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287 Ismaël Diadié Haïdara, Les Juifs à Tombouctou. Recueil des sources écrites relatives au commerce juif à Tombouctou au XIX e siècle, Editions Donniya, Bamako, mars 1999, 146 pages. « L’ignorance est plus obscure que la nuit » dit un proverbe bambara. En sachant que l’on ne peut comparer que ce qui est comparable, et en évitant le piège de la téléologie, l’étude du passé construit des repères pour comprendre l’actualité. C’est pourquoi est particulièrement précieux le livre de Ismaël Diadié Haïdara au moment où la situation géopolitique malienne est préoccupante. L’UNESCO vient de lancer un cri d’alarme pour sauver les bibliothèques de Tombouctou qui, selon la presse, auraient été pillées lors des troubles récents. Sur les événements eux-mêmes, nous sommes tributaires de la manière souvent manichéenne, simpliste, « acéphale » dont se comportent les media. L’islamisme, en particulier, est très souvent assimilé à l’intégralisme qui est la tentation totalitaire de toute confession quand elle confond le religieux et le politique. Le Mali, pourtant, a une Constitution laïque. 20 % de la population est chrétienne. Le nom même de D., Man N’Gallah 1 , une crase, témoigne de l’esprit d’adaptation et de la capacité de syncrétisme des Musulmans du pays. L’Islam est souvent confrérique, sinon sûfi 2 . Qui fut reçu naguère à Tombouctou, pour la Tabaski, au sein d’une famille 3 , a apprécié la paix qui règne dans les cœurs. L’alcool y est prohibé. « Musulmans de gauche » – ainsi s’appellent souvent les laïques – chrétiens de diverses obédiences, mécréants du voisinage, ainsi que l’ami étranger y participent. « D. aime l’infidèle » proclame la Tidjaniya. Le conflit immémorial de Caïn et d’Abel hante le pays. Dans les contes, la querelle de l’éleveur eu du cultivateur est proverbiale. C’est que les Peuls et les Touaregs, eux-mêmes, sont nomades. Les premiers se sédentarisèrent un moment pour créer le royaume du Macina, au XIX e siècle, vite conquis par le Toucouleur El Hadj Omar. Le Rabbin Mardochée Abi Sérour (infra), vers 1865, aurait rencontré des Juifs vivant parmi les Touaregs 4 . L’Histoire de tous ces peuples, Peuls, Touaregs, Juifs, etc., témoigne de la dialogique qui s’instaure chez les hommes quand ils parcourent des territoires ou, au contraire, s’approprient l’un d’eux. Jean Moreau Lectures HENRI VAN LIER : ANTHROPOGÉNIE ET LINGUISTIQUE DEVENIRS MÉDITERRANÉENS SYNERGIES MONDE MÉDITERRANÉEN N° 2

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    Ismal Diadi Hadara, Les Juifs Tombouctou. Recueil des sources crites relatives au commerce juif Tombouctou au XIXe sicle, Editions Donniya, Bamako, mars 1999, 146 pages.

    Lignorance est plus obscure que la nuit dit un proverbe bambara. En sachant que lon ne peut comparer que ce qui est comparable, et en vitant le pige de la tlologie, ltude du pass construit des repres pour comprendre lactualit. Cest pourquoi est particulirement prcieux le livre de Ismal Diadi Hadara au moment o la situation gopolitique malienne est proccupante. LUNESCO vient de lancer un cri dalarme pour sauver les bibliothques de Tombouctou qui, selon la presse, auraient t pilles lors des troubles rcents.

    Sur les vnements eux-mmes, nous sommes tributaires de la manire souvent manichenne, simpliste, acphale dont se comportent les media. Lislamisme, en particulier, est trs souvent assimil lintgralisme qui est la tentation totalitaire de toute confession quand elle confond le religieux et le politique.

    Le Mali, pourtant, a une Constitution laque. 20 % de la population est chrtienne. Le nom mme de D., Man NGallah1, une crase, tmoigne de lesprit dadaptation et de la capacit de syncrtisme des Musulmans du pays. LIslam est souvent confrrique, sinon sfi2.

    Qui fut reu nagure Tombouctou, pour la Tabaski, au sein dune famille3, a apprci la paix qui rgne dans les curs. Lalcool y est prohib. Musulmans de gauche ainsi sappellent souvent les laques chrtiens de diverses obdiences, mcrants du voisinage, ainsi que lami tranger y participent. D. aime linfidle proclame la Tidjaniya.

    Le conflit immmorial de Can et dAbel hante le pays. Dans les contes, la querelle de lleveur eu du cultivateur est proverbiale. Cest que les Peuls et les Touaregs, eux-mmes, sont nomades. Les premiers se sdentarisrent un moment pour crer le royaume du Macina, au XIXe sicle, vite conquis par le Toucouleur El Hadj Omar.

    Le Rabbin Mardoche Abi Srour (infra), vers 1865, aurait rencontr des Juifs vivant parmi les Touaregs4. LHistoire de tous ces peuples, Peuls, Touaregs, Juifs, etc., tmoigne de la dialogique qui sinstaure chez les hommes quand ils parcourent des territoires ou, au contraire, sapproprient lun deux.

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    La rbellion touareg est ancienne, considrant lAzawad (le Nord Mali), comme le berceau de sa civilisation. Elle veut aujourdhui un Etat. Le Mouvement National de Libration de lAzawad (MNLA) les reprsente. Il a t rejoint par des Touaregs mercenaires qui furent au service de Khadafi. Peu nombreux, ils sont bien arms. Une troisime composante, minoritaire, Ansar Dine, larme de la religion, intgriste, est en contact avec Aqmi (Al Qada au Maghreb).

    Jacques Demorgon distingue quatre grandes formes socitales : communautaire-tribale, royale-impriale, nationale-marchande, informationnelle-mondiale5 qui ont successivement domin au cours de lhistoire humaine mais coexistent encore. Tribus et royaumes, par exemple, nont pas disparu : ainsi la revendication de lAzawad est une revendication nationale, qui sexprime dans le monde daujourdhui : celui des rseaux de la post-modernit. Quant au Maroc voisin, par exemple, il est alaouite et royal ; lAlgrie, elle aussi concerne, est autoritariste et laque, etc.

    Cette complexit volutive des cultures est le fruit dune adaptation antagoniste. Connatre ce processus et sy rfrer constituent le meilleur antidote contre la cachexie de la pense que favorise la contemporaine conjonction du politique et du mdiatique.

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    Ismal Diadi Hadara, et son livre, Les Juifs Tombouctou... nous ont impressionn : des Juifs, diverses poques, descendirent jusquau fleuve Niger pour vivre Tombouctou, la mystrieuse.

    Descendant de la dynastie des Kati6, lauteur, chercheur luniversit de Grenade, prcise quelles sont les sources crites quil prsente. Il les a rassembles dans sa maison de Tombouctou mais elles avaient commenc avec lexil de son anctre le Wisigoth islamis, Ali B. Ziad al-Kouti qui quitte Tolde en 1468 pour sinstaller en pays sonink7 ; ds lors, crit-il, la bibliothque ne cessa de senrichir travers plusieurs gnrations de Kati, mes aeux. Nous avons dcid en 1999 de les exhumer. A Tombouctou, des milliers de manuscrits dorment encore chez des particuliers. Cependant, daucuns sont rassembls dans des bibliothques, celle de Mohammed Alaty, celle de Mamma Hadara, ainsi que dans le Centre dEtude, de Documentation et de Recherche Ahmed Baba8. Au passage, ces prcieux greniers culturels pulvrisent deux ides reues : la premire selon laquelle lAfrique serait, depuis Hegel, un continent sans Histoire, ou depuis le discours de Dakar, peine entr dans celle-ci. La seconde ide reue affirme que lAfrique ignore lcriture. Pourtant, nombre de documents transcrivent en alphabet arabe les langues africaines, notamment, le fulani et le bambara9. Certains comportent en marge des notes en hbreu.

    Ismal Diadi Hadara introduit son recueil en voquant lAtlas catalan , nautico-gographique conu probablement en 1375, command par le roi de France Charles V au roi chrtien Pdro de Aragon qui ne le livre quen 1381 Charles VI. Le cartographe est Abraham Cresque, Juif de Majorque, assist de son fils Jafuda (Jame Ribes). Celui-ci sera un converso en 1391. Il enseignera, une fois exil au Portugal, la cartographie Henri II le Navigateur10, qui, en 1415 souhaite vaincre lIslam par le sud et envoie ses navires sur les ctes de Guine o les gens sont extrmement noirs11 .

    Pour notre propos, 1492 est une date-repre. Outre la pseudo-dcouverte des Amriques par Christophe Colomb12, cest aussi la date du dcret dexpulsion des Juifs dEspagne par les Rois trs Catholiques, Isabelle de Castille et Ferdinand II dAragon. La mme anne, meurt dans des conditions non lucides, Sonni Ali-Ber, converti en apparence lIslam mais toujours animiste, le souverain de lempire songho13, au retour dune expdition guerrire dans le Gourma au sud de lempire du Mali.

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    Toujours en 1492, au Touat14, le Cheikh Al Maghili, est au service de Sonni Baro, successeur de Sonni Ali-Ber. Il offre 7 mithcals dor qui tuera un Juif. Ceux qui chappent la mort descendent dans le Royaume de Gao.

    Vers 1492, enfin, Mahmoud Kati signale la prsence des Banou Isral, dans la boucle du Niger. Le Kadi de Tombouctou, Mahmoud Ben Oumar, napplique pas ldit dexpulsion, en invoquant que ces Juifs ont le droit de vivre en terre musulmane. Gens du Livre, ils ont le statut de Dhimmi15.

    Ismal Diadi Hadara dpasse la polmique de lpoque coloniale sur la prsence des Juifs, trs ancienne en Afrique noire. Des historiens, comme Maurice Delafosse, la surestimeraient, dautres, comme Raymond Mauny, la minoreraient.

    Lintrt du livre de Ismal Diadi Hadara est de nous apporter des pices conviction. Certes, elles sont limites diachroniquement et synchroniquement puisquelles comportent un corpus relatif la seule ville de Tombouctou. Il commence en 1841 et sarrte en 1897 : actes juridiques, lettres, rcits de voyages, actes de ventes mais qui ont le mrite de permettre une critique externe et interne des documents.

    La critique externe ne pose pas de problme, les documents sont authentiques ; la critique interne ouvre de nouvelles perspectives car elle claire sur le statut de Dhimmi, variable selon les poques ainsi que la relation quitable qui existait entre le dbiteur et le crancier : par exemple, un certain Baba B. Muhammad B. Ammr B. al-Sayd () doit au Dhimmi 3 barres de sel de qualit moyenne qui doivent tre livres Tombouctou en contre-valeur dune pice de tissu, correctement livre (p. 93). Sont indiqus le dlai de paiement et la date.

    Ces documents renouvellent les connaissances que lon a du commerce transsaharien. LHistoire des Juifs, des Arabes, des Berbres et des Noirs, on le sait, est cousine. Ils ne se dfinissent ni comme une race, ni comme une religion, ni mme comme une nation. Nombre de Juifs taient des ngociants convertis lIslam qui avaient gard leur patronymie juive. Par exemple, citons, en 1766, Al Hjj Abd Al-Salm Al-Khn, anctre des Awlad Al-Khun, cest--dire de la famille des Cohen, nombreux Tombouctou au sicle des Lumires (p. 28). Mungo Park, la mme poque signale la prsence de nombreux Juifs dans la valle du Niger, notamment Tombouctou o islamiss, habills comme les Musulmans du pays, ils prient la mosque.

    Le thme de la prsence juive en Afrique noire passionne les historiens. Celle-ci remonte au moins au dbut de lre chrtienne. Il faut considrer sur un plan pistmologique, 1492 comme une date charnire : avant et aprs les perscutions, bien que celles-ci, en Europe, aient prcd le dcret ibrique dexpulsion. Selon Ham Zafrani ou Jacob Oliel16, des petites communauts ont exist, y compris en pays targui, berbrophones ou tamazight.

    Ismal Diadi Hadara enfin, met en lumire le voyage et linstallation, en 1860 Tombouctou, dun rabbin, Mordokhay (Mardoche) Abi Srour17, qui renoue avec la tradition et fait venir trois ans plus tard, nombre de ses coreligionnaires, notamment les Rabbins Isaac Ben Mouchy et Isaac Ben Aaroun. Il y fait commerce et obtient lautorisation douvrir une synagogue.

    Tout change en schangeant aimait observer le regrett Edouard Glissant. Le priple des populations juives dans la valle du Niger, Gao, Djenn, ainsi qu Tombouctou, nous interroge sur le problme si passionnant des identits successives et multiples, bien connues pour lEurope : de ce fait tmoignent les Marranes au XVe sicle, devant les perscutions de lInquisition, convertis

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    de gr ou de force au catholicisme, et au XVIIe sicle, les Deumns, ces Juifs de Livourne et de Turquie devenus Musulmans18, suite la conversion de leur messie Sabbata Tsvi, kabbaliste, qui affirmait connatre limprononable formule rserve D.

    Ces juifs dont certains des anctres furent Wisigoth ariens, puis catholiques ou musulmans forcs ou consentants, dans tous les cas marranes - Yirmiyahu Yovel19 dans un livre rcent, en a trac la mosaque diversifie : du carririste au martyre, de la scularisation prcoce lirrligieux, voire la crise mystique, lathisme ou lagnosticisme, comment les dfinir ?

    Cela pose la problmatique de ce que Albert Memmi appelle le triangle de lidentit : judit, judacit, judasme qui se double, Tombouctou de deux autres triangles : arabit, arabicit, arabisme et ngrit, ngricit, ngrisme20. Une telle Histoire invite rflchir sur les phnomnes de jonction/disjonction en ce qui concerne les identits. Tantt antagonistes, tantt complmentaires, elles renvoient aux hybridations culturelles (Edgar Morin). Certains de ces hommes qui vont prier la mosque de Sankor (le terme signifie le quartier des Matres de la connaissance ; ancienne universit mdivale) ne sont-ils pas danciens judo-gentils ?

    En outre, la biologie contemporaine a mis en vidence le polymorphisme gntique, pulvrisant ainsi le mythe de la puret du sang et, en ce qui concerne Homo Sapiens, la notion de race. La structure de lespce, en effet nest pas raciale, mais populationnelle : un Juif bambara est plus prs gntiquement dun Bambara non Juif que dun Juif non Bambara (Jean Bernard Jacques Ruffi21).

    On a beaucoup compt sur lhmatologie gographique pour renouveler ltude des phnomnes migratoires et soulign la somptueuse diversit du vivant. Certes, les concidences patronymiques notes prcdemment, intriguent, mais des tudes hmothypologiques en collaboration avec anthropologues, historiens, etc. ont-elles t menes pour les Juifs islamiss de la valle du Niger ? On a ainsi l de quoi rflchir sur lHistoire et la post-modernit, en liaison au concept daltrit dEmmanuel Levinas et au concept d intrit de Jacques Demorgon.

    Louvrage de Ismal Diadi Hadara, publi en 1999, trop mconnu, est non seulement celui dun historien rigoureux, mais aussi celui dun philosophe qui, dans la prface, parle de son travail de jardinier . Citant Michel Serres, il ajoute que entre les sources et le docte public, il y a toujours un tiers, lui, lhistorien, le parasite qui fait dun systme binaire (sources lecteurs) un jeu trois o lun fait jouer les deux autres22 .

    Sur un autre plan, dans une poque o lon croit rflchir pour viter de penser23 et o, en consquence, surgissent les manichismes et les diabolisations rciproques, il est heureux de constater combien Ismal Diadi Hadara nignore pas la complexit en observant qu Tombouctou, une minorit juive fut tolre par les Kadis et les Imams. La tolrance rend les civilisations, comme les villes, supportables () Tombouctou tait aussi ouverte quAmsterdam . Dans ce lieu-carrefour, lauteur sait reprer et interprter les signes comme lments symboliques dune culture. Il incite rflchir sur le diffrentiel culturel dans les interactions humaines en Afrique.

    La Cit lgendaire fut longtemps un port caravanier sur dantiques pistes mridiennes prolonges par des transversales trs actives convergeant vers elle24. Le dclin de Tombouctou commence en 1591, avec linvasion de larme marocaine qui sempare de la ville et met fin au brillant empire songho. Quand Ren Cailli parvient Tombouctou en 1828, sa dception est grande : la ville ne ressemble en rien aux rcits anciens. 1885, la Confrence de Berlin, les puissances europennes se partagent lAfrique. Le Commandant Joffre25 entre Tombouctou le 23 mars 1894. Commence, pour la grande Cit, ce que Jack Goody appelle Le vol de lHistoire par lOccident26.

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    Les Juifs Tombouctou constitue un prcieux petit livre pour les lecteurs de Monde mditerranen. En effet, on y voit comment slaborent les synergies entre Mare Nostrum et cet ocan de sable de lespace saharien27, ainsi que les adaptations antagonistes russies qui, une priode donne, permettent lessor dune ville mythique. LHistoire de Tombouctou offre en quelque sorte un laboratoire dides puisquelle fut gopolitiquement transculturelle, pluriculturelle et parfois une cit de rencontres interculturelles russies, en dpit dalas invitables.

    Enfin, une telle aventure historique souligne peut-tre la richesse de divers concepts lpoque de la globalisation qui est loin de la mondialit laquelle rvait Edouard Glissant : le phnomne diasporique28 ne concide-t-il pas avec larchiplisation du monde ? Giorgio Agamben29 rappelle que les Grecs traduisaient le mot vie par deux termes distincts : zo, le simple fait de vivre et bios, la forme ou la manire de vivre, propre un individu ou un groupe. Ici, la ville-carrefour semble reconnatre limportance de la bios puisque nombre de ses habitants et leurs anctres dont lauteur furent successivement peut-tre Ariens, Chrtiens, Juifs, Musulmans ou Marranes, voire, pour reprendre lappellation applique aux Livournais, Deumns. Dans cet extraordinaire mtissage culturel et religieux, tantt effrayant, tantt prometteur, paradoxalement marche pas de colombe30 une certaine/incertaine libert de lesprit.

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    Notes

    1 Man est le dieu des Bambaras. Lanimisme est encore prsent au Mali. Mais, contrairement une ide reue, il sappuie souvent sur un dieu unique : Amma, chez les Dogons, Guno, chez les Peuls, etc. Les gnies tant comparables nos saints, dans une vision du monde souvent analogique (Philippe Descola Par-del nature et culture. Ed. NRF Gallimard (2005).2 Ainsi, la Tidjaniya et la Hamalliya.3 La Tabaski est le nom donn par les musulmans de lAfrique de lOuest lAd. Des membres dune mme famille peuvent tre de diverses convictions religieuses et philosophiques.4 Selon Jacob Oliel, Henri Lhte et Thodore Monod eux-mmes se sont poss la question.5 Complexit des cultures et de linterculturel. Contre les penses uniques. Paris : Economica, 2010.6 Mahmoud el-Kati est lauteur du clbre Tarikh el Fettash. Le nom viendrait de Cota, particulirement port par des Juifs convertis en Espagne. Dorigine romane, le nom connat de nombreux drivs. Snque et Cicron lvoquent dans leurs uvres (Les Juifs Tombouctou, pp. 23, 24, 25). Il est port en Espagne, au Portugal, en France, en Amrique Latine, etc. Ce sont partout des hommes de plume et de Cour .7 Les Sonink ou Sarakol, nombreux dans la rgion de Sgou, appartiennent, comme les Songho et les Dogons, au groupe soudanien, distinct du groupe Mandingue qui comporte Bambaras (Bamanians), Malinks et Dioulas. Existent aussi, au Mali, un groupe dit voltaque (Bobo, Snoufo, Mossi), sans compter les nomades dont nombre sont sdentariss : Peuls, Touaregs et Maures.8 Nom dun ngre savant du XVIe sicle, juriste, astronome, mathmaticien, professeur de rhtorique. Lauteur de larticle, lors dun voyage Tombouctou a vu au Centre dEtude, de Documentation et de Recherche Ahmed Baba nombre de manuscrits conservs dans des botes grillages. Daucuns commencent tre numriss. LONU, ainsi que lUNESCO sefforcent dapporter une aide conomique pour viter leur dcomposition.9 Nombre de langues africaines sont crites. Citons : outre le sh-mo des Bamoun qui ne date que de la fin du XIXe sicle, larako, le nsibidi (Nigeria), le giscandi (Kenya), le mend (Sierra Lone), etc.Les ajamis sont des langues africaines transcrites en alphabet arabe.10 Pour Joseph Ki Zerbo (Histoire de lAfrique noire 1978), la Traite ngrire commence avec cet vnement.11 Chronique de Digo Gomez (XVe sicle).12 Des navigateurs europens notamment malouins mirent le pied sur le Nouveau Monde avant lui.13 Evnement intressant pour la recomposition des savoirs lpoque de la mondialisation, une tude sommaire de lempire songho est introduite depuis peu dans les programmes scolaires et combattue par des idologues europocentriques ou gaulois qui se gaussent curieusement de cette initiative heureuse et pourtant bien timide.14 Groupe doasis sahariennes au sud-ouest du grand erg occidental.15 Revue Tapama n 1 (dcembre 1996), Tombouctou. Histoire des Juifs , par Ismal Diadi Hadara. Ed. Donniya.16 Ham Zafrani, historien de la culture sfarade, hbrasant et arabisant (Recherches sur les Juifs du Maghreb, 1997, Universit Paris VIII ; Le monde de la lgende. Littrature de prdication juive en Occident musulman, 2003)Jacob Oliel, enseignant lEcole des Hautes Etudes en Sciences Sociales.

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    17 Mordokhay Abi Srour dit avoir rencontr les Daggatoun blancs comme neige dont le lexique semble riche de mots dorigine hbraque (Jacob Oliel).18 Comme les Marranes, qui sont parfois plus catholiques que Juifs ou rciproquement, voire sceptiques ou courtisans, les Deumns connaissent un sort analogue, mais cette fois-ci montrant les interactions entre le politique et un religieux musulman. Le pre dEdgar Morin, quand il vint pour la premire fois en Espagne, parlait le djidio, cest--dire un castillan mdival.19 Laventure marrane. Judasme et modernit, Yirmiyahu Yovel. Ed. Seuil.20 Le Buveur et lamoureux, Albert Memmi. Ed. Arla. Judit : le fait et la manire dtre Juif (le zo et le bio). Judacit : la population (poreuse). Judasme : les valeurs et les institutions. De mme pour les Noirs et les Arabes, etc.21 Jean Bernard, Le Sang et lHistoire. Ed. Buchet/Chastel (1986).Jacques Ruffi, De la Biologie la culture, Ed. Flammarion, Nouvelle bibliothque scientifique (1977) et Trait du vivant, Ed. Fayard, le Temps de sciences (1982).22 Le Tiers instruit, Michel Serres. Ed. Franois Bourin (1991).23 Cestunepertedetempsderflchirquandonnesaitpaspenser (Haruki Murakami, Kafkasurlerivage. Ed 10/18, p. 461).24 Histoire de lAfrique noire, par Joseph Ki Zerbo (p. 168). Ed. Hatier (1978).25 Cest lpoque de la Rpublique impriale. Joffre est Franc-maon, tout comme Jules Ferry qui, en 1885, avait dclar la Chambre : Jevousdfiedesoutenirjusquauboutvotrethsequireposesurlgalit,lalibertdesracesinfrieures.Messieurs,il faut parler plus haut et plus vrai ! Il faut dire ouvertement que les races suprieures ont un droit vis--vis des races infrieures .26 Le Vol de lHistoire. Comment lEurope a impos le rcit de son pass au reste du monde, Jack Goody. Ed. NRF Essais Gallimard (2010).27 Tombouctou, en effet est, dune certaine manire, le lieu gomtrique o convergent des populations venues de Djezirat-el-Maghreb (lle du Maghreb) et de pays franchement continentaux dont les voyageurs franchissent la Mditerrane. Une telle situation gopolitique favorise paradoxalement la libert des changes commerciaux et culturels.28 A lheure de la mondialisation, le phnomne ne concerne pas les seuls Juifs : certes, des populations issues dHistoire et de culture diffrentes, coexistent depuis longtemps lintrieur des nations. Il samplifie. Peut-tre mme les populations intresses se diasporisent au-del des frontires existantes29 Agamben Giorgio : Moyenssansfins.Notessurlapolitique. Ed. Rivages Poche. Petite bibliothque.30 Nietzsche, F. 1990. Ecce Homo. Paris : Gallimard.

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