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La Jasette de SENTIERS ARS Numéro spécial COVID 19 15 Juin 2020 Avant de partir en vacances d’été, puisque le gouvernement nous y autorise, le comité de rédaction a pensé qu’un peu de lecture agrémenterait votre temps libre, encore que depuis deux mois, on a que ça du temps libre Jamais nous n’avons autant entretenu nos maisons, nos jardins, jamais nous n’avons autant lu, écouté de la musique, bref le confinement nous a amené à faire des choses qui étaient en projet mais dont on savait qu’on ne les ferait jamais, faute de temps. Selon les cas, nous avons été confiné dans nos appartements, nos pavillons et, pour certains chanceux, à la campagne. Mais partout, quel plaisir d’entendre à nouveau le chant des oiseaux, de voir nos rues quasiment désertes, absentes de voitures, de voir enfin le ciel sans traces d’avions et vous l’aurez remarqué, la météo taquine nous a offert en période de confinement des mois de mars et avril chauds et ensoleillés rarement connus. Le confinement nous a empêchés de continuer à rencontrer nos familles et nos amis, c’est sans aucun doute ce qui a été le plus dur à endurer. Espérons que ce sale virus est maintenant contenu, nous allons pouvoir reprendre nos déplacements, nos randonnées mais c’est certain, ce ne sera plus jamais comme avant et nous devrons nous habituer aux gestes barrières. Malgré tout, très bonnes vacances, profitez de votre famille, de vos amis, profitez de la vie et de ses bons moments, SENTIERS ARS reste ouvert durant tout l’été et permettra à ceux qui restent de pouvoir à nouveau profiter de nos beaux chemins. Le comité de rédaction Vous retrouverez ce numéro dans notre site internet où vous pourrez également relire les précédents numéros, alors connectez vous sur : http://sentiersars.free.fr Il y a de très nombreuses informations, des souvenirs, des recommandations, ….

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La Jasette de SENTIERS ARS

Numéro spécial COVID 19

N° 15

Juin 2020

Avant de partir en vacances d’été, puisque le gouvernement nous y autorise, le comité de

rédaction a pensé qu’un peu de lecture agrémenterait votre temps libre, encore que depuis

deux mois, on a que ça du temps libre … Jamais nous n’avons autant entretenu nos maisons,

nos jardins, jamais nous n’avons autant lu, écouté de la musique, bref le confinement nous a

amené à faire des choses qui étaient en projet mais dont on savait qu’on ne les ferait

jamais, faute de temps.

Selon les cas, nous avons été confiné dans nos appartements, nos pavillons et, pour certains

chanceux, à la campagne. Mais partout, quel plaisir d’entendre à nouveau le chant des

oiseaux, de voir nos rues quasiment désertes, absentes de voitures, de voir enfin le ciel sans

traces d’avions et vous l’aurez remarqué, la météo taquine nous a offert en période de

confinement des mois de mars et avril chauds et ensoleillés rarement connus.

Le confinement nous a empêchés de continuer à rencontrer nos familles et nos amis, c’est

sans aucun doute ce qui a été le plus dur à endurer.

Espérons que ce sale virus est maintenant contenu, nous allons pouvoir reprendre nos

déplacements, nos randonnées mais c’est certain, ce ne sera plus jamais comme avant et

nous devrons nous habituer aux gestes barrières.

Malgré tout, très bonnes vacances, profitez de votre famille, de vos amis, profitez de la vie

et de ses bons moments, SENTIERS ARS reste ouvert durant tout l’été et permettra à

ceux qui restent de pouvoir à nouveau profiter de nos beaux chemins.

Le comité de rédaction

Vous retrouverez ce numéro dans notre site internet où vous pourrez également

relire les précédents numéros, alors connectez vous sur :

http://sentiersars.free.fr

Il y a de très nombreuses informations, des souvenirs, des recommandations, ….

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Alors que l'épidémie de coronavirus nous oblige au confinement, mieux vaut tenter de rire de la situation

plutôt que de se lamenter. Les blagues fusent sur les réseaux sociaux, nous en avons sélectionné quelques-

unes.

.

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Avouez que le comité de rédaction a un sens inné de l’à propos, en pleine pandémie de la covid 19, nous

vous proposons de mieux comprendre pourquoi la mise au point d’un vaccin prend de nombreux mois.

Restons cependant serein et faisons confiance aux chercheurs en espérant pouvoir les appeler des

trouveurs, pour parodier Coluche.

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Lu pour vous… Rando sur le GR 71

Durant le long confinement imposé par l’amie COVID 19, j’ai pris plaisir à feuilleter de vieux bouquins que

je n’avais pas ouvert depuis des lustres.

Un peu trop ‘’conservateur’’ au gout de mon épouse, je me suis plongé dans la lecture des revues

auxquelles je suis abonné depuis mon ‘’entrée’’ en randonnée en 1978 :

Informations SENTIERS années 70

RANDONNEE GR années 80

RANDONNEE Magazine années 90

PASSION RANDO Magazine années 2000

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Ces excellentes revues m’ont accompagné le long de ces 43années de cheminement avec notre fédération

et me font mesurer aujourd’hui, ‘’ Moi qui suis à l’automne de ma vie’’

comme le dit si bien Jean Gabin, le nombre de belles découvertes grâce à

notre activité.

Parmi tant d’autres, un article m’a rappelé de bons souvenirs d’une

région magnifique traversée par le GR 71 : le plateau du Causse du

Larzac.

Il y a 30 ans, avec mes amis randonneurs sevranais nous avions fait un

agréable séjour et, pour ma part, j’avais retrouvé ce Causse du Larzac,

arpenté dans les années 60 lors d’un camp scout autour de La

Couvertoirade.

Lors de notre périple, j’avais voulu faire découvrir une histoire

méconnue, les bagnes d’enfants et, pour écrire cet article de la Jasette, j’ai relu avec plaisir un magnifique

roman, Le Jardin dont l’auteur, Jacques Castan écrit en exergue : ‘’Aucun des personnages de ce roman

n’a existé : sauf tous.’’

Je souhaitais faire un long résumé de cette histoire mais après avoir consulté notre cher ‘’internet’’ je me

suis rendu compte que mes explications ne pourraient pas rivaliser avec lui.

Comme cette année les vacances seront

‘’françaises’’, vous pouvez choisir de

traverser le Causse du Larzac pour découvrir

ce magnifique village de La Couvertoirade en

parcourant ce beau GR71.

Sur votre chemin un petit ‘’diverticule’’

s’impose vers le Luc à Campestre-et-Luc pour

découvrir l’incroyable histoire de la colonie pénitentiaire du Luc, nommée aussi la colonie agricole du Luc.

En 30 ans les bâtiments de la ‘’Colonie’’ ont certainement dû bien changer et il ne doit pas être facile de

retrouver des traces d’informations mémorielles sur ces lieux chargés d’histoire : c’est bien

dommage…Mais l’Office du Tourisme du Gard a certainement fait le nécessaire pour perpétuer cette

mémoire et vous pourrez sans doute en savoir plus si vous faites une halte au gite du Luc !!!

Lorsque vous reprendrez votre GR, vous regarderez autrement les pierres sous vos pas.

Vous penserez à ces gamins condamnés à l’empierrer et au magistrat gardois du XIX è s. qui eut l’idée, dans

un but philanthropique, de construire une colonie pénitentiaire, dont la devise était Mundatur culpa

labore : la faute se purifie par le travail.

200 jeunes forçats exploitaient les terres rocailleuses et incultes du causse.

Vieille idée que ces Colonies agricoles…

La première, créée en 1839, fut la colonie agricole et pénitentiaire de Mettray, en Indre et Loire, destinée à

‘’réhabiliter’’ de jeunes délinquants. Elle fermera en 1939 et garde la triste réputation d'être l'ancêtre des

bagnes pour enfants. Au début, sa devise était ‘’Mieux vaut prévenir que punir’’. 20 ans plus tard un

inspecteur dira que la discipline était devenue si dure qu’on appliquait à Mettray la maxime à l’envers !

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En 1880 fut créée la colonie de Belle-Ile-en-Mer dans les bâtiments annexes à la citadelle. Cette colonie est

célèbre par la révolte de 1934. Un soir, un des enfants ayant été roué de coups pour avoir mordu dans un

morceau de fromage avant de manger

sa soupe, une émeute éclate, suivie de

l’évasion de 55 pensionnaires. Ce fait

divers est suivi d’une campagne de

presse très virulente, et va inspirer à

Jacques Prévert son célèbre poème La

Chasse à l'enfant dans lequel il

dénonce la battue organisée pour

rattraper les fugitifs, avec une prime de

20 francs offerte aux touristes et aux

habitants de Belle-Île pour chaque

garçon capturé.

Et bien d’autres ‘’bagnes d’enfants’’ comme l’on disait en 1920 : Saint-Hilaire, Saint-Maurice, Aniane…

Certains d’entre nous, se souviennent sans doute d’avoir été menacé lorsque nous n’étions pas sages d’un :

‘’Si tu n’es pas sage, tu iras à Aniane !’’

Il y a 80 ans, en 1940, les ‘’bagnes’’ pour enfants sont supprimés et deviennent des Instituts d’Éducation

Surveillée…

C’était il y a moins d’un siècle, un temps pas si lointain, où des enfants, pour certains à peine âgés d’une

dizaine d’années, étaient condamnés aux travaux forcés.

Pour en savoir plus vous pouvez lire de beaux livres comme celui de Marie

Rouanet, dans Les enfants du bagne, qui nous raconte ‘’le cas d’un enfant

condamné pour vol à l’âge de 7 ans et mort à quatorze en détention et de

ces familles d'autrefois dans lesquelles, jusqu'au milieu du XXe siècle, on

menaçait les enfants indociles de la ‘’maison de correction’’. Le souvenir

était encore effrayant de ces prisons qui tenaient du couvent, de la caserne

et du pénitencier où on enfermait sans distinction et sans pitié des bâtards,

des orphelins, des sauvageons, coupables de vagabondage ou d'un simple

vol de pain. Pour des années parfois, ces détenus de 6 ou 10 ans, mélangés

à de vrais criminels, subissaient le froid, la

faim et une discipline impitoyable. De ces

châtiments, ils sortaient hébétés, révoltés, à

jamais détruits.’’

Autres livres passionnants :

La Chasse aux Enfants

Jean-Hugues Lime

Si vous êtes intéressé je peux prêter

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Le Jardin (Jacques Castan.)

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Ceux qui se souviennent de leurs départements peuvent y arriver !!!

Coucou les fortiches en géo, il va falloir vous creuser les méninges ! Connaissez-vous encore les noms des départements français ? Alors, une petite révision s’impose !

Remplacez les pointillés par le nom d'un département français. Vous pourrez alors lire phonétiquement une mignonne petite histoire ... Si vous ne trouvez pas, descendez plus bas, vous aurez la solution.

Mais faites quand même un effort avant de descendre, sans regarder vos bouquins, bien sûr !!!

J'étais assis au bar en train de boire un ...... tandis que je regardais un clochard faire la .........

Une dame vint s'asseoir à côté de moi ; elle portait un manteau de ............. et j'en fus impressionné car

je sais que le .........................

Nous engageâmes la conversation, et ce qui me charma chez elle furent ....... et ses yeux .........

Au bout de quelques minutes, elle me demanda de monter chez elle. Il fallut donc que je ........, et

j'acceptai sans crier .......... !

Elle ne perdit pas le ........., nous entrâmes dans sa chambre, et à peine arrivés, elle se déshabilla. Ses

seins étaient magnifiques, elle les ..........

En fait cette fille était vraiment ......... et l'on s'amusa jusqu'à ............

L'exercice ça ......, aussi, au petit matin, je lui proposai du jambon, du saucisson et du ........

Elle fut si contente de ce petit déjeuner, qu'elle m'appela son ........... et me demanda une ........ que je

refusai de payer, trouvant que c'était trop ...............

Elle me fit alors une terrible .......... et je vis dans ses yeux une terrible ............

A cet instant, j'aurais bien eu besoin d'un .......... car elle me lança son sac au visage et me donna un

coup de pied dans le ...........

Tout finit par s'arranger, mais avec des histoires pareilles, elle ........ qu'on ne l'y prendrait plus.

Pas tout trouvé ? Ce n’est pas évident … Voici la solution

J'étais assis au bar en train de boire un CALVADOS tandis que je regardais un clochard faire la

MANCHE. Une dame vint s'asseoir à côté de moi ; elle portait un manteau de LOIR et j'en fus

impressionné car je sais que le LOIR ET CHER !

Nous engageâmes la conversation, et ce qui me charma chez elle furent SAVOIE et ses yeux DOUBS.

Au bout de quelques minutes, elle me demanda de monter chez elle. Il fallut donc que je VIENNE et

j'acceptai sans crier GARD.

Elle ne perdit pas le NORD. Nous entrâmes dans sa chambre, et à peine arrivés, elle se déshabilla ...

ses seins étaient magnifiques, elle les AVEYRON!!!

En fait cette fille était vraiment GIRONDE et l'on s'amusa jusqu'à l'AUBE.

L'exercice ça CREUSE, aussi, au petit matin, je lui proposai du jambon, du saucisson et du CANTAL.

Elle fut si contente de ce petit déjeuner, qu'elle m'appela son HERAULT et me demanda une SOMME

que je refusai de payer, trouvant que c'était trop CHER.

Elle me fit alors une terrible SEINE et je vis dans ses yeux une terrible AISNE.

A cet instant, j'aurais eu bien besoin d'un ALLIER car elle me lança son sac au visage et me donna un

coup de pied dans le BAS RHIN.

Tout finit par s'arranger, mais avec des histoires pareilles, il JURA qu’on ne l'y prendrait plus.

Bravo pour ceux qui ont trouvé toutes les réponses, et pour les autres ……….

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Notre ami l’arbre : l’Ailante

Envoyé spécial de la Jasette, pour vous présenter la rubrique Notre ami l’arbre – notre président a mis la carte bleue du club à ma disposition pour un séjour d’une semaine en Chine afin de me permettre de faire ce reportage. Je ne savais pas que notre amie COVID 19 m’obligerait à rester sur place plusieurs mois ce qui m’a donné grandement le temps d’apprendre à connaitre notre ami l’ailante…

Mais, avant de faire connaissance avec notre ami, un petit retour vers le passé s’impose…

Dès la fin du Moyen Âge, le port de Rouen développe ses échanges maritimes essentiellement de produits textiles. Durant des siècles les armateurs et navigateurs rouennais s’associent dans des relations commerciales avec le monde entier qui font de leur ville la deuxième ville de France… derrière Paris.

Au XVII è s., les notables ont compris que la partie la plus riche de la société française témoigne une passion pour différents tissus comme le velours, le satin, les draps d’or ou encore la soie.

Le problème est que ces tissus proviennent de l’étranger et que ces achats appauvrissent le pays. Les historiens nous disent que 50 000 personnes portent des bas de soie et que 1000 navires britanniques livrent chaque année, dans le port de Rouen, les étoffes précieuses.

Ni les dirigeants, ni les notables n’avaient d’autres remèdes que de recourir à l’interdiction de l’importation qui aurait sans aucun doute indisposé les riches clients.

L’historien Pierre Palma Cayet, contemporain d’Henri IV, mort le 10 mars 1610, deux mois jours pour jour avant le roi qui a été assassiné, comme chacun l’a appris à l’école le 10 mai 1610, (mais par qui ?) écrivait :

‘’La difficulté est qu’avant de défendre l’entrée des marchandises manufacturées d’or, d’argent et de soie, il faut avoir de quoi en faire dans le royaume.’’

C’est un peu la même histoire que le feuilleton des masques…

Louis XI et son fils Charles VIII avaient commencé des plantations de mûriers en Touraine, Dauphiné, Languedoc, Provence et créé des manufactures à Tours et à Lyon. De nombreux italiens et grecs se sont installés à Tours, ville qui compte au XVI è s., 8 000 métiers à tisser et est un centre séricicole plus important que Lyon, Montpellier ou Paris.

François I encouragea la sériciculture par une ordonnance de 1544.

A la fin du XVI è s., Barthélemy de Laffemas, Contrôleur général du Commerce (Ministre du Commerce au 21è s.) d’Henri IV, produit de nombreux mémoires concernant les corporations, les chambres de métiers, les apprentis, les manufactures royales. Il a en

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charge aussi la fourniture des étoffes de soie. Dans cette fonction il se rend compte que les produits de luxe sont tous importés et que les achats conduisent à des sorties importantes d'or du royaume. Depuis 1585, il fait des propositions afin que la France ne dépende plus de l'étranger.

Dans le même temps, l’agronome Olivier de Serres, ‘’le père de l’agronomie moderne’’ écrit son traité sur les mûriers et les bombyx ou vers à soie dans lequel il invite ‘’les habitants de la France entière à tirer des entrailles de la terre le trésor de soie qui y est caché et par ce moyen, mettre en évidence des millions d’or y croupissant’’.

Henri IV et Sully tiennent compte des observations de ces deux éminents spécialistes et leur confient en 1599 la mission d’étudier ce problème.

En 1601, Olivier de Serres fait parvenir à Henri IV, 20 000 pieds de mûriers qui sont plantés au jardin des Tuileries, dans le parc

de Fontainebleau et dans une partie du bois de Boulogne à proximité du château de Madrid, histoire que l’on évoque

souvent lors de nos randonnées…

François Traucat, jardinier et collaborateur d’Olivier de Serres fait planter quatre millions de mûriers en Provence et en Languedoc.

Sur les conseils avisés de Barthélemy de Laffemas, en ce qui concerne les manufactures, le roi fait élever des vers à soie dans un bâtiment près des Tuileries ainsi qu’au château de Madrid.

L’essor est considérable et la soie obtenue est jugée excellente. Les évêques et les curés sont mis à contribution et des plants de mûriers et des œufs de bombyx sont distribués dans de nombreuses paroisses.

La lecture de nombreuse littérature dite du ‘’terroir’’ nous fait revivre l’élevage du ver à soie qui se réalise alors dans des ‘’magnaneries’’ mais aussi chez des milliers de petits agriculteurs pour lesquels cette activité complémentaire est vitale.

Henri IV fait venir d’Italie des spécialistes pour enseigner aux ouvriers français le tissage des fils d’or. Il confère la noblesse aux premiers manufacturiers

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français qui s’établissent pour tisser des étoffes de soie, des draps d’or et d’argent et loge au Louvre les plus habiles ouvriers.

C’est donc à Henri IV que la France doit la création de l’industrie de la soie qui, jusqu’alors limitée à quelques provinces se propage dans tout le royaume. Des manufactures nouvelles sont créées à Paris et en Picardie et celles de Tours et de Lyon reçoivent une impulsion nouvelle.

Vers 1740 Pierre Le Chéron d’Ancarville, jésuite missionnaire en Chine, découvre de nombreuses espèces, comme le Savonnier et le Sophora, et fait parvenir des graines à Bernard de Jussieu. Parmi elles celles de l’ailante. Un très bel arbre d’ornement qui va, sous le nom de Vernis, par confusion avec le Vernis du Japon, se répandre très rapidement en France et en Europe pour agrémenter les parcs à l’anglaise à la mode.

A l’aube du Second Empire, la sériciculture française est florissante avec une production de 26 000 tonnes de cocons, quantité jamais dépassée ultérieurement.

En 1849, l’intensification du mûrier aboutit à une multiplication des maladies touchant les vers à soie. Uniquement cultivé par l’homme et ne se trouvant pas dans la nature, il possède un faible potentiel adaptatif. Il n’avait aucune chance de perdurer si l’humain ne l’avait pas protégé pour l’exploiter. Il en est d’autant plus fragile, très sensible aux maladies et au parasitisme. La production de cocons s’écroule et les plantations de mûriers sont entièrement délaissées : l'arbre d'or n'enrichit plus le pays et il faut tout faire pour sauver la sériciculture !

Jean-Baptiste Dumas, ancien ministre de l’Agriculture et professeur de chimie à l’Académie de médecine appelle à la rescousse son ancien élève Louis Pasteur pour étudier l’épidémie. Pasteur, avec ses élèves et une équipe de scientifiques, s’installe dans le Gard et se met au travail avec ardeur pour sauver

l’industrie de la soie :‘’on veille jour et nuit les ‘’chambrées’’ de vers à soie, on ramasse des kilogrammes de feuilles de mûrier pour les nourrir, on épluche les cocons, on trie, on broie et on observe au microscope…’’

Le grand entomologiste Jean Henri Fabre, que j’évoque souvent dans notre chère Jasette, a raconté ses rencontres avec Louis Pasteur et les savoureux dialogues entre les deux savants, ce dernier n’ayant jamais vu de cocons de sa vie !

En introduction de sa rencontre avec Pasteur, Fabre raconte

"Depuis quelques années, les magnaneries étaient en désarroi, ravagées par des fléaux inconnus. Les vers, sans motifs appréciables, tombaient en déliquescence putride, se durcissaient en pralines de plâtre. Le paysan atterré voyait disparaître une de ses principales récoltes ; après bien des soins et des frais, il fallait jeter les chambrées au fumier"

Et Fabre conclut :

‘’Il ne sait rien de la transformation des insectes ; pour la première fois, il vient de voir un cocon et d’apprendre que dans ce cocon il y a quelque chose, ébauche du papillon futur ; il ignore ce que sait le moindre écolier de nos campagnes méridionales ; et ce novice, dont les naïves demandes me surprennent tant, va révolutionner l’hygiène des magnaneries ; il révolutionnera de même la médecine et l’hygiène générale’’

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Tout à ses recherches, Pasteur ne sait pas que loin du Gard, un entrepreneur Ferdinand de Lesseps, creuse le canal de Suez qui mettra fin à l’âge d’or de la soie de luxe en France et ouvrira l’Europe aux produits de l’Extrême-Orient.

À cette époque, même avec Louis Pasteur, les recherches avançaient beaucoup plus lentement que celles sur la COVID 19 !! En attendant il faut trouver un nouveau ver plus résistant et vous l’avez compris, amis randonneurs, l’ailante venu de Chine va jouer un rôle dans notre histoire…En 1860, les sériciculteurs se penchent sérieusement sur un très beau papillon de nuit, le bombyx de l’ailante Samia cynthia dont la chenille se nourrit sur l’arbre.

Exploitée en Chine, la chenille Samia cynthia fait ses preuves depuis des siècles et produit une soie très robuste. Représentant l’espoir pour des milliers de personnes, plus de 400 000 ailantes sont plantés en France mais l’expérience tourne court d’une part, par la difficulté de travailler une soie différente mais aussi par l’ouverture du canal de Suez.

La page de la soie est tournée alors il nous reste

les descendants de nos milliers d’ailante -

Ailanthus altissima - que l’on connait aussi sous

les noms d’Ailante glanduleux, Faux vernis du

Japon, Vernis de Chine ou encore Frêne puant !

Confondu avec le Vernis du Japon ou arbre à

laque, il est classé à la fin du XVIII è s. dans un

nouveau genre créé pour lui

Ailanthus -

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Mais appelez-moi Ailante…

L’Ailante fait partie de la petite famille des Simaroubacées qui compte 25 genres et 150 espèces d’arbres et d’arbustes qui poussent dans les régions tropicales à subtropicales du globe et les régions tempérées d’Asie.

Belle arbre d’ornement, sa résistance à la fumée et aux insectes fait qu’on le retrouve souvent planté dans les rues en tant que plante ornementale résistante à la fumée et aux insectes.

La feuille peut mesurer 60 cm.

Elle est composée de 13 à 25 folioles de 10 à 12 cm, disposées par paires avec une foliole terminale.

Sur les folioles se trouvent des glandes qui donnent une odeur désagréable.

On le retrouve aussi dans nos forêts lors de nos randonnées et lorsqu’on passe à intervalles réguliers près d’une station d’ailantes, on est surpris par la prolifération de cette espèce qui se reproduit à une vitesse fulgurante par drageonnage. Plus elle est coupée, plus elle repousse vigoureusement en rejetant par la souche : par expérience personnelle cela rend son élimination difficile et très longue !

Si l’ailante est un très bel arbre et un ami, il faut bien dire que c’est une plaie végétale et un risque pour la santé ce qui en fait une des plantes les plus nuisibles en Australie, aux États-Unis, en Nouvelle-Zélande et dans plusieurs pays d'Europe méridionale et orientale.

Au fil de nos randonnées on se rend compte de sa présence omniprésente sur notre territoire plus particulièrement sur les sols pauvres et secs, les nombreuses friches avec des gravats, les talus de chemins de fer etc.

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Les drageons et rejets de souches sont produits en quantité importante notamment quand la plante est stressée, taille, blessure, coupe…. Ils lui permettent de conquérir de

nouveaux territoires pouvant apparaitre jusqu’à plus de 20 m du pied mère…

Comme les fruits du frêne, de l’orme, de l’érable, son fruit s’appelle des samares et grâce à elles, très légères et bien

adaptées à la dispersion par le vent du fait de leur légèreté sur des centaines de mètres, son pouvoir

colonisateur est extraordinaire.

Les samares sont aussi transportées par l’eau lorsqu’elles colonisent des habitats humides.

Le problème est que l’ailante peut, dès l’âge de 3 à 5 ans, produire des graines et qu’à maturité un seul semencier produit plus de 300 000 graines…

Cette faculté de reproduction lui permet de former de grandes stations monospécifiques, entrainant une

éviction des espèces indigènes et une perte de

biodiversité végétale.

Toutes les parties de la plante dégagent une odeur forte.

Si vous froissez une feuille, vous reconnaitrez sans problème notre ami ailante !

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Inévitables parasites

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La cigale et la fourmi 2020

La France ayant chanté toutes ces années ? Se trouva fort dépourvue quand le coronavirus fut venu, pas un seul masque, test, ou respirateur. Elle alla crier famine chez la Chine sa voisine la priant de lui vendre quelques masques pour se sauver jusqu'à la prochaine épidémie, je vous paierai, lui dit-elle avant les vacances, foi de bobos, intérêt et principal. La Chine est très vendeuse, c’est la son principal atout. Que faisiez-vous au temps chaud, dit-elle à cette emprunteuse ? Nuit et jour à tout-venant je chantais, je dansais, je me promenais, je fabriquais des feux d’artifices, des paquebots pour me promener, des stades, des salles de concerts, des médiathèques, des stations de ski, des émissions de télé pour m’amuser. Je payais des sportifs, des artistes et des politiques à volonté, oubliant infirmières et personnels de santé. > Que dois-je faire? Continuer ? > Ah vous chantiez, j'en suis fort aise, Et bien! Confinez-vous maintenant.

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La sauvage Sylvie sous sa futaie,

Symbole de renaissance et de persévérance, cette anémone tapisse les sous-bois dès le printemps revenu.

Certes, cette année, en raison du coronavirus, nous n’avons pas randonné et donc pas rencontré Sylvie, mais on lui

dit « à l’année prochaine, Sylvie »

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Les bienfaits de la sauge officinale

Depuis l'Antiquité cette plante indispensable au jardin, n'a cessé de prouver son efficacité. Le célèbre

dicton « qui a de la sauge dans son jardin, n'a pas besoin de médecin » résume à lui seul ses nombreux

bienfaits.

Le nom latin de la sauge officinale évoque ses propriétés médicinales puisque « salvare » signifie sauver, guérir. Déjà les Égyptiens reconnaissaient ses vertus, les Romains entouraient sa récolte de rituels et elle était couramment utilisée dans de nombreuses potions au cours du Moyen Âge. De nos jours, elle reste une plante primordiale de la pharmacopée, et entre dans de nombreuses préparations de phytothérapie.

Un puissant antiseptique

Astringente, la sauge permet de soigner rapidement les piqûres et morsures ; il suffit de frotter quelques feuilles fraîches sur la plaie, pour calmer douleurs et démangeaisons. Antiseptique et astringente, la sauge viendra à bout de la plupart des maux de gorges. On l'utilisera sous forme d'infusion et de gargarismes. De même pour le traitement des aphtes. Antimicrobienne son huile essentielle réduit les secrétions bronchiques. Elle est aussi utilisée depuis toujours dans le traitement de l'asthme ; ses feuilles séchées seront alors fumées.

Des propriétés digestives

La sauge ouvre l’appétit, elle régularise la digestion. Une infusion de sauge permettra de faire passer un repas trop copieux. Son effet antispasmodique atténue les crampes d'estomac et les douleurs intestinales.

Un tonique nerveux méconnu

Les infusions de sauge seraient capables de calmer les crises survenant au cours de la maladie d'Alzheimer. Cette plante aurait en outre des propriétés tranquillisantes.

Régulateur hormonal

La sauge est un remède ancestral bien connue des femmes pour réguler le cycle menstruel et éviter le phénomène de syndrome pré-menstruel.

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Mémoire: Randonnée sur les pas de Jean Moulin

L’année 2020 est marquée par plusieurs anniversaires commémoratifs :

150 ans : le 19 juillet 1870 commençait la guerre de 1870, aujourd’hui bien oubliée, qui opposa la

France à la Prusse jusqu’au 28 janvier 1871. L’occupation sévère qui s’ensuivie marqua le territoire

de ce qui deviendra un siècle plus tard, la Seine-Saint-Denis et notamment Sevran qui fut ravagée

par les troupes d’occupation.

80 ans: le 10 mai 1940, sept mois après la déclaration de guerre du 3 septembre 1939, et ce que

l’on appelle la ‘’drôle de guerre’’, les armées françaises subissent l’invasion allemande qui conduira

à l’armistice du 25 juin 1940.

80 ans : le 18 juin 1940 Le général de Gaulle lance son Appel du 18 Juin, engageant les Français à

poursuivre la lutte et fonde un gouvernement français en exil, les Forces Françaises Libres

80 ans : sinistre anniversaire, de la promulgation par Philippe Pétain du statut des Juifs et de la

révocation de nombreux fonctionnaires qui n’ont pas voulu prêter allégeance au nouveau régime

vichyste: ‘’La France nouvelle réclame des serviteurs animés d’un esprit nouveau, suffisamment

français et loyaux.’’

Certes, nombreux sont ceux qui estiment qu’il y a trop de commémoration en France, mais d’autres, tout

aussi nombreux sont ceux qui pensent qu’il n’est pas bon d’oublier notre histoire : La Jasette est de ceux-

là !

En ce mois de juin, pour la rubrique ‘’mémoire’’ de La Jasette, j’ai souhaité évoquer une ‘’grande’’ figure de

la Résistance arrêté : Jean Moulin.

Dès que les mesures restrictives dues à la COVID 19 seront assouplies, la Municipalité sevranaise rendra

hommage à la mémoire des Résistants dont les noms de rues rappellent leurs sacrifices pour notre Liberté :

l’avenue Jean Moulin est de celles-là.

Chez nos voisins de Livry-Gargan, au 79 bd Jean

Jaurès, une plaque rappelle la Résistance livryenne

et évoque l’action de Jean Moulin.

Avant de partir sur les pas de Jean Moulin dans sa belle région des Alpilles, un petit rappel historique

s’impose.

Jean Moulin le Provençal est né à Béziers le 20 juin 1899, d’une famille originaire de Saint-Andiol, dans les Bouches-du-Rhône, à 6 km de Cavaillon au pied des Alpilles.

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Son père, Antoine MOULIN, une belle personnalité à découvrir, fut le premier de la famille à quitter son village et le métier de tisserand pour une belle carrière politique. Toute sa vie fidèle à ses idéaux républicains qui commencèrent alors qu’il était jeune lycéen à Avignon en 1875. Alors que toutes les autorités civiles, militaires et religieuses sont présentes à la remise des prix, le jeune lauréat donne le signal des applaudissements à l'entrée du seul député républicain du département. Ce fut un beau scandale et le proviseur, informé tardivement du nom du fauteur de trouble, envoya à son père une lettre de blâme. Antonin Moulin montrera toute sa vie avec fierté cette lettre de blâme.

Professeur d’histoire au collège de Béziers, conseiller général, vice-président du Conseil Général, député de l’Hérault, très attaché à son

village, Antoine Moulin conservera la résidence familiale de Saint-Andiol.

Le jeune Jean MOULIN ne manifeste pas de vocation bien affirmée à part son gout inné pour le dessin. Son père alors Conseiller général, a de bonnes relations avec le préfet de l'Hérault et il obtient que son fils, étudiant en Droit, soit attaché au Cabinet du préfet en septembre 1917. En avril 1918, un peu avant ses 19 ans, il rejoint le front des Vosges. Démobilisé le 1 décembre 1919 il reprend ses fonctions au Cabinet du préfet et termine ses études de Droit.

Commence pour lui une carrière préfectorale : 1922, chef de cabinet du préfet de la Savoie ; 1925, plus jeune sous-préfet de France à

Albertville ; 1930, Châteaulin ; 1933, Thonon ; 1936 secrétaire général de la préfecture de la Somme – 1937, plus jeune préfet de France de

l’Aveyron.

En 1939, Jean Moulin est préfet d’Eure-et-Loir à Chartres. En juin 1940 les allemands approchent et il se retrouve pratiquement seul pour gérer le flux des milliers de réfugiés chassés par l’avancée ennemie, dans une ville où les commerces ont tiré le rideau et une grande partie de la population est en exode.

Le 15 juin, ses fonctions l’obligent à recevoir les officiers allemands qui lui demandent qui il est.

‘’Je suis le préfet, représentant du Gouvernement français, j’ai à mes côtés le représentant de l’évêque et le maire de Chartres. La fortune des armes vous amène en vainqueurs dans notre ville. Nous nous inclinons devant la loi de la guerre, et je puis vous affirmer que l’ordre ne sera point troublé si, de votre côté, vous nous donnez l’assurance que vos troupes respecteront la population civile et spécialement les femmes et les enfants.’’

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Le 17 juin il est confirmé dans ses fonctions par les allemands qui le conduisent à gare de La Taye, proche de Saint-Georges-sur-Eure où ils essaient de lui faire signer un document où il doit reconnaitre la responsabilité de Tirailleurs

sénégalais dans la torture de civils, en réalité victimes de bombardements allemands. Il refuse, est frappé, enfermé dans un

cabanon et tente de se trancher la gorge avec un tesson de bouteille. Il rend compte au nouveau gouvernement de son action administrative qui a eu pour but de rétablir une situation normale. Dans le rapport officiel, il évoque à peine "l'incident" dont il a été victime : le récit de son arrestation et des sévices qu'il a subis sont

consignés dans des Carnets tenus secrets jusqu'à la Libération.

Ces carnets ont été enterrés par Jean MOULIN et sa sœur sous un gros arbre à la bergerie d'Eygalières, refuge de clandestinité du

dorénavant Résistant : Max.

Cette bergerie achetée par sa sœur, Laure Moulin, pour son frère en juin 1940 est située à proximité du terrain où il se fit parachuter le 31

décembre 1942

Comme l’évoque Henri Michel dans La guerre de l'ombre, le préfet Moulin demande aux maires ‘’de ne pas apposer sur les murs des mairies des affiches allemandes’’. Ses idées républicaines et son attitude ferme devant les allemands entrainent sa révocation par le gouvernement de Vichy le 2 novembre.

Il quitte Chartres pour la maison familiale de Saint Andiol où il s’attelle à la rédaction de son journal dans lequel il relate sa résistance contre les allemands à Chartres.

Ce journal sera publié en 1947 sous le titre Premier Combat.

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Bien que surveillé par la police française Jean MOULIN, retiré en Zone Sud à partir de décembre 1940, prend contact avec les premiers Mouvements de Résistance. Ces contacts lui permettent de rédiger un rapport documenté et de proposer au général de Gaulle des actions possibles.

Jean MOULIN sort de France sous une fausse identité et, sous prétexte de gagner les Etats-Unis, se rend au Portugal par l'Espagne. De Lisbonne, il parvient à Londres ou il rencontre plusieurs fois le général de Gaulle. Celui-ci le désigne comme son unique représentant en Zone Sud. Jean MOULIN est parachuté dans la nuit du 1er janvier 1942, non loin de Saint-Andiol. Il mène désormais une vie clandestine sous des identités et des pseudonymes divers.

Sa mission est de réaliser en Zone Sud ‘’l’unité d'action de tous les éléments qui résistent à l'ennemi et à ses collaborateurs". Pour le général de Gaulle, ce rapprochement doit se réaliser en

séparant les activités militaires des activités politiques, ce qui ne fait pas l’unanimité chez les dirigeants des différents Mouvements de résistance.

Les bases de la coordination des Mouvements sont jetées à Londres au début d'octobre 1942 sans Jean MOULIN qui n'a pu venir. Pierre FRENAY (Charvet) organisateur avec Berty Albrecht, dès août 1940, d’un embryon de réseau du premier mouvement historique de Résistance intérieure, le Mouvement de Libération Nationale (MLN), et Emmanuel d'Astier de La Vigerie (Bernard) acceptent le rapprochement mais se plaignent de Jean MOULIN qu'ils accusent d'autoritarisme.

Le général de Gaulle tranche en faveur de son délégué.

En janvier 1943. Jean MOULIN créé le "Comité Directeur des Mouvements Unis de la Résistance" et n'entend pas laisser aux Mouvements le monopole de la représentativité de la Résistance.

A la suite de son deuxième voyage à Londres en février 1943, il reçoit mission de créer un Conseil National de la Résistance – CNR- assurant la représentation des groupements de résistance, des formations politiques résistantes et des syndicats ouvriers résistants".

Création mal perçue par les dirigeants des Mouvements, qui n’acceptent pas au Conseil, la présence des représentants des anciens partis politiques.

Ils supportent aussi difficilement La tutelle de la part de Londres est aussi très mal supportée !

Le 21 juin 1943, Jean Moulin et les principaux chefs de la Résistance de la zone Sud sont arrêtés par la Gestapo à Caluire, près de Lyon, dans la maison du docteur Dugoujon. Le délégué de la France Libre et unificateur de la Résistance, interrogé, torturé, ne livre aucune information aux nazis.

Le seul témoignage valable sur Jean MOULIN après son arrestation est celui de Christian PINEAU Résistant, co-fondateur du mouvement Libération Nord et rédacteur du journal clandestin Libération.

Incarcéré il reconnait MAX : "seuls les yeux vivaient encore", dira-t-il à son retour de déportation à Buchenwald.

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Jean MOULIN aurait été transporté en voiture jusqu'à Paris par le criminel nazie Klaus Barbie ; ensuite envoyé à Berlin par chemin de fer.

L'infirmier qui l'accompagnait aurait déclaré que "le malade était mort en gare de Metz, d'une défaillance cardiaque"...

La D 538 c’est aussi Le Mont Ventoux, Carpentras, Pernes-les-Fontaines, l’Isle sur la Sorgue, Cavaillon et

Salon de Provence… Fini le temps où elle nous menait à Marseille !

Route de jean MOULIN - Chemin de la Liberté

Les vacances approchent et vers le sud, vous passerez peut-être dans cette belle région des Alpilles alors, pourquoi ne pas faire une halte à Saint Andiol.

Créée par l'Association Nationale des Amis de Jean Moulin et inaugurée en juin 1978, elle e

Est à faire en voitures, en vélo et bien entendu en randonnée qui reste sans nul doute, la meilleure manière de découvrir cette belle région... Vous serez dans les pas de Jean MOULIN lorsqu’il a "pensé" l'organisation de la Résistance Intérieure française.

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Partant de la maison familiale de la famille MOULIN de Saint-Andiol, le Chemin de la Liberté vous conduira au Mémorial Jean MOULIN à Salon de Provence où l’œuvre de Marcel Courbier ‘’rend hommage au préfet Jean MOULIN dont la vie et le sacrifice s'inscrivent dans l'Histoire de notre pays à des heures particulièrement sombres.’’

Après avoir traversé Mollégès qui mérite une halte, vous atteindrez Eygalières, un beau village perché sur l’un des premiers éperons des Alpilles avec une belle vue sur la chaîne. C’est là que se trouve la bergerie, lieu privilégié de méditation pour Jean MOULIN et choisi par lui pour son parachutage dans la nuit du 1er janvier 1942, alors qu'il venait d'être nommé à Londres, délégué personnel du Général de Gaulle.

À travers les garrigues, direction Orgon, beau village provençal où vous ne manquerez pas de monter sur la colline de Notre-Dame de Beauregard pour voir la chapelle dont le clocher en forme de tiare rappelle le séjour des papes en Avignon. Vous pourrez également apercevoir en contrebas, le très beau village de Cheval-Blanc, si cher à votre Président.

En chemin, Les Opies, où vous ne manquerez pas le point de vue sur le point culminant du massif des Alpilles à 496 m d’altitude.

Beau souvenir de rando mais à faire comme souvent dans la région le matin, sans oublier votre ‘’bob’’ de l’eau dans la gourde et vos bâtons !

Les amoureux des vieilles pierres seront comblés à Aureille, village sympathique où vous pourrez prendre d’assaut le vieux château médiéval

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Si vous n’avez pas la chance, comme Véro, notre spécialiste ornithologue, qui les voit tous les jours dans son jardin, profitez de votre passage à Eyguières, pour observer autour de ce petit village typiquement provençal, l'aigle de Bonelli, le vautour percnoptère, le faucon crécerellette et le hibou grand-duc .

Les beaux chemins, GR6 et GR653 et quelques ‘’diverticules’’ nous conduisent au Mémorial Jean MOULIN à Salon de Provence terme de notre randonnée.

Le mémorial est situé route de Jean Moulin (D538) à

Salon de Provence.

Si pour les vacances vous faites partie des pas pressés, quittez l’autoroute à Vienne et suivez ‘’lentement’

certes, la D538, route de liaison entre Dauphiné et Provence. Vous ferez de belles découvertes…

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Une blagounette

Une veuve s’adresse au marbrier pour passer commande d’un monument pour son pauvre mari à qui elle a mené la vie dure. Un monument très sobre car pourquoi mettre tant d’argent alors que tout le monde sait qu’ils sont élevés bien plus pour épater les vivants que pour honorer les morts. Le marbrier lui propose plusieurs formules à graver et elle choisit : ‘’ A mon cher époux qui fut si malheureux’’ Il lui fait remarquer que pour plaire à monsieur le curé il serait bon d’y ajouter une courte inscription en latin. C’est ainsi qu’on peut lire sur le monument :

‘’A mon cher époux qui fut si malheureux. Méa culpa.’’

Le cimetière des guillotinés, un lieu d’histoire et de mémoire

En ce mois de juin, permettez-nous de vous raconter l’histoire d’un lieu unique lié à la terreur de juin 1794.

Niché derrière un simple mur au 35 de la rue de Picpus, dans le 12ème arrondissement de Paris non loin de la place de la Nation, s’étend un petit cimetière méconnu et secret. Découvrons ensemble pourquoi Picpus est lié à l’un des épisodes les plus sanglants de la période dite de la Terreur. Ce cimetière est très particulier puisqu’il n’accueille que des descendants de personnes guillotinées lors de l’épisode le plus sanglant de la Révolution : la Grande Terreur, dont la fin sera marquée par l’exécution de Robespierre.

Souvenons-nous : Juin 1794. Deux ans après son installation sur la place de la Révolution (aujourd’hui place de la Concorde), la guillotine rassemble plus de mécontents contre elle que n’importe quelle mesure prise par la Convention nationale. Plus que la méthode, c’est son emplacement qui pose problème. Le passage continuel des charrettes remplies de corps sanguinolents apportent son lot de désagréments. Pire, l’inhumation des milliers de cadavres dans les fosses communes du cimetière des Errancis (vers le parc Monceau) empeste l’air d’odeurs nauséabondes. Faisant face à de multiples plaintes, les autorités n’ont guère d’autre choix que de délocaliser le “hachoir national”. Ils choisissent d’abord la place de la Bastille, puis la place du Trône-Renversé, actuelle place de l’Île-de-la-Réunion. La guillotine établie, il leur faut maintenant trouver un endroit où inhumer les cadavres qui s’accumulent… En essayant, cette fois-ci, de trouver un lieu qui ne liguera pas tous les habitants contre lui. Au XVIIème siècle, les habitants du quartier de Picpus (encore situé en dehors de Paris) sont fréquemment victimes d’une épidémie qui se

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manifeste sous la forme de petits boutons rouges recouvrant tout le corps. Des inflammations qui s’apparentent à des piqûres de puces… Le mot restera ! À cette époque, le cimetière n’existe pas. L’emplacement est occupé par l’immense couvent des chanoinesses de Saint-Augustin (ou Notre-Dame de la victoire), fondé en 1640 sous Louis XIII. Il ne reste aujourd’hui des anciens bâtiments conventuels qu’un petit pavillon. La Révolution va en effet transformer le lieu et lui trouver une fonction plus… utile. Après la nationalisation des biens du clergé, les dernières chanoinesses de Saint-Augustin sont expulsées et le couvent est racheté par le citoyen Riedain, qui loue quelques hectares de jardin ainsi que les bâtiments à un certain Eugène Coignard. Devant le mauvais tournant pris par la Révolution et la multiplication des exécutions, de nombreuses familles cherchent un moyen d’échapper à la guillotine. Les plus riches sont capables de se payer les services d’une Maison de santé, solution qui a le mérite de les faire oublier du monde. Fines mouches, Coignard et Riedain reconvertissent donc le lieu en Maison de santé pour pensionnaires fortunés, entreprise lucrative qui annonce une vie prospère. Hélas ! Rien ne se passe comme prévu. La Révolution ayant à cette période atteint son paroxysme en terme de barbarie, il faut rapidement trouver un endroit propice pour se débarrasser des corps qui s’amoncellent. C’est ainsi qu’un beau jour, Coignard et Riedain ont la désagréable surprise d’être réveillés en pleine nuit par des citoyens en train de creuser deux

immenses fosses dans le jardin de leur Maison de santé ! On commence même le tracé d’une troisième, encore plus grande. En prévision. Elle est encore visible aujourd’hui. Pour minimiser le risque de recevoir des plaintes, les autorités gardent le lieu secret. Pendant toute la durée de la Grande Terreur, personne ne saura vraiment où les corps sont transportés. Et pourtant, Dieu sait qu’ils sont nombreux ! En seulement six semaines, du 14 juin au 27 juillet 1794, 1306 suppliciés seront inhumés dans l’enclos de l’ancien couvent. Le couperet du bourreau Sanson tombera plus de fois en un mois et demi qu’en deux ans de présence sur la place de la Révolution. Nous sommes au paroxysme de la Terreur et les “ennemis de la Révolution” sont des nobles, des religieux, des militaires, mais surtout des gens du peuple. Tout le monde peut tomber sous le coup d’une décision du Tribunal Révolutionnaire : parmi les 1306 victimes, il y a des meuniers, des marquis, des boulangers, des princesses, des lieutenants ou des brasseurs. 1109 hommes et 197 femmes de tous rangs dont les noms sont aujourd’hui inscrits sur des plaques installées sur un mur du cimetière. L’une des exécutions les plus marquantes est celles des seize Carmélites de Compiègne, arrêtées en juin 1794 et transférées le 12 juillet à Paris. Jugées le 17 juillet, ces femmes âgées de 29 à 78 ans montent ensemble le jour même à l’échafaud en chantant des psaumes. Elles seront béatifiées au XXème siècle.

Porte par laquelle les charrettes remplies de corps entraient sur le domaine. Le auvent serait encore d’époque ! Une plaque vient commémorer cette période de la Grande Terreur

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Un lieu de mémoire et de recueillement Sous le Directoire, le domaine est découpé en parcelles et vendu à des particuliers qui n’ont généralement pas connaissance des pratiques funestes qui s’y sont déroulés quelques années plus tôt. Seuls quelques officiels et privilégiés savent que des milliers de corps en décomposition sont empilés à quelques mètres en dessous du sol. C’est grâce à la persévérance de trois femmes que les secrets de l’ancien couvent seront portés à la connaissance du public. En 1797, la princesse Amélie de Salm-Kyrbourg part à la recherche du lieu de sépulture de son frère et de son amant, Alexandre de Beauharnais, tous deux exécutés sur la Place du Trône-Renversé, le 23 juillet 1794. Grâce à l’aide de quelques habitants du quartier, elle retrouve l’endroit et achète l’une des parcelles. Cinq ans plus tard, en 1802, Madame de Montagu et sa sœur Madame de La Fayette, épouse du marquis de La Fayette, engagent la même démarche. Leur grand-mère, leur mère et leur sœur aînée sont décédées sur l’échafaud et ont été inhumées dans l’une des fosses communes. Elles achètent une partie du domaine et fondent une société composée des familles des guillotinés sur la place du Trône-Renversé. Les parcelles réunies, l’espace servira désormais de lieu commémoratif et de cimetière pour les familles des suppliciés. Encore aujourd’hui, seuls les descendants de personnes passées sur l’échafaud entre juin et juillet. Se souvenir

En 1805 une nouvelle communauté religieuse qui pratique l’adoration perpétuelle s’installe à Picpus et vient prier pour les victimes et leurs bourreaux. Le ministre de la police de l’Empire, Fouché, envoie des espions pour surveiller les messes… À sa grande surprise le fils de l’Impératrice, Eugène de Beauharnais, est un habitué. Il reçoit donc l’ordre de les laisser tranquille. La congrégation continue à grossir même si l’adoration perpétuelle cesse progressivement. En 1841 est inaugurée une chapelle construite toute en sobriété sur l’emplacement de l’ancienne salle capitulaire. Elle invite au recueillement et à la mémoire des victimes et de leurs bourreaux. Sur de grandes plaques de marbre sont gravés par ordre de date de la mort les noms des 1306 personnes qui reposent dans les fosses. À côté des grandes familles aristocratiques françaises comme les Noailles, les Montmorency, les Rochefoucault, les Polignac et ou Rohan, les victimes sont majoritairement issues du peuple. Très souvent, elles n’ont qu’un seul tort : leur vie passée au service d’une famille noble.

Informations pratiques : Cimetière de Picpus – 35, rue de Picpus, 75012 Métro : Bel-Air (ligne 6), Nation (lignes 1, 2, 6, 9) Le cimetière peut être visité du lundi au samedi de 14h à 17h, une idée de balade ?

La Chapelle du cimetière de Picpus

Le cimetière des familles et l’enclos des fosses communes sont séparés par un mur et une grille. Des plaques racontent l’histoire de ce lieu unique à Paris

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Rando avec Jean Loiseau au temps des congés payés…

Après la loi du 13 juillet 1906 qui avait institué le droit au repos hebdomadaire, le 11 juin 1936, les députés adopte le projet de loi instituant un congé annuel payé. Une révolution dans le monde ouvrier car seuls les fonctionnaires de l'État bénéficient de vacances depuis le décret de Napoléon III du 9 novembre 1853 qui institua 15 jours de congés payés. 50 ans plus tard quelques administrations publiques et entreprises du secteur privé ont instauré des congés payés pour leurs salariés. Dorénavant la loi dit que : ‘’ les salariés des deux sexes liés à un employeur par un contrat de travail ont le droit à 14 jours de congés payés après un an de services continus et à 6 jours pour 6 mois de services.’’

Le 1 août 1936 des centaines de milliers

de travailleurs sont en vacances.

Aujourd’hui, dans notre société du ‘’tout est dû’’, il est difficile de comprendre la portée de cette avancée sociale qui, contrairement à ce que l’on pourrait croire, divisa souvent les ouvriers entre les jeunes et les ‘’séniors’’ ou vieux comme l’on disait à l’époque, ces derniers ne comprenant pas que l’on pouvait être payés sans rien faire et s’inquiétaient de leurs patrons ‘’comment allaient-ils faire ?’’

Bien oublié ce mot ‘’vieux’’, ou ‘’vieille’’, qui marquait le respect dans les générations précédentes, (il y avait même dans mon village une association LES VIEUX DE FRANCE). IL est devenu tabou, remplacé par ce mot sans consistance de ‘’séniors’’. La COVID 19, qui nous frappe de plein fouet en ce début d’année 2020 a eu un point positif : réhabiliter ce mot ‘’honteux’’ débité à longueur de journée sur les ondes…mais c’est une autre histoire

A partir de 1936, un ‘’jeune’’ archiviste de la Banque de France de 40 ans, Jean Loiseau, passionné de nature et de marche va marquer durablement l’histoire de la randonnée pédestre.

En 1914, Jean Loiseau découvre le scoutisme chez les Eclaireurs de France dont il est le principal dessinateur du Journal des Eclaireurs. Il fonde le Club des Jeunes Éclaireurs et crée une Maison des Scouts qui concurrence les grands magasins.

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Il fonde les "Compagnons Voyageurs" et contribue à diffuser la randonnée et le camping en France. Inlassable diffuseur et écrivain, il en popularise les

thèmes. Il parcourt l’Europe durant ces années, améliore le matériel de camping et reçoit en 1920 la médaille d’honneur du TCF pour la perfection

de son “équipement pedestrian”.

Un ami de toujours, Robert Journaux, Compagnon voyageur, évoque son ami Jean :

‘’Le soir, nous avions planté notre tente à la lisière d’une sombre sapinière comme il en existe beaucoup dans la région …Sur le réchaud Gédéon à alcool, mijotait une soupe à l’oignon comme Loiseau savait les préparer. Nous devisions sur le parcours de la journée en évoquant les points forts de l’itinéraire. Pourquoi ne ferions-nous pas cela en France me déclara-t-il. Les GR étaient nés !’’

Il est à noter qu’en 1936, un autre pionnier, Roger de Rorthays, issu lui aussi du scoutisme, dirige le rayon camping de la Samaritaine quand le Front Populaire lance les vacances au plein air pour tous. En 1941, dans une boutique du Quartier latin, l'ancien chef scout et son épouse ouvrent une institution ‘’Au vieux campeur’’, magasin où se retrouveront des générations de scouts et plus tard de randonneurs et ce, bien avant les grandes enseignes connues de nos jours.

En 1978, quatre ans avant sa mort, Jean Loiseau écrit un long article pour la revue du CNSGR - Comité National des Sentiers de Grande Randonnée- qui cette année-là devient la FFRP

-Fédération Française de la Randonnée Pédestre-

J’ai eu envie, en cet été 2020, où de nombreux français vont peut-être découvrir les Sentiers de Grande Randonnée, de vous faire partager quelques lignes de Jean Loiseau qui évoque la ‘’naissance’’ de nos Sentiers de Grande Randonnée.

Réflexions d’un vieux randonneur – Jean Loiseau

Le succès des sentiers de Grande Randonnée est maintenant largement acquis, car la direction du Comité National des GR a poursuivi activement les réalisations effectives sur le plan national et même international. Les débuts furent, comme en toute entreprise, difficiles. On m’attribue parfois le titre de ‘’Père des sentiers’’ ce qui me flatte évidemment beaucoup et me procure une grande joie rétrospective ; mais à la vérité ce sont tous les randonneurs de l’époque, dite héroïque, à qui l’on doit attribuer la véritable paternité des sentiers de Grande Randonnée.

Certes, tout gamin j’étais passionné par les fleurs, les arbres, les petits oiseaux et, comme citadin, la magie des espaces libres. Mon père m’entrainait à la marche trouvant que c’était là le sport idéal pour son fils, mais il ne cherchait pas le bénéfice sur le plan physique ; il voulait me faire comprendre d’abord, puis aimer la beauté de la nature, son équilibre, sa puissance de création et cette philosophie intuitive qui peut se nommer : esthétique naturelle.

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Mon père était professionnellement artiste statuaire et peintre. Il savait admirablement décrire les mille aspects de la campagne. Avec quel ravissement on pouvait l'écouter, soulignant de ses gestes les structures d'un paysage, l'exprimant avec une langue adjective, pleine d'intense poésie et de comparaisons inattendues, si justes et merveilleuses.

Je me souviens qu'à l'âge de onze ans, il m'emmena avec lui à pied, d'Avallon à Alésia en passant par Semur. Arrivé devant la statue de Vercingétorix, il me décrivit la vie du camp gaulois en oubliant volontairement de s'attarder sur les aspects de la guerre qui devait anéantir l'indépendance des Gaules : car pour mon père, cette guerre était laide et stupide, et le Gaulois restait un être simple bien plus proche de la nature que le conquérant. Parfois mon père m'emmenait à pied de chez nous (XVe arrondissement) à une maison forestière du Bois de Clamart, où l'on pouvait boire une tasse de bon lait de vache, tout frais tiré.

Quelle joie de quitter les trottoirs parisiens et les vitrines des boutiques trop alignées pour franchir les fortifications, ces larges fosses maçonnés, où l'herbe commençait à se montrer : c'était la campagne qui arrivait vers nous, encore bien timide, il est vrai. Puis nous atteignions la Maison forestière et l'orée des bois. La trotte était longuette, aussi nous revenions par le train de Clamart à Montparnasse, où sur l'impériale des wagons de banlieue, on était soumis aux picotements des escarbilles charbonnières. Le soir de ces randonnées, je m'effondrais la tête dans mon assiette, au dîner, et j'allais dormir d'un sommeil combien profond et plein de rêves.

De temps en temps nous recevions des amis de mon père, artistes comme lui, peintres, sculpteurs, aquarellistes et même quelques écrivains comme M. Christophe qui signait Colomb (à moins que ce fut l'inverse), esprit très brillant et père littéraire de la famille Fenouillard : comme il me contait bien les aventures extraordinaires d'Artémise et de Cunégonde !

Il venait à notre table familiale (pourtant bien modeste) de futurs membres de l'Institut comme Jean Dampt et les chansonniers du Maine dont Théodore Botrel. Leur esprit m'éblouissait d'une admiration sans cesse

renouvelée.

A mes quinze ans j'étais chef d'un petit groupe scout, la troupe d'EDF...

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Est-ce que le Panthéon m'attirait ? ou bien plutôt les espaces vert-râpé du Mont-Valérien ou je confectionnais ma première cuisine en plein air ? On m'avait dit que les petits pois étaient très longs à cuire et dans ma popote d'aluminium de la Manufacture de Saint-Etienne ceux que j'avais extraits d'une boite de conserve s'y étaient tellement incrustés, que le métal était creusé des impacts des petits pois calcinés.

Plus tard je constituai les équipes de ‘’Compagnons-Voyageurs’’, en toute indépendance, sur un autre modèle de scoutisme. Ce groupement de jeunes avait simplement comme objectif et passion majeure, de parcourir le monde à pied ou à bicyclette, en vivant autant que possible par ses propres moyens en pleine nature.

Cela nous a entrainé à faire une foule d'expériences et l'un de nos grands amis, le peintre Alfred Latour, fut l'un de nos principaux initiateurs : il nous enseigna le ‘’camping léger de randonnée’’. Tout devait tenir dans le sac, rien hors du sac : et le sac ne devait pas peser plus de 7 à 9 kilos, une journée de vivres compris.

C'était la magnifique époque des ‘’Campeurs de France’’, tous randonneurs pedestrians, cyclotouristes, canoéistes.... qui mettaient leur élégance dans le perfectionnement de leur équipement : celui-ci devait être le plus efficace, le plus portable, et le plus léger possible.

Il n'y avait pas de terrains de camping aménagés.

On s'arrêtait où l'on trouvait un endroit sympathique et joli, au propriétaire consentant, qui devenait vite un ami.

A cette aurore du camping on campait librement partout, même en forêt de Fontainebleau... cela n'a pas duré longtemps : police et règlements ont vite freine

cette indépendance anarchique...

C'est ainsi que parcourant les campagnes, avec nos sacs à armatures, nos semelles à ailes de mouches (science obligeait !) nous avons un jour, abordé les sentiers des Ardennes, habilement tracés par Maurice Cosyn, (Maurice Cosyn est un pionnier ayant été actif au sein du Touring Club de Belgique. Il fut le créateur des Sentiers ardennais belges et fut à l’origine des sentiers de promenades du Touring Club de Belgique : JD), devenu un ami pour moi : il était lui-même l'ami d'un savant à la Jules Verne, le professeur Picard, l'homme de la

stratosphère et des grandes profondeurs.

J'avais été charmé par les sentiers ardennais dont nous avions suivi à pied plus de 700 kilomètres. Robert Journaux, dit News, m'accompagnait dans cette découverte : il était âgé de seize ans et c'était tout à la fois, un rude randonneur infatigable et un parfait orienteur. Il est maintenant Directeur technique du CNSGR.

Le docteur Bernard Woimant, notre vice-président, suivit lui aussi, tout jeune, la ‘’dure’’... initiation à la Randonnée sac au dos.

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Que de merveilleuses aventures peuplèrent cette expérience : Robert Journaux, alias News, doit certainement s'en souvenir ? ... Si bien que rentrés à Paris, je pensais à introduire les réalisations de l'ami Cosyn dans notre pays qui s'y prêtait par la grande variété de ses magnifiques régions et ce furent, grâce au Touring Club, les premières réalisations de ces fameux tracés blancs et rouges qui maintenant se glissent joyeusement dans nos forêts et nos campagnes, proposant leurs itinéraires pleins de charmes, de révélations, de surprises.

Maintenant le Comité GR nous offre un réseau très amplifié de ces sentiers, dont certains se développent sur des centaines de kilomètres, et une carte de France récente de l'IGN en montre

tout le développement.

Le randonneur des premiers temps n'avait cure des sentiers jalonnés. Pour ma part lorsque je désirais effectuer une randonnée, je l'esquissais par une étude attentive des cartes aux 1/50 et 1/25 000. En effet, la carte est une merveilleuse évocation du terrain qu'elle survole en quelque sorte : il faut bien entendu, savoir la lire avec tout son graphisme et sa symbolique : alors avec un peu d'expérience on choisit son itinéraire, on découvre par la pensée le petit chemin ombragé, le point où l'on domine un panorama, la fraicheur possible d'un bord de l'eau, le mystère d'une sylve profonde, l'approche et l'accueil pittoresque d'un village.

Avec un peu d'astuce on arrive à deviner, plus ou moins bien, les lieux où l'on pourra peut-être camper !... Je dirai même mieux, une carte peut évoquer une flore et des paysages. Aussi avec une bonne carte, et à condition de bien savoir la déchiffrer, le randonneur n'aurait peut-être pas besoin de chemin jalonné (balisé).

A mes débuts je le pensais ainsi : mais dans les régions où mes préférences me conduisaient il y avait tant d'itinéraires possibles que les chemins, de valeurs et de qualités différentes, se superposaient. Se recoupaient, avec une grande variété. Aussi nous pensions à ceux qui viendraient retrouver nos pistes légères, n'allaient-ils pas s'égarer et perdre beaucoup de temps à suivre l'accent enjôleur des sirènes ?

Le temps des vacances est mesuré : pour parcourir une région et en gouter les aspects et les charmes, convient-il de zigzaguer sans trêve et sans buts ? Notre esprit rationnel approuve, en sourdine, cette méfiance. Il faut faire appel à la méthode, au réfléchi, discipliner les désirs, et dans le choix des itinéraires choisir le meilleur, celui qui serait supérieur, peut-être à tous les autres.

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Par exemple, vous désirez faire la Vallée de la Vézère, cette lumineuse Vallée de l'Amitié, où l'on situe les premiers hommes qui habitèrent notre pays... Alors ne prenez pas de route, encombrée d'automobilistes, mais de multiples et charmants chemins bocagers que le GR vous invite à suivre... Vous n'y rencontrerez certes pas de mammouths ou de néanderthaliens, de dangereux ours de cavernes ou des félins géants : ces ancêtres ont vécu ici il y a bien longtemps : ils ont disparu en suivant les lois inéluctables de l'Évolution et ce sont les hommes de Cro-Magnon, l'homosapiens, qui sont venus les remplacer, puis vous-même.

Surtout au passage n'oubliez pas tel site, telle grotte, tel monument, autant d'étapes que marquent la Préhistoire et l'Histoire. Vous aurez alors la curieuse impression que l'Esprit des ancêtres est là, que ceux-ci sont près de vous, et que leur ombre subtile vous accompagne. Vous sentirez cette invisible présence avec celle toute réelle des chênes truffiers, des érables de Montpellier, des pins pignons et sylvestres ou maritimes, des bruyères multiflores et de tant d'autres amis qui vous salueront au passage, si vous savez les aimer et les respecter.

Ainsi que ce soit dans ma Bourgogne presque natale, dans mon Périgord d'adoption, dans les massifs montagneux que j'ai tant aimé parcourir, y trouvant plus de liberté encore que dans nos campagnes, l'amour des paysages, leur intime compréhension élaborent la première phase d'un sentier GR.

Entre mille tentations diverses, à droite, à gauche, là, ou plus loin, vous choisissez le cheminement qui parait idéal. C'est de toute évidence très subjectif : on peut dire que le sentier GR participe de l'invention comme l'on dirait d'un site archéologique. Le chemin, sans doute existait avant votre découverte, vous allez lui donner une vie et une âme : celle du parcours conseillé, préférentiel, supérieur sans doute à tous les autres. Celui qui ‘’invente’’ un parcours de sentier joue en soi-même une symphonie pastorale où il harmonise toutes ses expériences et ses talents, heureux plus tard d'être suivi par ses frères randonneurs, sans doute pleins d'émerveillement !

Mais une fois déterminé l'itinéraire, commence une deuxième phase, celle du tracé schématique sur la carte, et aussi l'aménagement du sentier choisi pour qu'il devienne ‘’parcourable’’ ; quelques petits travaux y seront fort utiles : débroussaillements, effacement d'obstacles, pierres à déplacer, parfois un peu de terrassement...

Arrive alors la troisième phase, celle qui va personnaliser votre sentier : le jalonnement. (le balisage)

Pour conclure écoutons un autre pionnier de la randonnée, son ami et cousin, Bernard Woimant, Compagnon voyageur et ancien président de la FFRP écrira en 1982 à la mort de Jean Loiseau :

‘’Il avait eu d’innombrables amis, beaucoup qu’il avait connus et fréquentés pendant des années et beaucoup d’autres qui ne le connaissaient que par ses livres. Et il y aura des centaines de milliers et même de millions d’amis inconnus qui parcourront les sentiers de France sans savoir que c’est à Jean Loiseau qu’ils le devront.’’

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Membre actif de notre association, au-delà de sa gentillesse, de son amitié et de sa grande culture, il nous faisait partager ses souvenirs de l’époque relatée dans cet article. Pionnier des Auberges de Jeunesse, ses expéditions nous faisaient rêver d’un temps ou ‘’le randonneur des premiers temps n'avait cure des sentiers jalonnés’’

Une petite énigme pour faire travailler nos cerveaux confinés

Lorsqu’il est faux, bien maladroit, souvent couteux,

S’il est premier,

C’est en dansant qu’il est chassé,

Celui du loup ne s’entend pas.

Qui est-il ?

(Réponse en fin de jasette)

SENTIERS ARS dédie ces quelques lignes à notre ami randonneur

sevranais, Robert WEGEL 1923-2018. Il aurait eu 97 ans le 22 juin

2020.

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Les feux et les plantes de la Saint Jean

En ce beau mois de juin, lorsque paraitra notre Jasette, la tradition séculaire des Feux de la Saint Jean se

déroulera-t-elle malgré la Covid 19 ?

Le 24 juin, c'est la fête de la Saint-Jean, récupération chrétienne de l'ancienne fête païenne du solstice d'été

(21 juin). En juin, fleurissent l'aigremoine et l'achillée, la sauge, la mauve et lors de nos randos nous

‘’devrions’’ rencontrer le millepertuis.

On connait bien l’intérêt de nombreux randonneurs pour les traditions et le folklore de nos régions qui

agrémentent nos balades dans notre vieille France. Il y a encore quelques années, rares étaient nos séjours

sans une veillée autour d’une conteuse ou d’un conteur. Rien de tel pour réellement

connaitre une région et ses vieilles traditions.

Pour ce petit article, je suis accompagné par

Arnold van Gennep -1873 - 1957 ethnologue et folkloriste, considéré comme le fondateur en France du folklore en tant que discipline scientifique et un de ses livres aujourd’hui bien oublié.

Pourquoi ces feux ? Culte solaire antérieur au christianisme ? Célébration du solstice

d’été ou anniversaire de la naissance de Saint Jean Baptiste ? Deux dates si proches qu’il est difficile de les

séparer. Arnold Van Gennep, dont les écrits font autorité nous dit que ces feux ne peuvent provenir d’un culte

solaire ni avoir une cause solsticiale car ils ne se situent pas le 21 juin, jour le plus long de l’année…

Certains évêques, comme François de Sales, ont interprété ces feux comme des

manifestations pour la naissance de Saint Jean et ce, dès le XVI è s.

La coutume de jeter un mannequin

dans le foyer pourrait se rattacher à

un passage de l’Évangile selon St Jean

ou il est dit : ‘’Tout arbre qui ne porte

pas de bons fruits doit être jeté au

feu’’.

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Mais que représente le mannequin ? N’épiloguons pas sur les origines des Feux de la Saint Jean.

Laissons à nos amis randonneurs le soin de nous apporter de plus amples renseignements que nous ferons

paraitre dans un prochain numéro de notre journal préféré.

A la Saint Jean, sur le sentier des simples…

Il n’y a pas si longtemps, on croyait que des herbes conjuraient les mauvais sorts et guérissaient les blessures

ou les maladies. Les herbes de la Saint Jean étaient de celles-là…

Alfred Laisnel de La Salle (1801-1870), un folkloriste français ami de George Sand, écrivait dans un vieux

bouquin bien oublié : ‘’Employer toutes les herbes de la Saint-Jean c'est une formule proverbiale de langage

courant et qui signifie que l'on a réuni toutes les conditions possibles pour espérer la réussite d'une

entreprise et sortir de quelqu'embarras".

Nos anciens supposaient qu'en ces jours où le Soleil atteint le plus haut point de sa course annuelle, la

puissance des "simples" s'exaltait et réservait des effets merveilleux à qui saurait en profiter.

Mais quelles étaient donc ces herbes et qu’est-ce qu’une simple ?

Notre incontournable ami Wiki nous donne cette définition : Les Simples ou Simples médecines (simplicis medicinae ou simplicis herbae selon ses appellations latines) était le nom donné au Moyen Âge aux plantes médicinales. Les savoir-faire entourant la connaissance et le ramassage des simples sont reconnus par l'Inventaire du patrimoine culturel immatériel en France. La médecine médiévale était basée sur les vertus des herbes médicinales : elles servaient à fabriquer les médicaments.

Attardons-nous plutôt sur les Plantes de la Saint Jean

Le Moyen -Age c’est bien loin mais, nous nous rappelons une grand-mère

ou une tante qui, panier au bras arpentait la campagne pour ramasser des

plantes médicinales le jour de la Saint Jean à la condition bien entendu de

les cueillir le matin, avant que la rosée de la nuit la plus courte de l’année,

se soit évaporée !

Là encore un vieux bouquin qui a tant servi va nous aider…

Bien entendu chaque région ayant sa spécificité, il n’est pas possible de

toutes les traiter. Dans certaines on en compte une dizaine : l'armoise, la

bardane, la camomille, le chiendent, le lierre terrestre, le lycopode, le

millepertuis, l'orchis, et la verveine… Dans d'autres, cinq ou six seulement

sont considérées comme herbes de la Saint-Jean.

Pour ce qui concerne ‘’mon’’ cher Dauphiné, les plantes aromatiques cueillies le jour de la Saint-Jean contre la

maladie et... le tonnerre, étaient : la mélisse, la sauge et le sureau…

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Je voulais vous présenter les 1500 plantes répertoriées dans le dictionnaire ci-après mais notre président ne

m’a pas accordé 1000 pages dans La Jasette alors je fais au plus ‘’simple’’

L’Armoise, très utilisée depuis le XVI è s. dans le traitement de l’hystérie, les

crises d’épilepsie, les coliques mais aussi pour régulariser le flux menstruel

La Fougère, ses feuilles en matelas utilisées contre le rachitisme chez l’enfant

et ses racines pour confectionner un excellent vermifuge.

Le Frêne, aux feuilles légèrement laxatives et diurétiques. Remède populaire

contre rhumatismes et la goutte. Rappelons nous les bergers d’autrefois qui,

pour prévenir les rhumatismes, dormaient sur de ‘’bons’’ matelas de feuilles de

frêne ! Beaucoup d’entre nous connaisse la frênette, boisson à l’origine

exclusivement à base de feuilles.

Le Plantain, efficace comme sudorifique, s’emploie contre l’infalammation des

paupières et des yeux, la pharyngite et la trachéite. Contre l’entérite et la diarrhée et

les anciens utilisaient les feuilles fraiches en frictions contre les piqures d’insectes et les

morsures de vipères.

Le Sureau, sudorifique, employé contre le rhume, les

irritation des paupières, la conjonctivite

L’Epervière, Hieracium appelée ‘’ la souveraine’’ était considérée comme une panacée pour guérir presque toutes les maladies. Le latex blanc qui s'écoule au moindre traumatisme fut notamment utilisé pour soigner les plaies et les blessures. Plante consacrée au Soleil on l’appelait aussi fuga demonium, parce qu'en cette qualité elle rendait les mêmes services que les feux eux-mêmes, qui passaient pour mettre les démons en fuite. C'était une des plantes jadis employées par les Druides pour leurs enchantements.

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Le Millepertuis est, des herbes du solstice, certainement la plante qui réunit le plus de symboles et de vertus des herbes de la Saint Jean. Avec son action anti-inflammatoire et cicatrisante elle était très utilisée par nos grands-mères… mais aussi employé contre les rhumes, l’asthme, les affections pulmonaires, l’ulcère à l’estomac mais aussi les coupures et les brûlures légères. Conservées dans l’huile d’olive ses fleurs servaient à faire des onguents appelés "Oli rouge".

‘’ Fleur solaire par excellence, on la cueille le 24 juin à midi, au maximum des

forces de lumière avec lesquelles la plante a manifestement partie liée. Macérées dans l'huile d'olive, au soleil,

les sommités fraiches donnent une huile rouge très connue depuis longtemps, dans les campagnes, comme

remède spécifique des brûlures.’’ P.V. Fournier

En guise de conclusion, très souvent, trop souvent sans doute, je fais référence à Jean-Henri Fabre, grand

entomologiste du XIX è s., le Virgile des insectes (Edmond Rostand) ou l’Homère des insectes (Victor Hugo).

Passionné de botanique, écrivain, poète, peintre mais surtout un grand pédagogue.

Pour comprendre la diversité de la nature, comme dans tous les domaines, il faut s’entourer de bons

ouvrages. Dans la lignée de Fabre et de ceux qui savent de quoi ils parlent, il y a un de ses contemporains, les

deux hommes se sont, ou auraient pu, sans doute se rencontrer : celui qu’il faut lire si l’on s’intéresse aux

plantes.

Le chanoine Paul-Victor Fournier, Haut- Marnais né en 1877, est repéré par le curé de

son village qui lui enseigne les plantes.

Prêtre à son tour il se consacre à sa grande passion, la botanique. Il écrit de grands

classiques comme la fameuse Flore Fournier.

En 1947, il publie son monumental

Dictionnaire des plantes médicinales et vénéneuses de France.

Comme J-H Fabre, P-V Fournier n’est pas seulement un écrivain ‘’scientifique’’ : c’est un homme de terrain, un cueilleur et un jardinier qui cultive les plantes médicinales pour partager ses connaissances, lors de promenades botaniques, et aider ses paroissiens à se soigner. Son dictionnaire n’est pas un livre d’images et il n’aura aussi que peu d’intérêt dans votre sac à dos lors de vos randos mais, c’est un vrai régal de le lire, certes non pas comme un roman, mais comme un bel outil d’une richesse incroyable pour ‘’apprendre’’ et comprendre la nature.

Bonnes découvertes naturalistes, bonne cueillette et bonne infusion mais bien entendu, même si

les temps de COVID 19 sont compliqués, rien ne vaut une visite chez son médecin généraliste…

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Les grenouilles sont attirées par un milieu où un cours d'eau est présent, mais certaines sont arboricoles,

comme la grenouille-fraise. La grenouille peut vivre partout sur le globe, où l'eau douce est présente, sauf

dans les régions très froides. Il en existe plus de 400 espèces différentes.

Recette d’été

J'veux du soleil ! Dans le ciel comme dans l'assiette. Quelque chose de frais, léger, pas trop long à faire et surtout très bon. Fruits, salades, plats du Sud et poissons, j’hésite et finalement me décide pour

Une Tarte aux légumes grillés

Ingrédients pour 6 personnes :

1 pâte à tarte brisée,

1 aubergine,

3 poivrons (1 rouge, 1 vert, 1 jaune),

1 cuillère à soupe de sésame,

100 g de parmesan râpé,

1 œuf

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Préparation : Temps Total : 50 min, Préparation : 30 min, Cuisson : 20 min

Laver les légumes. Couper l'aubergine en rondelles et les poivrons en lanières.

Cuire les légumes : faire chauffer de l'huile d'olive dans une première poêle avec l'ail écrasé. Faire revenir les aubergines jusqu'à ce qu'elles soient bien grillées.

Faire revenir les poivrons dans une seconde poêle avec de l'huile d'olive. jusqu'à ce qu'ils soient bien grillés (ne pas mettre d'ail dans les poivrons).

Dans un petit saladier, mélanger l'œuf avec le lait, la moitié du parmesan et le basilic.

Etaler la pâte dans un moule à tarte. Disposer une première couche d'aubergine, puis répartir les poivrons. Verser la préparation à base de lait. Saupoudrer le reste de parmesan, les graines de sésame et le gruyère. Saler (un peu) et poivrer.

Enfourner à 200°C pendant une vingtaine de minutes. Retirer quand cela commence à trop brunir.

Note du super chef multi étoilé

Peut se manger chaude ou froide, avec une salade verte en plat principal ou en petits morceaux à l'apéritif. C'est selon votre convenance, mais le mieux c’est encore de la partager avec nos amis lors des randonnées, elle n’en sera que meilleure. Que cela donne des idées à beaucoup d’entre vous !!!!

Quelques photos pour terminer mais, en raison de la Covid 19, pas de randonnées, il reste les photos de

notre Assemblée Générale si particulière.

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Réponse à l’énigme : il s’agit du « pas »

Distribution : Adhérents et amis de SENTIERS ARS, CDRP93, SAS de Villepinte, Municipalité de

SEVRAN, SEVRAN SENIORS, SHVS, MQ Michelet,

Merci une nouvelle fois à toutes et tous ceux qui ont participé à l’organisation de cette soirée

antillaise, notamment Yvonne et Jacques Lhuillier qui ont préparé l’apéritif et le repas.

Merci aux dames de la paroisse qui ont préparé les acras et les boudins.

Voilà, merci d’avoir lu ce numéro 15 de juin 2020, Jasette « spécial COVID 19. Vous aurez,

j’espère, apprécié nos articles, vous aurez appris des choses et vous aurez évidemment reconnu le

talent de conteur de notre président honoraire, le sens écolo et proche de la nature de Juliette,

Véronique et Annic, le coté blagueur de votre trésorier, merci à nos photographes Annie, Juliette,

Véronique et Michel.

SENTIERS ARS reste à votre service durant tout l’été, alors bonnes randonnées et bonnes

vacances.