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ECOLE NATIONALE VETERINAIRE DE NANTES
Année 2010
LES DOMINANTES PATHOLOGIQUES DU
CHEVAL DE CONCOURS COMPLET
THESE pour le
diplôme d’état de
DOCTEUR VETERINAIRE
présentée et soutenue publiquement le 22 février 2010
devant la Faculté de Médecine de Nantes
par
Maïa VANEL
Née le 25 octobre 1986 à Paris 12 (75)
JURY
Président : M. Benoit DUPAS Professeur à la Faculté de Médecine de Nantes Membres : Mme Anne COUROUCE-MALBLANC Maître de conférences à l’Ecole Nationale Vétérinaire de Nantes M. Olivier GEFFROY
Professeur à l’Ecole Nationale Vétérinaire de Nantes
5
A Monsieur Dupas, Professeur à la Faculté de Médecine de Nantes Qui m’a fait l’honneur d’accepter la présidence de cette thèse Hommages respectueux A Madame Couroucé-Malblanc Maître de conférences à l’Ecole Nationale Vétérinaire de Nantes
Qui m’a fait confiance et a accepté de m’encadrer dans la réalisation de cette thèse. Qu’elle soit remerciée pour sa grande disponibilité malgré la distance et pour sa patience.
Sincères remerciements A Monsieur Geffroy, Professeur à l’Ecole Nationale Vétérinaire de Nantes Pour m’avoir proposé ce sujet qui m’était particulièrement adapté et avoir accepté de
participer à ce jury de thèse en tant qu’assesseur. Sincères remerciements
Merci à toutes les personnes ayant participé au crédit photographique de ce travail : Dr Anne Couroucé-Malblanc, Yves Quintal, Dr Yves Rossier, Dr Laureline Lecoq, Dr Kate Alexander, Dr Eric Norman Carmel, Dr Carine Tahier et de manière générale à la clinique équine de l’Ecole Nationale Vétérinaire de Nantes et au secteur équin de la Faculté de Médecine Vétérinaire de Saint Hyacinthe. Remerciements chaleureux.
7
A mes parents, pour m’avoir toujours donner les moyens de réaliser mes rêves, quels qu’en soient les domaines. Trouvez dans ces mots tout mon amour et toute la reconnaissance que je n’ai pas toujours su vous démontrer.
A Lila, pour notre enfance et pour tous les moments passés ensemble. En espérant qu’ils deviennent plus nombreux dans les années à venir. Et pour le petit Ozzie, tu grandis trop vite, attends moi !
A Eléonore, pour notre complicité. Parce qu’il n’y a que nous deux pour comprendre que nos chamailleries et engueulades en tout genre ne sont que le témoignage de notre affection.
A Stéphane et David, parce que même toujours à l’autre bout du monde, vous resterez les meilleurs grands frères que j’aurais pu avoir.
A Joël, pour m’avoir appris cette phrase qui me sert chaque jour « le non, tu l’as déjà ! ».
A Jacques, pour le souvenir impérissable que tu m’as laissé.
A Lisa, pour ta bonne humeur et ton éternel dynamisme qui m’impressionne toujours autant! Avec toute mon affection.
A Gérard et Madeleine, pour les vacances en bord de mer, les poneys arc-en-ciel et les salambo de mon enfance. Avec toute mon affection.
Au reste de ma famille…
9
A Vincent, mon ange, pour ton amour et ta présence si réconfortante à chaque instant, pour la patience qui te permet de m’écouter parler, peut être un peu trop souvent, de mes bourricots malades…Merci de me permettre de rêver aux années merveilleuses qui nous attendent. Je t’aime.
A Antoine, Gonfleur le super batteur, parce que peu importe le moment et le lieu, tu es toujours là.
A Baka, pour nos discussions philosophiques…entre poufs, bovine ou équine on se comprend !! Merci d’avoir été là depuis mon arrivée à l’école.
Au Linot, merci pour cette super année passée avec vous, à courir après les moutons et devant les pourris. Merci d’avoir contribué à ma culture en m’apprenant toutes les citations des films cultes !
A Bergère, « Marge Simpson », « MAC » pour les intimes ! Merci d’avoir partagé les positions avantageuses du saut à ski et du hoola-hoop de la WiiFit sans aucune peur du ridicule !
A Flo, le Frisouillou, pour tes supers déguisements, pour avoir entretenu mes poissons rouges à un niveau de 2/10 (10 = bien vivant !) et pour m’avoir fait rêver sur ta planche de surf à l’Edhec !
A Pierrot, pour nos 2 années de colloc. Pour m’avoir fait découvrir Nantes, Montréal et la vraie signification du mot bolo magique ! Merci de perfectionner mon québecois chaque jour (ostie, il fé frette en titi…ah ouais icitte bôtôrd…taberouette mais sortez moi ce Price de mââaarde !!!)
A Soizic, pour m’avoir accompagnée dans le haut niveau du wizz et dans le non-tenage d’alcool. Et surtout pour avoir finalement accepté d’être une pouf éqouine, j’étais sûre que ca t’irait à merveille !!!
A Cécile, pour ta super motivation et ton soutien ! Rendez-vous bientôt dans le grand nord outre-Atlantique et dans quelques années sur ton île paradisiaque où tu soigneras tes baleines!
A Nawak, tu refais le pari de manger le plus de sauce piquante et de wasabi quand tu veux !!
Aux amis de prépa, Marion, Anne, Barbara, Mathilde, Christelle, mes super co-écolières et aussi Etienne, François, Cédric, Jérémie, Lorie, Géry, Anthony…comment aurais-je tenu sans vous ?
A mon groupe de clinique, Antoine, Laurie, Aude, Jean-Baptiste, Hélène, Alex et Julie pour m’avoir permis de traverser la canine, épreuve ô combien difficile pour moi !
A mon super groupe de co-pouf éqouin, Soizic le moustique, Anne-Ju la tortue, Clot la chouette hulotte, Camille la chenille, Pierre-Yves la grive et Moussy la fourmi, sans oublier Claudette, Marion, JC, Cécile…pour cette année, pour ces journées et parfois ces
11
nuits, pour notre talent incompris d’auteur de chanson, pour la choré du côlon ascendant « Come on baby I want to party… » et pour la branquignollerie.
A mes co-internes québécois, Marie-Soleil, Gaëlle, Caro, Fanny, Edouard, Eduardo et Pablo, pour nos fous rires et nos craquages permanents et pour toutes ces soirées qu’on fait à nous tous seuls! Heureusement, les équins sont là ! Vive le bière et le champagne !!! Faaacckkeee ça, c’est bôôôô !!! Tsééé lôo, jsuis un peu mêléee…. Marie-Soleil, pour me permettre de me préparer activement à mon rôle de maman… Gaëlle, pour sentir le jus de pomme dans les seaux d’eau et regarder les yeux de tes pantoufles-champignons à l’envers…merci pour ton soutien psychologique !! Caro, pour contribuer activement à l’entretien de mes abdos par le rire grâce à tes merveilleuses imitations dont je ne me lasserais définitivement jamais !! Fanny, pour ne pas m’avoir laissée seule à rédiger ma thèse au milieu de l’internat ! Edouard, comment résumer… « qui aime bien, châtie bien » prend tout son sens avec toi. « Qui aime bien, charie bien » marche aussi si tu veux ! Eduardo, parce que tu apportes la sagesse qui manquait à cet internat ! « ah oui ? » Pablo, pour nous avoir enseigné à tous la « maquééé » attitude et le mot « crouche » !! A tous les moments qu’il nous reste à passer ensemble cette année et après encore, je l’espère ! Merci aux supers résidents Julie, Jojo, Pépé et Mathieu pour tous nous supporter, ça ne doit pas être évident tous les jours !! Au Piccot, Val, Kmwet, Ryan et Julie, pour avoir accepté si souvent de nous prêter votre toit pour héberger nos soirées ! Val, une pensée pour toi qui doit être en train de faire du kite à l’autre bout du monde…
A Cosmic, Gamel, Puppy, Sherka, Teufio, Samy, Chochonne, Le Palud, PO, Benji, Tétine, Violette, Manue, Sylvain…et de manière générale, à la promo vaseline, pour ces 4 années, ces soirées, ces révolutions et pour ces autres voyages de promo à venir et auxquels je viendrais cette fois ! Mais aussi à ceux qui n’ont pas eu l’honneur et l’avantage d’être de cette promo, Mélou, Ludi, Benouille, Batou, Fred, Djo, Paulette, Camille, Laura, Sandra, Dédé, Tchouk, Rémy Martin, Jwinnie, et pour tous les autres que j’oublie…
A mes petits poulots, je ne citerai personne de peur d’oublier quelqu’un…vous m’avez permis de démarrer chaque année en beauté !!
Et pour mes amis les bêtes, à petites pattes : Nana, Rackam, Saucisse pour votre présence qui a toujours été si réconfortante, et à grandes pattes : Bonaparte, Goldy, Chérubin et Noutlaw pour ces merveilleux moments passés sur votre dos.
13
Table des matières Tables des matières…………………………………………………………………………...13 Liste des illustrations.....……………………………………………………………………...16 Liste des tableaux……………………………………………………………………………..17
Introduction………………………………………………………………………………….19
I. LE CONCOURS COMPLET : CARACTERISTIQUES DE L’EPREUVE ET DU CHEVAL ................................................................................................................................. 21
A. Le concours complet : une épreuve « complète »........................................................... 21
1. Première visite vétérinaire ................................................................................... 21
2. Dressage ............................................................................................................... 21
3. Cross .................................................................................................................... 22
4. Deuxième visite vétérinaire ................................................................................. 24
5. Saut d’obstacles ................................................................................................... 25
B. Le cheval de concours complet ....................................................................................... 25
C. Du jeune cheval au cheval de concours international ..................................................... 26
1. Le jeune cheval de concours complet .................................................................. 26
2. Comparaison de parcours de 2 chevaux de haut niveau en concours complet .... 27
D. L’entraînement du cheval de concours complet et conséquences sur les affections ...... 30
II. LES DOMINANTES PATHOLOGIQUES ET LEUR GESTION .............................. 32
A. Pathologie médicale ........................................................................................................ 32
1. Pathologie musculaire .......................................................................................... 32
a. Quelques notions de physiologie musculaire à l’exercice ............................ 33
b. Rhabdomyolyse induite par l’exercice ......................................................... 36
c. Traitement et prévention de la rhabdomyolyse ............................................. 37
2. Le syndrome d’épuisement .................................................................................. 39
a. Pathogénie ..................................................................................................... 39
b. Signes cliniques ............................................................................................ 41
c. Prévention ..................................................................................................... 41
3. Pathologie respiratoire ......................................................................................... 42
14
a. Voies respiratoires supérieures ..................................................................... 42
b. Voies respiratoires profondes ....................................................................... 49
4. Pathologie cardiaque ............................................................................................ 56
a. Affections pouvant être incompatibles avec un haut niveau en concours complet .......................................................................................................................... 57
b. Affections compatibles avec un haut niveau en concours complet .............. 64
B. Pathologie locomotrice ................................................................................................... 66
1. Pathologie traumatique ........................................................................................ 66
a. Chutes et traumatismes lors de l’épreuve de cross ....................................... 66
b. Prévention des traumatismes ........................................................................ 68
2. Les affections dorsales et cervicales .................................................................... 69
a. Principales affections rencontrées ................................................................ 70
b. Diagnostic clinique et radiologique .............................................................. 76
c. Gestion des affections cervicale et dorsale ................................................... 77
3. Les affections podales .......................................................................................... 79
a. Affections de la boite cornée et équilibre du pied ........................................ 79
b. Syndrome naviculaire ................................................................................... 80
4. Les ostéo-arthropathies dégénératives (OAD) ..................................................... 84
a. Définition et diagnostic des OAD ................................................................ 84
b. Gestion des OAD .......................................................................................... 86
5. Les desmites et tendinites .................................................................................... 86
a. Tendinite du tendon fléchisseur superficiel du doigt .................................... 87
b. Desmite du ligament suspenseur du boulet .................................................. 92
III. SUIVI DU CHEVAL DE CONCOURS COMPLET : ROLE DU VETERINAIRE ET DU CAVALIER ...................................................................................................................... 94
A. La visite d’achat .............................................................................................................. 94
1. Rôles et objectifs de la visite d’achat .................................................................. 94
2. Examen clinique .................................................................................................. 95
B. Bilan type du cheval de concours complet ..................................................................... 97
1. Bilan médical ....................................................................................................... 97
a. Modifications des paramètres sanguins chez le cheval de concours complet 97
15
b. Suivi de la fréquence cardiaque et de la lactatémie ...................................... 99
c. Examen des voies respiratoires ................................................................... 103
d. Examen cardiaque ....................................................................................... 107
2. Bilan locomoteur ............................................................................................... 109
a. Examen statique .......................................................................................... 109
b. Examen dynamique .................................................................................... 111
c. Anesthésies tronculaires ............................................................................. 112
d. Radiographies ............................................................................................. 113
e. Echographie ................................................................................................ 113
f. Autres examens complémentaires ............................................................... 114
g. Bilan examen clinique – imagerie .............................................................. 114
C. Lors des épreuves : récupération active du cheval athlète ............................................ 115
D. Suivi du cheval de concours complet sur une saison .................................................... 116
E. Suivi du cheval de concours complet sur une carrière .................................................. 117
Conclusion…………………………………………………………………………………..119
Références bibliographiques………………………………………………………………120
16
Liste des illustrations :
Photo 1 : Présentation lors d’une visite vétérinaire.
Photo 2 : Cheval de concours complet déroulant une reprise de dressage.
Photo 3 : Cheval sur un obstacle dans un gué
Photo 4 : Cheval sur un obstacle de cross
Photo 5 : Obstacle du Mondial du Lion, Lion d’Angers, 2007
Photo 6 : Cheval sur un parcours de saut d’obstacles
Photo 7 : Cheval A sur un parcours de cross
Photo 8 : Cheval B sur un parcours de cross
Photo 9 : Entrainement des chevaux de l’équipe de France de concours complet sur la plage
de Granville
Photo 10 : Larynx avec abduction totale et symétrique des deux cartilages aryténoïdes
Photo 11 : image endoscopique de larynx présentant un grade 4 d’hémiplégie laryngée
Photos 12 et 13 : images endoscopiques de déplacement dorsal du voile du palais, associé à
une ulcération du voile du palais sur la photo 14
Photos 14 et 15 : comparaison de deux images endoscopiques de trachée, l’une est normale et
l’autre présente des sécrétions.
Photo 16 : cheval présentant de l’épistaxis
Photo 17 : image endoscopique représentant du sang dans une trachée
Photo 18 : exemple de chute sur le parcours de cross
Photo 19 : Réalisation d’un test de flexion de l’encolure
Photo 20 : injection locale de corticostéroïdes et d’anesthésique local
Photo 21 : réalisation d’une mésothérapie en région dorsale
Photo 22 : cheval présentant un profil de tendon normal et un profil caractéristique de
tendinite du fléchisseur superficiel
Photo 23 : Endoscopie à l’exercice sur le tapis roulant de la clinique de Grosbois (SätoI)
Photo 24 : Trotteur équipé d’un endoscope embarqué (Optomed)
Photo 25 : Poney monté et équipé d’un ECG embarqué.
17
Figure 1 : relations entre les différents systèmes de l’organisme afin de permettre les
mouvements du cheval
Figure 2 : diagramme schématique résumant les différentes causes de fatigue
Figure 3 : ECG d’un cheval présentant une fibrillation atriale. On remarque la présence de
multiples ondes f
Figure 4 : ECG d’un cheval présentant un complexe supraventriculaire prématuré
Figure 5 : ECG d’un cheval présentant un complexe ventriculaire prématuré
Figure 6 : radiographies illustrant des conflits de processus épineux au niveau des vertèbres
thoraciques
Figure 7 : radiographies représentant une arthropathie dégénérative modérée de l’articulation
C5-C6
Figure 8 : image échographique représentant de la synovite et du remodelage osseux au
niveau de l’articulation C6-C7 à droite, indiquant une arthropathie modérée
Figure 9 : image échographique représentant une injection échoguidée au niveau de
l’articulation C6-C7
Figure 10 : image d’un fer à oignon
Figures 11 et 12 : images radiographiques : vue tangentielle et vue orientée à 60° illustrant un
syndrome naviculaire
Figure 13 : image d’un fer egg bar shoe compensé en talon
Figure 14 : image radiographique représentant de l’ostéoarthrose sévère en face médiale de
l’articulation métacarpo-phalangienne d’un membre antérieur
Figures 15 et 16 : images échographiques en coupe longitudinale et transversale de tendon
fléchisseur superficiel du doigt
Figure 17 : image échographique de branche latérale du ligament suspenseur du boulet
Figure 18: déplacement à droite de la courbe d’accumulation du lactate en fonction de la
vitesse avec l’entraînement
Figure 19 : décalage à droite de la courbe de fréquence cardiaque en fonction de la vitesse
avec l’entraînement
Liste des tableaux
Tableau 1: Evolution en compétition de deux chevaux de haut niveau de concours complet
Tableau 2. Système de gradation sur un cheval non sédaté
19
Introduction
Les sports équestres ont été crées à l'origine afin de tester les chevaux destinés à la guerre. Le
cheval était à cette époque le principal moyen de transport et ces épreuves permettaient
d’évaluer les capacités endurantes, la soumission et la fiabilité des chevaux dans les armées.
L’ancêtre du concours complet d’équitation, appelé alors concours du cheval d’armes, est
apparu pour la première fois en 1902 à Paris. Il était composé d’une épreuve de dressage,
d’une épreuve d’endurance et d’obstacle sur une distance allant de 30 à 70 km et d’une
épreuve de saut d’obstacles. En 1912, l’équitation militaire fait son apparition aux des Jeux
Olympiques de Stockholm et la France remporte la médaille de bronze dans l’épreuve de
concours complet d’équitation. Cette discipline était surtout réservée aux militaires et est
devenue accessible aux civils à partir de la moitié du vingtième siècle. Elle s’est largement
répandue auprès des cavaliers à partir des années 80.
Le concours complet actuel a évolué et c’est en 1923 que les règles du concours complet tel
que connu actuellement sont définies. Il est constitué de trois épreuves distinctes : une
épreuve de dressage, une épreuve de saut d’obstacles et l’épreuve reine, l’épreuve de cross. Il
est également appelé triathlon équestre. Les caractéristiques de chaque épreuve dépendent du
niveau de l’épreuve considérée. L’épreuve de cross était tout d’abord composée de quatre
phases à enchaîner sans temps d’arrêt : un premier routier, une épreuve de steeple-chase, un
deuxième routier puis le parcours de cross proprement dit. Depuis les Jeux Olympiques
d’Athènes en 2004, le format de l’épreuve de cross a été modifié et seule la dernière phase,
soit le parcours de cross, a été maintenue.
L’ordre des épreuves dépend du niveau de la compétition. Lors des hautes épreuves
internationales, l’ordre est le suivant : dressage, cross et saut d’obstacles. Ceci permet
d’évaluer la soumission du cheval lors du premier test, son endurance et sa force sur le cross
et enfin sa capacité de récupération sur l’épreuve de saut d’obstacles. Les chevaux de
concours complet sont donc des chevaux très polyvalents, présentant des capacités physiques
et mentales hors du commun.
Nous étudierons premièrement dans ce travail les caractéristiques de ce triathlon ainsi que
des chevaux qui y prennent part. Nous aborderons ensuite les différentes affections qui en
découlent, aussi bien d’un point de vue médical que d’un point de vue locomoteur. Ceci nous
permettra d’établir une proposition pour le suivi de cet athlète, depuis le début et tout au long
de sa carrière sportive.
21
I. LE CONCOURS COMPLET : CARACTERISTIQUES DE L’EPREUVE ET DU
CHEVAL
A. Le concours complet : une épreuve « complète »
1. Première visite vétérinaire
Les visites vétérinaires sont à considérer comme des épreuves à part entière. Le rôle de la
première visite est de juger l’aptitude du cheval à prendre le départ. Elle consiste en un
examen général suivi d’un aller retour au trot sur une surface plane et dure (Photo 1). Il faut
donc non seulement pouvoir diagnostiquer une boiterie éventuelle mais également considérer
l’état de chair et la musculature de l’athlète. Il est de la responsabilité du vétérinaire d’évaluer
correctement chaque cheval, et ce pour la sécurité du couple cheval-cavalier.
Photo 1 : Présentation lors d’une visite vétérinaire.
Source : www.google.fr
2. Dressage
Lors de l’épreuve de dressage, le cavalier et sa monture évoluent sur un rectangle de 60m de
longueur sur 20m de largeur et déroulent une reprise (Photo 2). Les enchaînements de figure
sont fixés pour chaque niveau et disponibles dans le règlement national ou international.
22
Les qualités requises afin d’obtenir de bonnes notes sont la soumission, la précision ou encore
les allures du cheval.
Photo 2 : Cheval de concours complet déroulant une reprise de dressage.
Source : www.google.fr
3. Cross
Le cross est l’épreuve reine du concours complet. Elle se déroule dans un cadre naturel, plaine
ou forêt, et consiste à franchir des obstacles fixes. Les obstacles sont de nature très variée, tels
que des trous, des troncs, des gués ou encore des haies (Photos 3 et 4).
23
Photo 3 : Cheval sur un obstacle dans un gué
Source : www.google.fr
Photo 4 : Cheval sur un obstacle de cross
Source : www.google.fr
L’imagination des chefs de piste permet parfois de rencontrer des obstacles originaux (Photo
5)
24
Photo 5 : Obstacle du Mondial du Lion, Lion d’Angers, 2007
Source : www.hiboox.com
Cette étape est éprouvante pour les chevaux car elle combine grande vitesse et franchissement
d’obstacles. C’est également pour cette raison qu’elle constitue un grand risque par les chutes
qu’elle occasionne et les traumatismes qu’elle peut induire au cheval. Par ailleurs, cette
combinaison d’efforts demande une grande endurance de la part de l’athlète. Un entraînement
adapté au préalable est donc nécessaire, afin de ne pas induire d’épuisement et de préserver le
cheval pour l’épreuve de saut d’obstacles.
4. Deuxième visite vétérinaire
Cette deuxième visite a lieu le plus souvent durant la matinée précédent l’épreuve de saut
d’obstacles et se déroule de la même façon que la première. Elle permet de contrôler
l’absence de traumatisme ou de nouvelle boiterie suite à l’épreuve de cross, et donc de juger
de l’aptitude ou non du couple à poursuivre la compétition.
25
5. Saut d’obstacles
Cette épreuve consiste en un enchaînement d’environ 10 obstacles constitués de barres
mobiles, en un temps limité (Photo 6). Elle a surtout pour rôle d’évaluer les capacités de
récupération mentale et physique du cheval suite à l’épreuve de cross.
Photo 6 : Cheval sur un parcours de saut d’obstacles
Source : Audrey Marchand
B. Le cheval de concours complet
Etant donné que le concours complet se compose de trois épreuves différentes, le cheval doit
être polyvalent.
Afin d’obtenir un bon classement au dressage, il doit être énergique avec des allures
rebondissantes mais également faire preuve de soumission et d’écoute vis-à-vis de son
cavalier. Les qualités pour l’épreuve de cross sont une grande classe de galop, de l’endurance,
un bon équilibre et une bonne aptitude à l’obstacle. Un cheval respectueux sera un atout pour
l’épreuve de saut d’obstacles. Mais les qualités premières d’un cheval de concours complet
seront son courage et ses aptitudes mentales car il doit pouvoir aborder des obstacles
inattendus avec un enchaînement inconnu, en faisant confiance à son cavalier 1. Cette dernière
26
qualité doit être innée chez le cheval de complet, au contraire des précédentes qui peuvent
éventuellement se travailler lors de l’entraînement.
D’un point de vue physique, un bon cheval de concours complet aura un dos plutôt long, de
bons aplombs ainsi qu’une cage thoracique développée. Les tendons, ligaments et
articulations doivent être « secs » au début de la carrière d’un cheval de concours complet,
c'est-à-dire ne pas présenter de déformation ou de distension. Ce sujet sera abordé plus
précisément dans la deuxième et la troisième parties de cette étude. La taille idéale du cheval
devrait se trouver autour de 1,65 m mais il ne s’agit pas d’une règle absolue 1. Par ailleurs, les
défauts de conformation sont souvent rédhibitoires dans la pratique à haut niveau du concours
complet, comme par exemple les chevaux droits jointés ou encore panards 1.
Au bilan, les races souvent rencontrées lors des épreuves de concours complet de haut niveau
sont le selle français, l’AQPS, le pur-sang ou encore l’anglo-arabe. Ceci s’explique par les
prédispositions naturelles de certains chevaux : en effet, il est évident que le Quarter Horse ne
dispose pas d’une endurance naturelle, à la différence du cheval arabe 2. Cependant, aucune
race n’est interdite en concours complet.
C. Du jeune cheval au cheval de concours international
1. Le jeune cheval de concours complet
La formation du jeune cheval de concours complet se fait de manière progressive. En effet, il
existe ce que l’on appelle les cycles classiques, qui sont des épreuves adaptées à l’âge du
cheval, allant de 4 à 6 ans. Ces épreuves possèdent leur propre championnat de France, se
déroulant chaque année au mois de septembre au Haras National de Pompadour.
L’épreuve cycles classiques 4 ans se compose d’une épreuve commune dressage-saut
d’obstacles où le cheval évolue sur une carrière, d’abord en effectuant quelques figures puis
en enchaînant un parcours d’obstacles, et une épreuve de cross. Cette dernière permet au
jeune cheval de découvrir les principaux obstacles de cross tels des troncs d’arbre, des trous
ou encore le gué et de vérifier ainsi sa franchise. Les épreuves de 5 et 6 ans se déroulent
comme lors des compétitions habituelles, c'est-à-dire avec une épreuve de dressage, de saut
d’obstacles et de cross.
La difficulté est croissante avec l’âge et les épreuves pour les chevaux de 6 ans ont les mêmes
normes que certaines épreuves PRO, réservées aux cavaliers de niveau professionnel.
27
Ces épreuves permettent une évolution progressive du jeune cheval de concours complet.
Cependant, les chevaux de haut niveau ne sont pas tous passés par ces épreuves pour jeunes
chevaux, comme le démontre le chapitre ci-dessous.
2. Comparaison de parcours de deux chevaux de haut niveau en concours
complet
Dans cette partie, nous montrerons le parcours de deux chevaux ayant été vice champions
d’Europe en 2003 puis champions olympiques aux Jeux Olympiques d’Athènes de 2004 en
concours complet par équipe.
Le cheval A est né en 1994 et a démarré sa carrière en compétition officielle de concours
complet à l’âge de 6 ans en 2000. Il participe cette année là aux championnats du monde des
chevaux de 6 ans, qu’il remporte. L’année suivante, en 2001, il remporte les championnats de
France et les championnats du monde des chevaux de 7 ans. Il démarre à partir de cette année
là sa carrière internationale à haut niveau, qui s’enchaine sur de nombreuses victoires (Photo
7).
Photo 7 : cheval A sur un parcours de cross
Source : www.google.fr
Le cheval B est né en 1992, et a démarré par des concours amateur en saut d’obstacles jusqu’à
ses 7 ans où il a été vendu en cours d’année et a démarré sa carrière en concours complet. Il
participe cette année là à quelques épreuves de concours complet avant de se qualifier pour les
28
championnats du monde des chevaux de 7 ans, où il ne se classe pas. Sa carrière
internationale débute lentement l’année de ses 8 ans (Photo 8).
Photo 8 : Cheval B sur un parcours de cross
Source : www.google.fr
Le tableau ci-dessous représente le parcours de ces deux chevaux, jusqu’à la deuxième place
commune obtenue par équipe aux championnats d’Europe en 2003. L’âge de ces deux
chevaux est espacé de 2 ans, ce qui explique le décalage dans le tableau pour cette
compétition. Cependant, le but de celui-ci est de montrer l’activité de chaque cheval à âge
égal (Tableau 1).
29
Tableau 1: Evolution en compétition de deux chevaux de haut niveau de concours complet
Source : www.ffe.fr
Cheval A
Cheval B
6 ans - Champion du monde des chevaux de 6 ans
Sort en niveau amateur en concours de saut d’obstacles
7 ans Sort en niveau professionnel PRO 2 - Champion de France des chevaux de 7 ans - Champion du monde des chevaux de 7 ans
Est vendu en milieu d’année Se classe en concours complet niveau professionnel PRO 2 N’est pas classé au championnat du monde des chevaux de 7 ans
8 ans Sort en niveau professionnel PRO 1 Victoires en compétitions internationales 2 étoiles
Sort en niveau amateur puis professionnel PRO2 Classé en compétitions internationales 2 étoiles
9 ans Classé en compétitions internationales 3 étoiles - Vice-champion de France PRO 1 - Champion d’Europe individuel - Vice-champion d’Europe par équipe
Sort en niveau professionnel PRO 1 et 2 et en compétitions internationales mais se classe peu de fois
10 ans Classé en niveau professionnel PRO 1 - Participe aux championnats du monde ainsi qu’au concours international 4 étoiles de Badminton (UK)
11 ans - Participe au concours international 4 étoiles de Badminton (UK) - Classé 10ème aux championnats d’Europe individuel - Vice champion d’Europe par équipe
Le parcours de ces deux chevaux est très différent. Cependant ils sont tous deux parvenus au
haut niveau du concours complet français et international, en aboutissant à une médaille d’or
par équipe aux Jeux Olympiques de 2004. Ceci démontre qu’il n’existe pas une voie unique
pour un jeune cheval afin d’atteindre le niveau international.
30
D. L’entraînement du cheval de concours complet et conséquences sur les affections
L’entraînement a pour but d’amener l’organisme à travailler de manière plus efficace. Les
méthodes d’entraînement des athlètes humains se sont énormément développées en parallèle
de la connaissance de la physiologie sportive. Un entraînement bien mené permet
d’augmenter les performances sportives de l’athlète mais également de réduire les risques de
blessures, et donc indirectement de prolonger sa carrière sportive. La longévité d’un cheval
dans le domaine du concours complet n’est pas impossible, comme le prouve l’exemple de
Charisma, monture du cavalier Mark Todd, et qui a été double champion olympique à l’âge de
12 et 16 ans ! En effet, par exemple, la qualité du sol sur lequel le cheval va travailler est très
importante : utiliser uniquement un sol artificiel n’est pas conseillé car ceci prédispose à
certaines pathologies lorsque le cheval se retrouvera sur un sol naturel en compétition1 (Photo
9).
Photo 9 : Entrainement des chevaux de l’équipe de France de concours complet sur la plage
de Granville
Source : Barbara Conin
31
Les entraînements modernes se composent principalement de trois phases.
La première consiste à développer les capacités endurantes du cheval. Elle repose sur un
travail de longue durée et d’intensité modérée 3.
La seconde, aussi appelée « mise en souffle », consiste à augmenter progressivement
l’intensité de l’effort, jusqu’à atteindre le niveau demandé en compétition. L’objectif est de
développer la capacité aérobie du cheval et cette phase de l’entraînement peut être contrôlée à
l’aide d’une mesure de la lactatémie en fin d’effort. L’exercice recherché étant un exercice
aérobie, la lactatémie ne devra pas être inférieure à 4 mmol/L.,
La troisième, consiste en un travail par intervalle, composé d’exercices d’intensité maximale
mais de courte durée.
Les méthodes de travail varient d’un entraîneur à l’autre mais également d’un cheval à l’autre.
Galloux 3 recommande par exemple un travail strictement aérobie pour l’entraînement d’un
cheval de 5 ans, tandis que pour un cheval de niveau international, il pourra être composé de
40% de travail d’endurance, 40% de mise en souffle et de 20% d’exercice d’intensité
maximale.
Les différents buts de l’entraînement sont de développer les capacités du métabolisme
aérobie, d’améliorer l’utilisation de l’acide lactique, d’augmenter l’utilisation des ressources
en glycogène et de donner la capacité au cheval de fournir un effort plus intense. Un travail
efficace permettra donc de sélectionner les fibres musculaires adéquates, d’améliorer le
transport et les échanges du lactate et d’augmenter les réserves énergétiques 3. Afin de
constater une progression dans l’entraînement du cheval, l’auteur recommande d’effectuer des
sessions de travail de manière répétitive et proches dans le temps, sans pour autant aller
jusqu’à l’état de fatigue. Afin d’éviter cette condition, il est important de relever les valeurs de
fréquence cardiaque et de lactatémie lors de travail conséquent. Des valeurs anormales
peuvent indiquer l’existence d’une fatigue , qui doit alors aboutir à une réduction de
l’intensité du travail jusqu’à obtention d’un nouvel équilibre physiologique du cheval 3.
Relever ces valeurs lors de compétition est un bon moyen de diagnostiquer si l’entraînement
mis en place est adapté et efficace dans la préparation du cheval.
32
II. LES DOMINANTES PATHOLOGIQUES ET LEUR GESTION
A. Pathologie médicale
1. Pathologie musculaire
La musculature du cheval est particulièrement développée et représente plus de la moitié du
poids d’un cheval à l’entraînement4 . Les différents métabolites et l’oxygène parviennent aux
muscles grâces aux systèmes respiratoire et cardiovasculaire et les cellules musculaires
produisent alors de l’énergie sous forme d’adénosine triphosphate (ATP) qui sera convertie en
énergie mécanique afin d’aboutir à une contraction musculaire (Figure 1).
Figure 1 : relations entre les différents systèmes de l’organisme afin de permettre les
mouvements du cheval, d’après Rivero et Piercy4
33
Il s’agit donc d’un système particulièrement important chez les chevaux athlètes et
notamment chez les chevaux de concours complet qui ont différentes épreuves sur plusieurs
jours.
a. Quelques notions de physiologie musculaire à l’exercice
Base de la physiologie des fibres musculaires
Le muscle est composé de différents types de fibres musculaires, qui diffèrent de part leur
morphologie, leur physiologie et leurs propriétés biochimiques. Ces différences sont à la base
de la classification de ces fibres en 3 sous-groupes : I, IIA et IIX 4.
Les fibres I hydrolysent l’ATP lentement, d’où une contraction optimale plus tardive. Ces
fibres possèdent une densité importante de capillaires sanguins périphériques et une haute
capacité oxydative. Elles ont également une activité augmentée des enzymes du cycle de
Krebs. Par contre, leur capacité glycolytique et leur contenu en glycogène sont faibles. Toutes
ces propriétés en font des fibres adaptées à l’effort d’endurance.
Les fibres IIX, au contraire, ont une force de tension et une vitesse de contraction supérieures,
mais elles sont moins résistantes à la fatigue. Elles contiennent majoritairement des substrats
rapidement métabolisables et ont une capacité supérieure pour utiliser le glycogène, réaliser la
glycolyse anaérobie et synthétiser du lactate. Toutes ces propriétés en font des fibres adaptées
à un effort rapide, comme un sprint. Les fibres IIA semblent avoir des propriétés
intermédiaires aux fibres I et IIX.
Dépendant de la race du cheval, la proportion des différentes fibres va différer : un cheval
Arabe aura proportionnellement plus de fibres I adaptées à l’endurance qu’un Quarter Horse
qui aura au contraire plus de fibres II. Tous les types de fibres sont présents dans chaque
muscle mais en proportion différente selon les muscles et également au sein du muscle même.
Relation avec la performance
La performance est en partie reliée aux caractéristiques musculaires du cheval. De façon non
surprenante, l’endurance est corrélée à une proportion élevée de fibres I et IIA et une activité
34
importante des enzymes oxydatives tandis que pour une activité de sprint, on retrouvera
majoritairement des fibres IIX. On comprend ainsi aisément que certaines races sont
naturellement endurantes et sont donc des races intéressantes dans un objectif de compétition
en concours complet.
Les différentes voies métaboliques au cours de l’effort
Il existe différentes voies métaboliques possibles afin de fournir de l’ATP à la cellule
musculaire dans le but de la convertir en énergie mécanique et de provoquer ainsi la
contraction du muscle et le mouvement du cheval. Les voies sont différentes en fonction des
substrats énergétiques qui sont l’ATP intramusculaire, les réserves intramusculaires de
créatine phosphate, les réserves de glycogène et de triglycérides, le glucose, les acides gras
non estérifiés et les protéines.
En début d’effort, toutes les voies métaboliques interviennent en parallèle. Cependant, leur
contribution respective varie au cours du temps et en fonction des besoins en énergie. Ce sont
les réserves d’ATP intramusculaire qui vont être utilisées les premières mais ces réserves sont
épuisées en quelques secondes. La phosphorylation anaérobie à partir de la créatine phosphate
prend le relai pour quelques secondes supplémentaires. Il s’agit de la voie anaérobie alactique
Intervient ensuite la glycolyse qui fournit de l’énergie par la voie anaérobie lactique. Celle-ci
permet de fournir de l’ATP en quantité importante à partir de molécules de glucose et de
glycogène et en aboutissant à la formation de pyruvate et du cofacteur NADH-H+. La
glycolyse démarre plus tôt que la voie aérobie pour des raisons de cinématique enzymatique,
ce qui aboutit à une formation précoce de lactate au début de l’effort. Au-delà de quelques
minutes, les voies aérobies se mettent en place et deviennent majoritaires sur les autres voies
métaboliques. Elles permettent également la réutilisation du lactate précoce. Si l’exercice
reste submaximal, la voie aérobie reste prioritaire et la lactatémie reste stable.
La VO2 max ou consommation maximale d’oxygène est le volume maximal d'oxygène qu'un
organisme peut consommer par unité de temps lors d'un effort. Avant 85% de la VO2 max, la
production d’ATP proviendrait de la β-oxydation des acides gras non estérifiés et de
l’oxydation des glucides en proportion variable, par la voie aérobie. Au delà de 85% de la
VO2max, l’organisme doit s’adapter et recrute alors les fibres II, dont nous avons vu
précédemment qu’elles étaient à haut pouvoir glycolytique. La contribution de la glycolyse
devient alors importante, augmentant la participation de la voie anaérobie lactique (Figure 2).
Cependant, à ce stade, la lactatémie reste à un niveau stable grâce aux mécanismes de
35
reconsommation du lactate. Si l’exercice s’intensifie encore plus, la contribution de la voie
anaérobie devient très importante et la production de lactate dépasse son élimination et de
dernier s’accumule, créant une diminution du pH et une acidose locale.
La déplétion en glycogène intramusculaire, puis en ATP associées à l’installation d’une
acidose contribue à la mise en place progressive d’un état de fatigue musculaire.
Figure 2 : diagramme schématique résumant les différentes causes de fatigue musculaire, adapté d’après Rivero et Piercy 4
Il est important que cet état de fatigue ne s’installe pas lors d’une épreuve de cross, car il peut
aboutir à des myalgies puis des lésions musculaires si l’exercice se poursuit et ainsi
endommager la suite de l’épreuve et même la suite de la saison pour le couple.
L’entraînement a un rôle prépondérant dans la prévention de la fatigue musculaire.
Effet de l’entrainement sur la fonction musculaire
En fonction de la nature de l’entraînement imposé au cheval, la réponse adaptative musculaire
peut être de trois types : une hypertrophie musculaire, une modification des propriétés
enzymatiques et biochimiques des myofibrilles ou les deux en même temps.
L’hypertrophie musculaire peut s’expliquer par une hypertrophie vraie ou par une
augmentation de taille des myofibrilles mais également par une hyperplasie c'est-à-dire une
augmentation du nombre de myofibrilles4.
Exercice aérobie Exercice anaérobie
- hyperthermie - déshydratation - électrolytes - manque de motivation
- déplétion en glycogène
- acidose - déplétion en ATP
VO2max 65% 85%
36
Une des adaptations musculaires apparaissant le plus tôt est une augmentation de la densité
mitochondriale et capillaire au sein du muscle. Ceci résulte d’une part en une meilleure
oxygénation du muscle et une élimination plus efficace des déchets métaboliques, et, d’autre
part, en une amélioration de la capacité aérobie de manière générale4.
La capacité oxydative des fibres augmente avec une activation des enzymes des filières
énergétiques aérobies. Ceci permet d’augmenter la part des voies aérobies lors de l’effort, au
détriment des voies anaérobies, ce qui permet de retarder la fatigue. On peut également noter
une légère augmentation des réserves intramusculaires en glycogène 5.
Toutes ces adaptations musculaires lors de l’entraînement permettent d’améliorer les
capacités aérobies du cheval et ainsi augmentent sa résistance à la fatigue. Ceci est
particulièrement important dans la prévention des dommages musculaires. Un entraînement
adapté réduit l’apparition des myalgies suite à l’épreuve de cross et améliore la condition
physique du cheval pour l’épreuve de saut d’obstacles du lendemain. Un arrêt de
l’entraînement aurait pour conséquence un retour à des capacités musculaires égales à celles
présentes avant l’entraînement.
b. Rhabdomyolyse induite par l’exercice
La rhabdomyolyse induite par l’exercice se définit par un syndrome clinique se traduisant par
une douleur musculaire associée à l’exercice Ce syndrome a pour conséquence une baisse des
performances du cheval voire un arrête de sa carrière sportive 6. Il existe deux catégories de
rhabdomyolyses à l’exercice : les rhabdomyolyses sporadiques et les rhabdomyolyses
chroniques.
Les rhabdomyolyses de type sporadiques surviennent chez les chevaux qui effectuent un
effort trop intense en regard de leur condition physique, soit dans la durée soit dans l’intensité 6. Ces épisodes peuvent être dus à des déséquilibres électrolytiques ou en vitamine E et
sélénium, un surentrainement ou encore un épisode infectieux récent 6.
Les rhabdomyolyses de type chronique sont dues à des anomalies héréditaires telles que la
myopathie à stockage de polysaccharides (PSSM) due à une accumulation excessive de
glycogène et d’un polysaccharide anormal au niveau des fibres musculaires, ou la
Rhabdomyolyse Récurrente à l’Exercice (RER), due à un défaut de régulation du calcium
intracellulaire. Cette dernière survient surtout lors d’exercice d’intensité modérée mais avec
une durée prolongée 7.
37
Une étude sur l’épidémiologie des facteurs influençant l’apparition de la rhabdomyolyse à
l’exercice démontre que celle-ci est plus fréquente chez les chevaux nerveux, et donc souvent
plus jeunes, sous un régime avec un excès de glucides, ayant été au repos plus d’un jour avant
un gros effort, ou encore présentant une boiterie, même discrète 8. Ces facteurs sont
importants à prendre en compte et seront discutés de manière plus approfondie dans le
paragraphe abordant la gestion de la rhabdomyolyse.
Avant, lorsque l’épreuve de steeple-chase existait toujours dans l’épreuve de concours
complet, les signes cliniques apparaissaient souvent dans les 10 minutes entre l’arrivée du
deuxième routier et le départ du cross, c'est-à-dire entre la phase C et la phase D 9. Maintenant
que cette étape a disparu, les signes cliniques sont à surveiller dans les minutes qui suivent
l’épreuve de cross. Ces signes peuvent être des douleurs musculaires, de la transpiration, un
refus du cheval à se déplacer et une myoglobinurie. Un bilan sanguin révèlera une
augmentation de la créatine kinase (CK) et de l’aspartate aminotransférase (AST) sériques. En
effet, lors de l’exercice, la perméabilité de la membrane de la cellule musculaire augmente et
certaines protéines musculaires telles que la CK ou encore l’AST peuvent passer dans le
sérum. La cellule peut être détruite en cas de lésions musculaires importantes, ce qui explique
les signes cliniques cités plus haut. Lors de lésions musculaires, la CK augmente jusqu’à un
pic sérique dans les 4 à 6 heures suivant l’effort, et est censée revenir dans les normes en 24 à
96 heures. Au contraire, l’AST présente un pic sérique 24 heures après l’exercice et peut
revenir dans les normes plusieurs semaines après. Ces enzymes sont très utiles dans le
diagnostic et le suivi d’un épisode de rhabdomyolyse.
c. Traitement et prévention de la rhabdomyolyse
Traitement et gestion
La rhabdomyolyse à l’exercice est une affection très douloureuse pour le cheval et est
rédhibitoire pour la suite de la compétition si le cheval présente des symptômes suite à
l’épreuve de cross. Face à une crise de rhabdomyolyse, le traitement repose sur une
fluidothérapie, l’utilisation de tranquillisants, de relaxants musculaires et d’anti-
inflammatoires non stéroïdiens ainsi que du repos pour quelques jours.
La gestion par la suite est différente suivant le type de rhabdomyolyse en cause.
Lors de rhabdomyolyse sporadique, le cheval peut être remis au travail si les CK diminuent
rapidement et surtout, si le cheval est normal d’un point de vue clinique. Dans le cas contraire,
38
le cheval doit être maintenu au repos. Le suivi des enzymes musculaires lors de la reprise du
travail permet de s’assurer que celles-ci ne remontent pas de nouveau 6. Lorsque la clinique
du cheval le permet, la reprise rapide du travail réduit le risque de nouvelle crise 10.
Lors de problème chronique, la reprise du travail doit être effectuée dès que la clinique le
permet, même si la quantité de travail est minime (quelques minutes de trot en longe par jour) 6. La période de repos de devrait pas excéder 24 heures. Il est important d’augmenter
progressivement la quantité de travail du cheval chaque jour de façon très progressive. Ceci
permet d’améliorer le métabolisme oxydatif et d’augmenter l’utilisation de glycogène. Par
ailleurs, le cheval atteint doit être mis le plus souvent possible dans un paddock et les périodes
de box ne devraient pas excéder douze heures 11.
Prévention
Concernant la prévention de cette affection, il est possible d’agir sur de nombreux points.
Tout d’abord, il convient de réduire le stress dans l’environnement des chevaux en installant
une routine quotidienne. Ensuite, le régime alimentaire doit être adapté : il peut être
complémenté en vitamines, tels que la vitamine E, en oligoéléments tels que le sélénium et en
minéraux. Mais surtout il devra être riche en acides gras et pauvre en glucides. En effet, une
étude sur des chevaux avec un historique de rhabdomyolyse a été effectuée, en réalisant des
mesures de CK et AST ainsi que des biopsies musculaires suite à un exercice, avant et après
un régime de 6 mois pauvre en glucides et riche en acides gras. Les 19 chevaux de l’étude
étaient atteints de RER et présentaient des anomalies sur les biopsies musculaires réalisées
avant le régime alimentaire. Durant la période de régime, seuls trois chevaux ont montré de
légers signes de myopathie, soit suite à une réduction d’ingestion de la nourriture, soit suite à
une période de repos. Par ailleurs, les valeurs en CK et AST suite à un effort étaient
significativement diminuées après la période de régime 12. Ces résultats montrent bien
l’importance du régime alimentaire dans la prévention de la rhabdomyolyse.
Afin d’augmenter l’apport énergétique de la ration sans augmenter la proportion de glucides,
il est possible de les remplacer par des matières grasses telles que de l’huile végétale (maïs,
colza ou encore tournesol) ou de la cellulose digestible retrouvée par exemple dans le foin de
très bonne qualité 6.
L’utilisation de Dantrolène ND une heure avant l’exercice est également décrite dans la
prévention de la RER. Cependant, il s’agit d’une molécule qui devient rapidement très
couteuse lors d’une utilisation régulière et qui est notamment interdite en compétition.
39
Un exercice quotidien, même léger est très important pour la prévention des myopathies à
l’exercice. En effet, leur prévalence est augmentée lorsque le cheval n’a pas travaillé pendant
une journée ou plus avant un exercice important5,8. Par ailleurs, un échauffement prolongé
avec des phases de stretching ainsi qu’une phase de récupération active après l’exercice
permet de réduire l’incidence des crises de rhabdomyolyse 6.
La prévention des myopathies à l’exercice repose donc non pas sur un point particulier mais
sur un ensemble de facteurs : l’environnement, l’alimentation, le travail…qui permettent un
effort musculaire préparé et raisonné lors d’une épreuve importante.
2. Le syndrome d’épuisement
Le cheval de concours complet, tout comme le cheval d’endurance, peut être soumis lors de
l’effort à une importante fatigue musculaire et des déséquilibres hydriques et électrolytiques,
résultant de la sudation. Ces modifications peuvent devenir sévères et menaçantes pour la vie
du cheval 2.
a. Pathogénie
Déséquilibres hydriques et électrolytiques
Le cheval de concours complet est soumis à une sudation très importante lors de l’épreuve de
cross. En effet, elle est responsable de 90% de la perte de poids due à cet exercice et les
chevaux ne retrouvent pas leur poids d’origine avant minimum 24h après l’exercice 2,13. En
raison d’une perte importante d’eau et d’ions, le cheval peut être soumis à des problèmes de
santé et de contre-performance. Andrews et al.14 a quantifié les pertes hydriques suite à une
épreuve de cross : elles étaient en moyenne de 15 ± 6 ,6L à la sortie du cross et de 8,3 ± 5,5L
le lendemain matin du cross ! Quant aux électrolytes, les changements observés consistent en
une perte d’eau, Na+ et Cl- dans le compartiment extracellulaire, ce qui est compensé par une
perte d’eau et de K+ dans le compartiment intracellulaire 15.
Ces déficits sont évidemment plus importants lors de l’épreuve de cross. Ils augmentent avec
la difficulté et la longueur du cross, ainsi qu’avec la chaleur et l’humidité de l’environnement.
Une étude effectuée par Geor et al.16 a montré qu’il fallait quatorze jours à un cheval pour
s’habituer et s’adapter à une température et un taux d’humidité plus importants que sur son
lieu habituel d’entraînement.. Ceci s’applique particulièrement aux chevaux de niveau
40
international qui effectuent beaucoup de déplacements. En effet, si les conditions ne sont pas
favorables, ces déficits ne sont alors pas à négliger lors de l’épreuve de dressage et doivent
être rétablis avant l’épreuve de cross afin de ne pas affecter la thermorégulation et ainsi les
performances et la santé du cheval15. Il est en de même après le cross afin d’obtenir une bonne
récupération pour l’épreuve de saut d’obstacles. En effet, les pertes hydriques et cationiques
peuvent persister pendant 12 à 24h 14,17. Si le cheval n’arrive pas à compenser, cette situation
peut aboutir à l’apparition du syndrome d’épuisement.
Réserves énergétiques
La molécule utilisée par le muscle pour produire de l’énergie mécanique est la molécule
d’ATP. Celle-ci est synthétisée, suite à un processus aérobie ou anaérobie, à partir du glucose.
Dans le sang circule du glucose libre mais ce dernier peut également être stocké dans certains
organes tels que le foie ou les muscles. Lors de l’exercice, le glycogène subit une
glycogénolyse afin de fournir le glucose nécessaire à l’effort musculaire. Le glycogène sera
d’abord utilisé par les fibres musculaires de type I puis si l’exercice se poursuit, par les fibres
de type II, notamment si l’intensité de l’exercice augmente.
Si la totalité du stock de glycogène a été utilisé, l’exercice musculaire ralentit voire s’arrête,
ce qui se traduit par une incapacité du cheval à poursuivre l’effort demandé.
Boiterie discrète
Une boiterie discrète peut également favoriser l’apparition du syndrome d’épuisement. En
effet, le cheval aura alors tendance à utiliser de manière excessive certains muscles, ou à faire
travailler des groupes de muscles différents qui ne seront pas habitués à un tel exercice, et ceci
peut se traduire par une myopathie à l’exercice, localisée ou non. Une conséquence de cette
boiterie sera également la libération de catécholamines et de cortisol circulants, entrainant une
vasoconstriction périphérique et donc un risque de fourbure, d’autant plus important s’il est
accompagné d’un choc hypovolémique.
41
b. Signes cliniques
Les signes cliniques seront une hyperthermie, une tachycardie et une tachypnée, de la
dépression et une anorexie, même hydrique, de la déshydratation et une incapacité à
poursuivre le moindre exercice.
c. Prévention
Afin de prévenir les conséquences dramatiques que pourrait avoir une déshydratation et un
déséquilibre électrolytique trop importants, il est possible de donner une solution
d’électrolytes avant le cross, sous forme de pâte ou dans la nourriture, et de vérifier que le
cheval boive bien avant le concours, en surveillant sa consommation d’eau. Un simple bloc de
sel à disposition du cheval est souvent insuffisant. Le gros intestin jouant un rôle de réservoir
pour les fluides et les ions, il peut combler certains déficits lors de l’effort 17 Il est également
possible d’en administrer après l’effort mais ceci ne sera utile et efficace que si le cheval boit
suffisamment en parallèle 2.
La meilleure prévention reste d’arriver en compétition avec un cheval entraîné correctement
pour l’épreuve qu’il se prépare à concourir. Une bonne connaissance du cheval par son
cavalier permettra à ce dernier de détecter une faiblesse de la part de son cheval, qui sera
potentiellement un signe annonceur de l’épuisement Le contrôle du poids du cheval et
l’estimation d’un « poids de forme » auquel le cheval est performant seront également très
importants.
Le meilleur traitement est une réhydratation importante avec des fluides isotoniques. Le plus
souvent, les signes cliniques régressent suite à une fluidothérapie suffisante, ce qui peut aller
jusqu’à 60 à 80L administrés en 6 à 12h.
42
3. Pathologie respiratoire
L’appareil respiratoire est le deuxième appareil limitant dans la performance du cheval, après
l’appareil locomoteur.
a. Voies respiratoires supérieures
Hémiplégie laryngée
Définition
L’hémiplégie laryngée (HL) se caractérise par une parésie d’un ou des 2 cartilages
aryténoïdes du larynx, ce qui se traduit par une abduction incomplète du cartilage. Il existe
différents grades d’hémiplégie laryngée suivant la gravité de cette parésie (Tableau 2).
L’hémiplégie laryngée est due à une atteinte du nerf laryngé récurrent (NLR). Dans plus de
95% des cas, il s’agit du NLR gauche qui est atteint, et donc le cartilage aryténoïde gauche
qui est parésique. Plus rarement, l’atteinte peut être à droite voire bilatérale 18.
Il existe différentes étiologies de l’hémiplégie laryngée, la plus fréquente et de loin étant
l’hémiplégie laryngée idiopathique. Celle-ci est causée par une dégénération distale du NLR,
d’étiologie inconnue19. On peut observer une amyotrophie chronique de la musculature
laryngée, notamment du muscle cricoaryténoïdien dorsal, ce qui résulte en une perte
progressive de la capacité abductrice et adductrice du larynx20. Mais l’hémiplégie laryngée
peut également être due à une mycose des poches gutturales, une lésion du NLR par injection
périvasculaire d’un produit irritant, un traumatisme, un processus néoplasique, un
empoisonnement aux organophosphorés, une anesthésie générale…et dans ces cas là,
l’apparition se fera au contraire de manière aigue.
Signes cliniques
Le signe clinique le plus souvent rapporté par les propriétaires va être un bruit inspiratoire,
amplifié par l’exercice, qui se rapproche d’un bruit de ronflement. Les chevaux sont alors dits
« corneurs ». Ce bruit est du à une turbulence de l’air créée lorsque celui-ci passe au niveau de
la corde vocale et du ventricule affectés, ce qui agit en quelque sorte comme une caisse de
résonnance. Selon une étude rétrospective sur 375 cas référés d’hémiplégie laryngée,
l’apparition du bruit peut se faire à différentes étapes de l’exercice même si elle se fait le plus
43
souvent lors du galop ou d’un exercice soutenu19. Il est par ailleurs souvent difficile pour les
cavaliers d’établir le moment d’apparition du bruit dans le cycle respiratoire.
Il existe des chevaux atteints d’HL et qui ne présentent pas de bruit inspiratoire, un signe
d’appel peut être alors une contre-performance ou une mauvaise récupération générale et
notamment respiratoire après l’effort. La même étude que ci-dessus rapporte 90% de chevaux
présentant un bruit respiratoire à l’effort, les autres ayant été présentés pour contre-
performance uniquement 19. Si aucun bruit inspiratoire n’est rapporté par le cavalier, un
examen physique peut également orienter vers une HL. En effet, comme vu précédemment, le
muscle cricoaryténoïdien dorsal est atrophié et ceci peut être diagnostiqué à la palpation du
larynx. Dans une étude réalisée sur 600 chevaux, 79% des chevaux avec un collapsus laryngé
présentaient une atrophie de ce muscle. Cependant, le diagnostic de certitude reste
l’endoscopie des voies respiratoires 21 .
Examens complémentaires
L’examen complémentaire de choix est l’endoscopie des voies respiratoires supérieures du
cheval. Après avoir positionné l’endoscope de façon à bien visualiser les 2 aryténoïdes, il
s’agit de les observer attentivement afin d’évaluer la symétrie lors de l’abduction des 2
cartilages (Photos 10 et 11). Il est ensuite possible de boucher les 2 naseaux du cheval afin
d’amplifier les mouvements des aryténoïdes. L’idéal pour le diagnostic, afin de déterminer le
réel impact de la pathologie sur les performances du cheval, est de réaliser une endoscopie sur
tapis roulant ou à l’aide d’un endoscope embarqué, qui se rapproche encore plus des
conditions réelles de l’exercice. En effet, un cheval ne présentera pas toujours le même grade
d’HL au repos et à l’effort et il est important de savoir si ce qui a été observé au repos comme
une anomalie structurelle est également une anomalie fonctionnelle lors de l’exercice 22. S’il
n’est pas possible de tester le cheval sur un tapis roulant ou à l’aide d’un endoscope
embarqué, une endoscopie peut être réalisée juste après l’effort.
Il existe une classification des différents stades d’hémiplégie laryngée, établie en 4 grades
(Tableau 2)
44
Tableau 2. Système de gradation sur un cheval non sédaté, d’après Dixon et al. 23
Grade Description Sous-grade
Description
I Les mouvements des cartilages aryténoïdes sont synchrones et symétriques. Une abduction complète peut être atteinte et maintenue
II Les mouvements des cartilages aryténoïdes sont asynchrones et/ou le larynx est asymétrique. Toutefois, une abduction totale des cartilages aryténoïdes peut être atteinte et maintenue
1 Asynchronisme transitoire, mouvements décalés
2 Asymétrie le plus souvent due à une mobilité réduite du cartilage aryténoïde concerné et des cordes vocales. Cependant, à certaines occasions, notamment après la déglutition ou l’occlusion nasale, l’abduction complète et symétrique peut être obtenue et maintenue
III Les mouvements des cartilages aryténoïdes sont asynchrones et/ou le larynx est asymétrique. L’abduction totale des cartilages aryténoïdes ne peut pas être atteinte et maintenue
1
Asymétrie le plus souvent due à une mobilité réduite du cartilage aryténoïde concerné et des cordes vocales. Cependant, à certaines occasions, notamment après la déglutition ou l’occlusion nasale, l’abduction complète et symétrique peut être obtenue mais non maintenue
2
Déficit d’abduction et asymétrie de l’aryténoïde. L’abduction totale n’est jamais atteinte.
3
Déficit d’abduction marquée mais non totale et asymétrie avec de petits mouvements de l’aryténoïde. L’abduction totale n’est jamais atteinte.
IV Immobilité totale du cartilage aryténoïde et des cordes vocales
45
Photo 10 : Larynx avec abduction totale et symétrique des deux cartilages aryténoïdes Source : Faculté de Médecine Vétérinaire de Montréal
Photos 11 : image endoscopique de larynx présentant un grade 4 d’hémiplégie laryngée Source : Faculté de Médecine Vétérinaire de Montréal
Cependant, d’après l’étude de Lane et al.22, réalisée sur 600 chevaux atteints d’hémiplégie
laryngée, il existe pour cette pathologie une bonne corrélation entre le repos et l’effort.
Il faut aussi prêter attention aux maladies intercurrentes. En effet, dans l’étude de Dixon et
al.19 , 40% des chevaux atteints d’HL présentent au moins une autre pathologie associée,
d’ordre respiratoire, cardiaque, locomoteur ou encore gastro-intestinale. Ceci démontre bien
l’intérêt d’effectuer un examen approfondi lors d’une visite pour contre-performance car
lorsque le cheval présente différentes affections, il est difficile de savoir laquelle est
réellement en cause 24.
46
Cependant, même en évaluant uniquement la pathologie respiratoire, certains chevaux
peuvent présenter plusieurs affections simultanément 21 .
Gestion
Si l’hémiplégie laryngée gêne réellement le cheval dans l’effort, une gestion chirurgicale est
possible afin de créer une abduction artificielle du cartilage aryténoïde parésique, permettant
une ouverture laryngée plus grande. Ceci permet également de réduire les bruits respiratoires
dus à l’hémiplégie laryngée. En effet, ceci est d’autant plus important que certains
propriétaires viennent plus pour cette dernière raison que pour une réelle contre-
performance25.
Il existe différentes procédures afin de traiter l’hémiplégie laryngée : la laryngoplastie, la
ventriculectomie, la ventriculocordectomie, et parfois l’arytenoidectomie ou une greffe d’un
pédicule neuromusculaire 20. Les chirurgies ne sont pas des procédures sans conséquence et il
est donc important de s’assurer de la nécessité de cette opération.
S’il y a évidence d’une réduction importante de l’ouverture laryngée, il est possible de réaliser
une laryngoplastie : ceci consiste à mettre en place une prothèse entre le cartilage aryténoïde
et le cricoïde, ce qui va crée une abduction permanente de l’aryténoïde atteint. Cette
procédure peut être associée à une ventriculectomie ou une ventriculocordectomie mais il
n’est pas prouvé que cette association augmente la durée d’action de la prothèse, ni que cela
améliore le passage de l’air dans les voies respiratoires supérieures.
Comme vu précédemment, certains propriétaires souhaitent opérer leur cheval plus en raison
d’un bruit inspiratoire que d’une réelle contre-performance. Par ailleurs, il est vrai que ce
bruit peut être pénalisant lors de l’épreuve de dressage. Une étude a montré qu’une
ventriculocordectomie simple, bilatérale réduisait le bruit inspiratoire dans les 90 jours
suivant la chirurgie 25. Cette procédure peut être réalisée sur cheval debout et ceci s’avère
d’autant plus intéressante que les complications postopératoires de la laryngoplastie ne sont
pas anodines : dysphagie, pneumonie par fausse déglutition, toux chronique, infection de plaie
ou encore rupture de la prothèse.
Cependant, même après une laryngoplastie, le pronostic reste réservé pour un retour à 100%
des performances du cheval 20 .
47
Déplacement dorsal du voile du palais
Définition
Le voile du palais est normalement positionné ventralement à l’épiglotte. Lors de la
déglutition, celui-ci se déplace dorsalement et l’épiglotte recouvre les aryténoïdes en
adduction, et les cordes vocales, ceci afin d’éviter tout passage de salive ou de nourriture dans
les voies respiratoires profondes.
Un positionnement permanent du voile du palais en face dorsale de l’épiglotte est anormal.
On dit alors que le cheval présente un déplacement dorsal du voile du palais (DDVP).
Si le DDVP est visible même au repos, il existe probablement un phénomène inflammatoire
ou mécanique en cause tel qu’un kyste sous épiglottique, un entrapement de l’épiglotte, une
inflammation de l’épiglotte… Mais dans la majorité des cas, il n’y aura aucune anomalie
visible au repos et le DDVP apparaitra uniquement lors d’un effort important. L’étiologie
dans ce cas reste encore assez floue. Le déplacement est alors dit intermittent.
Signes cliniques
Le signe clinique souvent rapporté va être un bruit respiratoire et une tolérance à l’exercice
réduite. Le bruit respiratoire a une composante inspiratoire et expiratoire mais la dernière
composante est la plus importante. Ce bruit apparaît le plus souvent à l’exercice mais il peut
occasionnellement être présent au repos. Il est également rapporté des cas de chevaux qui
s’arrêtent en fin d’exercice, comme s’ils n’avaient plus d’air. Ceci est dû à une occlusion
totale du passage de l’air dans le nasopharynx.
Cette pathologie est donc handicapante pour un cheval de concours complet qui doit effectuer
un effort particulièrement important lors de l’épreuve de cross, et qui ne peut pas se contenter
d’une oxygénation insuffisante, notamment en fin d’exercice.
Examens complémentaires
De même que pour l’hémiplégie laryngée, l’examen complémentaire de choix va être
l’endoscopie des voies respiratoires supérieures. L’endoscope sera placé à l’entrée du
nasopharynx afin de visualiser correctement l’épiglotte et le voile du palais dans leur
ensemble. Etant donné le caractère intermittent du déplacement, le diagnostic au repos est
48
souvent difficile. Certains signes peuvent être évocateurs tels qu’une instabilité du voile du
palais ou un déplacement lors d’occlusion nasale ou de déglutition, une ulcération du bord
caudal du voile du palais, une épiglotte flaccide ou hypoplasique... 22,26 (Photos 12 et 13)
Photos 12 et 13 : images endoscopiques de déplacement dorsal du voile du palais, associé à une ulcération du voile du palais sur la photo 14
Source : Faculté de Médecine Vétérinaire de Montréal
Il faut être prudent car la sédation peut provoquer un DDVP chez un cheval sain. Il est donc
préférable de pratiquer cet examen sur un cheval non sédaté. L’idéal est de réaliser une
endoscopie sur tapis roulant ou à l’aide d’un endoscope embarqué. En l’absence de moyens de
diagnostic à l’effort, le diagnostic se fera subjectivement sur l’historique et l’endoscopie au
repos.
L’étude de Lane et al. 22 précédemment citée dans le chapitre sur l’hémiplégie laryngée, a
permis de mettre en évidence une réelle différence entre les observations endoscopiques au
repos et à l’effort : 85% des chevaux asymptomatiques au repos déplaçaient leur voile du
palais à l’effort
Gestion
Si une cause inflammatoire ou mécanique est mise en cause, il faut traiter celle-ci car elle peut
être à l’origine du DDVP. Si aucune étiologie ne peut être mise en évidence et si le
déplacement n’apparaît qu’à l’effort, un traitement chirurgical peut être effectué. Il existe
49
différentes procédures pouvant être réalisées : une staphylectomie, ou résection partielle du
voile du palais (pour les voiles du palais particulièrement longs, ce qui est une condition assez
rare) ; une myectomie partielle et une ténectomie du muscle sternothyroïde, utilisée souvent
en association avec une induction d’une fibrose du voile du palais à l’aide d’un laser. Mais la
technique la plus utilisée est celle du « tie-forward » qui consiste à placer des sutures allant de
l’os basihyoïde, préalablement perforé, jusqu’à l’aspect caudo-latéral de la lamina des 2
cartilages thyroïdes. Le larynx et l’épiglotte se retrouvent ainsi en position plus crâniale,
empêchant ainsi le voile du palais de passer dorsalement à cette dernière.
b. Voies respiratoires profondes
Maladie Inflammatoire des Voies Respiratoires Profondes
Définition
La Maladie Inflammatoire des Voies Respiratoires Profondes (MIVRP) ou Inflammatory
Airway Disease (IAD) est une pathologie inflammatoire des voies respiratoires profondes et
peut affecter des chevaux de tout âge, contrairement à la maladie pulmonaire obstructive
chronique ou plus souvent connue sous le nom de pousse, qui elle, affecte plutôt les chevaux
âgés. Néanmoins, il existe une plus forte prévalence de la MIVRP chez les jeunes chevaux
sportifs27.
Certains critères ont été définis afin de décrire de manière plus précise la MIVRP28 :
- contre performance, intolérance à l’exercice, toux avec ou sans excès de mucus
trachéal
- inflammation non septique des voies respiratoires profondes détectée à l’aide d’une
analyse cytologique sur un lavage broncho-alvéolaire (LBA), ou un problème pulmonaire mis
en évidence par une obstruction des voies respiratoires profondes, une hypersensibilité des
voies respiratoires ou un mauvais échange des gaz sanguins, au repos ou à l’effort.
Sont également définis certains critères d’exclusion :
- tout signe systémique témoin d’une infection (fièvre, normes hématologiques
compatibles avec une infection)
- augmentation de l’effort respiratoire au repos (plutôt caractéristique de la pousse)
50
Signes cliniques
Les signes cliniques consistent en une toux chronique et intermittente, la présence de mucus
en quantité augmentée dans les voies respiratoires et un cheval contre-performant. Les
cavaliers rapportent généralement une toux chronique et un temps de récupération augmenté
après l’effort 27,28. Un épisode de MIVRP dure en moyenne 7 à 8 semaines mais peut aller
jusqu’à 22 semaines 27! La toux peut être présente au repos ou à l’effort mais l’absence de
toux n’est pas un critère d’exclusion de la MIVRP.
Concernant la présence de sécrétions dans la trachée, il est possible d’en retrouver chez des
chevaux sains, en petite quantité. A l’inverse, les chevaux atteints de MIVRP (atteinte
démontrée par la cytologie au lavage broncho-alvéolaire) présentent des sécrétions en quantité
augmentée, pouvant aller de multiples traînées à une présence continue tout au long de la
trachée, ce qui peut éventuellement se traduire par un jetage nasal séro-muqueux (Figures 16
et 17). Ces sécrétions ont pour conséquence, de provoquer une obstruction des voies
respiratoires moyennes, un problème de ventilation et donc de perfusion et il en résulte une
hypoxémie 29. En effet, dans une étude effectuée sur les performances des chevaux en course,
les chevaux atteints de MIVRP ont significativement une pression artérielle en oxygène
(PaO2) plus faible et une fréquence cardiaque plus élevée, ce qui permet d’expliquer les moins
bonnes performances de ces chevaux lors d’un effort intense 30.
Examens complémentaires
Les radiographies pulmonaires ne sont pas un bon outil diagnostic de la MIVRP. Une
endoscopie peut être réalisée afin d’évaluer l’inflammation des voies respiratoires ainsi que la
présence de sécrétions dans la trachée (Photos 14 et 15). Il existe maintenant une distinction
entre la MIVRP et le syndrome de l’inflammation trachéale et la relation entre ces deux
affections et la quantité de sécrétions dans la trachée est encore inconnue 28,31.
51
Photos 14 et 15 : comparaison de deux images endoscopiques de trachée, l’une est normale et
l’autre présente des sécrétions. Ces sécrétions sont d’un grade 4 à 5/5 concernant leur accumulation, leur localisation, et leur couleur d’après Gerber et al. 32
Source : Faculté de Médecine Vétérinaire de Montréal
Concernant l’analyse cytologique, il est préférable de réaliser un lavage broncho-alvéolaire à
un lavage trachéal. En effet, ce dernier reflète plus les conséquences locales de
l’environnement et des infections contrairement au lavage broncho-alvéolaire qui traduit
l’inflammation globale présente dans les voies respiratoires profondes. Il en résulte que la
cytologie issue du lavage trachéal n’est pas représentative de l’inflammation pulmonaire 28,30.
Il existe 3 profils inflammatoires de la MIVRP, dépendamment de la cytologie 27,28.
1) Augmentation des cellules nucléées avec une neutrophilie (>10% au repos), une
lymphocytose et une monocytose modérée. Il s’agit du profil le plus fréquemment rencontré.
2) Augmentation du nombre de mastocytes (>2%)
3) Eosinophilie (> 1%)
Par contre, certaines études avancent le fait que certains agents bactériens seraient impliqués
dans la pathogénie de la MIVRP. Un lavage trachéal est alors tout à fait indiqué afin de
réaliser une bactériologie et de traiter en conséquence si le résultat s’avère positif 30,33.
Une analyse cytologique et bactériologique sur un lavage trachéal peut mettre en évidence un
syndrome d’inflammation trachéale, associé ou non à un processus infectieux ; à distinguer de
la MIVRP qui elle est diagnostiquée par une analyse cytologique sur un LBA.
52
Gestion de la MIVRP
Il est avant tout indispensable de réaliser une gestion de l’environnement du cheval, ce qui
consiste idéalement en différentes actions : 28,34
- Sortir le cheval à l’extérieur le plus souvent possible (pré, paddock…)
- Une litière en copeaux dépoussiérés ainsi qu’un aliment compact (type brique
Dynavena ND) sont préférables à de la paille et du foin. Les allergènes et la poussière sont
réduits de 97% entre ces 2 situations. S’il n’est pas possible de donner du foin compact,
mouiller le foin est une alternative intéressante.
- Augmenter la ventilation du bâtiment. Huit renouvellements d’air minimum par heure
sont souhaitables.
Un traitement médical peut être réalisé mais sera inutile s’il n’est pas accompagné de la
gestion environnementale décrite ci-dessus. Les corticostéroïdes sont utilisés par voie
systémique ou par nébulisation. La seconde option permet une élimination plus rapide de
l’organisme et une réduction des effets secondaires dus à l’utilisation de ces molécules. Les
corticostéroïdes disponibles en préparation pour nébulisations sont le propionate de
fluticasone, le dipropionate de beclomethasone, le budésonide et le flunisolide. Parmi ces
dernières, la fluticasone, utilisée à la dose de 2 µg deux fois par jour, est la plus efficace et
entrainant le moins d’effet secondaire systémique 35. Les molécules bronchodilatatrices telles
que le clenbutérol ou le bromide d’ipratropium, sont très intéressantes à utiliser juste avant le
traitement avec les corticoïdes par nébulisation. Elles permettront un meilleur dépôt de ces
molécules au sein des poumons. Elles peuvent également être utilisées avant un exercice afin
de prévenir une éventuelle bronchoconstriction durant l’effort. Les antibiotiques ne doivent
être utilisés que si le lavage trachéal a mis en évidence la présence d’un contaminant bactérien
et le traitement doit être adapté en fonction de la bactérie isolée et de l’antibiogramme fourni.
Il est donc important de gérer l’environnement du cheval sportif en limitant au maximum la
présence d’allergènes et de poussières, afin d’éviter d’aboutir à l’arrêt du cheval pour cause de
contre-performance mais également en raison du traitement médical qui devra être mis en
place.
53
HPIE
Définition
L’hémorragie pulmonaire induite à l’exercice (HPIE) se traduit par la présence de sang dans
les voies respiratoires profondes. Il s’agit d’une cause fréquente de contre-performance chez
les chevaux de sport 28. La prévalence de l’HPIE chez les chevaux de concours complet serait
de 40 %, ce qui représente 2 chevaux sur 5 33. Celle-ci, contrairement à la MIVRP, augmente
avec l’âge. Mais le facteur prédisposant le plus important reste sans doute l’intensité de
l’exercice demandé au cheval, ce qui explique que les chevaux de concours complet soient
particulièrement affectés par cette pathologie 33.
Signes cliniques
L’hémorragie pulmonaire induite à l’exercice est due à une rupture des parois des vaisseaux
capillaires, elle-même due à une augmentation de la différence pression luminale - pression
alvéolaire 36.
Ceci s’explique par deux phénomènes :
- l’augmentation importante de la pression artérielle moyenne durant l’exercice (>100
mmHg)
- la forte négativité des pressions intrapleurale et alvéolaire, ceci étant exacerbé par une
obstruction des voies respiratoires supérieures (HL, DDVP) ou une inflammation des voies
respiratoires profondes (MIVRP).
Avec l’arrivée de l’endoscopie, on a pu réaliser que la prévalence des chevaux présentant une
épistaxis due à l’HPIE était d’environ 5%, et était bien inférieure à celle des chevaux
« saigneurs ». (Photo 16)
54
Photo 16 : cheval présentant de l’épistaxis Source : Eduardo Almeida da Silveira
Par ailleurs, dans différentes études, il n’a pas pu être établi de relation entre la présence de
sang dans la trachée et une contre-performance 37,38 tandis que l’épistaxis est liée à de mauvais
résultats en compétition 39,40,41. Ces différentes études suggèrent que l’épistaxis serait une
condition pathologique associée à une contre-performance chez le cheval tandis que l’HPIE se
limitant aux voies respiratoires profondes se rapprocherait plutôt d’un phénomène
physiologique.
Plusieurs études ont démontré que le traumatisme induit par l’impact des antérieurs sur le sol
serait un facteur de risque pour l’HPIE 41,42,43,44 En effet, certains auteurs ont montré que, en
course, la prévalence de l’épistaxis est bien plus importante chez les chevaux de steeple que
les chevaux de plat. Ainsi, le saut, du au traumatisme induit par la réception, serait un facteur
de risque pour l’HPIE, et ce dernier serait relié à la taille de l’obstacle franchi. Le poids
supporté par le cheval serait également en cause, augmentant l’impact reçu par les antérieurs à
la réception 45. Ainsi, suite à ce traumatisme crée durant l’exercice, des ondes de compression
seraient transmises par les membres antérieurs, via la scapula et le parenchyme pulmonaire, et
se localiseraient en région caudo-dorsale du poumon 41.
Par ailleurs, Kindig et al.36 ont démontré que la prévalence de l’HPIE était significativement
plus importante lors d’un travail sur une surface inclinée (de 10% dans l’étude) que sur une
surface plane. La preuve a été apportée à l’aide d’un LBA, réalisé en région dorso-caudale,
trente minutes après la fin de l’exercice. La prévalence de l’épistaxis n’est pas rapportée.
55
Les chevaux de concours complet sont donc des chevaux particulièrement à risque pour
l’HPIE, notamment en raison de l’épreuve de cross, qui comporte plusieurs obstacles de taille
conséquente et qui se déroule le plus souvent sur un terrain vallonné.
.
Examens complémentaires
L’endoscopie des voies respiratoires profondes permet dans certains cas de visualiser
directement du sang dans la trachée (Photo 17). Celle-ci doit se faire dans les 90 minutes
suivant l’exercice. Cependant, certains chevaux atteints d’HPIE ne présenteront aucune
anomalie lors de cet examen.
Photo 17 : image endoscopique représentant du sang dans une trachée Source : Valérie Deniau, Clinique Vétérinaire de Grosbois
Des radiographies pulmonaires peuvent mettre en évidence un pattern interstitiel et parfois un
déplacement dorsal des vaisseaux pulmonaires majeurs. Un lavage broncho-alvéolaire ou un
lavage trachéal permettront de mettre en évidence des hémosidérophages ainsi que des
neutrophiles, dégénérés ou pas, et des érythrocytes. Les hémosidérophages peuvent rester au
moins jusqu’à 90 jours dans les voies respiratoires profondes 33.
56
Gestion de l’HPIE
Des mesures hygiéniques peuvent être mises en place, notamment s’assurer que le cheval ne
présente pas de pathologie respiratoire haute ou basse, qui augmenterait la négativité des
pressions intrapleurale et alvéolaire. Certaines études ont démontré l’intérêt de l’utilisation
d’une bande nasale (Flair ND) dans la prévention de l’HPIE 46,47 Une période de repos allant
de trois semaines à plusieurs mois est indiquée afin de permettre au cheval de récupérer.
Cependant, même si le repos fait partie intégrante de la gestion de l’HPIE, il est probable que
l’hémorragie apparaisse de nouveau lors de la reprise intensive de l’entrainement 48.
Les traitements médicaux ne permettent pas de prévenir l’HPIE, mais l’utilisation de
furosémide, un diurétique, réduit la sévérité de cette pathologie chez un cheval atteint
(diminution du nombre d’érythrocytes dans le LBA). Beaucoup de molécules sont utilisées
afin de prévenir ou de traiter l’HPIE mais pour l’instant, aucune d’entre elles ne permet
d’éradiquer la maladie chez un patient atteint.
4. Pathologie cardiaque
Lors d’un examen cardiaque, il convient de faire un examen clinique attentif, en prêtant
notamment attention aux systèmes périphériques artériel et veineux et au cœur. Cet examen
clinique est souvent complété par certains examens complémentaires tels qu’un ECG
(ElectroCardioGramme) et une échocardiographie.
Lors de l’auscultation cardiaque, il est possible de diagnostiquer des arythmies ou des souffles
cardiaques. Certaines de ces entités sont physiologiques et d’autres sont pathologiques. Parmi
ces dernières, certaines sont compatibles avec un haut niveau sportif. Il est donc important de
savoir les diagnostiquer et les différencier. Cependant, en cardiologie, il est difficile de
catégoriser certaines affections en « compatibles » ou « incompatibles » avec l’exercice et des
nuances seront apportées au fur et à mesure dans ce chapitre.
57
a. Affections pouvant être incompatibles avec un haut niveau en
concours complet
Les affections cardiaques sont souvent divisées en deux groupes : les arythmies et les souffles.
Nous étudierons ces deux entités successivement.
Arythmies cardiaques
Les arythmies cardiaques associées à de la contre-performance sont la fibrillation atriale, les
complexes supra-ventriculaires prématurés (associés ou non à de la tachycardie), les
complexes ventriculaires prématurés (associés ou non à de la tachycardie) et les blocs atrio-
ventriculaires de type 3 ou de type 2 à un stade avancé49.
La fibrillation atriale
L’arythmie la plus fréquente, lors d’exploration d’intolérance à l’effort d’origine cardiaque,
est la fibrillation atriale49. D’ailleurs, cette affection est le plus souvent découverte lors de
consultation ayant pour motif la contre-performance de l’animal.
L’auscultation cardiaque révèle un rythme irrégulièrement irrégulier, avec des bruits
cardiaques d’intensité variable et pas de quatrième bruit audible. Le rythme cardiaque au
repos peut être normal mais également élevé en cas de pathologie cardiaque sous-jacente.
L’ECG révèle des complexes QRS irrégulièrement espacés, l’absence d’onde P et une
fibrillation représentée par de multiples ondes f (Figure 3).
Figure 3 : ECG d’un cheval présentant une fibrillation atriale. On remarque la présence de
multiples ondes f, d’après Mitten 49
Il existe des cas de fibrillations atriales paroxystiques et celle-ci peut être diagnostiquée en
réalisant un ECG juste après l’exercice. Elle n’est pas présente au repos et disparait dans les
58
24h suivant l’exercice, le plus souvent juste après, ce qui en fait une pathologie difficile à
diagnostiquer 50.
La fibrillation atriale est retrouvée plus fréquemment chez les chevaux de grande taille. Il
existe différentes étiologies à la fibrillation atriale telles qu’un déséquilibre électrolytique,
comme par exemple une kaliémie basse, ou une pathologie cardiaque sous-jacente. Un reflux
mitral est l’affection valvulaire la plus fréquemment retrouvée lors de fibrillation atriale
associée à une pathologie cardiaque sous-jacente, ainsi qu’un reflux tricuspide. Néanmoins,
l’origine la plus commune de la fibrillation atriale est idiopathique, sans pathologie cardiaque
sous-jacente.
Le pronostic de la fibrillation atriale dépend de son origine et de sa durée d’apparition, et sera
étudié plus en détail plus loin dans cette étude (cf.II.A.4.b).
Complexes supraventriculaires prématurés
Cette arythmie n’est pas toujours associée à une contre-performance. En effet, certains
complexes isolés peuvent être considérés comme des variantes de la normale et si la
fréquence de ces complexes diminue ou s’ils disparaissent à l’exercice, ceci ne doit pas être
interprété comme étant l’origine de la contre-performance du cheval. Au contraire, si la
fréquence d’apparition se retrouve augmentée à l’exercice, alors elle est plus susceptible de
causer de l’intolérance à l’exercice. Cette arythmie peut également n’être détectée qu’à
l’exercice, d’où l’importance de réaliser un ECG durant l’effort. Par ailleurs, les complexes
prématurés supraventriculaires et ventriculaires ne sont différenciables qu’avec l’aide d’un
ECG 50 . Lors d’un complexe supraventriculaire prématuré, on pourra observer une onde P
prématurée et de morphologie anormale avec un complexe QRS-T normal (Figure 4). Il peut
arriver que l’onde P soit masquée dans le complexe QRS-T précédent et devienne difficile à
détecter. Parfois, l’onde P n’est pas suivie d’un complexe QRS-T, surtout si l’impulsion
prématurée survient tôt en diastole et arrive au nœud atrio-ventriculaire avant que la
dépolarisation ne soit complète.
59
Figure 4 : ECG d’un cheval présentant un complexe supraventriculaire prématuré
d’après Mitten 49
La tachycardie supraventriculaire est très souvent associée avec de l’intolérance à l’exercice.
Elle est parfois paroxystique. L’auscultation peut révéler un rythme irrégulièrement irrégulier,
ce qui souligne encore une fois l’importance de réaliser un ECG au repos et à l’exercice.
L’étiologie des complexes supraventriculaires prématurés peut être une pathologie
systémique, des désordres d’origine métabolique ou électrolytique ou une myocardite. Le
pronostic et le traitement dépendent de la cause primaire de l’arythmie.
Complexes ventriculaires prématurés
Ces complexes sont moins fréquents que les supraventriculaires. Ils se caractérisent par un
complexe QRS prématuré, de morphologie souvent anormale et non précédé d’une onde P
(Figure 5). L’onde T est souvent orientée dans le sens opposé à la normale, c’est à dire
orientée vers le bas. Ces complexes sont souvent suivis d’une pause compensatrice.
Figure 5 : ECG d’un cheval présentant un complexe ventriculaire prématuré, d’après Mitten 49
La tachycardie ventriculaire peut également être paroxystique ou se maintenir dans le temps.
Elle est associée avec une importante intolérance à l’effort. Ces complexes résultent souvent
60
d’une affection myocardique, d’une affection systémique ou encore d’un déséquilibre
électrolytique, qui peut être notamment présent chez les chevaux d’endurance ou de concours
complet.
Blocs atrio-ventriculaires et bradyarythmies à
l’exercice
Les blocs atrio-ventriculaires (BAV) de type 2 sont souvent audibles au repos et disparaissent
à l’exercice. Ces blocs sont considérés comme physiologiques et seront étudiés ultérieurement
dans cette étude.
Les bradyarythmies à l’exercice sont rares et sont associées à une intolérance sévère à
l’exercice. Elles sont causées par des BAV2 persistants lors de l’effort et par des BAV3 et
sont souvent associées à une affection sévère du nœud atrioventriculaire, de composante
dégénérative ou inflammatoire 49.
Souffles cardiaques
Les souffles cardiaques sont fréquents chez les chevaux et il est difficile de déterminer quels
sont les répercussions sur leur performance 49,51,52,53. Dans une étude effectuée sur 846
chevaux, l’auscultation cardiaque a révélé la présence d’un souffle cardiaque sur 686 chevaux
soit 81,1% des chevaux mais elle ne rapporte pas d’association significative entre la présence
d’un souffle cardiaque et la performance 52. Ceci suggère que de nombreux chevaux
présentent un souffle cardiaque sans répercutions clinique associée 52.
De même, une autre étude réalisée sur 526 chevaux de course, Young et al.53 n’observe
aucune association significative entre la performance et la sévérité du souffle ou la
régurgitation objectivée lors des différents examens mis en place (auscultation et
échocardiographie avec mode Doppler). Ce dernier suggère que la plupart des régurgitations
chez les athlètes mammifères en général, et donc équins en particulier, sont des adaptations
cardiaques normales qui apparaissent avec l’entrainement et qui ne traduisent pas d’affection
valvulaire remarquable53.
Les souffles cardiaques sont produits lors de turbulences du flux sanguin, ce qui crée une
vibration des structures cardiovasculaires50. De même que pour les arythmies, certains
souffles sont décrits comme étant physiologiques et d’autres pathologiques. Cependant, il est
61
encore une fois difficile de classifier catégoriquement les souffles comme pathologiques ou
physiologiques. Le pronostic sportif varie selon le stade et l’évolution de chaque affection
mais certaines sont compatibles avec un haut niveau en compétition. Des nuances sont donc
apportées sur chaque affection traitée dans cette partie.
Souffles cardiaques systoliques
- Reflux mitral
Les souffles dus à un reflux sanguin au niveau de la valvule mitrale sont les souffles
systoliques les plus souvent communément associés à une pathologie cardiaque sous-jacente 51,49,52. Ces souffles sont audibles au niveau de l’hémithorax gauche, sont souvent holo ou
pansystoliques, en plateau et de grade 1 à 4 sur 6, avec un point d’intensité maximale situé au
niveau de la valve mitrale. Le reflux sanguin au niveau de la valve mitrale est celui avec la
plus grande incidence sur la performance sportive des chevaux, car il a de nombreuses
conséquences tels qu’une augmentation de la fréquence respiratoire, et de l’amplitude
respiratoire durant l’effort, augmentation du temps de récupération après l’effort, toux,
intolérance à l’exercice et parfois une fibrillation atriale. L’évolution de cette affection se fait
plus rapidement que pour les autres valves cardiaques, en raison de la forte pression cardiaque
présente dans le ventricule gauche.
Le diagnostic peut se faire à l’aide d’une échocardiographie en mesurant le diamètre de
l’atrium gauche, ainsi que celui de l’artère pulmonaire51. Une augmentation du diamètre du
ventricule gauche révèle un stade avancé de la maladie. Le reflux sanguin peut être évalué à
l’aide du mode Doppler, et ses caractéristiques (taille, aire de répartition) dépendent de la
gravité de la lésion.
Si aucune lésion des valvules n’est détectée à l’échocardiographie, il est probable que le
reflux associé n’ait pas d’incidence clinique sur le cheval et soit alors ce que l’on appelle un
souffle d’éjection, physiologique.
62
- Reflux tricuspide
Les reflux présents au niveau de la valve tricuspide sont plus fréquents que les reflux mitraux
mais ont moins de conséquence clinique49,51,52. Ces souffles sont audibles au niveau de
l’hémithorax droit, sont souvent holo ou pansystoliques, en plateau, de grade 1 ou 4 sur 6 avec
le point d’intensité maximale situé au niveau de la valve atrioventriculaire droite. La majorité
des chevaux ayant un reflux tricuspide présente une tolérance normale à l’exercice 51.
La plupart des chevaux ayant un souffle tricuspide ne présentent pas d’anomalie valvulaire à
l’échocardiographie. Par contre, une augmentation du volume atrial et ventriculaire droits
peuvent être diagnostiqués lors de cet examen.
Le pronostic est généralement bon pour les chevaux ayant un souffle tricuspide primaire et les
chevaux atteignent un bon niveau en compétition à moins que la régurgitation au niveau de la
valvule tricuspide ne soit sévère. Si le reflux tricuspide est associé à un reflux mitral, alors il
est témoin d’une insuffisance cardiaque à un stade avancé (conséquence d’une insuffisance de
la valve mitrale) et le pronostic est faible.
- Défaut du septum interventriculaire
Un défaut dans la portion membraneuse du ventricule droit au niveau du septum
interventriculaire n’est pas rare chez les chevaux et constitue l’affection cardiaque congénitale
la plus fréquente 51. Le souffle associé à cette affection est audible au niveau de l’hémithorax
droit. Il est rugueux, holo ou pansystolique avec un point d’intensité maximale situé au niveau
de la valve tricuspide. Cette affection est souvent découverte par hasard mais peut également
être à l’origine d’une intolérance à l’exercice. Les chevaux avec un défaut de septum
interventriculaire situé dans la partie membraneuse du ventricule, de diamètre inférieur à 2,5
cm, sans ou avec un léger prolapse de la valve aortique dans le défaut et avec un léger ou pas
de reflux aortique ont un bon pronostic sportif et vital 51.
63
Souffles cardiaques diastoliques
- Reflux aortique
Les reflux au niveau de la valve aortique ne sont également pas rares chez les chevaux et se
caractérisent à l’auscultation par un souffle audible au niveau de l’hémithorax gauche,
pouvant aller d’un grade 1 à 6 /6, et avec un point d’intensité maximale situé au niveau de la
valve aortique.
L’insuffisance aortique apparait souvent chez les chevaux ayant plus de 10 ans, et
secondairement au développement de lésions dégénératives au niveau des valvules aortiques.
Cette affection progresse lentement et est assez bien tolérée car le reflux se retrouve dans le
ventricule gauche en diastole.
A l’examen échocardiographique, il est possible de trouver une dilatation du volume
ventriculaire gauche associée à un amincissement du septum interventriculaire et du bord libre
du ventricule gauche, ainsi qu’à une dilatation de la base aortique. Ces signes sont les témoins
d’un reflux modéré à sévère et permettent d’établir un pronostic sportif et vital pour le cheval
en fonction de la vitesse d’évolution de ces symptômes ainsi que des signes cliniques
associés. L’apparition de signes cliniques dus à une insuffisance cardiaque est de mauvais
pronostic.
- Insuffisance pulmonaire
Ce souffle est rarement audible chez les chevaux, même s’il a été diagnostiqué préalablement
à l’aide d’une échocardiographie. Il est holodiastolique, d’intensité souvent faible, et son point
d’intensité maximale est situé au niveau de la valve pulmonaire. Les chevaux atteints
d’insuffisance de la valve pulmonaire ont un mauvais pronostic vital et sportif.
64
b. Affections compatibles avec un haut niveau en concours complet
Arythmies cardiaques 50
Blocs atrioventriculaires et arythmies sinusales
La majorité des arythmies cardiaques audibles lors de l’auscultation au repos sont
physiologiques. Ces arythmies disparaissent avec l’exercice ou le stress. Il s’agit des BAV de
second degré et des arythmies sinusales.
Les BAV2 sont très fréquents chez les chevaux. Cette arythmie est diagnostiquée lors de
l’auscultation cardiaque au repos : le rythme est régulier mais à certains moments (tous les
quatre à dix battements souvent), un B4 sera audible (contraction atriale) sans B1 ni B2 lui
succédant, ce qui donne l’impression à l’auscultation d’une pause entre deux battements.
Cette arythmie est du à un défaut dans la conduction de l’impulsion atriale jusqu’au
ventricule. Les BAV2 sont souvent réguliers dans leur apparition mais peuvent également être
d’apparition intermittente. Cette arythmie disparait avec l’exercice. Il est possible de réaliser
un ECG à l’effort afin de s’en assurer. Il est également possible de réaliser, plus simplement,
une auscultation juste après un effort mais les BAV2 réapparaissent vite, il faut donc faire
attention lors de l’interprétation de cet examen.
Les blocs sinusaux seront identifiés par de longs intervalles diastoliques sans B4 audible.
L’arythmie sinusale est caractérisée par une augmentation et une diminution de la fréquence
cardiaque et est plus souvent diagnostiquée après un petit effort qu’au repos
Toutes ces arythmies sont causées par un tonus vagal parasympathique très important chez le
cheval, ce qui explique que celles-ci disparaissent lors d’un exercice important, lorsque le
tonus sympathique augmente. Elles sont donc compatibles avec un haut niveau en concours
complet.
Fibrillation atriale
Comme vu précédemment, le pronostic et le traitement de cette affection dépendent de son
étiologie et de la durée d’apparition. Le pronostic est bon chez les chevaux qui fibrillent
depuis moins de deux mois, sans cardiopathie sous-jacente associée. La conversion à l’aide de
sulfate de quinidine se fera alors plus facilement. Par contre, si la fibrillation existe depuis
65
plus longtemps, les chances de succès de conversion sont réduites et le cheval a une
probabilité plus importante de reconvertir par la suite49. Si le cheval répond bien au sulfate de
quinidine et que cela dure dans le temps, le cheval a le même pronostic sportif qu’un cheval
sans pathologie cardiaque.
Souffles cardiaques
Les différents souffles pathologiques et leurs particularités ont été abordés dans la partie
précédente et ne seront abordés dans cette partie que les souffles physiologiques afin d’éviter
les répétitions.
Les souffles audibles au niveau de l’hémithorax gauche sont dus au passage du volume
sanguin au travers des gros vaisseaux tels que l’aorte et l’artère pulmonaire lors de la systole.
Ceci en fait des souffles très communs chez les chevaux en raison de la grande taille de leurs
vaisseaux, car plus grand est leur diamètre et moins le flux est laminaire. L’apparition des
souffles physiologiques systoliques est favorisée par l’augmentation du volume d’éjection, ce
qui a pour conséquence une augmentation de la détection de ces souffles suite à l’effort. Elle
est également favorisée par une diminution de la viscosité sanguine, ce qui augmente
également sa prévalence chez les chevaux anémiques et hyperthermiques. Ces souffles sont
souvent de faible intensité et avec un point d’intensité maximale situé au niveau de la valve
aortique ou pulmonaire.
Au niveau de l’hémithorax droit, nous pouvons rappeler que le reflux tricuspide et le défaut
de septum interventriculaire sont souvent compatibles avec un haut niveau en concours
complet, cependant une évaluation approfondie et notamment à l’aide d’une
échocardiographie, ainsi qu’un suivi dans le temps s’avèrent indispensables.
66
B. Pathologie locomotrice
L’épreuve de concours complet est une épreuve très exigeante envers le système musculo-
squelettique du cheval, de part le travail requis à l’entraînement et lors des compétitions 54. La
courbe d’apprentissage en concours complet est tardive et progressive, ainsi les chevaux de
haut niveau auront le plus souvent huit ans ou plus, ce qui limite l’incidence des affections
juvéniles 54,55 .
1. Pathologie traumatique
a. Chutes et traumatismes lors de l’épreuve de cross
Facteurs de risque
L’épreuve de cross représente l’épreuve la plus dangereuse de la compétition, en raison de la
vitesse et de la conception des obstacles (Photo 18). Certaines chutes sont juste
impressionnantes mais d’autres peuvent blesser définitivement le cheval, voire conduire à
l’euthanasie sans omettre le risque de blessure grave ou rarement mortelle du cavalier. Ceci
soulève l’importance de se présenter en compétition suite à une préparation du cheval mais
aussi du cavalier, adaptée au niveau sélectionné.
Photo 18 : exemple de chute sur le parcours de cross
Source : www.google.fr
67
Les chutes du cheval et du cavalier sont des évènements qui restent heureusement rares, avec
une fréquence rapportée d’une chute sur 1160 efforts. Un effort est considéré comme un saut.
Un obstacle peut être constitué de plusieurs efforts lorsqu’il s’agit d’une combinaison 56 .
Dans une étude rétrospective effectuée sur 345 cas de chutes du couple sur le cross, 32% ont
été associées à des blessures de gravité variable57.
Certains facteurs ont été reconnus comme favorisant dans le risque de chutes et de blessures 56,57.Les chutes sont notamment associées avec le type d’obstacle à franchir. En effet, les sauts
situés en aval d’une colline ou encore ceux avec un trou ou fossé situé juste devant présentent
un risque accru. Les obstacles situés en amont d’une colline sont également dangereux si le
cheval ne possède pas une impulsion suffisante dans la montée. Le risque de chute est
également augmenté avec le nombre d’obstacles à franchir sur le parcours. Par contre, le
nombre d’efforts est inversement relié à la prévalence des chutes, ce qui signifie que pour un
nombre d’obstacles donné, le parcours présentant le plus de combinaisons est le moins risqué.
Ce résultat s’explique par le fait qu’à l’abord d’une combinaison, le cavalier ralentit son
cheval et retrouve plus d’équilibre afin d’enchaîner les différents efforts sans incident. Une
augmentation du nombre de combinaisons pourrait donc avoir un effet protecteur d’un point
de vue prévalence des chutes 56.. Les obstacles dits montants, présentent un risque faible de
chutes car ceux-ci sont construits selon un modèle naturel de saut pour le cheval.
La position de l’obstacle dans le parcours est également déterminante, les chutes ayant plus
souvent lieu sur les derniers obstacles, indépendamment du nombre d’obstacles et d’efforts
dans le parcours. Ceci est probablement du à la fatigue cumulée par le cheval et par son
cavalier à ce stade de l’épreuve 56. Les combinaisons sont rapportées comme un élément
favorisant aux petites blessures, telles des contusions car le cheval peut se retrouver dans un
mauvais abord et heurter l’obstacle. Par ailleurs, les cavalier prenant le départ plus tard sont
moins à risque que les premiers partants, ceci étant du à une meilleure connaissance du
parcours et du terrain au fur et à mesure des passages 56.
Un facteur très important est l’activité du cavalier en dehors des compétitions.
Comparativement à un cavalier professionnel de concours complet, le risque de chute du
cheval sur le parcours de cross est vingt fois plus important pour un cavalier amateur.
L’expérience est donc un critère déterminant dans la dangerosité de cette épreuve 56.
68
Conséquences des traumatismes
Les conséquences de telles chutes sont variables. Murray et al. rapportent 1,5% de chevaux
euthanasiés mais également un temps de convalescence nul pour 80% des chevaux étudiés
ayant subi une chute sur le cross57. En effet, les blessures les plus fréquentes sont des
coupures et des contusions, qui ne nécessitent souvent pas de repos. Sont également rapportés
des claquages musculaires, des blessures tendineuses et des fractures. Les chevaux qui chutent
dans un gué présentent un risque accru de blessures mais il s’agit le plus souvent de
coupures. Par contre, une affection commune chez le cheval de complet et de conséquence
plus importante est la fracture de grasset et notamment de la patelle58, articulation
particulièrement exposée. Cette affection n’est pas à négliger dans le diagnostic différentiel
des chevaux ayant subi un traumatisme, et ceci permet de gérer précocement les
conséquences. Afin d’établir un diagnostic, des examens radiographiques et échographiques
s’avèrent nécessaires 55. En effet, les traumatismes affectant la région du grasset peuvent
causer des lésions au niveau des ligaments et des ménisques, ce qui indique l’importance d’un
examen échographique car ces structures sont difficilement voire non évaluables à la
radiographie.
Les chutes sont donc un évènement rare, de même que les blessures qui leur sont associées, et
le plus souvent sans conséquence. Cependant, certains facteurs permettent de les prévenir et il
faut en tenir compte dans la préparation du cheval ainsi que le jour de l’épreuve.
b. Prévention des traumatismes
Première visite vétérinaire
Afin de prévenir et de limiter les risques d’incidents, la première visite vétérinaire tient un
rôle particulièrement important. Il est de la responsabilité du vétérinaire de ne faire partir que
des chevaux en bonne santé, et qui ont une forme physique adaptée à l’épreuve qu’ils
s’apprêtent à concourir. En effet, une tendinite peut, par exemple, entraîner une faiblesse
suffisante du système locomoteur pour que le cheval heurte un obstacle ou se réceptionne
d’une mauvaise façon. Par ailleurs, la distension articulaire peut créer un défaut de
congruence au niveau des articulations, ce qui peut s’avérer dangereux notamment à la
réception des obstacles 55.
69
Protection du cheval
Le risque de blessure par traumatisme direct est très élevé et le rôle essentiel des protections
des membres antérieurs et postérieurs est de protéger contre ces traumatismes 1. Certaines
protections sont coquées palmairement aux antérieurs et dorsalement aux postérieurs afin
d’éviter les traumatismes directs au contact des obstacles. Par contre, aucune de ces
protections ne prévient les risques de lésions tendineuses dues à l’effort.
Rôle de l’entrainement
L’entraînement du cheval athlète permet de développer ses capacités physiologiques et
métaboliques afin d’améliorer ses performances. Comme vu précédemment dans la première
partie de ce travail, les différents buts de l’entrainement sont de développer les capacités du
métabolisme aérobie, d’améliorer l’utilisation de l’acide lactique, d’augmenter l’utilisation
des ressources en glycogène et de donner la capacité au cheval de fournir un effort plus
intense. Un entraînement adapté au niveau du cheval permet donc de retarder l’apparition de
la fatigue et d’optimiser ses performances. Il participe donc à la prévention des affections,
notamment les affections traumatiques qui surviennent en fin de cross 55 .
2. Les affections dorsales et cervicales
Les affections dorsales sont des affections communes chez le cheval de concours complet. En
effet, galoper et sauter sur des surfaces soit dures, soit souples, montantes ou descendantes,
placent une tension très importante au niveau de la colonne, et les chevaux présentant une
mauvaise conformation sont particulièrement à risque 54 .
Il est important lors d’un examen de la région dorsale de tenir compte de la sensibilité et
flexibilité individuelle de chaque cheval. Ceci met l’accent sur l’importance du suivi
longitudinal de l’athlète, sur lequel nous reviendrons dans la troisième partie de cette étude. Il
faut également garder en tête qu’un certain degré de dorsalgie est banal 55 .
Les affections dorsales sont très diverses et les lésions trouvées ne sont pas toujours corrélées
avec l’examen clinique. En effet, certaines lésions sévères peuvent être bien tolérées 55 1. Par
70
ailleurs, une douleur dorsale ou une diminution de mobilité peuvent résulter d’une boiterie
provenant de la partie distale d’un membre, et donc ne pas être associée à des modifications
de la colonne lors des différents examens d’imagerie 1,59 . Dyson rapporte une prévalence de
boiterie concomitante d’un membre, antérieur ou postérieur, dans 46% des cas de douleur
thoraco-lombaire ou sacro-iliaque 60. Il faut garder en mémoire que les chevaux de concours
complet sont sujets aux courbatures musculaires, et particulièrement des muscles lombaires
suite, par exemple, à un travail de dressage soutenu, contenant notamment du trot assis. Il est
donc important, lors de raideur dorsale, de s’interroger sur l’intensité du travail récemment
demandé au cheval.
Les affections de la colonne peuvent donc soit être primaires et provenir de la région de
l’encolure ou du dos, ou, comme vu précédemment être secondaires à une autre affection telle
que l’éparvin par exemple 59. Dans ce dernier cas, il faudra traiter la cause afin de traiter le
cheval 61. Nous étudierons dans cette partie uniquement les affections dorsales primaires.
a. Principales affections rencontrées
Le conflit de processus épineux
Les processus épineux des vertèbres thoraco-lombaires sont normalement séparés par un
espace mesurant au moins cinq millimètres. Cependant, assez fréquemment, ces processus
peuvent se retrouver en contact avec celui de la vertèbre adjacente. On parle alors de conflit
de processus épineux.
Le conflit de processus épineux est une affection qui n’est pas toujours cliniquement
significative 62,63. Les chevaux de tout âge peuvent être affectés. La prévalence des conflits de
processus épineux est plus élevée chez le cheval de dressage et de saut 62. En effet, le dos
subit des mouvements importants en flexion-extension lors de ces épreuves. Une hypothèse
pathogénique est que le poids de la selle et du cavalier crée une force dirigée sur le dos du
cheval en région T13-T18, forçant les processus épineux à se rapprocher les uns des autres.
Cependant, cette lésion a également été décrite chez des chevaux non débourrés ou non
montés. La région dorsale la plus affectée par cette lésion est T13-T18 64.
Concernant la clinique, les signes d’appel sont très larges et constituent tous les signes de
douleur dorsale chez le cheval, allant du léger inconfort à l’impossibilité de mettre une selle
sur le dos du cheval. Lors de l’examen clinique, les chevaux atteints auront soit une réponse
exagérée à la palpation du dos, certains se couchant presque. D’autres, au contraire, ne
71
présenteront aucune réponse, notamment en cas de douleur très sévère. Par contre, il est
important d’observer le comportement du cheval lors de l’examen du dos et notamment de
prêter attention à d’éventuels signes d’anxiété. Il peut s’avérer utile de procéder à un examen
monté, où à défaut de longer avec un surfaix afin d’établir une comparaison avec un examen
en liberté.
Le diagnostic est double : il faut d’une part diagnostiquer la lésion et ensuite démontrer que
celle-ci est significative. La première étape se réalise assez facilement à l’aide d’examens
radiologiques, notamment des radiographies en vue latérale. Au contraire, la seconde
constitue un défi diagnostic. En effet, le plus souvent, il se crée une sorte de pseudoarthrose
cartilagineuse entre les processus épineux, et ceci n’est pas cliniquement douloureux ce qui
rend la signification clinique difficile à évaluer.
Lors de l’examen radiographique, les lésions observées consistent en un rapprochement entre
les processus, correspondant à un remodelage osseux ainsi que des remaniements tels que de
la sclérose et/ou de la lyse osseuse au niveau des rebords craniaux et caudaux des processus
épineux (Figure 6).
Figure 6 : radiographies illustrant des conflits de processus épineux au niveau des vertèbres thoraciques
Source : Faculté de Médecine Vétérinaire de Saint-Hyacinthe
Il est également possible de réaliser un examen scintigraphique. Cet examen repose sur le fait
que le produit de contraste va aller se fixer au niveau des zones de remodelage osseux actif,
c'est-à-dire les zones où les ostéoblastes et ostéoclastes sont en activité et ce, de manière
72
physiologique ou pathologique. Il est donc possible de localiser des lésions au niveau des
processus épineux grâce à cet examen. Cependant le remodelage osseux à ce niveau n’est pas
toujours corrélé avec la présence ou l’intensité de la douleur 63. Un autre intérêt de l’examen
scintigraphique repose sur le fait qu’il permet un examen global du cheval. D’autres
affections concomitantes peuvent ainsi être mise en évidence, telles que de l’arthrose des
facettes articulaires des vertèbres thoraciques par exemple. Cet aspect est très important d’un
point de vue diagnostique mais surtout d’un point de vue thérapeutique car il permet d’éviter
un traitement inutile alors que d’autres lésions persistent de manière concomitante 63.
Si l’on s’intéresse au deuxième aspect du diagnostic, c'est-à-dire de prouver que la lésion est
douloureuse pour le cheval, certains auteurs recommandent une anesthésie locale. Les zones
sont repérées à l’aide d’un marqueur mis en place lors des radiographies et le cheval doit être
de nouveau examiné de la même façon, avant, dix puis trente minutes après l’injection.
L’amélioration du cheval est à l’appréciation du clinicien et du cavalier qui le monte. Cette
technique est à relativiser car l’anesthésique peut avoir trop diffusé et donner un faux positif,
ou simplement modifier la proprioception du cheval. L’ensemble de ces examens permet ainsi
de préciser les conséquences de ces lésions et d’adapter le traitement en conséquence.
Les arthropathies cervicales basses
L’objectif, encore une fois, va être de déterminer la signification des lésions trouvées lors des
différents examens réalisés. Un remodelage osseux au niveau de C6-C7 est une lésion
fréquemment retrouvée chez les chevaux adultes à âgés65. Cependant, une prolifération
osseuse importante peut résulter en une compression de la moelle épinière ou d’une racine
nerveuse et ainsi causer de l’ataxie et de la faiblesse au niveau des postérieurs, ce qui peut
paraitre comme une boiterie. L’examen clinique est donc fondamental et un examen
neurologique peut s’avérer nécessaire.
Lors de la palpation de l’encolure, il est parfois possible de diagnostiquer une douleur
localisée dans la région de l’encolure ainsi qu’une raideur lors des tests de flexion de la région
cervicale. La réponse à ce test est variable entre chaque patient. Cependant, le cheval doit être
capable de fléchir sa tête au-delà de la pointe de l’épaule correspondante, et ce de la même
façon de chaque côté (Photo 19).
73
.
Photo 19 : Réalisation d’un test de flexion de l’encolure Source : Maïa Vanel
Lorsque les lésions deviennent sévères, elles peuvent aboutir à une fusion partielle ou totale et
la raideur cervicale devient alors marquée. Une boiterie antérieure peut également être un
signe évocateur de lésion cervicale, notamment si aucune lésion n’a pu être mise en évidence
au niveau du membre 66.
Les changements radiologiques se traduisent par une prolifération des facettes articulaires
associée à une altération et un rétrécissement de l’espace articulaire (Figure 7). Le foramen
intervertébral peut également apparaitre oblitéré, de manière partielle ou totale, alors qu’il est
visible sur des radiographies normales.
74
Figure 7 : radiographies représentant une arthropathie dégénérative modérée de l’articulation C6-C7
Source : Carine Tahier
Les lésions peuvent être présentes de manière symétrique ou non. Dans ce dernier cas, les
deux vues latérales sont utiles afin de déterminer de quelle côté se situe la lésion. L’examen
échographique réalisé de chaque côté de l’encolure permet une comparaison des lésions et est
plus spécifique pour déterminer la symétrie des lésions. Elles se manifesteront par un
remodelage de la surface osseuse ainsi que la synovite associée (Figure 8)
Figure 8 : image échographique représentant de la synovite et du remodelage osseux au niveau de l’articulation C6-C7 à droite, indiquant une arthropathie modérée
Source : Ecole Nationale Vétérinaire de Nantes
75
Face à un cheval présentant une boiterie d’un membre antérieur et/ou une raideur cervicale et
sans anomalie visible lors de l’examen, une scintigraphie est indiquée afin de visualiser des
points de « chaleur » indiquant du remodelage osseux actif.
Les chevaux répondent fréquemment correctement à une injection échoguidée articulaire ou
péri-articulaire de corticostéroïdes 55 (Figure 9).
Figure 9 : image échographique représentant une injection échoguidée au niveau de l’articulation C6-C7
Source : Ecole Nationale Vétérinaire de Nantes
Un traitement à base d’anti-inflammatoires non stéroïdiens peut être entrepris; la réponse est
souvent limitée mais l’absence totale d’amélioration, même discrète, oriente plutôt vers un
problème d’ordre neurologique. Une myélographie est alors indiquée mais dans ce cas, le
pronostic est faible et la monte est déconseillée car trop dangereuse pour le cheval et le
cavalier 65.
L’ostéoarthrose des facettes articulaires
L’évolution normale des facettes articulaires avec l’âge du patient est mal connue, ce qui rend
l’interprétation de cette affection difficile. Elles peuvent être diagnostiquées à différentes
stades d’évolution et comme pour le conflit de processus épineux, le degré d’ostéoarthrose
n’est pas proportionnel au degré de douleur ressentie par le cheval. En effet, les lésions
76
ankylosantes peuvent être compatibles avec une carrière en compétition55. Cependant, le
stade d’évolution de cette affection semble être mieux corrélé à la douleur que ne l’est le
conflit de processus épineux 67. L’arthropathie intervertébrale est souvent génératrice de
douleur en région dorsale. Denoix 68 rapporte d’ailleurs que l’ostéoarthrose en région
lombaire ou à la jonction thoraco-lombaire est une des causes les plus communes de douleur
dorsale.
D’un point de vue clinique, les chevaux présentent souvent une douleur chronique en région
dorsale avec plus ou moins de la contre-performance. Cependant, le cheval présente rarement
une douleur sévère lors de la palpation, à la différence de certains cas de conflits de processus
épineux.
A l’examen radiographique, les changements observés seront une diminution de l’espace
articulaire, de la sclérose en regard et une néoformation osseuse au niveau de l’articulation.
Une échographie ainsi qu’une scintigraphie peuvent également être réalisées afin de
compléter le diagnostic et de permettre une meilleure interprétation des lésions et ainsi
d’adapter au mieux le traitement et la gestion du cheval.
b. Diagnostic clinique et radiologique
Il est important, concernant les affections des régions dorsale et cervicale, de s’assurer que les
lésions soient cliniquement significatives. En effet, il est tentant de les incriminer
lorsqu’aucune autre lésion n’est mise en évidence au niveau des membres. Il existe différentes
possibilités afin de le confirmer.
Tout d’abord, l’examen clinique permet de localiser une sensibilité dorsale du cheval ou un
défaut de mobilisation en flexion-extension. Encore une fois, il faudra faire attention au degré
de sensibilité individuel du cheval.
L’examen radiographique permet de mettre en évidence les lésions mais ne permet pas de
déterminer leurs conséquences cliniques. L’examen échographique de la colonne permet de
diagnostiquer certaines lésions non visibles sur les radiographies, telles que des lésions du
ligament supra-épineux, de l’ostéoarthrose au niveau des vertèbres lombaires ou encore
réalisée de manière transrectale, il permet d’examiner les articulations sacro-iliaques. Il
permet également de préciser certaines lésions telles que l’ostéoarthrose cervicale. La
thermographie peut être utile dans la détection de lésions aigues des tissus mous de la région
thoracolombaire 1.
77
La réponse du cheval à l’administration d’analgésiques au niveau de la lésion peut également
s’avérer utile dans certains cas 1. Il est intéressant de réaliser un examen scintigraphique mais
son accessibilité est limitée. Il n’existe actuellement que deux lieux en France où cet examen
est réalisable, au CIRALE et à Chantilly. Un troisième est en construction à l’Ecole Nationale
Vétérinaire de Nantes.
La combinaison des examens cliniques et radiologiques permettent une meilleure
compréhension des lésions, ce qui permet au clinicien d’adapter au mieux son traitement et sa
gestion à court et long termes.
c. Gestion des affections cervicale et dorsale
Il existe différents moyens pour traiter et ralentir l’évolution des affections de la colonne
vertébrale. Tout d’abord, il est possible, une fois le diagnostic établi, de réaliser un traitement
qui peut constituer en des injections locales de corticostéroïdes une mésothérapie dorsale ou
cervicale, une injection systémique de tiludronate ou encore une combinaison de ces
différentes options (Photos 20 et 21).
78
Photo 20 : injection locale de corticostéroïdes et d’anesthésique local Source : Ecole Nationale Vétérinaire de Nantes
Photo 21 : réalisation d’une mésothérapie en région dorsale Source : Ecole Nationale Vétérinaire de Nantes
Ceci permet souvent un soulagement de la douleur à moyen terme mais il est nécessaire de le
combiner avec d’autres traitements non médicaux.
Le travail sur le dressage est un point clé dans la prévention ou l’aggravation des lésions
dorsale ou cervicale. En effet, réalisé de façon trop contraignante ou en accentuant la
mobilisation des régions lésées, celui-ci peut devenir une véritable souffrance pour le cheval,
alors que bien adapté, il permet un développement de la musculature dorsale du cheval et
devenir une réelle physiothérapie 55. De nombreux chevaux présentant une douleur cervicale
79
ou dorsale répondent bien à la physiothérapie et notamment en réalisant des exercices de
stretching avec une mobilisation douce des régions affectées 1. Il existe également d’autres
possibilités dans ce domaine telles que les ondes de choc extracorporelles, l’acupuncture, la
chiropractie ou encore des massages ; le plus important étant de travailler avec des personnes
expérimentées et qualifiées.
La position de la selle tient une place importante dans la prévention de ces affections. Cet
aspect est souvent négligé par les cavaliers et à tort. En effet, en concours complet à haut
niveau, le cavalier utilise le plus couramment une selle différente pour chaque épreuve. Le
point principal pour ce dernier est qu’il se sente bien dedans, et l’adaptation au cheval passe
souvent au second plan.
Par ailleurs, lors des compétitions, les chevaux ont tendance à perdre beaucoup de poids ce
qui peut aggraver l’inadaptation de la selle. Les amortisseurs n’allègent pas la pression
exercée sur le dos et peuvent même l’empirer 1. Trouver des selles qui s’adaptent à la fois au
cavalier et au cheval est donc un point essentiel dans la prévention des affections dorsales.
3. Les affections podales
Au repos, un cheval repose environ un tiers de son poids sur chaque membre antérieur. Le
pied du cheval de concours complet et la ferrure qui l’accompagne sont compliqués à gérer
car il faut s’adapter à trois disciplines différentes, se concourant à des vitesses différentes et
sur des terrains différents 69. Bathe 1 décrit les douleurs dans la région podale comme étant la
deuxième cause de boiterie chez le cheval de concours complet .
a. Affections de la boite cornée et équilibre du pied
De nombreuses affections peuvent créer une douleur dans cette région. Les chevaux possédant
une sole fine et plate sont prédisposés aux contusions de la sole. Un déséquilibre latéro-médial
ou dorso-palmaire (-plantaire) peut également créer un inconfort chez le cheval et avoir pour
conséquence une boiterie chronique.
En effet, un déséquilibre latéro-médial peut induire une distorsion de la capsule articulaire et
une asymétrie des espaces articulaires distaux 70. Elever les talons crée une flexion des
articulations interphalangiennes, qui peut être bénéfique dans certains cas, bien qu’elle
entraine également une extension de l’articulation métacarpo-phalangienne . Concernant, les
tissus mous, la tension sur le tendon fléchisseur profond est réduite, ce qui contribue à
80
diminuer les contraintes sur l’os naviculaire. La tension exercée sur le tendon fléchisseur
superficiel, tendon le plus souvent affectée chez le cheval de concours complet, est
discrètement améliorée lorsque la pince est relevée 70. L’équilibre du pied est donc à adapter
en fonction des effets désirés sur les structures plus proximales mais un déséquilibre du pied
ne devrait pas être maintenu de manière prolongée.
De manière générale, les chevaux ayant une mauvaise conformation de pied sont prédisposés
et ils représentent un véritable challenge pour le maréchal-ferrant. L’idéal est de fournir au
cheval un pied bien balancé et équilibré et de protéger si la sole est trop fine, en mettant par
exemple des fers à oignons qui augmentent la surface d’appui en talon et limitent leur
enfoncement dans le sol (Figure 10). Cette ferrure ne peut néanmoins pas être maintenue de
manière prolongée car elle sollicite l’articulation métacarpo-phalangienne et peut créer une
synovite à long terme.
Figure 10 : image d’un fer à oignon, Source : www.acr-concept.com
La pose de plaque entre le fer et la sole permet de protéger le pied du cheval contre les
différents éléments contondants qui pourraient heurter la corne lors de l’épreuve de cross qui
se déroule souvent sur différents types de terrain. Des compléments alimentaires à base de
biotine ou encore des traitements locaux tels que le Keratex® peuvent également aider à la
pousse de la corne.
b. Syndrome naviculaire
Ce syndrome n’est pas spécifique du cheval de concours complet, ce pourquoi il n’est pas
détaillé dans cette étude. De plus, en raison de l’entrainement intensif et de la qualité variable
des sols de travail et de compétition, des formes marquées à sévères de maladies naviculaires
sont rarement observées dans la discipline. Le syndrome naviculaire est une boiterie
81
chronique souvent bilatérale, associée à de la douleur provenant de l’os naviculaire et/ou des
structures qui lui sont proches telles que les ligaments collatéraux de l’os naviculaire, le
ligament impair, la bourse naviculaire et le tendon fléchisseur profond du doigt 71 .Cette
pathologie est parfois associée avec un déséquilibre au niveau du pied ou encore chez les
chevaux ayant une sole plate mais sa cause reste encore indéterminée et probablement
multifactorielle 71. La réalisation d’une anesthésie digitale distale donne le plus souvent une
bonne amélioration de la boiterie même si elle ne la supprime pas toujours totalement 71. Le
diagnostic se fait à l’aide de radiographies de l’os naviculaire à l’aide notamment de vues
classiques (deux vue dorso-palmaire, une à l’horizontale et l’autre inclinée à 60°, et une vue
latéro-médiale) ainsi qu’une vue tangentielle, également appelée skyline.
Les modifications radiographiques sont variables : on retrouve notamment une réduction du
contraste entre le cortex et la médulla, une augmentation en nombre et en taille de zones
radiotransparentes au niveau du rebord distal de l’os ou dans la médulla, la formation
d’enthésophytes, un remodelage et un remaniement de la faces flexoria…71 (Figures 11 et 12)
82
Figures 11 et 12 : images radiographiques : vue tangentielle et vue orientée à 60° illustrant un syndrome naviculaire
Source : Faculté de Médecine Vétérinaire de Saint Hyacinthe
L’examen échographique est plus adapté aux structures de type tissu mou. Cependant, la
région est peu accessible en raison de sa localisation dans la boite cornée. Il est néanmoins
possible d’examiner une portion du tendon fléchisseur profond ainsi que le ligament impair à
l’aide d’une échographie transfurcale. Le site du tendon fléchisseur profond le plus souvent
atteint chez le cheval de concours complet se situe au niveau de la région naviculaire ou en
région palmaire de la phalange distale 61. L’examen de choix pour cette région est une
Imagerie par Résonnance Magnétique (IRM), mais sa disponibilité et son coût sont souvent
un obstacle à sa réalisation.
La ferrure ainsi que la qualité du sol à l’entraînement aussi bien qu’en compétition, tiennent
un grand rôle dans la gestion du syndrome naviculaire. Les grands principes pour trouver une
ferrure adaptée au cheval sont : un bon équilibre latéro-médial, mettre une ferrure roulante en
pince et surélever si possible les talons afin de soulager le tendon fléchisseur profond du doigt 70,71. Les fers en forme d’œuf, également appelé « egg bar shoe », sont souvent utilisés dans le
traitement du syndrome naviculaire et ces derniers existent également de manière compensée
afin de soulager le tendon fléchisseur profond ainsi que l’articulation inter-phalangienne
distale (Figure 13).
83
Figure 13 : image d’un fer egg bar shoe compensé en talon
Source : www.acr-concept.com
Le cas échéant, le cheval portera sa ferrure orthopédique pendant la période hors-saison, c'est-
à-dire l’hiver. Durant la période de compétition, une ferrure avec des fers roulants et légers,
soit en aluminium, sera privilégiée 55.
Les crampons sont souvent utilisés lors de l’épreuve de cross. Certains cavaliers n’utilisent
qu’un crampon latéralement afin d’éviter les blessures en partie médiale du membre
controlatéral. Ceci est à déconseiller car cela crée un déséquilibre au niveau du pied. Les
crampons et donc les mortaises doivent être posés le plus palmairement possible afin d’éviter
au maximum de réduire la taille du fer.
Certains chevaux répondent bien aux anti-inflammatoires non stéroïdiens mais s’agissant de
molécules interdites en compétition, ceci n’est donc pas une solution utilisable et envisageable
à long terme. Les biphosphonates tels que le tiludronate, utilisables en injection intraveineuse
permettent une amélioration clinique chez certains chevaux. Cependant, il s’agit d’une
molécule couteuse et ce traitement doit être associé à une ferrure orthopédique adéquate.
Les affections du pied sont courantes chez le cheval de concours complet et constituent un
challenge non seulement du point de vue du diagnostic mais également d’un point de vue
gestion car celle-ci doit s’effectuer au cas par cas.
84
4. Les ostéo-arthropathies dégénératives (OAD)
a. Définition et diagnostic des OAD 1,72
L’ostéo-arthropathie dégénérative (OAD) est une affection inflammatoire des articulations
mobiles caractérisée par une perte du cartilage articulaire et par une prolifération osseuse des
surfaces articulaires et des marges de l’articulation.
L’étiologie est probablement multifactorielle et reste encore imprécise. Cette affection touche
surtout la partie distale des membres et notamment des membres antérieurs. L’articulation la
plus touchée chez le cheval de concours complet est l’articulation inter-phalangienne distale
ainsi que la métacarpo(métatarso)-phalangienne. Les OAD sont probablement la cause la plus
fréquente des boiteries chez le cheval. Cependant, la corrélation entre le degré de boiterie et la
sévérité des lésions est souvent faible. En effet, la caractéristique de l’OAD est la
dégénérescence du cartilage articulaire qui est un tissu dénué d’innervation sensorielle. La
boiterie associée à l’OAD est plus souvent due à l’implication des tissus mous péri-articulaire,
richement innervés et de l’os.
Il existe, comme souvent dans les affections locomotrices, différents moyens de diagnostic
dont les résultats doivent être interprétés dans leur ensemble.
Lors de l’examen clinique, les articulations atteintes peuvent présenter de la distension
articulaire et de la douleur, palpable dans certains cas comme pour l’articulation inter-
phalangienne distale ou encore plus facilement pour l’articulation du boulet. Ces signes sont
notamment présents lors d’OAD débutante alors que lors d’affection chronique, les
phénomènes de fibrose deviennent plus importants. Les tests de flexion sont souvent positifs
mais ne sont pas spécifiques.
Si le cheval est cliniquement boiteux, il est possible d’apprécier les effets d’une anesthésie
intra-articulaire. Lors de la ponction, le liquide synovial visualisé présente une viscosité
diminuée, comparé à un liquide synovial normal, ceci étant du à une diminution de la
concentration ou à une dépolymérisation de l’acide hyaluronique dans le liquide synovial.
Les radiographies sont souvent très utiles pour le diagnostic. Cependant les articulations avec
un faible degré d’ostéoarthrose ne présentent souvent pas ou peu de modification
radiographique, ce qui rend le diagnostic difficile en début d’évolution. Par ailleurs, le degré
de lésions détectées à la radiographie ne correspond pas toujours avec le degré de boiterie.
Les signes radiographiques sont une diminution de l’espace articulaire, de la sclérose
souschondrale et de l’ostéophytose. Peuvent ensuite apparaitre de la lyse sous-chondrale, une
85
fragmentation ostéochondrale et finalement une ankylose de l’articulation (Figure 14). Les
changements radiographiques sont souvent plus tardifs dans les articulations métacarpo et
métatarso-phalangiennes que dans les autres articulations.
Figure 14 : image radiographique représentant de l’ostéoarthrose sévère en face médiale de l’articulation métacarpo-phalangienne d’un membre antérieur. On remarque une diminution
marquée de l’espace articulaire ainsi qu’une sclérose importante de l’os sous-chondral Source : Faculté de Médecine Vétérinaire de Saint-Hyacinthe
L’échographie permet d’évaluer la présence de synovite chronique proliférative, l’épaisseur et
les irrégularités éventuelles du cartilage, la capsule articulaire ainsi que les tissus mous péri-
articulaires.
L’ostéoarthrose de l’articulation inter-tarsienne distale et de l’articulation tarso-métatarsienne,
appelée aussi « éparvin », est retrouvée chez certains chevaux de concours complet.
Cependant, la scintigraphie, examen qui met en évidence les remodelages osseux actifs, peut
se révéler positive au niveau de cette articulation chez des chevaux cliniquement sains.
Comme pour les affections dorsales, il est donc important de prendre en compte la
signification clinique de ces lésions.
Latéral Médial
86
b. Gestion des OAD
La gestion de cette pathologie a pour but de ralentir la progression des modifications de
l’articulation. Elle consiste le plus souvent en une injection intra-articulaire de
corticostéroïdes et/ou d’acide hyaluronique. Certaines molécules sont disponibles également
par voie systémique comme l’acide hyaluronique ou les glycosaminoglycanes mais leur
efficacité n’est pas aussi bonne que par voie intra-articulaire.
En prévention, il existe des compléments alimentaires à base de sulfate de chondroïtine et de
glucosamine, bien que leur efficacité in vivo n’ait pas été clairement démontrée suite à une
administration par voie orale. Les injections intra-articulaires de corticostéroïdes avec de
l’acide hyaluronique peuvent être utilisées en prévention. Cependant, la stérilité est très
importante lors de ce geste technique car une infection iatrogène pourrait entraîner le
développement d’une arthrite septique, ce qui aurait des conséquences catastrophiques sur la
santé de l’articulation et le futur sportif du cheval.
Si le cheval ne répond pas sous traitement médical, il est possible d’identifier les zones non
saines et de cureter et débrider à ces niveaux sous arthroscopie.
L’ostéoarthrose est une pathologie présente chez de nombreux chevaux et qui n’épargne pas
les chevaux de concours complet. Il faut savoir les diagnostiquer à temps afin de pouvoir
ralentir l’évolution du processus dégénératif.
5. Les desmites et tendinites
Les tendinites sont particulièrement connues dans le milieu du cheval car il s’agit d’une
pathologie fréquente, entraînant une boiterie importante, avec un temps de convalescence long
et un taux de récidive élevé. Les affections affectant le plus les chevaux de concours complet
sont la tendinite du fléchisseur superficiel et la desmite du ligament suspenseur du boulet, que
nous allons étudier dans cette partie.
87
a. Tendinite du tendon fléchisseur superficiel du doigt
Cette affection est décrite comme « l’épée de Damoclès » qui réside au dessus du cheval de
concours complet 55. Bathe 1 la décrit comme la cause la plus importante de gaspillage des
chevaux de concours complet en raison de la convalescence prolongée qui en découle ainsi
que le taux élevé de rechute par la suite. Il s’agit de la structure de type tissu mou en région
digitale, la plus souvent atteinte chez les chevaux de concours complet, suivie par le ligament
suspenseur du boulet. Ceci est probablement du à la combinaison galop sur une longue
distance – sauts sur des terrains de consistances différentes. 73 Elle atteint le plus souvent les
membres antérieurs 61. Leur prévalence semble cependant avoir diminué depuis la suppression
de l’épreuve de steeple-chase lors du cross 55.
Les signes cliniques de la tendinite du tendon fléchisseur superficiel sont très variés 73. Les
tendinites du tendon fléchisseur superficiel peuvent apparaitre de manière aigue lors de chutes
avec traumatisme par exemple sur le parcours de cross. Cependant, la grande majorité des
causes de tendinites repose sur la répétition de la charge imposée à cette structure 1. A la
différence du ligament suspenseur du boulet, le tendon fléchisseur superficiel ne se consolide
pas avec le travail mais accumule les microtraumatismes lors des différents exercices et
notamment lors des galops à l’entraînement, et lors des compétitions. Les tendinites
apparaissent le plus souvent chez les chevaux soutenant un travail sans avoir reçu de mise en
condition adaptée à ce niveau de travail 74. Les signes précurseurs de la tendinite se traduisent
alors cliniquement par une augmentation de la chaleur palpable ou une légère déformation en
région métacarpienne palmaire. Les fibres tendineuses peuvent supporter un certain stress, et
au-delà de cette limite, les signes cliniques de la tendinite apparaissent alors de manière aigue,
après un galop normal ou une compétition, se traduisant par une boiterie marquée.
Les tendinites subcliniques ne sont pas rares chez les chevaux de concours complet et
apparaissent cliniquement lors de la reprise du travail, consécutive au repos accordé après une
compétition, ce qui peut parfois prendre plusieurs mois 1! Il devient alors difficile d’identifier
le tendon fléchisseur superficiel comme étant la cause de l’intolérance à l’exercice, d’autant
plus que le tendon peut apparaitre normal à la palpation 74.
Le diagnostic repose sur différents points : tout d’abord, il peut y avoir une déformation au
niveau de la région métacarpienne palmaire, souvent dite en « banane » en raison de sa forme
caractéristique (Photo 22).
88
Photo 22 : cheval présentant un profil de tendon normal (à droite de la photo) et un profil caractéristique de tendinite du fléchisseur superficiel (à gauche de la photo)
Source : Faculté de Médecine Vétérinaire de Saint-Hyacinthe
La palpation profonde du tendon fléchisseur superficiel est indicatrice de la douleur associée à
la manipulation. Celle-ci doit se faire au soutien. En effet, à l’appui, les fibres tendineuses
sont en tension et ne sont donc pas sensibles aux pressions exercées par le manipulateur. La
palpation au soutien permet également de détecter une déformation non détectable lors de
l’appui. L’espace entre le tendon fléchisseur profond et le tendon fléchisseur superficiel doit
être palpable physiologiquement. Le contraire est indicateur d’épaississement ou de
déformation de l’une des deux structures. Il est important de manipuler les deux membres du
cheval car certains chevaux sont sensibles à la palpation sans pour autant présenter de lésion
sous-jacente, mais seulement en raison de la pression exercée en région cutanée. Une
différence de réponse entre les deux membres est considérée comme significative.
Un examen thermographique permet de révéler une zone de chaleur au niveau de la lésion.
Réalisée de façon régulière, il peut permettre de détecter une lésion plus précocement et
également un suivi facile lors de la période de réhabilitation 61.
L’examen échographique est un élément indispensable lors du diagnostic de tendinite, et il
permet d’évaluer la sévérité des lésions ainsi de fournir un traitement adapté ainsi qu’un
pronostic 1,74,73. Allen61 décrit cet examen comme étant le « gold standard » pour l’évaluation
des tendinites. L’évaluation échographique consiste en un examen minutieux de toute la
région métacarpienne en coupe transversale et en coupe longitudinale ; la coupe transversale
89
permettant une vue d’ensemble du tendon et la coupe longitudinale, une vision plus détaillée
des fibres. Les lésions tendineuses peuvent apparaitre hypoéchogènes au début de leur
évolution puis de plus en plus hyperéchogènes lorsque le processus de cicatrisation se met en
place (Figure 15, 16 et 17)
Figures 15 et 16 : images échographiques en coupe longitudinale et transversale de tendon fléchisseur superficiel du doigt : on peut noter les zones hypoéchogène au sein de ce dernier
(flèches blanches) Source : Eduardo Almeida da Silveira et Faculté de Médecine Vétérinaire de Saint-Hyacinthe
90
Figure 17 : image échographique de branche latérale du ligament suspenseur du boulet : on peut noter les multiples points hyperéchogènes au sein de cette branche
Source : Faculté de Médecine Vétérinaire de Saint Hyacinthe
Lors du processus de cicatrisation, les premières fibres en place sont de taille plus courte que
les autres, ce qui peut être mis en évidence sur les coupes longitudinales.
Les éléments à évaluer lors de la détection d’une lésion sont la taille de la lésion ainsi que le
pourcentage de la coupe transversale atteint. La taille du tendon peut augmenter de 10% de
manière normale lors d’un entrainement intense mais cela doit revenir à la normale à la fin de
la saison 1. Lorsque les lésions sont bilatérales, la détection d’une augmentation de taille du
tendon est compliquée car aucune comparaison n’est possible ; c’est pourquoi il est
intéressant de posséder des images et des valeurs de référence pour chaque cheval. Si tel n’est
pas le cas et que la région métacarpienne est suspecte cliniquement, le cheval doit être traité
comme s’il présentait une lésion et un nouvel examen échographique répété une à deux
semaines plus tard 73. Ceci met encore l’accent sur l’intérêt d’un suivi longitudinal, permettant
d’avoir des images de référence pour chaque cheval.
L’idéal est de réaliser un examen échographique après chaque effort intense. Cependant, si
celui-ci est réalisé trop tôt, l’ampleur de la lésion peut ne pas être détectable et si celui-ci est
réalisé trop tard, il ne permet pas une gestion précoce. Une échographie réalisée une à deux
semaines après la compétition permet de diagnostiquer des lésions pré-cliniques, encore
petites et de les gérer en conséquence avant qu’elles n’évoluent de manière dramatique 73,55 .
91
Il n’existe pas de traitement miracle pour les tendinites et le taux de récidive est élevé 73. Lors
de la détection de la lésion, un traitement initial à base de repos et d’anti-inflammatoire tel
que de la phénylbutazone permettent de réduire l’inflammation de manière significative. Des
bandages de support tels que des bandes de repos doivent être mis en place au niveau du
membre atteint et du membre controlatéral afin de diminuer le développement d’enflure ou
d’œdème dus à l’inflammation. Lors de la phase d’inflammation aigue, de l’hydrothérapie à
l’eau froide ainsi que des applications de glace sont bénéfiques car elles créent une
vasoconstriction localisée. Les ondes de chocs extracorporelles permettent également de
réduire la présence d’œdème 61.
Concernant l’exercice, les mentalités ont changé et un repos total à long terme n’est plus
recommandé car ce dernier ne permet pas d’évolution des lésions, même dans le bon sens. Il
est donc actuellement préconisé de réaliser, après trois à six semaines de repos, un exercice
contrôlé tout en réalisant un suivi échographique afin d’évaluer quel est le niveau d’exercice
qui convient le mieux à la bonne cicatrisation du tendon 55,1,61. En effet, une charge trop
importante pourrait endommager les fibres en cours de cicatrisation qui sont encore très
fragiles. Le comportement du cheval est à prendre en compte lors de la période de
réhabilitation : en effet, un cheval trop « chaud » lors de la marche en main peut être plus
calme monté et cette solution est alors préférable. Le temps de convalescence peut varier de
plusieurs semaines à plusieurs mois voire plus d’un an ! Celui-ci dépend de l’évolution
échographique de la lésion lors de la convalescence et lors de la reprise du travail qui est une
période critique.
Concernant les nouveaux traitements, ils sont nombreux, souvent très couteux et leur
efficacité n’a pas encore été pleinement prouvée : on retrouve les cellules couches, le TGF β
(Transforming Growth Factor β), les antagonistes des récepteurs à l’interleukine 1
(technologie IRAP®)… Plusieurs études avec témoin en double aveugle sont actuellement en
cours afin d’évaluer réellement les bienfaits apportés par ces différentes molécules.
92
b. Desmite du ligament suspenseur du boulet
Les sites fréquemment atteints chez le cheval de concours complet sont la partie proximale au
niveau des membres postérieurs et les branches médiale et latérale au niveau des membres
antérieurs 55. Allen 61 décrit également des atteintes du corps du ligament suspenseur du
boulet. Le pronostic est plus mauvais pour les lésions atteignant les membres postérieurs 1.
De la même façon que pour le tendon fléchisseur superficiel, la lésion peut apparaitre de
façon aigue et être associée à une déformation nette et une boiterie importante ou être
subclinique, avec présence d’une boiterie intermittente, notamment présente suite à un effort
intense. La déformation est présente et palpable dorsalement et palmairement (plantairement)
au ligament suspenseur du boulet. Une palpation profonde au soutien permet également de
révéler une zone plus sensible. Lors de suspicion d’atteinte de la portion proximale du
ligament suspenseur du boulet, un test de pression à son origine peut être réalisé : celui-ci
consiste en l’application d’une pression importante au niveau de l’origine du suspenseur
pendant environ dix à quinze secondes puis faire partir le cheval au trot afin d’évaluer si la
boiterie a empiré ou non. Si c’est le cas, le test est considéré comme positif.
Les chevaux ayant atteint un certain niveau et une certaine expérience présentent souvent un
épaississement chronique au niveau des branches sans boiterie associée. L’examen
échographique révèle une fibrose péri-ligamenteuse sans évidence de lésion hypoéchogène.
Cette condition est à surveiller de près avec de l’exercice contrôlé et des soins locaux mais
peut se gérer en maintenant le cheval à son niveau actuel de compétition.
La réalisation d’anesthésies locales permet de préciser le diagnostic. Une anesthésie des nerfs
métacarpiens palmaires (plantaires) ou du nerf palmaire (plantaire) latéral permet
généralement une amélioration importante de la boiterie lorsque la partie proximale du
suspenseur en est la cause. Cependant, cette anesthésie provoquerait également une
amélioration clinique si son origine était plus distale. Par ailleurs, une partie de l’anesthésique
peut se retrouver dans le canal carpien ou l’articulation tarso-métatarsienne. Il faut donc d’une
part prendre garde aux faux positifs et d’autre part réaliser cette injection de manière
parfaitement stérile. Les anesthésies locales permettent de confirmer la suspicion du clinicien
mais ne sont pas spécifiques des lésions du ligament suspenseur du boulet en région
proximale 75.
L’échographie est, de la même façon que pour les tendinites, un examen complémentaire
indispensable dans l’étape diagnostique. Des radiographies peuvent s’avérer nécessaires en
raison da la possibilité d’enthésopathie mais également parce que les desmites du ligament
93
suspenseur du boulet peuvent être associées à une fracture des os métacarpiens (métatarsiens)
deux et quatre et cette pathologie doit être écartée ou le cas échéant, traitée chirurgicalement.
La plupart des chevaux répondent bien à un exercice contrôlé sur plusieurs mois 1. Cependant,
le pronostic des chevaux présentant une lésion chronique de la région proximale du ligament
suspenseur du boulet des membres postérieurs est plutôt mauvais 75. Les ondes de choc extra
corporelles peuvent être intégrées dans le traitement. Une étude réalisée sur 11 chevaux
présentant une lésion chronique en partie proximale du ligament suspenseur du boulet sur un
membre postérieur, associée à une boiterie de grade 1 à 3 sur 5 conclut à une bonne efficacité
de ce traitement 76. Celui-ci peut cependant induire un risque de retour à l’exercice plus
précoce du à un excès de confiance de la part du cavalier ou de l’entraîneur, ce qui devient
alors plus néfaste que bénéfique.
Lorsque l’exercice contrôlé ou les ondes de choc n’apportent pas d’amélioration, une injection
locale de corticostéroïdes tels que la triamcinolone est réalisable même s’il ne s’agit pas d’une
option sur le long terme 1. Cette option peut également être choisie en cas de lésion aigue,
hypoéchogène et permet une réduction de l’inflammation et de l’enflure localement. Certaines
études sont également en cours concernant d’autres molécules injectables localement mais à
l’heure actuelle, il n’en existe aucune prouvant l’efficacité in vivo de l’une d’entre elles.
Les desmites et tendinites sont des affections fréquentes chez le cheval de concours complet.
Elles sont difficiles à traiter et présentent un haut taux de récidive. Ce sont des affections
particulièrement importantes à prévenir, notamment par un examen minutieux de ces régions
chaque jour et par l’utilisation de bons sols, notamment pour les galops à l’entraînement. Un
suivi longitudinal est très important car il permet de diagnostiquer précocement une lésion
débutante et de mettre en place rapidement un traitement, afin de permettre un meilleur
pronostic sportif pour le cheval.
94
III. SUIVI DU CHEVAL DE CONCOURS COMPLET : ROLE DU VETERINAIRE ET DU CAVALIER
Un cheval de haut niveau est un athlète qui nécessite un suivi régulier ou suivi longitudinal,
afin de surveiller son état de santé et ses capacités sportives. Ce suivi a pour base un examen
de départ, qui peut être l’examen d’achat le cas échéant. Cet examen sera abordé dans une
première partie, puis seront étudiés les différents bilans réalisables d’un point de vue médical
et locomoteur dans le suivi d’un cheval, en axant sur les dominantes pathologiques décrites
dans le chapitre précédent, pour conclure sur le suivi lors d’une compétition, d’une saison et
d’une carrière entière.
A. La visite d’achat
Dans cette partie ne seront abordés que les rôles et objectifs de cette visite d’achat ainsi que
l’examen de base qui le constitue. Les différents examens complémentaires seront en effet
abordés dans le III.B.1 et III.B.2 et peuvent s’appliquer à l’examen d’achat en fonction des
résultats de l’examen clinique.
1. Rôles et objectifs de la visite d’achat 77
La visite d’achat est un examen particulièrement important à plusieurs niveaux. Il permet
d’orienter la décision du futur acheteur en l’informant sur l’état de santé actuel du cheval et
sur les probabilités qu’il corresponde à ses attentes futures. L’examen d’achat se doit d’être
objectif et ne se conclut pas par oui ou par non mais par des conseils prodigués à l’acheteur
concernant le cheval, lui permettant de prendre une décision.
Lors de la visite d’achat, le vétérinaire doit tout d’abord observer objectivement la condition
physique du cheval. Ensuite, il doit aider l’acheteur à prendre sa décision en effectuant un
examen ciblé, à la recherche éventuelle d’anomalies permettant d’établir un pronostic pour
l’avenir. Et enfin, si le cheval est acheté, cet examen servira de référence pour le vétérinaire
qui en assurera le suivi par la suite. En effet, celle-ci est en quelque sorte le point de départ
du suivi longitudinal qui sera effectué sur le cheval.
Lors d’un examen d’achat, il est important de posséder une bonne anamnèse du cheval et de
savoir à quelle discipline celui-ci est destiné. En effet, les disciplines sont différemment
exigeantes et le niveau attendu est également un facteur à prendre en compte. Il est préférable
95
que le vétérinaire possède une bonne connaissance de la discipline pour laquelle le cheval est
destiné. Le vétérinaire doit garder en mémoire que certains vendeurs sont prêt à masquer
certains points pour vendre le cheval et que, à l’inverse, certains acheteurs sont prêt à occulter
certains points négatifs tellement ils désirent l’acheter.
La visite d’achat n’est pas un examen fixe : elle consiste d’abord en un examen clinique
complet du cheval, puis, en fonction des résultats de cet examen, des désirs mais également
des possibilités financières de l’acheteur, être complétée par certains examens
complémentaires choisis au cas par cas par le vétérinaire. Pour un cheval destiné au haut
niveau, il est possible de réaliser un contrôle antidopage en effectuant des analyses d’urine
et/ou de sang.
2. Examen clinique 77,78
L’examen clinique doit être méthodique afin de ne rien oublier. Tout d’abord, la signalisation
du cheval est à vérifier dans son carnet ou son passeport ainsi que son statut vaccinal et son
programme de vermifugation. L’état général du cheval et sa conformation doivent être
évalués et à considérer en fonction de l’activité souhaitée pour le cheval. Il est clair qu’un
cheval de trait n’est pas adapté au concours complet ! Il faut également évaluer le
comportement du cheval afin d’en évaluer la potentielle dangerosité pour l’acheteur.
Suite à un examen général classique, les différents systèmes doivent être passés en revue afin
de ne rien occulter.
- Examen ophtalmologique : observation des deux yeux et de leurs annexes à l’aide d’un
ophtalmoscope. Certains examens complémentaires tels qu’un test à la fluorescéine peuvent
être effectués en cas de suspicion clinique.
- Examen buccal : étant donné que différents mors sont souvent utilisés lors d’une
épreuve de concours complet, il faut s’assurer que la bouche est en bonne santé et que les
dents sont correctement entretenues
- Examen de la fonction digestive : l’état corporel et d’hydratation donnent déjà un
aperçu mais il est préférable de s’assurer que l’appétit et l’abreuvement sont bons.
L’alimentation est à discuter avec le propriétaire car le cheval de concours complet est un gros
consommateur d’énergie, qui réalise des efforts prolongés et qui est sensible à la
déshydratation en cours d’épreuve.
- Examen de la fonction respiratoire : l’absence de jetage nasal, de matité sinusale à la
percussion ou d’anomalie à la palpation du larynx doit être vérifiée. Un test au sac permet
96
d’augmenter l’amplitude des mouvements respiratoires du cheval et ainsi une bonne
auscultation de l’aire pulmonaire et de la trachée. Une auscultation normale ne doit pas
comporter de bruits surajoutés (sifflement ou de crépitement). La récupération du cheval au
retrait du sac doit être de moins de 4 cycles respiratoires.
- Examen de la fonction cardiaque : une auscultation bilatérale attentive doit être
pratiquée au repos et si possible après l’effort afin de mesurer la fréquence cardiaque mais
d’évaluer également le rythme et l’absence de souffle. D’autres signes cliniques tels que
l’observation des muqueuses, le pouls artériel ou le remplissage jugulaire sont des indicateurs
de la fonction cardiaque. Cette étape est souvent négligée car l’appareil cardio-vasculaire est
rarement en cause dans les problèmes de contre-performance 50
- Examen de la fonction locomotrice : un examen locomoteur statique et dynamique doit
être réalisé afin de cibler d’éventuels problèmes.
Les trois derniers points ne sont pas détaillés ici car ils seront abordés dans l’aspect clinique
de la partie III.B.
Suite à cet examen, si le clinicien fait face à des anomalies et en accord avec l’acheteur,
certains examens complémentaires peuvent être réalisés. En France et dans certains autres
pays d’Europe, il est courant de réaliser des radiographies de routine dont la quantité dépend
de l’examen général, du vétérinaire et du budget de l’acheteur. D’autres examens ne sont pas
systématiques mais peuvent être réalisés tels qu’une échographie tendineuse, ou une
endoscopie des voies respiratoires supérieures. Ceci est, encore une fois, à décider au cas par
cas et en accord avec les désirs de l’acheteur.
Une fois cet examen réalisé, il permet d’effectuer de nouveaux examens ciblés dans le suivi
du cheval, notamment après un galop important ou un mois avant une épreuve de haut niveau,
ou encore suite à un incident. Pour le succès du suivi d’un cheval, il est nécessaire pour le
vétérinaire de connaitre le couple cavalier/cheval au travail et lors des épreuves, de connaitre
également la charge de travail imposée au cheval, de maintenir des examens réguliers en
fonction de l’état de santé du cheval et de son planning de compétition ainsi qu’une bonne
communication avec le vétérinaire fédéral.
Les différents examens pouvant être réalisés lors d’un suivi longitudinal sont exposés dans le
chapitre qui suit, et sont à effectuer en fonction des systèmes impliqués et de l’anamnèse
rapportée par le cavalier et/ou le propriétaire.
97
B. Bilan type du cheval de concours complet
1. Bilan médical
a. Modifications des paramètres sanguins chez le cheval de concours complet
Valeurs au repos chez un cheval entrainé
L’objectif de l’analyse sanguine chez le cheval sportif est de contrôler et de suivre son état de
santé et son état de forme. Il faut cependant bien interpréter certaines valeurs qui ont une
fourchette de normes très large. Il est important, lorsque plusieurs prises de sang sont
effectuées au repos, de prélever le cheval au même moment de la journée, par exemple le
matin avant la ration et de toujours effectuer les analyses au sein du même laboratoire. Ceci
permet d’éviter de fausses interprétations, pouvant être expliquées par différents événements
au cours de la journée (exercice, stress, prise de nourriture…)
Les valeurs érythrocytaires augmentent pour un cheval donné avec l’âge et l’entraînement 79.
Cependant, il est difficile d’établir une différence entre un cheval bien entraîné et un autre en
basant simplement sur une hématologie. En effet, ces valeurs seront le plus souvent dans les
normes, quels que soient le cheval et son activité.
Il existe cependant une variabilité individuelle et Szarska 80 décrit le cas d’un cheval éliminé
des Jeux Olympiques de Seoul car, suite à un petit épisode de jetage, le cheval a été prélevé et
son hématocrite a été jugé trop bas pour qu’il puisse prendre le départ. Cependant, grâce à un
suivi régulier lors de la saison, il s’est avéré que cette valeur était la valeur de base de ce
cheval. L’auteur suggère donc qu’il soit attribué des valeurs de référence individuelles pour
les principaux paramètres sanguins que sont l’hématocrite et les protéines totales, et que ces
valeurs soient inscrites dans le passeport du cheval 80.
Valeurs lors de l’exercice
Hématologie
L’état de déshydratation associé à l’effort produit par le cheval a pour conséquence une
modification de certains paramètres sanguins.
Les paramètres érythrocytaires se retrouvent souvent augmentés en raison d’une diminution
du volume plasmatique, causée par une sudation importante et d’une libération de
98
catécholamines, provoquant une splénocontraction 15,81,82. Cette dernière permet un relargage
de globules rouges contenus dans la rate dans la circulation et permet d’augmenter la quantité
d’oxygène transporté afin de soutenir le métabolisme aérobie. Par ailleurs, cette nouvelle
source d’hémoglobine jouerait un rôle dans le tampon acido-basique de l’organisme et
permettrait ainsi de lutter contre l’acidose métabolique à l’effort 83. Dans l’étude d’Ecker et
Lindinger 15 réalisée sur 49 chevaux de concours complet de différents niveaux, l’auteur
remarque que la valeur de l’hématocrite augmente avec la difficulté de l’exercice et que celui-
ci dépasse 60%, juste après l’épreuve de cross, sur certains chevaux de niveau international. Il
diminue progressivement par la suite mais reste au-delà des valeurs de repos après 30 minutes
de récupération 15.
Biochimie
Les protéines totales et le taux d’albumine plasmatique augmentent également avec
l’exercice. Ceci est dû à la sudation importante du cheval, causant une déshydratation et une
diminution du volume plasmatique. Les valeurs de protéines totales et d’albumine reviennent
à la normale dans les 30 minutes suivant l’arrêt de l’exercice si la récupération s’effectue
normalement 15,82. Ces valeurs sont donc utiles afin de surveiller l’état d’hydratation du cheval
après l’épreuve, notamment si les conditions de température-humidité ne sont pas favorables.
La glycémie augmente durant l’exercice en réponse à une forte augmentation de la
mobilisation des réserves afin de fournir au muscle l’énergie dont il a besoin. En effet, le
glucose exogène est un carburant majeur de l’organisme 15. Cette valeur revient vite à la
normale après l’arrêt de l’exercice.
Il convient également de vérifier tous les autres paramètres des organes vitaux, tels que les
paramètres rénaux et hépatiques afin de s’assurer du bon état de santé du cheval, notamment
si le cheval devient âgé.
99
b. Suivi de la fréquence cardiaque et de la lactatémie
Ces 2 paramètres sont étudiés au sein du même chapitre car ils sont souvent reliés afin
d’évaluer la qualité de l’entraînement du cheval.
Lactatémie
Bases sur le métabolisme du lactate
Le dosage du lactate sanguin permet de mesurer le niveau de sollicitation énergétique du
cheval athlète. Il est issu du métabolisme anaérobie du pyruvate. Ce dernier est utilisé
prioritairement par la voie aérobie mais lorsque l’exercice se poursuit dans le temps ou
devient trop intense, elle atteint un seuil de saturation et la voie anaérobie est sollicitée. Ceci
aboutit à une augmentation de la quantité de lactate d’abord dans le muscle puis dans le sang.
Le lactate peut être également utilisé comme substrat énergétique. Si l’effort se stabilise, il
peut alors exister un état d’équilibre entre la production et l’élimination de lactate. Cependant,
au-delà d’une certaine intensité dans l’exercice, la production dépasse l’élimination et le
lactate s’accumule dans l’organisme.
Le lactate : palier entre aérobie et anaérobie
Il existe différents points de vue concernant l’interprétation des valeurs de lactatémie et
notamment à partir de quelles valeurs peut-on considérer que l’effort n’est plus strictement
aérobie. Un modèle qui semble s’adapter au cheval est celui de Kindermann. Celui-ci définit 2
seuils de lactatémie :
- le seuil aérobie correspondant à une intensité d’effort associé à une lactatémie de 2
mmol/l
- le seuil anaérobie correspondant à une intensité d’effort associé à une lactatémie de 4
mmol/l
Avant le premier seuil (2 mmol/l), il existe un équilibre entre la production et l’élimination du
lactate. Entre les 2 seuils (2 et 4 mmol/l) se situe une zone de transition aérobie/anaérobie,
zone où la voie anaérobie commence à être recrutée. Si l’intensité de l’exercice reste
constante, un état d’équilibre est possible. Après le 2ème seuil (4 mmol/l), tout état d’équilibre
n’est plus possible même si l’exercice reste d’intensité constante. Dans l’étude de Munoz et
100
al. 81, les lactates augmentent considérablement pendant l’effort et diminuent ensuite
progressivement lors de la récupération, même s’ils restent au dessus du seuil anaérobie de 4
mmol/L 81. Le temps de récupération dépend de l’entraînement du cheval avant la
compétition.
Effet de l’entraînement sur la lactatémie
La valeur de la lactatémie évolue avec le niveau d’entraînement et de préparation du cheval.
En effet, cette dernière est significativement diminuée pour une intensité d’exercice donnée 84,85. Si on réalise une courbe représentant l’évolution de la lactatémie en fonction de
l’intensité de l’exercice, on pourra observer un déplacement à droite de cette courbe (Figure
18).
Figure 18: déplacement à droite de la courbe d’accumulation du lactate en fonction de la
vitesse avec l’entraînement, d’après Couroucé 86
La baisse de la lactatémie reliée à l’entraînement sera d’autant plus importante que
l’entraînement sera long dans le temps 81. Cette baisse peut être reliée à une baisse de la
production de lactate ou à une meilleure utilisation ou élimination 87,82.
Il existe peu d’études reliant le travail à l’entraînement des chevaux de concours complet et
les performances réalisées en compétition. Dans l’étude réalisée par Serrano et al.88, sur treize
101
chevaux de concours complet international à l’entraînement et en compétition, les auteurs
montrent que le travail demandé à l’entraînement est souvent insuffisant en comparaison à
l’effort demandé lors des épreuves. En effet, les valeurs moyennes de lactatémie à
l’entraînement sont de 1,0 ± 0,6 mmol/l tandis que celles mesurées après un concours complet
international trois étoiles atteignent des valeurs moyennes de 10,2 ± 4,2 mmol/l. Seul un
cavalier imposait des charges significatives de travail à son cheval lors de l’entraînement. Ce
dernier a d’ailleurs fait partie des chevaux les plus performants lors du concours complet
international trois étoiles étudié par l’auteur, ceci associé à une lactatémie de 4,7 mmol/l à
l’arrivée du cross. Cette valeur est bien inférieure à la valeur moyenne des autres chevaux
étudiés (10,2 ± 4,2 mmol), ayant reçu un entraînement moins intense88.
Certains cavaliers de concours complet sont réticents à augmenter l’intensité de
l’entraînement de leur cheval, ceci car ils ont peur de modifier le comportement du cheval et
ainsi de se retrouver pénalisés lors de l’épreuve de dressage car le cheval serait trop « chaud » 88. Mais il ne s’agit pas d’une raison suffisante pour sous-entraîner un cheval, car il peut être
dangereux d’emmener un cheval sur une épreuve pour laquelle il n’est pas préparé
adéquatement 88. Une étude effectuées sur de jeunes chevaux de concours complet (de 4 à 7
ans),a permis de mettre en évidence une inadéquation entre l’effort exigé à l’entraînement et
l’intensité du travail demandé lors des compétitions89.
Un entraînement raisonné doit permettre au cheval de concours complet d’optimiser sa
capacité aérobie ainsi que sa capacité anaérobie89. Il s’ensuit une meilleure récupération après
l’épreuve de cross en compétition et donc une meilleure condition physique pour l’épreuve de
saut d’obstacles du lendemain.
La fréquence cardiaque
Le système cardiovasculaire joue un rôle vital chez le cheval athlète car il assure
l’oxygénation, la nutrition et l’élimination des déchets métaboliques des tissus de l’organisme
et notamment du tissu musculaire 50. Il répond ainsi à une demande en oxygène qui peut être
considérable lors d’un effort intense.
Variations du repos à l’exercice
Au repos, la fréquence cardiaque normale d’un cheval varie entre 28 et 40 battements par
minute. Lors d’un exercice d’intensité submaximale, celle-ci peut augmenter rapidement puis
102
se stabilise après environ 30 à 45 secondes 90. Pour un exercice donné, la fréquence cardiaque
va augmenter proportionnellement avec l’intensité de l’exercice, suivant ainsi une fonction
linéaire 91. Par contre, si l’effort devient trop important, le cheval va alors atteindre une
fréquence cardiaque maximale (FC max). Cette valeur de FC max varie selon les chevaux 90.
Après l’arrêt de l’exercice, la fréquence cardiaque diminue rapidement durant la première
minute de récupération puis de manière plus progressive par la suite.
Effet de l’entraînement sur la fréquence cardiaque
De même que pour la lactatémie, l’entraînement permet une meilleure adaptation du système
cardiovasculaire à l’effort. En effet, la fréquence cardiaque a tendance à diminuer avec le
temps pour un exercice d’une même intensité 85. Si on étudie le paramètre de la V200 (vitesse
nécessaire pour atteindre une fréquence cardiaque de 200 bpm), on remarque que celle-ci
augmente avec l’entraînement. Ceci signifie que pour une même fréquence cardiaque,
l’intensité de l’exercice devient de plus en plus importante 92.
Si, on trace une droite représentant l’évolution de la fréquence cardiaque en fonction de
l’intensité de l’exercice, on pourra observer un déplacement à droite de cette courbe avec
l’entraînement, soit une diminution de la FC pour une même intensité d’exercice (Figure 19).
Figure 19 : décalage à droite de la courbe de fréquence cardiaque en fonction de la vitesse
avec l’entraînement, d’après Couroucé86
103
La FC max ne semble pas en revanche être modifiée avec la progression de l’entraînement 91.
c. Examen des voies respiratoires
Dans ce chapitre, nous axerons les différents examens sur le diagnostic des dominantes
pathologiques décrites dans le chapitre II.
Examen clinique
L’anamnèse permet, tout d’abord, souvent de s’orienter dans le diagnostic : y’a-t-il un bruit à
l’effort ? un arrêt soudain lors d’un effort soutenu ? de la toux ? un jetage ? une baisse de la
performance ou contre-performance ? Toutes ces questions permettent de cibler plus
précisément l’affection qui touche le cheval.
L’examen clinique des voies respiratoires doit s’effectuer au repos et à l’exercice. Au repos, il
faut évaluer la fonction respiratoire du cheval, palper le larynx, évaluer la présence ou non de
jetage nasal et de toux au repos, et enfin ausculter la trachée et les poumons, bien que pour ce
dernier, un test au sac s’avère souvent nécessaire.
Un cheval qui tousse au repos indique la présence d’une inflammation importante des voies
respiratoires.
La palpation du larynx permet parfois d’orienter le diagnostic si une atrophie du muscle
cricoaryténoïdien dorsal est présente. En effet, comme vu dans le II. et selon une étude, 79%
des chevaux avec un collapsus laryngé présentent une atrophie de ce muscle. 21
Un jetage séro-muqueux ou muco-purulent peut en effet être présent lors de MIVRP. Lors
d’HPIE, une épistaxis est possible mais elle est rare et lorsqu’elle est présente elle apparait le
plus souvent pendant ou juste après l’effort.
Examens complémentaires au repos
L’auscultation des poumons à l’aide d’un test au sac peut apporter un élément supplémentaire
dans la suspicion d’affection des voies respiratoires profondes, en évaluant les bruits
surajoutés à l’auscultation ainsi que le temps de récupération après le retrait du sac.
Cependant, cet examen ne permet pas d’établir un diagnostic différentiel précis.
L’endoscopie est l’examen complémentaire de choix notamment pour les affections de
l’appareil respiratoire supérieur et intermédiaire (trachée). Par ailleurs, il s’agit d’un examen
104
qui peut se réaliser facilement lorsque l’on possède le matériel et une bonne contention,
physique et/ou chimique, du cheval. Cependant, la sédation chimique par un α2-agoniste ou
par l’acépromazine peut altérer la capacité d’abduction des cartilages aryténoïdes.
Lindergaard et al.93 ont constaté que ceci ne concernait que le cartilage aryténoïde gauche et
pas le droit. Il a émis l’hypothèse qu’un défaut d’abduction suite à une sédation était peut être
le témoin d’un stade précoce de l’hémiplégie laryngée93. L’endoscope est inséré le plus
médialement et le plus ventralement possible dans la cavité nasale afin de passer dans le méat
ventral. Un examen visuel approfondi du larynx doit être réalisé sur une certaine durée, afin
d’examiner son comportement sur plusieurs cycles respiratoires. Concernant les affections
étudiées dans le II., on prêtera notamment attention à l’abduction des cartilages aryténoïdes
ainsi qu’à l’aspect de l’épiglotte et du voile du palais. Obstruer les naseaux du cheval permet
d’augmenter l’amplitude des mouvements respiratoires et parfois de mettre en évidence
certaines anomalies comme par exemple un déplacement dorsal du voile du palais ou une
meilleure visualisation de la paralysie d’un des deux cartilages aryténoïdes. Toucher le larynx
avec l’extrémité de l’endoscope permet de déclencher un reflexe de déglutition, ce qui met
également parfois en évidence un déplacement dorsal du voile du palais. Lorsque le larynx a
été correctement examiné, l’endoscope est avancé afin de pénétrer dans la trachée.
L’ouverture de la trachée est évaluée ainsi que la présence de sécrétions. Physiologiquement,
il n’y a pas ou très peu de sécrétions dans la trachée. Le cas échéant, il faut évaluer la quantité
et la qualité de ces sécrétions. L’entrée dans les poches gutturales s’effectue à l’aide d’un
guide inséré dans l’endoscope. Leur examen permet d’évaluer différentes structures osseuses,
vasculaires et nerveuses et d’écarter certaines affections telles qu’une mycose des poches
gutturales ou encore une arthrose de l’articulation temporo-hyoïdienne.
Lorsqu’une pathologie inflammatoire des voies respiratoires est suspectée, il est possible de
réaliser un lavage trachéal et/ou un lavage broncho-alvéolaire. Le lavage trachéal permettra de
mettre en évidence un syndrome d’inflammation trachéale (STI) et le lavage broncho-
alvéolaire permettra de mettre en évidence une maladie inflammatoire des voies respiratoires
profondes (MIVRP ou IAD). Les analyses cytologiques effectuées sur ces lavages permettent
une quantification et une qualification de la population cellulaire dans les poumons. Ces
examens complémentaires ne sont pas à réaliser de manière systématique mais en fonction des
suspicions cliniques ainsi que des antécédents du cheval. Cependant, et notamment
concernant les voies respiratoires supérieures, des examens complémentaires lors de
l’exercice peuvent s’avérer nécessaires.
105
Examens complémentaires au cours de l’exercice
Voir le cheval évoluer à l’exercice permet d’examiner ses capacités respiratoires et
notamment s’il y a présence d’un bruit à l’exercice.
Comme vu précédemment, l’endoscopie lors de l’exercice peut apporter des éléments
nouveaux dans le diagnostic, notamment en cas d’atteinte des voies respiratoires supérieures.
En effet, 85% des chevaux asymptomatiques au repos déplacent leur voile du palais à l’effort
selon l’étude de Lane et al. 22. Par ailleurs, un examen endoscopique de la trachée après
exercice peut révéler la présence de sang à l’intérieur de celle-ci ce qui confirmerait un
diagnostic de HPIE. Cependant, concernant cette affection, le lavage broncho-alvéolaire
s’avère plus spécifique car les saignements peuvent être localisés uniquement au niveau
alvéolaire.
Afin de réaliser un examen endoscopique à l’effort, il est possible d’exercer le cheval sur un
tapis roulant en lui fixant un endoscope afin que son extrémité soit à l’entrée du nasopharynx.
Il existe également maintenant des endoscopes embarqués, fixés entièrement sur le cheval et
qui permettent une visualisation endoscopique du larynx en condition réelle de travail, et non
pas sur un tapis roulant ! (Photos 23 et 24)
106
Photo 23 : Endoscopie à l’exercice sur le tapis roulant de la clinique de Grosbois (SätoI).
Photo : Anne Couroucé-Malblanc.
Photo 24 : Trotteur équipé d’un endoscope embarqué (Optomed) Photo : Anne Couroucé-Malblanc
107
Ces endoscopes sont très souvent utilisés chez les chevaux de course mais également les
chevaux de sport tels que les chevaux de saut d’obstacles, de dressage ou de concours
complet.
Lorsqu’une suspicion d’atteinte de l’appareil respiratoire, supérieur ou profond est émise, les
différents examens détaillés ci-dessus permettent d’établir un diagnostic, un traitement et un
pronostic pour le cheval athlète et l’enregistrement de ces données permet de réaliser un suivi
dans le temps du cheval et de sa condition.
d. Examen cardiaque
Examen clinique
L’examen cardiaque se compose d’une auscultation cardiaque attentive et prolongée. La
première partie de l’examen consiste à porter attention au rythme et à la fréquence cardiaque.
Il est, par exemple, fréquent de rencontrer des blocs atrio-ventriculaires de type 2 chez le
cheval en raison de son tonus vagal élevé, et ceci est physiologique si cette arythmie disparait
à l’effort, comme très souvent. Cette auscultation doit se faire de manière prolongée afin de
caractériser précisément l’arythmie.
Ensuite, la seconde partie de l’examen consiste à ausculter attentivement les différentes
valvules cardiaques à leur emplacement d’intensité maximale : la valvule mitrale, la valvule
aortique et la valvule pulmonaire à gauche et la valvule tricuspide à droite. Cette auscultation
permet de diagnostiquer les souffles cardiaques et de les caractériser suivant leur moment
d’apparition (systolique ou diastolique), s’ils recouvrent ou non les bruits cardiaques (holo- ou
pan-), leur durée dans le cycle cardiaque (proto-, méso- ou télé-), leur évolution (en plateau,
crescendo ou decrescendo) et leur point d’intensité maximale.
Examens complémentaires au repos
Après une auscultation cardiaque attentive, différents examens complémentaires sont
réalisables. L’électrocardiogramme mesure l’activité électrique du cœur et est
particulièrement utile en cas de suspicion d’arythmie. Il est très simple d’utilisation puisqu’il
suffit de poser trois ou quatre électrodes sur le corps du cheval, à gauche et à droite du poitrail
ou du thorax et au niveau du cœur. Là encore, il est important de réaliser cet examen sur une
longue durée, afin de caractériser au mieux l’arythmie et sa fréquence d’apparition. L’analyse
108
d’un ECG s’effectue par la morphologie des complexes P-QRS-T et par leur enchainement,
qui est normalement régulièrement régulier. L’onde P représente l’activité électrique associée
à la dépolarisation des oreillettes, le complexe QRS, celle associée à la dépolarisation du
myocarde. La repolarisation ventriculaire est elle représentée par l’onde T 50. Chaque onde P
doit être suivie d’un complexe QRS et chaque complexe QRS doit être précédé d’une onde P.
Lorsque le diagnostic est incertain, il est également possible d’installer un système de
télémétrie sur le cheval, ce qui permet d’obtenir un ECG de manière continue.
L’échocardiographie quant à elle est l’examen complémentaire de choix pour le diagnostic
des souffles. Elle permet de visualiser l’anatomie du cœur, la taille des chambres cardiaques,
l’échogénicité du myocarde ou encore la forme des valvules mais également les flux sanguins
grâce au mode Doppler. Les éventuels reflux peuvent donc être caractérisés en fonction de
leur taille et de leur aire de répartition, ce qui permet d’établir un pronostic sportif pour le
cheval.
Cependant, malgré les différents examens réalisables au repos, il est parfois nécessaire de
pratiquer certains examens lors de l’exercice.
Examens complémentaires au cours de l’exercice
L’utilisation d’un cardiofréquencemètre est très utile car il permet de suivre la FC du cheval
au cours de l’effort, ceci afin de suivre la récupération du cheval. De la même façon, un ECG
peut être installé et contrôlé lors de l’effort grâce à un système de télémétrie (Photo 25).
L’exercice induisant une diminution du tonus vagal, les arythmies physiologiques
disparaissent lors de l’effort.
109
Photo 25 : Poney monté et équipé d’un ECG embarqué. Source : Anne Couroucé-Malblanc
2. Bilan locomoteur
L’examen locomoteur consiste en une évaluation approfondie du système ostéo-articulaire et
musculo-tendineux du cheval, de manière statique et dynamique. Nous étudierons dans cette
partie les différentes étapes de cet examen.
a. Examen statique 78
Examen à distance
L’examen à distance permet de regarder le cheval dans son ensemble sans uniquement se
focaliser sur le problème pour lequel le cheval est présenté. Ceci permet de garder un certain
recul.
Lors d’un premier examen, il faut évaluer les aplombs du cheval. Un cheval présentant des
défauts d’aplomb marqués ne correspond pas au profil d’un cheval de haut niveau en
concours complet, car il est prédisposé aux affections locomotrices. L’existence d’asymétrie
110
ou d’amyotrophie dans la conformation du cheval sont autant de points à évaluer qui
permettent de mieux cibler la localisation du problème. La taille et l’aspect des pieds ainsi que
la ferrure en place sont également importants à examiner : en effet, un cheval soulageant un
membre de manière chronique présente un pied ipsilatéral généralement de taille plus petite
que l’autre. Par ailleurs, la ferrure en place devra être jugée adaptée ou non à l’activité du
cheval ainsi qu’à ses éventuels problèmes locomoteurs.
Palpation
Tout l’appareil ostéo-articulaire et musculo-tendineux doit être palpé par le vétérinaire afin de
détecter tout signe de distension ou de déformation.
Les articulations doivent être examinées afin de détecter une distension jugée en dehors des
limites de la normale, en considérant également l’âge et les antécédents sportifs de l’animal.
En effet, une distension modérée est jugée normale chez un cheval ayant déjà plusieurs fois
concouru en concours complet à haut niveau, mais sera à investiguer chez un jeune cheval.
Une attention particulière sera portée aux articulations métacarpo-phalangienne, métatarso-
phalangienne et l’articulation inter-phalangienne distale.
Les structures tendineuses et ligamentaires sont soumises à des contraintes particulièrement
importantes lors des entraînements et des compétitions en concours complet. Un examen à
l’appui permet de palper les différentes structures dans la région métacarpienne
(métatarsienne) notamment le groupe des fléchisseurs et le ligament suspenseur du boulet. La
tension présente lors de l’appui permet de repérer plus facilement les déformations ou
épaississements de ces structures. Cependant, il est impossible d’en évaluer la sensibilité, ce
qui est permis par l’examen au soutien. Une sensibilité perçue lors de cet examen dans une
région d’un tendon doit être répétable pour être significative. En effet, il faut se méfier des
chevaux trop « chatouilleux » qui réagissent en raison de la sensibilité cutanée. Ces deux
modalités d’examen sont donc complémentaires dans l’évaluation des structures ligamentaires
et tendineuses.
Un examen du pied à l’aide d’une pince à sonder permet d’évaluer la sensibilité de ce dernier.
La pince doit être appliquée à différents endroits du pied : sur la ligne médiane, en latéral puis
en médial et enfin au niveau de la fourchette et sur les glomes. Une réaction du cheval lors de
ce test oriente vers une affection située dans cette région même si ce test n’est pas toujours
spécifique.
111
Comme nous l’avons étudié précédemment, le dos est une région du corps du cheval de
concours complet particulièrement prédisposée aux affections. Un examen minutieux se
compose de la détection de zone de chaleur sur toute la région dorsale, de palpation
superficielle et profonde de part et d’autre de la colonne thoraco-lombaire et de manipulations
mettant en jeu les mouvements de flexion, latéro-flexion et d’extension de la colonne. Un
cheval normal ne doit pas présenter de signes d’anxiété pendant l’examen et posséder une
bonne mobilité et souplesse de son dos. Les signes de douleur dans la région dorsale peuvent
se manifester par une absence totale de mouvement ou au contraire par des mouvements
excessifs comme si le cheval voulait fuir la main du manipulateur.
Un test de flexion de la colonne cervicale peut être réalisé assez facilement : un cheval normal
peut normalement tourner sa tête jusqu’à la pointe de son coude et doit surtout être symétrique
dans ses mouvements à droite et à gauche.
Un examen dynamique est ensuite réalisé en portant attention aux éventuelles anomalies
repérées lors de l’examen statique.
b. Examen dynamique
Les différentes allures du cheval sont évaluées. Les points à regarder sont la symétrie des
allures et la mobilité du dos. Le cheval est évalué sur différents mouvements à différentes
allures :
Sur sol dur :
- Huit de chiffre au pas
- Pas et trot en ligne droite
- Pas et trot sur un cercle
- Test de flexion globale des membres antérieurs et des postérieurs
- Test de pression sur le ligament suspenseur du boulet (lors de suspicion clinique)
Sur sol souple :
- Longe en cercle aux trois allures
- Test du surfaix
112
Le principe des tests de flexion est d’appliquer une force sur les structures articulaires et les
tissus mous alentours. Les tissus du côté de la flexion sont compressés tandis que les tissus du
côté de l’extension sont en tension. Lors de ce test, les pressions intra-articulaire et intra-
osseuse dans l’os sous-chondral sont augmentées 94. Le test est dit positif lorsque la boiterie
est significativement augmentée après une flexion du membre concernée, notamment sur les
premiers pas. Le principe est le même pour le test de pression sur le ligament suspenseur du
boulet : une pression est appliquée dix à quinze secondes sur la région suspectée cliniquement
et le cheval est observé au trot ensuite. Si la boiterie est augmentée sur les premiers pas, le test
est considéré comme positif.
Le test du surfaix consiste à apposer un surfaix sur le dos du cheval afin d’évaluer la
sensibilité de la région dorsale en mouvement. Ce test est à effectuer en dernier pour ne pas
biaiser le reste de l’examen.
Un examen monté peut s’avérer parfois utile car il permet un examen en conditions réelles.
En effet, par exemple, certains mouvements de dressage tels que l’appuyer ou les virages
courts peuvent révéler l’apparition d’une boiterie. Le comportement du cheval à l’obstacle est
également à examiner : des difficultés dans les virages, un cheval qui se réceptionne toujours
sur le même pied, qui se désunit régulièrement ou qui ont du mal à s’étirer dans les
combinaisons sont autant d’éléments pouvant orienter le vétérinaire dans son diagnostic, ce
qu’un examen locomoteur « classique » n’aurait pas permis. Par ailleurs, ces examens montés
permettent également au vétérinaire d’évaluer la monte du cavalier. Cependant, à haut niveau,
les cavaliers sont souvent de niveau professionnel et sont rarement à l’origine de la gêne de
leur cheval.
c. Anesthésies tronculaires
Lorsque le cheval est cliniquement boiteux et qu’à ce stade de l’examen locomoteur, aucune
région ou structure n’est suspectée, la réalisation d’anesthésies tronculaires peut aider au
diagnostic. Les anesthésies doivent être réalisées en partant de l’extrémité distale du membre
et en remontant proximalement. A chaque étape, le cheval doit être évalué dix minutes après
l’injection d’anesthésique local en répétant la ou les modalités de l’examen où la boiterie était
le plus visible. Une nette amélioration de la boiterie permet de localiser la lésion suivant la
région du membre anesthésiée.
113
d. Radiographies
Les radiographies sont généralement le premier examen complémentaire à être réalisé afin
d’écarter tout problème d’origine osseuse ou articulaire. Certaines cliniques mettent en place
un protocole de base de radiographies à prendre sur un cheval de sport. Celui-ci peut servir
lors de visite d’achat et être adapté au besoin en fonction de l’examen clinique du cheval.
Le bilan radiographique présenté ci-dessous est celui proposé par le Dr Michel Peychare lors
du Congrès de l’Association des Vétérinaires Equins Français en 2005 : 78
Membres antérieurs :
- Pied : latéro-médiale (LM), dorso-palmaire (DPM)
- Boulet : LM, DPM, dorso-latéro-palmaro-médiale oblique (DLPMO) dorso-médio-
palmaro-latérale oblique DMPLO
- Carpes : LM, DPM, DLPMO, DMPLO
Membres postérieurs :
- Boulet : LM, dorso-plantaire (DPT), DLPMO, DMPLO
- Jarret : LM, DPT, DLPMO, DMPLO
- Grasset : LM, DPT
Dos : apophyses épineuses thoraco-lombaires +/- les processus articulaires
Ce bilan doit être orienté par la clinique lors des examens locomoteurs. Par exemple, un
cheval présentant un suros requiert des vues supplémentaires dans la région de ce suros ; au
contraire un cheval ne présentant aucune suspicion clinique sur un membre postérieur ne
nécessite pas de radiographies de ces derniers. C’est donc au vétérinaire de s’adapter à chaque
cheval qui lui est présenté.
e. Echographie
Etant donné la sollicitation majeure des structures tendineuses et ligamentaires de la région
métacarpienne chez les chevaux de haut niveau en concours complet, un examen
échographique de cette région est à réaliser de manière quasi-systématique. Il permet par
114
ailleurs de conserver des images de référence pour chaque cheval dans le cadre d’un suivi
longitudinal. Chaque portion de tendon de la région métacarpienne doit être évaluée à l’aide
de coupes transversales et longitudinales, permettant d’apprécier la taille et l’échogénicité de
chaque structure.
D’autres examens échographiques peuvent être réalisés en fonction de la clinique, par
exemple au niveau de la région métatarsienne, des articulations ou encore une échographie
transrectale permettant d’évaluer les articulations sacro-iliaques par exemple.
f. Autres examens complémentaires
La thermographie peut être utilisée afin de détecter les zones de chaleur. Elle permet parfois
de diagnostiquer des lésions tendineuses plus précocement ou encore de mieux localiser les
lésions dorsales.
La scintigraphie est particulièrement utile lorsqu’aucune lésion n’a été trouvée lors des
examens classiques (radiographie, échographie) car elle permet de localiser des points de
chaleur représentant des zones de remodelage osseux actif. Cet examen présente l’avantage
d’évaluer le corps entier du cheval, ce qui permet une vision d’ensemble du corps du cheval et
de ses problèmes.
L’imagerie par résonnance magnétique (IRM) est utilisée notamment pour diagnostiquer les
contusions osseuses, non évaluable à la radiographie ou encore pour évaluer l’intégrité des
tissus mous en région podale, lorsque cette zone est suspectée cliniquement et que les
radiographies sont normales. Cependant, son coût et sa faible disponibilité en font un examen
rarement exploité.
g. Bilan examen clinique – imagerie
Les conclusions de l’examen clinique et des examens d’imagerie doivent être finalement
confrontées. Les chevaux de haut niveau en concours complet présentent parfois de
nombreuses lésions mais celles-ci ne sont pas toujours significatives et il faut savoir cibler les
examens afin d’être spécifique dans le diagnostic des affections locomotrices.
115
C. Lors des épreuves : récupération active du cheval athlète
L’épreuve de concours complet à haut niveau se déroule sur plusieurs jours et comportent
différentes étapes : la première visite vétérinaire, l’épreuve de dressage, l’épreuve de cross, la
seconde visite vétérinaire et l’épreuve de saut d’obstacles. L’épreuve la plus éprouvante
moralement et physiquement pour le cheval athlète est l’épreuve de cross, par sa difficulté
même mais également par les conséquences qu’elle entraine pour l’épreuve de saut
d’obstacles. En effet, le but de cette dernière épreuve est d’évaluer, le lendemain du cross, les
capacités du cheval et notamment ses capacités de récupération suite à son effort intense de la
veille. Pour cela, il est évident que l’entraînement du cheval doit être adapté à la catégorie
d’épreuve dans laquelle il concourt ; et lors de l’épreuve, le cheval doit être pris en charge dès
la sortie du cross afin de minimiser ses conséquences sur son système musculo-tendineux.
L’épreuve de cross sollicite fortement les structures musculaires ; les différentes voies de la
production énergétique se mettent successivement en place, et l’un des objectifs de
l’entraînement est d’augmenter la part du métabolisme aérobie par rapport au métabolisme
anaérobie. En effet, les différentes adaptations du système musculaire vont dans le sens d’une
amélioration de la capacité aérobie des muscles locomoteurs. Le métabolisme anaérobie
engendrant une production d’acide lactique, responsable de la raideur musculaire et des
myalgies du cheval, l’entraînement permet donc d’optimiser la résistance à la fatigue du
cheval.
Afin de minimiser l’accumulation d’acide lactique suite à l’épreuve de fond, le cheval doit
effectuer une récupération active (au pas et/ou au trot). Une longue douche froide des
membres est préconisée et dépendamment de la température extérieure, le corps entier du
cheval peut être également douché. Concernant les structures tendineuses, différentes options
sont possibles. La pratique la plus courante consiste, après avoir longuement douché cette
région, à appliquer de l’argile et des bandes de repos sur la région métacarpienne et
métatarsienne des membres, afin de réduire l’apparition d’œdème dans cette région. Il est
important de contrôler la prise de boisson du cheval après cette épreuve et de s’assurer qu’il
ne se déshydrate pas. Donner un mash est une bonne solution car il fournit, tout en étant
appétant, un apport énergétique et une source d’hydratation pour le cheval.
Après une période de repos au box, le cheval pourra être à nouveau marché afin de mobiliser
une nouvelle fois les muscles et faciliter leur récupération.
116
Ces différents gestes permettent de limiter les myalgies et de réduire les dommages musculo-
tendineux, facilitant ainsi le passage de la deuxième visite vétérinaire, qui a lieu le lendemain
du cross, ainsi que l’épreuve de saut d’obstacles.
D. Suivi du cheval de concours complet sur une saison
La saison de concours complet démarre au printemps (fin d’hiver = fin février pour les
premiers concours) et se finit à la fin de l’automne. Cependant, le suivi vétérinaire doit
s’effectuer tout au long de l’année et la période hors saison, soit l’hiver, est une bonne
occasion pour effectuer un bilan du cheval.
D’un point de vue médical, un bilan sanguin permet de contrôler l’état de santé général du
cheval, notamment lorsque celui-ci prend de l’âge. Les différents examens complémentaires
investiguant le système cardiaque et le système respiratoire sont à adapter en fonction des
antécédents du cheval. Un cheval ayant présenté une maladie des voies respiratoires
profondes et ayant été traité pour cette affection, devra subir un contrôle endoscopique et un
lavage broncho-alvéolaire afin de permettre un suivi et d’adapter le traitement en
conséquence. Lors de la saison de compétition, ceci peut être réitéré lors de suspicion clinique
telle une contre-performance.
La période hors saison est une bonne période pour entraîner le cheval afin de maintenir voire
d’améliorer sa capacité aérobie. En effet, l’arrêt de l’entraînement a pour conséquence un
retour aux capacités présentes avant celui-ci. Pour cela, un suivi doit être réalisé à l’aide d’un
cardiofréquencemètre et des valeurs de lactatémie lors des galops. Ce suivi doit être poursuivi
lors de la saison de compétition.
Un bilan locomoteur complet permet de s’assurer du bon état de santé de l’appareil musculo-
tendineux après la période de récupération de la saison précédente. Suite à chaque épreuve ou
galop importants, un examen échographique de la région métacarpienne devrait être réalisé de
manière systématique une à deux semaines plus tard afin de s’assurer qu’il n’y a pas de lésion
pré-clinique. Un cheval ayant déjà présenté une affection tendineuse ou présentant une
déformation à ce niveau doit être régulièrement examiné afin de gérer l’apparition de ces
affections plus précocement et de prévenir les récidives.
117
E. Suivi du cheval de concours complet sur une carrière 78
L’idéal consiste en un suivi longitudinal du cheval tout au long de sa carrière. Celui-ci
démarre par un examen initial, qui peut être par exemple la visite d’achat, puis des réexamens
ciblés, réalisés en fonction des antécédents et des épreuves du cheval. Ce suivi est réalisé par
le vétérinaire traitant et le vétérinaire fédéral qui doivent travailler ensemble afin de compléter
au mieux les données sur la santé du cheval. L’intérêt d’un tel suivi est triple : il permet de
prévenir les pathologies, d’optimiser les performances et d’améliorer la longévité des chevaux
en concours complet. La réalisation d’un dossier médical permet d’améliorer ce suivi, en
conservant les différents résultats obtenus lors des différentes saisons.
119
Conclusion
Le cheval de concours complet doit posséder naturellement des qualités physiques telles que
l’endurance et la puissance, nécessaires pour les épreuves d’obstacle ; ainsi que des qualités
mentales exceptionnelles lui permettant de répondre parfaitement à son cavalier lors des
différentes étapes et notamment celle du dressage. Les chevaux de concours complet sont
soumis à des contraintes particulièrement importantes, et particulièrement à haut niveau.
Cette étude bibliographique met en évidence la multitude et la diversité des pathologies
auquel le cheval de concours complet peut être confronté. En effet, celles-ci peuvent toucher
aussi bien le système respiratoire que le cardiaque, le musculo-tendineux ou encore l’ostéo-
articulaire. Un suivi vétérinaire s’avère donc indispensable, tout d’abord afin de préparer
convenablement l’athlète pour les échéances mais également afin de prévenir et gérer les
différentes pathologies auquel le cheval doit faire face. Ce suivi prend place dès l’achat du
cheval et se poursuit lors et entre chaque épreuve, durant chaque saison et sur toute la carrière
du cheval. Il nécessite la coopération de toutes les personnes prenant soin du cheval : le
groom, le cavalier, le propriétaire, le vétérinaire traitant ainsi que le vétérinaire fédéral. Il
permet de préserver les chevaux de concours complet afin de prolonger leur carrière à leur
meilleur niveau et ainsi d’assurer de meilleures performances lors de représentations
internationales.
120
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NANTES 2010-02-22
NOM : VANEL PRENOMS : MAIA, SARAH, AGATHE
TITRE : LES DOMINANTES PATHOLOGIQUES DU CHEVAL DE CONCOURS COMPLET
Résumé : L’épreuve de concours complet demande à la fois une force et une soumission extraordinaire aux chevaux pratiquant cette discipline. Il s’agit d’une épreuve particulièrement éprouvante à différents niveaux. Ceci engendre inévitablement une forte prédisposition de ces chevaux à présenter de nombreuses pathologies, affectant différents systèmes. On retrouve ainsi le système respiratoire, le système musculo-squelettique, le système cardiaque ou encore le système ostéo-articulaire.
Cette thèse a pour but d’expliquer les différentes pathologies auxquelles le cheval de concours complet est confronté, en présentant tout d’abord les caractéristiques de cette épreuve et du cheval y participant. La dernière partie détaille le rôle fondamental du vétérinaire dans la prévention et la gestion de ces pathologies, tout au long de chaque saison et de la carrière sportive de cet athlète.
MOTS-CLES : CHEVAL - ANIMAUX DE CONCOURS - PATHOLOGIE - PREVENTION - APPAREIL RESPIRATOIRE - AFFECTION OSTEO-ARTICULAIRE
JURY
Président : Monsieur Benoit Dupas Professeur à la Faculté de Médecine Vétérinaire de Nantes
Membres : Madame Anne Couroucé-Malblanc
Maître de Conférences à l’Ecole Nationale Vétérinaire de Nantes Monsieur Olivier Geffroy
Professeur à l’Ecole Nationale Vétérinaire de Nantes Adresse de l’auteur : Mlle Maïa Vanel
11 rue de Razilly 37420 Beaumont en Véron