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LE MODĂšLE TOYOTA ET LES SOINS DE SANTĂ© Coudonc, les usagers sont-ils devenus des chars ? par RĂ©mi Arsenault, SCFP, s.l. 2881 Ça s’émoustille au ministĂšre des Services sociaux du QuĂ©bec. Dans un article paru dans le journal Le Soleil le 7 octobre dernier, Yves Bolduc ne cachait pas son engouement : « Quand on a lancĂ© cette idĂ©e, on pensait qu’on aurait de la difficultĂ© Ă  avoir des Ă©tablissements, mais actuellement presque tous les Ă©tablissements font de la gestion Lean 1 » . Le ministre Bolduc a beau se frotter les mains et glorifier cette rĂ©volution managĂ©riale, mais cette nouvelle forme d’organisation du travail n’a pas que pour effet d’augmenter les profits ou rĂ©duire les coĂ»ts (dans le cas du systĂšme de santĂ©). Effectivement, plusieurs Ă©tudes confirment que les conditions de travail se dĂ©gradent et que le Lean Production (ou le modĂšle Toyota) n’amĂ©liorera en rien les conditions de travail des personnes salariĂ©es du systĂšme de santĂ©. Pour Angelo Soares, chercheur Ă  l’école des sciences de l’UQAM, implanter ce type de gestion dans le domaine de la santĂ© serait catastrophique. Le modĂšle Toyota La phrase qui rĂ©sume le mieux cette nouvelle forme d’organisation du travail est la suivante : « Faire plus avec moins ». L’idĂ©e est de dĂ©terminer dans le proces- sus de production ce qui cause de la valeur « ajoutĂ©e » et de la « valeur non ajoutĂ©e ». Ensuite, supprimer cette « valeur non ajoutĂ©e » en Ă©vitant toute forme de gaspillage, ce qui permettrait de baisser les coĂ»ts de production. La philosophie derriĂšre tout cela est la recherche de l’amĂ©lioration continue du processus de production. En d’autres mots, produire davantage, toujours plus, ne jamais s’arrĂȘter. Bonjour burn out ! Il ne fait aucun doute, comme consĂ©quence chez les travailleurs, cela veut dire des coupures et une intensification de la cadence de travail. Étude de cas Pourtant, pour plusieurs chercheurs, le modĂšle Toyota n’a rien de si rĂ©volutionnaire. Dans un article paru dans le journal Le Devoir intitulĂ© « Les hĂŽpitaux ne sont pas des chaĂźnes de montage » , Angelo Soares cite une enquĂȘte produite au CSSS d’Ahuntsic et MontrĂ©al-Nord. Cette enquĂȘte, Ă  la demande des syndicats, fut distribuĂ©e Ă  1 240 salariĂ©es. Sur 469 rĂ©pondants, 4 travailleurs sur 10 affirment souffrir de dĂ©tresse psychologique. 40 % d’entre eux affirment ĂȘtre surchargĂ©s et le quart des rĂ©pondants affirme avoir connu du harcĂšlement psychologique. Ces chiffres sont assez rĂ©vĂ©lateurs. C’est peut-ĂȘtre ce qui explique le malaise que vivent les milliers de travail- leurs et travailleuses du systĂšme de santĂ© quĂ©bĂ©cois. Pourtant, le CSSS d’Ahuntsic et MontrĂ©al-Nord n’est pas le seul exemple. Le CLSC de Charlevoix aurait rencontrĂ© le mĂȘme problĂšme au dĂ©but des annĂ©es 2000 2 . Dix-sept (17) employĂ©s sur 70 tombĂšrent en 1. Pierre Pelchat, « MĂ©thode Toyota : Bolduc surpris de l’engoue- ment », Le Soleil, 7 octobre 2011. 2. Article Ă©crit par Ă©ric Grenier, tirĂ© du site web : http://www. jobboom.com/magazine/25-05-texte.html. congĂ© maladie. MĂȘme l’ex-directeur de l’établissement confirma ce pro- blĂšme : « Les gens vivaient des difficultĂ©s, mais ils n’avaient per- sonne Ă  qui en parler, se sou- vient Jean-François Mellon, ex- directeur de l’établissement, aujourd’hui Ă  la retraite. La direction n’était jamais dispo- nible; on passait notre temps Ă  Ă©teindre des feux 3 ». La situation ne semble guĂšre mieux de l’autre cĂŽtĂ© de l’atlantique. Selon le chercheur Antoine Valeyre du Centre d’études de l’emploi, le modĂšle lean produc- tion n’amĂ©liore en rien les conditions de travail, au contraire, il serait la cause d’une dĂ©tĂ©rioration des AU SOMMAIRE 2 / Mot du secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral 2 / Monsieur Bolduc, ĂȘtes-vous prĂ©occupĂ© par les services sociaux ? 2 / Entre la rue et l’asile 3 / Qui s’assure de la qualitĂ© des services aux aĂźnĂ©s ? 3 / Conseil gĂ©nĂ©ral 4 / Attaques prochaines sur nos fonds de pension Journal du Conseil provincial des affaires sociales SYNDICAT CANADIEN DE LA FONCTION PUBLIQUE VOLUME 25 N°1 FĂ©vrier-Mars 2012 La Revue Agenda 2012 Conseil gĂ©nĂ©ral HĂŽtel Sandman Ă  Longueuil 4 et 5 avril CongrĂšs du CPAS HĂŽtel Le Noranda Ă  Rouyn-Noranda 12, 13 et 14 juin Conseil gĂ©nĂ©ral HĂŽtel Le Noranda Ă  Rouyn-Noranda 15 juin Conseil gĂ©nĂ©ral HĂŽtel Delta Ă  QuĂ©bec 3 et 4 octobre MOT DU PRÉSIDENT par Marco Lutfy 1000 millions de dollars de
 cadres ?! Quand on vous a dit en 2006 que la rĂ©forme, d’oĂč sont nĂ©s les CSSS, allait faire en sorte de diminuer considĂ©rablement les dĂ©penses administratives, j’espĂšre que vous n’avez pas pensĂ© que ça incluait les cadres !? Oui ? Vous aussi ? On le sentait bien pourtant, sur « le plancher des vaches », que leur nombre augmentait. Et puis l’an dernier, on a su. Aux alentours de 20 % de plus qu’ils sont, les cadres du rĂ©seau. Mais lĂ , en revenant des FĂȘtes, alors qu’on essayait de digĂ©rer les derniĂšres pointes de tourtiĂšre, cette nouvelle qui voulait passer ina- perçue : « Explosion du nombre de cadres dans le rĂ©seau de la santĂ© » (La Presse, 10 janvier 2012) « SantĂ© : plus d’un milliard $ en salaires aux cadres » (Argent, 9 janvier 2012). SUITE EN PAGE 3 SUITE EN PAGE 2 ANNIE THÉRIAULT 3. Idem.

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Le modĂšLe ToyoTa eT Les soins de sanTĂ©

Coudonc, les usagers sont-ils devenus des chars ?par RĂ©mi Arsenault, SCFP, s.l. 2881

Ça s’émoustille au ministĂšre des services sociaux du QuĂ©bec. dans un article paru dans le journal Le soleil le 7 octobre dernier, yves Bolduc ne cachait pas son engouement : « Quand on a lancĂ© cette idĂ©e, on pensait qu’on aurait de la difficultĂ© Ă  avoir des Ă©tablissements, mais actuellement presque tous les Ă©tablissements font de la gestion Lean1 ». Le ministre Bolduc a beau se frotter les mains et glorifier cette rĂ©volution managĂ©riale, mais cette nouvelle forme d’organisation du travail n’a pas que pour effet d’augmenter les profits ou rĂ©duire les coĂ»ts (dans le cas du systĂšme de santĂ©). effectivement, plusieurs Ă©tudes confirment que les conditions de travail se dĂ©gradent et que le Lean Production (ou le modĂšle Toyota) n’amĂ©liorera en rien les conditions de travail des personnes salariĂ©es du systĂšme de santĂ©. Pour angelo soares, chercheur Ă  l’école des sciences de l’UQam, implanter ce type de gestion dans le domaine de la santĂ© serait catastrophique.

Le modĂšle ToyotaLa phrase qui rĂ©sume le mieux cette nouvelle forme d’organisation du travail est la suivante : « Faire plus avec moins ». L’idĂ©e est de dĂ©terminer dans le proces-sus de production ce qui cause de la valeur « ajoutĂ©e » et de la « valeur non ajoutĂ©e ». ensuite, supprimer cette « valeur non ajoutĂ©e » en Ă©vitant toute forme de gaspillage, ce qui permettrait de baisser les coĂ»ts de production. La philosophie derriĂšre tout cela est la recherche de l’amĂ©lioration continue du processus de production. en d’autres mots, produire davantage, toujours plus, ne jamais s’arrĂȘter. Bonjour burn out ! il ne fait aucun doute, comme consĂ©quence chez les travailleurs, cela veut dire des coupures et une intensification de la cadence de travail.

Étude de casPourtant, pour plusieurs chercheurs, le modĂšle Toyota n’a rien de si rĂ©volutionnaire. dans un article paru dans le journal Le devoir intitulĂ© « Les hĂŽpitaux ne sont pas des chaĂźnes de montage », angelo soares cite une enquĂȘte produite au Csss d’ahuntsic et montrĂ©al-nord. Cette enquĂȘte, Ă  la demande des syndicats, fut distribuĂ©e Ă  1 240 salariĂ©es. sur 469 rĂ©pondants, 4 travailleurs sur 10 affirment souffrir de dĂ©tresse psychologique. 40 % d’entre eux affirment ĂȘtre surchargĂ©s et le quart des rĂ©pondants affirme avoir connu du harcĂšlement psychologique. Ces chiffres sont assez rĂ©vĂ©lateurs. C’est peut-ĂȘtre ce qui explique le malaise que vivent les milliers de travail-leurs et travailleuses du systĂšme de santĂ© quĂ©bĂ©cois. Pourtant, le Csss d’ahuntsic et montrĂ©al-nord n’est pas le seul exemple. Le CLsC de Charlevoix aurait rencontrĂ© le mĂȘme problĂšme au dĂ©but des annĂ©es 20002. dix-sept (17) employĂ©s sur 70 tombĂšrent en

1. Pierre Pelchat, « mĂ©thode Toyota : Bolduc surpris de l’engoue-ment », Le soleil, 7 octobre 2011.

2. article écrit par éric Grenier, tiré du site web : http://www.jobboom.com/magazine/25-05-texte.html.

congĂ© maladie. mĂȘme l’ex-directeur de l’établissement confirma ce pro-blĂšme : « Les gens vivaient des difficultĂ©s, mais ils n’avaient per-sonne Ă  qui en parler, se sou-vient Jean-François mellon, ex-directeur de l’établissement, aujourd’hui Ă  la retraite. La direction n’était jamais dispo-nible; on passait notre temps Ă  Ă©teindre des feux3».

La situation ne semble guĂšre mieux de l’autre cĂŽtĂ© de l’atlantique. selon le chercheur antoine Valeyre du Centre d’études de l’emploi, le modĂšle lean produc-tion n’amĂ©liore en rien les conditions de travail, au contraire, il serait la cause d’une dĂ©tĂ©rioration des

aU sommaiRe2 / Mot du secrétaire général

2 / Monsieur Bolduc, ĂȘtes-vous prĂ©occupĂ© par

les services sociaux ?

2 / Entre la rue et l’asile

3 / Qui s’assure de la qualitĂ© des services aux aĂźnĂ©s ?

3 / Conseil général

4 / Attaques prochaines sur nos fonds de pension

Journal du Consei l prov incia l

des af fa ires socia les

SYNDICAT CANADIEN DE LA FONCTION PUBLIQUE

VOLUME 25 N°1 Février-Mars 2012

La Revue

Agenda 2012Conseil général

HĂŽtel sandman Ă  Longueuil 4 et 5 avril

CongrĂšs du CPAS HĂŽtel Le noranda Ă  Rouyn-noranda

12, 13 et 14 juin

Conseil général HÎtel Le noranda à Rouyn-noranda

15 juin

Conseil général HÎtel delta à Québec

3 et 4 octobre

MOT DU PRÉSIDENTpar Marco Lutfy

1000 millions de dollars de
 cadres ?!Quand on vous a dit en 2006 que la rĂ©forme, d’oĂč sont nĂ©s les CSSS, allait

faire en sorte de diminuer considĂ©rablement les dĂ©penses administratives, j’espĂšre que vous n’avez pas pensĂ© que ça incluait les cadres !? Oui ? Vous aussi ?

On le sentait bien pourtant, sur « le plancher des vaches », que leur nombre augmentait. Et puis l’an dernier, on a su. Aux alentours de 20 % de plus qu’ils sont, les cadres du rĂ©seau.

Mais lĂ , en revenant des FĂȘtes, alors qu’on essayait de digĂ©rer les derniĂšres pointes de tourtiĂšre, cette nouvelle qui voulait passer ina-perçue : « Explosion du nombre de cadres dans le rĂ©seau de la santĂ© » (La Presse, 10 janvier 2012) « SantĂ© : plus d’un milliard $ en salaires aux cadres » (Argent, 9 janvier 2012).

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conditions de travail. « de nombreuses caractĂ©ris-tiques de conditions de travail ou de santĂ© au travail sont plus favorables dans les organisations appre-nantes que dans les organisations en lean produc-tion ou les organisations tayloriennes et la situation est en gĂ©nĂ©ral moins bonne dans les organisations en lean production que dans les organisations tayloriennes4 ». donc, cette forme d’organisation du travail provoque une intensification du travail, comparativement Ă  d’autres modĂšles de gestion.

en conclusion, cette sortie du ministre Bolduc expliquerait le malaise que vivent en ce moment les travailleuses et travailleurs du systĂšme de

4. Conditions de travail et santĂ© au travail des salariĂ©s de l’Union europĂ©enne:des situations contrastĂ©es selon les formes d’organisation, anToine VaLeyRe, Centre d’études de l’emploi, document n° 73, novembre 2006.

santĂ©. Le modĂšle Toyota n’assurerait en rien, si on se fie aux Ă©tudes rĂ©centes, Ă  l’amĂ©lioration des conditions de travail. Les syndicats ont commencĂ© Ă  se pencher sur la question. mais il serait perti-nent d’en informer la base, car c’est sur le terrain que la lutte se fait. de plus, s’opposer au modĂšle Toyota s’avĂšre nĂ©cessaire, car il est permis de penser qu’on vient de mettre le doigt sur le bobo.

si les syndicats s’attaquent Ă  cette forme d’orga-nisation du travail et qu’ils en font leur principale revendication d’ici les prochaines annĂ©es, voilĂ  peut-ĂȘtre une occasion de rejoindre vĂ©ritablement les membres. Car s’opposer Ă  la mĂ©thode Toyota dans le domaine de la santĂ©, c’est s’attaquer Ă  la source des problĂšmes des travailleurs et travailleuses du rĂ©seau de la santĂ© au QuĂ©bec.

MODĂšLE TOYOTA / SUITE DE LA PAgE 1

Mot du secrétaire généralpar Michel Jolin

Les sceptiques seront confondus
 dus... dus...Lors de la derniĂšre ronde de nĂ©gociation, beaucoup d’insa-tisfaction s’était manifestĂ©e lors du rĂšglement salarial des

employĂ©s de l’État. Le ComitĂ© de nĂ©gociation avait cependant fait le pari qu’il Ă©tait possible de dĂ©foncer ce cadre de rĂšglement en prenant

au mot les propos de la partie patronale qui disait qu’il ne pouvait offrir plus Ă©tant donnĂ© le contexte Ă©conomique, mais que si le contexte changeait, il serait prĂȘt Ă  partager avec nous les rĂ©sultats de cette croissance Ă©conomique. L’entente fut conclue en ajoutant la clause (article 7.25 C de la convention collective)

insĂ©rant le PIB (produit intĂ©rieur brut) nominal dans le calcul de nos augmentations salariales. Nous avions donc la possibilitĂ© d’augmenter notre augmentation salariale de 0,5 % le 1er avril 2012 si le contexte Ă©conomique nous Ă©tait favorable. Et bien, selon les calculs du ministre des Finances, nous aurions droit Ă  ce 0,5 % supplĂ©mentaire Ă  partir du 1er avril 2012. Bien sĂ»r, avant de se rĂ©jouir complĂštement, il faudra attendre les rĂ©sultats officiels du PIB nominal du QuĂ©bec selon les donnĂ©es de Statistiques Canada. Selon cette mĂȘme clause (article 7.25 D de la c.c.) sur le PIB nominal, il serait possible d’obtenir une augmentation supplĂ©mentaire allant jusqu’à 1,5 % au 1er avril 2013.

Souhaitons-nous-le, nous le méritons !

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Monsieur Bolduc, ĂȘtes-vous prĂ©occupĂ© par les services sociaux ?par Guy Jolicoeur

À cette Ă©poque d’hypermĂ©diatisation, oĂč on parle chaque jour des ratĂ©s du systĂšme de santĂ©, de la pĂ©nurie de mĂ©decins de famille et des morts suspectes d’aĂźnĂ©s en rĂ©sidences privĂ©es, un grand absent manque Ă  l’appel des journaux et des Ă©mis-sions de nouvelles : les services sociaux. Chaque jour pourtant, des intervenantes sociales se prĂ©occupent du mieux-ĂȘtre de leur clientĂšle en crise, en transition ou tout simplement en Ă©valuation. souvent isolĂ©es, toujours Ă  bout de souffle, elles travaillent sans reconnaissance Ă  amĂ©liorer le vĂ©cu de leurs clients rĂ©fĂ©rĂ©s par toutes sortes d’organismes.

nous parlons d’intervenantes, car ce sont princi-palement des femmes qui travaillent comme psy-chologues, travailleuses sociales ou techniciennes, dans l’ombre du secteur mĂ©dical qui vole souvent la vedette. C’est pour remĂ©dier Ă  ce silence des mĂ©dias que le ComitĂ© des services psychosociaux de la Coalition solidaritĂ© santĂ© veut braquer le pro-jecteur sur les coupures de services et les charges de travail.

depuis quelques semaines, on assiste aussi Ă  une vĂ©ritable course Ă  la performance entre les Ă©tablis-sements, aprĂšs que le ministĂšre et les agences de santĂ© aient rĂ©vĂ©lĂ© leur score en termes de quantitĂ© de clients rencontrĂ©s par programme. L’employeur demande donc aux travailleurs de voir le maximum de clients stipulant l’importance de nouveaux cri-tĂšres afin de renouveler le budget du programme. Ces chiffres donnĂ©s sans trop d’explications ne peuvent ĂȘtre compris sans connaĂźtre le contexte des programmes et la culture des territoires d’implantation.

Un autre projet intĂ©ressant du comitĂ© consiste en une recherche entreprise par l’UniversitĂ© du QuĂ©bec en outaouais qui veut complĂ©ter la partie man-quante de l’histoire des services sociaux au QuĂ©bec depuis 1988. À cette fin, on pense interroger des travailleuses sociales d’expĂ©rience qui ont vĂ©cu cette Ă©poque et les conditions de travail s’y rattachant.

en 2011, il est grand temps de redonner vie Ă  cet « enfant pauvre » du systĂšme de santĂ©. Posons-nous la question : Que ferions-nous au QuĂ©bec sans ser-vices sociaux adĂ©quats ? Que ce soit aux Centres jeunesse, aux Centres de rĂ©adaptation, dans les hĂŽpitaux ou dans les Csss, les intervenantes sociales sont sur la ligne de front pour dĂ©fendre les droits et les habiletĂ©s de leur clientĂšle. sans elles, le QuĂ©bec ne serait pas cette sociĂ©tĂ© Ă©galitaire Ă  laquelle nous croyons aujourd’hui.

ENTRE LA RUE ET L’ASILEpar Ronald Boisrond

La situation des sans-abri est loin de l’image sympa-thique du vagabond espiĂšgle personnifiĂ© par Charlie Chaplin dans ses films muets du siĂšcle dernier. dans la mĂ©tropole, nous sommes souvent confrontĂ©s Ă  l’image triste de sans-abri sans ressources et sans filet social pour les aider.

La mort rĂ©cente de deux itinĂ©rants et d’un passant sous les balles de la police nous a brutalement rappelĂ© que le phĂ©nomĂšne de l’itinĂ©rance existe toujours et qu’il prend de l’ampleur presque partout au QuĂ©bec, mais surtout Ă  montrĂ©al.

difficile de quantifier leur nombre; le fait qu’ils n’aient pas de logement rend ardue toute dĂ©marche de recensement fiable. Les spĂ©cialistes Ă©valuent Ă  environ 30 000 le nombre de sans-abri au QuĂ©bec. au Centre-ville de montrĂ©al, les chiffres de 10 000 Ă  15 000 individus sont souvent citĂ©s.

derniĂšrement, l’administration municipale a dĂ©voilĂ© un plan d’action en onze points pour contrer le phĂ©nomĂšne. Parmi ces points, notons l’ajout de maisons de chambres, de logements sociaux et la crĂ©ation d’un centre de jour pour aider ceux qui sont intoxiquĂ©s. on doit aussi se rĂ©jouir de la nou-velle approche du service de police de montrĂ©al en matiĂšre de profilage social. La pratique rĂ©pressive passĂ©e a contribuĂ© Ă  une grande judiciarisation des sans-abri, un frein de plus Ă  leur rĂ©insertion sociale. dans plusieurs cas, ils doivent quĂȘter pour se nour-rir, mais aussi pour payer des contraventions, quand ils ne se retrouvent pas tout simplement dans le systĂšme judiciaire.

malgrĂ© ces engagements des autoritĂ©s, on ne s’at-tend pas Ă  des miracles dans la lutte Ă  l’itinĂ©rance, surtout quand on sait que souvent, le financement par les diffĂ©rents paliers gouvernementaux ne suit pas la hauteur des besoins en services pour cette clientĂšle. Beaucoup de ces personnes ont le potentiel pour s’en sortir, mais pour cela, ils ont besoin d’un meilleur encadrement social de tous les partenaires concernĂ©s par la problĂ©matique.

La situation demeurera encore critique pour beau-coup de sans-abri, en particulier pour ceux qui souffrent de problÚmes de santé mentale. on estime que la moitié des itinérants à montréal en souffre.

avant, ces gens Ă©taient institutionnalisĂ©s dans ce que l’on appelait Ă  l’époque, des asiles. au nom de la dĂ©sinstitutionnalisation, il y a quelques dĂ©cennies, on les a tout simplement mis Ă  la porte. Le but Ă©tait de les intĂ©grer dans la communautĂ©, ce qui semblait ĂȘtre une bonne idĂ©e, compte tenu de la rĂ©putation qu’avaient ces institutions. Cependant, les ressources n’ont pas Ă©tĂ© Ă  la hauteur du dĂ©fi et beaucoup de ces patients n’étaient pas aptes Ă  mener une vie en sociĂ©tĂ©. aujourd’hui, on se retrouve devant un casse-tĂȘte difficile Ă  rĂ©gler.

Comment aider ces gens qui souffrent de problĂšmes de santĂ© mentale et qui sont laissĂ©s Ă  eux-mĂȘmes dans la rue hiver comme Ă©tĂ© ? La rĂ©ponse n’est pas simple car la loi prĂ©voit que c’est seulement quand la personne reprĂ©sente un danger « grave et immĂ©diat » pour elle-mĂȘme et pour les autres que l’on peut la forcer Ă  se soigner.

Faudrait-il assouplir la loi pour permettre d’insti-tutionnaliser les cas les plus graves ?

il n’y a pas de rĂ©ponse facile Ă  ce genre de problĂ©-matique. Peut-ĂȘtre qu’un dĂ©bat de sociĂ©tĂ© s’impose. Une chose est sĂ»re cependant. si les ressources de ce genre existaient aujourd’hui, des vies innocentes ne se seraient pas perdues.

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Les chiffres font peur:

■ 149 nouveaux cadres dans la derniĂšre annĂ©e seulement (dont 136 Ă  MontrĂ©al)

■ 4 851 cadres de plus qu’il y a 10 ans (+51 %)

■ 14 374 cadres dans le rĂ©seau qui se parta-gent
 1 000 000,000 $ (oui, oui, 1 mil-liard!) en salaires et bonis de toutes sortes!

■ 29 % d’augmentations salariales en seu-lement 5 ans

■ 16,8 millions $ en bonis versĂ©s en 2011

■ 1 cadre pour 17 employĂ©s

Ouf!

Pendant ce temps, combien de nouveaux postes ont Ă©tĂ© crĂ©Ă©s dans votre titre d’emploi ? Pas beaucoup, vous dites ? Moins que ça ?

Un cadre pour 17 travailleurs
. c’est beau-coup, non ? Combien de patients une infir-miùre de nuit en CHSLD a-t-elle sous sa charge ? Plus de 100, souvent ? Ah oui ?

Si les chiffres font peur donc, que penser de certaines dĂ©clarations qui avaient pour but d’expliquer la situation. Comme celle de Serge Beauchamp, DG adjoint de l’agence de Mauricie qui commente ainsi l’augmentation de 13 Ă  21 cadres Ă  son agence : « cette hausse Ă©tait nĂ©cessaire pour combler des lacunes dans l’encadrement du personnel. On n’avait aucun cadre intermĂ©diaire. Le personnel en souffrait (!). Ils nous ont eux-mĂȘmes demandĂ© plus d’en-cadrement (!!). Ils en sont trĂšs heureux (!!!). »

Ou encore ma prĂ©fĂ©rĂ©e, Lise Denis, DG de l’Association des Ă©tablissements de santĂ© et des services sociaux (AQESSS) qui, loin de s’inquiĂ©ter de la situation, explique plutĂŽt « qu’un cadre ce n’est pas quelqu’un d’assis dans son bureau qui remplit des papiers ! Dans le rĂ©seau de la santĂ©, 83 % des cadres sont sur le terrain.(!!!??) ».

BEN OUI madame Denis
 c’est sĂ»r
 83 %...

De quel terrain vous parlez, déjà ?

Faut que j’vous dise, madame Denis, que sur le terrain, on manque « de bras ». On manque de relĂšve, on manque de temps, on manque d’argent, on manque d’équipements.

On manque d’écoute, de reconnaissance, de mĂ©decins de famille et de bien d’autres choses encore.

Mais d’encadrement ? Ça, non.

Jamais entendu parler.

Et quand bien mĂȘme on ajouterait un autre milliard en encadrement, ça ne rendrait pas la toile plus jolie
et ne rĂšglerait aucun des problĂšmes ci-haut mentionnĂ©s.

Vous savez quoi ? On est Ă  la fin fĂ©vrier et je n’ai toujours pas digĂ©rĂ© ma tourtiĂšre


MOT DU PRÉSIDENT / SUITE DE LA PAgE 1

Conseil général du 1er et 2 février 2012par Michel Jolin, secrétaire général

Une centaine de personnes dĂ©lĂ©guĂ©es par vos sections locales ont participĂ© au conseil gĂ©nĂ©ral du Conseil provincial des affaires sociales les 1er et 2 fĂ©vrier dernier Ă  Boucherville. Comme Ă  l’habitude, le coordonnateur du secteur des affaires sociales, alain Tessier, a fait son rapport. il a commentĂ© la dĂ©cision prise par la Commission des relations du travail dans le dossier de la loi 142 qui dĂ©crĂ©tait les conditions de travail et de rĂ©munĂ©ration des employĂ©s de l’état en 2006. La Commission a donnĂ© raison aux parties syndicales mentionnant que le gouvernement avait agi de mauvaise foi dans le processus de nĂ©gociation. Ce jugement sera sĂ»rement portĂ© en appel par le gouvernement.

alain a Ă©galement fait un rĂ©sumĂ© de l’ensemble des comitĂ©s issus des lettres d’ententes de la convention collective qui sont en travaux prĂ©sen-tement.

Les comitĂ©s assurances, CooPPP, CatĂ©gorie 4 et Ă©valuation des emplois ont aussi fait leur rap-port. nous avons appris que les enquĂȘtes sur les infections nosoco-miales et sur le climat de travail sont terminĂ©es; nous attendons main-tenant les rĂ©sultats de

ces recherches menĂ©es par l’UniversitĂ© du QuĂ©bec Ă  montrĂ©al. Le ComitĂ© d’évaluation des emplois a remis aux personnes dĂ©lĂ©guĂ©es un guide de rĂ©fĂ©-rence expliquant les travaux qui sont effectuĂ©s dans le cadre de l’équitĂ© salariale, du maintien de l’équitĂ© et de la relativitĂ© salariale.

Pierre-Guy sylvestre, conseiller syndical au sCFP nous reprĂ©sentant sur le ComitĂ© provincial des ouvriers spĂ©cialisĂ©s, a fait rapport de l’avancement des travaux. Beaucoup de statistiques ont Ă©tĂ© compilĂ©es; il faut maintenant examiner ces donnĂ©es et leur attribuer le sens qui pourra convaincre le gouvernement.

Les personnes déléguées ont échangé leurs points de vue en ateliers à propos du projet de campagne sur la valorisation de nos emplois.

Le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral, michel Jolin, a prĂ©sentĂ© les rapports financiers de l’annĂ©e 2011 et les personnes dĂ©lĂ©guĂ©es ont adoptĂ© le rapport des vĂ©rificatrices et les prĂ©visions budgĂ©taires 2012 Ă©galement prĂ©-sentĂ©es par le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral.

alain Tessier a prĂ©sentĂ© la deuxiĂšme capsule sur notre rĂ©gime de retraite. il a expliquĂ© les disposi-tions d’admissibilitĂ©, le calcul du montant de la rente et comment elle est indexĂ©e, ainsi que le coĂ»t que nous devons y mettre.

Comme vous le savez, vous pouvez toujours contac-ter les membres de vos exécutifs pour avoir les informations complÚtes sur les sujets traités lors de ce conseil général.

RessoURCes inTeRmĂ©diaiResQui s’assure de la qualitĂ© des services aux aĂźnĂ©s ?par Guy Jolicoeur

suite aux multiples annonces du ministre de la santĂ© du QuĂ©bec, m. yves Bolduc, sur la rĂ©organisation des services aux aĂźnĂ©s, une nouvelle crĂ©ature a fait son apparition dans le ciel quĂ©bĂ©cois : les ressources intermĂ©diaires (R.i.) pour aĂźnĂ©s. À mi-chemin entre la rĂ©sidence privĂ©e et le Centre d’accueil (CHsLd), la ressource intermĂ©diaire devait permettre d’accueillir les aĂźnĂ©s qui exigeaient moins de 3 heures de soins par jour, mais qui ne pouvaient plus rester dans leur logement ou dans une rĂ©sidence privĂ©e, parce qu’ils n’étaient plus autonomes.

Les agences de santĂ© de tout le QuĂ©bec ont donc lancĂ© un appel d’offres aux promoteurs privĂ©s qui construiraient ou modifieraient des bĂątisses afin d’accueillir cette nouvelle clientĂšle. Ces derniers devaient fournir les lits, les repas, les loisirs ainsi que les soins de base nĂ©cessaires. Pour leur part, les Csss devaient fournir les professionnels tels que travailleuses sociales, ergothĂ©rapeutes et physiothĂ©rapeutes, pour n’en nommer que trois.

Le « mauvais exemple » de MontrĂ©alor, pour financer cette nouvelle ressource, l’agence de santĂ© et de services sociaux de montrĂ©al a dĂ» couper plus de 2 500 lits, soit en lits de longue durĂ©e dans les hĂŽpitaux, soit en places d’hĂ©bergement en CHsLd. nous assistons donc Ă  un dĂ©ficit important de lits pour la clientĂšle lourde, ayant peu d’autonomie. L’hĂ©catombe ne s’arrĂȘte pas lĂ  : des lits en CHsLd sont aussi transformĂ©s en lits d’évaluation pour la clientĂšle aĂźnĂ©e afin de dĂ©sengorger les urgences et des lits en soins aigus. on annonce du mĂȘme coup la transformation du CHsLd LĂ©garĂ© en Centre d’accueil pour la clientĂšle

adulte en santĂ© mentale, mais qui ne peut pas vivre en sociĂ©tĂ©. RĂ©sultat : on ferme donc la porte Ă  des milliers d’aĂźnĂ©s qui attendaient patiemment leur tour pour finir leurs jours en CHsLd.

Mais oĂč sont donc les services en R.I. ?Une bonne question que se posent nos aĂźnĂ©s : mais oĂč sont donc les services prĂ©vus en R.i. ? Les Csss ne rĂ©ussissent pas Ă  trouver suffisamment de professionnels pour combler les besoins des R.i. et on assiste Ă  un dĂ©lestage de services diffĂ©rents d’une ressource intermĂ©diaire Ă  l’autre. ainsi, dans une R.i. toute neuve, il n’y a plus d’infirmiĂšres aprĂšs 16 heures et ce sont des prĂ©posĂ©s aux bĂ©nĂ©ficiaires ayant moins de 12 heures de formation qui administrent tous les mĂ©dicaments ! Une autre rĂ©sidence, la rĂ©sidence navarro Ă  st-LĂ©onard, a fait l’objet d’un reportage dans La Presse du 13 janvier dernier, mentionnant des lacunes graves dans les soins et dans les besoins d’assistance aux rĂ©sidents. Pourtant, en 2011, l’agence de la santĂ© de montrĂ©al qui enquĂȘtait sur ces lacunes faisait encore confiance aux propriĂ©taires de cette rĂ©sidence qui, en mars 2009, avaient Ă©tĂ© pointĂ©s du doigt par ses propres inspecteurs.

Les familles de ces rĂ©sidents ont beau se plaindre, QuĂ©bec fait toujours la sourde oreille aux nombreuses lacunes dans la qualitĂ© des soins, dans le taux de roulement inquiĂ©tant des prĂ©posĂ©s et dans le manque de professionnels qui devraient ĂȘtre en poste. en attendant que la situation se rĂšgle par magie, le ministre Bolduc se fait rassurant : sa potion magique, la mĂ©thode lean inspirĂ©e du fabricant Toyota, rĂ©glera tous ces inconvĂ©nients d’ici sa rĂ©Ă©lection


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Attaques prochaines sur nos fonds de pensionpar Sylvain Lemieux

le sujeT de lA reTrAiTe semble ĂȘTre sur TouTes les lĂšvres derniĂšremenT. le

gouvernemenT cAnAdien du premier minisTre hArper lAisse enTendre qu’il

ferA des chAngemenTs Aux pensions de sécuriTé de lA vieillesse (psv) eT veuT

lAncer lA créATion de régimes de pension Agréés collecTifs (rpAc).

Le gouvernement quĂ©bĂ©cois veut, quant Ă  lui, crĂ©er un rĂ©gime volontaire d’épargne-retraite (RVeR) et a augmentĂ© les cotisations du RĂ©gime de rentes du QuĂ©bec (RRQ) en janvier dernier.

au niveau des fonds de pension, beaucoup d’em-ployeurs, dont nombre de municipalitĂ©s, se voient incapables de payer les cotisations futures de pensionnĂ©s et menacent de faire payer la note aux citoyens en haussant les taxes fonciĂšres.

de leur cĂŽtĂ©, les syndicats s’insurgent contre les attaques faites Ă  leurs fonds de pension et pro-posent diffĂ©rentes solutions pour assurer un fonds de pension Ă©quitable pour leurs travailleurs, mais aussi, pour l’ensemble de la population.

Divers rĂ©gimes offerts ■ Le rĂ©gime de pensions du Canada (RPC) et le RRQ sont des rĂ©gimes universels et sont Ă  la por-tĂ©e de tous les travailleurs. seulement la Pension de la sĂ©curitĂ© de la vieillesse est payable Ă  tous les Canadiens, Ă  partir de 65 ans, qui ont vĂ©cu ici pendant 10 ans depuis leur 18e anniversaire de naissance.

■ Pour environ 1⁄3 des travailleurs, il existe un rĂ©gime de pension chez leur employeur :

- Le rĂ©gime Ă  cotisations dĂ©terminĂ©es est comme un ReeR oĂč l’employeur et l’employĂ© cotisent. Les cotisations sont fixes et les revenus lors de la retraite sont variables selon les rendements du marchĂ©. C’est donc l’employĂ© qui assume les risques lorsque les variations du marchĂ© sont dĂ©favorables.

- Le rĂ©gime Ă  prestations dĂ©terminĂ©es est un rĂ©gime oĂč les cotisations sont variables durant les annĂ©es travaillĂ©es, mais oĂč le revenu est assurĂ© Ă  la retraite (habituellement 70 % du salaire). dans ce rĂ©gime, c’est l’administrateur du fonds qui assume les risques des variations du marchĂ© et doit ajuster les cotisations pour assurer la solvabilitĂ© du fonds.

Une question de point de vueCe qu’il faut comprendre, c’est que tout le monde est d’accord pour que tous aient droit Ă  une retraite dĂ©cente. Le problĂšme est que personne ne s’accorde sur comment faire les changements

et Ă  qui remettre la facture.

Le problÚme de solvabilité des différents fonds est dû en grande partie à la crise économique de 2008. Plusieurs milliards de dollars de nos différents régimes étaient investis dans des placements qui ont considérablement chuté aprÚs la crise économique.

Un consensus Ă©merge sur la cause de cette dĂ©bandade financiĂšre : la dĂ©rĂšglementation du monde financier. Plusieurs acteurs de droite (politiciens, grands financiers, gros employeurs, le 1 % quoi), qui prĂŽnaient (et prĂŽnent encore) le libre marchĂ© et la privatisation pour rĂ©duire la taille de l’état, ont fait des changements qui ont menĂ© Ă  cette crise monumentale. Ce qui est scandaleux, c’est que certains financiers ont rĂ©ussi Ă  faire de l’argent durant cette pĂ©riode de crise.

Le plus aberrant encore, c’est que ce mĂȘme 1 % (politiciens, propriĂ©taires de mĂ©dias) blĂąme aujourd’hui le rĂ©gime de retraite des employĂ©s pour les difficultĂ©s financiĂšres des divers gouvernements. Une campagne de propagande semble ĂȘtre sur pied. nos fonds de pension seraient, selon eux, trop gĂ©nĂ©reux. Cette attaque idĂ©ologique n’est ni plus ni moins qu’une manƓuvre dĂ©magogique odieuse.

La mĂ©canique des fonds de pensionil faut comprendre que la crise Ă©conomique est une situation temporaire et qu’il en a Ă©tĂ© autrement dans le passĂ©. dans les annĂ©es de bons rendements Ă©conomiques du rĂ©gime de pension, est-ce que les municipalitĂ©s ont baissĂ© les taxes fonciĂšres? Bien sĂ»r que non. elles ont mĂȘme pris des congĂ©s de cotisation en prenant le surplus de la caisse pour payer leurs cotisations. elles ont ainsi rĂ©duit Ă  nĂ©ant le coussin de sĂ©curitĂ© pour faire face aux variations du marchĂ© Ă©conomique.

au niveau des rĂ©gimes de retraite Ă  prestations dĂ©terminĂ©es du secteur public, le gouvernement du QuĂ©bec s’est octroyĂ© des congĂ©s de cotisation. il verse virtuellement l’argent. Cela veut dire qu’au lieu de mettre l’argent dans la caisse des fonds de pension, l’employeur inscrit l’argent qu’il doit comme une dette aux livres. Ce congĂ© de cotisation fait en sorte que l’argent que le gouvernement nous doit n’a pas profitĂ© des annĂ©es favorables de l’économie dans le passĂ©. aujourd’hui, la situation est telle que

le gouvernement ne paie uniquement que la partie de prestation (donc l’argent qu’il doit aux retraitĂ©s).

il est clair que le gouvernement fait preuve de dĂ©magogie en tentant de nous faire porter le blĂąme. nous avons certes de bons rĂ©gimes de retraite, et nous les mĂ©ritons. nous les avons, car nous nous sommes battus pour les avoir et s’ils existent encore, c’est en grande partie parce que nous y avons cotisĂ© une partie de notre salaire. Ce n’est pas parce que l’employeur y a fourni beaucoup d’argent ou parce qu’ils l’ont bien administrĂ©.

il est temps que les 99 % disent au 1 % qu’ils comprennent leur jeu et que les rĂšgles seront pour la majoritĂ©. C’est dans cette optique que le sCFP-QuĂ©bec a organisĂ© une rencontre extraordinaire les 22 et 23 fĂ©vrier derniers sur la question.

La RevueBulletin d’information publiĂ© par le Conseil provincial des affaires sociales (CPAS)

Le CPAS est le regroupement des syndicats du Secteur de la santé et des services sociaux au Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP)

Président : Marco Lutfy

Secrétaire général : Michel Jolin

Responsables : Guy Jolicoeur, Michel Jolin, Sylvain Lemieux et Ronald Boisrond du ComitĂ© d’information

Collaboration spéciale : Rémi Arsenault, s.l. 2881,

Secrétaire de rédaction : Manon Pépin

Graphisme : Anne Brissette

Traduction : Lorena Ermacora

Impression : Atelier Québécois Offset 1998 inc.

Tirage : 9 100 exemplaires en français 1 240 exemplaires en anglais

Toute reproduction totale ou partielle des articles est permise et mĂȘme encouragĂ©e Ă  condition d’en indiquer la source.

DépÎt légal à la BibliothÚque nationale du Québec.