Upload
phamque
View
237
Download
9
Embed Size (px)
Citation preview
JM de Bennetot – mars 2017
LE POINT ASTRONOMIQUE EN MER
JM de Bennetot – mars 2017
Pourquoi cette conférence ?
• Le point en mer, une belle histoire.
• Un prolongement de la conférence de Philippe
Kauffmann « Astronomie et localisation dans le temps
et l’espace ».
• Des préoccupations et des pratiques qui recoupent
celles des astronomes amateurs.
• Un intérêt personnel à vous faire partager.
JM de Bennetot – mars 2017
Une belle histoire
Une recherche qui remonte à la nuit des temps :
« Il y a trois choses qui me dépassent
et quatre que je ne connais pas ;
[…] le chemin du vaisseau en haute mer […] »
(Proverbes, 30 18-19)
JM de Bennetot – mars 2017
Une belle histoire
Les progrès scientifiques et techniques ont été stimulés par les besoins des marins et ont impliqué les plus grands esprits de leur temps :
• Mécanique céleste : compréhension et prédiction des mouvements des astres.
• Mathématiques : trigonométrie sphérique, calcul
infinitésimal, logarithmes.
• Optique et mécanique : les instruments de mesure
d’angles.
• Horlogerie...
JM de Bennetot – mars 2017
Deux besoins complémentaires, dans un lieu sans (beaucoup de) repères :
• pouvoir prendre une direction donnée (le « cap »),
• pouvoir se situer sur le globe terrestre (le « point »).
La navigation en haute mer
JM de Bennetot – mars 2017
Cette conférence, en résumé
Un aperçu non exhaustif des connaissances et des
techniques utilisées depuis l’Antiquité jusqu’à l’état
de l’art « pré-GPS ».
JM de Bennetot – mars 2017
Raisons pratiques
– Se rendre à une destination souhaitée par le chemin
le plus adapté (le plus court / le plus sûr),
– éviter un danger localisé, une zone interdite,
– évaluer le temps de parcours restant,
– communiquer sa position à d’autres (sauvetage…)
Raisons « géopolitiques »
– Savoir si nous sommes les premiers à « découvrir »
cette terre, si nous pouvons en prendre possession ?
– Disposer de cartes fiables.
Se repérer en mer : pourquoi ?
JM de Bennetot – mars 2017
Le cadre historique
• Navigation primitive : en vue des côtes, puis traversées de un à quelques jours.
• XII-XIIIe siècles : apparition de la boussole en Méditerranée.
• A partir du XVe siècle en Occident (grandes découvertes), sans doute avant dans l’Océan indien : estimation de la latitude par la déclinaison de l’étoile polaire, puis du soleil.
• XVIIIe siècle : le problème de la longitude devient crucial et finit par être résolu.
• XIXe siècle : amélioration de la méthodologie.
• XXe siècle : apogée du point astronomique, utilisé par les marins et les aviateurs. Apparition de systèmes radio-électriques installés à terre (radiophares, puis systèmes Consol, Decca, Loran, avec une couverture géographique partielle), puis à bord de satellites (Transit, GPS). Apports de l’informatique.
JM de Bennetot – mars 2017
Le cadre historique
• XXIe siècle : maintien ou reprise de l’enseignement de la navigation
astronomique, par sécurité (non-disponibilité GPS, cyber-attaque…).
JM de Bennetot – mars 2017
Le point : comment ?
Trois types de méthodes :
• Tenir un historique des routes suivies depuis le point de
départ : « l’estime ».
• Se situer par rapport à des « objets » de position
connue.
• Utiliser des moyens radio-électriques.
JM de Bennetot – mars 2017
La navigation à l’estime
Cumul des temps de parcours à une vitesse donnée (distance) dans une direction (cap) donnée.
Permet de se situer par rapport à un point de départ.
Nécessite des outils (boussole, loch, sablier) et une traçabilité.
Renard
Sablier et loch
1 nœud = 1 mille/h
= 1/120e mille en un
tour de sablier de 30 s
JM de Bennetot – mars 2017
La navigation à l’estime
Limites :
• écarts entre le cap suivi et la direction réellement suivie – dérive sous l’effet du vent
– distance sur l’eau ≠ distance sur le fond : courants marins.
• Précision de la mesure du cap, de la vitesse et des temps de parcours.
Toutefois, l’estime :
• n’est pas le « pifomètre »,
• est une nécessité pour se situer entre la réalisation de deux points astronomiques,
• est une donnée d’entrée dans le calcul du point astronomique.
JM de Bennetot – mars 2017
La navigation par l’observation
• Au-dessus de ma tête : les astres visibles (Soleil, Lune,
planètes, étoiles…).
• Sous la surface : mesure de la profondeur (« sonde »).
• En complément, observation des éléments naturels :
houle, oiseaux, débris flottants, nuages…
JM de Bennetot – mars 2017
Quelques notions de base
connues dès l’Antiquité
JM de Bennetot – mars 2017
Le mouvement des astres
Constats en zone tempérée
L’Étoile polaire est le « pivot » du ciel (ou en est proche).
Les étoiles culminent toutes dans la même direction, opposée à
l’Etoile polaire (méridien).
En un lieu donné, une étoile donnée culmine toujours à la même
hauteur et se couche toujours au même point de l’horizon.
JM de Bennetot – mars 2017
Hauteur d’un astre
Hauteur : angle HLA
horizon / observateur / astre
dans un plan vertical.
Comprise entre 0 et 90°.
Mesurée dans la (demi-)
« sphère locale » de
l’observateur.
Plus petite distance observable
entre l’astre et l’horizon à un
instant t.
Distance zénithale :
90° - Hauteur
JM de Bennetot – mars 2017
La déclinaison
Pour le Soleil ou un astre quelconque :
angle de la direction de l’astre avec le plan de l’Équateur
La déclinaison d’une étoile est fixe. Celle du Soleil varie chaque jour.
JM de Bennetot – mars 2017
La déclinaison du Soleil
• Autour du solstice : 35 jours dans le même degré de déclinaison en première approximation, la déclinaison est constante.
• Autour de l’équinoxe : seulement 3 jours dans le même degré nécessité d’une information sur la déclinaison du jour.
-30
-25
-20
-15
-10
-5
0
5
10
15
20
25
30
janv févr mars avr mai juin juil août sept oct nov déc
Solstice d'été
Équinoxe de
printemps
Équinoxe
d'automne
Solstice d'hiver
JM de Bennetot – mars 2017
La déclinaison du Soleil
La valeur de la déclinaison quotidienne est fournie par
les éphémérides.
• Tables alphonsines : publiées en
1252 à l’instigation d’Alphonse X de
Castille, qui fait venir à Tolède des
astronomes chrétiens, juifs et
arabes.
• Almanach perpetuum de Zacuto,
publié en 1473 à Salamanque.
• etc.
JM de Bennetot – mars 2017
Le mouvement des astres
Constats en zone inter-tropicale (Polynésie…)
Chaque lieu possède plusieurs étoiles zénithales.
Ces étoiles se suivent sur un « chemin » du levant au couchant,
terminé par un « puits».
Les étoiles qui culminent simultanément forment un « pilier du ciel »
(nord-sud).
JM de Bennetot – mars 2017 Origine des termes : largeur et longueur de la Méditerranée
JM de Bennetot – mars 2017
Longitude, latitude
• Eratosthène imagine ces notions au IIIe
siècle avant J.C.
• Il comprend également que la différence de
hauteur du Soleil au solstice entre
Alexandrie et Assouan est directement liée
à la différence de latitude.
• Ptolémée (IIe siècle) recense dans sa
Géographie les coordonnées de 8 000
localités, sur la base des récits des
voyageurs.
JM de Bennetot – mars 2017
Méridien d’origine
• Ptolémée prit un méridien d’origine passant par les îles Fortunées (Canaries) :
– à l’ouest du monde connu : toutes longitudes exprimées d’ouest en est.
– En pratique : utilisation du méridien d’Alexandrie (ou de Rhodes, selon les sources).
• Les cartographes du XVIe siècle prenaient comme référence le méridien de l’île de Fer (Hierro) aux Canaries. En 1634 Louis XIII impose son utilisation.
• En 1682 la carte de Cassini établie à la demande de Louis XIV a pour référence le méridien de Paris.
• En 1911 la France accepte le méridien de Greenwich pour les calculs nautiques, tout en conservant le méridien de Paris pour les cartes topographiques. En contrepartie, la Grande-Bretagne accepte l’adoption du système métrique…
Du fait d’une erreur de mesure, le GPS, et le référentiel WGS84, utilisent une longitude 0° à 102,5 m à l’est du méridien de Greenwich.
JM de Bennetot – mars 2017
La navigation « astronomique » de
l’Antiquité au XVIe siècle
• L’Étoile polaire et les autres étoiles
• Le Soleil
• Les instruments de mesure
• Le problème de la longitude
JM de Bennetot – mars 2017
Étoile polaire et latitude
Intérêt
• Solution la plus simple
• Ne nécessite pas de connaissances
astronomiques poussées.
Inconvénients
• L’Étoile polaire (α UMi ou autres
antérieurement) n’est pas exactement sur
l’axe des pôles. Une correction est
nécessaire.
• Pas d’équivalent dans l’hémisphère sud.
La hauteur de l’Étoile polaire sur l’horizon
de l’observateur correspond
(approximativement) à la latitude du lieu.
JM de Bennetot – mars 2017
Détermination de la latitude
à l’aide de l’Etoile polaire
Corrections publiées dans le
« Regimento da Estréla do
Norte » :
« Lorsque tu veux prendre la
hauteur de l'étoile du nord pour
savoir à quelle distance tu te
trouves de l'Equateur dans
l'hémisphère boréal […]
III. Quand les Gardes sont au
Pied, que la Polaire et la garde
antérieure (a guarda dianteyra :
β) sont nord et sud, la Polaire est
à 3° au-dessus du pôle. […] »
JM de Bennetot – mars 2017
Hauteur-Déclinaison-Latitude
Pour un astre à sa culmination au méridien :
Latitude = Déclinaison + (90° - Hauteur)
JM de Bennetot – mars 2017
La mesure d’angle
Problématique :
• mesurer la hauteur d’un astre (soleil, étoile…) au-dessus
de l’horizon, ou à partir du zénith, dans une unité, ou la
comparer à une référence.
• Effectuer le mesurage à bord d’un navire (roulis…).
• Eviter l’éblouissement.
• Obtenir la plus grande précision possible.
JM de Bennetot – mars 2017
La mesure d’angle
Comparer à une référence matérialisée :
- le gnomon, ou dispositif équivalent
- le kamàl (« guide ») : jeux de planchettes tenues à bout
de bras, ou une planchette et une corde à nœuds.
JM de Bennetot – mars 2017
Interprétation contemporaine « Atoll d’Hao, années 70, 700 km à l’est de Tahiti.
Deux hommes prennent le pari d’aller à Papeete au cinéma en pirogue et d’en revenir par le même moyen.
Hao et Papeete se trouvant sensiblement à la même latitude, ils prennent une noix de coco, la coupent en deux et ménagent un trou à l’intérieur pour observer l’endroit où le soleil se trouvera au maximum de sa course.
Cet instrument élémentaire leur permettra de réussir leur pari. »
JM de Bennetot – mars 2017
Un compas solaire viking ?
JM de Bennetot – mars 2017
La mesure d’angle
le quadrant l’astrolabe l’armille
JM de Bennetot – mars 2017
La mesure d’angle
l’arbalète ou
arbalestrille ou
bâton de Jacob*
le quartier de Davis**
ou back staff
ou quartier anglais
* Rabbi Levi ben Gershom ou Gersonide (1288 – 1344)
** John Davis (1550-1605), explorateur du Passage du Nord-Ouest
JM de Bennetot – mars 2017
Les grandes découvertes
Christophe Colomb : « Ni la raison, ni les mathématiques,
ni les cartes ne me furent d’aucune utilité. »
S. Morison (1887-1976), parlant de Christophe Colomb :
« Il ne savait pas déterminer la latitude par le Soleil mais
utilisait, parfois à tort, ce qu’il croyait être l’Étoile polaire. »
En 1497, le levé de la carte des côtes occidentales
d’Afrique est achevé. A la demande du roi Jean II du
Portugal, la latitude est obtenue par la méthode de la
méridienne de Soleil.
JM de Bennetot – mars 2017
Sous d’autres cieux
Navigateurs arabes en Océan indien : • Latitude par hauteurs d’étoiles circumpolaires (Polaire,
Gardes de la Grande Ourse).
• Valeurs de latitude connues pour les ports, îles ou
dangers, notées sur les « routiers » ou directement sur
le kamàl.
• « Rose sidérale » : azimut connu au lever ou au coucher
pour une quinzaine d’étoiles (et une latitude donnée).
JM de Bennetot – mars 2017
Sous d’autres cieux
Polynésie :
• rua : « chemins d’étoiles » à latitude constante,
• pou : « piliers du ciel » pour un cap nord-sud.
Claude Teriierooiterai - 2013 www.theses.fr/2013POLF0003.pdf
JM de Bennetot – mars 2017
Le problème de la longitude
Il est beaucoup plus difficile de déterminer une longitude qu’une latitude. La problématique n’est pas « symétrique » :
• Dans le sens nord-sud, la déclinaison du Soleil est lentement variable : 47° en 6 mois. La connaissance de la date est suffisante pour en connaître la valeur.
• Dans le sens ouest-est, le Soleil « tourne » beaucoup plus vite autour de la Terre : 360° par jour, 28 km par minute à l’équateur. Disposer d’une référence horaire très précise est indispensable pour connaître la position du Soleil.
Les navigateurs se sont donc contentés longtemps de déterminer leur latitude, et d’évaluer leur progression en longitude à l’estime.
JM de Bennetot – mars 2017
Le problème de la longitude
« J’ai rencontré tant de difficultés que j’eus beaucoup de peine à trouver quel chemin j’avais parcouru en longitude. »
« A cause de ladite longitude, j’ai perdu beaucoup de sommeil et abrégé ma vie de dix ans. »
Amerigo Vespucci (1454-1512)
« …l’impossible découverte des longitudes… »
Voltaire (1694-1778), Lettres sur les Anglais, Lettre XXIII.
JM de Bennetot – mars 2017
Le problème de la longitude
Au XVIIe siècle et encore plus au XVIIIe, cette lacune devient inacceptable.
1707 : désastre naval des Sorlingues, quatre navires de la Royal Navy furent perdus, avec 2 000 morts ou disparus, suite à une erreur de position.
1720 : Prix Rouillé de Meslay de l’Académie des sciences.
1714 : après un rapport de Halley, le Parlement britannique vote le Longitude act, promettant la somme de 20 000 livres (env. 5 millions €) à quiconque produirait une méthode de détermination de la longitude à 0,5° près (30 milles à l’équateur).
JM de Bennetot – mars 2017
Le problème de la longitude
D’où le besoin de nouveaux outils :
• Éphémérides astronomiques (Lune, étoiles…)
• Outils mathématiques,
• Instruments de mesure d’angle plus précis,
• Horlogerie,
• Méthodologie de calcul du point.
JM de Bennetot – mars 2017
Les éphémérides
• Travaux de Brahé, Kepler, Galilée, Newton…
• Fondation de l’observatoire de Paris en 1667, du Royal
Greenwich Observatory en 1675…
• Publication de la Connaissance des temps, à partir de
1679, du Nautical Almanac de 1767, des Éphémérides
nautiques de 1889.
JM de Bennetot – mars 2017
Ordres de grandeur
Mille marin : distance parcourue lors du déplacement d’une
minute d’arc sur le méridien.
Par convention (depuis 1929) : 1 852 m
1’ d’arc : épaisseur de 2 cheveux tenus à bout de bras.
1’ d’arc : déplacement du Soleil sur une durée de 4 secondes.
1’ d’arc : pouvoir séparateur de l’œil humain.
JM de Bennetot – mars 2017
Progrès dans la mesure des angles :
octant et sextant
• L’octant : inventé par l’Anglais John Hadley et
l’Américain Thomas Godfrey vers 1731.
• Le sextant : permet de mesurer des angles plus
importants que l’octant, notamment les distances
lunaires (120° vs. 90°).
JM de Bennetot – mars 2017
• Principe : observer simultanément l’astre et l’horizon grâce à un jeu
de miroirs.
• Réalisation :
– Un petit miroir m et un grand miroir M, parallèles pour un angle
de 0°.
– Le petit miroir est argenté sur la moitié de sa surface, l’autre
moitié est transparente (ou l’ensemble est semi-réfléchissant).
Le sextant
ENS Lyon
JM de Bennetot – mars 2017
Lois de la réflexion : si un miroir tourne d’un angle b par rapport au
rayon incident, l’angle entre le rayon incident I et le rayon réfléchi R
augmente de 2 b.
Le sextant
JM de Bennetot – mars 2017
– En déplaçant l’alidade, qui porte le grand miroir, d’un angle α/2 ,
on mesure une hauteur α.
Le sextant
ENS Lyon
JM de Bennetot – mars 2017
Le sextant
Auteur : Joaquim Alves Gaspar
JM de Bennetot – mars 2017
Le sextant
3 - Régler l’image plus
finement, « balancer »
le sextant
1 - Viser l’astre,
alidade à 0°.
2 - Descendre l’astre
sur l’horizon.
Cours A. Charbonnel - ENSM Le Havre
4 – Quand le limbe de
l’astre tangente l’horizon,
faire noter l’heure, noter
la hauteur.
JM de Bennetot – mars 2017
JM de Bennetot – mars 2017
Un peu de mathématiques : la sphère
Grand cercle : cercle tracé sur la sphère, avec le même centre que la sphère.
Un grand cercle a le même diamètre que la sphère.
Il coupe la sphère en deux parties égales.
L’équateur et les méridiens (en bleu) sont des grands cercles.
Les parallèles (en rouge) ne sont pas des grands cercles.
JM de Bennetot – mars 2017
Un peu de mathématiques: la sphère
1 écartés de moins de 180°
O
Par deux points1 sur la sphère, il passe un grand cercle et un seul.
L’arc de grand cercle est la plus courte distance entre deux points à la surface de la sphère.
La longueur de l’arc AB est (aussi) définie par l’angle AOB.
JM de Bennetot – mars 2017
Un peu de mathématiques : la sphère
Trois grands cercles délimitent un triangle sphérique.
Ici : deux méridiens et un grand cercle quelconque.
Les triangles sphériques ont des particularités.
Par exemple, la somme de leurs trois angles n’est pas de 180°.
JM de Bennetot – mars 2017
Un peu de mathématiques : Trigonométrie plane
Un cercle de rayon 1, un angle α
• A cet angle α, on peut associer
un sinus et un cosinus.
• Exemple :
sin 30° = 0,500
cos 30° = 0,866
• Leur valeur est connue pour
tout angle : tables.
Discipline fondée par Hipparque au IIe siècle avant J.C.
pour répondre aux besoins des astronomes.
JM de Bennetot – mars 2017
Un peu de mathématiques : Trigonométrie plane
Exemple de relation dans le triangle : calcul de la longueur d’un côté à partir de la longueur des deux autres et d’un angle
c2 = a2 + b2 - 2 a.b.cos γ
JM de Bennetot – mars 2017
Un peu de mathématiques :
Trigonométrie sphérique
Même question dans le triangle sphérique :
• la formule est un peu plus compliquée,
• les longueurs des côtés (arcs) sont exprimées comme des angles.
cos c = cos a . cos b +
sin a . sin b . cos γ
François Viète
1540-1603
JM de Bennetot – mars 2017
Un peu de mathématiques : les logarithmes
Multiplier (sans calculette…) trois nombres à 6 décimales est long, avec des risques d’erreurs.
Les logarithmes permettent de remplacer la multiplication par une addition, moyennant l’usage de tables.
1614 : John Napier (Neper) publie son traité Mirifici Logarithmorum Canonis Descriptio.
1624 : Henry Briggs publie ses tables de logarithmes décimaux Arithmetica logarithmica (30 000 nombres, 14 décimales…).
JM de Bennetot – mars 2017
Un peu de mathématiques : les logarithmes
Principe :
• Fonction log : a log(a) (a >0)
• La valeur de log(a) est fournie à l’utilisateur par une table. Exemple : log(1,234) = 0,09131
• log(a.b) = log(a) + log(b)
Méthode pour une multiplication a.b :
• a et b 2 lectures dans la table log(a) et log(b)
• addition : log(a) + log(b), donc log(a.b)
• lecture dans la table résultat a.b
« Raccourci » :
Tables donnant directement, pour un angle α en degrés, log(sin α) et log(cos α)
JM de Bennetot – mars 2017
Le « pied du Soleil »
Une droite reliant le Soleil au centre de la Terre, à un
instant quelconque « perce » la surface de la Terre en un
point A.
Coordonnées de A :
Déclinaison : une latitude
Angle horaire : une longitude
(comptée vers l’ouest, sur 360°)
JM de Bennetot – mars 2017
Le « pied du Soleil » Valeurs de la déclinaison et de l’angle horaire données par les éphémérides nautiques :
Éphémérides : déclinaison et angle horaire actuels (8 mars 2017 à 20h00 TU).
On remarque dans ces éphémérides que l’angle horaire du Soleil n’est pas nul à 12h00 TU.
Un décalage similaire (mais non identique) est visible à 20h00 TU.
Ephémérides Nautiques - 2017
jour 8
mois 3
h ° ' ° '
12 357 19,2 -4 42,1 S
18 87 20,2 -4 36,3 S
19 102 20,3 35,3
20 117 20,5 34,3
© 2016 www.nauticalalmanac.it
Soleil
AHvo déclinaison
JM de Bennetot – mars 2017
L’équation du temps
Écart entre le temps solaire vrai et le temps moyen
d’après F. Réveillé
JM de Bennetot – mars 2017
Le « pied » d’une étoile • Même principe que pour le Soleil.
• La déclinaison de l’étoile est (pratiquement) constante.
• Les étoiles étant (pratiquement) fixes les unes par rapport aux autres, on utilise comme référence des angles horaires le point vernal γ pour alléger les éphémérides.
• Les marins et les astronomes ne comptent pas dans le même sens, ni dans la même unité !
• Ascension verse = 360 - ascension droite (en °)
• Angle horaire de l’astre = angle horaire du point vernal + ascension verse de l’astre (modulo 360°)
JM de Bennetot – mars 2017
Le « pied » d’une étoile Valeurs de la déclinaison et de l’angle horaire données par les éphémérides nautiques pour le point vernal et pour différentes étoiles des deux hémisphères (env. 60).
Castor à 20h00 TU ce jour
a pour coordonnées :
Angle horaire :
106° 42,6’ + 246° 4,5’
= 352° 47,1’
Déclinaison : 31° 50,9’ N
jour 8
mois 3
h ° ' étoile
° ' ° '
O 165 53,3
canopus 263 54,9 52 42,8 S
18 76 37,7 capella 280 30,7 46 0,8 N
19 91 40,1 castor 246 4,5 31 50,9 N
20 106 42,6 cor caroli 165 47,4 38 13,4 N
21 121 45,1 deneb 49 30,1 45 20,4 N
22 136 47,5 denebola 182 30,8 14 28,5 N
© 2016 www.nauticalalmanac.it
AHvo
point vernal
Ephémérides Nautiques - 2017
360° - a.d. déclinaison
JM de Bennetot – mars 2017
Le triangle de position
Pied de l’astre A
• Déclinaison : D
• Angle horaire / méridien d’origine : AHao
Lieu de l’observateur L
• Latitude : φ
• Longitude : G
« Angle au pôle » : P = AHao - G
Azimut de l’astre : angle PNLA
Remarque : au passage de l’astre au méridien, AHao = G, le triangle se réduit à trois arcs sur le même méridien.
Question : que représente l’arc AL ?
JM de Bennetot – mars 2017
Le triangle de position
Dans le plan passant par :
• O - centre de la Terre
• A - pied de l’astre
• L - lieu de l’observateur
l’angle LOA est égal à la distance zénithale mesurée par
l’observateur
= 90° - Hauteur
JM de Bennetot – mars 2017
Le triangle de position Les trois côtés du triangle sphérique sont définis.
On suppose la latitude φ connue par une « méridienne » (mesure de la hauteur du soleil à sa culmination) et entretenue par l’estime.
On mesure la hauteur H de l’astre, à un instant t.
Possibilité de calculer (par exemple) la valeur de l’angle au pôle P, puis la longitude : « calcul d’heure ».
(D, H, φ) P
G = AHao – P
Encore faut-il connaître AHao !
Donc connaître l’heure actuelle au méridien d’origine.
JM de Bennetot – mars 2017
Le problème de la longitude
Deux familles de méthodes pour disposer d’une référence horaire :
Moyen « mécanique »
• « Chronomètre »
Principes imaginés dès le XVIe siècle (Gemma Frisius, 1530), mais impossibles à mettre en œuvre avec les connaissances et les technologies de l’époque.
D’autres principes de détermination de la longitude ont également été étudiés, sans succès (utilisation de la déclinaison magnétique…)
Phénomène astral observable et prévisible
• [Éclipses]
• Immersion et émersion des satellites de Jupiter
• Distances lunaires
JM de Bennetot – mars 2017
Solution « mécanique » : le « chronomètre »
Besoin :
• d’une précision importante
• d’une marche régulière, donc prévisible
• dans un milieu difficile (variations de température, mouvements de plateforme, tirs d’artillerie…)
Les inventeurs :
• Angleterre : John Harrison (1693-1776)
• France : Pierre Le Roy (1717-1785), Ferdinand Berthoud (1717-1807)
Informations plus détaillées : conférence de Ph. Kauffmann.
JM de Bennetot – mars 2017
Solution « mécanique » : le chronomètre
Précautions importantes à prendre :
• Suspension à la cardan.
• Règles de conduite rigoureuses.
• Suivi par observations astrales dans un lieu parfaitement connu en longitude et latitude.
• Multiplication du nombre de chronomètres à bord : La Pérouse en emporta six.
XXe siècle : tops horaires des stations radio (Camille Tissot, mai 1910, à partir de la Tour Eiffel).
JM de Bennetot – mars 2017
Solutions « astronomiques »
Satellites de Jupiter
• L’instant de l’immersion ou de l’émersion d’un satellite de Jupiter, donné au marin par les Éphémérides, fournit l’équivalent d’un « top » horaire.
• Il mesure simultanément la hauteur de Jupiter.
• En pratique, outre les problèmes de calendrier, la méthode est inutilisable en mer : observation avec une lunette de grossissement 40 et de faible ouverture, en dépit des mouvements de plateforme…
Encyclopédie de Diderot et
d’Alembert, 1766
JM de Bennetot – mars 2017
Solutions
« astronomiques »
Distances lunaires
Principe
La Lune se déplace (relativement) rapidement sur le « fond du ciel ». Son écart angulaire avec un autre astre est fonction du temps. La mesure de cet écart, et l’utilisation d’éphémérides, fournit une indication horaire.
JM de Bennetot – mars 2017
Solutions « astronomiques »
Distances lunaires
Ordres de grandeur
Mois lunaire sidéral (retour à la même position par rapport aux étoiles après un tour de la Terre) : 27,32 jours pour une rotation de 360°.
Soit environ 13° par jour, ou encore 1’ d’angle en 2 mn de temps.
NB : 1’ d’angle = meilleure précision possible au sextant.
2 mn de temps = 0,5° de rotation du ciel
Réalisation du point
Mesure au sextant de l’écart entre la Lune et un autre astre, par exemple le Soleil.
Mesure simultanée de la hauteur de la Lune et de cet astre par deux autres personnes.
Avantage
Il n’est pas nécessaire de disposer d’un chronomètre.
JM de Bennetot – mars 2017
Solutions « astronomiques »
Difficultés liées à la Lune
• Mouvements complexes : disposer d’éphémérides fiables a été un travail de longue haleine.
• Proximité de la Terre, donc obligation de prendre en compte les effets de la parallaxe. Le calcul complet de « réduction » de la parallaxe est long.
• Mesure de hauteur de la Lune difficile de nuit, du fait de reflets sur l’eau.
• Utilisation impossible une partie du mois (Nouvelle Lune ou manque d’astres utilisables).
• Précision limitée : au mieux 30’ de longitude.
JM de Bennetot – mars 2017
Solutions « astronomiques »
Historique
• Principe proposé par Jean Werner, de Nuremberg, en 1514.
• Méthode fortement soutenue par Nevil Maskelyne (1732-1811) qui la publie en 1763.
• Largement utilisée au XIXe siècle dans la marine marchande du fait du coût élevé des chronomètres, tombée par la suite en désuétude.
• Ephémérides de distances lunaires publiées dans le Nautical Almanac de 1767 à 1905.
JM de Bennetot – mars 2017
XIXe siècle : la « nouvelle navigation »
• En 1837, le capitaine marchand américain
Thomas Sumner découvre fortuitement une
nouvelle méthode permettant d’exploiter une
observation faite à une heure quelconque.
• En 1873, la méthode est perfectionnée par l’officier de marine français Adolphe Marcq (de Blond de) Saint-Hilaire : « méthode des hauteurs estimées ».
• C’est la méthode encore utilisée aujourd’hui.
• Dans la littérature : Sumner line, droite de hauteur, méthode Marcq, Intercept method, méthode par lieux géométriques…
JM de Bennetot – mars 2017
XIXe siècle : la « nouvelle navigation »
Principes
1 - Les observateurs qui voient
l’astre à la même hauteur se
situent sur un cercle dont le
centre est le « pied » de l’astre :
le « cercle de hauteur ».
2 - Un observateur plus proche
du pied verra l’astre à une plus
grande hauteur. Un observateur
plus éloigné, à une hauteur plus
faible.
JM de Bennetot – mars 2017
XIXe siècle : la « nouvelle navigation »
Principes
3 - Raisonner sur l’écart entre la hauteur mesurée (h. vraie)
et la hauteur qu’on devrait voir là où on estime se situer
(h. estimée) est plus simple, sur le plan mathématique, que
de tracer complètement le cercle de hauteur, surtout sur
une carte de Mercator.
4 – Sous certaines réserves, le cercle de hauteur peut être
assimilé, localement, à sa tangente : la « droite de
hauteur ».
NB : l’informatique permet aujourd’hui de travailler
directement avec des cercles de hauteur.
JM de Bennetot – mars 2017
La droite de hauteur
Conduite du calcul
Observation + corrections : Hv hauteur vraie de l’astre
Heure au méridien d’origine (chronomètre) + éphémérides : D et AHvo de l’astre
Point estimé en latitude et longitude : φe et Ge
Dans le triangle de position, calcul de la hauteur et de l’azimut de l’astre attendus au point estimé : (D, Ahvo, φe, Ge) He et azimut Z
Ecart Hv-He = écart entre la position estimée et la position vraie : 1 mille marin par minute d’angle d’écart.
La position vraie est plus proche de l’astre que le point estimé si Hv > He et inversement. La droite de hauteur est tracée sur la carte.
JM de Bennetot – mars 2017
La droite de hauteur On sait maintenant qu’on est sur la droite, mais on ne dispose pas d’un point complet.
nouvelle observation quelques heures plus tard. 2e droite de hauteur
On « transporte » la première droite de la distance parcourue entretemps (estimée), dans le cap suivi. L’intersection des deux droites donne le point.
JM de Bennetot – mars 2017
La droite de hauteur
Corrections à apporter à la hauteur observée
• Demi-diamètre de l’astre
• Parallaxe
• Réfraction
• « Dépression de l’horizon », en fonction de l’élévation de l’observateur.
Tenir compte également des erreurs connues de son sextant.
JM de Bennetot – mars 2017
La méridienne
Méthode (théoriquement) simplifiée par mesure de la hauteur du soleil à midi :
• Latitude = Déclinaison + 90° - Hauteur vraie
• Longitude : Angle horaire AHao à l’instant de l’observation.
Mais un calcul correct de la longitude :
• nécessite plusieurs mesures avant et après l’heure estimée de la culmination pour déterminer l’instant de celle-ci le plus précisément possible,
• nécessite des corrections, notamment si le navire est en marche,
• n’est possible qu’une fois par jour.
Méthode peu utilisée, en pratique, pour la détermination de la longitude et non dénuée de risques.
JM de Bennetot – mars 2017
Exemple de calcul
de droite de hauteur
(1949)
JM de Bennetot – mars 2017
Dernière estime,
route, cap,
élévation de l’œil
Hauteurs
observées
et contrôle
Heure civile méridien
d’origine et locale
Estime à l’heure de
l’observation
JM de Bennetot – mars 2017
Equation du temps et déclinaison
Angle horaire/méridien origine
et angle au pôle Correction hauteur vraie
JM de Bennetot – mars 2017
Calcul hauteur et azimut estimés
et écart hauteur vraie – hauteur estimée
JM de Bennetot – mars 2017 Méridienne et mise à jour de l’estime
JM de Bennetot – mars 2017
Tracé des droites
JM de Bennetot – mars 2017
Droite de hauteur : tables HO
Tables américaines HO 229 et 249, permettant d’obtenir sans
trigonométrie ni logarithmes… :
• la hauteur estimée (Hc) et l’azimut (Z) de l’astre,
• à partir de la latitude arrondie (LAT), de la déclinaison et de l’angle
horaire local arrondis (LHA, id. angle au pôle).
Cf. la formation accélérée des officiers de marine américains pendant
la seconde guerre mondiale.
JM de Bennetot – mars 2017
Droite de hauteur : recalcul avec logiciel Navastro
JM de Bennetot – mars 2017
Droite de hauteur : précision
L’incertitude sur le point calculé résulte de différents effets :
- Effet méthode (assimilation du cercle à une droite etc.)
- Dérive du chronomètre
- Imprécision du sextant
- Effet observateur
- Imprécision sur le transport de la droite de hauteur
- Assimilation du géoïde à une sphère
- Imprécision des éphémérides, de la correction de réfraction…
Globalement, l’erreur sur le point calculé est de « quelques minutes »…
JM de Bennetot – mars 2017
Le point crépusculaire
Principe
Prendre la hauteur de 3 à 4 astres (planètes, étoiles) au crépuscule et tracer les droites de hauteur correspondantes. Le point est obtenu directement par l’intersection de ces droites.
Avantages
Obtention rapide d’un point complet. Auto-contrôle de la cohérence des observations.
Implications
Etre capable de voir simultanément les astres et l’horizon : crépuscule nautique.
Etre capable de reconnaître les astres avant l’apparition des constellations, et le cas échéant dans un ciel partiellement nuageux.
Disposer d’éphémérides adaptées.
JM de Bennetot – mars 2017
Le point crépusculaire
Crépuscule nautique
Définition : le soleil se situe entre 6 et 12° sous l’horizon.
Les étoiles de 1ère et 2e grandeurs sont visibles : une
soixantaine d’étoiles sont utilisables par les marins, dans l’un
ou l’autre hémisphère, et reprises dans les éphémérides.
L’horizon est encore visible.
La durée du crépuscule nautique est courte :
• 35 à 50 mn sous nos latitudes
• 25 mn environ à l’équateur.
Nécessité de bien s’organiser et de se préparer !
JM de Bennetot – mars 2017
Le repérage des astres
Besoins
Identifier trois à quatre astres suffisamment écartés,
idéalement de 120°.
Connaître leur hauteur et azimut approximatifs.
Solutions (pré-informatiques…)
Le navisphère,
Le starfinder,
Les tables HO (calcul rapide des éléments),
Les lignes remarquables du ciel nocturne.
JM de Bennetot – mars 2017
Le navisphère
• Sphère céleste + sphère locale réglable, surnommée « tête de veau ».
• Proposé en 1877 par Henri Aved de Magnac (1836-1892).
JM de Bennetot – mars 2017
Le starfinder 2102-D
• Carte du ciel privilégiant
l’estimation de la
hauteur et de l’azimut
des astres.
• Un plateau blanc à
deux faces
(hémisphères N. et S.)
figurant 57 étoiles
utilisables.
• Un jeu de 9 disques
tournants transparents
gradués, par tranches
de 10° de latitude.
• Un disque transparent
pour faire figurer les
astres errants.
JM de Bennetot – mars 2017
Exemple
JM de Bennetot – mars 2017
Exemple
JM de Bennetot – mars 2017
Pour aller plus loin
JM de Bennetot – mars 2017
Merci pour votre attention !
A vos questions…