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9 DOSSIER En Corrèze, la culture ne s’étale pas. Elle existe. Les structures publiques ou privées, les initiatives bénévoles et les compé- tences professionnelles, les coups de cœur et les visions à long terme ont tissé depuis plusieurs années un lien de confiance avec les Corréziens. Ces derniers ont pris leurs habitudes. Ils font le succès des festivals. S’enor- gueillissent de la richesse patrimoniale, s’ouvrent aux découvertes les plus diverses... Dans le département, on diffuse, on crée, on entretient... La musi- que, le cinéma, la danse et le patrimoine cohabitent tout au long de l’année, que ce soit dans les zones urbaines ou dans les secteurs ruraux. Vecteur d’at- tractivité touristique, porteuse de développement économique, la culture mérite d’être cultivée, soutenue, structurée et, sans doute, mieux réfléchie. Les assises de la culture, voulues et orchestrées par le Conseil général, sont là pour ça. Et d'abord pour confronter les visions de tous ceux qui font de la Corrèze un département riche en propositions culturelles. Selon Freud, la culture nous pousserait à nous défendre contre nos pulsions. Cela ne signifie pas juguler les impulsions. Bien au contraire. ASSISES DE LA CULTURE

Les Assises de la Cukture

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Le Conseil Général de la Corrèze organise le samedi 28 Mars à Tulle à l'Hôtel du Département, les Assises de la Culture. Cette manifestation ouverte à tous, est un moment d'échanges et de concertation avec l'ensemble des responsables culturels pour définir en commun la politique culturelle de demain.

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DOSSIER

En Corrèze, la culture ne s’étale pas. Elle existe. Les structures publiques ou privées, les initiatives bénévoles et les compé-tences professionnelles, les coups de cœur et les visions à long terme ont tissé depuis plusieurs années un lien de confiance avec les Corréziens. Ces derniers ont pris leurs habitudes. Ils font le succès des festivals. S’enor-gueillissent de la richesse patrimoniale, s’ouvrent aux découvertes les plus diverses... Dans le département, on diffuse, on crée, on entretient... La musi-que, le cinéma, la danse et le patrimoine cohabitent tout au long de l’année, que ce soit dans les zones urbaines ou dans les secteurs ruraux. Vecteur d’at-tractivité touristique, porteuse de développement économique, la culture mérite d’être cultivée, soutenue, structurée et, sans doute, mieux réfléchie. Les assises de la culture, voulues et orchestrées par le Conseil général, sont là pour ça. Et d'abord pour confronter les visions de tous ceux qui font de la Corrèze un département riche en propositions culturelles.Selon Freud, la culture nous pousserait à nous défendre contre nos pulsions. Cela ne signifie pas juguler les impulsions. Bien au contraire.AS

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Des attentes, des besoins et des manques

Questionnaire

Les intervenants

La journée du 28 marsA 9 h : accueilA 9 h 30 : ouverture officielle des assises par

François HollandeA 9 h 45 : état des lieux de la vie culturelle en

Corrèze et bilan des questionnairesA 10 h : table ronde avec Maxime Apostolo,

fondateur et directeur de Pulsart, et Emmanuel Négrier, universitaire

A 11 h : ateliersA 12 h 45 : buffet offert aux participantsA    A partir de 14 h15 :

- Intervention de l’ADF - Emmanuel Serafini, modérateur - Témoignage de trois départements : Côtes d’Armor, Territoire de Belfort et Haute-Savoie - Restitution et synthèse des ateliers - Conclusion de Sophie Dessus

A 17h 30 : fin des assises de la culture

Les ateliersEn fin de matinée, les participants aux assises de la culture seront conviés à échanger leurs expériences en atelier autour de cinq thèmes :A culture et développement ruralA passerelle enseignement / diffusionA  emploi culturel et place de l’artiste dans le

territoireA  rôle des villes et des équipements structurants

dans le développement culturel départementalA  encadrement des pratiques amateurs et

accompagnement pour le développement culturel.

Programme

Pour préparer la journée des assises de la culture, le samedi 28 mars, le Conseil général a adressé un questionnaire aux maires, aux présidents de com-munautés de communes, aux principaux des collèges et aux présidents d’associations.

Il leur a été demandé comment ils perce-vaient la politique culturelle du Départe-ment, quels sujets ils souhaiteraient voir abordés lors des assises, quels étaient leurs besoins et ce qu’ils attendent du Conseil général et des autres structures territoriales pour mener au mieux leur action. De manière prévisible, parmi les points le plus souvent évoqués, une aide finan-cière plus importante revient très sou-vent. De même, la mise en place d’un parc de matériel départemental est un souhait largement partagé.

BémolsSur la perception de la politique cultu-relle, si une bonne partie des «sondés» estime qu’elle est «bonne», «éclectique», et «dynamique», on relève par ailleurs de nombreux bémols.Un élu pointe une politique culturelle «assez floue et élististe», un autre trouve que seules «les grosses agglomérations sont touchées», un troisième déplore «la méconnaissance» des actions menées et des évènements programmés.Les Corréziens puisent également leurs motifs d’insatisfaction selon la situation géographique. D’un côté est stigmatisé le «manque de moyens sur la haute Cor-rèze», de l’autre est ressenti «un manque d’actions de créations importantes sur Brive». Et d’un point de vue général, il ressort de cette enquête que la politique culturelle du Département est perçue de manière «partielle» et «imprécise».

Certains villages aussi accueillent des spectacles qui attirent une grande affluence.

- Emmanuel Sérafini est chef du service culture, éducation, jeunesse et sport de l’Assemblée des départements de France (ADF). Il a participé à la programmation de nombreux spectacles et a travaillé dans la production de films, d’émissions de radio ainsi que dans l’édition de livres et de catalogues.- Emmanuel Négrier est directeur de recherche CNRS au Centre d’études politiques de l’Euope latine, à Montpellier. Il travaille notamment sur les politiques culturelles selon une perspective comparative en Europe du Sud.- Maxime Apostolo a créé Pulsart, il y a près d’une quinzaine d’années. A la tête de cette association, il a entrepris des actions artistiques et culturelles avec des détenus de Bois-d’Arcy et a créé des spectacles avec des jeunes de foyers.

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Le nerf de la guerreSubventions

Pourquoi des assises de la culture ?La culture est un enjeu essentiel du dé-veloppement et de l’attractivité d’un territoire, ainsi qu’un élément constitu-tif de son identité. Un Département se doit de mener une politique culturelle exigeante et créatrice ; et pour cela, il lui faut s’appuyer sur les différents par-tenaires afin d’en redéfinir les contours. Nombreuses sont les pistes de réflexion sur lesquelles se pencher : l’évolution croissante de la technologie culturelle et ses répercussions sur la société ; les problématiques de formation et d’in-termittence ; la nécessité de soutenir la création ; la volonté de miser sur une "éducation populaire" accessible à tous et de qualité... Les assises doivent nous y aider.Quels en sont les objectifs précis ?Un élu chargé de la culture se doit de la mettre au cœur du débat politique et de l’aborder sous ses différentes facettes : - la culture a toujours servi à résister, donc à exister. Si elle permet à chacun de se trouver, elle offre également la possibilité de rencontrer, donc d’accep-ter l’autre.- la culture est créatrice de liberté et de pensée. Sans elle, point d’esprit criti-que, ni d’émancipation. Sans elle, pas de démocratie.- la culture crée des liens sociaux per-mettant aux spectateurs de devenir les acteurs de la vie de leur territoire.

- la culture, enfin, est porteuse de déve-loppement économique à long terme si l’on sait lui éviter la marchandisation. Et c’est une fois ces principes posés et redéfinis ensemble qu’une réelle construction autour de la culture, l’art et l’enseignement pourra avoir lieu.Quel doit être le rôle des institutions et particulièrement du Département dans l’élaboration d’une politique culturelle ?Le système culturel français est un mil-le-feuilles complexe à l’intérieur duquel les collectivités territoriales ont une place prépondérante. L’élu doit cepen-dant éviter deux écueils afin de respec-ter la création artistique : d'une part le risque d’un comportement populiste et d'autre part trop d’interventionnisme. L’exact contraire, me semble-t-il, de ce que le président de la République vient de demander à la ministre de la culture, à savoir : «veiller à ce que les aides publiques à la création favorisent une offre répondant aux attentes du pu-blic». Les artistes ne sont pas des com-merciaux. Par contre, il y a deux exigences aux-quelles nous devons nous soumettre : la qualité, car l’art n’est pas un produit à livrer à la loi du marché, et l’accès à la culture pour tous, avec le souci d’une «éducation populaire» artistique parfois bien oubliée de nos manuels scolaires. Une fois ces postulats po-

sés, bien des questions restent à traiter pour définir notre politique culturelle : Comment préférer la création au clien-télisme ? Comment préserver l’identité d’un territoire rural tout en l’ouvrant sur les cultures du monde ? Comment dynamiser les quartiers dits «sensibles» par l’art ? Et surtout, comment trouver les budgets adéquats quand l’Etat se désengage chaque jour un peu plus ?La culture a besoin d’aide. A nous, ins-titutions, publics, artistes, diffuseurs de faire nôtre la pensée d’Aragon : «Agir, travailler, répondre. Pas de petite digue qui ne mérite qu’on la garde. Ne pas dormir...»

Vice-présidente du Conseil général en charge du développement territorial,

des services publics et de la cultureSophie Dessus : "La culture est créatrice de liberté et de pensée"

Le Conseil général de la Corrèze soutient financièrement les ini-tiatives des associations. Mais il apporte également une aide importante à l’enseignement musical, au développement et à l’encadrement de la danse et des pratiques musicales amateurs.

En 2009, près de 2 millions d’euros de crédits départementaux seront mobilisés pour la mise en oeuvre de l’ensemble de la politique culturelle.

Cette somme sera complétée par une inscription budgétaire de 592 000 € pour le festival de Sédières. Une grande partie de ces subventions est réservée au réseau de l’enseignement musical (400 000 €, soit près de 30 %). D’autres domaines d’intervention re-tiennent particulièrement l’attention de l’assemblée départementale : le soutien au théâtre professionnel (219 000 €), le développement et la structuration des musiques actuelles (170 100 €), le

développement et l’encadrement des pratiques musicales amateurs (75 050 €). Depuis quelques années, le Départe-ment mène directement des opérations culturelles telles l’Atelier choral dé-partemental, l’Orchestre départemental des jeunes, le Tremplin des musiques actuelles ou les Corrézies. Pour 2009, 236 000 € ont été proposés pour ces productions départementales. Enfin, 162 750 € seront consacrés au soutien de la diffusion musicale.

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Quand les arts prennent les chemins ruraux

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Culture des champs

Rivet cloue le spectacle à la GrangeCulture des villes

Le Théâtre de la Grange à Brive a déjà près de trois décennies d’existence et d’expériences cul- turelles menées grâce à la pas-sion des compagnies théâtrales qui l’habitent. Entre les lieux de diffusion institutionnels et les lieux purement amateurs, cette structure trouve une place à part dans le paysage corrézien.

Le Théâtre de la Grange, installé dans le quartier de Rivet à Brive, abrite trois compagnies de théâtre : Lemur Kata, L’Etoile grise et le Théâtre du Cri. Cette dernière, la plus ancienne des trois com-pagnies, a vu le jour en 1971. Les deux autres l’ont rejointe en 1983 et grâce à leur union, ont fini par peser suffisam-ment pour qu’un lieu leur soit octroyé par la municipalité. Ce sera le Théâtre de la Grange. C’était en 1990.Depuis, géré sous une forme associa-tive, le Théâtre de la Grange propose chaque année des créations de chacune de ses trois structures associées et des

spectacles en simple diffusion. Au to-tal, une vingtaine de soirées occupent chaque saison la petite scène perchée sur les hauteurs de Brive. Avec sa jauge plafonnée à 80 places, le Théâtre de la Grange entretient une proximité sans égale entre le public et les artistes.

Trois emplois et une vingtaine de bénévolesLe fonctionnement du théâtre néces-site l’emploi de trois personnes (deux à temps partiel et un temps plein) auxquels se joignent une vingtaine de bénévoles. Jusqu’ici, sans vivre dans l’opulence, le Théâtre de la Grange se portait bien. Le budget moyen pour une année s’élève à 100 000 €, dont plus de la moitié est consacrée aux salaires et aux charges. Soutenue principalement par la mairie de Brive, la structure a vu ses marges de manœuvre progressivement se rétrécir. Michèle Birou, présidente du Théâtre de la Grange et qui était de l’aventure dès 1971, s’inquiète. "Pour 2008, nous de-vrons faire face à un déficit de 10 000 €. Nous avons dû demander une aide exceptionnelle pour remplacer la régie Michèle Birou attend un soutien accru...

lumière. Désormais, la trésorerie ne suffit plus en cas de coup dur. En prin-cipe, les subventions sont versées en mars...". Du Conseil général et des assises de la culture en particulier, Michèle Birou attend un renouvellement et un renfor-cement du soutien. "Des structures com-me la nôtre ont besoin d’exister, pour la création, la diffusion, mais aussi pour nos ateliers de pratique amateur qui connaissent le succès chaque année".

Créée en 1999, l’association Lez’arts & salamandre s’est don-né pour mission d’apporter la culture sur tout le territoire du pays d’Egletons hors saison. Une entreprise difficile qui doit sa réussite à l’assiduité des mem-

bres bénévoles et au soutien financier des institutions.

La feuille de route de l’association est du genre limpide : dynamiser le monde rural pendant la période hivernale en proposant des manifestations culturelles diversifiées. En 10 ans, Lez’arts & sala-mandre peut revendiquer une cinquan-taine de propositions qui, de Darnets à Lapleau en passant par Egletons, ont concouru à la réussite du projet initial.

Banderoles et chapiteauRiche d’une soixantaine d’adhérents, l’association est adepte du "turn over" quant à ses instances dirigeantes. Tous les deux ans, un nouveau président prend le relais et poursuit l’action de son prédecesseur. Actuellement aux commandes, Anne-Françoise Richard gère un budget d’environ 20.000 € par an. Les soutiens financiers du

Département et des autres institutions lui sont indispensables. A fortiori de-puis que l’Etat via la DRAC a suspen-du ses aides. Mais au-delà de l’aspect financier, la présidente a des besoins en logistique et en communication. Elle compte sur les assises de la culture pour mettre ses attentes en exergue : "Nous espérons pour l’avenir un vrai relais de communication. Par exemple, il serait souhaitable et pratique d’avoir à dis-position des banderoles vierges que les associations utiliseraient à tour de rôle, selon leurs besoins". Anne-François Richard évoque également la question récurrente du parc matériel départemen-tal : "Ponctuellement, la FAL peut nous fournir en location des projecteurs, des tables de mixage... Mais si le Conseil général pouvait avoir un chapiteau..." Un chapiteau pour mettre la culture à l’abri en milieu rural ?

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Inventaire

La culture, ce sont aussi des emplois

Si l’on veut faire court, on peut dire que la culture regroupe la musique, la danse, le théâtre, le cinéma, les arts plastiques, le livre, le patrimoine et l’éducation populaire. Il faut pourtant y ajouter l’architecture, toute une partie de l’audiovisuel et les cultures techni-ques et scientifiques.

Par ailleurs, la culture a pour particu-larité de regrouper des activités issues de la fonction publique territoriale, du secteur associatif, de l’intermittence du spectacle (artistes et techniciens) et du secteur privé et commercial.

Ces différents types d’emplois, de sta-tuts et d’activités rendent difficile un recensement précis. Quelques chiffres peuvent tout de même être observés.

EmploiLa fourchette est large mais l’emploi culturel en Corrèze concerne 750 à 1000 personnes. Parmi celles-ci 125 sont professeurs dans les conservatoi-res et écoles de musique et de danse. Le Département et les communes totali-sent une centaine d’emplois, soit autant que dans le domaine de l’intermittence,

L’Observatoire régional des arts et de la culture en Limousin, créé en 2008, a lancé des études au plan régional sur l’emploi culturel. Toutefois, les synthèses ne sont pas encore exploitables au plan départemental.

artistes et techniciens confondus. Le secteur associatif pèse également une centaine d’emplois, deux fois plus que les industries musicales (dont les accor-déons Maugein). Le reste de l’emploi induit plus ou moins directement par la culture se répartit entre le personnel de l’éducation nationale et tous les corps de métier travaillant pour le patrimoine et les musées.

Pratiques culturellesUn inventaire (non exhaustif) permet d’embrasser la situation du département en terme de pratiquants. La danse, la musique et le théâtre sont pratiqués par environ 20.000 Corréziens, dont 3.000 s’adonnent à leur passion au sein des conservatoires de Brive, Tulle et Ussel. Une vingtaine de structures et compa-gnies professionnelles sont installées en Corrèze. Chez les amateurs, il existe plus d’une trentaine de chorales, onze sociétés musicales, une quinzaine de groupes folkloriques et autant de com-pagnies théâtrales. Il est beaucoup plus ardu de dénombrer les groupes sévis-sant dans les domaines des musiques actuelles et traditionnelles, les groupes et formations fluctuant énormément.

D’autres chiffres témoignent de la bon-ne santé des pratiques culturelles en Corrèze. Entre 1997 et 2009, les effec-tifs du conservatoire de Brive sont pas-sés de 750 à 1 200 élèves. Ceux de Tulle et d’Ussel ont augmenté d’une centaine d’élèves sur la même période.

L'Orchestre départemental des Jeunes de la Corrèze, des amateurs encadrés par des professionnels.

Patrimoine

Le Département intervient sur six programmes de protection du patrimoine : édifices non protégés, édifices classés, édifices inscrits, objets mobiliers, pe-tit patrimoine rural non protégé et illumination des édifices. Ces monuments et petits trésors de la culture rurale sont particulièrement défendus et appré-ciés par les communes qui en font souvent leur fierté et un élément capital de leur développement touristique. Une enveloppe globale de 1.600.000 € a été votée pour 2009. C’est presque deux fois plus qu’en 2008 (898 980 €). De-puis 1999, ce sont entre 50 et 90 opérations qui sont menées chaque année. Soit un total de 675 opérations réalisées pour un montant de 11.666.760 €.