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Le modĂšLe ToyoTa eT Les soins de sanTĂ©
Coudonc, les usagers sont-ils devenus des chars ?par RĂ©mi Arsenault, SCFP, s.l. 2881
Ăa sâĂ©moustille au ministĂšre des services sociaux du QuĂ©bec. dans un article paru dans le journal Le soleil le 7 octobre dernier, yves Bolduc ne cachait pas son engouement : « Quand on a lancĂ© cette idĂ©e, on pensait quâon aurait de la difficultĂ© Ă avoir des Ă©tablissements, mais actuellement presque tous les Ă©tablissements font de la gestion Lean1 ». Le ministre Bolduc a beau se frotter les mains et glorifier cette rĂ©volution managĂ©riale, mais cette nouvelle forme dâorganisation du travail nâa pas que pour effet dâaugmenter les profits ou rĂ©duire les coĂ»ts (dans le cas du systĂšme de santĂ©). effectivement, plusieurs Ă©tudes confirment que les conditions de travail se dĂ©gradent et que le Lean Production (ou le modĂšle Toyota) nâamĂ©liorera en rien les conditions de travail des personnes salariĂ©es du systĂšme de santĂ©. Pour angelo soares, chercheur Ă lâĂ©cole des sciences de lâUQam, implanter ce type de gestion dans le domaine de la santĂ© serait catastrophique.
Le modĂšle ToyotaLa phrase qui rĂ©sume le mieux cette nouvelle forme dâorganisation du travail est la suivante : « Faire plus avec moins ». LâidĂ©e est de dĂ©terminer dans le proces-sus de production ce qui cause de la valeur « ajoutĂ©e » et de la « valeur non ajoutĂ©e ». ensuite, supprimer cette « valeur non ajoutĂ©e » en Ă©vitant toute forme de gaspillage, ce qui permettrait de baisser les coĂ»ts de production. La philosophie derriĂšre tout cela est la recherche de lâamĂ©lioration continue du processus de production. en dâautres mots, produire davantage, toujours plus, ne jamais sâarrĂȘter. Bonjour burn out ! il ne fait aucun doute, comme consĂ©quence chez les travailleurs, cela veut dire des coupures et une intensification de la cadence de travail.
Ătude de casPourtant, pour plusieurs chercheurs, le modĂšle Toyota nâa rien de si rĂ©volutionnaire. dans un article paru dans le journal Le devoir intitulĂ© « Les hĂŽpitaux ne sont pas des chaĂźnes de montage », angelo soares cite une enquĂȘte produite au Csss dâahuntsic et montrĂ©al-nord. Cette enquĂȘte, Ă la demande des syndicats, fut distribuĂ©e Ă 1 240 salariĂ©es. sur 469 rĂ©pondants, 4 travailleurs sur 10 affirment souffrir de dĂ©tresse psychologique. 40 % dâentre eux affirment ĂȘtre surchargĂ©s et le quart des rĂ©pondants affirme avoir connu du harcĂšlement psychologique. Ces chiffres sont assez rĂ©vĂ©lateurs. Câest peut-ĂȘtre ce qui explique le malaise que vivent les milliers de travail-leurs et travailleuses du systĂšme de santĂ© quĂ©bĂ©cois. Pourtant, le Csss dâahuntsic et montrĂ©al-nord nâest pas le seul exemple. Le CLsC de Charlevoix aurait rencontrĂ© le mĂȘme problĂšme au dĂ©but des annĂ©es 20002. dix-sept (17) employĂ©s sur 70 tombĂšrent en
1. Pierre Pelchat, « mĂ©thode Toyota : Bolduc surpris de lâengoue-ment », Le soleil, 7 octobre 2011.
2. article écrit par éric Grenier, tiré du site web : http://www.jobboom.com/magazine/25-05-texte.html.
congĂ© maladie. mĂȘme lâex-directeur de lâĂ©tablissement confirma ce pro-blĂšme : « Les gens vivaient des difficultĂ©s, mais ils nâavaient per-sonne Ă qui en parler, se sou-vient Jean-François mellon, ex-directeur de lâĂ©tablissement, aujourdâhui Ă la retraite. La direction nâĂ©tait jamais dispo-nible; on passait notre temps Ă Ă©teindre des feux3».
La situation ne semble guĂšre mieux de lâautre cĂŽtĂ© de lâatlantique. selon le chercheur antoine Valeyre du Centre dâĂ©tudes de lâemploi, le modĂšle lean produc-tion nâamĂ©liore en rien les conditions de travail, au contraire, il serait la cause dâune dĂ©tĂ©rioration des
aU sommaiRe2 / Mot du secrétaire général
2 / Monsieur Bolduc, ĂȘtes-vous prĂ©occupĂ© par
les services sociaux ?
2 / Entre la rue et lâasile
3 / Qui sâassure de la qualitĂ© des services aux aĂźnĂ©s ?
3 / Conseil général
4 / Attaques prochaines sur nos fonds de pension
Journal du Consei l prov incia l
des af fa ires socia les
SYNDICAT CANADIEN DE LA FONCTION PUBLIQUE
VOLUME 25 N°1 Février-Mars 2012
La Revue
Agenda 2012Conseil général
HĂŽtel sandman Ă Longueuil 4 et 5 avril
CongrĂšs du CPAS HĂŽtel Le noranda Ă Rouyn-noranda
12, 13 et 14 juin
Conseil général HÎtel Le noranda à Rouyn-noranda
15 juin
Conseil général HÎtel delta à Québec
3 et 4 octobre
MOT DU PRĂSIDENTpar Marco Lutfy
1000 millions de dollars de⊠cadres ?!Quand on vous a dit en 2006 que la rĂ©forme, dâoĂč sont nĂ©s les CSSS, allait
faire en sorte de diminuer considĂ©rablement les dĂ©penses administratives, jâespĂšre que vous nâavez pas pensĂ© que ça incluait les cadres !? Oui ? Vous aussi ?
On le sentait bien pourtant, sur « le plancher des vaches », que leur nombre augmentait. Et puis lâan dernier, on a su. Aux alentours de 20 % de plus quâils sont, les cadres du rĂ©seau.
Mais lĂ , en revenant des FĂȘtes, alors quâon essayait de digĂ©rer les derniĂšres pointes de tourtiĂšre, cette nouvelle qui voulait passer ina-perçue : « Explosion du nombre de cadres dans le rĂ©seau de la santĂ© » (La Presse, 10 janvier 2012) « SantĂ© : plus dâun milliard $ en salaires aux cadres » (Argent, 9 janvier 2012).
SUITE EN PAgE 3
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3. idem.
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conditions de travail. « de nombreuses caractĂ©ris-tiques de conditions de travail ou de santĂ© au travail sont plus favorables dans les organisations appre-nantes que dans les organisations en lean produc-tion ou les organisations tayloriennes et la situation est en gĂ©nĂ©ral moins bonne dans les organisations en lean production que dans les organisations tayloriennes4 ». donc, cette forme dâorganisation du travail provoque une intensification du travail, comparativement Ă dâautres modĂšles de gestion.
en conclusion, cette sortie du ministre Bolduc expliquerait le malaise que vivent en ce moment les travailleuses et travailleurs du systĂšme de
4. Conditions de travail et santĂ© au travail des salariĂ©s de lâUnion europĂ©enne:des situations contrastĂ©es selon les formes dâorganisation, anToine VaLeyRe, Centre dâĂ©tudes de lâemploi, document n° 73, novembre 2006.
santĂ©. Le modĂšle Toyota nâassurerait en rien, si on se fie aux Ă©tudes rĂ©centes, Ă lâamĂ©lioration des conditions de travail. Les syndicats ont commencĂ© Ă se pencher sur la question. mais il serait perti-nent dâen informer la base, car câest sur le terrain que la lutte se fait. de plus, sâopposer au modĂšle Toyota sâavĂšre nĂ©cessaire, car il est permis de penser quâon vient de mettre le doigt sur le bobo.
si les syndicats sâattaquent Ă cette forme dâorga-nisation du travail et quâils en font leur principale revendication dâici les prochaines annĂ©es, voilĂ peut-ĂȘtre une occasion de rejoindre vĂ©ritablement les membres. Car sâopposer Ă la mĂ©thode Toyota dans le domaine de la santĂ©, câest sâattaquer Ă la source des problĂšmes des travailleurs et travailleuses du rĂ©seau de la santĂ© au QuĂ©bec.
MODĂšLE TOYOTA / SUITE DE LA PAgE 1
Mot du secrétaire généralpar Michel Jolin
Les sceptiques seront confondus⊠dus... dus...Lors de la derniĂšre ronde de nĂ©gociation, beaucoup dâinsa-tisfaction sâĂ©tait manifestĂ©e lors du rĂšglement salarial des
employĂ©s de lâĂtat. Le ComitĂ© de nĂ©gociation avait cependant fait le pari quâil Ă©tait possible de dĂ©foncer ce cadre de rĂšglement en prenant
au mot les propos de la partie patronale qui disait quâil ne pouvait offrir plus Ă©tant donnĂ© le contexte Ă©conomique, mais que si le contexte changeait, il serait prĂȘt Ă partager avec nous les rĂ©sultats de cette croissance Ă©conomique. Lâentente fut conclue en ajoutant la clause (article 7.25 C de la convention collective)
insĂ©rant le PIB (produit intĂ©rieur brut) nominal dans le calcul de nos augmentations salariales. Nous avions donc la possibilitĂ© dâaugmenter notre augmentation salariale de 0,5 % le 1er avril 2012 si le contexte Ă©conomique nous Ă©tait favorable. Et bien, selon les calculs du ministre des Finances, nous aurions droit Ă ce 0,5 % supplĂ©mentaire Ă partir du 1er avril 2012. Bien sĂ»r, avant de se rĂ©jouir complĂštement, il faudra attendre les rĂ©sultats officiels du PIB nominal du QuĂ©bec selon les donnĂ©es de Statistiques Canada. Selon cette mĂȘme clause (article 7.25 D de la c.c.) sur le PIB nominal, il serait possible dâobtenir une augmentation supplĂ©mentaire allant jusquâĂ 1,5 % au 1er avril 2013.
Souhaitons-nous-le, nous le méritons !
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Monsieur Bolduc, ĂȘtes-vous prĂ©occupĂ© par les services sociaux ?par Guy Jolicoeur
Ă cette Ă©poque dâhypermĂ©diatisation, oĂč on parle chaque jour des ratĂ©s du systĂšme de santĂ©, de la pĂ©nurie de mĂ©decins de famille et des morts suspectes dâaĂźnĂ©s en rĂ©sidences privĂ©es, un grand absent manque Ă lâappel des journaux et des Ă©mis-sions de nouvelles : les services sociaux. Chaque jour pourtant, des intervenantes sociales se prĂ©occupent du mieux-ĂȘtre de leur clientĂšle en crise, en transition ou tout simplement en Ă©valuation. souvent isolĂ©es, toujours Ă bout de souffle, elles travaillent sans reconnaissance Ă amĂ©liorer le vĂ©cu de leurs clients rĂ©fĂ©rĂ©s par toutes sortes dâorganismes.
nous parlons dâintervenantes, car ce sont princi-palement des femmes qui travaillent comme psy-chologues, travailleuses sociales ou techniciennes, dans lâombre du secteur mĂ©dical qui vole souvent la vedette. Câest pour remĂ©dier Ă ce silence des mĂ©dias que le ComitĂ© des services psychosociaux de la Coalition solidaritĂ© santĂ© veut braquer le pro-jecteur sur les coupures de services et les charges de travail.
depuis quelques semaines, on assiste aussi Ă une vĂ©ritable course Ă la performance entre les Ă©tablis-sements, aprĂšs que le ministĂšre et les agences de santĂ© aient rĂ©vĂ©lĂ© leur score en termes de quantitĂ© de clients rencontrĂ©s par programme. Lâemployeur demande donc aux travailleurs de voir le maximum de clients stipulant lâimportance de nouveaux cri-tĂšres afin de renouveler le budget du programme. Ces chiffres donnĂ©s sans trop dâexplications ne peuvent ĂȘtre compris sans connaĂźtre le contexte des programmes et la culture des territoires dâimplantation.
Un autre projet intĂ©ressant du comitĂ© consiste en une recherche entreprise par lâUniversitĂ© du QuĂ©bec en outaouais qui veut complĂ©ter la partie man-quante de lâhistoire des services sociaux au QuĂ©bec depuis 1988. Ă cette fin, on pense interroger des travailleuses sociales dâexpĂ©rience qui ont vĂ©cu cette Ă©poque et les conditions de travail sây rattachant.
en 2011, il est grand temps de redonner vie Ă cet « enfant pauvre » du systĂšme de santĂ©. Posons-nous la question : Que ferions-nous au QuĂ©bec sans ser-vices sociaux adĂ©quats ? Que ce soit aux Centres jeunesse, aux Centres de rĂ©adaptation, dans les hĂŽpitaux ou dans les Csss, les intervenantes sociales sont sur la ligne de front pour dĂ©fendre les droits et les habiletĂ©s de leur clientĂšle. sans elles, le QuĂ©bec ne serait pas cette sociĂ©tĂ© Ă©galitaire Ă laquelle nous croyons aujourdâhui.
ENTRE LA RUE ET LâASILEpar Ronald Boisrond
La situation des sans-abri est loin de lâimage sympa-thique du vagabond espiĂšgle personnifiĂ© par Charlie Chaplin dans ses films muets du siĂšcle dernier. dans la mĂ©tropole, nous sommes souvent confrontĂ©s Ă lâimage triste de sans-abri sans ressources et sans filet social pour les aider.
La mort rĂ©cente de deux itinĂ©rants et dâun passant sous les balles de la police nous a brutalement rappelĂ© que le phĂ©nomĂšne de lâitinĂ©rance existe toujours et quâil prend de lâampleur presque partout au QuĂ©bec, mais surtout Ă montrĂ©al.
difficile de quantifier leur nombre; le fait quâils nâaient pas de logement rend ardue toute dĂ©marche de recensement fiable. Les spĂ©cialistes Ă©valuent Ă environ 30 000 le nombre de sans-abri au QuĂ©bec. au Centre-ville de montrĂ©al, les chiffres de 10 000 Ă 15 000 individus sont souvent citĂ©s.
derniĂšrement, lâadministration municipale a dĂ©voilĂ© un plan dâaction en onze points pour contrer le phĂ©nomĂšne. Parmi ces points, notons lâajout de maisons de chambres, de logements sociaux et la crĂ©ation dâun centre de jour pour aider ceux qui sont intoxiquĂ©s. on doit aussi se rĂ©jouir de la nou-velle approche du service de police de montrĂ©al en matiĂšre de profilage social. La pratique rĂ©pressive passĂ©e a contribuĂ© Ă une grande judiciarisation des sans-abri, un frein de plus Ă leur rĂ©insertion sociale. dans plusieurs cas, ils doivent quĂȘter pour se nour-rir, mais aussi pour payer des contraventions, quand ils ne se retrouvent pas tout simplement dans le systĂšme judiciaire.
malgrĂ© ces engagements des autoritĂ©s, on ne sâat-tend pas Ă des miracles dans la lutte Ă lâitinĂ©rance, surtout quand on sait que souvent, le financement par les diffĂ©rents paliers gouvernementaux ne suit pas la hauteur des besoins en services pour cette clientĂšle. Beaucoup de ces personnes ont le potentiel pour sâen sortir, mais pour cela, ils ont besoin dâun meilleur encadrement social de tous les partenaires concernĂ©s par la problĂ©matique.
La situation demeurera encore critique pour beau-coup de sans-abri, en particulier pour ceux qui souffrent de problÚmes de santé mentale. on estime que la moitié des itinérants à montréal en souffre.
avant, ces gens Ă©taient institutionnalisĂ©s dans ce que lâon appelait Ă lâĂ©poque, des asiles. au nom de la dĂ©sinstitutionnalisation, il y a quelques dĂ©cennies, on les a tout simplement mis Ă la porte. Le but Ă©tait de les intĂ©grer dans la communautĂ©, ce qui semblait ĂȘtre une bonne idĂ©e, compte tenu de la rĂ©putation quâavaient ces institutions. Cependant, les ressources nâont pas Ă©tĂ© Ă la hauteur du dĂ©fi et beaucoup de ces patients nâĂ©taient pas aptes Ă mener une vie en sociĂ©tĂ©. aujourdâhui, on se retrouve devant un casse-tĂȘte difficile Ă rĂ©gler.
Comment aider ces gens qui souffrent de problĂšmes de santĂ© mentale et qui sont laissĂ©s Ă eux-mĂȘmes dans la rue hiver comme Ă©tĂ© ? La rĂ©ponse nâest pas simple car la loi prĂ©voit que câest seulement quand la personne reprĂ©sente un danger « grave et immĂ©diat » pour elle-mĂȘme et pour les autres que lâon peut la forcer Ă se soigner.
Faudrait-il assouplir la loi pour permettre dâinsti-tutionnaliser les cas les plus graves ?
il nây a pas de rĂ©ponse facile Ă ce genre de problĂ©-matique. Peut-ĂȘtre quâun dĂ©bat de sociĂ©tĂ© sâimpose. Une chose est sĂ»re cependant. si les ressources de ce genre existaient aujourdâhui, des vies innocentes ne se seraient pas perdues.
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Les chiffres font peur:
â 149 nouveaux cadres dans la derniĂšre annĂ©e seulement (dont 136 Ă MontrĂ©al)
â 4 851 cadres de plus quâil y a 10 ans (+51 %)
â 14 374 cadres dans le rĂ©seau qui se parta-gent⊠1 000 000,000 $ (oui, oui, 1 mil-liard!) en salaires et bonis de toutes sortes!
â 29 % dâaugmentations salariales en seu-lement 5 ans
â 16,8 millions $ en bonis versĂ©s en 2011
â 1 cadre pour 17 employĂ©s
Ouf!
Pendant ce temps, combien de nouveaux postes ont Ă©tĂ© crĂ©Ă©s dans votre titre dâemploi ? Pas beaucoup, vous dites ? Moins que ça ?
Un cadre pour 17 travailleursâŠ. câest beau-coup, non ? Combien de patients une infir-miĂšre de nuit en CHSLD a-t-elle sous sa charge ? Plus de 100, souvent ? Ah oui ?
Si les chiffres font peur donc, que penser de certaines dĂ©clarations qui avaient pour but dâexpliquer la situation. Comme celle de Serge Beauchamp, DG adjoint de lâagence de Mauricie qui commente ainsi lâaugmentation de 13 Ă 21 cadres Ă son agence : « cette hausse Ă©tait nĂ©cessaire pour combler des lacunes dans lâencadrement du personnel. On nâavait aucun cadre intermĂ©diaire. Le personnel en souffrait (!). Ils nous ont eux-mĂȘmes demandĂ© plus dâen-cadrement (!!). Ils en sont trĂšs heureux (!!!). »
Ou encore ma prĂ©fĂ©rĂ©e, Lise Denis, DG de lâAssociation des Ă©tablissements de santĂ© et des services sociaux (AQESSS) qui, loin de sâinquiĂ©ter de la situation, explique plutĂŽt « quâun cadre ce nâest pas quelquâun dâassis dans son bureau qui remplit des papiers ! Dans le rĂ©seau de la santĂ©, 83 % des cadres sont sur le terrain.(!!!??) ».
BEN OUI madame Denis⊠câest sĂ»r⊠83 %...
De quel terrain vous parlez, déjà ?
Faut que jâvous dise, madame Denis, que sur le terrain, on manque « de bras ». On manque de relĂšve, on manque de temps, on manque dâargent, on manque dâĂ©quipements.
On manque dâĂ©coute, de reconnaissance, de mĂ©decins de famille et de bien dâautres choses encore.
Mais dâencadrement ? Ăa, non.
Jamais entendu parler.
Et quand bien mĂȘme on ajouterait un autre milliard en encadrement, ça ne rendrait pas la toile plus jolieâŠet ne rĂšglerait aucun des problĂšmes ci-haut mentionnĂ©s.
Vous savez quoi ? On est Ă la fin fĂ©vrier et je nâai toujours pas digĂ©rĂ© ma tourtiĂšreâŠ
MOT DU PRĂSIDENT / SUITE DE LA PAgE 1
Conseil général du 1er et 2 février 2012par Michel Jolin, secrétaire général
Une centaine de personnes dĂ©lĂ©guĂ©es par vos sections locales ont participĂ© au conseil gĂ©nĂ©ral du Conseil provincial des affaires sociales les 1er et 2 fĂ©vrier dernier Ă Boucherville. Comme Ă lâhabitude, le coordonnateur du secteur des affaires sociales, alain Tessier, a fait son rapport. il a commentĂ© la dĂ©cision prise par la Commission des relations du travail dans le dossier de la loi 142 qui dĂ©crĂ©tait les conditions de travail et de rĂ©munĂ©ration des employĂ©s de lâĂ©tat en 2006. La Commission a donnĂ© raison aux parties syndicales mentionnant que le gouvernement avait agi de mauvaise foi dans le processus de nĂ©gociation. Ce jugement sera sĂ»rement portĂ© en appel par le gouvernement.
alain a Ă©galement fait un rĂ©sumĂ© de lâensemble des comitĂ©s issus des lettres dâententes de la convention collective qui sont en travaux prĂ©sen-tement.
Les comitĂ©s assurances, CooPPP, CatĂ©gorie 4 et Ă©valuation des emplois ont aussi fait leur rap-port. nous avons appris que les enquĂȘtes sur les infections nosoco-miales et sur le climat de travail sont terminĂ©es; nous attendons main-tenant les rĂ©sultats de
ces recherches menĂ©es par lâUniversitĂ© du QuĂ©bec Ă montrĂ©al. Le ComitĂ© dâĂ©valuation des emplois a remis aux personnes dĂ©lĂ©guĂ©es un guide de rĂ©fĂ©-rence expliquant les travaux qui sont effectuĂ©s dans le cadre de lâĂ©quitĂ© salariale, du maintien de lâĂ©quitĂ© et de la relativitĂ© salariale.
Pierre-Guy sylvestre, conseiller syndical au sCFP nous reprĂ©sentant sur le ComitĂ© provincial des ouvriers spĂ©cialisĂ©s, a fait rapport de lâavancement des travaux. Beaucoup de statistiques ont Ă©tĂ© compilĂ©es; il faut maintenant examiner ces donnĂ©es et leur attribuer le sens qui pourra convaincre le gouvernement.
Les personnes déléguées ont échangé leurs points de vue en ateliers à propos du projet de campagne sur la valorisation de nos emplois.
Le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral, michel Jolin, a prĂ©sentĂ© les rapports financiers de lâannĂ©e 2011 et les personnes dĂ©lĂ©guĂ©es ont adoptĂ© le rapport des vĂ©rificatrices et les prĂ©visions budgĂ©taires 2012 Ă©galement prĂ©-sentĂ©es par le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral.
alain Tessier a prĂ©sentĂ© la deuxiĂšme capsule sur notre rĂ©gime de retraite. il a expliquĂ© les disposi-tions dâadmissibilitĂ©, le calcul du montant de la rente et comment elle est indexĂ©e, ainsi que le coĂ»t que nous devons y mettre.
Comme vous le savez, vous pouvez toujours contac-ter les membres de vos exécutifs pour avoir les informations complÚtes sur les sujets traités lors de ce conseil général.
RessoURCes inTeRmĂ©diaiResQui sâassure de la qualitĂ© des services aux aĂźnĂ©s ?par Guy Jolicoeur
suite aux multiples annonces du ministre de la santĂ© du QuĂ©bec, m. yves Bolduc, sur la rĂ©organisation des services aux aĂźnĂ©s, une nouvelle crĂ©ature a fait son apparition dans le ciel quĂ©bĂ©cois : les ressources intermĂ©diaires (R.i.) pour aĂźnĂ©s. Ă mi-chemin entre la rĂ©sidence privĂ©e et le Centre dâaccueil (CHsLd), la ressource intermĂ©diaire devait permettre dâaccueillir les aĂźnĂ©s qui exigeaient moins de 3 heures de soins par jour, mais qui ne pouvaient plus rester dans leur logement ou dans une rĂ©sidence privĂ©e, parce quâils nâĂ©taient plus autonomes.
Les agences de santĂ© de tout le QuĂ©bec ont donc lancĂ© un appel dâoffres aux promoteurs privĂ©s qui construiraient ou modifieraient des bĂątisses afin dâaccueillir cette nouvelle clientĂšle. Ces derniers devaient fournir les lits, les repas, les loisirs ainsi que les soins de base nĂ©cessaires. Pour leur part, les Csss devaient fournir les professionnels tels que travailleuses sociales, ergothĂ©rapeutes et physiothĂ©rapeutes, pour nâen nommer que trois.
Le « mauvais exemple » de MontrĂ©alor, pour financer cette nouvelle ressource, lâagence de santĂ© et de services sociaux de montrĂ©al a dĂ» couper plus de 2 500 lits, soit en lits de longue durĂ©e dans les hĂŽpitaux, soit en places dâhĂ©bergement en CHsLd. nous assistons donc Ă un dĂ©ficit important de lits pour la clientĂšle lourde, ayant peu dâautonomie. LâhĂ©catombe ne sâarrĂȘte pas lĂ : des lits en CHsLd sont aussi transformĂ©s en lits dâĂ©valuation pour la clientĂšle aĂźnĂ©e afin de dĂ©sengorger les urgences et des lits en soins aigus. on annonce du mĂȘme coup la transformation du CHsLd LĂ©garĂ© en Centre dâaccueil pour la clientĂšle
adulte en santĂ© mentale, mais qui ne peut pas vivre en sociĂ©tĂ©. RĂ©sultat : on ferme donc la porte Ă des milliers dâaĂźnĂ©s qui attendaient patiemment leur tour pour finir leurs jours en CHsLd.
Mais oĂč sont donc les services en R.I. ?Une bonne question que se posent nos aĂźnĂ©s : mais oĂč sont donc les services prĂ©vus en R.i. ? Les Csss ne rĂ©ussissent pas Ă trouver suffisamment de professionnels pour combler les besoins des R.i. et on assiste Ă un dĂ©lestage de services diffĂ©rents dâune ressource intermĂ©diaire Ă lâautre. ainsi, dans une R.i. toute neuve, il nây a plus dâinfirmiĂšres aprĂšs 16 heures et ce sont des prĂ©posĂ©s aux bĂ©nĂ©ficiaires ayant moins de 12 heures de formation qui administrent tous les mĂ©dicaments ! Une autre rĂ©sidence, la rĂ©sidence navarro Ă st-LĂ©onard, a fait lâobjet dâun reportage dans La Presse du 13 janvier dernier, mentionnant des lacunes graves dans les soins et dans les besoins dâassistance aux rĂ©sidents. Pourtant, en 2011, lâagence de la santĂ© de montrĂ©al qui enquĂȘtait sur ces lacunes faisait encore confiance aux propriĂ©taires de cette rĂ©sidence qui, en mars 2009, avaient Ă©tĂ© pointĂ©s du doigt par ses propres inspecteurs.
Les familles de ces rĂ©sidents ont beau se plaindre, QuĂ©bec fait toujours la sourde oreille aux nombreuses lacunes dans la qualitĂ© des soins, dans le taux de roulement inquiĂ©tant des prĂ©posĂ©s et dans le manque de professionnels qui devraient ĂȘtre en poste. en attendant que la situation se rĂšgle par magie, le ministre Bolduc se fait rassurant : sa potion magique, la mĂ©thode lean inspirĂ©e du fabricant Toyota, rĂ©glera tous ces inconvĂ©nients dâici sa rĂ©Ă©lectionâŠ
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Attaques prochaines sur nos fonds de pensionpar Sylvain Lemieux
le sujeT de lA reTrAiTe semble ĂȘTre sur TouTes les lĂšvres derniĂšremenT. le
gouvernemenT cAnAdien du premier minisTre hArper lAisse enTendre quâil
ferA des chAngemenTs Aux pensions de sécuriTé de lA vieillesse (psv) eT veuT
lAncer lA créATion de régimes de pension Agréés collecTifs (rpAc).
Le gouvernement quĂ©bĂ©cois veut, quant Ă lui, crĂ©er un rĂ©gime volontaire dâĂ©pargne-retraite (RVeR) et a augmentĂ© les cotisations du RĂ©gime de rentes du QuĂ©bec (RRQ) en janvier dernier.
au niveau des fonds de pension, beaucoup dâem-ployeurs, dont nombre de municipalitĂ©s, se voient incapables de payer les cotisations futures de pensionnĂ©s et menacent de faire payer la note aux citoyens en haussant les taxes fonciĂšres.
de leur cĂŽtĂ©, les syndicats sâinsurgent contre les attaques faites Ă leurs fonds de pension et pro-posent diffĂ©rentes solutions pour assurer un fonds de pension Ă©quitable pour leurs travailleurs, mais aussi, pour lâensemble de la population.
Divers rĂ©gimes offerts â Le rĂ©gime de pensions du Canada (RPC) et le RRQ sont des rĂ©gimes universels et sont Ă la por-tĂ©e de tous les travailleurs. seulement la Pension de la sĂ©curitĂ© de la vieillesse est payable Ă tous les Canadiens, Ă partir de 65 ans, qui ont vĂ©cu ici pendant 10 ans depuis leur 18e anniversaire de naissance.
â Pour environ 1â3 des travailleurs, il existe un rĂ©gime de pension chez leur employeur :
- Le rĂ©gime Ă cotisations dĂ©terminĂ©es est comme un ReeR oĂč lâemployeur et lâemployĂ© cotisent. Les cotisations sont fixes et les revenus lors de la retraite sont variables selon les rendements du marchĂ©. Câest donc lâemployĂ© qui assume les risques lorsque les variations du marchĂ© sont dĂ©favorables.
- Le rĂ©gime Ă prestations dĂ©terminĂ©es est un rĂ©gime oĂč les cotisations sont variables durant les annĂ©es travaillĂ©es, mais oĂč le revenu est assurĂ© Ă la retraite (habituellement 70 % du salaire). dans ce rĂ©gime, câest lâadministrateur du fonds qui assume les risques des variations du marchĂ© et doit ajuster les cotisations pour assurer la solvabilitĂ© du fonds.
Une question de point de vueCe quâil faut comprendre, câest que tout le monde est dâaccord pour que tous aient droit Ă une retraite dĂ©cente. Le problĂšme est que personne ne sâaccorde sur comment faire les changements
et Ă qui remettre la facture.
Le problÚme de solvabilité des différents fonds est dû en grande partie à la crise économique de 2008. Plusieurs milliards de dollars de nos différents régimes étaient investis dans des placements qui ont considérablement chuté aprÚs la crise économique.
Un consensus Ă©merge sur la cause de cette dĂ©bandade financiĂšre : la dĂ©rĂšglementation du monde financier. Plusieurs acteurs de droite (politiciens, grands financiers, gros employeurs, le 1 % quoi), qui prĂŽnaient (et prĂŽnent encore) le libre marchĂ© et la privatisation pour rĂ©duire la taille de lâĂ©tat, ont fait des changements qui ont menĂ© Ă cette crise monumentale. Ce qui est scandaleux, câest que certains financiers ont rĂ©ussi Ă faire de lâargent durant cette pĂ©riode de crise.
Le plus aberrant encore, câest que ce mĂȘme 1 % (politiciens, propriĂ©taires de mĂ©dias) blĂąme aujourdâhui le rĂ©gime de retraite des employĂ©s pour les difficultĂ©s financiĂšres des divers gouvernements. Une campagne de propagande semble ĂȘtre sur pied. nos fonds de pension seraient, selon eux, trop gĂ©nĂ©reux. Cette attaque idĂ©ologique nâest ni plus ni moins quâune manĆuvre dĂ©magogique odieuse.
La mĂ©canique des fonds de pensionil faut comprendre que la crise Ă©conomique est une situation temporaire et quâil en a Ă©tĂ© autrement dans le passĂ©. dans les annĂ©es de bons rendements Ă©conomiques du rĂ©gime de pension, est-ce que les municipalitĂ©s ont baissĂ© les taxes fonciĂšres? Bien sĂ»r que non. elles ont mĂȘme pris des congĂ©s de cotisation en prenant le surplus de la caisse pour payer leurs cotisations. elles ont ainsi rĂ©duit Ă nĂ©ant le coussin de sĂ©curitĂ© pour faire face aux variations du marchĂ© Ă©conomique.
au niveau des rĂ©gimes de retraite Ă prestations dĂ©terminĂ©es du secteur public, le gouvernement du QuĂ©bec sâest octroyĂ© des congĂ©s de cotisation. il verse virtuellement lâargent. Cela veut dire quâau lieu de mettre lâargent dans la caisse des fonds de pension, lâemployeur inscrit lâargent quâil doit comme une dette aux livres. Ce congĂ© de cotisation fait en sorte que lâargent que le gouvernement nous doit nâa pas profitĂ© des annĂ©es favorables de lâĂ©conomie dans le passĂ©. aujourdâhui, la situation est telle que
le gouvernement ne paie uniquement que la partie de prestation (donc lâargent quâil doit aux retraitĂ©s).
il est clair que le gouvernement fait preuve de dĂ©magogie en tentant de nous faire porter le blĂąme. nous avons certes de bons rĂ©gimes de retraite, et nous les mĂ©ritons. nous les avons, car nous nous sommes battus pour les avoir et sâils existent encore, câest en grande partie parce que nous y avons cotisĂ© une partie de notre salaire. Ce nâest pas parce que lâemployeur y a fourni beaucoup dâargent ou parce quâils lâont bien administrĂ©.
il est temps que les 99 % disent au 1 % quâils comprennent leur jeu et que les rĂšgles seront pour la majoritĂ©. Câest dans cette optique que le sCFP-QuĂ©bec a organisĂ© une rencontre extraordinaire les 22 et 23 fĂ©vrier derniers sur la question.
La RevueBulletin dâinformation publiĂ© par le Conseil provincial des affaires sociales (CPAS)
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