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Communication à la Conférence Internationale "Statistiques sociales et diversité ethnique doit-on compter, comment et à quelles fins ?"
Organisée par le CIQSS et l’INED Montréal du 6 au 8 décembre 2007
L’Ethnie à l’épreuve des enjeux politiques
Réflexions sur le cas guinéen
Alhassane BALDE – UMR 196 CEPED
Université Paris Descartes Courriel : [email protected]
INTRODUCTION
La mobilisation de l’ethnie dans les luttes de pouvoir est une pratique très répandue
bien que la forme dans laquelle elle se manifeste présente des spécificités selon les pays
ou les continents. En effet, la question ethnique est intégrée fréquemment dans les
revendications linguistiques et communautaires au Canada, en Belgique et en Suisse. Elle
est en rapport avec la question migratoire aux Etats-Unis et porte la marque de la religion
en Irlande et en ex-Yougoslavie. En Afrique, le phénomène est très largement en rapport
avec l'accès au pouvoir par des élites en compétition et est souvent violent.
En Guinée, l’évocation de la question ethnique est presque taboue : les
personnalités politiques et religieuses s’en méfient, les organismes producteurs de
statistiques et les chercheurs y font rarement recours dans leurs travaux. Pourtant, à
certaines occasions et pour des raisons très précises, certains acteurs en font usage, soit
dans le discours, soit dans la collecte d’informations et la publication. Pour comprendre
cette ambivalence, notre communication propose une analyse historique de la
construction de cette relation ambiguë à l’ethnie en Guinée et des enjeux qui la sous-
tendent. Ceux-ci sont pour l’essentiel politiques.
La population guinéenne se caractérise par une grande diversité ethnique, dont la
mise en place serait le résultat de migrations successives provoquées par les grands
bouleversements qu’ont subis les empires soudanais à partir du IVème siècle. Malgré les
2
importantes migrations internes des populations dues à l’urbanisation et au
développement de l’économie informelle, notamment à partir de 1985 date marquant la
libéralisation de l’économie guinéenne, la région côtière ou Basse Guinée encore appelée
Guinée Maritime est considérée comme la région des Baga, Nalou, Landouma, Tyapi,
Balantè et Mandenyi et surtout des Soussous, l’ethnie dominante de la région. La
Moyenne Guinée, région la plus montagneuse de la Guinée ou Fouta Djallon (Fuuta
Jaloo) est principalement occupée par les Peuls. Ceux-ci cohabitent avec des groupes
ethniques numériquement moins importants : Badiaranké, Foulacouda, Coniagui,
Diakanké et Dialonké (Devey, 1997). Les Kouranko, Konianké, Wassoulounké,
Djallonké, Toucouleurs se sont établis dans la savane guinéenne ou Haute Guinée région
qui, selon Devey, (1997 : 50) « […] appartient pour l’essentiel à l’ethnie Malinké ». La
Guinée Forestière abrite les Kissi, Guerzé ou Kpèlè, Toma ou Loma, Mano, Kono, Lélé
avec une prédominance des trois premières ethnies citées. Cette double appartenance qui
se manifeste dans la superposition du découpage régional et de l’appartenance ethnique
est de nature à exacerber les communautarismes et à les rendre d’autant plus facilement
mobilisables dans les luttes de pouvoir.
Carte ethnico-régionale des principales ethnies de la Guinée
Fond de carte : United Nations, july 2001
� Superficie 245 857 km2
� Population 7 000 000 d’habitants (Source: RGPH, 1996) 10 000 000 d’habitants (Source: Estimation de la
DNS, 2005)
� Principales ethnies Soussou Peul Malinké Kissi Guerzé Toma
��������
�����
��� ��
������
�������
����
3
I. Le contexte historique d’une décomposition et recomposition structurelle : De la
nation ethnique à l’Etat nation multi-ethnique
La compréhension de la problématique ethnique en Guinée n’est pas possible sans
un détour de l'histoire coloniale de l'Afrique. Après avoir conquis, morcelé, regroupé et
séparé des entités sociales traditionnelles comme les royaumes et les empires, les
colonisateurs vont tracer les nouvelles frontières de l'Afrique lors de la conférence de
Berlin de novembre 1884 à février 1885. Ces nouvelles entités, ethniquement hétérogènes
et construites de toutes pièces, sont constituées de fragments de ces différents territoires.
Elles participent au remodelage de la composition des populations des futurs Etats
africains. Le caractère à la fois arbitraire et artificiel de ces frontières est en grande partie
la cause de confits ultérieurs qui éclateront dans la plupart de ces pays. Ces conflits se
manifestent à la fois au plan interne mais également au plan externe. On peut citer en
exemple les conflits ethniques au Rwanda et au Burundi ainsi que des affrontements
sporadiques dans plusieurs autres pays et les velléités cessessionistes au Katanga (ex-
Zaïre) et au Biafra (Nigeria) impliquant par endroits des pays voisins.
Sur le plan externe, encore aujourd’hui, au mépris des principes et accords
internationaux sur les frontières héritées de la colonisation qui « bien que réelles, restent
éminemment poreuses et où les appareils d’Etat sont loin de contrôler comme autrefois
tout l’espace figurant sur les cartes » (Amselle et al., 1999), des populations riveraines
vivant aux alentours des tracés continuent à exploiter les ressources du sol et du sous-sol
en toute liberté. Lorsque ces ressources deviennent insuffisantes ou prennent de la valeur
marchande, la concurrence entraîne des tensions qui, quelquefois, débouchent sur des
affrontements sanglants provoquant des morts comme cela est régulièrement le cas entre
paysans Guinéens et Maliens. Les premiers cultivant des terres fertiles situées en
territoire malien mais dont ils ont pris possession bien avant l’implantation coloniale dans
la région ; les paysans Maliens, s’appuyant sur le principe de souveraineté du Mali sur
ces terres, cherchent depuis des décennies à chasser leurs voisins Guinéens de la zone, tel
est l’explication la plus répandue sur les causes de ce conflits.
4
Après des années de domination politique et économique, les puissances coloniales
accordent aux colonies une autonomie limitée lors de la conférence de Brazzaville de
1944. Sur le plan interne, les populations assistent à une nouvelle donne dans la lutte
d’influences et de positionnement dans les différentes sphères du pouvoir (politique,
religion, économie, sécurité). Les protagonistes de cette nouvelle lutte ne sont plus
seulement issus de familles d’aristocrates ou d’érudits. Ces derniers qui jouissaient d’une
légitimité leur conférant l’exclusivité de l’exercice du pouvoir trouvent dans ces
circonstances leur situation fondamentalement altérée (Rex, 2006) par le bouleversement
du mode d’accès habituel au pouvoir tel que décrit par Barry (2004), dans lequel « […] la
succession dans l’exercice du pouvoir était héréditaire, d’où la prépondérance des
lignages qui reposaient sur ces liens de sang ». Les critères de légitimité et les voies de
positionnement ayant changé, le fait d’être instruit dans la langue du colonisateur devient
désormais primordial dans les luttes de pouvoir. Les structures sociales et les rapports
sociaux sont bouleversés, la scène politique devient l’endroit privilégié où s’affrontent de
simples citoyens, des personnes appartenant jadis aux classes sociales ‘’inférieures’’ et à
la ‘’noblesse’’ pour contrôler les rares postes de responsabilités destinés aux
‘’indigènes’’. L’organisation politique, syndicale et administrative étant calquée sur le
modèle occidental, la recomposition des sphères d’influence pour la conquête du pouvoir
est alors inéluctable.
En Guinée, à la suite de la conférence de Brazzaville de 1944, le pays assiste sur le
plan politique à une éclosion de groupes organisés sur des bases politiques et ethniques
ou syndicales. Ce mouvement a connu deux phases. La première (1944) a été marquée
par la multiplication des amicales ethniques ou régionales : l'Union de la Basse Guinée
(UBG) en Guinée Maritime, l'Amicale Gilbert Vieillard (AGV) en Moyenne Guinée,
l'Union Mandé (UM) en Haute Guinée, l'Union Forestière de Guinée (UFG) en Guinée
Forestière. Au cours de la seconde phase, notamment à partir de 1946, divers partis
politiques se constituèrent, entre autres le Parti Démocratique de Guinée (PDG), la
Démocratie Socialiste de Guinée (DSG), et le Bloc Africain de Guinée (BAG) (Devey,
1997).
La lutte entre les partis politiques avant l’indépendance (2 octobre 1958) est
marquée par des campagnes musclées qui se sont terminées parfois en affrontement
5
généralisé. C'est le cas, lorsque Sékou Touré, de l’ethnie malinké, candidat du PDG aux
élections législatives de 1954, qui jouit d’un soutien fort des électeurs du groupe ethnique
Soussou, est battu par Diawadou Barry du BAG, candidat des Peuls. Après la validation
de l’élection de Diawadou Barry, des incidents violents éclatent à Conakry et dans les
environs : affrontements sanglants, bagarres, incendies, massacres à l’arme à feu ou à
l’arme blanche. Cette lutte, politique au départ, prit l’allure d’un affrontement ethnique,
mettant aux prises Soussous et Peuls.
De 1954 à 1958, les affrontements se poursuivent, en particulier en Guinée
Maritime et en Moyenne Guinée, ceci malgré la nette victoire du PDG sur le BAG aux
élections législatives du 2 janvier 1956 au cours desquelles ce parti remporte 2 sièges de
députés sur 3, et aux élections du 3 mars 1957, 57 sièges sur 60 à l’Assemblée
territoriale. Pour l’essentiel, Bah (1990) pense que l’attitude du PDG a consisté à
maintenir la pression sur les autres partis et sur la population par le truchement de ses
milices. Des commandos recevaient des ordres précis : briser tous ceux qui ne se
déclaraient pas militants du PDG et ne présentaient pas leur carte de membre. C’est dans
cette atmosphère que la Guinée accède à l’indépendance.
II. L’Ethnie, enjeu de pouvoir
A. Refuser de compter la population pour une intégration nationale ?
Le nouvel État, la République de Guinée, proclamé le jeudi 2 octobre 1958, a
entrepris sous la direction de ses nouveaux dirigeants d’origines ethniques différentes,
l'édification d'une société socialiste. Selon Devey (1997 : 137) « les objectifs que se
donnait le socialisme guinéen visaient à créer une nation guinéenne par-delà les groupes
ethniques et régionaux ». S’appuyant, d’une part, sur les affrontements à caractère
ethnique qui précédèrent l’accession du pays à la souveraineté, et d’autre part, sur le
caractère discriminatoire de l’organisation sociale des groupes ethniques fortement
6
hiérarchisés, les gouvernants condamnent le tribalisme et détruisent ce qui restait des
pouvoirs féodaux Peuls à l’accession du pays à l’indépendance.
Les points de friction entre les Peuls et le pouvoir central sont nombreux. La
désorganisation des structures sociales et politiques de la communauté renforce
l’adversité entre les deux parties. Cette hostilité, selon Sékou Touré, était l’œuvre des
intellectuels Peuls de la Moyenne Guinée devenus ses adversaires politiques. Conscient
de cet état de fait, les autorités adoptèrent une stratégie de contrôle de l’information
concernant la variable ethnie. Elle consiste à refuser toute collecte de données concernant
l’ethnie et la contestation de celles existantes. En l’absence d’informations récentes et
devant la controverse entretenue par les politiques sur les chiffres connus, les Peuls ne
peuvent pas se prévaloir d’être majoritaires. Pour rendre la stratégie viable, des rumeurs
sont répandues à travers le pays. Les autorités politiques de l’époque ont ainsi affabulé
sur l’importance numérique des 2 groupes ethniques dominants du pays : les Peuls et les
Malinkés. Contrairement aux informations obtenues à partir de la seule source statistique1
sérieuse concernant l’ethnie et qui placent les Peuls en tête, les Malinkés, l’ethnie du
président de la république leur dispute dorénavant la place.
Désormais, l’environnement politique, marqué par une législation répressive et un
pouvoir fort, laisse penser qu’aucun recours à l’appartenance ethnique n’est envisageable,
ce à quelque fin que ce soit. Ceci est d’autant plus vrai que la distribution des postes au
sommet de l’Etat participe d’un dosage ethnique. Les différents pouvoirs sont tenus par
des personnalités d’ethnies différentes. Or, d'après Sow (1989 : 387) « La guerre contre
les Peuls, identifiés à l'ennemi à abattre pour permettre la transcroissance2 de la
révolution, répondait à l'impératif d'épuration globale de la société guinéenne en 1976 ».
Cette lutte singulière contre un groupe ethnique est paradoxale, d’autant plus que la
révolution visait le bonheur de tout le peuple. Les Peuls, bien que mis en accusation, ne
furent pas pour autant menacés par les autres groupes ethniques.
La mort du président Sékou Touré, un Malinké, le 26 mars 1984 aux Etats-Unis, mit
brusquement fin à son règne. Le 3 avril, une semaine après son décès et trois jour après 1 ‘’Etude démographique par sondage en Guinée’’, 1954-1955. Administration générale des services de la France d'Outre-mer et Haut Commissariat Général de l’A.O.F., Service des statistiques, Tome I ; sans date, 209 p. Ce travail a été fait avant les luttes post-coloniales par les autorités coloniales. 2 Ce terme est de Sékou Touré et traduit la progression accélérée de la révolution.
7
ses funérailles, un groupe d’officiers constitué en Comité Militaire de Redressement
National (CMRN) s’empare du pouvoir. Ce CMRN, composé de dix-huit membres,
installe un gouvernement dirigé par le colonel Diarra Traoré, un Malinké, sous la
présidence d’un nouveau chef d’État, le colonel Lansana Conté, un Soussou. La
Deuxième République entrait en vigueur. Pour justifier cette prise de pouvoir, le CMRN
invoque une lutte fratricide parmi les dirigeants du PDG. Pour le CMRN, le premier
ministre, Lansana Béavogui, de l’ethnie Toma3, qui assurait l’intérim de la présidence,
paraissait le mieux placé pour la succession. Il aurait néanmoins dû s’opposer au clan
Touré, dirigé par Ismaël Touré, frère du défunt président. Le coup d’État est intervenu la
veille de la réunion de la direction du PD, prévue pour désigner le candidat aux
élections4, ce ci pour éliminer, selon le CMRN, le risque d’implosion qui menaçait cette
lutte au sein du Bureau Politique National (BPN) du PDG.
Le gouvernement militaire connut sa première grande crise, la nuit du 4 juillet 1985,
lorsqu’une tentative de putsch conduite par le colonel Diarra Traoré, officier de l’armée
guinéenne appartenant à l’ethnie Malinké, échoua. Selon Dubresson (1989 : 5) « Elle fut
dénoncée par le général Lansana Conté comme un coup d’État Malinké […] ». Diarra
Traoré fut arrêté et une longue purge des cadres Malinkés enclenchée. Barry (2000 : 182)
affirme qu’« il y eut parmi les commerçants, les cadres civils et militaires Malinké des
centaines d’arrestations et de multiples pillages de leurs biens ».
Récemment, lors de la grève générale et illimitée déclenchée le 10 janvier 2007 par
la Confédération nationale des travailleurs de Guinée (CNTG) et l’Union syndicale des
travailleurs de Guinée (USTG), Lansana Conté, l’actuel président de la république, dont
l’autorité était mise à mal, n’a eu d’autre choix que de se replier sur sa famille et un
cercle restreint de fidèles constitué essentiellement des officiers de l’armée appartenant à
son ethnie (Soussou). Pour faire échouer la grève, ceux-ci adoptent deux stratégies : ils
font, d’une part, usage de la violence et de l’intimidation contre les manifestants et,
d’autre part, ils font recours à la carte ethnique pour mobiliser les leurs. « Cette grève a
été déclenchée par la Peule Hadja Rabiatou Sérah et le Malinké Ibrahima Fofana parce
3 Une ethnie forestière, parmi les plus petites du pays numériquement. 4 Celles-ci selon la constitution devaient intervenir dans un délai de quarante-cinq jours suivant la mort du président de la république.
8
qu’ils ne veulent pas d’un Soussou au pouvoir […], si Lansana Conté est renversé, les
autres ethnies vont nous dominer et nous brimer. Nous avons besoin des jeunes de notre
région pour nous défendre. »5 Ce propos rapporté par un jeune soussou membre d’une
milice formée de jeunes chargés de suppléer les forces de l’ordre, dont le principal rôle
est de localiser le domicile des ‘’fauteurs de troubles’’, est le genre de discours distillés
par les personnes se présentant comme des émissaires des responsables de la milice.
On voit bien la contradiction entre le discours officiel qui fustige le tribalisme et le
comportement des différentes autorités politiques qui se sont succédées à la tête du pays
depuis l’indépendance. A l’occasion de soulèvements populaires et de coups de force
militaires, la carte ethnique apparaît comme un moyen pour briser l’élan des
contestataires. La stratégie a plusieurs objectifs : celui avant tout de mobilisation des
siens en vue de créer des groupes de ‘’contre-manifestants’’, mais aussi celui d’attribuer
un caractère communautaire aux actions entreprises. Dans ce cas d’espèce, le résultat
espéré est, d’une part, une réaction de sympathie et de soutien de l’ensemble des autres
groupes ethniques au pouvoir en place, et d’autre part, des déclarations publiques de
désapprobation et/ou de condamnation de ces actions collectives de la part des politiques,
des militaires et des religieux influents appartenant à la communauté mise en cause. Ces
interventions se font le plus souvent dans le cadre d’un marchandage. Les personnalités
qui jouent le jeu sont récompensées peu après pour leur prise de position pendant les
périodes de crise. La récompense peut être un bien matériel (argent, véhicule, maison,
parcelles de terre) ou une promotion à un poste de commandement.
B. La dimension ethnique, une constante dans le jeu électoral : les cas des élections
présidentielles de 1993 et de 1998
A l'instar de la plupart des pays d'Afrique francophone, la Guinée s'est engagée au
début des années quatre-vingt-dix dans le difficile processus de démocratisation. Le
multipartisme a, en effet, été autorisé en avril 1992, engendrant une prolifération de partis
politiques dont le nombre s'élevait à 46 en 1995, parmi lesquels se sont dégagées quatre 5 Jeune Afrique, (du 28 janvier au 3 février 2007), n° 2403, p. 38.
9
formations politiques par leur présence constante dans les différents scrutins nationaux,
qui sont le Parti de l'Unité et du Progrès (PUP), le Rassemblement du Peuple de Guinée
(RPG), le Parti du Renouveau et du Progrès (PRP) et l'Union pour le Progrès de la
Guinée (UPG). Selon Devey (1997 : 156), le PUP, le PRP et le RPG sont des formations
politiques « possédant chacune une connotation ethnique forte, identifiable, et dont
l’implantation territoriale est bien localisée ». Cette remarque rejoint l’analyse qui
soutien qu’« En Guinée, le choix électoral se fait plus que partout ailleurs en Afrique de
l'Ouest largement en fonction de l'appartenance ethnique des candidats »6. Le PUP serait
donc un parti politique soutenu par l’ethnie Soussou et fortement installé en Guinée
Maritime, le PRP bénéficiant de l’appui des Peuls dominerait la Moyenne Guinée et le
RPG puisant l’essentiel de son électorat chez les Malinké occuperait la Haute Guinée.
L’unanimité semble ainsi se dégager sur l’implantation ethnico-régionale des partis
politiques en Guinée. De ce fait, nous présumons que la banalisation du recours aux
discours ethniques de la part des politiques dans le but d’évincer leurs concurrents a
contribué à ce remodelage de la socio-géographie électorale de la Guinée. Les candidats
aux élections, dans leur lutte pour accéder ou se maintenir au pouvoir, manipuleraient les
sentiments d’appartenance ethnique de leurs électeurs potentiels. Pour tenter de
comprendre le rôle et la place de l’élite politique guinéenne dans la banalisation des
discours à caractère ethnique, nous nous proposons d’étudier les discours des leaders de
quelques partis politiques. Plus précisément ceux prononcés dans les périodes novembre-
décembre 1993 et novembre-décembre 1998, ces périodes couvrant la campagne
électorale. Nous cherchons à comprendre à travers ces discours comment les hommes
politiques participent à la mobilisation ethnique dans un contexte de multipartisme. Est-
elle l’apanage de la seule classe dirigeante ? Y a-t-il une différence de stratégie dans la
mobilisation ethnique selon les candidats ?
6 Afrique-Asie, (1999), n°113, p. 19
10
La campagne électorale et les résultats des élections présidentielles de 1993 et de
1998, un recours permanent à la dimension ethnique
Cette déclaration, tenue après les élections présidentielles de 1993, est révélatrice de
l’étendue de la pratique de captation ethnique à laquelle les populations et les différents
candidats ont participé : « L’ethnocentrisme et le régionalisme ont été institutionnalisés.
Tous les candidats sont tombés dans le piège. Les électeurs ont voté pour le fils du terroir
ou le présumé fils, pour le patronyme supposé être celui du clan, de l’ethnie ».7
Selon les résultats officiels des élections présidentielles, avec 56,12% en 1998
contre 51,62% en 1993, le candidat du PUP et candidat sortant, Lansana Conté, de
l’ethnie Soussou, a fait une progression d’environ 4 points. Toutefois, bien qu’il ait
réalisé de bons scores un peu partout à travers le pays, c’est en Guinée Maritime, dans sa
région d’origine, qu’il a obtenu les meilleurs résultats. Il y a en plus battu tous ses
concurrents. Cette double victoire du candidat du PUP s'explique en partie selon l’analyse
de Diallo (1993 : 3) par deux raisons : « […]. Dans le PUP, il y a deux parties. La partie
qui vote Conté pour les raisons ethniques et celle qui, fonctionnaire, souhaite conserver
son poste ou l'améliorer, tout en lançant au budget de l'État les assauts répétés d'un
regard convoiteur ».8 Ce point de vue expose clairement le rôle des fonctionnaires, d’une
part, dans la mobilisation ethnique et, d’autre part, dans la manipulation des résultats des
élections en faveur du candidat du parti au pouvoir. De cette façon, le candidat du PUP
n’a pas eu besoin d’appeler directement à un vote ethnique. Les fonctionnaires, chacun
dans sa région, chacun au sein de son ethnie, ont sollicités un vote communautaire. Ils
s’assurent ainsi que les électeurs membres de leurs communautés votent pour leur
candidat pour ‘’le prestige et l’aide matérielle qu’ils apportent au groupe’’ grâce au
poste qu’ils occupent au sein de l’appareil de l’Etat. Par ce stratagème, le candidat du
PUP a su se mettre au dessus de la mêlée. Le caractère instrumental de cette complicité
entre les fonctionnaires et leurs groupes ethniques est décrit par Barry (2000 : 148) qui
affirme:
7 Silatigui, (mars-avril 1994), mensuel indépendant d’information et d’opinion, n°16, p. 6. 8 Horoya, (du jeudi, 26, novembre 1998), Quotidien national d'information, n°5015, p. 3.
11
« Possédant le savoir et accédant facilement aux sources
d'information, les cadres dirigeants de toutes les ethnies sont les
intermédiaires entre l’État et l'ethnie. Filtrant l'information
dans les deux sens, à travers, entre autres, les associations
d'originaires9, les cadres définissent les critères d'adhésion, de
soutien et de contestation de tout pouvoir ».
Avec 24,63% des suffrages exprimés aux élections présidentielles de 1998, Bâ
Mamadou, de l’ethnie Peul, gagne 11 points par rapport à 1993. Cette progression du
candidat PRP, dont le parti devient alors la seconde formation politique du pays,
s’explique en grande partie par les accords stratégiques de fusion signés par les
responsables de l’UNR de Bâ Mamadou et du PRP de Siradiou Diallo appartenant à la
même ethnie (Peul). Ceux-ci ont abouti à la création d’un nouveau parti dénommé
l’Union pour le Progrès et le Renouveau (UPR)10. Toutefois, cette progression apparente
cache la constance de l’électorat des deux partis entre les deux élections. En effet, la
somme des résultats réalisés aux élections présidentielles de 1993 par Bâ Mamadou
(13,37%) et Siradiou Diallo (11,86%) est de 25,23%. De plus, l’essentiel de cet électorat
est resté Peul. Bâ Mamadou l’a emporté dans les circonscriptions traditionnellement
acquises aux candidats originaires de la région de la Moyenne Guinée. Dans l'ensemble,
le score réalisé par Bâ Mamadou, candidat du PRP, en 1998 était en deçà des résultats
escomptés au regard de la stratégie utilisée. Il ne parviendra pas à faire main basse sur la
Moyenne Guinée, une région qu'il a été contraint de partager avec le candidat du PUP.
Cependant, on ne peut occulter le bon résultat qu'il a obtenu, dû en grande partie à cette
région.
Le candidat du RPG, Alpha Condé, de l’ethnie Malinké, a à l’occasion de l’élection
présidentielle de 1998, perdu du terrain. Il est passé de la seconde place aux élections
présidentielles de 1993 (19,55%) à la troisième place en 1998 (16,58%). Sa longue
absence du pays explique en partie cette régression (-3 points) par rapport à son résultat
de 1993. Il a très peu participé à la vie politique du pays au cours de cette période, se
9 Les associations d'originaires apparaissent comme des organisations sociales qui élargissent la famille, le clan, la tribu. Elles regroupent des originaires d'un même village, d'une même sous préfecture, d'une même préfecture et aussi d'une même région. Ces dernières, appelées coordinations régionales, sont très impliquées dans la vie politique. 10 Cette nouvelle formation politique dont les leaders sont issus du même groupe ethnique (Peul), n‘étant pas alors officiellement agréée, elle ne pouvait pas présenter de candidat. C‘est ainsi que Bâ Mamadou se présenta sous l‘étiquette du PRP.
12
bornant à accorder quelques interviews aux chaînes de radios internationales. Toutefois,
tout comme ses concurrents, il a réalisé son meilleur résultat dans sa région d’origine, la
Haute Guinée. Cependant, c’est dans cette même région qu’il a le plus perdu de terrain, et
ce au profit du candidat du PUP, Lansana Conté.
Au cours de la campagne électorale, le leader du RPG, candidat aux élections
présidentielles, n'a pas personnellement appelé à la solidarité ethnique. Ceci peut
s’expliquer, d’une part par l’absence d’un concurrent Malinké à sa mesure – ce qui fait de
lui le candidat incontesté de sa communauté – et d’autre part, par le ressentiment de la
communauté Malinké vis-à-vis du régime en place, qui reste fort à cause des actes de
répression dont elle a été victime au cours des événements politiques récents. D’autres
personnalités politiques malinkés les rappelleront d’ailleurs à l’occasion des différentes
campagnes électorales organisées dans le pays. C’est le cas de Mansour Kaba qui a
déclaré en novembre 1993: « N'est-ce pas un dignitaire du CMRN qui aurait jeté à la
figure des prisonniers de juillet 1985 : nous allons exterminer tous les Malinkés de
Guinée, quitte à aller chercher de la semence humaine au Mali" ? ».11 Poursuivant sa
logique de démonstration, il a également affirmé que:
« Le plus mauvais service que ce régime ait rendu à la Guinée,
c'est d'avoir érigé l'appartenance ethnique en critère absolu de
jugement de la valeur d'un cadre […]. Ainsi, on a procédé de
manière méthodique […] à la démolition de Banankoro au
détriment des diamantaires Malinkés, au pillage des biens des
Malinkés encouragés à Conakry par le célèbre "Wo Fata12", à
l'élimination physique d'une soixantaine d'officiers Malinkés
[…], à l'encouragement de tensions entre Guerzés et Malinkés à
N'Zérékoré, enfin en septembre 1993 ... 13 ».
Pour sa part, Jean Marie Doré de l’UPG a presque doublé le nombre de ses
électeurs. Il a obtenu 1,73% des voix en 1998 contre 0,96% en 1993. Malgré cette
progression, il reste nettement en retrait par rapport aux autres candidats dans la région de
la Guinée Forestière. Quasiment, seul le candidat du RPG a pu disputer le terrain à celui
11 Le Lynx, (22 novembre 1993), hebdomadaire satirique d'information, n°88, p. 8. 12 Signifie en sousou, la langue du président de la république (Lansana Conté),"vous avez bien fait". 13 Le Lynx, (15 novembre 1993), hebdomadaire satirique d'information, n°87, p. 8.
13
du PUP qui, à l’occasion, l’a emporté dans toutes les circonscriptions de cette zone. La
tâche de Jean Marie Doré était ardue puisque originaire d’une région, la Guinée
Forestière, qui a la particularité en Guinée d’échapper à la prédominance d’un groupe
ethnique. En plus, pour faire entendre son discours, il devait déjouer le piège des
fonctionnaires originaires de la région qui faisaient campagne en faveur du candidat au
pouvoir. Pour l’essentiel, sa stratégie a consisté à la légitimation de l'accès au pouvoir des
membres de sa région d’origine à travers sa personne. Il a ainsi joué sur les cordes de
l'exclusion réelle ou supposée dont sont victimes les populations de cette région dans le
partage des ressources tant politiques qu'économiques. De cette façon, il espérait fédérer
l’ensemble des ethnies forestières (Kissi, Guerzé, Toma, …) autour de sa candidature.
Pour justifier sa candidature à l'élection présidentielle, il a ainsi affirmé, le 14 décembre
1993 aux populations de la préfecture de Lola, une ville de la région de la Guinée
Forestière :
« Je suis candidat parce que la Forêt [la région de la Guinée
Forestière] est oubliée, parce que la Guinée forestière est
méprisée, parce que la Forêt est piétinée. Je suis candidat. Je
suis candidat parce que les sept (7) préfectures de la Forêt sont
dans le noir. Il n'y a pas d'électricité or vous avez droit à
l'électricité.
Je suis candidat pour que désormais il y ait des routes
praticables en toutes saisons qui désenclavent la forêt, qui
fassent de la Forêt une partie économique de la Guinée afin que
vous ne soyez plus des laissés pour compte.
Je suis candidat pour vous aider à retrouver votre fierté, vous
aider à être sur le même pied d'égalité avec le Manding [la
région de la Haute Guinée], le Fouta [la région de la Moyenne
Guinée] et la Basse Guinée [la région de la Guinée Maritime].
C'est la raison fondamentale pour laquelle je me suis imposé de
grands sacrifices afin que la Forêt soit au rendez-vous de ces
élections.14 ».
14 Horoya, (du vendredi, 17 décembre 1993), Quotidien national d'information, n° 3783, p. 2.
14
Le sentiment d’appartenance apparaît ainsi comme une ressource mobilisable dans
la conquête du pouvoir politique et des biens économiques (Glazer et de Moynihan,
1975). Pour s'assurer du soutien des leurs, les protagonistes leur promettent
l’amélioration de leurs conditions de vie s’ils sont élus.
Quelles que soient les réserves portées sur la régularité de ces élections, réserves par
ailleurs fortement justifiées, on peut, cependant, reconnaître aux résultats une portée
sociologique. Ils démontrent le caractère régional de l’implantation des partis politiques.
La plupart des observateurs de la scène politique guinéenne concluent à un comportement
délibéré de la part des hommes politiques guinéens, sachant que le peuplement est
régional. Pour eux, cette stratégie de contrôle régional et ethnique de la part des leaders
politiques guinéens est sans équivoque et était perceptible bien avant le scrutin.
« En ce moment, Alpha Condé conquiert le pays manding [la
région de la Haute Guinée]. Siradiou Diallo, sur fond de
dissidence avec le PGP de Maître Alpha Bacar Barry, partage
le pays des bowés [la région de la Moyenne Guinée] avec Bâ
Mamadou. Plus tard, bien que Jean Marie Doré ne fit pas main
basse sur la région Forestière, dans le Sud de la Guinée, il reste
l’un des leaders les plus populaires de cette transition
démocratique […].15 ».
Une société civile dans une compétition politique ethnicisée
L’autre constante dans la stratégie des candidats pour le contrôle de leurs groupes
ethniques est le recours aux associations d'originaires. Ces réseaux ethniques, qui sont
des associations informelles non reconnues par la loi bénéficient d'une grande popularité.
Traditionnellement, leur but est apolitique et non lucratif. Elles servent, tout d’abord, en
ville et à l’étranger, de point d’ancrage au sein du groupe d’origine. Elles sont le lieu où
on discute et règle les demandes sociales concernant les membres de la communauté.
Elles sont aussi l’endroit privilégié de circulation d’informations. En second lieu, elles
servent de relais entre les membres de la communauté vivant en milieu urbain et ceux 15 Le Pays, (avril-mai 1996), périodique d'analyse, n°01, p. 30.
15
restés au village. Elles sont très actives dans la mobilisation de ressources auprès des
ressortissants de la communauté vivant en milieu urbain et à l’étranger en vue de leurs
réinvestissements dans la localité d’origine. Ces ressources, souvent de l’argent, sont
investies dans la réalisation d’infrastructures socio-communautaires (école, postes de
santé, forages, ponts, lieux de cultes, …) palliant ainsi la défaillance de l’Etat. Leurs
dirigeants sont le plus souvent des fonctionnaires à la retraite ayant acquis une longue
expérience de travail et/ou des personnes possédant une grande culture religieuse et
jouissant d’une haute intégrité morale. Grâce à ces qualités, ils détiennent un pouvoir
symbolique qui leur confère le respect et l’écoute dont ils jouissent. Les candidats
déclarés ou potentiels aux postes de commandement, les individus membres de la classe
dirigeante viennent ici affirmer leur appartenance au groupe en même temps qu’ils
demandent le soutien de l’association. Celle-ci devient ainsi un lieu de confrontation dont
le vainqueur sort gratifié et rassuré par la reconnaissance dont il a bénéficié de la part des
siens. Cet accord tacite entre le candidat et les représentants de la communauté peut être
déterminant dans la compétition avec les autres prétendants au pouvoir puisque ces
organisations peuvent jouer un rôle important dans la mobilisation des électeurs au profit
d’un candidat. Détournées de leur but premier, elles acquièrent ainsi une importance plus
grande dans la valorisation des statuts urbains et notamment de salariés (Bazin, Gnabéli,
1997) dans une société encore majoritairement rurale et paysanne où prédomine
l’économie informelle. Lors des différentes élections présidentielles organisées en
Guinée, les associations d’originaires ont servi de relais auprès de la population pour la
reconnaissance et la légitimation des candidatures. « Nous avons constaté que plusieurs
de ces associations, notamment les régionales, peuvent devenir des bases électorales
pour des cadres qui veulent faire de la politique ou alors alimenter directement un parti
politique en place ». (Barry, 2000 : 151). Ce type de rapport a été constaté par Bazin en
Côte-d’Ivoire dans un contexte de réduction des capacités financières pour les citadins :
« […] une autorité accrue est conférée, dans ces groupements, aux ‘’cadres’’ les plus
importants, enclins à rechercher dans leur région d’origine les supports d’une mobilité
nécessaire à leur insertion dans la classe dirigeante. » (1999 : 85).
Le choix des symboles ethniques par les élites comme base de mobilisation pour
appuyer leurs propres prétentions aux positions de prestige et aux avantages économiques
16
dans une situation de compétition avec d’autres élites, est justement ce que condamne
l'Église. L'archevêque de Conakry a réservé, lors de son homélie du 24 décembre 1993,
une large part aux élections présidentielles. Celle-ci comporte un double appel en
direction des candidats. Le premier s'adresse à tous les candidats pour une plus grande
tolérance et le second interpelle le vainqueur à l’apaisement des tensions post-électorales.
Il demande aux hommes politiques guinéens de toutes les sensibilités et particulièrement
à ceux ayant participé aux élections présidentielles de faire des gestes les uns envers les
autres pour permettre au pays de retrouver sa quiétude mise à mal par les tensions nées du
processus électoral. A la veille desdites élections, l'atmosphère était électrique au point
que les observateurs de la scène politique s'attendaient à une implosion de la cohabitation
pacifique entre les populations, notamment en ville où les tensions étaient perceptibles.
Des villes toutes cosmopolites et qui sont généralement le point de départ des
affrontements ethniques lors d'importants mouvements au sommet de l'État. Coquery-
Vidrovitch et al., (1992 : 4), font ainsi remarquer que :
« Même si les phénomènes "ethniques" contemporains sont
aussi violents dans les campagnes, c'est en ville qu'ils ont été
sécrétés, et c'est de la ville qu'ils viennent, diffusés dans le pays
tout entier à partir des enjeux (politiques, économiques) qui
surgissent désormais tous en villes (en Afrique comme
ailleurs) ».
Le propos de Robert Sarrah qui suit traduit bien les préoccupations de la société
civile et la réalité qui prévalait à ce moment là.
« […] Mais voilà que le 19 décembre 1993, malgré des
difficultés techniques réelles, un environnement et un tissu
social déchiré, les Guinéens ont été invités à sortir à la
recherche de l'espérance perdue, en votant pour choisir celui à
qui ils voulaient confier la responsabilité légitime de conduire
les destinées du pays.16 ».
16 Horoya, (du 28 décembre 1993), Quotidien national d'information, n°3789, pp. 4-5.
17
CONCLUSION
L’expérience de la Guinée montre que le refus d’une collecte exhaustive
d’informations sur cette variable n’est nullement justifié par l’argument de défense de
l’unité nationale posé par les autorités politiques puisque le recours au discours ethnique
notamment dans les compétitions politiques est réel (Sow, 1989 ; Dubresson, 1989 ;
Barry, 2000 ; Baldé, 2001) et toléré. Elle fournit les schèmes à l’argumentation d’une
nouvelle couche instruite qui trouve là le moyen de réaliser ses ambitions politiques.
Finalement, la crainte que certains groupes ethniques prennent conscience de leur poids
démographique est le dessein inavoué de ce refus. De cette façon, ils se constitueront en
groupe de pressions qui, s’ils échappent au contrôle du politique peuvent ébranler son
autorité.
18
BIBLIOGRAPHIE
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