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8/6/2019 Les institutions de microfinance malgaches face la crise: quelles premires leons tirer? (AFD - 2011)
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AVERTISSEMENT
LES ANALYSES ET CONCLUSIONS DE CE DOCUMENT SONT FORMULEES SOUS LA RESPONSABILITE DESES AUTEURS. ELLES NE REFLETENT PAS NECESSAIREMENT LE POINT DE VUE OFFICIEL DE LAGENCE
FRANCAISE DE DEVELOPPEMENT OU DE SES INSTITUTIONS PARTENAIRES.
EDITION : MAI 2011
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Avant-propos
Les premires institutions de microfinance (IMF) sont apparues dans les annes 1990 Madagascar.
Au dpart intgres dans des projets financs par laide internationale et mises en uvre par desONG, elles se sont peu peu institutionnalises avant de stendre dans des zones urbaines ou rurales
non encore desservies. A partir des annes 2000, des filiales de socits dinvestissement se sont
lances directement dans des activits de microfinance, principalement dans les grands centresurbains du pays. Aujourdhui, la majorit des IMF sont prsentes en ville o le secteur est devenu
fortement concurrentiel, alors que les populations vivant dans les rgions rurales enclaves
continuent, pour la plupart, ne pas bnficier des services financiers de base.
La crise internationale puis la crise politique qui a clat en janvier 2009 entrainant des sanctions de
laide internationale, ont sensiblement impact lconomie locale. Nanmoins, Madagascar tonne par
la rsilience de son conomie face cette double crise. Cette rsilience tient notamment la
prpondrance de son conomie rurale de subsistance, sa capacit de privation en matire de
dpenses publiques, ainsi quaux puissants ressorts de son conomie informelle. Le conservatisme
budgtaire et fiscal de Madagascar et de son systme financier, qui ont en leur temps handicap lacroissance, constituent aujourdhui des facteurs dendurance dans des circonstances qui pourraient
paratre critiques. Il nempche que le plus grand nombre sappauvrit (surtout dans les zones
urbaines) et que les cots sociaux de la crise, le non-droit, les incertitudes et les pillages hypothquentlavenir et limage du pays. Enfin, dans ce contexte de crise, les rformes sont larrt ou
compromises.
Les agences des institutions de microfinance implantes en milieu urbain ont t les plus exposes
aux vnements du premier semestre 2009. Nanmoins, malgr la crise, on estime que lencours de
crdit total a sensiblement augment en 2009 avec deux tendances parallles :
la monte en puissance des institutions de microfinance rcemment implantes,
le ralentissement doctroi de crdits des IMF implantes depuis plus longue date.
Dans ce contexte, il semblait intressant de dresser un bilan pour tudier les impacts de la crise de 2009 et
mesurer, lissue de ces vnements, la performance des IMF intervenant en milieu urbain.
Ltude prsente dans cette publication a t restitue lors du sminaire sur la microfinance quaorganise lAgence Franaise de Dveloppement (AFD), en collaboration avec la Coordination Nationale de
la Microfinance, Antananarivo, le 21 octobre 2010.
Cet vnement sadressait principalement aux dirigeants des institutions de microfinance (IMF), aux
pouvoirs publics ainsi quaux autres bailleurs soutenant ce secteur.Plus de 110 personnes taient prsentes, dont seize IMF de tout le pays, des reprsentants du Ministre de
lAgriculture, des Finances et de lAmnagement de Territoire ainsi que les principaux bailleurs de fonds
intervenant dans ce secteur.
Ltude a alors prsent les activits et les enjeux de la microfinance dans la crise, laissant ensuite place
une table-ronde donnant la parole aux directeurs gnraux des principales IMF actives Madagascar
(Accs Banque, ACEP, CECAM, OTIV, SIPEM).
Ce sminaire a donn loccasion aux professionnels de la microfinance de se runir pour mutualiser les
difficults rencontres pendant la crise et les solutions mises en place pour y faire face. Il a permis desensibiliser les organismes tatique de rgulation aux enjeux rglementaires actuels et didentifier des
pistes de rflexion pour que, dans un contexte de concurrence accrue, le dveloppement de la
microfinance Madagascar se fasse bien au profit des populations nayant pas accs aux servicesbancaires classiques.
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Sommaire
Sigles et acronymes 5
Introduction 6
I. La microfinance Madagascar : un secteur en mutation depuis ladoption de la nouvelle loi 71. Lvolution du cadre lgal a jou un rle fort dans la croissance du secteur 7
2. La rpartition du march entre IMF change depuis 2007 83. La croissance densemble reste forte malgr la crise de 2009 94. Mais la crise rvle une concurrence croissante, surtout en ville 10
II. Limpact de la crise sur la clientle : des effets contrasts 111. La clientle des IMF connat une baisse relle de son niveau de vie 12
2. Mais les effets de la crise seraient moins brutalement ressentis par les clients de lamicrofinance 133. Des questions restent encore ouvertes 15
III. Premiers impacts de la crise sur les IMF : ralentissement de la croissance du crdit et dgradationde la rentabilit plus marque en ville (Tana, Antsirab) 161. Impact sur le portefeuille des IMF 17
2. Impact sur la rentabilit des IMF 203. Ractivit des IMF 24
IV. La confiance dans le secteur est maintenue (pargnants, banques et actionnaires) 251. Une structure de bilan solide, qui a permis aux IMF daffronter la crise 25
2. Aucune des IMF na subi de rupture de trsorerie 263. Lpargne au sein des IMF a t prserve 274. Les refinancements se sont maintenus sans durcissement des conditions 285. Fonds propres et gouvernance 29
V. Un faible accompagnement du secteur dans cette traverse de crise 301. Une suspension des financements de certains bailleurs 30
2. La mise en place tardive de lassociation professionnelle unique des IMF 313. Report de certains projets de loi / instructions 314. La promotion du secteur en veilleuse 31
VI. Aprs la crise ? Quelques tendances et questions actuelles 311. Vers une diversification des produits et services 32
2. La concurrence, avive par la crise, est porteuse de risques 333. Quelques questions dactualit 34
En conclusion 36
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Sigles et acronymes
ABM Accs Banque Microfinance
ACEP Agence de Crdit pour lEntreprise PriveAFD Agence Franaise de Dveloppement
AGEPMF Agence dExcution du Projet de la Micro-Finance
AKAM Aga Khan Agency for Microfinance
APB Association Professionnelle des BanquesBOA Bank Of Africa
BTP Btiment et Travaux Publics
CA Conseil dAdministration
CDL Crances Douteuses et LitigieusesCECAM Caisse dEpargne et de Crdit Agricole Mutuels
CGAP Groupe Consultatif pour lAssistance aux PauvresCNMF Coordination Nationale de la Micro-FinanceCRB Centrale des Risques Bancaire
CRM Centrale des Risques Microfinance
CSBF Commission de Supervision Bancaire et Financire
GCV Grenier Commun VillageoisIMF Institution de Micro-Finance
IOB Intermdiaire en Oprations de BanqueMCA Millenium Challenge Account
PAMF Premire Agence de Micro-FinancePAR Portefeuille A Risque
PIB Produit Intrieur BrutPME Petite et Moyenne Entreprise
PNB Produit Net Bancaire
PPN Produits de Premire Ncessit
SA Socit AnonymeSFI Socit Financire InternationaleSIDI Solidarit Internationale pour le Dveloppement et
lInvestissementSIPEM Socit dInvestissement pour la Promotion des Entreprises
Madagascar
TEG Taux Effectif Global
TPE Trs petite entreprise
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Introduction
Depuis dbut 2009, Madagascar a t touche par une crise qualifie en gnral de
double , puisque la crise politique (renversement du prsident en janvier 2009) sestdouble dune rcession conomique, avec une baisse du PIB estime 3,7% en 2009 et
2% en 20101.En comparaison des crises prcdentes quavait pu connatre le pays, en 2002
notamment, cette crise parat la fois moins marque, mais plus longue, avec encore
aujourdhui une forte incertitude sur lavenir. En octobre 2010, la crise politique nestpas encore rsorbe, et les plus optimistes tablent sur une reprise conomique au mieux
partir de 2012.
Ce document rend compte dune mission mene Madagascar pour prparer le
sminaire organis par lAFD le 21 octobre 2010, sur limpact de la crise malgache sur la
microfinance. Cette mission, qui sattache mesurer les effets de la crise spcifiquementsur le secteur de la microfinance, vient en complment des premires analyses de J.B.
Vron et B. Savoye, de lAFD, sur les aspects macro-conomiques et politiques et limpactglobal de la crise sur le secteur financier.
Cette mission sinscrit galement dans la continuit dune tude plus large mene en
2009 par lAFD sur la microfinance dans les Etats fragiles2 : lexemple de Madagascar
illustre plusieurs des conclusions de cette tude, et se prsente comme un cas pratiquedanalyse du secteur de la microfinance face une crise la fois politique, conomique et
sociale.
Les tudes internationales menes en microfinance3 montrent que face des crises, les
IMF peuvent tre touches de trois manires :
- Dabord par limpact sur les clients eux-mmes (pertes physiques, hausse du prixdes matires premires, baisse dactivits et de sources de revenus),
- En consquence, la crise rduit les capacits de croissance et de rentabilit desIMF (hausse des provisions pour crances douteuses, baisse de lactivit, haussede certains cots dexploitation),
- Et elle a galement un impact au niveau de la structure de financement (difficult se refinancer, baisse de lpargne ou retraits de dpts, attentisme des
actionnaires).
Lobjectif tait donc de rpondre plusieurs questions : comment le secteur Madagascar a-t-il t touch ces trois niveaux ? A-t-il su ragir ? A-t-il t soutenu dansla traverse de la crise ?
La mission a pu faire le point sur ltat du secteur dans son ensemble et en rencontrer
les principaux intervenants (IMF, autorits de tutelle, banque de refinancement.).Lanalyse des donnes fournies au niveau global par la CNMF et la CSBF, et par un
1B. Savoye, AFD.2 Etude ralise en 2009 sur la base de cinq tudes de cas (Afghanistan, Hati, Cambodge, Guine, Congo). Cf. C. Poursat,
Microfinance dans les Etats fragiles : quelques enseignements de lexprience de lAFD, srie Evaluation et capitalisation
n29, AFD 2010.3 Cf. notamment E. Littlefield et C. Kneiding,La crise financire mondiale et son impact sur la microfinance, CGAP, fvrier
2009.
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chantillon dIMF4, ainsi que la rencontre avec quelques clients des IMF, ont permis
dapporter des lments de rponse. Le champ de ltude a t limit aux IMF
intervenant en milieu urbain et plus prcisment Tana, zone la plus touche par lacrise nanmoins, ces IMF reprsentent une bonne part de lactivit de microfinance du
pays.
Prcisons galement que dans ce document, le terme dIMF sera utilis pour tous les
types de structures impliques en microfinance, quel que soit leur statut juridique etinclura donc par dfaut les banques de microfinance.
I. La microfinance Madagascar : un secteur en mutation depuisladoption de la nouvelle loi
1. Lvolution du cadre lgal a jou un rle fort dans la croissance dusecteur
La loi n2205-016 du 29 septembre 2005 (relative lactivit et au contrle desinstitutions de microfinance) dfinit le champ des activits autorises pour les IMF, ainsique les contraintes en termes dorganisation du contrle interne et externe et les
normes prudentielles auxquelles elles doivent se conformer en fonction de leur niveau
de classification :
Les institutions de microfinance mutualistes ou non mutualistes sont classes en trois
niveaux selon les oprations qui leur sont autorises, la structure de fonctionnement et de
contrle, l'importance des risques lis aux activits de microfinance, les rgles de gestion
et/ou les normes de prudence exiges .
La loi introduit galement une modification de larticle 17 de la loi n 95-030 du 22
fvrier 1996 qui permet aux institutions de microfinance, rpondant aux exigenceslgales, de se constituer en banques territoriales : Les tablissements de crdit sont
agres en qualit de banque territoriale ou extraterritoriale, d'tablissement financier,
d'institution de microfinance ou d'institution financire spcialise .
Autrement dit il sagit dune loi relativement ouverte, permettant aux IMF dopter pourdes statuts juridiques varis. Les nouvelles exigences lgales introduites par la loi ont euainsi deux consquences majeures :
- Une exigence de professionnalisation accrue des IMF en particulier sur lerenforcement de leurs systmes de contrles internes et externes et laproduction annuelle dtats financiers ;
- Larrive de nouvelles structures de microfinance et la transformation decertaines IMF existantes en SA, en IMF de niveau 3 ou en banques territoriales.
4Cecam, Sipem, PAMF, ABM, Acep, Microcred et Otiv Tana.
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Dans un contexte de march encore peu dvelopp, avec un potentiel de progressionconsidrable faible bancarisation, pntration encore faible du micro-crdit - ces
nouveaux entrants ont fortement contribu acclrer la croissance du secteur.
Mais certaines contraintes du cadre rglementaire restent jusqu aujourdhui desfacteurs de blocage pour lvolution du secteur, en particulier sur lchangedinformations entre IMF et banques de microfinance (Centrale des risques et
association professionnelle), la diversification des services (limites aux seuls membrespour les mutuelles) et les innovations technologiques (contraintes sur les moyens de
paiement et absence de rglementation spcifique pour le mobile banking) cescontraintes seront abordes plus bas, au IV. 3.
2. La rpartition du march entre IMF change depuis 2007Aprs la phase 2001 2007, o les mutualistes dominaient largement le secteur et
taient en forte croissance, un changement de profil du secteur sannonce depuis 2007,en raison de lvolution du cadre lgal.
On assiste en effet larrive sur le march de 3 nouveaux entrants de statut juridique
bancaire ou SA, fortement capitaliss, filiales de holdings de microfinance europennes,soutenues par des financeurs internationaux publics et privs : PAMF Madagascar(filiale de AKAM), Microcred Madagascar et AccsBanque.
Il y a aujourdhui Madagascar 27 IMF agres (ou ayant obtenu une licence) :
- 11 IMF de niveau 1 (non mutualistes),- 12 IMF niveau 2 (dont 9 mutualistes),
- 4 IMF de niveau 3 (dont 1 mutualiste).
A cela sajoutent 2 banques territoriales de microfinance, Microcred Madagascar(rcemment passe dIMF de niveau 3 banque territoriale) et AccsBanque.
En consquence, le secteur sest spectaculairement diversifi et dconcentr. En 2003,trois IMF dtenaient 88% du portefeuille de crdit (UNICECAM, lensemble des rseaux
OTIV et ADEFI).
Depuis trois ans, on assiste un rquilibrage au profit des non mutualistes, avec en
particulier une monte en puissance des deux banques de microfinance. Pour lapremire fois fin 2009, lencours de crdit de la microfinance tait dtenu parts
gales entre mutualistes et non mutualistes.
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Rpartition de lencours de crdit par catgorie dIMF fin 2009(Source CNMF)
3. La croissance densemble reste forte malgr la crise de 2009La crise na eu quun impact limit sur le secteur en croissance globale, avec des nuances
entre lvolution de lpargne et du crdit, et entre structures mutualistes et nonmutualistes :
- De 2007 2008, la croissance de lactivit de crdit se situe autour de 60% enmoyenne annuelle. Elle ralentit en 2009, avec un taux de 28%. Ce ralentissement
est le fait des IMF mutualistes, dont lencours de crdit fin 2009 accuse une baissede 10% par rapport lanne prcdente. Par contre lencours des IMF non
mutualistes, du fait des nouvelles SA de microfinance, est en forte croissance sur
cette priode : + 121% en 2009.Lencours total de crdit, fin 2009, slve 145 Milliards Ar, dtenu parts
gales entre IMF mutualistes (72,4%) et non mutualistes (72,8%).
Evolution de l'encours de crdit (M Ar) (Source : CNMF)
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- Lencours dpargne slve fin 2009 prs de 90 Milliards Ar, traduisant unecroissance continue malgr la crise. Le positionnement de certaines IMF non
mutualistes (dont les banques de MF) sur le march de la collecte des dpts
contribue de faon non ngligeable cette croissance. Pour les non-mutualistes,elle progresse de 88% en 2009, contre 24% pour les structures mutualistes.
Cependant ces dernires dtiennent toujours 71% de lencours total.
4. Mais la crise rvle une concurrence croissante, surtout en villeLanalyse du positionnement de march des IMF ( partir des produits de crdit offerts,de lencours de prt moyen, de la porte) permet de constater deux tendances de fond :
- Vers une hausse des montants moyens, suprieure au taux dinflation annuel (9%environ) - de +10% et +33% pour toutes les IMF deux exceptions prs
- Vers llargissement de la gamme des clients cibls, des microcrdits jusquauxPME.
Ces tendances semblent davantage le fait des banques de microfinance et des IMF de
niveau 3, et sexercent particulirement sur les marchs urbains (Tana, Antsirab).
La segmentation du march entre IMF, encore relativement claire il y a 3 ans, a tendance
en consquence devenir plus floue, particulirement en milieu urbain o la
concurrence est forte. Cette situation de concurrence avive devrait probablement
atteindre le march des villes secondaires dans un proche futur.
Evolution de l'encours d'pargne (M Ar)(Source : CNMF)
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Ciblage et porte des IMF (2008/2009) (Source : rapports annuels des IMF)
II. Limpact de la crise sur la clientle : des effets contrastsComment la clientle des IMF a-t-elle vcu la crise sur le plan conomique ?
Daprs les tudes CGAP de 2008 et 2009 sur les premiers effets de la crise financireinternationale, les clients subissent un double impact, celui de la hausse des prix et du
ralentissement conomique : une rcente tude du CGAP (Duflos et Gaehwiler, 2008)
portant sur un petit nombre dIMF rvle que laugmentation du prix des denres
alimentaires a provoqu chez la clientle des retraits dpargne, une diminution desdpenses non alimentaires et parfois mme des difficults rembourser des prts .
A Madagascar, une premire enqute5 constate de mme que la baisse de pouvoir
dachat [des revenus du travail] entre le premier trimestre 2009 et le premier trimestre
2010 pourrait tre suprieure 30 %. Ce sont cependant les salaris des entreprisespubliques (1,1 % des actifs occups) qui ont connu la plus forte baisse (6,1 % par an, soit
22 % de baisse cumule entre 2006 et 2010) suivis par ceux du secteur informel qui ont
connu une baisse de 4,1 % par an. Les mcanismes de la forte baisse des rmunrationsinformelles sont bien connus. Du ct de loffre, on observe une entre massive de
travailleurs licencis par le secteur formel ou de nouveaux entrants sur le march dutravail. De lautre ct, la demande adresse aux biens et services informels ptit de la
chute de la demande globale, notamment de celle en provenance des travailleurs du
secteur formel, qui sapprovisionnent massivement dans le secteur informel. Dans ce
5Cf. Limpact conomique de la crise politique sur les mnages urbains Madagascar, DIAL, Instat, IRD, 2010.
2008 = carr rose, 2009 = losange noir
0,00
1,00
2,00
3,00
4,00
0 10000 20000 30000
Porte : nb clients
Encoursmoyendeprt
Sipem
Cecam
PamfOtiv Tana
Microcred
Accs B
Acep
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contexte, le seul effet positif vient du report partiel dune partie de la consommation des
mnages du secteur formel vers le secteur informel, moins cher ; mais cet effet est
limit .
Les tmoignages et tudes effectues permettent de complter cette observation, sansque lon puisse vraiment en mesurer les effets relatifs sur la clientle des IMF, qui relve
majoritairement du secteur informel.
1. La clientle des IMF connat une baisse relle de son niveau de vie Les licenciements dans les zones franches provoquent une baisse brutale du
revenu des salaris
Le dsinvestissement dans les zones franches sest traduit par des fermetures
dentreprises qui ont dvers sur le march informel plusieurs centaines de salaris
licencis.
Certains secteurs plus touchs (tourisme, transport, services, commerceimport-export) rduisent leurs effectifs et les rmunrations
Le tourisme, fort employeur, a t rapidement affect par les troubles politiques. Sonniveau dactivit aurait chut de 40% en 2009 par rapport 20086.La suspension des financements de lUnion Europenne et la fin des travaux de
construction des projets miniers ont affect le secteur des BTP.
La perte du march de lAGOA a affect le secteur de la confection.
Globalement, les activits lies au dynamisme conomique (transport, services auxentreprises, commerce import-export, etc.) ont t plus particulirement atteintes.
La rduction des importation et le ralentissement de lactivit se traduisentpar une hausse du cot de la vie, du prix des intrants
La dsorganisation des filires de lagro-alimentaire, la suite des destructions desentreprises appartenant lancien prsident, semble stre traduite par des hausses des
prix des produits de premire ncessit et des intrants.
A titre dexemple, le prix du sac de 50 kg de farine est pass de 56 000 Ar avant la crise
80 000 Ar ; le sac de 50 kg de sucre est 100 000 Ar, contre 60 000 prcdemment.
Les clients du milieu urbain ont t plus fortement touchs, notamment encapitale
Les difficults rencontres par les IMF intervenant en milieux urbain et rural ont t
plus spcifiquement ressenties Antananarivo et Antsirab. Ceci a t le cas enparticulier des rseaux CECAM, PAMF et Otiv Tana.La ville de Tana qui regroupe un dixime de la population malgache, contribue hauteur de55 % la formation du PIB
7 de lle a t la plus affecte.
6T. Rajaona, Les impacts de la crise sur lenvironnement des affaires et la vie des oprateurs conomiques,
prsentation du 21 octobre 2010.
7J.B. Vron, Madagascar : une crise peut-elle en cacher une autre ? , contribution au sminaire du 21 octobre 2010.
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La ville dAntsirab aurait t plus particulirement affecte par les fermetures
dentreprises de lancien prsident (transformation laitire).
2. Mais les effets de la crise seraient moins brutalement ressentis par lesclients de la microfinance
Les pertes physiques et humaines ont t limites dans un tel contexte
Les cas de pillage et de destructions de biens et locaux semblent avoir relativement peu
touchs les trs petites et petites entreprises, clientes de la microfinance, pour stre
concentrs sur les entreprises (PME) en lien avec lancien Prsident et celles dtenues
par certaines communauts souvent touches en cas de crise.
Les IMF en tmoignent : SIPEM signale 10 cas de clients touchs par des pertes dactifs
(dont la moiti aurait rembours ses prts par la suite). AccsBanque estime que justeaprs la crise, environ 1% de ses clients auraient subi des pertes dactifs.
La production de riz des deux dernires annes est en progression
La production aurait augment de + 40% entre 2007 et 2009, avec une certaine stabilit
des prix au producteur et au consommateur. Compte tenu de la part prpondrante duriz dans le panier du consommateur Madagascar, les bonnes campagnes rizicoles de
ces deux dernires annes ont largement contribu attnuer les effets de la crise,notamment du cot des produits de premire ncessit.
La fermeture des entreprises de lancien prsident sur les filires agro
alimentaires a cr un appel dair pour les petits transformateurs etcommerants
Les fermetures de ces entreprises, qui occupaient une situation dominante au sein des
filires agro alimentaire (notamment secteur laitier, sucre, farine, huile), ont provoqu
deux effets contradictoires :
- Elles ont mis en difficult les fournisseurs et commerants qui taient intgrsdans les filires des entreprises.
Une cliente dIMF fournit des produits de premire ncessit(farine, riz, sucre
ou PPN) des htels restaurants. Avant la crise, elle livrait environ 10 T chaquesemaine ; aprs la crise, 5 T tous les 15 jours (4 fois moins). Elle gagnait environ
600 000 Ar par semaine, et maintenant, 40 000 Ar au mieux. Le prix des PPN a
grimp pendant la crise : un sac de 50 kg de farine cote 80 000 Ar (contre 56 000
avant la crise) ; le sac de 50 kg de sucre vaut 100 000 Ar(contre 60 000
prcdemment). Avant la crise, cette cliente parvenait pargner jusqu 400 000
Ar par semaine, et maintenant, elle dspargne.
Pendant la crise, la demande a baiss et certains de ses clients ont dcid de se
fournir directement auprs des grossistes le circuit de distribution a partiellement
chang. Elle envisage de prendre un second crdit auprs dOTIV (aprs un premier
dil y a 3 ans de 400 000 Ar) pour investir dans une nouvelle activit.
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- Mais elles ont permis de petits transformateurs et commerants de trouver denouveaux dbouchs.
La fermeture de la socit TIKO a cr court terme un problme de
commercialisation pour les petits producteurs, avec un effet la baisse des prix. A
relativement moyen terme, de petites fromageries se sont en revanche cres. Ladisparition du monopole de TIKO a permis douvrir de nouveaux dbouchs ces
transformateurs.
La fermeture Ambatondrasaka de la socit de collecte de paddy du prsident a
permis aux producteurs et aux collecteurs de dvelopper leurs activits. Elle aurait
ainsi facilit le dveloppement de lactivit de stockage (GCV) et lessor de la
transformation du paddy en riz blanc.
Les pertes demploi du secteur formel (zones franches, PME dans les secteurstouchs) se sont traduites par une reconversion dans linformel.
Les micro et petites entreprises, qui constituent la majorit de la clientle des IMF,
ont ragi aux licenciements et la hausse du cot de la vie en adaptant leurs niveauxde consommation, probablement au dtriment de certaines dpenses essentielles,
mais aussi par des efforts de diversifications dactivits.
Une cliente de la caisse urbaine de Tana du rseau CECAM menait avec son mariune activit de taxi collectif Tana (ligne Ivato-67 hectares).
Avec la crise, leurs recettes hebdomadaires ont diminu (moins de clients et trajets
rduits) de moiti environ (de 50 60 000 Ar/j 30 000 Ar/j).
Suite cette baisse de revenus et au licenciement de son fils travaillant en zone
franche, cette cliente entreprend une diversification. Elle emprunte alors 1 M Ar pour
monter une gargote dans son quartier, alors peu desservi. Ses activits de gargotire
lui permettent maintenant dinvestir dans un nouveau projet de salle de jeux (Play
station) qui fera travailler son fils.
Ctait son premier crdit. Elle se contentait jusque l dpargner depuis 2007 chez
CECAM.
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Les clients des IMF touchs par la crise : quelques exemples complmentaires
Un agent immobilierachte et revend des maisons, et en loue galement. Il est membre
depuis 10 ans dune IMF (3 prts, 2 M, 3 M puis 5 M). Avec la crise, les locataires ne peuvent plus payer des loyers aussi levs quavant, et en 2009 il a connu des difficults
rembourser son crdit (ce quil a pu faire en empruntant sa famille). Pendant la crise, il a
maintenu son pargne dans la caisse.
Un taxiest client dune IMF depuis deux crdits (3 M et 3,6 M). Ces crdits lui ont permis
dacqurir son vhicule et de se mettre son compte. Il a apprci laccs un
dcaissement rapide du prt (en 7 jours), avec peu de formalits et de garanties (il a
engag sa voiture personnelle et des meubles). Lactivit a t ralentie en 2009 mais ne la
pas empch de rembourser son emprunt.
Une cliente Tana est spcialise en artisanat (fabrication de paniers, vente de tissus) pour une clientle surtout trangre, et complte son revenu par llevage de quelques
porcs. Aprs 5 ou 6 crdits (1,2 M Ar en 2009), elle a demand un nouveau crdit de 2 M Ar
le bureau de lIMF ne lui a accord que le mme montant (1,2 M). Elle est en contentieux
dans cette IMF cette dernire souponne lexistence de crdits parallles contracts par
cette cliente auprs dune IMF concurrente. Avant la crise, cette cliente vendait 100 200
paniers par semaine, et depuis la crise nen vend plus quune vingtaine par semaine. Les
prix des matires premires et de vente ont augment en parallle : aujourdhui, elle vend
environ 8000 Ar le panier (contre 6000 auparavant) mais avec un cot de production de
6500 Ar aujourdhui (5000 Ar). Si la marge unitaire est plus leve, cette cliente vend
beaucoup moins quavant, et subit fortement limpact de la crise.
3. Des questions restent encore ouvertes Les IMF nont-elles pas aussi contribu modrer les impacts de la crise sur les
clients?
Les IMF semblent avoir accompagn lexplosion de linformel et ont aid lareconversion des salaris licencis, comme en tmoignent les quelques exemples tirs
de la clientle. Les IMF ont aussi poursuivi leurs activits de financement de lconomiesur laquelle elles ont pu exercer un effet rgulateur.
Au sein du rseau CECAM, le crdit GCV a augment de 17% en 2009. Il a permis de stocker
44 000 T de paddy (sur 3 M environ produites dans le pays), pour une valeur de 20 Mds Ar.
Cette opration de stockage de relativement grande envergure a pu contribuer stabiliser
le prix du riz lchelle nationale et a de ce fait prserv, voire permis une amlioration du
revenu des producteurs.
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La crise aurait elle aggrav le surendettement des clients ?
Il est difficile de mesurer lampleur du surendettement, ce stade, mais la plupart des
IMF tmoignent de cas de clients ayant des crdits croiss avec dautres IMF qui sont
apparus loccasion de problmes de remboursement.Ces crdits croiss ont t relevs en milieu urbain, Tana, sur des segments de clientletype TPE. Ils sont probablement prexistants la crise et lis des situations de
concurrence entre IMF.
La crise a-t-elle pu inciter davantage les clients revenir vers les prteursinformels (usuriers), dans un contexte de vigilance accrue des IMF ?
On peut sinterroger sur leffet de la crise sur un regain dactivit des usuriers,
notamment en milieu rural. Le resserrement des conditions de garantie pourrait exercer
un effet rgressif sur le comportement des clients qui, en qute de trsorerie, seraient
amens se tourner vers le crdit des conditions usuraires.
III. Premiers impacts de la crise sur les IMF : ralentissement de lacroissance du crdit et dgradation de la rentabilit plus
marque en ville (Tana, Antsirab)
Les IMF ne sont pas restes inactives face la crise : elles ont rapidement ragi auxdifficults de remboursement des clients et la dgradation de leur rentabilit en
ajustant leur politique de crdit, leurs prvisions dexpansion et leurs dpenses.
Les ajustements voqus par les IMF apparaissent davantage conjoncturels que
structurels. Leur stratgie globale ainsi que les procdures et mthodologies nesemblent pas avoir fait lobjet de remise en cause fondamentale.
Les lments danalyse des effets de la crise sur les IMF qui sont dcrits ci-dessous sonttirs dun chantillon de 7 IMF intervenant exclusivement ou partiellement dans la
capitale. Il sagit des IMF suivantes : ACEP Madagascar, AccesBanque Madagascar,CECAM, PAMF Madagascar, Microcred Madagascar, OTIV Tana et SIPEM. Pour cette
dernire, les analyses sont partielles car nous navons pas dispos de ses tatsfinanciers.
Elles appartiennent la catgorie des IMF de niveau 3 (ACEP Madagascar, CECAM, PAMFMadagascar, OTIV Tana et SIPEM) et des banques de microfinance (AccesBanque
Madagascar, Microcred Madagascar). Les analyses tires de cet chantillon peuvent tresensiblement diffrentes sur des IMF plus petites (catgorie 2 et 3) et caractre plusrural. Cependant cet chantillon reprsente une part importante du secteur, environ
73% de lencours de crdit fin 2009.
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1. Impact sur le portefeuille des IMF Forte prudence sur les nouveaux clients, et sur certains secteurs dactivit
(recomposition du portefeuille dans certains cas)
Quelques exemples en tmoignent :
- SIPEM a volontairement rduit ses dcaissements de fvrier juin 2009.
- ACEP a limit ses dcaissements de crdits dans les secteurs du tourisme,transport, textile (en nombre et en volume) et sest concentr sur
laccompagnement de ses clients habituels.
- PAMF a frein ses dcaissements au 1er semestre 2009, Tana, en les limitant aurenouvellement de crdits aux anciens clients. En 2009, la croissance globale deson encours reste de 100% mais savre infrieure aux prvisions.
- Le rseau CECAM a eu tendance accompagner la forte demande en crdits ERI,de dure plus longue et de taux dintrt plus bas que les crdits productifshabituellement octroys, afin de satisfaire la demande de trsorerie de sesclients. Le crdit GCV plus scuris a galement fait lobjet dun financement plus
important en 2009, tandis que les autres crdits court terme, davantage lis laconjoncture (notamment ceux destins aux activits commerciales, location
vente) ont t freins. Globalement la croissance des octrois de crdit a ralenti en
2009 (+6,3%) avec toutefois une reprise en 2010 (+23,3% au 1er semestre 2010par rapport au 1er semestre 2009). De ce fait, le rseau na pu atteindre ses
objectifs dencours (84% atteints) en 2009.
- Le rseau OTIV a connu une quasi stagnation de ses encours de crdit en 2008-2009. Une reprise de la croissance sannonce pour 2010 mais un rythmeinfrieur celui davant la crise (de 2005 2008 : lencours doublait quasiment
chaque anne).
Report des extensions des rseaux (ouverture de caisses), et quelquesfermetures/fusions de caisses
Les ouvertures de caisses/agences ont t reportes dans la plupart des rseaux en
2009 :- Le Rseau Cecam a pu ouvrir 3 caisses en 2009, 8 au premier semestre 2010.
Mais en contrepartie, le rseau a fusionn deux caisses et en a ferm une en 2009.- PAMF na pas procd louverture des 6 caisses prvues en 2009 et en 2010.
Tendance dcaisser de plus gros montants
Pour les IMF, en gnral, plusieurs facteurs jouent en ce sens :
- Les besoins de la clientle sont en augmentation (augmentation du cot de la vie,besoin de disposer dune trsorerie plus longtemps pour des besoins varis) ;
- La priorit a t donne au renouvellement des crdits aux anciens clients pluttqu loctroi de prts de nouveaux clients, entranant mcaniquement une
progression plus rapide des montants individuels des prts ;
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- La volont, au moins pour certaines IMF, damliorer leur rentabilit courtterme en visant la monte en gamme.
Microcred a introduit une segmentation de son produit TPE en trois, avec une monte en
gamme (crdit baobab). Dun crdit moyen denviron 1,6 M Ar., on est pass 2,4 M Ar
pour les nouveaux octrois
Le rseau CECAM a fait voluer le montant moyen des crdits accords de 621 000 Ar en
2007 1 014 000 Ar au 30 juin 2010.
Certaines IMF, mieux installes sur leur march ou dj confrontes des problmes dequalit de leur portefeuille, chappent cependant cette tendance.
Chez ACEP, pas daugmentation sensible, le crdit moyen est pass de 2,4 M 2,6M Ar entre
2008 et 2009.
Dgradation globale du portefeuille risque (PAR), avec une tendance plusmarque dans les villes (Tana en particulier)
- Les difficults de remboursement se sont rapidement faites sentir en 2009, etsont le fait de toutes les IMF, mais des degrs et sur une dure variables selonles IMF. Dans le cas dIMF dont le PAR tait dj en dtrioration, la crise a accru
la tendance. Pour les IMF rencontres, les crances douteuses et litigieuses se
situent entre 1,20 et 8,54% de lencours fin 2008 et entre 1,30 et 14,52% fin2009.
- Il ny a pas dinformations chiffres disponibles sur les catgories de crditstouchs. Les tmoignages sont contradictoires : certaines IMF tmoignent dune
plus forte dgradation sur les segments du haut des TPE et des PME, tandis quedautres arguent de nombreux dfauts de paiement au niveau des petits crdits.
Ceci relve probablement dune perception diffrente entre nombre et montants,
mais tmoigne aussi du faible niveau danalyse sur le portefeuille touch au seindes IMF.
- Il apparat cependant nettement que le portefeuille de crdits en milieu urbain,particulirement Tana et Antsirab, a t le plus affect par la crise. Les
rseaux (PAMF, OTIV Tana et CECAM) disposant dagences dans ces villes et en
milieu rural en tmoignent.
Le taux de remboursement chance au sein de lURCECAM Analamanga (Tana) se
dgrade en 2009, en comparaison avec le taux consolid du rseau : il est de 86,9% contre
90,4% pour le rseau, en 2009, alors quen 2008, il slevait 89,4% contre 90,9% pour le
rseau. Au 30/6/2010, il continue de se dgrader (87,2%, contre 91,6% pour le rseau).
Pour lURCECAM du Vakinankaratra (Antsirab), le taux de remboursement chance est
aussi plus faible que pour lensemble du rseau et ne cesse de se dgrader (en 2008 86,3%,
en 2009 81,1% et au 30/6/10 82,8%).
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Exemple d'volution d'un PAR 30j pendant la crise - rseau et Tana
- Pour un certain nombre dIMF, le PAR 90j reste lev en 2010 mme quand il ya amlioration du PAR 1j ou 30j, traduisant de fait la difficult de recouvrementdes crances. Ainsi lune des IMF de lchantillon, qui avait eu un PAR 90j
toujours infrieur 2% jusquen 2008, affiche un PAR 90j 4,52% fin 2009, et
3,95%, en aot 2010.
- Certaines IMF connaissent des taux de PAR en amlioration en 2010. Ceci nesignifie pas forcment une amlioration du recouvrement des crdits la
clientle, mais peut tre simplement la consquence de la reprise de la croissance
de lactivit de crdits. Le PAR est un indicateur insuffisant dans ces
circonstances et doit donc tre complt dindicateurs du taux de recouvrementdes impays pour mesurer lamlioration relle de la qualit des crances dans leportefeuille des IMF.
0%
1%
2%
3%
4%
5%
6%
7%
8%
9%
10%
janv-
09
fvr-
09
ma
rs-09
avr-
09
mai-
09
juin-
09
juil-
09
aot-
09
sept-
09
oct-
09
nov-
09
dc-
09
janv-
10
fvr-
10
ma
rs-10
avr-
10
taux
dePAR3
0j
Tana Global
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2. Impact sur la rentabilit des IMF Laccroissement des provisions, des rchelonnements et des abandons de
crances pse sur la rentabilit des IMF
La rentabilit des IMF est directement affecte par leffet conjugu dune croissance plusfaible et de la hausse des provisions pour crances douteuses, y compris les abandons et
restructurations de crances.
IMF % augmentation des
charges nettes sur CDL(2009/2008)
Charges nettes sur
CDL / PNB(2009)
Charges nettes sur
CDL / PNB(2008)
OTIV Tana +37% 44% 38%
PAMF +55% 6% 6%AccsBanque +32% 8,5% 12%
CECAM +230% 7% 2,3%
ACEP -33% 4,5% 4,8%MICROCRED +262% 14% 6,8%
Source. Etats financiers 2009 des IMF
Les abandons et restructurations de crances semblent tre encore limits - entre 1% et
7% des prts selon les informations recueillies.
Par contre, les cots de fonctionnement semblent avoir t matriss dans laplupart des IMF
- Les IMF paraissent avoir fait un effort de maitrise des cots dans cette priode decroissance ralentie de lactivit. PAMF a ainsi rgionalis la supervision des
agents de crdit dans un objectif de rduction des cots et de suivi plusrapproch des agents. ABM a de son ct suspendu les activits marketing, non
immdiatement productives.
- Il semble cependant que les ressources humaines nont pas fait lobjet de mesures
restrictives spcifiques (suspension de primes ou augmentations, compressiondu personnel, etc.). Au contraire, on note plutt des augmentations de salaires
(chez ABM ou CECAM notamment), la poursuite des recrutements et desformations. Ceci traduit la volont dune fidlisation des salaris, dans uncontexte concurrentiel o la qualit des ressources humaines devient un facteur
dterminant ; en outre, on note aussi un souci damortir le choc de la crise sur lessalaris.
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IMF Charges administratives
gnrales / PNB - 2009
Charges administratives
gnrales / PNB - 2008
ABM 97% 114%
CECAM 88% 86%
PAMF 146% 168%OTIV TANA 88% 88%
ACEP 45% 49%MICROCRED 78% 92%
Source : tats financiers 2009 des IMF
La crise a repouss latteinte de lquilibre (point mort) dau moins un anpour les IMF non autosuffisantes et sest traduite par des dficitsdexploitation dans certaines agences et caisses urbaines (Tana, en
particulier)Nous ne disposons pas des tats financiers 2009 pour lensemble du secteur, mais selon
linformation fournie par la CSBF, lensemble des IMF8 accuserait une perte nette de 652millions Ar fin 2009, contre un rsultat net positif de 4,6 Mds Ar en 2008.Lautosuffisance oprationnelle serait de 90,4% fin 2009, en reprise 113,4% fin juin
2010.
Dans la plupart des principales IMF urbaines la rentabilit sest dgrade en 2009,malgr un PNB en relativement forte croissance, du fait de deux principaux facteurs qui
ont pes diffremment dans les comptes des IMF :
- la constitution des provisions sur crances douteuses ;
- et laugmentation des charges de fonctionnement.
Les graphiques suivants (daprs les tats financiers des IMF) illustrent lvolution de la
rentabilit des principales IMF urbaines, par le passage du PNB9 au rsultat oprationnelet au rsultat net.
OTIV TANA (milliers Ar) 1La dgradation de la rentabilit du rseau est
clairement lie aux poids des provisions sur
crances douteuses, prleves sur le PNB,
avec un rsultat oprationnel quivalent
celui de 2008 (malgr un PNB suprieur).Le rendement des fonds propres se dgrade,
de 8,1% en 2008 2,1% en 2009.
8Hors banques de microfinance.9 PNB : Produit Net bancaire = Produits financiers charges financires ;
rsultat oprationnel = PNB + divers revenus nets (honoraires, transaction, investissements) charges nettes surCDL ;rsultat net = rsultat oprationnel charges dexploitation impts charges exceptionnelles
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PAMF Madagascar (milliers Ar)
PAMF est une IMF jeune, qui na pas encore atteint lquilibre oprationnel.
Malgr lamlioration deson PNB en 2009, son
rsultat net (hors
subventions) se dgrade
plutt, sous leffet delaugmentation plus
rapide des charges defonctionnement.Le rendement des fonds
propres reste encore
ngatif.
Accs Banque Madagascar (ABM) (milliers Ar)
ABM est une institution jeune galement, qui na pas encore atteint son quilibre oprationnel
en 2009.
La dgradation deson rsultat en 2009,
malgr un PNB enamlioration, relve
avant tout delaugmentation de ses
charges defonctionnement,
tandis que la qualit
du portefeuille restemaitrise.
Le rendement de sesfonds propres reste
encore ngatif -0,9% en 2009.
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CECAM (milliers Ar)
Malgr un PNB enamlioration en 2009, le
rsultat oprationnelreste stationnaire parrapport 200810, du fait
de laugmentation des
provisions sur CDL.
La rentabilit globale se
dgrade, avec unrendement des fonds
propres de 4,6% en 2009contre 14,3% en 2008.
Microcred Madagascar (milliers Ar)
Malgr un PNB enhausse, la dgradation dursultat 2009 (par
rapport un trs bonrsultat 2008) relve la
fois du poids des
provisions sur CDL et de
la hausse des charges defonctionnement.
La hausse rapide des
charges est toutefois une
caractristique desjeunes IMF en forte
croissance.
Le rendement des fonds
propres se dgrade, de6% en 2008 - 1,5% en
2009.
10
En 2008, le rsultat oprationnel apparat suprieur au PNB du fait de revenus des autres oprations quidpassent largement la dotation aux provisions de lanne.
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3. Ractivit des IMF Les plans daffaires ont t revus la baisse en termes de croissance
(objectifs de porte et dextension des rseaux)
La crise a rvl le caractre parfois ambitieux des plans de dveloppement des IMF, ou
les a rendu inoprants :
- Le plan daffaires du rseau CECAM, qui devait sachever en 2010, estdevenu obsolte du fait de la crise et des changements institutionnelsengags (transfert des fonctions de lIntercecam lUnicecam). Un
nouveau plan daffaires est en cours de finalisation.
- Le plan daffaires initial de Microcred reposait sur des hypothses demarch, en particulier dans les villes de provinces, qui ont t revues la
baisse.
- ABM estime sa croissance 2009 infrieure de 20% aux prvisions.
- PAMF a report lintroduction du crdit PME, prvue en 2009, ainsi quelouverture de 6 caisses.
Les procdures et outils ont t renforcs
Toutes les IMF tmoignent dun renforcement des procdures dans lanalyse des crdits
et la formalisation des garanties, ainsi que dune vigilance accrue notamment sur les
nouveaux crdits. Mais les mthodes et procdures existantes ne semblent pas avoir tremises en cause cette occasion. Lamlioration de la qualit de laudit interne et/ou un
recours renforc cet audit ne sont pas davantage signals. Ceci peut poser question
dans un contexte de risques accrus, en particulier de fraudes.
- Chez Microcred, cette rigueur se traduirait par un taux de rejets des dossiers plusimportant (19% en 2010, contre 9 10% avant), mais les dlais de dcaissementde 7 9 jours sont maintenus.
- Le rseau CECAM aurait simplifi certains points de son manuel de procdures etrenforc les dlgations de pouvoir sur certains types de crdit. Le recours
lexternalisation des recouvrements de crances, surtout pour les dossiers
importants, aurait donn de bons rsultats, ainsi que la restauration dun systmedintressement sur le recouvrement des crances.
- ABM a procd une analyse de son portefeuille de crdits, ds le dbut de lacrise, qui a abouti une classification qualitative du niveau de risques encourus.
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ABM a tent une classification de son portefeuille en 5 catgories values en janvier, marset juin 2009, afin de dployer les mesures de recouvrement appropries.
Janvier 2009 (sur 5552 clients) juin 2009 (sur 6084 clients)
1.
non touchs : 85%2. affects mais bonne capacitrcupration : 8%
3. svrement affects : 1%4. biens perdus : n.s. (2 clients
seulement)5. dj en impays : 6%
- 92%- 1%
- 0,5%- 0,5%
- 6%
La qualit des services la clientle semble faire lobjet dune attention
renforceLa concurrence incite la plupart des IMF amliorer la qualit du service, et la crise a eu
tendance semble-t-il acclrer cette tendance. Cela sest traduit par :
- Lannulation ou la suspension des pnalits de retard sur une certaine dure,pour ne pas alourdir le cot du crdit (Sipem, ABM, Microcred).
- La tentative de rduire les cots de transaction pour le client : ACEP a parexemple accept les paiements la caisse de la part des clients, plutt quen
banque o les files dattente sont longues.
- Une volont de rduire encore les dlais danalyse de la demande de crdits
(frquence augmente des comits de crdits, rduction des dlais dedcaissement, dlgations de pouvoir pour les octrois, etc.)
Ces constats sur la capacit dadaptation des IMF malgaches rejoignent donc, pluslargement, les principales conclusions de ltude plus large de lAFD mene en 2009 :face cette crise, les IMF ont su en effet adapter rapidement leurs outils et procdures,
et prter attention lvolution des besoins de leur clientle.
IV. La confiance dans le secteur est maintenue (pargnants,banques et actionnaires)1. Une structure de bilan solide, qui a permis aux IMF daffronter la crise
En 2008, la structure de bilan de lensemble du secteur de la microfinance (hors banquesde microfinance) affichait des fonds propres importants. Par ailleurs, les toutes rcentes
banques de microfinance bnficiaient elles aussi dune structure bilancielle solide.
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Structure de bilan du secteur hors banques de microfinance (2008)
Source CSBF : IMF hors banques de microfinance
Mme si ces chiffres sont globaux, et ne rendent donc pas compte de la diversit des IMF,
ils montrent que le secteur a pu aborder la crise dans de bonnes conditions. La plupartdes IMF (mutualistes comme non mutualistes) ont abord la crise avec un niveau levde capitalisation :
- Les IMF mutualistes, plus anciennes, ont bnfici de plusieurs annes dersultats positifs, qui ont pu tre capitaliss ;
- Les IMF non mutualistes et les banques de microfinance rcemment cres ontt assez fortement capitalises par leurs actionnaires, et ont reu, pour celles qui
ntaient pas lquilibre, des subventions dexploitation compensant les pertes.
2.Aucune des IMF na subi de rupture de trsorerieMme au plus fort de la crise, aucune des IMF ne lchantillon na connu de difficults detrsorerie. Ce constat sexplique par :
- La baisse dactivit quont rencontre les institutions - et donc des besoinscourants pour de financement de lactivit de crdit,
- La bonne situation de liquidit que connaissaient les IMF avant la crise,
- Labsence de besoins urgents apparus pendant la crise (retraits de certainsfinancements, pertes dactifs, etc.)
0%
20%
40%
60%
80%
100%
Actif Passif
Crdits
Dpts
Dettes
Trso FP
Immo
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3. Lpargne au sein des IMF a t prserveLattitude du public vis--vis de lpargne est, de faon gnrale, un bon test de confiance
pour le secteur financier dans son ensemble au cours de crises financires ou politiques.
Dans quelques rares cas (Asie centrale et Europe de lEst), des crises brutales deconfiance ont t remarques, entranant des retraits massifs dpargne auprs des IMF,
et parfois un report de lpargne des IMF vers les banques ou linverse11.
A Madagascar, le bilan de la crise ce stade, pour les IMF de lchantillon, semble pluttpositif. Les IMF nont apparemment pas subi de cas de panique et de retraits massifs des
dpts et pas davantage de dplacement de lpargne vers les banques, mme sicertains clients mentionnent des rumeurs ou des doutes sur ce point, au plus fort de lacrise (dbut 2009). Au final, la confiance semble maintenue.
Cela ne signifie pas que la crise na eu aucun impact sur les dpts, et il y a certainement
eu des nuances importantes entre IMF.
Cependant, le constat densemble est le suivant :
Quelques retraits ont t constats par certaines IMF au premier semestre2009, notamment de la part de gros dposants mais ces dposants semblent
tre revenus par la suite, sans que ces retraits aient un impact majeur sur levolume dpargne de 2009.
La tendance constate en 2009 est leffritement des montants dposs,notamment pour les petits dposants, en raison de la baisse gnralise du
niveau de vie.
Cependant, on note dans le mme temps une hausse du nombre de dposants on ne peut donc pas parler de perte de confiance dans le secteur.
LUnion rgionale des CECAM dAnalamanga a connu des retraits dpargne trs sensibles
entre mars et aot 2009 (29% des dposants auraient retir leur pargne avec une chute
de 10% des dpts collects, qui a touch en particulier dans les caisses CECAM de Tana
ville). Nanmoins, la situation sest rtablie par la suite, et na pas eu dincidence globale
forte pour le rseau CECAM en 2009.
Au rseau OTIV Tana, de gros dposants ont retir leur pargne au deuxime trimestre
2009, mais sont revenus ensuite (le phnomne a t constat sur deux ou trois mois
seulement). OTIV, en situation de surliquidit structurelle, na pas pour autant modifi sa
politique de tarification.
Ici encore, les conclusions de la mission rejoignent donc un constat dj ralis dansplusieurs contextes pays par lAFD (Guine ou Congo notamment) : face des crises, lesclients semblent maintenir une confiance relle dans les IMF, en raison notamment de la
proximit de ces dernires. Le fait que les dposants, aprs une courte vague de crainte,
naient pas retir leur pargne des IMF mutualistes alors que les non-mutualistes ont
commenc mobiliser massivement de lpargne, semble conforter la thse selonlaquelle les clients sont attachs la survie de leurs IMF.
11 Les banques de microfinance dEurope de lEst et dAsie centrale () ont connu des retraits constants de dpts durantplusieurs semaines aprs lannonce de la faillite de la socit Lehman Brothers (CGAP, 2009)
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4. Les refinancements se sont maintenus sans durcissement des conditionsLes IMF contactes ne semblent pas avoir rencontr de difficults particulires obtenir
des refinancements ou renouveler ceux en cours, et ce sans durcissement desconditions de prt (renchrissement, exigences de garanties, terme). En particulier, le
cot des refinancements commerciaux reste stable (dans une fourchette allant de 12,5 16% suivant les termes et les montants et incluant le cot de la garantie, pour les IMF de
lchantillon).
Il ny a pas eu non plus de variation de changes majeures renchrissant le cot de ladette.
Le seul lment ponctuellement contraignant a t larrt de la ligne de refinancementde MCA, qui visait encourager les crdits en milieu rural et a frapp les rseaux OTIV et
CECAM sans impact majeur sur laccs la ressource de ces deux rseaux, qui
collectent lpargne et peuvent accder dautres financeurs.
Ce constat assez positif sexplique en partie par la nature et lorigine des refinancements.
Les refinanceurs des IMF, Madagascar, sont en effet si lon excepte le cas de MCA - de
deux types :
Des banques commerciales locales
Les trois principales banques impliques dans le refinancement dIMF sont des filiales
de grands groupes internationaux, qui ont fait le choix depuis plusieurs annes deprendre des participations dans des IMF ou de dvelopper des activits en microfinance
Madagascar : la BOA est ainsi actionnaire de Microcred et a dvelopp en direct unepetite activit de microcrdit12, la BFV (Socit Gnrale) est prsente au capital deABM, et la BNI (Crdit Agricole) a investi dans SIPEM.
Ces banques ont dj tabli des liens forts donc avec le secteur, et la crise na pas remis
en cause cet engagement dautant quelles bnficient toutes de garanties assez
importantes sur les prts la microfinance - garantie ARIZ de lAFD (pour CECAM, ACEP,PAMF en particulier), garantie de SIDI (pour SIPEM) ou du holding MICROCRED (pour sa
filiale locale). Pour ces prteurs, la prise de risque malgr la crise reste doncrelativement faible.
Par ailleurs, les banques commerciales nont pas connu elles-mmes de difficult de
trsorerie pendant la crise, et elles ont des niveaux de liquidit relativement importants.En consquence, elles ont accept de rpondre aux demandes de refinancement des IMF,
modres il est vrai, et moyennant des garanties maintenues.
En 2009 et 2010, le rseau CECAM a augment rgulirement son niveau de refinancement
pour soutenir sa croissance et palier larrt de la ligne de refinancement mise en place par
MCA. Pour le rseau, le niveau des emprunts en cours est ainsi pass de 10,6 Mds Ar fin
2008 15,7 Mds Ar en 2010. Dans lintervalle, le rseau CECAM est mme parvenu
baisser lgrement le cot de son refinancement (-1%) ; sa capacit ngocier a t
12Il sagit de crdit direct en milieu rural (crdit stockage pour le riz) touchant 400 600 clients, pour des montants entre100 000 et 10 M Ar.
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renforce par le doublement de la couverture ARIZ octroye par lAFD (de 1 2 M Ar) en
2009.
De mme, ACEP a pu maintenir une ligne de dcouvert avec BOA et BFV (sur garantie
ARIZ) et a obtenu un nouvel emprunt auprs de la BOA en 2010. Globalement, le montant
des emprunts bancaires dACEP a augment sur la priode, avec des conditions de tauxmaintenues. ARIZ peut garantir jusqu 75 % des lignes de refinancement des institutions
de microfinance auprs des banques locales, dans la limite de la contrevaleur en monnaie
locale de 2 M .
Des fonds spcialiss en microfinance
Il sagit de holdings de rseaux de microfinance (Access Holding, MicroCred Holding) et
de fonds internationaux spcialiss (Oikocredit, Triodos, KFW, SFI, Sidi) qui ont une
bonne connaissance du secteur de la microfinance, et ont dvelopp une relation
privilgie et/ou un lien capitalistique avec les IMF malgaches.Ces fonds refinancent en gnral des institutions avec lesquelles ils ont tabli un lien
capitalistique (en particulier pour Access Holding, MicroCred Holding, KFW, SFI), et
des IMF cres par des rseaux internationaux. Il existe en revanche peu de cas o ces
fonds prtent directement des IMF non affilies ces rseaux refinancement deCECAM par Incofin, par exemple.
Ces fonds, qui lvent des ressources la fois publiques et prives dans les pays du Nord,
nont apparemment pas remis en cause lors de la crise leurs investissements dj
raliss auprs dIMF malgaches, quil sagisse de prts ou dinvestissements en capital.
En revanche, il nest pas exclu que ces fonds internationaux comme on a pu leconstater lors dtudes rcentes (CGAP, 2009) soient dsormais plus rticents de
nouvelles implications, probablement davantage en raison du contexte international de
crise financire que du contexte malgache. Lune des IMF de lchantillon a ainsimentionn quun fonds international pressenti pour une entre au capital avait choisi de
surseoir sa dcision.
Au final, la crise ne sest donc pas traduite pour les IMF malgaches par unerarfaction des refinancements. Mais on peut constater galement que lesrefinancements accords restentcourt terme ce qui est une contrainte forte pour ladiversification des produits des IMF etassez fortement garantis, sans prise de risque
relle importante de la part des banques commerciales.
5. Fonds propres et gouvernanceLa dgradation des rsultats na pas eu dimpact fort sur des fonds propres des IMF delchantillon - qui taient il est vrai un niveau lev avant la crise. De ce fait, il ny a pas
eu de recapitalisation dIMF spcifiquement lie la crise, du moins dans lchantillonconsidr.
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A fin 2009, les ratios de solvabilit des IMF de lchantillon se situaient dans une
fourchette allant de 23% 75%, bien au-del du minimum fix par la CSBF (12% pour
les IMF de niveau 3, 8% pour les banques).
Par ailleurs, au niveau de lactionnariat et de la gouvernance, les relations entre CA etquipes de direction semblent avoir plutt t renforces dans les structures SA, et la
participation des actionnaires ne semble pas avoir t remise en cause. Dans les
structures mutualistes, la crise na pas t davantage t loccasion dune remise encause des rapports lus techniciens.
Si la priode est marque par des changements de postes cls au niveau de la direction
dans bon nombre dIMF (CECAM, PAMF, SIPEM, Microcred, ABM), cela ne semble pas lidirectement la crise, mais des renouvellements prvisibles de postes expatris, ou des changements institutionnels et stratgiques dj amorcs (CECAM notamment :
internalisation des fonctions dIntercecam dans Unicecam fin 2008, avec nominationdun nouveau directeur en mars 2009).
V. Un faible accompagnement du secteur dans cette traverse decrise
La crise politique sest traduite par la suspension des financements de certains bailleurs,
et par une priode de blocage aux niveaux gouvernemental et lgislatif (absencedinterlocuteurs, parlement non form)
En consquence, un certain nombre dinitiatives structurantes pour le secteur dont la
cration de lassociation professionnelle unique - sen sont trouves ralenties oureportes.
Lexemple de Madagascar confirme donc, plus largement, le postulat selon lequel les
sanctions de la communaut internationales peuvent tre contreproductives,
dvelopp notamment dans ltude de lAFD sur Microfinance et Etats fragiles .
1. Une suspension des financements de certains bailleursPlusieurs financeurs ont interrompu leurs financements, qui concernaient directement
la microfinance malgache :- MCA (Millenium Challenge Account) a suspendu ses engagements auprs des IMF
(notamment en appui la finance rurale, en partenariat avec OTIV et CECAM),
- Le projet AGEPMF de la Banque mondiale a connu une suspension. Il a repris en2010, mais est en cours dachvement, avant la mise en place dun nouveau projetPASEF.
En revanche, la multiplication par 3 en deux ans des garanties ARIZ de lAFD a facilit lamise en relation entre IMF et banques, permettant par exemple CECAM de palier enpartie linterruption dune ligne de financement MCA.
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Linterruption des programmes MCA a touch OTIV Tana, qui recevait un appui de MCA sur
les filires granium / oignons / mas / pomme de terre dans les rgions dAntsirabe et
Ambositra. MCA devait assurer un appui technique, et avait accord une ligne de crdit
OTIV pour loctroi de prts aux producteurs de la filire. La ligne de crdit reprsentait un
montant important pour lIMF (quivalent prs de 8% de lencours). Aprs le dpart de
MCA, privs dappui technique, les producteurs auraient assez massivement refus depayer, et OTIV Tana a connu des difficults dimpays sur ces zones.
2. La mise en place tardive de lassociation professionnelle unique desIMF
Lassociation professionnelle unique de la microfinance, prvue par la loi de 2005, na vu
le jour quen juillet 2010. Son articulation avec lAPB dont dpendent lgalement lesdeux banques de microfinance - reste examiner ; une association des tablissements de
crdit devrait tre cre pour chapeauter ces deux associations et permettre lchangedinformations entre elles, mais aucune chance na encore t fixe pour sa cration.
3. Report de certains projets de loi / instructionsPlusieurs projets dinstructions au niveau de la Banque centrale nont pu tre
promulgus. De mme, des projets de loi tel que celui du ministre du commerce avait
sur la protection du consommateur, qui aurait pu servir de premire base de travailpour une rflexion sur la protection des clients de la microfinance nont pu tre
examins par lassemble nationale.
4. La promotion du secteur en veilleuseLa crise a ralenti, voire suspendu un certain nombre dinitiatives pourtant planifies
dans le cadre de la stratgie nationale :
- La transformation du statut de la CNMF,- Le secrtariat du comit de pilotage de la SNMF,- La tenue de comits dinvestissement (hors Fida),- Loprationnalisation de la base de donnes des IMF, qui tait prvue en juin
2009 et ne sera ralise quen octobre 2010.
VI. Aprs la crise ? Quelques tendances et questions actuellesIl est certainement trop tt pour parler dun aprs crise , tel est le point de vue des
IMF rencontres. Pour certaines, un dbut damlioration serait sensible en 2010, pour
dautres, il est clair que la crise perdure et devrait encore toucher la rentabilit cetteanne.
Quoi quil en soit, la crise a cependant jou un rle intressant de rvlateur des
faiblesses de certains acteurs, des besoins de structuration de lensemble du secteur, etde tendances structurelles de la microfinance Madagascar.
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1. Vers une diversification des produits et servicesPour les IMF rencontres, il est clair que la concurrence va se jouer, dans les annes
venir, sur la capacit offrir une gamme large de produits et services la clientle. Depremiers efforts sont dj en cours, notamment sur :
La collecte dpargne
Avec la crise, les IMF ont fait preuve dun intrt accru pour la collecte dpargne. Mis part certains rseaux mutualistes dj trs liquides (OTIV), la collecte dpargne est un
enjeu pour les IMF malgaches, dans un souci la fois :
- de diversification des sources de refinancement,
- de baisse du cot de la ressource (avec peut-tre, pour les IMF ne collectant
encore que peu lpargne, une part dillusions sur le cot suppos faible - decollecte et de contrle de lpargne),
- et bien sr aussi par volont dlargir la gamme des produits et services.
Certaines IMF ont dj mis en place dbut 2010 une stratgie de collecte plus agressive,avec une hausse des taux de rmunration des dpts visant attirer de gros clientsinstitutionnels.
CECAM a connu temporairement un retrait de gros dposants en 2009 ; pour mieux
conqurir et fidliser cette clientle, le rseau a dcid dbut 2010 daugmenter les taux de
rmunration des dpts terme. Cette stratgie sest pour le moment montre payante en
termes de clientle, avec une hausse de 20% du volume dpos par les gros dposants en
2010 qui aurait compens une certaine rosion en volume des petits pargnants.
Une meilleure rpartition des risques, gographique et par segment
Les IMF semblent vouloir aller la fois :
- Vers le rural (ou du moins, vers le priurbain et les bourgs), pour les IMFimplantes dabord en milieu urbain ; la bonne rsistance de la clientle rurale
dans la crise les a encourages dans cette tendance,
- Vers la province, en commenant par les villes secondaires (la concurrenceencourageant une stratgie de planter de drapeau )
- Vers de nouveaux segments de clientle : mso finance (PME) notamment (projetpilote en lancement chez PAMF) ou vers de nouveaux secteurs dactivit.
Des ambitions sur les services plus innovants
La plupart des IMF rencontres souhaitent, plus ou moins brve chance (et suivant
les contraintes lgales de leur statut) dvelopper des produits et services plus innovants
pour leurs clients, et notamment :
- Les transferts de fonds, domestiques et internationaux,
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- La banque mobile : les premiers tests des trois principales banques commercialesen partenariat avec les oprateurs mobiles Telma, Zain et Orange encouragent les
IMF suivre cette voie,
- Les moyens de paiement, vus galement comme un produit dappel pour lacollecte de lpargne,
- Lassurance : ACEP souhaite dvelopper un produit dassurance sant pour sesclients (via Adfi) ; la plupart des IMF proposent dj, ou envisagent de proposer,
une assurance dcs sur le crdit.
Seules banques de microfinance peuvent pour le moment tre autorises dvelopper
transferts internationaux et moyens de paiement, et peuvent sappuyer sur la notiondIOB de la loi bancaire pour lancer une initiative de banque mobile. Mais il nest pas
exclu quune autorisation provisoire et limite de la CSBF puisse tre obtenue par uneIMF de niveau 3 pour tester lun ou lautre de ces services (voir point 3. suivant, sur les
contraintes rglementaires pour les IMF).
A ce stade, hormis le projet dassurance sant dACEP en voie de ralisation, cesnouveaux projets ne semblent cependant pas encore oprationnels. Aucun projet debanque mobile associant une banque de microfinance et un oprateur tlphonique ne
parat encore proche dune phase test, et la microfinance accuse sur ce plan un retard
par rapport aux banques commerciales.
2. La concurrence, avive par la crise, est porteuse de risquesSi la diversification des produits est venir, la concurrence entre IMF est dj sensible.La crise, en donnant un coup de frein des plans de dveloppement ambitieux, a aviv
encore cette concurrence et rvl, de lavis de tous, de premiers cas de crdits
croiss entre institutions.
En milieu urbain du moins, et surtout Tana, il semble que la concurrence se soittraduite par :
- Une volont dimplantation la plus rapide possible dans le pays, notamment dansles villes secondaires.
- Un effet pour le moment ngligeable sur les taux (sauf peut-tre une lgretendance la baisse sur les segments les plus levs), car les IMF restent
soucieuses dafficher une bonne rentabilit.
- Une volont de dcaisser trs vite de nouveaux clients ce qui a pu savrerbien sr risqu, si lanalyse du dossier a t rduite (mme si aujourdhui, les IMFrencontres affirment tre attentives sur ce point).
- Une surenchre sur les montants accords aux clients, parce que le montantaccord est un argument commercial trs fort en microfinance (le client tantrelativement peu sensible au taux dintrt en revanche), et par volont des IMF
daller vers des montants moyens de prt plus rentables.
En cela, la microfinance malgache reproduit un modle standard de raction des IMF
en qute de croissance dj constat dans de nombreux pays, du cas ancien de la Bolivie
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ceux tout rcents du Maroc ou du Pakistan13, et qui est inquitant : puisque dans les
cas de crises aiges constats par le pass, cette surenchre sest traduite par le
surendettement des clients, les difficults croissantes de ces derniers rembourser, etdans plusieurs cas, des faillites dIMF.
De fait, Madagascar aussi la crise a rvl de premiers cas de surendettement en milieuurbain, que reconnaissent toutes les IMF rencontres et qui sont proccupants, en
labsence dune centrale des risques oprationnelle (voir point 3. suivant). Il y a donc unvrai risque de surendettement et de dgradation du portefeuille, qui pourrait
sinstaller de faon structurelle.
3. Quelques questions dactualit
Risque de surendettement : mise en place dune centrale des risques
Le constat de situation de surendettement des clients conduit la plupart des IMF juger
ncessaire linstauration dune centrale des risques.
La Banque centrale a avanc sur ce sujet et publi en juin 2009 une instruction sur lamise en uvre de la CRM (centrale des risques en microfinance), avec obligation pour
les IMF agres de lalimenter cette date.
Linitiative mise en place est encore ltat de test, et il est trop tt pour en tirer unbilan. Deux points seront cruciaux pour quelle puisse russir :
- Le lien entre CRB (centrale des risques bancaire) et CRM : les banques demicrofinance doivent renseigner la CRB, mais sont sur les mmes segments de
clientle que les IMF, et il est donc ncessaire dintgrer toutes les donnes dansla mme base. Le lien entre les deux bases de donnes est prvu et serait dj
effectif, daprs la CSBF.
- Un renseignement complet de la CRM : dans un contexte encore de faibleappropriation de la CRM par les IMF, et de grande mfiance vis--vis des
concurrents sur la divulgation des informations sur la clientle, il nest pas simple
dobtenir une information complte de la part de toutes les institutions.
Les limites rglementaires une extension de la porte des IMF
La loi de 2005 a reprsent une ouverture pour le secteur, et permis de nouveauxentrants de se positionner. Cependant, des contraintes lgales et rglementaires
demeurent, qui sont perues par les IMF comme autant de freins leur extension de
nouvelles clientles :
- Les mutuelles rencontrent une contrainte forte pour la diversification, dans lamesure o leurs services doivent tre limits leurs membres ( limitation des
13 Voir notamment ltude CGAP / portail de la microfinance doctobre 2010, Croissance et vulnrabilits en
microfinance , partir des quatre cas Maroc, Bosnie, Pakistan et Nicaragua.
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services financiers aux seuls membres ). En particulier, il leur est donc impossible
de proposer des transferts dargent depuis ltranger.
- Les transferts dargent en devises sont interdits pour les IMF de niveau 3, demme que loffre de moyens de paiement seuls les transferts dargent
domestiques et les oprations de virement interne sont autoriss.
- La loi bancaire prvoit la notion dIOB, et donc la possibilit pour des oprateursde tlphonie mobile de devenir partenaires de banques pour mettre en place
des projets de banque mobile. A ce jour, la CSBF a autoris 3 projets de transfertdargent par tlphonie mobile sur la base dun partenariat banques/ oprateursde tlphonie (service Mvola de BFV/TELMA, Zapi de BOA/Zain, et orange money
de BMOI/Orange). Ces projets devraient faire lobjet dune valuation par la CSBFfin 2010, pour servir de base la rdaction dune instruction qui prcisera les
contraintes prudentielles - une deuxime phase de dveloppement tant prvuesur loffre dun produit de crdit par ces oprateurs. En revanche, la loi 2005 surla microfinance ne prend pas en compte cette notion dIOB, et les IMF (hors
banques de microfinance) nont donc thoriquement aucune base lgale pour
dvelopper de tels produits. Cependant, la CSBF pourrait envisager daccorder
des autorisations provisoires certaines institutions, sur la base de projetsdtaills, afin de laisser une marge dexprimentation aux IMF.
Vers des rgles de concurrence saine ?
Le secteur malgache de la microfinance souffre encore dune transparence faible :
- Peu de donnes sont disponibles, les rapports annuels mmes des IMF tant peudiffuss.
- La contribution des IMF malgaches au MIX market, base de donnes de rfrencedu secteur, est limite : 7 IMF ont fourni des donnes pour 2009, mais ce chiffreinclut 4 rseaux OTIV Aucune de ces IMF nest note 5 diamants, note de
transparence fonction du nombre dinformations fournies titre de
comparaison, au Mali, les trois plus grandes IMF ont obtenu cette note.
- Aucune IMF malgache na encore fait lobjet dun rating.
- Jusqu prsent, il nexistait pas de donnes prcises et compltes comparant lesIMF (ou permettant de dfinir leur part de march respective, par exemple) au
niveau sectoriel les informations diffuses par la CNMF sont uniquement
agrges, de mme que celles de la CSBF (qui par ailleurs nincluent pas lesbanques de microfinance dans le secteur). La CNMF vient tout juste dofficialiser
la cration dune nouvelle base de donnes, dfinie partir dinformations
fournies par les IMF.
Il y a donc un vrai enjeu de collecte et diffusion dinformations fiables sur le secteur.
Mais au-del de la transparence, cest la dfinition de rgles de concurrence saine entre
IMF qui reste clarifier, dans deux domaines cls : les ressources humaines dune part,la recherche de nouveaux clients et les nouvelles implantations de lautre.
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Une rflexion sur les outils et dmarches possibles reste mener sur ce thme, dont
lAPIMF pourrait semparer. Dans dautres pays ont par exemple t dfinis un code de
dontologie entre IMF, ou une cartographie des implantations de ces dernires.
Performance sociale et protection du consommateur
Le secteur de la microfinance, Madagascar comme dans la plupart des pays,nchappera pas une rflexion plus globale sur :
- Lutilit sociale de la microfinance
Si les performances financires des IMF sont soumises un suivi rgulier, lesperformances sociales sont encore peu analyses. Pourtant, bailleurs de fonds et
investisseurs ont une exigence croissante sur ce point ; si la microfinance poursuit undouble objectif, financier et social, ces deux aspects doivent tre galement mesurs. La
menace de perte de confiance dans la microfinance, lie notamment au phnomne du
surendettement et de la monte des impays, ne peut que renforcer cette tendance.Il existe des ratings incluant la dimension sociale (Girafe notamment) et des outils lusage des IMF et de leurs investisseurs, permettant de mesurer et suivre les
performances sociales (SPI/Cerise). Ces outils ont fait lobjet dchanges approfondis de
la communaut internationale et sont dj largement utiliss, les appliquer aux IMFmalgaches serait pertinent.
- La protection du consommateur
Face au surendettement, se pose la question de linformation et de la protection des
clients de la microfinance, qui sont plus vulnrables et moins duqus financirement que la clientle bancaire classique.
Des mesures simples sont de plus en plus incluses dans les cadres lgaux et
rglementaires, notamment concernant la transparence des taux affichs la clientle, la
prise en compte des plaintes, les pratiques de saisies des garanties. A minima, dfinirclairement le calcul du TEG et les obligations de prsentation des taux au public seraittrs utile Madagascar, o les entretiens auprs des clients et des agents de crdits
indiquent une certaine opacit sur les tarifications.
En conclusion
A Madagascar, la crise, quelle soit politique ou conomique, ne semble pas avoir eu ce
stade un impact dcisif sur la situation financire des institutions de microfinance
mme si elle donne un coup de frein la croissance globale du secteur. Pour les IMFmalgaches, la confiance des partenaires clients, actionnaires, financeurs sest ainsimaintenue dans un contexte difficile.
Lanalyse de cet exemple conforte donc des conclusions plus gnrales, observes dans
dautres contextes pays par lAFD : la forte rsilience des IMF, la confiance despargnants lie la proximit de ces institutions avec leur clientle, ou encore la
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pertinence dun appui adapt des bailleurs de fonds pour accompagner le secteur dans
les priodes de crise.
Une question intressante, mais encore peu documente, est celle inversement du rle
qua pu jouer le secteur de la microfinance pour attnuer les effets de la crise sur lasocit malgache. Quelques exemples recueillis auprs de clients et dIMF plaident en ce
sens : il semble que les IMF aient accompagn les efforts de diversification des
entrepreneurs informels, et la reconversion de salaris licencis vers le secteur informel.En milieu rural galement, certains produits financiers (comme le crdit stockage) ont
pu avoir un effet stabilisateur sur le revenu des producteurs, et peut-tre sur le prix du
riz par exemple.
En revanche, la crise rvle Madagascar, comme dans dautres contextes pays, lesfaiblesses sous-jacentes du secteur. Dans le cas des IMF malgaches, la crise a jou ainsi
un rle de catalyseur de la concurrence, en milieu urbain du moins, et met en lumirelinsuffisante structuration du secteur absence dassociation professionnelle forte, de
centrale des risques, limites rglementaires.
Dans ce contexte de concurrence avive, et structurelle, des risques rels dimpact
ngatif pour les clients apparaissent surendettement notamment. On peut souligner,sur ce point, le besoin dune meilleure responsabilisation du secteur vis--vis de clients
par nature vulnrables : il serait ncessaire de mesurer les performances sociales desIMF, de clarifier les taux dintrt, de veiller protger le client dune surenchre sur lesmontants, ou encore doprationnaliser la centrale des risques. Lenjeu est de prvenir
une crise de confiance plus profonde qui pourrait, cette fois, avoir un impact ngatif fort
sur la microfinance malgache.