire preuve d’une grande neutralité en matière de finance islamique. Outre cette posture bien compré-hensible, la finance islamique peut contri-buer à l’inclusion financière des populations (notamment par le biais de la micro-finance islamique) et à accroître ainsi le taux d’accès aux services financiers. En outre, adossée à l’économie réelle, les mécanismes mêmes de

la finance islamique permettent d’explorer de nouvelles classes d’actifs, d’élargir le champ d’allocation de l’épargne et, par le biais du par-tage des profits et des pertes, de favoriser la ca-nalisation de cette épargne vers des véhicules financiers désintermédiés comme les OPCVM et les fonds d’investissement.

LA : Y a-t-il un montage financier à faire dans le domaine du cacao pour attirer des investis-seurs islamiques?MD : Comme tout secteur économique, la filière du cacao a besoin de fonds propres (haut de bilan), de dette (bas de bilan) et de mécanismes de mutualisation des risques (assurances, dérivés et engagements de hors-bilan). Tout cela, la finance islamique sait désormais le prendre en charge. Une banque islamique pourrait en effet mettre son bilan à la disposition des exploitants, des cour-tiers, des distributeurs et des exportateurs de cacao, tout en accompagnant la montée en gamme du secteur et sa sophistication crois-sante. Les banques islamiques disposent déjà

d’un maillage international dense, non pas seulement dans le Golfe et en Asie du Sud-Est (comme on tend souvent à le penser à tort), mais au contraire dans un nombre croissant de centres financiers à vocation globale.AH : A cela s’ajoute l’injection de fonds propres… En effet, nous pouvons imaginer un fonds d’investissement (par exemple domici-lié au Luxembourg sous la forme de SICAR), lequel lèverait des sommes d’argent en « equi-ty » pour les réinvestir dans différentes ma-tières premières ayant le vent en poupe, dont le cacao ivoirien. Ce fonds pourrait être par-tiellement amorcé (on dit souvent « seedé ») par des institutionnels ivoiriens ainsi que des co-investisseurs multilatéraux comme la BID ou la Banque mondiale et des pourvoyeurs de fonds privés comme des banques, com-pagnies d’assurances et individus valorisant l’islam financier. Avec ou sans levier financier (islamique bien entendu), ce fonds identifie-rait, sélectionnerait et gèrerait la classe d’actifs « matières premières » en fonction de la de-mande structurelle mondiale… et quand la Chine mangera du chocolat tous les jours, il y a fort à parier que ce fonds luxembourgeois en sortira grandi !

Propos recueillis par Adama Wade, Paris

L’année prochaine se tiendra à Rio de Janeiro la Conférence des Nations unies sur le développement durable encore

appelée Rio +20. C’est pour préparer cette importante manifestation que le PNUE vient de publier « Vers une économie verte : pour un développement durable et une éradication de la pauvreté – Synthèse à l’intention des décideurs ». D’après Achim Steiner, directeur exécutif du PNUE et sous-secrétaire général des Nations unies « ce rapport dresse un tableau convaincant de la nécessité économique et sociale d’investir 2% du PIB mondial dans le verdissement de dix sec-teurs cruciaux de l’économie afin de réo-rienter le développement et de canaliser les flux de capitaux publics et privés vers l’utilisation rationnelle des ressources et la réduction des émissions de carbone ».

Quelle définition pour l’économie verte ?Aussi paradoxal que cela puisse pa-raître, c’est en période de crise que les opportunités de croissance verte se font ressentir. Si la crise économique est en voie de résorption, le monde reste confronté à plusieurs autres menaces. Nous faisons actuellement face à une crise climatique, énergétique, agricole, à la perte de la biodiversité et à la dégra-dation des ressources hydriques. Avec la croissance démographique, l’urba-nisation rapide et l’épuisement des matières premières, une économie basée sur l’exploita-tion non durable des énergies fossiles, comme c’est le cas actuellement, n’est pas viable à long terme. Il faut donc revoir le business model et favoriser l’émergence d’une croissance moins « brune ». Pour le PNUE, l’économie verte est « une économie qui entraîne une amélioration du bien-être humain et de l’équité sociale tout en réduisant de manière significative les risques environnementaux et la pénurie de ressources ».

L’indispensable rôle du politiqueEn 2008, quand le prix du baril a atteint 147 dollars, le montant des subventions aux éner-gies fossiles a explosé pour atteindre 650 milliards de dollars. Pas évident, dans ces conditions, de favoriser l’essor des énergies renouvelables. Pourtant les énergies nouvelles sont compétitives quand le coût du pétrole se situe au-delà de 80 dollars le baril. Au niveau social, ce sont les populations les plus pauvres qui sont le plus pénalisées, pourtant elles pour-raient bénéficier des énergies renouvelables. En Afrique, les 110 millions de ménages au revenu le plus bas dépensent plus de milliards de dollars par an en kérosène pour l’éclairage, un produit coûteux, inefficace et dangereux pour la sécurité et la santé. L’organisme onusien propose quelques initia-tives à prendre aux niveaux nationaux : chan-gements dans la politique budgétaire, réforme et réduction des subventions préjudiciables à l’environnement, recours à de nouveaux ins-truments économiques, ciblage des investis-sements publics sur des secteurs clés écolo-giques, prise en compte de l’environnement dans les marchés publics, amélioration des rè-

glements environnementaux et renforcement de leur application. Au niveau international, il est également possible d’ajouter des éléments à l’infrastructure des marchés, d’améliorer les flux d’aide et de commerce et d’encourager une coopération accrue.

1300 milliards de dollars par an pour la transition vers l’économie verteLa transition vers l’économie verte sera lente et aura un coût. Selon les scénarii établis par le PNUE, la mutation vers une croissance « dé-carbonée » nécessitera 1300 milliards de dol-

lars soit 2% du PIB mondial par an. De 2011 à 2020, cet investissement sera plus bénéfique pour l’économie brune. C’est à partir de 2030 que l’économie verte l’emportera. Pour gagner ce challenge, le Programme des Nations unies pour l’environnement propose de cibler dix secteurs d’activités jugés essentiels pour le verdissement de l’économie mondiale avec les investissements suivants :

• 108 milliards de dollars pour le verdis-sement de l’agriculture, petites exploita-tions comprises ;

• 134 milliards de dollars dans le verdisse-ment du secteur du bâtiment en amélio-rant l’efficacité énergétique ;

• plus de 360 milliards de dollars dans le verdissement de l’offre énergétique ;

• près de 110 milliards de dollars dans le verdissement de la pêche, comprenant une baisse de la capacité des flottes mondiales ;

• 15 milliards de dollars dans le verdisse-ment de la foresterie avec d’importantes répercussions bénéfiques en termes de lutte contre le changement climatique ;

• plus de 75 milliards de dollars dans le verdissement des activités industrielles, dont l’industrie manufacturière ;

• près de 135 milliards de dollars dans le verdissement du secteur du tourisme ;

• plus de 190 milliards de dollars dans le verdissement du transport ;

• près de 110 milliards de dollars dans les déchets, avec le recyclage ;

• un montant du même ordre dans le sec-teur de l’eau dont l’assainissement.

Thierry Téné

Pour le PNUE, l’éradication de la pauvreté passe par l’économie verte. Il faut revoir le business model et favoriser l’émergence d’une croissance moins « brune ».

Si la crise économique est voie de résorption, le monde reste confronté à

plusieurs autres menaces. Nous faisons actuellement face à une crise climatique, énergétique, agricole, à la

perte de la biodiversité et à la dégradation des ressources

hydriques.

Mouhamed Diakité est président du Comité national de la finance islamique de Côte d’Ivoire (CNFICI) ; il est diplômé en stratégie d’intelligence économique de l’Ecole de guerre économique de Paris et en finance islamique de l’Université Paris-Dauphine.

Anouar Hassoune est directeur général associé de Real Economy Partners (REP), la première société française de conseil en investissement islamique agréée par l’Autorité des marchés financiers (AMF) et entièrement dédiée à la structuration de produits financiers islamiques. Anouar Hassoune est également membre du conseil d’administration de West African Rating Agency (WARA).

« Par ailleurs, en dehors du port d’Abidjan, il y a de grands projets comme la construction d’une autoroute entre Abidjan et San Pedro et une ligne rapide de train entre Abidjan et Yamoussoukro. »

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Les Afriques - N° 165 - 9 au 15 juin 2011 - 17

- Le quatrième défi réside dans l’insécurité foncière générée par une absence de données fiables, la multiplication des litiges domaniaux;

- La faiblesse des revenus et de l’épargne;- Le manque de recherches en vue d’innover et de maxi-

miser la valorisation et l’utilisation des produits locaux (argile, géobéton, bois, phosphogypse, etc.);

- La longueur des procédures bancaires et administratives, en plus du coût élevé de l’argent, ne sont certainement pas en reste dans cette énumération.

LA : Quelles sont les opérations actuellement en cours au niveau de Shelter Afrique ?SD : Pour l’exercice 2011, le montant des prêts doit passer de 80 à 100 millions de dollars.Dans le même temps, les engagements passeraient de 60 à mil-lions de dollars et les décaissements de 34 et 50 millions de dol-lars. Egalement au cœur de l’agenda, l’amélioration du porte-feuille de la société en vue de le rendre plus sain, la politique de diversification des opérations dans les pays, ainsi que les types

d’instruments utilisés. Il en est de même de l’augmentation de la taille moyenne des prêts, ou du renforcement de la supervi-sion directe des projets, hors du Kenya, siège de l’institution, par le recrutement de consultants locaux.

LA : Quelles sont les perspectives de votre institution ?SD : La poursuite des actions de sensibilisation en vue du recouvrement auprès des Etats de la partie du capital social non libérée se poursuit. Il est aussi envisagé l’ouverture de la première agence régionale de Shelter Afrique, au Nigeria. La création d’une unité spécialisée dans l’habitat social ainsi que la mise sur pied d’une unité spécialisée dans l’import-export constitue également des aspects importants de l’agenda du présent exercice. Shelter Afrique entreprend actuellement une série d’actions envers les partenaires au développement en vue de la création d’une société d’investissements pour laquelle le conseil d’administration a déjà approuvé une prise de partici-pation, sous forme d’actions, à hauteur de 5 millions de dollars.

Amadou Seck, Nouakchott

industrie et services

« En 2011, les montants des prêts accordés par Shelter Afrique vont dépasser 100 millions de dollars »

Un Forum de l’investissement pour de nouvelles opportunités d’affaires en Tunisie

Les Afriques : Quel est le contexte dans lequel est né Shelter ?Saïd Diaw : Je vous remercie de me donner l’occasion de

parler de notre institution à vos lecteurs. L’institution Shelter Afrique a été crée par la Banque africaine de développement (BAD) en 1982 accompagnée de quelques pays africains. La BAD a estimé nécessaire et essentiel de mettre en place une ins-titution spécialisée pour le financement de l’habitat. Ainsi, sept pays africains et la BAD constituaient l’actionnariat à la création de Shelter Afrique. Au fil du temps, d’autres se sont joints à cet outil de développement et aujourd’hui l’institution compte 42 Etats africains membres ainsi que la BAD et la Société africaine de réassurance (AFRICA-RE) dont le siège est à Lagos (Nigeria).

LA : Quelle la principale mission de Shelter Afrique ?SD : La mission principale de Shelter Afrique est la mobilisation de ressources financières en vue d’accompagner les secteurs public et privé, pour le financement de projets immobiliers en Afrique. Et ceci, dans l’optique d’une recherche continue d’un habitat pour tous.

LA : Quels sont les principaux défis du logement en Afrique, continent où l’urbanisation progresse souvent de manière peu maîtrisée, pour ne pas dire anarchique ?SD : Les défis du secteur sont importants et complexes. Sans prétendre en maîtriser tout le contour, nous en partageons avec vous quelques uns :

- L’inadéquation entre les ressources disponibles au niveau des banques locales et celles attendues pour financer l’habitat. En fait, l’habitat a besoin de ressources impor-tantes et à long terme. Cependant, généralement, dans nos banques, les ressources disponibles sont limitées et à court terme ;

- La cherté du coût moyen de construction des logements et d’aménagement des parcelles, la plupart des matériaux étant importée;

- La forte pression urbaine dans les grandes villes du fait d’un exode rural massif. La conséquence de celle-ci est une occupation anarchique de l’espace périurbain, d’où la prolifération de bidonvilles, la promiscuité, l’absence d’eau et d’électricité;

Avant la révolution du 14 janvier, en 2010, les exportations poin-taient à 28 868,7 millions de di-

nars et le taux d’investissement représen-tait 26,5% du PIB. Qu’en sera-t-il, cette année 2011, de cette économie qui était classée aux premiers rangs à l’échelle africaine et sud méditerranéenne en ma-tière de compétitivité ? Qu’adviendra-t-il de ce pays qui était considéré « à faible

risque » depuis 1994 par les agences de notation américaines, européennes et japonaises ? Et comment réagiront les nombreux investisseurs, à commencer par l’Union européenne, premier parte-naire, qui avait intégré en 2008 la Tunisie dans la zone de libre échange avec l’UE ? Réponse les 16 et 17 juin, au Forum d’in-vestissement qui aura lieu à Tunis. Tunisia Investment Forum 2011 est le premier événement post-révolution de la Tunisie. Il est organisé par l’Agence de promotion de l’investissement extérieur FIPA Tunisia. « La rencontre économique de FIPA Tunisia présentera la nouvelle donne caractérisant l’environnement

d’affaires en Tunisie ainsi que les actions mises en œuvre pour soutenir l’expansion des IDE dans cette période de transition. » L’enjeu est d’importance.

Des résultats mitigésLes résultats d’activité des quatre pre-miers mois de l’année 2011 fournis par FIPA renseignent sur la situation qui, pour l’heure, prévaut. Les investissements

étrangers ont atteint 448,8 millions de dinars, contre 594 millions de dinars à la même période en 2010, soit une baisse de l’ordre de 24,5%. Ils sont concentrés sur les secteurs énergétiques et ceux des industries manufacturières. S’agissant des IDE réalisés hors secteur énergétique, dans les activités de services liées aux industries de transformation, ils ont augmenté de 6,1% (62,7 mil-lions de dinars contre 59,1 millions de dinars). En revanche, les flux d’IDE ont chuté de près du quart (24,3%) dans le secteur manufactu-

rier, sauf pour les industries mécaniques, électriques et électroniques (IME) ainsi que pour le textile et l’habillement, deux postes qui polarisent l’investissement. Le premier avec 33 projets réalisés et près de 1200 emplois créés pour un investisse-ment équivalent à 37 millions de dinars. Le second, avec 22 nouveaux projets et la création de plus de 1000 emplois. Les exportations textiles ont d’ailleurs augmenté de 17,6% en avril. Sur les quatre premiers mois de l’année, le premier client est le Royaume Uni avec +32,7% de commandes, suivi par l’Alle-magne (+23,7%). Les Pays-Bas qui sont dans le trio de tête (+18,7%) pourraient

renforcer leur implantation dans le pays si le fabricant de denims hollandais, Marathon, confirmait son intention d’ouvrir une nouvelle usine à Kasserine, cette année 2011. Les investissements dans les industries chimiques sont égale-ment en hausse avec une augmentation de 102% en un an (34 millions de dinars contre 16,8 en 2010). Au total, de janvier à avril, ce sont quelques 36 nouvelles entreprises à participation étrangère qui sont entrées en production tandis que 65 opérations d’extension ont été réali-sées par des entreprises étrangères déjà implantées sur le territoire tunisien.

Accompagner la transitionPour autant, ces résultats sont à conso-lider et à pérenniser, tout comme la confiance des investisseurs qu’il faut maintenir au moment où quelques per-turbations ralentissent l’appareil de pro-duction, notamment des mouvements sociaux sur la question des salaires. Au cours du premier trimestre, la croissance est du reste en repli de 3,3% et le PIB en chute de 7,8%. Le secteur du tourisme, qui contribue à 7% du PIB, est directe-ment impacté, avec une baisse de plus de 50% des nuitées et de plus de 40% des entrées sur les quatre premiers mois de l’année.Pour suppléer au manque à gagner qu’occasionnent fatalement ces renégo-ciations en Tunisie et la baisse drastique du niveau des échanges économiques avec la Libye, les institutions bancaires et financières ont consenti à des prêts d’ur-gence. C’est le cas de la Banque africaine de développement qui a débloqué 345 millions €, de la Banque mondiale (345 millions €), de l’Union européenne (90 millions €) et de l’Agence française pour le développement (185 millions €).

Véronique Narame

Said Diaw, directeur des opérations à Shelter Afrique, évoque l’activité de Shelter Afrique à travers un entretien qu’il nous a accordé.

Les 16 et 17 juin, le monde des affaires a rendez-vous à Tunis. Au programme de l’événement, la présentation des potentialités économiques et des compétences du pays.

« Pour l’exercice 2011, le montant des prêts doit passer de 80 à

100 millions de dollars.Dans le même temps, les

engagements passeraient de 60 à 75 millions de dollars et les

décaissements de 34 et 50 millions de dollars. »

Les investissements étrangers ont atteint

448,8 millions de dinars, contre 594 millions de dinars à même période en 2010, soit une baisse

de l’ordre de 24,5 %.

shelter en chiffresCréation 1982.Capital initial : 50 millions de dollarsCapital depuis juin 2009 : 100 millions de dollars.

Afrique du Sud : appui d’Eximbank à EskomAfin d’aider Eskom à construire une nouvelle centrale au charbon, Eximbank, banque d’import-export des Etats-Unis, a décidé de lui prêter plus de 550 millions d’euros, soit près de 800 millions $. Avec une telle enveloppe, la compagnie publique d’électricité sud-africaine, qui l’a annoncé, lundi 30 mai, franchit une étape clé dans son nouveau programme énergétique. A noter que la centrale, dont le coût total est estimé à 14 milliards d’euros, devrait commencer à produire de l’électricité en 2014 et aura à terme une capacité de 4800 MW. Rappelons que le pays de Mandela, qui est confronté à une demande croissante, a lancé un grand programme d’investissement dans le secteur énergétique, après avoir été obligé de procéder à des délestages massifs en février 2008. La construction de deux centrales à charbon, Kusile et Medupi dans le Limpopo (nord-est), a été lancée, en dépit des protes-tations de défenseurs de l’environnement.

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18 - Les Afriques - N° 165 - 9 au 15 juin 2011 economie - politique

Le Maroc va-t-il renoncer au nucléaire ?

Les ambitions dans l’énergie propre, à l’horizon 2015, tablent sur une puissance nouvelle installée de

3640 MW à fin 2015, pour un investis-sement de près de 73 milliards DH. Est-il pour autant légitime de se demander si le volet nucléaire sera mis en veilleuse ?L’énergie verte est de plus en plus au centre de la stratégie énergétique du Maroc. En témoigne le thème de la 2ème édition des Assises nationales de l’énergie, placée sous le thème « Les énergies vertes, un élan pour le Maroc », dont la cérémo-nie d’ouverture a été présidée par le roi Mohammed VI. Au regard des dernières évolutions dans le monde après la catas-trophe de Fukushima, et de la décision de l’Allemagne de renoncer au nucléaire, une telle dynamique se justifie aux des yeux analystes. Pour autant, on est en droit

de se demander si le Cnesten (Centre national de l’énergie, des sciences et des techniques nucléaires) de Maamora, qui œuvre dans le nucléaire civil, sera sacrifié sur l’autel de la psychose ?Cette 2ème édition des Assises nationales de l’énergie est arrivée à point nommé pour consolider les efforts déployés par le Maroc afin de sécuriser son ap-provisionnement par diverses sources d’énergie, d’en assurer la disponibilité et l’accessibilité à des prix raisonnables. Rythmées, notamment par une plénière et quatre tables rondes portant sur le développement local, l’industrialisation, la recherche et le développement, les compétences et l’intégration régionale, animées par des experts marocains et internationaux de renom, les assises ont fait un round up complet du secteur, sin-

gulièrement quant à la prospective de l’énergie propre.Un bilan d’étape des différents chantiers, lancés dans le cadre de la stratégie éner-gétique nationale, adoptée en mars 2009, a été présenté par Amina Benkhadra, mi-nistre marocaine de l’Energie, des mines, de l’eau et de l’environnement. Elle est effectivement revenue sur la stratégie énergétique nationale qui a pour princi-paux objectifs de sécuriser l’approvision-nement du Maroc en diverses formes d’énergie, d’en assurer la disponibilité et l’accessibilité à des prix raisonnables et de rationaliser leur utilisation tout en préservant l’environnement. Il ressort de ce rendu qu’une nouvelle cadence, dans des dimensions encore plus importantes, a été intimée au secteur.

Des partenariats tous azimutsDans les énergies renouvelables, pas moins de cinq conventions ont été signées, allant de la création d’un Institut des métiers des énergies renouvelables et de l’efficacité éner-gétique, à l’appui à l’investissement industriel dans les filières des éner-gies renouvelables et de l’efficacité énergétique. Un accord-cadre de coopération dans les domaines de la recherche et du développement du photovoltaïque, le renforcement du parc éolien de Tanger Abdelkhaleq Tores (jusqu’à 300 MW), fruit d’un partenariat avec Theolia, et la confi-guration commune de projets en matière d’énergie solaire dans le cadre de Desertec, placent incontes-tablement le pays sur l’ère de l’éner-gie verte.Globalement, ce sont sept conven-

tions, contrats programmes et accords-cadres, portant sur le développement des énergies renouvelables et la recherche et développement en matière énergétique, qui ont été signés par le ministère de tutelle et plusieurs partenaires.Dans le détail, la première convention de partenariat est relative à l’intégra-tion industrielle dans le secteur éner-gétique. Elle vise à accompagner des projets intégrés de l’énergie solaire et éolienne et à développer les compétences en matière d’énergies renouvelables. La seconde entente est un contrat-pro-gramme pour le développement de l’efficacité énergétique et des énergies renouvelables dans le secteur de l’habitat et de l’aménagement urbain. Il s’agit de promouvoir la production d’un habitat à faible consommation énergétique et res-

pectueux de l’environnement, l’utilisa-tion de matériaux de construction pour l’isolation thermique, de mettre en place des formations ciblées afin de favoriser l’efficacité énergétique dans le domaine de l’habitat, …

Atlas du ventLe financement et la construction d’une unité pilote de classe mondiale au sein de l’Institut de recherche en énergie solaire et énergie renouvelable, dans le cadre d’un mémorandum d’entente sur le transfert du savoir-faire technologique, constitue le troisième accord.A cela s’ajoute, l’établissement d’un Atlas du vent et de mesure de vents pour des sites identifiés, l’accélération de la forma-tion dans le domaine de l’éolien à travers un protocole d’accord. Un mémorandum d’entente dans le domaine de la forma-tion et de la recherche sur l’énergie et les énergies renouvelables a aussi été conclu, afin de développer des compétences, de définir les bases de collaboration en matière de formation et de recherche et de favoriser l’émergence d’une expertise scientifique locale. Enfin pour accompa-gner l’Agence marocaine de l’énergie so-laire (MASEN) pour le développement et la mise en place d’infrastructures de re-cherche, ainsi que le transfert du savoir-faire et des technologies, un accord-cadre de coopération en recherche et dévelop-pement a été paraphé.

Un développement cohérentAu travers de ces partenariats, les pers-pectives vers plus d’énergie propre sont corrélées à la stratégie nationale. La ministre de l’Energie a rappelé qu’elle est déclinée en plans d’action à court, moyen et long termes. « Sa mise en œuvre donne des résultats tangibles », s’est-elle plu à souligner. Abdelmoumen totalisant 550 MW de puissance, « à fin 2015, une puissance nouvelle de 3640 MW sera installée, né-cessitant un investissement de près de 73 milliards DH », a soutenu la ministre de tutelle. Mais en 2020, 42% de la capacité de production électrique installée sera d’origine renouvelable. La puissance additionnelle de toutes origines créée au cours de la période 2008 à 2020 sera de 9246 MW. Les équipements permettant d’atteindre une telle puissance génère-ront quelque 50 000 postes de travail directs, dont 12 000 dans le solaire et l’éolien. S’inscrivant un peu plus dans la pros-pective, Mme Benkhadra a révélé au cours de ces rencontres que le Royaume mène des négociations pour la mise en application de l’article 9 de la directive européenne pour exporter de l’électricité verte vers l’UE.

AS

La seconde édition Assises nationales de l’énergie, organisée à Oujda, a été marquée par la signature de cinq conventions rela-tives au développement des énergies renouvelables.

Burundi : timide retour des réfugiés congolaisLe retour, empreint de beaucoup d’hésitation, de réfugiés de la République démocratique du Congo (RDC) vivant au Burundi, a retenu l’attention de la communauté internationale. Sur les 410 000 réfugiés congolais dans les pays voisins, moins de 2000 ont été rapatriés depuis l’année dernière du Burundi. Pour Céline Smith, responsable chargée de la communication au HCR (Haut Commissariat des Nations Unies aux Réfugiés), « la raison se trouve dans la recrudescence de l’insécurité dans cette partie du pays. Une telle situation les empêche de retourner chez eux au Sud-Kivu, dans l’est de la RDC », a-t-elle ajouté. Depuis le 1er janvier 2011, le HCR a rapatrié 1965 refugiés dans leur pays, ce qui porte à 5574 rapatriés congolais dans leur pays d’origine depuis le lancement de l’opération, le 5 octobre 2010. A noter que selon les statistiques de la Commission nationale pour les réfugiés (CNR), publiées en juin 2010, quelque 36 000 Congolais vivent au Burundi sous le statut de réfugié.

Cameroun : prévisions de croissance en hausseLes prévisions de croissance du Cameroun ont récemment ré-visées à la hausse. Elles tablent désormais à 5,6% pour 2012 et 2013, contre 3,8% pour 2011. Par secteur, il faudrait s’attendre à des taux de croissance respectifs de 4,8 et 4,9% sur le secteur primaire pour les deux années, de 7,6 et 6,8% pour le secon-daire, et de 4,8 et 5,2% pour le tertiaire. D’après une source du Ministère camerounais de l’économie, elles tournaient initialement autour de 5,5%, notamment dans l’étude sur « Les perspectives de l’économie camerounaise », édition de novembre 2010. En ligne de mire des analystes de ce département, les projets structurants, prévus dans la stratégie gouvernementale. Ils citent parmi les atouts du Cameroun, le port en eau profonde de Kribi, la disponibilité de l’offre éner-gétique jusqu’ici insuffisante et l’amélioration du climat des affaires. A cela, ils ajoutent la relance des cultures de rente et la mise en exploitation de nouveaux puits pétroliers. Le re-gain de dynamisme serait aussi « le fruit de la mise en œuvre du document de stratégie pour la croissance et l’emploi (DSCE), adopté en 2009 » et censé se traduire par « la levée des prin-cipales contraintes infrastructurelles et même institutionnelles », explique-t-on du côté du Ministère de l’économie.

Côte d’Ivoire : important don de l’UemoaSoumaïla Cissé, président de la Commission de l’Union éco-nomique et monétaire ouest-africaine (Uemoa), a révélé, di-manche 30 mai à Lomé (Togo), que l’institution sous-régionale va faire don de plus de 2 milliards de FCFA à la Côte d’Ivoire. Cette assistance qui a été effective, lundi 30 mai à Lomé, au cours du sommet extraordinaire de la conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Uemoa, vise à appuyer ce pays, après plusieurs mois de crise postélectorale.« A travers ce geste, nous voulons montrer que nous n’attendons pas tout de l’extérieur. Nous sommes capables de commencer, avant le soutien des partenaires. Nous devons tout faire, afin de permettre à la Côte d’Ivoire de retrouver toute sa place au sein de notre Union », a souligné le président de la commission de l’Ue-moa. Le sommet, précédé samedi de la session extraordinaire du conseil des ministres statutaire de l’Uemoa, a été l’occasion de désigner le nouveau gouverneur de la Banque centrale des Etats d’Afrique de l’Ouest (BCEAO), en remplacement de l’Ivoirien Philippe-Henry Dacoury-Tabley, démissionnaire le 22 janvier à Bamako.

Tiémoko Koné, nouveau gouverneur de la Bceao

La Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao) a un nouveau gou-verneur, en la personne de l’Ivoirien Tiémoko Meyliet Koné. Il a été désigné à la session extraordinaire de la conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de

l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa), tenue lundi 30 mai à Lomé. Le nouveau gouverneur, candidat désigné par le président Alassane Ouattara, est un pur produit de l’institution monétaire ouest-africaine. Il y a effectué la qua-si-totalité de sa carrière, avant de retourner dans son pays en 2007. Il s’agit d’un économiste, qui fut directeur de cabinet du Premier ministre ivoirien Guillaume Soro, avant d’occuper les postes de ministre de la Construction et de l’Urbanisme dans le dernier gouvernement avant l’élection présidentielle de 2010.Le Roi préside à Oujda la cérémonie d’ouverture des deuxièmes Assises nationales de l’énergie

La puissance additionnelle de toutes origines créée au cours

de la période 2008 à 2020 sera de 9246

MW. Les équipements permettant d’atteindre

une telle puissance génèreront quelque

50 000 postes de travail directs, dont 12 000 dans

le solaire et l’éolien.

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Les Afriques - N° 165 - 9 au 15 juin 2011 - 19economie - politique

Afrique : le pré-carré francophone à l’épreuve de la mondialisation

Le continent africain est en pleine mu-tation économique depuis près d’une dizaine d’années. Ses nations sont en

effet largement en tête dans les classements des taux de croissance élevés. En plus de cela, les économies africaines ont pu résister à la grande récession de 2008. Comme pour cou-ronner cette prouesse, l’Afrique du Sud vient d’être admise au sein du groupe des pays

émergents que sont le Brésil, la Russie, l’Inde et la Chine. L’Afrique a, elle aussi, son propre « photo-al-bum » en matière d’émergence économique, et celui-ci contient des pays phares comme le Nigeria, l’Angola, le Botswana, l’Egypte, la Tunisie et l’Ile Maurice. Auprès de ces grands on compte récemment de nouvelles nations qui sont de sérieux candidats à l’émergence. Ce sont des nations comme, le Ghana, le Cap Vert, la Tanzanie, le Rwanda et l’Ethiopie. Si ces pays reçoivent tant d’éloges, il n’en est pas de même pour les anciennes gloires de l’économie de l’Afrique francophone que sont la Côte d’Ivoire, le Sénégal, le Cameroun et le Gabon ! Que deviennent ces anciennes gloires ? Cette analyse essaie d’abord de pré-senter l’évolution économique des ces quatre pays entre 1970 et 2010. Pour évaluer l’évolu-tion de ces économies, nous avons construit

un index appelé « gain de croissance » qui est la différence entre le nombre d’années où le taux de croissance annuel est positif et celui où il est négatif. En plus du gain de croissance, nous prenons en compte les indices standards que sont les taux de variation du PIB par tête au cours de la période considérée. Le nombre d’années où un pays de liste est en récession est aussi pris en compte. On fera mention de « récession » quand le PIB par tête sera négatif.

Les années 70Dix années après les indépendances, le Sénégal cherche ses marques. Tout au long de cette période, ce pays a connu cinq années où le taux de croissance du PIB a diminué

(négatif) et six années de périodes où il a été positif, révélant indirectement l’instabilité de la croissance économique des années 70. Pendant cette même période, on découvre du pétrole au Cameroun dès la fin de l’année 70. Les pétroliers de la liste (le Gabon et le Cameroun) partagent le milieu du classement avec un gain en croissance de +7. Ces gains de croissance sont confirmés par des taux de PIB,

par tête, élevés pour ces deux pays. Le Gabon est à la tête avec 6,5% suivi du Cameroun avec 3,49%. Le cas de la Côte d’Ivoire laisse un peu perplexe. Ce pays connait un gain de crois-sance de +9, mais quand on considère le taux moyen de croissance du PIB par tête, la Côte d’Ivoire ne peut que récolter que 1,23% de la production par tête. Explication ? On peut conclure qu’entre 1970 et 1980, le gain de croissance n’a pas jugulé une certaine hausse de la population. Quand on prend en compte le nombre de récessions (nombre de fois où le PIB par tête est négatif), le Cameroun avec seulement deux « récessions » apparait comme l’économie la plus stable du groupe. Le Gabon (quatre récessions) a connu de grandes hausses positives de son PIB qui a, à la fin, annihilé les périodes de « vaches maigres ». Elle est de loin l’économie la plus performante. Les données de notre tableau donnent une modeste place à la Côte d’Ivoire où les traces du soi-disant « miracle ivoirien » ne sont pas très visibles. Le Sénégal ferme la marche dans tous les domaines (nombre de récessions le plus élevé, faible taux de crois-sance moyen).

Les années 80Cette période est celle qui correspond avec la crise économique des pays africains au sud du Sahara. Presque partout les taux de croissance économique atterrissent dans la zone négative. La dégradation des termes de l’échange et la mauvaise conjoncture écono-mique mondiale, associée à l’inefficience des politiques économiques nationales, sont les causes principales de la débâcle. Le taux de croissance moyen du PIB par tête du groupe des quatre est de -1,1 quand pour la décennie précédente il était de 2. La Côte d’Ivoire et le Gabon font leur entrée dans la zone rouge avec respectivement -4,5 et -0,73. Ces économies fortement extraverties su-bissent les conséquences de la baisse des prix des produits d’exportation. Le Sénégal, avec

un taux de croissance moyen de -0,87, a réus-si à réduire la dégringolade sans pour autant sortir de la zone rouge. Le Cameroun est le seul pays de la liste à limiter les dégâts avec un taux de croissance par tête positif (1,76) et au dessus de la moyenne (-1,08). En pre-nant en compte le nombre de récessions, il est évident que la Côte d’Ivoire, avec dix années de croissances négatives sur onze a été le pays le plus secoué. En partant de +9 en gain de croissance dans les années 70, la Côte d’Ivoire obtient un gain de +1 pour les années 80. Au Sénégal, on sent dans cette même période que l’économie donne des signes de regain. De +1 dans les années 70, le pays obtient +3 en gain de croissance dans les années 80. Il est le seul pays à augmenter son taux de croissance moyen.

Les années 90La saignée générale de l’économie des quatre pays continue jusqu’à l’année 1994, où d’un commun accord avec les institutions interna-tionales, le franc CFA sera dévalué. Cette dé-valuation va freiner pour un temps la dégrin-golade des économies de la Côte d’Ivoire, du Sénégal et du Gabon. La Côte d’Ivoire reste toujours dans la zone négative avec un taux moyen de -0,93. Le Gabon augmente son taux moyen de croissance à 0,3, confirmé par une hausse du gain de croissance qui passe de +4 dans les années 80 à +7 dans les années 90. Le Sénégal confirme ce qu’on pressentait déjà à partir des données des années 80. Ce pays est la force montante du groupe. En termes de gain de croissance, il passe de +3 dans l’année 80 à +7 dans les années 90. Pour la première fois, après une période de 20 ans, le Sénégal réussit à stabiliser son économie. Le Cameroun est le grand perdant des années 90. Habitué aux premières places, ce pays va connaître un taux de croissance moyen de -2. Sur une période de 20 ans, son gain de crois-sance est resté fige à +2. La dévaluation a lé-gèrement réduit le nombre de récessions par rapport à la décennie passée.

Le nouveau milleniumDix ans après le nouveau millenium, la dy-namique du groupe des quatre a légèrement changé. Le Sénégal prend la tête du groupe avec un taux de croissance moyen du PIB par tête de 1,23 entre 2000 et 2010. Peut-on clamer que les derniers sont devenus les premiers et les premiers les derniers ? Le Cameroun avec 0,66 revient dans la zone po-sitive après la « décennie de perte des années 90 ». Le Gabon ne réussit pas maintenir son taux de croissance par tête et retombe dans la zone négative avec -0,28. En dépit de ces mixes résultats, le Sénégal, le Gabon et le Cameroun ont tous amélioré leurs gains de croissances à +6. Le cas de la Côte d’Ivoire est pathétique ! Son gain en croissance est négatif (-2). C’est en effet pour la première fois sur 40 années

qu’un pays au sein du groupe connaît un tel résultat. L’instabilité politique de ces dix der-nières années a relégué le pays au dernier rang du groupe. En 2002, une guerre civile éclate et divise le pays, l’économie est au ralentie. En 2010 le conflit électoral et la guerre qui en résulte détruisent la capitale économique.

Selon le classement de la performance écono-mique des quatre économies, il est clair que le Gabon est à la tete du groupe des quatre sur le long terme. Dans la période récente de 2000-2010, c’est le Sénégal qui occupe la première place suivi du Cameroun. Le Gabon occupant la troisième position. La Côte d’Ivoire ferme la marche.

Quelles leçons peut-on retenir de cette analyse ? 1. Le Sénégal est l’économie émergeante du

groupe. De la dernière place dans la pé-riode des années 80, ce pays a amélioré sa position pour être à la première place dans la dernière décennie.

2. Le Cameroun est le pays le plus stable en termes de « récession ». Il a en effet le taux moyen de récession le plus bas (3,5). Son économie vient à la deuxième position du groupe.

3. Quand on considère la période globale de notre analyse, le Gabon est en tête du clas-sement. Si au contraire nous nous consi-dérons la période entre 2000 et 2010, le Gabon, qui apparaît comme une économie aux nombreuses potentialités, est en perte de vitesse.

4. La Côte d’Ivoire ! Pleure ô pays bien aimé. L’économie ivoirienne apparaît comme la plus instable avec le taux moyen de réces-sion de 7,5 le plus élevé du groupe. Cette économie en perpétuelle turbulence (crises économiques des années 80, dévaluation des années 90 et conflits armés de la der-nière décennie) ne peut qu’occuper la der-nière place du groupe...

Francis Konan

Économiste, diplômé de l’Université d’économie et de gestion de Vienne

(Autriche), diplômé de l’Institut des études avancées de Vienne (Autriche), diplômé

de la Faculté des sciences économiques & gestion de l’université d’Abidjan (Cocody).

Que deviennent les anciennes gloires de l’Afrique francophone (Côte d’Ivoire, Sénégal, Cameroun, Gabon) ? Focus.

Périodes de croissance économiques

70-80 80-90 90-00 00-10CAM 3.49 1.76 -2.08 0.66CIV 1.23 -4.51 -0.93 -1.95GAB 6.5 -0.73 0.3 -0.28SEN -0.48 -0.87 0 1.23Moyenne 2.685 -1.0875 -0.6775 -0.085

Classement de la Performance Economique

70-80 80-90 90-00 00-10CAM 2 1 4 2CIV 3 4 3 4GAB 1 2 1 3SEN 4 3 2 1

L’économie ivoirienne apparaît comme la plus instable avec le taux moyen de récession de 7,5, le plus élevé du groupe. Cette économie en perpétuelle turbulence ne peut qu’occuper la dernière place du groupe...

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20 - Les Afriques - N° 165 - 9 au 15 juin 2011 economie - politique

Libye : important revirement de la Chine

Burkina Faso : mobilisation des partenaires techniques et financiers

Le président du CNT a reçu ré-cemment un diplomate chinois à Doha, apprend-ton vendredi 3 juin

de Pékin. En Libye, les insurgés basés à Benghazi sont en train d’accumuler les

bons points. Le dernier rapprochement, qui n’est autre que le premier contact officiel entre la Chine et eux, est jugé hautement stratégique. Moustapha

Abdeljalil, président du CNT, a effective-ment reçu à Doha, capitale du Qatar, SE Zhang Zhiliang, ambassadeur de Chine au Qatar. Si l’information a été révélée vendredi 3 juin à Pékin, par contre rien

n’a filtré quant au contenu de l’entretien, ni sur la date de cette entrevue. Très laconique, le communiqué publié par la diplomatie chinoise fait état d’échanges de points de vue sur la crise libyenne. Plusieurs observateurs ont souligné que ce premier contact avec la rébellion est capital. Ils rappellent que la Chine qui s’est abstenue de voter la résolution 1973 du Conseil de sécurité de l’Onu, n’a pas cessé de condamner l’extension des opéra-tions militaires, a régulièrement lancé des appels au cessez-le-feu, mais c’est surtout positionnée pour exploiter des puits de pétrole désertés par des Occidentaux.

Le business d’abord A ceux-ci, Pékin rétorque que la position de la Chine est claire en Libye, dans la mesure où elle œuvre à la mise en place

d’une solution politique à la crise. Aussi, le Ministère des affaires étrangères a insisté sur le fait que l’avenir de la Libye doit être déterminé par son peuple. De toute évidence, ce pays n’est pas le seul à jouer sur les deux tableaux. Sur un tout autre chapitre, dans le re-gistre des télécommunications, des pour-parlers sont annoncés, imminents entre le gouvernement nigérien et la société libyenne, Lap Green Network. Cet opé-rateur libyen, contrôlé par la famille de Kadhafi et présent en Côte d’Ivoire et au Rwanda, a été adjudicataire, en janvier dernier, de la Société nigérienne de télé-communications (Sonitel) et de sa filiale GSM, Sahel Com. Lap Green Network doit verser 31 mil-liards FCFA pour acquérir la majorité dans ces deux entreprises, soit 51% des parts, et développer une licence de dix ans. Salifou Bouché, ministre nigérien de la Communication du nouveau cabinet gouvernemental, vient de donner des ins-tructions pour une application effective de l’accord signé en janvier dernier. Mais, il est vrai que les travailleurs nigériens ne l’entendent pas de cette oreille, en dépit des garanties données par l’acquéreur potentiel. Amoumoune Adam, secrétaire général du Syntrasso, l’un des syndicats des télécommunications au Niger a clai-rement soutenu que les membres de cet organe rejettent cet accord, vu que le gouvernement va remettre ces deux en-treprises aux mêmes dirigeants qui ont échoué à les relancer.

Daouda MBaye

Les autorités ont pris en compte les revendications des mutins et des manifestants en décidant de me-

sures visant à l’amélioration des condi-tions d’existence des populations. Les concessions vont nécessairement avoir des répercussions sur l’équilibre macroécono-mique du pays. Pour palier le manque à gagner, des économies budgétaires ont d’ores et déjà été réalisées. La communau-té internationale, incarnée par les bailleurs de fonds, apporte son concours. Des aides techniques et financières sont octroyées. La République de Chine Taiwan va al-louer 24 milliards FCFA, répartis entre plusieurs secteurs, dont celui de l’agri-culture et de la filière rizicole en parti-culier. L’Union européenne a signé des contrats de subvention de plus de 5 mil-liards FCFA pour promouvoir l’accès à l’énergie dans les zones rurales. Pour le Danemark, quatrième partenaire bilaté-ral au Burkina Faso en 2010 et qui par-ticipe à hauteur de 19 milliards FCFA en 2011 au développement, les évène-ments qui secouent le « pays des hommes intègres » renforcent sa détermination à opérer la Stratégie de croissance accélérée et de développement durable (SCADD). Au programme de la coopération : la croissance verte appliquée au secteur de l’agriculture et à celui de l’eau et assai-nissement, ainsi que le soutien au déve-

loppement du secteur privé. La France octroie de son côté une enveloppe de 328 millions FCFA qui sera destinée à la formation et au transfert de technologies dans le secteur de l’hydraulique. La Banque mondiale (BM) finance à hauteur de 55 milliards FCFA le projet agricole, Pôle de croissance de Bagré, qui consiste en la création d’une plateforme d’activités agricoles et agro-industrielles. L’Association internationale de développe-ment (IDA), qui dépend de la BM, a souscrit à un accord de don d’un montant de 22,5 milliards FCFA pour le financement d’un programme pour l’éducation. La Société financière internationale (SFI), également membre de la BM, a alloué 300 millions FCFA à la Banque de l’Habitat du Burkina Faso (BHBF) pour améliorer l’accès au fi-nancement du logement. Dans le cadre de la coopération entre le Burkina Faso et le système des Nations Unies (PNUD, PAM et UNFPA), ce sont quelque 163 millions de dollars (81,5 milliards FCFA) qui vont être destinés à des plans d’actions de pro-gramme-pays pour la période 2011-2015.

Atteindre les Objectifs du millénaire pour le développementLa Banque islamique de développement (BID) a mobilisé 5,6 milliards FCFA pour financer le développement de l’enseigne-ment de base dans les régions du Centre-

Est et de l’Est. Abdelaziz Khelef, directeur général de la Banque arabe pour le dévelop-pement économique en Afrique (BADEA), s’engage à participer à la construction de la route communautaire Thiou-Ouahigouya-frontière du Mali. A ce titre, une enveloppe de 10 millions de dollars a été dégagée. En contribuant au renforcement de la coopé-ration économique régionale, M. Khelef s’est dit convaincu qu’« une économie inté-grée est une économie qui se développe vite et qui est à même d’apporter des réponses aux problèmes sociaux des pays ».L’ambassade des Etats-Unis au Burkina Faso a organisé un symposium sur les thèmes de l’adhésion, du leadership et du service communautaire, et a remis du matériel et des équipements sportifs au profit d’une école primaire. De même, elle appuie des programmes de forma-tion à l’esprit d’entreprise, notamment en parrainant le Centre d’information et de formation Junior Achievement. La chancellerie du Canada a, de son côté, fourni du matériel informatique pour le Conseil régional de la jeunesse. L’ambassadeur du Japon au Burkina a réaffirmé son soutien au gouvernement burkinabé. « Nous sommes toujours avec le Burkina Faso pour accompagner les efforts du gouvernement et toute la popu-lation en vue d’atteindre les Objectifs du millénaire pour le développement ainsi que le développement durable du pays », a-t-il confirmé. Depuis l’établissement des relations entre les deux pays, la coo-pération bilatérale a permis au Japon d’octroyer 160 milliards FCFA.

Véronique Narame

La Chine, qui s’était abstenue de voter la résolution 1973 du Conseil de sécurité, autorisant le recours à la force pour proté-ger la population libyenne, mais qui ne lui avait pas opposé son veto, est en train de nouer des relations officielles avec le Conseil national de transition (CNT), instance dirigeante de la rébellion libyenne.

Les soulèvements qui ont eu lieu au Burkina Faso, et qui durent encore, ont causé de lourds dégâts. La communauté internatio-nale vient au secours du pays.

Nigeria : investiture du président Goodluck JonathanGoodluck Jonathan, nouvellement élu à la tête du Nigeria, a été investi président de la fédération nigériane, dimanche 29 mai à Abuja. Le président qui a prêté serment, a promis de transfor-mer et d’unifier le pays le plus peuplé d’Afrique. Faisant allusion aux trois journées d’émeutes qui avaient fait 800 morts après son élection, il a martelé : « Nous ne laisserons personne exploi-ter les différences religieuses ou linguistiques pour nous dresser les uns contre les autres. » Si d’ex-présidents nigérians ont assisté

à la cérémonie, notamment Olusegun Obasanjo, Shehu Shagari, Yakubu Gowon, Abdusalami Abubakar et Ernest Shonekan, les obser-vateurs ont déploré l’absence d’Ibrahim Babangida et de Muhammadu Buhari, candi-dats malheureux à la prési-dentielle. Toujours est-il que la cérémonie d’investiture a été rehaussée par la présence de quelque vingt chefs d’État, essentiellement africains. Parmi ceux-ci, on comptait l’Ivoirien Alassane Ouattara, le Sud-Africain Jacob

Zuma, le Zimbabwéen Robert Mugabe et l’Ougandais Yoweri Museveni. Les observateurs ont remarqué que Washington n’a dépêché que son secrétaire d’État adjoint en charge de l’Afrique, Johnnie Carson, tandis que l’ancienne puissance coloniale britannique était représentée par Henry Bellingham, ministre en charge des affaires africaines. José Manuel Barroso, président de la Commission européenne, a adressé, dimanche 29 mai, un message de félicitations.

Maroc : Boston Consulting Group recommande le Maroc aux investisseurs américainsRichard Lesser, président Amérique du Boston Consulting Group (BCG), leader international du conseil en stratégie, a encouragé, jeudi 26 mai à New York, les investisseurs de son pays à s’intéresser à l’émergence du continent africain, en géné-ral et à choisir le Maroc, en particulier, comme porte d’entrée vers ces marchés en pleine croissance. De son avis, ceux-ci ga-gneraient à placer le Maroc au cœur de leur stratégie de crois-sance en Afrique.Le BCG s’est basé sur une étude, intitulée African Challengers, réalisée en 2010 sur 40 entreprises africaines, en phase de crois-sance rapide, dont six marocaines. « Le Maroc est arrivé en tête de notre liste, conjointement avec l’Afrique du Sud, où nous ouvrons ce mois-ci notre deuxième bureau africain », a confié Richard Lesser. S’exprimant à l’occasion d’un forum intitulé « A la rencontre de l’économie marocaine » dans le cadre du NASDAQ, le marché financier des valeurs technologiques aux Etats Unis, le président du BCG a souligné que « l’émergence économique de l’Afrique se confirme ». Il n’a pas manqué de mettre l’accent sur le fait que, depuis dix ans, l’Afrique connaît une croissance économique largement supérieure à la moyenne mondiale. Les taux de rentabilité qui y sont réalisés sont de loin supérieurs à ceux dans d’autres régions du monde, mais aussi et surtout, le risque perçu par les investisseurs internationaux est supérieur au risque réel.

Ouganda : la gente féminine en force dans le nouvel exécutifPassant de 16 à 22 dans le nouveau cabinet gouvernemen-tal, les femmes sont ressorties gagnantes, vendredi 27 mai, dans les nominations du nouvel exécutif. Aujourd’hui, elles représentent 28% des ministres. Des sources proches du pou-voir assurent que, si le poste vacant au Ministère d’État aux affaires de l’Afrique de l’Est est alloué à une femme, cette pro-portion passera à 30%. S’inscrivant dans cette tendance, la nomination de Rebecca Kadaga, à la présidence du Parlement, est aussi une première en Ouganda. Parmi les mandats clés, on peut citer : Maria Kiwanuka aux Finances, Irene Muloni à l’Energie, Amelia Kyambadde au Commerce et à l’Industrie, Jessica Alupo à l’Education, Mary Okurut Karooro à l’Infor-mation et à l’Orientation nationale, ou encore Christine Androa, à la Santé.

La Chine qui s’est abstenue de voter la résolution 1973 du

Conseil de sécurité, n’a pas cessé de condamner

l’extension des opérations militaires, mais s’est

surtout positionnée pour exploiter des puits de

pétrole désertés par des Occidentaux.

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Les Afriques - N° 165 - 9 au 15 juin 2011 - 21economie - politique

Le droit de propriété privée : socle de la reconstruction de la Côte d’Ivoire

Ce qui a, de mon point de vue, le plus manqué aux habitants de la Côte d’Ivoire jusqu’ici, c’est

de partager une vision claire du type de société dans laquelle ils désirent vivre. En conséquence, le gouvernement du pays, à tous les niveaux, a été marqué du sceau du pragmatisme ; un pragmatisme souvent encouragé par le retour des échéances électorales. Et il continuera d’en être ainsi si un consensus ne se dé-gage pas sur des valeurs clés capables de rassembler les Ivoiriens et qui s’imposent aux élus.

La richesse d’une nation repose sur le droit de propriétéBien sûr, tout le monde appelle de ses vœux une société de paix et de dévelop-pement économique. Mais cela reste trop vague et ces beaux discours ne suffiront pas. Ce qu’il faut c’est se mettre d’accord sur la route choisie pour atteindre cet objectif. Partager une vision, c’est pré-cisément cela : être d’accord pour res-pecter certaines règles parce que l’on est confiant dans les résultats qu’elles engendrent. Alors quelle pourrait être cette vision partagée ? Quelles sont les règles, principes et valeurs qui peuvent permettre une véritable sortie de crise et un nouveau départ ? Il se trouve que c’est précisément là la question centrale de

l’économie et de la philosophie politique. Certes, l’économiste n’a pas en sa posses-sion toutes les réponses, mais sans doute a-t-il quelques recommandations que la sagesse suggère de prendre en compte.

Aspect théoriqueCette question du choix des règles a été étudiée, tant d’un point de vue théo-rique que d’un point de vue empirique. Commençons par l’aspect théorique. S’il est difficile de résumer des siècles de débats en quelques lignes, on peut néan-moins affirmer que l’analyse du père fondateur de la discipline, Adam Smith, reste un point de départ sûr. Selon cette analyse, sont devenues riches les nations qui ont développé et protégé les règles de la propriété et du transfert de propriété par le contrat. Le succès de ces règles n’est d’ailleurs pas surprenant : ces règles incitent chaque membre du groupe à chercher le meilleur usage de son patri-

moine, de ses talents, de son énergie. En d’autres termes, la propriété rend res-ponsable (du moins tant que les fruits des efforts du propriétaire ne sont pas confisqués). Autre effet important de ces règles : pour améliorer sa situation cha-cun doit chercher ce qui permettrait aux autres d’améliorer leur propre situation. Cela est dû bien évidemment au fait que je ne peux forcer les autres à s’attacher mes services ou à acheter mes produits. Pour m’enrichir je dois donc chercher à enrichir les autres.

Une faible intervention de l’EtatLes vertus de ce système de règles sont claires et bien connues, mais les menaces qui pèsent sur lui sont, elles aussi, bien connues. Certaines de ces menaces éma-nent de bonnes intentions, d’autres sont le fruit de la malveillance. Les bonnes intentions sont celles qui prétendent pouvoir améliorer l’ordre qui émerge de ces règles en planifiant ou organisant l’économie. Ne peut-on pas améliorer ou accélérer les choses en utilisant la puis-sance de l’Etat ? La réponse est négative. L’intervention de l’Etat, que ce soit par la réglementation des prix, la confisca-tion des profits ou le détournement de l’épargne par l’investissement public, fausse les signaux, de telle sorte que l’es-prit d’entreprise ne va plus là où il serait

le plus utile. Et puis, il y a les menaces de pillage ! Plutôt que de s’enrichir en cherchant ce qui serait de nature à satis-faire ses concitoyens, on s’enrichit en cherchant des privilèges. A la création de richesse est alors préféré le détour-nement de la richesse créée par d’autres. Pour que le pays se redresse et connaisse un nouveau départ il faut sans cesse garder à l’esprit ces deux menaces et les combattre.

L’histoire plaide en faveur de la propriétéL’histoire économique, et de façon plus générale l’histoire du développement, sont là pour nous donner courage dans cette lutte pour la défense des règles de la liberté et du progrès. Aucun développe-ment durable n’a jamais eu lieu sans cette responsabilisation des personnes par la propriété. Certes, on a pu construire des pyramides, des canaux ou envoyer le

premier homme dans l’espace en faisant fi de ces règles, mais seuls quelques-uns ont pu alors tirer bénéfice de ces réalisa-tions grandioses pendant que l’immense majorité continuait à manquer de tout. Du mercantilisme au New Deal, l’histoire offre ainsi de multiples et tristes illustra-tions de ce à quoi conduit la prétention des pouvoirs à organiser l’économie d’un pays. À l’opposé, on ne compte plus les « miracles », asiatiques, européens, sud américains ou africains, de ces pays qui ont protégé la libre entreprise et ont pu ainsi en quelques décennies se tirer hors de la pauvreté.

Copier les bons principes sans céder au mimétismeL’histoire est utile lorsqu’on sait en tirer les bons enseignements. Et cela n’a pas toujours été fait. Ainsi, de nombreux pays désireux de se développer regardent les pays plus avancés et tentent mala-droitement de copier leurs structures actuelles. La Côte d’Ivoire, comme bien d’autres, est parfois tombée dans ce piège du mimétisme (quand cela ne leur a pas été plus ou moins imposé de l’extérieur). Or, ce qu’il faut copier ce ne sont pas les structures de ces pays développés, mais les bons principes qui ont permis à ces structures de se développer. Si les prin-cipes sont universels, leur mise en œuvre doit être adaptée à la situation locale. Il faut respecter sa propre histoire.

Quelles voies pour la Côte d’Ivoire ?Alors que faire dans les mois et années à venir ? Je pense qu’il faut avant tout établir un consensus le plus large pos-sible autour des seules valeurs capables d’apporter paix et croissance. Il s’agit es-sentiellement de respecter autrui en res-pectant sa propriété et ses biens pour que celui-ci, mis en confiance, se remette ou se mette à construire. Il s’agit aussi de po-ser des limites solides à l’action des futurs gouvernements pour empêcher qu’ils n’élargissent leurs prérogatives (souvent au prétexte de servir la population) et que le pouvoir ne devienne à nouveau l’objet d’une lutte déraisonnable, voire sanglante. Si ces principes sont actifs, alors « les forces du marché » feront le reste. Les Ivoiriens ne manquent ni de ressources, ni d’éducation, ni de volonté ou je ne sais quoi encore pour se déve-lopper. Ils ont tout cela, ou l’obtiendront en temps voulu. Mais il faudra pour cela embrasser cette vision d’une société de liberté et de progrès. Certes, cela prendra du temps. Il a fallu des siècles aux pays du Nord pour développer et protéger ces valeurs. Mais une fois encore, la science économique et l’histoire peuvent ici faire gagner un temps précieux.

Pierre Garello*

* Pierre Garello, est un éco-nomiste français, professeur agrégé des universités et professeur d’économie au sein de l’Université Aix-Marseille III. Il est également directeur

de l’Institute for Economic Studies-Europe et directeur des recherches de l’IREF (Institut de recherches économiques et fiscales).

Article publié en collaboration avec Audace Institut Afrique : http://www.audace-afrique.net

Toute crise, par-delà la douleur qu’elle suscite, porte les germes d’un renouveau si tant est que l’on sache identifier les raisons qui ont conduit à la crise et que l’on soit prêt à modifier ses compor-tements.

Sénégal : Benno, coalition de l’opposition sénégalaise, planche sur la présidentielle 2012 En conclave, samedi 28 mai, la coalition Benno Siggil Sénégal (BSS) s’est penchée sur les perspectives de la présidentielle de 2012, à l’occasion de son 6ème séminaire. Excepté l’APR de Macky Sall et AJ de Landing Savané, toutes les autres forma-tions politiques qui composent cette coalition, tendent vers une candidature de rassemblement et de l’unité. BSS a donc adopté le chronogramme sur la transition, l’avant-projet de son Pacte éthique et politique ainsi que de ses partenaires. Dans la déclaration finale, lue par Seydou Sy Sall de la LD MPT, il est ressorti que le séminaire a abouti sur un accord pour l’adop-tion d’une période de transition la plus courte possible, mais nécessaire à l’approbation de la nouvelle constitution, à la mise en place des nouvelles institutions et des nouveaux organes, à la mise en œuvre des mesures d’urgence du programme éco-nomique et social prioritaire qui ne peut dépasser trois ans. Au terme de la transition, le président élu s’engage à mettre fin à son mandat et à organiser une nouvelle élection présidentielle. Mais l’euphorie portant sur l’entente autour d’une candidature de rassemblement et de l’unité, ainsi que sur la période de tran-sition, a été quelque peu tempérée par les deux partis (APR et AJ) qui n’ont pas signé la résolution finale.

Swaziland : annulation des célébrations du Jubilé d’Argent du roiEn raison de la crise économique, le roi Mswati III a décidé d’annuler les célébrations du Jubilé d’Argent, initialement pré-vues. Plusieurs sources proches du palais ont fait état de cette annulation. Pour preuves, elles rappellent que le 19 avril der-nier, date de son anniversaire, le roi n’avait organisé aucune manifestation festive. Pour le 6 septembre, fête de l’indépen-dance du pays, tout porte à croire, que le pays dont les caisses sont quasi-vides, ne va pas organiser des festivités. Préoccupé par le climat économique du pays, le souverain mettrait ainsi un terme à toute manifestation.

Tchad : soutien de l’UE aux victimes de la crise libyenne

Kristalina Georgieva, com-missaire européenne chargée de l’aide humanitaire, a tiré la sonnette d’alarme sur la dimension régionale de la crise en Libye, et ses répercus-sions notamment sur les pays voisins vulnérables, comme le Tchad et le Niger. Alliant le geste à la parole, elle a annoncé que la Commission européenne a débloqué 10

millions d’euros pour venir en aide aux Tchadiens touchés par la crise en Libye. Le sort des Tchadiens, ciblés comme des enne-mis à la fois par le régime et les rebelles, et qui ont tenté de fuir la Libye pour se retrouver coincés à la frontière, sans aucun accès à la nourriture, à l’eau, ni aux abris et aux soins, va ainsi être amélioré, un tant soit peu. Des experts de la Commission européenne qui ont visité la région et mené des missions d’éva-luation à la frontière avec le Tchad ont qualifié la situation d’alarmante. En effet, environ 40 000 travailleurs tchadiens, qui ont tenté de fuir la Libye après le début des violences, sont bloqués à la frontière de leur pays d’origine, et attendent leur évacuation dans des conditions désastreuses.

Le Zimbabwe à la présidence du CPSDepuis mercredi 1er juin, le Zimbabwe assure la présidence du Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’Union africaine (UA). La source officielle de Harare, qui l’a révélé, a rappelé que ce pays prend la relève de l’Afrique du Sud qui était à la prési-dence tournante du CPS (durée d’un mois). Pour le Zimbabwe, qui a fermement critiqué la guerre contre la Libye accusant les puissances occidentales d’essayer de renverser le régime de Mouammar Kadhafi, les premières missions du CPS sont toutes désignées. Il devra s’atteler à mettre en œuvre les récentes réso-lutions de l’UA, relatives à la sécurité sur le continent, notam-ment la crise politique en Libye. En effet, la semaine dernière, l’UA a lancé un appel en faveur d’un cessez-le-feu en Libye et d’une médiation entre les deux parties en conflit.

Abidjan est la capitale économique de la Côte d’Ivoire.

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22 - Les Afriques - N° 165 - 9 au 15 juin 2011 economie - politique

« Le pouvoir de Déby Itno repose sur son armée tribale et l’argent du pétrole »

Maroc : une nouvelle Constitution dans quelques jours…

Les Afriques : Vous venez de mettre en place le Conseil national pour le chan-gement et la démocratie (CNCD).

Peut-on dire que c’est le prolongement d’un combat qui se mène cette fois à l’extérieur du Tchad ?Annette Laokole Yoram : Absolument. On retrouve dans le CNCD, tous les mouvements d’opposition, estudiantins influents, et surtout des personnes influentes issues de la diaspora et de la société civile du Tchad. Nous prônons

le changement pacifique en nous appuyant sur un cadre de lutte légal, cohérent et concerté avec tous les acteurs de la vie politique natio-nale. A l’intérieur du Tchad, comme à l’exté-rieur. Juridiquement, nous travaillons actuelle-ment sur les textes pour légitimer nos actions.

LA : Justement, quelle est la différence de votre combat par rapport à l’opposition tchadienne restée à NDjaména ? ALY : La différence réside dans l’unification de la cause de notre combat. Toutes les forces vives du pays sont de tout cœur avec le CNCD.

Nous avons fédéré tous les mouvements poli-tico-militaires, les partis politiques, la société civile, ce qui justifie la portée citoyenne de notre combat depuis l’extérieur du Tchad. A l’époque, il n’y avait pas toute l’opposition autour d’un même idéal. Les choses ont pris une nouvelle tournure depuis la mise en place du CNCD. Nous, nous voulons être une force de pression extérieure qui agit et qui utilise le lobbying international pour démasquer Déby et ses caciques collaborateurs.

LA : Que reprochez- vous au président Idriss Déby ? ALY : Sa méthode de gestion des affaires de l’Etat. Il n’existe pratiquement plus dans le pays des espaces de liberté et d’expression pour les citoyens. La situation des droits de l’homme est dramatique. Nous sommes en face, impuissants, d’une dictature féroce. Déby et ses proches sont des intouchables. C’est la loi de l’allégeance. Notre pays est au bord du précipice. La télé et la radio profitent de l’analphabétisme des citoyens pour faire les éloges de Déby et son clan et se mettent à son service exclusif. Nous sommes dans un parti unique qui ne dit pas son nom.

LA : Il y a eu des élections présidentielles tout récemment. Pourquoi Déby a-t-il remporté haut la main le scrutin ?ALY : Pour nous, cette présidentielle était du saupoudrage. Les dés étaient pipés pour son parti et ses alliés. L’opposition significative a décidé de boycotter ce scrutin, parce qu’elle était gagnée d’avance. Une grosse arnaque électorale aux fins de se maintenir au pouvoir. Idriss Déby a tout fait pour se retrouver lors de cette compétition avec des candidats qui

ne pèsent pas lourd. C’était, si vous voulez, du Déby contre Déby Itno.

LA : Le Tchad exploite depuis 2004, le pétrole de Doba, pourvoyeur de recettes à l’économie du pays. Est-il bien géré ?ALY : Pas du tout. Les gisements pétroliers de Doba rapportent depuis 2004 des centaines de milliards de dollars par an au Tchad. Malheureusement, l’argent du pétrole est géré par Déby et son clan. On gère le puits de Doba à partir de la présidence. Sa famille en tête et ses proches serviteurs. Ni le gouver-nement, ni le Parlement ne discutent de ce dossier. Ils n’ont aucun moyen de contrôler la gestion du pétrole de Doba. Personne ne demande des comptes au chef de l’Etat.

LA : A quoi sert donc le Collège de sur-veillance que Déby a mis en place ?ALY : C’est du saupoudrage. Depuis sa créa-tion, certains avaient applaudi. Aujourd’hui ceux-là même sont devenus ses détracteurs po-tentiels. Déby règne en roi depuis qu’il a chassé du pouvoir Hissène Habré. C’est la réalité.

LA : Ne pensez-vous pas que votre combat se complique depuis la paix des braves entre Omar Béchir et son voisin Déby ?ALY : Absolument. Nous en sommes conscients. Le Soudan servait de point d’appui pour la plupart des mouvements de rébellion pour déloger du pouvoir Déby. Le président a échappé à plusieurs tentatives de putsch à partir de l’Est du pays. Les gens sont sans armes aujourd’hui. Bon nombre d’entre eux se sont repliés vers d’autres pays à l’étranger. L’essentiel, est d’arriver à faire comprendre aux millions de Tchadiens que l’heure du change-ment est arrivée. Et que le destin du pays est entre nos mains. Ce que le CNCD leur offre.

LA : Finalement, sur quoi repose le pouvoir de Déby Itno ?ALY : Le pouvoir de Déby Itno repose sur son armée tribale et l’argent du pétrole de Doba

qu’il utilise à des fins de se maintenir long-temps au pouvoir. Il joue bien son poker.

LA : Pourtant, il continue d’appeler au dia-logue ces dernières années ?ALY : Le président n’est pas sincère dans son appel au dialogue. Au moment où il fait un pas en avant, il casse des dynamiques derrière et dresse les uns contre les autres. Il dirige le pays depuis 20 ans avec une main de fer.

LA : Selon vous, où se trouve la clé du départ de Déby au pouvoir ?ALY : Dans l’apport des forces de chaque Tchadien et Tchadienne pour la consolida-tion de nos actions. C’est la seule voie. Sans elle, rien n’est possible. L’originalité de notre action réside dans la contribution de person-nalités féminines engagées dont Jacqueline Moudeina, Delphine Djerabe. Le point focal de notre combat est de donner une autre lec-ture de la situation politique à des pays comme la France, les USA, la Grande Bretagne, où les jeux d’influence pèsent. Son pouvoir se fragi-lise. Déby est un colosse au pied d’argile.

LA : En perdant un allié comme Kadhafi dans la région, ne semble-t-il pas opportun d’ap-procher le CNT de Benghazi ?ALY : C’est une réflexion. Pourquoi pas. C’est une opportunité d’ouvrir des concessions. Surtout que le pouvoir de son parrain Kadhafi est en perte de vitesse.

Propos recueillis par Ismael Aidara, Paris

A croire certains dirigeants politiques, le nouveau texte fondamental « dépassera le cadrage royal du 9 mars 2011 ». De

nouveaux axes pourraient être rajoutés aux sept déjà annoncés par le souverain, estiment les mêmes milieux. Ces avancées se déroulent au moment où les manifestations des jeunes, sous le contrôle des mouvements obscuran-tistes, se poursuivent.La classe politique est plus préoccupée par l’agenda proposé par le conseiller Mohamed Moatassim, qui préside la commission char-gée du « Mécanisme politique », mise en place par le roi et formée également par les centrales syndicales, et annonçant des élections législa-tives anticipées. La date de ce scrutin est tou-jours en négociation, face à la position très lar-gement majoritaire des formations refusant le délai de fin octobre. Une position consensuelle aurait été arrêtée, fixant le délai à fin décembre au plus tard, alors que certaines voix avaient proposé la tenue de ces législatives anticipées à fin février. Des arguments convaincants ont été avancés par les partis pour repousser le scrutin de septembre à décembre.

Elections anticipées : agenda serréPremier argument : la période qui nous sépare du mois d’octobre, après le référendum sur la Constitution au début de juillet, est marquée par les vacances d’été et le mois de ramadan (jeûne) qui intervient, cette année, en août. Une conjoncture défavorable à l’action politique et à la mobilisation des troupes partisanes et donc à une forte participation au scrutin.Deuxième argument : la nouvelle Constitution avec ses « grandes avancées démocratiques » devra être accompagnée par un Parlement à la hauteur des nouveaux défis, avec l’introduc-tion d’une dose d’élites, hommes et femmes, qui pourront rehausser les débats et l’action parlementaires. Mais pour cela les textes élec-toraux, les listes électorales et le Code des partis doivent être en phase avec le nouveau rythme des réformes pris par le pays.Au niveau du Code électoral, en plus des pro-blèmes liés au découpage électoral, à l’assai-nissement des listes et à leur taille, la question de la transhumance politique est revendiquée et semble recueillir l’unanimité, alors que sa constitutionnalisation serait acquise, si l’on en

croit certaines sources.Car le nomadisme politique a faussé le jeu dé-mocratique et d’aucuns, ceux qui en ont pro-fité, continuent à manœuvrer pour laisser des lacunes juridiques à ce niveau. Mais le temps de l’achat des voix des électeurs et des élus semble s’éloigner. Car l’on ne saurait parler de démocra-tie sans l’interdiction effective de ce phénomène, décrié par le citoyen, responsable en bonne par-tie d’ailleurs, de la défection des jeunes et moins jeunes qui ne cessent de bouder les urnes.Les discussions entre le ministre de l’Intérieur et les partis politiques achoppent également sur la question du seuil de représentativité des formations politiques, dont des segments hégémoniques veulent mettre la barre haute, à 10%, dans un paysage politique qui ne compte pas moins de 30 partis… Or les scrutins depuis l’ère de l’alternance consensuelle conduite par Abderrahmane Youssoufi ont démontré qu’au meilleur des cas, seulement quatre partis ont pu dépasser le seuil de 10%.Logiquement, si cette limitation était retenue, elle favoriserait le regroupement des partis en « des pôles plus ou moins homogènes. Mais la situation ne semble pas mûre pour cet objectif tracé par l’Etat depuis quelques années... »C’est pourquoi, et face aux risques de faire per-durer la contestation dans la rue, devenue une mode en ces temps de « printemps » arabe... la tendance serait de ne pas exclure les forma-

tions dites « moyennes » de la représentation parlementaire, pour peu qu’elles obtiennent 3% ou 5% des voix, sous peine d’être acculées à former des groupes parlementaires en s’alliant entre elles ou en intégrant de plus importants groupes dans la Chambre des représentants.Sur le plan de la garantie de la transparence des élections, la gauche et quelques partis de l’opposition continuent, notamment, à reven-diquer le changement des autorités territo-riales actuelles (walis et gouverneurs), dénon-cés comme responsables d’avoir favorisé le Parti authenticité et modernité, créé par l’ex-ministre de l’Intérieur et « ami du roi », au-jourd’hui démissionnaire de cette formation qui s’est « imposée », en l’espace de trois mois, en parti dominant…Aussi, des élections législatives anticipées en décembre permettront, comme l’option de septembre, au nouveau gouvernement issu du suffrage, de préparer la loi des Finances pour 2012, alors que celle de février ne lui fournira que la seule opportunité d’un budget rectifi-catif. D’où le choix de la fin de l’année pour organiser le scrutin.En tout cas, le prochain exercice aura la parti-cularité de répondre, du moins en partie, aux nombreuses revendications de la rue, domi-nées par des courants extrémistes, minoritaires mais excessivement actifs.

Khalid Berrada, Casablanca

La Tchadienne, Annette Laokole Yoram, coordinatrice du Conseil national pour le changement et la démocratie, fait le point : dernière présiden-tielle 2011, contours du CNCD, argent du pétrole de Doba, armée tribale de Déby, désarmement des mouvements rebelles, Kadhafi en perte de vitesse, jeux d’influence diplomatique

A dix jours de la remise au roi du projet final de Constitution, la première mouture du texte était toujours en confection chez les experts de la com-mission consultative de révision de la Constitution.

Au moment où il fait un pas en avant, il casse des dynamiques derrière et dresse les uns contre les autres. Il dirige le pays depuis 20 ans avec une

main de fer.

Annette Laokole Yoram : « Il n’existe pratiquement plus dans le pays des espaces de liberté et d’expression pour les citoyens. La situation des droits de l’homme

est dramatique. »

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Les Afriques - N° 165 - 9 au 15 juin 2011 - 23internAtionAl

Effort diplomatique et pressions militairesLe Guardian, par la plume de Ranj Alaadin, affirme qu’il y a quelque chose de faux à l’heure actuelle dans les initia-tives de cessez-le-feu et de médiation, alors même que le colonel Kadhafi doit faire face à plus de défection dans ses rangs, que l’opposition progresse sur le terrain militaire et que le régime est de plus en plus isolé. Le Daily Telegraph qui se fait écho de cette analyse, annonce que Shokri Ghanem, le ministre du Pétrole et ancien Premier ministre libyen a an-noncé à Rome qu’il démissionnait de ses fonctions. Une annonce faite aux côtés

de l’ambassadeur libyen à Rome qui, lui, avait depuis longtemps fait défection. Il avait disparu des « radars » de l’actualité depuis deux semaines déjà, et on estime qu’il pourrait être un atout décisif pour l’opposition au colonel Kadhafi.The Independent annonce d’ailleurs que la Grande-Bretagne accueille plutôt

favorablement l’extension de la mission de l’OTAN de 90 jours. Le journal cite le porte parole officiel du Premier mi-nistre, David Cameron, qui affirme que l’armée britannique n’a aucune troupe combattante au sol en Libye. Le même journal avait annoncé l’explosion qui avait eu lieu au Tebesti Hôtel à Benghazi.

Un hôtel fréquenté régulièrement par les diplomates étrangers de passage dans le fief des rebelles. Citant Jalal al-Gallal, un porte-parole rebelle, le quotidien met cet attentat sur le compte du régime libyen à Tripoli. Tous les journaux reviennent sur ce qu’il considère en réalité comme l’échec de la mission de bons offices du président sud-africain Jacob Zuma. Mais le président Zuma donne une autre ana-lyse à sa tentative de médiation soutenue par l’Union africaine, en déclarant que Kadhafi serait prêt à mettre en œuvre la feuille de route africaine, mais avec, comme seul préalable, l’arrêt total des bombardements.

Enfin, signalons que The Independent et quelques autres quotidiens ont annoncé que la pres-tigieuse banque d’investissement Goldman Sachs a perdu dans des opérations boursières 1,3 milliards de dollars de l’Autorité libyenne d’investissement. Des discussions s’étaient engagées entre les deux parties, mais sont dans l’impasse avec l’intensification de l’assaut de l’OTAN contre le pays.

Soudan : l’imbroglioDes images satellites, selon une dépêche d’agence reprise par The Independent, fournirait des évi-dences sur des crimes de guerre commis par les troupes soudanaises de Khartoum. Ces crimes incluent également un nettoyage ethnique dans la zone contestée d’Abyei. C’est l’ONG Satellite Sentinel Project

qui montre ces images de l’action de l’armée nordiste qui auraient brûlé un tiers des habitations civiles de la ville. Le Times révèle que l’acteur et activiste américain George Clooney serait l’un des co-financiers de cette ONG Satellite Sentinel. Dans une déclaration, George Clooney affirme qu’il y avait maintenant

une preuve irréfutable que le gouver-nement du Nord a commis des crimes de guerre à Abyei. Mais dans l’une de ces dernières livraisons, le Guardian annonce que le Nord et le Sud Soudan se sont mis d’accord pour démilitariser la zone frontalière entre les deux zones. Le journal rappelle que le Sud devra en

principe déclarer son indépendance en juillet prochain.

Nigeria - ExplosionDouze morts dans une caserne militaire au Nord du Nigeria, suite à une explo-sion intervenue juste après la presta-tion de serment du président Jonathan Goodluck. L’information est rapportée par le Telegraph qui précise que 25 autres personnes ont été blessées. Cette explosion est intervenue très exac-tement sur la place du marché, à l’inté-rieur du camp. Le Financial Times qui rapporte cette nouvelle, ajoute que cette explosion n’avait pas été revendiquée dans l’état de Bauchi. Une autre petite explosion est intervenue dans une gar-gote dans la banlieue d’Abuja à Zuba. Le Telegraph, par contre, indique qu’un raid mené par les hommes du commis-saire de police Bala Hassan, dans l’état d’Abia, a permis de libérer 32 filles en-ceintes qui avaient été séquestrées par un entremetteur. Ce monsieur en question s’adonnait à un trafic de bébés dès que les filles accouchaient.

Moubarak à la barreLe Guardian annonce que l’ancien prési-dent égyptien Hosni Moubarak devrait passer devant les tribunaux en août pour avoir provoqué la mort des manifestants et pour corruption. L’ancien raïs égyp-tien, s’il est reconnu coupable, pourrait être condamné à la peine de mort pour avoir causé la mort de plus de 800 per-sonnes. Le lieu du procès n’a pas encore été déterminé dans la mesure où, à 83 ans passés, un panel de médecins a déclaré, après examen, que l’ancien président était trop malade pour être emprisonné en attendant son procès. Les médecins pensent que sa faiblesse cardiaque pour-rait provoquer une crise surtout qu’il souffrirait déjà de dépression.

Le dernier monarque africainLe roi Mswati III du Swaziland est, avec celui du Maroc, le dernier monarque africain à diriger un pays. Le Telegraph a annoncé cette semaine qu’il renonçait à s’offrir une fête royale à l’occasion de son jubilé d’argent à cause de la crise économique qui frappe son royaume. Il devait célébrer en grande pompe ses 25

ans d’arrivée à la tête du pays, et 1,5 mil-lions d’euros avait été mis de côté pour ses festivités. Mais le FMI estime que le Swaziland traverse une sérieuse crise financière qui fait que le gouvernement risque de ne pas pouvoir payer ses fonc-tionnaires cette année.

Dave Barraud, Londres

La revue de presse africaine de Londres

En Libye, c’est le statu quo. Les bombardements de l’OTAN se poursuivent, et le président Kadhafi refuse de céder le pouvoir. Cependant l’OTAN affirme dans une déclaration que sa stratégie marche plutôt bien. Ailleurs sur le continent, la presse britan-nique s’intéresse à la conséquence de la prise d’Abyei par les troupes de Khartoum.

Le président Zuma donne une autre

analyse à sa tentative de médiation soutenue par l’Union africaine, en déclarant que Kadhafi

serait prêt à mettre en œuvre la feuille de route africaine, mais

avec, comme seul préalable, l’arrêt total des bombardements.

VerbatimClaires« Les choses ne sont pas claires, ni propres dans le monde du football actuellement, et nombreux sont ceux qui connaissent cette réalité. Chaque jour, nous assistons à davantage de

corruptions et de manipulations concernant les matchs. Les gens de la FIFA sont parmi les plus fortunés. »Diego Maradona.

Despotique« Ni les médias, ni les Nations unies, ni les groupes de défense des droits de l�homme n�ont l�autorité morale né-cessaire pour me critiquer, estime le despotique et délirant Paul Kagamé. »

Ian Birrell, ancien rédacteur en chef adjoint du quotidien bri-tannique The Independent, et rédacteur des discours de David Cameron, dans un post sur Twitter.

Puissance« Quand j’étais Premier ministre (1990-1993, ndlr), la Côte d’Ivoire était la troisième puissance écono-mique du continent après l’Afrique du Sud et le Nigeria. Aujourd`hui, nous sommes 7ème ou 8ème dans le clas-sement général. Ceci montre, au-delà

des chiffres, le niveau d’appauvrissement des Ivoiriens. »Alassane Ouattara, président de la Côte d’Ivoire.

Parallèle« Si le président de la République reporte les élections présidentielles de 2012, moi j’installe mon gouver-nement parallèle. »

Macky Sall, le président de l’Alliance pour la république (APR) (Sénégal).

Artificielle« Pour le moment, nous sommes sai-sis, on a des mandats, par des vic-times de bombardements militaires de l’Otan, qui poursuivent leurs ac-tions militaires contre les civils avec

une couverture artificielle, très artificielle de l’Onu. »L’ancien ministre français des Affaires étrangères, Roland Dumas, à propos de la Libye-

Démocratiques« Le futur régime libyen entretiendra des relations normales avec les autres pays démocratiques, y compris avec Israël. »

Le philosophe français BHL dans un message du conseil na-tional de la transition libyenne adressé au Premier ministre israëlien.

Unir « Ensemble nous allons unir notre

nation et améliorer le niveau de vie de toutes les populations, que ce soit dans le Nord ou le Sud, à l’Est ou à l’Ouest. (…) Nous ne laisserons per-sonne exploiter nos différences et

nous monter les uns contre les autres. »Goodluck Jonathan, lors de son investiture, dimanche 29 mai.

Justice « Quand il ( Laurent Gbagbo, ndlr) a refusé de céder sa place au président Alassane Ouattara, quand il a utilisé ses blindés, ses chars et ses soldats contre des civils innocents dans la

rue, comme il l’a fait, il a perdu la possibilité d’être aidé par les Etats-Unis et de venir s’installer dans notre pays. Je pense qu’il doit répondre de ses actes. Il ne peut y avoir de vraie justice sans notion de responsabilités. »Johnnie Carson, secrétaire d’Etat américain chargé des rela-tions africaines.

Accord« Nous avons été capables de par-venir à un accord mettant fin à une guerre qui durait depuis 1955... En conséquence il ne devrait pas y avoir de questions trop difficiles pour ne pas être réglées par la négociation. »

Omar Hassan Al Bachir, président du Soudan à propos du différend sur la province d’Abeyi.

Le Times révèle que l’acteur et activiste américain George Clooney serait l’un des co-financiers de cette ONG Satellite Sentinel.

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24 - Les Afriques - N° 165 - 9 au 15 juin 2011 l’AFricAin de lA semAine

« La grande bataille des banques africaines est encore à ses débuts »

Tunis a abrité, du 2 au 4 juin 2011, la 3ème édition du forum africain des métiers de la banque, Africa Banking Forum, organisé par le groupe de presse Success Publications

et auquel Les Afriques était associé comme partenaire média. Quelques 300 professionnels du secteur originaires d’une quin-zaine de pays africains et européens ont notamment débattu, à cette occasion, de la course des banques africaines vers la taille critique, de la consolidation bancaire et du développement de la capacité d’innovation. Pour dresser l’état des lieux et les pers-pectives de croissance du secteur bancaire africain, nous avons rencontré Dhafer Saïdane, conseiller du club des dirigeants des banques et établissements de crédit d’Afrique et expert auprès de la Commission économique de l’Onu pour l’Afrique. Ce détenteur de la licence professionnelle banque, assurance et fi-nance à l’Université de Lille est également l’auteur de plusieurs ouvrages spécialisés, dont « les banques, acteurs de la globali-sation financière » et « la nouvelle banque: métiers et stratégies bancaires ». Entretien.

Les Afriques : Quel regard portez-vous sur le processus de consolidation bancaire en Afrique ? Dhafer Saïdane : Le secteur bancaire africain est entré de plain-pied dans la phase de la firme bancaire panafricaine. Une bonne douzaine de banques africaines ont désormais une vocation continentale. Les initiateurs de ce mouvement de consolidation sont notamment les groupes marocains, nigérians et sud-afri-cains. Le développement à l’échelle continentale se fait en deux grandes étapes. La première phase est celle de la consolidation domestique qui aboutit à la naissance de champions nationaux.

La deuxième étape est celle du développement régional obéis-sant à une logique selon laquelle mieux vaut être un chasseur qu’une proie. La meilleure illustration de cette démarche est celle des banques marocaines qui ont consolidé leurs assises domestiques avant de sortir de leurs frontières. Dans la majo-rité de pays africains, la phase de consolidation domestique ne s’est pas encore achevée. C’est dire que ce que j’appelle la grande bataille des banques africaines est encore à ses débuts. Les banques africaines ont encore un quart de siècle de grandes manœuvres devant elles. Il est toutefois évident que, plus on adopte tôt une stratégie cross-border, plus on est avantagé. Il ne faut pas oublier que les banques chinoises restent en embus-cade. Ces dernières arriveront bientôt en masse sur le continent soit à la faveur d’acquisitions, comme le démontre l’entrée à hauteur de 20% de l’Industrial and Commercial Bank of China

(ICBC), la première capitalisation mondiale, dans le capital de Standard Bank, soit grâce à la méthode du « tout en un », c’est à dire des projets clefs en main financés par établissements chinois.

LA : Quand elles enjambent les frontières, certaines banques africaines se concentrent sur une seule activité alors que d’autres ont tendance à diversifier leurs activités. Quelle est la meilleure démarche de consolidation ? DS : Il existe, en effet, deux stratégies. La première consiste à se concentrer sur une seule activité et de ne pas courir plu-sieurs lièvres à la fois, comme c’est le cas du groupe marocain Attijariwafa Bank qui se concentre d’abord sur la banque de détail. La seconde stratégie est celle poursuivie par la Banque Marocaine du Commerce Extérieur (BMCE) qui a choisi de miser, dès le départ, sur la diversification des activités atour d’autres métiers para-bancaires. Les deux stratégies se valent puisque le point d’arrivée sera le même pour tous. Après une période de concentration sur l’activité retail, Attijariwafa Bank ramène, d’ailleurs, d’autres activités. Le business model des banques est universel.

LA : Quel est le secret de la percée continentale des banques africaines qui bousculent désormais les acteurs internationaux ? DS : L’avenir appartient aux stratégies de consolidation de type Sud-Sud. Les groupes africains sont mieux positionnés que les autres car les cultures africaines sont miscibles. Attijariwafa Bank, BMCE, ou encore Ecobank, ont réussi parce qu’elles ont exporté en Afrique des méthodes de travail et des modes de financements adaptés aux réalités africaines. Ces banques ont évité d’importer des modèles basés sur la spéculation. Elles ont apporté un business-model en phase avec l’économie réelle et

Conseiller du club des dirigeants des banques et établissements de crédit d’Afrique, Dhafer Saïdane estime, dans cet entretien réalisé en marge de la 3ème édition d’Africa Banking Forum, que les banques africaines ont encore un quart de siècle de grandes manœuvres devant elles.

soucieux du développement économique. Il faut préserver ce business-model et le cultiver. La nouvelle firme bancaire pa-nafricaine a posé la bonne question: de quoi ont besoin mes clients? A l’inverse, les banques internationales présentes en Afrique sont le fruit d’un transfert Nord-Sud de la banque uni-verselle et corporate. Elles représentaient essentiellement des comptoirs destinés à accompagner les opérations d’import-export européennes.

LA : Le m-banking peut-il réellement constituer l’un des le-viers de la banque de demain en Afrique ? DS : Il est clair que l’innovation dans ce domaine vient de l’Afrique. Le Kenya est déjà le pays le plus sophistiqué du monde en matière de m-banking. Près de 400 millions d’Africains dis-posent de téléphones mobiles. Les banques ont donc intérêt à parler le même langage technologique que leurs clients. Le m-bankig, qui permet aussi de bancariser les plus pauvres, doit constituer un élément à part entière dans les stratégies de ré-ingénierie des réseaux des banques africaines.

Propos recueillis par Walid Kéfi, Tunis

Dhafer Saïdane : « Ce que j’appelle la grande bataille des banques africaines est encore à ses débuts. Les banques africaines ont encore un quart de siècle

de grandes manœuvres devant elles. »

« Les banques internationales présentes en Afrique sont le fruit d’un transfert Nord-Sud de la banque universelle et corporate. Elles représentaient essentiellement des comptoirs destinés à accompagner les opérations d’import-export européennes. »

Angola : le rendement des entreprises publiques, en deçà des attentes du gouvernement Sousa e Santos, administrateur de l’institut pour le secteur entrepreneurial public (ISEP), a indiqué que le gouvernement angolais était peu satisfait du travail des conseils fiscaux qui, rarement, avertissent ou dénoncent les mauvais résultats inhé-rents à la gestion des entreprises publiques. Ce responsable se base sur une récente évaluation relative à l’engagement des conseils fiscaux, organes de contrôle et surveillance des entre-prises publiques. S’exprimant à l’ouverture d’un colloque sur « Le rôle et l’efficacité des conseils fiscaux du secteur entrepre-neurial public (SEP) », il a déploré que les rapports des conseils fiscaux ne fournissent pas des informations sur le rendement des entreprises publiques, ainsi que sur l’application des res-sources attribuées pour la réalisation d’objectifs sociaux, assi-gnés à ces entreprises publiques.

Angola : succès de la 1ère Foire internationale de technologies environnementales

Maria de Fátima Jardim, ministre an-golaise de l’Environnement, a soute-nu, dimanche 29 mai que la première foire internationale sur les services et technologies environnementales a dépassé les attentes. De son avis, « les résultats ont été positifs, notamment en termes de partenariats noués et d’expé-riences échangées entre les exposants nationaux et étrangers ». Une seconde

édition est d’ores et déjà prévue pour 2012. Une telle décision va de pair avec l’engagement du gouvernement angolais d’inté-grer dans ses défis de croissance l’environnement, pour assu-rer une bonne qualité de vie de la population. La ministre de tutelle a justement intimé les exposants étrangers qui le sou-haitent, à revenir dans son pays pour exécuter des projets de développement durable.

Burkina Faso : reprise des mutineries des militairesLa date du lundi 30 mai 2011 a coïncidé avec la reprise des cours des collèges et lycées au Burkina Faso. Mais le calme de-vant accompagner une telle reprise des classes a été déjà mena-cé. En effet, dans la soirée du dimanche 29 mai, deux villes du nord, à savoir Kaya et Dori, ont été le siège de nouvelles muti-neries de soldats. Plusieurs témoins font état de tirs en l’air, dans ces localités, ainsi qu’à Tenkodogo, à 180 km au sud-est de Ouagadougou, la capitale. De telles scènes sont susceptibles de perturber l’accord intervenu entre le gouvernement et les syndicats d’enseignants.