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Carole Mortimer L’HÉRITAGE DES MAYFLOWER Trilogie intégrale

Le feu d’un regard – Étrange attirance – Troublant …...À PROPOS DE L’AUTEUR Née en Angleterre, Carole Mortimer ne pensait pas devenir écrivain. En effet, c’est pendant

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Carole Mortimer

L’HÉRITAGEDES MAYFLOWER

Trilogieintégrale

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À PROPOS DE L’AUTEUR

Née en Angleterre, Carole Mortimer ne pensait pas devenir écrivain. En effet, c’est pendant ses études d’infirmières que le démon de l’écriture vient la piquer. Un démon qui ne cesse de l’habiter depuis 1979, date à laquelle elle a publié son premier roman. Aujourd’hui, avec plus d’une centaine d’ouvrages à son actif, elle est l’un des auteurs les plus connus et appréciés des lectrices. La clé de son succès ? Des histoires alliant romantisme et modernité ; un style original ; une imagination inépuisable, et, surtout, un amour évident pour ses personnages.

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Le feu d’un regard

CAROLE MORTIMER

Intégrale

L’héritage des Mayflower

Traduction française deMARIE CHABIN

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Ce roman a déjà été publié en 2013

Titre original :HIS CINDERELLA MISTRESS

Si vous achetez ce livre privé de tout ou partie de sa couverture, nous vous signalons qu’il est en vente irrégulière. Il est considéré comme « invendu » et l’éditeur comme l’auteur n’ont reçu aucun paiement pour ce livre « détérioré ».

© 2003, Carole Mortimer.© 2013, 2018, HarperCollins France pour la traduction française.

Ce livre est publié avec l’autorisation de HARLEQUIN BOOKS S.A.

Tous droits réservés, y compris le droit de reproduction de tout ou partie de l’ouvrage, sous quelque forme que ce soit.Toute représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code pénal.

Cette œuvre est une œuvre de fiction. Les noms propres, les personnages, les lieux, les intrigues, sont soit le fruit de l’imagination de l’auteur, soit utilisés dans le cadre d’une œuvre de fiction. Toute ressemblance avec des personnes réelles, vivantes ou décédées, des entreprises, des événements ou des lieux, serait une pure coïncidence.

Le visuel de couverture est reproduit avec l’autorisation de :

Femme : ©

TREVILLION IMAGES/EVELINA KREMSDORF/TREVILLION IMAGES

Réalisation graphique : L.SLAWIG (HARPERCOLLINS France)

Tous droits réservés.

HARPERCOLLINS FRANCE83-85, boulevard Vincent-Auriol, 75646 PARIS CEDEX 13Service Lectrices — Tél. : 01 45 82 47 47

www.harlequin.fr

ISBN 978-2-2803-8442-1 — ISSN 2426-993X

Collection : SAGAS

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— Puis-je vous inviter à boire un verre ?Assise au bar devant un verre d’eau pétillante, Iris savou-

rait un repos bien mérité après la première partie de son tour de chant. Elle pivota sur son tabouret, prête à décliner poliment l’invitation, mais les mots moururent sur ses lèvres.

Lui !Devant elle se tenait l’homme qui l’avait écoutée chanter

et jouer du piano une heure durant, sans bouger, la fixant avec une intensité troublante. Comment ne pas le remarquer ?

Ayant appris à garder une distance polie avec les clients de passage qui séjournaient dans cet hôtel de luxe, Iris s’exhorta à formuler un refus courtois.

« N’oublie pas ce qui s’est passé à la ferme, cet été », lui aurait rappelé sa sœur Lila. « Souviens-toi de ce que tu m’as dit… après coup, aurait renchéri son autre sœur, Capucine. Les apparences sont souvent trompeuses ! »

— Avec plaisir, merci, murmura-t-elle pourtant d’une voix rauque.

Sur un léger hochement de tête, l’inconnu commanda une bouteille de champagne à John, le barman de l’hôtel, puis recula d’un pas pour l’inviter à se diriger vers la table qu’il occupait au fond de la salle luxueusement aménagée, toujours parée des décorations de Noël alors que la fête était passée depuis quelques jours.

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Le feu d’un regard8

Feignant d’ignorer les regards curieux posés sur eux, Iris aperçut leur reflet dans un des miroirs qui ornaient les murs. La longue robe noire à bretelles qu’elle portait lors de ses représentations épousait les courbes de sa silhouette élancée ; son épaisse chevelure noir de jais cascadait souple-ment sur ses épaules nacrées tandis que son regard gris, empreint de mystère, était mis en valeur par de longs cils noirs. L’homme qui la suivait d’un pas assuré était grand et brun, infiniment séduisant dans son smoking noir et sa chemise blanche. Quant à ses yeux… ils étaient d’un bleu profond, extraordinaire.

C’était précisément ce regard, à la fois captivant et indé-chiffrable, qui avait retenu son attention une heure plus tôt, peu après qu’elle avait commencé son tour de chant. Ce regard qui, en cet instant précis, suivait la douce ondulation de ses hanches comme elle le précédait.

Il lui adressa un petit signe et elle prit place gracieuse-ment dans un des quatre fauteuils qui entouraient la table basse. Lorsqu’elle fut installée, il s’assit en face d’elle sans la quitter des yeux un seul instant.

— Du champagne ? susurra Iris quelques instants plus tard, comme le silence se prolongeait, chargé d’électricité.

Il inclina légèrement la tête de côté.— Ne sommes-nous pas le 31 décembre ? répliqua-t-il

simplement.Il ne fit aucun effort pour entretenir la conversation et

Iris commença à regretter de ne pas avoir écouté les petites voix de ses sœurs qui la poussaient à refuser l’invitation.

— En effet, dit-elle en adressant un sourire chaleureux à John qui approchait de leur table, muni de deux flûtes en cristal et d’un seau à glace qui contenait une bouteille millésimée.

Le barman l’ouvrit avec adresse puis emplit les verres du liquide doré et pétillant. L’inconnu le remercia d’un bref hochement de tête. Avant de s’éclipser, John arqua un

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sourcil interrogateur en direction d’Iris, manifestant ainsi sa surprise de la voir en compagnie d’un client de l’hôtel, elle qui ne se mêlait jamais aux convives. Le pauvre, s’il savait qu’elle était la première étonnée par sa propre conduite !

Reportant son attention sur son compagnon, elle se pencha légèrement en avant.

— Iris.Un sourire flotta sur les lèvres de l’homme tandis qu’il

s’emparait d’une flûte pour la lui offrir.— C’est votre fleur préférée ?Elle secoua la tête, vaguement amusée.— Non, c’est mon prénom.— Oh…Le sourire s’épanouit, dévoilant une rangée de dents

étincelantes qui contrastaient avec son teint cuivré.— Max, ajouta-t-il, toujours aussi bref.Décidément, cet homme n’était pas du genre loquace,

songea la jeune femme en l’observant par-dessus le rebord de son verre. C’était plutôt le genre sûr de lui qui n’ouvrait la bouche que pour dire des choses qu’il estimait importantes.

— Serait-ce le diminutif de Maximilien ? demanda-t-elle dans l’espoir de détendre un peu l’atmosphère.

Le sourire disparut instantanément.— Non, de Maxime. Ma mère lisait beaucoup, je crois,

ajouta-t-il d’un ton où perçait le mépris.Iris haussa les sourcils, intriguée.— Pourquoi, vous n’en êtes pas sûr ?Les pupilles de son compagnon se rétrécirent.— Non.A en juger par son air sombre, il était temps de changer

de sujet, ce qu’elle s’empressa de faire.— Vous êtes ici pour affaires, Max ?— En quelque sorte. Et vous, vous travaillez ici tous

les soirs ou seulement pour le réveillon du jour de l’an ?Iris fronça les sourcils. Avait-elle imaginé l’ambiguïté

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insultante de sa question ou était-ce simplement son ton direct, un brin abrupt, qui la mettait mal à l’aise ? Dans le doute, elle haussa les épaules.

— Je travaille ici les jeudis, vendredis et samedis soir.— Et comme nous sommes vendredi…— Vous avez tout compris, coupa-t-elle de sa belle

voix. D’ailleurs, j’ai bien peur qu’il me faille vous quitter. Le spectacle reprend dans quelques minutes.

Il acquiesça d’un signe de tête.— Je vous attendrai.Il n’avait pas bu une seule gorgée de champagne mais

continuait à la dévisager de son regard pénétrant, infiniment troublant…

Elle qui avait accepté l’invitation sur une impulsion, par pure curiosité, s’en mordait sérieusement les doigts.

— Ne vous donnez pas cette peine, c’est inutile, répliqua-t-elle en atténuant d’un sourire la sécheresse de ses propos. En général, je termine vers 1 h 30, 2 heures du matin mais ce soir n’est pas un soir comme les autres… je vais sans doute chanter jusqu’à 3 heures.

Et il serait 4 heures lorsqu’elle rentrerait enfin chez elle, physiquement épuisée mais tellement énervée qu’elle ne fermerait pas l’œil avant que ses sœurs se lèvent à leur tour, peu avant 6 heures du matin. Ce n’était pas de tout repos… toutefois, elle avait eu beaucoup de chance de trouver ce travail pas très loin de chez elle. Vu les circonstances, mieux valait ne pas se montrer trop exigeante.

— Ce n’est pas un problème. Je vous attendrai, répondit Max sans se démonter.

Un pli barra le front de la jeune femme. C’était exacte-ment ce qu’elle avait toujours redouté en se montrant trop amicale avec la clientèle masculine de l’hôtel. Pourquoi diable avait-elle oublié sa prudence ce soir-là ?

Un frisson lui parcourut le dos — de peur ou d’excita-tion ? — comme le regard bleu marine de son compagnon

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glissait lentement sur ses épaules dénudées, s’attardant sur les rondeurs sensuelles de sa poitrine avant de descendre sur sa taille délicate. Iris retint son souffle. Elle eut presque l’impression de sentir sur son corps la caresse de ses longues mains soignées…

— Après tout, ce ne sont que quelques heures à tuer, reprit-il d’un ton sibyllin qui, cette fois, fit naître en elle une sourde angoisse.

Dans son esprit confus défilèrent soudain les bribes d’ar-ticles de journaux relatant les récentes agressions nocturnes commises sur des femmes seules dans les environs.

A dire vrai, cet homme d’une élégance raffinée n’avait pas franchement l’air du Maniaque Noctambule, comme l’avaient baptisé les plus racoleurs des journaux à sensation… D’un autre côté, existait-il vraiment un profil type pour ce genre de détraqué ? Le coupable en question ressemblait sans aucun doute à n’importe quel homme ordinaire et c’était seulement à la nuit tombée qu’il se transformait en monstre ! Elle ne…

— Dites-moi, Iris, reprit son compagnon en l’enveloppant de son regard bleu foncé, croyez-vous au coup de foudre ?

Décontenancée, Iris reposa la flûte sur la table en s’efforçant de ne pas trembler. Où étaient donc passées toutes les banalités d’usage que s’échangeaient d’ordinaire deux inconnus qui venaient de se rencontrer ? L’attitude de Max était pour le moins déroutante ! Presque cocasse, si l’on y réfléchissait bien… L’ombre d’un sourire joua sur ses lèvres.

— En un mot : non, répondit-elle sans ambages. Je crois que le désir peut jaillir au premier regard mais certaine-ment pas l’amour. Gardons-nous de tout mélanger… Qu’en pensez-vous ? conclut-elle avec ironie.

Son compagnon ne cilla pas.— C’est à vous que je posais la question, rappela-t-il

simplement.— Et je vous ai répondu non, insista Iris, partagée

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entre la curiosité et l’irritation. Comment serait-il possible de tomber amoureux de quelqu’un qu’on ne connaît pas ? Qu’arrive-t-il ensuite, lorsqu’on découvre tous les petits travers qui n’étaient pas visibles au premier regard ? Vous savez, la fâcheuse manie de presser le tube de dentifrice par le milieu, par exemple… ou encore, celle de lire le journal en premier puis laisser à l’autre le soin de trier les pages qu’on aura repliées dans n’importe quel ordre… ? Ou bien traîner pieds nus à toute heure de la journée… ou…

— Je vois, inutile d’en rajouter, coupa-t-il tandis qu’une étincelle éclairait le bleu intense de son regard. Dois-je comprendre que vous êtes vous-même dotée de tous ces petits… travers ?

Iris réfléchit un instant. A la vérité… oui ! Le tube de dentifrice martyrisé déclenchait la colère de Capucine et Lila sortait de ses gonds chaque fois qu’elle prenait le journal à la suite de sa sœur cadette. Marcher pieds nus, c’était une habitude qu’elle avait prise enfant… un plaisir risqué pour qui vivait dans une ferme. Un jour, elle s’était enfoncé une écharde dans le pied et avait terminé à l’hôpital où le médecin l’avait vaccinée contre le tétanos. Une autre fois, elle avait marché sur une braise échappée de l’âtre… et s’était de nouveau retrouvée aux urgences de l’hôpital régional.

La voix de Max l’arracha à ses souvenirs.— On dit que l’amour est indifférent à ce genre de

détails… Après tout, la perfection n’est pas de ce monde.Pourtant, sans qu’elle puisse s’expliquer pourquoi, Iris

soupçonnait cet homme de friser la perfection. En tout cas, elle le voyait mal presser le tube de dentifrice par le milieu, malmener le journal… et encore moins se promener chez lui pieds nus ! Non, il donnait l’impression de contrôler minutieusement le moindre de ses faits et gestes, de se conduire de manière irréprochable en toutes circonstances. Mais au fond… n’était-ce pas aussi un défaut ?

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Quoi qu’il en soit, cette histoire de coup de foudre était parfaitement ridicule !

— Vous avez peut-être raison, Max, répondit-elle fina-lement. Ce qui n’empêche pas des centaines de divorces chaque année pour cause d’« incompatibilité d’humeur » ou de « comportements déviants » de la part de l’un ou l’autre conjoint, ajouta-t-elle, pince-sans-rire.

Il sourit.— Je ne pense pas qu’un tube de dentifrice mal pressé

fasse partie des comportements auxquels vous faites allu-sion, railla-t-il.

— Peut-être pas, en effet, concéda Iris en haussant les épaules. Toujours est-il que j’ai répondu à votre question, il me semble.

Même si la raison qui l’avait poussé à lui demander cela demeurait un vrai mystère. Une chose était sûre, en tout cas : la prochaine fois qu’une envie surgirait en elle, elle la refoulerait sur-le-champ — même si son compagnon possédait un charme ravageur !

— Absolument. Pour être franc, Iris, il est peu fréquent de rencontrer quelqu’un portant un regard aussi direct et objectif sur ce que la plupart d’entre nous appellent encore, très romantiquement, l’amour…

Iris le dévisagea d’un air soupçonneux. A sa connais-sance, elle ne lui avait pas confié sa propre conception du sentiment amoureux…

— Vraiment ?— Tout à fait, murmura-t-il avec un petit sourire. Mais…— Excusez-moi de vous déranger, Iris, intervint John,

le barman, qui venait de faire son apparition.La jeune femme se tourna vers lui, ravie de la diversion.— Ce n’est rien, John. Il est l’heure pour moi de reprendre

mon tour de chant, c’est ça ? dit-elle d’un ton plein d’espoir.John esquissa une grimace contrite.— En fait… je voulais juste vous prévenir que Meridew

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traînait dans les parages, répondit le barman, faisant allusion

au directeur de l’hôtel qui venait de pénétrer dans la salle

qu’il balayait déjà d’un regard critique.

Au sens strict du terme, Iris ne faisait pas partie du

personnel de l’hôtel mais ce détail n’empêchait pas Peter

Meridew d’avoir son mot à dire si quelque chose lui déplai-

sait. C’était la première fois qu’Iris acceptait de prendre un

verre en compagnie d’un client de l’hôtel… Allait-il le lui

reprocher ? Une chose était sûre : Iris ne pouvait courir le

risque de perdre son emploi à cause d’un homme qu’elle

ne reverrait jamais.

— Merci, John, murmura-t-elle en gratifiant le barman

d’un sourire reconnaissant.

Puis, se tournant vers Max :

— Je dois vous laisser.

Max fronça les sourcils.

— Voulez-vous que j’aille lui parler ?

— Certainement pas ! protesta Iris. De toute façon, il

est l’heure pour moi de reprendre mon poste.

Max hocha la tête.

— J’attendrai que vous ayez terminé.

Sur le point de protester de nouveau, Iris se ravisa. A quoi

bon lutter contre quelqu’un d’aussi entêté ? Elle se débrouil-

lerait pour s’éclipser sans qu’il s’en aperçoive, voilà tout…

— Merci pour le champagne, dit-elle en se levant.

— Tout le plaisir fut pour moi.

Iris sentit son regard l’envelopper comme elle traversait

la salle pour rejoindre le piano. Au fond, il n’admirait rien

d’autre qu’une ravissante jeune femme brune moulée dans

une longue robe noire. A part son prénom, il ne savait rien

d’elle… et ne saurait jamais rien.

Un petit sourire joua sur ses lèvres. Le pauvre tombe-

rait des nues s’il la voyait le lendemain, à l’aube, chaussée

de grosses bottes en caoutchouc, traverser d’un bon pas

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la cour boueuse en direction de l’étable pour la première

traite du matin !

A quoi jouait-il, bon sang ? Furieux contre lui-même,

Max étouffa un grognement dépité. S’il avait eu l’intention

d’effaroucher la belle inconnue avant même qu’ils aient

l’occasion de mieux se connaître, c’était réussi !

Il n’avait pas souhaité venir ici ; en fait, il aurait mille

fois préféré passer les fêtes de fin d’année là où il se trouvait

avant qu’on lui impose ce voyage d’affaires. Il était alors en

pleine entreprise de séduction — guère fructueuse, il fallait

bien l’admettre, mais malgré tout très agréable — avec

l’actrice Rose Robine. Agée d’une bonne dizaine d’années

de plus que lui — il avait trente-sept ans —, elle paraissait

vingt ans de moins.

Hélas, son employeur et ami avait insisté pour qu’il se

rende sur place sans plus tarder, l’affaire devant être traitée

dans les plus brefs délais. Conscience professionnelle oblige,

Max s’était incliné : après tout, c’était son travail… même si

Jude semblait également très attiré par l’ensorcelante Rose

Robine… et que, le connaissant, ce dernier serait certaine-

ment beaucoup plus convaincant. Aucun doute à ce sujet…

Comment Max aurait-il pu deviner qu’un dernier verre

pris au piano-bar d’un hôtel choisi par pur hasard suffirait

à effacer Rose de son esprit, et avec elle toutes les femmes

qu’il avait connues jusqu’alors, au profit de cette créature

de rêve qu’il avait eu envie de posséder à l’instant même

où il avait posé les yeux sur elle ?

Pour un temps, en tout cas… Car s’il était honnête avec

lui-même, aucune femme ne lui aurait fait renoncer à sa vie

de célibataire, si séduisante soit-elle. Et Iris était incroya-

blement séduisante.

A ses yeux, elle incarnait même la perfection en matière

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de beauté féminine, depuis sa jolie tête brune jusqu’à ses petits pieds délicats chaussés de fines sandales.

Elle était si parfaite qu’il n’avait pas réussi à détacher son regard… si parfaite qu’en sa présence, il avait perdu le sens de la repartie qui le caractérisait d’ordinaire — sauf quand il lui avait demandé tout de go si elle croyait au coup de foudre.

Directe et sincère, sa réponse l’avait stupéfait. Voire agréablement surpris ! Pas de doute, il était tombé sous le charme de cette créature à la voix rauque et sensuelle, au visage délicat… Quant à son corps, c’était celui d’une déesse !

Max étouffa un soupir. Mieux valait ne pas s’appesantir sur le sujet. Après tout, il n’était pas encore minuit ; il devrait encore patienter trois bonnes heures avant de songer à l’inviter à poursuivre la nuit ailleurs…

Ce furent les trois heures les plus longues de sa vie. Aux douze coups de minuit, alors qu’Iris comptait à rebours de sa voix suave, Max fut contraint à garder ses distances : à peine s’était-elle tue qu’une foule d’admirateurs — des hommes, pour la plupart — avait fondu sur elle pour lui souhaiter une bonne année. En proie à une vive frustration, il avait observé la scène de loin, réprimant à grand-peine l’envie de repousser sans ménagement ceux qui réclamaient un « baiser de bonne année ».

Le directeur de l’hôtel l’avait accaparée tout au long de sa deuxième pause ; Iris et lui avaient bavardé à bâtons rompus sous le regard mi-agacé, mi-dépité de Max, toujours assis dans son coin. Elle ne l’avait pas gratifié d’un seul regard. Ce qui, au fond, n’était guère étonnant après sa conduite de goujat…

Jude aurait bien ri s’il l’avait vu en cet instant précis, en train de ruminer ses sombres pensées ! Et après avoir vu l’objet de sa convoitise, il se serait aussitôt lancé à sa conquête, avec davantage de succès, évidemment.

Cette idée l’emplit d’une fureur aussi surprenante qu’incon-

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trôlable. Jusqu’à présent, cela ne l’avait jamais dérangé que son ami s’intéresse d’un peu trop près à la même femme que lui mais dans le cas d’Iris, c’était différent. Il savait d’ores et déjà que leur belle amitié serait mise en péril si Jude tentait de lui damer le pion, cette fois.

A la fin de son tour de chant, Iris paraissait épuisée. Sourcils froncés, Max se leva pour aller la rejoindre. Lui-même n’éprouvait pas la moindre trace de fatigue : il avait dormi tout l’après-midi à cause du décalage horaire et se sentait dans une forme éblouissante.

— Où allez-vous ? demanda-t-il comme elle pivotait sur ses talons sans lever les yeux.

Son regard gris, empreint de méfiance, se posa sur lui.— Je rentre chez moi, quelle question…Max la dévisagea longuement. Des cernes ombraient

ses yeux magnifiques et un poids immense semblait peser sur ses frêles épaules, à présent qu’elle ne se trouvait plus sous le feu des projecteurs. Déjà, les clients de l’hôtel et les convives du réveillon se dirigeaient vers la sortie dans un joyeux brouhaha.

— J’avais promis de vous attendre, lui rappela-t-il d’un ton suave.

Elle fronça les sourcils, sur le point de protester. Mais devant son expression déterminée, elle se contenta de hausser les épaules, vaincue d’avance.

— Je dois d’abord récupérer mon sac et mon manteau, répondit-elle simplement.

— Je viens avec vous, décréta Max, résolu à ne pas la laisser s’échapper.

Elle arqua un sourcil moqueur.— Dans le vestiaire des dames ?Il fit la moue.— Très bien. Je vous attends dehors.Une étincelle de contrariété brilla dans son regard gris.— Accordez-moi quelques minutes.

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Le feu d’un regard18

Sur ce, elle disparut derrière une porte ornée d’une plaque

sur laquelle était gravé en lettres capitales le mot : PRIVE.

Rongeant son frein, Max attendit son retour. La patience

ne faisait pas partie de ses vertus — encore moins en cet

instant précis, alors qu’il brûlait d’envie de se retrouver

seul avec elle.

Les minutes s’écoulèrent — une, deux, cinq puis dix…

Que diable fabriquait-elle ?

— Puis-je vous aider, monsieur ?

Arraché à ses réflexions, Max se tourna vers le directeur

de l’hôtel qu’il n’avait pas entendu approcher.

— Y a-t-il une autre porte dans cette pièce ? demanda-

t-il pour la forme, presque convaincu qu’Iris avait réussi à

lui fausser compagnie.

Son interlocuteur jeta un coup d’œil surpris à la porte

réservée au personnel.

— Oui… oui, en effet, il y en a une qui donne sur un

couloir. Mais… puis-je faire quelque chose pour vous,

monsieur ? insista le directeur tandis que Max le fusillait

du regard.

— Vous auriez pu m’aider si vous vous appeliez Iris,

maugréa-t-il, en proie à un vif sentiment de frustration. Ce

n’est pas le cas, hélas !

La diablesse avait trouvé le moyen de s’éclipser, cela

ne faisait plus aucun doute ! « Tu trouves ça étonnant ? »

railla une petite voix moqueuse. Il l’avait accostée sans

subtilité, tel l’homme d’affaires blasé avide de compagnie

pour une nuit.

N’était-ce pas précisément ce qu’il était ?

Non… pas du tout, bon sang ! Pour une raison qui lui

échappait, il savait qu’il ne pourrait se contenter d’une seule

nuit dans les bras d’Iris. Il aurait su lui faire comprendre

ce qu’il éprouvait… si seulement elle lui avait laissé un

peu plus de temps !

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— Pardon ? dit le directeur en le dévisageant d’un air hébété. Dois-je comprendre que vous êtes un ami d’Iris ?

Max s’exhorta au calme. A quoi bon perdre son sang-froid ? Cela ne ferait qu’aggraver la situation… Et puis, pourquoi ne pas se fier au bon vieux dicton : « demain est un autre jour » ? En l’occurrence, demain serait un samedi et Iris serait de nouveau là dans la soirée…

— Pas encore. Au fait, ajouta-t-il d’un ton radouci en gratifiant son interlocuteur de son sourire le plus avenant, j’aimerais vous féliciter : les prestations de votre hôtel sont irréprochables, dignes des plus grands palaces et je parle en connaissance de cause. Je voyage beaucoup pour affaires, vous comprenez…

Ses compliments eurent l’effet escompté : le visage du directeur s’éclaira aussitôt et il inclina la tête d’un air faussement modeste.

— C’est très aimable à vous, merci.— C’est surtout très sincère, insista Max. C’est une

véritable bouffée d’oxygène que de séjourner dans un hôtel aussi bien géré.

Le directeur rougit de plaisir.— Surtout, n’hésitez pas à faire appel à moi person-

nellement si vous avez besoin de quoi que ce soit pendant votre séjour, déclara Peter Meridew avant de prendre congé.

« Voilà au moins un homme heureux », songea Max en le regardant s’éloigner d’un pas léger. Si seulement il pouvait éprouver le même sentiment d’euphorie…

Ses pensées se tournèrent tout naturellement vers Iris et sa dérobade. Elle croyait peut-être en avoir terminé avec lui mais il n’avait pas dit son dernier mot.

Non, il lui réservait encore une surprise.Une énorme surprise !

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Entre amour et héritage, les sœurs Mayflower sauront-elles faire le bon choix ?

CAROLE MORTIMERL’HÉRITAGE DES MAYFLOWER

Le feu d’un regard - Iris Mayflower partage sa vie entre la chanson, sa passion, et la ferme dont elle a hérité – avec ses sœurs – et qu’elle s’échine à sauver de la faillite. Une situation qui ne lui laisse guère le temps de songer à l’amour. Jusqu’au soir où, en montant sur scène, elle accroche le regard d’un bel inconnu. Un regard qui lui rappelle qu’elle est femme avant tout…

Étrange attirance - Capucine Mayflower est perplexe. Pourquoi Will Davenport, un homme d’affaires visiblement habitué au luxe, voudrait-il louer un studio vétuste dans la ferme familiale ? Et, si le confort des lieux lui importe peu, quelles sont ses intentions ? Capucine est déterminée à le découvrir. Mais pour cela elle devra lutter contre l’attirance que lui inspire Will, bien malgré elle… Troublant ennemi - En tant qu’aînée, Lila Mayflower s’est toujours démenée pour prendre soin de ses sœurs. Aujourd’hui, elle est décidée à protéger la ferme familiale de la convoitise de promoteurs immobiliers sans scrupule. Comme ce Jude Marshall ! Jude, au charme duquel Lila voudrait tant rester insensible. Sauf que personne ne l’a encore jamais traitée avec autant d’attention que lui… 

2018

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