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La méthode d’apprentissage de la lecture « Ile Cœur-de-Palmier »

Psychologie et méthodologie des apprentissages : généralité et différenciation

Marie De Vogeleer

HE2B Defré Année 2016-2017

La me thode « Ile Cœur-de-Palmier »

Cette méthode d’apprentissage de la lecture s’inspire de la méthode globale. La méthode globale (en quelques mots) : « On part du texte ou de la phrase pour en rechercher le sens. On identifie les mots globalement. En accumulant la connaissance de mots et en les comparant, on construit progressivement son apprentissage de la lecture. » Syllabus du Mr. Dechamps pour le cours d’étude

critique des grands courants pédagogiques. ENCBW. 2015-2016.

La méthode globale est donc l’inverse de la méthode syllabique. Elle part du mot en s’appuyant sur son sens et sur sa représentation visuelle (image mentale) afin d’apprendre à le reconnaitre et donc, à le lire. Puis, on décompose petit à petit ce mot afin d’en découvrir ses syllabes puis ses lettres. Le principe de cette méthode est donc de partir du plus global pour arriver au plus abstrait (représentation du mot, image mentale du mot Syllabes Lettres).

La méthode « Ile Cœur-de-Palmier » se présente sous forme de différents manuels expliquant la méthode et son déroulement, et de différents outils qui aident à l’accompagnement de l’apprentissage de la lecture.

Les prérequis (en maternelle) : Afin de pouvoir travailler avec le manuel dès la première primaire, les enfants doivent avoir

acquis certains éléments lors de leur passage en maternelle. Cependant, des rappels

approfondis se feront également en première primaire.

Premièrement, les enfants seront capables d’écrire leur prénom.

Deuxièmement, ils seront capables de reconnaitre et d’identifier leur prénom à l’aide

de différentes stratégies.

Troisièmement, les enfants seront capables de reconnaitre et d’identifier les lettres

girafe, coccinelle et singe.

- Lettres girafe : lettres qui

montent au-dessus du chemin

d’écriture.

- Lettres coccinelle : lettres qui

restent dans le chemin

d’écriture.

- Lettres singe : lettres qui

descendent en-dessous du

chemin d’écriture.

La méthode La méthode « Ile Cœur-de-Palmier se présente sous forme de plusieurs ouvrages qui

proposent une mission générale que les élèves doivent accomplir. Elle se compose de deux

parties principales composées chacune de modules.

Avant d’aller sur l’île:

• MODULE D’ACCUEIL (ouvrage 1) – Le départ : 6 semaines

Sur l’île:

• MODULE 1 – Le village des abricots : 8 semaines

• MODULE 2 – La montagne enchantée : 7 semaines

• MODULE 3 – Le jardin rigolo : 8 semaines

• MODULE 4 – La caverne aux souvenirs : 7 semaines

Exemple :

MODULE D’ACCUEIL – Le départ : 6 semaines

Ce module sert de préliminaire. Il présente le projet. Les enfants ont une mission à accomplir sur l’île (sauver Bouba qui y est prisonnier). Mais pour cela, ils doivent d’abord réussir 6 épreuves/missions qui vont leur permettre de pouvoir embarquer sur le bateau qui va les conduire sur l’île « Cœur-de-Palmier ». Chaque mission travaille des compétences bien particulières qui évoluent au fil des missions et des différents modules de la méthode. Exemples :

1) MISSION 1 : Je me présente • Découvrir quelques fonctions de l’écrit. • Ecrire son nom et celui des autres. • Approche plus complète de l’alphabet. • Majuscule, minuscule. • Reconnaître dans une phrase son prénom. • Découverte de certains mots connus tels que : Bonjour, une fille, un garçon,…

2) MISSION 2 : Je découvre des amis, des amies

Repérer une lettre dans un mot.

Choisir la bonne information pour compléter une phrase trouée.

Ecrire un message à l’aide d’un modèle.

Discriminer les voyelles et les consonnes.

Dire si une phrase est vraie ou fausse.

Ecrire une phrase avec des étiquettes mots.

Reconnaître que certains mots connus sont déguisés (pluriel dans le groupe du nom)

Globaliser des mots.

3) Etc. Un travail visuel sur l’apprentissage des lettres est également mis en place via « L’alphabet souris-mot ».

Les mots à globaliser (à connaitre grâce à des stratégies visuelles) sont choisis en

fonction des thèmes des différentes missions.

Des stratégies sont mises en place pour globaliser des mots mais également pour

analyser des phrases. Exemples :

Analyse critique de la méthode 1) Avantages

- La méthode propose des activités ayant du sens pour les enfants.

- Le lexique de mots qu’ils se construisent petit à petit propose une représentation

orthographique et sémantique de chaque mot et aide donc à leur donner du

sens.

- La méthode propose un processus d’apprentissage de la lecture qui se rapproche

de la méthode globale et propose donc une dynamique centrée sur le mot dans

sa globalité, afin d’arriver à un produit défini qui est donc l’objectif du processus

d’apprentissage de la lecture (la lecture de mots puis de phrases).

- Elle favorise le travail en groupe et la mise en commun en groupe classe.

- La méthode part du bagage personnel de chaque enfant et de ses connaissances

antérieures. Ils pourront donc rattacher les apprentissages à leurs connaissances

antérieures, ce qui va faciliter l’apprentissage et le rendre plus pertinent.

- Les enfants sont mis au défi, ont des missions à accomplir. Cela entraine une

motivation importante et nécessaire pour l’envie d’apprendre.

- La compréhension du sens de chaque mot est privilégiée via sa compréhension

orale.

- Les évaluations sont prévues dans une optique de régulation des apprentissages.

- Différents types de textes sont proposés et une exploitation pour chacun d’entre

eux est prévue. Les enfants ont donc une vue plus ou moins globale de

l’importance de la lecture.

- La structure de la méthode est claire et bien expliquée.

- Le manuel de la méthode est très esthétique (couleurs,…) et donc agréable à

feuilleter (pour les enseignants mais également pour les enfants).

- Les activités que propose la méthode sont déjà construites (il suffit donc de les

adapter à la classe).

- La méthode propose de nombreux liens avec le vécu des enfants (porteur de

sens).

- Elle propose également un savoir-faire pour apprendre à lire de nouveaux mots

et des phrases. Ce savoir-faire devient donc, petit à petit, un automatisme (une

routine).

- Les enfants sont les acteurs de leurs apprentissages, ils sont au cœur du

processus de l’apprentissage de la lecture.

- Quand les mots sont connus, la lecture est rapide et efficace. Cette méthode fait

donc travailler la mémoire sensorielle ainsi que la mémoire à long terme. Les

enfants se créent un lexique de mots qui sont stockés dans la mémoire à long

terme grâce à la mémorisation sensorielle (en se créant des images mentales).

- Le module d’entrée dans l’apprentissage est donc principalement visuel et fait

appel à une attention particulière qui demande une sélection des informations et

une analyse de celles-ci, afin de pouvoir créer une interaction entre la mémoire

de travail et la mémoire à long terme (encoder les mots via des stratégies

visuelles spécifiques pour ensuite les stocker et pouvoir les réutiliser par la suite).

2) Inconvénients

- Dans sa démarche d’apprentissage, la méthode ne propose pas d’activité sur la

graphie des lettres, mots (mais travaille un peu la psychomotricité fine).

- Les activités sont construites sans proposer de la différenciation afin que les

apprentissages soient adaptés pour chaque enfant. Certains enfants peuvent

rester au stade logographique (étape nécessaire pour la lecture globale) sans

parvenir à entrer réellement dans la construction orthographique des mots.

- L’entrée dans le stade alphabétique n’est pas explicitement travaillée (en tous

cas, peu au début de l’apprentissage).

- La construction du lexique mental travaille moins les représentations

phonologiques.

- La méthode contient beaucoup d’informations et demande la préparation d’un

matériel précis et élaboré.

- Il faut énormément de temps pour faire toutes les activités proposées par la

méthode.

- La méthode se base principalement sur une approche visuelle (et un peu auditive)

de la lecture mais délaisse quelque peu l’approche via les autres sens.

- Elle ne tient pas toujours compte des difficultés des enfants.

- Si l’enseignant suit toutes les activités de la méthode, cela limite très fort les

apprentissages en français.

- Les activités apportent beaucoup d’informations aux enfants qui peuvent avoir

des difficultés à faire des liens entre elles et peuvent les embrouiller.

- Cette méthode travaille très peu le déchiffrage syllabique.

- Les enfants ne savent pas/peu lire les mots qui leur sont inconnus.

L’apprentissage de la lecture va donc être plus facilement réussi lorsque la

restitution des mots connus devient un automatisme, mais les mots inconnus ne

pourront entrer dans ce processus d’apprentissage car ils n’auront pas été

correctement travaillés.

- La méthode s’appuie principalement sur des prérequis acquis en maternelles. Si

la méthode n’est pas débutée lors de ces années-là, un travail supplémentaire est

à faire en 1e primaire.

- Elle exige une bonne maitrise des bases du français. Elle n’est donc pas adaptée

pour les enfants parlant peu le français.

- La méthode doit être poursuivie dans les années supérieures à la première

primaire.

- La méthode n’est pas autosuffisante.