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news.admin.ch Le Conseil fédéral veut moderniser le droit des successions Berne, 04.03.2016 - Les structures familiales et les partenariats actuels diffèrent considérablement du modèle familial qui prévalait il y a encore une centaine d’années, au moment de l’entrée en vigueur du code civil et des normes régissant les héritages. C’est pourquoi le Conseil fédéral entend modifier le droit des successions. Il propose notamment de réduire la part réservataire, afin de laisser au testateur plus de liberté pour disposer de ses biens, par exemple pour avantager son partenaire de vie de fait ou les enfants de ce dernier. Il s’agit aussi de faciliter la transmission d’entreprises familiales. Une modification en ce sens du code civil a été mise en consultation aujourd’hui, jusqu’au 20 juin 2016. Comme le Conseil fédéral l’a écrit dans son rapport du 25 mars 2015 sur la modernisation du droit de la famille, les normes du droit de la famille ne sont plus suffisamment en phase avec les réalités sociétales actuelles. Le droit des successions est aussi concerné : entré en vigueur en 1907, il n’a fait depuis lors l’objet que de révisions ponctuelles. Les règles du partage successoral, trop rigides, ne sont plus adaptées aux modèles familiaux actuels. Le projet mis aujourd’hui en consultation prévoit toute une série d’adaptations. Le Conseil fédéral répond ainsi en outre à un mandat du Parlement, qui le chargeait d’assouplir le droit successoral. Réduction de la réserve Aujourd’hui, il n’est pas possible de disposer de l’ensemble de ses biens à sa guise après sa mort. Une certaine part de l’héritage revient obligatoirement aux enfants, au conjoint et, dans certains cas, aux parents. Le testateur ne peut accorder cette réserve à aucune autre personne. Le Conseil fédéral propose de la réduire pour augmenter d’autant la liberté de disposer du testateur. Le calcul des parts réservataires continuera de se fonder sur la succession légale, c’est-à-dire la part des biens qui reviendrait aux héritiers en l’absence de testament. Si le défunt laisse derrière lui un conjoint et des enfants, le conjoint a droit à la moitié des biens, les enfants à l’autre moitié. Selon le projet du Conseil fédéral, ce n’est plus ¾, mais la moitié de leur droit successoral qui serait réservée aux enfants, tandis que le conjoint ne se verrait plus assuré de la moitié, mais d’un quart de son droit. La part réservataire des parents est quant à elle entièrement supprimée. La part des biens qui peut être léguée à d’autres personnes par testament – par exemple à un partenaire de vie de fait ou aux enfants que ce dernier a eus d’une autre union, qui ne deviendront toutefois pas des héritiers légaux – sera donc plus grande. Cette solution ouvre en outre de nouvelles options pour la dévolution des entreprises. Meilleure protection des partenaires non mariés Le projet prévoit aussi d’autres améliorations pour les partenaires de vie de fait. Le Conseil fédéral souhaite instaurer un legs d’entretien dont le but serait d’éviter que le ou la partenaire survivant ne tombe dans le besoin. Un droit à une part de la succession pourra lui être attribué pour son propre entretien s’il a fourni une contribution importante au ménage, par exemple sous forme de soins ou de soutien financier. Le legs d’entretien pourra aussi être ordonné en faveur de l’enfant du partenaire ou en faveur d’autres personnes qui dépendaient financièrement du défunt. Le Conseil fédéral entend limiter les risques de captation d’héritage, c’est-à-dire empêcher que l’on abuse de la confiance d’une personne pour se faire octroyer des avantages par

Le Conseil fédéral veut modern iser le droit des successions · 2017-05-10 · Berne, 04.03.2016 - Les structures familiales et les partenariats actuels diffèrent considérablement

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Le Conseil fédéral veut moderniser le droit des successions

Berne, 04.03.2016 - Les structures familiales et les partenariats actuels diffèrent considérablement du modèle familial qui prévalait il y a encore une centaine d’années, au moment de l’entrée en vigueur du code civil et des normes régissant les héritages. C’est pourquoi le Conseil fédéral entend modifier le droit des successions. Il propose notamment de réduire la part réservataire, afin de laisser au testateur plus de liberté pour disposer de ses biens, par exemple pour avantager son partenaire de vie de fait ou les enfants de ce dernier. Il s’agit aussi de faciliter la transmission d’entreprises familiales. Une modification en ce sens du code civil a été mise en consultation aujourd’hui, jusqu’au 20 juin 2016.

Comme le Conseil fédéral l’a écrit dans son rapport du 25 mars 2015 sur la modernisation du droit de la famille, les normes du droit de la famille ne sont plus suffisamment en phase avec les réalités sociétales actuelles. Le droit des successions est aussi concerné : entré en vigueur en 1907, il n’a fait depuis lors l’objet que de révisions ponctuelles. Les règles du partage successoral, trop rigides, ne sont plus adaptées aux modèles familiaux actuels. Le projet mis aujourd’hui en consultation prévoit toute une série d’adaptations. Le Conseil fédéral répond ainsi en outre à un mandat du Parlement, qui le chargeait d’assouplir le droit successoral.

Réduction de la réserve

Aujourd’hui, il n’est pas possible de disposer de l’ensemble de ses biens à sa guise après sa mort. Une certaine part de l’héritage revient obligatoirement aux enfants, au conjoint et, dans certains cas, aux parents. Le testateur ne peut accorder cette réserve à aucune autre personne. Le Conseil fédéral propose de la réduire pour augmenter d’autant la liberté de disposer du testateur.

Le calcul des parts réservataires continuera de se fonder sur la succession légale, c’est-à-dire la part des biens qui reviendrait aux héritiers en l’absence de testament. Si le défunt laisse derrière lui un conjoint et des enfants, le conjoint a droit à la moitié des biens, les enfants à l’autre moitié. Selon le projet du Conseil fédéral, ce n’est plus ¾, mais la moitié de leur droit successoral qui serait réservée aux enfants, tandis que le conjoint ne se verrait plus assuré de la moitié, mais d’un quart de son droit. La part réservataire des parents est quant à elle entièrement supprimée.

La part des biens qui peut être léguée à d’autres personnes par testament – par exemple à un partenaire de vie de fait ou aux enfants que ce dernier a eus d’une autre union, qui ne deviendront toutefois pas des héritiers légaux – sera donc plus grande. Cette solution ouvre en outre de nouvelles options pour la dévolution des entreprises.

Meilleure protection des partenaires non mariés

Le projet prévoit aussi d’autres améliorations pour les partenaires de vie de fait. Le Conseil fédéral souhaite instaurer un legs d’entretien dont le but serait d’éviter que le ou la partenaire survivant ne tombe dans le besoin. Un droit à une part de la succession pourra lui être attribué pour son propre entretien s’il a fourni une contribution importante au ménage, par exemple sous forme de soins ou de soutien financier. Le legs d’entretien pourra aussi être ordonné en faveur de l’enfant du partenaire ou en faveur d’autres personnes qui dépendaient financièrement du défunt.

Le Conseil fédéral entend limiter les risques de captation d’héritage, c’est-à-dire empêcher que l’on abuse de la confiance d’une personne pour se faire octroyer des avantages par

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Chancellerie fédérale

http://www.news.admin.ch/message/index.html?lang=fr

testament. Il ne sera donc plus possible d’attribuer plus d’un quart de ses biens à une personne qui, de par l’exercice de sa profession, jouit d’une relation de confiance (par ex. le médecin ou l’avocat du testateur).

Droits renforcés des héritiers à l’information

Les héritiers sont tenus de s’informer mutuellement de tous les faits qui peuvent avoir une influence sur le partage de la succession. Le projet du Conseil fédéral prévoit un nouveau devoir d’information des tiers. Ces derniers devront communiquer aux héritiers tout ce qui pourrait avoir trait à la fortune du défunt.

Le Conseil fédéral propose encore d’autres modifications du droit successoral. La loi mentionnera explicitement que les avoirs de la prévoyance professionnelle et privée (2e pilier et pilier 3a) ne font pas partie de la masse successorale et qu’ils continueront d’être versés exclusivement aux bénéficiaires fixés dans la loi. Il n’en ira pas de même des montants versés par une assurance-vie, que le bénéficiaire devra déduire de sa part à la succession. La part des acquêts qui doivent revenir au conjoint survivant en vertu d’un contrat de mariage devra aussi être déduite. Cette règle vaudra aussi pour les personnes unies par un partenariat enregistré.

Modernisation technique

Enfin, en cas de danger de mort imminent, un testament d’urgence pourra être enregistré en vidéo, par exemple sur smartphone ou sur un autre appareil électronique. Cette vidéo aura valeur de testament d’urgence. Les deux témoins qui devaient recueillir, dans le cas d’un testament d’urgence, les dernières volontés exprimées par oral ne sont plus nécessaires dans cette méthode.

Adresse pour l'envoi de questions:

David Rüetschi, Office fédéral de la justice, T +41 58 462 44 18

Auteur:

Conseil fédéralInternet: https://www.admin.ch/gov/fr/accueil.html

Département fédéral de justice et policeInternet: http://www.ejpd.admin.ch

Office fédéral de la justiceInternet: http://www.bj.admin.ch

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Der Bundesrat

Le Conseil fédéral

Il Consiglio federale

Il Cussegl federal

Documentation de presse: Modernisation du droit successoral

Date: 4 mars 2016

1. Droit des successions actuel

Il n’est pas possible aujourd’hui de déterminer entièrement le sort de ses biens après son

décès. Le droit des successions prévoit des « réserves », c’est-à-dire des parts de l’héritage

qui ne peuvent être soustraites par testament aux descendants (la « postérité »), au conjoint

ou au partenaire enregistré et – s’il n’y a pas de descendants – aux parents. La réserve

s’exprime en une fraction (une part) de la succession légale. La succession légale est la part

à laquelle ont droit les survivants, selon un ordre de préséance défini par la loi. Le conjoint

ou le partenaire enregistré et les descendants (enfants, petits-enfants et arrière-petits

enfants) héritent en priorité. Si la personne décédée (le « de cujus ») n’avait pas de conjoint

ou de partenaire enregistré ou pas d’enfant, les parents ou les descendants plus éloignés

héritent. Si elle n’a pas de famille proche et n’a pas fait de testament, ses biens reviennent

en totalité à l’Etat.

Les parts légales et les parts réservataires aujourd’hui

Héritiers légaux Part légale

(fraction de la succession)

Réserve

(fraction de la part légale)

Postérité (si le de cujus n’avait pas de

conjoint/partenaire enregistré)

1 3/4

Postérité (si le de cujus avait un conjoint/partenaire

enregistré)

1/2 3/4 (soit 3/8 de la succession)

Conjoint/partenaire enregistré (si le de cujus a des

descendants)

1/2 1/2 (soit 1/4 de la succession)

Conjoint/partenaire enregistré (si le de cujus n’a pas

de descendants, mais que son père/sa mère sont en

vie)

3/4 1/2 (soit 3/8 de la succession)

Père et mère (si le de cujus n’a pas de descendants,

mais que son conjoint/partenaire enregistré est en vie)

1/4 1/2 (soit 1/8 de la succession)

2. Prise en compte des nouveaux modèles familiaux

Le droit des successions actuel est resté quasi inchangé depuis le début du 20e s., alors que

les réalités sociales qui le déterminent ont subi des évolutions majeures. Notamment,

l’espérance de vie a fortement augmenté et les modèles familiaux se sont diversifiés. Le

Conseil fédéral entend donc moderniser le droit successoral. L’avant-projet qu’il met en

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Documentation de presse: modernisation du droit successoral

2

consultation aujourd’hui répond en outre à la motion 10.3524 que Felix Gutzwiller, député au

Conseil des Etats, a déposée en 2010. Cette motion chargeait le Conseil fédéral d’élaborer

un projet de modernisation tout en maintenant le droit successoral actuel dans sa substance

et en préservant le rôle pérenne de la famille.

3. Réduction de la réserve

La réduction de la réserve donnera au de cujus la possibilité de transmettre une plus grande

part de ses biens par exemple à son partenaire de vie de fait (soit la personne avec qui il vit

en union libre) ou, dans le cadre d’une famille recomposée, à l’enfant de son conjoint ou

partenaire enregistré. Elle ouvre en outre des facilités intéressantes pour la dévolution des

entreprises.

Les nouvelles parts réservataires

Héritiers légaux Part légale

(fraction de la succession)

Réserve

(fraction de la part légale)

Postérité (si le de cujus n’avait pas de

conjoint/partenaire enregistré)

1 1/2

Postérité (si le de cujus avait un conjoint/partenaire

enregistré)

1/2 1/2 (soit 1/4 de la succession)

Conjoint/partenaire enregistré (si le de cujus a des

descendants)

1/2 1/4 (soit 1/8 de la succession)

Conjoint/partenaire enregistré (si le de cujus n’a pas

de descendants, mais que son père/sa mère sont en

vie)

3/4 1/4 (soit 3/8 de la succession)

Père et mère (si le de cujus n’a pas de descendants,

mais que son conjoint/partenaire enregistré est en vie)

1/4 plus de réserve

4. Legs d’entretien

Les partenaires de vie de fait et les enfants du partenaire ne peuvent hériter que par

disposition testamentaire. Cette règle peut être injuste dans certains cas, par exemple

lorsque le partenaire survivant avait réduit son activité professionnelle pour s’occuper des

enfants communs ou de ceux de la personne décédée, ou bien de proches de cette dernière.

Dans un tel cas, il peut se trouver dans une situation financière difficile après le décès.

Le Conseil fédéral propose donc d’instaurer un legs d’entretien fixé dans la loi et

indépendant de la volonté du de cujus. Certaines conditions devront être remplies pour

qu’une personne puisse demander que le juge lui octroie un tel legs. Il faut avoir vécu au

moins trois ans en couple avec le de cujus et avoir apporté une contribution importante en

faveur de ce dernier. Le legs doit en outre être nécessaire au partenaire survivant pour

assurer son existence, et raisonnablement exigible des héritiers vu leur situation financière.

Le juge fixe le montant du legs d’entretien selon son appréciation.

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Avant-projet et rapport explicatif relatifs à une modification du code civil (droit des successions)

Condensé

Le droit des successions date pour l’essentiel de la création du code civil, au début du 20e siècle. Plusieurs modifications ponctuelles lui ont été apportées depuis lors. Le statut des enfants nés hors du mariage a été amélioré, ainsi que celui du conjoint survivant. Le partenariat enregistré a été pris en compte. La vocation successorale de la quatrième parentèle et la réserve des frères et sœurs ont été abolis. Cependant, à part l’adaptation découlant de l’entrée en vigueur de la loi sur le partenariat enregistré et celle en lien avec la révision de la quotité disponible en cas d’usufruit du conjoint survivant, ces modifications datent toutes des années 1970 et 1980. Le contexte social a depuis lors fondamentalement changé : l’espérance de vie moyenne a considérablement augmenté, les modèles familiaux se sont diversifiés. Ces changements devraient être pris en compte dans une révision du droit successo-ral.

La révision que nous proposons est centrée sur une réduction de la réserve légale, réduction qui laisse au de cujus une plus grande marge de manœuvre pour disposer de ses biens, et ce à double titre. D'une part cela lui offrira la possibilité de trans-mettre une plus grande partie de sa fortune à un seul héritier. Comme une grande partie des entreprises suisses, et tout spécialement les PME, sont en mains fami-liales, cela aura une grande influence sur la question de la transmission d'entre-prises et devrait éviter le morcellement d'entreprises. D'autre part, cette plus grande marge de manœuvre permettra au testateur de favoriser d'avantage d’autres per-sonnes par la voie d’une disposition pour cause de mort – par exemple un compa-gnon ou une compagne, ou bien les enfants que le partenaire a eus d’une autre union. Le projet ne prévoit par contre pas d’accorder à d’autres personnes le statut d’héritier légal ou réservataire, car il existe une infinité de degrés dans les relations qui peuvent se créer avec un partenaire de vie de fait ou bien avec les enfants d’une autre union. Il doit donc revenir au de cujus de décider quelles sont les personnes qui lui sont assez proches pour recevoir une part de la succession.

Pour éviter l’apparition de situations choquantes, le Conseil fédéral propose la création d’un « legs d’entretien ». Il s’agirait d’un legs pris sur la succession et ordonné par le juge dans des cas particuliers, au profit d’un partenaire de vie de fait qui aurait apporté une contribution importante dans l'intérêt du défunt. Ce legs pourrait aussi être adressé à l’enfant du partenaire qui aurait reçu du défunt un soutien financier que ce dernier aurait continué de fournir s’il n’était pas décédé.

Enfin, le projet clarifie plusieurs points obscurs de la loi, au nom de la sécurité du droit.

En résumé, il convient de constater que la structure fondamentale du droit des successions en vigueur ne sera pas modifiée par la présente révision, et que son essence sera conservée.

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Table des matières

Condensé 1

1 Contexte 4

2 Considérations fondamentales sur la législation en droit successoral 5

3 Considérations sur la nécessité de réviser le droit successoral et sur

la direction à adopter 7 3.1 Remarque générale 7 3.2 Orientations possibles d’une révision du droit successoral 7 3.3 Définition de la parentèle ayant la vocation successorale légale 7 3.4 Suppression ou réduction des réserves 8 3.5 Amélioration du statut successoral du conjoint survivant ou du

partenaire enregistré survivant 9 3.6 Importance d’une relation de proximité réelle pour la vocation

successorale 11 3.7 Vocation successorale du partenaire de vie de fait 11 3.8 Les enfants du partenaire dans le droit successoral 13 3.9 Unification de l’impôt successoral 14 3.10 Clarification de quelques autres questions ouvertes par le

législateur 14 3.11 Droit transitoire 14

4 Le mandat parlementaire 15 4.1 Interventions parlementaires antérieures 15 4.2 La motion Gutzwiller (10.3524) 17

5 Mise en œuvre de la motion 10.3524 18 5.1 Réduction de la réserve 18 5.2 Instauration d’un legs d’entretien 19 5.3 Appréciation 21

6 Autres questions 21 6.1 Attribution supplémentaire au conjoint survivant par contrat de

mariage 21 6.2 Usufruit du conjoint survivant 24 6.3 Qualité d'héritier réservataire du conjoint (ou du partenaire

enregistré) en cas de décès pendant la procédure de divorce (ou de dissolution) 26

6.4 Prévoyance privée liée, prévoyance professionnelle et assurance-

vie 29 6.5 Captation d'héritage 33 6.6 Droit à l'information successorale 35 6.7 Rapport et réduction 37 6.8 Réduction indirecte 40 6.9 Ordre des réductions 42

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6.10 Délai de l’action en nullité contre les défendeurs de mauvaise foi 46 6.11 Surveillance des exécuteurs testamentaires et certificats

d'exécuteur testamentaire et d'héritier 47 6.12 Administration officielle suite à répudiation d’un héritier obéré 49 6.13 Testament d’urgence audiovisuel 50 6.14 Rédaction épurée des art. 469, 482, 499 et 503 52 6.15 Priorité au légataire face aux créanciers de l’héritier débiteur du

legs 54 6.16 Principe de la valeur vénale au moment du partage 56 6.17 Délai raccourci pour l’appel public aux héritiers 56 6.18 Toilettage de l'art. 579, al. 2, en lien avec la modification de l’art.

626, al. 2 57

7 Bibliographie 58

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1 Contexte

Le droit des successions est actuellement réglé par les art. 457 à 640 du code civil (CC)1. Contrairement à la plupart des autres parties du code, il n’a subi que des modifications infimes depuis le 1er janvier 1912, date de son entrée en vigueur. Lors de la révision du droit de l’adoption, les enfants adoptifs ont été mis sur le même rang que les enfants naturels2. Le nouveau droit de l’enfant a assimilé les enfants nés hors du mariage aux enfants « légitimes »3. On peut aussi citer comme changement marquant l’amélioration, en 1988, de la situation du conjoint survivant dans la dévolution successorale4. Malgré ces modifications, force est de constater que les caractéristiques essentielles du droit successoral suisse sont demeurées les mêmes depuis maintenant une centaine d’années5. En cela, ce domaine du droit se distingue fondamentalement de celui du droit de la famille, qui a subi de profondes modifica-tions depuis les années 1970 et qui se trouve aujourd’hui dans une nouvelle phase de modernisation. On peut en conclure que le père du CC a réussi à élaborer des normes simples, cohérentes et surtout durables, à partir de la mosaïque des règle-mentations cantonales préexistantes, qui différaient grandement les unes des autres.

Depuis l’entrée en vigueur du CC, il y a un peu plus d’un siècle, les réalités sur lesquelles s’appuient les règles en matière de succession se sont pourtant considéra-blement modifiées. La société a changé de visage ces dernières décennies : le nombre croissant de divorces et l’allongement de la durée de vie ont rendu plus fréquentes les deuxième et troisième unions, ainsi que les familles recomposées. Il n’est pas rare que les enfants ne vivent plus uniquement auprès de leur père et mère biologique. Souvent, ils vivent chez l’un d’entre eux, qui a une nouvelle ou un nouveau partenaire. Les enfants que ce dernier a eus par ailleurs vivent parfois aussi sous le même toit. Les relations parent-enfant prennent ainsi une multitude de formes qui ne sont souvent pas reconnues en droit.

Parallèlement, le mariage a perdu sa position de monopole dans les relations de couple et de famille6. De nombreuses communautés de vie se forment en dehors du mariage, avec ou sans enfant. Sur le plan du droit successoral, cette évolution signi-fie que de plus en plus d’unions de fait se nouent sans être reconnues (suffisamment) par la loi et notamment sans qu’il se crée un statut de parenté qui fonderait un droit en matière de succession. Cette évolution, qui a pris place durant ces dernières décennies, a creusé un fossé entre les modes de vie d’une part, le droit de la famille et la politique familiale d’autre part7. Il n’est actuellement pas possible, dans une succession, de combler ce fossé par une disposition testamentaire, car la liberté de tester est considérablement restreinte par la réserve successorale. Le but du droit de la famille et du droit des successions est pourtant d’offrir un cadre juridique fiable aux relations familiales. Si le droit et la réalité ne coïncident plus, l’ordre juridique ne peut plus remplir correctement sa fonction. L’objectif majeur de la présente

1 Code civil suisse du 10 décembre 1907; RS 210. 2 FF 1971 I 1222. 3 FF 1974 II 1. 4 FF 1979 II 1179; pour une vue d’ensemble des révisions depuis 1912, voir Wolf/Genna,

p. 8 ss. 5 Wolf/Genna, p. 11. 6 A ce sujet, voir par ex. Preisner, p. 786. 7 Preisner, p. 792.

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révision sera donc de combler de nouveau le fossé qui s’est creusé et de concilier la loi et les nouvelles réalités sociales.

Outre les changements généraux de la société que nous avons évoqués, l’allongement de l’espérance de vie à la naissance est d’une importance cruciale pour le droit successoral. Elle a presque doublé depuis 1900, passant de 46,2 à 81,0 ans pour les hommes et de 48,9 à 85,2 ans pour les femmes. On est aujourd’hui plus vieux au moment où l’on meurt et où l’on laisse une succession. Les héritiers se situent aussi dans une autre tranche d’âge qu’autrefois. Les successions entraînent une concentration des biens auprès de la génération des retraités. Les règles en la matière ne remplissent de ce fait plus la fonction de fournir aux personnes encore jeunes l’apport financier dont elles peuvent avoir besoin pour construire la vie qu’elles envisagent de mener.

De plus, étant donné le fort développement des systèmes étatiques de sécurité so-ciale, la fortune familiale et les successions n’ont plus l’importance qu’ils avaient au moment de la naissance du CC pour faire face aux accidents de la vie. L’aide so-ciale, les allocations de chômage, l’assurance vieillesse et invalidité s’y sont large-ment substitués. L’héritage ne vient plus assurer l’existence de celui qui le reçoit; il sert éventuellement à maintenir un train de vie ou à couvrir des besoins supplémen-taires, ou bien il vient augmenter un patrimoine.

Le droit successoral garde cependant une grande importance économique et sociale en Suisse : deux tiers de la population suisse ont hérité ou attendent un héritage. Le volume annuel des successions dépasse l’épargne brute des ménages privés, bien que les estimations divergent quant aux chiffres exacts. Un tiers de la population ne reçoit cependant rien par la voie successorale; les 10 % supérieurs reçoivent les trois quarts de la somme totale des successions8. 2 Considérations fondamentales sur la législation en droit

successoral

Eugen Huber a formulé en 1900 les objectifs que le législateur devait poursuivre dans le droit des successions. Ces objectifs peuvent encore être considérés comme valables aujourd’hui : la sauvegarde de la paix intergénérationnelle, la préservation par-delà la mort du patrimoine constitué par le défunt et la distribution juste et économiquement raisonnable des biens laissés par ce dernier en fonction de ses plans9.

C’est surtout le premier point qui est important dans le contexte actuel. Le droit successoral est étroitement lié à la conception et à l’expérience qu’a la population de la famille et des relations de couple. Chaque révision doit donc toujours avoir pour objectif central de créer des règles claires et reconnues, notamment parce que le droit successoral ne règle pas seulement ce qui se passe au décès d’une personne, mais lui offre aussi la possibilité de s’écarter dans une certaine mesure de la règle ordinaire et d’y substituer ses propres conceptions. Celui qui veut disposer à son gré de ses biens doit comprendre ce qu’il adviendra de ceux-ci en l’absence de disposi-tion de sa part et de quelle latitude il jouit pour régler lui-même ses affaires. En

8 Stutz/Bauer/Schmugge, p. 22. 9 Huber, ch. 822.

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particulier, l’art. 498 CC, disposition centrale du droit des successions, qui permet au de cujus de rédiger valablement ses dernières volontés sans l’aide d’un tiers et surtout sans conseil juridique, présuppose que les normes en la matière soient aisé-ment compréhensibles pour une personne adulte et responsable.

Le législateur est cependant confronté à certaines limites. Le droit des successions, tel qu’il est réglé aujourd’hui dans le CC, est formulé de manière simple et acces-sible et donc – du moins pour l’essentiel – compréhensible pour la plupart. Il faudra veiller, lors de toute révision, à ne pas créer d’institutions juridiques nouvelles ni à adopter des normes compromettant la clarté et la cohérence de l’ensemble du do-maine.

C’est dans le même esprit qu’il convient d’éviter des révisions trop fréquentes du droit successoral. L’assimilation des règles de succession dans la conscience géné-rale de la population est, on l’a dit, d’une grande importance, mais elle demande du temps. Des révisions trop rapprochées renfermeraient le risque que plus personne ne sache ce qui s’applique en fin de compte. De plus, les successions se planifient sur plusieurs dizaines d’années. En modifiant le droit, on oblige une personne qui a fait un testament ou qui s’en est délibérément abstenue de reconsidérer son jugement en fonction des nouvelles règles. On perd aussi en sécurité juridique.

Les conflits autour d’un héritage sont souvent très émotionnels; le droit en général, et le droit des successions en particulier, a notamment pour fonction de prévenir ces conflits. Il faut cependant pour cela que les normes applicables soient aussi claires et simples que faire se peut. Il est particulièrement important, dans ce domaine, de se référer autant que possible à des faits clairement définis. C’est le cas du droit actuel, qui fonde les effets juridiques sur les relations de parenté et sur les institutions du mariage et du partenariat enregistré – mais non sur les communautés de vie de fait, qu’il faudrait d’abord définir et ensuite évaluer dans chaque cas. Même les parts réservés à chaque héritier sont fixées sans ambiguïté dans la loi. La « querelle des huitièmes » a bien montré la gravité que pouvaient revêtir les insécurités dans l’interprétation du droit. Une révision de loi a été engagée tout spécialement pour définir l’étendue de la quotité disponible qui pouvait être attribuée au conjoint survivant au détriment des descendants, lorsque l’usufruit de la succession était déjà dévolu à ce dernier conformément à l’art. 473 CC. La Commission des affaires juridiques du Conseil national (CAJ-N) a constaté ceci dans son rapport du 22 jan-vier 200110:

« Il est à noter que le Tribunal fédéral n’a jamais eu à se pronon-cer sur ces questions si importantes en pratique. Il est d’autant plus nécessaire que le législateur clarifie la situation. On ne peut se permettre de laisser les intéressés dans une telle insécurité ju-ridique. Cette insécurité a eu pour conséquence que beaucoup de gens ont renoncé à la solution si pratique de l’art. 473 du CC. Ce n’est pas tant l’ordre de grandeur de la quotité disponible qu’il est nécessaire de connaître; l’important est de savoir quelles règles il faut appliquer. »

10 Rapport de la Commission des affaires juridiques du Conseil national du 22 janvier 2001 sur l’initiative parlementaire 97.457 (Suter, « Droit de succession du conjoint survivant. Précision »), FF 2001 1057, 1059 s.

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Dans cet esprit, il faut toujours rechercher, en droit des successions, des solutions prévisibles et dénuées de complexité. Les renvois sous forme de clause générale sont à éviter, car ils comportent le risque de susciter ou de prolonger les conflits en matière d’héritage. 3 Considérations sur la nécessité de réviser le droit successoral

et sur la direction à adopter

3.1 Remarque générale

Ces dernières années, la question de la nécessité de réviser le droit successoral s’est posée à plusieurs reprises, suscitant parfois des débats intenses, non seulement en Suisse, mais aussi à l’étranger. Plusieurs pays ont récemment modernisé leur droit des successions. En même temps, la remarque a été faite qu’il n’était pas urgent de refondre ce domaine du droit11. Toutefois – et c’est ce que montre la motion 10.3524 – une modernisation serait bienvenue, comme pour le droit de la famille dans sa totalité12, dans le sens où les règles en matière de succession devraient tenir compte des évolutions sociales. C’est le point principal de la présente révision. 3.2 Orientations possibles d’une révision du droit successoral

Nous allons énumérer et examiner, dans les chapitres qui suivent, les points pos-sibles d’une révision, en nous fondant sur la taxonomie de Wolf13. Il s’agira notam-ment de la définition du cercle des parents ayant la vocation successorale légale, de l’opportunité de supprimer ou de réduire les réserves, du statut successoral du con-joint survivant ou du partenaire enregistré survivant, de la question de l’importance d’une relation de proximité réelle pour la vocation successorale et de la question des communautés de vie de fait. Enfin, on évoquera brièvement le débat sur l’unification de l’impôt successoral au niveau fédéral. 3.3 Définition de la parentèle ayant la vocation successorale

légale

Selon le code civil actuel, la succession légale des parents est limitée aux enfants (art. 457), aux parents (art. 458), aux grands-parents (art. 459) et à leur postérité. L’art. 460 énonce expressément qu’elle s’arrête aux grands-parents et à leur postéri-té14.

Il ne semble pas nécessaire, à l’heure actuelle, de modifier ce dernier principe : prendre de nouveau en considération la postérité des arrière-grands-parents ne serait

11 Voir par ex. Wolf/Genna, p. 12. 12 Voir le rapport du Conseil fédéral de mars 2015 suite au postulat Fehr 12.3607 intitulé

« Modernisation du droit de la famille », consultable sous: www.ejpd.admin.ch/dam/data/bj/aktuell/news/2015/2015-03-250/ber-br-f.pdf.

13 Wolf, Grundlagen, p. 303 ss.; également Wolf/Genna, p. 11. 14 Le CC de 1907 donnait aux arrière-grands-parents au moins l’usufruit à vie de la part qui

eût été dévolue à leurs descendants si ces derniers avaient survécu (art. 460, al. 2, aCC). Cette règle a été abrogée avec le nouveau droit du mariage.

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pas seulement un retour à l’époque antérieure à 1984; la portée pratique de cette mesure serait en outre insignifiante. Dans l’autre sens, exclure la troisième parentèle (les grands-parents et leurs descendants) des héritiers légaux ne semble pas appro-prié, car les liens familiaux sont encore souvent assez présents pour justifier une vocation successorale (mais non une réserve). 3.4 Suppression ou réduction des réserves

Le droit successoral actuel est fortement influencé par le principe de droit germa-nique selon lequel le sort de la succession pour cause de mort est soustrait à la volonté du défunt (Verfangenheit)15. Ce principe s’exprime au travers de la notion de réserve (art. 471 CC). La réserve des descendants, qui représente trois quarts de leur succession légale, semble aujourd’hui excessive. Les auteurs de doctrine ont formulé plusieurs propositions de révision de la réserve16, que le Conseil fédéral a prises en compte dans ses réflexions à la base du présent rapport.

Le Parlement a donné au Conseil fédéral le mandat explicite d’assouplir le droit successoral. Un des points principaux de la révision proposée est donc le renforce-ment de la libre décision du de cujus. Celle-ci se manifeste en droit successoral par la liberté de disposer, c’est-à-dire la liberté qu’a une personne de déterminer, entiè-rement ou en partie, le sort de ses biens après sa mort. La liberté de disposer est aujourd’hui limitée par les réserves héréditaires (art. 470, al. 1, CC). Accroître la liberté de décision du de cujus passera donc en premier lieu par une modification de la réserve : sa suppression ou sa réduction augmentera automatiquement la quotité disponible.

La notion de réserve repose sur le principe qu’il existe, au sein de la famille, un droit naturel à l’héritage, que le de cujus ne peut pas abolir. L’idée qui sous-tend ce prin-cipe est que le patrimoine doit rester dans la famille, en tout cas en partie, et que les membres de la famille proche peuvent y avoir part à égalité. La loi prévoit actuelle-ment des réserves pour les descendants, les père et mère et le conjoint ou le parte-naire enregistré. La part des frères et sœurs, qui était égale à un quart de la succes-sion légale (art. 471, ch. 3, aCC), a été supprimée par une modification entrée en vigueur le 1er janvier 1988.

Quoiqu’il existe un courant en faveur de l’abolition de la réserve et de la libéralisa-tion du droit des successions, cela irait trop loin de l’avis du Conseil fédéral. Il est en outre douteux que l’on puisse réunir une majorité politique derrière cette proposi-tion, car le fait qu’une partie de l’héritage doive revenir aux proches est une idée bien ancrée dans la sensibilité juridique générale17. Un tour d’horizon du droit étranger montre d’ailleurs que les parts réservataires (sous une forme réduite) ont encore leur place dans un droit successoral moderne. Toutes les législations d’Europe continentale prévoient une forme ou une autre de droit à une partie de l’héritage sur la base de relations familiales ou personnelles18. Aux Etats-Unis, où la notion de réserve n’existe pas, une grande partie de la doctrine réclame l’instauration

15 Druey, § 6 N 2; sur l’ensemble de la question, voir aussi Wolf/Genna, p. 37. 16 Voir à ce sujet l’aperçu donné par Wolf, Grundlagen, p. 313. 17 Egalement Breitschmid, ch. 28. 18 Röthel, Pflichtteilsrecht, p. 121 s.

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d’une protection des descendants contre l’exhérédation, sous forme de parts réserva-taires19.

La réserve des descendants est aujourd’hui de trois quarts de leur droit de succession (art. 471, ch. 1, CC). Selon le cas, il s’ensuit qu’une grande partie de la succession est soustraite à la libre disposition du de cujus. C’est particulièrement problématique lorsque la réserve des descendants prétérite la part du conjoint survivant, ou lorsque le défunt avait un ou une partenaire de fait qui aurait besoin de la succession pour assurer son existence. La comparaison avec les législations étrangères montre que la réserve des descendants est très élevée en Suisse. Or, comme le droit successoral a largement perdu sa fonction de pourvoir aux besoins des descendants, il semble évident qu’il convient de réduire leur part20. Cela correspond à la tendance de ces dernières années au plan international21.

La réserve des parents relève moins d’une préoccupation de soutien financier que d’une idée de solidarité familiale et intergénérationnelle. Cette solidarité a perdu de son importance ces dernières dizaines d’années; il serait naturel que le droit suive cette évolution. La suppression de la réserve des parents permettrait principalement d’attribuer cette part de la succession au partenaire survivant. A l’heure actuelle, une personne qui vit en union libre et qui n’a pas de descendants voit la totalité de sa succession revenir en principe à ses parents, s’ils sont encore en vie. La moitié de ces biens leur est réservée, de sorte qu’il ne peut laisser à son partenaire que l’autre moitié par testament. Comme il n’y a pas de dissolution du régime matrimonial ni de participation aux acquêts, il peut naître des situations insatisfaisantes, d’autant que le partenaire de vie est souvent plus proche que les père et mère. Il semble donc justifié de supprimer entièrement la réserve des parents22. La Suisse suivrait ainsi l’évolution internationale; dans de nombreux pays – par exemple les pays scandi-naves, mais aussi les Pays-Bas et la France – les père et mère n’ont plus de droits réservataires23. 3.5 Amélioration du statut successoral du conjoint survivant ou

du partenaire enregistré survivant

L’amélioration de la position du conjoint ou du partenaire enregistré survivant est au cœur des discussions sur une révision du droit des successions. Le législateur a toujours dû trouver un équilibre entre la part dévolue au conjoint survivant et celle dévolue aux enfants. La situation est particulièrement délicate lorsque les enfants ne sont pas des enfants communs du de cujus et du conjoint survivant.

La tendance, tant en Suisse que dans le reste de l’Europe, est clairement à l’amélioration du statut du conjoint survivant24. La révision de 1984 l’a bien mon-tré. Cette évolution est le fruit de celle de la société en général : l’importance de la famille comme communauté solidaire des générations a décru, en même temps que

19 Cottier, p. 46 et références citées. 20 Breitschmid, ch. 34. 21 Röthel, Pflichtteilsrecht, p. 126 s. 22 Egalement Breitschmid, ch. 33. 23 Röthel, Pflichtteilsrecht, p. 125 s. 24 Voir par ex. Röthel, p. 50 s., avec des références détaillées; le projet initial de code civil

d’Eugen Huber ne donnait pas au conjoint survivant le statut d’héritier légal; ce sont les Chambres fédérales qui l’ont introduit dans le CC.

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l’intérêt à garder la fortune au sein de la famille. Transmettre les biens familiaux à sa postérité n’est plus aussi important qu’autrefois, en raison des progrès économiques de ces dernières dizaines d’années, hormis dans le cas des entreprises familiales.

A l’intérieur de la communauté familiale, c’est aujourd’hui la relation de couple qui est au premier plan. L’art. 462 CC, qui fait du conjoint ou du partenaire enregistré survivant l’héritier légal le plus important, reflète cet état de fait25. De plus en plus de voix s’élèvent pour demander que le conjoint ou le partenaire enregistré devienne l’unique héritier économique26.

On peut soutenir l’idée que dans de nombreux cas, il est juste de laisser participer le conjoint ou le partenaire enregistré par la voie successorale au patrimoine qu’il a contribué à constituer pendant des années. De plus, il s’agit aussi d’assurer la sécuri-té financière du conjoint ou du partenaire enregistré survivant à l’âge de la retraite; c’est là un des aspects de la communauté conjugale27. Le conjoint ou le partenaire enregistré survivant a souvent plus besoin de la succession pour assurer son avenir que les descendants, qui n’ont souvent pas de difficultés financières au moment où ils héritent puisqu’ils se trouvent dans un âge de la vie où ils ont une activité lucra-tive leur garantissant un revenu régulier. La pratique des notaires montre bien que la dérogation au régime légal en faveur du conjoint ou du partenaire enregistré survi-vant est un des motifs principaux de conclusion des contrats de mariage et des pactes successoraux28.

Ces considérations, pour défendables qu’elles soient, atteignent toutefois leurs limites lorsque la dévolution de biens au conjoint ou au partenaire enregistré survi-vant se fait au détriment d’enfants qui ne sont pas communs au couple. Ces enfants ne recevront pas les biens en question au décès du deuxième conjoint ou partenaire enregistré. La situation est similaire pour les enfants communs du couple si le con-joint survivant a par la suite des enfants avec un nouveau partenaire. Si le patrimoine du de cujus est constitué majoritairement d’acquêts, une grande partie sera transférée au conjoint survivant ou au partenaire enregistré par cette voie avant que les prin-cipes du droit des successions ne soient appliqués. Le problème est accentué par la possibilité qu’offre le droit matrimonial d’attribuer la totalité du bénéfice au conjoint survivant ou au partenaire enregistré en se fondant sur l’art. 216 CC.

Reste au législateur à décider quel poids accorder aux intérêts du conjoint ou parte-naire enregistré par rapport à ceux des enfants du défunt. Il s’agit d’une question d’appréciation, avec un fort arrière-plan de politique sociale. La décision est d’autant plus difficile que les cas d’application se présentent de manière très différente : alors que dans un cas, il paraîtra approprié d’assurer l’existence du conjoint ou partenaire enregistré survivant au détriment des enfants, dans un autre cas, la même règle pourra désavantager ces derniers d’une manière qui semblera injustifiable.

Ce dilemme ne peut être résolu, de l’avis du Conseil fédéral, par un déplacement des parts légales entre les héritiers. Un droit successoral moderne doit plutôt donner au disposant la possibilité de déterminer librement, en grande partie, la répartition de la

25 Wolf, p. 306; BK-Weimar, introduction au titre treizième, N 9. 26 Röthel, p. 50 s. et références citées; Röthel, Pflichtteilsrecht, p. 126 s.; des critiques ont

cependant aussi été émises dans les ouvrages de doctrine car la révision a conduit à « sur-doter le conjoint », voir BK-Weimar, introduction au titre treizième, N 16.

27 Voir notamment le message sur le droit du mariage, FF 1979 1119, 1210. 28 Wolf, p. 305.

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succession entre les personnes qu’il désigne et de choisir une solution adaptée à son cas et à sa volonté subjective. 3.6 Importance d’une relation de proximité réelle pour la

vocation successorale

Le droit actuel se fonde exclusivement sur les relations familiales formelles. Le fait qu’une véritable relation existe n’est pas pris en compte, non plus que son intensité. La loi ne se prononce que sur des cas tout à fait exceptionnels, l’indignité (art. 540 CC) et les motifs d’exhérédation (art. 477 CC).

Même si cet état de choses profite parfois à des héritiers qui reçoivent d’un oncle d’Amérique, dont ils ne se sont jamais souciés de son vivant, une part égale à d’autres, plus proches du défunt, il n’est pas faisable d’apprécier chaque fois la relation individuelle entre le de cujus et ses héritiers et de faire dépendre la partici-pation à l’héritage de la qualité de leur relation. Cela ne ferait que favoriser les litiges entre les héritiers et susciter des procès pénibles pour toutes les personnes concernées, car des affaires de famille très personnelles devraient y être évaluées et jugées29.

Là aussi, de l’avis du Conseil fédéral, la solution au problème réside dans une plus grande latitude laissée au disposant, notamment par la réduction des réserves et l’augmentation de la quotité disponible. En fin de compte, le de cujus lui-même est la personne la plus à même de juger combien un héritier potentiel lui est proche. Le fait qu’il s’agisse d’une appréciation subjective ne la remet pas fondamentalement en question : on ne voit pas en quoi une appréciation objective par un tribunal donnerait un meilleur résultat. Pour ce qui est d’éviter les litiges, il vaut bien mieux laisser la décision au disposant. La compétence des tribunaux doit se limiter (comme au-jourd’hui) à contrôler la validité formelle de cette décision et à évaluer les rares cas extrêmes de l’indignité et de l’autorisation d’exhéréder. 3.7 Vocation successorale du partenaire de vie de fait

Enfin, la discussion sur un droit successoral moderne ne peut faire l’économie d’une réflexion sur la manière de traiter les communautés de vie de fait, qui sont de plus en plus nombreuses. Dans le droit actuel, le compagnon ou la compagne de fait n’est pas héritier légal, et encore moins héritier réservataire. Les avis sur la voie à suivre sont toutefois très divergents. Alors que certains demandent le maintien du statu quo, pour la raison que les personnes concernées ont choisi de ne pas régler légale-ment leur relation, d’autres voudraient leur octroyer un droit de succession légal, voire réservataires, à l’instar des conjoints, parce que la communauté de vie de fait a souvent repris la fonction du mariage et que les personnes concernées ont le même besoin de protection30.

29 Breitschmid, Erbrecht, p. 119, qui parle d’un contrôle judiciaire des relations person-nelles.

30 On trouvera un exposé détaillé des arguments dans le rapport du Conseil fédéral sur la modernisation du droit de la famille (note 12), p. 23 ss.

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Les couples vivant en union libre peuvent déjà régler les conditions de leur relation dans une convention, y compris le cas du décès de l’un d’eux. Cependant, la de-mande a été faite de légiférer sur la dissolution des unions de fait, notamment parce que de nombreuses personnes ne règlent pas à temps leur succession, même si elles en ont a priori l’intention. Le législateur est appelé à combler cette lacune et à veiller à une règlementation appropriée31. Du point de vue du droit successoral, il s’ajoute que manifestement, presque une moitié de la population pense à tort que le partenaire de fait est un héritier légal dans le droit actuel32.

La motion 10.3524, à l’origine du présent projet de révision, demande aussi que « les dispositions du droit des successions, notamment celles qui régissent la réserve, [soient] étendues aux partenaires de vie non mariés, actuellement désavantagés, afin qu'ils bénéficient d'un traitement plus juste et soient placés sur un pied d'égalité avec les couples mariés et les couples de même sexe liés par un partenariat enregistré (on fixera, le cas échéant, les conditions à remplir en termes d'équivalence des règles de vie commune et de responsabilité envers l'autre partenaire) ». Toutefois, la version de la motion transmise par le Parlement au Conseil fédéral précise « pas d’égalité en droit successoral entre les concubins et les couples mariés ». Le Parlement a donc pris une décision préliminaire cruciale.

Dans ce contexte, il faut prendre en compte deux autres aspects importants.

Premièrement, examiner isolément, au sein du seul droit successoral, dans quelle mesure on peut assimiler les unions de fait au mariage rétrécit singulièrement le champ de vision: la réalité montre que les couples mariés s’avantagent mutuellement au travers du régime matrimonial prévu par la loi et de la possibilité d’accorder un bénéfice plus important au survivant (art. 216 CC). Le droit successoral n’a qu’une importance toute relative dans de nombreux cas. Le fait que le régime matrimonial ne s’applique pas aux couples de fait désavantage souvent le partenaire survivant sur le plan financier, si bien qu’il dépend alors davantage de la succession pour assurer son existence.

Deuxièmement, la fiscalité crée une autre inégalité entre les unions légales et les unions de fait : alors que les libéralités entre époux relevant du droit matrimonial ou du droit des successions sont exonérées d’impôts dans tous les cantons, les legs aux partenaires restent soumis, dans la plupart des cantons, à un impôt substantiel. Certes, de nombreux cantons ont réduit le taux d’imposition ces dernières années, mais il n’en reste pas moins que les couples de fait sont nettement désavantagés par rapport aux conjoints et que, dans des conditions similaires, ils reçoivent en fin de compte une part plus petite de la succession. Si la Confédération voulait instaurer une règlementation uniforme à ce sujet, elle se heurterait à l’absence de compétence fédérale en la matière dans la Constitution. Le peuple et les cantons ont nettement rejeté la création d’une compétence législative fédérale lors de la votation populaire du 14 juin 2015.

En conclusion, il apparaît qu’il n’est pas possible de réaliser une égalité de traite-ment entre les unions légales et les communautés de vie de fait par une simple mise à égalité dans le droit des successions. Le présent projet devrait cependant accroître les possibilités du disposant d’attribuer à son ou sa partenaire une plus grande part

31 Par ex. dans Cottier, p. 35 ss. et les nombreuses références qui y sont citées dans la note 63.

32 Stutz/Bauer/Schmugge, p. 215; voir aussi Cottier, p. 32.

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de la succession qu’aujourd’hui par la voie d’une disposition pour cause de mort. La réduction des réserves suffit à réaliser cet objectif. Cette solution permet aussi d’éviter les difficultés qu’il y aurait à donner une définition légale des communautés de vie de fait ou à laisser les tribunaux apprécier la qualité d’une relation33. Il re-viendra au de cujus de déterminer quel poids il accorde à sa relation de couple et dans quelle mesure son partenaire doit avoir part à la succession.

En complément, et comme l’expliquait le Conseil fédéral dans son rapport de mars 2015 sur la modernisation du droit de la famille34, il convient de prévoir la possibili-té, dans les cas de rigueur, d’attribuer une part de la succession au partenaire de vie de fait malgré l’absence de toute disposition pour cause de mort (pour les détails, voir l’art. 484a AP-CC). 3.8 Les enfants du partenaire dans le droit successoral

Autre question à examiner, la place que le droit successoral doit accorder aux en-fants du ou de la partenaire dans les familles recomposées. Ce cas de figure est devenu plus fréquent en raison de l’augmentation du nombre de divorces. A moins d’une adoption, le CC ne reconnaît aucun lien de famille entre l’enfant et le second membre du couple. Si ce dernier décède, l’enfant n’aura donc aucun droit légal à l’héritage. Dans certaines circonstances, le résultat est insatisfaisant; c’est le cas s’il a été élevé pendant de longues années avec les enfants biologiques du défunt et qu’il a de fait une relation aussi étroite qu’eux avec ce dernier. Une fois encore, la diffi-culté réside dans le fait que la situation et la qualité des relations entre enfant et beau-père ou belle-mère sont très individuelles : le spectre va de liens très étroits à la simple coexistence sous un même toit, sans proximité véritable, voire à des relations extrêmement conflictuelles. La durée de la vie commune, l’âge des enfants et la manière dont la relation est vécue et entretenue mènent à une telle multitude de situations possibles qu’il ne serait pas envisageable de prévoir une solution légale standard pour toutes les familles recomposées.

Il reste donc deux voies à emprunter pour le législateur. La première est de faire dépendre, dans la loi, le droit à la succession d’une certaine qualité de la relation35. L’inconvénient de cette solution est qu’il faut qu’un tribunal examine et qualifie cette relation et détermine quelle a probablement été la volonté du défunt. Les autres héritiers, et notamment les enfants biologiques du de cujus, représenteraient dans le procès la partie adverse et contesteraient l’intensité de la relation en cause. De tels procès sont une épreuve très pénible pour toutes les parties et la loi ne devrait pas les encourager. Il vaut donc mieux emprunter l’autre voie, qui est de laisser plus de place à la volonté du de cujus en lui permettant de laisser une part de la succession à l’enfant de son partenaire en raison des liens personnels qui les unissent, par le biais d’une disposition pour cause de mort. L’augmentation de la quotité disponible que nous proposons lui donne davantage de latitude à cet égard.

33 A ce sujet, voir le rapport du Conseil fédéral sur la modernisation du droit de la famille (note 12), p. 25 s.

34 A ce sujet, voir le rapport du Conseil fédéral sur la modernisation du droit de la famille (note 12), p. 30.

35 Approche défendue par Cottier, p. 40.

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3.9 Absence d'unification de l’impôt successoral

Selon le droit en vigueur, la compétence de percevoir l’impôt sur les successions et les donations appartient aux cantons. Tous en ont fait usage, sauf le canton de Schwyz (le canton de Lucerne prélève un impôt sur les successions mais non sur les donations). L’impôt successoral est généralement conçu comme un impôt sur les parts héréditaires, c’est-à-dire qu’il est dû par l’héritier pour sa propre part. Dans le cas des donations, c’est le bénéficiaire qui est assujetti à l’impôt. Le conjoint survi-vant (dans tous les cantons) et les descendants (sauf à Appenzell Rhodes-Intérieures, Neuchâtel et dans le canton de Vaud), les pouvoirs publics et les organisations d’utilité publique sont exonérés. Les règlementations sont diverses quant aux mon-tants exonérés, aux taux d’imposition et aux règles spéciales pour les entreprises36.

Les tentatives passées d’instauration d’un impôt national sur les successions ont toutes échoué : plusieurs initiatives parlementaires l’ont réclamée (initiative parle-mentaire Fehr Hans-Jürg37; initiative parlementaire Studer38; initiative parlemen-taire Wyss39). Il n’a été donné suite à aucune d’entre elles. Le 14 juin 2015, le peuple et tous les cantons ont rejeté l’initiative populaire « Imposer les successions de plusieurs millions pour financer notre AVS (Réforme de la fiscalité successo-rale) » par 71 % des voix contre 29 %. 3.10 Clarification de quelques autres questions ouvertes par le

législateur

Durant les plus de cent ans qui se sont écoulés depuis l’entrée en vigueur du CC, plusieurs questions sont apparues qui ne peuvent être promptement résolues sur la base de la formulation de la loi et auxquelles la jurisprudence n’a pas pu donner de réponse satisfaisante. Certaines ont une assez grande portée pratique. La révision proposée permettra de leur apporter une réponse législative et de simplifier ainsi, surtout, l’application du droit. Cela correspond au vœu du Parlement, qui a chargé le Conseil fédéral, dans la motion 10.3524, « d’examiner également s’il y a lieu d’apporter d’autres modifications au droit des successions ». 3.11 Droit transitoire

Le droit transitoire en matière successorale est régi par les deux dispositions spéciales des art. 15 et 16 tit. fin. CC ainsi que par les principes généraux du droit civil transitoire (art. 1–4 tit. fin. CC). Le critère déterminant est le moment du décès du de cujus : en cas de décès avant l'entrée en vigueur du nouveau droit, l'ancien droit s'applique; en cas de décès après l'entrée en vigeur de la révision, c'est le nouveau droit qui s'applique. Cela vaut aussi bien dans les cas de succession légale que dans le cas où une disposition pour cause de mort ou un pacte successoral aurait

36 www.estv.admin.ch > Documentation > Publications > Autres publications > Recueil informations fiscales > Les impôts sur les successions et les donations.

37 05.416 « Financer les soins par un impôt sur les successions ». 38 03.422 « Introduction d'un impôt fédéral sur les successions et les donations ». 39 08.439 « Perception d'un impôt fédéral sur les successions pour les legs supérieurs à 1

million de francs ».

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été signé avant l'entrée en vigueur de la révision. Ce principe conduit à une réglementation claire, dont les conséquences sont prévisibles pour les praticiens. Dans la plupart des cas, cela évitera en outre de difficiles question d'interprétation. Il se justifie donc de s'en tenir au droit transitoire en vigueur et de l'appliquer également à cette révision.

Il est inévitable que, dans des cas particuliers, des questions délicates se poseront. Il en sera notamment ainsi si certaines formulations d'une disposition testamentaire ou d'un pacte successoral laissent à penser que le testateur aurait disposé différemment sous le nouveau droit, respectivement qu'un pacte différent aurait été conclu. De telles incertitudes sont toutefois inhérentes à une modification de dispositions de droit successoral et ne peuvent être réglées in abstracto par le législateur. Les tribunaux auront donc toujours la tâche, dans des cas particuliers, de trouver des solutions appropriées en se basant sur les règles générales. 3.12 Aspects internationaux

Sur le plan international, le règlement no 650/2012 du Parlement européen et du Conseil du 4 juillet 2012 relatif à la compétence, la loi applicable, la reconnaissance et l’exécution des décisions, et l’acceptation et l’exécution des actes authentiques en matière de successions et à la création d’un certificat successoral européen40 est récemment entré en vigueur au sein de l’Union européenne. Une motion Recordon41 du 12 décembre 2014, traitée et liquidée par les Chambres fédérales en octobre 2015, demandait au Conseil fédéral d’« examiner les possibilités de mettre en place une convention internationale sur les successions ou de prendre toute autre mesure évitant que la Suisse ne soit exclue de l’espace juridique de ce domaine créé par le règlement no 650/2012 de l’Union européenne ». Lors de la séance de la deuxième Chambre fédérale qui a liquidé la motion, le Conseil fédéral a indiqué être en train d’examiner un avant-projet concernant le droit international des successions en vue d’une procédure de consultation d’ici la fin de l’année 2016. Il examine actuellement quelles adaptations des dispositions sur les successions de la loi fédérale sur le droit international privé42 (LDIP ; art. 86 à 96) sont nécessaires. Cet examen, séparé du présent avant-projet, ne se limite pas aux questions de compatibilité avec le règlement (UE) no 650/2012 mais doit également prendre en compte notamment les besoins de modifications ou de clarification mis en avant par la pratique, la doctrine et l’évolution du contexte juridique depuis l’entrée en vigueur de la loi il y a 25 ans. 4 Le mandat parlementaire

4.1 Interventions parlementaires antérieures

Ces dernières années, plusieurs interventions parlementaires portant sur le droit successoral ont été déposées.

40 JO L 201 du 27.7.2012, p. 107. 41 14.4285 « Convention internationale sur les successions » 42 Loi fédérale du 18 décembre 1987 sur le droit international privé; RS 291.

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En 2012, le postulat Schenker43 a demandé que le Conseil fédéral établisse dans un rapport « les catégories professionnelles et les institutions chargées notamment des soins et de l'aide aux personnes âgées, qui sont soumises à des règles propres à prévenir la captation d'héritage. Le rapport indiquera en outre les domaines dans lesquels il y a lieu de légiférer et les responsabilités en la matière. » Le Conseil fédéral a recommandé de rejeter le postulat tout en indiquant que l’examen des mesures nécessaires contre les captations d’héritage serait opéré au cours de la présente révision. L’intervention a été classée sur la base de l’art. 119, al. 5, let. a, de la loi sur le Parlement (LParl)44, car elle n’avait pas été traitée en l’espace de deux ans. La CAJ-N avait donné suite à une initiative parlementaire Schenker de même teneur en 200645, mais la Commission des affaires juridiques du Conseil des Etats (CAJ-E) et le Conseil des Etats ne l’avaient pas suivie. Une motion Gendotti de l’an 200046, qui poursuivait un but analogue, a été classée après que son auteur ait quitté le conseil.

L’initiative parlementaire Abate du 14 juin 201247 demandait un raccourcissement à six mois du délai prévu à l’art. 555, al. 1, CC à compter de la publication de la sommation par l’autorité compétente. La CAJ-E lui a donné suite le 23 octobre 2012, la CAJ-N le 7 novembre 2013. La CAJ-E doit élaborer un avant-projet.

La motion Häberli-Koller48 demandait que la dissolution des communautés hérédi-taires propriétaires d’immeubles ou de terrains puisse être plus rapide. Le Conseil fédéral a proposé au Parlement de la rejeter, ce que le Conseil national a fait le 19 septembre 2011 par 155 voix contre 2949.

La motion Sadis50, déposée en 2006, demandait une adaptation de l’art. 462 CC visant à attribuer la succession toute entière au conjoint survivant à défaut de des-cendants. Elle a été classée l’année suivante, son auteur ayant quitté le conseil.

Les postulats Fetz et Janiak51, tous deux rejetés par le Parlement, demandaient au Conseil fédéral d’examiner s’il était nécessaire d’adapter le droit des successions en général.

Un autre postulat Brändli52 avait pour but de permettre aux entreprises d’être dévo-lues plus facilement, sans que la réserve ne soit un obstacle infranchissable. Le Conseil des Etats a accepté le postulat, qui a débouché sur le rapport du Conseil fédéral du 1er avril 2009 intitulé « Valeur des entreprises en droit successoral »53. Le rapport concluait qu’aucune mesure législative n’était nécessaire.

43 12.3220 « Instituer des mesures contre les captations d'héritage ». 44 Loi du 13 décembre 2002 sur l'Assemblée fédérale; RS 171.10. 45 06.432 « Droit des successions. Libéralités et donations destinées à des personnes exer-

çant une activité professionnelle particulière ». 46 00.3379 « Supprimer la possibilité pour le personnel soignant d'hériter d'un patient ». 47 12.450 « Modification de l'article 555 alinéa 1 CC. Héritiers inconnus et sommation

publique ». 48 11.3103 « Meilleure utilisation des biens-fonds grâce à une dissolution plus rapide des

communautés héréditaires ». 49 BO 2011 N 1500 50 06.3656 « Succession. Droits du conjoint survivant ». 51 07.3496 et 07.3410 « Droit des successions. Inciter les testateurs à privilégier leurs petits-

enfants ». 52 06.3402 « Assouplissement des dispositions successorales applicables aux entreprises ». 53 Le rapport peut être consulté à l’adresse

www.bj.admin.ch/dam/data/bj/aktuell/news/2009/2009-04-01/ber-br-f.pdf.

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Le Parlement n’a pas donné suite à une initiative parlementaire Hoffmann54, qui demandait que le montant de la réserve des descendants soit le même quel que soit l’état civil du testateur. 4.2 La motion Gutzwiller (10.3524)

Le 17 juin 2010, M. Gutzwiller, député au Conseil des Etats, a déposé la motion 10.3524. Elle chargeait le Conseil fédéral « de revoir et d'assouplir le droit des successions, notamment les dispositions sur la réserve, afin qu'il réponde aux exi-gences actuelles. Ce droit, qui a plus de 100 ans, devra être adapté à des réalités sociales, familiales et démographiques et à des modes de vie qui ont radicalement changé. Le droit actuel sera maintenu dans sa substance et le rôle pérenne de la famille sera préservé. Malgré cette révision partielle, le disposant restera libre de favoriser ses proches dans la mesure prévue par le droit en vigueur. »

Suite à l’avis favorable donné par le Conseil fédéral le 25 août 2010, le Conseil des Etats a accepté la motion par 32 voix contre 7 le 23 septembre 201055. La CAJ-N a procédé à l’examen préliminaire le 5 novembre 2010 et a proposé au plénum un texte modifié dans son rapport daté du même jour56. Lors de sa séance du 2 mars 2011, le Conseil national a suivi la proposition de sa commission et a accepté la version modifiée de la motion (également approuvée par le Conseil fédéral57) par 94 voix contre 43 (modification en gras). La teneur en est la suivante :

« Le Conseil fédéral est chargé de revoir et d'assouplir le droit des successions, notamment les dispositions sur la réserve, afin qu'il réponde aux exigences actuelles. Ce droit, qui a plus de 100 ans, devra être adapté à des réalités sociales, familiales et démo-graphiques et à des modes de vie qui ont radicalement changé. Le droit actuel sera maintenu dans sa substance et le rôle pérenne de la famille sera préservé (pas d’égalité en droit successoral entre les concubins et les couples mariés). Malgré cette révision partielle, le disposant restera libre de favoriser ses proches dans la mesure prévue par le droit en vigueur. »

Par la parenthèse qu’elle a ajoutée, la commission (suivie par le Conseil national) voulait exprimer son scepticisme quant au développement de la motion, notamment quant au fait que « les dispositions du droit des successions, notamment celles qui régissent la réserve, [soient] étendues aux partenaires de vie non mariés, actuelle-ment désavantagés, afin qu'ils bénéficient d'un traitement plus juste et soient placés sur un pied d'égalité avec les couples mariés et les couples de même sexe liés par un partenariat enregistré (on fixera, le cas échéant, les conditions à remplir en termes d'équivalence des règles de vie commune et de responsabilité envers l'autre parte-naire) »58. Par la suite, le Conseil des Etats s’est rallié à cette version adaptée de la

54 07.458 « Réserve héréditaire des descendants et état civil du testateur ». 55 BO 2010 E 876 56 Rapport de la CAJ-N du 5 novembre 2010, consultable à l’adresse

www.parlament.ch/sites/kb/2010/Rapport_de_la_commission_CAJ-N_10.3524_2010-11-05.pdf.

57 Intervention Sommaruga, BO 2011 N 111. 58 Intervention Huber (porte-parole de la commission), BO 2011 N 108.

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motion, sur proposition de sa commission59, et a transmis le texte à l’unanimité au Conseil fédéral, le 7 juin 201160.

L’Office fédéral de la justice a commandité trois experts externes pour examiner la nécessité de réviser le droit successoral et pour explorer les solutions possibles :

– Michelle Cottier, professeure ordinaire à l’Université de Genève

– Peter Breitschmid, professeur ordinaire à l’Université de Zürich

– Denis Piotet, professeur ordinaire à l’Université de Lausanne

Leurs expertises ont été réalisées dans les délais et ont servi de base aux propositions de modifications exposées dans le présent rapport61. 5 Mise en œuvre de la motion 10.3524

Nous proposons de réaliser le mandat du Parlement avec deux modifications ponc-tuelles. 5.1 Réduction de la réserve

Comme on l’a exposé plus haut, l’objectif de la motion 10.3524 doit être réalisé principalement grâce à une réduction des réserves actuelles. L’essentiel consistera à réduire la réserve des descendants, aujourd’hui de trois quarts de leur droit, à la moitié (art. 471, ch. 1). La quotité disponible s’accroîtra des biens qui ne seront plus mobilisés par la réserve, ce qui donnera au disposant plus de marge pour les attribuer d’une façon appropriée à la situation – par exemple à l’autre membre du couple, qu’il y ait ou non union légale, ou à l’enfant de ce dernier. Cette solution peut aussi ouvrir des options supplémentaires intéressantes pour la dévolution des entreprises. En outre, la réserve des parents, qui ne correspond plus au monde actuel, sera sup-primée, avec des effets similaires (art. 471, ch. 2).

Le projet ne vise cependant pas tant à favoriser le conjoint ou partenaire enregistré survivant qu’à élargir les possibilités du disposant. Il semble donc cohérent de réduire aussi la réserve du conjoint ou du partenaire enregistré survivant. Au-jourd’hui fixée à la moitié de sa part, elle sera ramenée à un quart.

Proposition

Art. 471 : réduction de la réserve des descendants (de 3/4 à 1/2) et du conjoint survi-vant ou partenaire enregistré (de 1/2 à 1/4); suppression de la réserve des père et mère.

59 Rapport de la CAJ-E du 31 mars 2011, consultable à l’adresse www.parlament.ch/sites/kb/2010/Rapport_de_la_commission_CAJ-E_10.3524_2011-03-31.pdf.

60 BO 2011 E 489 61 Elles ont été publiées dans un numéro spécial commun des revues notalex et successio.

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5.2 Instauration d’un legs d’entretien

Comme on l’a exposé plus haut, la réponse principale apportée au mandat du Parle-ment réside dans la réduction de la réserve et l’accroissement de la liberté de dispo-ser. Il n’est pas question par contre, pour le Conseil fédéral, de faire du partenaire de vie de fait un héritier légal et encore moins un héritier réservataire. Il participera à la succession seulement si le de cujus a pris des dispositions en ce sens. Cette solution évite de délicats problèmes de délimitation et tient compte de la diversité des modes de vie.

Le Conseil fédéral est cependant conscient du fait que cette solution peut être, dans certains cas, d’une rigueur excessive. Lorsqu’un couple non marié s’est partagé les tâches de telle sorte que l’un de ses membres a dû investir beaucoup dans le ménage, la situation est choquante si l’autre partenaire décède et que la succession aille entièrement à sa parentèle. Cela peut se produire dans deux cas principalement :

– un des partenaires a réduit son activité lucrative pour élever les enfants du couple ou ceux de l’autre partenaire. Il se retrouve sans moyens après le dé-cès alors que la succession comprend des montants importants.

– un des partenaires a réduit son activité lucrative pour s’occuper du de cujus ou d’un parent de celui-ci, qui nécessitait des soins.

Dans ce type de situation, il peut arriver que le décès du disposant mette son ou sa partenaire dans une situation financière difficile, notamment si ce dernier n’a pas ou guère de ressources. Le droit actuel ne permet pas de transfert de biens par le biais du régime matrimonial ni – sauf disposition testamentaire – du droit des successions. Certes, on peut alléguer que les personnes concernées auraient eu la possibilité de se marier ou de prendre d’autres dispositions pour garantir l’avenir financier du survi-vant. Il n’y a donc pas lieu d’édicter des règles qui comprennent toutes les commu-nautés de vie de fait, car elles s’appliqueraient alors aussi à des couples qui ont décidé de concert que leur union ne devait pas être soumise à des règles et pour lesquels celles-ci ne sont objectivement pas nécessaires. Toutefois, le Conseil fédé-ral estime qu’il faut créer la possibilité, pour les tribunaux, d’apporter un correctif dans le cas d’espèce, lorsqu’il s’agit d’éviter des situations choquantes. La solution proposée est celle d’un « legs d’entretien ».

Nous proposons d’instituer un legs de jure, indépendant de la volonté du disposant. Plusieurs conditions devront être remplies pour que le juge puisse ordonner ce legs :

Seule y aura droit une personne qui vit depuis au moins trois ans en com-munauté de vie de fait avec le disposant. Il s’agit bien ici d’une vie de couple (entre personnes de même sexe ou de sexe différent). Deux frère et sœur vivant sous le même toit ne répondent pas à ce critère. Le fait qu’un des deux partenaires soit resté marié ou en partenariat enregistré avec une tierce personne ne joue aucun rôle.

Le survivant devra en outre avoir fourni une contribution importante dans l'intérêt du défunt. Comme on l’a dit plus haut, sont surtout visées la prise en charge d’enfants communs ou des enfants de l’autre partenaire, et la prise en charge du de cujus lui-même ou de ses proches.

Pour bénéficier du legs, le survivant devra en dépendre pour conserver un niveau de vie convenable, c’est-à-dire qu’il devra disposer de ressources insuffisantes pour assurer lui-même le maintien d'un niveau de vie conve-

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nable. Les ressources considérées comme suffisantes dépendront des cir-constances, mais elles ne sauraient excéder le train de vie mené jusqu’au décès du de cujus.

Enfin, le legs d’entretien ne devra pas grever inconsidérément les héritiers légaux, notamment eu égard à leur situation financière et au montant de la succession.

Toute personne qui remplit ces conditions sera habilitée à bénéficier d’un legs pris sur la succession. Le montant de ce legs sera fixé par le juge, après que celui-ci aura dûment apprécié la situation en fonction des besoins de l’ayant droit et du caractère raisonnable de la mesure pour les héritiers étant donné leur situation financière et le montant de la succession. Comme en droit actuel, le legs pourra revêtir la forme d’un usufruit ou d’une rente. Pour le reste, les dispositions relatives à l’acquisition du legs (art. 562 ss CC) s’appliqueront.

Reste à déterminer si les parties pourront exclure la possibilité d’un legs d’entretien et si oui, de quelle manière. Bien qu’il soit imaginable de permettre au disposant d’exclure ce legs unilatéralement par testament ou au bénéficiaire d’y renoncer dans un pacte successoral, il semble plus logique, ici, de s’en tenir à l’idée de droit impé-ratif, étant donné le caractère exceptionnel de la règle proposée. Cela correspond à l’esprit de l’art. 279 du Code de procédure civile (CPC)62, selon lequel le tribunal ne peut pas ratifier une convention de divorce si elle est manifestement inéquitable. Une clause d’exclusion de toute prestation d’entretien à une personne en situation de nécessité est manifestement inéquitable, sans qu’il soit généralement besoin de faire un examen plus approfondi.

Vu le caractère général des conditions d’octroi du legs d’entretien, il ne sera sans doute qu’exceptionnellement possible, en pratique, que les parties conviennent ensemble d’un tel legs et de son montant après le décès du de cujus. Une décision du juge sera nécessaire. Cela aura néanmoins certaines conséquences.

Comme le précise l’art. 484a, al. 2, proposé, la personne concernée devra déposer une demande auprès du juge, lequel examinera si les conditions de l’al. 1 sont rem-plies en l’occurrence et, si c’est le cas, ordonnera le legs. La demande sera dirigée contre la succession, et le Conseil fédéral est bien conscient du fait que cette disposi-tion peut être de nature à favoriser l’ouverture de procès civils. Il faut en tout cas éviter que toute succession dans laquelle un partenaire de fait ne reçoit rien dé-bouche sur une procédure judiciaire. Au contraire, la loi doit exprimer clairement que le legs d’entretien est une mesure spéciale applicable dans de rares cas extrêmes.

Afin d’assurer la sécurité juridique nécessaire pour les parties impliquées, il est indispensable de fixer un délai de péremption pour la demande. L’avant-projet prévoit un délai de trois mois, à l’instar du délai pour répudier (art. 567, al. 1, CC). La demande devra être déposée dans les trois mois suivant le moment où le deman-deur aura eu connaissance du décès du de cujus. Comme l’existence d’une commu-nauté de vie de fait est une condition de la demande, on peut supposer que le délai commencera à courir peu après le décès.

Cette règle est également proposée afin de tenir compte de la situation des enfants que le partenaire a eus d'une autre union : si le défunt a vécu pendant au moins cinq ans dans le même ménage qu'une personne alors qu’elle était mineure, et qu'il lui a

62 Code de procédure civile du 19 décembre 2008; RS 272

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fourni un soutien financier qu’il aurait continué de fournir s’il n’était pas décédé, il peut être demandé au juge d'ordonner en sa faveur un legs d'entretien. Le montant de ce legs est limité au montant maximum que le défunt aurait lui-même fourni.

Proposition

Art. 484a (nouveau) : description du legs d'entretien et des conditions nécessaires à son obtention. 5.3 Appréciation

Ces deux modifications du CC suffisent à réaliser pleinement les exigences de la motion 10.3524 concernant la révision du droit successoral : le droit successoral, plus précisément concernant la réserve, est assoupli, sans que l’essence même du droit actuel soit touchée. Le concubinage n’est pas assimilé au mariage. D’ailleurs, le disposant peut toujours favoriser les membres de sa famille de la même manière qu’en droit actuel. 6 Autres questions

6.1 Attribution supplémentaire au conjoint survivant par contrat de mariage

Droit en vigueur

Au décès d’une personne mariée, il est dans un premier temps procédé à la dissolu-tion de son régime matrimonial, et dans un deuxième temps au partage de sa succes-sion.

Dans le régime matrimonial ordinaire de la participation aux acquêts, la moitié des acquêts (bénéfice de l’union conjugale) est attribuée au conjoint survivant dans le cadre de la dissolution du régime, et l’autre moitié ainsi que les biens propres du de cujus tombent dans la masse successorale de celui-ci. Par contrat de mariage, les époux peuvent toutefois déroger à cette règle et convenir d’une autre participation au bénéfice (art. 216 CC). Ils ont ainsi la possibilité d’attribuer l’entier du bénéfice de l’union au conjoint survivant en cas de décès, seuls les biens propres tombant dans la succession. Dans ce cadre, ils peuvent porter atteinte à la réserve héréditaire de leurs enfants communs et de leurs parents, mais pas à celle des enfants non communs (ou des descendants de ces derniers).

Dans le régime matrimonial de la communauté de biens, les biens communs sont partagés par moitié entre le conjoint survivant et les héritiers. Les époux peuvent cependant convenir d’un autre partage par contrat de mariage (art. 241 CC). Ils ont ainsi la possibilité d’attribuer la totalité des biens communs au conjoint survivant en cas de décès, seuls les biens propres tombant dans la succession. Contrairement toutefois au régime de la participation aux acquêts, ils ne peuvent porter atteinte à la réserve des descendants, qui doivent donc recevoir 3/8 de la moitié des biens com-

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muns, soit 3/16 de ces biens, les 13/16 restants pouvant être attribués au conjoint survivant par contrat de mariage63. La réserve de tous les descendants (communs et non communs) est ainsi protégée, cela étant justifié par le fait que des biens qui seraient des biens propres dans le régime des acquêts (et tomberaient dans la succes-sion) peuvent être des biens communs dans le régime de la communauté de biens64. La réserve des parents n’est pas protégée.

Quant à la Loi sur le partenariat (LPart)65, elle prévoit que les partenaires peuvent convenir d’une réglementation spéciale sur les biens (art. 25 LPart), qui ne peut porter atteinte à la réserve des descendants de l’un ou l’autre des partenaires, mais qui peut supprimer celle des parents.

Le fait de permettre aux époux d’attribuer à l’autre l’entier du bénéfice de l’union conjugale en empiétant sur la réserve de leurs héritiers, de même que le fait de pouvoir le faire en la forme du contrat de mariage (et non du pacte successoral) alors qu’il produit ses effets au décès constituent des leges speciales par rapport aux règles ordinaires du droit successoral66.

Cette règle permet de favoriser de manière très importante le conjoint survivant par rapport aux enfants communs. Si les conjoints ont constitué leur fortune uniquement ou très majoritairement après le mariage, ce qui est fréquent, celle-ci est intégrale-ment (ou presque) constituée d’acquêts et peut être attribuée intégralement au con-joint survivant par contrat de mariage, écartant purement et simplement les enfants communs de la succession et les laissant avec comme seule consolation l’expectative successorale du parent survivant.

Critique du droit en vigueur

La question de savoir si l’attribution du bénéfice au conjoint survivant par contrat de mariage constitue une libéralité entre vifs (intervenant à la dernière seconde de vie, la liquidation du régime précédant celle de la succession) ou à cause de mort ne résulte pas du texte légal et est disputée en doctrine; le Tribunal fédéral semble avoir opté pour la deuxième solution67. Cette question ayant un impact important sur la base de calcul des réserves et sur l’ordre des réductions, car les libéralités entre vifs ne sont réduites qu’après les dispositions pour cause de mort (art. 532 CC), cette situation nuit concrètement à la sécurité du droit68 et mérite d’être éclaircie dans la présente révision.

Exemple illustratif

L’exemple suivant de Steinauer69, partisan de la libéralité entre vifs tenant compte de la réserve actuelle des descendants (3/4), illustre la différence de résultats aux-quels parviennent les deux courants de doctrine :

63 Deschenaux/Steinauer/Baddeley, N 1582. 64 Deschenaux/Steinauer/Baddeley, N 1583. 65 Loi fédérale du 18 juin 2004 sur le partenariat enregistré entre personnes du même sexe;

RS 211.231. 66 ATF 137 III 113 consid. 4.3 et Steinauer, N 496. 67 ATF 137 III 113 consid. 4.2.2 et références citées. 68 Piotet, p. 85. 69 CR-Steinauer, N 12 ad art. 216.

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Donnée : A décède en laissant son conjoint B et un enfant commun C. Le couple a passé un contrat de mariage selon lequel le conjoint survivant doit recevoir la totalité des bénéfices. A a en outre légué 80 000 francs à une œuvre de bienfaisance. Les biens propres de A s’élèvent à 400 000 francs, alors que ses acquêts sont de 720 000 francs. B n’a pas d’acquêts.

Si l’attribution est une libéralité entre vifs : lors de la liquidation du régime matri-monial, B se voit reconnaître une créance de 720 000 francs contre la succession. Celle-ci a donc une valeur de 400 000 francs. Après paiement du legs, B et C reçoi-vent chacun 160 000 francs. La réserve de C est de 3/8 de 400 000 francs, soit 150 000 francs; elle n’est pas lésée. B reçoit au total 880 000 francs et C 160 000 francs.

Si l’attribution est une disposition pour cause de mort : la réserve de C doit être calculée sur le montant de la succession telle que celle-ci aurait été en cas de réparti-tion légale des bénéfices; la réserve de C est donc lésée. En effet, la succession a une valeur de 760 000 francs (400 000 + ½ de 720 000) et la réserve de C est de 285 000 francs alors que celle de B est de 190 000 francs. C peut faire réduire la libéralité ab intestat reçue par B de 125 000 francs. Au total, B reçoit 755 000 francs et C 285 000 francs.

Avec la diminution de la réserve des descendants à 1/2 telle que prévue dans la présente révision, le calcul serait le suivant, et on constate que la la différence de résultat entre les deux solutions doctrinales serait atténuée :

Si l’attribution est une libéralité entre vifs : lors de la liquidation du régime matri-monial, B se voit reconnaître une créance de 720 000 francs contre la succession. Celle-ci a donc une valeur de 400 000 francs. Après paiement du legs, B et C reçoi-vent chacun 160 000 francs. La réserve de C est de 1/4 de 400 000 francs, soit 100 000 francs; elle n‘est pas lésée. B reçoit au total 880 000 francs et C 160 000 francs.

Si l’attribution est une disposition pour cause de mort : la réserve de C doit être calculée sur le montant de la succession telle que celle-ci aurait été en cas de réparti-tion légale des bénéfices; la réserve de C est donc lésée. En effet, la succession a une valeur de 760 000 francs (400 000 + ½ de 720 000) et les réserves de B et de C de 190 000 francs. C peut faire réduire la libéralité ab intestat reçue par B de 30 000 francs. Au total, B reçoit 850 000 francs et C 190 000 francs.

Proposition

Il paraît opportun de confirmer la jurisprudence du Tribunal fédéral et de qualifier l’attribution par contrat de mariage de disposition pour cause de mort. L’ajout d’un al. 4 à l’art. 494 CC au chapitre « Des modes de disposer », mentionnant que l’attribution au conjoint survivant par contrat de mariage, ou au partenaire enregistré par convention sur les biens, est traitée comme un pacte successoral70, apparaît comme le moyen le plus simple et adapté pour y parvenir.

Art. 494, al. 4 : précision selon laquelle l’attribution au conjoint survivant par con-trat de mariage, ou au partenaire enregistré par convention sur les biens, est traitée dans la succession comme un pacte successoral.

70 Proposition Piotet, p. 93.

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6.2 Usufruit du conjoint survivant

Droit en vigueur

L'art. 473 CC prévoit que l'un des conjoints a la possibilité de laisser à son conjoint survivant l'usufruit de toute la part successorale dévolue à leurs enfants communs, cet usufruit tenant lieu de droit de succession légal du conjoint survivant en concours avec ses descendants, et qu'outre cet usufruit, la quotité disponible (soit la part excédant les réserves légales et dont le conjoint peut disposer librement) est d'un quart de la succession. Cette possibilité est très utilisée en pratique.

Le but de cette règle est principalement de contribuer à maintenir les conditions de vie du conjoint survivant, tout en évitant de devoir partager la succession entre le conjoint survivant et les descendants communs71. Elle permet notamment, dans de nombreux cas, d'éviter d'avoir à vendre le logement de famille pour procéder au partage. Tout en favorisant le conjoint survivant, elle permet au testateur de faire en sorte que soit transmis à ses descendants, au moment du décès du conjoint survivant, l'entier de sa succession, ces derniers ayant en contrepartie à supporter jusqu'à ce moment une lésion de leur réserve72.

Critique du droit en vigueur

Cet article a été modifié déjà à trois reprises (en 1976, 1984 et 2001) depuis l'entrée en vigueur du CC, ce qui en fait la norme la plus révisée du code, mais il ne donne toujours pas entière satisfaction73, même si son utilité n'est pas remise en cause.

En effet, le choix du législateur de fixer la quotité disponible à un quart de la succes-sion résulte d'un compromis de dernière minute considéré comme incompatible avec la logique du code et est vivement critiqué par la doctrine, qui est toutefois elle-même partagée en majorité entre une quotité disponible de un huitième (1/8) ou de trois huitièmes (3/8)74, très peu soutenant la solution d’un quart (2/8). De plus, différentes petites incohérences dues à la complexité du débat et de la matière sem-blent ressortir lorsqu'une étude poussée de cette disposition est effectuée à l'aune des interprétations littérale, historique, systématique et téléologique75.

La réduction de la réserve légale des descendants de trois quarts (3/4) à un demi (1/2) prévue dans la présente révision du droit des successions modifie la quotité disponible dont le testateur peut librement disposer. Alors qu'elle était de trois huitièmes (3/8), elle sera d’un demi (1/2) en cas d'acceptation de la modification proposée. Il convient donc de se demander si l'art. 473, al. 2, CC, qui mentionne une quotité disponible d'un quart en cas d'usufruit du conjoint survivant, doit être modi-fié en conséquence. La « querelle des huitièmes » pourrait alors reprendre; les dé-

71 Steinauer, N 415 et références citées. 72 Staehlin, N 2 ad Art. 473 CC. 73 Carlin, p. 1. 74 Selon Carlin, p. 313 ss : pour 1/8, Geiser, Ott, Aebi-Müller, Druex, Dürr, Hausheer,

Hegnauer/Breitschmid, Pfäffli, Schwander, Simonius/Sutter, Wissmann et Wolf; pour 3/8e : Weimar, Kaufmann, Guinand/Stettler, Näf-Hoffmann, Schwager, Tschudin, Wil-disen, Piotet, Deschenaux/Steinauer/Baddeley, Sandoz, Carlin; pour 2/8, Schnyder, Schmid, Held, Burkhardt, Stähelin.

75 Carlin, p. 295 ss.

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fenseurs des trois huitièmes (3/8) devraient logiquement soutenir une quotité dispo-nible de quatre huitièmes (4/8 ou 1/2), ceux des un huitième (1/8) devraient être pour deux huitièmes (2/8 ou 1/4) et les adeptes du compromis se partager entre partisans des trois huitièmes (3/8), en tant que solution médiane entre les deux premières solutions, et partisans du demi (1 - 1/2 = 1/2), pour ceux qui calculaient la quotité disponible sur la base de la réserve des descendants (1 - 3/4 = 1/4).

Finalement, l'augmentation de la quotité disponible consécutive à la diminution de la réserve des descendants offre au testateur la possibilité d'octroyer à son conjoint en concours avec eux les trois quarts de sa succession (3/4, soit 75 %) en pleine pro-priété, alors qu'auparavant il était limité aux cinq huitièmes (5/8, soit 62,5 %), ce qui constitue déjà une avancée significative dans les possibilités de favoriser le conjoint survivant. La question de savoir dans quelle mesure il convient de permettre de le favoriser au delà de cette possibilité ou de celle offerte par l'actuel art. 473 CC (25 % en pleine propriété et usufruit sur 75 %) mérite d'être posée.

Proposition

Il apparaît que la diminution de la réserve des descendants constitue déjà une impor-tante modification du droit des successions en leur défaveur, modification visant en premier lieu à permettre au testateur de favoriser son partenaire non marié s'il le souhaite, pour s'adapter à la réalité actuelle des parents non mariés. Le but de la diminution de la réserve n'a pas pour objectif premier de diminuer les droits des enfants communs en faveur du conjoint (marié) survivant, même si c'en est une conséquence inévitable, et il convient de ne pas péjorer encore leur situation en modifiant par ricochet l'art. 473 CC en leur défaveur. En outre, l'équilibre des sacri-fices entre conjoint survivant (qui renonce à sa réserve en acceptant le legs d'usu-fruit) et descendants communs (qui renoncent momentanément à l'intégralité de leur réserve) que promeut la solution actuelle semble juste et adapté, et il pourrait être par trop modifié par le testateur si la quotité disponible prévue à côté de l'usufruit passait d'un quart à un demi.

Il semble donc raisonnable et adéquat de conserver à l'avenir l'art. 473 CC tel qu'il est aujourd'hui suite à la décision du Parlement de 2001, avec une quotité disponible d’un quart (1/4). Cela revient de fait à adopter, pour des raisons pratiques et poli-tiques, la théorie qui fixait la quotité disponible à un huitième avant la précision législative adoptée en 2001. Il convient alors de préciser dans le texte légal ce choix délibéré, tout en corrigeant - tant que le permet une solution pragmatique - les tra-ductions imprécises et autres irrégularités relevées par la doctrine, afin de tenter de mettre un terme à la controverse existante. Cela aurait de surcroît pour avantage de ne pas modifier une fois encore l'al. 2, qui ne date que de quelques années, égale-ment dans un souci de sécurité du droit.

Ainsi, comme le confirme le présent projet, le fait que le texte de l'al. 2 énonce que l'usufruit tient lieu de droit de succession attribué par la loi au conjoint survivant permet d'établir qu'en choisissant cette institution, le testateur décide d'octroyer à son conjoint l'équivalent de sa part légale (1/2) prévue à l'art. 462 CC, et non sa seule réserve comme le mentionne le texte italien, à corriger (« legittima » est rem-placé par « quota ereditaria legale »). Outre cette part, la quotité disponible est d'un quart et la réserve des descendants d'un quart également.

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Il est ainsi ancré dans la loi que la réserve des descendants est respectée par la seule nue-propriété de la part grevée d'usufruit, quelle que soit la valeur économique réelle de cette nue-propriété. Cette fiction constitue une exception au système de la réserve de l'art. 471 CC. De la même manière, la valeur de l'usufruit en faveur du conjoint survivant, quelle qu'elle soit (supérieure ou inférieure à sa réserve), est reconnue comme respectant sa réserve, en exception à l'art. 471 CC.

Le terme «Begünstigung»/«libéralité»/«liberalità» de la note marginale est remplacé par le terme neutre de «Nutzniessung»/«usufruit»/«usufrutto» afin de supprimer une différence de sens entre les langues latines et l'allemand et marquer en outre le fait que l'usufruit de l'art. 473 CC ne constitue pas obligatoirement une favorisation du conjoint survivant, comme le laisse en particulier supposer le terme allemand «Begünstigung», mais qu'il s'agit d'une variante de disposition pour cause de mort permettant une exception aux règles de la réserve.

Pour terminer, l’expression « enfants communs » sera remplacée par l'expression « descendants communs », plus précise, du fait que tous les descendants de la pre-mière parentèle sont concernés selon une doctrine unanime, conforme à la version de 1912 et identique aux versions allemande («gemeinsamen Nachkommen») et ita-lienne (« discendenti comuni »).

Art. 473 : modification du titre marginal; remplacement du terme « legittima » par « quota ereditaria legale » à l'al. 2 de la version italienne; remplacement du terme « enfants » par « descendants » à l'al. 1 de la version française. 6.3 Qualité d'héritier réservataire du conjoint (ou du partenaire

enregistré) en cas de décès pendant la procédure de divorce (ou de dissolution)

Droit en vigueur

En cas de décès d’un époux alors qu’une procédure de divorce est ouverte, le con-joint survivant reste aujourd’hui non seulement héritier légal de son époux, mais il conserve aussi sa qualité d’héritier réservataire, et ce quelle que soit la durée de la procédure de divorce ou sa pénibilité. Il a donc exactement les mêmes droits dans la succession qu’un conjoint dont l’époux décéderait hors de toute procédure de di-vorce. Même si l’époux décédé, prévoyant, l’avait exclu du cercle des bénéficiaires de sa succession par testament, il aurait ainsi la possibilité d’obtenir une part (sa réserve) de la succession, étant entendu que les cas d’exhérédation (exclusion du cercle des héritiers) sont très restrictifs et rarement réalisés.

La situation actuelle résulte de l’art. 120 al. 2 CC, qui prévoit que les époux cessent d’être les héritiers légaux l’un de l’autre seulement une fois divorcés, soit une fois le jugement de divorce entré en force76. Cette règle existe depuis l'entrée en vigueur du CC originel de 1907, autrefois à son art. 154, al. 377. La même règle vaut pour les partenaires enregistrés en procédure de dissolution, en application de l’art. 31 LPart.

En matière de répartition des biens dans le cadre de la dissolution du régime matri-monial par contre, la dissolution du régime rétroagit au jour de la demande en justice

76 ATF 122 III 308, JdT 1998 I 140; Steinauer, N 106 et références citées. 77 RO 24 245.

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en cas de divorce, séparation de corps, nullité de mariage ou séparation de biens judiciaire (art. 204, al. 2, CC). Et il en ira de même en matière de partage de la prévoyance professionnelle en cas de divorce, une modification de l'art. 122 CC ayant été adoptée par les Chambres le 19 juin 201578. La nouvelle loi prévoit que seront partagées les prétentions de prévoyance professionnelle acquises durant le mariage et jusqu’à l’introduction de la procédure de divorce, et non plus jusqu’à l’entrée en force du jugement de divorce comme c'était le cas jusqu'ici.

Critique du droit en vigueur

Si une procédure de divorce est en cours, il semble difficile d'envisager qu'un époux souhaite que son conjoint soit favorisé au cas où il viendrait à décéder. Dans des cas extrêmes, où un époux prolongerait volontairement la procédure en divorce contre son conjoint malade dans l'attente ou l'espoir de son décès, afin d'hériter, le système actuel peut même sembler injuste et choquant79. Cette question n'a pourtant pas fait l'objet de discussions particulières durant les travaux parlementaires ayant conduit à la teneur actuelle de l'art. 120, al. 2, CC80 entré en vigueur le 1er janvier 2000, article qui reprenait pour l'essentiel le contenu de l'ancien art. 154, al. 3, aCC, et ce malgré quelques critiques exprimées auparavant par certains auteurs81.

La qualité d'héritier et la réserve héréditaire, particulièrement celle du conjoint survivant, se justifient notamment par un souci de prévoyance82, spécialement en présence d'une union de longue durée. Il convient pourtant de mentionner que, même si le conjoint survivant devait perdre sa qualité d'héritier, il participerait de toute manière dans un premier temps au partage des biens du de cujus à titre matri-monial83, dans le cadre de la dissolution du régime matrimonial qui aura lieu auto-matiquement suite au décès. En matière de prévoyance, le conjoint survivant qui en remplit les conditions bénéficiera en outre des prestations pour survivants de l'AVS (art. 23 ss de la loi fédérale sur l’assurance-vieillesse et survivants, LAVS84) et de la loi fédérale sur la prévoyance professionnelle vieillesse, survivants et invalidité (LPP85; art. 18 ss), ce qui n'était pas le cas au début du vingtième siècle, au moment de l'adoption du CC.

Proposition

Bien que le nombre de cas où le décès d’un époux intervient en cours de procédure de divorce doive être relativement faible, il semble opportun de modifier la règle en vigueur et, dans les cas de requêtes communes (soit les cas où les époux sont d’accord au minimum sur le principe du divorce) ainsi que dans les cas où la durée de la procédure est excessivement longue (au-delà de deux ans), de supprimer la réserve du conjoint survivant86. Ce compromis permet de ménager à la fois le besoin

78 FF 2015 4437 79 Piotet, p. 75. 80 Fankhauser, N 334. 81 Fankhauser N 324 et références citées. 82 Piotet, p. 65. 83 Roussianos/Auberson, N 5 ad. art. 462 CC. 84 Loi fédérale du 20 décembre 1946 sur l’assurance-vieillesse et survivants; RS 831.10. 85 Loi fédérale du 25 juin 1982 sur la prévoyance professionnelle vieillesse, survivants et

invalidité; RS 831.40. 86 Solution basée sur celle de Piotet, p. 92 s. et 99, et Fankhauser, p. 268 ss.

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de prévoyance du conjoint survivant et le besoin de justice d’une personne souhai-tant pouvoir exclure de sa succession son conjoint qui ferait traîner par trop la pro-cédure de divorce, étant précisé que pour l’exclure de sa succession, le testateur devra être actif et rédiger un testament, seule la réserve étant supprimée et non la part successorale.

Il convient en outre de préciser dans la loi que les dispositions en faveur du conjoint survivant contenues dans des dispositions pour cause de mort, y compris celles prévues dans un contrat de mariage, deviennent caduques dans les cas où le divorce ou la procédure de divorce entraînent une perte de réserve du conjoint (soit en cas de litispendance d'une procédure de divorce sur requête commune ou d’une procédure de plus de deux ans), à moins que le contraire n'ait été stipulé par le disposant. Cela permettra une certaine uniformisation de la règle selon laquelle les effets patrimo-niaux du mariage (particulièrement en ce qui concerne les acquêts, la prévoyance professionnelle et la qualité d’héritier réservataire dans les cas de requête commune en divorce) s’arrêtent au moment de l’introduction de la demande en divorce.

En ce qui concerne les règles sur la séparation de corps (art. 117 et 118 CC), institu-tion proche du divorce permettant aux époux de vivre séparés et en situation de séparation de biens, le prononcé de la séparation n’entraîne aujourd'hui ni la perte de la qualité d'héritier ni le partage de la prévoyance professionnelle. La modification envisagée de perte de réserve dans certaines procédures de divorce ne doit donc avoir aucune influence sur les règles actuelles de séparation de corps, car contraire-ment au divorce, la séparation de corps n'a justement aucun effet sur les expectatives successorales des conjoints. Il n’y a donc aucune nécessité de modifier le texte légal en la matière.

Art. 120, al. 2 : la stipulation contraire devra être faite en la forme du contrat de mariage ou de l’acte pour cause de mort. La procédure de divorce entraînant une perte de la réserve renvoie à l’art. 472 CC nouveau, renvoi nécessaire pour éviter que des règles de droit des successions ne soient introduites dans le droit matrimo-nial.

Art. 217, al. 2 : renvoi à l’art. 472 CC nouveau.

Art. 241, al. 4 : renvoi à l’art. 472 CC nouveau.

Art. 472 : Détermination des cas dans lesquels une procédure de divorce met fin à la réserve du conjoint survivant.

ch. 1 : la procédure est poursuivie par requête commune aux conditions de l’art. 292 CPC.

ch. 2 : la perte du droit à la réserve intervient ainsi seulement dans les cas dans lesquels la procédure dure inhabituellement longtemps (plus de deux ans).

Art. 31, al. 3, LPart : renvoi à l'art. 472 CC nouveau; la stipulation contraire doit être faite en la forme de la convention sur les biens selon l’art. 25 LPart (forme authen-tique) ou en celle de l’acte pour cause de mort.

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6.4 Prévoyance privée liée, prévoyance professionnelle et assurance-vie

A. Prévoyance privée liée et prévoyance professionnelle

Droit en vigueur (pilier 3a)

L’art. 82, al. 1, LPP constitue la base légale pour le 3e pilier a (aussi appelé pré-voyance privée liée, ci-après pilier 3a) en droit suisse. Il prévoit que les salariés et les indépendants peuvent déduire des impôts directs de la Confédération, des can-tons et des communes les cotisations affectées exclusivement et irrévocablement à des formes reconnues de prévoyance assimilées à la prévoyance professionnelle. Pour rappel, la prévoyance professionnelle a pour but, outre l’assurance vieillesse et invalidité de l’assuré, de permettre de manière appropriée à ses survivants le main-tien de leur niveau de vie87.

Faisant usage de son mandat législatif de déterminer quelles formes de prévoyance peuvent être prises en considération et de décider dans quelle mesure de telles dé-ductions sont admises pour les cotisations (art. 82, al. 2, LPP), le Conseil fédéral a adopté l’ordonnance du 13 novembre 1985 sur les déductions admises fiscalement pour les cotisations versées à des formes reconnues de prévoyance (OPP 3)88. Les formes qu’il a reconnues sont le contrat de prévoyance liée conclu avec les établis-sements d’assurances et la convention de prévoyance liée conclue avec les fonda-tions bancaires (art. 1, al. 1, OPP 3). Devant respecter un but de prévoyance profes-sionnelle concernant l’ordre des bénéficiaires, il l’a réglé à l’art. 2 OPP 3 de manière très proche de la LPP (art. 20a) et de l’ordonnance du 30 octobre 1994 sur le libre passage (OLP89 ; art. 15) :

1. le conjoint survivant ou le partenaire enregistré survivant,

2. les descendants directs ainsi que les personnes à l’entretien desquelles le dé-funt subvenait de façon substantielle, ou la personne qui avait formé avec lui une communauté de vie ininterrompue d’au moins cinq ans immédiatement avant le décès ou qui doit subvenir à l’entretien d’un ou de plusieurs enfants communs,

3. les parents,

4. les frères et sœurs,

5. les autres héritiers.

Il est à noter que le preneur de prévoyance a la possibilité de désigner un ou plu-sieurs bénéficiaires parmi les personnes mentionnées au ch. 2 et de préciser leurs droits. Il a en outre le droit de modifier l’ordre des bénéficiaires selon les ch. 3 à 5 et de préciser leurs droits (art. 2, al. 2 et 3, OPP 3).

87 Art. 1, al. 1, LPP. 88 RS 831.461.3 89 RS 831.425

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Droit en vigueur (deuxième pilier)

En matière de prévoyance professionnelle obligatoire (2e pilier a) et surobligatoire (2e pilier b), les prestations versées suite à décès sont exclues de la masse successo-rale et ne sont pas sujettes à réduction, même si une partie minoritaire de la doctrine conteste cet état de fait pour le pilier 2b90. Les montants des avoirs de libre passage LPP que l’assuré a retirés de son vivant et dont il a lui-même disposé, par exemple pour le financement de son logement, tombent par contre dans la masse successo-rale. Quant aux rachats effectués sur une base volontaire, dont le maximum est fixé dans la loi et qui ont un but de prévoyance, il convient de préciser ici qu’ils ne doivent pas pouvoir faire l’objet d’une quelconque action successorale, malgré l’avis d’une partie de la doctrine91. Cette séparation claire de la prévoyance profession-nelle et du droit successoral est nécessaire pour marquer le caractère prépondérant du droit de la prévoyance sur ces avoirs.

Critique du droit en vigueur

Le lien entre le droit de la prévoyance liée et le droit des successions, et principale-ment la question de savoir si les avoirs accumulés au titre du pilier 3a font partie de la masse successorale du de cujus ou en sont exclus, n’a jamais été explicitement réglé et est sujet à discussion.

D’un côté, nombre d’arguments plaident en faveur d’une exclusion des montants de la masse successorale :

– Si les avoirs du pilier 3a tombaient dans la masse successorale, ils seraient à la merci des créanciers du de cujus et de la masse, ce qui est inconciliable avec le but même de la prévoyance (maintien du niveau de vie des survi-vants, conjoints et enfants mineurs en particulier).

– Si ces avoirs pouvaient servir d’autres buts que celui de la prévoyance, la raison même de leur exonération fiscale disparaîtrait.

– Le pilier 3a constitue l’entier de la prévoyance professionnelle des personnes qui n’ont pas de 2e pilier (notamment les indépendants).

– Le législateur a prévu expressément que les litiges avec les institutions de prévoyance du pilier 3a sont du ressort du tribunal des assurances (art. 73 LPP), soit du tribunal compétent pour les questions de prévoyance profes-sionnelle du 2e pilier, et non le tribunal civil compétent en matière de suc-cessions.

D’un autre côté, et c’est l’avis de la doctrine majoritaire, des arguments solides plaident en faveur d’un traitement différencié des avoirs du deuxième pilier (exclu de la succession) et du troisième pilier (partie de la succession) en matière successo-rale92 :

– Les avoirs du pilier 3a représentent parfois des montants importants pouvant représenter la majeure partie de la fortune du de cujus, voire la seule.

90 Nertz, N 40 à 42 ad art. 476 et références citées. 91 Aebi-Müller, Die drei Säulen, p. 21. 92 Aebi-Müller, p. 2 à 5 et références citées en note de bas de page 29.

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– La constitution d’un avoir de prévoyance se fait sur une base purement vo-lontaire, contrairement au 2e pilier. Le rapport juridique entre preneur et ins-titution de prévoyance est un rapport contractuel de droit privé, y compris la désignation des bénéficiaires (à ce sujet, il est contesté que le Conseil fédéral disposait d’une base légale suffisante pour déterminer l’ordre des bénéfi-ciaires en matière de 3e pilier comme il l’a fait dans l’OPP 3).

– Alors que dans le 2e pilier les avoirs engrangés sont, en l’absence de bénéfi-ciaires, acquis à la fondation de prévoyance et donc aux autres assurés, cela n’est pas le cas dans le 3e pilier, qui suit en la matière une logique de pré-voyance individuelle et non collective.

– Dans le cadre de la dissolution du régime matrimonial, les avoirs de la pré-voyance liée (qu’il s’agisse d’épargne bancaire ou de valeur de rachat d’assurance) sont comptabilisés dans les acquêts ou les biens propres selon les règles ordinaires sur le remploi (principe de la subrogation patrimo-niale)93 et ne sont pas partagés en application de l’art. 122 CC (qui prévoit que chaque époux a droit à la moitié de la prestation de sortie de la pré-voyance professionnelle de son conjoint calculée pour la durée du mariage). L’épargne liée est ainsi traitée comme de l’épargne ordinaire et les assu-rances de prévoyance liée comme des assurances privées ordinaires, le pilier 3a n’étant pas distingué du pilier 3b en matière de régime matrimonial94.

De son côté, le Tribunal fédéral n’a durant longtemps pas eu à prendre position en la matière. Il aurait finalement eu l’occasion de le faire dans un arrêt récent de janvier 201495, mais ses considérants n’ont pas convaincu la doctrine et n’ont donc pas clarifié à satisfaction la situation juridique96.

Proposition

En présence de deux solutions parfaitement défendables selon le droit actuel, il semble nécessaire de trancher en faveur du but primordial du pilier 3a, celui de la prévoyance, qu’il convient de faire primer sur les autres aspects en présence, no-tamment successoraux, et de formuler ce choix dans la loi. Les avoirs touchés par les héritiers et autres bénéficiaires au titre du pilier 3a ne feront ainsi pas partie des biens existants et ne pourront pas faire l'objet d'un rapport ou d'une réunion. Cela vaudra également pour les prestations du 2e pilier. Cette modification permettra de clarifier la situation des avoirs des différents piliers de la sécurité sociale en matière successorale.

Art. 476, al. 2 : Nouveau titre marginal et exclusion complète des prestations des deuxième et troisième piliers touchées par les héritiers et autres bénéficiaires.

93 ATF 137 III 337. 94 Deschenaux/Steinauer/Baddeley, N 1101. 95 TF 9C_523/2013. 96 Rumo-Jungo/Mazenauer, p. 308 s.

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B. Assurance-vie

Droit en vigueur

En matière d'assurance-vie, quelle que soit la forme utilisée par le de cujus pour faire bénéficier un tiers du capital assuré, ce capital n'entre actuellement pas dans les biens extants de la succession. C'est la raison pour laquelle l'art. 476 CC prévoit la réunion des « assurances en cas de décès constituées sur la tête du défunt et qu'il a contractées ou dont il a disposé en faveur d'un tiers, par acte entre vifs [clause béné-ficiaire selon l'art. 76 de la loi du 2 avril 1908 sur le contrat d’assurance, LCA97] ou pour cause de mort [legs selon l'art. 563, al. 2, CC], ou qu'il a cédées gratuitement à une tierce personne de son vivant [cession selon l'art. 73 LCA] »98.

Le montant d'assurance pris en compte dans le calcul de la masse successorale pour déterminer la quotité disponible (art. 476 CC) et procéder au calcul de la réduction (art. 529 CC) lorsque le défunt avait conclu une assurance-vie en faveur d'un tiers est la valeur de rachat calculée au moment de la mort. Ce montant est toujours inférieur à la somme assurée et la solution actuelle favorise donc le bénéficiaire de l'assurance par rapport aux héritiers réservataires, dont les réserves sont moins élevées que si la règle selon laquelle l'entier des libéralités doivent être réunies était respectée99.

Dans les cas où une libéralité est effectuée par le biais d'une assurance n'ayant pas ou pas encore de valeur de rachat, la question de savoir si l'entier du montant reçu par le bénéficiaire doit être réuni (en application des art. 475 et 527, ch. 3, CC), ou si aucune réunion ne doit avoir lieu du moment qu'il n'y a aucune valeur de rachat au sens de l'art. 476 CC, fait l'objet d'une vive controverse doctrinale100.

Critique du droit en vigueur

La décision de prendre en compte la valeur de rachat des assurances en cas de décès résulte notamment d'un compromis entre deux courants de doctrine (disposition à cause de mort ou acte entre vifs?) et date du début du 20e siècle, époque où la pré-voyance au décès des proches était encore entièrement individuelle et où la solution des premier et deuxième piliers de la prévoyance actuelle n'existait pas encore101. La formulation - pas spécialement heureuse aux yeux de la doctrine102 - du texte actuel de l'art. 476 CC a donc déjà perdu une grande partie de son bien-fondé depuis l'en-trée en vigueur du système actuel de prévoyance, et il semble aujourd'hui difficile de justifier la lex specialis qui veut que les sommes touchées au titre de l'assurance-vie dépassant la valeur de rachat soient exclus de la masse successorale, alors que toutes les libéralités entre vifs sujettes à réduction font l'objet d'une réunion103.

En outre, la prise en compte de la valeur de rachat dans le calcul de la quotité dispo-nible selon le texte de l'art. 476 CC actuel permet de diminuer les réserves des

97 RS 221.229.1 98 Steinauer, N 485. 99 Steinauer, N 492. 100 Steinauer, N 493a et 493b. 101 Piotet, p. 79. 102 Nertz, N 2 ad art. 476 et références citées. 103 Art. 475 et 527 CC.

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héritiers par le biais de contrats d'assurance-vie104, qui constituent donc un outil légal pour déroger partiellement au système des réserves héréditaires. Du moment que la diminution des réserves légales des héritiers réservataires est prévue dans la présente révision du droit des successions, une telle dérogation se justifie d'autant moins que le testateur verra déjà sa liberté de disposer grandement augmentée. Lui laisser la possibilité par ce biais de réduire les réserves déjà diminuées par le nou-veau droit pourrait constituer une trop grande atteinte pour les héritiers réservataires.

Au surplus, dans l'intérêt de la sécurité du droit, il convient de mettre un terme à la controverse doctrinale concernant la prise en compte ou non des montants d'assu-rance-vie touchés par le bénéficiaire dans les cas où il n'existe pas de valeur de rachat. La suppression de l'exception ayant trait aux assurances en cas de décès simplifierait et clarifierait grandement la situation.

Proposition

Au vu de ce qui précède, la proposition de nouvel art. 476 CC basée sur celle de Piotet105 paraît adéquate et l’art. 529 CC prévoyant la réduction des assurances en cas de décès à leur valeur de rachat peut être simplement supprimée, les règles ordinaires s’appliquant par voie de conséquence également aux assurances-vie.

Art. 476, al. 1 : les prestations d'assurance sur la vie naissant au décès du de cujus s’ajouteront aux biens existants et seront ainsi réunies sur le plan comptable à la masse successorale pour le calcul des réserves et de la quotité disponible, de la même manière que les libéralités entre vifs sujettes à réduction selon l’art. 475 CC.

Art. 529 : abrogé. 6.5 Captation d'héritage

Droit en vigueur

Il n’existe actuellement aucune norme traitant spécifiquement de la « captation d’héritage » (Erbschleicherei) en droit suisse des successions, la définition même de cette notion et le cercle de ses auteurs potentiels n’étant pas plus défini. Il est par contre évident que cette pratique, visant à se faire octroyer des avantages patrimo-niaux par testament en abusant d’une situation de faiblesse d’une personne, choque l’opinion publique et la morale.

Certaines dispositions du CC pourraient déjà conduire, dans certains cas, à l’annulation de telles dispositions, notamment pour des raisons d’incapacité du disposant (art. 519, al. 1, ch. 1, CC), d’absence de libre volonté (ch. 2) ou d’immoralité (ch. 3)106. De même, considérer l’auteur de la captation comme in-digne d’être héritier ou d’acquérir par disposition pour cause de mort (art. 540, al. 1, CC) est également une voie possible, comme l’a jugé le Tribunal fédéral début 2006 dans une affaire bâloise datant des années 90 et ayant fait grand bruit, dans

104 Staehelin, N 12 ad art. 476. 105 Piotet, p. 79, 80 et 93. 106 Abt, Die Ungültigkeitsklage, p. 187 à 201.

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laquelle l’avocat d’une veuve âgée, très fortunée et sans enfants, s’était fait instituer héritier unique et fait désigner exécuteur testamentaire107.

Critique du droit en vigueur

Au niveau politique, l’absence de règlementation spécifique en la matière a notam-ment fait l’objet de deux interventions parlementaires. Tout d’abord l'initiative parlementaire Schenker 06.432 (« Droit des successions. Libéralités et donations destinées à des personnes exerçant une activité professionnelle particulière ») de 2006 visant à limiter, voire interdire, les libéralités et les donations destinées à des personnes qui ont une relation de confiance particulière avec le disposant en raison de leur activité professionnelle. Le Conseil national n’y a pas donné suite, considé-rant comme primordial la sauvegarde de la liberté de disposer du testateur et tenant compte de la possibilité pour ce dernier de révoquer en tout temps ses dispositions pour cause de mort ainsi que du fait que la législation actuelle offrait certaines possibilités, et estimant finalement que le problème pouvait être résolu par le biais de codes de déontologie des professions concernées108. Ensuite le postulat Schenker 12.3220 (« Instituer des mesures contre les captations d'héritage ») de 2012 visant à instituer des mesures contre les captations d'héritage, postulat auquel le présent projet de révision tente de répondre.

Les quelques années écoulées depuis l’affaire bâloise ont aussi permis à la doctrine de se faire une idée sur le sujet et sur différents modes de réglementation possible. La solution de l’indignité retenue par le Tribunal fédéral a été critiquée, et en parti-culier la conséquence retenue de la nullité du testament (entraînant l’application de testaments précédents) en lieu et place de l’inefficacité de la seule disposition (et qui aurait dû ouvrir dans ce cas la succession aux héritiers légaux)109. Par contre, les avis divergent quant à la solution à retenir, d’une solution très stricte, comme la création d’une nouvelle cause d’indignité (à l’exception des présents d’usage) pour tous les professionnels entretenant un lien de confiance avec le testateur ainsi que leurs proches110, à une solution modérée, comme l’annulabilité des libéralités grati-fiant un professionnel ayant largement accès à la sphère privée ou patrimoniale du défunt et qui a contrevenu à l'éthique de sa profession111, ou plus libérale, selon laquelle la liberté de tester doit l’emporter et le « Trinkgeldtestament » rester pos-sible même à concurrence de 10, 20 ou 33 % de la fortune112.

Si les règles actuelles peuvent paraître insuffisantes, force est de constater qu’elles offrent tout de même une certaine protection, du moins dans les cas les plus cho-quants, et qu’elles ont le mérite de laisser au testateur sa liberté de disposer, que ce soit en faveur de son avocat, de son aide de ménage ou de son aide-soignant.

Proposition

Vu la difficulté, voire l’impossibilité, de reconstituer après coup avec certitude les liens réels entre un de cujus et le bénéficiaire de la disposition, l’évolution de leur

107 ATF 132 III 305 in JdT 2006 p. 269. 108 BO 2009 N 58. 109 Piotet, p. 72. 110 Abt, Die Ungültigkeitsklage, p. 205. 111 Piotet, p. 94. 112 Breitschmid, Besprechung, p. 55.

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relation, le déroulement des faits ayant conduit à cette disposition, les éléments connus ou non du disposant au moment de la rédaction et par la suite, ainsi que l’appréciation qu’il en faisait, il est pour ainsi dire impossible de fixer dans la loi une règle propre à dissiper entièrement le sentiment d’incompréhension et de rejet pro-voqué par les cas de captation d’héritage, sachant qu’en légiférant de manière trop stricte, c’est la liberté du disposant qui risque d’être par trop entravée.

La question du cercle des personnes à exclure des successions est aussi probléma-tique. Est-il juste de se limiter aux seules professions libérales comme le médecin ou l’avocat ? Ou d’autres membres de professions peut-être moins rémunératrices tels que les assureurs, conseillers divers, entraîneurs personnels, infirmiers, aides-soignants, aides de ménage, coiffeurs, concierges ou mêmes membres d’une église bénéficiant d’un lien étroit avec la personne ou avec ses biens doivent-ils aussi être exclus ? Il ne semble pas justifié de favoriser une profession par rapport à l’autre. Le but est de protéger la personne concernée, et indirectement ses héritiers, quelle que soit la profession de l'auteur de la tentative de captation d'héritage. L’élément déter-minant doit donc bien être le lien de proximité, de confiance, créé par un rapport initialement professionnel, et toucher toutes les professions. Faire dépendre l’indignité d’une violation d’une règle de déontologie limiterait l’application de la règle aux seules professions s’étant doté d’un code, ce qui n’est pas satisfaisant. La solution proposée tente d’apporter une réponse à ces questions, tout en laissant au disposant la liberté de favoriser – de manière limitée – un professionnel proche de lui par disposition pour cause de mort, étant entendu que les règles actuelles susmen-tionnées du CC pourraient toujours trouver application pour corriger des cas d’abus.

Au maximum un quart de la succession au total doit pouvoir être octroyé aux per-sonnes qui disposaient de la confiance du défunt dans l'exercice de leur profession, ainsi qu'à leurs leurs proches (les proches sont, selon la doctrine au sujet de l’art. 477 CC : le conjoint ou le partenaire enregistré, les parents, les enfants, la parenté et les amis proches). Les membres de la famille et autres proches qui avaient déjà lien de confiance avec le défunt, lien qui se serait ensuite intensifié vu leur profession, ne sont pas concernés.

Art. 541a (nouveau) : détermination du cercle des personnes avec indignité partielle à bénéficier de dispositions pour cause de mort. 6.6 Droit à l'information successorale

Droit en vigueur

La question du droit à l'information des héritiers n'est actuellement pas réglée de manière approfondie dans la loi de 1907 et a par conséquent fait l'objet de nombreux jugements et articles de doctrine.

Si les art. 607, al. 3, et 610, al. 2, CC prévoient une obligation pour les héritiers de se renseigner mutuellement avec précision sur les éléments de nature à influencer le partage113 afin que le règlement de la succession se fasse de manière aussi transpa-rente que possible, et que cette question semble ainsi réglée à satisfaction malgré

113 Steinauer, N 1246.

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quelques critiques inévitables114, il n'existe pas de base légale qui crée une telle obligation à l'encontre de tiers non héritiers dans la succession.

Les tribunaux ont ainsi eu l'occasion de développer une jurisprudence selon laquelle les héritiers, succédant au de cujus dans ses relations contractuelles, pouvaient exiger d'être pleinement renseignés sur le patrimoine (y compris avant décès) de celui-ci par ses partenaires contractuels, dans les limites du droit des obligations115, et il a été reconnu un droit à l'information à l'encontre des tiers possesseurs de la succession116 se fondant aussi bien sur une base contractuelle que successorale117. Il a notamment également été reconnu aux banques une obligation d'informer les héritiers de manière complète («umfassend»)118, malgré le secret bancaire, avec pour limite peu claire les informations strictement personnelles («höchstpersönlich») tombant dans la sphère intime («Geheimsphäre») du de cujus119. Et ce n’est plus qu'une question de temps avant que le Tribunal fédéral ait à trancher la question controversée d'une obligation de renseigner à l'égard de tiers ne se trouvant pas dans un rapport contractuel avec le de cujus (trusts, fondations, sociétés, etc.)120. Par contre, conformément à la doctrine presque unanime, le secret professionnel de l'avocat est opposable aux héritiers du client121 et la question de savoir dans quelles situations ces derniers peuvent obtenir de l'avocat ou du notaire des renseignements est loin d'être résolue122.

Critique du droit en vigueur

Le besoin d'informations des héritiers est indéniable, notamment pour déterminer d'éventuelles actions à entreprendre pour faire valoir leurs droits, et les difficultés à les obtenir dans le système actuel est source d'injustice et de procès inutiles. Ce seul besoin ne suffit toutefois pas encore à créer un droit à l'information, comme l’a lui-même précisé le Tribunal fédéral123.

L'exercice et la finalité des prétentions successorales étant en cause, un comblement de la lacune du CC en la matière est justifié124, afin d'éviter qu'en matière successo-rale, le droit à l'information ne soit octroyé par la justice au cas par cas selon son gré, ce qui crée à la fois insécurité du droit, inégalité et arbitraire125.

Il convient donc de créer la base légale de droit successoral actuellement manquante et ce de manière aussi claire que possible, étant entendu que selon la doctrine, elle ne doit pas aboutir à un droit à l'information illimité et valant en toutes circonstances, mais bien plus être limitée et proportionnée aux droits que la prétention principale doit représenter pour l'ayant droit126.

114 Notamment Druey, p. 184. 115 Steinauer, N 1246c et références citées. 116 ATF 132 III 677. 117 Druey, p. 186. 118 Breitschmid/Matt, p. 92 et références citées. 119 Druey, p. 184. 120 Genna, p. 207. 121 ATF 135 III 597, consid. 3.4. 122 Bianchi, p. 92. 123 TF 5C.276/2005, consid. 2.5.1. 124 Piotet, Les fondements, p. 84. 125 Schröder, p. 202. 126 Piotet, Les fondements, p. 84.

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Idéalement, cette nouvelle base légale devrait aussi fixer les critères qui déterminent le droit à l'information sur les avoirs dont le de cujus était uniquement ayant droit économique sans être partenaire contractuel de la banque ou du tiers concerné, ces demandes étant actuellement appréciées différemment suivant le canton où elles sont jugées127.

Proposition

Il convient d’octroyer aux personnes ayant des droits dans la succession un droit à l’information suffisamment élargi pour leur permettre de faire valoir intégralement leurs droits dans la succession. Pour les héritiers, cela nécessite la possibilité d’obtenir une connaissance complète des avoirs qui la constituent ou devraient la constituer, donc d’obtenir toute information utile en lien avec la fortune du de cujus également avant son décès, y compris celle dont il se serait dépossédé, en faveur d’un trust par exemple, ou dont il n’aurait été qu’ayant droit économique.

Nouveau chapitre VI : le droit à l'information successorale étant un effet direct de la dévolution, il trouve sa place dans le titre seizième du CC (« Des effets de la dévolu-tion »).

Art. 601a (nouveau) : le cercle des bénéficiaires comprend aussi bien les héritiers réservataires et les héritiers non réservataires légaux ou institués, que les héritiers et légataires mentionnés dans une disposition pour cause de mort ou exclus par une telle disposition, ceux-ci ayant tous une prétention successorale. L'obligation de fournir les informations incombe à tout tiers ayant géré, possédé ou reçu des valeurs (au sens large) du défunt, banques, gérants de fortune ou autres trustees compris. Les valeurs dont le défunt était ayant droit économique doivent être incluses, celles-ci étant des « valeurs du défunt », de même que les biens que le de cujus aurait transmis à un trust, en particulier en qualité de settlor. Les tiers disposant unique-ment d'informations ne sont pas compris, mais peuvent avoir une obligation contrac-tuelle d'informer. 6.7 Rapport et réduction

Droit en vigueur

Bien que censé pouvoir disposer librement de ses biens de son vivant sans avoir à rendre de comptes à ses héritiers, le de cujus est quelque peu limité dans l’application de ce principe par les règles sur le rapport et sur la réduction. Les premières prévoient que les héritiers légaux sont tenus l’un envers l’autre de rappor-ter dans la succession, en nature ou en valeur, certaines attributions reçues du vivant du de cujus. La loi présume ainsi que ce dernier n’a pas voulu favoriser un héritier au détriment de l’autre. Les secondes permettent aux héritiers réservataires dont la réserve est lésée par de telles attributions, entre vifs ou à cause de mort, de les faire réduire pour faire respecter leurs droits à la réserve. Le rapport a donc pour but l’égalité de traitement des héritiers, et la réduction la protection de la réserve légale;

127 Hamm/Brusa, p. 70.

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tous deux nécessitent une libéralité gratuite et la volonté du défunt de faire une libéralité128.

La question de la réduction des libéralités reçues à titre d’avancement d’hoirie

En particulier, les libéralités entre vifs faites à titre d’avancement d’hoirie sous forme de dot, d’établissement ou d’abandon de biens, quand elles ne sont pas sou-mises au rapport des art. 626, al. 2, et 627 CC, sont susceptibles de faire l'objet d'une action en réduction par les héritiers dont la réserve aurait été lésée, en application de l’art. 527, ch. 1, CC. Le but de cette disposition est de faire en sorte que toutes les libéralités faites entre vifs à titre de dotation (c’est-à-dire destinées à permettre, assurer ou améliorer l’établissement dans l’existence du bénéficiaire129), si elles ne sont pas prises en compte dans le calcul des parts successorales, ne lèsent au moins pas les réserves des autres descendants. Même si l’énumération faite à l’art. 527, ch. 1, des libéralités en question n’est pas parfaitement identique à celle de l’art. 626 al. 2 CC (il manque les mentions « remises de dette » et « autres avantages sem-blables »), les deux articles visent les mêmes libéralités130.

L’interprétation de ces règles, situées à l’intersection de deux institutions capitales du droit successoral131, provoque la confusion par sa complexité et est l’une des plus disputées du droit successoral suisse132. Une partie minoritaire de la doctrine inter-prète de manière restrictive la notion d’avancement d’hoirie soumise à réduction. Selon elle, seules les libéralités faites dans l’idée qu’elles seraient rapportées, mais ne le sont finalement pas parce que le bénéficiaire ne vient pas à la succession et n’y est pas représenté, sont réductibles au sens de l’art. 527 ch. 1. Pour la majorité de la doctrine, adepte de la théorie extensive, la réduction doit s’appliquer dans tous les cas objectifs de dotation, même si le bénéficiaire a été dispensé de rapport ou s’il n’est pas un descendant tenu au rapport légal133.

Pour sa part, le Tribunal fédéral, comme la doctrine majoritaire, considère que l’art. 527, ch. 1, CC s’applique dans les cas suivants134 :

– libéralités à des descendants tenus au rapport mais ne venant pas à la succes-sion (pour cause de prédécès, répudiation, exhérédation ou indignité)

– libéralités à des descendants tenus au rapport mais dispensés du rapport par le testateur

– libéralités à caractère de dotation à un héritier non-descendant (conjoint).

Les donations révocables et celles exécutées dans les cinq ans avant le décès (527, ch. 3, CC)

Le chiffre 3 de l’art. 527 CC prévoit que les donations que le disposant pouvait librement révoquer et celles exécutées dans les cinq années antérieures à son décès,

128 ATF 126 III 171, JdT 2000 I 554. 129 ATF 76 II 188, 196; Guinand/Stettler/Leuba, N 213. 130 Steinauer, N 470. 131 Vollery, N 390. 132 Piotet, p. 76. 133 Steinauer, N 470a. 134 ATF 107 II 119, consid. 3b; Eigenmann, N 9 ad art. 527.

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présents d’usage exceptés, sont sujettes à réduction. Tout bénéficiaire d’une telle donation est concerné, pas seulement les héritiers.

Malgré le terme de « donation » identique à celui du code des obligations (CO135; art. 239 CO), la notion de donation doit être interprétée ici de manière plus large et devrait comprendre toute attribution faite volontairement par le de cujus à titre gratuit. Nombre d'auteurs ont ainsi considéré que sont par exemple concernés les donations manuelles, les promesses de don, l’accomplissement de devoirs moraux, les gratifications à des employés ou fourniture gratuite d’un travail, la constitution de fondations, les avancements d’hoiries non entièrement rapportés, la constitution à titre gratuit d’un droit réel limité, la renonciation à une servitude ou encore le fait de laisser volontairement une créance se prescrire136. Le législateur a d'ailleurs reconnu cette interprétation large lors de la révision de 1984 de l’art. 208, al. 1, CC, traitant de la réunion aux acquêts en matière de dissolution de régime matrimonial, qui ne parle plus de « donation », mais de « libéralités », faisant référence aux actes unilaté-raux selon le message du Conseil fédéral du 11 juillet 1979 concernant la révision du code civil suisse sur les effets généraux du mariage, régimes matrimoniaux et suc-cessions137.

Critique du droit en vigueur

La complexité de la règle actuelle et la controverse doctrinale en résultant, de même que l’inexactitude rédactionnelle présente, ne permettent pas une planification successorale sereine en présence de libéralités entre vifs, en particulier effectuées à titre d’avancement d’hoirie. Le texte rédigé par le législateur allie aux al. 1 et 2 de l’art. 626 CC deux conceptions incompatibles du rapport et mélange modalités d’attribution et but de l’attribution138. Hésitant, le législateur aurait choisi de ne pas choisir, et il a été critiqué très vivement dès le début du siècle passé pour s’être « défié de sa compétence à résoudre équitablement les questions » et d’avoir « aban-donné ce devoir à la clairvoyance mystique des tribunaux», ayant «écrit à l’art. 626 un texte ouvrant la porte à des discussions interminables »139.

Quant au terme de « donation » du ch. 3 de l’art. 527 CC, non seulement il ne cor-respond pas au sens qui lui est attribué actuellement et crée donc une certaine insé-curité, mais il pourrait exclure dans des cas d’application certaines libéralités qu’il devrait contenir par souci d’égalité de traitement. Une attribution à un trust par exemple constitue une libéralité entre vifs réductible, selon la vision actuelle du Tribunal fédéral exprimée dans un obiter dictum140 : « Ce transfert, ainsi que tout autre transfert en faveur du trust, de biens dont le défunt était propriétaire ou ayant droit économique, constitue une libéralité entre vifs en faveur des bénéficiaires du trust qui peut faire l'objet d'une demande de restitution par la voie judiciaire». Il convient cependant de garder à l'esprit qu'il n’est pas impossible qu’une autre inter-prétation du terme de « donation » l’emporte un jour, plus restrictive, à l'image de celle qui considère que la constitution d'une fondation - et donc par analogie celle

135 Loi fédérale du 30 mars 1911 complétant le code civil suisse (Livre cinquième: Droit des obligations); RS 220

136 Eigenmann, N 15 ad art. 527 CC et références citées. 137 FF 1979 II 1179; voir aussi Vollery, N 277. 138 Piotet, p. 76. 139 Roguin, p. 537. 140 Arrêt 5A_620/2007 du 7 janvier 2010, consid. 7.2.

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d'un trust - ne tombe pas sous le coup de cette règle141, et il s’agit de l’éviter en élargissant le champ d'application actuel.

Il se pose également la question de savoir si la différence de traitement qui existe, en terme de délais, entre bénéficiaires de libéralités non héritiers (libéralité réductible si le décès intervient dans les cinq ans suivant la donation) et héritiers (libéralité réduc-tible quel que soit le moment de la donation et du décès) est légitime. On doit aussi se demander si le fait de les mettre sur un pied d’égalité, en n’imposant le rapport aux héritiers que pour les libéralités intervenues dans les cinq ans avant le décès, n’aurait pas un effet bénéfique sur le nombre de procédures judiciaires en la matière. A cet égard, il ne semble pas juste de prôner l’instauration de l’égalité entre héritiers par les règles sur le rapport, si c’est pour ensuite limiter leur droit à faire valoir leur réserve aux seules libéralités effectuées par le de cujus dans les cinq dernières an-nées avant le décès. L’idée peut donc être abandonnée.

Proposition

La modification du texte légal proposée a pour but de reprendre au mieux l’interprétation de la doctrine majoritaire et de la jurisprudence afin de mettre fin à la controverse, sans modifier plus que nécessaire le texte actuel.

Art. 527, ch. 1 : toute libéralité entre vifs faite à titre d’avancement d’hoirie échap-pant au rapport de l’art. 626 CC sera sujette à réduction.

ch. 3 : le terme « les donations » est remplacé par « celles », reprenant les « libérali-tés » du ch. 1. Dans le texte allemand, il est repris la notion de « unentgeltliche Zuwendung » (libéralité) de l’art. 208 CC.

Art. 626, al. 2 : précision des conditions du rapport légal et suppression de la liste mélangeant modalités d’attribution et but de l’attribution. 6.8 Réduction indirecte

Droit en vigueur

A titre d’exception au principe selon lequel l’action en réduction est l’apanage des héritiers réservataires, l’héritier institué ou le légataire devant lui-même effectuer une prestation et subissant une réduction peut la répercuter sous forme d’une réduc-tion indirecte (aussi dite réduction au second degré) dans deux hypothèses142.

a) Réduction de legs mis à la charge d’héritiers institués ou de légataires (art. 525, al. 2, CC)

Sauf intention contraire du testateur, l’héritier institué ou le légataire qui se voit réduire les libéralités qu’il reçoit peut répercuter proportionnellement cette réduction sur les legs dont il a lui-même à s’acquitter. Il est en effet présumé que si le testateur avait eu connaissance du fait que la libéralité octroyée par testament serait réduite, il aurait spontanément réduit dans la même proportion le legs mis à la charge du bénéficiaire de la libéralité.

141 Notamment Forni/Piatti, N 9 ad art. 527 CC. 142 Guinand/Stettler/Leuba, N 167.

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Exemple143 : le de cujus a légué à X un terrain valant 100 000 francs, à charge pour X de verser 50 000 francs à l’institution de bienfaisance Y. Avant que X ait exécuté le sous-legs, il apparaît que le legs qui lui a été fait doit être réduit de 20 %. X peut à son tour réduire de 20 % le sous-legs qu’il doit à Y, qui est ainsi ramené à 40 000 francs.

b) Réduction des contre-prestations fournies par l’héritier institué ou le légataire dans un pacte successoral (art. 528, al. 2, CC)

Dans le même ordre d’idée, si la partie gratifiée d’une libéralité par pacte successo-ral (onéreux) a fait entre vifs une contre-prestation au disposant, il peut, si la libérali-té reçue est réduite, demander en proportion la réduction ou la restitution de ce qu’il a fourni.

Critique du droit en vigueur

a) Réduction de legs mis à la charge d’héritiers institués ou de légataires (art. 525, al. 2, CC)

La réduction indirecte de l’art. 525, al. 2, ne pose pas spécialement de problème lorsque le sous-legs à réduire n’a pas encore été exécuté, le bénéficiaire de la libéra-lité pouvant simplement réduire le montant du sous-legs avant de l’acquitter. Par contre, si le sous-legs a déjà été exécuté, il peut être en pratique très difficile pour le bénéficiaire de la libéralité réduite de récupérer le montant correspondant auprès de son bénéficiaire144, une action en justice devant au besoin être engagée. A tel point que certains auteurs sont d’avis que dans un tel cas, il appartient au réservataire qui demande la réduction du legs, et non à l’héritier institué ou au légataire, d’agir lui-même directement (aussi) contre le sous-légataire pour faire réduire le sous-legs145. Cette interprétation semble toutefois difficilement compatible avec le texte de loi, qui prévoit que « cette personne [c’est-à-dire celle dont la libéralité est réduite] peut demander que les legs dont elle est débitrice soient proportionnellement réduits ».

Exemple : pour reprendre l’exemple précédent, si le sous-legs a déjà été exécuté, il n’est pas clair si le réservataire lésé doit agir en réduction à concurrence de 20 000 francs contre X, qui doit agir à son tour en réduction à concurrence de 10 000 francs contre Y, ou alors si le réservataire lésé doit agir en réduction contre X à concur-rence de 10 000 francs et contre Y à concurrence de 10 000 francs.

Le texte de l’art. 525, al. 2, CC ne tient en outre pas compte du fait que, dans le cas de l’héritier institué qui voit sa part réduite suite à une demande de réduction de l’héritier réservataire, ce dernier devient au moins partiellement (au pro rata) débi-teur du legs ou de la charge pesant sur l’héritier institué146, et qu’il lui appartiendrait ainsi d’agir contre le bénéficiaire du legs.

b) Réduction des contre-prestations fournies par l’héritier institué ou le légataire dans un pacte successoral (art. 528, al. 2, CC)

Le texte légal actuel paraît clair et équilibré, mais une étude approfondie de diffé-rents cas de figure montre toutefois que son application à la lettre peut conduire à des résultats choquants et contraires à la volonté du législateur, le demandeur pou-

143 Steinauer, N 849c. 144 Eigenmann, N 5 ad art. 525 CC. 145 Notamment Steinauer et Piotet (Steinauer, N 849d et références citées). 146 Piotet, p. 84.

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vant notamment s’appauvrir par la réduction ou deux héritiers réservataires se voir traités de manière très inégale147. La doctrine majoritaire semble toutefois se satis-faire de cette situation. La solution proposée par Piotet favorise en effet l’héritier réservataire ayant bénéficié d’une prestation entre vifs par le biais du pacte succes-soral, et le réservataire a toujours la possibilité de renoncer à son action en réduction ou de répudier la succession dans les cas où le résultat de la réduction lui serait défavorable148. Le Tribunal fédéral n’a pas eu à trancher la question jusqu’à au-jourd’hui. L’objet de la controverse est de savoir sur la base de quel montant la réduction doit être calculée : celle de la valeur de la prestation pour cause de mort ou celle de la prestation pour cause de mort excédant la réserve du cocontractant ?

Sans entrer dans le détail compliqué de divers calculs exemplatifs, il semble judi-cieux de donner raison à la doctrine majoritaire et de ne pas modifier cet article.

Proposition

Art. 525, al. 2 : rajout du terme « charge » afin de couvrir les cas où les legs ou les charges n’ont pas encore été acquittés. L’héritier institué ou le légataire débiteur des sous-legs ou charges pourront faire valoir leur droit par voie d’exception.

Al. 3 (nouveau) : dans les cas où les legs ou les charges ont déjà été acquittés, il est précisé que le réservataire devra agir contre les bénéficiaires de ceux-ci. 6.9 Ordre des réductions

A. Réduction des successions ab intestat

Droit en vigueur

A la lecture des règles légales sur les réserves et la quotité disponible (art. 470 et 471 CC), il paraît impossible qu’un testateur qui n’attribue que la quotité disponible viole la réserve de l’un de ses héritiers. Le législateur historique semble ne pas avoir envisagé cette éventualité, qui s’est toutefois révélée possible et même relativement courante, particulièrement lorsque la succession est partiellement ab intestat (ac-quise de par la loi et non par testament) et partiellement testamentaire149.

L’exemple suivant proposé par Steinauer est explicite150 :

« Un de cujus laisse son conjoint et un enfant. La part légale du conjoint et celle de l’enfant sont de 1/2 (art. 462 ch. 1); la réserve du conjoint est de 1/4 de la succession (art. 471 ch. 3); celle de l’enfant. de 3/8 de la succession. La quotité disponible est de 3/8. Le de cujus a fait un testament dans lequel il s‘est contenté d‘attribuer la quotité disponible de 3/8 à un tiers. Conformément l’art. 481 al. 2, la partie de la succession dont le de cujus n‘a pas disposé doit être répartie entre le conjoint et l’enfant à raison de 1/2 chacun. Chacun d’eux reçoit ainsi 5/16 de la succession. On constate alors que, même si le de cujus n‘a pas pris de dispositions excédant la

147 Voir exemples dans Piotet P., La réduction, p. 193 ss. 148 Hrubesch-Millauer, N 8 à 11 ad art. 528 CC et références citées. 149 Piotet, p. 84. 150 Steinauer, N 810 à 812.

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quotité disponible, la réserve du conjoint (4/16) est respectée, alors que celle de l’enfant (6/16) ne l’est pas. C‘est que l’acquisition ab intestat du conjoint est supé-rieure de 1/16 à sa réserve alors que celle de l‘enfant est de 1/16 inférieure à la réserve de celui-ci. »

Pour remédier à une lésion de sa réserve, l’art. 522 CC offre à l’héritier réservataire la possibilité d’agir en réduction contre les libéralités excédant la quotité disponible. Cela présuppose que quatre conditions soient remplies : 1) la réduction doit porter sur une libéralité du de cujus, entre vifs ou pour cause de mort, ce qui ne comprend donc pas les acquisitions ab intestat, l’art. 525 CC mentionnant expressément que la réduction s’opère contre les héritiers institués et autres gratifiés; 2) les libéralités doivent excéder la quotité disponible; 3) la réserve du demandeur doit être lésée; 4) le demandeur n’a pas reçu le montant de sa réserve (sous une quelconque forme).

Dans le cas susmentionné, l’enfant dont la réserve est lésée ne pourrait donc pas agir contre sa mère, celle-ci ayant hérité ab intestat et non par une libéralité, ni contre le tiers vu que la libéralité n'excède pas la quotité disponible.

Critique du droit en vigueur

Les acquisitions ab intestat n’étant pas réductibles selon le texte légal actuel, cela conduirait à devoir réduire les attributions testamentaires décidées par le défunt, ce qui ne correspond vraisemblablement pas à la volonté de ce dernier. Cette solution ne convient pas à une grande partie de la doctrine, qui considère qu’il y a ici une lacune de la loi qu’il convient déjà dans le droit actuel de combler en reconnaissant le caractère réductible des acquisitions ab intestat. Cette question reste toutefois controversée151.

La solution de Steinauer (et de la doctrine majoritaire) au cas présenté ci-dessus est la suivante : « L’acquisition ab intestat du conjoint doit donc être réduite de 1/16 pour reconstituer la réserve de l‘enfant. Cette solution conduit plus vraisemblable-ment au résultat que voulait atteindre le de cujus (à savoir réduire ses héritiers à leur réserve et disposer de l‘entier de la quotité disponible en faveur d‘un tiers) que la réduction de la libéralité faite au tiers (conjoint : 5/16; enfant, 6/16; tiers : 5/16) ».

Cette question n’a jusqu’à aujourd’hui pas été tranchée par le Tribunal fédéral et la lacune constatée mérite d’être comblée, par souci de clarification du système légal.

Proposition

Il convient de modifier le droit actuel afin que dans un tel cas, la volonté exprimée par le testateur (ou du moins sa volonté supposée) l’emporte sur la vocation succes-sorale légale. La possibilité de réduction d'une acquisition ab intestat doit donc être introduite dans le droit en vigueur.

Une fois introduite la possibilité de réduction des acquisitions ab intestat, il convient de déterminer l’ordre dans lequel les attributions doivent être réduites et de fixer ainsi le rang de la réduction de l’acquisition ab intestat. Cette question est également controversée en doctrine, mais il paraît conforme ici aussi de privilégier la volonté

151 Hrubesch-Millauer, N 2a ad remarque préliminaire aux art. 522 ss CC, et références citées.

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exprimée par le défunt, et de réduire en premier lieu les acquisitions ab intestat, puis seulement celles résultant d’une disposition à cause de mort.

Art. 522, al. 1 : remplacement du terme « libéralités » par le terme « acquisitions », afin que les parts de succession ab intestat soient également réductibles. Suppression de l'expression « jusqu'à due concurrence », redondante.

Art. 523 : nouveau titre marginal et remplacement de l'expression « libéralités faites par disposition pour cause de mort » par celle de « acquisitions pour cause de mort », afin que les parts de succession ab intestat soient également réductibles.

Art. 525, al. 1 : remplacement du terme « héritiers institués et autres personnes gratifiées » par « bénéficiaires d'acquisitions à cause de mort » afin qu’il soit pos-sible d’agir en réduction également contre les héritiers ab intestat.

B. Règlement de la question du rang de la réduction des pactes successoraux positifs

Droit en vigueur

Le texte actuel de l’art. 525 CC prévoit que les réductions s’opèrent au marc le franc (proportionnellement) contre tous les héritiers institués et les autres personnes grati-fiées, sauf disposition contraire du défunt. Il est ainsi considéré que toutes les libéra-lités pour cause de mort ont eu lieu en même temps (peu importe si une disposition a été prise avant ou après une autre), car elles prennent effet au moment de l’ouverture de la succession152. Selon la doctrine majoritaire, se basant sur le texte de loi, le fait que l’attribution ait eu lieu par testament (librement révocable) ou par pacte succes-soral (liant les parties et nécessitant donc en principe l’accord du gratifié pour être modifié) ne joue aucun rôle et elle doit être réduite dans la même mesure153.

Critique du droit en vigueur

Piotet en particulier refuse cette solution qui permet en pratique au de cujus de révoquer, du moins en partie, un pacte successoral par définition irrévocable154. Il y aurait selon lui une lacune de la loi à combler. Il propose de former deux groupes à réduire l’un après l’autre : « Le ou les pactes successoraux qui (ajoutés à d’éventuelles libéralités entre vifs ou à cause de mort antérieures) ne dépasseraient pas la quotité disponible ou ne la dépasseraient qu’en partie en l’absence des dispo-sitions postérieures (testaments ou pactes successoraux) sont réduits après ces dispo-sitions et les testaments antérieurs ou contemporains »155.

Proposition

Avec cet auteur, il convient de reconnaître que le système actuel n’est pas complè-tement satisfaisant et qu’il faut privilégier le pacte aux dispositions pour cause de mort quand cela est justifié. Le présent projet prévoit donc que, si la quotité dispo-nible est épuisée par un pacte successoral, les actes à cause de mort postérieurs à ce pacte sont à réduire en priorité. Un nouvel art. 526 CC est créé à cet effet.

152 Eigenmann, N 2 ad art. 525 CC. 153 Hrubesch-Millauer, N 5 ad art. 525 et références citées. 154 Piotet P., Les libéralités, N 205 et 206. 155 Piotet P., Les libéralités, N 226.

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Art. 526, al. 1 : précision selon laquelle la réduction s’opère en premier lieu sur les acquisitions résultant d’actes à cause de mort postérieurs ayant épuisé la quotité disponible, puis sur celles découlant du pacte, sans possibilité pour le testateur de modifier cet ordre. Dans les cas où la quotité disponible était déjà épuisée par le pacte, la réduction s’effectuera proportionnellement sur toutes les attributions, en application du principe général de l’art. 525, al. 1, CC.

al. 2 : précision selon laquelle la réduction s’opère en premier lieu sur les acquisi-tions ab intestat, puis seulement sur celles résultant d’une disposition à cause de mort. Si par contre les dispositions à cause de mort lèsent déjà la réserve, toutes les acquisitions (résultant d’un acte ou de la loi) sont réduites proportionnellement.

C. Elargissement de la règle de réduction des legs aux libéralités entre vifs

Droit en vigueur

L’art. 526 CC prévoit que lorsque le legs d’une chose déterminée qui ne peut être partagée sans perdre de sa valeur est soumis à réduction, le légataire a le droit soit de se faire délivrer la chose contre remboursement de l’excédent, soit de réclamer le disponible.

A titre d’exemple d’une application de l’art. 526, Steinauer156 propose le cas suivant :

« Le de cujus ne laisse qu‘un enfant, A. Par testament, il a légué à X une maison individuelle valant 500 000 francs. La masse successorale est de 1 200 000 francs. La réserve de A est de 900 000 francs et la quotité disponible, de 300 000 francs. Le legs doit donc être réduit de 200 000 francs. X a le choix entre obtenir la maison moyennant payement de 200 000 francs à A ou renoncer à la maison moyennant que A lui verse 300 000 francs. »

Critique du droit en vigueur

Bien que le texte de l’article et sa note marginale (« Legs d’une chose déterminée ») semblent vouloir limiter sa portée aux seuls legs de choses déterminées, la doctrine dominante est d’avis qu’il doit aussi s’appliquer aux legs d’un ensemble de biens (collection, entreprise, …) de même qu’aux libéralités entre vifs, contrairement à l’avis exprimé par le Tribunal fédéral dans un arrêt de 1984 concernant ce dernier point157.

Proposition

Il semble en effet qu’il n’y ait aucune raison de faire de différence concernant la réduction d’une chose déterminée qui ne peut être divisée sans perdre de sa valeur, qu’elle soit issue d’un legs ou d’une libéralité entre vifs. La disposition doit donc être modifiée dans le sens que la doctrine lui donne déjà aujourd’hui. L'art. 526 CC actuel sera modifié dans ce sens et trouvera place dans un nouvel al. 3 de l'art. 528 CC.

156 Steinauer, N 838. 157 Hrubesch-Millauer, N 2 ad art. 526 CC et références citées.

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Art. 528 al. 3 (nouveau) : élargissement du champ d'application aux libéralités entre vifs. 6.10 Délai de l’action en nullité contre les défendeurs de mauvaise

foi

Droit en vigueur

Le texte actuel de l'art. 521 CC traite des délais pour faire annuler une disposition pour cause de mort et, outre les délais usuels d’un an dès la connaissance de la cause de nullité (délai relatif) et de dix ans en tous les cas dès la date d'ouverture de l'acte (délai absolu), prévoit, en dérogation à la règle, un délai de 30 ans contre le défen-deur de mauvaise foi en cas de nullité pour cause d'illicéité, d'immoralité ou d'inca-pacité du testateur.

Critique du droit en vigueur

Cette règle est critiquée par une doctrine quasi unanime. En effet, s'il est compré-hensible de prolonger à 30 ans le délai de péremption à l'encontre des défendeurs de mauvaise foi, le fait de limiter le champ d'application aux seuls cas d'illicéité, d'im-moralité ou d'incapacité a pour conséquence que le délai prolongé ne s'applique pas dans les cas où la disposition est invalide pour vice de volonté ou de forme158. Cela est particulièrement choquant si l'on pense que le bénéficiaire qui a usé de menaces ou de contraintes à l'égard du testateur pour obtenir une disposition en sa faveur s'expose pendant dix ans à l'action en nullité, tandis que celui qui avait connaissance d'une incapacité de disposer du testateur et s'est contenté de se taire s'expose pendant 30 ans159.

Prescription versus péremption : correction d'une imprécision

Il se justifie de profiter de la présente révision pour corriger une petite imprécision contenue dans le texte des art. 521, 533 et 600 CC, qui mentionne des délais de prescription (la créance ne s'éteint pas mais est transformée en obligation naturelle dont l'exécution ne peut être imposée au débiteur par la voie judiciaire160) alors qu'il s'agit en réalité de délais de péremption (la créance s'éteint définitivement faute d'action dans le délai161), qui ne peuvent être ni suspendus ni interrompus et doivent être mis en œuvre d'office par le juge162.

Proposition

Le nouveau texte simplifiera la situation en allongeant à 30 ans le délai de péremp-tion dans tous les cas lorsque le défendeur est de mauvaise foi et avait connaissance

158 Abt, N 14 ad art.521. 159 Piotet, p. 83. 160 Message relatif à la modification du code des obligations (Droit de la prescription) ; FF 2014 221, 225. 161 Idem. 162 ATF 138 III 354 notamment; Steinauer, N 768, N 821, N 1130 et références citées.

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de la cause de nullité de la clause. Le terme de prescription sera remplacé par celui de péremption où cela est nécessaire.

Art. 521 : remplacement des termes « prescription » par « péremption » et « se prescrit » par « se périme » dans le titre marginal et aux al. 1 et 2.

al. 2 : suppression de l'expression « lorsque les dispositions sont nulles en raison soit de leur caractère illicite ou immoral, soit de l’incapacité de leur auteur ».

Art. 533 : remplacement des termes « prescription » par « péremption » et « se prescrit » par « se périme » dans le titre marginal et à l'al. 1.

Art. 600 : remplacement des termes « prescription » par « péremption » et « se prescrit » par « se périme » dans le titre marginal et aux al. 1 et 2. 6.11 Surveillance des exécuteurs testamentaires et certificats

d'exécuteur testamentaire et d'héritier

A. Surveillance des exécuteurs testamentaires

Par le postulat Fetz 15.3213 adopté par le Conseil des Etats le 10 juin 2015, le Conseil fédéral a été chargé d'examiner le régime de la surveillance des exécuteurs testamentaires, en particulier la cohabitation entre le recours selon le droit de la surveillance et l'action par la voie civile à l'encontre des agissements des exécuteurs testamentaires.

Droit en vigueur

Les règles régissant l'activité des exécuteurs testamentaires font l'objet des art. 517 et 518 CC. L'exécuteur testamentaire a pour mission de faire respecter la volonté du défunt, notamment de gérer la succession, de payer les dettes, d'acquitter les legs et de procéder au partage163. En cas de différend entre les héritiers et l'exécuteur testa-mentaire, les questions de droit formel et celles ayant trait à l'opportunité des me-sures prises par ce dernier sont soumises à la surveillance d'une autorité désignée par le droit cantonal, en application de l'art. 595, al. 3, CC (qui traite de l'administration de la liquidation officielle), auquel renvoie l'art. 518, al. 1, CC, tandis que les ques-tions de droit matériel (validité ou interprétation du testament, protection des ré-serves, etc.) relèvent du juge ordinaire164.

Les questions de droit matériel à trancher par un juge en cas de conflit sont notam-ment l'action en nullité (contre la nomination de l'exécuteur testamentaire), l'action en réduction (si la nomination viole la réserve d'un héritier), le partage de la succes-sion, les honoraires, l'obligation de renseigner, la responsabilité de l'exécuteur tes-tamentaire et la conformité de ses décisions avec la loi ou les ordres du de cujus165.

Les questions formelles pouvant faire l'objet d'une plainte à l'autorité de surveillance sont les actes réalisés ou envisagés, ainsi que les omissions de l'exécuteur testamen-

163 Guinand/Stettler/Leuba, N 525. 164 Steinauer, N 1185 et 1185c 165 Künzle, N 452 ss ad art. 517 et 518 CC.

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taire166, avec comme motif l'incapacité juridique de l'exécuteur testamentaire, l'inca-pacité de fait (p. ex. pour cause de maladie ou d'absence), l'inaction (pour cause de retard, négligence ou refus), le caractère inopportun d'une mesure, l'absence ou le manque d'information, ou d'autres violations de ses devoirs (partialité, manque d'intégrité, etc.)167. L'autorité de surveillance peut prescrire à l'exécuteur testamen-taire comment il doit agir, et peut au besoin prendre contre lui des sanctions discipli-naires (blâme, amende, destitution)168. Elle peut également agir d'office.

Critique du droit en vigueur

La distinction entre les questions formelles et matérielles, et donc le choix de la procédure à suivre, est en pratique souvent difficile169 et conduit même des spécia-listes du domaine, dans le doute, à conseiller d'agir à double devant les deux autori-tés. Certaines questions, comme celle de l'autorité compétente pour la destitution de l'exécuteur pour cause de conflit d'intérêts (connue du testateur ou non), ne font toujours pas l'unanimité dans la doctrine170.

Choisir le juge comme autorité de surveillance a pour avantages de supprimer la question compliquée de la séparation entre questions formelles et matérielles, de réduire le risque d'erreurs pour les héritiers et les praticiens, de simplifier la procé-dure et d’améliorer le contrôle des exécuteurs testamentaires171.

B. Certificats d'exécuteur testamentaire et d'héritier

Droit en vigueur

Le texte actuel de l'art. 559 CC prévoit que les héritiers institués dont les droits n'ont pas été contestés par les héritiers légaux peuvent réclamer de l'autorité une attesta-tion de leur qualité d'héritier. La pratique a toutefois admis de longue date qu'outre les héritiers institués, les héritiers légaux peuvent aussi demander une telle attesta-tion172, car elle est nécessaire, à titre de pièce de légitimation, pour la gestion et la liquidation de la succession (inscriptions au registre foncier, accès aux comptes bancaires, etc.)173.

De son côté, l’exécuteur testamentaire, qui dispose du pouvoir de disposer des biens de la succession dans la mesure du nécessaire, peut requérir la délivrance d’un certificat le désignant comme tel afin de se légitimer dans sa mission174.

Critique du droit en vigueur

Outre le fait que le texte légal ne mentionne ni la possibilité pour l’héritier légal de se voir délivrer un certificat d’héritier, ni la possibilité pour l’exécuteur testamen-

166 Künzle, N 522 ad art. 517 et 518 CC. 167 Künzle, N 524 ss ad art. 517 et 518 CC. 168 Steinauer, N 1185d. 169 Künzle Willensvolltrecker, p. 445. 170 Künzle Aktuelle Praxis, p. 131. 171 Künzle, Willensvollstrecker, p. 446. 172 Guinand/Stettler/Leuba, N 444. 173 Steinauer, N 902. 174 ATF 91 II 177 / JdT 1973 I 34.

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taire de se voir délivrer un certificat d’exécuteur testamentaire, la réserve (« toutes actions en nullité en annulation et en pétition d’hérédité demeurent réservées ») concernant le caractère provisoire du certificat est imprécise. Il y manque les actions en constatation et en réduction175.

Vu les différentes dénominations utilisées pour les attestations dans les différents cantons suisses et par les différentes autorités (« certificat d'hérédité », « certificat d'héritier », « attestation de la qualité d’héritier » / « Erbschein », « Erbenschein », « Erbbescheinigung », « Erbenbescheinigung », « Erbgangsbescheinigung » / « cer-tificato ereditario », « certificato di eredità ») et les incertitudes qu'il peut en résul-ter en pratique pour les non-initiés et les institutions étrangères, il paraît opportun de préciser dans la loi, dans chaque langue, le titre précis de cette attestation, afin d'unifier la pratique des officiers publics en la matière à l'avenir. A cet égard, les termes de « certificat d'héritier », « Erbbescheinigung » et « certificato ereditario » semblent les plus précis dans ce qu'ils attestent et doivent être choisis.

Proposition

Art. 517, al. 3 : précision selon laquelle l'exécuteur testamentaire reçoit une attesta-tion de sa qualité.

Art. 518, al. 4 : réunion de l'ensemble des compétences actuelles de l'autorité de surveillance et du juge auprès du juge.

Art. 559, al. 1 : précision du terme de « certificat d'héritier » et du fait que les héri-tiers légaux peuvent également l'obtenir; la liste des actions réservées est complétée. 6.12 Administration officielle suite à répudiation d’un héritier

obéré

Droit en vigueur

L’art. 578 prévoit que les créanciers d’un héritier endetté qui répudie une succession pour éviter que sa part ne leur profite peuvent agir en justice dans les six mois pour contester la répudiation, à moins que des sûretés ne leur soient fournies. Une fois prononcée la nullité de la répudiation, il est procédé à la liquidation officielle de la succession et l’excédent actif sert à désintéresser les créanciers demandeurs, puis les autres créanciers, le solde revenant aux héritiers en faveur desquels la répudiation avait eu lieu.

La doctrine majoritaire et le Tribunal fédéral estiment que selon le texte de loi actuel, l’action doit être intentée contre l’héritier répudiant et non contre les héritiers bénéficiant de la répudiation, qui ont toutefois la possibilité de prendre part au procès en qualité d’intervenants176. L’admission de l’action entraîne la liquidation officielle de l’entier de la succession : les dettes du défunt et de la succession sont payées, les legs acquittés, les frais de liquidation réglés et l’excédent actif partagé

175 Karrer/Vogt/Leu, N 23 ad art. 559. 176 Häuptli, N 13 ad art. 578 et références citées.

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entre les héritiers selon leur part successorale, le montant revenant au répudiant étant réparti selon l’ordre prévu à l’art. 578, al. 3177.

Critique du droit en vigueur

Le fait que l’action soit intentée contre le répudiant et non contre les bénéficiaires de la répudiation prête à discussion. En effet, les bénéficiaires de la répudiation n’ayant pas pris part au procès et n’ayant pas pu faire valoir leurs droits dans l’instance ne devraient théoriquement pas se voir opposer l’autorité de chose jugée, et le répudiant n’a plus de véritable intérêt à défendre à l’action, n’ayant plus de droits dans la succession178. Il serait en outre plus logique que l’action soit intentée contre les personnes profitant de la répudiation, car c’est elles qui en subissent les consé-quences179.

Un autre reproche à l’encontre de la solution actuelle résulte du fait qu’il soit procé-dé à une liquidation officielle aussi bien si le répudiant est seul héritier que s’il y a des cohéritiers. Logiquement, seule la part du répudiant devrait faire l’objet d’une liquidation officielle, non l’ensemble de la succession. Pour les cohéritiers, le fait de pouvoir fournir des sûretés pour éviter la liquidation officielle n’est pas satisfaisant, car ils doivent mettre en péril leur propre patrimoine pour les dettes d’un tiers, et le fait d’avoir à subir une liquidation des valeurs de la succession pour satisfaire les créanciers de l’un d’entre eux n’est pas juste non plus180.

Proposition

Art. 578, al. 1 : précision selon laquelle le délai (péremptoire) court dès la répudia-tion181.

al. 2 : non seulement le répudiant doit être attaqué en justice, mais également les personnes bénéficiant de la répudiation.

al. 3 : le solde revient aux héritiers selon les règles usuelles sur la répudiation.

al. 4 : la représentation des créanciers par l’autorité dans le partage a lieu à l’image de ce qui est prévu à l’art. 609, al. 1, CC. Le droit cantonal doit désigner l’autorité compétente. 6.13 Testament d’urgence audiovisuel

Droit en vigueur

Actuellement, il est prévu qu'en cas de circonstances extraordinaires telles que danger de mort imminent, communications interceptées, épidémie ou guerre, une personne ne pouvant tester dans une des formes usuelles (à la main ou devant no-taire) a la possibilité de le faire en la forme orale, en déclarant ses dernières volontés

177 Steinauer, N 997 à 997b. 178 Piotet, p. 86. 179 Steinauer, note de bas de page 73, p. 523. 180 Piotet, p. 86 s. 181 Steinauer, N 996.

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à deux témoins chargés de dresser l'acte et de le remettre à l'autorité judiciaire (art. 506 CC). On parle alors de forme extraordinaire ou de testament d'urgence, qui devient caduc quatorze jours après que le testateur a recouvré la liberté d’employer l’une des autres formes (art. 508 CC).

Cette forme est rarissime en pratique et l'hypothèse la plus vraisemblable dans laquelle elle serait utilisée dans le contexte socio-politique actuel est celle d'une mort imminente liée à un accident ou à une affection mortelle aigüe182. Outre les trois formes légales de testament (testament olographe, testament public et testament oral), il n'existe aucun autre mode de tester valablement.

Critique du droit en vigueur

Le testament d'urgence a certes une importance minime en pratique, mais il semble encore aujourd'hui justifié d'offrir à la personne se trouvant dans de telles circons-tances extraordinaires la possibilité de transmettre valablement ses dernières volon-tés. Et le moyen du testament oral, forme connue depuis les temps anciens183, reste parfaitement adapté aujourd'hui.

Avec le développement des nouvelles technologies, il convient toutefois de se de-mander s'il ne serait pas adapté d'accepter d'autres formes de testament, et, avec Breitschmid184, de conclure que le testament audiovisuel permet d'offrir technique-ment une preuve parfaitement convaincante et ferait bien l'affaire. Il faut en effet avoir à l'esprit qu'aujourd'hui, chacun ou presque est continuellement en possession d'un appareil permettant de produire des vidéos, alors qu'il n'a souvent plus sur soi de quoi écrire à la main. Et qu'il apparaît en conséquence adéquat, pour le cas rare où une personne se trouverait en situation de danger de mort sans la présence de deux témoins ni de moyen d'écrire, mais en possession d'un appareil (smartphone ou autre) lui permettant de se filmer, de lui offrir la possibilité de transmettre valable-ment ses dernières volontés s'il le souhaite. Il pourrait ainsi enregistrer son testament sur son propre appareil avant le décès, ou même le transmettre par courriel ou autre moyen au cas où il disposerait d’une couverture réseau suffisante.

Nullité absolue ou annulabilité

Une controverse doctrinale règne en outre quant à la conséquence de la caducité du testament oral après l'écoulement du délai de quatorze jours prévu à l'art. 508 CC, la doctrine majoritaire penchant pour la nullité absolue, un courant minoritaire impor-tant pour l'annulabilité pour vice de forme185. Il convient de profiter de la présente révision pour la trancher, en faveur de la nullité absolue, et de clarifier le texte de cet article en conséquence. En effet, le but de l'art. 508 CC est bien de replacer le testa-teur dans la situation qui prévalait avant qu'il se soit trouvé dans la situation extraor-dinaire l'ayant contraint à déclarer ses dernières volontés, et non de maintenir valide un acte susceptible d'être annulé plusieurs années après, au décès du testateur, par une action en justice d'héritiers lésés, quand bien même l'annulabilité est la règle. Le

182 Guinand/Stettler/Leuba, N 284. 183 Dunand, p. 34. 184 Breitschmid, N 43. 185 Dunand, p. 37.

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seul moyen pour ce faire est de le déclarer nul à l'écoulement du délai de quatorze jours.

Proposition

Art. 506 : ajout de l'adjectif « audiovisuelle » dans le titre marginal.

al. 1 : ajout de la forme audiovisuelle. Dans la version française, « interceptées » est remplacé par le terme « interrompues », correspondant mieux aux versions alle-mande et italienne (« Verkehrsperre », « comunicazioni interrotte »)186.

al. 2 : reprise de l'ancien al. 3.

al. 3 : la circonstance extraordinaire empêchant de tester dans une autre forme est identique à celle de l'al. 1 pour le testament oral. Le testateur doit apparaître physi-quement, au moins partiellement, afin de permettre son identification visuelle.

Art. 507, al. 1 : précision selon laquelle l'al. s'applique au testament oral et reprise de l'ancien al. 2.

al. 2 : reprise de l'ancien al. 3.

al. 3 : le format de l’enregistrement vidéo peut être aussi bien analogique que numé-rique.

Art. 508 : ajout de l'adjectif « audiovisuel » et précision du caractère nul du testa-ment quatorze jours après que le testateur a recouvré la liberté d’employer l’une des autres formes de disposer. 6.14 Rédaction épurée des art. 469, 482, 499 et 503

Droit en vigueur

L’art. 469 CC prévoit que sont nulles toutes dispositions faites sous l’empire d’une erreur, d’un dol, d’une menace ou d’une violence, mais qu’elles sont toutefois main-tenues si leur auteur ne les a pas révoquées dans l’année après avoir découvert le dol ou l’erreur, ou après qu’il a cessé d’être sous l’empire de la menace ou de la vio-lence. Cet article s’écarte des règles générales du CO et admet plus largement la possibilité d’invoquer un vice de la volonté, la volonté réelle du disposant étant recherchée en droit des successions187.

Si la disposition a été prise dans un testament, la révocation peut se faire en tout temps et doit respecter les formes prévues aux art. 509 à 511 CC188. Le code ne prévoit par contre rien concernant la forme que doit prendre la révocation dans l’année des pactes successoraux, qui sont des actes bilatéraux.

186 Steinauer, N 701. 187 Steinauer, N 331. 188 Steinauer, N 346.

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Critique du droit en vigueur

L’art. 469 CC ne contient qu’une réglementation très imparfaite, n’établissant pas de distinction entre annulation des testaments et annulation des pactes successoraux, malgré des intérêts manifestement différents. La question de savoir si une simple erreur sur les motifs permet l’annulation des pactes successoraux ou si ceux-ci ne sont annulables que dans les limites de l’art. 24 CO n’est pas traitée, ni celle de savoir si le de cujus peut annuler un pacte successoral sans le faire savoir à son cocontractant lorsque c’est de son vivant qu’il découvre le vice de volonté189.

Le texte de loi actuel laisse la doctrine divisée. Sa grande majorité est d’avis que la partie ne disposant pas pour cause de mort ne peut attaquer en annulation que selon les règles du CO190. Quant au testateur, il pourrait de son vivant révoquer unilatéra-lement le pacte sans forme particulière, une simple communication au cocontractant étant suffisante191, et même superflue dans le cas des libéralités faites à titre gratuit pour lesquelles le cocontractant ne bénéficie pas de la protection accrue de la con-fiance192. Après le décès, les héritiers devraient par contre agir en justice selon l’art. 519 CC pour obtenir l’annulation. Le résultat auquel aboutit la doctrine dominante n’est toutefois pas complètement satisfaisant. Pourquoi en effet une simple déclara-tion suffirait-elle à invalider une clause avant le décès tandis qu’une action en justice est nécessaire après le décès, alors que la nature de l’invalidité ne change pas par la survenue du décès193 ? L’égalité des parties et l’unité de l’acte du pacte n’exigent-ils pas un traitement similaire du de cujus et du cocontractant, comme le défend Piotet194 ?

En outre, et contrairement à ce que mentionne le texte légal à l’art. 469 CC, les dispositions prises sous l’empire d’un vice du consentement ne sont pas nulles, mais annulables, avec effet ex tunc195. De la même manière, l’illicéité ou le caractère immoral de charges ou de conditions grevant des dispositions pour cause de mort illicites ou contraires aux mœurs sont des causes d’annulabilité et non de nullité absolue196, contrairement à ce que mentionne l’art. 482, al. 2, CC. Quant au passage de l’art. 503, al. 1, CC qui veut que ne peuvent concourir à la rédaction du testament en qualité d’officier public ou de témoins les personnes qui sont « privées de leurs droits civiques par un jugement pénal », il est devenu sans pertinence, l’article du code pénal qui prévoyait cette sanction ayant été abrogé lors de la révision de 1971197. Il convient de profiter de la présente révision pour corriger ces inexacti-tudes.

Proposition

Vu que le pacte successoral doit être reçu en la forme authentique et que les cas d’annulation pour cause de vice de la volonté doivent être très peu nombreux, il semble légitime et proportionné d’exiger une action en justice pour le modifier

189 ATF 99 II 382 in JdT 1974 I 346. 190 Breitschmid BSK, N 21 ad art. 469. 191 Steinauer, N 348 et références citées. 192 Zeiter/Schröder, N 34 ad art. 469. 193 Piotet P., Annulation du pacte, p. 45. 194 Piotet P., Annulation du pacte, p. 39. 195 Zeiter/Schröder, N 47 ad art. 469. 196 Guinand/Stettler/Leuba, N 326. 197 Steinauer, note de bas de page 10, p. 364.

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unilatéralement dans un tel cas. Cela permet en outre de clarifier la question de la validité d’une clause ab initio et renforce la sécurité du droit pour les personnes parties au pacte ou en bénéficiant. Cela est précisé à l'art. 519 CC nouveau.

Art. 469 : remplacement du titre marginal « Dispositions nulles » par « Vice du consentement » et du terme « nulle » par « annulable » à l'al. 1.

Art. 482, al. 2 : remplacement du terme « nulle » par « annulable ».

Art. 499 : remplacement de l'expression « notaire, fonctionnaire ou toute autre personne » par « officier public », pour correspondre aux art. 500, 501, 502, 503, 504 et 512.

Art. 503, al. 1 : suppression de l'expression « privées de leurs droits civiques par un jugement pénal », cette sanction ayant été abrogée. Dans le texte allemand, rempla-cement du terme « beurkundender Beamter » par « Urkundsperson ».

al. 3 (nouveau) : précision selon laquelle les partenaires enregistrés sont assimilés aux conjoints.

Art. 519, al. 2 : élargissement du texte, actuellement trop restrictif en matière de légitimation active, pour correspondre au sens reconnu par la jurisprudence et la doctrine par la reprise de la notion d’intérêt « à titre héréditaire » (excluant les personnes disposant d’un seul intérêt de droit des obligations, de la famille ou réel). La disposition était initialement prévue ainsi en 1907, mais avait été modifiée par la commission de rédaction, qui ne disposait toutefois pas du pouvoir d’amender le sens du texte d’un point de vue matériel198. L’action doit pouvoir être ouverte par toute personne faisant valoir des droits de nature successorale et intéressée à l’annulation de la disposition litigieuse, en tant qu’héritier légal ou institué, appelé ou substitué, légataire, ou encore bénéficiaire d’une charge, que cela résulte de la loi, du dernier testament ou d’une disposition antérieure199.

al. 3 (nouveau) : précision selon laquelle une action en justice est nécessaire pour modifier un pacte successoral vicié. 6.15 Priorité au légataire face aux créanciers de l’héritier débiteur

du legs

Droit en vigueur

L’ordre dans lequel doivent être désintéressés les créanciers du défunt, les créanciers personnels de l’héritier et les légataires (qui bénéficient d’une créance tendant à l’obtention d’une prestation ou à la délivrance d’un bien) dans le cadre de la succes-sion est réglé à l’art. 564 CC. Celui-ci prévoit que les droits des créanciers du défunt (y compris ceux de la masse successorale) priment ceux des légataires (al. 1) et que les créanciers personnels de l’héritier ont les mêmes droits que ceux du défunt, lorsque le débiteur accepte purement et simplement la succession (al. 2).

198 TF 5C.163/2003 consid. 2.1 et Tuor-BK, 2e éd. 1952, N 8 ad art. 519. 199 Steinauer, N 755b; Eigenmann, N 24 ad art. 519.

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Critique du droit en vigueur

Si le fait que les créanciers du défunt ont la priorité sur les légataires semble aller de soi et n’est pas problématique, le de cujus devant honorer ses dettes avant de pouvoir faire des libéralités, l’interprétation de l’al. 2 est largement controversée en doctrine. En effet, celui-ci prévoit une égalité entre les créanciers du défunt et ceux de l’héritier après confusion des patrimoines, mais ne règle pas la question de savoir si les droits des créanciers personnels de l’héritier priment, sont égaux ou cèdent le pas aux droits des légataires, chacune des trois variantes étant soutenue par une partie de la doctrine200. Cette situation crée une insécurité juridique et mérite donc d’être éclaircie.

En outre, il paraît légitime de se demander si la solution actuelle, qui prévoit une égalité entre les créanciers du défunt et ceux de l’héritier, est juste ou non. Les avoirs du défunt ne devraient-ils pas servir dans tous les cas en premier lieu à cou-vrir ses dettes avant celles de ses héritiers, même s’il conviendrait pour cela de faire une exception au principe de la saisine (ayant pour conséquence la confusion des patrimoines) ? La proposition effectuée répond par l’affirmative, quoique cela ait pour conséquence une diminution de l’utilité de l’art. 594 CC, qui permet aux créan-ciers du défunt ayant des raisons sérieuses de craindre qu’ils ne seront pas payés de requérir la liquidation officielle ou de demander des sûretés, et aux légataires de requérir des mesures conservatoires201. Vu que l’art. 564, al. 2, CC n’est que très rarement appliqué202, cette diminution devrait toutefois rester très théorique.

Proposition

Il convient de modifier le texte légal en tenant compte en premier lieu de la volonté du de cujus. Si celui-ci octroie « sur ses propres biens » par disposition pour cause de mort un legs à une personne, les droits de cette dernière doivent l’emporter sur ceux des créanciers de l’héritier, quand bien même la théorie veut que les patri-moines du défunt et de l’héritier soient confondus. Dans le même ordre d’idée, les créanciers du défunt doivent être privilégiés par rapport à ceux de l’héritier. En résumé, sur les biens de la succession, les créanciers du défunt et de la succession doivent être désintéressés en premier lieu, puis les légataires, puis finalement les créanciers de l’héritier.

L’ordre prévu dans cet article s’applique uniquement aux biens de la succession, et non à ceux de l’héritier, avant ou après confusion des patrimoines. En cas de faillite de l’héritier, il conviendra donc de séparer les biens hérités de la masse en faillite pour qu’ils servent en premier lieu à satisfaire les créanciers du défunt et de la suc-cession ainsi que les légataires, avant de servir à couvrir les dettes de l’héritier.

Art. 564, al. 1 : précision selon laquelle les créanciers de la succession sont traités à égalité avec les créanciers du défunt, situation admise par la doctrine et la jurispru-dence.

al. 2 : l’ordre de désintéressement (créanciers du défunt et de la succession en pre-mier lieu, puis légataires, puis finalement créanciers de l’héritier) sur les biens de la succession vaut dans tous les cas, y compris - mais pas seulement - lorsque l'héritier

200 Guinand/Stettler/Leuba, N 512 et références citées. 201 Sandoz, p. 119 s. 202 Sandoz, p. 26 s.

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débiteur a accepté purement et simplement la succession. L’ancien al. 2 peut ainsi être supprimé. 6.16 Principe de la valeur vénale au moment du partage

Alors que le texte légal mentionne seulement que les « immeubles » doivent être imputés sur les parts héréditaires à leur valeur vénale au moment du partage, cette règle s’applique à tous les éléments composant la masse successorale, biens et droits203. Il semble donc justifié de profiter de la présente révision pour préciser cet état de fait dans la loi. Tous les biens extants sont imputés à leur valeur vénale au moment du partage, à moins d'un accord entre les héritiers, d'une règle de partage spéciale prévue par le de cujus ou d'une disposition particulière du droit foncier rural204.

Proposition

Art. 617 : modification du titre marginal afin qu'il corresponde au nouveau texte de loi et remplacement du terme « immeubles » par « biens » dans le texte. 6.17 Délai raccourci pour l’appel public aux héritiers

Droit en vigueur

Lorsque l’autorité ignore si le défunt a laissé des héritiers ou lorsqu’elle n’a pas la certitude de les connaître tous, elle procède à une sommation publique les invitant à se manifester dans l’année suivant la publication (art. 555, al. 1, CC). L’appel aux héritiers doit être publié de manière appropriée au vu de l’incertitude à lever205, soit aux endroits où il semble probable d’atteindre le résultat escompté. Une fois le délai écoulé, la succession peut passer aux héritiers connus ou à la collectivité publique (art. 555, al. 2, CC). Il s’agit d’une prescription d’ordre : l’autorité doit tenir compte des héritiers s’annonçant trop tard, et ceux qui se manifestent après le transfert de la succession aux ayants droit disposent toujours de l’action en pétition d’hérédité de l’art. 598 CC pour faire valoir leurs droits206.

Critique du droit en vigueur

Selon le texte d’une initiative parlementaire Abate 12.450 approuvée par les Chambres fédérales, cette disposition serait anachronique et ne serait pas sans con-séquences financières pour les héritiers connus, qui doivent souvent patienter long-temps avant de recevoir un certificat d'héritier. Les moyens de communication modernes permettent aujourd'hui de lancer immédiatement des recherches et offrent aux ayants droit la possibilité de se faire connaître rapidement. Alors qu'autrefois le

203 Weibel, N 10 ad art. 617 et références citées. 204 Guinand/Stettler/Leuba, N 559 et références citées. 205 Steinauer, N 880b. 206 Karrer/Vogt/Leu, N 7 ad art. 555.

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délai d'un an n'était pas toujours suffisant, l'initiative parlementaire propose de réduire le délai à six mois. L’expérience montrerait en outre que les ayants droit s’annoncent en règle générale dans les premiers mois et qu’un délai d’un an pro-longe inutilement le règlement des cas de successions.

La doctrine est très peu diserte sur la question et l’argumentation contenue dans l’initiative parlementaire paraît pertinente. La proposition semble apte à améliorer la situation et colle à l’ère moderne de la communication instantanée.

Proposition

Art. 555, al. 1 : raccourcissement du délai d'une année à six mois. 6.18 Toilettage de l'art. 579, al. 2, en lien avec la modification de

l’art. 626, al. 2

L’art. 579 prévoit que les créanciers d’une succession insolvable peuvent rechercher les héritiers ayant répudié, dans la mesure où ceux-ci ont reçu des biens du défunt dans les cinq ans précédant le décès et que ceux-ci auraient été sujets à rapport en cas de partage. Si ces biens constituent toutefois des prestations usuelles d’établissement par mariage ou des frais d’éducation et d’instruction, ils ne peuvent être réclamés aux héritiers (art. 579, al. 2).

Cette exception correspond à celle de l’art. 626, al. 2, en matière de rapport. Ce dernier article ayant été modifié et l’expression « constitutions de dot, frais d’établissement, abandons de biens, remises de dettes et autres avantages semblables faits en faveur de descendants » ayant été remplacée par « libéralité servant à l'éta-blissement dans la vie sociale ou économique », il convient de reporter cette modifi-cation dans l’art. 579 CC.

Proposition

Art. 579, al. 2 : remplacement de l'expression « prestations usuelles d'établissement par mariage ou des frais d'éducation et d'instruction » par « libéralité servant à l'établissement dans la vie sociale ou économique ».

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2012-... 1

Code civil suisse

(Droit des successions) Modification du ...

L’Assemblée fédérale de la Confédération suisse,

vu le message du Conseil fédéral du ...1,

arrête:

I

Le code civil2 est modifié comme suit: Remplacement d'expressions

Ne concerne que les textes allemand et italien.

Art. 120, al. 2

2 Sauf stipulation contraire, le divorce ou l’introduction d’une procé-dure de divorce qui entraîne une perte de la réserve du conjoint survi-vant rendent caduques les dispositions pour cause de mort en faveur du conjoint survivant. Art. 217, al. 2

2 Il en va de même en cas de dissolution du régime pour cause de décès lorsqu’une procédure de divorce entraînant une perte de la réserve du conjoint survivant est pendante. Art. 241, al. 4

4 Sauf stipulation contraire, les clauses qui modifient le partage légal ne s'appliquent pas en cas de décès lorsqu’une procédure de divorce entraînant une perte de la réserve du conjoint survivant est pendante. Art. 469, titre marginal et al. 1

1 Sont annulables toutes dispositions que leur auteur a faites sous l’empire d’une erreur, d’un dol, d’une menace ou d’une violence.

1 FF 2012 ... 2 RS 210

C. Vice du consentement

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Code civil suisse (droit des successions) ...

2

Art. 471

La réserve est:

1. pour un descendant, de la moitié de son droit de succession;

2. pour le conjoint ou le partenaire enregistré survivant, d’un quart de son droit de succession.

Art. 472

Le conjoint ou le partenaire enregistré survivant n'est pas héritier réservataire lorsqu'au moment du décès, une procédure de divorce ou de dissolution du partenariat est pendante et:

1. a été introduite ou poursuivie sur requête commune ;

2. a été introduite sur demande unilatérale plus de deux ans avant le décès.

Art. 473, titre marginal et al. 1 et 2

1 L’un des conjoints peut, par disposition pour cause de mort, laisser au survivant l’usufruit de toute la part dévolue à leurs descendants communs.

2 Ne concerne que le texte italien. Art. 476

1 Les prétentions de tiers en matière d'assurance sur la vie qui naissent au décès s'ajoutent aux biens existants.

2 Les prestations revenant aux héritiers et à d’autres bénéficiaires au titre de la prévoyance professionnelle du défunt, y compris les formes de prévoyance visées à l'art. 82 de la loi fédérale du 25 juin 1982 sur la prévoyance professionnelle vieillesse, survivants et invalidité3, ne sont pas comprises dans la succession. Art. 482, al. 2

2 Est annulable toute disposition grevée de charges ou de conditions illicites ou contraires aux mœurs. Art. 484a

1 Le juge peut ordonner un legs d'entretien à charge de la succession en faveur d’une personne afin de lui assurer le maintien d'un niveau de vie convenable, si cette personne:

3 RS 831.40

II. Réserve

III. Absence de réserve pour le conjoint ou le partenaire enregistré

IV. Usufruit en faveur du conjoint survivant

3. Prétentions en matière d'assu-rance et de prévoyance

Legs d’entretien

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Code civil suisse (Droit des successions) ...

3

1. menait de fait une vie de couple avec le défunt depuis au moins trois ans et a fourni une contribution importante dans l'intérêt de ce dernier;

2. a vécu pendant au moins cinq ans, alors qu’elle était mineure, dans le même ménage que le défunt, et que ce dernier lui a fourni un soutien financier qu’il aurait continué de fournir s’il n’était pas décédé.

2 Le legs d’entretien doit être raisonnablement exigible des héritiers eu égard notamment à leur situation financière et à la valeur de la succession.

3 Il est ordonné sur demande. La demande doit être déposée dans les trois mois qui suivent le moment où le demandeur a eu connaissance du décès, sous peine de péremption. Art. 494, al. 4 4 L’attribution du bénéfice au conjoint survivant dans un contrat de mariage ou au partenaire enregistré survivant dans une convention sur les biens est traitée dans la succession comme un pacte successoral. Art. 499

Le testament public est reçu, avec le concours de deux témoins, par un officier public ayant qualité à cet effet d'après le droit cantonal. Art. 503, al. 1 et 3

1 Ne peuvent concourir à la rédaction du testament en qualité d’officier public ou de témoins les personnes qui n’ont pas l’exercice des droits civils ou qui ne savent ni lire ni écrire; ne peuvent non plus y concou-rir les descendants, ascendants, frères et sœurs du testateur, leurs conjoints et le conjoint du testateur même.

3 Le partenariat enregistré est assimilé au mariage. Art. 506

1 Le testament peut être fait en la forme orale ou audiovisuelle, lors-que, par suite de circonstances extraordinaires, le disposant est empê-ché de tester dans une autre forme; ainsi, en cas de danger de mort imminent, de communications interrompues, d’épidémie ou de guerre.

2 En la forme orale, le testateur déclare ses dernières volontés à deux témoins, qu’il charge d’en dresser ou faire dresser acte. Les causes d’incapacité des témoins sont les mêmes que pour le testament public.

4. Forme orale et audiovisuelle

a. Les dernières dispositions

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Code civil suisse (droit des successions) ...

4

3 En la forme audiovisuelle, le testateur apparaît physiquement sur l’enregistrement vidéo, indique son nom, explique la circonstance extraordinaire, si possible la date, et déclare ses dernières volontés. Art. 507

1 L’un des témoins d'un testament fait en la forme orale écrit immédia-tement les dernières volontés, les date en indiquant le lieu, l’année, le mois et le jour, les signe, les fait signer par l’autre témoin et tous deux remettent cet écrit sans délai entre les mains d’une autorité judiciaire, en affirmant que le testateur, qui leur a paru capable de disposer, leur a déclaré ses dernières volontés dans les circonstances particulières où ils les ont reçues. Les deux témoins peuvent aussi en faire dresser procès-verbal par l’autorité judiciaire, sous la même affirmation que ci-dessus.

2 Si les dernières dispositions émanent d’un militaire au service, un officier du rang de capitaine ou d’un rang supérieur peut remplacer l’autorité judiciaire.

3 Quiconque trouve ou reçoit un testament audiovisuel est tenu de le remettre sans délai entre les mains d’une autorité judiciaire. Celle-ci dresse aussitôt un procès-verbal mentionnant les coordonnées de la personne qui a trouvé ou reçu le testament et les circonstances de la découverte, ainsi que la retranscription du texte du testament; y est annexé l’enregistrement vidéo sur un support usuel. Art. 508

Le testament oral ou audiovisuel devient nul lorsque quatorze jours se sont écoulés depuis que le testateur a recouvré la liberté d’employer l’une des autres formes. Art. 517, al. 2 à 4

2 Ne concerne que les textes allemand et italien.

3 Ils reçoivent une attestation de leur qualité d’exécuteur testamentaire.

4 Ils ont droit à une indemnité équitable. Art. 518, al. 4

4 Ils sont soumis à la surveillance du juge. Titre précédant l'art. 519

Chapitre VI: De la nullité des dispositions; de la réduction

b. Mesures subséquentes

c. Caducité

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Art. 519, al. 2 et 3

2 L’action peut être intentée par toute personne ayant un intérêt à titre héréditaire à l'annulation.

3 Les clauses viciées d'un pacte successoral peuvent être annulées déjà du vivant du disposant. Art. 521, titre marginal et al. 1 et 2

1 L’action se périme par un an à compter du jour où le demandeur a eu connaissance de la disposition et de la cause de nullité; dans tous les cas, par dix ans dès la date de l’ouverture de l’acte.

2 Elle ne se périme que par trente ans contre le défendeur de mauvaise foi. Art. 522, al. 1

1 Les héritiers qui ne reçoivent pas le montant de leur réserve ont l’action en réduction contre les acquisitions pour cause de mort qui excèdent la quotité disponible. Art. 523

Les acquisitions pour cause de mort faites par quelques-uns des héri-tiers réservataires et qui dépassent la quotité disponible sont réduc-tibles entre cohéritiers proportionnellement au montant de ce qui excède leur réserve. Art. 525

1 La réduction s'opère au marc le franc contre tous les bénéficiaires d'acquisitions pour cause de mort, si la disposition ne révèle pas une intention contraire de son auteur.

2 Sous cette même condition et si les acquisitions faites par une per-sonne chargée d’acquitter des legs ou des charges sont sujettes à réduction, cette personne peut demander que les legs et charges dont elle est débitrice soient proportionnellement réduits.

3 Dans les cas où ceux-ci ont déjà été acquittés, le réservataire agit directement contre les personnes en ayant bénéficié. Art. 526

1 Les acquisitions fondées sur des actes pour cause de mort postérieurs à un pacte successoral et ayant épuisé la quotité disponible sont ré-duites avant les acquisitions fondées sur ledit pacte.

III. Péremption

2. Acquisitions faites par des réservataires

II. Effets

1. En général

2. Cas particu-liers

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Code civil suisse (droit des successions) ...

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2 Sauf disposition contraire, l'acquisition pour cause de mort résultant de la loi est réduite avant celle résultant des dispositions pour cause de mort qui ne léseraient pas déjà la réserve. Art. 527, ch. 1 et 3

Sont sujettes à réduction comme les libéralités pour cause de mort:

1. les libéralités entre vifs faites à titre d’avancement d’hoirie, quand elles ne sont pas soumises au rapport;

3. celles que le disposant pouvait librement révoquer et celles qui sont exécutées dans les cinq années antérieures à son décès, à l'exception des présents d’usage;

Art. 528 al. 3

3 Lorsque le legs ou la libéralité entre vifs portant sur une chose dé-terminée qui ne peut être divisée sans perdre de sa valeur est soumis à réduction, la personne gratifiée tenue à restitution peut soit conserver ou obtenir la chose contre remboursement de l'excédent, soit réclamer le disponible. Art. 529

Abrogé Art. 533, titre marginal et al. 1

1 L’action en réduction se périme par un an à compter du jour où les héritiers connaissent la lésion de leur réserve et, dans tous les cas, par dix ans, qui courent, à l’égard des dispositions testamentaires, dès l’ouverture de l’acte et, à l’égard d’autres dispositions, dès que la succession est ouverte. Art. 541a

Les personnes qui, dans l’exercice de leur profession, disposaient de la confiance du défunt, de même que leurs proches, ne peuvent se voir attribuer, au total, plus d’un quart de sa succession par disposition pour cause de mort. Art. 555, al. 1

1 Lorsque l’autorité ignore si le défunt a laissé des héritiers ou lors-qu’elle n’a pas la certitude de les connaître tous, elle invite les ayants

IV. Péremption

c. Libéralités en faveur de personnes de confiance

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droit, par sommation dûment publiée, à faire leur déclaration d’héritier dans les six mois. Art. 559, al. 1

1 Après l’expiration du mois qui suit la communication aux intéressés, les héritiers institués dont les droits n’ont pas été expressément contes-tés par les héritiers légaux ou par les personnes gratifiées dans une disposition plus ancienne et les héritiers légaux peuvent réclamer de l’autorité un certificat d'héritier attestant de leur qualité d’héritiers. Toutes actions en constatation d'inexistence, en nullité, en annulation, en réduction et en pétition d’hérédité demeurent réservées. Art. 564

1 Les droits des créanciers du défunt et de la succession priment ceux des légataires.

2 Sur les biens provenant de la succession, les droits des légataires priment ceux des créanciers de l’héritier. Art. 578

1 Lorsqu’un héritier obéré répudie dans le but de porter préjudice à ses créanciers, ceux-ci ou la masse en faillite ont le droit d’attaquer en justice la répudiation dans les six mois qui suivent la répudiation.

2 L'action est dirigée contre la personne qui a répudié la succession et ceux auxquels profite la répudiation; elle est rejetée si des sûretés sont fournies.

3 Si la nullité de la répudiation est prononcée dans une succession où la personne qui a répudié la succession était héritier unique, il y a lieu à liquidation officielle. L'excédent actif est destiné à payer en pre-mière ligne les créanciers demandeurs, puis les autres créanciers; le solde revient aux héritiers en faveur desquels la répudiation avait eu lieu.

4 S'il y a plusieurs héritiers, la part de la personne qui a répudié la succession est représentée par l'autorité dans le partage en vue de la réalisation. Art. 579, al. 2

2 Aucune action n’est accordée aux créanciers en raison de libéralités servant à l'établissement dans la vie sociale ou économique.

3. Droits des créanciers

VII. Protection des droits des créanciers de l’héritier

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Code civil suisse (droit des successions) ...

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Art. 600

1 L’action en pétition d’hérédité se périme contre le possesseur de bonne foi par un an à compter du jour où le demandeur a eu connais-sance de son droit préférable et de la possession du défendeur; en tout cas, par dix ans, qui courent dès le décès ou dès l’ouverture du testa-ment.

2 Elle ne se périme que par trente ans contre le possesseur de mauvaise foi. Titre précédant l'art. 601a

Chapitre VI: Droit à l'information

Art. 601a

1 Quiconque peut faire valoir une prétention successorale a dès le décès le droit d'obtenir des successeurs et de tiers ayant géré, possédé ou reçu des valeurs du défunt des informations lui permettant d’établir l'étendue de ses droits.

2 Ce droit existe aussi longtemps qu'existe la prétention successorale.

3 Le droit à l'information des héritiers réservataires ne peut être sup-primé par testament; le secret professionnel ne peut être opposé aux personnes ayant droit à l'information. Art. 617

Les biens doivent être imputés sur les parts héréditaires à la valeur vénale qu’ils ont au moment du partage.

Art. 626, al. 2

2 Toute libéralité servant à l'établissement dans la vie sociale ou éco-nomique est considérée comme un avancement d’hoirie, à moins que le défunt n’en ait disposé autrement; est réservée la disposition con-cernant les dépenses faites pour l'éducation et l'instruction des enfants.

II

La loi du 18 juin 2004 sur le partenariat4 est modifiée comme suit:

4 RS 211.231

C. Péremption

Droit à l'infor-mation successo-rale

IV. Imputation

a. Valeur d’imputation

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Art. 31, al. 3

3 Sauf stipulation contraire, la dissolution ou l’introduction d’une procédure en dissolution entraîne la perte de la réserve du partenaire enregistré survivant aux mêmes conditions qu’un divorce ou que l’introduction d’une procédure de divorce.

III

1 La présente loi est sujette au référendum.

2 Le Conseil fédéral fixe la date de l’entrée en vigueur.

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Berne, Destinataires Partis politiques Associations faîtières des communes, des villes et des régions de montagne Associations faîtières de l’économie Autres milieux intéressés Révision du code civil (droit des successions) Ouverture de la procédure de consultation Madame, Monsieur, Nous avons l'avantage de vous soumettre pour avis l'avant-projet de révision du code civil (droit des successions) ainsi que le commentaire qui s'y rapporte, élaborés par l'Office fédéral de la justice.

L'avant-projet de révision du code civil (droit des successions) constitue la première réforme législative d'envergure en matière de droit des successions depuis l'entrée en vigueur du code civil suisse, le 1er janvier 1912. Le but principal de cette modifica-tion législative est de revoir et d'assouplir le droit des successions, notamment les dispositions sur la réserve, afin de l'adapter aux réalités sociales, familiales et démo-graphiques et aux modes de vie actuels. Le droit actuel doit cependant être maintenu dans sa substance, le rôle pérenne de la famille être préservé et le disposant rester libre de favoriser ses proches dans la mesure prévue par le droit en vigueur.

L'avant-projet prévoit de réduire les réserves héréditaires des descendants (de trois-quarts à une demie) et du conjoint survivant (d'une demie à un quart), ainsi que de supprimer la réserve des père et mère. Il sera ainsi offert une plus grande marge de manœuvre au disposant, qui pourra avantager de manière plus marquée les per-sonnes de son choix par disposition pour cause de mort, par exemple son partenaire de vie ou l'enfant de son conjoint. Il disposera également de plus de liberté pour tenir compte d'une situation particulière qui l'exigerait, par exemple dans le cadre de la transmission d'une entreprise.

En outre, il est également prévu d'introduire un legs d'entretien légal pour le parte-naire de vie ayant apporté un soutien important au défunt et qui en dépendrait pour conserver un niveau de vie convenable, ainsi que pour la personne ayant vécu cinq ans durant sa minorité avec le défunt et bénéficié d'un soutien financier de celui-ci (p. ex. l'enfant du conjoint). Ce legs d'entretien est une nouveauté en droit suisse et vise à apporter une réponse satisfaisante aux situations difficiles que pourraient rencon-trer suite à son décès les personnes qui vivaient avec le défunt et en dépendaient financièrement.

Département fédéral de justice et police DFJP

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2/2

L'avant-projet aborde aussi la question du traitement en droit des successions des prestations touchées au titre de la prévoyance professionnelle (deuxième pilier) et privée liée (troisième pilier a) du défunt, qu'il est envisagé d'exclure expressément de la succession, et des prestations découlant d'une assurance-vie du défunt, qu'il est prévu de prendre en compte intégralement dans la succession alors qu'aujourd'hui seule la valeur de rachat y est comprise. Il apporte des nouveautés en matière de droit à l'information des héritiers, de captation d'héritage et de réserve du conjoint ou du partenaire enregistré en cas de décès durant la procédure de divorce ou de disso-lution. Il prévoit de plus l'élargissement des formes de testaments d'urgence au tes-tament audiovisuel.

Finalement, l'avant-projet traite de différents points sujets à discussion dans le droit actuel, notamment le raccourcissement du délai d'annonce lors de l'appel aux héri-tiers, de la surveillance de l'exécuteur testamentaire et du délai de prescription à l'encontre des défendeurs de mauvaise foi. Il aborde également nombre de questions techniques, terminologiques et de détail dans l'espoir d'apporter des améliorations utiles en pratique.

Indépendamment de cette révision, l'Office fédéral de la justice étudie actuellement l'opportunité de réviser également les normes de droit des successions de la loi fédé-rale sur le droit international privé (RS 291), notamment à la lumière du règlement UE sur les successions entré en vigueur en 2015.

Au vu de cet avant-projet, le 4 mars 2016, le Conseil fédéral a chargé le Départe-ment fédéral de justice et police de consulter les cantons, les partis politiques, les associations faîtières des communes, des villes et des régions de montagne qui œu-vrent au niveau national, les associations faîtières de l’économie qui œuvrent au ni-veau national et les autres milieux intéressés sur le projet de révision du code civil concernant le droit des successions.

Nous nous efforçons de publier les documents sous une forme accessible aux per-sonnes handicapées, conformément à la loi sur l’égalité pour les handicapés (LHand ; RS 151.3). Nous vous prions donc de nous faire parvenir votre prise de po-sition dans la limite du délai imparti, si possible par voie électronique (une version Word en plus d’une version PDF serait la bienvenue), à l’adresse électronique sui-vante : [email protected], jusqu'au 20 juin 2016.

Vous pouvez également télécharger l’ensemble des documents à l’adresse sui-vante : http://www.admin.ch/ch/f/gg/pc/pendent.html.

Pour toute question ou information supplémentaire, M. Alexandre Brodard, Collabo-rateur Scientifique, se tient volontiers à votre disposition (tél. 058 465 88 61).

En vous remerciant d'avance de votre prise de position, nous vous prions d’agréer, Madame, Monsieur, l’expression de notre considération distinguée. Simonetta Sommaruga Conseillère fédérale

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Änderung des Schweizerischen Zivilgesetzbuches (Erbrecht) / Modification du code civil (droit des successions) / Modifica del codice civile (diritto successorio) Eröffnung des Vernehmlassungsverfahrens / Ouverture de la procédure de consultation / Apertura della procedura di consultazione Adressatenliste / Liste des destinataires / Elenco dei destinatari

1. Kantone / Cantons / Cantoni

Staatskanzlei des Kantons Zürich Kaspar Escher-Haus 8090 Zürich [email protected]

Staatskanzlei des Kantons Bern Postgasse 68 Postfach 840 3000 Bern 8 [email protected]

Staatskanzlei des Kantons Luzern Bahnhofstrasse 15 6002 Luzern [email protected]

Standeskanzlei des Kantons Uri Postfach 6460 Altdorf [email protected]

Staatskanzlei des Kantons Schwyz Postfach 6431 Schwyz [email protected]

Staatskanzlei des Kantons Obwalden Rathaus Postfach 1562 6061 Sarnen [email protected]

Staatskanzlei des Kantons Nidwalden Dorfplatz 2 Postfach 1246 6371 Stans [email protected]

Regierungskanzlei des Kantons Glarus Rathaus 8750 Glarus [email protected]

Staatskanzlei des Kantons Zug Postfach 156 6301 Zug [email protected]

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Chancellerie d'Etat du Canton de Fribourg Rue des Chanoines 17 1701 Fribourg [email protected]

[email protected]

Staatskanzlei des Kantons Solothurn Rathaus Barfüssergasse 24 4509 Solothurn [email protected]

Staatskanzlei des Kantons Basel-Stadt Marktplatz 9 Postfach 4001 Basel [email protected]

Landeskanzlei des Kantons Basel-Landschaft Rathausstrasse 2 4410 Liestal [email protected]

Staatskanzlei des Kantons Schaffhausen Beckenstube 7 8200 Schaffhausen [email protected]

Kantonskanzlei des Kantons Appenzell Ausserrhoden Regierungsgebäude Postfach 9102 Herisau [email protected]

Ratskanzlei des Kantons Appenzell Innerrhoden Marktgasse 2 9050 Appenzell [email protected]

Staatskanzlei des Kantons St. Gallen Regierungsgebäude 9001 St. Gallen [email protected]

Standeskanzlei des Kantons Graubünden Reichsgasse 35 7001 Chur [email protected]

Staatskanzlei des Kantons Aargau Regierungsgebäude 5001 Aarau [email protected]

Staatskanzlei des Kantons Thurgau Regierungsgebäude 8510 Frauenfeld [email protected]

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Cancelleria dello Stato del Cantone Ticino Residenza Governativa 6501 Bellinzona [email protected]

Chancellerie d’Etat du Canton de Vaud Château cantonal 1014 Lausanne [email protected]

Chancellerie d’Etat du Canton du Valais Palais du Gouvernement 1950 Sion [email protected]

Chancellerie d’Etat du Canton de Neuchâtel Château 2001 Neuchâtel [email protected]

Chancellerie d’Etat du Canton de Genève Case postale 3964 1211 Genève 3 [email protected]

Chancellerie d’Etat du Canton du Jura 2, rue de l’Hôpital 2800 Delémont [email protected]

Konferenz der Kantonsregierungen (KdK) Conférence des gouvernements cantonaux (CdC) Conferenza dei Governi cantonali (CdC)

Sekretariat Haus der Kantone Speichergasse 6 Postfach 3388 3000 Bern [email protected]

2. In der Bundesversammlung vertretene politische Parteien / Partis politiques représentés à l'Assemblée fédérale / Partiti rappresentati nell' Assemblea federale

Bürgerlich-Demokratische Partei BDP Parti bourgeois-démocratique PBD Partito borghese democratico PBD

BDP Schweiz Postfach 119 3000 Bern 6 [email protected]

Christlichdemokratische Volkspartei CVP Parti démocrate-chrétien PDC Partito popolare democratico PPD

Postfach 5835 3001 Bern [email protected]

Christlich-soziale Partei Obwalden csp-ow Frau Linda Hofmann St. Antonistrasse 9 6000 Sarnen [email protected]

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Christlichsoziale Volkspartei Oberwallis Geschäftsstelle CSPO Postfach 3930 Visp [email protected]

Evangelische Volkspartei der Schweiz EVP Parti évangélique suisse PEV Partito evangelico svizzero PEV

Nägeligasse 9 Postfach 294 3000 Bern 7 [email protected]

FDP. Die Liberalen PLR. Les Libéraux-Radicaux PLR.I Liberali Radicali

Sekretariat Fraktion und Politik Neuengasse 20 Postfach 6136 3001 Bern [email protected]

[email protected]

Grüne Partei der Schweiz GPS Parti écologiste suisse PES Partito ecologista svizzero PES

Waisenhausplatz 21 3011 Bern [email protected]

Grünliberale Partei glp Parti vert’libéral pvl

Laupenstrasse 2 3008 Bern [email protected]

Lega dei Ticinesi (Lega) Lega dei Ticinesi Via Monte Boglia 3 6900 Lugano [email protected]

Mouvement Citoyens Romand (MCR) c/o Mouvement Citoyens Genevois (MCG) CP 340 1211 Genève 17 [email protected]

Partei der Arbeit PDA Parti suisse du travail PST

Postfach 8721 8036 Zürich [email protected]

Schweizerische Volkspartei SVP Union Démocratique du Centre UDC Unione Democratica di Centro UDC

Postfach 8252 3001 Bern [email protected]

Sozialdemokratische Partei der Schweiz SPS Parti socialiste suisse PSS Partito socialista svizzero PSS

Postfach 3001 Bern [email protected]

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3. Gesamtschweizerische Dachverbände der Gemeinden, Städte und Berggebiete / Associations faîtières des communes, des villes et des régions de montagne qui œuvrent au niveau national / Associazioni mantello nazionali dei Comuni delle città e delle regioni di montagna

Schweizerischer Gemeindeverband Laupenstrasse 35 Postfach 8022 3001 Bern [email protected]

Schweizerischer Städteverband Monbijoustrasse 8 Postfach 8175 3001 Bern [email protected]

Schweizerische Arbeitsgemeinschaft für die Berggebiete Postfach 7836 3001 Bern [email protected]

4. Gesamtschweizerische Dachverbände der Wirtschaft / Associations faîtières de l'économie qui œuvrent au niveau national / Associazioni mantello nazionali dell'economia

economiesuisse Verband der Schweizer Unternehmen Fédération des entreprises suisses Federazione delle imprese svizzere Swiss business federation

Postfach 8032 Zürich [email protected]

[email protected]

Schweizerischer Gewerbeverband (SGV) Union suisse des arts et métiers (USAM) Unione svizzera delle arti e mestieri (USAM)

Postfach 3001 Bern [email protected]

Schweizerischer Arbeitgeberverband Union patronale suisse Unione svizzera degli imprenditori

Hegibachstrasse 47 Postfach 8032 Zürich [email protected]

Schweiz. Bauernverband (SBV) Union suisse des paysans (USP) Unione svizzera dei contadini (USC)

Haus der Schweizer Bauern Laurstrasse 10 5200 Brugg [email protected]

Schweizerische Bankiervereinigung (SBV) Association suisse des banquiers (ASB) Associazione svizzera dei banchieri (ASB) Swiss Bankers Association

Postfach 4182 4002 Basel [email protected]

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Schweiz. Gewerkschaftsbund (SGB) Union syndicale suisse (USS) Unione sindacale svizzera (USS)

Postfach 3000 Bern 23 [email protected]

Kaufmännischer Verband Schweiz Société suisse des employés de commerce Società svizzera degli impiegati di commercio

Postfach 1853 8027 Zürich [email protected]

[email protected]

Travail.Suisse Postfach 5775 3001 Bern [email protected]

5. Weitere interessierte Kreise / autres milieux concernés / altri ambienti interessati

alliance F Bund Schweizerischer Frauenorganisationen

Spitalgasse 24 3011 Bern

Association suisse des assurés ASSUAS Avenue Vibert 19 1227 Carouge

Berner Fachhochschule BFH Falkenplatz 24 3012 Bern [email protected]

Centre patronal Case postale 1215 1001 Lausanne

Centrum für Familienwissenschaften Peter Merian-Weg 8 Postfach 4002 Basel

Coordination romande des organisations paternelles Case postale 45 1852 Roche

Demokratische Juristinnen und Juristen Schweiz Schwanengasse 9 3011 Bern

Fachhochschule Les Roches-Gruyère Rue de l'Ondine 20 1630 Bulle [email protected]

Fachhochschule Ostschweiz FHO Direktion

Bogenstrasse 7 9000 St. Gallen [email protected]

Fachhochschule Westschweiz Haute école spécialisée de la Suisse occidentale HES-SO

Rue de la Jeunesse 1 Case postale 452 2800 Delémont [email protected]

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Fachhochschule Zentralschweiz FHZ Hochschule Luzern

Werftestrasse 4 Postfach 2969 6002 Luzern [email protected]

Fachhoschschule Nordwestschweiz FHNW Bahnhofstrasse 6 5210 Windisch

Genève Place Financière Cours de Rive 10 Case postale 3237 1211 Genève 3

Institut für Sozialethik Sulgenauweg 26 3007 Bern

Juristinnen Schweiz Dr. Alice Reichmuth Pfammatter Oberer Steisteg 18 Postfach 148 6431 Schwyz

Kalaidos Fachhochschule Jungholzstrasse 43 8050 Zürich [email protected]

Konferenz der kantonalen Finanzdirektoren Haus der Kantone Speichergasse 6 Postfach 3001 Bern

Lesbenorganisation Schweiz LOS Monbijoustrasse 73 3007 Bern

männer.ch Tulpenweg 7 4153 Reinach BL

MyHappyEnd z.H. Beatrice Gallin Steinbockgasse 5 8001 Zürich

Pink Cross Monbijoustrasse 73 Postfach 1100 3000 Bern 23

Pro Familia Marktgasse 36 3011 Bern

Pro Juventute Thurgauerstrasse 39 8050 Zürich

Schweizerische Akademie der Geistes- und Sozialwissenschaft SAGW

Hirschengraben 11 Postfach 8160 3001 Bern

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Schweizerische Gemeinnützige Gesellschaft Schaffhauserstr. 7 8042 Zürich 6

Schweizerische Vereinigung der Elternorganisationen SVEO Signalstrasse 8 5000 Aarau

Schweizerische Vereinigung der Richterinnen und Richter SVR-ASM c/o Mia Fuchs, Bundesverwaltungsgericht

Postfach 9023 St. Gallen

Schweizerischer Anwaltsverband SAV Marktgasse 4 Postfach 8321 3001 Bern

Schweizerischer Bäuerinnen - und Landfrauenverband Laurstr. 10 5201 Brugg

Schweizerischer Juristenverein c/o Ch. L. Friedli

Postfach 1771 8021 Zürich

Schweizerischer Katholischer Frauenbund Kasernenplatz 1 Postfach 7854 6000 Luzern 7

Schweizerischer Notarenverband Tavelweg 2 3074 Muri

Schweizerischer Pensionskassenverband ASIP Kreuzstrasse 26 8008 Zürich

Schweizerischer Verband der Friedensrichter und Vermittler c/o Friedensgericht des Seebezirks Claudine Lerf-Vonlanthen, Friedensrichterin

Rathausgasse 6-8 3280 Murten

Schweizerischer Verband für Frauenrechte SVF Association Suisse pour les droits de la femme ADF adf-svf

Postfach 2206 4001 Basel

Schweizerischer Verband für Seniorenfragen Geschäftsstelle / Sekretariat

Postfach 45 4153 Reinach BL

Schweizerischer Versicherungsverband C.F. Meyer-Strasse 14 Postfach 4288 8022 Zürich

Scuola universitaria professionale della Svizzera italiana SUPSI

Le Gerre 6928 Manno [email protected]

Universität Basel Juristische Fakultät

Peter Merian-Weg 8 Postfach 4002 Basel

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Universität Bern Rechtswissenschaftliche Fakultät

Schanzeneckstr. 1 Postfach 8573 3001 Bern

Universität Freiburg Rechtswissenschaftliche Fakultät

Miséricorde 1700 Freiburg

Universität Luzern Rechtswissenschaftliche Fakultät Dekanat

Frohburgstrasse 3 Postfach 4466 6002 Luzern

Universität St. Gallen Rechtswissenschaftliche Fakultät

Dufourstr. 50 9000 St. Gallen

Universität Zürich Rechtswissenschaftliche Fakultät

Rämistr. 74/2 8001 Zürich

Université de Genève Faculté de droit

40, bd du Pont-d'Arve 1211 Genève 4

Université de Lausanne Faculté de droit

BFSH 1 1015 Lausanne

Université de Neuchâtel Faculté de droit et des sciences économiques

Avenue du 1er mars 26 2000 Neuchâtel

Verband Schweizerischer Kantonalbanken Postfach 4002 Basel

Verband Schweizerischer Vermögensverwalter VSV Bahnhofstrasse 35 8001 Zürich

Vereinigung Schweizerischer Privatbankiers Case postale 5639 1211 Genève 11

Zürcher Fachhochschule ZFH Walchetor 8090 Zürich [email protected]

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Département fédéral de justice et police DFJP

Office fédéral de la justice OFJ Domaine de direction Droit privé

10 mai 2017

Révision du Code civil (Droit des successions)

Synthèse des résultats de la procédure de consultation

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Table des matières

1 En général ...................................................................................................................... 6

2 Liste des participants.................................................................................................... 6

3 Objet de la consultation (avant-projet) ........................................................................ 7

4 Remarques générales sur l'avant-projet ...................................................................... 7

4.1 Accord global à l’avant-projet ................................................................................. 7 4.2 Refus global de l’avant-projet ................................................................................. 8 4.3 Demande de renvoi à une commission d’experts ................................................... 8 4.4 Demande de remettre à plus tard la révision du droit des successions .................. 8 4.5 Eléments non-traités dans l’avant-projet ................................................................ 8 4.6 Autres remarques générales .................................................................................. 8

4.6.1 Langage épicène ........................................................................................ 8 4.6.2 Statistiques ................................................................................................. 8

5 Commentaires relatifs aux différentes propositions .................................................. 9

5.1 Réduction des réserves ......................................................................................... 9 5.1.1 En général .................................................................................................. 9 5.1.2 Réduction de la réserve des enfants (de 3/4 à 1/2) ................................... 12 5.1.3 Réduction de la réserve du conjoint survivant (de 1/2 à 1/4) ..................... 13 5.1.4 Suppression de la réserve des père et mère (de 1/4 à 0) ......................... 15 5.1.5 Commentaires spécifiques à la formulation de l’art. 471 AP-CC ............... 16

5.2 Instauration d’un legs d’entretien ......................................................................... 16 5.2.1 En général ................................................................................................ 16 5.2.2 Commentaires spécifiques à la formulation de l’art. 484a AP-CC ............. 24

Art. 484a, al. 1 AP-CC ............................................................................................. 24 Art. 484a, al. 2 AP-CC ............................................................................................. 25 Art. 484a, al. 3 AP-CC ............................................................................................. 26

5.3 Attribution supplémentaire au conjoint survivant par contrat de mariage .............. 26 5.3.1 En général ................................................................................................ 26 5.3.2 Commentaires spécifiques à la formulation de l’art. 494, al. 4 AP-CC ...... 28

5.4 Usufruit du conjoint survivant ............................................................................... 29 5.4.1 En général ................................................................................................ 29 5.4.2 Commentaires spécifiques à la formulation de l’art. Art. 473 AP-CC......... 30

5.5 Qualité d'héritier réservataire du conjoint (ou du partenaire enregistré) en cas de décès pendant la procédure de divorce (ou de dissolution) ............................. 30 5.5.1 En général ................................................................................................ 31 5.5.2 Commentaires spécifiques à la formulation des articles concernés .......... 33

Art. 120, al. 2 AP-CC ............................................................................................... 33 Art. 472 AP-CC ........................................................................................................ 33

5.6 Prévoyance privée liée, prévoyance professionnelle et assurance-vie ................. 34 5.6.1 En général ................................................................................................ 34 5.6.2 Assurance-vie ........................................................................................... 35 5.6.3 Prévoyance privée liée et prévoyance professionnelle ............................. 36 5.6.4 Commentaires spécifiques à la formulation des articles concernés .......... 38

Art. 476, al. 1 AP-CC ............................................................................................... 38 Art. 476, al. 2 AP-CC ............................................................................................... 38 Art. 529 AP-CC ........................................................................................................ 39

5.7 Captation d'héritage ............................................................................................. 39 5.7.1 En général ................................................................................................ 39

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5.7.2 Commentaires spécifiques à la formulation de l’art. 541a AP-CC ............. 42

5.8 Droit à l'information successorale......................................................................... 42 5.8.1 En général ................................................................................................ 42 5.8.2 Commentaires spécifiques à la formulation de l’art. 601a AP-CC ............. 45

5.9 Rapport et réduction ............................................................................................ 46 5.9.1 En général ................................................................................................ 46 5.9.2 Commentaires spécifiques à la formulation des articles concernés .......... 48

Art. 527, ch. 1 et 3 AP-CC ....................................................................................... 48 Art. 626, al. 2 AP CC ............................................................................................... 48

5.10 Réduction indirecte .............................................................................................. 49 5.10.1 En général ................................................................................................ 50 5.10.2 Commentaires spécifiques à la formulation de l’art. 525, al. 2 et 3 AP-CC 50

5.11 Ordre des réductions ........................................................................................... 50 5.11.1 En général ................................................................................................ 51 5.11.2 Commentaires spécifiques à la formulation des articles concernés .......... 52

Art. 522, al. 1 AP-CC ............................................................................................... 52 Art. 523 AP-CC ........................................................................................................ 52 Art. 525, al. 1 AP-CC ............................................................................................... 53 Art. 526, al. 1 et 2 AP-CC ........................................................................................ 53 Art. 528 al. 3 AP-CC ................................................................................................ 54

5.12 Délai de l’action en nullité contre les défendeurs de mauvaise foi ........................ 54 5.12.1 En général ................................................................................................ 54 5.12.2 Commentaires spécifiques à la formulation des articles concernés .......... 55

Art. 521 AP-CC ........................................................................................................ 55 Art. 533 AP-CC ........................................................................................................ 55 Art. 600 AP-CC ........................................................................................................ 55

5.13 Surveillance des exécuteurs testamentaires et certificats d’exécuteur testamentaire et d’héritier ..................................................................................... 55 5.13.1 En général ................................................................................................ 56 5.13.2 Commentaires spécifiques à la formulation des articles concernés .......... 57

Art. 517, al. 3 AP-CC ............................................................................................... 57 Art. 518, al. 4 AP-CC ............................................................................................... 57 Art. 559, al. 1 AP-CC ............................................................................................... 57

5.14 Administration officielle suite à répudiation d’un héritier obéré ............................. 58 5.14.1 En général ................................................................................................ 58 5.14.2 Commentaires spécifiques à la formulation de l’article 578 AP-CC ........... 59

5.15 Testament d’urgence audiovisuel ......................................................................... 59 5.15.1 En général ................................................................................................ 59 5.15.2 Commentaires spécifiques à la formulation des articles concernés .......... 60

Art. 506 AP-CC ........................................................................................................ 60 Art. 507 AP-CC ........................................................................................................ 61 Art. 508 AP-CC ........................................................................................................ 61

5.16 Rédaction épurée des art. 469, 482, 499 et 503 CC ............................................ 61 5.16.1 En général ................................................................................................ 61 5.16.2 Commentaires spécifiques à la formulation des articles concernés .......... 62

Art. 469 AP-CC ........................................................................................................ 62 Art. 499 AP-CC ........................................................................................................ 62 Art. 503 AP-CC ........................................................................................................ 62 Art. 519, al. 2 et 3 AP-CC ........................................................................................ 62

5.17 Priorité au légataire face aux créanciers de l’héritier débiteur du legs .................. 62 5.17.1 En général ................................................................................................ 63

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5.17.2 Commentaires spécifiques à la formulation de l’art. 564 AP-CC ............... 64

5.18 Principe de la valeur vénale au moment du partage ............................................. 64 5.19 Délai raccourci pour l’appel public aux héritiers ................................................... 64 5.20 Toilettage de l'art. 579, al. 2 CC en lien avec la modification de l’art. 626, al. 2

CC ....................................................................................................................... 64 5.20.1 En général ................................................................................................ 65 5.20.2 Commentaires spécifiques à la formulation de l’art. 579, al. 2 AP-CC ..... 65

6 Eléments non-traités dans l’avant-projet ................................................................... 66

6.1 Modification du droit de succession du conjoint survivant .................................... 66 6.2 Succession et mort numérique ............................................................................. 66 6.3 Clauses d’arbitrage testamentaires ...................................................................... 66 6.4 Précisions concernant les dettes déductibles de la succession ............................ 66 6.5 Prise en compte des libéralités rapportables dans la masse de calcul des

réserves ............................................................................................................... 67 6.6 Efficacité des dispositions pour cause de mort limitée dans le temps................... 67 6.7 Possibilité d’instituer l’enfant de son conjoint comme héritier au même titre que

ses propres enfants ............................................................................................. 67 6.8 Descendant incapable de discernement et substitution fidéicommissaire ............ 67 6.9 Actes de disposition inconciliables avec les engagements d’un pacte

successoral .......................................................................................................... 67 6.10 Suppression des témoins pour le testament public et le pacte successoral ......... 67 6.11 Allègement de la forme olographe pour le testament et le mandat pour cause

d’inaptitude .......................................................................................................... 68 6.12 Testament public comme forme qualifiée de testament........................................ 68 6.13 Précision de la position, des droits et des devoirs de l’exécuteur testamentaire ... 68 6.14 Limitation des honoraires des exécuteurs testamentaires .................................... 68 6.15 Indication de la date dans les dispositions pour cause de mort ............................ 68 6.16 Nouvelle ouverture du testament antérieur après invalidation du testament

postérieur ............................................................................................................. 68 6.17 Définition des conditions d’exercice de l’exception de nullité et de la réduction .... 69 6.18 Réductibilité des clauses de substitution .............................................................. 69 6.19 Communication et ouverture des pactes successoraux et contrats de mariage

avec effets sur la succession ............................................................................... 69 6.20 Prolongation du délai d’ouverture des testaments ................................................ 69 6.21 Clarification du statut juridique de l’héritier virtuel................................................. 69 6.22 Prolongation et point de départ du délai de répudiation ....................................... 70 6.23 Part de succession de l’héritier ayant répudié ...................................................... 70 6.24 Liquidation officielle en cas de répudiation par tous les héritiers institués ............ 70 6.25 Solde de liquidation après répudiation ................................................................. 70 6.26 Protection des créanciers et pacte de renonciation .............................................. 71 6.27 Prolongation du délai pour réclamer un bénéfice d’inventaire .............................. 71 6.28 Suppression du principe de l’unanimité dans les décisions de la communauté

héréditaire ............................................................................................................ 71 6.29 Qualité pour agir en pétition d’hérédité et en partage de l’exécuteur

testamentaire ....................................................................................................... 71 6.30 Distinction entre action en pétition d’hérédité et actions particulières ................... 71 6.31 Désignation par l’autorité d’un représentant de la succession avec pouvoir limité 72 6.32 Conclusions et délai de l’action en partage .......................................................... 72 6.33 Précision concernant l’objet de l’obligation de rapport .......................................... 72 6.34 Débiteurs de l’obligation de rapport ...................................................................... 72 6.35 Conjoint survivant comme créancier de l’obligation de rapport ............................. 72 6.36 Rapport en cas d’incapacité ou de répudiation ..................................................... 72 6.37 Particularités de l’action en rapport ...................................................................... 73 6.38 Précision de l’obligation de rapport des dépenses d’éducation et d’instruction

des enfants .......................................................................................................... 73

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6.39 Indemnité équitable pour les enfants non élevés ou infirmes ............................... 73 6.40 Ouverture du partenariat enregistré aux personnes de sexe opposé ................... 73 6.41 Avances d’hoirie et aide sociale ........................................................................... 73 6.42 Dédommagement pour soins apportés ................................................................ 73 6.43 Assouplissement des règles sur les fondations de famille ou introduction d’un

trust de droit suisse .............................................................................................. 74 6.44 Rapports entre trust et prétentions réservataires.................................................. 74 6.45 Registre central des testaments ........................................................................... 74 6.46 Capacité de discernement du testateur ................................................................ 74 6.47 Coût des procédures judiciaires et accès à la justice ........................................... 74 6.48 Unification de l’organisation judiciaire et de la procédure ..................................... 75 6.49 Transmission d’entreprises par succession .......................................................... 75 6.50 Unification de l’impôt sur les successions ............................................................ 75 6.51 Harmonisation fiscale des transmissions d’entreprises ........................................ 76 6.52 Révocation de donations par les proches du donateur ......................................... 76 6.53 Droit transitoire .................................................................................................... 76 6.54 Autres éléments à étudier .................................................................................... 76

7 Accès aux avis ............................................................................................................ 77

Anhang / Annexe / Allegato ............................................................................................... 78

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Résumé La révision proposée a pour but de moderniser le droit des successions. Elle est centrée

principalement sur une révision des réserves héréditaires permettant d’augmenter la liberté

de disposer du testateur, et sur la création d’un legs d’entretien en faveur du partenaire de

vie de fait qui aurait fourni des prestations importantes dans l’intérêt du défunt ou d’un mi-

neur faisant ménage commun avec le défunt et que celui-ci aurait soutenu financièrement.

L’avant-projet de révision du droit des successions a été globalement bien accueilli par les

différents intervenants à la consultation. L’augmentation de la liberté de disposer du testateur

est très largement soutenue, même si la question de la baisse de la réserve du conjoint ou

du partenaire enregistré survivant est sujette à discussion. Le legs d’entretien, nouveauté en

droit successoral, a quant à lui reçu un accueil plus différencié. Si beaucoup le considèrent

comme une avancée nécessaire pour répondre à l’évolution de la société, d’autres sont

sceptiques quant à sa nécessité et ses modalités.

Les autres modifications ou innovations proposées, souvent plus techniques et abordant des

sujets complexes, ont également été bien accueillies dans leur globalité. Nombre d’entre

elles ont cependant fait l’objet de critiques détaillées, principalement de la part des scienti-

fiques et des praticiens.

Finalement, il a été formulé de nombreuses nouvelles propositions de modifications non

abordées dans l’avant-projet. Ces propositions, l’importance et la complexité du sujet, ainsi

que les critiques émises justifieraient selon certains un renvoi de l’avant-projet à une com-

mission d’experts.

1 En général

La procédure de consultation relative à l’avant-projet de révision du code civil (droit des suc-cessions) a eu lieu du 11 mars au 20 juin 2016. Les cantons, les partis politiques représen-tés à l'Assemblée fédérale, les associations faîtières des communes, des villes et des ré-gions de montagnes et de l'économie qui œuvrent au niveau national ainsi que d'autres or-

ganisations intéressées ont été invitées à se prononcer.

Les 99 avis rendus sont accessibles sur le site de l’Office fédéral de la justice (OFJ)1. Ils se répartissent de la manière suivante :

Cantons : 25 ; Partis représentés à l’Assemblée fédérale : 6 ; Organisations : 46 ; Universités : 7 ; Particuliers : 15.

Un canton2 et 4 organisations ont renoncé3 expressément à formuler un avis.

2 Liste des participants

Une liste des cantons, des partis, des organisations et des particuliers qui ont pris part à la consultation figure en annexe.

1 https://www.bj.admin.ch/bj/fr/home/gesellschaft/gesetzgebung/erbrecht.html. 2 NW, qui soutient toutefois l’orientation de l’avant projet. 3 CCDJP; HES-SO; UVS; ZFH.

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3 Objet de la consultation (avant-projet)

L’avant-projet vise à mettre en oeuvre le mandat parlementaire de revoir et d’assouplir le

droit des successions afin qu’il réponde aux exigences actuelles, volonté exprimée par

l’acceptation de la Motion du Conseiller national Gutzwiller intitulée « Moderniser le droit des successions »4.

La révision proposée est centrée sur une réduction de la réserve légale, réduction qui laisse au de cujus une plus grande marge de manœuvre pour disposer de ses biens et favoriser d'avantage les personnes de son choix par la voie d’une disposition pour cause de mort – par exemple un compagnon ou une compagne, les enfants que son partenaire a eus d’une

autre union, ou le repreneur de son entreprise. Elle renonce à accorder à d’autres personnes

le statut d’héritier légal ou réservataire.

En outre, l’avant-projet propose la création d’un « legs d’entretien », au profit d’un partenaire

de vie de fait ou d’un enfant mineur, à des conditions précises définies par loi.

Enfin, il apporte différentes modifications et nouveautés législatives, sur des thèmes parfois très techniques. Celles-ci visent à combler des lacunes législatives, trancher des querelles doctrinales et apporter des clarifications où cela semble nécessaire.

4 Remarques générales sur l'avant-projet

De manière générale, on peut classer les prises de position en trois catégories principales : celles soutenant l’avant-projet du Conseil fédéral (intégralement ou dans ses grandes lignes), celles le rejetant dans son ensemble, et celles demandant qu’il soit renvoyé à une

commission d’experts pour être amélioré, notamment sur les points les plus techniques.

Toutes les prises de position ne mentionnent toutefois pas clairement un soutien ou un dé-saccord avec l’avant-projet. De nombreuses prises de position contiennent des remarques ou propositions de modifications de différents points traités. Celles-ci seront abordées dans le chapitre suivant relatif aux commentaires détaillés des différentes propositions.

4.1 Accord global à l’avant-projet

Il ressort de la consultation que 19 cantons5, 2 partis politiques6, 9 organisations7 et 4 parti-culiers8 soutiennent l’avant-projet proposé par le Conseil fédéral, intégralement ou dans ces grandes lignes, principalement pour les motifs exposés dans le rapport explicatif.

1 canton9, 3 partis politiques10, 3 organisations11 et 3 particuliers12 soutiennent de leur côté la direction voulue par l’avant-projet et se montrent plutôt positifs à son égard, ou souhaite-raient qu’il aille encore plus loin que ce qui est proposé.

4 10.3524 « Moderniser le droit des successions » ; https://www.parlament.ch/fr/ratsbetrieb/suche-curia-

vista/geschaeft?AffairId=20103524 5 AG; AI; AR; BE; BL; BS; FR; GE; GL; JU; LU; OW; SH; SZ; TG; TI; UR; ZG; ZH. 6 PBD; PS. 7 CSA; economiesuisse; FPS; MyHappyEnd; Network; OdA GE; Pink Cross; SKF; USPF. 8 Achermann; Guth; Marberger; Unternährer. 9 GR. 10 PDC; PLR; PVL. 11 FER; JuCH; USAM. 12 Gysin; Lauterbach; Sahin.

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4.2 Refus global de l’avant-projet

1 canton13, 1 parti politique14 et 2 organisations15 rejettent l’avant-projet dans son ensemble. Celui-ci contribuerait selon eux à affaiblir ou dévaloriser la famille et il n’y aurait pas de né-cessité de modifier le droit en vigueur, qui a fait ses preuves.

4.3 Demande de renvoi à une commission d’experts

Selon nombre d’organisations et particuliers spécialistes du domaine16, l’avant-projet ne se-rait pas suffisamment abouti et nécessite impérativement d’être retravaillé ou repensé par

une commission d’experts issus du milieu académique et professionnel, avant d’être soumis

aux Chambres fédérales. Les critiques émises portent principalement sur des aspects très techniques et complexes, mais fondamentaux, du droit successoral et non sur les choix poli-tiques.

4.4 Demande de remettre à plus tard la révision du droit des successions

1 parti politique17 juge indispensable de coordonner la révision du droit des successions avec la révision du droit de la famille en cours et d’attendre éventuellement la fin de cette révision,

respectivement du traitement des interventions concernées, avant de commencer la révision du droit des successions.

4.5 Eléments non-traités dans l’avant-projet

Différents participants ont émis le regret que nombre de sujets n’aient pas été abordés par

l’avant-projet de révision ou demandé expressément qu’ils soient traités dans la révision en

cours. Ceux-ci font l’objet du chapitre 6 ci-dessous.

4.6 Autres remarques générales

4.6.1 Langage épicène

Le fait de mentionner le masculin et le féminin ainsi que le mariage et le partenariat enregis-tré par souci du politiquement correct alourdirait le texte de loi et le rendrait mois facilement lisible. Il conviendrait de mentionner dans un seul article que « le partenariat enregistré est assimilé au mariage) pour que cela vaille pour l’ensemble du droit des successions18.

4.6.2 Statistiques

Il est regretté l’absence de statistiques genrées dans l’avant-projet, qui permettraient d’illustrer la réalité, en particulier concernant la situation financière des conjoints et parte-naires de fait survivants19.

13 VS. 14 UDC. 15 Uni BE; USP. 16 bavaab (p. 5); COFF (p. 3); FSN (p. 11); NK BS (p. 1); successio (p. 3, 15); Uni BE (p. 21); Uni BS (p. 32); Uni FR (p. 1); Uni

ZH (p. 3); WengerPlattner (p. 15); Baddeley (p. 15 ); Schuler (p. 1). 17 PLR (p. 1). 18 SZ (p. 2). 19 CSDE (p. 1).

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5 Commentaires relatifs aux différentes propositions

5.1 Réduction des réserves

La proposition générale de réduction des réserves a été globalement très bien accueillie.

De manière générale, 16 cantons20, 3 partis politiques21, 19 organisations22 et 5 particuliers23 y sont favorables. 1 canton24, 1 parti politique25, 2 organisations26 et 2 particuliers27 y sont plutôt favorables. 3 cantons28, 1 parti politique29, 3 organisations30 et 1 particulier31 y sont opposés ou plutôt opposés.

5.1.1 En général

Arguments positifs

La diminution des réserves et l’augmentation de la quotité disponible qui en résultent

offriront une plus grande liberté et une plus grande marge de manœuvre au disposant32.

La transmission d’entreprises ou d’autres patrimoines formant une unité sera facilitée, ce

qui est positif pour l’économie33.

La situation des enfants nés hors mariage ou d’une précédente relation, des conjoints

ou des partenaires enregistrés survivants, ainsi que la génération des petits-enfants s’en

verra améliorée, afin de correspondre à la réalité sociale actuelle34.

L’assouplissement proposé est une solution équilibrée entre une libéralisation totale

(suppression des réserves) et la tradition juridique suisse, visant la transmission du pa-trimoine familial à la génération suivante35.

La réduction des réserves aura un effet dissuasif sur la tentation de recourir à des mon-tages complexes pour organiser sa succession et réduira le nombre de litiges entre héri-tiers36.

Les réserves légales se rapprocheront de celles que connaissent les pays voisins37.

Le fait de modifier uniquement les réserves et non le droit successoral ab intestat, en-core tout à fait adapté, est salué38.

20 AG (p. 1); BE (p. 1); BL (p. 1); FR (p. 1); GL (p. 1); JU (p. 1); LU (p. 1); NE (p. 1); OW (p. 1); SG (p. 1); SH (p. 1); SZ (p. 1);

TG (p. 1); TI (p. 1); UR (p. 1); ZH (p. 2). 21 PBD (p. 1); pvl (p. 2); PS (p. 1). 22 CSA (p. 2); FZ ZH (p. 1); economiesuisse (p. 2); Hotelleriesuisse (p. 1); MyHappyEnd (p. 2); Network (p. 1); OdA GE (p. 1);

Pink Cross (p. 1); Pro Single (p. 1); Relève PME (p. 1); SKF (p. 1); SSE (p. 2); successio (p. 5); swisNot (p. 1); Uni NE (p. 2); USAM (p. 2); USS (p. 1); VPAG (p. 2); VSM (p. 1).

23 Achermann (p. 1); Guinand (p. 1); Gysin (p. 2); Marberger (p. 2); Unternährer (p. 2). 24 GR (p. 1). 25 PDC (p. 1). 26 FER (p. 2); Pro Familia (p. 2). 27 Guth (p. 1); Lauterbach (p. 1). 28 SO (p. 1); VD (p. 1); VS (p. 2). 29 UDC (p. 2). 30 AK BS (p. 1); Uni BE (p 7); USP (p. 1). 31 Sahin (p. 7). 32 AG (p. 1); GE (p. 1); GR (p. 1); JU (p. 1); LU (p. 1); SG (p. 1); SH (p. 1); TG (p. 1); TI (p. 2); UR (p. 1); PBD (p. 1); PLR

(p. 2); PS (p. 1); pvl (p. 2); economiesuisse (p. 2); FPS (p. 1); FZ ZH (p. 1); Niklaus (p. 2); OdA GE (p. 1); Pro Familia (p. 2); Relève PME (p. 1); SSE (p. 2); successio (p. 5); swisNot (p. 1); Uni GE (p. 3); Uni NE (p. 3); USAM (p. 2); USPF (p. 2); VPAG (p. 2); VSM (p. 1).

33 AG (p. 1); BE (p. 1); BL (p. 1); GL (p. 1); GR (p. 2); JU (p. 1); LU (p. 1); UR (p. 1); PBD (p. 1); PDC (p. 1); PLR (p. 2); PS (p. 1); pvl (p. 2); FER (p. 2); Forum PME (p. 1); hotelleriesuisse (p. 1); NK BS (p. 2); Relève PME (p. 1); SSE (p. 2); succes-sio (p. 5); swisNot (p. 1); USAm (p. 2); VPAG (p. 2); VSM (p. 1).

34 AG (p. 1); BL (p. 1); GL (p. 1); GR (p. 2); LU (p. 1); NE (p. 1); SG (p. 1); SH (p. 1); UR (p. 1); PBD (p. 1); PS (p. 1); pvl (p. 2); economiesuisse (p. 2); FPS (p. 1); FZ ZH (p. 1); NK BS (p. 2); Pro Familia (p. 3); swisNot (p. 1); Uni NE (p. 3); USPF (p. 2).

35 CP (p. 2); economiesuisse (p. 2). 36 Uni NE (p. 3). 37 SG (p. 1).

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Les couples non mariés ne doivent pas être mis sur un plan d’égalité avec les couples

mariés ou enregistrés. Chacun est libre de choisir son mode de vie, avec les avantages et inconvénients qui s’ensuivent39.

Arguments négatifs

L’importance des liens familiaux ne devrait pas être réduite en droit des successions et il est faux de vouloir affaiblir le mariage et la famille traditionnelle40.

Il n’existe aucun besoin de modifier le droit des réserves. Celles-ci offrent une quotité disponible suffisante pour trouver des solutions individuelles adéquates, si nécessaire au moyen du pacte successoral. La problématique des familles recomposées est large-ment surévaluée41.

Vu les avantages incontestables des réserves héréditaires, il convient d’y toucher avec

retenue. Pour atteindre les buts de facilitation de la transmission d’entreprises et de fa-

vorisation du partenaire de vie de fait ou de l’enfant du partenaire évoqués dans le rap-

port, une baisse des réserves ciblée est possible42.

La baisse des réserves aura pour conséquence une augmentation des injustices, no-tamment en faveur du deuxième époux ou des enfants d’un deuxième mariage, des con-

flits familiaux et des actions en justice visant à annuler ou diminuer les dispositions pour causes de mort43.

Le but visé de favoriser le conjoint survivant n’est pas justifié. Il est déjà suffisamment, voire trop favorisé par le droit actuel par rapport aux descendants, avec la possibilité existante de lui attribuer l’entier du bénéfice de l’union conjugale. La possibilité de favo-

riser le conjoint survivant est très défavorable aux enfants non communs, dont la suc-cession dépend en grande partie de l’ordre de décès des conjoints. Cela ne tient en outre pas compte du fait qu’une grande partie de la fortune de beaucoup d’époux est

constituée de leur avoir de prévoyance, qui revient en général au conjoint survivant. Il conviendrait de renforcer la position des descendants et non de l’affaiblir encore44.

Le but visé de favoriser l’enfant du conjoint ne convainc pas non plus, car ceux-ci béné-ficieront déjà de la succession de leur parent et pourraient être ainsi favorisés à double45.

Cette proposition ne résoudra pas la problématique des concubins et/ou des enfants recueillis non adoptés46.

S’il faut favoriser le partenaire de vie de fait ou ses enfants, il convient de le faire par le

biais d’une baisse des impôts cantonaux sur les successions, et non en défavorisant les

enfants de sang47.

Le partenaire de vie de fait ou les enfants du partenaire qui bénéficieraient de la quotité disponible se verraient taxés lourdement par le fisc48.

38 Uni NE (p. 2). 39 SO (p. 1); AK BS (p. 4). 40 SO (p. 1); VS (p. 2); UDC (p. 2); USP (p. 1); Sahin (p. 5). 41 UDC (p. 2); AK BS (p. 6); USP (p. 1). 42 Uni BE (p. 7). 43 SO (p. 1); AK BS (p. 4); NK BS (p. 2). 44 AK BS (p. 3). 45 AK BS (p. 4). 46 PLR (p. 2). 47 UDC (p. 3). 48 Baddeley (p. 13).

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Il ne se justifie pas de baisser les réserves et de favoriser ainsi l’inégalité de traitement

et les conflits familiaux dans des milliers de successions chaque année pour favoriser la transmission de quelques entreprises familiales, aucune étude ni aucune statistique en la matière n’en démontrant le besoin49.

Les réserves protègent contre des dispositions pour cause de mort prises en fin de vie avec des capacités intellectuelles parfois réduites et contre les cas de captation d’héritage. Le risque d’abus augmente avec la réduction des réserves50.

L’avant-projet ne prévoit pas de flexibilisation des réserves permettant de transmettre une partie de la réserve des descendants directement aux petits-enfants ou de répartir la réserve globale des descendants de manière inégale51.

Réduire les réserves permettra de transmettre ses biens à des tiers plutôt qu’à des héri-

tiers dépendant financièrement de la collectivité publique, avec l’impact négatif y relatif

sur les finances de ces dernières52.

La réforme envisagée devrait aller plus loin et la situation du partenaire non marié se rapprocher encore plus de celle du conjoint survivant53.

Questions ouvertes

Il conviendrait de renoncer intégralement aux réserves héréditaires, ce qui éviterait les nombreux problèmes qui leur sont liés. En contrepartie, le legs d’entretien pourrait être

ouvert aux conjoints et partenaires enregistrés survivants ainsi qu’aux enfants. Cette so-

lution plus flexible, à l’image de la « familiy provision » du droit anglosaxon, mettrait fin avantageusement au système rigide des réserves54.

Rien n’indique que la modification envisagée suffise à empêcher le morcellement

d’entreprises, en particulier lorsqu’une entreprise représente l’essentiel des biens du dé-

funt. Le rapport explicatif n’est pas suffisamment étayé et manque de statistiques à cet égard. Il aurait peut-être fallu aller plus loin et prévoir des dispositions légales spéciales en cas de transmissions d’entreprises55.

L’augmentation de la quotité disponible devrait ou pourrait être limitée à certains cas de figure, comme la transmission d’entreprise ou la favorisation d’une personne ayant pro-

digué des soins au testataire, ou alors être liée à une obligation de motivation, ou encore à l’utilisation de la forme du testament public, ce qui limiterait les cas d’abus à l’encontre

de testataires qui ne disposent plus de toutes leurs capacités intellectuelles56.

La réduction des réserves ne devrait être possible qu’en faveur d’héritiers, de parte-

naires de vie de fait, d’enfants du partenaire ou de proches, notamment pour diminuer les risques d’abus, ou alors pour favoriser la transmission d’entreprises57.

Les parts successorales ne devraient-elles pas être différentes suivant la hauteur de la succession58 ?

Il conviendrait de reprendre dans le droit des réserves les règles du droit des régimes matrimoniaux permettant au conjoint de solliciter des délais de paiement si le règlement

49 AK BS (p. 5); Uni BE (p. 7). 50 AK BS (p. 6); SAGW (p. 1); USP (p. 1); USPF (p. 2). 51 Pro Familia (p. 2); Baddeley (p. 5). 52 AK BS (p. 7). 53 GR (p. 1). 54 pvl (p. 2). 55 CP (p. 2); FER (p. 2); JDS (p. 5). 56 SAGW (p. 1). 57 USP (p. 1); USPF (p. 2). 58 Uni ZH (p. 2).

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d’une dette ou la restitution d’une chose l’expose à des difficultés graves (art. 203, al. 2, 235, al. 2, et 250, al. 2 CC)59.

Malgré l’augmentation intervenue de l’espérance de vie et de la sécurité sociale des

personnes âgées, l’effet dévolutif du droit des successions ne doit pas être sous-évalué. Au décès du premier parent, les descendants devraient toucher une part de capital, du moins dans les successions aisées60.

Les héritiers réservataires devraient pouvoir bénéficier de leur réserve directement après le décès, afin d’éviter les cas où des personnes mal intentionnées prolongeraient la pro-

cédure de partage61.

5.1.2 Réduction de la réserve des enfants (de 3/4 à 1/2)

Les participants à la consultation ayant pris position spécifiquement sur la proposition de réduire la réserve des enfants la soutiennent dans leur grande majorité.

6 cantons62, 2 partis politiques63, 19 organisations64 et 7 particuliers65 y sont favorables. 2 organisations66 y sont plutôt favorables, tandis que 2 cantons67, 1 parti politique68, 2 organi-sations69 et 1 particulier70 y sont opposés ou plutôt opposés.

Arguments positifs

De manière générale, les arguments ci-dessus (5.1.1) en faveur d’une réduction des

réserves sont valables pour la réduction de la réserve des enfants.

La réduction de la réserve des descendants paraît justifiée puisque dans la majorité des cas, ils héritent à un moment où ils ont déjà construit leur propre existence écono-mique71.

Elle augmente la liberté de disposer et permet à elle seule d’atteindre les objectifs de la

motion Gutzwiller72.

La réduction de la réserve des descendants permet de favoriser le conjoint ou partenaire enregistré survivant afin qu’il puisse conserver le logement ou la propriété de famille73.

Arguments négatifs

La réserve actuelle des enfants est adaptée74.

Il ne faut pas favoriser la diminution de la solidarité au sein de la famille75.

59 successio (p. 5). 60 Uni ZH (p. 2). 61 SVE (p. 5). 62 BL (p. 1); GE (p. 1); JU (p. 1); NE (p. 1); SG (p. 1); SH (p. 1). 63 PLR (p. 2); pvl (p. 2). 64 CSA (p. 2); Forum PME (p. 1); CSDE (p. 2); FPS (p. 1); FSN (p. 2); FZ ZH (p. 1); JDS (p. 4); JuCH (p. 3); MyHappyEnd

(p. 2); Network (p. 1); NK BS (p. 2); Pro Familia (p. 2); Relève PME (p. 1); Uni FR (p. 1); Unil (p. 2); Uni NE (p. 2); USPF (p. 2); USS (p. 1); VPAG (p. 2).

65 Achermann (p. 2); Guinand (p. 1); Guth (p. 1); Gysin (p. 2); Lauterbach (p. 2); Marberger (p. 2); Unternährer (p. 2). 66 CP (p. 2); Uni GE (p. 3). 67 SO (p. 1); VD (p. 1). 68 UDC (p. 2). 69 AK BS (p. 2); USP (p. 1). 70 Sahin (p. 3). 71 JDS (p. 5); Pro Familia (p. 2); Uni FR (p. 2); Uni GE (p. 2); Uni NE (p. 3); Baddeley (p. 4). 72 Unil (p. 2); Uni NE (p. 3). 73 USPF (p. 2). 74 SO (p. 1). 75 AK BS (p. 3).

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Une réserve élevée garantit une égalité entre descendants. Elle évite aussi les senti-ments d’injustice, les conflits et les procès, qui seraient favorisés par l’augmentation de

la quotité disponible, ce qui va à l’encontre du but du droit des successions76.

La réduction de la réserve des descendants permettra d’avantager de manière plus étendue le conjoint survivant par contrat de mariage, au détriment des enfants non communs, expressément protégés par la loi77.

Questions ouvertes

Des solutions inspirées du droit étranger auraient pu être proposées, p. ex. des parts et des réserves inégales selon le nombre d’enfants ou un droit au gain des descendants

non attributaires de l’entreprise ou de la villa familiale78.

Une disposition imposant l’attribution de la quotité disponible au moins lorsque des des-

cendants reprennent l’entreprise ou la villa familiale aurait pu être imaginée79.

La réserve des enfants est-elle encore justifiée, notamment une fois que les enfants ne sont plus sous autorité parentale et ont fini leur formation ? Faudrait-il mettre une limite d’âge80 ?

Une réserve d’1/2 empêche de mettre sur pied d’égalité la famille issue d’un premier

mariage et une nouvelle famille dont les liens ne sont pas formalisés mais sont tout aus-si proches81.

Une réserve de 1/3 pour les descendants serait également envisageable si la quotité disponible devait être augmentée plus que ce que prévoit l’avant-projet82.

Si la réserve des descendants est réduite, il convient de se poser la question de l’opportunité du maintien du système de l’usufruit du conjoint survivant (art. 473 CC). Ce-

lui-ci se justifie en présence d’une réserve importante des descendants, moins si elle est

sensiblement réduite, et pourrait donc être abrogé. Il en va de même de la norme criti-quée de la substitution fidéicommissaire pour le surplus en présence d’un descendant incapable de discernement (art. 492a CC)83.

La réduction de la réserve des enfants est problématique dans les cas de mariages spé-culatifs en vue d’hériter de son conjoint. Cela pourrait être évité si la réserve du conjoint

n’était effective qu’après 5 ans de mariage ou de partenariat enregistré par exemple84.

5.1.3 Réduction de la réserve du conjoint survivant (de 1/2 à 1/4)

Les participants à la consultation ayant pris position spécifiquement sur la proposition de réduire la réserve du conjoint survivant sont partagés.

5 cantons85, 1 parti politique86, 11 organisations87 et 5 particuliers88 y sont favorables. 3 can-tons89, 1 parti politique90, 11 organisations91 et 2 participants92 y sont opposés ou plutôt op-posés.

76 AK BS (p. 3); USP (p. 2). 77 Uni GE (p. 3). 78 Baddeley (p. 12). 79 Baddeley (p. 12). 80 BL (p. 2); Uni GE (p. 3). 81 Uni GE (p. 3). 82 JDS (p. 5). 83 Unil (p. 3). 84 SVE (p. 5). 85 BL (p. 1); JU (p. 1); NE (p. 1); SG (p. 1); SH (p. 1). 86 pvl (p. 2).

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Arguments positifs

De manière générale, les arguments ci-dessus (5.1.1) en faveur d’une réduction des

réserves sont valables pour la réduction de la réserve du conjoint.

La double proposition de réduire les réserves des descendants et du conjoint survivant paraît raisonnable. Elle permet à la fois de préserver les droits héréditaires des concer-nés, tout en augmentant la liberté de disposer du testateur93.

Arguments négatifs

La réduction de la réserve des conjoints et partenaires enregistrés survivants va à l’encontre de l’amélioration du statut successoral de ceux-ci, du principe de solidarité entre époux visant à leur permettre le maintien de leur train de vie après décès, et des intérêts du conjoint qui ne reprendrait pas l’entreprise94.

La réserve actuelle des conjoints et partenaires survivants est adaptée95.

Cette réduction risque d’être problématique dans les cas où le conjoint se trouve dans

une situation économique mois avantageuse que le défunt (femme ou homme au foyer) et pourrait le condamner à devoir vendre son logement, à ne plus pouvoir couvrir ses frais de soins, voire même à émarger à l’aide sociale à charge des cantons et des com-

munes96.

Il n’est pas juste de diminuer dans une plus grande mesure la réserve des conjoints ou

partenaires survivants (- 1/2) que celle des enfants (- 1/3), cela ne correspond d’ailleurs

pas aux dispositions testamentaires prises en règle général. Si elle est réduite, elle de-vrait l’être de 1/2 à 1/3 du droit de succession97.

La réserve des conjoints ou partenaires enregistrés survivants devrait être égale ou plus élevée que celle des descendants98.

Les femmes mariées, souvent âgées, survivant à leur conjoint, peuvent avoir besoin de plus de ressources que les descendants. Leur condition est détériorée par la réduction de leur réserve, ce qui n’est pas souhaitable. La pauvreté chez les personnes âgées touche en outre plus les femmes que les hommes99.

Questions ouvertes

Une diminution de la réserve des conjoints ou partenaires enregistrés survivants à 1/3 suffirait à atteindre les buts poursuivis par la révision. Si la modification envisagée visant à exclure de la succession les avoirs de prévoyance 3a presse, une réduction à 1/4 est juste, sinon c’est une réserve de 1/3 qui serait juste100.

87 CP (p. 2); CSA (p. 2); Forum PME (p. 1); FPS (p. 1); MyHappyEnd (p. 2); Network (p. 1); Relève PME (p. 1); Unil (p. 2);

Uni NE (p. 2); USS (p. 1); VPAG (p. 2). 88 Guinand (p. 1); Gysin (p. 2); Marberger (p. 2); Sahin (p. 3); Unternährer (p. 2). 89 GE (p. 1); SO (p. 1); VD (p. 1). 90 UDC (p. 2). 91 AK BS (p. 2); CSDE (p. 2); FPS (p. 1); JuCH (p. 3); NK BS (p. 2); Niklaus (p. 1); Pro Familia (p. 2); Uni FR (p. 2); Uni GE

(p. 4); USP (p. 2); USPF (p. 2). 92 Guth (p. 1); Lauterbach (p. 1). 93 Uni NE (p. 3). 94 GE (p. 1); ZH (p. 2); AK BS (p. 2); JDS (p. 4); Pro Familia (p. 2); Uni BE (p. 8); Uni FR (p. 2); Uni GE (p. 4) ; Baddeley

(p. 10). 95 SO (p. 1); NK BS (p. 2); Uni FR (p. 2); Uni GE (p. 4); Lauterbach (p. 1). 96 BL (p. 2); SO (p. 1); FPS (p. 1); ZH (p. 2); Baddeley (p. 10). 97 ZH (p. 2); successio (p. 5); Uni FR (p. 2); Guth (p. 2). 98 FPS (p. 1); USPF (p. 2). 99 GE (p. 1); PDC (p. 1); JuCH (p. 3); Niklaus (p. 2). 100 FSN (p. 2).

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5.1.4 Suppression de la réserve des père et mère (de 1/4 à 0)

Les participants à la consultation ayant pris position spécifiquement sur la proposition de supprimer la réserve des père et mère la soutiennent dans leur grande majorité.

6 cantons101, 2 partis politiques102, 19 organisations103 et 5 particuliers104 y sont favorables. 2 cantons105, 2 partis politiques106, 1 organisation107 et 2 particuliers108 s’y opposent ou y sont

plutôt opposés.

Arguments positifs

Les besoins des père et mère sont en général couverts au moment où ils héritent de leurs descendants, souvent à un âge avancé. La suppression de leur réserve ne devrait ainsi que rarement poser problème109.

Dans la plupart des cas, les père et mère sont prédécédés, ou alors il y a des héritiers de la première parentèle qui bénéficient de la succession110.

La suppression de la réserve des père et mère sera avantageuse pour les conjoints ou partenaires enregistrés survivants, les couples sans enfants, et d’autres proches ; du moins le testateur aura la possibilité de plus les avantager111.

Dans le contexte social actuel, la limitation de la liberté de disposer que représente la réserve des père et mère, n’est plus justifiée, en particulier lorsque le défunt n’a pas de

descendants112.

Arguments négatifs

La réserve actuelle des père et mère est adaptée113.

La suppression de cette réserve va à l’encontre de l’important principe de solidarité exis-tant au sein de la famille et du devoir moral de soutenir ses parents114.

Dans la majorité des cas où les père et mère héritent de leurs descendants, ces derniers sont disparus encore jeunes et leur fortune a été acquise plus par transmission de va-leurs de famille que par le travail. L’attachement, en règle générale, de jeunes défunts à

leurs parents et l’origine familiale de leur fortune justifient le maintien de la réserve des

père et mère. Elle devrait s’effacer en présence d’un conjoint ou d’un partenaire enregis-

tré survivant115.

Il existe un intérêt public à maintenir la réserve des père et mère, afin que ceux-ci aient suffisamment de moyens pour couvrir leurs frais de home116.

101 BL (p. 1); GE (p. 1); JU (p. 1); NE (p. 1); SG (p. 1); SH (p. 1). 102 PLR (p. 2); pvl (p. 2). 103 CP (p. 2); CSA (p. 2); CSDE (p. 2); FPS (p. 1); FSN (p. 2); FZ ZH (p. 1); JDS (p. 2); JuCH (p. 3); MyHappyEnd (p. 2); Net-

work (p. 1); NK BS (p. 2); Pro Familia (p. 2); Relève PME (p. 1); Uni FR (p. 1); Uni GE (p. 2); Uni NE (p. 2); USP (p. 3); USPF (p. 2); VPAG (p. 2).

104 Achermann (p. 1); Guth (p. 1); Lauterbach (p. 1); Marberger (p. 2); Unternährer (p. 2). 105 SO (p. 1); VD (p. 1). 106 PDC (p. 1); UDC (p. 2). 107 Unil (p. 2). 108 Gysin (p. 3); Sahin (p. 4). 109 Uni FR (p. 2); Baddeley (p. 12). 110 Niklaus (p. 2). 111 NE (p. 1); SH (p. 1); FZ ZH (p. 1); swisNot (p. 2); Uni GE (p. 2). 112 Uni NE (p. 2). 113 SO (p. 1); UDC (p. 3). 114 PDC (p. 1); Gysin (p. 3). 115 Unil (P. 2). 116 AK BS (p. 2).

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Questions ouvertes

Si la réserve des père et mère est supprimée à l’art. 471, ch. 2 CC, les termes « ses père et mère » devraient en conséquence impérativement être retirés de l’art. 470 CC117.

Si la réserve des père et mère, qui n’existe que si le défunt n’a pas laissé de descen-

dants, est supprimée, il conviendrait de modifier aussi l’obligation de fourniture d’ali-ments à ses parents en ligne directe (art. 328, al. 1 CC), pendant de cette réserve en droit de la famille118.

Il se justifierait que la loi contienne une clause de dureté ou un autre type spécifique de legs d’entretien en faveur des père et mère dans les cas où la perte de réserve pourrait poser des problèmes existentiels119.

5.1.5 Commentaires spécifiques à la formulation de l’art. 471 AP-CC

Art. 471, ch. 1 AP-CC :

La formulation « Für die Nachkommen anteilig die Hälfte des gesetzlichen Erbteils » serait plus claire dans la version allemande120.

5.2 Instauration d’un legs d’entretien

Les participants à la consultation ayant pris position sur la proposition d’instaurer un legs

d’entretien sont partagés.

6 cantons121, 4 partis politiques122, 10 organisations123 et 5 particuliers124 y sont favorables ou plutôt favorables.

10 cantons125, 2 partis politiques126, 20 organisations127 et 4 particuliers128 s’y opposent ou

sont plutôt opposés.

5.2.1 En général

Arguments positifs

L’amélioration de la protection pour les couples non mariés correspond à l’évolution de

la réalité sociale129.

La proposition d’instaurer un legs d’entretien applicable à des cas particulièrement déli-

cats, en faveur de partenaires de vie de fait ayant fourni des prestations importantes en faveur du défunt – parfois au prix de sacrifices financiers importants (renonciation à des revenus, lacunes de prévoyance) – et pouvant se retrouver dans le besoin à son décès,

117 AK BS (p. 8); bavaab (p. 2); Unil (p. 5); Uni FR (p. 1); Waldmann Petitpierre (p. 1); WengerPlattner (p. 12). 118 JuCH (p. 3); Uni BS (p. 5). 119 Baddeley (p. 12). 120 SVE (p. 6). 121 GR (p. 2); JU (p. 1); SH (p. 2); TI (p. 2); UR (p. 1); VS (p. 2). 122 PBD (p. 1); PDC (p. 2); pvl (p. 2); PS (p. 1). 123 CSA (p. 2); FPS (p. 1); FZ ZH (p. 2); JDS (p. 5); JuCH (p. 4); Network (p. 2); Pink Cross (p. 1); SKF (p. 2); Unil (p. 4, 6);

USS (p. 2). 124 Achermann (p. 2); Guth (p. 3); Marberger (p. 4); Sahin (p. 5); Unternährer (p. 4). 125 AR (p. 2); BS (p. 2); LU (p. 1); NE (p. 1); OW (p. 1); SG (p. 3); SO (p. 2); TG (p. 2); VD (p. 2); ZH (p. 2). 126 PLR (p. 2); UDC (p. 3). 127 AK BS (p. 9); ASM (p. 1); bavaab (p. 2); CP (p. 1); CSDE (p. 3); COFF (p. 2); FSN (p. 2); NK BS (p. 2); NKF (p. 5); SSE

(p. 3); successio (p. 7); swisNot (p. 3); Uni BE (p. 8); Uni BS (p. 6); Uni GE (p. 4); Uni NE (p. 4); Uni ZH (p. 1); USAM (p. 2); USP (p. 2); VPAG (p. 2).

128 Baddeley (p. 7); Guinand (p. 2); Gysin (p. 4); Lauterbach (p. 3). 129 UR (p. 2).

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est particulièrement intéressante et constitue un élément fondamental de la révision au-quel il ne faut pas renoncer130.

La solution du legs d’entretien en faveur de partenaires de vie de fait et d’enfants du

partenaire est optimale car examinée et adaptée au cas particulier par le juge131.

Il existe un besoin relevant de la politique sociale de soutenir les partenaires de vie de fait ou les enfants du partenaire lorsque le testateur n’a pris aucune mesure en leur fa-

veur ou que ceux-ci dépendaient de son soutien financier. Le legs d’entretien comblera

une lacune et se substituera à la réserve manquante pour les partenaires de vie de fait et les enfants du partenaire132.

La nouvelle institution de legs d’entretien assurerait une certaine sécurité financière aux

partenaires de vie de fait ou aux enfants du partenaire133.

L’immixtion dans l’autonomie privée est justifiée par la responsabilité que le défunt doit

assumer pour ses choix de vie134.

Les conditions d’octroi du legs d’entretien ainsi que la nécessité de recourir au juge défi-

nissent un cadre légal strict nécessaire135.

Il est compréhensible et juste de vouloir créer un legs d’entretien pour couvrir les cas de

rigueur et non d’instaurer une part successorale pour les partenaires de vie de fait136.

Cette disposition contribuerait à la concrétisation du concept juridique de l’union libre

« stable » qui existe déjà dans d’autres branches du droit137.

Arguments négatifs

Le legs d’entretien est une institution inconnue du droit suisse. Il n’est pas cohérent avec

le reste du système dans la mesure où ce n’est pas la volonté du de cujus ou des liens familiaux formels qui seraient à la base d’une attribution ou d’une vocation successo-

rale138.

En droit privé, il appartient en premier lieu aux privés de prendre les mesures néces-saires pour éviter des cas de rigueur et ce n’est pas au législateur de combler leurs manquements, volontaires ou non. L’état devrait montrer de la retenue dans la création

de prétentions légales, car il limite ainsi sans raison la liberté des individus. L’instauration d’un legs d’entretien constituerait une atteinte sérieuse à la liberté de dis-poser et à l’autonomie privée en général. Les personnes non mariées sont nécessaire-

ment conscientes du fait qu’elles ne sont pas héritières l’une de l’autre par la loi. Si elles

souhaitent favoriser des membres non héritiers de leur ménage, il est facile de rédiger un testament ou de contracter une assurance-vie139.

Cette nouvelle règle sera difficile à mettre en pratique et provoquera une augmentation des litiges, complexes, parfois abusifs, et qui plus est au sein de la famille, portés devant les tribunaux. Elle risque de prolonger les partages de successions. Le fait de devoir agir en justice n’est pas un moyen adéquat pour obtenir la reconnaissance de prestations de

soins ou autres en faveur du défunt (des considérations notamment de piété, de loyauté,

130 TI (p. 2); PVL (p. 2); FPS (p. 2); SKF (p. 2); USS (p. 1). 131 PBD (p. 1); USS (p. 2). 132 BS (p. 2); PVL (p. 2). 133 GR (p. 3); FPS (p. 2). 134 PVL (p. 2). 135 JU (p. 1). 136 PDC (p. 2); JDS (p. 5). 137 Baddeley (p. 7). 138 AR (p. 2); NE (p. 2); OW (p. 1); SO (p. 2); VD (p. 1); PLR (p. 2); FSN (p. 3); Guinand (p. 2). 139 AR (p. 2); SG (p. 4); ZH (p. 2); bavaab (p. 2); NKF (p. 5); SSE (p. 3); Uni NE (p. 4); Lauterbach (p. 3).

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de retenue et de risques de procédure y font obstacle) et est défavorable à l’institution

du partenariat de fait. Cela va en outre à l’encontre de la paix juridique, de la paix des

ménages et de la tendance visant à favoriser les modes amiables de règlement des con-flits comme la médiation140.

Les conditions et les modalités du legs d’entretien posent beaucoup de questions et res-

tent à définir avec plus de précision. Le legs d’entretien crée une insécurité juridique,

malgré le caractère exceptionnel du legs mentionné dans le rapport explicatif. Il com-plique considérablement la planification successorale et sa mise en œuvre sera d’une

grande complexité141.

L’expression de « legs » est terminologiquement et dogmatiquement inadaptée, car il ne s’agit pas d’un legs au sens de l’art. 484 CC, attribution voulue par le testateur, mais

d’une prétention légale à faire valoir en justice (et peut-être non conforme à la volonté du défunt). Il s’agit plus d’une limite à la liberté de disposer que d’un legs. Proche de l’indemnité équitable due aux enfants ou petits enfants consacrant travail ou revenus au

ménage commun (art. 334 CC), il conviendrait plutôt de parler de créance d’entretien

(« Unterhaltsforderung »), d’indemnité équitable, de prélèvement légal ou de prétention de droit commun que de legs. Si une prétention légale devait être créée, elle devrait plu-tôt s’orienter vers celle déjà existante à l’art. 606 CC, qui pourrait être modifié dans ce

sens, ou vers celle de l’art. 631, al. 2 CC. Elle devrait donc être déplacée dans le cha-pitre adéquat du CC142.

Il n’est pas indiqué de faire dépendre une prestation d’entretien (le legs) d’une contre-

prestation du partenaire en faveur du défunt. Si le but est de créer une compensation pour les soins apportés gratuitement, il aurait dû être proposé une règle à ce sujet143.

Il sera très difficile pour un juge, voire impossible, d’établir l’existence, l’intensité et la

durée d’une relation, de même que l’étendue de prestations fournies au défunt. Il sera

difficile d’apporter les preuves nécessaires à l’établissement des faits, dans un domaine

très sensible et en l’absence du principal protagoniste. Le juge aura une très grande

marge d’appréciation144.

La création d’un legs d’entretien est inutile, car le testateur dispose déjà actuellement de moyens suffisants pour favoriser son partenaire de vie de fait ou les enfants de son par-tenaire par disposition pour cause de mort, moyens qui seront encore étendus avec l’augmentation de la quotité disponible. Il est en outre le plus à même de déterminer qui lui est proche et qui il souhaite soutenir145.

Le caractère impératif de cette disposition est combattu avec vigueur. Il va à l’encontre

de l’objectif de la révision visant à augmenter la liberté de disposer du testateur, notam-

ment pour faciliter la transmission d’entreprises (ce que le legs compromet). Il est en

outre difficilement compréhensible que le soutien qu’une personne a apporté de son

plein gré de son vivant, sans obligation légale, engendre des obligations envers sa suc-cession, même contre sa volonté expresse. On pourrait même se demander si ces pres-

140 AR (p. 2); BS (p. 2); GR (p. 2); LU (p. 1); NE (p. 2); OW (p. 1); SG (p. 4); SH (p. 2); TG (p. 2); VD (p. 1); PLR (p. 2); UDC

(p. 3); AK BS (p. 9); bavaab (p. 2); COFF (p. 2); CP (p. 1); CSDE (p. 3); FSN (p. 3); Niklaus (p. 4); NKF (p. 6); OdA GE (p. 2); SSE (p. 4); Uni BE (p. 10); Uni BS (p. 7); Uni FR (p. 3); Uni NE (p. 6); USAM (p. 2); Guinand (p. 2); Lauterbach (p. 3).

141 BS (p. 2); LU (p. 1); OW (p. 1); SG (p. 4); SH (p. 2); VD (p. 1); UDC (p. 3); ASM (p. 1); COFF (p. 2); CSDE (p. 3); FSN (p. 3); NK BS (p. 3); NKF (p. 6); Uni BS (p. 6); Uni FR (p. 3); Uni NE (p. 6); USAM (p. 1); VPAG (p. 3); Baddeley (p. 13).

142 AR (p. 2); BS (p. 2); NKF (p. 5); SG NV (p. 1); successio (p. 8); swisNot (p. 4); Uni BE (p. 12); Uni GE (p. 5); Uni NE (p. 4); WengerPlattner (p. 4); Guinand (p. 2).

143 Uni BE (p. 11). 144 AR (p. 2); SO (p. 2); PLR (p. 2); CP (p. 1); Uni BE (p. 10). 145 BS (p. 2); NE (p. 2); OW (p. 1); SO (p. 2); TG (p. 2); ZH (p. 2); ASM (p. 2); bavaab (p. 2); FSN (p. 2); swisNot (p. 4); Uni BE

(p. 12); Uni NE (p. 4).

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tations de soutien ne devraient pas être considérées comme des libéralités entre vifs su-jettes à réduction146.

Avec l’instauration d’un legs d’entretien de droit impératif, il est créé en catimini une nouvelle catégorie d’héritiers, quasiment réservataires du moment qu’il pourrait être oc-

troyé même contre la volonté exprimée du défunt, alors même peut-être qu’un défunt

avait justement choisi de ne pas se marier pour éviter de créer des prétentions succes-sorales en faveur de son partenaire. Ce droit serait même plus fort qu’une réserve héré-

ditaire dans la mesure où il n’est pas possible d’y renoncer à l’avance par pacte succes-

soral. Cette incohérence en vient à mieux protéger le partenaire libre que le conjoint et il conviendrait donc que cette disposition soit de droit dispositif147.

Seules les successions importantes seront à même de générer un rendement suffisant pour permettre la mise en place d’un legs sous forme de rente périodique, avec pour ef-fet soit que la succession ne sera pas partagée complètement tant que le legs sera dû, soit que les héritiers répondront personnellement de la dette de legs. Cela créera donc un lien de durée, tendu, entre les héritiers et les légataires, contraire au principe du « clean break » du droit de l’entretien. Pour des successions modestes ou moyennes, le

legs pourrait absorber l’entier de la quotité disponible148.

Les conditions posées ne sont pas assez restrictives pour que le legs d’entretien con-

serve un caractère exceptionnel149.

Un legs d’entretien légal pourrait avoir pour effet que des personnes renoncent à pren-

dre des dispositions pour cause de mort, en se basant sur l’idée fausse que celui-ci les protégerait suffisamment150.

Le legs d’entretien ressemble dans son essence à la « family provision » du droit an-glais, à l’indemnité de l’enfant infirme ou non élevé (art. 631, al 2 CC), aux droits de la

mère d’un héritier conçu (art. 605, al. 2 CC), aux droits des personnes faisant ménage

commun avec le défunt (art. 606 CC) ou d’une contribution après divorce. Au contraire

de ces indemnités, il ne profiterait toutefois pas d’un rang prioritaire sur les institutions

d’héritier et les legs, mais serait en concours avec les autres libéralités réductibles du de

cujus151.

La règle envisagée va à l’encontre du but de prévisibilité voulu par le droit des succes-

sions152.

Cette disposition relève plus de réflexions de prévoyance ou de liquidation de société simple que de réflexions successorales. Elle crée une nouvelle obligation d’entretien

post mortem hors du droit de la famille qui n’est pas défendable, d’autant plus qu’elle

irait à l’encontre des notions de « clean break » et de capacité de subvenir à ses propres besoins. Le droit des successions n’a pas pour fonction de pourvoir à l’entretien des hé-

ritiers. Une coordination entre les acquisitions de prévoyance et celles qui leur sont as-similées avec le régime des successions est indispensable153.

146 SG (p. 4); ASM (p. 2); CP (p. 1); FER (p. 2); FSN (p. 2); SSE (p. 3); Uni BS (p. 7); USAM (p. 1); VPAG (p. 3). 147 SO (p. 2); PLR (p. 2); UDC (p. 3); NKF (p. 5); Uni FR (p. 3); Unil (p. 7). 148 Uni BS (p. 7); Uni FR (p. 3); Uni GE (p. 5). 149 SSE (p. 3). 150 SO (p. 2). 151 Uni FR (p. 3); Baddeley (p. 7). 152 BS (p. 2); bavaab (p. 2). 153 NE (p. 2); SG (p. 3); CP (p. 1); Uni BE (p. 8, 11); Uni BS (p. 6); Unil (p. 8).

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Le legs d’entretien envisagé serait en défaveur des membres de la famille. Les parte-

naires de vie de fait obtiendraient des droits proches de ceux des personnes mariées ou en partenariat enregistré alors qu’ils n’en ont pas les devoirs154.

Les conjoints mariés ou les partenaires enregistrés se voient reconnaître la garantie d’une part minimale alors que pour les partenaires de vie de fait, tout serait ouvert155.

Les problèmes générés par cette nouvelle règle proposée sont plus importants que les bénéfices qu’elle apporte pour quelques rares cas de rigueur. Il est faux de vouloir légi-

férer pour des cas isolés156.

Sous certaines conditions, il n’est pas impossible que l’institution du legs d’entretien pro-

tège mieux les partenaires de vie de fait que les conjoints ou partenaires enregistrés survivants, ce qui est contraire aux objectifs poursuivis par la révision157.

On est loin d’une grande avancée pour les partenaires de vie survivants, le legs

d’entretien prévu devant être demandé au juge et être servi de manière tout à fait excep-

tionnelle. Cette proposition est bien en deçà de ce que le Conseil fédéral aurait pu pro-poser dans le cadre du mandat reçu et exprimé par la motion Gutzwillwer158.

Il est regrettable que malgré de nombreuses interventions et demandes en la matière, l’avant-projet ne prévoie pas de règlementation successorale adéquate pour les parte-naires de vie non mariés. L’intégration dans le Code civil du partenariat de vie de fait,

même ponctuelle, par une réglementation successorale convaincante, ne signifierait en aucun cas une égalité avec le mariage159.

La situation des partenaires non mariés reste très précaire avec cet avant-projet, qui se base sur l’hypothèse éloignée de toute réalité selon laquelle des partenaires de vie de

fait n’ayant pas pris de dispositions pour cause de mort l’auraient fait de manière délibé-

rée. Il est douteux que le legs d’entretien constitue une meilleure solution qu’une rente

basée sur la loi ou qu’une part successorale (qui serait à fixer au-deçà de la part du con-joint survivant)160.

Les conditions matérielles et procédurales nécessaires à l’obtention du legs d’entretien (cas de rigueur, durée de vie commune) sont trop restrictives pour atteindre l’objectif

poursuivi, en particulier pour les personnes n’ayant pas de connaissances juridiques161.

Le rapport explicatif mentionne qu’il revient au testateur de déterminer dans quelle me-sure son partenaire de vie de fait doit avoir part à sa succession. L’instauration d’un legs

d’entretien légal va à l’encontre de cette affirmation162.

La question des conséquences fiscales et de celles relevant du droit des assurances sociales reste ouverte. Dans différents cantons, le legs d’entretien serait soumis à un

impôt relativement élevé du moment que les bénéficiaires ne sont pas parents du dé-funt. Pour les bénéficiaires, il sera difficile de s’en acquitter vu qu’ils ne disposeront que de peu de moyens pour avoir droit au legs163.

154 CP (p. 1); USP (p. 1). 155 NE (p. 2). 156 AK BS (p. 9); ASM (p. 2). 157 VD (p. 1). 158 Baddeley (p. 7, 13). 159 COFF (p. 2). 160 SAGW (p. 2). 161 COFF (p. 2); CSDE (p. 3); Pink Cross (p. 1); Uni ZH (p. 1). 162 AR (p. 2). 163 SH (p. 3); Uni BE (p. 12); Uni GE (p. 5).

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L’intérêt économique de la révision envisagée, visant à créer de la sécurité dans la pla-

nification de transmission d’entreprises, serait réduit avec l’instauration du legs

d’entretien, de par l’insécurité juridique qu’il engendre164.

Au vu des prestations sociales existantes, il ne devrait plus y avoir de véritables cas de rigueur ou de dénuement165.

Le fait que plusieurs legs d’entretien en faveur de différents ayants droit (partenaire de

vie de fait, enfant du partenaire) puisse être ordonné constituera une difficulté supplé-mentaire166.

Avec la prochaine entrée en vigueur de la modification du Code civil permettant l’adoption de l’enfant du partenaire et les propositions parlementaires relatives à

l’introduction d’un PACS de droit suisse, le legs d’entretien pour partenaires de vie de

fait ou enfants perdra sa justification167.

Questions ouvertes

Les partenaires de vie de fait et les enfants du partenaire pourraient ou devraient béné-ficier d’un droit de succession légal de droit dispositif (sans réserve). En l’absence de

disposition contraire, ils seraient héritiers sans que la condition du cas de rigueur doive être remplie. L’inégalité de traitement par rapport aux couples mariés ou aux partena-

riats enregistrés n’est pas justifiée et ne correspond pas à la société actuelle. Cette solu-tion serait beaucoup plus simple et permettrait une liquidation rapide de la succession. Ce droit pourrait éventuellement être inférieur à la part du conjoint survivant et être limi-tée à certaines situations précises (personnes non-mariées ayant fait enregistrer leur concubinage, uniquement si le partenaire a des enfants non communs, etc.)168.

Il convient d’instaurer un régime successoral adapté aux partenaires de vie de fait, ce

que l’avant-projet ne réussit pas. L’étude d’une prétention réservataire impérative dans

la succession comme compensation en particulier pour les tâches d’assistance doit être

menée, afin de reconnaître la responsabilité familiale vécue et la pluralité des formes de famille169.

Les conditions d’obtention du legs d’entretien devraient être fixées de manière aussi

précise et limitée que possible, afin de ne pas ouvrir une boîte de Pandore et qu’il soit

clair dans quels cas une personne est légitimée à demander un tel legs (la vraisem-blance suffit-elle ou faut-il pouvoir prouver son droit ?)170.

La hauteur du legs d’entretien est totalement incertaine selon le texte de l’avant-projet. Il convient de fixer une limite, un maximum correspondant à un certain pourcentage de la succession ou de la quotité disponible, éventuellement dépendant du montant de la suc-cession171.

La vie commune devrait avoir duré 5 ans au moins, en adéquation avec la loi fédérale sur la prévoyance professionnelle et la jurisprudence du tribunal fédéral sur l’union libre stable, voire 10 ans, et non 3 ans, pour ouvrir le droit à l’obtention d‘un legs d’entretien.

Les relations doivent être suffisamment stables et étroites pour le justifier du moment qu’il n’existe aucune relation juridique particulière entre les partenaires de vie de fait. Il

164 SG (p. 4). 165 AK BS (p. 9); CP (p. 1). 166 SG (p. 4). 167 PLR (p. 2). 168 PVL (p. 2); CSDE (p. 1); Uni FR (p. 4); Uni ZH (p. 2). 169 COFF (p. 2); CSDE (p. 1). 170 PDC (p. 2); SSE (p. 4); swisNot (p. 4). 171 successio (p. 8); Uni FR (p. 4); WengerPlattner (p. 5).

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serait raisonnable de s’aligner sur les valeurs retenues par la jurisprudence pour évaluer

la solidité et la stabilité d’un couple non marié (communauté de vie, de table et de lit of-

frant à chacun des membres du couple une sécurité personnelle, affective et financière comparable à ce qui prévaut au sein d’un couple marié)172.

Le legs d’entretien pourrait aussi s’appliquer aux conjoints, partenaires enregistrés et

descendants173, avec en conséquence la suppression de leur droit à la réserve174.

Le cercle des bénéficiaires ne devrait pas se limiter aux partenaires de vie de fait, mais comprendre également toutes personnes proches du défunt ayant fourni sans dédom-magement une contribution importante dans son intérêt, comme des frères ou sœurs,

les amis proches, une gouvernante, un voisin ou autre, même sans ménage commun avec le défunt. Leur soutien est aussi important pour lui que celui d’un partenaire et sans

cela, cette nouvelle institution risque de créer de nouvelles inégalités et de ne pas tenir compte de la diversité des relations intra- et intergénérationnelles. Le rapport n’explique

pas pourquoi il n’en a pas été tenu compte175.

L’avant-projet ne tient pas compte du fait que de nombreux couples ne font pas ménage commun, et seraient donc exclus du champ d’application de cette disposition, ni que

beaucoup se trouvent dans une situation de soutien mutuel leur permettant justement de maintenir leur communauté de vie. Vu la pluralité des types de communautés de vie de fait, il n’est judicieux de vouloir régler le « cas normal », du moins pas avant que les dis-cussions sur la modernisation du droit de la famille ne soient terminées176.

Cette proposition crée de nouveaux problèmes de délimitations et de nouvelles inégali-tés (p. ex. pour un mineur soutenu durant 2 ans et ne pouvant plus poursuivre ses études suite au décès de son soutien)177.

Le legs d’entretien ne devrait pouvoir être ordonné que si les ayants droit n’ont pas été

suffisamment gratifiés par disposition pour cause de mort ou n’ont pas été rémunérés pour leurs services. On pourrait se retrouver dans la regrettable situation où le de cujus a pris de dispositions, inconnues du juge et des héritiers, pour garantir l’avenir de son

partenaire, et que les héritiers se retrouvent contraints d’apporter la preuve que les con-

ditions du legs ne sont pas remplies178.

Faut-il réserver le legs d’entretien aux cas de rigueur ? Il serait peut-être plus adéquat d’instaurer un mécanisme de compensation généralisé pour toutes les personnes ayant

fourni une contribution importante en faveur du défunt. Ces cas sont de plus en plus fré-quents et il semble juste que ces personnes reçoivent un dédommagement équitable de la part de la succession. Il serait important d’étudier une solution procéduralement bien

pensée et équitable de ce point de vue179.

Vu que l’obtention du legs d’entretien nécessite une demande au juge et que celle-ci doit être introduite dans un délai très court, cet instrument trouvera-t-il une grande applica-tion en pratique180 ?

172 VS (p. 2); CP (p. 1); FSN (p. 3); Niklaus (p. 4); NKF (p. 6); OdA GE (p. 2); swisNot (p. 4); Uni BS (p. 8); Uni GE (p. 5); USP

(p. 2); Achermann (p. 2); Marberger (p. 5). 173 NE (p. 2). 174 PVL (p. 3). 175 AG (p. 1); JDS (p. 6); JuCH (p. 5); Pro Single (p. 1); SAGW (p. 1); successio (p. 8). 176 Pink Cross (p. 1); Uni BE (p. 12). 177 NK BS (p. 3). 178 NKF (p. 6); OdA GE (p. 2); Uni NE (p. 5). 179 JuCH (p. 5). 180 TG (p. 2); Baddeley (p. 7).

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De nombreuses questions d’interprétation des notions juridiques utilisées et de fait sont

ouvertes. Quelle est la marge d’appréciation du juge pour fixer la hauteur du legs

d’entretien selon le besoin des bénéficiaires et le caractère raisonnablement exigible

pour les héritiers ? Quand doit-il intervenir sous forme de rente, quand sous forme d’usufruit ? Que faut-il comprendre sous la notion de « prestations importantes en faveur du défunt » et comment les quantifier ? Et sous celle de vie de couple ? Comment prou-ver que le défunt aurait poursuivi son soutien ? Selon quels critères le caractère « rai-sonnablement exigible » du legs doit-il être examiné ? Le legs d’entretien peut-il être aussi élevé que la réserve du conjoint survivant ? Les héritiers réservataires devraient-ils se contenter de leur réserve en présence d’un legs d’entretien ? Comment prendre en compte les aspects fiscaux pour déterminer le montant du legs ? Quel sera le lien entre le legs d’entretien et les libéralités effectuées en faveur des bénéficiaires du legs ? Ces dernières doivent-elles être déduites ? Si le défunt a disposé de l’entier de sa fortune,

dans quelle mesure une réduction des libéralités est-elle envisageable ? Si le défunt a mené successivement plusieurs partenariats de vie de fait, auraient-ils tous droit à un legs ? Quid si le défunt était encore marié ? Sera-t-il possible de passer une convention relative à l’entretien (ratifiée par un juge)181 ?

Il conviendrait d’étudier s’il ne justifierait pas de procéder à un inventaire au sens de

l’art. 553 CC dans les cas ou un legs d’entretien est demandé au juge, ce qui entraîne-

rait un report du délai de répudiation selon l’art. 568 CC, report qui serait à l’avantage

des ayants droit. On pourrait également se demander si une liquidation officielle (art. 593 CC) ou une procédure de bénéfice d’inventaire (art. 580 CC) ne devrait pas se dé-

clencher. Le legs d’entretien sera-t-il d’ailleurs compris dans le bénéfice d’inventaire182 ?

Une éventuelle modification du Code de procédure civile (CPC) devrait être étudiée, p. ex. en lien avec une application de la procédure sommaire pour les cas de procédures en octroi de legs d’entretien183 ?

Afin de diminuer les risques d’abus ou de captation d’héritage par les personnes prodi-

guant des soins, il devrait être créé une base légale dans le droit de la protection de l’adulte permettant aux personnes de contact de la personne concernée de signaler aux

autorités un éventuel problème et de demander un changement de personnes chargées des soins184.

Que se passerait-il si le bénéficiaire d’un legs d’entretien revenait subitement à meilleure

fortune, pouvant ainsi subvenir lui-même à ses besoins (p. ex. suite à un mariage ou à une nouvelle relation stable) ? La rente ou l’usufruit tomberaient-ils ? Et si la situation des héritiers se détériorait ? Ces questions, ainsi que les modalités d’une éventuelle ac-

tion en annulation du legs d’entretien devraient être étudiées et réglées185.

181 AR (p. 2); SO (p. 2); FSN (p. 3); NK BS (p. 3); NKF (p. 6); OdA GE (p. 2); SSE (p. 3); Uni BS (p. 7); Uni FR (p. 3); Wenger-

Plattner (p. 5). 182 SH (p. 2); Uni NE (p. 5); WengerPlattner (p. 5). 183 JuCH (p. 5). 184 SVE (p. 11). 185 SH (p. 3); FSN (p. 3); Uni BS (p. 8); Uni FR (p. 3).

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5.2.2 Commentaires spécifiques à la formulation de l’art. 484a AP-CC

Art. 484a, al. 1 AP-CC

Le texte de loi proposé mentionne que le juge « peut » ordonner un legs d’entretien.

Même si toutes les conditions sont remplies, il pourrait ainsi rejeter la demande. La for-mulation impérative « le ou la juge ordonne » devrait être retenue186.

Le texte de loi ne prévoit pas de durée maximale pour le legs d’entretien, qui devrait être

définie dans la loi pour des motifs de sécurité du droit. Il est suggéré de prévoir une ap-plication des dispositions relatives aux contributions d’entretien du droit de la famille par

analogie187.

L’avant-projet semble ne prendre en compte que les prestations de soins au défunt ou d’assistance aux enfants du défunt, et non les prestations financières en faveur du dé-

funt (p. ex. pour manque de liquidités), qui pourraient être dédommagées par exemple en cas de vente du logement après décès188.

Ce n’est pas la durée (3 ans / 5 ans) qui devrait être déterminante comme condition

d’octroi d’un legs d’entretien, mais la hauteur des prestations fournies non rémunérées

et ses conséquences éventuelles pour la personne (diminution de fortune, baisse des perspectives professionnelles, etc.), ou si la prestation fournie à un mineur aurait été poursuivie. Le temps est un facteur qui devrait être pris en compte parmi d’autres189.

Le critère de la contribution importante ne peut être retenu comme tel sans référence à d’autres critères permettant de mesurer l’étendue de la solidarité entre les partenaires.

Quid du partenaire au salaire peu élevé ne lui permettant pas de couvrir son entretien convenable et ayant vécu 10 ans avec le de cujus190 ?

Il semblerait plus convaincant d’exiger une vie de couple de 5 ans pour le partenaire de

vie de fait et une vie commune de 3 ans pour le mineur soutenu pour ouvrir le droit au legs, soit des délais inversés à ceux proposés par l’avant-projet191 ?

La formulation « à charge de la succession » n’est pas claire concernant le rapport entre

le legs d’entretien et les créanciers du défunt et ceux de la succession (voir art. 564 AP-CC). Lesquels ont-ils la priorité192 ?

La durée de la contribution d’entretien en faveur des enfants mineurs doit-elle corres-pondre à celle du droit de la famille (art. 276 CC) ? Faut-il traiter cette contribution de la même manière que la participation aux frais d’éducation prévue à l’art. 631, al. 2 CC,

prélevée sous forme d’indemnité équitable193 ?

Il conviendrait de préciser si le fait d’être mineur au moment du décès est une condition

d’obtention du legs d’entretien pour la personne soutenue financièrement. En outre, la

dépendance financière se prolonge souvent au-delà de l’âge de 18 ans. S’il est établi

que le soutien financier aurait continué après la majorité, par exemple pour une forma-tion, il ne se justifie pas de traiter cette situation différemment de celle d’un enfant mi-

neur194.

186 CSDE (p. 3). 187 SG (p. 3); OdA GE (p. 3); FSN (p. 3); Uni NE (p. 4). 188 JDS (p. 5). 189 JDS (p. 6; 7). 190 Uni GE (p. 5). 191 Niklaus (p. 4). 192 WengerPlattner (p. 5). 193 Uni NE (p. 4). 194 JDS (p. 6); Pro Familia (p. 3).

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Le ménage commun ne devrait pas être une condition pour l’obtention d’un legs

d’entretien pour un mineur, pour ne pas créer de résultats hasardeux, par exemple si le

défunt désirait le soutenir même s’il ne vivait pas avec lui, ou si une formation à

l’extérieur l’exigeait. C’est la probabilité que le défunt aurait continué à fournir un soutien financier qui devrait être le facteur déterminant, et non le ménage commun195.

Il conviendrait de préciser que la contribution importante puisse avoir été fournie « dans l’intérêt de ce dernier ou/et des enfants »196.

Le fait qu’un mineur soutenu bénéficie d’une prétention à un legs d’entretien a pour con-

séquence qu’il dispose de manière injustifiée d’expectatives successorales à l’égard

d’au moins trois personnes : ses deux parents et le de cujus197.

Art. 484a, al. 2 AP-CC

L’interprétation de la notion de « raisonnablement exigible » pour les héritiers sera su-jette à contentieux. Il n’est pas clair à partir de quelle valeur de succession ou de quelle

situation financière des héritiers le legs pourra être accordé, d’autant plus que la situa-

tion financière des différents héritiers peut être très différente. La réserve des héritiers pourrait être un élément important pour déterminer le caractère exigible. Le legs devrait être limité aux forces de la succession avant partage. Le legs devrait être exigible des héritiers de manière générale (un héritier endetté ne devrait pas empêcher l’octroi d’un

legs d’entretien si la succession et les autres héritiers disposent de moyens suffi-

sants)198.

En l’absence de disposition légale contraire, le legs d’entretien ne pourra pas entamer

les réserves des héritiers réservataires199.

Il n’est pas clair de la situation financière de quels héritiers (légaux et/ou institués) il doit

être tenu compte200.

La prétention devrait pouvoir être capitalisée afin d’apporter une clarté nécessaire pour

les héritiers et ne pas empêcher le partage. Cela créerait toutefois de nombreux pro-blèmes, à l’image de l’application de la capitalisation de la contribution d’entretien après

divorce (art. 126, al. 2 CC)201.

Il conviendrait de choisir une formulation plus équilibrée pour tenir compte équitablement des intérêts des héritiers et de ceux des bénéficiaires du legs, selon leur situation finan-cière et le montant de la succession, la formulation privilégiant les héritiers202.

La situation financière des héritiers (à l’exception du montant de la succession) semble

être un critère inopportun qui ne devrait pas jouer de rôle dans la fixation du montant du legs203.

Le legs devrait être dû indépendamment de la situation financière des héritiers et de la valeur de la succession204.

195 JDS (p. 7). 196 Pro Familia (p. 3). 197 AR (p. 2). 198 AI (p. 1); LU (p. 1); SG (p. 3); JDS (p. 7); Uni BE (p. 11); Uni FR (p. 3); Uni NE (p. 5). 199 Uni BS (p. 7); Uni NE (p. 5). 200 PVL (p. 3). 201 Uni BE (p. 11). 202 PVL (p. 3); Pink Cross (p. 1). 203 JDS (p. 7). 204 Pro Familia (p. 4).

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Art. 484a, al. 3 AP-CC

Le délai de 3 mois pour agir en justice est trop court vu le besoin d’informations sur le

contenu de la succession pour se faire une idée des droits des personnes légitimées à réclamer un legs d’entretien avant d’agir en justice et vu la situation de deuil des ayants

droit. Cela vaut d’autant plus lorsque le défunt était marié et que le régime matrimonial

doit être liquidé. Un délai court pousse à agir en justice rapidement pour préserver ses droits et rend difficile un accord avec les héritiers. Ceux-ci n’étant pas forcément connus

si rapidement, il peut se poser un problème de légitimation passive dans un procès à en-treprendre. Le délai devrait être porté à 6 mois au moins. Un délai absolu p. ex. de 10 ans dès le décès pourrait être conseillé pour des motifs de sécurité du droit 205.

Comme les héritiers disposent également d’un délai de 3 mois dès le décès pour décider

d’accepter ou de répudier la succession, le risque pour eux de devoir assumer des obli-gations supplémentaires non constatées, voire un procès dispendieux, aura de l’importance dans leur décision d’accepter ou non la succession. Cela pourrait provoquer

des demandes de prolongation du délai de répudiation et prolonger de beaucoup le temps nécessaire à obtenir une idée claire du contenu définitif d’une succession et à son

règlement206.

Le délai de péremption de la prétention devrait être, sur invitation des héritiers aux ayants-droit à faire valoir leur prétention, de 3 mois, et à défaut, d’une année dès le dé-

cès207.

5.3 Attribution supplémentaire au conjoint survivant par contrat de mariage

Les participants à la consultation ayant pris position spécifiquement sur la proposition traitant de l’attribution supplémentaire au conjoint survivant par contrat de mariage sont partagés.

1 canton208, 1 parti politique209, 9 organisations210 et 1 particulier211 y sont favorables ou plu-tôt favorables. 4 cantons212 et 7 organisations213 par contre s’y opposent ou sont plutôt oppo-

sés.

5.3.1 En général

Arguments positifs

La précision et la volonté de clarifier le calcul de prétentions réservataires des descen-dants en cas d’attribution du bénéfice de l’union conjugale au conjoint survivant sont sa-

luées. Cela aura l’avantage d’unifier la question de la masse de calcul des réserves. Cette disposition doit absolument être adoptée214.

205 AI (p. 1); AR (p. 3); GE (p. 1); OW (p. 1); SH (p. 2); bavaab (p. 2); COFF (p. 2); CSDE (p. 3); FPS (p. 2); FSN (p. 3); JDS

(p. 7); JuCH (p. 4); Niklaus (p. 4); NK BS (p. 3); SAGW (p. 2); successio (p. 7); SVE (p. 11); Uni BE (p. 11); WengerPlattner (p. 5); Baddeley (p. 7).

206 SG (p. 4). 207 successio (p. 8). 208 ZH (p. 2). 209 UDC (p. 4). 210 ASM (p. 2); CSA (p. 4); CP (p. 2); JDS (p. 8); NK BS (p. 4); Relève PME (p. 2); Uni BS (p. 9); Uni GE (p. 6); Unil (p. 9). 211 Guth (p. 5). 212 BL (p. 2); BS (p. 2); SG (p. 5); SO (p. 2). 213 AK BS (p. 9); bavaab (p. 2); JuCH (p. 6); successio (p. 8); Uni BE (p. 18); Uni BS (p. 9); (Uni FR (p. 4). 214 ZH (p. 2); UDC (p. 4); ASM (p. 2); JuCH (p. 6); swisNot (p. 4); Unil (p. 9).

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La qualification de libéralité pour cause de mort est positive et correspond à l’avis de la

doctrine majoritaire et à la pratique du Tribunal fédéral215.

Cette proposition peut être suivie si la réserve des descendants est effectivement réduite à 1/2216.

Arguments négatifs

Le fait de considérer cette attribution comme une disposition pour cause de mort a pour effet d’augmenter la réserve des héritiers réservataires et nuit ainsi au but voulu de privi-légier au maximum le conjoint survivant par rapport aux enfants communs. La pratique montre que chez les couples à revenus modestes ou moyens, avec peu ou aucuns biens propres, l’attribution du bénéfice de l’union conjugale a une grande importance

pour permettre le maintien du niveau de vie du conjoint survivant, qui est statistiquement plus souvent la femme. Elle peut aussi lui éviter d’avoir à vendre le logement familial et à

subvenir à ses besoins, évitant ainsi d’émarger à l’aide sociale217.

La révision du droit des successions a pour but l’augmentation de la liberté de disposer

du de cujus. Il n’est pas compréhensible de vouloir la restreindre en matière d’attribution

du bénéfice de l’union conjugale, question controversée en doctrine218.

L’art. 216, al. 2 CC prévoit en la matière qu’il ne peut être porté atteinte à la réserve des

enfants non communs et de leurs descendants. A contrario, les enfants communs ne doivent pas pouvoir faire valoir de prétentions successorales, même réservataires, sur la part d’acquêt supplémentaire octroyé au conjoint survivant. L’art. 494, al. 4 AP-CC a pour effet d’annihiler l’art. 216, al. 2 CC. La masse de calcul des réserves des descen-

dants communs et non communs serait la même. Il faudrait indiquer que seule la ré-serve des enfants non communs est protégée219.

Cette disposition relève du droit des régimes matrimoniaux et non du droit des succes-sions. Elle n’est donc pas à sa place du point de vue de la systématique de la loi. Elle

devrait trouver place aux art. 216 et 241 CC, 25 Lpart, ou alors à l’art. 532 CC traitant de

l’ordre des réductions220.

Questions ouvertes

La solution proposée remet en cause l’articulation entre droit matrimonial et droit suc-

cessoral et pose de nombreuses questions sur le traitement des contrats de mariage prévoyant une attribution du bénéfice de l’union conjugale dans la liquidation du régime

matrimonial. Elle aurait aussi des effets en droit des successions qui mériteraient d’être

analysés plus avant, comme par exemple de transformer une succession légale en suc-cession volontaire221.

L’attribution du bénéfice de l’union conjugale doit être qualifiée de libéralité entre vifs. Il

conviendrait d’étudier si les attributions par contrat de mariage qui ne dépendent pas de

l’ordre des décès des conjoints doivent être qualifiées de dispositions pour cause de mort ou de libéralités entre vifs222.

215 NK BS (p. 4). 216 SNV (p. 4). 217 BS (p. 2); SO (p. 3); JuCH (p. 6); Uni FR (p. 5); Baddeley (p. 19). 218 SG (p. 6); bavaab (p. 2). 219 SG (p. 5); FSN (p. 3); swisNot (p. 4); Uni FR (p. 4). 220 BL (p. 2); successio (p. 8); Uni BE (p. 18); Uni FR (p. 4); WengerPlattner (p. 6). 221 Uni FR (p. 4). 222 BS (p. 2); SO (p. 3); WengerPlattner (p. 6).

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Une nouvelle norme devrait clarifier la question du calcul des réserves des enfants non communs dans le régime de la participation aux acquêts et des descendants dans le ré-gime de la communauté de biens223.

Une lésion de la réserve des descendants communs par attribution du bénéfice de l’union conjugale sera-t-elle compensée uniquement par la part de biens propres du pa-rent décédé, ou alors l’attribution du bénéfice pourra-t-elle être « réduite » (ce qui n’est

pas acceptable) ? Dans le premier cas, il faudrait préciser que les descendants com-muns devront supporter l’usufruit du conjoint survivant (art. 473 CC), même en cas de

lésion de leur réserve224.

Les libéralités au conjoint survivant par contrat de mariage seraient réduites comme les dispositions pour cause de mort, avant les libéralités entre vifs. Cela va-t-il dans le sens voulu par l’avant-projet de favoriser le conjoint survivant225 ?

Vu l’influence sur les successions des contrats de mariage et des conventions sur les biens, les normes sur le dépôt (art. 504 CC) et l’ouverture des dispositions pour cause

de mort (art. 537 CC) devraient être réexaminées226.

Il convient de se demander si la possibilité de favoriser le conjoint survivant par contrat de mariage ne devrait pas être contrebalancée par une clause corrective en cas de re-mariage, à l’image de l’art. 473, al. 3 CC227.

Si la proposition de l’avant-projet devait être suivie, on ne voit pas pourquoi l’attribution

du bénéfice de l’union conjugale ne devrait pas être soumise aux mêmes conditions de

forme que le pacte successoral228.

Une solution permettant à l’attribution au conjoint survivant par contrat de mariage

d’avoir un effet réel au décès et lui permettant par exemple de se faire inscrire immédia-tement au registre foncier en qualité d’héritier devrait être examinée229.

Il appartient au pouvoir judiciaire, respectivement au Tribunal fédéral de trancher la question de la qualification juridique de l’attribution du bénéfice de l’union conjugale, pas

au législateur230.

5.3.2 Commentaires spécifiques à la formulation de l’art. 494, al. 4 AP-CC

Le sens de la formulation « un contrat de mariage est traité dans la succession comme un pacte successoral » n’est pas claire en ce qui concerne l’ouverture des dispositions

pour cause de mort et l’ordre de la succession. Il conviendrait de la modifier par « … est

considéré comme une disposition pour cause de mort dans le calcul des réserves » ou « … est traitée dans la succession comme une disposition pour cause de mort en ce qui concerne ses effets » et de placer cette disposition à un autre endroit, par exemple à l’art. 608, al. 4 CC231.

Le texte actuel de l’avant-projet ne mentionne que l’attribution du bénéfice du régime de

la participation aux acquêts, et pas la modification du partage des biens communs du régime de la communauté de biens. Le texte de loi devrait cas échéant être modifié. Il

223 NKF (p. 7); successio (p. 8). 224 FSN (p. 4). 225 NKF (p. 6). 226 AG (p. 2). 227 successio (p. 8). 228 AG (p. 2); SG (p. 6); Uni FR (p. 4). 229 BL (p. 3). 230 Uni GE (p. 6); Uni BE (p. 18). 231 ZH (p. 3); Uni BE (p. 19).

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semblerait en outre adéquat de préciser que seul ce qui dépasse la répartition légale des bénéfices doit être traité comme un pacte successoral232.

Il convient de parler de « bénéfice de l’union conjugale » et pas seulement de « béné-fice ». Le terme « pacte successoral » est à remplacer par « disposition pour cause de mort ». Le texte allemand « im Erbfall » ne corresponds pas au texte français « dans la succession »233.

5.4 Usufruit du conjoint survivant

Les participants à la consultation ayant pris position spécifiquement sur la proposition de ne pas modifier la quotité disponible en présence d’un usufruit du conjoint survivant la soutien-nent en majorité.

1 canton234, 2 partis politiques235, 5 organisations236 et 1 particulier237 y sont favorables, tan-dis que 4 organisations238 s’y opposent ou sont plutôt opposées.

5.4.1 En général

Arguments positifs

Cette proposition est claire, juste et adaptée. Elle convient parfaitement et renforce la sécurité du droit. Elle permet de ne pas trop péjorer les droits des descendants dans la succession par rapport au conjoint survivant, et de ne pas modifier une règle très utilisée en pratique239.

Arguments négatifs

Le fait de renoncer à augmenter la quotité disponible à cet article est en contradiction avec l’orientation de l’avant-projet et la nouvelle conception des réserves. L’augmentation de la quotité disponible (par la baisse des réserves) réduit la portée ma-térielle de l’art. 473, al 1 CC240.

Si la quotité disponible en lien avec l’usufruit du conjoint survivant reste d’un quart de la

succession, les personnes souhaitant favoriser au maximum leur conjoint choisiront plu-tôt de lui attribuer la pleine propriété. Cela pourrait se révéler problématique du point de vue de la supportabilité dans les cas où la fortune est principalement constituée du lo-gement familial241.

Si la quotité disponible de l’art. 473, al. 2 CC n’est pas modifiée, les critiques de fond à son sujet seront considérablement amplifiées. Avec la modification des réserves prévues par l’avant-projet, le descendant commun disposera d’une réserve de 5/8e (sous réserve d’usufruit) alors que le descendant non commun disposera seulement d’une réserve de

1/4. Cette discrimination est inadmissible et il est inimaginable que cet article ne soit pas modifié242.

232 NKF (p. 6); successio (p. 8); Uni FR (p. 4). 233 Uni FR (p. 4); Uni GE (p. 7). 234 TG (p. 1). 235 PLR (p. 2); UDC (p. 4). 236 ASM (p. 2); CSA (p. 4); FSN (p. 4); JDS (p. 8); Uni GE (p. 7). 237 Achermann (p. 3). 238 successio (p. 13); Uni BS (p. 10); Uni FR (p. 2); Unil (p. 5). 239 TG (p. 1); PLR (p. 2); UDC (p. 4); ASM (p. 2); Uni GE (p. 7). 240 successio (p. 13); Uni FR (p. 2). 241 Uni BS (p. 10); Unil (p. 5); WengerPlattner (p. 12). 242 Unil (p. 5).

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Questions ouvertes

Une réflexion sur le principe même de l’art. 473 CC ne peut être épargnée dans la me-

sure où la réserve des enfants serait sensiblement réduite (de 3/8 à 1/4), permettant une favorisation accrue du conjoint survivant. Aller encore plus loin n’est pas nécessairement

justifié243.

Le problème des familles recomposées, particulièrement en présence d’un conjoint sur-

vivant et d’enfants non communs, n’est pas résolu. Une solution serait d’étendre

l’application de l’art. 473 CC à la part de succession des enfants non communs244.

La question du calcul des réserves des descendants non communs en concours avec des descendants communs reste ouverte. Elle devrait être clarifiée245.

La question de savoir dans quelle mesure l’art. 473 CC sera encore utile, vu

l’augmentation possible de la valeur de l’usufruit du conjoint survivant (permise par

l’augmentation de la quotité disponible) et si à l’avenir la norme sur la réduction des legs

d’usufruit (art. 530 CC) est applicable, est irrésolue246.

Si le législateur veut conserver l’esprit de l’art. 473, al. 2 CC actuel (quotité disponible

inférieure de 1/3 de la quotité disponible ordinaire), il devrait prévoir une quotité dispo-nible de 5/12, ou par simplification et en restant dans la logique de la révision, diminuer ou augmenter légèrement cette quotité, à 1/3, respectivement 1/2247.

La diminution de la réserve des descendants n’est pas compensée dans l’avant-projet. L’art. 473 AP-CC ne leur confère pas plus de droits en propriété et la quotité disponible supplémentaire ne leur sera pas nécessairement attribuée. Une disposition imposant l’attribution de la quotité disponible aux descendants au moins lorsqu’ils reprennent

l’entreprise ou la villa familiale aurait pu être imaginée248.

5.4.2 Commentaires spécifiques à la formulation de l’art. Art. 473 AP-CC

La formulation actuelle, maintenue dans l’avant-projet, manque de clarté. Elle devrait être revue afin d’être compréhensible à tout un chacun, par exemple en mentionnant dans le texte de loi les parts revenant au conjoint survivant et aux descendants en usu-fruit et en nue propriété249.

L’usufruit devrait être ouvert aux partenaires enregistrés si le droit à l’adoption leur est octroyé à l’avenir250.

5.5 Qualité d'héritier réservataire du conjoint (ou du partenaire enregistré) en cas de décès pendant la procédure de divorce (ou de dissolution)

Les participants à la consultation ayant pris position spécifiquement sur la proposition traitant de la perte de la réserve du conjoint (ou du partenaire enregistré) survivant en cas de décès durant la procédure de divorce ou de dissolution la soutiennent en majorité.

243 Unil (p. 5). 244 PLR (p. 2). 245 successio (p. 13); Uni BS (p. 11). 246 successio (p. 13). 247 Uni FR (p. 2). 248 Baddeley (p. 3). 249 TG (p. 1). 250 Unil (p. 5); Achermann (p. 3).

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3 cantons251, 3 partis politiques252, 10 organisations253 et 6 particuliers254 y sont favorables ou plutôt favorables.

2 cantons255 et 8 organisations256 et 1 particulier257 s’y opposent ou sont plutôt opposés.

5.5.1 En général

Arguments positifs

Cette modification est intéressante et doit être saluée. Elle apporte clarté et précision, et empêche des privilèges en faveur de personnes que le défunt n’aurait certainement pas

voulu favoriser258.

Il est juste de retirer de par la loi uniquement la réserve et non la qualité d’héritier. Il ap-

partiendra aux époux cas échéant de faire usage ou non de la possibilité de retirer cette qualité par testament259.

La modification empêchera une prolongation artificielle des procédures de divorce260.

La planification successorale en sera simplifiée261.

Arguments négatifs

La suppression de la réserve en cas de procédure de divorce, soit la possibilité pour un conjoint d’exclure l’autre de sa succession, pourrait mettre celui-ci en grande difficulté fi-nancière et aboutir à des situations choquantes, en particulier sous le régime de la sépa-ration de biens et en cas d’union de longue durée. Il convient en outre d’avoir à l’esprit

que l’obligation d’entretien découlant du mariage s’éteint au décès du débiteur (art. 130

CC), respectivement ne pourra être octroyée, et qu’il n’existe pas toujours de prétentions

au titre de la prévoyance professionnelle. Ces prétentions pourraient alors ne pas être remplacées par une part successorale. Le nouveau droit de déshériter pourrait ainsi être aussi choquant que l’abus invoqué à l’appui de la nouvelle règle262.

Une règlementation si compliquée n’est pas nécessaire, le droit actuel permettant d’ores

et déjà aux conjoints de se protéger des risques que celle-ci vise à éviter, par contrat de mariage ou pacte successoral par exemple263.

Le délai de 2 ans en cas de procédure de divorce sur demande unilatérale n’est pas

justifié ou trop long. Les époux ont en règle générale déjà vécu séparés pendant 2 ans avant le dépôt de la demande. A ce stade, ils ne devraient pas souhaiter que leur con-joint soit encore héritier réservataire. La qualité d’héritier réservataire ne devrait tomber

que si la période de 2 ans de séparation avant la demande unilatérale est respectée, ce

251 AR (p. 1); BL (p. 2); VD (p. 2). 252 PLR (p. 2); pvl (p. 3); UDC (p. 4). 253 Economiesuisse (p. 2); FSN (p. 4); NK BS (p. 4); Relève PME (p. 2); swisNot (p. 4); Uni BE (p. 16); Uni GE (p. 7); Unil (p. 4,

6); USPF (p. 2); VPAG (p. 2). 254 Achermann (p. 3); Guth (p. 3); Lauterbach (p. 4); Marberger (p. 2); Sahin (p. 4); Unternährer (p. 5). 255 SG (p. 2); SO (p. 3). 256 AK BS (p. 8); ASM (p. 2); CSA (p. 2); JuCH (p. 4); NKF (p. 2); successio (p. 4); Uni BS (p. 12); USP (p. 3). 257 Baddeley (p. 5). 258 BL (p. 2); SO (p. 3); VD (p. 1); PLR (p. 1); UDC (p. 4); NK BS (p. 4); Uni GE (p. 7); USPF (p. 2). 259 Uni BE (p. 16). 260 USPF (p. 2). 261 VPAG (p. 2). 262 SG (p. 2); JuCH (p. 4); Baddeley (p. 5). 263 NKF (p. 3).

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qui devrait être vérifié par un juge afin d’éviter les cas d’abus où une procédure de di-

vorce serait initiée uniquement pour supprimer le droit à la réserve264.

La modification n’est pas fondamentale en pratique. Les rares cas de décès durant une

procédure de divorce entraînant des résultats problématiques seraient remplacés par d’autres cas problématiques. Il pourrait être renoncé à déposer une requête commune et le conjoint être poussé à déposer une demande unilatérale (nécessitant un délai de 2 de séparation) afin de ne pas perdre son droit à la réserve265.

La durée du délai de 2 ans est quelque peu arbitraire et non-motivée dans le rapport explicatif266.

Une longue durée de procédure peut être due à différents facteurs (preuves difficiles à réunir, intervention d’autorités étrangères, etc.), ne pas être due à la faute des époux,

voire être due à l’époux décédé267.

Questions ouvertes

La qualité d’héritier devrait tomber en même temps que la réserve en cas de procédure

de divorce. La loi doit en principe être le reflet de la volonté présumée du de cujus et il est peu imaginable que celui-ci souhaite que son conjoint avec lequel il est en procédure de divorce reçoive une part de sa succession268.

Afin de ne pas défavoriser le conjoint survivant, la dissolution du régime matrimonial devrait impérativement intervenir avant le partage de la succession (cela est souvent omis en pratique). Des mesures de coordination entre les prétentions matrimoniales et successorales pourraient devoir être prévues269.

Une procédure de divorce peut durer plus de 2 ans pour différentes raisons. Pourquoi différencier entre différents types de procédure de divorce270 ?

L’examen du juge visant à s’assurer que les époux ont déposé leur requête après mûre

réflexion et de leur plein gré (art. 111, al. 2 CC) n’est pas pris en compte. La durée de la

procédure n’est pas un indice adéquat pour juger si la procédure aurait effectivement abouti à un divorce sans le décès de l’un des époux. C’est cet élément qui devrait être

déterminant271.

L’avant-projet ne règle pas si un motif d’exhérédation est une condition à la perte de la

réserve et si dans les cas prévus à l’art. 125, al. 3 CC, la réserve tombe entièrement ou seulement dans la même proportion que la contribution d’entretien aurait été réduite272.

Il est proposé, en cas décès durant la procédure de divorce, d’introduire une prétention

à un legs capitalisé en faveur du conjoint survivant, d’un montant hypothétique à calculer

sur la base de l’art. 125, al. 2 et 3 CC. Il pourrait être tranché par le juge du divorce et sa

valeur ne devrait pas dépasser la part hypothétique du conjoint survivant dans la suc-cession273.

264 AR (p. 1); SO (p. 3); PLR (p. 2); AK BS (p. 8); FSN (p. 4); Niklaus (p. 2); NK BS (p. 4); Uni BE (p. 16); Uni FR (p. 1);

Marberger (p. 2). 265 ASM (p. 2). 266 successio (p. 4). 267 JuCH (p. 4); Baddeley (p. 5). 268 UDC (p. 4); NKF (p. 3); Uni GE (p. 7); Achermann (p. 3); Lauterbach (p. 4). 269 JuCH (p. 4). 270 NKF (p. 4). 271 JDS (p. 9). 272 successio (p. 4). 273 successio (p. 4).

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Il devrait y avoir perte de réserve également en cas de procédure de séparation de corps274.

Une compensation de la perte des prétentions découlant du droit du mariage ou de la prévoyance professionnelle, suite au décès en cours de procédure de divorce, devrait être prévue275.

La personne s’occupant du partage d’une succession devrait avoir connaissance de

l’existence d’une procédure. Le flux d’information doit ainsi être assuré pour que cet ar-

ticle puisse être appliqué276.

5.5.2 Commentaires spécifiques à la formulation des articles concernés

Toute disposition contraire doit être prise en la forme de l’acte pour cause de mort et non

en la forme d’un contrat de mariage comme le mentionne le rapport explicatif277.

Il ne ressort pas des art. 120, al. 2, 217, al. 2, 241, al. 4 AP-CC et 31 AP-Lpart, quelles procédures de divorce entraînent une perte de réserve. Pour le comprendre, il faut éga-lement consulter le droit des successions (art. 472 AP-CC), ce qui n’est pas évident pour

un non-initié. Un renvoi exprès à l’art. 472 AP-CC serait nécessaire278.

Art. 120, al. 2 AP-CC

La caducité ne devrait pas concerner l’ensemble de la disposition pour cause de mort.

Celle-ci devrait être partiellement caduque279.

L’avant-projet ne mentionne plus que les époux divorcés cessent d’être héritiers légaux

l’un de l’autre. Même si cela ressort indirectement de l’art. 462 CC, cette précision à l’art.

120 CC, sous les effets du divorce, est à conserver280.

Seules les dispositions en faveur du conjoint prises avant l’ouverture de la litispendance

devraient être caduques. Il doit rester possible de favoriser son conjoint malgré une pro-cédure de divorce281.

Art. 472 AP-CC

Il n’est pas clair que seule la réserve tombe, et non la prétention successorale, et qu’une

disposition pour cause de mort excluant le conjoint ou partenaire enregistré est néces-saire pour l’exclure de la succession282.

Il n’est pas réglé comment procéder dans le cas d’une requête commune où la volonté

de divorcer n’est pas confirmée à l’occasion de l’audition des parties par le juge (art. 287

CPC) et qu’un époux décède avant le rejet de la requête ou pendant le délai d’introduction de l’action en divorce (art. 228, al. 3 CC)283.

La formulation « a été poursuivie » n’est pas claire sans explication y relative dans le

rapport284.

274 USP (p. 3); USPF (p. 2). 275 AK BS (p. 8). 276 PBD (p. 1). 277 Uni GE (p. 7). 278 NKF (p. 3); WengerPlattner (p. 3). 279 Niklaus (p. 1). 280 NKF (2). 281 NKF (p. 2). 282 WengerPlattner (p. 3). 283 WengerPlattner (p. 3). 284 Niklaus (p. 2).

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« a fait l’objet de conclusions communes sur le principe du divorce » plutôt que « a été introduite ou poursuivie sur requête commune » au chiffre 1285.

5.6 Prévoyance privée liée, prévoyance professionnelle et assurance-vie

Les participants à la consultation ayant pris position spécifiquement sur la proposition d’exclure de la succession la prévoyance privée liée et de la prévoyance professionnelle la

soutiennent en grande majorité. Ils sont partagés sur la proposition d’inclure dans la succes-

sion les sommes touchées au titre de l’assurance-vie

4 cantons286, 1 parti politique287, 13 organisations288 et 3 particuliers289 sont favorables ou plutôt favorables à l’avant-projet en matière de prévoyance privée liée et professionnelle, tandis que 2 cantons290 et 5 organisations291 s’y opposent ou sont plutôt opposés.

Pour ce qui est de l’assurance-vie, 3 cantons292, 1 parti politique293, 7 organisations294 et 3 particuliers295 sont favorables ou plutôt favorables à l’avant-projet, alors que 2 cantons296, 9 organisations297 et 1 particulier298 s’y opposent ou sont plutôt opposés.

5.6.1 En général

Arguments positifs

Le fait de clarifier si les prestations de prévoyance et d’assurance sont incluses ou non

dans la masse successorale est à saluer299.

Arguments négatifs

Bien que relevant des assurances sociales, il ne paraît pas cohérent de traiter différem-ment les prestations du 3e pilier a, qui reposent sur un contrat de droit privé, des préten-tions également de droit privé de l’assurance-vie. Les 3e piliers a et b reposent tous deux sur une base volontaire et soustraient des biens d’une potentielle succession en faveur de la prévoyance300.

La révision proposée conduit à privilégier doublement le 3e pilier a par rapport au 3e pi-lier b301.

Questions ouvertes

Il conviendrait de définir clairement comment devront être traitées les solutions de pré-voyance et d’assurance mixtes, en ayant à l’esprit que la branche est très créative en

matière de nouveaux produits302.

285 VD (p. 1). 286 GR (p. 2); SO (p. 3); TG (p. 2); UR (p. 2). 287 pvl (p. 3). 288 ASA (p. 2); ASIP (p. 1); CSA (p. 2); CSDE (p. 3); JDS (p. 9); MyHappyEnd (p. 2); OdA GE (p. 3); Pink Cross (p. 1); swisNot

(p. 5); Uni BS (p. 13); Uni GE (p. 7; USAM (p. 2); VVS (p. 2). 289 Guth (p. 5); Sahin (p. 7); Unternährer (p. 5). 290 AR (p. 1); LU (p. 2). 291 AK BS (p. 8); successio (p. 6); Uni BE (p. 17); Uni FR (p. 2); Unil (p. 7). 292 SO (p. 3); TG (p. 2); UR (p. 2). 293 pvl (p. 3). 294 AK BS (p. 8); CSA (p. 2); FSN (p. 5); JDS (p. 9); swisNot (p. 4); Uni GE (p. 8); Unil (p. 6). 295 Guth (p. 6); Sahin (p. 7); Unternährer (p. 5). 296 BS (p. 1); GR (p. 2). 297 ASA (p. 1); CSDE (p. 4); Niklaus (p. 3); NK BS (p. 4); Pro Familia (p. 3); SDRCA (p. 2); successio; (p. 7); Uni BE (p. 16);

WengerPlattner (p. 4). 298 Gysin (p. 5). 299 TG (p. 2); UR (p. 2); UDC (p. 4). 300 NKF (p. 4); successio (p. 6); Uni FR (p. 2). 301 successio (p. 6).

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5.6.2 Assurance-vie

Arguments positifs

Il est juste de remplacer la valeur de rachat par la valeur effectivement versée dans le calcul des réserves. La modification envisagée paraît sensée et doit être soutenue. Elle permettra de mettre fin à une insécurité juridique en la matière sur la question notam-ment de l’éventuel rapport successoral303.

La nature principale de l’assurance-vie n’étant pas la prévoyance, il n’y a pas lieu de lui

accorder un traitement différent de celui réservé à d’autres formes de libéralités. Les

propositions de révisions sont cohérentes304.

Arguments négatifs

Le fait d’intégrer les sommes touchées au titre de l’assurance-vie à la succession res-treint la liberté de disposer et va à l’encontre du but de la révision, de la volonté de

l’assuré et de la nature de l’assurance-vie305.

Le droit actuel a fait ses preuves et ne nécessite pas de modification. La solution propo-sée méconnaît l’importance systémique de la protection du risque et n’apporte pas

d’avantages aux héritiers et aux bénéficiaires. Elle conduirait à une importante insécurité

et incohérence juridique, notamment en lien avec le droit des régimes matrimoniaux306.

Le droit actuel permet de conclure une police d’assurance risque pur en cas de décès,

sans valeur de rachat et donc exclue de la succession, afin de favoriser p. ex. son par-tenaire de vie de fait ou un enfant de fait en cas de décès. La prestation est ensuite soumise à une imposition unique et distincte moins élevée que l’impôt successoral.

Cette possibilité est particulièrement importante afin de permettre au partenaire survi-vant, qui ne peut être favorisé par contrat de mariage ou par l’usufruit de l’art. 473 CC,

de conserver par exemple un bien immobilier dans le respect des réserves héréditaires. Modifier cela reviendrait à péjorer la situation des partenaires de vie de fait. Le droit ac-tuel permet également de désigner comme bénéficiaire un créancier ou un associé, afin de garantir la pérennité d’une entreprise, ou de céder ses droits à un tiers (banque ou

ex-conjoint) afin de garantir ses engagements. Cette possibilité doit être maintenue, res-pectivement ne doit pas être mise à mal307.

En matière d’assurance-vie mixte (épargne et protection du risque), très utilisée pour l’amortissement d’hypothèques notamment chez les jeunes familles, la modification

pourrait compliquer la conservation du logement familial en cas de décès de l’un des pa-

rents, ainsi que rendre impossible certains financements externes. Les conséquences sociales et économiques sont difficilement quantifiables308.

Une modification nuirait grandement aux attentes justifiées des assurés actuels et modi-fierait fortement la planification successorale réalisée309.

Des problèmes pourraient survenir pour la délivrance des legs. La liquidation des ins-truments financiers nécessite un certain temps et les héritiers pourraient ne pas disposer de suffisamment de moyens pour les acquitter310.

302 TG (p. 2). 303 BL (p. 2); AKBS (p. 8); Uni GE (p. 8); Unil (p. 6). 304 swisNot (p. 5). 305 BS (p. 1); GR (p. 2); ASA (p. 3); NK BS (p. 4); Pro Familia (p. 3); Gysin (p. 5). 306 ASA (p. 3, 5); successio (p. 6). 307 GR (p. 2); SG (p. 2); ASA (p. 3); CSDE (p. 4); NK BS (p. 4); SDRCA (p. 2); successio (p. 7); WengerPlattner (p. 4); Badde-

ley (p. 17). 308 ASA (p. 4); WengerPlattner (p. 4). 309 ASA (p. 4) ; FSN (p. 5).

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Excepté la prime de risque, l’assuré ne soustrait aucun bien à sa succession dans le cadre d’une assurance-vie risque pur. Il n’est pas justifié de compter les prétentions en

découlant dans sa succession du moment qu’elles ne représentent pas des avoirs de

l’assuré. Seule la valeur de rachat (épargne accumulée) constitue un actif de l’assuré. Il

convient de différencier le traitement dans la succession de la protection du risque de celui de l’épargne311.

Questions ouvertes

Il n’est pas juste de traiter de manière différente les prestations des assurances-vie que les prestations d’autres assurances en cas de décès (assurance-accident, assurance responsabilité civile)312.

Dans la dissolution du régime matrimonial, la moitié de la valeur de rachat (financée par des acquêts) revient à chaque conjoint. Pourquoi alors tenir compte ensuite de l’ensemble de la valeur de rachat dans la succession ? Les rapports entre droit des ré-gimes matrimoniaux et droit des successions en lien avec les assurances-vie (notam-ment avec capital d’épargne) et les produits de prévoyance devraient être réfléchis à nouveau et réglés dans la loi313.

Il convient de différencier le traitement des assurances-vie dans la succession en fonc-tion du droit des assurances314.

Le Message devrait aborder la question du sort matrimonial de ces prétentions. S’il s’agit

de libéralités entre vifs (prises sous la forme d’une clause bénéficiaire), une réunion ma-

trimoniale entre en ligne de compte et il serait bon de le préciser ou de l’exclure à l’art.

208 CC315.

5.6.3 Prévoyance privée liée et prévoyance professionnelle

Arguments positifs

Le choix du traitement des prestations de prévoyance dans la succession est avant tout politique. Le concept prévu par l’avant-projet apporte de la clarté et est considéré positif et intéressant316.

Les bénéficiaires de prévoyance, souvent le conjoint survivant, seraient clairement avan-tagés. En l’absence de conjoint, les partenaires de vie de fait pourraient être favorisés

aux conditions de l’OPP 3317318.

Il est nécessaire de fixer dans la loi la primauté du but de prévoyance des avoirs de la prévoyance professionnelle obligatoire et surobligatoire, comme le fait l’avant-projet. En l’absence de bénéficiaires, ces avoir bénéficieront ainsi à l’ensemble des assurés319.

Le pilier 3a doit suivre un but de prévoyance, à savoir notamment le maintien du niveau de vie des survivants, des conjoints et des enfants mineurs. La situation des partenaires de vie subirait une péjoration si ces avoirs tombaient dans la masse successorale, ce qui

310 Niklaus (p. 3). 311 ASA (p. 4), SDRCA (p. 2); successio (p. 7); Uni BE (p. 16). 312 SDRCA (p. 2). 313 SDRCA (p. 4); Wenger Plattner (p. 4). 314 SG NV (p. 1). 315 Uni GE (p. 8). 316 ASA (p. 2); swisNot (p. 4); Uni BS (p. 13); Uni GE (p. 7); VVS (p. 2). 317 Ordonnance du 13 novembre 1985 sur les déductions admises fiscalement pour les cotisations versées à des formes re-

connues de prévoyance ; RS 831.461.3. 318 Uni GE (p. 8). 319 GR (p. 2); ASIP (p. 2).

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n’est pas souhaitable. La clarification envisagée correspond à un besoin de la pra-tique320.

Arguments négatifs

La solution proposée va à l’encontre de l’avis de la doctrine dominante et de la planifica-

tion successorale effectuée sur cette base. Elle mélange les prestations d’assurances

sociales (2e pilier) et l’épargne privée (3e pilier a). Elle conduirait à une importante insé-curité et à une incohérence juridique, et entrerait en conflit avec le droit des régimes ma-trimoniaux. Le rapport entre droit de la prévoyance et droit successoral devrait être réflé-chi à nouveau321.

Des montants considérables pourraient être soustraits à la succession en les déposant sur un compte épargne 3a, notamment chez les indépendants. Cela ne paraît pas lo-gique du moment que les réserves ne sont pas totalement supprimées. Il y a un poten-tiel important de lésion des réserves héréditaires322.

Diminuer les réserves et exclure les avoirs des 2e pilier b et 3e pilier a de la succession permet d’anéantir la protection des réservataires et de favoriser de manière dispropor-

tionnée des bénéficiaires qui, eux-mêmes réservataires, pourront en outre réduire les autres héritiers sur un solde de succession sans imputation de leurs prestations de

prévoyance acquises 323.

Il ne se justifie pas de soustraire ces prestations aux descendants pour les attribuer au conjoint survivant324.

Questions ouvertes

Les avoirs de 3e pilier a sous forme d’assurance et bancaire devraient être inclus dans la

succession et dans la dissolution du régime matrimonial. Les investissements dans le 3e pilier a servent avant tout à épargner pour la retraite et à bénéficier d’un taux d’impôt

préférentiel, et non à favoriser quelqu’un en cas de décès. Cette forme de prévoyance

n’est pas collective mais individuelle, contrairement à la prévoyance professionnelle. Les

conséquences de l’avant-projet en matière matrimoniale, d’assurance sociale et de pré-

voyance professionnelle devraient être clairement expliquées dans le Message325.

Le conjoint survivant serait massivement favorisé par cette modification (art. 2, al. 1, lett. b OPP 3). Elle ne peut donc être approuvée que si sa réserve est effectivement ré-duite à 1/4. Si, en présence de descendants et d’un partenaire de vie, l’assuré n’a pas

désigné un ou plusieurs bénéficiaires parmi eux selon l’art. 2, al. 1, lett. b, ch. 2 OPP 3, il

est dérangeant que l’ordre des bénéficiaires puisse être différent suivant l’institut de 3e pilier concerné. Ce dernier article devrait donc être modifié afin de prévoir dans quelle proportion les descendants et le partenaire sont bénéficiaires en l’absence de désigna-

tion par l’assuré, en tenant compte de l’éventuelle adoption de la norme sur le legs

d’entretien326.

Si la codification de la jurisprudence selon laquelle les prestations du 2e pilier obligatoire et surobligatoire sont exclues de la succession est à saluer, il convient de relever qu’en

cas de rachats supplémentaires dans la prévoyance professionnelle, les parts successo-rales des enfants d’un premier mariage pourraient être réduites drastiquement au profit

320 SO (p. 4); CSDE (p. 4. 321 LU (p. 2); AK BS (p. 8); successio (p. 6); Uni BE (p. 17); Uni FR (p. 2). 322 BL (p. 2); swisNot (p. 4); Uni FR (p. 2). 323 Unil (p. 7). 324 AK BS (p. 8). 325 AR (p. 2); AK BS (p. 8); OdA GE (p. 3); Uni BE (p. 17); Uni GE (p. 8); Baddeley (p. 17). 326 FSN (p. 4).

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du nouveau conjoint. En outre, il conviendrait de régler les situations exceptionnelles expressément réservées par le Tribunal fédéral afin de limiter les conséquences cho-quantes du choix effectué dans l’avant-projet. Cette problématique mériterait une ana-lyse détaillée327.

Le Message devrait préciser que la possibilité pour les parties ou le juge de céder au conjoint la totalité ou une partie des droits aux prestations de vieillesse en cas de di-vorce (art. 4 OPP 3) vaut tant pour les avoirs du 3e pilier A sous forme d’assurance que

bancaire328.

L’ordre des bénéficiaires de l’art. 2 OPP 3 devrait être fixé dans une loi au sens formel,

afin d’obtenir la légitimation nécessaire. Il devrait être aussi proche que possible de celui

des héritiers. Il dépendra du hasard (soit si le décès intervient avant ou après la retraite) si les avoirs du 3e pilier a seront compris dans la succession ou non. Le cadre et les possibilités de disposer du 3e pilier a devraient également être réglés au niveau de la loi329.

Les célibataires sans enfants devraient être libres de pouvoir favoriser des personnes de leur famille sociale au moyen de leur avoir du 2e pilier, et leurs amis proches au moyen de leur 3e pilier. Le droit actuel ne prend en compte que les couples, mariés ou non330.

5.6.4 Commentaires spécifiques à la formulation des articles concernés

Art. 476, al. 1 AP-CC

Le texte de l’avant-projet prévoit que les prétentions « s’ajoutent aux biens extants » (sous-entendu intégralement). Le rapport mentionne toutefois que cela interviendra dans le cadre de l’art. 475 CC, ce qui aurait pour effet de n’être le cas que dans le cadre res-

treint de l’art. 527 CC. Cela ne peut pas être le but voulu331.

La formulation devrait être revue afin qu’il soit clair que les clauses bénéficiaires irrévo-

cables sont également comprises, p. ex : « Les prétentions de tiers en matière d’assurance-vie sur la tête du de cujus et donnant droit à des prestations au décès de ce dernier s’ajoutent aux biens existants »332.

Le terme « de tiers » devrait être supprimé car il pourrait comprendre toutes les per-sonnes ayant une prétention directe à l’encontre de l’entreprise d’assurance333.

Le Message devrait, par souci de clarté, préciser qu’est uniquement visé le 3e pilier b (et non le 3e pilier a)334.

Dans la version allemande, le terme « Vermögen » devrait être remplacé par « Na-chlass ». Cette uniformisation de l’utilisation du terme de « Nachlass » devrait également être opérée aux art. 476, al. 2 AP-CC, 470 CC, 484a AP-CC et 564 A-CC335.

Art. 476, al. 2 AP-CC

Cet alinéa est placé au mauvais endroit d’un point de vue de la systématique de la loi. Les art. 474 ss. CC traitent de la masse de calcul des réserves et non de la composition

327 successio (p. 6); Unil (p. 6). 328 Uni GE (p. 8). 329 SDRCA (p. 4). 330 Pro Single (p. 2). 331 Uni BS (p. 13). 332 Uni GE (p. 8). 333 ASA (p. 2). 334 Uni GE (p. 9). 335 SG NV (p. 2).

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de la succession. Les prestations du 3e pilier a reviennent directement aux bénéficiaires et ne tombent pas dans la masse successorale336.

Il conviendrait de préciser que ces avoirs ne sont pas comptabilisés dans la fortune du défunt337.

Art. 529 AP-CC

Cet article ne peut être abrogé sans autre. Il est nécessaire de prévoir un ordre des ré-ductions concernant les prestations d’assurance-vie, le fait que celles-ci soient réduc-tibles selon l’art. 476, al. 1 AP-CC ne suffit pas en soi338.

Cette abrogation est nécessaire339.

5.7 Captation d'héritage

Les participants à la consultation ayant pris position spécifiquement sur la proposition visant à prévenir la captation d’héritage la refusent en grande majorité, même si le but visé est lar-gement partagé.

1 canton340, 1 parti politique341, 7 organisations342 et 1 particulier343 sont favorables ou plutôt favorables à l’avant-projet en matière de captation d’héritage, tandis que 6 cantons344, 2 par-tis politiques345, 15 organisations346 et 4 particuliers347 s’y opposent ou sont plutôt opposés.

5.7.1 En général

Arguments positifs

La solution proposée est claire et simple. Le fait d’opter pour un plafonnement est con-

vaincant348.

Le risque d’abus de la confiance d’une personne pour capter son héritage diminuera349.

Le but poursuivi est salué350.

Arguments négatifs

Cette modification va à l’encontre de l’augmentation de la liberté de disposer, but de la

révision du droit des successions. Sa compatibilité avec les principes généraux du droit des successions et des droits de propriété est discutable351.

L’efficacité de cette disposition est incertaine. Son application serait compliquée et con-

duirait à des procès difficiles. Elle laisse de nombreuses questions ouvertes et n’est pas

apte à protéger efficacement les disposants. Le fardeau de la preuve sera à la charge

336 Uni BE (p. 17); WengerPlattner (p. 4). 337 ASA (p. 2). 338 AK BS (p. 15); ASA (p. 5); NKF (P. 5); SG NV (p. 1); Uni FR (p. 2). 339 Unil (p. 11). 340 UR (p. 2). 341 pvl (p. 3). 342 AK BS (p. 15); CSA (p. 2); economiesuisse (p. 2); FSN (p. 5); MyHappyEnd (p. 2); Pro Single (p. 1); swisNot (p. 5). 343 Gysin (p. 5). 344 AR (p. 3); BS (p. 2); OW (p. 2); SG (p. 8); SO (p. 4); VD (p. 2). 345 PLR (p. 3); UDC (p. 4). 346 Benevol (p. 2); bavaab (p. 3); JDS (p. 10); Niklaus (p. 7); NK BS (p. 5); SG NV (p. 4); SSE (p. 4); successio (p. 10); Uni BE

(p. 12); Uni BS (p. 14); Uni FR (p. 11); Unil (p. 12); Uni ZH (p. 3); USAM (p. 3); USP (p. 5). 347 Baddeley (p. 18); Guinand (p. 3); Guth (p. 6); Sahin (p. 6). 348 FSN (p. 5); Uni ZH (p. 3). 349 UR (p. 2). 350 AK BS (p. 15); FSN (p. 5); NK BS (p. 4); SSE (p. 4); successio (p. 10); SVE (p. 2); swisNot (p. 5); Uni FR (p. 11). 351 AR (p. 3); BS (p. 2); SG (p. 8); VD (p. 2); Benevol (p. 2); SSE (p. 4); Uni BE (p. 12); Guth (p. 6).

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du demandeur, qui devra prouver le lien de confiance, l’exercice de la profession, et le

lien entre les deux, chose pratiquement impossible352.

Cette proposition consacre une présomption de mauvaise foi pour les professionnels visés. Il arrive fréquemment qu’une personne, à travers ou grâce à l’exercice de sa pro-

fession, entretienne une meilleures relation que celle des membres de la famille propre. Au nom de la responsabilité personnelle, chacun doit pouvoir faire ce qu’il souhaite de

ses biens, dans les limites de la quotité disponible, en particulier en l’absence d’héritiers

réservataires. Le droit actuel est suffisant en la matière et le modifier risque de créer de nouvelles inégalités. Il ne sera pas possible de trouver une solution qui règle chaque cas particulier353.

Il n’est pas compréhensible de réduire le champ d’application de cette norme aux seules

personnes qui disposaient de la confiance du défunt dans l’exercice de leur profession.

Le critère est mal choisi et impraticable. Les voisins, collègues, représentants, coiffeurs, relations associatives ou religieuses peuvent tout autant abuser de la confiance du dé-funt que des professionnels354.

Le champ d’application est trop étendu. Un coiffeur, un physiothérapeute ou un entraî-neur de fitness par exemple, de même que leurs proches, ne devraient pas être concer-nés par cette restriction. Les personnes n’ayant pas connaissance d’une attribution en

leur faveur et n’ayant ainsi pas abusé du disposant sont également touchées355.

Le rapport de confiance de différentes professions avec la clientèle n’est pas compatible

avec une attribution pour cause de mort. Cette disposition ouvre la porte à des conflits d’intérêts qui ne sont pas souhaitables. Les professions rémunérées ne devraient pas pouvoir bénéficier d’attributions supplémentaires356.

La loi ne devrait pas régler des cas qui ne se produisent qu’exceptionnellement. Le be-

soin de légiférer a-t-il réellement augmenté357 ?

Les modalités d’exercice de cette nouvelle norme ne sont pas définies358.

La proportion d’un quart est arbitraire et infondée. Elle serait trop élevée dans certains

cas, trop basse dans d’autres. Il conviendrait de différencier les cas avec ou sans des-

cendants et conjoint survivant359.

La proportion d’un quart est trop élevée, elle devrait être réduite à un cinquième ou

moins360.

Questions ouvertes

Les art. 469 CC sur le vice de consentement et 540 CC sur l’indignité sont suffisants. Il

conviendrait plutôt d’étendre le champ d’application de l’art. 540 CC361.

Exiger la forme authentique pour de telles attributions (ou celles dépassant le quart de la succession), ou une forme particulière dans laquelle par exemple l’officier public rendrait

352 AR (p. 3); OW (p. 2); SO (p. 4); JDS (p. 12); Niklaus (p. 7); Uni BE (p. 13); Uni BS (p. 15); Unil (p. 12); Baddeley (p. 18);

Guinand (p. 3). 353 AR (p. 3); BS (p. 2); SO (p. 4); PLR (p. 3); UDC (p. 4); Benevol (p. 2); NK BS (p. 5); SG NV (p. 4); Uni BS (p. 14); Uni FR

(p. 11); Baddeley (p. 18). 354 AR (p. 3); OW (p. 2); Benevol (p. 2); JDS (p. 12); Niklaus (p. 7); successio (p. 10); Uni ZH (p. 3); Sahin (p. 6). 355 Uni FR (p. 11). 356 bavaab (p. 3); USP (p. 5). 357 AR (p. 3); BS (p. 2); JDS (p. 11). 358 Unil (p. 12). 359 successio (p. 10); Uni BE (p. 14). 360 FSN (p. 5); USP (p. 5). 361 SG (p. 8); SO (p. 4); Benevol (p. 2); JDS (p. 10); SSE (p. 4); Guth (p. 6).

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attentif le disposant ou qui nécessiterait l’intervention de témoins qualifiés, serait plus ef-

ficace pour prévenir les abus. En cas de non respect, l’attribution serait annulable362.

La question d’une éventuelle captation d’héritage ou d’une indignité doit être répondue

par oui ou par non, pas par une limitation à une fraction de succession. Cette disposition ne s’intègre pas à la dogmatique actuelle du CC. Il convient de prévoir une norme géné-

rale selon laquelle de telles libéralités sont attaquables. Limiter les attributions aux per-sonnes de confiance à un quart de la succession revient à autoriser la captation d’héritage à cette hauteur363.

Les professions concernées devraient être celles avec fonction de conseil et accès à la sphère privée du disposant. La question du cercle des personnes concernées devrait être examinée plus en détail364.

Les libéralités entre vifs devraient également être soumises à cette règle365.

Le problème réside dans le fait qu’il est difficile d’établir l’importance des liens entre

deux personnes après le décès de l’une d’elles, de connaître les motifs d’une attribution

successorale ou de prouver un cas de captation d’héritage. Si l’on veut prendre au sé-

rieux la question de la liberté de disposer, il convient de la limiter avec la plus grande précaution366.

La nouvelle règle devrait trouver place dans le chapitre « De la quotité disponible » du point de vue systématique. En faire un cas d’indignité n’est pas juste, un cas à part de

capacité de recevoir ou d’action en réduction serait plus approprié. Il faut opter pour un motif d’indignité ou d’annulabilité, l’idée de compléter le ch. 3 de l’art. 519, al. 1 CC pa-

raissant la plus judicieuse367.

La problématique devrait être traitée dans le contexte de la liberté de disposer afin d’apporter une solution au problème en augmentation de la capacité de tester des per-sonnes âgées (pressions et influences de tiers, maladies entraînant des troubles du rai-sonnement)368.

Il conviendrait de préciser que les attributions ne sont possibles que dans le cadre de la quotité disponible369.

Les activités bénévoles comme les activités rémunérées devraient être concernées, les personnes morales également370.

Il conviendrait de limiter la capacité à hériter des personnes concernées par la règle proposée aux relations d’amitié d’une durée minimale (5 ans)371.

La captation d’héritage devrait faire l’objet d’une norme pénale spécifique372.

La captation d’héritage devrait être constatée d’office et pouvoir être attaquée dans un

délai de 5 ans après l’ouverture du testament. Le juge devrait pouvoir évaluer quelle par-

362 JDS (p. 13); SG NV (p. 4); successio (p. 10); Uni BE (p. 13); Baddeley (p. 18). 363 SO (p. 4); bavaab (p. 3); JDS (p. 12); Uni BS (p. 15); Uni FR (p. 11); Unil (p. 12). 364 JDS (p. 13); Uni BE (p. 14). 365 AK BS (p. 16); successio (p. 10); Uni FR (p. 11); Uni GE (p. 9). 366 JDS (p. 11); Uni ZH (p. 3). 367 successio (p. 10); Unil (p. 12); Guinand (p. 3). 368 Uni BE (p. 13). 369 AK BS (p. 15). 370 Benevol (p. 2); USP (p. 5). 371 SVE (p. 16). 372 SVE (p. 2, 16).

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tie, le bénéficiaire de l’attribution ou le demandeur, agit dans le sens voulu par le dé-

funt373.

Les assurances-vie devraient introduire des mécanismes de protection des disposants contre les crimes commis avec ruse374.

5.7.2 Commentaires spécifiques à la formulation de l’art. 541a AP-CC

Les termes « confiance du défunt » et « exercice de leur profession » sont trop vagues et risquent d’entraîner de grandes difficultés d’application en pratique et une jurispru-

dence incertaine. Les engagements non rémunérés sont-ils concernés375 ?

C’est plutôt « les personnes qui ont établi des liens de proximité avec le de cujus en rai-son de leur activité professionnelle » qui sont visés, auxquelles il conviendrait d’ajouter

les associations, sociétés ou groupements dans lesquels ils ont un intérêt prépondé-rant376.

Il conviendrait de clarifier si les institutions (communautés religieuses, associations, etc.) représentées par des personnes physiques seraient également touchées377.

La proportion devrait porter sur la quotité disponible et non sur la succession378.

Dans la version allemande, le terme « Angehörigen » devrait être remplacé par « Nahe-stehenden » afin de comprendre également les partenaires de vie de fait ou hommes de paille de la personne de confiance379.

5.8 Droit à l'information successorale

Les participants à la consultation ayant pris position spécifiquement sur la proposition de créer une norme de droit des successions relative au droit à l’information successorale la

soutiennent en très grande majorité.

5 cantons380, 2 partis politiques381, 10 organisations382 et 3 particuliers383 y sont favorables ou plutôt favorables, alors que 4 organisations384 y sont opposées ou plutôt opposées.

5.8.1 En général

Arguments positifs

La création d’un droit successoral à l’information permettra aux héritiers d’obtenir des

informations, notamment auprès des banques, chez lesquelles il est actuellement diffi-cile d’en obtenir385.

373 SVE (p. 2). 374 SVE (p. 2). 375 VD (p. 2); Benevol (p. 2). 376 Uni GE (p. 9). 377 Uni BE (p. 14); Baddeley (p. 18). 378 Uni ZH (p. 3). 379 AK BS (p. 16). 380 BL (p. 3); SO (p. 5); TG (p. 3); VD (p. 3); ZH (p. 5). 381 pvl (p. 3); UDC (p. 4). 382 AK BS (p. 18); ASM (p. 2); CSA (p. 2); FSN (p. 5); JDS (p. 14); MyHappyEnd (p. 2); NK BS (p. 5); Uni GE (p. 9); Unil (p. 14);

Uni NE (p. 9). 383 Guth (p. 6); Lauterbach (p. 4); Sahin (p. 7). 384 bavaab (p. 3); NKF (p. 9); successio (p. 11); Uni BS (p. 16). 385 BL (p. 3); SO (p. 5); TG (p. 3); Uni GE (p. 9).

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Il permettra de combler une lacune, de clarifier une situation non réglée actuellement et faisant l’objet de nombreux jugements et articles de doctrine. Cela est à saluer. Le risque de litiges en lien avec l’étendue de l’obligation et l’existence d’une prétention est

inévitable et doit être accepté386.

Le fait de limiter l’obligation de fournir des informations aux personnes ayant géré, pos-

sédé ou reçu des valeurs du défunt permet d’éviter un affaiblissement trop important du

secret professionnel387.

Le fait de limiter l’obligation aux valeurs du défunt est à saluer. Les informations confi-

dentielles sans liens avec ces valeurs doivent pouvoir bénéficier du secret profession-nel388.

Arguments négatifs

La plus-value en pratique devrait être limitée. Des procès ne pourront être évités dans ce domaine389.

Le secret professionnel des avocats et notaires, fondamental pour ces professions, a une importance significative dans l’ordre juridique. Il fixe des limites fermes en droit de

procédure et doit absolument être sauvegardé. Il n’y a pas de raison de faire d’exception

en droit des successions, en particulier en cas de conflit d’intérêts entre disposant et hé-ritiers ou lorsque le disposant à expressément invité son avocat ou notaire à garder le secret. Sinon, le lien de confiance avec le client en souffrirait et des informations essen-tielles notamment pour une planification successorale de qualité pourraient ne plus être fournies par le client. Les avocats et notaires devraient être déliés du secret par leur autorité de surveillance respective au cas par cas390.

Le caractère impératif du droit à l’information est discutable si l’objet de cette information

est dans la sphère de libre disposition du de cujus391.

Questions ouvertes

Le droit à l’information doit être formulé de manière très précise, afin d’éviter que les

acteurs du monde financier trouvent des astuces pour s’y soustraire et que les héritiers

obtiennent les informations nécessaires malgré les diverses constructions juridiques proposées à la clientèle (trusts, fondations, associations, assurances, sociétés, etc.). Il est nécessaire qu’il porte sur les valeurs dont le défunt était ayant droit économique et il n’est pas sûr que le texte de l’avant-projet suffise à cet effet392.

Le cercle des détenteurs d’information qui seraient obligés de fournir des informations

devrait être étendu et ne pas se limiter aux seules personnes ayant géré, possédé ou reçu des valeurs du défunt. La seule connaissance du lieu où se trouvent ces valeurs devrait suffire. L’administration fiscale devrait aussi être tenue à fournir des informa-

tions393.

Il est nécessaire de préciser de manière détaillée le cercle des ayants droit à l’information. Les légataires en feraient partie, alors que ce n’est pas le cas à présent et

386 VD (p. 3); ZH (p. 5); pvl (p. 3); UDC (p. 4); AK BS (p. 18); ASM (p. 2); bavaab (p. 3); NK BS (p. 5); Unil (p. 14); Uni NE

(p. 10). 387 BL (p. 3); Unil (p. 14). 388 FSN (p. 6). 389 UDC (p. 4). 390 bavaab (p. 3); NKF (p. 9). 391 Unil (p. 14). 392 SG NV (p. 5); Uni GE (p. 10); WengerPlattner (p. 11). 393 AG (p. 2); TG (p. 3); bavaab (p. 3); Uni NE (p. 11).

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ne devrait pas l’être à l’avenir. Il convient de se baser sur la jurisprudence et la doctrine

en vigueur394.

Cette disposition va plus loin que la jurisprudence actuelle du Tribunal fédéral et pourrait contraindre les avocats à fournir des informations indépendamment de leur caractère sensible. Il faut éviter que des règles différentes s’appliquent en matière de secret pro-

fessionnel pour les prétentions successorales et pour les prétentions contractuelles héri-tées395.

Une réserve relative au secret d’affaires ou aux faits strictement personnels tombant

dans la sphère intime du défunt serait peut-être souhaitable et conforme à la jurispru-dence actuelle396.

Les ayants droit à un legs d’entretien devraient également bénéficier de ce droit397.

Les critères d’obtention de l’information devraient être précisés afin de protéger les

droits de la personnalité et la protection des données de la personne concernée398.

Diverses questions devraient être éclaircies. Les assurances sociales seront-elles con-cernées par l’obligation d’informer ? Si oui dans quelle mesure ? Quel sera le rapport entre obligation d’informer et obligations légales de garder le secret ? Les avocats et no-taires devront-ils se faire délier du secret professionnel ou non ? Les héritiers virtuels ont-ils droit à l’information399 ?

La preuve de la prétention successorale ne doit pas reposer sur le certificat d’héritier.

Les héritiers ont besoin de l’information avant sa délivrance. Il convient de préciser que le droit à l’information existe dès l’ouverture de la succession, même si les droits de suc-

cession ne sont pas encore prouvés ou attestés. Un certificat donnant droit à l’information (« Bescheinigung zur Auskunft ») pour les héritiers légaux, déjà existant en pratique, devrait être instauré. Les héritiers institués devraient eux pouvoir se légitimer au moyen de la décision écrite d’ouverture du testament. Un nouvel alinéa 4 pourrait le

prévoir400.

Il convient de préciser que le secret des avocats ou notaires ne serait levé que s’ils ont

eux-mêmes géré, possédé ou reçu des valeurs du défunt401.

Il conviendrait de regrouper tous les droits et devoirs en matière d’information afin

d’aboutir à un corps de règles cohérentes et plus compréhensibles. Cela aboutirait en contrepartie à l’abrogation des art. 607, al. 3, et 610, al. 2 CC. La complémentarité entre

ces articles mérite d’être réfléchie402.

Un droit à l’information envers les médecins, hôpitaux et autres détenteurs de secrets

(APEA p. ex.) pourrait être créé afin de permettre aux personnes souhaitant attaquer la validité d’un testament ou une libéralité entre vifs de se faire une idée de la capacité de

discernement du disposant avant un éventuel procès403.

394 Uni BE (p. 19); Uni BS (p. 11; 16). 395 Uni BS (p. 17); WengerPlattner (p. 11). 396 Uni NE (p. 12). 397 Pvl (p. 3). 398 Lauterbach (p. 4). 399 SZ (p. 1); FSN (p. 6); Niklaus (p. 8); Uni NE (p. 10). 400 TG (p. 3); ZH (p. 5). 401 BS (p. 2); NK BS (p. 5). 402 Uni NE (p. 13); WengerPlattner (p. 11); Baddeley (p. 23). 403 AK BS (p. 19); Uni NE (p. 12).

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La mise en œuvre judiciaire du droit à l’information successorale doit être facilitée, par

exemple dans le cadre de la procédure sommaire par l’ajout d‘un nouveau chiffre à l’art.

249 lett. c CPC404.

Il devrait être créé un droit à l’information du vivant de la personne déjà, afin de per-mettre aux futurs héritiers réservataires de récolter les preuves nécessaires pour le cas où le décès surviendrait. Seule une information complète et transparente, même contre la volonté de la personne concernée, permettra de faire valoir ses prétentions dans le cadre du partage de la succession405.

5.8.2 Commentaires spécifiques à la formulation de l’art. 601a AP-CC

Le fait que les comptes dont le défunt était ayant droit économique tombent dans le champ d’application de la règle devrait être explicitement mentionné dans le texte de loi. Le droit d’être entendu du titulaire de compte devrait aussi être réglé. Celui-ci doit avoir la possibilité au préalable de réfuter la prétendue relation d’ayant droit économique et

pouvoir faire valoir un intérêt digne de protection406.

La notion de « successeurs » est nouvelle et doit être précisée à tout le moins dans le Message407.

Mentionner à l’al. 1 que cela concerne les valeurs du défunt gérées « avant ou au mo-ment du décès »408.

Il serait utile d’insérer l’injonction d’utiliser cette possibilité de manière proportionnée409.

L’al. 2 pourrait être supprimé, son contenu découle de l’al. 1 et il contient une répétition

du verbe « exister » dans la version française410.

L’al. 2 est trop imprécis et conduirait à un droit à l’information quasiment illimité dans le temps pour certaines catégories d’héritiers (usufruitiers, appelés), ou du moins qu’il peut

perdurer après le partage tant que la rescision (art. 638 CC) est possible. L’intérêt juridi-

quement protégé devrait limiter ce droit dans le temps411.

A l’image de la version française, il conviendrait de préciser à l’al. 2 de la version alle-

mande qu’il s’agit de la prétention « successorale ». Il conviendrait en outre de mention-ner dans le message que l’obligation d’archivage n’est pas prolongée par cette norme412.

La possibilité de supprimer le droit à l’information pour les non réservataires doit être

exclue afin d’éviter qu’un héritier possède une prétention dans la succession mais pas

de droit à l’information. L’inégalité de traitement entre réservataires et non réservataires ne se justifie pas et le de cujus ne peut actuellement pas dispenser un héritier de l’obligation d’informer (art. 607, al. 3 et 610, al. 2 CC)413.

Il faudrait rajouter le secret de fonction à l’al. 3. La gestion du patrimoine peut aussi dé-couler d’une activité officielle et le secret de fonction doit donc aussi être levé. De plus,

afin d’éviter tout problème d’interprétation, une liste exemplative d’autre secrets et de-

404 Uni NE (p. 13). 405 USP (p. 5). 406 AK BS (p. 18); WengerPlattner (p. 11). 407 Uni NE (p. 11). 408 AK BS (p. 18). 409 Baddeley (p. 23). 410 Uni GE (p. 10). 411 successio (p. 11); Uni NE (p. 11). 412 AK BS (p. 19). 413 WengerPlattner (p. 11); Uni NE (p. 13).

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voirs de confidentialité (secret bancaire, devoir de discrétion de l’art. 35 LPD, etc.) de-

vraient être ajoutée414.

Au regard des art. 47, al. 5 LB et 321, ch. 3 CP réservant les obligations légales de ren-seigner et de témoigner, l’on peut se demander si l’al. 3 est nécessaire415.

La question de savoir pourquoi l’al. 3 ne mentionne que le testament et non le pacte successoral est ouvert. Les termes « disposition pour cause de mort » ou « par le dispo-sant » couvriraient les deux cas de figure416.

L’al. 3 devrait éventuellement être séparé en deux. Le droit à l’information des héritiers réservataires n’a pas de lien avec la protection du secret professionnel417.

5.9 Rapport et réduction

Les participants à la consultation ayant pris position spécifiquement sur les propositions en lien avec le rapport et la réduction les refusent en majorité.

1 parti politique418 et 3 organisations419 les soutiennent ou sont plutôt positives à leur égard; 8 organisations420 et 1 particulier421 y sont par contre opposés ou plutôt opposés.

5.9.1 En général

Arguments positifs

Sur le principe, les propositions faites sont bonnes et doivent être soutenues422.

Le choix de codifier l’interprétation extensive de l’art. 527, al. 1 CC, soutenu par la juris-

prudence et la doctrine majoritaire, est à saluer423.

La modification terminologique (« libéralité ») doit être entièrement approuvée424.

Arguments négatifs

Les propositions de modification auront des conséquences importantes sur le système des rapports, ne sont pas forcément meilleures que le droit en vigueur et poseront de nouvelles questions en pratique425.

Selon le texte de loi proposé, seules les acquisitions pour cause de mort seront réduc-tibles, et non les libéralités entre vifs. Une telle limitation est insoutenable et inconciliable avec les fondements du rapport successoral. Du point de vue de la systématique de la loi, il n’est pas précisé quelles dispositions sur la réduction s’appliquent uniquement aux

dispositions pour cause de mort et lesquelles s’appliquent également aux libéralités

entre vifs426.

414 SG (p. 10); Uni GE (p. 10). 415 Uni NE (p. 12). 416 AK BS (p. 19); bavaab (p. 3); FSN (p. 6); Uni NE (p. 13). 417 Uni FR (p. 12); WengerPlattner (p. 11). 418 UDC (p. 4). 419 ASM (p. 2); CSA (p. 4); Uni GE (p. 10). 420 FSN (p. 6); NKF (p. 7); SG NV (p. 6); successio (p. 10); Uni BE (p. 20); Uni BS (p. 17); Uni FR (p. 13); WengerPlattner

(p. 7). 421 Baddeley (p. 20). 422 Uni GE (p. 10). 423 NKF (p. 7); Uni BS (p. 17); SVE (p. 7). 424 Unil (p. 11). 425 UDC (p. 4); successio (p. 11); Uni BE (p. 20). 426 Uni BE (p. 20); WengerPlattner (p. 7).

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Pour tenir compte convenablement des nuances évoquées par la jurisprudence et la doctrine, une réflexion et des explications plus approfondies sont nécessaires. Une révi-sion ponctuelle n’est pas à même de donner satisfaction, une révision générale est né-

cessaire427.

Le fait de conserver la formulation « faites à titre d’avancement d’hoirie » (« auf Anrech-nung an den Erbteil ») est problématique, car elle est précisément l’objet de la contro-

verse. Il pourrait toujours être argumenté qu’il n’y a pas libéralité faite à titre

d’avancement d’hoirie si le disposant, en application de l’art. 626, al. 2 CC, a expressé-

ment dispensé de rapport et n’a ainsi justement pas procédé à une libéralité faite à titre

d’avancement d’hoirie428.

La question centrale de fond, sujette à controverse en doctrine, à savoir si sont sujettes à rapport uniquement les libéralités à caractère de dotation (« Versorgungskollation ») ou alors toutes les libéralités importantes (« Schenkungskollation ») n’est pas tran-

chée429.

Le maintien du ch. 1 de l’art. 527 AP-CC soumettant à réunion, respectivement réduc-tion, les dotations non soumises à rapport, alors que les libéralités faites à des tiers ne peuvent entrer en ligne de compte que si elles ont été exécutées dans les cinq années précédant le décès, n’enlève pas l’illogisme choquant de la situation actuelle telle qu’elle résulte de la jurisprudence du Tribunal fédéral. Les enfants, conjoints ou partenaires en-registrés sont ainsi assujettis beaucoup plus largement que les gratifiés qui lui étaient étrangers430.

Les motifs exposés dans le rapport explicatif ne correspondent pas avec le texte de l’avant-projet, ni avec l’art. 579, al. 2 AP-CC431.

Le rapport entre les ch. 1 et 3 de l’art. 527 CC n’a pas été clarifié. Le lien entre l’al. 1 et

l’al. 2 de l’art. 626 AP-CC n’est pas clair et pose des questions irrésolues432.

Questions ouvertes

Des explications détaillées sur la notion de « libéralités servant à l’établissement dans la

vie économique et sociale » (« Zuwendungen, die der Austattung dienen ») seraient né-cessaires. Elle n’est pas assez précise et devrait éventuellement être modifiée433.

Afin de clarifier le système et d’éviter les discussions entre interprétations objective et

subjective, il faudrait se baser sur le fait qu’un rapport a eu lieu ou non. Les libéralités à

des héritiers légaux qui ne feraient pas l’objet d’un rapport seraient réductibles434.

Prendre parti de l’interprétation objective, soit large des cas de réunion, ne coïncide pas

avec les objectifs d’un droit des successions modernes. Dans une telle perspective,

l’abrogation du ch. 1 doit être véritablement envisagée comme la seule issue correspon-dant à un traitement égal de tous les gratifiés435.

La formulation de l’art. 626, al. 2 CC doit être coordonnée avec celle de

l’art. 527 ch. 1 CC. Le caractère réductible selon l’art. 527, ch. 1 CC pourrait être plus

large que l’obligation de rapport, p. ex. en soumettant à réduction les libéralités servant

427 SG NV (p. 6); Uni BE (p. 20); WengerPlattner (p. 9); Baddeley (p. 20). 428 NKF (p. 7); successio (p. 10); SVE (p. 7); Uni BS (p. 17). 429 Uni BS (p. 17). 430 Unil (p. 11). 431 JDS (p. 15). 432 FSN (p. 6); WengerPlattner (p. 9). 433 SAGW (p. 2); successio (p. 11); Baddeley (p. 20). 434 AK BS (p. 15). 435 Unil (p. 11).

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à l’établissement dans la vie sociale ou économique (« mit Ausstattungskarakter ») en faveur du conjoint mais pas à l’obligation de rapport436.

En lien avec la transmission d’entreprises, la question de la fixation de la valeur à rap-

porter (à fixer au jour de la libéralité plutôt qu’au jour du décès) devrait être étudiée437.

Une règle plus claire en matière de rapport des frais de formation (art. 631, al. 1 CC) serait souhaitable438.

Les avances d’hoirie effectuées en faveur de ses enfants ne devraient être rapportables

qu’en faveur de leurs parents de sang et leurs frères et sœurs439.

5.9.2 Commentaires spécifiques à la formulation des articles concernés

Art. 527, ch. 1 et 3 AP-CC

Au regard des art. 522, 523 et 525 AP-CC, ne faudrait-il pas indiquer « acquisi-tions/avantages pour cause de mort » plutôt que « libéralités pour cause de mort » dans la première phrase440 ?

Le ch. 1 semble donner la préférence à l’interprétation subjective (il reprend la formule de l’art. 626 CC) alors que le rapport se prononce à juste titre en faveur de

l’interprétation objective. La formule du ch. 1 devrait être explicite. Il devrait ressortir du

texte de loi que les libéralités soumises à rapport, mais qui ne sont pas rapportées, sont réductibles441.

Il conviendrait d’utiliser les termes de libéralités ayant le caractère de frais

d’établissement (« Zuwendungen mit Ausstattungskarakter »), quand elles ne sont pas soumises au rapport, que ce soit suite à la perte de la qualité d’héritier ou de dispense

du disposant442.

Si la proposition de l’avant-projet concernant les assurances-vie est maintenue, le ch. 1 devrait préciser que les acquisitions faites au titre de l’assurance-vie sont comprises dans les libéralités réductibles443.

Art. 626, al. 2 AP CC

Cette reformulation est indispensable en raison du caractère contradictoire des critères énumérés dans la loi en vigueur et de l’entremêlement dans cette même disposition de

la tradition française et de la tradition germanique en matière de rapports successo-raux444.

Le terme de « descendants » ayant été supprimé, tous les héritiers, y compris le conjoint survivant, sont-ils assujettis au rapport ? Cette volonté, qui supprimerait la différence ac-tuelle entre créancier et débiteur de l’obligation de rapport, ne ressort pas du rapport ex-

plicatif et devrait être exprimée cas échéant. La question de savoir si le conjoint survi-

436 NKF (p. 9); SG NV (p. 6). 437 successio (p. 12). 438 successio (p. 12). 439 SVE (p. 15). 440 Uni FR (p. 11); Uni GE (p. 10). 441 Uni FR (p. 11); WengerPlattner (p. 9). 442 NKF (p. 7). 443 AK BS (p. 15). 444 Unil (p. 15).

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vant serait également créancier de l’obligation de rapport, et si oui, si cela le sera dans

tous les cas, devrait aussi être éclaircie445.

Il serait préférable de reprendre les termes du Tribunal fédéral (« qui sont destinées à créer, assurer ou améliorer l’établissement dans l’existence ») ou au minimum de rédi-ger la règle selon les critères actuels de la jurisprudence. Les termes « vie sociale et économique » pourraient être interprétés plus largement. Les libéralités qui excèdent les cadeaux d’usage seraient un critère plus facile à mettre en œuvre446.

Le but poursuivi est semble-t-il de soumettre au rapport, sauf disposition contraire, les libéralités faites aux descendants. Elles devraient comprendre les dots, les frais d’établissement, les abandons de biens, les remises de dettes, les donations et dona-

tions mixtes, les avancements d’hoirie, les prêts prescrits, etc., mais également les frais d’instruction et d’éducation parfois différents entre les descendants447.

Si cet article doit être modifié, il convient de régler clairement pour quels cas vaut le rap-port légal et pour quels cas vaut le rapport volontaire, qui est débiteur du rapport, et que sauf disposition contraire du disposant, il n’y a pas de rapport pour les libéralités entre

vifs n’ayant pas le caractère d’avancement d’hoirie448.

Selon le droit actuel, une libéralité luxueuse (p. ex : yacht) n’est pas rapportable. Cela n’est pas juste. Toute libéralité substantielle, sauf disposition contraire du disposant (ou

exclusion par les art. 627, 629, 631 et 632 CC) devrait être soumise au rapport449.

Il n’est pas clair si des libéralités aux descendants avec le caractère d’avancement

d’hoirie seront rapportables en l’absence de dispense, ou si l’art. 626, al. 1 CC

s’appliquera450.

Les notions de frais d’instruction et d’éducation sont supprimées à l’art. 579, al. 2 AP-CC mais maintenues ici. Cela ne semble pas correspondre au but poursuivi et posera de nouveaux problèmes451.

Dans la version allemande, il est défini la notion de « Erbvorbezug » (avancement d’hoirie), utilisée nulle part ailleurs en droit des successions, sans lui attacher de consé-

quence juridique452.

La deuxième phrase ne semble pas nécessaire, sinon il faudrait aussi mentionner les art. 629, al. 2 et 632 CC453.

5.10 Réduction indirecte

Les participants à la consultation ayant pris position spécifiquement sur la proposition en lien avec la question de la réduction indirecte la soutiennent en majorité.

4 organisations454 soutiennent la proposition du Conseil fédéral; 1 organisation455 y est plutôt opposée.

445 AK BS (p. 20); bavaab (p. 4); FSN (p. 7); NKF (p. 9); SG NV (p. 6); successio (p. 11); Uni FR (p. 13); Waldmann Petitpierre

(p. 2). 446 NKF (p. 9); Uni FR (p. 12); Uni GE (p. 10). 447 SG NV (p. 7). 448 FSN (p. 7). 449 AK BS (p. 20). 450 WengerPlattner (p. 12). 451 Niklaus (p. 9). 452 SG NV (p. 6); WengerPlattner (p. 12). 453 Uni GE (p. 10). 454 CSA (p. 4); FSN (p. 7); JDS (p. 14); Uni GE (p. 11). 455 Uni BS (p. 19).

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5.10.1 En général

Arguments positifs

La proposition est bonne sur le fond et améliore le droit actuel456.

L’élargissement de la disposition aux charges est à saluer457.

Arguments négatifs

Il n’y a pas de justification de faire une distinction dans la légitimation passive si le sous-legs a déjà été exécuté ou non. Il n’y a aucun lien juridique à réduire entre l’héritier dont

la réserve est lésée et le sous-légataire. Le seul avantage de cette solution est de réunir toutes les parties dans un seul et même procès et d’obtenir une seule décision de justice

pour l’ensemble. Cet avantage peut déjà être obtenu en droit actuel par l’intervention du sous-légataire en faveur du légataire dans le procès. La solution choisie est celle éma-nant d’un avis de doctrine singulier458.

Questions ouvertes

Une éventuelle adoption de ces nouvelles règles exigerait une analyse plus étayée, en lien avec d’autres propositions concernant la thématique des réductions459.

5.10.2 Commentaires spécifiques à la formulation de l’art. 525, al. 2 et 3 AP-CC

L’expression « acquisitions faites » dans la version française exprime l’idée que

l’intéressé a effectué un acte juridique pour acquérir un droit ou un objet. « Avantages reçus pour cause de mort » ou « avantages pour cause de mort » serait plus juste que « acquisitions pour cause de mort ». De plus, « acquisitions » et « acquitter » dans la même phrase alourdissent le texte460.

Dans la version italienne, « debitore a sua volta » serait préférable à « debitore alla sua volta »461.

L’al. 2 doit être complété pour qu’il s’applique aussi aux bénéficiaires d’une libéralité

entre vifs réduite462.

La précision à l’al. 3 pourrait poser problème en pratique car la formulation choisie peut laisser penser qu’une modification est intervenue. Il n’est pas forcément nécessaire

d’agir contre tous les bénéficiaires. Il manque une explication dans le rapport explica-

tif463.

5.11 Ordre des réductions

Les participants à la consultation ayant pris position spécifiquement sur la proposition rela-tive à l’ordre des réductions sont partagés.

1 parti politique464 et 3 organisations465 y sont favorables ou plutôt favorables. 4 organisa-tions466 y sont opposées ou plutôt opposées.

456 Uni GE (p. 11). 457 Uni BS (p. 19). 458 Uni BS (p. 19). 459 Baddeley (p. 20). 460 Uni GE (p. 11). 461 TI (p. 2). 462 WengerPlattner (p. 8). 463 Niklaus (p. 6). 464 UDC (p. 4).

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5.11.1 En général

Arguments positifs

La clarification concernant la réductibilité des acquisitions pour cause de mort est juste et améliore le droit actuel467.

Arguments négatifs

Les propositions de modification poseront de nouvelles questions en pratique468.

Selon le texte de loi proposé, seules les acquisitions pour cause de mort seront réduc-tibles, et non plus les libéralités entre vifs. Une telle limitation est insoutenable et inconci-liable avec les fondements du rapport successoral. Une modification des règles sur le rapport et le traitement des libéralités entre vifs nécessite une analyse par des ex-perts469.

Il n’y a pas de nécessité de réduction contre les héritiers légaux. Seule la quotité dispo-

nible et non l’entier de la succession est à partager entre les héritiers légaux selon l’art. 481, al. 2 CC. Cette disposition pourrait être clarifiée au besoin. Une modification des art. 523 et 525, al. 1 CC n’est donc pas nécessaire470.

La différence de traitement prévue entre acquisitions résultant d’un pacte successoral et d’une disposition pour cause de mort obligera de faire la difficile distinction entre disposi-

tion contractuelle et clause testamentaire du pacte471.

Questions ouvertes

Il est donné dans l’avant-projet trop d’importance à la question secondaire de la réduc-tion des acquisitions ab intestat. Les priorités en matière de réduction ont été mal choi-sies472.

Les art. 526 AP-CC et 532 CC traitent tous deux de l’ordre des réductions. Ils devraient

être réunis pour former un tout. Le lien entre ces deux articles n’est pas compréhensible

dans l’avant-projet473.

Admettre que l’acquisition ab intestat peut être entièrement réduite crée des situations où les tiers sont favorisés dans une plus large mesure que les héritiers réservataires, puis que celle-ci est réduite en première ligne (art. 526, al. 2 AP-CC). Cela n’est pas

conforme au système des réserves et au legs préciputaire. Le de cujus doit pouvoir favo-riser ses héritiers réservataires au moins de la même manière que des tiers ou des pa-rents plus éloignés. L’acquisition ab intestat ne doit être réductible que pour ce qui ex-cède la réserve. L’art. 523 in fine AP-CC est clair sur ce point, mais le commentaire du texte proposé devrait être modifié474.

Il conviendrait d’étudier si les dispositions pour causes de mort ou les donations inconci-liables avec les engagements résultant d’un pacte successoral ne peuvent pas déjà être

attaquées selon le droit actuel (art. 494, al. 3 CC). L’art. 97 CO réglant la responsabilité

pour inexécution peut également trouver application. En outre, l’art. 528, al. 2 CC permet

à la partie gratifiée dans un pacte successoral ayant subi une réduction de répéter une

465 AK BS (p. 14); CSA (p. 4); Uni GE (p. 11). 466 JDS (p. 15); Uni BE (p. 20); Uni FR (p. 6); WengerPlattner (p. 7). 467 AK BS (p. 14); FSN (p. 7); Niklaus (p. 5); Uni BS (p. 20); Uni GE (p. 11); Unil (p. 10). 468 UDC (p. 4). 469 Uni BE (p. 20). 470 JDS (p. 15). 471 WengerPlattner (p. 9). 472 successio (p. 9). 473 bavaab (p. 3); WengerPlattner (p. 8). 474 Uni FR (p. 6).

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part proportionnelle des contre-prestations faites au disposant. La nécessité d’une modi-

fication législative en la matière est discutable475.

La doctrine n’est pas unanime quant à la question de savoir si un héritier réservataire

ayant reçu le montant de sa réserve sous forme de legs ou de libéralité entre vifs peut exiger ou non d’être héritier. Il n’est pas certain que l’avant-projet réponde à satisfaction à cette question qui mérite d’être réglée476.

Le règlement de la question de l’obligation de restitution du bénéficiaire de mauvaise foi

(art. 528, al. 1 CC), qui serait nécessaire, n’a pas été traité. L’ordre des réductions

(art. 532 CC) devrait également être révisé, en particulier en lien avec les modifications envisagées en matière d’assurance-vie et d’attribution du bénéfice de l’union conju-

gale477.

5.11.2 Commentaires spécifiques à la formulation des articles concernés

Art. 522, al. 1 AP-CC

Il est nécessaire de rajouter les libéralités entre vifs comme objet de la réduction, faute de quoi il manquera le moyen procédural pour faire valoir les droits découlant de l’art.

527 CC pour celles-ci. Il conviendrait donc de supprimer les mots « pour cause de mort », ou parler d’« avantages qui excèdent la quotité disponible »478.

La suppression sans explication dans la version allemande des termes « dem Werte nach », à la portée pratique importante, notamment pour l’interprétation de la notion de réserve, est vivement contestée479.

Il conviendrait de préciser que sont réductibles également les acquisitions faites par les héritiers légaux480.

Le texte de cet article devrait être celui du rapport d’expertise481482.

Art. 523 AP-CC

Cet article s’applique aussi aux libéralités entre vifs faites exactement au même moment selon la doctrine. Cela devrait être mentionné dans le texte de loi483.

« Avantages reçus pour cause de mort » ou « avantages pour cause de mort » serait plus juste que « acquisitions pour cause de mort »484.

La formulation « … so werden die ihren Plflichtteil übersteigenden Anteile der Miterben

im Verhältnis der Beträge herabgesetzt, welche die Pflichtteile übersteigen. » serait meil-leure dans la version allemande485.

Le texte de cet article devrait être celui du rapport d’expertise486487.

475 JDS (p. 16); Uni BS (p. 20); Uni GE (p. 11). 476 WengerPlattner (p. 8). 477 successio (p. 10). 478 Uni GE (p. 11); WengerPlattner (p. 7). 479 AK BS (p. 14); FSN (p. 8); successio (p. 9); Uni FR (p. 5). 480 AK BS (p. 14). 481 Denis Piotet, successio/Not@lex 2014, p. 94. 482 Unil (p. 10). 483 WengerPlattner (p. 8). 484 Uni GE (p. 11). 485 AK BS (p. 14). 486 Denis Piotet, successio/Not@lex 2014, p. 94. 487 Unil (p. 10).

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Art. 525, al. 1 AP-CC

En lien avec l’art. 526 AP-CC, cet alinéa devrait préciser que la réduction s’exerce dans

la même proportion pour tous les bénéficiaires de même niveau. Il devrait mentionner qu’il s’applique aussi aux libéralités entre vifs faites exactement au même moment488.

Au vu de la formulation de l’art. 526 AP-CC, ne faudrait-il pas choisir l’expression « dis-positions pour cause de mort » ? Cela permettrait de différencier les acquisitions pour cause de mort résultant de la loi qui doivent être réduites en première ligne, et celles fondées sur des dispositions pour cause de mort, réduites en deuxième ligne et au marc le franc489.

« Avantages reçus pour cause de mort » ou « avantages pour cause de mort » serait plus juste que « acquisitions pour cause de mort »490.

Art. 526, al. 1 et 2 AP-CC

La formulation choisie à l’al. 1 ne correspond pas au commentaire du rapport explicatif.

En outre, il conviendrait de mentionner dans la loi que si la quotité disponible est déjà épuisée, le principe général de l’art. 525, al. 1 CC s’applique491.

Les conditions que doivent remplir les acquisitions pour cause de mort postérieures pour être réduites avant le pacte successoral ne sont pas claires492.

A la lumière de l’art. 494, al. 3 CC, l’art. 526, al. 1 AP-CC aurait pour effet que les testa-ments antérieurs au pacte successoral seraient également réductibles avant le pacte493.

Selon le texte de l’avant-projet, la disposition pour cause de mort postérieure au pacte successoral serait réductible avant le pacte si elle ou le pacte épuisent la quotité dispo-nible. Ces conditions sont contradictoires et inappropriées. Seule est relevante la ques-tion de savoir si le pacte lui-même viole les réserves ou non. Si ce n’est pas le cas,

seules les dispositions postérieures doivent être réduites, de manière proportionnelle. Si c’est le cas, il doit également être réduit, mais seulement après la réduction complète

des dispositions pour cause de mort postérieures494.

L’al. 1 devrait éventuellement être modifié de sorte que les pactes successoraux préva-lent également sur les testaments antérieurs495.

Cette ordre des réductions serait impératif et ferait donc exception à la règle de l’art.

525 CC, selon laquelle toutes les attributions pour cause de mort sont réduites propor-tionnellement. Elle ne manquerait pas de compliquer considérablement la liquidation des successions contestées496.

Le fait d’accorder la priorité aux pactes successoraux ne devrait valoir que pour les

pactes synallagmatiques et non pour ceux contenant des clauses testamentaires. La forme du pacte est souvent utilisée alors qu’un testament serait plus approprié et les

parties ne connaissent pas suffisamment la différence entre ces deux formes. La formu-lation suivante serait plus claire : si un pacte successoral a épuisé la quotité disponible,

488 WengerPlattner (p. 8). 489 Uni FR (p. 6). 490 Uni GE (p. 11). 491 FSN (p. 8); WengerPlattner (p. 8). 492 Uni FR (p. 7). 493 Uni FR (p. 8). 494 Uni FR (p. 10). 495 SO (p. 4). 496 Uni FR (p. 10); Baddeley (p. 22).

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les acquisitions fondées sur des dispositions pour cause de mort postérieures sont ré-duites en premier lieu497.

Remplacer « épuisé » (« ausgeschöpft ») par « dépassé » (« überschritten »), car seule la partie dépassant la réserve peut être réduite498.

Les acquisitions pour cause de mort résultant de la loi (à l’exception de celles protégées

par une réserve) devraient être réduites avant celles résultant d’une disposition pour

cause de mort. La condition posée à l’al. 2 « qui ne léseraient pas déjà la réserve » doit être abandonnée499.

L’al. 2 n’est pas formulé clairement. Il devrait mentionner, comme le fait le rapport expli-

catif, que si les dispositions pour cause de mort lèsent déjà la réserve, toutes les acqui-sitions sont réduites proportionnellement500.

Le texte de l’al. 2 impliquerait que si les dispositions pour cause de mort lèsent elles-mêmes les réserves, la réduction se ferait alors selon l’art. 525 CC, soit sur toutes les at-

tributions en proportion de leur valeur. L’impact de ces modifications qui créent un sys-

tème compliqué de priorités ne serait pas négligeable501.

Art. 528 al. 3 AP-CC

Cet article se situe systématiquement dans les libéralités entre vifs. Le fait qu’il men-

tionne le legs, qui n’en est pas une, n’est donc pas clair502.

Cet alinéa doit être modifié pour les motifs développés dans le rapport. Il est toutefois regrettable que l’al. 2 ne soit pas également modifié503.

Il conviendrait de préciser que les biens formant une unité (« Sachgemeinheiten »), comme une entreprise ou une collection, tombent dans le champ d’application de cet ar-

ticle504.

5.12 Délai de l’action en nullité contre les défendeurs de mauvaise foi

Les participants à la consultation ayant pris position spécifiquement sur la proposition de prolonger dans tous les cas à 30 ans le délai de l’action en nullité contre les défenseurs de

mauvaise foi et de remplacer le terme de prescription par péremption où cela est nécessaire la soutiennent en majorité.

1 canton505, 1 parti politique506, et 5 organisations507 y sont favorables alors que 2 organisa-tions508 s’y opposent.

5.12.1 En général

Arguments positifs

La proposition de correction terminologique est saluée et améliore le droit actuel509.

497 Waldmann Petitpierre (p. 1). 498 AK BS (p. 15). 499 Uni FR (p. 11). 500 FSN (p. 8); WengerPlattner (p. 9). 501 Baddeley (p. 22). 502 Uni BS (p. 21). 503 Unil (p. 11). 504 AR (p. 3); JDS (p. 16). 505 SO (p. 4). 506 UDC (p. 4). 507 ASM (p. 2); FSN (p. 8); Uni BS (p. 21); Uni GE (p. 12); Unil (p. 10). 508 CSA (p. 2); JDS (p. 16).

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La modification lèvera l’insécurité actuelle quant à la controverse sur le point de départ (décès ou ouverture du pacte) du délai absolu de 10 ans en matière de pacte successo-ral510.

Arguments négatifs

Un délai de 30 ans est trop long pour régler définitivement le sort d’une succession. Il est

pratiquement inimaginable d’apporter la preuve de la mauvaise foi d’une personne après

une si longue période. Un délai de 10 ans, ou de 15 ans comme pour l’escroquerie en

droit pénal, serait suffisant511.

La question de la durée du délai de péremption d’un an de l’art. 533 CC et sa nature

juridique (possibilités d’interruption), n’a pas été traitée en profondeur512.

5.12.2 Commentaires spécifiques à la formulation des articles concernés

Art. 521 AP-CC

Comme pour les art. 533 et 600 CC, le délai absolu de péremption devrait courir alterna-tivement dès le décès ou dès l’ouverture de l’acte, les pactes successoraux n’étant pas

ouverts selon une interprétation stricte de l’art. 556 al. CC513.

Art. 533 AP-CC

La formulation est malheureuse. Il faudrait soit supprimer les termes « dès l’ouverture de

l’acte », soit y rajouter les termes « pour autant qu’une ouverture ait lieu »514.

Art. 600 AP-CC

« Nei confronti » plutôt que « in confronto » dans la version italienne515.

La formulation est malheureuse. Il faudrait soit supprimer les termes « ou dès l’ouverture

du testament », soit y rajouter les termes « pour autant qu’une ouverture ait lieu »516.

Il paraît inadéquat de raccourcir à 6 mois le délai de l’appel aux héritiers (art. 555 AP-CC) et de ne pas raccourcir également ce délai517.

5.13 Surveillance des exécuteurs testamentaires et certificats d’exécuteur testamentaire et d’héritier

Les participants à la consultation ayant pris position spécifiquement sur les propositions en lien avec l’exécuteur testamentaire les soutiennent en majorité.

3 cantons518, 1 parti politique519 et 6 organisations520 y sont favorables ou plutôt favorables, tandis que 6 organisations521 y sont opposées ou plutôt opposées.

509 SO (p. 4); UDC (p. 4); Uni BS (p. 21); Uni GE (p. 12); Unil (p. 10). 510 WengerPlattner (p. 7). 511 JDS (p. 16); CSA (p. 2). 512 successio (p. 10). 513 NKF (p. 7). 514 Waldmann Petitpierre (p. 2). 515 TI (p. 2). 516 Waldmann Petitpierre (p. 2). 517 Niklaus (p. 8). 518 SO (p. 4); VD (p. 3); ZH (p. 4). 519 UDC (p. 4). 520 ASM (p. 3); CSA (p. 2); FSN (p. 8); JDS (p. 16); MyHappyEnd (p. 2); swisNot (p. 5). 521 AK BS (p. 10); bavaab (p. 2); NKF (p. 5); Uni BE (p. 14); Uni BS (p. 22); Uni GE (p. 12).

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5.13.1 En général

Arguments positifs

Les précisions apportées par l’avant-projet sont les bienvenues522.

La remise d’une attestation à l’exécuteur testamentaire et aux héritiers légaux corres-pond à un besoin largement éprouvé par la pratique actuelle523.

L’uniformisation du terme de « certificat d’héritier » évitera des confusions dans la pra-tique et renforcera la sécurité juridique524.

La réunion des compétences en main du juge civil mettra fin à des difficultés considé-rables éprouvées par les praticiens à tracer des limites claires entre les attributions ac-tuellement dévolues à chaque autorité, difficultés vérifiées dans la pratique judiciaire des tribunaux525.

Arguments négatifs

Une autorité de surveillance différente du juge de fond est justifiée et connue en droit suisse. Elle serait par ailleurs maintenue pour l’administrateur de la succession526.

La concentration prévue de la surveillance sur l’exécuteur testamentaire auprès du juge créera des problèmes supplémentaires. Les problèmes actuels résultent de circons-tances malheureuses en lien avec la jurisprudence d’un ATF surinterprété en doctrine et

qui pourrait être corrigée à l’avenir. Le juge du contentieux n’est dans la règle pas le

juge qui statue en matière gracieuse, et le cumul d’une procédure soumise à la procé-

dure sommaire ne peut s’opérer avec une procédure ordinaire ou simplifiée en matière

contentieuse527.

La solution proposée ne règle pas le problème soulevé de la distinction entre questions formelles et matérielles. Elle n’a aucune influence sur les procédures applicables et le

problème du choix de la procédure est maintenu. Dans le canton de Zürich, c’est déjà un

juge unique, au Tribunal de district, qui est compétent pour la surveillance de l’exécuteur

testamentaire en matière de questions formelles en lien avec l’exécution de son mandat.

Les questions matérielles sont de la compétence du tribunal de district, après procédure de conciliation selon la procédure simplifiée ou ordinaire en fonction de la valeur liti-gieuse528.

Il est empiété sans raison valable sur une compétence cantonale en matière de procé-dure et les tribunaux seront chargés d’une tâche supplémentaire. Il serait judicieux de

laisser aux cantons, qui ont déjà une organisation qui fonctionne, la compétence d’attribuer le contrôle de l’activité de l’exécuteur testamentaire529.

Le renvoi de l’art. 518, al. 1 CC aux droit et devoirs de l’administrateur officiel a pour

fonction principale de soumettre l’exécuteur testamentaire à la surveillance d’une autori-

té. Il perdra de son importance si l’art. 518, al. 1 AP-C est adopté530.

522 UDC (p. 4); FSN (p. 8); swisNot (p. 5); Uni GE (p. 12). 523 SO (p. 4); VD (p. 3); AK BS (p. 16); bavaab (p. 3); Uni BS (p. 23); Unil (p. 12); WengerPlattner (p. 10); Pfäffli (p. 4). 524 swisNot (p. 5). 525 BL (p. 3); SH (p. 3); SO (p. 4); VD (p. 3); FSN (p. 8); swisNot (p. 5); Guinand (p. 3). 526 Uni BS (p. 23); Uni GE (p. 12). 527 AK BS (p. 10); Unil (p. 9). 528 NKF (p. 7); Uni BE (p. 14); WengerPlattner (p. 7). 529 FR (p. 1); LU (p. 2); bavaab (p. 2); Uni BE (p. 15); Uni BS (p. 22). 530 Uni BE (p. 15).

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Questions ouvertes

Dans tous les cas de conflits d’intérêts impliquant l’exécuteur testamentaire, l’autorité de

surveillance devrait être compétente, dans une procédure sommaire. Une procédure ra-pide et simple ayant des effets à l’égard de tous est nécessaire. La complexité de la

procédure civile n’est pas adéquate pour ce genre de litiges531.

La solution d’attribuer la compétence au juge civil pourrait être étudiée également pour le représentant des héritiers et l’administrateur de la succession532.

Le mandat d’exécuteur testamentaire ne devrait plus pouvoir être accepté tacitement,

mais nécessiter une acceptation expresse533.

L’exécuteur testamentaire devrait avoir la possibilité de nommer un exécuteur de substi-tution. Le disposant devrait pouvoir laisser à la personne de son choix la nomination d’un exécuteur testamentaire, à l’image du droit allemand534.

Il conviendrait de préciser dans le texte de loi qui informe l’exécuteur de son mandat535.

Afin de répondre aux principales questions qui se posent en pratique, le certificat d’héritier devrait être réglé de manière plus précise : nature juridique, compétence, pro-cédure, conditions, moment, contenu, forme, moyens de droit, etc.536.

5.13.2 Commentaires spécifiques à la formulation des articles concernés

Art. 517, al. 3 AP-CC

L’attestation devrait être délivrée sur demande et non d’office537.

Il n’est pas précisé si l’avis à l’exécuteur et la rédaction du certificat est considérée comme une tâche de surveillance et ainsi de la compétence du juge538.

Aux alinéas 2 et 4 de la version italienne, il est proposé de remplacer les termes « d’officio » par « d’ufficio » et « esse » par « essi »539.

Art. 518, al. 4 AP-CC

La procédure applicable n’est pas spécifiée. En pratique, il est déterminant que la pro-

cédure contre l’exécuteur testamentaire ne nécessite pas l’accord de tous les intéres-

sés540.

Art. 559, al. 1 AP-CC

La note marginale « Délivrance des biens » (« Auslieferung der Erbschaft ») devrait être remplacée par « Certificat d’héritier » (« Erbbescheinigung »)541.

Il devrait être précisé les conditions auxquelles les héritiers légaux peuvent obtenir un certificat d’héritier (absence de disposition pour cause de mort modifiant l’ordre légal,

échéance du délai de répudiation ou acceptation de la succession)542.

531 AK BS (p. 12). 532 FSN (p. 8). 533 ZH (p. 4). 534 SG (p. 6); ZH (p. 4). 535 LU (p. 2). 536 FSN (p. 8); Uni BS (p. 23). 537 SG (p. 6). 538 LU (p. 2). 539 TI (p. 2). 540 successio (p. 9). 541 ZH (p. 5). 542 bavaab (p. 3).

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En l’absence d’ouverture de testament, il n’y a pas de communication aux intéressés et

pas de point de départ du délai d’un mois. Le texte de loi devrait préciser que les héri-tiers légaux peuvent alors recevoir un certificat d’héritier délivré par l’autorité543.

La réserve concernant la constatation de l’inexistence porte a confusion et est inutile.

L’action en réduction n’ayant pas d’influence sur la qualité d’héritier, elle ne devrait pas

non plus être mentionnée544.

Les termes « attestant de leur qualité d’héritiers » (« über ihre Stellung als Erben ») sont également inutiles545.

La formulation « als Erben erkannt » a fait ses preuves et devrait être maintenue. Le texte français devrait être modifié en conséquence. « Erbenschein » pourrait en outre remplacer « Erbenbescheinigung »546.

La formulation « les personnes gratifiées dans une disposition plus ancienne » (« die aus einer früheren Verfügung Bedachten ») devrait par exemple être remplacée par « les héritiers institués dans la disposition ou une disposition plus ancienne » (« die in einer früheren oder derselben Verfügung eingesetzten Erben »), correspondant à une pratique reconnue selon laquelle seuls les héritiers institués sont concernés. Les héri-tiers légaux présumés pourraient aussi être inclus547.

5.14 Administration officielle suite à répudiation d’un héritier obéré

Les participants à la consultation ayant pris position spécifiquement sur la proposition traitant de l’administration officielle suite à répudiation d’un héritier obéré la soutiennent unanime-

ment.

1 canton548, 1 parti politique549 et 9 organisations550 y sont favorables ou plutôt favorables, sans qu’elle ne fasse l’objet d’aucune opposition.

5.14.1 En général

Arguments positifs

La proposition convient tout à fait sur le fond et améliore le droit actuel551.

Questions ouvertes

Il convient de réfléchir s’il est opportun de devoir agir contre la personne ayant répudié

et l’ensemble des personnes profitant de la répudiation, à la lumière des art. 220 CC et 290 LP552.

Il serait opportun de prévoir que les honoraires du liquidateur doivent être pris par privi-lège553.

543 SG (p. 7); ZH (p. 4). 544 ZH (p. 4); bavaab (p. 3). 545 ZH (p. 5). 546 Pfäffli (p. 4). 547 SG (p. 7); WengerPlattner (p. 10). 548 ZH (p. 5). 549 UDC (p. 4). 550 AK BS (p. 17); ASM (p. 2); CSA (p. 4); FSN (p. 9); JDS (p. 16); swisNot (p. 6); Uni BS (p. 24); Uni GE (p. 12); Unil (p. 14). 551 UDC (p. 4); AK BS (p. 17); swisNot (p. 6); Uni GE (p. 12); Unil (p. 14). 552 Uni BS (p. 24). 553 GE (p. 2).

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5.14.2 Commentaires spécifiques à la formulation de l’article 578 AP-CC

Le rapport entre les défendeurs (consorité simple ou nécessaire) devrait être clarifié554.

Le droit des successions ne connaît pas la répudiation au profit d’une personne. Le texte

de l’al. 3 devrait être modifié pour tenir compte des conséquences de la répudiation se-

lon l’art. 573 CC555.

Il serait plus clair que l’al. 4 contienne les termes « en vue de sa réalisation »556.

5.15 Testament d’urgence audiovisuel

Les participants à la consultation ayant pris position spécifiquement sur la proposition d’introduire la forme audiovisuelle pour le testament d’urgence la soutiennent dans une grande majorité.

6 cantons557, 2 partis politiques558, 16 organisations559 et 4 particuliers560 y sont favorables ou plutôt favorables, alors que 2 cantons561 et 1 parti politique562 y sont opposés ou plutôt oppo-sés.

5.15.1 En général

Arguments positifs

Il est juste d’adapter le testament d’urgence aux nouvelles technologies et de permettre

la transmission d’un testament même en l’absence de témoins563.

La précision selon laquelle tout testament d’urgence devient nul quatorze jours après

que le testateur a recouvré la liberté d’employer une autre forme de disposer est à sa-

luer564.

Arguments négatifs

L’abandon des deux témoins nécessaires au testament d’urgence pourrait faciliter la

pression et les abus de la part de tiers sur le disposant565.

L’obligation pour l’autorité judiciaire de dresser un procès-verbal crée du travail supplé-mentaire566.

Cette nouvelle possibilité pourrait augmenter le nombre de testaments d’urgence et les

procédures judiciaires567.

554 ZH (p. 5); ASM (p. 2). 555 SG (p. 9). 556 Uni GE (p. 12). 557 SO (p. 4); SZ (p. 1); Ti (p. 2); UR (p. 2); VD (p. 3); ZH (p. 4). 558 PLR (p. 3); pvl (p. 3). 559 AK BS (p. 9); ASM (p. 2); CSA (p. 2); FSN (p. 9); JDS (p. 16); JuCH (p. 6); MyHappyEnd (p. 2); Pink Cross (p. 1); successio

(p. 8); swisNot (p. 6); Uni BS (p. 25); Uni GE (p. 12); USAM (p. 3); USP (p. 4); USS (p. 2); VSM (p. 2). 560 Achermann (p. 4); Gysin (p. 5); Marberger (p. 6); Sahin (p. 7). 561 LU (p. 3); OW (p. 2). 562 UDC (p. 3). 563 UR (p. 2); ZH (p. 4); glp (p. 3); PLR (p. 3); ASM (p. 2); FSN (p. 9); successio (p. 8); swisNot (p. 6); Uni BS (p. 25); VSM

(p. 2). 564 swisNot (p. 6); Uni GE (p. 12). 565 AG (p. 2); OW (p. 2); UDC (p. 3); AK BS (p. 9); FSN (p. 9); JuCH (p. 6). 566 LU (p. 3). 567 UDC (p. 3).

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Questions ouvertes

D’un point de vue technique et organisationnel, diverses questions se posent : moment de la réalisation du testament, risque de falsification et de transmission, dépôt, conser-vation de l’original ou de copies, etc.568.

Tout moyen de communication moderne devrait permettre la transmission d’un testa-ment d’urgence, y compris un enregistrement audio569.

Il conviendrait d’admettre, avec la doctrine moderne, que le maintien du testament

d’urgence après 14 jours entraîne un vice de forme, soit la possibilité d’une annulation

judiciaire, en non un cas de nullité complète570.

La présence de deux témoins devrait être exigée également pour le testament d’urgence

audiovisuel, afin de pouvoir attester qu’il correspond à la volonté exprimée et d’éviter

des falsifications. Ils pourraient devoir apparaître sur la vidéo et assurer la transmission à l’autorité571.

L’appareil porteur du testament d’urgence original devrait être mis sous main de justice

afin de pouvoir prouver d’éventuelles falsifications572.

La compétence du tribunal du lien de domicile d’un des témoins pourrait être donnée en matière de testament d’urgence, afin d’éviter aux témoins la remise du testament au lieu

de domicile du défunt573.

Le champ d’application de l’art. 520a CC devrait être élargi aux testaments audiovisuels

et son texte marginal modifié en conséquence574.

Il est impossible de savoir si le disposant n’était pas menacé au moment de la déclara-

tion de ses dernières volontés. Il devrait être renoncé au testament d’urgence et les

gens devraient apprendre à rédiger leur testament à l’avance, en situation calme575.

5.15.2 Commentaires spécifiques à la formulation des articles concernés

Art. 506 AP-CC

Il convient d’exiger la date afin de permettre de vérifier temporellement la survenance de

circonstances extraordinaires, et de supprimer la référence à « si possible »576.

Il pourrait être renoncé à l’indication de la date, le timecode devrait suffire577.

Il pourrait être renoncé à l’énumération inexhaustive des circonstances extraordinaires

au profit d’un principe général à préciser par la jurisprudence. Les termes « communica-tions interrompues » sont vagues et devraient être précisés. « Zusammenbruch des öf-fentlichen oder des individuellen Verkehrs » est proposé pour la version allemande578.

L’al. 2 devrait être complété des motifs d’incompatibilités du testament public pour les témoins et l’officier public579.

568 GE (p. 1); LU (p. 3); OW (p. 2); Niklaus (p. 4); Uni BS (p. 25). 569 successio (p. 8). 570 Unil (p. 9). 571 USP (p. 4); USPF (p. 2). 572 AK BS (p. 9). 573 LU (p. 3). 574 WengerPlattner (p. 13). 575 SVE (p. 13). 576 Uni GE (p. 12); WengerPlattner (p. 6). 577 Niklaus (p. 4). 578 GE (p. 1); ZH (p. 4); Pro Familia (p. 4); SVE (p. 12). 579 WengerPlattner (p. 6).

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« Circonstances extraordinaires » au pluriel à l’al. 3580.

Art. 507 AP-CC

L’établissement d’actes authentiques relève de la compétence des officiers publics selon

le droit cantonal, qui devraient également pouvoir rédiger le procès-verbal en ques-tion581.

Il devrait être précisé que les témoins doivent remettre personnellement le testament d’urgence (oral et audiovisuel), afin d’éviter la question fréquente de savoir si un envoi

par courrier est suffisant ou non582.

Le terme « Gerichtsbehörde » est dépassé dans la version allemande et devrait être remplacé par « Gericht »583.

La précision « sur un support usuel » n’est pas claire et devrait être revue584.

Un officier supérieur ne peut remplacer l’autorité judiciaire que pour le dépôt ou le pro-cès-verbal. La formulation de l’al. 2 devrait être revue585.

Art. 508 AP-CC

Remplacer « nul » par « caduc »586.

5.16 Rédaction épurée des art. 469, 482, 499 et 503 CC

Les participants à la consultation ayant pris position spécifiquement sur la proposition visant à épurer la rédaction de différents articles la soutiennent dans une grande majorité.

1 canton587, 1 parti politique588 et 7 organisations589 y sont favorables ou plutôt favorables. 2 organisations y sont opposées ou plutôt opposées590.

5.16.1 En général

Arguments positifs

Les différentes modifications terminologiques sont saluées expressément, correspon-dent à la doctrine et pratique actuelle, et améliorent le droit actuel591.

Le règlement de la question de la forme à utiliser en matière de pacte successoral pour faire valoir un vice du consentement du vivant du disposant est à saluer592.

Arguments négatifs

L’avant-projet a suivi a tort un avis de doctrine minoritaire à l’art. 469 AP-CC. Il suffirait d’ajouter qu’en matière de pacte successoral, la révocation doit être communiquée au cocontractant pour codifier la position de la doctrine majoritaire593.

580 Uni GE (p. 13). 581 bavaab (p. 2); FSN (p. 9). 582 ZH (p. 4). 583 SG NV (p. 3). 584 Uni GE (p. 13). 585 SG NV (p. 3). 586 Uni GE (p. 12). 587 AG (p. 2). 588 UDC (p. 4). 589 CSA (p. 4); FSN (p. 9); JDS (p. 16); Uni BS (p. 25); Uni GE (p. 13); Unil (p. 4; 7; 9); WengerPlattner (p. 2; 6). 590 Uni GE (p. 13); WengerPlattner (p. 2). 591 AG (p. 2); SO (p. 4); Uni BS (p. 25); Uni GE (p. 13); Unil (p. 7). 592 WengerPlattner (p. 2). 593 Uni GE (p. 13).

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L’art. 519, al. 3 AP-CC complique inutilement la situation. Il n’y a pas de raison de sou-

mettre à une procédure judiciaire le disposant souhaitant se délier d’un pacte vicié, alors qu’en matière de contrat, le fait de déclarer sa résolution de ne pas le maintenir suffit

(art. 31 CO). Il s’agit de formalisme excessif qui conduirait à des procès inutiles594.

Questions ouvertes

Il aurait pu être clarifié la question controversée de savoir si une simple erreur sur les motifs est un motif d’annulabilité ou si l’annulabilité n’est possible qu’aux conditions de

l’art. 24 CO. La question de l’invalidité d’une disposition grevée d’une charge illégale ou

immorale aurait également pu être traitée595.

Il conviendrait d’utiliser une terminologie identique (nullité ou annulabilité) dans

l’ensemble du droit des successions596.

De nouveaux critères de validité des testaments devraient être introduits597.

5.16.2 Commentaires spécifiques à la formulation des articles concernés

Art. 469 AP-CC

En remplaçant le terme « nulles » par celui de « annulables », le blocage d’une inscrip-

tion au registre foncier pourrait devenir plus difficile. Cela pourrait également augmenter le nombre de procédures judiciaires598.

L’article devrait être reformulé afin d’y introduire la suspicion de captation d’héritage

comme motif d’examen d’office de la validité de la disposition599.

Art. 499 AP-CC

Dans la version allemande, le terme de « Urkundspserson » devrait remplacer „beurkundende Beamte“ également aux art. 500, 501, 502, 504, 512 et 556600.

Art. 503 AP-CC

Le cercle des personnes ne pouvant exercer comme témoin d’un testament public de-

vrait être élargi aux personnes gratifiées par l’acte et à leurs proches601.

Art. 519, al. 2 et 3 AP-CC

Le texte n’indique pas clairement qu’il oblige le disposant à agir en justice pour annuler

un pacte vicié. Il donne l’impression que toute personne ayant un intérêt à titre hérédi-

taire à l’annulation peut introduire une action en annulation du vivant du de cujus. En cas de vice de la volonté, la relation avec l’art. 469 CC devrait être précisée602.

5.17 Priorité au légataire face aux créanciers de l’héritier débiteur du legs

Les participants à la consultation ayant pris position spécifiquement sur la proposition de donner la priorité au légataire face aux créanciers de l’héritier débiteur du legs la soutiennent

dans une grande majorité.

594 NKF (p. 7); Uni GE (p. 13). 595 WengerPlattner (p. 2). 596 NKF (p. 3). 597 SVE (p. 8). 598 Niklaus (p. 1). 599 SVE (p. 7). 600 WengerPlattner (p. 13). 601 LU (p. 3). 602 Uni FR (p. 5).

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1 parti politique603 6 organisations604 y sont favorables tandis que 2 organisations605 y sont opposées ou plutôt opposées.

5.17.1 En général

Arguments positifs

La proposition de modification est juste et mettra fin à l’insécurité juridique actuelle en la

matière606.

Arguments négatifs

La solution proposée compliquerait la liquidation de la succession chaque fois qu’il y a

des legs, sans qu’il soit en outre clair si c’est la garantie pour le legs ou la dette de legs

qui est visée607.

L’innovation proposée introduit un privilège en faveur des légataires sur les créanciers

de l’héritier et ne correspond pas au reste du droit positif. Les créances des légataires devraient être privilégiées selon des modalités que la loi ne définit nulle part, soit être passées devant la saisie du créancier de l’héritier ou échapper à la faillite de ce dernier.

Cela pose des difficultés innombrables en cas de concours juridiques, notamment de faillite : un bien ne peut, pour certains créanciers, sortir de la masse, et pour d’autres, y

rester608.

La portée de la disposition particulière protégeant les légataires contenue à l’art. 594, al.

2 CC, compensation pratique à leur prétérition éventuelle selon l’art. 564 CC, est vidée

très largement de sa portée609.

Questions ouvertes

Cette modification ayant des incidences sur les droits de légataires et des créanciers en matière de mesures conservatoires (art. 594 CC) ainsi que sur l’application du principe

de confusion des patrimoines, une analyse plus approfondie s’impose. Il conviendrait en

particulier d’étudier la nécessité d’une éventuelle révision de la LP610.

Il faudrait préciser à l’al. 1 que la prétérition du légataire ne s’applique que tant que la

succession constitue encore un patrimoine séparé. L’al. 2, reprenant le texte actuel, de-

vrait prévoir que l’égalité entre créanciers du défunt (et de la masse successorale) et

créanciers de l’héritier vaut aussi dans les rapports avec les légataires611.

Afin de ne pas généraliser la situation compliquée de séparation des patrimoines à toutes les successions comprenant un legs, ne faudrait-il pas limiter l’application de l’art.

564 al. 2 CC aux cas où les droits des légataires sont vraiment en danger ? La sépara-tion des patrimoines n’aurait lieu que suite à une requête des légataires612.

603 UDC (p. 4). 604 AK BS (p. 16); CSA (p. 2; 4); FSN (p. 9); JDS (p. 16); swisNot (p. 7); Uni GE (p. 14). 605 Uni FR (p. 12); Unil (p. 13). 606 AK BS (p. 16); swisNot (p. 7); Uni GE (p. 14). 607 Uni FR (p. 12). 608 Unil (p. 13). 609 Unil (p. 13). 610 Uni BS (p. 26); Unil (p. 13); Baddeley (p. 21). 611 Unil (p. 13). 612 Uni FR (p. 12).

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5.17.2 Commentaires spécifiques à la formulation de l’art. 564 AP-CC

L’al. 2 actuel devrait être maintenu et complété par les créanciers de la succession. L’al. 2 de l’avant-projet deviendrait l’al. 3613.

5.18 Principe de la valeur vénale au moment du partage

Les participants à la consultation ayant pris position spécifiquement sur la proposition d’étendre à tous les biens extants le principe d’imputation à la valeur vénale au moment du partage la soutiennent dans une grande majorité.

7 organisations614 y sont favorables et 1 organisation615 y est plutôt opposée.

Arguments positifs

L’unité de traitement entre biens mobiliers et immobiliers se justifie pleinement et évitera des inégalités injustifiées. Cela correspond à l’avis de la doctrine et de la jurispru-

dence616.

Questions ouvertes

Il conviendrait d’étudier si la modification envisagée n’élargirait pas de manière non sou-

haitée le champ d’application de l’art. 618 CC617.

5.19 Délai raccourci pour l’appel public aux héritiers

Les participants à la consultation ayant pris position spécifiquement sur la proposition de raccourcir le délai de l’appel public aux héritiers la soutiennent en majorité.

1 canton618, 1 parti politique619 et 5 organisations620 y sont favorables tandis que 2 organisa-tions621 y sont défavorables.

Arguments positifs

La proposition améliorerait la situation actuelle, qui conduit à des prolongations inutiles des partages de successions622.

Arguments négatifs

6 mois sont trop courts et utopiques dans le cadre de successions internationales où sont demandés des renseignements à des autorités officielles, de même que dans d’autres situations compliquées. 12 mois sont plus adaptés623.

5.20 Toilettage de l'art. 579, al. 2 CC en lien avec la modification de l’art. 626, al. 2 CC

Les participants à la consultation ayant pris position spécifiquement sur la proposition de toilettage de l’art. 579, al. 2 CC la refusent en majorité. 613 WengerPlattner (p. 10). 614 ASM (p. 3); FSN (p. 9); CSA (p. 4); swisNot (p. 7); Uni BS (p. 26); Uni GE (p. 14); Unil (p. 14). 615 Uni BE (p. 19). 616 swisNot (p. 7); Uni BS (p. 26); Uni GE (p. 14); Unil (p. 14). 617 Uni BE (p. 19). 618 SO (p. 5). 619 UDC (p. 4). 620 AK BS (p. 15); FSN (p. 10); JDS (p. 16); Uni BS (p. 27); Uni GE (p. 14). 621 CSA (p. 4); Niklaus (p. 17). 622 SO (p. 5); Uni GE (p. 14). 623 Niklaus (p. 7); CSA (p. 2); Unil (p. 12).

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3 organisations624 y sont favorables alors qu’1 canton625 et 6 organisations626 y sont oppo-sées ou plutôt opposées.

5.20.1 En général

Arguments positifs

Il est juste d’adapter le texte de l’art. 579, al. 2 à celui de l’art. 626, al. 2 CC627.

Arguments négatifs

Le texte de loi actuel est plus clair628.

La question centrale de fond, controversée en doctrine, à savoir si sont sujettes à rap-port uniquement les libéralités à caractère de dotation (« Versorgungskollation ») ou alors toutes les libéralités importantes (« Schenkungskollation ») n’est pas tranchée629.

Cette modification représente une limitation trop importante des droits des créanciers d’une succession insolvable répudiée, toutes les libéralités servant à l’établissement

dans la vie sociale ou économique effectuées dans les 5 ans avant le décès étant ex-clues de l’action en responsabilité contre le répudiant. Il ne s’agit pas d’un simple toilet-

tage, mais d’une modification allant plus loin que la jurisprudence du Tribunal fédéral630.

L’art. 579, al. 2 CC se référant au texte des art. 629, al. 2 et 631 CC, il ne peut être mo-difié dans le sens proposé631.

Questions ouvertes

Il faut prendre garde à ne pas élargir le champ d’application aux avances d’hoirie632.

Seuls les frais d’éducation et d’instruction devraient être exclus de l’action des créan-

ciers. L’expression « prestations usuelles d’établissement par mariage » devrait être supprimée, cette notion étant dépassée aujourd’hui633.

Les motifs exposés dans le rapport explicatif en lien avec l’art. 626, al. 2 AP-CC ne cor-respondent pas avec le texte de l’avant-projet634.

5.20.2 Commentaires spécifiques à la formulation de l’art. 579, al. 2 AP-CC

Le terme de « Ausstattung » dans la version allemande a conduit à de nombreuses diffi-cultés d’interprétation et devrait être remplacé par une notion actuelle précisant quelles

libéralités sont effectivement concernées. Il ne devrait pas être renoncé à mentionner les frais d’éducation et d’instruction635.

624 CSA (p. 4); FSN (p. 10); swisNot (p. 6). 625 SG (p. 9). 626 AK BS (p. 17); Niklaus (p. 7); NKF (p. 8); Uni FR (p. 12); Uni GE (p. 14); WengerPlattner (p. 11). 627 Uni BS (p. 27). 628 AK BS (p. 17). 629 Uni BS (p. 27). 630 SG (p. 9); NKF (p. 8); UniFR (p. 12); Unil (p. 14). 631 Uni GE (p. 14). 632 WengerPlattner (p. 11). 633 NKF (p. 8). 634 JDS (p. 17). 635 AK BS (p. 17); Niklaus (p. 7).

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6 Eléments non-traités dans l’avant-projet

Divers participants ont, en sus des prises de position en lien direct avec l’avant-projet, ex-primé le souhait que la révision en cours du droit des successions aborde les questions sui-vantes.

6.1 Modification du droit de succession du conjoint survivant

Pour donner une réponse satisfaisante à la nouvelle réalité sociale que sont les familles re-composées, le Conseil fédéral devrait analyser des solutions alternatives, notamment l’application ab intestat de l’usufruit de l’art. 473 CC, la transformation de la succession du conjoint survivant en une créance légale contre les enfants, le remplacement de la part lé-gale du conjoint survivant par un legs d’entretien et la création d’un lien successoral entre le

conjoint survivant et les enfants636.

6.2 Succession et mort numérique

La révision du droit des successions serait une possibilité idéale d’évaluer la pertinence de compléter le droit des successions afin de régler les droits des héritiers aux données per-sonnelles et aux accès numériques du défunt ainsi que la conséquence de son décès sur sa présence virtuelle637. Les questions en lien avec la succession numérique devraient être ré-glées par une norme spécifique dans le droit des successions. Il devrait notamment être donné accès aux héritiers aux messageries électroniques et aux comptes du défunt sur les réseaux sociaux, et être disposé que les héritiers ont l’obligation de respecter les droits de la personnalité et les droits de propriété intellectuelle des tiers avec lesquels le défunt était en contact638.

6.3 Clauses d’arbitrage testamentaires

Il conviendrait de légiférer sur la possibilité et la validité des clauses d’arbitrage testamen-taires, actuellement controversées en doctrine639. Il existerait un besoin croissant de faire trancher les litiges successoraux par un tribunal arbitral, pour des raisons de discrétion et de complexité (questions internationales et fiscales notamment). Cela nécessiterait de prévoir dans la loi la possibilité pour le testateur de définir unilatéralement que d’éventuels litiges en

lien avec sa succession soient traités par un tribunal arbitral, comme c’est le cas p. ex. en

Allemagne, en Autriche et au Liechtenstein640.

6.4 Précisions concernant les dettes déductibles de la succession

L’art. 474, al. 2 CC prévoit que son déduits de l’actif de la succession les dettes, les frais

funéraires, les frais de scellés et d’inventaire, ainsi que l’entretien pendant un mois des per-sonnes qui faisaient ménage commun avec le défunt. Il conviendrait d’étudier quelles autres

dettes devraient être déduites et de le régler dans la loi641.

636 PLR (p. 2); Ces propositions font l’objet du postulat 16.3416 Nantermod Philippe « Familles recomposées. Quelle solution

pour un droit des successions ab intestat moderne ? » du 9 juin 2016. 637 PS (p. 2); Ces propositions font l’objet du postulat 14.3782 Schwaab Jean Christophe « Des règles pour la "mort numé-

rique" » du 24 septembre 2014. 638 SVE (p. 13, 14). 639 pvl (p. 4); Uni BS (p. 30). 640 Künzle (p. 1, 2). 641 WengerPlattner (p. 13).

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6.5 Prise en compte des libéralités rapportables dans la masse de calcul des réserves

L’art. 475 CC devrait préciser que la masse de calcul des réserves comprend également les libéralités rapportables642.

6.6 Efficacité des dispositions pour cause de mort limitée dans le temps

Il conviendrait de modifier l’art. 481 CC pour limiter dans le temps, à cent ans au plus, l’efficacité des dispositions pour cause de mort643.

6.7 Possibilité d’instituer l’enfant de son conjoint comme héritier au même titre que ses propres enfants

L’enfant du conjoint devrait pouvoir être institué héritier au même titre que ses propres en-fants644.

6.8 Descendant incapable de discernement et substitution fidéicommissaire

En présence d’un descendant incapable de discernement sans descendant ni conjoint, le

disposant peut ordonner une substitution fidéicommissaire pour le surplus, permettant au grevé d’administrer librement les biens et d’en disposer et de restituer à l’appelé uniquement

ce qui reste de la succession (art. 492a CC). Cette norme, permettant de retirer sa valeur à la réserve d’un descendant incapable de discernement, élément déjà critiquable, prêterait en outre lieu à des défauts fonctionnels et une discussion sur son maintien ne pourrait être épargnée645.

6.9 Actes de disposition inconciliables avec les engagements d’un pacte successoral

L’art. 494, al. 3 CC, qui prévoit que peuvent être attaquées les dispositions pour cause de mort et les donations inconciliables avec les engagements résultant d’un pacte successoral,

serait pratiquement inapplicable en raison d’une jurisprudence très restrictive du Tribunal

fédéral. Il conviendrait de modifier cet article pour que, excepté les cadeaux d’usage, toutes

les dispositions diminuant la valeur des engagements résultant d’un pacte successoral puis-

sent être attaquées646.

6.10 Suppression des témoins pour le testament public et le pacte successoral

L’exigence de la présence de deux témoins à la réception d’un testament public (art.

499 CC) et d’un pacte successoral (art. 512 CC) serait une lourdeur bureaucratique qui ne

se justifie plus aujourd’hui. Il faudrait y renoncer647.

642 WengerPlattner (p. 13). 643 Unil (p. 5). 644 Vonrufs (p. 1). 645 Unil (p. 8, 9). 646 AK BS (p. 9). 647 AG (p. 2); AR (p. 3); PLR (p. 3); Pfäffli (p. 6).

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6.11 Allègement de la forme olographe pour le testament et le mandat pour cause d’inaptitude

Il conviendrait de revoir les conditions strictes de la forme olographe (art. 505 CC) afin de permettre aux personnes souffrant d’un handicap de tester valablement ou de rédiger un

mandat pour cause d’inaptitude (art. 361 CC) de manière dactylographiée sans avoir à pas-

ser devant un notaire648.

6.12 Testament public comme forme qualifiée de testament

Une réflexion sur l’utilité et l’égalité des prescriptions de formes des dispositions pour cause

de mort devrait être menée. Il serait imaginable de lier de possibles dérogations aux règles sur les réserves ou parts légales à l’exigence de tester en la forme du testament public. Cela

nécessiterait de définir dans le droit fédéral les exigences de formes pour la forme authen-tique, et par exemple de prévoir que seuls des témoins qualifiés puissent y concourir649. La procédure d’établissement d’un acte authentique devrait même faire l’objet d’une réglemen-

tation au niveau fédéral650.

6.13 Précision de la position, des droits et des devoirs de l’exécuteur testamentaire

Il faudrait profiter de la révision de l’art. 517 CC pour régler plus précisément (reprendre

dans la loi les principes développés par la jurisprudence) la position, les droits et les devoirs de l’exécuteur testamentaire de même que réfléchir à ses compétences dans le partage651.

6.14 Limitation des honoraires des exécuteurs testamentaires

L’art. 517, al. 4 AP-CC, prévoyant un droit à une indemnité équitable pour l’exécuteur testa-

mentaire devrait être modifié. Les honoraires liés au résultat ou en fonction du montant de la succession (pourcentage) devraient être interdits. Ils devraient être limités à une rémunéra-tion conforme au marché, en fonction de la charge de travail correspondant à la complexité de l’activité à mener652.

6.15 Indication de la date dans les dispositions pour cause de mort

L’étude d’un éventuel élargissement aux pactes successoraux et testaments publics du

champ d’application de l’art. 520a CC, faisant de la date un élément relativement nécessaire à la validité d’un testament olographe, devrait être menée653.

6.16 Nouvelle ouverture du testament antérieur après invalidation du testament postérieur

Une fois un testament annulé par le juge, il conviendrait de procéder à une nouvelle ouver-ture du testament antérieur faisant courir un nouveau délai de péremption de 10 ans, afin d’éviter que le délai absolu de 10 ans de l’action en nullité prévue à l’art. 521 CC pour atta-

648 Ryser (p. 1). 649 successio (p. 12). 650 Uni ZH (p. 4). 651 WengerPlattner (p. 13). 652 successio (p. 9); USP (p. 2; 4); USPF (p. 3). 653 Uni BS (p. 31).

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quer le testament antérieur ne soit échu. Cela vaut également pour le délai de prescription de l’action en pétition d’hérédité de l’art. 600 CC654.

6.17 Définition des conditions d’exercice de l’exception de nullité et de la réduction

Les conditions d’exercice de l’exception de nullité et de la réduction des art. 521, al. 3 CC et

533, al. 3 CC devraient être définies dans la loi, en particulier en présence d’un exécuteur

testamentaire ou d’un administrateur de la succession655.

6.18 Réductibilité des clauses de substitution

L’art. 531 CC prévoyant la nullité des clauses de substitution dans la mesure où elles grè-vent la réserve de l’héritier devrait être modifiée, s’agissant en réalité d’un cas de réductibilité

par actions formatrice et non d’un cas de nullité656.

6.19 Communication et ouverture des pactes successoraux et contrats de mariage avec effets sur la succession

Les pactes successoraux, contrairement aux testaments, ne font pas l’objet d’une ouverture

par l’autorité (art. 556 CC). Si une institution d’héritier a eu lieu par pacte successoral, elle ne

peut toutefois être mentionnée dans un certificat d’héritier que si une ouverture dudit pacte a eu lieu. Il conviendrait donc, à moins que cela ait été exclu dans le pacte, que les pactes successoraux soient également ouverts, de même que les contrats de mariage contenant des dispositions déterminantes pour la dissolution du régime matrimonial657. La question de l’ouverture des contrats selon l’art. 636 CC devrait également être étudiée658.

6.20 Prolongation du délai d’ouverture des testaments

Le délai d’un mois pour l’ouverture des testaments par l’autorité est trop court en pratique et ne permet pas une présence des héritiers. Les art. 557 et 558 CC devraient être révisés659.

6.21 Clarification du statut juridique de l’héritier virtuel

Le statut de l’héritier réservataire exclu ou oublié par le testateur dans son testament mérite-rait d’être clarifié. Ses droits, en particulier à l’information ou à la prise de mesures conserva-

toires, ne sont pas ou pas suffisamment réglés par la loi. Le délai de péremption d’un an que

lui attribue actuellement la jurisprudence pour agir contre la succession constituerait un piège procédural à modifier660.

Il ne devrait obtenir la qualité d’héritier qu’à la condition d’être en possession d’un jugement

définitif donnant acte de son action en diminution, et de la preuve qu’il n’a pas encore reçu

(intégralement) sa réserve, afin d’éviter des procès inutiles661.

654 AK BS (p. 13; 18). 655 WengerPlattner (p. 13). 656 Unil (p. 11). 657 ZH (p. 6); AK BS (p. 16); FSN (p. 10); Pfäffli (p. 1 – 3; 5). 658 FSN (p. 10). 659 TG (p. 3). 660 successio (p. 13); Uni BS (p. 27). 661 FSN (p. 10).

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6.22 Prolongation et point de départ du délai de répudiation

Le délai de répudiation de trois mois (art. 567, al. 1 CC) devrait être prolongé662. Il convien-drait en outre de clarifier le point de départ de ce délai, par exemple par une modification de l’art. 568 CC prévoyant qu’il ne commence à courir qu’après la conclusion d’un inventaire

officiel, les différents types d’inventaire cantonaux jetant actuellement le doute dans l’esprit

des héritiers663.

6.23 Part de succession de l’héritier ayant répudié

Selon le droit actuel, en l’absence de disposition pour cause de mort, la part de l’héritier

ayant répudié est dévolue à ses propres héritiers, comme s’il n’avait pas survécu (art. 572,

al. 1 CC). Cette règle serait mal comprise en pratique, car il serait plus logique que cette part aille aux héritiers n’ayant pas répudié. Cela éviterait une recherche fastidieuse des héritiers

de l’héritier répudiant, et éviterait des répudiations en cascade. De plus, cette règle empê-cherait des descendants de répudier une succession au profit de leur parent survivant pour en faire l’unique héritier. Il conviendrait de modifier cet article afin que la part du descendant

répudiant revienne au conjoint ou partenaire enregistré survivant, à moins que celui-ci ne répudie également664.

En présence de disposition pour cause de mort également, le sort de la part de succession du répudiant serait problématique. Au lieu de revenir aux héritiers institués par le défunt, ce qui semble correspondre à sa volonté hypothétique dans les cas où il n’aurait pas institué ou

exclu ses héritiers légaux, cette part revient actuellement à ses héritiers légaux les plus proches (art. 572, al. 2 CC). Cette part devrait revenir aux héritiers institués en proportion de leur part665.

6.24 Liquidation officielle en cas de répudiation par tous les héritiers institués

En cas de répudiation par tous les héritiers institués, les héritiers légaux répudient également en règle générale et la succession est liquidée par l’office des faillites (art. 573, al. 1 CC). Il conviendrait d’instaurer une règle analogue à l’art. 196 LP selon laquelle si tous les héritiers

institués répudient la succession, celle-ci soit liquidée par l’office des faillites, à moins qu’un

héritier légal déclare accepter la succession666.

6.25 Solde de liquidation après répudiation

Le solde restant de la liquidation d’une succession répudiée revient, après paiement des

dettes, aux ayants droit comme s’ils n’avaient pas répudié (art. 573, al. 2 CC). Il arrive fré-

quemment qu’une succession qui n’est pas manifestement insolvable soit répudiée et que

les héritiers bénéficient ainsi, de manière choquante, des tarifs officiels avantageux d’une

liquidation par l’office des faillites. Il conviendrait en conséquence de réfléchir à modifier l’art.

573, al. 2 CC667.

662 GE (annexe, p. 1). 663 AK BS (p. 17). 664 ZH (p. 6 – 7). 665 ZH (p. 7 – 8). 666 ZH (p. 8). 667 BS (p. 3); bavaab (p. 5).

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6.26 Protection des créanciers et pacte de renonciation

Les créanciers d’un héritier obéré qui répudie dans le but de leur porter préjudice peuvent

attaquer en justice la répudiation (art. 578, al. 1 CC). Il conviendrait d’étudier la possibilité

d’ajouter la faculté d’attaquer également un pacte de renonciation à succession (art.

495 CC)668. L’ajout d’un al. 3 à l’art. 524 CC, qui prévoirait que l’administration de la faillite et

les créanciers de la succession en possession d’un acte de défaut de biens aient la possibili-

té d’agir en réduction du pacte de renonciation, serait également bienvenu669.

6.27 Prolongation du délai pour réclamer un bénéfice d’inventaire

Le délai d’un mois prévu à l’art. 580, al. 2 CC est trop court et devrait être prolongé à 3 mois au moins pour autant qu’il n’ait pas été procédé à un inventaire officiel670.

6.28 Suppression du principe de l’unanimité dans les décisions de la communauté héréditaire

Les décisions devraient pouvoir être prises à la majorité des 2/3 pour éviter des situations de blocage.671

6.29 Qualité pour agir en pétition d’hérédité et en partage de l’exécuteur testamentaire

La doctrine verrait d’un bon œil que le nouveau droit octroie à l’exécuteur testamentaire la

qualité pour agir en pétition d’hérédité (art. 598 CC) et en partage (art. 604 CC), sujets d’importance en pratique672.

6.30 Distinction entre action en pétition d’hérédité et actions particulières

Le choix entre l’action en pétition d’hérédité, par laquelle l’héritier fait valoir ses droits préfé-rables à ceux du possesseur sur une succession ou sur des biens qui en dépendent (art. 598 CC) et les actions particulières à disposition des héritiers pour faire valoir leurs droits serait parfois très difficile en pratique et d’un point de vue dogmatique. La distinction entre les deux aurait en particulier des conséquences importantes en droit international privé, la LDIP673 s’appliquant aux prétentions des héritiers et sur la succession (exclus du champ d’application

de la Convention de Lugano674 à son art. 1, ch. 2), la Convention de Lugano s’appliquant

quant à elle si la prétention patrimoniale d’un héritier contre un tiers ne trouve pas son fon-

dement dans le droit des successions, mais que la qualité d’héritier intervient comme ques-

tion préliminaire. Le rapport entre ces voies de droit devrait être clarifié675.

668 AR (p. 4). 669 AK BS (p. 14). 670 AK BS (p. 17). 671 Solenthaler (p. 1). 672 Uni BS (p. 28). 673 Loi fédérale sur le droit international privé du 18 décembre 1987; RS 291. 674 Convention concernant la compétence judiciaire, la reconnaissance et l'exécution des décisions en matière civile et com-

merciale du 30 octobre 2007 ; RS 0.275.12. 675 Uni BS (p. 29 – 30).

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6.31 Désignation par l’autorité d’un représentant de la succession avec pouvoir limité

Lorsqu’il n’y a pas d’unanimité entre les héritiers et qu’elle est ainsi empêchée d’agir, un héri-

tier a la possibilité de demander à l’autorité compétente la désignation d’un représentant de

la communauté héréditaire jusqu’au moment du partage (art. 602, al. 3 CC). Dans de nom-

breux cas, la nomination d’un représentant pour un acte d’administration déterminé suffirait

et serait utile en pratique. L’art. 602, al. 3 CC devrait être modifié en conséquence676.

6.32 Conclusions et délai de l’action en partage

Vu l’incertitude régnant actuellement en pratique au sujet des conclusions possibles de

l’action en partage (art. 604 CC), une règle ou des lignes directrices en la matière seraient les bienvenues677. Le Code civil ne prévoit pas de délai pour l’action en partage. Des délais

devraient régler clairement toutes les actions en justice678.

6.33 Précision concernant l’objet de l’obligation de rapport

Il conviendrait de clarifier quelles libéralités entre vifs font l’objet d’une obligation de rapport

(art. 626 CC)679. La question du moment de l’ordonnance de rapport et celle du caractère

reconnaissable de l’intention de favorisation comme condition de l’obligation de rapport de-

vraient également être étudiées680.

6.34 Débiteurs de l’obligation de rapport

Les conditions de l’obligation de rapport du conjoint survivant vis-à-vis des descendants de-vraient être clarifiées (art. 626, al. 2 CC)681. La question de l’obligation de rapport des héri-

tiers institués également682.

6.35 Conjoint survivant comme créancier de l’obligation de rapport

La loi devrait préciser si le conjoint survivant peut ou non être créancier de l’obligation de

rapport à l’encontre des descendants (art. 626, al. 2 CC), ce sujet divisant la doctrine683.

6.36 Rapport en cas d’incapacité ou de répudiation

La question de l’extension de l’obligation de rapport des libéralités faites à un héritier ayant

perdu sa qualité d’héritier, obligation limitée aux descendants selon le texte de loi actuel (art. 627, al. 2 CC) si les libéraltiés ne sont pas parvenues au débiteur de l’obligation, devrait être

étudiée684.

676 ZH (p. 8 – 9). 677 Uni BS (p. 29). 678 SVE (p. 15). 679 bavaab (p. 4); Uni BS (p. 31); WengerPlattner (p. 14). 680 WengerPlattner (p. 14). 681 bavaab (p. 4); WengerPlattner (p. 14). 682 WengerPlattner (p. 14). 683 Uni BS (p. 28); WengerPlattner (p. 14). 684 WengerPlattner (p. 14).

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6.37 Particularités de l’action en rapport

L’héritier soumis au rapport a le choix entre rapporter en nature les bien reçus ou en imputer la valeur sur sa part héréditaire (art. 628, al. 1 CC). Les détails de ce droit sont controversés en doctrine et le nouveau droit pourrait amener des précisions notamment sur le contenu des conclusions de l’action en rapport, la possibilité du transfert de ce choix en cas d’inaction du

débiteur, et les modalités d’exécution du rapport685.

6.38 Précision de l’obligation de rapport des dépenses d’éducation et d’instruction des enfants

Il conviendrait de préciser ce que le législateur entend par dépenses qui « excèdent les frais usuels » faisant l’objet d’une obligation de rapport au sens de l’art. 631, al 1 CC. Les dé-

penses relevant d’une obligation légale d’entretien devraient p. ex. être exceptées686.

6.39 Indemnité équitable pour les enfants non élevés ou infirmes

La règle selon laquelle les enfants non élevés ou infirmes ont droit à une indemnité équitable lors du partage de la succession (art. 631, al. 2 CC) pose de nombreux problèmes en pra-tique. Ces derniers étant en règle générale protégés par le droit des assurances sociales, cette règle pourrait être abrogée687.

6.40 Ouverture du partenariat enregistré aux personnes de sexe opposé

La question d’un partenariat enregistré qui serait ouvert aux partenaires de sexe opposé

pourrait être réouverte, plutôt que de laisser au juge la tâche de statuer sur les droits d’un

partenaire de vie (alors même qu’il ne le pourrait pas pour un conjoint ou un partenaire enre-

gistré)688.

6.41 Avances d’hoirie et aide sociale

Il arrive de plus en plus que des personnes transmettent de leur vivant leur patrimoine à leurs héritiers puis bénéficient dans leurs vieux jours de l’aide sociale ou des prestations

complémentaires AVS/AI versées par la collectivité publique. Il conviendrait de créer une base légale de droit successoral permettant à la collectivité de se retourner contre les héri-tiers ayant bénéficié de telles avances689.

6.42 Dédommagement pour soins apportés

La question du dédommagement des soins apportés par des privés aux personnes qui en nécessitent mériterait d’être étudiée par le législateur690, par exemple par un élargissement du champ d’application de l’art. 334 CC, actuellement limité aux enfants et petits-enfants faisant ménage commun avec la personne concernée691.

685 Uni BS (p. 29). 686 Uni BS (p. 28). 687 AR (p. 4). 688 NE (p. 2). 689 AG (p. 2 – 3). 690 AR (p. 4); bavaab (p. 5). 691 AK BS (p. 9); USP (p. 5).

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6.43 Assouplissement des règles sur les fondations de famille ou introduction d’un trust de droit suisse

Les restrictions posées aux fondations de famille par l’art. 335 CC seraient dépassées et

devraient être revues. Cela éviterait la situation d’auto-discrimination dans laquelle se trouve le droit suisse actuellement, qui pousse nombre de personnes à contourner cette règle et à constituer des patrimoines séparés sous la forme de trusts soumis à des droits étrangers, alors que le constituant, les bénéficiaires et les valeurs patrimoniales qui les constituent sont en Suisse692.

Une autre solution, plus efficace encore, serait l’introduction d’un patrimoine séparé volon-

taire, à l’image du système du trust anglo-saxon, qui pourrait être réglementé en 3 ou 4 ar-ticles693.

6.44 Rapports entre trust et prétentions réservataires

Les rapports entre un trust et les prétentions des héritiers réservataires devraient être clari-fiés694.

6.45 Registre central des testaments

Un problème actuel aurait trait à la découverte et à la conservation des testaments. Il serait en conséquence peut-être utile de donner aux testaments dans un registre central des tes-taments la même valeur qu’ont les testaments sur papier695.

6.46 Capacité de discernement du testateur

Il conviendrait de discuter en profondeur les questions en lien avec la capacité de discerne-ment du testateur, notamment de preuves, afin d’éviter les problèmes liés aux dispositions

pour cause de mort favorisant au maximum une personne, respectivement à celles prises ou modifiées en dernière minute ou de manière spontanée. Vu notamment l’augmentation de l’espérance de vie, des maladies influant sur la capacité de discernement, de la dépendance

à des tiers pour gérer ses affaires, de l’augmentation de la quotité disponible envisagée, les

personnes concernées connaissent un besoin accru de protection. Celui-ci pourrait par exemple être réalisé en instituant le testament public au rang de forme particulièrement qua-lifiée de disposition pour cause de mort696.

6.47 Coût des procédures judiciaires et accès à la justice

Avec l’entrée en vigueur du Code de procédure civile (CPC), les frais et les avances de frais des tribunaux ont augmenté et un transfert du risque d’insolvabilité de la partie adverse sur

la partie demanderesse est intervenu. Vu la valeur litigieuse souvent élevée en matière suc-cessorale, cela empêcherait en pratique à la classe moyenne l’accès à la justice. Il convien-

drait de réexaminer les art. 95 ss. CPC et de les modifier éventuellement en faveur de la partie qui obtient gain de cause697.

692 Unil (p. 3); Uni ZH (p. 3). 693 Unil (p. 4). 694 bavaab (p. 4). 695 MyHappyEnd (p. 2). 696 successio (p. 12); Uni BS (p. 30); Uni ZH (p. 3). 697 Network (p. 2).

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6.48 Unification de l’organisation judiciaire et de la procédure

Il se poserait également la question de l’opportunité d’unifier les autorités compétentes et la

procédure sur le plan fédéral, à l’image du droit de la protection de l’enfant et de l’adulte698. De même, les questions des voies de droit à l’encontre des certificats d’héritiers et les dé-

marches contre les exécuteurs testamentaires devraient être étudiées, tout comme celles en lien avec la procédure gracieuse en matière successorale699.

6.49 Transmission d’entreprises par succession

L’intérêt public et privé au maintien des entreprises en cas de décès du chef d’entreprise

justifierait la création de normes spécifiques de droit des successions facilitant la transmis-sion d’entreprises.

Une société, une entreprise ou une part majoritaire dans l’une d’elles devraient obtenir le statut d’objets de la succession et pouvoir être attribuées intégralement par le juge à un suc-

cesseur approprié, qui devrait respectivement pouvoir faire valoir une prétention légale à se les voir attribuer dans le cadre du partage. Un testateur devrait également pouvoir attribuer intégralement son entreprise au successeur de son choix. Dans tous les cas, une obligation de rapport équitable envers les autres héritiers se justifierait.

Des normes spéciales adaptées aux transmissions d’entreprises ou aux successions particu-lièrement dotées (ou peu dotées) pourraient, sans instruments de planification complexes, apporter un gain d’équité et faciliter une planification individuelle inévitable, à l’image de ce

qui existe en droit foncier rural ou dans le droit allemand700.

La valeur d’imputation des entreprises dans la succession devrait également être revue, de

même que l’introduction de délais de paiement pour les débiteurs du rapport, à l’image des

règles existantes en droit matrimonial701.

6.50 Unification de l’impôt sur les successions

L’absence de modification de la fiscalité en matière successorale limiterait largement les li-

bertés nouvelles qui seraient offertes par une réduction des réserves, vu les impôts excessi-vement élevés prélevés lors de la transmission du patrimoine en dehors de la famille tradi-tionnelle. L’avant-projet laisse irrésolu ce problème702.

Il conviendrait d’unifier l’impôt sur les successions au niveau fédéral. Cela éviterait une con-

currence fiscale entre les cantons et permettrait de réduire la concentration de fortune au-près de la génération des retraités703.

Si dans le cadre de la révision en cours, le régime fiscal des partenaires de vie de fait devait être amélioré, les successions de personnes célibataires et sans enfants devraient en béné-ficier dans la même mesure704. L’enfant du conjoint ne devrait pas être imposé plus que son

propre enfant dans la succession705.

698 Uni BS (p. 31). 699 Uni ZH (p. 4). 700 VD (p. 1); successio (p. 14); Uni BE (p. 8); Uni ZH (p. 2). 701 ZH (p. 2); successio (p. 14). 702 Uni GE (p. 6); Baddeley (p. 7). 703 JDS (p. 3). 704 Pro Single (p. 2). 705 Vonrufs (p. 1).

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6.51 Harmonisation fiscale des transmissions d’entreprises

Afin d’atteindre le but de faciliter les transmissions d’entreprises, il conviendrait d’harmoniser

les dispositions légales en matière de fiscalité des reprises d’entreprises lorsque le légataire

n’est pas un héritier direct du défunt, afin que la charge fiscale de ce dernier ne soit pas trop

élevée706.

6.52 Révocation de donations par les proches du donateur

Les règles sur le contrat de donation devraient être modifiées afin d’octroyer aux proches

d’une personne en état de faiblesse (malade, accidentée ou incapable de discernement) un

droit de révocation des donations, déjà du vivant de la personne concernée, afin d’éviter les

cas de captation d’héritage. Les proches devraient également pouvoir agir de manière

simple contre les actes de favorisation en faveur de personnes censées protéger la per-sonne concernée selon le droit de la protection de l’adulte, par l’introduction d’une norme

spécifique707.

6.53 Droit transitoire

Il conviendrait impérativement de prévoir que les dispositions pour cause de mort prises avant l’entrée en vigueur du nouveau droit soient traitées selon l’ancien droit, à l’image de ce

qui est prévu en matière de contrat de mariage, afin d’éviter la nécessité d’un réexamen et

d’une éventuelle modification des dispositions pour cause de mort prises antérieurement708. L’absence de dispositions transitoires violerait le principe de sécurité du droit. Il serait néces-saire que des dispositions traitent de la validité et de l’effet de dispositions pour cause de

mort prises avant l’entrée en vigueur du nouveau droit. Egalement du rapport entre le legs

d’entretien et des dispositions pour cause de mort préexistantes, et de la validité et de l’effet

de contrats de mariage avec attribution du bénéfice de l’union conjugale en présence uni-

quement d’enfants communs conclus avant l’entrée en vigueur du nouveau droit (dans

l’hypothèse où l’attribution serait un acte entre vifs)709.

6.54 Autres éléments à étudier

Les héritiers devraient avoir la possibilité de toucher un loyer de la part de cohéritiers utilisant un bien immobilier de la succession avant son partage710.

Les héritiers devraient pouvoir demander l’annulation d’un mariage contracté par le dé-

funt en état d’irresponsabilité ou contre sa volonté. L’art. 108, al. 2 CC, serait à modifier

en conséquence711.

Dans les cas où le conjoint ou partenaire enregistré a été favorisé, il conviendrait d’introduire une obligation pour lui de placer la fortune acquise par succession distinc-tement de sa fortune propre, afin qu’elle ne tombe pas dans sa succession mais re-

vienne directement aux enfants du défunt712.

706 FER (p. 2). 707 SVE (p. 17). 708 OW (p. 2); bavaab (p. 4). 709 FSN (p. 11); Uni BE (p. 20). 710 SVE (p. 6). 711 SVE (p. 17). 712 SVE (p. 6).

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Il conviendrait d’instaurer une règle définissant le moment auquel le partage successoral est terminé713.

7 Accès aux avis

Conformément à l'art. 9 de la loi fédérale du 18 mars 2005 sur la procédure de consultation (RS 172.061), le public a accès au dossier soumis à consultation, ainsi qu'après expiration du délai de consultation, aux avis exprimés par les participants, tout comme – après que le Conseil fédéral en a pris connaissance – au rapport sur les résultats de la consultation. Ces documents sont publiés sous forme électronique. Les prises de position peuvent également être consultées à l'Office fédéral de la justice.

713 SVE (p. 6).

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Anhang / Annexe / Allegato

Verzeichnis der Eingaben Liste des organismes ayant répondu Elenco dei partecipanti

Kantone / Cantons / Cantoni

AG Aargau / Argovie / Argovia

AI Appenzell Innerrhoden / Appenzell Rh.-Int. / Appenzello Interno

AR Appenzell Ausserrhoden / Appenzell Rh.-Ext. / Appenzello Esterno

BE Bern / Berne / Berna

BL Basel-Landschaft / Bâle-Campagne / Basilea-Campagna

BS Basel-Stadt / Bâle-Ville / Basilea-Città

FR Freiburg / Fribourg / Friburgo

GE Genf / Genève / Ginevra

GL Glarus / Glaris / Glarona

GR Graubünden / Grisons / Grigioni

JU Jura / Giura

LU Luzern / Lucerne / Lucerna

NE Neuenburg / Neuchâtel

OW Obwalden / Obwald / Obvaldo

SG St. Gallen / Saint-Gall / San Gallo

SH Schaffhausen / Schaffhouse / Sciaffusa

SO Solothurn / Soleure / Soletta

SZ Schwyz / Svitto

TG Thurgau / Thurgovie / Turgovia

TI Tessin / Ticino

UR Uri

VD Waadt / Vaud

VS Wallis / Valais / Vallese

ZG Zug / Zoug / Zugo

ZH Zürich / Zurich / Zurigo

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Parteien / Partis politiques / Partiti politici

PBD Bürgerlich-Demokratische Partei BDP Parti bourgeois-démocratique PBD Partito borghese democratico PBD

PDC Christlichdemokratische Volkspartei CVP Parti Démocrate-Chrétien PDC Partito Popolare Democratico PPD

PLR Freisinnig-Demokratische Partei.Die Liberalen FDP Parti radical-démocratique.Les Libéraux-Radicaux PLR Partito liberale-radicale.I Liberali PLR

PS Sozialdemokratische Partei der Schweiz SP Parti Socialiste Suisse PS Partito Socialista Svizzero PS

PVL Grünliberale Partei glp Parti vert'libéral pvl Verdi liberali pvl

UDC Schweizerische Volkspartei SVP Union Démocratique du Centre UDC Unione Democratica di Centro UDC

Interessierte Organisationen und Privatpersonen / Organisations intéressées et particuliers / Organizzazioni interessate e privati

Achermann Mirjam Achermann

AK BS Advokatenkammer Basel, Fachgruppe Güter- und Erbrecht

ASA Schweizerischer Versicherungsverband SVV Association Suisse d'Assurances ASA Associazione Svizzera d'Assicurazioni ASA Swiss Insurance Association

ASIP Schweizerischer Pensionskassenverband Association suisse des Institutions de prévoyance Associazione svizzera delle Istituzioni di previdenza

ASM Schweizeriche Vereinigung der Richterinnen und Richter SVR Association suisse des magistrats de l'ordre judiciaire ASM Associazione svizzera dei magistrati ASM Associaziun svizra dals derschaders ASD

Baddeley Margareta Baddeley, Université de Genève

bavaab Bernischer Anwaltsverband Association des avocats bernois

Benevol Benevol Schweiz

COFF Eidgenössische Koordinationskommission für Familienfragen EKFF Commission fédérale de coordination pour les questions familiales COFF Commissione federale di coordinamento per le questioni familiari COFF

CP Centre patronal

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CSA Schweizerischer Seniorenrat SSR Conseil suisse des aînés CSA Consiglio svizzero degli anziani CSA

CSDE Schweizerische Konferenz der Gleichstellungsbeauftragten SKG La Conférence Suisse des Délégué-e-s à l'Egalité entre Femmes et Hommes CSDE Conferenza Svizzera delle Delegate alla Parità fra Donne e Uomini CSP

economiesuisse

FER Fédération des Entreprises Romandes

Forum PME KMU-Forum Forum PME Forum PMI

FPS Evangelische Frauen Schweiz EFS Femmes Protestantes en Suisse FPS

FSN Schweizerischer Notarenverband SNV Fédération Suisse des Notaires FSN Federazione Svizzera dei Notai FSN Federaziun Svizra dals Notars FSN

FZ ZH Frauenzentrale Zürich

Guinand Jean Guinand, Neuchâtel

Guth Isabel Guth, Luzern

Gysin Thomas Gysin, Zürich

hotelleriesuisse hotelleriesuisse Swiss Hotel Association

JDS Demokratische Juristinnen und Juristen der Schweiz DJS Juristes démocratiques de Suisse JDS Giuristi e Giuriste Democratici Svizzeri GDS Giuristas e Giurists Democratics Svizzers GDS

JuCH Juristinnen Schweiz Femmes Juristes Suisse Giuriste Svizzera Giuristas Svizra Women Lawyers Switzerland

Künzle Hans Rainer Künzle, Rechtsanwalt, Binz

Lauterbach Linda Lauterbach, Luzern

Marberger Lea Marberger, Luzern

MyHappyEnd

Network

Niklaus Niklaus Rechtsanwälte, Dübendorf

NK BS Notariatskammer Basel-Stadt

NKF Niederer Kraft & Frey, Zürich

OdA GE Ordre des avocats de Genève

Pfäffli Roland Pfäffli, Notar, Thun

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Pink Cross Schweizer Dachverband der Schwulen Fédération suisse des gays Federazione svizzera dei gay Federaziun svizra dals gays Swiss Gay Federation

Pro Familia Dachverband der Familienorganisationen in der Schweiz Association faîtière des organisations familiales de Suisse Associazione dirigente delle organizzazioni di famiglie in Svizzera

Pro Single Pro Single Schweiz Interessengemeinschaft der Alleinstehenden

Relève PME

Ryser Simon Ryser, Bern

SAGW Schweizerische Akademie der Geistes- und Sozialwissenschaften Académie suisse des sciences humaines et sociales Accademia svizzera di scienze umane e sociali Academia svizra da scienzas umanas e sociales Swiss Academy of Humanities and Social Sciences

Sahin Elen Sahin, Luzern

Schuler Joseph Schuler, Rechtsanwalt, Schuler Renggli, Advokatur & Notariat, Zug

SDRCA Schweizerische Gesellschaft für Haftpflicht- und Versicherungsrecht SGHVR Société suisse du droit de la responsabilité civile et des assurances SDRCA

SG NV St. Gallischer Notarenverband

SKF Schweizerischer Katholischer Frauenbund

Solenthaler Friedrich Solenthaler, Canada

SSE Schweizerischer Baumeisterverband SBV Société Suisse des Entrepreneurs SSE Società Svizzera degli Impresari-Costruttori SSIC Societad Svizra dals Impressaris-Constructurs SSIC

successio Verein Successio

SVE Schweizerische Vereinigung gegen Erbschleicherei Association Suisse contre la captation d'héritage Associazione Svizzera contra la caccia all'eredità Swiss Association against legacy hunting

swisNot

Uni BE Universität Bern

Uni BS Universität Basel

Uni FR Universität Freiburg Université de Fribourg

Uni GE Université de Genève

Uni NE Université de Neuchâtel

Uni ZH Universität Zürich

Unil Université de Lausanne

Page 168: Le Conseil fédéral veut modern iser le droit des successions · 2017-05-10 · Berne, 04.03.2016 - Les structures familiales et les partenariats actuels diffèrent considérablement

Synthèse de la consultation Droit des successions N° référence: COO.2180.109.7.211298 / 232.1/2016/00001

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Unternährer Nora Unternährer

USAM Schweizerischer Gewerbeverband SGV Union suisse des arts et métiers USAM Unione svizzera delle arti e mestieri USAM

USP Schweizer Bauernverband SBV Union Suisse des Paysans USP Unione Svizzera dei Contadini USC

USPF Schweizerischer Bäuerinnen- und Landfrauenverband SBLV Union suisse des paysannes et des femmes rurales USPF Unione svizzera delle donne contadine e rurale USDCR Uniun da las puras svizras UPS

USS Schweizerischer Gewerkschaftsbund SGB Union syndicale suisse USS Unione sindacale svizzera USS

Vonrufs Walter Vonrufs, Stäfa

VPAG Vereinigung der Privaten Aktiengesellschaften Association des sociétés anonymes privées The Swiss Association of Privately Held Companies

VSM Verband Schweizer Medien

VVS Verein Vorsorge Schweiz

Waldmann Petitpierre

Waldmann Petitpierre, Rechtsanwälte & Notare, Basel

WengerPlattner Wenger Plattner, Rechtsanwälte Steuerberater Notare, Küsnacht

Verzicht auf Stellungnahme / Renonciation à une prise de position / Rinuncia a un parere

NW Nidwalden / Nidwald / Nidvaldo

HES-SO Fachhochschule Westschweiz Haute Ecole Spécialisée de Suisse Occidentale University of Applied Sciences and Arts Western Switzerland

UVS Schweizerischer Städteverband Union des villes suisses Unione delle dittà svizzer

ZFH Zürcher Fachhochschule ZFH