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15 Mai - Journée internationale de l'objection de conscience Soutien aux objecteurs de conscience en Colombie Magazine trimestriel de l'IRG, habituellement publié en anglais, espagnol, français et allemand. Vous pouvez vous inscrire pour recevoir Le fusil brisé dans votre boite mail ici http://lists.wri-irg.org/sympa/info/lefusilbrise
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No 74, m ai 2007
La Colom bie e s t un de s pays dont le conflit
arm é e n cours e s t le plus long, le q ue l com pte
m ainte nant plus de cinq uante année . De s
déce nnie s de gue rre e t de viole nce par le s
force s arm ée s de l'état, de s force s
param ilitaire s e t différe nts groupe s de guérilla
ont conduit à une m ilitaris ation de la s ociété
colom bie nne toute e ntière . Après plus ie urs
éch e cs de re tour à la paix, la “gue rre au
te rroris m e ” e t s e s pe ndants colom bie ns : le s
plans “Patriote s ” e t “Colom bia” participe à
l'e s calade du conflit arm ée . Dans ce tte gue rre ,
tous le s cam ps com m e tte nt de s atrocités e t
de s violations de s droits de l'h om m e . Sur le
ch am p de bataille , il e s t im pos s ible de faire la
dis tinction e ntre le s différe nte s factions arm ée s
– q u'e lle s s oie nt gouve rne m e ntale s ,
param ilitaire s ou guérillas .
L'obje ction de cons cie nce
Mais la je une s s e colom bie nne e n a as s e z .
As s e z de gue rre e t de viole nce . As s e z d'être
d'être e nrôlée dans la rue e t d'être re crutée de
force . As s e z de courir après le livre t m ilitaire ,
s ans le q ue l e lle ne pe ut préte ndre à un
diplôm e unive rs itaire , à un pe rm is de conduire
ni m êm e un pas s e port – s ans le q ue l e lle ne
pe ut préte ndre à une vie norm ale .
Le s s tatis tiq ue s officie lle s m ontre nt q u'une
large proportion de la je une s s e ne répond pas
à l'appe l de l'état à “pre ndre le s arm e s ” contre
la guérilla. La plupart évite le re ce ns e m e nt e t
vit dans l'ins écurité s ans livre t m ilitaire ,
craignant l'incorporation à ch aq ue contrôle
routie r ou inte rpe llation par l'arm ée . Mais de
plus e n plus s ont m ainte nant prêts à s e
confronte r ouve rte m e nt à l'état e t à s e déclare r
obje cte ur de cons cie nce . Bie n q ue l'obje ction
de cons cie nce ne s oit pas re connue dans le
droit colom bie n, le s objos clam e nt q ue le ur
droit e s t garanti par le s critère s inte rnationaux
q ui, s e lon la cons titution colom bie nne , font
force de loi au m êm e titre q ue le s droits
fondam e ntaux garantis par ce tte cons titution e t
ignorés par l'état.
Ce s de rnière s année s ont vu le
re groupe m e nt de groupe s d'objos de
différe nte s régions e t ils s ont m ainte nant 13 de
Édito
La journée inte rnationale
de s obje cte urs e t obje ctrice s
de cons cie nce 2007 e s t con-
s acrée à la Colom bie , un
pays com ptant plus de cin-
q uante année s de viole nce s
e t de gue rre (civile s ). C'e s t
aus s i un pays où le s obje c-
te urs de cons cie nce re ncon-
tre de s défis différe nts de s
autre s pays . La m e nace d'un
re crute m e nt involontaire ne
ve nant pas q ue de l'arm ée
d'état m ais aus s i de s différ-
e nte s force s param ilitaire s ou
de gue rillas s évis s ant dans le
pays .
La Colom bie re prés e nte
aus s i un défi pour le m ouve -
m e nt inte rnational de l'obje c-
tion de cons cie nce . Au re gard
de s critère s inte rnationaux, la
problém atiq ue e s t l'applica-
tion de ce ux-ci à de s acte urs
non étatiq ue s pour q ue ce ux-
ci aus s i re connais s e nt l'obje c-
tion de cons cie nce . Ce la dit,
l'état colom bie n ne re connait
pas non plus le s objos e t le
ris q ue pour e ux n'e s t pas tant
de s e re trouve r e n pris on
pour re fus d'obéis s ance ou
dés e rtion q ue de s e re trouve r
de force e n cas e rne après un
contrôle routie r ou une pe rq ui-
s ition de police . Que ce s oit
légal ou pas , s ans notre inte r-
ve ntion, l'état e t l'arm ée
colom bie nne n'e n a cure , ou
pas avant q ue ce ne s oit trop
tard pour l'objo conce rné.
La journée inte rnationale
de s obje cte urs e t obje ctrice s
de cons cie nce a pour principe
la s olidarité ave c le s objos e t
le s m ouve m e nts d'obje cte urs .
Pe u nom bre ux s ont le s pays
où ce be s oin de s olidarité s e
fait plus urge m m e nt s e ntir
q u'e n Colom bie e t, e n tant
q ue re s is tantEs à la Gue rre ,
nous de vons re le ve r le s défis
q ue prés e nte n ce tte s ituation
particulière . Nous s avons par
e xpérie nce q ue la s olidarité
inte rnationale pe ut faire la
différe nce . Ce tte s olidarité,
plus im portante e ncore pour
le cas de la Colom bie , de m an-
de q ue nous unis s ions nos e f-
forts . Et q ui la m e ttra e n place
s i nous ne le fais ons pas ?
Pour plus d'info, cons ulte r
la page de l'IRG cons acrée à
la cam pagne pour la Colom -
bie h ttp://w ri-irg.org/co
/colcam paign-fr.h tm .
Andre as Spe ck
s uite e n page 2
Soutie n au obje cte urs de
cons ie nce e n Colom bie
15 May – Journée inte rnationale de l'obje ction de
cons cie nce
Militaris ation e t ge nre s
Sém inaire IRG/Ne w Profile à Te l Aviv,
Is raë l, du 23 au 26 août 2007
Il de vie nt de plus e n plus évide nt aujourd'
h ui q u'un fém inis m e coh ére nt ne pe ut s e pas -
s e r d'une analys e m inutie us e de la m ilitaris a-
tion e t q u'un antim ilitaris m e coh ére nt ne pe ut
faire l'im pas s e s ur une com préh e ns ion pro-
fonde de s problém atiq ue s de ge nre tant e n
th éorie q u'e n pratiq ue .
Le s ém inaire “m ilitaris ation e t ge nre ” q ui
s e tie ndra e n Is raë l e n août 2007 ras s e m b-
le ra de s m ilitantEs e t de s unive rs itairEs
ve nant du m onde e ntie r pour étudie r le s inte r-
conne ctions e ntre m ilitaris ation e t ge nre . Le
s ém inaire e s t une co-organis ation de l'Inte rna-
tionale de s Rés is tantEs à la Gue rre e t de
Ne w Profile , m ouve m e nt antim ilitaris te e t fém i-
nis te is raélie n. Ce proje t s 'appuie s ur une lon-
gue h is toire de pratiq ue s re lative s aux problé-
m atiq ue s de s ge nre s e t de la m ilitaris ation
par le s de ux organis ations , il pours uit e t
approfondit une longue coopération e ntre
ce lle s -ci.
Pour plus d'inform ation (e n anglais ) :
h ttp://w ri-irg.org/ne w s /2007/council2007-e n.h tm
Journée Inte rnationale de l'Obje ction de Cons cie nce : 15 m ai 2007
Le Fus il Bris é nº 74, m ai 2007
2
toute la Colom bie à form e r l'As s e m blée
Nationale de s Obje cte urs de Cons cie nce .
Prote ction & s olidarité
En s 'appuyant s ur ce tte force
nouve lle , l'As s e m blée Nationale de s
Obje cte urs de Cons cie nce a com m e ncé à
m e ttre e n place un rés e au de s olidarité
nationale e t inte rnationale pour l'obje ction
de cons cie nce e n Colom bie . La journée
inte rnationale de l'obje ction de
cons cie nce 2007 – le 15 Mai – s 'intègre à
ce proce s s us . Ce pe ndant, l'im portance
de ce t évène m e nt ponctue l q ui aura lie u à
Méde llin q ui donne ra un vis ibilité au
m ouve m e nt de l'obje ction de cons cie nce
e n Colom bie ne doit pas cach e r
l'im portance du s outie n pe rm ane nt q ui
de vra s uivre . En collaboration ave c
l'As s e m blée Nationale de s Obje cte urs de
Cons cie nce , l'Inte rnationale de s
Rés is tantEs à la Gue rre m e t e n place un
lis ting de s objos colom bie ns (bie ntôt
dis ponible s ur h ttps ://lis ts .w ri-
irg.org/codb), e t un rés e au de s olidarité
inte rnational. Et le 15 m ai s e ra aus s i
l'occas ion du lance m e nt d'un “livre t de
l'obje cte ur e t de l'obje ctrice de
cons cie nce ” - la carte d'obje cte ur de
cons cie nce de l'IRG q ui s e ra un s ym bole
vis ible de l'obje ction de cons cie nce
com m e droit fondam e ntal re connu
inte rnationale m e nt.
D'une ce rtaine m anière , le livre t de
l'obje cte ur/trice de cons cie nce e s t une
form e de parrainage , pe ndant virtue l à la
prote ction ph ys iq ue q ue le s Brigade s de
Paix Inte rnationale s te nte nt d'apporte r à
ce rtainEs m ilitantEs de s droits de
l'h om m e e n Colom bie e t aille urs . Ce la ne
pourra ce pe ndant fonctionne r q u'ave c un
im portant rés e au de s olidarité q ui réagit
prom pte m e nt aux te ntative s d'arre s tation
ou d'incorporation forcée d'un obje cte ur
de cons cie nce . Tandis q ue l'As s e m blée
Nationale de s Obje cte urs de Cons cie nce
e t l'IRG te nte ront une diffus ion e t large e t
rapide de l'inform ation dès q u'un
obje cte ur de cons cie nce e s t e n dange r, il
faudra réagir tout aus s i vite e t e n nom bre
pour avoir un im pact s ur le s autorités
colom bie nne s . Contacte z le s iège de
l'IRG dès m ainte nant s i vous voule z
participe r à ce “bouclie r prote cte ur” pour
le s obje cte urs e n Colom bie .
Andre as Spe ck
W ar Re s is te rs ' Inte rnational
5 Cale donian Rd, Londre s N1 9 DX, GB
Te l + 44-20-7278 4040
info@ w ri-irg.org h ttp://w ri-irg.org/fr
Re crute m e nt e t obje ction de cons cie nce
La libe rté de cons cie nce e t le s e rvice m ilitaire obligatoire dans la cons titution politiq ue colom bie nne
Le cadre juridiq ue re latif à l'obje ction
de cons cie nce e n Colom bie s e h e urte à
la contradiction e ntre le s article s 18 e t
216 de la Cons titution de 19 9 1. L'article
18 de la partie re lative aux droits
fondam e ntaux cons acre la libe rté de
cons cie nce : “nul n'e s t obligé d'agir contre
s a cons cie nce ”. Ce pe ndant, la partie
re lative à la force publiq ue , dans s on
article 216, indiq ue q ue “tous le s
Colom bie ns s ont dans l'obligation de
porte r le s arm e s q uand la néce s s ité
publiq ue l'e xige pour défe ndre
l'indépe ndance nationale e t le s
ins titutions politiq ue s . La loi déte rm ine ra
le s conditions pe rm e ttant une e xe m ption
individue lle du s e rvice m ilitaire e t ce lle s
indiq uant l'aptitude au s e rvice ”.
Quand de s affaire s d'obje ction de
cons cie nce lui ont été s oum is e s , la Cour
cons titutionne lle , plutôt q ue de ch e rch e r
un com prom is e ntre le s de ux article s a
opté pour m e ttre l'obligation
cons titutionne lle de porte r le s arm e s au-
de s s us du droit à l'obje ction de
cons cie nce . Son argum e nt étant q ue le s
intérêts colle ctifs prim e nt s ur le s intérêts
individue ls , e t q ue l'obje ction de
cons cie nce au s e rvice m ilitaire n'e s t pas
e xplicite m e nt re connue dans la
Cons titution, le droit à la libe rté de
cons cie nce ne s 'éte ndant pas au conce pt
d'obje ction de cons cie nce . Pourtant, une
légis lation réce nte a re connu d'autre s
form e s d'obje ction de cons cie nce –
com m e ce lle s de pe rs onne ls m édicaux
ou de m e m bre s du Congrès n'acce ptant
pas le s décis ions de le urs partis .
Parm i le s groupe s d'objos
colom bie ns , il y a un accord pour ne pas
de m ande r de nouve lle s régle m e ntation
afin q ue s oit re connue l'obje ction de
cons cie nce au titre de l'article 18. Ce tte
voie conduis ant le gouve rne m e nt
colom bie n à crée r de s re s trictions e t de s
conditions e nve rs le s obje cte urs . Le ur
argum e nt s e porte plutôt s ur le s norm e s
inte rnationale s , définie s par plus ie urs
conve ntions ou traités inte rnationaux
ratifiés par le Congrès [1].
Le s e rvice m ilitaire obligatoire e t
s e s oppos ants
La s tructure du s e rvice m ilitaire
obligatoire e n Colom bie s e caractéris e
par le grand nom bre de je une s appe lés ,
la forte proportion d'e xe m ptés e t le
nom bre re lative m e nt faible à rée lle m e nt
e ffe ctue r un s e rvice m ilitaire .
De puis 2003, la te ndance e s t à
l'augm e ntation du nom bre d'appe lés e t à
la réduction du nom bre d'e xe m ptés pour
accroître le nom bre de ce ux obligés
d'e ffe ctue r le s e rvice m ilitaire , une
s ituation pour le m oins inq uiétante q uand
on pre nd e n com pte q ue la plupart
vie nne nt de fam ille à faible s re ve nus q ui
ne pe uve nt s e paye r une dis pe ns e du
s e rvice m ilitaire (ach e te r la carte m ilitaire
de dis pe ns e ) ni corrom pre le s
fonctionnaire s .
Com m e le s objos au s e rvice m ilitaire
ne s ont pas re connus par la loi, nous
de vons utilis e r le s te rm e s de l'arm ée pour
évalue r l'éte ndue du re fus de la
cons cription e t ce lle du re crute m e nt forcé
e n Colom bie . Le s ch iffre s officie ls m e tte nt
e n évide nce trois catégorie s de je une s
dis ant “non” à la coopération ave c le
s ys tèm e du re crute m e nt e t aux conditions
de la cons cription. Ce s trois catégorie s
s ont le s ins oum is (q ui ne s e prés e nte nt
pas à l'incorporation), le s dés e rte urs e t
le s dés obéis s ant (q ui e ffe ctue nt un re fus
d'obéis s ance ). Le s ins oum is s ont
cons idérés com m e ayant e nfre int la loi
re lative au re crute m e nt, e t ris q ue nt e n
th éorie de s am e nde s m ais pas la pris on.
En re vanch e , la dés e rtion e t le re fus
d'obéis s ance s ont cons idérés com m e
une violation du code de jus tice m ilitaire
e t s ont punis de privation de libe rtés . En
pratiq ue , de s ins oum is ont été jugés e n
tant q ue s oldats com m e de s dés e rte urs
[2].
Le nom bre de s ins oum is e s t
re lative m e nt éle vé au re gard du nom bre
de pe rs onne s ce ns ée s s e s oum e ttre à
l'obligation du s e rvice m ilitaire . Le
pource ntage m oye n pour la période 19 9 5-
s uite de la page 1
Action contre le re crute m e nt
Journée Inte rnationale de l'Obje ction de Cons cie nce : 15 m ai 2007
Le Fus il Bris é nº 74, m ai 2007
3
Re crute m e nt e t obje ction de cons cie nce
La libe rté de cons cie nce e t le s e rvice m ilitaire obligatoire dans la cons titution politiq ue colom bie nne
2003 e s t de 26. Bie n q ue la te ndance
générale ne s oit à la bais s e , une h aus s e
dras tiq ue a pu être obs e rvée e n 2003
ave c 48,5% d'ins oum is s ur le total de s
incorporable s au s e rvice m ilitaire
obligatoire .
Le table au n° 1 nous pe rm e t
d'obs e rve r q ue le s affaire s de dés e rtion e t
de re fus d'obéis s ance s ont forte m e nt plus
nom bre us e s dans l'arm ée q ue dans la
police . La m oye nne annue lle dans
l'arm ée e s t de 230 cas de re fus
d'obéis s ance e t de 1 847 cas de
dés e rtion. Nous pouvons ains i confirm e r
q u'il e xis te un nom bre non néglige able de
je une s ge ns q ui re fus e nt la cons cription
pour une rais on q ue lconq ue e t q ui
finis s e nt par gonfle r le s rangs de s
ins oum is , m ais aus s i un nom bre
s ubs tantie l q ui, au s e in de s force s
m ilitaire d'État, re fus e nt d'y re s te r ou
d'obéir.
Carte m ilitaire e t obje ction de
cons cie nce
Une de s alte rnative s pour le s
ins oum is au s e rvice m ilitaire obligatoire
e s t d'obte nir une e xe m ption ou un re port
q ui le ur donne droit à une carte m ilitaire
e n éch ange du paie m e nt d'une inde m nité
com pe ns atoire , plutôt q ue d'être
incorporés .
Toute pe rs onne re fus ant le paie m e nt
de s a q uote -part m ilitaire com pe ns atoire
(parce q ue la contribution financière à
l'arm ée e s t contraire à s e s convictions
éth iq ue s ou politiq ue s ) e s t dans une
s ituation s pécifiq ue . Juridiq ue m e nt, ils ne
s ont plus dans l'obligation d'e ffe ctue r le
s e rvice m ilitaire . Ce pe ndant, s ans la carte
m ilitaire , ils ne pourront
pas s e r le s e xam e ns
unive rs itaire s , ni s igne r de
contrats de travail.
En outre , le
gouve rne m e nt a te nté de
m odifie r la loi pour q ue la
carte m ilitaire s oit néce s s aire à
l'établis s e m e nt d'un pas s e port, pour une
pre m ière ins cription à l'unive rs ité ou
l'obte ntion d'un titre profe s s ionne l, pour
obte nir le pe rm is de conduire , ou pour
une nouve lle affe ctation dans le public
com m e dans le privé. En atte ndant,
e ncore de m anière e m bryonnaire , de s
groupe s d'obje cte urs de cons cie nce
te nte nt de m e ttre e n e xe rgue ce tte
s ituation e n créant de s cas juridiq ue s
pe rm e ttant de s pours uite s pour
dis crim inations e t violations de s droits de
l'h om m e .
Re crute m e nt par l'État colom bie n :
irrégulie r e t e ntach é d'illégalité
Bie n q ue la loi re lative au re crute m e nt
m ilitaire régis s e le s procédure s
d'incorporation, ce lle s -ci s ont s ouve nt
détournée s e t l'im partialité s uppos ée
re flète s ouve nt le règne de l'arbitraire e t
de la corruption.
Le s batidas (form e de raids m ilitaire s )
s ont de s pratiq ue s de re crute m e nts
forcés e ffe ctués dans de s lie ux publics ,
générale m e nt dans le s q uartie rs pauvre s
e t le s z one s rurale s . Ce ux ne pouvant
prés e nte r de carte m ilitaire s ont
im m édiate m e nt e m barq ués dans un
fourgon, e t incorporés . Ce la e s t illégal au
re gard de la loi e lle -m êm e : nul ne de vrait
être forcé à une incorporation im m édiate ,
le pire autoris é e s t de force r le s futurs
appe lés au re ce ns e m e nt m ilitaire q ui e s t
la bas e de toute la procédure
d'incorporation (ou à défaut de régularis e r
le ur s ituation). Mêm e le s e xe m ptions e t
le s re ports d'incorporation dans le cadre
de la loi ne s ont pas re s pe ctés par
l'arm ée . le s pe uple s indigène s , le s père s ,
le s pe rs onne s déplacée s , le s h andicapés
e t le s étudiants s ont intégrés à l'arm ée
m algré l'e xis te nce de règle s d'e xe m ption
ou de re port q uant à le ur s e rvice m ilitaire .
Re crute m e nt d'e nfants par le s
groupe s illégaux
Le rapport
m ondia de
2004, par la
Coalition con-
tre l'utilis ation
d'e nfants ,
s oldats e s tim e
q u'un q uart
de s s oldats
de s groupe s
arm és illégaux
e n Colom bie s ont âgés de m oins de dix-
h uit ans . Ce s e nfants participe nt aux
com bats , à la logis tiq ue e t à la pos e de s
m ine s e t e xplos ifs ; ils s ont aus s i utilis és
com m e m e s s age rs ou garde s . Ce rtainEs
s 'e ngage nt pour éch appe r à la pauvre té,
au ch ôm age ou aux viole nce s fam iliale s
alors q ue d'autrEs ch e rch e nt à ve nge r la
m ort d'unE am iE ou d'un m e m bre de la
fam ille . La plupart s e voie nt re fus e r tout
contact ave c le ur fam ille . Le s fille s s e
voie nt forcée s à de s re lations s e xue lle s
ave c de s s upérie urs .
Ave c la nouve lle loi re lative s aux
e nfants e t aux adole s ce nts , le s je unEs de
q uinz e ans im pliq uéEs dans le s activités
de groupe s arm és illégaux de vie nne nt
punis s able s au lie u d'être de s victim e s du
conflits , ce q ui e s t e n contradiction ave c
le s re com m andations du de rnie r rapport
du Com ité inte rnational de s droits de
l'e nfant.
Note s :
[1] Le droit à l'obje ction de cons cie nce e s t
im plicite m e nt re connu par l'article 18 de la
Déclaration unive rs e lle de s droits de l'h om m e ,
par l'article 18 du Pacte inte rnational re latif aux
droits civils e t politiq ue s , voté par la Colom bie
dans s a loi n° 74 de 19 68, e t par l'article 12 de
la Conve ntion am éricaine de s droits de
l'h om m e , voté par la Colom bie dans s a loi n°
16 de 19 72 ; ce s article s affirm e nt le droit à la
libe rté de pe ns ée , de cons cie nce e t de re ligion
(MADRID MALO, 2006,3). Il e s t aus s i e t de
m anière e xplicite s ignifié dans la rés olution
33/165 de l'As s e m blée générale de l'ONU
(19 78), la rés olution de la Com m is s ion de s
droits de l'h om m e du 5 m ars 19 87 e t s a
rés olution 2002/45.
[2] La loi n° 522 de 9 9 9 définit ains i le re fus
d'obéis s ance : ne pas e xécute r ou m odifie r un
ordre légitim e d'un s upérie ur d'après la
procédure légale , e s t pas s ible d'une pe ine d’un
à trois ans d'e m pris onne m e nt (Article 115). Un
dés e rte ur pe ut être déte nu de s ix m ois à de ux
ans . En com plém e nt de s a condam nation,
l'accus é de vra te rm ine r s on s e rvice m ilitaire y
com pris toute s le s période s d'abs e nce e t de
déte ntion (Article 128).
pource ntage de s ins oum is
Re fus
d'obéis s ance
dans l'arm ée .
Re fus
d'obéis s ance
dans la police .
Dés e rtion
dans l'arm ée .
Dés e rtion
dans la police .
ans
2001– 2003
ans
19 9 5– 2003
ans
2001– 2003
ans
19 9 5– 2003
69 0
pe rs onne s
118
pe rs onne s
5 541
pe rs onne s
13
pe rs onne s
Table au n°1 : Dés obéis s ance e t dés e rtion dans l'arm ée e t la
police de 19 9 5 à 2003
Diagram m e : Pource ntage de s ins oum is parm i le s appe lés
au s e rvice m ilitaire obligatoire e ntre 19 9 5 e t 2003
Action contre le re crute m e nt
Journée Inte rnationale de l'Obje ction de Cons cie nce : 15 m ai 2007
Le Fus il Bris é nº 74, m ai 2007
En Colom bie , il fut pour la pre m ière fois
q ue s tion d'obje ction de cons cie nce e n 19 88,
q uand un groupe de pe rs onne s (de s
e ns e ignantEs , de s ph ilos oph Es , de s juris tEs ,
de s inte lle ctue lLEs ains i q ue de s h om m e s e t
de s fe m m e s d'églis e ) ont com m e ncé à
re m e ttre e n caus e le s e rvice m ilitaire
obligatoire .
En 19 9 1, profitant du ch ange m e nt de
cons titution e n Colom bie , le Colle ctif pour
l'obje ction de cons cie nce e t le program m e
Obje cte ur pour la paix de l'Églis e m e nnonite
ont m onté une cam pagne afin d'inclure
l'obje ction de cons cie nce dans le débat, lors de
l'As s e m blée nationale cons titutionne lle ; parm i
le s actions publiq ue s de ce tte année là, de s
m anife s tations , de s confére nce s de pre s s e ,
de s m obilis ations auprès de s école s e t la
colle cte de 6000 s ignature s q ui ont été re m is e s
à l'As s e m blée nationale cons titutionne lle .
Grâce à ce travail, la th ém atiq ue fut dis cutée e t
l'article 18 a été inclus dans la nouve lle
cons titution, garantis s ant la libe rté de
cons cie nce au pe uple colom bie n.
Au m êm e m om e nt, nais s aie nt Re d Juve nil
de Me de llín, une organis ation com m unautaire
q ui affirm e le s droit de la je une s s e , te ls
l'obje ction de cons cie nce , ave c une approch e
bas ée s ur l'action nonviole nte e t la
dés obéis s ance civile .
En 19 9 4, un fait s ignificatif a e u lie u : après
s 'être déclaré publiq ue m e nt obje cte ur de
cons cie nce , Luis Gabrie l Caldas fut
e m pris onné, puis forcé de vivre dans la
clande s tinité jus q u'à ce q u'Am ne s ty
Inte rnational, l'ayant adopté com m e
pris onnie r de cons cie nce , e xe rce une
pre s s ion s uffis ante pour q ue s a
s ituation s oit rés olue .
La m êm e année , la Colom bie a
participé à la pre m ière Re ncontre
latino-am éricaine de s Obje cte urs de
cons cie nce au Paraguay, e t fut l'h ôte
de la 9 èm e Re ncontre inte rnationale
de s obje cte urs de cons cie nce , attirant
ains i l'atte ntion de s m e dia.
En 2000 fut créé à Bogotá le
groupe Acción Cole ctiva por la
Obje ción de Concie ncia e n Colom bia
(Action colle ctive pour l'obje ction de
cons cie nce e n Colom bie ) ave c la
conve rge nce de s organis ations
intére s s ée s au re nforce m e nt du
travail s ur l'obje ction de cons cie nce
e n Colom bie .
Entre 2002 e t 2003, la cam pagne
‘Juve ntude s de s de la Nonviole ncia
Activa Re s is tie ndo a la Gue rra’ (le s
je une s s e s rés is tant à la gue rre par la
nonviole nce active ) a été prom ue par
de nom bre us e s organis ations de la
je une s s e e n prove nance de s
différe nte s régions de Colom bie . Ce
fut l'une de s pre m ière s étape s pour la
création d'un rés e au national s ur
l'obje ction de cons cie nce q ui, e n
s e pte m bre 2005 s 'e s t trans form é e n
As s e m blée nationale de s obje cte urs de
cons cie nce .
De puis , q uatre as s e m blée nationale ont e u
lie u, plus un ate lie r s ur le s alte rnative s légale s
pour le s obje cte urs de cons cie nce puis , e n
juille t 2006 à Bogotá, une re ncontre
inte rnationale de s olidarité pour le s obje cte urs
de cons cie nce e n Colom bie réunis s ant
différe ntEs re prés e ntantEs de m ouve m e nts de
rés is tance à la gue rre e t de l'obje ction de
cons cie nce au nive au inte rnational. De s ce tte
de rnière e s t née l'idée de crée r un rés e au
inte rnational de s outie n à l'obje ction de
cons cie nce e n Colom bie .
Com m e le conte xte colom bie n e s t très
différe nts d'autre s pays , e t q ue l'obje ction de
cons cie nce s 'e s t déve loppée au m ilie u d'un
conflit arm é e ntre l'État, la guérilla e t le s
groupe s param ilitaire s , ave c de m ultiple s
caus e s e t facte urs y jouant un rôle , le droit à
l'obje ction de cons cie nce ne s e réfère pas
s e ule m e nt au s e rvice m ilitaire officie l, m ais à
tout s e rvice forcé q ue lq ue s oit le groupe arm é
im pliq ué dans le conflit ou à toute s le s
e xpre s s ions de la m ilitaris ation dans la vie
q uotidie nne (com m e l'autoritaris m e ), m ais
aus s i aux s ys tèm e s , te ls le m odèle
économ iq ue néo-libéral, q ui e ntre tie nne nt la
m ilitaris ation.
4
La com m unauté de
paix de San Jos é
de Apartadó
Pour célébre r le 10e
annive rs aire de la
com m unauté de paix de San
Jos é de Apartadó, de s
re prés e ntants de s autre s
com m unautés de paix
colom bie nne s e t de s
vis ite urs de q uatorz e pays
différe nts s e s ont re trouvés à
La Unión e t à San Jos e s ito
de Apartadó (où la
com m unauté s 'e s t ins tallée
après q ue la police ait
occupé le te rritoire de la
com m unauté origine lle ) s ur
la com m une de Apartadó,
dans la province d'Antioq ue .
Alors q ue le s ge ns
continue nt à de m ande r toute
la lum ière e t la jus tice pour
le s violations s ys tém atiq ue s
de s droits de l'h om m e e n
Colom bie , l'État ne ce s s e de
pe rdre s a légitim ité via s a
viole nce , s a corruption e t via
s on parle m e nt q ui légifère au
profit de s e s m e m bre s . Alors
q ue la plus ancie nne
com m unauté de paix atte int
ce s dix ans de rés is tance ,
e lle com pte 178 m orts , plus
de 500 acte s d'agre s s ion
dénoncés dans 15 pétitions
prés e ntée s au prés ide nt
Uribe . Ce dixièm e
annive rs aire a donc pris la
form e d'un lie u de
conve rge nce pour différe nte s
form e s de s olidarité
ch e rch ant à ouvrir un ch e m in
pour la dignité e t la m ém oire
colle ctive . Le 23 m ars , une
m arch e s ile ncie us e dans le s
rue s d'Apartadó a trave rs é le
cim e tière s ur la route du
ce ntre de San Jos é de
Apartadó. Pe ndant la
m arch e , 178 ce rcue ils
s ym boliq ue s ont été dépos és
à la porte du bure au du
procure ur pour lui rappe le r
s on incapacité répétée à
m e ne r s a fonction
Le s antécéde nts de l'obje ction
de cons cie nce e n Colom bie
Journée Inte rnationale de l'Obje ction de Cons cie nce : 15 m ai 2007
Le Fus il Bris é nº 74, m ai 2007
5
cons titutionne lle .
Un nom bre crois s ant
d'organis ations e t de
com m unautés , tant e n
Colom bie q u'à l'étrange r,
form e de s ch aîne s de
s olidarité e t de frate rnité
ave c San Jos é, re nforçant
s e s proje ts pour la vie e t
pour la te rre . Déjà, nom bre
d'e ntre e lle s ont été le s
tém oins de la barbarie de
l'État contre de s
com m unautés à trave rs toute
la Colom bie , e t
particulière m e nt contre la
com m unauté de paix de San
Jos é de Apartadó. Ains i, le
17 m ars une m is s ion
inte rnationale de s olidarité
ave c le s com m unautés
colom bie nne s de rés is tance
civile nonviole nte s 'e s t te nue
à Bogotá avant de re joindre
le s évène m e nts
com m ém orant le 10e
annive rs aire ains i q ue la
réunion de s com m unautés
e n rés is tance q ui a e u lie u à
la com m unauté de paix e lle -
m êm e . De s participantEs
s ont ve nuEs d'Autrich e , de
Be lgiq ue , d'Angle te rre ,
d'Alle m agne , d'Italie , du
Portugal, d'Es pagne e t de s
États -Unis . Ils e t e lle s s e
s ont m is d'accord pour
travaille r à la légitim is ation e t
à la re connais s ance
inte rnationale de s z one s
h um anitaire s créée s par
ce tte com m unauté de paix
e n tant q ue m écanis m e de
prote ction de s populations
civile s au s e in du conflit
arm é.
w w w .cdps anjos e .org
Ch roniq ue de la libération
d'Andre s Danie l Giraldo (2006)
J'étais parti à 21
h e ure s de Bogotá
dans un bus
inte rdéparte m e ntal e n
route pour Me de llín,
lors q ue ce bus a été
arrêté par l’arm ée
nationale dans la
m unicipalité de
Guaduas -
Cundinam arca, à
m inuit q uarante cinq .
L’arm ée nous a fait
re s te r s ur place jus q u’à 1 h 55, avant de nous e m m e ne r
au bataillon d’infante rie de Guaduas où nous s om m e s
arrivés à 2 h 11. Dans une te lle circons tance , on pe ns e :
« Que va-t-il nous arrive r ? ». Nous étions tre iz e je une s
h om m e s dans le h angar, jouant ave c nos téléph one s
portable s e t rigolant un pe u, s ans s avoir ce q u’ils allaie nt
faire de nous . Moi, j’avais déjà déclaré m a pos ition
d’obje cte ur de cons cie nce au s e rge nt Gom e z .
Ins pe ction à 5 h 20, bros s age de s de nts e t m is e s e n
rang ave c le caporal pour atte ndre d'être conduits à
Facatativa. Pe tit de déje une r de gale tte s de m aïs frit ave c
du ch ocolat, e t une journée s urpre nante com m e nçait : le
s e rge nt Gom e z nous a pe rm is de joue r au baby-foot, aux
dom inos , au te nnis de table , aux carte s ave c un
accom pagne m e nt pe rm ane nt, ave c s ourire s e t h um our
glacial typiq ue s de s m ilitaire s q ui, par e xe m ple , s e
m oq uaie nt de s obje cte urs de cons cie nce . Il m e dis ait
s ouve nt : « ne t’inq uiète s pas je une h om m e , tu oublie ras
tout ce la lors q ue tu pre ndras un fus il, c’e s t très ém ouvant
tout ce la. » Tout le m onde riait e n m 'im aginant la tête
ras ée , s ans boucle s d’ore ille s e t e n te nue de cam ouflage .
À 8 h 30, ils prire nt le ur m atérie l de contrôle
autoroutie r re ve nant ve rs m idi e t de m i ave c q uinz e je une s
de plus à la cas e rne . nous avons fait un m atch de foot. ils
nous ont racontés de s h is toire s fais ant la part be lle à
l'arm ée , nous parlant de s nouve lle s politiq ue s e t du bon
traite m e nt à la cas e rne . Parm i nous s e trouvaie nt trois
je une s de La Paz , de ux de H uile nce s , trois de Bogotá,
une indigène réintégrée à l'arm ée e t vingt e t un prove nant
de s différe nte s régions de la côte atlantiq ue : Valle dupar,
Barranq uilla, Santa Marta e t Since le jo.
Au m om e nt où ils nous ont fait m onte r dans le
cam ion, nous n'étions plus q ue vingt-trois , la s ituation de s
cinq autre s s 'étant rés olue d'e lle -m êm e . Parm i e ux, s e
trouvait Tibe rio Os orio, un je une h om m e très joli de vingt-
de ux ans d’Union-Antioq uia, q ui n’avait fait l’école
prim aire q ue jus q u’à la trois ièm e année . Il était très
craintif car c’était la pre m ière fois q u’il s ortait de s on
village . Il allait à Bogotá pour travaille r dans un m agas in
ave c s e s cous ins . Il dis ait : « je ne s ais pas s i je vais
aim e r une m égalopole com m e ce lle -là, parce q u’on n’y
n’e s t pe rs onne ; par contre dans ton village tout le m onde
te connaît. Si je m ’e nnuie , je travaille à m e s frais e s , à
m e s pom m e s de te rre s , e t com m e ce la je m ’am us e . Je
ne s ais pas q uoi faire dans ce tte très gros s e ville . »
Évide m m e nt ce tte h is toire de Tibe rio a im pre s s ionné le
s e rge nt q ui l’a re lâch é.
À 14 h 15, nous avons été e m barq ués dans un
cam ion im m atriculé SH I347, pour Facatativa. Nous étions
décontractés , e t nous nous am us ions de notre s ituation.
Nous s péculions s ur l’air q ue nous aurions e n portant
l’uniform e de l’arm ée . Nous inve ntions de s dis cours e ntre
nous , pour dire aux m ilitaire s com m e nt évite r de de ve nir
un m e m bre de l’arm ée .
Arrivés au bataillon d’infante rie n° 38, dirigé par
Migue l Antonio Caracol, ils nous ont fait m e ttre s ur une
file pour l'ins pe ction e t la vérification de nos pièce s
d'ide ntité, q ui incide m m e nt ne nous avait pas été
confis q uée s lors de notre arre s tation. Je précis e q u'on ne
m ’a jam ais obligé à m e m e ttre e n rang ave c le s autre s .
De puis l’arrivée à Facatativa, un s e rge nt m 'avait ordonné
de re s te r tout le te m ps à s e s côtés . Franch e m e nt il m ’a
bie n traité, e n m e pos ant de s tas de q ue s tions s ur m oi.
Curie us e m e nt il était autant intére s s é q ue m oi par la
m éde cine traditionne lle indigène . Il m 'a prés e nté à de s
collègue s q ui ont tout de s uite affirm é : « Ce je une
h om m e s e ra apte pour le s e rvice , il a la bonne taille . » La
répons e du s e rge nt fut am us ante : « ce je une h om m e ne
pe ut pas re s te r car il pre nd de s m édicam e nts
traditionne ls . »
Quand le com m andant e s t ve nu nous de m ande r nos
rais ons pour ne pas être à l’arm ée , c’était une be lle
opportunité de m e ttre e n avant m a déclaration d'obje cte ur
de cons cie nce . J’étais s ûr q ue la plupart de s je une s
h om m e s q ui étaie nt ave c m oi n’avaie nt jam ais e nte ndu
parle r d’obje ction de cons cie nce . Mêm e s ’ils n’ont pas
pe ns é q ue ce la était pos s ible e n Colom bie , s ans s e faire
e xam ine r par un m éde cin, le com m andant m ’a de m andé
une déclaration par écrit, s ignée e t tam ponnée par
laq ue lle je s ignifiais m a pos ition au re gard de l’arm ée .
Nous étions q uatre garçons libre s , il nous fallait jus te
confirm e r notre nouve lle s ituation au s e in du bataillon de
l’arm ée . C’était s urtout valable pour le s trois autre s
garçons . Quant à m oi je ne de vais rie n confirm e r, alors je
s uis s orti de là-bas .
Je s uis parti du bataillon à 17 h 50, accom pagné du
s e rge nt Pe na, à q ui j’ai de m andé un ce rtificat pour q ue ,
e n route ve rs ch e z m oi, pe rs onne ne m ’arrête , s urtout
pas d’autre s m ilitaire s colom bie ns . Il ne m ’a rie n donné,
e n dis ant q ue rie n de m al n’allait m ’arrive r. D’aille urs
j’avais s on num éro de portable s i je m e fais ais arrête r à
nouve au.
Toute ce tte façon de m e « bie n traite r » avait attiré
m on atte ntion. Je pe ns ais q ue , d’une ce rtaine m anière , ils
s e s ont conce rtés s ur m on cas . Une de m e s conclus ions
était q ue j’avais e s s ayé de le ur parle r e n utilis ant de s
argum e nts légaux. En outre j’ai toujours m anife s té m on
dés accord ave c le s s tructure s m ilitaire s , q u’im porte d’où
e lle s vie nne nt, e t affirm é q ue le s arm e s ne s ont pas de s
outils pour cons truire une s ociété. Pe ut-être m e s
argum e nts le s ont-ils fait réfléch ir, e n crédibilis ant m e s
propos .
Aucun de s je une s h om m e s ne voulait alle r à l’arm ée ,
car tous ont raconté de s h is toire s , e t pe rs onne n’a fait un
pas avant lors q ue le com m andant a de m andé q ui voulait
s ’e ngage r dans l’arm ée nationale de Colom bie . Ce tte
attitude de s je une s l’a fait m e ttre e n colère , il e s t de ve nu
de m auvais e h um e ur. Le s dix-s e pt je une s re s tants s ont
allés pas s e r le s e xam e ns m édicaux, e t atte ndre le ve rdict
final s ur le ur s ituation m ilitaire .
Andrés Danie l Giraldo
Journée Inte rnationale de l'Obje ction de Cons cie nce : 15 m ai 2007
Le Fus il Bris é nº 74, m ai 2007
6
Le s obje ctrice s de cons cie nce e n
Colom bie
Dans l'h is toire de l'obje ction de
cons cie nce e n Colom bie , le pre m ie r
e xe m ple de re m is e e n caus e du s e rvice
m ilitaire obligatoire provie nt d'une fe m m e ,
e t re m onte à 19 24. La le ade r s yndicale
Carlota Rua, lors du pre m ie r Congrès
ouvrie r, ouvrit le s débats e n indiq uant q ue
le s je une s ouvrie rs e t pays ans ne
de vraie nt pas être s oum is à l'obligation
de s e rvice national e t e lle pours uivit e n
cons idérant injus te de le s re tire r à le ur
te rre , où ils contribue nt à l'e ffort national
ave c le ur travail, pour q u'ils détruis e nt ce
m onde ave c l'arm ée . Ce tte initiative fut à
l'origine d'un autre groupe de fe m m e s q ui
s 'oppos a au re crute m e nt de le ur fils e t
m aris lors de la gue rre contre le Pérou,
re ndant le ur obje ction publiq ue e t
générant ains i un débat public [1].
Le s année s pas s ant, le s fe m m e s ont
continué à organis e r de s initiative s contre
la gue rre civile , pour la re ch e rch e de la
paix e t de s olutions aux conflits arm és
bas ée s s ur la m édiation. On pe ut
m e ntionne r le s e fforts du groupe de
travail “Fe m m e s e t conflits arm és ”, q ui
re groupa dive rs e s organis ations ou
individuEs pour q ue s tionne r e t e xam ine r
le s m ultiple s form e s de viole nce affe ctant
le s fe m m e s , le s je une s fe m m e s e t le s
fille s dans le cadre du conflit arm é e n
Colom bie – travail très révélate ur car,
pe ndant de s année s , la cruauté de s
viole nce s s pécifiq ue m e nt à l'e ncontre de
la ge nte fém inine était totale m e nt
occultée par le s dive rs acte urs du conflit
arm é [2].
Tout aus s i im portant e s t le travail de
l'alliance “Initiative de s fe m m e s
colom bie nne s pour la paix” q ui a aus s i
ras s e m blé de s organis ations , e t ce dans
le cadre de la Rés olution 1325 du Cons e il
de s écurité de l'ONU (approuvée le 31
octobre 2000), appe lant à la participation
de s organis ations de fe m m e s aux
négociations , au dialogue s ur le conflit, à
la re connais s ance de le ur contribution au
proce s s us de réconciliation e t de
réduction de l'im pact du conflit pour le s
fe m m e s [3]. Ce s organis ations ont
e ffe ctué un travail im portant, n’inte rve nant
dans le débat politiq ue q u'au trave rs d'un
travail s ocial e t de m anife s tations .
Dans le m ouve m e nt de l'obje ction de
cons cie nce e n tant q ue te l, la pe rs pe ctive
de ge nre n'e s t pas évide nte . Pour autant,
le s fe m m e s s e re trouve nt autant q ue le s
h om m e s dans le s principe s de
nonviole nce active , d'antim ilitaris m e ,
dans la vis ion globale de s caus e s
s tructure lle s e t de l'am biance be lliq ue us e
e n Colom bie , de m êm e q ue dans la
re ch e rch e de s olutions e t d'alte rnative s
dive rs ifiée s : le s fe m m e s ont donc une
im portance e s s e ntie lle dans le
m ouve m e nt. Dans notre pays , où s e uls
le s h om m e s s ont s oum is à l'obligation de
s e rvice m ilitaire , la pos ition de s fe m m e s
dépas s e large m e nt la s olidarité ave c le s
am is , parte naire s ou fils : e lle s apporte nt
le ur contribution au travail e t aux
initiative s pour la cons truction d'une
Colom bie q ui appre nd à rés oudre s e s
conflits s ans l'us age de la viole nce , une
Colom bie plus jus te e t s ans le s
im portante s injus tice s s ociale s q ui
alim e nte nt le s problèm e s du pays . De ce
point de vue , le travail s ur l'obje ction de
cons cie nce s 'e s t s pécifiq ue m e nt éte ndu
via le déve loppe m e nt d'une pédagogie
alte rnative pour prom ouvoir la
nonviole nce à l'atte ntion de s e nfants , de s
je une s e t de s adulte s de toute s origine s
s ocioculture lle s . Dans le m êm e te m ps , ce
travail a éte ndu s e s pe rs pe ctive s ve rs
de s th èm e s com m e l'injus tice du coût
e xce s s if de s s e rvice s publics ,
l'im portance du com m e rce éq uitable (un
com m e rce jus te , s olidaire e t cons cie nt) e t
la créativité de l'action dire cte . Dans ce s
dom aine s , l'apport de s fe m m e s a été vital.
Il faut aus s i note r q u'e n de h ors du
s ys tèm e étatiq ue de cons cription, de s
groupe s h ors -la-loi – te ls la guérilla e t le s
param ilitaire s – re crute nt, tant
volontaire m e nt q ue par la force , de s
h om m e s e t de s fe m m e s au titre de la
parité. D'où l'im portance pour de s
fe m m e s de s e déclare r obje ctrice s de
cons cie nce , re fus ant ains i de participe r à
toute arm ée e t de contribue r e n tout état
de caus e à la culture patriarcale ,
m ach is te e t m ilitaris te q ui m aintie nt e n
place la viole nce crue lle dont s ouffre la
Colom bie .
De ce tte m anière , le s fe m m e s du
m ouve m e nt de l'obje ction e n Colom bie
ont re ndu pos s ible tant la pris e e n ch arge
Journée Inte rnationale de l'Obje ction de Cons cie nce : 15 m ai 2007
Le Fus il Bris é nº 74, m ai 2007
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inq uiétude s de l'As s e m blée
nationale conce rne la pro-
blém atiq ue du re crute m e nt e t
la m ilitaris ation cons tante de
la vie civile par le s différe nts
acte urs im pliq ués dans le
conflit arm é colom bie n. C'e s t
pourq uoi nous avons décidé
le s m oye ns d'action s uivants :
► Le re nforce m e nt m utue l
de s différe nts groupe s
pour l'obje ction de con-
s cie nce par de s éch an-
ge s d'e xpérie nce s e t de s
e s pace de form ation.
► Une coordination natio-
nale de l'action dire cte
nonviole nte e t de s
activités publiq ue s .
► Un accom pagne m e nt e t
une com m unication pe r-
m ane nte e ntre le s différ-
e nts groupe s pour l'ob-
je ction de cons cie nce .
► La cons truction d'un
rés e au de s olidarité na-
tional e t inte rnational
ave c le s obje cte urs de
cons cie nce .
Actue lle m e nt, l'As s e m -
blée nationale de s obje cte urs
de cons cie nce com pre nd le s
groupe s s uivants :
1. Re d Juve nil Paz Caribe
2. Cole ctivo Obje tarte Cali
3. Re d Juve nil Me de llín
4. Acción Cole ctiva de
Obje tore s y Obje toras de
Concie ncia Bogota
5. Movim ie nto Juve nil
Arte s anos
6. Conce jo Municipal de
Juve ntude s Pue rto Caice do
– Putum ayo
7. Corporación Colom bia
Jove n Villa Rica – Cauca
8. Se rvicio Paz y Jus ticia
Barranq uilla
9 . As ociación Juve nil y
Es tudiantil Re gional Aruaca
10. Movim ie nto de Obje tore s
y Obje toras Quinto Manda-
m ie nto Barrancabe rm e ja
11. Movim ie nto Juve nil
Álvaro Úlce Cauca
12. Kas im ba Cali
13. FUNSAREP Cartage na
Plus d'infos s ur :
w w w .obje cioncolom bia.org
de s problèm e s q ue la propos ition d'alte rnative s
à la gue rre dans une pe rs pe ctive d'e ns e m ble ,
ave c la com préh e ns ion de la com ple xité de la
réalité colom bie nne e t de la néce s s ité de
propos e r de s alte rnative s s tructure lle s
d'e nve rgure . Il e s t touch ant de re m arq ue r q ue
nous s om m e s ce lle s ayant le plus de capacité
à appe le r le s ge ns à participe r aux actions
publiq ue s e t q ue le s h om m e s , outre
l'accom pagne m e nt dans le ur re fus du s e rvice
m ilitaire , nous re connais s e nt com m e aus s i
im portante s q u'e ux au s e in du m ouve m e nt,
s ach ant q ue ch acunE doit s 'im pliq ue r cœ urs e t
âm e s dans la trans form ation de s pratiq ue s ,
q u'e lle s re lève nt de la vie q uotidie nne ou de s
politiq ue s q ui s outie nne nt la gue rre .
Andre a Och oa
Obje ctrice de cons cie nce , Bogotá, Colom bie
Note s :
[1] Giraldo, Joh n. “La Obje ción de Concie ncia
e n Colom bia: una h is toria e n m ovim ie nto”
publiée s ur
h ttp://w w w .nodo50.org/m occarabanch e l/cam pa
% F1as /obje cion/15m 04_ colom bia_ agre s ion.h t
m
[2] Page Inte rne t du groupe de travail
“Fe m m e s e t conflits arm és e n Colom bie ” :
h ttp://w w w .m uje ryconflictoarm ado.org/lam e s a.h
tm l
[3] Page Inte rne t de l'Initiative de s fe m m e s
pour la paix : h ttp://w w w .m uje re s porlapaz .org/
Journée Inte rnationale de l'Obje ction de Cons cie nce : 15 m ai 2007
Le Fus il Bris é nº 74, m ai 2007
8
Le Fus il Bris é
Le Fus il Bris é e s t le
bulle tin d'inform ation de
l'Inte rnationale de s
Rés is tantEs à la Gue rre . Il
e s t publié e n anglais ,
e s pagnol, français e t
alle m and. Ce ci e s t le num éro
74 de m ai 2007.
Ce num éro e s t le fruit du
travail d'Andre as Spe ck .
Tous nos re m e rcie m e nts à
touTEs ce lle ux q ui ont fourni
le s infos utilis ée s dans ce
num éro. Pour vous procure r
d'autre s copie s de ce Fus il
Bris é, m e rci de contacte r le
bure au de l'IRG ou
téléch arge z -le de notre s ite
inte rne t.
Inte rnationale de s
Rés is tantEs à la Gue rre
5 Cale donian Rd, Londre s
N1 9 DX, Grande Bre tagne
Tél:+ 44 20 7278 4040
Fax:+ 44 20 7278 0444
info@ w ri-irg.org
h ttp://w ri-irg.org/pubs /br74-
fr.h tm
La boutiq ue de l’IRG
Vous pouve z ach e te r le s article s ci-de s s ous auprès de l’Inte rnatio-
nale de s Rés is tante -e -s à la Gue rre e n joignant au bon ci-de s s ous
un ch èq ue (e n £/$ ou €) à l’ordre de W ar Re s is te rs ’ Inte rnational
q ue vous adre s s e z à W RI-IRG, 5 Cale donian Rd, N1 9 DX,
Londre s , GB. Vous pouve z aus s i com m ande r e n ligne (paie m e nt
par carte bancaire ) à h ttp://w ri-irg.org/s h op/s h op-fr-e u.h tm .
Tous le s prix s ont ports com pris , tous le s docum e nts im prim és
s ont e n anglais .
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_ _ _ _ 1-9 badge "fus il Bris e ", à l'unité €2,25
_ _ _ _ 10-9 0 badge "Fus il Bris e " x 10 €14,00
_ _ _ _ 100 badge s "Fus il Bris e ", x 100 €117,50
_ _ _ _ H ous m ans Pe ace €13,50
Diary 2007 ave c s on répe rtoire
m ondial de s organis ations
ISSN 09 57-0136
ISBN 0 85283-263 X
_ _ _ Em ily Mile s : CO Guide to th e UN €19 ,00
H um an Righ ts Sys te m (Guide de l'objo pour le
s ys te m e de s droits de l'h om m e de l'ONU, IRG e t
Quak e r UN office , Ge nève , 2000)
_ _ _ Re s is tance and Re cons truction €7,25
(Rés is tance and Re cons truction, Ins titute For Total
Re volution, Ve dch h i, 19 88)
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Cons cription: A W orld Surve y (Cons cription: une
étude m ondiale , IRG, Londre s 19 68)
_ _ _ Pe te r Brock : Te s tim onie s of Cons cie nce €7,00
(Tém oignage s de Cons cie nce , à com pte d‘aute u,
Toronto, 19 9 7)
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Nonviole nt Struggle
and Social De fe nce
(Lutte s nonviole nte s e t
défe ns e s ociale , IRG,
Londre s 19 9 1)
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(H rs g.): Ope ning Doors to Pe ace :
A Me m orial to Myrtle Solom on
(Porte s ouve rte s à la paix: un h om m age
à Myrtle Solom on, IRG, Londre s 19 9 1)
_ _ _ De vi Pras ad: W ar is a €47,00
Crim e agains t h um anity.
Th e s tory of W ar
Re s is te rs ' Inte rnational
(La gue rre e s t un crim e
contre l'h um anité, h is torie
de l'IRG, Londre s 2005)
_ _ _ Vos Dons € _ _ _ _
Total € _ _ _ _
Nom : _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _
Adre s s e : _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _
Pays : _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _
Date : _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ Signature : _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _
L'inte rnationale s de Rés is tantEs à la Gue rre
Soute nir e t m e ttre e n re lation le s rés is tantEs à la
Gue rre à trave rs le m onde
Me rci d'e nvoye r vos dons dès aujourd'h ui pour
s oute nir le tre vail de l'IRG
Je s outie ns l'IRG:
(m e rci de coch e r au m oins une cas e )
□ J'e nvoie un don de £/€.............à l'IRG
□J'ai be s oin d'un re cu pour ce don
□ Je re m plis le form ulaire au dos pour un
prélève m e nt s ur m a carte bancaire .
□ Je vais m e ttre e n place un vire m e nt
pe rm ane nt m e ns ue l/trim e s trie l/annue l
(barre r le s m e ntions inutile s ) de .........€
à l'ordre de W ar Re s is te rs ' Inte rnational:
IBAN IE9 1 BOFI 9 000 9 240 41 35 47
Bank of Irland
□ Je s ouh aite rais re ce voir un form ulaire
pour le vire m e nt pe rm ane nt.
Voici m e s coordonnée s :
Nom : _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _
Adre s s e : _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _
_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _
Pays : _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _
Envoi de s dons :
IRG/W RI, 5 Cale donian Rd, N1 9 DX, Londre s ,
GB
L'IRG garde le s nom s e t adre s s e s de s e s s outie ns
s ur s upport inform atiq ue à s e s s e ule s fins . Si vous
ne le s ouh aite z pas , n'h és ite z pas à nous le faire
s avoir.
Me rci de bie n vouloir vis ite r notre m agas in e n ligne s ur h ttp://w ri-irg.org pour ach e te r
le s publications de l'IRG, le s badge s du Fus il Bris é, e tc.