Les Stratégies Numériques des Musées.pdf

7/22/2019 Les Stratgies Numriques des Muses.pdf

1/60

Julien Destre

ISC Paris

MBA Spcialis e-Business

Anne universitaire 2012-2013

Les stratgies numriques

des muses

Sous la direction de Raphal Dornier

Soutenance en 2013


2/60

2

Remerciements

Nous tenons remercier M. Raphal Dornier pour ses conseils et son accompagnement tout

au long de la ralisation de ce travail.

Nous remercions galement M. Sbastien Magro, charg de projets nouveaux mdias au

muse du Quai Branly, M. Denis Butaye, directeur du muse Franais de la Carte Jouer, M.

Omer Pesquer, consultant numrique pour les institutions culturelles et Mme Claire Sguret,

responsable communication et mcnat au muse de Cluny, pour le temps qu'ils nous ont

accord et leurs rponses nos questions.


3/60

3

Sommaire

Synthse ..................................................................................................................................... 4

Introduction .............................................................................................................................. 7

Chapitre 1 - Le numrique au muse : rvolution ou adaptation ? ..................................... 9

1.1 Les visiteurs et le muse .................................................................................................... 9

1.1.1 Pratiques et profils des visiteurs franais de muses ..................................................................9

1.1.2 Le visiteur, Internet et le muse ...............................................................................................11

1.2 - Une multiplicit d'outils................................................................................................. 14

1.2.1 - Le site internet : cl de vote du dispositif numrique ..........................................................15

1.2.2 - Une prsence limite sur les rseaux sociaux ........................................................................16

1.2.3 - Les outils de mdiation ..........................................................................................................18

1.3 - L'intgration du numrique dans une rflexion globale ................................................ 24

1.3.1 - L'apanage des grands ? ..........................................................................................................241.3.2 - Construire une stratgie numrique... ...................................................................................26

1.3.3 - Quelques cas de stratgies numriques ..................................................................................32

Chapitre 2 - Mthodologie ..................................................................................................... 34

2.1 Choix de l'chantillon ...................................................................................................... 34

2.2 Les questionnaires ............................................................................................................ 35

Chapitre 3 - Rsultats ............................................................................................................ 36

3.1 Le muse du Quai Branly : le numrique, complment la visite .................................. 36

3.2 Le muse de Cluny : "Ambitieux et raisonnable" ............................................................ 37

3.3 Le muse Franais de la Carte Jouer : un faible investissement numrique ................. 39

3.4 Omer Pesquer : l'avis d'un consultant .............................................................................. 41

Chapitre 4 - Regard critique ................................................................................................. 42

4.1 Le muse du Quai Branly : une stratgie numrique en construction ............................. 42

4.2 Le muse de Cluny : une stratgie pragmatique .............................................................. 43

4.3 Le muse Franais de la Carte Jouer : une prise de conscience ncessaire .................. 44

4.4 Omer Pesquer : un point de vue extrieur ........................................................................ 46

Chapitre 5 - Recommandations ............................................................................................ 47

Chapitre 6 - Conclusion ......................................................................................................... 49Chapitre 7 - Bibliographie ..................................................................................................... 52

Annexes ................................................................................................................................... 55

Annexe 1 : Profil des visiteurs en fonction de leurs pratiques d'internet .............................................56

Annexe 2 : "Une lettre ouverte aux Directeurs de Muse qui n'investissent pas dans les rseauxsociaux"................................................................................................................................................57

Annexe 3 : Top 10 des muses franais les plus populaires sur les rseaux sociaux ..........................58

Annexe 4 : guide d'entretien destination du personnel travaillant des muses .................................59

Annexe 5 : guide d'entretien destination des consultants ..................................................................60


4/60

4

Synthse

Les nouvelles technologies ont investi le quotidien de l'humanit depuis les dernires annes :

rseaux sociaux, outils mobiles... Le monde n'a jamais t autant connect au cours de son

histoire.

L'individu a recours aux nouvelles technologies pour de nombreuses utilisations incluant ses

sorties et activits culturelles. Les muses, gardiens et vecteurs de transmission du patrimoine

de l'humanit n'ont certes pas attendu pour intgrer le numrique dans leur scnographie ou

leur politique de communication. Cependant, avec l'volution des pratiques, des

comportements des publics et l'arrive de nouveaux outils, ils sont directement confronts

une phase de transition dans leur activit. Smartphones, tablettes, rseaux sociaux, ralit

augmente..., reprsentent un ensemble de moyens qui peuvent et doivent tre utiliss pour

rpondre aux nouveaux besoins et nouvelles pratiques de leurs visiteurs.

Avec des moyens humains et financiers consquents, les muses de grande taille ou

denvergure internationale ont dj commenc se construire une vritable image de marque

en utilisant l'ensemble de ces outils. Mais l'offre musale nationale ne peut se rsumer ces

importantes structures, dont la majorit se trouve dans l'agglomration parisienne. De

nombreux muses situs en province doivent eux aussi aborder cette transition numrique,

pour mieux correspondre aux attentes et nouvelles pratiques des visiteurs. Ils sont cependant

confronts des rticences qui ne sont pas toutes lies un manque de ressources. La

mconnaissance des modes d'utilisation de ces nouvelles technologies et de leur utilit freine

grandement leur assimilation par les quipes et les responsables des institutions culturelles,

alors que la socit a dj profondment assimil l'utilisation des N.T.I.C. (Nouvelles

Technologies de l'Information et la Communication).

Le visiteur a volu, passant progressivement de "simple "visiteur-consommateur" passif", celui de ""public" acteur de sa propre exprience"1. Les muses ne peuvent donc plus ignorer

l'utilisation des nouvelles technologies qui sont devenues inhrentes la nature mme de leurs

visiteurs. Les muses se doivent d'innover en utilisant le numrique pour apporter leur

public de quoi prparer leur visite (informations pratiques, billetterie...), du contenu en lien

1COLLIN-LACHAUD I., PASSEBOIS J., "Le rle des N.T.I.C. dans la valorisation des expriences culturelles et la fidlisation des

visiteurs, le cas du Palosite", 11mes Journes de Recherche de Marketing de Bourgogne, 2006, p.11


5/60

5

avec le muse et ses collections, un accompagnement pendant les trois temps de la visite

(avant, pendant et aprs) et une communication interactive entre le muse et ses visiteurs.

Ce travail s'efforce de prsenter ces outils numriques, qu'il s'agisse de sites internet, de

rseaux sociaux, doutils mobiles ou de la ralit augmente et leur utilisation dans un

contexte musal. Le site internet, lorigine simple vitrine numrique des institutions, devient

interactif, proposant aux internautes, outre les habituelles informations pratiques, des lments

crits, visuels ou sonores pour prparer ou complter leur visite. Ce site est en rgle gnrale

une porte d'entre vers les rseaux sociaux investis par le muse, instaurant un vritable

dialogue entre deux parties (l'institution et son public) qui n'avaient pas, jusqu' maintenant, la

possibilit de rellement changer. L'outil mobile prenant de plus en plus d'importance dans la

socit, il n'est plus rare de voir le muse investir ce nouveau canal pour proposer de

nouveaux moyens de dcouverte ou redcouverte de la culture par le biais d'applications, de

QR codes ou en optimisant son site internet pour ces outils. Grce la ralit augmente ou la

reconstitution 3D, l'exprience de la visite telle que le visiteur la connaissait se modifie. Des

exemples concrets seront abords qui illustrent les possibilits offertes aux muses par de tels

outils tout en en soulignant les enjeux.

En complment de cette prsentation, il sera propos d'tudier la ncessaire dimension

stratgique qui entoure lemploi des nouvelles technologies. Quelques exemples tirs de

l'actualit de ces dernires annes concernant des structures musales plus ou moins

importantes tendent dmontrer que ces pratiques numriques ne peuvent se mettre en place

sans cohrence entre elles et avec la stratgie globale du muse. Le numrique ne doit servir

terme qu' complter la mission de conservation et de transmission du savoir et du patrimoine

de l'humanit au plus grand nombre.

En parallle a t mise en place une tude base sur des entretiens qualitatifs avec des

professionnels du secteur. Sbastien Magro, charg de projet nouveaux mdias au Quai

Branly, Claire Sguret, responsable communication et mcnat au muse de Cluny, Denis

Butaye, directeur du muse Franais de la Carte Jouer et Omer Pesquer, consultant

numrique pour les institutions culturelles ont accept de prendre le temps de rpondre des

questionnaires portant sur la dimension stratgique de l'intgration de dispositifs numriques

au sein de leurs structures. Ces cas pratiques permettent de pousser le raisonnement thorique

propos dans le cadre de ce travail et d'analyser plus en profondeur les pratiques numriques

concrtes d'acteurs du secteur musal.


6/60

6

Il ressort essentiellement de cette analyse un besoin pdagogique en interne par rapport

l'emploi du numrique et son utilit pour mettre en valeur les missions du muse. La

mconnaissance de ces outils engendre en effet des ides fausses et prconues. Les muses

ont peur de voir leur public dserter l'espace physique si les collections sont numrises

Ce travail s'efforcera d'analyser la dimension stratgique du numrique dans le contexte

musal et s'efforant de dterminer dans quelle mesure il serait possible de l'intgrer dans des

muses de taille et aux moyens plus modeste.

Les enjeux des nouvelles technologies sont pour les muses l'occasion de renouveler leur

image auprs d'un public en attente d'innovation dans le secteur culturel. Dans ce contexte, les

muses de taille modeste ont, comme leurs homologues de grande envergure, une opportunit

ne pas rater. Ncessairement plus limit dans leurs moyens, il est important pour eux de

recontextualiser leur offre et de dfinir clairement leurs objectifs dans lemploi du numrique,

tant celui-ci s'est ancr profondment dans la vie de chacun. Les possibilits offertes sont

tellement vastes que les structures devront faire des choix la hauteur de leurs moyens. Un

travail en amont est donc la fois ncessaire et primordial pour tablir une ligne stratgique

quant l'emploi des nouvelles technologies pour mener bien la mission musale et faire

changer les rapports visiteurs-muses.


7/60

7

Introduction

Depuis le 11 avril 2012, les visiteurs du muse du Louvre ont accs un nouvel outil des plus

originaux pour dcouvrir les collections : une console de jeu Nintendo 3DS. Une initiative

audacieuse pour le muse le plus visit de France, avec 10 millions de visiteur pour l'anne

2012 ! Il ne s'agit pas ici de jouer, mais de remplacer le systme d'audio-guide par un autre

outil permettant, outre d'accder aux commentaires, de prsenter des uvres en 3D, de se

reprer dans le muse grce la technologie GPS, ou encore d'afficher l'itinraire afin

d'accder une uvre en particulier.

Cet exemple montre quel point le numrique dans les muses peut prendre des aspects trs

varis. Or, si le muse du Louvre prend de l'avance sur ses concurrents en remplaant l'audio-

guide classique par une console de jeu portable, force est de constater que les muses n'ont

pas attendu 2013 pour s'ouvrir au numrique. Omer Pesquer, consultant numrique freelance,

propose sur son site un historique sur la place du numrique dans les muses de France2.

Depuis 1986, les muses proposent au public des bornes interactives, CD-Rom, sites internet,

jeux-vidos de dcouverte, DVD... Les exemples sont nombreux mais ces premires actions

taient-elles intgres dans une rflexion long terme ou s'agissait-il seulement d'initiatives

isoles ?

Le numrique assiste depuis peu une rvolution numrique, celle des rseaux sociaux et des

smartphones. Facebook, leader des rseaux sociaux ouvert au public en 2006, comptabilise un

milliard d'utilisateurs travers le monde en 2012 (chiffres Mdiamtrie). Cette mme anne,

on dnombre en France 26 millions d'utilisateurs, dont 63% se connectent chaque jour. De

plus, selon les chiffres Mdiamtrie de 2013, la France compte 41.2 millions d'internautes,

26.6 millions de mobinautes, 3 millions d'utilisateurs de tablettes, soit une hausse en 1 an de

respectivement 3%, 24% et 138%.

L'expansion des Nouvelles Technologies de l'Information et de la Communication (N.T.I.C.)

dans nos socits n'est plus dmontrer. Le numrique reprsente alors une formidable

opportunit pour les muses : accrotre leur visibilit, attirer plus de visiteurs tout en sduisant

de nouveaux profils de potentiels visiteurs.

2PESQUER O., "France : plus de 15 ans de numrique pour les muses" , publi en juillet 2012, consult en juin 2013
http://omer.mobi/notes/pratiques/france-numerique-pour-les-musees-reperes/http://omer.mobi/notes/pratiques/france-numerique-pour-les-musees-reperes/http://omer.mobi/notes/pratiques/france-numerique-pour-les-musees-reperes/http://omer.mobi/notes/pratiques/france-numerique-pour-les-musees-reperes/http://omer.mobi/notes/pratiques/france-numerique-pour-les-musees-reperes/http://omer.mobi/notes/pratiques/france-numerique-pour-les-musees-reperes/


8/60

8

Selon le Conseil International des Muses (ICOM), un muse est "une institution permanente

sans but lucratif au service de la socit et de son dveloppement, ouverte au public, qui

acquiert, conserve, tudie, expose et transmet le patrimoine matriel et immatriel de

l'humanit et de son environnement des fins d'tudes, d'ducation et de dlectation"3 .

Le muse est donc, en rgle gnrale, une entit statique qui se devait jusqu' maintenant de

capter les visiteurs au travers de sa renomme (surtout pour les grands muses tels que le

Louvre, le Centre Pompidou, le Muse d'Orsay...) et des campagnes de communication

utilisant les canaux "traditionnels" (affichage, spots TV, radio, presse...). L'ouverture au

numrique, dbute il y a une quinzaine d'annes, permet ces muses de communiquer sur

de nouveaux canaux (rseaux sociaux) et de s'adresser en direct aux visiteurs et potentiels

visiteurs. D'autres initiatives numriques, comme celle du Louvre, ont pour objet de modifier

le rapport entre le visiteur et l'uvre.

Le numrique offre de trs nombreuses possibilits aux muses. Mais, avant de les intgrer,

ceux-ci doivent mettre en place une rflexion globale sur la cohrente de ces outils et actions

dans le cadre de la stratgie globale du muse. C'est pour cette raison qu'il sera ici question de

dterminer les grandes typologies de stratgies numriques existantes.

L'offre musale est ingalement rpartie sur le territoire franais. Selon l'tude de

frquentation des Muses de France4 la France compte 1213 muses portant l'appellation

"Muse de France". Avec 137 muses, soit 11% de l'offre globale, l'Ile-de-France se place en

tte, suivie de la rgion PACA et la rgion Rhne-Alpes, avec respectivement 118 et 106

muses. En 2009, la frquentation globale de l'offre musale nationale est de 56 197 040

visiteurs alors que celle des muses d'Ile-de-France est de 33 061 582 visiteurs. En d'autres

termes, 11% de l'offre musale nationale capte prs de 60% de la frquentation totale. De

plus, les trois plus importants muses d'Ile-de-France, le Louvre, le Centre Pompidou et le

Muse d'Orsay, drainent eux seuls 27% de la frquentation nationale et 45% de la

frquentation rgionale.

Face ces titans, les muses de taille plus modeste se doivent de jouer sur d'autres tableaux

afin d'accrotre leur visibilit, leur notorit ainsi que leur frquentation.

3CONSEIL INTERNATIONAL DES MUSEES (ICOM), "Dfinition du muse" < http://icom.museum/la-vision/definition-du-musee/L/2/>,consult en juin 20134MINISTERE DE LA CULTURE ET DE LA COMMUNICATION,Museostat 2009, frquentation des Muses de France, Paris, 2012
http://icom.museum/la-vision/definition-du-musee/L/2/http://icom.museum/la-vision/definition-du-musee/L/2/


9/60

9

Il est donc lgitime de se demander dans quelle mesure les stratgies numriques, le plus

souvent mise en place dans les grosses structures musales, peuvent tre transposes dans des

muses moins importants de par leur taille et leur nombre de visiteurs.

Afin de rpondre cette question, il sera fait dans un premier temps un tat des lieux de la

place du numrique ainsi que ses diffrents aspects dans l'offre musale. Dans un second

temps, suite une enqute qualitative auprs de professionnels du secteur, il sera prsent

puis analys les rsultats obtenus pour enfin terminer sur des recommandations.

Chapitre 1 - Le numrique au muse : rvolution ou adaptation ?

Les muses dtiennent un rle primordial comme gardiens et vecteurs de transmission de

l'histoire et de la culture d'un pays, d'une rgion, d'une ville... Ces structures se doivent de

s'adapter aux changements radicaux de nos socits. En effet, l'humanit est actuellement

hyper-connecte dans le temps et l'espace. Aprs Internet, l'arrive d'appareil mobiles tels que

les smartphones et les tablettes ont permis d'tre connect en permanence, aussi bien dans le

cadre de la vie prive que professionnelle. Les rseaux sociaux quant eux donnent leurs

utilisateurs la possibilit d'changer avec le plus grand nombre et ce l'chelle mondiale.

Facebook concentre ainsi 1.15 milliards d'utilisateurs mensuels actifs dont 819 millions sur

mobile (Chiffres 2013). Le numrique prenant une part de plus en plus importante dans la viedes individus, de nouveaux comportements mergent. L'individu se renseigne au pralable sur

ses sorties, partage ses ides avec ses proches... L'e-rputation devient alors un enjeu des plus

importants pour les muses : il est ncessaire pour ces derniers de savoir qui parle d'eux, en

quels termes et bien videment de pouvoir contrler ou de rpondre ces interventions.

Mais ne parler que des rseaux sociaux est rducteur, le numrique au muse peut prendre des

formes varies (site internet, ralit augmente, 3D...) qui rpondent diffrents objectifs.

1.1 Les visiteurs et le muse

1.1.1 Pratiques et profils des visiteurs franais de muses

Le Centre de Recherche pour L'Etude et l'Observation des Conditions de Vie (CREDOC) a

publi en juin 2012 une tude mene entre dcembre 2011 et janvier 2012 intitul La visite

des muses, des expositions et monumentsqui met en avant les comportements des franais en

matire de visite de muses.


10/60

10

Il est noter pour commencer qu'une majorit (61%) de l'chantillon reprsentatif de la

population adulte franaise slectionn5a visit un muse, une exposition ou un monument au

cours des douze derniers mois. Si 57% de l'chantillon ont visit un monument ou un site

patrimonial (monument religieux, chteau, site industriel, site mmoriel....), seulement 35%

ont effectu une visite d'un muse ou d'une exposition.

Figure 1 : Proportion de personnes ayant visit au cours des douze derniers mois un muse ou une exposition enfonction du la typologie (Source : BIGOT R., DAUDEY E., HOIBIAN S., MULLER J., La visite des muses,

des expositions et des monuments, Etude pour la Direction Gnrale des Patrimoines, Dpartement de la

politique des publics, CREDOC, juin 2012, p.12)

Le CREDOC catgorise les muses en sept grandes thmatiques qui attirent chacun des

profils biens spcifiques de visiteurs. C'est une information primordiale pour assurer une

communication cible permettant la conqute de nouveaux visiteurs mais galement la

fidlisation de ces "clients". Quatre grands points ressortent de cette analyse6

:

La visite d'un muse ou d'une exposition concerne surtout les individus possesseursd'un diplme du niveau gal ou suprieur la licence : 67% des cadres et professions

intellectuelles suprieures se sont rendus dans un muse au cours de l'anne 2011

contre 28% chez les bas revenus et 20% chez les ouvriers.

5"2003 personnes ges de 18 ans et plus slectionnes selon la mthode des quotas. Ces quotas (rgion, taille d'agglomration, ge - sexe,

PCS) ont t calculs d'aprs les rsultats du dernier recensement gnral de la population mis jour grce l'enqute emploi et au bilandmographique 2009 de l'INSEE.", CREDOC, La visite des muses, des expositions et des monuments, p.4, juin 20126Voir annexe 1


11/60

11

La tranche d'ge des 60-69 ans est la plus reprsente, 46% d'entre eux ayant effectuune visite en 2011.

Comme soulign en introduction, les Franciliens sont plus souvent amens frquenter les muses (45% sont des habitants de l'agglomration parisienne) tant

donn l'importance de l'offre culturelle locale.

Les tudiants frquentent beaucoup de muses et d'expositions de beaux-arts (31%) etd'art moderne (25%)

Ces profils donnent aux muses des axes de communication pour leur clientle cible, mais ne

doivent toutefois pas leur faire oublier que la mission d'un muse est de toucher le plus grand

nombre de personnes possible, y compris ceux qui n'ont pas l'habitude de frquenter de

muses.

Pourquoi 88% des personnes n'ayant aucun diplme n'ont-elles pas visit une exposition ou

un muse en 2011 ? En dehors de la dimension conomique (l'accs la culture ayant un

cot) il peut tout fait s'agir de l'image peu attractive du muse, de sa collection, des moyens

mis en uvre pour communiquer avec le visiteur, ou l'absence de ces mmes moyens. Or, le

numrique est l'une des solutions pour changer cette donne. Ainsi dans l'mission "La

politique c'est net : les muses l'heure du numrique" publie le 27 mars 2013, Nomie

Breen, chef d'unit conception multimdia au Louvre, insiste sur ce point : "l'entre du

numrique au muse c'est essayer d'amener de nouveaux visiteurs venir au muse" 7. Que ce

soit lors de la visite avec des outils de mdiation, ou dans les phases pr et post visite, le

numrique peut revtir de nombreux aspects pour entrer en contact avec un public habitu ou

conqurir.

1.1.2 Le visiteur, Internet et le muse

La prsence des N.T.I.C. dans nos socits s'est largement diffuse depuis les 15 dernires

annes. Selon les chiffres de Mdiamtrie (janvier 2012) la France compte 41.2 millions

d'internautes, ce qui reprsente prs des trois quarts de la population nationale. De plus,

toujours selon Mdiamtrie (dcembre 2012), 23,6 millions de Franais disposent d'un accs

internet avec leur mobile.

7BREEN N. in "La politique c'est net : les muses l'heure du numrique", , publi le

27 mars 2013
http://www.youtube.com/watch?v=uJDzJqDZz4ghttp://www.youtube.com/watch?v=uJDzJqDZz4ghttp://www.youtube.com/watch?v=uJDzJqDZz4g


12/60

12

Avoir une vitrine numrique, c'est--dire un site internet, est devenu indispensable de nos

jours, chacun effectuant de nombreuses recherches sur le web. Le secteur des institutions

culturelles n'chappe pas cette rgle. Ainsi ds 2007, lors de la confrence internationale

"Communicating the Museum" Madrid "250 chargs de communication venant du monde

entier ont reconnu l'impossibilit d'ignorer Internet" 8.

En 2012 le message a clairement t compris. Dans une tude mene par Sbastien d'Anjou,

responsable de la promotion et des ventes pour l'tablissement public du parc et de la grande

halle de la Villette, et Millie Servant, alors charge de la prsence numrique de

l'tablissement, sur les rseaux sociaux en milieu culturel, il apparat que prs de 81% des

lieux culturels disposent actuellement d'un site internet, soit le double par rapport 2010 9

Internet est utilis massivement et en particulier pour les sorties culturelles. Selon l'tude du

CREDOC, 35% de l'chantillon interrog utilise internet pour prparer une visite d'un muse,

d'une exposition ou d'un monument.

Figure 2 : Pratique des activits numres au cours des douze derniers mois (Source : BIGOT R., DAUDEY E.,

HOIBIAN S., MULLER J., La visite des muses, des expositions et des monuments, Etude pour la Direction

Gnrale des Patrimoines, Dpartement de la politique des publics, CREDOC, juin 2012, p.33)

8NOTEBAERT J.-F. ET AL., "Quelles stratgies pour les muses sur internet ? Entre "Click and Mortar" et "Mortar and Click" inManagement & Avenir n44, p. 148, 2011.9ANJOU (D') S., SERVANT M., Un parc du la toile, le Parc de la Villette 2008-2012, Rseaux sociaux, mode d'emploi, p.15, 2012


13/60

13

La raison la plus importante concerne la recherche d'informations pratiques telles que les

horaires, les tarifs, le plan d'accs... Ce comportement utilisateur est assez logique puisque les

premiers sites internet avaient initialement une vocation purement informative pour aider le

visiteur prparer sa visite.

D'autres fonctionnalits ont par la suite t intgres ces interfaces grce une amlioration

technologique. Il est ainsi possible d'effectuer une visite virtuelle du muse ou d'une partie des

collections, de rserver ou d'acheter sa place en ligne, de tlcharger un audio-guide et

d'changer sur les rseaux sociaux ou des blogs avec d'autres utilisateurs.

L'tude mene par le CREDOC dmontre l'importance de la visite on-line qui prcde

majoritairement une visite physique : "88% des personnes ayant visit virtuellement des sites

patrimoniaux l'ont en effet fait pour prparer ou complter leur dplacement dans ces

lieux"10. Le site internet est donc primordial dans le parcours client d'un visiteur, son absence

pouvant dboucher sur l'abandon du processus de recherche et donc la perte de frquentation

pour le muse.

Le CREDOC prsente dans son tude les diffrentes pratiques sur internet dans le cadre des

sorties culturelles11. Deux comportements intressants mergent de cette analyse :

Les moins de 25 ans concentrent le plus grand nombre d'usages "pratiques" avant unevisite (horaires, tarifs...)

La tranche d'ge 60-69 ans est celle qui se tourne le plus vers des contenus disponiblesen ligne (visites virtuelles, audio-guide tlchargeables...)

Il est ici trs intressant de noter que les jeunes gnrations n'ont plus l'apanage des nouvelles

technologies. Pour les personnes plus ges faire la visite virtuelle d'un muse est un excellent

moyen de se familiariser avec des uvres sans gne auditive ou visuelle.

Si l'innovation technologique est quasi immdiatement comprise par les jeunes gnrations,

des publics priori non cibls peuvent nanmoins se l'approprier facilement (voir Figure 3),

confirmant que le numrique sert au muse capter de nouveaux profils de visiteurs.

10

BIGOT R., DAUDEY E., HOIBIAN S., MULLER J.,La visite des muses, des expositions et des monuments, Etude pour la DirectionGnrale des Patrimoines, Dpartement de la politique des publics, CREDOC, juin 2012, p.3411Le tableau complet est disponible en annexe 1


14/60

14

Figure 3 : Types d'utilisation d'Internet en rapport avec les lieux culturels et la proportion d'individus qui se

disent attirs par les produits comportant une innovation technologique (en %) (Source : BIGOT R., DAUDEY

E., HOIBIAN S., MULLER J.,La visite des muses, des expositions et des monuments, Etude pour la Direction

Gnrale des Patrimoines, Dpartement de la politique des publics, CREDOC, juin 2012,p.33)

Avec 1315 muses recenss en France12le secteur musal propose une offre vaste et varie.

La demande culturelle des Franais est aussi importante puisque selon l'tude mene par le

CREDOC, 61% de la population a frquent des tablissements culturels au cours de l'anne

201113.

Le site internet, premier "chelon numrique" devient plus qu'une plateforme informative. De

nouveaux contenus et services sont la disposition des internautes pour leur permettre de se

familiariser avec les collections. Mais le numrique permet surtout de se tourner vers de

nouveaux publics et d'effacer progressivement les barrires de la condition sociale ou encore

gnrationnelle.

D'autres outils numriques sont disponibles et les usages qui les caractrisent sont varis.

1.2 - Une multiplicit d'outils numriques...

Depuis les dix dernires annes de nombreuses innovations technologiques ont vu le jour :

mergence et affirmation des rseaux sociaux, dont le meilleur exemple est aujourd'hui

12

MUSEOFILE, REPERTOIRE DES MUSEES FRANCAIS; , consult en juillet 2013

13BIGOT R., DAUDEY E., HOIBIAN S., MULLER J., La visite des muses, des expositions et des monuments, Etude pour la Direction

Gnrale des Patrimoines, Dpartement de la politique des publics, CREDOC, juin 2012, p.18
http://www.culture.gouv.fr/documentation/museo/http://www.culture.gouv.fr/documentation/museo/http://www.culture.gouv.fr/documentation/museo/http://www.culture.gouv.fr/documentation/museo/


15/60

15

Facebook (2006), des outils mobiles tels que le smartphone (iPhone, 2007), ou la tablette

popularise avec l'iPad (2010). Ces trois seuls lments ont radicalement chang les

comportements et les pratiques de leurs utilisateurs.

Les muses ont su tirer profit de ces innovations en les intgrant dans leur activit. Ils peuvent

ainsi s'appuyer sur plusieurs outils.

1.2.1 - Le site internet : cl de vote du dispositif numrique

Premire porte d'entre virtuelle du muse, le site internet est devenu primordial dans l'activit

musale. Les acteurs du secteur ont dans l'ensemble bien compris les enjeux du web sur leur

activit. Jean-Franois Notebaert note ainsi que "la grande majorit des structures, en

particulier celles d'envergure internationale travaillent activement l'actualisation voire larefonte de leur site dj existant" 14 . Si les grosses structures forment comme on peut

l'imaginer le fer de lance de ces innovations d'autres exemples plus modestes confirment ce

fait. Le chantier de refonte du site internet du muse de Cluny est en cours, celui du site du

muse du Quai Branly est prvu pour l'anne prochaine. Le muse Bonnard, situ dans la

rgion Provence Alpes Cte-d'Azur, a quant lui t nomin dans la catgorie "Best of the

Web" lors de l'dition 2012 du salon annuel Museums and the Web15. pour la nouvelle version

de son site (ralis en interne grce l'outil CMS Joomla).

Ces projets s'expliquent par une modification du comportement des internautes laquelle les

muses s'adaptent. Jean-Franois Notebaert souligne ainsi que "dans la majorit des cas, il

s'agit d'amliorer l'impact sur les visites effectives du muse et de dvelopper de nouveaux

services offrir aux visiteurs-internautes"16. Plus qu'une simple vitrine du muse, le site web

s'toffe de nouveaux services et contenus qui correspondent aux attentes de l'internaute :

Prparer sa visite : informations pratiques (horaires, plan d'accs), touristiques(rservation d'htel prs du muse...) et billetterie

Apporter du contenu en lien avec le muse, ses collections son agenda culturel Accompagner le visiteur pendant les trois temps de sa visite : avant, pendant et aprs Communiquer avec le muse via une plate-forme communicative intgre sur le site

ou par les rseaux sociaux

14NOTEBAERT J.-F. ET AL., "Quelles stratgies pour les muses sur internet ? Entre "Click and Mortar" et "Mortar and Click" in

Management & Avenir n44, p. 149, 2011.15C/BLOG, "Bonnard online", , publi le 29 mai 2013, consult en juin 201316

NOTEBAERT J.-F. ET AL., "Quelles stratgies pour les muses sur internet ? Entre "Click and Mortar" et "Mortar and Click" inManagement & Avenir n44, p. 149, 2011.
http://cblog.culture.fr/2012/05/29/musee-bonnard-onlinehttp://cblog.culture.fr/2012/05/29/musee-bonnard-onlinehttp://cblog.culture.fr/2012/05/29/musee-bonnard-onlinehttp://cblog.culture.fr/2012/05/29/musee-bonnard-online


16/60

16

Dans cette optique d'enrichissement de contenus il est indispensable de parler de la prsence

des muses sur les rseaux sociaux.

1.2.2 - Une prsence limite sur les rseaux sociaux

Les rseaux sociaux sont aujourd'hui trs prsents dans nos socits. Les rfrents sont sans

conteste Facebook, avec prs de 693 millions d'utilisateurs actifs travers le monde, Google+

avec 343 millions et Twitter avec 288 millions17. Il existe toutefois une multitude d'autres

rseaux sociaux qui correspondent des usages et pratiques varis : You Tube et Dailymotion

pour la diffusion et le partage de vidos, les blogs, Tumblr, Flickr, Pinterst pour le partage de

photos... La liste est longue ! Face cette multiplicit d'outils, les muses peuvent se poser la

question de l'utilit d'une prsence sur ces rseaux et des plateformes investir.

Chaque rseau social dispose de ses spcificits. C'est pourquoi il n'est pas rare de voir

certains muses se positionner sur plusieurs rseaux en dveloppant une communication

cohrente entre chaque plateforme. Comme le souligne Aude Mathey, fondatrice du blog

Culture et Communication, "sur Twitter c'est plus du partage d'infos, beaucoup de veille [...],

des changes assez courts. Sur Facebook on essaye de construire un environnement qui est

plus accessible aussi sa communaut avec des contenus, des images, etc... Et puis aprs il y

a tous les environnements diffrents ct[...]"18.

Selon une infographie prsente dans l'tude mene par Sbastien d'Anjou et Millie Servant, il

apparat que si huit lieux culturels sur dix ont un site internet, la prsence sur les deux

rfrences des rseaux sociaux reste accessoire. Quatre lieux culturels sur dix sont prsents

sur Facebook et deux sur dix sont sur Twitter19.

Le nombre de muses prsents sur les rseaux est faible mais tend augmenter. En effet, en

2009 vingt muses sont inscrits sur Twitter (sur un total de 1213 muses labelliss "Muse de

France"), ils sont prs d'une centaine en 2013 20 . De plus, Facebook semble aujourd'hui

incontournable puisque une grande majorit des acteurs du secteur culturel y est galement21.

17CABINET GLOBALWEBINDEX, "Social Platforms GWI.8 update : Decline of Local Social Media Platforms"

, publi le 22 janvier 2013,consult en juin 201318

MATHEY A. in "La politique c'est net : les muses l'heure du numrique", ,publi le 27 mars 201319

ANJOU (D') S., SERVANT M., Un parc sur la toile, le Parc de la Villette 2008-2012, Rseaux sociaux, mode d'emploi, p.14, 201220HUFFINGTON POST, "Comment les muses se dpoussirent sur les rseaux sociaux",publi le 31 mars 2013, consult en juillet 2013.21

Ibid.
https://www.globalwebindex.net/social-platforms-gwi-8-update-decline-of-local-social-media-platforms/https://www.globalwebindex.net/social-platforms-gwi-8-update-decline-of-local-social-media-platforms/https://www.globalwebindex.net/social-platforms-gwi-8-update-decline-of-local-social-media-platforms/http://www.youtube.com/watch?v=uJDzJqDZz4ghttp://www.youtube.com/watch?v=uJDzJqDZz4ghttp://www.youtube.com/watch?v=uJDzJqDZz4ghttp://www.huffingtonpost.fr/2013/03/30/musee-reseaux-sociaux-twitter-facebook-museogeek_n_2983611.htmlhttp://www.huffingtonpost.fr/2013/03/30/musee-reseaux-sociaux-twitter-facebook-museogeek_n_2983611.htmlhttp://www.huffingtonpost.fr/2013/03/30/musee-reseaux-sociaux-twitter-facebook-museogeek_n_2983611.htmlhttp://www.huffingtonpost.fr/2013/03/30/musee-reseaux-sociaux-twitter-facebook-museogeek_n_2983611.htmlhttp://www.huffingtonpost.fr/2013/03/30/musee-reseaux-sociaux-twitter-facebook-museogeek_n_2983611.htmlhttp://www.huffingtonpost.fr/2013/03/30/musee-reseaux-sociaux-twitter-facebook-museogeek_n_2983611.htmlhttp://www.youtube.com/watch?v=uJDzJqDZz4ghttps://www.globalwebindex.net/social-platforms-gwi-8-update-decline-of-local-social-media-platforms/


17/60

17

Les rseaux sociaux sont devenus pour les muses un moyen privilgi d'entrer en contact

avec le visiteur pendant les trois phases de la visite (avant, pendant et aprs), de le faire

activement participer en lui proposant des quizz, des jeux, de lui prsenter un contenu indit et

de crer une communaut fidle qui suivra l'actualit du muse.

Mais les rseaux sociaux ne parviennent pas pour le moment rellement convaincre les

muses de leur utilit. Jim Richardson, directeur de l'agence anglaise Sumo qui travaille en

collaboration avec les muses pour dvelopper leur prsence sur les rseaux sociaux, a ainsi

publi en octobre 2011 une "Lettre ouverte aux directeurs de muse qui n'investissent pas

dans les mdias sociaux". Il prsente dix points mettant en avant les avantages des rseaux

sociaux pour les muses22: de nombreux visiteurs ou visiteurs potentiels utilisent en effet ces

mdias, ceux-ci sont dj susceptibles de parler du muse il convient donc de contrler ces

dires, il souligne galement la possibilit pour le muse de former un rseau professionnel

afin de connatre les actions des autres institutions sur ces plateformes.

Sbastien Magro, charg de projets nouveaux mdias au muse du Quai Branly insiste sur

l'utilit pour un muse d'tre prsent sur les rseaux sociaux."Que nous soyons prsents ou

non, les visiteurs vont parler de nous sur Facebook et sur Twitter, avec leurs amis, avec leurs

contacts, donc autant y tre pour savoir ce qui est dit, pour accompagner et pour apporter de

l'information et du contenu supplmentaire aux visiteurs. Les visiteurs crent aussi, gnrent

eux-mmes spontanment des contenus assez consquents. Ils prennent beaucoup de photos,

ils prennent des vidos, ils peuvent mme enregistrer des pistes sonores, ils vont aussi

partager sur leurs blogs par exemple ou sur Facebook leurs avis de manire plus structure

sur l'exposition. Donc pour nous c'est la possibilit d'accompagner tout a, de travailler sur

la mdiation en apportant de l'information, en apportant de l'interprtation"23.

Les rseaux sociaux sont vus aujourd'hui comme un moyen pour les muses d'aborder le

visiteur-internaute d'une faon plus humaine, moins officielle et donc moins intimidante.

Comme le souligne Diane Drubay, fondatrice de l'agence Buzzeum qui conseille les muses

sur leur stratgie numrique, "sur Facebook on raconte ce qu'on fait, ce qu'on aime, ce qu'on

22Voir annexe 223

MAGRO S. in "La politique c'est net : les muses l'heure du numrique", , publile 27 mars 2013
http://www.youtube.com/watch?v=uJDzJqDZz4ghttp://www.youtube.com/watch?v=uJDzJqDZz4ghttp://www.youtube.com/watch?v=uJDzJqDZz4ghttp://www.youtube.com/watch?v=uJDzJqDZz4g


18/60

18

voit. Les muses font dsormais la mme chose. Il faut que le muse arrte d'tre une

cathdrale et soit le plus humain possible"24.

1.2.3 - Les outils de mdiation

Le numrique ne concerne pas uniquement le web et les rseaux sociaux. Les muses

pratiquent depuis longtemps des exprimentations numriques afin d'apporter du contenu, des

informations supplmentaires (Films, CD-Rom...) leurs visiteurs tout en modifiant leur

exprience de visite (bornes interactives,...). Quatre lments ressortent particulirement. Il

s'agit de l'audioguide et de ses volutions, des outils mobiles qui permettent l'mergence de

nouvelles pratiques et les dispositifs phares du moment que sont la ralit augmente et les

chantiers de numrisation des collections.

Vers un audioguide personnalis

L'audioguide est devenu avec le temps l'outil principal de dcouverte d'un site touristique ou

d'un lieu culturel. Existant en plusieurs langues, il permet d'accompagner le visiteur lors de

son parcours, de grer diffrents types de visites (enfants et adultes) et de donner accs un

public handicap (mal voyant ou mal entendant).

Selon l'tude mene par Loc Tallon en 2009 auprs de 238 muses internationaux25:

42% des muses ont un audioguide 31% de ceux qui n'en ont pas en auront sous 5 ans 55% des muses franais ont un audioguide

Dans la majorit des cas, les muses ont a leur disposition leurs propre matriel. Le contenu

peut aussi se trouver sur le site du muse o il est tlchargeable en format mp3 : c'est le cas

de 23% des muses franais.

Les appareils personnels de type smartphone ou lecteur mp3 deviennent des audioguides. La

tendance serait alors vers une dmatrialisation de cet outil, le contenu (commentaire, son et

vido) tant accessible depuis les appareils mobiles des visiteurs. Ce qui peut reprsenter une

conomie non ngligeable pour le muse.

24MAGRO S. in "La politique c'est net : les muses l'heure du numrique", , publi

le 27 mars 201325TALLON L., The use, challenges & future of handheldguides in museums : an overview of the findings from the 2009 International

Handheld Huide Survey, Learning Times & Pocket-Proof, 2009
http://www.youtube.com/watch?v=uJDzJqDZz4ghttp://www.youtube.com/watch?v=uJDzJqDZz4ghttp://www.youtube.com/watch?v=uJDzJqDZz4ghttp://www.youtube.com/watch?v=uJDzJqDZz4g


19/60

19

Le terminal mobile : l'avenir de la mdiation culturelle ?

Avec la mise sur le march de l'iPhone, Apple a radicalement modifi le march du tlphone

mobile, en faisant du terminal bien plus qu'un outil de communication. L'Apple Store, lanc

en 2008, permet aux usagers de la marque de tlcharger via cette plateforme de petits

logiciels (applications) aux usages trs varis.

Le Club Innovation et Culture (CLIC), cr en octobre 2008, avec la vocation de rassembler

les acteurs du secteur culturel en France a tabli qu'au 30 mai 2013 la France concentre 191

applications mobiles musales et culturelles26, nombre plus important qu'aux Etats-Unis et en

Angleterre. Selon les mots de Pierre-Yves Lochon, crateur et coordinateur du CLIC,

interview sur France Culture le 23 novembre 2012 : "la moiti vient de muses ou de lieux de

province, la moiti de muses ou de lieux de Paris et d'Ile-de-France"27. Ces applications sont

de natures varies, le CLIC les classe en diffrentes catgories :

Applications portail national (Culture Clic, Officiel Galeries Muses...) Applications portail rgional (Muses de Paris, Musambule, muses de la rgion

PACA...)

Applications permanentes de lieux culturels (Muses des Arts Dcoratifs, Mused'Histoire de Nantes...)

Applications vnementielles (Nuit Europenne des Muses,...) E-albums / e-catalogues d'expositions ("Monet, la visite", du Grand Palais, "Czanne

et Paris", Muse du Luxembourg...)

Monographies d'artistes hors exposition ("Le Rve de Van Gogh", Institut Van Goghd'Auvers-sur-Oise)

Applications jeunesse ("Le Grand Louvre des Petits",...)Le champ est vaste et permet de mettre en lumire l'importance des terminaux mobiles dans

les diffrentes phases de la visite. Dans l'article "L'art en poche" 28Christine Vaufrey a tudi

plus en dtail ces applications musales. Il en ressort que les plus grosses structures ont une

application gratuite dtenant un rle informatif (horaires, plan, actualit...) tout en prsentant

26CLUB INNOVATION ET CULTURE FRANCE, "191 applications mobiles musales et culturelles en France (panorama au 30 mai

2013)", , publi en mai

2013, consult en aot 201327LOCHON P.-Y. sur FRANCE CULTURE, "le patrimoine l're numrique" , publi en novembre 2013, consult en juin 201328

VAUFREY C., "L'Art en Poche", Muses et patrimoines numriques, pp. 67-70, Thot Cursus, mars 2013
http://www.club-innovation-culture.fr/applications-mobiles-museales-et-culturelles-panorama-francais-2012-2/http://www.club-innovation-culture.fr/applications-mobiles-museales-et-culturelles-panorama-francais-2012-2/http://www.franceculture.fr/emission-pixel-le-patrimoine-a-l-ere-du-numerique-2012-11-23http://www.franceculture.fr/emission-pixel-le-patrimoine-a-l-ere-du-numerique-2012-11-23http://www.franceculture.fr/emission-pixel-le-patrimoine-a-l-ere-du-numerique-2012-11-23http://www.franceculture.fr/emission-pixel-le-patrimoine-a-l-ere-du-numerique-2012-11-23http://www.franceculture.fr/emission-pixel-le-patrimoine-a-l-ere-du-numerique-2012-11-23http://www.franceculture.fr/emission-pixel-le-patrimoine-a-l-ere-du-numerique-2012-11-23http://www.club-innovation-culture.fr/applications-mobiles-museales-et-culturelles-panorama-francais-2012-2/


20/60

20

quelques uvres. Mais l'accs un contenu plus labor est payant (les audioguides par

exemples). Il en va de mme pour la majorit des applications d'expositions.

Si beaucoup d'applications musales sont penses et conues comme des "audioguides

amliors", d'autres permettent de crer un nouveau rapport entre le visiteur et l'uvre.

L'application "The Warhol: D.I.Y. POP" sortie en juin 2012 permettait de comprendre

travers des photos et vidos les mthodes utilises par l'artiste pour crer ses tableaux, puis

partir d'une de ses propres photos, de concevoir sa propre uvre " la Warhol".

Si comme le souligne Christine Vaufrey "certaines [applications]ressemblent encore un peu

trop des audioguides amliors, d'autres rservent de belles surprises et peuvent tre

utilises indpendamment de la visite physique"29. Le mobile permet alors d'accompagner le

visiteur tout au long du processus de la visite :

Avant pour prparer sa visite Pendant en apportant du contenu et des ressources pour l'enrichir Aprs en prolongeant le lien avec le muse via le partage d'lments sur les rseaux

sociaux

Une opportunit importante pour les muses, qui permet galement de capter, conqurir et

fidliser les visiteurs, tout en attirant de nouveaux publics. Selon l'tude du CREDOC, abord

plus haut, les Franais sont demandeurs de telles initiatives numriques. Les terminaux

mobiles (smartphone et tablettes) deviennent les outils privilgis de communication dans nos

socits, les muses ont donc fortement intrt s'y positionner davantage.

La ralit augmente : une nouvelle interprtation

Depuis le 13 avril 2013, le Chteau de Guillaume le Conqurant, situ Falaise en

Normandie, propose une nouvelle scnographie ses visiteurs. S'appuyant davantage sur le

numrique, elle permet de dcouvrir le mode de vie de l'poque grce la ralit augmente.

Shelley Mannion, responsable des programmes d'apprentissage numrique au British

Museum, dfinit la ralit augmente comme "la possibilit de voir ou d'entendre, dans un

contexte donn, une information pertinente superpose ce que l'on voit dans le monde

29VAUFREY C, "L'Art en Poche",Muses et patrimoines numriques, p.70, Thot Cursus, mars 2013


21/60

21

rel" 30 . Les possibilits sont trs nombreuses et prennent des formes varies, l'auteure

prsente ainsi diffrents grands types d'utilisation de la ralit augmente.

En premier lieu elle est utilise comme l'quivalent d'un guide d'exploration touristique

coupl avec les technologies de golocalisation. Le visiteur suit un parcours ou se rend un

point prcis et la possibilit, grce un outil mobile, de dcouvrir un lieu ou un objet dans

son cadre originel. Citons par exemple le projet "Muse Urbain MTL" du muse McCord

Montral :"La superposition d'une image historique un point de vue actuel de la vie urbaine

offre deux visions du lieu, celle d'hier et celle d'aujourd'hui"31.

Ensuite l'on retrouve ce que l'auteure appelle l'"interpretive mediation" qui fonctionne l'aide

de la reconnaissance visuelle. En 2005, l'artiste Hugo Barroso a prsent une exposition au

National Centre for the Arts Mexico. Les enfants pouvaient, cette occasion, en se mettant

face un miroir numrique, se voir revtus de diffrents costumes se superposant aux

vtements qu'ils portaient.

La troisime catgorie de ralit augmente a t utilise par des artistes afin d'exposer leurs

uvres directement au sein de muses, parfois sans autorisation. Les uvres des artistes se

superposent ou se juxtaposent des objets dj exposs, visibles par les visiteurs en

tlchargeant l'application puis en se positionnant au bon endroit. Ce fut le cas en octobre

2012 lorsque les artistes Veenhof et Mark Skwarek ont investis le MoMA New York en

crant une application permettant aux visiteurs de voir leurs crations au sein mme du

muse.

Shelley Mannion constate qu'avec le temps et la conduite de projets, ces catgories tendent

se confondre. La ralit augmente utilise tous les aspects de la technologie mobile, ce qui

aboutit au dveloppement de projets "hybrides" selon le mot de Francine Clment32.

La force d'un tel outil est de prsenter aux visiteurs diffrentes possibilits d'interprtations,

du contenu indit mais galement de capter un nouveau public, celui des plus jeunes.

Plusieurs expriences ont t menes qui tendent dmontrer que le jeune public est

particulirement sensible ce genre d'initiative. La nouvelle scnographie du Chteau de

Guillaume le Conqurant, qui permet de "se plonger dans la vie d'un chteau ducal et

30MUSEUM ID, "British Museum - Augmented Reality: Beyond the Hype", , publi

en 2011, consult en juillet 201331MUSEE MCCORD, "Muse Urbain MTL", , publi en 2012, consult en

aot 201332CLEMENT F., "La ralit augmente entre au muse",Muses et patrimoine numrique, p.61, Thot Cursus, 2013
http://www.museum-id.com/idea-detail.asp?id=336http://www.museum-id.com/idea-detail.asp?id=336http://www.musee-mccord.qc.ca/fr/mobile/MuseeUrbainMTL/http://www.musee-mccord.qc.ca/fr/mobile/MuseeUrbainMTL/http://www.musee-mccord.qc.ca/fr/mobile/MuseeUrbainMTL/http://www.musee-mccord.qc.ca/fr/mobile/MuseeUrbainMTL/http://www.museum-id.com/idea-detail.asp?id=336


22/60

22

militaire du XIImesicle"33a prouv sa capacit plaire aux plus jeunes. Un pre de famille

dira "Mes enfants ont apprci, les deux qui ont 6 et 8 ans se sont bien amuss et le troisime

qui a 12 ans, s'est amus aussi, mais en plus, il a appris des choses"34.

La ralit augmente sur appareil mobile serait l'une des technologies voue prendre de plus

en plus d'importance au sein des muses. Dans son article, Francine Clment souligne le fait

qu'en 2012 un rapport d'expert, selon l'dition Muses du rapport de recherche Horizon

Report du New Media Consortium (NMC), un ensemble d'experts du domaine des

technologies et de l'duction, et leMarcus Institute for Digital Education in the Arts, a tabli

que la ralit augmente sera largement prsente dans les muses d'ici deux trois ans.

La numrisation des uvres : l'ouverture des muses

La numrisation des collections d'un muse revt une grande importance puisqu'elle permet

aux institutions de prsenter au grand public l'ensemble de leurs collections tout en contrlant

cette mme numrisation afin de s'assurer de la qualit du contenu la disposition des

internautes.

"Les muses commencent enfin comprendre Internet". Voici le titre d'un article paru sur le

site du magazine Slate le 29 mai 2013 35 . L'article pointe du doigt le problme de la

complmentarit entre l'espace physique et l'espace virtuel d'un muse. Point galement

soulev par Jean-Franois Notebaert : "Alors qu'ils accroissent leur prsence en ligne, les

muses continuent de se demander ce qu'un espace virtuel peut apporter au public et quels

sont les liens tisser entre cet espace dmatrialis et l'espace physique reprsent par

l'institution elle mme" 36 . Certains muses ont choisi de mettre libre disposition des

internautes leurs collections, ou une partie de celles-ci.

Le fait est que la numrisation fait peur aux muses et ce pour deux raisons : les cots de

l'opration et la crainte pour les muses de se voir exproprier de leurs collections. Le Centre

Pompidou a ainsi lanc en 2011 la numrisation de l'ensemble de ses uvres dans le cadre du

projet "Centre Pompidou virtuel", projet qui est toujours en cours. Selon Sophie Flouquet,

rdactrice en chef adjointe de Beaux Arts magazine, "C'est vritablement l'avenir. En mme

33CLUB INNOVATION ET CULTURE FRANCE, "Plonge numrique au cur du Moyen-Age au Chteau de Falaise", , publi le 15 juillet 2013, consult enjuillet 201334Ibid.35

SLATE, "Les muses commencent enfin comprendre Internet", , publi le 29 mai 2013, consult en mai 2013,36NOTEBAERT J.-F. ET AL., "Quelles stratgies pour les muses sur internet ? Entre "Click and Mortar" et "Mortar and Click" in

Management & Avenir n44, p. 152, 2011.
http://www.club-innovation-culture.fr/plongee-numerique-au-coeur-du-moyen%C2%AD-age-au-chateau-de-falaise/http://www.club-innovation-culture.fr/plongee-numerique-au-coeur-du-moyen%C2%AD-age-au-chateau-de-falaise/http://www.slate.fr/culture/73137/les-musees-commencent-enfin-comprendre-internethttp://www.slate.fr/culture/73137/les-musees-commencent-enfin-comprendre-internethttp://www.slate.fr/culture/73137/les-musees-commencent-enfin-comprendre-internethttp://www.slate.fr/culture/73137/les-musees-commencent-enfin-comprendre-internethttp://www.slate.fr/culture/73137/les-musees-commencent-enfin-comprendre-internethttp://www.slate.fr/culture/73137/les-musees-commencent-enfin-comprendre-internethttp://www.club-innovation-culture.fr/plongee-numerique-au-coeur-du-moyen%C2%AD-age-au-chateau-de-falaise/http://www.club-innovation-culture.fr/plongee-numerique-au-coeur-du-moyen%C2%AD-age-au-chateau-de-falaise/


23/60

23

temps c'est un cot trs important pour les muses. A terme il serait videmment souhaitable

que tous puissent le faire mais il faudra des investissements importants d'autant plus que

l'initiative du Centre Pompidou est intressante puisqu'elle lui permet de matriser

vritablement la numrisation de son contenu"37.

Une visite virtuelle ne remplacera jamais une visite physique dans un muse. Ce n'est

d'ailleurs pas le but. Numriser les uvres d'un muse ne cannibalisera pas la frquentation

physique de l'institution. Il s'agit d'apporter un complment d'information au visiteur. Alain

Seban, Prsident du Centre Pompidou notait en juin 2011 que selon lui l'intrt d'Internet est

de "rendre apparent tout ce qui, en lui [le muse physique] est cach : non seulement les

uvres qui ne sont pas exposes, parce qu'elles sont en rserve, en dpt ou en prt, mais

aussi et surtout l'ensemble des connaissances, des savoirs que le muse accumule autour de

sa collection"38.

Cette ouverture complte et totale du muse aux internautes a t suivie par le Rijksmuseum

d'Amsterdam. Ce dernier permet depuis le mois de mai 2013 de tlcharger gratuitement des

images en haute-rsolution de ses uvres. Taco Dibbits, directeur des collections au

Rijksmuseum dsire voir l'ensemble de la collection mise en ligne, au rythme de quarante

mille images par an. "nous sommes une institution publique, et donc les uvres et les objets

que nous possdons, en un sens, appartiennent tout le monde"39, s'est exprim le directeur.

Il ajoute : "Avec Internet, il est si difficile de contrler le copyright ou l'utilisation des images

que nous avons prfr voir les gens utiliser une image avec une trs haute-dfinition de "La

Laitire" du Rijksmuseum plutt qu'une trs mauvaise reproduction"40. Ce muse agit ainsi

contre courant d'autres muses qui proposent sur leurs sites des reproductions de petite taille

ou de qualit mdiocre.

Le Google Art Project, service mis en ligne par Google en fvrier 2011, donne la possibilit

aux internautes de faire la visite virtuelle de diffrents muses travers le monde. Le projet

rassemble les uvres de prs de 200 muses partenaires dans 43 pays diffrents41. Il donne la

37FLOUQUET S. in "La politique c'est net : les muses l'heure du numrique", ,

publi le 27 mars 201338C/BLOG, "Le Centre Pompidou virtuel : une nouvelle stratgie numrique",http://cblog.culture.fr/2011/06/07/le-centre-pompidou-virtuel-

une-nouvelle-strategie-numerique>, publi en juin 2011, consult en aot 201339NEW YORK TIMES, "Masterworks for One and All", , publi le 28 mai , consult en juin 201340NEW YORK TIMES, "Masterworks for One and All", , publi le 28 mai , consult en juin 201341HUFFINGTON POST, "Google Art Project : un internaute passe 3 fois plus de temps devant un tableau en ligne que dans un muse",, publi le 15 avril 2013, consult en juillet

2013
http://www.youtube.com/watch?v=uJDzJqDZz4ghttp://www.youtube.com/watch?v=uJDzJqDZz4ghttp://www.youtube.com/watch?v=uJDzJqDZz4ghttp://cblog.culture.fr/2011/06/07/le-centre-pompidou-virtuel-une-nouvelle-strategie-numeriquehttp://cblog.culture.fr/2011/06/07/le-centre-pompidou-virtuel-une-nouvelle-strategie-numeriquehttp://cblog.culture.fr/2011/06/07/le-centre-pompidou-virtuel-une-nouvelle-strategie-numeriquehttp://cblog.culture.fr/2011/06/07/le-centre-pompidou-virtuel-une-nouvelle-strategie-numeriquehttp://www.nytimes.com/2013/05/29/arts/design/museums-mull-public-use-of-online-art-images.html?ref=arts&_r=1&http://www.nytimes.com/2013/05/29/arts/design/museums-mull-public-use-of-online-art-images.html?ref=arts&_r=1&http://www.nytimes.com/2013/05/29/arts/design/museums-mull-public-use-of-online-art-images.html?ref=arts&_r=1&http://www.nytimes.com/2013/05/29/arts/design/museums-mull-public-use-of-online-art-images.html?ref=arts&_r=1&http://www.nytimes.com/2013/05/29/arts/design/museums-mull-public-use-of-online-art-images.html?ref=arts&_r=1&http://www.nytimes.com/2013/05/29/arts/design/museums-mull-public-use-of-online-art-images.html?ref=arts&_r=1&http://www.nytimes.com/2013/05/29/arts/design/museums-mull-public-use-of-online-art-images.html?ref=arts&_r=1&http://www.nytimes.com/2013/05/29/arts/design/museums-mull-public-use-of-online-art-images.html?ref=arts&_r=1&http://www.huffingtonpost.fr/2013/04/12/infographie-le-google-art-project_n_3070720.htmlhttp://www.huffingtonpost.fr/2013/04/12/infographie-le-google-art-project_n_3070720.htmlhttp://www.huffingtonpost.fr/2013/04/12/infographie-le-google-art-project_n_3070720.htmlhttp://www.huffingtonpost.fr/2013/04/12/infographie-le-google-art-project_n_3070720.htmlhttp://www.nytimes.com/2013/05/29/arts/design/museums-mull-public-use-of-online-art-images.html?ref=arts&_r=1&http://www.nytimes.com/2013/05/29/arts/design/museums-mull-public-use-of-online-art-images.html?ref=arts&_r=1&http://www.nytimes.com/2013/05/29/arts/design/museums-mull-public-use-of-online-art-images.html?ref=arts&_r=1&http://www.nytimes.com/2013/05/29/arts/design/museums-mull-public-use-of-online-art-images.html?ref=arts&_r=1&http://cblog.culture.fr/2011/06/07/le-centre-pompidou-virtuel-une-nouvelle-strategie-numeriquehttp://cblog.culture.fr/2011/06/07/le-centre-pompidou-virtuel-une-nouvelle-strategie-numeriquehttp://www.youtube.com/watch?v=uJDzJqDZz4g


24/60

24

possibilit aux muses dsireux d'tre partenaires de choisir les uvres qui seront numrises

et mis en ligne sur le portail du projet. Or selon les statistiques, un internaute passe en

moyenne 1 minute regarder une peinture en ligne contre 20 secondes dans un muse. La

preuve qu'un tel dispositif apporte un complment d'informations au visiteur puisqu'il a la

possibilit de passer du temps admirer les dtails des uvres qu'il dsire voir en particulier.

Sans ngliger la question du public lointain qui pour ne peut se rendre physiquement dans le

muse. La question n'est donc pas de savoir si numriser ses collections cannibalisera

l'activit physique du muse, mais de savoir ce que le muse dsire apporter ses visiteurs.

1.3 - L'intgration du numrique dans une rflexion globale

Si le numrique prsent au muse depuis une quinzaine d'annes tend s'toffer de nouveaux

services et fonctionnalits, c'est pour accompagner les modifications des comportements et

des pratiques des individus et certains muses comprennent les nouveaux enjeux du

numrique sur leur activit. Le numrique n'est pas une fin en soi, la visite virtuelle ne

remplace pas une visite physique, ce n'est d'ailleurs pas sa vocation. Le numrique doit tre

pens comme un outil complmentaire qu'il convient d'intgrer dans la stratgie globale du

muse.

1.3.1 - L'apanage des grands ?

Des initiatives numriques se mettent principalement en place dans les grosses structures

musales qui possdent videmment des ressources humaines et budgtaires plus importantes.

Il n'est donc pas tonnant de retrouver des muses tels que le Louvre ou le Centre Pompidou

sur le devant de la scne. D'autres importantes structures internationales comme le British

Museum Londres ou le Museum of Modern Art de New York ont galement intgr le

numrique dans leurs stratgies. Le premier a par exemple bien compris les enjeux de la

ralit augmente dans son parcours scnographique et le deuxime a, entre autre actions, une

prsence importante sur les rseaux sociaux avec prs de 1,5 millions de fans sur sa page

Facebook.

Faut-il en conclure que des initiatives numriques peuvent seulement tre mises en place au

sein de structures ayant une forte notorit internationale et des moyens importants ?

L'innovation numrique est-elle la chasse garde des gros muses ? Plusieurs lments

permettent de dire que ce n'est pas le cas.


25/60

25

Certains muses ont dj lanc des innovations numriques au sein de leur structure. Le

muse Bonnard est un petit muse qui s'est fait remarquer lors de l'dition 2012 du "Best of

the Web". Nomin dans la catgorie "innovative/experimental et petit muse", le muse

Bonnard a dvelopp en interne une stratgie numrique innovante42. Le site Internet a t

dvelopp avec l'outil CMS Joomla, qui permet l'ensemble de l'quipe de mettre du contenu

en ligne. Les cots de cration et de dveloppement sont donc faibles. Le muse a galement

utilis les rseaux sociaux pour tisser des liens avec les visiteurs, au travers d'une page

Facebook, mais galement avec les professionnels du secteur grce l'ouverture d'un compte

Twitter. Cette stratgie est complte par un audioguide disponible la location sur iPod

Touch, contenu que les visiteurs peuvent tlcharger sur leurs appareils mobiles (Apple et

Android). Enfin pour complter cette offre, le muse se tourne vers une dimension

pdagogique en proposant un site internet ddi au jeune public et aux enseignants. Il est donc

possible pour des petits muses d'associer le numrique leurs activits. Le cas du muse

Bonnard en est un trs bon exemple.

Des rticences quant cette transition numrique existent toujours parmi les professionnels du

secteur. Pierre-Yves Lochon souligne toutefois que : "les publics aujourd'hui, leurs publics,

notamment les plus jeunes, ont totalement intgrs les nouvelles technologies, et on ne peut

pas faire l'impasse sur des pratiques culturelles, des pratiques de consommation qui sontquasiment normales et de masses"43. Les quipes de muses qui ne sont pas sensibles ou

familires avec le numrique ont depuis peu l'opportunit de se familiariser avec les nouveaux

enjeux du numrique grce la communaut informelle des "museogeeks" qui rassemble des

passionns du numrique appliqu aux muses ou encore avec des vnements (Museomix,

dont le but est de repenser les expositions et le muse au travers du prisme numrique), des

groupes (cration de communaut sur les rseaux sociaux), des ressources (le wiki de la

communaut MuzeoNum) qui permettent aux professionnels du secteur de se renseigner sur

les nouveaux enjeux du numrique appliqus au champ musal.

Une autre rticence dj aborde est celle d'ordre financier. Bien videment le cot pour

mettre en place de telles initiatives n'est pas nul. Mais celui-ci est tout de mme nuancer.

Citons nouveau Pierre-Yves Lochon qui, dans sa prsentation sur les applications mobiles

musales souligne que le budget est raisonnable, l'estimant un cot allant de 5000 30 000

42C/BLOG,"Bonnard online" , publi le 29 mai 2012, consult en juin 201343

LOCHON P.-Y. sur FRANCE CULTURE, "le patrimoine l're numrique" , publi en novembre 2013, consult en juin 2013
http://cblog.culture.fr/2012/05/29/musee-bonnard-onlinehttp://cblog.culture.fr/2012/05/29/musee-bonnard-onlinehttp://www.franceculture.fr/emission-pixel-le-patrimoine-a-l-ere-du-numerique-2012-11-23http://www.franceculture.fr/emission-pixel-le-patrimoine-a-l-ere-du-numerique-2012-11-23http://www.franceculture.fr/emission-pixel-le-patrimoine-a-l-ere-du-numerique-2012-11-23http://www.franceculture.fr/emission-pixel-le-patrimoine-a-l-ere-du-numerique-2012-11-23http://www.franceculture.fr/emission-pixel-le-patrimoine-a-l-ere-du-numerique-2012-11-23http://www.franceculture.fr/emission-pixel-le-patrimoine-a-l-ere-du-numerique-2012-11-23http://cblog.culture.fr/2012/05/29/musee-bonnard-online


26/60

26

euros44 . De plus, il souligne que l'avantage des rseaux sociaux par rapport aux canaux

traditionnels de communication est justement le prix : " il est aujourd'hui moins onreux d'tre

prsent sur les rseaux sociaux et d'animer les rseaux sociaux et de toucher une

communaut trs importante que d'utiliser des moyens traditionnels de communication"45.

Afin de minimiser ces frais, des projets communs ont vu le jour ou sont prvus. Le projet

Musambule rassemble, dans une application gratuite, des informations pratiques et des

contenus sur 166 muses des rgions Provence Alpes Cte-d'Azur et Languedoc Roussillon.

Enfin, lorsque l'on parle des critres financiers pour la mise en place de telles initiatives, le

mcnat numrique doit tre abord. En effet le budget est ncessairement un problme

pineux dans la gestion d'un muse, surtout dans un contexte de crise conomique o les

revenus allous au secteur culturel se voient diminuer depuis 2012. Victor Lugger, directeur

financier de My Major Company, plateforme qui propose originellement aux internautes de

soutenir financirement un artiste, voit en cet outil une grande opportunit pour le

patrimoine46. Cela permet aux acteurs du secteur culturel de proposer aux internautes un

projet dont ils ont alors la possibilit de financer une partie (par exemple la restauration d'un

patrimoine), ce qui a t le cas dans le cadre d'un partenariat avec le Ministre de la Culture et

le Centre des Monuments Nationaux. Si le numrique a un cot, il peut galement rapporter

des fonds au secteur culturel. Le muse Guimet propose par exemple depuis le 6 juin 2013 desoutenir financirement son exposition "Angkor, la naissance d'un mythe".

Le numrique appliqu au secteur musal n'est donc pas rserv aux grandes structures. Il

convient toutefois de l'inclure dans une rflexion stratgique.

1.3.2 - Construire une stratgie numrique...

Bien qu'il paraisse acquis que le comportement et les pratiques des visiteurs de muses

voluent, que l'utilisation des technologies numriques est invitable, que les muses

comprennent depuis peu les nouveaux enjeux du numrique pour leur activit, il semble rare

d'observer la mise en place d'une relle stratgie s'appuyant sur les nouvelles technologies.

44LOCHON P.-Y., "les applications sur smartphones, nouvel Eldorado ?", 5mesrencontres Nationales du e-tourisme institutionnel, 2009

45Ibid.46

LUGGER V. sur FRANCE CULTURE, "le patrimoine l're numrique" , publi en novembre 2013, consult en juin 2013
http://www.franceculture.fr/emission-pixel-le-patrimoine-a-l-ere-du-numerique-2012-11-23http://www.franceculture.fr/emission-pixel-le-patrimoine-a-l-ere-du-numerique-2012-11-23http://www.franceculture.fr/emission-pixel-le-patrimoine-a-l-ere-du-numerique-2012-11-23http://www.franceculture.fr/emission-pixel-le-patrimoine-a-l-ere-du-numerique-2012-11-23http://www.franceculture.fr/emission-pixel-le-patrimoine-a-l-ere-du-numerique-2012-11-23http://www.franceculture.fr/emission-pixel-le-patrimoine-a-l-ere-du-numerique-2012-11-23


27/60

27

Sbastien Magro constate ainsi que "trop souvent encore, le site internet, les rseaux sociaux,

les applications sont conus de faon spare"47.

Pourtant le numrique appliqu au secteur musal doit servir comme un complment la

visite physique et ne doit pas tre vu comme une fin en soi. L'ouverture d'une page Facebook

par exemple doit rpondre un besoin et des objectifs prcis. Sbastien Magro le souligne :

"Peu peu se concrtise l'ide que le web est un autre espace qui vient en complment de

l'espace physique du muse"48.Ds lors, le numrique doit tre pens de la mme faon que

l'ensemble des outils qui permettront de mettre en valeur la politique globale du muse : "La

rflexion qui mne une stratgie numrique est un travail primordial et considrable

raliser par les quipes musales afin que les exprimentations convergent dans le sens de la

mission institutionnelle"49

Il convient en premier lieu de centrer la rflexion sur la stratgie globale du muse. Rappelons

la dfinition de l'ICOM, un muse "acquiert, conserve, tudie, expose et transmet le

patrimoine matriel et immatriel de l'humanit et de son environnement des fins d'tudes,

d'ducation et de dlectation". Mais avec les nouvelles technologies, les muses sont

confronts de nouvelles missions. Le visiteur ne semble plus vouloir tre simplement passif

au sein du muse. Il dsire tre surpris, intrigu, enchant... ide que l'on retrouve dans une

prsentation de Jean-Pierre Dalbra, alors charg de mission pour le projet de centre national

de conservation du patrimoine rattach au Ministre de la Culture50. Il insiste sur les nouvelles

missions du muse qui doivent innover pour :

surprendre, attirer l'attention, mouvoir, largir, fidliser les publics, renouveler leurimage

diffuser les connaissances mais aussi savoir les partager valoriser leurs ressources, intresser les mcnes, louer leurs espaces, vendre leur

marque...

Les muses doivent avoir recours aux diffrents outils leur disposition pour rpondre ces

enjeux.

47KNOWTEXTBLOG, "les museogeeks, catalyseurs de la transition numrique des muses", , publi le 5 novembre 2012, consult en juin 201348KNOWTEXTBLOG, "les museogeeks, catalyseurs de la transition numrique des muses", , publi le 5 novembre 2012, consult en juin 201349CLEMENT F., "Le numrique, c'est stratgique", Muses et patrimoines numriques, p. 10, Thot Cursus, mars 201350

DALBERA J.-P., "Innovations numriques et institutions culturelles",Rencontres cross-mdias 2011, fvrier 2011
http://www.knowtex.com/blog/les-museogeeks-catalyseurs-de-la-transition-numerique-des-musees/http://www.knowtex.com/blog/les-museogeeks-catalyseurs-de-la-transition-numerique-des-musees/http://www.knowtex.com/blog/les-museogeeks-catalyseurs-de-la-transition-numerique-des-musees/http://www.knowtex.com/blog/les-museogeeks-catalyseurs-de-la-transition-numerique-des-musees/http://www.knowtex.com/blog/les-museogeeks-catalyseurs-de-la-transition-numerique-des-musees/http://www.knowtex.com/blog/les-museogeeks-catalyseurs-de-la-transition-numerique-des-musees/http://www.knowtex.com/blog/les-museogeeks-catalyseurs-de-la-transition-numerique-des-musees/http://www.knowtex.com/blog/les-museogeeks-catalyseurs-de-la-transition-numerique-des-musees/http://www.knowtex.com/blog/les-museogeeks-catalyseurs-de-la-transition-numerique-des-musees/http://www.knowtex.com/blog/les-museogeeks-catalyseurs-de-la-transition-numerique-des-musees/http://www.knowtex.com/blog/les-museogeeks-catalyseurs-de-la-transition-numerique-des-musees/http://www.knowtex.com/blog/les-museogeeks-catalyseurs-de-la-transition-numerique-des-musees/


28/60

28

Les stratgies web ou "e-stratgies"

Le site internet prend toute son importance dans la stratgie numrique des muses. Jean-

Franois Notebaert distingue trois e-stratgies musales51:

Les sites "minimalistes" sur lesquels l'internaute ne trouvera que le strict minimumpour prparer sa visite (tarifs, horaires, rapide historique du muse...). Il s'agit de sites

simples, purs sans rels services ou fonctionnalits. Le but est ici de complter la

communication off-line des muses (affichage, tract...). C'est le cas du site du Muse

Franais de la Carte Jouer d'Issy-les-Moulineaux (situ dans les Hauts-de-Seine) qui

en plus de prsenter ces diffrents renseignements pratiques permet de tlcharger les

audioguides.

Les sites "amiraux multimdias" sur lesquels on retrouve un contenu important etvari. Il est possible pour l'internaute de parcourir les collections numrises et dans le

dtail (visuel et historique), service propos sur le site du muse du Louvre. Il s'agit

galement des muses qui proposent sur leur site un muse virtuel, comme par

exemple le Centre Pompidou.

Les sites "amiraux participatifs" cherchent eux dvelopper une relle relation avecl'internaute. L'auteur prsente diffrents exemples : la cration d'e-card qu'il est

possible d'envoyer ses proches, la constitution de sa propre collection virtuelle en

fonction des uvres numrises disponibles sur le site, l'utilisation d'une dimension

sociale en ouvrant le site aux commentaires des internautes qui ont visit le muse,...

C'est le cas du Fine Arts Museum de San Francisco ou le Moderna Museet de

Stockholm.

Si les sites dits "minimalistes" correspondraient plus aux profils des petites ou moyennes

structures limites par des moyens financiers ou humains, le muse Bonnard prouve toutefois

que les grands muses ne sont pas les seuls dpasser ce stade. Les diffrentes stratgies web

tendent, comme l'indique l'auteur, s'entremler, aboutissant des sites "hybrides" qui

mettent plus ou moins l'accent sur des aspects "informatifs ou exprientiels, statiques ou

interactifs"52.

51NOTEBAERT J.-F. ET AL., "Quelles stratgies pour les muses sur internet ? Entre "Click and Mortar" et "Mortar and Click" in

Management & Avenir n44, pp. 149-152, 2011.52NOTEBAERT J.-F. ET AL., "Quelles stratgies pour les muses sur internet ? Entre "Click and Mortar" et "Mortar and Click" in

Management & Avenir n44, pp. 152, 2011.


29/60

29

Le site internet devient ainsi le portail de rfrence du muse puisqu'il permet l'internaute-

visiteur de prendre connaissance d'informations pratiques, pour prparer sa visite,

d'approfondir ses connaissances sur des uvres prcises ou encore de suivre l'actualit du

muse en se connectant, toujours via le site, sur les diffrents rseaux sociaux.

Du bon usage des rseaux sociaux

Comme vu plus haut, il existe diffrents types de rseaux sociaux. Ces derniers sont axs sur

une interaction entre l'utilisateur et le muse tout en permettant aux internautes d'approfondir

leurs connaissances sur les collections.

La prsence des muses sur les rseaux sociaux reste actuellement limite, ils sont pourtant

devenus une part importante de notre quotidien. Le public de ces outils se place dans unelogique participative. Il veut tre davantage impliqu dans sa consommation : pouvoir

rpondre et tre cout, pouvoir partager ce qu'il consomme. La tendance pour mesurer le

succs d'une stratgie sur les rseaux sociaux consiste prendre en compte le nombre de fans

ou de followers. Le top 10 des muses franais les plus populaires sur Facebook et Twitter

sont les grosses structures parisiennes qui ont intgr les rseaux sociaux dans leur politique

de communication et qui dveloppent une relle stratgie sur ces canaux53

Sbastien Magro et Omer Pesquer ont remis en cause cet indicateur de mesure54. La page

Facebook du muse du Louvre comptait alors 402 532 fans et le Louvre tait considr

comme le "3memuse le plus populaire au monde sur le rseau social". Cela dit ce chiffre

parat relativement faible par rapport au nombre de visiteurs physiques (8,4 millions par an) et

de visites sur le site internet (11,7 millions par an). Un indicateur quantitatif n'est pas suffisant

pour mesurer la russite d'un muse sur les rseaux sociaux. La notion cl est celle de

l'engagement qui privilgie la "qualit plutt que la quantit" comme le souligne Jim

Richardson55

. Il est ncessaire, pour crer, fidliser et engager une communaut, de produire

un contenu de qualit adapt aux publics des rseaux sociaux.

Une telle stratgie ne doit pas avoir pour seul aboutissement un retour financier. Elle doit

rpondre aux enjeux abords plus haut dans cette partie : renouveler l'image du muse, crer

et fidliser une communaut, attirer de nouveaux publics, valoriser ses ressources et les

53Voir annexe 3

54

DASM, "Les muses sur les rseaux sociaux : la guerre des chiffres n'aura pas lieu", , publi le 9 novembre 2011, consult en juin 2013,55MUSEUMNEXT, "Mesurer la russite des mdias sociaux", , publi en novembre 2011,

consult en juin 2013
http://dasm.wordpress.com/2011/11/09/les-musees-sur-les-reseaux-sociaux-la-guerre-des-chiffres-naura-pas-lieu/http://dasm.wordpress.com/2011/11/09/les-musees-sur-les-reseaux-sociaux-la-guerre-des-chiffres-naura-pas-lieu/http://www.museumnext.org/francais/?p=34http://www.museumnext.org/francais/?p=34http://dasm.wordpress.com/2011/11/09/les-musees-sur-les-reseaux-sociaux-la-guerre-des-chiffres-naura-pas-lieu/http://dasm.wordpress.com/2011/11/09/les-musees-sur-les-reseaux-sociaux-la-guerre-des-chiffres-naura-pas-lieu/


30/60

30

diffuser... Un avantage certain pour les muses donc. Mais si les cots sont plus faibles que

pour une campagne de communication traditionnelle, il ne faut pas pour autant prendre les

rseaux sociaux la lgre. Il est ncessaire de planifier pas pas la prsence de son

institution sur ces canaux car l'image et la rputation de la structure sont en jeu. Il faut

galement souligner que si le cot peut paratre faible voir nul premire vue, des

investissements humains sont ncessaires pour tre prsent sur les rseaux sociaux.

Jim Richardson propose 5 tapes pour crer un plan de communication sur les rseaux

sociaux56:

Faire un tour d'horizon des diffrentes plateformes existantes afin de comprendre leurfonctionnement, leurs spcificits et apprendre comment le public les utilise. Une page

Facebook ne fonctionne pas comme un compte Twitter, et les dlais de rponse sur

une page Facebook et sur un compte Twitter varient.

Se fixer des objectifs en accord avec la mission de l'institution et auxquels les rseauxsociaux doivent rpondre, par exemple apporter un complment d'information par

rapport aux vnements du muse. L'auteur prsente le cas de la galerie TATE

Londres dont l'objectif est d'"augmenter la comprhension et la connaissance de

l'Art".

Etablir une stratgie en fonction des objectifs qui ont t fixs. Il faut dterminerquelles plateformes doivent tre utilises selon ses spcificits et son public.

Se lancer sur les rseaux une fois que la stratgie a t tablie, en ouvrant et alimentantles pages et comptes ouverts.

Aprs le lancement, mesurer sa russite par rapport aux objectifs fixs. Cette oprationdoit s'effectuer avec l'ensemble du personnel de la structure, ils sont tous concerns et

peuvent apporter des ides.

La construction d'une stratgie sur les rseaux sociaux ne peut se faire htivement et sans

rflexion. Mais la faible prsence des muses sur ces outils ne doit pas tre gnralise. Des

muses utilisent les rseaux sociaux afin d'accrotre leur visibilit, conqurir de nouveaux

publics, les fidliser, tout en crant une relle relation entre le public et le muse..

Mriem Bensassi, membre de la Cellule Multimdia du Muse National de la Marine, a ainsi

prsent en novembre 2010 la stratgie de sa structure sur les rseaux sociaux 57 . Les

56MUSEUMNEXT, "Creating a social media plan", , publi le 4

juillet 2009, consult en juillet 2013
http://www.museumnext.org/2010/blog/creating-a-social-media-planhttp://www.museumnext.org/2010/blog/creating-a-social-media-planhttp://www.museumnext.org/2010/blog/creating-a-social-media-planhttp://www.museumnext.org/2010/blog/creating-a-social-media-plan


31/60

31

diffrentes plateformes sont accessibles depuis le site de l'institution. La page Facebook

permet de fdrer une communaut en fournissant un contenu de qualit sur les vnements et

la vie du muse. Cette mme communaut est invite participer la vie du muse parle biais

de concours photos. Les visuels sont mis en ligne sur la page Facebook et sur le compte Flickr

du muse. Enfin un compte Twitter permet d'annoncer l'actualit de la structure tout en

ouvrant sur un change avec le visiteur. Mriem Bensassi met ainsi en avant les trois objectifs

du muse de la Marine : engager le public et pas seulement la communaut, crer une relation

avec le visiteur afin d'en ressortir de la connaissance, permettre la cration et le partage de la

connaissance par les rseaux sociaux.

Une mdiation raisonne

Tout comme une stratgie sur le web ou les rseaux sociaux, l'utilisation des outils de

mdiation doit tre pense et conue dans une rflexion gnrale, d'autant que des

applications mobiles ou des dispositifs de ralit augmente peuvent reprsenter un budget

non ngligeable. Au-del de l'argent dpens pour une application mal labore, c'est

nouveau l'image du muse qui peut tre mise mal. Les muses se doivent donc de rflchir

en amont ce qu'ils dsirent transmettre et diffuser aux visiteurs. La mise en place de tels

outils doit donc rpondre des objectifs fixs l'avance. Il n'est pas possible de se dire: "nous

allons faire du numrique dans le seul objectif de nous mettre au numrique".

La mise en place de Nintendo 3DS pour remplacer les audioguides au sein du muse du

Louvre s'est effectue dans un but prcis : rajeunir l'image du muse en attirant de nouveaux

publics. Ide que confirme Agns Alfandari, directrice adjointe :"on conserve un patrimoine

national qui appartient tous. Il faut absolument que ce message passe et que tout le monde

se sente l'aise et autoris venir au muse du Louvre"58 . Cette exprience de visite

novatrice est bien sr associe un contenu de qualit.

L'exprience utilisateur doit effectivement rpondre des objectifs prcis. Lorsqu'on lui

demande comment il voit l'avenir des muses avec le numrique, Sbastien Magro insiste sur

le fait qu'il ne faut "plus se dire : "pour cette expo, on va faire une application, a sera

57BENSASSI M., "Les muses dans les rseaux, usages, stratgies, limites"JourneInternet et mdiation du patrimoine : les sites et les

outils participatifs, novembre 201058ALFANDARI A. sur FRANCE CULTURE, "le patrimoine l're numrique", , publi en novembre 2013, consult en juin 2013
http://www.franceculture.fr/emission-pixel-le-patrimoine-a-l-ere-du-numerique-2012-11-23http://www.franceculture.fr/emission-pixel-le-patrimoine-a-l-ere-du-numerique-2012-11-23http://www.franceculture.fr/emission-pixel-le-patrimoine-a-l-ere-du-numerique-2012-11-23http://www.franceculture.fr/emission-pixel-le-patrimoine-a-l-ere-du-numerique-2012-11-23http://www.franceculture.fr/emission-pixel-le-patrimoine-a-l-ere-du-numerique-2012-11-23http://www.franceculture.fr/emission-pixel-le-patrimoine-a-l-ere-du-numerique-2012-11-23


32/60

32

chouette", mais plutt "pour cette expo, en fonction de nos objectifs, quels supports allons-

nous choisir ?"59.

1.3.3 - Quelques cas de stratgies numriques

Le rle cl du numrique dans l'activit musale a d'ores et dj t compris par certains

acteurs du secteur. Ce qui va se vrifier ici en tudiant quelques cas concrets de mise en place

de stratgie numrique dans des muses.

Le Musum de Toulouse

Ayant ferm ses portes au public en 1997, le Musum de Toulouse est revenu sur le devant de

la scne en 2007. Lors de sa rnovation, il a t donn au numrique une place importante afin

de changer son image, d'apparatre comme plus "aimable" pour citer les auteurs de l'article

prsentant cette initiative60.

Ici l'objectif du Musum de Toulouse est de pouvoir entrer en contact avec son public,

d'instaurer un change rel entre les deux partis tout

Documents

Les Stratégies Numériques des Musées.pdf