Upload
hoangdiep
View
217
Download
1
Embed Size (px)
Citation preview
Mé moiré dé Stagé dé Fin d’Etudés Brice GAUDIN, Master 2 Génie Civil - Spécialité
Economie de la Construction
Stage réalisé du 01.05.13 au 01.09.13 chez Cabinet Stéphane Le Roy, Economiste
en Construction au Québec, CANADA
B. Gaudin, le 13.09.2013
1
Remerciements
Je tiens en tout premier lieu à remercier Stéphane Le Roy pour son temps, son
énergie et son soutien à tous les niveaux durant le stage. Ses conseils et l’aperçu
détaillé de ses méthodes de travail m’ont permis de comprendre les enjeux et les
missions de l’économiste pour des projets en France et au Québec
Par la même occasion je souhaite remercier la famille Le Roy pour l’accueil
chaleureux et la patience à mon égard.
D’une manière générale je souhaite également adresser mes remerciements à
Stéphane Ranty, Nadine Paguet, et l’ensemble des professeurs et intervenants
professionnels du Master de Génie Civil de l’Université Lyon 1.
B. Gaudin, le 13.09.2013
2
Sommaire Remerciements .......................................................................................................... 1
Introduction Générale ................................................................................................. 4
I. Présentation du Cabinet Stéphane Le Roy ......................................................... 5
1. Présentation de l’activité ................................................................................ 5
Identification ............................................................................................... 5 a.
Historique ................................................................................................... 5 b.
Quelques chiffres ....................................................................................... 5 c.
Secteurs d’activité ...................................................................................... 6 d.
2. Méthode de travail ......................................................................................... 6
Prestations-type ......................................................................................... 6 a.
Méthodes de communication à distance .................................................... 7 b.
Logiciels utilisés pour la réalisation des prestations d’Economiste ............ 7 c.
II. Présentation matérielle et fonctionnelle des travaux réalisés ............................ 10
1. Phase PRO-DCE : Maison Médicale de Chatillon s/ Chalaronne (01)......... 10
Présentation du marché ........................................................................... 10 a.
Travaux réalisés ....................................................................................... 10 b.
Analyse des problèmes rencontrés .......................................................... 11 c.
2. Phase PRO-DCE : 9 logements à Domarin (38).......................................... 12
Présentation du marché ........................................................................... 12 a.
Travaux réalisés ....................................................................................... 12 b.
Analyse des problèmes rencontrés .......................................................... 14 c.
3. Phase ACT - SIEA POP (01) ....................................................................... 14
Présentation du marché ........................................................................... 14 a.
Travaux réalisés ....................................................................................... 15 b.
Analyse des problèmes rencontrés .......................................................... 15 c.
4. Phase PRO : Construction/Rénovation d’une Ecole à Cannes (06) ............ 16
Présentation du marché ........................................................................... 16 a.
Travaux réalisés ....................................................................................... 16 b.
Analyse des problèmes rencontrés .......................................................... 17 c.
5. Fil Rouge : Adaptation d’un logiciel de CAO pour la modélisation ............... 18
Les objectifs de la modélisation pour l’Economiste .................................. 18 a.
Travaux réalisés : La personnalisation d’Allplan ...................................... 20 b.
Analyse des problèmes rencontrés .......................................................... 22 c.
III. Le métier d’économiste en construction au Québec ....................................... 23
1. Introduction .................................................................................................. 23
2. Présentation de l’industrie de la construction au Québec ............................ 23
B. Gaudin, le 13.09.2013
3
Description succincte du déroulement d’un projet de construction-type ... 23 a.
Présentation des acteurs principaux en phase de Conception d’un projet 25 b.
L’environnement normatif ......................................................................... 28 c.
3. Présentation de la profession d’Economiste au Québec ............................. 28
Les associations professionnelles ............................................................ 28 a.
Les titres délivrés par l’ICEC .................................................................... 29 b.
L’économiste consultant en pratique privée ............................................. 30 c.
L’estimateur dans les firmes de génie et les cabinets d’architecture ........ 32 d.
L’estimateur en firme contractante ........................................................... 32 e.
4. La classification des éléments pour la planification de coûts ....................... 33
Le couplage des normes UNIFORMAT II et MASTERFORMAT .............. 33 a.
Les autres systèmes de classification ...................................................... 36 b.
La comparaison avec les normes d’estimations françaises ...................... 36 c.
5. Analyse de l’évolution du métier au Québec ............................................... 37
Les statistiques et indicateurs prévisionnels de la construction ............... 37 a.
La collusion dans les marchés publics ..................................................... 38 b.
Les enjeux futurs du métier d’économiste en construction au Québec .... 40 c.
6. Bibliographie ................................................................................................ 43
Conclusions générales du stage et perspectives futures .......................................... 44
Annexes .................................................................................................................... 45
1. Tableau de notation , Phase ACT, SIEA POP ............................................. 46
2. Processus d’élaboration d’un projet de construction (Direction des
immobilisations, 2005) .......................................................................................... 47
3. Principe de coordination BIM (Yvon Chabot ECA, Présentation sur le BIM,
17.06.2013) ........................................................................................................... 48
4. Liste des services potentiels offerts par un Economiste en Construction
Agrée (ICEC, 2005)............................................................................................... 50
B. Gaudin, le 13.09.2013
4
Introduction Générale
Le présent mémoire a pour but de présenter le stage que j’ai effectué du 1er avril au
1er septembre 2013, dans le Cabinet de Stéphane Le Roy, Economiste de la
Construction Indépendant, implanté à Québec, au Canada.
Ce mémoire est divisé en trois parties, à savoir :
Présentation de l’entreprise d’accueil
Présentation des travaux réalisés pendant le stage
Présentation d’un point technique : Analyse comparative des missions de
l’Economiste en Construction au Québec par rapport à la France
B. Gaudin, le 13.09.2013
5
I. Présentation du Cabinet Stéphane Le Roy
1. Présentation de l’activité
Identification a.
Code APE : 7490A
Code Siren : 397466772
Historique b.
Stéphane LE ROY a démarré son activité en tant qu’économiste indépendant à Lyon,
en France en 1994. En travaillant de concert avec plusieurs cabinets d’architecture, il
a su adapter ses missions aux besoins spécifiques de chaque projet.
Arrivé au Québec depuis 2007, il a adapté ses méthodes de travail du marché
français à celui du Québec.
En effectuant des missions d’économie en construction pour la firme Budget
Construction Solutions Inc., il a su saisir les particularités québécoises de la
profession, afin de proposer des prestations adéquates au marché local en termes
de budgétisation de projets.
Enfin Stéphane Le Roy suit de près l’évolution constante des méthodes de travail
pour l’Economiste, notamment les outils informatiques tels que les logiciels de CAO
et le transfert de données depuis ces logiciels via des formats de fichiers
interopérables.
Quelques chiffres c.
Evolution du chiffre d’affaires annuel
Immigration au Québec
0
50000
100000
150000
200000
250000
2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012
Chiffre d'Affaires Annuel 2004-2012 (Euros)
B. Gaudin, le 13.09.2013
6
Le chiffre d’affaires d’une entreprise individuelle ne peut pas s’interpréter comme
celui d’une PME. Quoi qu’il en soit, nous n’analyserons pas ces données dans la
section.
Secteurs d’activité d.
Liste des secteurs des projets auxquels il a participé en France et au Québec:
Logements collectifs (accession ou social)
Logements individuels (lotissement accession ou social)
Villas ou appartements pour particuliers
Tertiaire (Bâtiments industriels adaptés par activité, …)
Enseignement (Lycée, Collège, …)
Agro-alimentaire (Abattoirs, Taurellerie, …)
Bâtiments publics (Salles de fêtes, crèches, …)
Foyer logement
Centre médico-pédagogique
Complexes sportifs, gymnases, salles pluridisciplinaires, …
Bureaux
Hôtels
Hôpitaux, Cliniques …
Entretien patrimoine pour des Régies d’immeubles (Façades, Menuiseries
extérieures, Toitures, Etanchéité, …)
Entretien patrimoine pour des offices d’HLM, OPAC, … (Façades, Menuiseries
extérieures, Toitures, Etanchéité, …) et réhabilitations lourdes (Palulos, …)
Réhabilitation de bâtiments historiques (châteaux, églises, …)
2. Méthode de travail
Prestations-type a.
Etudes, métrés, vérifications tous corps d'état relatifs de tous types de projets de
construction (neuf ou réhabilitation)
Etablissement et contrôle des estimations prévisionnelles :
Assistance à la mise au point de projet de construction
Estimation à chaque étape
Etablissement des documents techniques des ouvrages pour la consultation
des entreprises, comprenant :
CCTP (Cahier des Clauses Techniques Particulières)
DPGF (Décomposition des Prix Globaux et Forfaitaire)
B. Gaudin, le 13.09.2013
7
Assistance au Maitre d’Ouvrage pour choix des entreprises :
Examen des candidatures
Etude comparative des offres
Rapport d’examen des offres
Etablissement des marchés des lots de l’économiste
Missions d’expertise-conseil pour les maitres d’Ouvrages :
Pour le calcul des quantités en phase d’Etude
Méthodes de communication à distance b.
L’utilisation de méthodes informatisées pour la communication et le transfert
d’informations numériques sont essentielles lorsque l’on travaille à plusieurs milliers
de kilomètres de distance du lieu du projet. Ainsi Stéphane Le Roy travaille
essentiellement par l’intermédiaire de fichiers informatisés pour les projets auxquels il
participe en France. Par ailleurs, afin de rester au contact de ses partenaires et
clients, il se rend régulièrement en France au cours de l’année.
Logiciels utilisés pour la réalisation des prestations d’Economiste c.
L’ensemble des logiciels cités ci-dessous permettent à l’économiste l’élaboration de
ses documents contractuels (notamment CCTP et DPGF).
Ils permettent par ailleurs d’éditer des documents annexes qui permettront aux
entrepreneurs d’utiliser un maximum d’informations pour répondre adéquatement
aux appels d’offres.
Cependant, il est essentiel de rappeler que la fonction actuelle de l’économiste
(indépendant) n’est pas de modéliser le bâtiment en 3D de manière exhaustive. En
effet, ceci est à la charge de l’architecte (pour l’édition des plans architecturaux) et
des BET (plans techniques), et l’économiste ne peut pas, à l’heure actuelle, prendre
la responsabilité de fournir ses modélisations en remplacement des plans délivrés
par les autres membres de l’équipe de maitrise d’œuvre.
Les intérêts de l’utilisation de logiciels BIM seront discutés ultérieurement. Nous
ferons ici une présentation succincte des logiciels utilisés par Stéphane Le Roy.
Logiciels de CAO :
SKETCHUP (Google)
Stéphane Le Roy utilise le logiciel afin d’analyser les Rendus 3D fournis par les
architectes. A la même manière que TEKLA BIM SIGHT, ce logiciel permet d’accéder
aux données architecturales d’un ouvrage. Cependant, il se limite aux rendus visuels,
car il ne permet pas d’en tirer des données techniques telles que les
dimensionnements de structures ou les natures d’isolants.
ALLPLAN 2013 (Nemetschek)
Stéphane Le Roy utilise Allplan pour la modélisation de constructions neuves de
bâtiment et la réhabilitation. Cependant le logiciel peut être couplé à des logiciels de
B. Gaudin, le 13.09.2013
8
calcul de structure (SIEA) ou encore de rendus visuels (CINEMA 4D) qui sont
développé par Nemetschek également. Mais, grâce à l’interopérabilité du système,
les données issues des modélisations peuvent également être transmises
depuis/vers des logiciels concurrents (Revit, par exemple).
Enfin, l’économiste a pour objectif le rapatriement des quantités en vue d’établir un
quantitatif et le descriptif associé. Ainsi, il est possible de transférer les données vers
ALLPLAN BCM ou DEVISOC via le chainage des logiciels pour les analyser et les
exploiter.
MENSURA GENIUS (Geomensura)
Ce logiciel permet d’intégrer un ouvrage dans son environnement réel. L’importation
de données géotechniques et des relevés topographiques permettent de situer avec
exactitude l’implantation de l’ouvrage. Ainsi, le calcul des quantités de terrassement
peut être poussé à l’extrême, en définissant par exemple un phasage de réalisation
et en y associant les quantités exactes de matériaux à excaver/remblayer.
Par ailleurs, il permet également de modéliser les réseaux souterrains tels que Eaux
Pluviales, réseau de drainage, connexions EU/EV avec le réseau existant, suivant
les données disponibles à la base.
Figure 1 : Plaquette de Stéphane Le Roy, regroupant les maquettes numériques de projets récents auxquels il a participé
Lecture de maquettes numériques: TEKLA BIMSIGHT (Tekla)
Cette version du logiciel permet la lecture de données numériques renseignées sous
d’autres logiciels de modélisation. Ainsi, une maquette dessinée avec ARCHICAD,
B. Gaudin, le 13.09.2013
9
REVIT ou VECTORWORKS pourra être lue et les données de l’ouvrage seront
accessibles.
Logiciel de Métrés et descriptifs : DEVISOC 5.31
DeviSOC est un logiciel de métré et de gestion de pièces écrites pour les architectes,
bureaux d'études, économistes et constructeurs. L'innovation technologique de
DeviSOC réside dans son chaînage de tous les grands éditeurs de CAO.
La section "Études" permet de regrouper les quantitatifs et descriptifs dans un même
document, avec un fonctionnement proche des tableurs Microsoft Office. Cette
dernière section est la plus utile pour l’économiste de maitrise d’œuvre.
Bureautique : Suite MS OFFICE et Suite ADOBE ACROBAT
La plupart des logiciels cités précédemment permettent d’importer ou d’exporter des
données vers/depuis la suite Microsoft Office. Ainsi, il est indispensable de maitriser
les mécanismes de chainage des logiciels avec MS WORD et MS EXCEL.
De plus, il peut ne pas être déterminant de modéliser un ouvrage à l’aide de logiciels
CAO. Ainsi, les quantitatifs associés à ces ouvrages peuvent directement être
réalisés à partir d’une minute de métrés sous EXCEL.
Typiquement, même si cette fonction est accessible dans les logiciels cités
précédemment, la synthèse des prestations de finitions intérieures peut facilement
être éditée grâce à un modèle de tableau de finitions, pour les prestations de sol,
plinthes, parois, plafonds :
Figure 2 : Nomenclature des finitions intérieures (Extrait)
Par ailleurs, les différents rendus visuels (plans, coupes, vues axonométriques)
peuvent être soumis sous forme de documents PDF et PDF 3D. Ils permettent à
n’importe quel utilisateur d’ADOBE ACROBAT READER de visualiser notamment en
3D le modèle dessiné à l’aide d’un logiciel de CAO.
B. Gaudin, le 13.09.2013
10
II. Présentation matérielle et fonctionnelle des travaux
réalisés L’ensemble des travaux réalisés pendant le stage ont concerné des projets réalisés
en France ; il sera donc inutile dans cette section de détailler les missions de
l’économiste de maitrise d’œuvre.
1. Phase PRO-DCE : Maison Médicale de Chatillon s/ Chalaronne
(01)
Présentation du marché a.
Lieu et caractéristiques du marché
Nom du Projet Construction d’une Maison Médicale et de 8 logements
Lieu Chatillon s/ Chalaronne (01)
Consistance des travaux Bâtiment R+2 comprenant :
Bureaux médicaux au RDC et R+1
Logements pour le personnel médical au R+1
8 Logements sociaux au R+2
Estimation du montant des travaux TTC (phase APS) 3,07 millions d’euros (déc 2012)
Intervenants
Maitre de l'Ouvrage Logidia
Maitrise d'Œuvre Architecte Architecture Barillot
BET Fluides B3E Ingénierie
BET Structure CHAPUIS Structure
Economiste Cabinet Stéphane Le Roy
Travaux réalisés b.
Modélisation des corps d’état secondaires
A l’aide du logiciel ALLPLAN, j’ai modélisé les corps d’états secondaires pour ce
projet, en vue du rapatriement des quantités.
Isolation intérieure et extérieure
Cloisonnements
Gaines techniques
Finitions intérieures (Sols, Plafonds, Parois)
B. Gaudin, le 13.09.2013
11
Tableau des finitions et corps d’état secondaires
Figure 3 : Tableau des finitions par piece (Extrait)
En parallèle, j’ai effectué un métré des prestations intérieures, pièce par pièce, afin
d’en tirer les quantités associées.
Théoriquement, les résultats de ce métré doivent être identiques aux métrés
rapatriés de la modélisation. Les différences qui subsistaient ont été analysées afin
de conserver la quantité la plus proche de la réalité.
Réalisation des annexes pour les menuiseries extérieures et intérieures
La réalisation de la nomenclature des menuiseries intérieures et extérieures permet
de lister de manière exhaustive les types de produits à préconiser pour ces deux lots.
Ainsi, elle facilite la tâche pour l’élaboration des CCTP et des DPGF.
Analyse des problèmes rencontrés c.
Les plans à disposition étaient d’un niveau de détail suffisant pour établir la
nomenclature des menuiseries, ainsi que la modélisation des corps d’état
secondaires.
Cependant il y a une subtilité concernant les portes fenêtres à installer. L’architecte,
sur ses plans, avait indiqué des portes fenêtres pour chaque ouverture vers
l’extérieur des bureaux. Mais s’agissant de bureaux médicaux, il est préférable de ne
B. Gaudin, le 13.09.2013
12
pas installer de portes fenêtres à tous les bureaux du RDC. De cette manière l’entrée
et la sortie du bâtiment ne pourrait plus être contrôlée. Il est préférable de privilégier
les accès au bâtiment par les portes d’entrée et de sortie communes et de prévoir de
simples châssis fixes à ces endroits.
Il est donc important pour l’économiste d’analyser la situation en vue de décrire et
chiffrer la prestation la plus exacte.
2. Phase PRO-DCE : 9 logements à Domarin (38)
Présentation du marché a.
Lieu et caractéristiques du marché
Nom du Projet Construction de 9 logements sociaux
Lieu Domarin (38)
Consistance des travaux
Construction de 9 logements sociaux
Estimation du montant des travaux TTC (phase APS) 1,80 million d’euros (avril 2013)
Intervenants
Maitre de l'Ouvrage SEMCODA
Maitrise d'Œuvre Architecte Architectes 2BR
BET Fluides BETICS
BET Structure COGECI
Economiste Cabinet Stéphane Le Roy
Travaux réalisés b.
La nomenclature des menuiseries (Figure 4 : Extrait de la nomenclature des
menuiseries exterieures) permet une estimation précise des coûts. En effet, le type
(Ame pleine, Porte palière, porte de garage…), le matériau (Acier laqué, Bois…) et
les équipements (Ferme portes, type de garnitures…) sont renseignés et le prix total
de la menuiserie varie énormément en fonction de ces critères.
Grâce aux surfaces de menuiseries et occultations renseignées, elle permet d’établir
certains ratios de construction.
De plus, elle permet une meilleure compréhension par l’entreprise qui répondra à
l’appel d’offres.
B. Gaudin, le 13.09.2013
13
Figure 4 : Extrait de la nomenclature des menuiseries exterieures
En ce sens, le repère des menuiseries (Figure 5 : Extrait du repère des menuiseries
de la nomenclature sur la modélisation 3D du Bâtiment) permet à l’entreprise
d’évaluer les sujétions pour « l’amené à pied d’œuvre » (étage, accessibilité…). En
effet, si toutes les menuiseries se situent au RDC, ou celles-ci sont de larges baies
vitrées au 5ème étage, le coût de main d’œuvre peut différer largement.
Figure 5 : Extrait du repère des menuiseries de la nomenclature sur la modélisation 3D du Bâtiment
B. Gaudin, le 13.09.2013
14
Figure 6 : Aperçu d'un étage du bâtiment
Enfin, les sorties 3D mettent en valeur certains ouvrages. Ici (Figure 6 : Aperçu d'un
étage du bâtiment), les différents types d’isolants sont répertoriés grâce à un code
couleur.
Analyse des problèmes rencontrés c.
Le niveau de détail des plans fournis par l’architecte était peu élevé au moment où
nous avons pris connaissance du dossier. Les éléments des BET et les plans
architecturaux pour la phase PRO-DCE ne nous sont parvenus que de manière
tardive. Ainsi, de nombreux problèmes d’adaptation et de correction sont apparus au
cours de l’étude.
Par ailleurs, ma maitrise progressive du logiciel a engendré des erreurs dans la
modélisation. A titre d’exemple, les attributs de matériaux des éléments que j’avais
renseignés ne correspondaient pas aux attributs utilisés par Stéphane Le Roy pour
le rapatriement des quantités. Lorsqu’il a souhaité rapatrier les quantités sur
DeviSOC, il a été difficile pour lui d’identifier les éléments renseignés correctement
de ceux qui présentaient des anomalies.
3. Phase ACT - SIEA POP (01)
Présentation du marché a.
Lieu et caractéristiques du marché
B. Gaudin, le 13.09.2013
15
Nom du Projet Construction de Bureaux et installations techniques
Lieu Bourg en Bresse (01)
Consistance des travaux Bureaux et locaux technique à destination de réseaux informatiques
Estimation du montant des travaux TTC (phase APS) 1.30 million d’euros (sept 2012)
Intervenants
Maitre de l'Ouvrage SIEA
Maitrise d'Œuvre Architecte Barillot Architecture
BET Fluides B3E Ingénierie
BET Structure CHAPUIS Structure
Economiste Cabinet Stéphane Le Roy
Travaux réalisés b.
Saisie des prix renseignés par les entreprises
Les entreprises ne renseignent pas directement le CDPGF de l’économiste. Celles-
ci, par une volonté de protection des documents officiels n’osent pas transmettre le
cadre directement et renvoient l’image numérisée au format PDF, alors que
l’économiste fournit une version exploitable de son travail.
Le premier travail dans l’analyse des offres est donc de saisir manuellement les prix
unitaires de chaque entreprise sous Devisoc.
Ainsi, le logiciel comparera les offres entre elles pour déterminer les moins disants
Analyse des mémoires techniques
J’ai utilisé un cadre de tableau Excel (le modèle de l’analyse des offres utilisé par le
BET Fluides pour les lots techniques) pour comparer les mémoires techniques.
Cependant, cela peut être également effectué sous Devisoc.
Analyse des problèmes rencontrés c.
Bien que les critères de pondération soient souvent définis par le maitre d’ouvrage,
l’attribution des notes doit être faite de manière objective. Ainsi il est difficile pour le
mémoire technique d’attribuer une note en fonction du contenu sans un programme
de notation précis. Dans le cas de cette phase ACT, il a donc été nécessaire de
définir clairement les notes possibles (0, 1, 5 ou 10/10) en fonction du contenu
renseigné par l’entreprise.
De cette manière, il est possible de justifier la notation auprès du maitre d’ouvrage et
éventuellement des entreprises qui souhaiteraient connaitre les motifs de leur non-
adjudication pour les travaux concernés.
ANNEXE 1: Tableau notes Phase ACT
B. Gaudin, le 13.09.2013
16
4. Phase PRO : Construction/Rénovation d’une Ecole à Cannes
(06)
Présentation du marché a.
Lieu et caractéristiques du marché
Nom du Projet Rénovation de l'Ecole Sainte Marie de Chavagnes
Lieu Cannes (06)
Consistance des travaux
Construction d’un Hall d’accueil
Réaménagement des locaux existants
Estimation du montant des travaux (phase ESQ)
1.60 million d’euros
Intervenants
Maitre de l'Ouvrage Ecole Sainte Marie de Chavagnes
Maitrise d'Œuvre Architecte Asymptote Architecture
Economiste Cabinet Stéphane Le Roy
Travaux réalisés b.
Ma mission consistait en la quantification des travaux à réaliser, à savoir :
Etat des lieux de l’existant
Identification et quantification des :
o Travaux de démolition
o Travaux de rénovation/rafraichissement y compris reprises en sous-
œuvre
o Construction neuve
o Travaux de VRD
Allotissement des prestations
Elaboration du cadre DPGF
Elaboration du CCTP
Edition d’annexes pour les menuiseries intérieures, extérieures
Approche du problème
La modélisation semblait au premier abord inévitable, au regard des nombreux types
de prestations.
Cependant, après une évaluation du temps nécessaire pour la modélisation, il a été
jugé préférable de modéliser l’essentiel des prestations de construction intérieure
(cloisons notamment) et d’effectuer le métré des autres prestations de manière
conventionnelle, à l’aide d’une minute de métrés au format Excel.
Elaboration du Cadre DPGF
Afin de bâtir le Cadre de Décomposition du Prix Global et Forfaitaire, je me suis
inspiré des projets précédemment réalisés par Stéphane Le Roy. Mais j’ai également
B. Gaudin, le 13.09.2013
17
dû faire appel à mes connaissances pratiques concernant l’acte de construire.
Rechercher la documentation des matériaux à mettre en œuvre ainsi que
dimensionner les éléments de structure (voir dans Analyse des problèmes
rencontrés) ont été les principales tâches à effectuer pour construire le cadre DPGF
Elaboration du CCTP
A partir des conseils de Stéphane Le Roy et des ressources de projets précédents,
j’ai établi un descriptif complet, adapté au projet. Le travail d’adaptation des articles
est fastidieux, j’ai grandement apprécié le fait que Stéphane Le Roy m’indique de
quels projets je pouvais m’inspirer pour certains articles.
Estimatif
De la même manière, l’estimatif a dû être renseigné dans le cadre DPGF.
Cependant, il m’a fallu l’expérience de Stéphane Le Roy pour compléter et ajuster
des prix unitaires qui me paraissaient difficile à évaluer.
Je n’ai pas appliqué de prix de manière indépendante. Ceux que j’ai renseignés
provenaient directement de bases de données de phases ACT (donc les prix
entreprises) de projets précédents pour des articles tout à fait identiques à mon
projet.
Analyse des problèmes rencontrés c.
Eléments fournis par le maitre d’œuvre
A ma disposition :
les plans de l’existant
les plans de rénovation
la modélisation 3D du Hall d’accueil (construction neuve)
quelques photos permettant de définir les prestations de finitions intérieures
de l’existant
Le peu de détails à disposition m’a incité à prendre un certain nombre d’hypothèses
qui n’auraient pu être validées qu’une fois sur place, lors d’une éventuelle visite de
site.
Il peut être dangereux de formuler trop d’hypothèses optimistes en vue de
l’estimation du projet (surtout en phase PRO)
Pré-dimensionnement
J’ai dû définir des solutions techniques pour la construction du hall d’accueil (type de
structure, couverture…) et faire un pré-dimensionnement de la structure à bâtir. Bien
que je dispose de connaissances me le permettant, il est peu aisé de déterminer un
dimensionnement adéquat, sans aucun document fourni par le BET.
Le choix que j’ai effectué est donc surdimensionné, afin d’éviter des complications
ultérieures.
B. Gaudin, le 13.09.2013
18
5. Fil Rouge : Adaptation d’un logiciel de CAO pour la
modélisation
Les objectifs de la modélisation pour l’Economiste a.
Introduction sur le Building Information Model
Le but de cette section n’est pas de présenter le BIM dans son ensemble, mais d’en
comprendre les tenants et aboutissants afin de saisir le but de son utilisation pour
l’économiste.
Le BIM est la modélisation (informatisée ou non) des informations relatives au
« Bâtiment » durant toute la vie du projet.
Ainsi, le BIM n’est pas récent. L’échange de données, même au sein d’une même
équipe a toujours été difficile dû aux craintes liées à la protection de l’information, et
aux obstacles de compréhension liés aux approches différentes d’un projet par
chacun de ses concepteurs.
La modélisation 3D « intelligente » permet de regrouper différentes informations de
manière intuitive et ainsi travailler de manière plus cohérente.
Le rendu visuel 3D n’est pas la seule information qu’il est pertinent de partager.
Il est primordial de coupler des informations techniques (type de prestations, notes
de calcul structurelles et thermiques…) avec les données économiques (estimations
aux différentes phases, quantités mises en œuvre…) et les données de planning.
Certains logiciels de CAO sont capables à présent de regrouper toute ou partie de
ces informations à travers un format commun : l’IFC. Celui-ci est aujourd’hui en
passe de devenir un standard ISO afin d’avoir un format de fichier commun,
compatible avec tous les logiciels de conception.
Ainsi, l’importation/exportation de données depuis/vers le logiciel de CAO permet à
chacun des acteurs d’appréhender le projet d’une manière plus efficace et surtout de
l’alimenter en informations.
A l’heure actuelle, l’économiste français bénéficie-t’ il du BIM ?
Aujourd’hui, l’utilisation de logiciels 3D dits « intelligents » en est encore à son
balbutiement dans de nombreuses équipes de maitrise d’œuvre en France.
Beaucoup de concepteurs utilisent des logiciels 3D mais le partage de l’information
est difficile.
Par exemple, il se peut que le modèle de l’architecte ne permette pas à l’économiste
de rapatrier les quantités de matériaux modélisés car sa manière de dessiner ne
correspond pas aux méthodes de rapatriement des quantités
Exemple : Une structure dessinée à l’aide de « Volumes 3D », dans ALLPLAN, ne
B. Gaudin, le 13.09.2013
19
dispose pas des attributs de poutres, poteaux ou dalles qui eux permettent de
rapatrier les quantités (coffrage, quantité d’acier…)
De par son approche généraliste de la construction et de ses compétences
transversales le rôle de l’économiste est de faire la synthèse entre architectes et
BET. Il chiffre les prestations de l’ensemble des lots du projet. Bien qu’il n’étudie pas
les lots techniques (Plomberie-CVC, Electricité, qui représentent en moyenne 15 à
20% du coût des travaux pour un bâtiment régulier), il fait la synthèse économique du
projet.
En cela, il est prédisposé pour regrouper toutes les informations à travers un modèle
numérique.
Cependant, son rôle fondamental est simplement de fournir descriptifs (CCTP) et
quantitatifs (Cadre DPGF). Il ne peut pas justifier une rémunération supplémentaire
pour cette modélisation.
Donc aujourd’hui, il peut difficilement lui être reproché de ne pas modéliser le
bâtiment dans son ensemble.
En définitive, on peut comprendre les obstacles qui s’opposent à la généralisation de
la maquette numérique. C’est une initiative qui doit naître de tous les acteurs.
Le rapatriement des quantités de matériaux pour le cadre DPGF
Le rapatriement des quantités à partir d’un logiciel de CAO n’est pas automatique. Il
est judicieux d’utiliser une bible de matériaux compatible avec la bible de son logiciel
de métrés1.
Lorsque celle-ci est structurée, il devient alors aisé de bâtir un cadre DPGF
Remarque : On peut également imaginer de chaîner les quantités à un article de
descriptif et à un prix unitaire. Cela rendrait le processus encore plus automatique.
Cependant, un projet de bâtiment est rarement générique. Lorsque les projets traités
sont différents de par leur nature, il est très fastidieux de se constituer une bible
universelle qui sera reprise à l’identique pour les projets futurs. Sans compter que les
descriptifs évoluent au fil du temps, en fonction des produits disponibles sur le
marché. Cette bible serait alors en constante évolution et il serait impossible d’en
profiter (en termes de gains de temps) à l’échelle d’une seule entreprise.
La modélisation : une aide pour la compréhension du CCTP
En fournissant des annexes visuelles, ou en agrémentant un CCTP d’images 3D
issues de la modélisation, l’économiste réduit les possibilités d’incompréhension du
DCE par l’entrepreneur.
Cela a pour objectif de :
1 Logiciel de métrés : Logiciel permettant de rapatrier les informations depuis le logiciel CAO. Ainsi, il
est possible de bâtir un quantitatif et un descriptif (Exemple : DeviSOC)
B. Gaudin, le 13.09.2013
20
Aider l’entrepreneur à chiffrer une prestation avec exactitude. Le prix unitaire
renseigné sera plus proche de la réalité que si l’entrepreneur doit appliquer
une marge de sécurité pour une prestation dont il aperçoit mal les limites
Limiter les demandes de Travaux Supplémentaires en phase d’exécution.
Dans le cas d’un CCTP vague ou peu compréhensible, l’entrepreneur peut
légitimement mettre en œuvre une prestation qui ne correspond pas aux
attentes du client.
Cette longue introduction doit permettre de comprendre le but d’une modélisation
pour l’économiste. Ainsi, je vais présenter le travail effectué durant mon stage.
Le Cabinet Stéphane Le Roy utilise le logiciel Allplan 2013 pour la modélisation 3D.
Son utilisation chainée à un logiciel de métrés (DeviSoc 5.31) lui permet de rapatrier
les quantités de matériaux.
Travaux réalisés : La personnalisation d’Allplan b.
Présentation d’Allplan et DeviSoc
Allplan dispose, de base, d’assistants permettant à l’utilisateur de modéliser
rapidement des éléments (type mur, dalle, menuiseries…) :
DataExpress. Cet assistant n’a pas d’attribut renseigné. Il est donc impossible
de l’utiliser directement avec un logiciel de métré
EcoBim. Cet assistant a été développé avec la société SocInformatique afin
de permettre le chainage des quantités avec DeviSoc. Cependant, la bible
EcoBim ne peut correspondre à tous les projets, et il est essentiel que
l’utilisateur se l’approprie personnellement pour bâtir ses quantitatifs.
Remarque : Dans les logiciels de CAO, un attribut est une information associée à un
élément modélisé. Par exemple le dessin d’une poutre pourra avoir comme attribut
son MATERIAU : le Béton Armé.
Utilisation de la bible UNIFORMAT
Chez Stéphane Le Roy, la bible de matériaux utilisée par le logiciel de métrés
(DeviSoc) est issue de la classification UNIFORMAT II. Cette norme nord-américaine
de classification par fonction d’ouvrage sera développée dans la PARTIE 3 du
rapport.
Il m’a donc semblé judicieux de développer un outil permettant d’utiliser cette bible
Uniformat avec Allplan, afin ensuite de la chainer à DeviSoc.
Présentation du travail effectué
Sur le modèle d’un assistant type EcoBim, j’ai tenté de développer un assistant
reprenant les éléments d’Uniformat afin que l’utilisateur ait simplement à reprendre
l’élément en cliquant dessus (Clic droit/Reprendre). L’élément repris sera donc
B. Gaudin, le 13.09.2013
21
chainé à DeviSoc en vue de l’importation des quantités.
L’unité de l’élément doit être compatible et un code couleur devra y être associé.
Ainsi le coté réaliste de la modélisation n’est pas recherché, le but étant de pouvoir
identifier l’élément visuellement.
Figure 7 : Aperçu (Modèle 3D) de la bibliothèque de matériaux selon
UNIFORMAT
Dans la Figure 7 : Aperçu (Modèle 3D) de la bibliothèque de matériaux selon
UNIFORMAT, on remarque les 2 premières catégories de la classification
UNIFORMAT :
A1010 – Fondations standards
A1020 – Fondations spéciales
Figure 8 : Aperçu (Vue en Plan) de la bibliothèque de matériaux selon
UNIFORMAT
B. Gaudin, le 13.09.2013
22
Dans la Figure 8 : Aperçu (Vue en Plan) de la bibliothèque de matériaux selon
UNIFORMAT, on remarque que chacun des articles sont annotés de leur attribut
MATERIAU. Pour nous, l’attribut MATERIAU est en fait un article de la Bible
Uniformat II.
Figure 9 : Aperçu des attributs renseignés pour chaque materiau
Les attributs de l’article Mur de fondation extérieur générique type 1 sont renseignés
dans ses PROPRIETES. Un calque lui est attribué, des couleurs de vue…
Analyse des problèmes rencontrés c.
Les limites de la modélisation
Un certain nombre d’articles du DPGF pas modélisables
De nombreux articles du CDPGF ne sont pas modélisables (Par exemple :
Amené/Repli, Forfait pour rebouchement des réservations, Sujétions de tout type,
Plus-values…). Il ne sera donc jamais vraiment possible de modéliser un bâtiment
dans sa totalité, d’importer les quantités et d’éditer le CCTP correspondant, sans y
apporter une analyse soignée au moment de la rédaction des pièces.
La modélisation complète, impossible et inutile
Il est fastidieux de modéliser tous les éléments à mettre en œuvre dans un projet. Un
bon nombre d’entre eux sont facilement quantifiables sans qu’ils aient besoin
d’apparaitre sur le modèle 3D. De cette manière, il faut éviter les pertes de temps
inutiles occasionnées par une modélisation trop avancée.
B. Gaudin, le 13.09.2013
23
III. Le métier d’économiste en construction au Québec
1. Introduction
Bien que je n’ai pas participé activement à un projet québécois particulier,
l’environnement de travail m’a permis d’étudier et d’appréhender les différences entre
l’économiste de projets français et québécois. J’ai appuyé mon analyse sur :
Une recherche accrue d’éléments à travers la littérature et les données
disponibles sur Internet
Les retours d’expérience de Stéphane Le Roy sur les projets qu’il a réalisé au
Québec (y compris les données de ces projets auxquelles j’ai eu accès)
La participation au Congrès Annuel de l’Institut Canadien des Economistes de
la Construction (ICEC) à Montréal, le 15 juin dernier
Le but de cette étude est de présenter les manières d’exercer la profession
d’Economiste au Canada et plus particulièrement au Québec. Sur certains aspects,
elle comparera les différences avec le système français pour l’exercice de la
profession.
2. Présentation de l’industrie de la construction au Québec
Description succincte du déroulement d’un projet de construction-type a.
Le but de cette section n’est pas de définir avec précision les différences d’approche
dans les deux pays, mais de comprendre de manière générale les enjeux liés au
déroulement d’un projet.
Les différentes phases du projet
Figure 10 : Les différentes phases d’un projet de construction (Extrait de
« Processus d’élaboration d’un projet de construction », Direction des immobilisations, 2005)
ANNEXE 2 : Processus d’élaboration d’un projet de construction
B. Gaudin, le 13.09.2013
24
Forme des marchés de conception
En France, l’équipe de maitrise d’œuvre est solidaire. Elle est représentée par son
mandataire (l’architecte) et les documents produits par les membres de l’équipe sont
rassemblés afin d’être présentés de manière uniforme au maître de l’ouvrage.
Au Québec, chacun des acteurs d’un projet a pour interlocuteur principal le maitre de
l’Ouvrage. En effet, contrairement au système français, on ne parle pas d’équipe de
maitrise d’œuvre, mais de professionnels, ou de consultants qui passent un contrat
individuellement avec le Maitre de l’Ouvrage.
Les quantités pour l’analyse des offres
En France, l’Economiste de maitrise d’œuvre fournit la plupart du temps son
quantitatif lorsqu’il transmet le DCE aux entreprises. Ainsi, il est possible au moment
de l’analyse des offres, de comparer objectivement les offres entre elles, sur la base
de quantités communes.
Les projets de Bâtiments au Québec: Marché Global et forfaitaire
Le contrat de construction d’un projet de bâtiment est passé avec un entrepreneur
général.
Dans la plupart des cas, celui-ci propose un montant global et forfaitaire pour
l’exécution des travaux décrits dans les plans et devis2. L’entrepreneur général prend
la responsabilité du marché dans sa globalité, et fait appel à la sous-traitance pour
les travaux qu’il ne maitrise pas.
Les professionnels (architectes et ingénieurs) ne prennent pas la responsabilité de
transmettre les quantités de matériaux à mettre en œuvre. Ainsi, l’entrepreneur
indiquera un prix forfaitaire pour une certaine prestation, qu’il aura chiffrée sur la
base d’une quantité qu’il aura lui-même calculée.
Il ne joint pas son quantitatif, et encore moins sa minute de métrés à son offre.
Par conséquent il est difficile pour le maitre de l’Ouvrage ou un Economiste de
comparer complètement objectivement des articles unitaires entre eux, car ces
comparaisons ne sont pas effectuées sur la base de quantités communes.
En revanche, une comparaison globale, ou par éléments d’ouvrage est possible.
Enfin, celle-ci permet l’élaboration de ratios, utilisables par tel ou tel concepteur
(professionnel ou consultant)
Les projets civils : Marché au prix unitaire
A l’inverse, les projets de génie civil sont quant à eux chiffrés au prix unitaire. Il est
donc tout à fait possible de comparer les prix unitaires avec ceux de l’offre
concurrente.
2 Plans et Devis : Etape équivalente à la phase DCE
B. Gaudin, le 13.09.2013
25
Le principe de l’offre moins disante
En France, en plus de l’offre économique, le soumissionnaire rédige un mémoire
technique selon un cadre prédéfini, qui permet de détailler les moyens mis en œuvre
pour l’exécution des travaux.
Ce cadre suit des exigences liées aux préoccupations du maitre d’Ouvrage, mais on
retrouve souvent la description de :
La main d’œuvre affectée au projet
L’équipe d’encadrement affectée
Les matériaux mis en œuvre (avec les fiche-produits jointes)
Les matériels et équipements prévus pour l’exécution des travaux
Les méthodes d’exécution pour les ouvrages complexes
Les dispositions pour la sécurité et la protection des ouvriers
Les dispositions de type environnementales…
Ainsi, le maitre d’ouvrage établit dans le Règlement de la Consultation un système
de pondération indiquant l’importance de l’offre technique par rapport à celle de
l’offre économique. Il est tout à fait possible, pour certains projets complexes à
réaliser, que le mémoire technique ait une importance supérieure à l’offre
économique.
La qualité du mémoire technique est analysée par l’équipe de maitrise d’œuvre. Les
résultats, couplés à ceux de l’analyse économique sont présentés au maitre
d’ouvrage.
Ainsi, le marché est attribué au soumissionnaire dit « mieux-disant », concept qui
s’oppose au principe du « moins-disant ».
Il n’existe pas de concept d’offre mieux-disante au Québec. Le seul principe de la
concurrence permet de départager les soumissionnaires. En effet, la loi 35 (loi contre
la fraude dans l'industrie de la construction) oblige le maitre d’ouvrage public à
sélectionner l’offre la plus basse.
La détection d’offres anormalement basses
En France, l’équipe de maîtrise d’œuvre analyse chacun des prix unitaires des
soumissions reçues. En les comparant entre elles, il est possible de déterminer si,
globalement, telle ou telle offre est anormalement basse ; c’est-à-dire de déterminer
si la sélection de ce candidat présente un risque pour la bonne exécution des
travaux.
Au Québec, dans le cadre de soumissions publiques, la solvabilité de l’entrepreneur
est vérifiée par l’Autorité des Marchés Financiers, durant le processus de
soumission. Ceci a pour but de protéger le client des entrepreneurs en faillite ou
frauduleux.
Présentation des acteurs principaux en phase de Conception d’un projet b.
B. Gaudin, le 13.09.2013
26
Les rôles des différents acteurs décrits ci-dessous sont généraux (Appels d’offres
Ouverts et Restreints). Ils peuvent différer lors de projets spécifiques (type
Conception-Construction ou PPP).
Figure 11: Les principaux acteurs d'un projet en phase de conception
Le Maitre de L’Ouvrage
Il est réputé non-sachant. Ses fonctions sont similaires au Maître de l’Ouvrage en
France. Ainsi, il fait appel à un gestionnaire de projet (équivalent de l’Assistant au
Maître d’Ouvrage) qui lui permettra de communiquer sainement avec les
interlocuteurs « sachant ».
Le Gérant de projet ou Gestionnaire de projet
La gérance de projet est un mode de réalisation par lequel un client mandate une
firme pour assumer l'entière responsabilité de l'organisation et de la gestion de tous
les aspects d'un projet et de sa construction.
Le gérant de projet se voit confier les responsabilités suivantes :
En phase de conception :
l'obtention des permis, autorisations et assurances
l'établissement du budget de réalisation
Le Gérant de Projet
L’Architecte (PROFESSIONNEL)
Les firmes de Génie-Conseil
(PROFESSIONNEL)
Economiste en Construction
(MISSION D'EXPERT-CONSEIL)
Le Maitre de l'Ouvrage
AUTRES MISSIONS
D'EXPERTS-CONSEIL
L'entrepreneur Général
B. Gaudin, le 13.09.2013
27
l'établissement de l'échéancier
la sélection et la coordination entre les professionnels
la validation des plans et devis
En phase d’exécution :
l'administration des contrats et l'analyse des demandes de paiements progressifs
la production de rapports d'évolution du projet
la vérification de la conformité de l'ouvrage.
Résumé de la Mission : En phase de conception, celui-ci fait la synthèse entre les
professionnels (Architectes et firmes de Génie3).
Afin de valider ses choix, il peut avoir recours aux services d’experts-conseils
(comme l’Economiste), mais ceux-ci ne sont pas obligatoires dans le déroulement
d’un projet. En définitive, il est responsable du processus de déroulement du projet
pour le compte du client.
La mission du gestionnaire de projet s’étend en période d’exécution, où il effectue le
pilotage des opérations, et notamment le contrôle des coûts, comme décrit ci-dessus.
Compétences : Son expérience générale de la construction le rapproche des
fonctions de l’Assistant au Maitre d’Ouvrage. Il n’a pas d’obligation de formation
spécifique, bien qu’il soit souvent Ingénieur Civil ou bien encore Economiste en
Construction Agréé.
Les « professionnels »: L’architecte
La profession est protégée par l’Ordre des Architectes. Comme beaucoup
d’architectes en France, il prend la responsabilité de son travail en son nom propre.
Mission : Il produit :
les plans et détails architecturaux
les devis4 pour les éléments d’architecture
l’estimation des coûts des éléments le concernant
Les « professionnels »: Les firmes de Génie-Conseil
La profession est protégée par l’Ordre des Ingénieurs. On compte principalement les
Ingénieurs Structure, Electricité, Mécanique5 et Génie Civil6. A la différence du
système français, les ingénieurs prennent la responsabilité de leur travail en leur nom
propre.
Mission : Ils produisent :
les plans et détails techniques
les devis
l’estimation des coûts des éléments concernés
3 Firmes de Génie : Equivalent des Bureaux d’Etudes Techniques en France
4 Devis : Equivalent du CCTP en France
5 Mécanique : Plomberie, CVC en France
6 Génie Civil : Terrassements et VRD en France
B. Gaudin, le 13.09.2013
28
NB : Ce sont donc les Professionnels qui produisent notamment les estimations de
coûts et les spécifications (devis) tout au long de la conception. Nous détaillerons
plus tard les moyens employés par ceux-ci pour y arriver.
L’économiste en Construction consultant en pratique privée
Mission : En tant que tel, il intervient en tant qu’expert-conseil, pour faire l’estimation
des coûts en parallèle de celle effectuée par les professionnels
Il peut être démarché par :
Le Maitre d’Ouvrage dès la phase de Planification
Les professionnels (plus rare) en phase de Réalisation.
Autres experts-conseils :
Tout comme dans le système français, d’autres entités peuvent être mandatées pour
fournir leur expertise sur le projet (Arpenteurs7, Laboratoires d'expertise de sol,
acousticiens, paysagistes...)
La Synthèse
Ces différents acteurs, bien qu’indépendamment mandatés par le maitre d’ouvrage,
travaillent conjointement afin d’élaborer le projet de construction.
(ANNEXE 3 : Principe de coordination BIM, Yvon Chabot)
L’environnement normatif c.
Les textes de loi, règlements, et normes concernant l’acte de construire et tout
l’environnement de projets ; de la conception à la réception ; sont répertoriées par la
Régie du Bâtiment du Québec (RBQ).
3. Présentation de la profession d’Economiste au Québec
Les associations professionnelles a.
L’Institut Canadien des Economistes en Construction (CIQS)
« L’Institut canadien des économistes en construction (ICÉC) est « l’organisme
d’autoréglementation professionnel qui établit les normes pour l’économie de la
construction au Canada ». Il favorise la croissance professionnelle des individus
membres dans le domaine de l’économie de la construction et règlemente les
appellations d’économiste en construction agréé (ÉCA) et d’estimateur en
construction certifié (ECC). »
« Les objectifs principaux de l'ICÉC sont :
De promouvoir et de faire progresser le statut professionnel des économistes en
construction au Canada en vue d'adopter les normes les plus élevées qui soient
7 Arpenteur : Equivalent du Géomètre en France
B. Gaudin, le 13.09.2013
29
en matière de compétence et d'intégrité afin d'assurer la protection du public dans
toutes les questions touchant la profession;
D'établir et de maintenir un lien entre les sociétés reconnues par l'Institut
canadien des économistes en construction en tant qu'associations affiliées et de
les représenter ainsi que leurs membres, dans toutes les préoccupations ou
questions d'intérêt national et international liées à la profession;
D'adopter, de maintenir et de coordonner – en lien avec les associations affiliées
– les normes les plus élevées qui soient en matière de compétence et d'intégrité
pour tous ses membres au moyen de programmes de formation et de
perfectionnement professionnel équivalents;
De collaborer avec d'autres professions et organismes dans l'intérêt de l'industrie
de la construction à l'échelle nationale et internationale. »
(Source ciqs.org)
L’Association Canadienne des Economistes en Construction
L’Association canadienne des économistes en construction (ACÉC) est l’Association
qui représente les entreprises membres offrant des services en économie de la
construction.
« Objectifs de l’ACÉC :
Accroître la visibilité des entreprises en économie de la construction au Canada
Améliorer la communication et le partage d’informations avec les entreprises
membres et les partenaires de l’industrie
Maintenir des relations saines et fructueuses avec les groupes du secteur public
et privé au nom des entreprises membres
Surveiller et intervenir dans les tendances et les menaces concernant l’industrie,
surtout en matière de règlements et de politiques d’approvisionnement
Identifier et développer de nouveaux marchés pour l’industrie des économistes en
construction au Canada »
(Source aaecq.org)
Les titres délivrés par l’ICEC b.
L’ICEC délivre les statuts d’ECA et ECC au terme de :
Une étude du Curriculum du candidat
Une suite d’examens appropriés au titre visé
Une période minimale de 2 ans d’exercice de la fonction demandée sur le sol
canadien.
Economiste en Construction Agrée (ECA)
Le titre ECA s’apparente à la fonction de l’Economiste de maitrise d’œuvre en
France. Cependant, il n’est pas limitatif, et l’ECA peut tout à fait exécuter des
B. Gaudin, le 13.09.2013
30
missions pour le maitre de l’ouvrage, ainsi que pour l’entrepreneur.
ANNEXE : Liste des missions que peut exécuter un ECA
Estimateur en Construction Certifié (ECC)
Le titre ECC s’apparente à la profession de technicien en étude de prix en France.
Alors qu’en France, il agit rarement en phase de travaux, l’ECC peut tout à fait y
participer.
« Un estimateur en construction certifié peut exécuter les fonctions suivantes :
établir le prix et préparer les documents officiels de soumission d'appels d'offres;
gérer, administrer et coordonner tous les types de projets de construction;
mener les négociations antérieures aux demandes de soumissions avec les sous-
traitants et les fournisseurs;
négocier les contrats avec les propriétaires;
vérifier que les paiements aux sous-traitants et aux fournisseurs soient effectués;
établir le prix et négocier les ordres de modification;
préparer les états d'avancement des travaux de construction;
préparer une estimation des coûts et les demandes de paiement sur une base
mensuelle ainsi qu'enregistrer les prix unitaires définitifs qui serviront dans les
bases de données de référence.
Un estimateur en construction certifié possède une connaissance détaillée et
approfondie du domaine de la construction et des méthodes de construction afin de
pouvoir établir des prix, administrer, négocier et analyser les différentes étapes,
méthodes et types de construction.
Un estimateur en construction certifié peut choisir de se spécialiser dans le domaine
mécanique ou électrique, mais tous doivent posséder une connaissance pratique des
éléments de conception et des aspects pratiques du domaine choisi. »
(Source ciqs.org)
L’économiste consultant en pratique privée c.
Les cabinets d’économistes indépendants semblent relativement rares au Québec.
En effet, en phase de Réalisation, les estimations des corps d’états architecturaux et
techniques sont établies par les professionnels. Ainsi, les bases de données de
coûts qui permettent d’établir des ratios ne sont pas accessibles aux autres
intervenants (comme les consultants en coûts). Selon ce raisonnement,
l’établissement d’une base de données de prix est théoriquement impossible pour les
consultants en coûts.
Cependant, dans la réalité, le consultant connait les pratiques de coûts des
entrepreneurs. Par ailleurs, il peut faire appel à des fournisseurs de bases de
données de prix qui disposent de données récentes (les équivalents de Batiprix en
B. Gaudin, le 13.09.2013
31
France), ou encore des indices publics publiés par le gouvernement du Canada
(Statcan par exemple).
Par ailleurs, le consultant en coûts utilise le système UNIFORMAT (couplé à
MASTERFORMAT) qui lui permet d’établir des bases de données et d’appliquer des
ratios suivant une méthode standardisée.
1 DIVISION 03 BÉTON 1 127 824
1.1 05 10 - Béton coulé en place (Version abrégée)**
283 851
1.1.1 Béton B20 (Béton de propreté) 100mm
M3
1.1.2 Béton B25 246,141 M3 145,00 35 690 1.1.3 Béton B30 375,565 M3 155,00 58 213 1.1.4 Béton B32 331,560 M3 160,00 53 050 1.1.5 Béton B35 671,856 M3 165,00 110 857 1.1.6 Béton B40
M3
1.1.7 Dalle sur sol
M2
1.1.8 Dalle de beton
M2
1.1.9 Dalle de beton armé de 225mm
M2
1.1.10 Dalle de beton armé de 250mm
M2
1.1.11 Beton de longrine
M3
1.1.12 Bordure de béton coulé
ML
1.1.13 Mise en place du béton (pompe) : Prix au ml
ML
1.1.14 Mise en place du béton (pompe) : Prix au m3 1 736,079 m3 15,00 26 041
1.2 10 00 - Coffrages pour béton, ouvrages d'étaiement temporaires et accessoires
371 543
1.2.1 Coffrage rives de dalle (au m2) 73,31 m2 125,00 9 164 1.2.2 Coffrage de colonne 109,26 M2 85,00 9 287 1.2.3 Coffrage de colonne circulaire 178,96 M2 55,00 9 843 1.2.4 Coffrage de mur 1 997,53 M2 65,00 129 839 1.2.5 Coffrage de mur hauteur > 3m 2 200,00 M2 85,00 187 000 1.2.6 Coffrage de poutre
M2
1.2.7 Coffrage de semelle
M2
1.2.8 Coffrage de dalle 24,00 M2 85,00 2 040 1.2.9 Coffrage de sous-face
M2
1.2.10 Coffrage de marche
M2
1.2.11 Coffrage empattement 443,09 M2 55,00 24 370
1.3 20 00 - Armatures pour béton 416 587 1.3.1 Armature/kg 177 535,180 KG 2,10 372 824 1.3.2 Armatures Treillis Soudés 753,00 M2 7,50 5 648 1.3.3 Armatures Treillis Soudés Galvanisés 3 176,34 m2 12,00 38 116
1.5 35 00 - Finition de surfaces en béton** 55 842 1.5.1 Béton & Époxy résistant aux produits chimiques
M2
1.5.2 Béton & Peinture Époxy
M2
1.5.3 Béton poli & rabat poussière
M2
1.5.4 Finition de dalle 3 934,20 M2 10,00 39 342 1.5.5 Finition du beton 2 200,00 M2 7,50 16 500 1.5.6 Mise en place et finition
M2
1.5.7 Peinture à Époxy
M2
1.5.8 Plinthe truellée
ML
1.5.9 Ragréage de surface après une démolition
M2
Figure 13: Extrait d’une estimation produite par un économiste consultant au
Québec selon le couplage UNIFORMAT-MASTERFORMAT
B. Gaudin, le 13.09.2013
32
L’estimateur dans les firmes de génie et les cabinets d’architecture d.
Nous l’avons vu, les firmes de génie et d’architecture établissent elles-mêmes leurs
estimations de coûts. Les estimateurs travaillent avec des outils de planification de
coût tels UNIFORMAT-MASTERFORMAT
Ils n’ont pas le devoir de transmettre les quantités à mettre en œuvre aux
soumissionnaires. Cependant, afin de construire une base de données de ratios de
prix unitaires, ils calculent les quantités en interne. Ainsi, tout comme le consultant en
coûts indépendant, ils peuvent réutiliser leurs ratios pour des projets similaires
ultérieurs.
L’estimateur en firme contractante e.
Par essence, les estimateurs en Entreprise Générale maîtrisent leur corps de métier.
Leur fonction est alors tout à fait comparable aux départements d’étude de prix
(départements des estimations) chez les entrepreneurs généraux français.
Par extension, ils doivent pouvoir maitriser les travaux sous-traités aux entrepreneurs
spécialisés. Tout comme les entrepreneurs généraux français, ils mettent en
concurrence les sous-traitants et fournisseurs afin de présenter leur offre globale et
forfaitaire incluant tous les travaux au client final. Au terme de cette mise en
concurrence, l’entrepreneur général appliquera un pourcentage de Frais Généraux
sur l’offre soumise par les sous-traitants et fournisseurs.
Le système québécois, à l’inverse du système français dispose d’un organisme qui
permet de mettre en concurrence les entrepreneurs spécialisés de manière
standardisée et transparente: le BSDQ
Le Bureau des Soumissions Déposées au Québec pour les entrepreneurs
« Recevoir et acheminer des soumissions d'entrepreneurs spécialisés de l'industrie
de la construction, qui œuvrent sur le territoire québécois, afin de permettre aux
entrepreneurs généraux et spécialisés, et ultimement aux propriétaires, de bénéficier
des bienfaits d'une saine concurrence par l'application d'un Code de soumission qui
est le résultat d'une entente intervenue entre trois groupements d'entrepreneurs
d'envergure provinciale :
l’Association de la construction du Québec (ACQ),
la Corporation des maîtres électriciens du Québec (CMEQ)
la Corporation des maîtres mécaniciens en tuyauterie du Québec (CMMTQ) »
(Source bsdq.org)
Résumé
Le BSDQ permet clarifier la relation entre l’entrepreneur général et les entrepreneurs
spécialisés. Les appels d’offres sont lancés par les entrepreneurs généraux de
manière centralisée à travers le BSDQ.
B. Gaudin, le 13.09.2013
33
4. La classification des éléments pour la planification de coûts
Il existe plusieurs normes Nord-Américaines pour l’estimation de coûts de
construction. Suivant la forme du projet, ou les exigences du maitre de l’ouvrage,
l’Economiste choisira de suivre l’une d’elles:
UNIFORMAT II a spécialement été conçue pour la construction. Cette
méthode consiste au découpage des éléments par leur fonction (Poutre, Dalle,
Cloison…). Elle permet la planification de coût depuis la phase d’avant-projet,
jusqu’à la phase de soumission.
Pour la phase d’exécution, il est nécessaire de décomposer ces divisions en
ouvrages élémentaires (Exemple : Poutre->Béton, Acier, Coffrage) afin que
l’entrepreneur puisse chiffrer chaque prestation indépendamment. Dans ce
but, la classification MASTERFORMAT est la norme associée.
La Work Breakdown Structure
La classification OMNICLASS®
Bien que l’on note la pluralité des standards de classification, les normes
UNIFORMAT II et MASTERFORMAT semblent bien plus utilisées que les autres
standards, notamment chez les économistes de l’ICEC.
Le couplage des normes UNIFORMAT II et MASTERFORMAT a.
Présentation
La classification UNIFORMAT II a pris naissance aux Etats Unis par la décision de
l’American Society for Testing and Material (ASTM) d’instaurer et de développer un
standard de classification officiel des éléments de construction à partir de méthodes
déjà connues. La version utilisée aujourd’hui est la Norme ASTM no. E-1557-02,
éditée en 2002.
La planification de coûts s’effectue de la manière suivante :
Analyse des données
Cette étape consiste à rechercher des données d’un projet dont les caractéristiques
sont similaires au projet étudié.
Paramètres de coûts
Les espaces fonctionnels (superficies telles que SHOB et SHON)
L’occupation (la destination de l’ouvrage)
La configuration (nombre de planchers, les hauteurs et les superficies)
Les paramètres de conception (Détermination des performances : CVC, par
exemple ; ou des charges : Dimensionnements structuraux)
Les systèmes spéciaux (capacité portante particulière ou un besoin de
ventilation spécifique)
La localisation géographique (conditions du marché local)
L’échéancier (marge temporelle de réalisation)
B. Gaudin, le 13.09.2013
34
Conception du budget
La planification du coût budgétaire d’un projet exige d’établir dès le départ les
grandes lignes de base de la conception du projet en définissant le contenu
technique et les systèmes du bâtiment envisagé. La conception du budget nécessite
le devis estimatif et l’estimation de coût.
Coût objectif
Le coût objectif est le résultat de l’étude suivant les différents paramètres cités ci-
dessus, donnant lieu au sommaire de coûts.
Le devis estimatif
C’est le modèle des ouvrages du projet, listés par fonction, suivant une classification
clairement définie. Les unités de mesure sont indiquées, au besoin, dans le guide
d’application de la norme. De plus, ce guide permet de connaître la section dans
laquelle sont comptés les différents éléments d’un projet.
Figure 12 : Exemple de Devis Estimatif, extrait de la classification UNIFORMAT
(Détail de niveau 4 pour les Cloisons Intérieures)
Estimation de coûts
C’est l’application d’un ratio de coût pour chaque article du devis estimatif
Sommaire de coûts
L’estimation de coûts associée au devis estimatif donne le sommaire de coûts
Contingences de design
Elles sont liées aux modifications futures faites par les professionnels au cours de la
conception. Quantifiées en « pied de page », celles–ci oscillent entre 5 et 12% en
fonction de la configuration du projet au moment de l’étape concept, jusqu’à
disparaitre complètement en phase finale des Plans et Devis
Frais Généraux
Ce sont les frais appliqués par l’entrepreneur général sur ses sous-traitants. De la
B. Gaudin, le 13.09.2013
35
même manière, ceux –ci oscillent entre 6 et 17% en fonction de la configuration du
projet
MASTERFORMAT pour l’entrepreneur
Présentation
Le répertoire normatif MASTERFORMAT est un ensemble de numéros et de titres,
servant à structurer l’information sur la construction en un ordre ou en une séquence
normalisés. Le répertoire normatif est produit conjointement par le Construction
Specifications Institute (CSI) et Devis de construction Canada (DCC). Le répertoire
normatif comporte 40 divisions. Chacune d’entre elles est subdivisée en sections.
Le Devis Directeur National
Le Devis directeur national (DDN) est un texte exhaustif qui décrit chaque procédure,
produit ou méthode susceptibles d’être utilisés. On peut se servir de cet ensemble de
spécifications pour rédiger le devis d’un projet, en révisant le contenu pour l’adapter
aux exigences particulières de ce projet.
Le Secrétariat du Devis directeur national (SDDN) consulte l’industrie de la
conception et de la construction sur les améliorations techniques à apporter aux
textes et aux spécifications. Il coordonne régulièrement des examens continus de
toutes les sections du DDN afin de les faire évoluer.
Exemple de sous détail suivant MasterFormat :
9 20 00 Plaster and Gypsum Board
9 21 00 Plaster and Gypsum Board Assemblies
9 21 13 Plaster Assemblies
9 21 16 Gypsum Board Assemblies
9 21 16.23 Gypsum Board Shaft Wall Assemblies
9 21 16.33 Gypsum Board Area Separation Wall Assemblies
9 22 00 Supports for Plaster and Gypsum Board
9 22 13 Metal Furring
9 22 13.13 Metal Channel Furring
9 22 13.23 Resilient Channel Furring
9 22 16 Non-Structural Metal Framing
9 22 16.13 Non-Structural Metal Stud Framing
9 22 26 Suspension Systems
9 22 26.23 Metal Suspension Systems
Figure 13 : La décomposition Masterformat (Chapitre 9, Cloisonnement)
On remarque aisément ici que les articles ne sont plus classés par fonction, mais
comme articles élémentaires, auxquels les entreprises contractantes auront
simplement à appliquer un prix unitaire.
B. Gaudin, le 13.09.2013
36
Les autres systèmes de classification b.
Work Breakdown Structure (WBS)
Le WBS a été développé par le Project Management Institute (PMI) est une
décomposition hiérarchique, axée sur les tâches et activités, du travail que l’équipe
de projet doit exécuter pour atteindre les objectifs du projet et produire les livrables
voulus. Celui-ci n’est donc pas spécifique à l’industrie de la construction.
Exemple : (Source gestion-de-projet.org)
« Prenons l’exemple de la construction d’une nouvelle médiathèque municipale, vous
retrouvez ci-dessous les produits et les sous-produits hiérarchisés.
Ainsi, par exemple, la construction des plafonds de la médiathèque est une sous-
tâche de la construction intérieure, tandis que la plomberie et l’électricité sont des
sous-tâches au même niveau hiérarchique sous la tâche “services”. »
Figure 14 : Exemple de décomposition d'ouvrages suivant le WBS (Source :
gestion-de-projet.org)
OMNICLASS
Le système de classification OmniClass (connu sous le nom OmniClass ou OCCS)
est un moyen d'organiser et de récupérer des informations, spécialement conçu pour
l'industrie de la construction. Il semble que ce système ne soit pas incompatible avec
UNIFORMAT et qu’il soit possible d’utiliser alternativement l’un et l’autre. Elaboré
très récemment, son utilisation est a priori largement minoritaire vis-à-vis
d’UNIFORMAT.
La comparaison avec les normes d’estimations françaises c.
Les économistes français ne disposent pas du même accompagnement pour
l’estimation de coûts de construction en comparaison avec leurs homologues
québécois.
B. Gaudin, le 13.09.2013
37
Classification par éléments de fonction puis par article unitaire
Même si l’UNTEC propose une méthode commune pour l’estimation de coûts (la
Méthode UNTEC), celle-ci reste marginalement utilisée par les économistes.
De plus la décomposition ultérieure en articles unitaires (type MASTERFORMAT)
pour la consultation des entrepreneurs ne bénéficie pas de cadre clair normalisé par
l’UNTEC.
Les contingences
Dans le système français, l’économiste s’engage sur un prix dès la phase APD. Son
estimation ne comporte souvent pas d’article « Aléas ».
En effet, son estimation est basée sur une conception fixée. De plus, par essence,
cette estimation ne tient pas compte des modifications futures éventuelles voulues
par le maître d’ouvrage.
Dans la majeure partie des cas, ce prix fixé ne devra pas être dépassé de plus de
2% au moment de la diffusion du DCE.
Ceci oblige donc les économistes à majorer soit les prix unitaires soit les quantités
afin de conserver une marge de sécurité à cette phase du projet. Cette imprécision
n’est donc pas « transparente ».
Selon UNIFORMAT, les contingences sont listées, et des tableaux (notamment pour
les contingences de design et de frais généraux) sont disponibles afin de permettre à
l’économiste de situer son projet. Ces contingences sont élevées (entre 6 et 15% du
coût total pour chacune d’entre elles) ce qui a pour inconvénient une imprécision
directement visible.
Mais dans les deux méthodes il subsistera toujours une imprécision, qu’elle soit
clairement définie en pied de page (UNIFORMAT), ou comptée à l’intérieur de
chacun des articles de prix (Estimations françaises).
5. Analyse de l’évolution du métier au Québec
Les statistiques et indicateurs prévisionnels de la construction a.
Selon une étude réalisée par deux étudiants d’HEC Montréal (La performance
économique de l’industrie de la construction au Québec, Deslauriers Jonathan et
Gagné Robert, HEC Montréal), l'industrie de la construction a connu un essor
considérable depuis le début des années 2000. Au cours de cette période, la part
relative de l'industrie de la construction dans l'économie du Québec a augmenté de
manière importante alors qu'en moyenne, les autres industries productrices de biens
ont vu leur importance relative dans l'économie diminuer. L'augmentation de l'activité
dans l'industrie de la construction semble s’expliquer par le programme
d'investissement en infrastructures publiques des gouvernements provincial et
fédéral.
Selon les estimations de l’étude, les coûts unitaires de main-d'œuvre dans l'industrie
B. Gaudin, le 13.09.2013
38
de la construction ont progressé moins rapidement au Québec qu'ils ne l'ont fait en
Ontario ou en moyenne au Canada.
La collusion dans les marchés publics b.
La commission Charbonneau
La Commission d'Enquête sur l'octroi et la gestion des contrats publics dans
l'Industrie de la Construction (CEIC) a été décrétée le 19 octobre 2011 pour un
mandat de 2 ans, dans le but « d'alimenter la preuve, de faire connaître les
stratagèmes de corruption et de collusion, de protéger les témoins et les victimes et
d'assurer de meilleures pratiques dans l'avenir».
Le mandat de la commission porte sur les points suivants :
« - d'examiner l'existence de stratagèmes et, le cas échéant, de dresser un portrait
de ceux-ci qui impliqueraient de possibles activités de collusion et de corruption dans
l'octroi et la gestion de contrats publics dans l'industrie de la construction incluant
notamment les organismes et les entreprises du gouvernement et les municipalités,
incluent des liens possibles avec le financement des partis politiques
- de dresser un portrait de possibles activités d'infiltration de l'industrie de la
construction par le crime organisé
- d'examiner des pistes de solution et de faire des recommandations en vue d’établir
des mesures permettant d’identifier, d’enrayer et de prévenir la collusion et la
corruption dans l’octroi et la gestion des contrats publics dans l’industrie de la
construction ainsi que l’infiltration de celle-ci par le crime organisé. »
(Source : Site internet de la Commission d’Enquête sur l’Octroi et la Gestion des
Contrats Publics au Québec)
La commission a mis au jour la collusion notamment entre partis politiques québécois
et firmes de Génie Conseil. De la même manière, elle a montré l’influence
d’entrepreneurs locaux dans l’attribution des contrats de construction.
Elle a permis d’incriminer très récemment plusieurs dizaines de personnalités,
incluant :
des ingénieurs au sein de firmes de Génie
des personnalités politiques
ainsi que des entrepreneurs
Les conclusions sont que les coûts de construction (Bâtiment et Civil) étaient
« majorés d’environ 30% dû aux pots de vin et appels d’offres truqués. »
L’UPAC
L’Unité permanente Anticorruption (UPAC) est une organisation gouvernementale
visant à lutter contre le trafic d'influence, la corruption et la collusion. Fondée en
février 2011, l'unité vise à coordonner les efforts de l'opération Marteau (Sûreté du
Québec et Service de police de la Ville de Montréal), de l'équipe de vérification
B. Gaudin, le 13.09.2013
39
contractuelle du ministère des Affaires municipales, de l'escouade de lutte contre la
malversation et la corruption de Revenu Québec, de l'unité anticollusion du ministère
des Transports, d'enquêteurs à la Régie du bâtiment du Québec ainsi que
d'inspecteurs de la Commission de la construction du Québec.
Loi sur l’intégrité en matière de contrats publics Le projet de loi modifie la Loi sur les contrats des organismes publics afin de
renforcer l’intégrité en matière de contrats publics.
À cette fin, le projet de loi propose un système permettant que les entreprises qui
désirent contracter avec un organisme public satisfassent aux conditions d’intégrité
requises.
Ainsi, une entreprise qui voudra conclure un tel contrat devra obtenir de l’Autorité des
Marchés Financiers (AMF) une autorisation à cet effet. L’Autorité pourra refuser
d’accorder l’autorisation si elle considère que la confiance du public est affectée en
raison du manque d’intégrité de l’entreprise, d’un de ses associés, d’un de ses
administrateurs ou d’un de ses dirigeants ou encore d’une personne ou société qui
en a, directement ou indirectement, le contrôle juridique ou de facto.
Le projet de loi prévoit également que l’autorisation sera valable pour une durée de
trois ans.
La liste noire des entreprises bannies des contrats publics
Ainsi, l’AMF a récemment inscrit de nombreuses entreprises sur une liste noire qui
les empêche de répondre aux appels d’offres publics d’un montant supérieur à 100
000 dollars canadiens.
Cette procédure à double tranchant a récemment montré quelques limites. En effet
d’importants groupes implantés localement se sont retrouvés interdits de marché
publics car ils étaient cités par les commissions d’enquête.
Même si les personnalités incriminées à l’intérieur de ces entreprises ont été
renvoyées par leur employeur, les entreprises concernées ont tout de même subi
l’interdiction de soumissionner.
Ainsi plusieurs groupes de génie-conseil et de construction d’envergure (Dessau,
Verreault et certaines entités de SNC Lavalin par exemple) qui totalisent plusieurs
milliers d’emplois au Québec n’ont plus la possibilité de répondre à des appels
d’offres publics ni même de poursuivre leurs chantiers en cours.
L’AMF a donc été contrainte d’établir des exceptions afin de ne pas obliger les
entreprises à licencier massivement leurs salariés, ou dans d’autres cas, l’urgence
du choix d’une firme de génie pour le déroulement de projets particuliers.
Ainsi, les firmes SNC Lavalin et BPR ont récemment été adjudicataires d’un contrat
de supervision de travaux pour le compte de la ville de Montréal.
Le maire par intérim de Montréal, Laurent Blanchard a convoqué les médias afin
d’expliquer la décision :
«Il y a d'une part le sentiment d'urgence, et de l'autre l'intégrité. On verra s'ils
passent au conseil municipal» (Extrait de La Presse, le 7 aout 2013)
B. Gaudin, le 13.09.2013
40
Une volonté toute récente de proposer le prix juste de consultation
Les conséquences du travail de la commission Charbonneau et de l’UPAC sont que
les coûts de prestation des firmes de génie conseil ont nettement baissé
dernièrement.
La ville de Montréal dit observer une baisse de « 20 à 33% » des coûts de
consultation des firmes de génie depuis 2011. Dans le cadre d’un appel d’offre lancé
par la ville de Montréal, le journal La Presse a publié une interview du Maire, qui
s’exprimait quant à l’appel d’offre lancé pour la mission de conception du projet :
«On l'a dit à maintes reprises: l'histoire nous enseigne que la Ville de Montréal paye
moins cher depuis les années 2011 et 2012 selon Laurent Blanchard, Maire de
Montréal. […] L'attribution des contrats aux firmes SNC-Lavalin et BPR vient à
nouveau démontrer la chute marquée du coût des travaux de génie depuis la mise
en place de l'Unité permanente anticorruption (UPAC) et de la commission
Charbonneau. Les deux firmes ont remporté l'appel d'offres en proposant de faire le
travail pour une somme représentant moins de la moitié de l'estimation municipale »
(Extrait de La Presse, 8 aout 2013)
La Ville analyse cette baisse de coûts par une volonté des firmes de génie de se
« racheter » auprès des donneurs d’ordre publics :
« Le maire Laurent Blanchard estime que les deux firmes semblent avoir déposé des
soumissions «agressives» pour remporter l'appel d'offres. […] Pour expliquer le prix
peu élevé demandé par les deux firmes de génie, la Ville indique que le taux horaire
soumis par SNC-Lavalin est nettement inférieur au taux du marché, peut-on lire dans
le document présenté hier aux élus. Le taux horaire est inférieur de 27% au taux
habituel. »
(Extrait de La Presse, 8 aout 2013)
Les enjeux futurs du métier d’économiste en construction au Québec c.
Le point de vue de l’ICEC
Jean Paradis, président de la section québécoise de l'Institut canadien des économistes
en construction s’est exprimé auprès du journal La Presse sur la conjoncture actuelle
dans l’industrie de la construction, le 14 juin dernier.
Le processus d’appel d’offre trop rapide
«On va trop vite en appel d'offres dans bien des projets. Aussi, on néglige la planification
et la gestion de coûts en omettant de recourir à des professionnels en la matière, comme
ça se fait ailleurs au Canada»
Le besoin de certification des acteurs auprès de l’ICEC
« Dans ce contexte, Jean Paradis estime à propos de promouvoir la certification en
planification budgétaire et financière de la construction qui est administrée par l'Institut.
B. Gaudin, le 13.09.2013
41
Cette certification cible surtout les ingénieurs, architectes et techniciens en bâtiment et
en infrastructures. »
La culture du plus bas soumissionnaire
« Entre autres, Jean Paradis montre du doigt la «culture du plus bas soumissionnaire»
dans les projets publics, qui se résume souvent à l'embauche obligatoire de
«l'entrepreneur qui s'est le plus trompé» dans sa planification budgétaire. Cette culture,
«qui n'existe pas ailleurs qu'au Québec», aurait favorisé la collusion et la multiplication
des «avenants» en phase de réalisation »
Les surcoûts de la convention collective en construction
« Par ailleurs, comme professionnel en budget de construction, Jean Paradis déplore les
surcoûts provoqués au Québec par une convention collective en construction qui est
devenue beaucoup trop complexe et tatillonne. »
Evolutions possibles du métier de consultant en coûts au Québec
Il est essentiel de préciser que la section ci-dessous n’a pas du tout pour but de
réformer le système québécois de conception de projet.
Même si le système français a souvent été mis en opposition dans les paragraphes
précédents, il n’est en aucun cas meilleur ou mieux adapté.
Cependant, il est possible d’analyser le système actuel afin de proposer des pistes
de réflexion pour l’évolution du métier. La collusion qui a été mise au jour au cours
des deux dernières années est à même de donner une importance aux consultants
en coûts indépendants dans un futur proche au Québec.
Tout d’abord, rappelons que la mission principale du consultant en coûts est de
satisfaire les besoins du maître d’ouvrage en établissant une estimation adaptée des
coûts de construction de son projet. C’est son expertise globale de l’art de construire
qui lui permet d’en faire l’analyse technique préalable.
Une certification de la profession : le gage de qualité
Les certifications (ECC et ECA) auprès du CIQS sont le résultat du couplage de :
la formation initiale (CEGEP et Universités) en gestion de coûts de la construction
une série d’examens établis par le CIQS
une période d’exercice de la profession sur le sol canadien (2 ans minimum)
avant l’attribution du titre
Ainsi, même si il est aujourd’hui possible d’exercer la profession en dehors de ce
cadre, il est difficile de prouver ses compétences en économie de la construction
sans être accrédité par le CIQS.
L’utilisation de normes complètes pour l’élaboration de budgets et des estimations de
coûts
Le consultant en coûts peut faire valoir sa maitrise des méthodes très développées et
B. Gaudin, le 13.09.2013
42
standardisées d’estimation de coûts (notamment le couplage UNIFORMAT-
MASTERFORMAT) qui peuvent être utilisées par tous les intervenants d’un projet,
du maitre d’ouvrage, à l’entrepreneur spécialisé.
Les limites du statut actuel du consultant en coûts indépendant…
La mission de consultant en coûts n’est pas obligatoire dans le déroulement d’un
projet, les estimations étant réalisées par les professionnels.
Aujourd’hui l’économiste consultant mandaté par le maitre d’ouvrage réalise son
étude de coûts suivant les plans techniques et architecturaux à un instant donné
dans le processus de conception.
Le consultant en coûts n’a a priori pas le pouvoir de proposer des solutions
techniques, mais simplement de chiffrer les prestations suivant les choix des
professionnels.
Du fait que les professionnels sont mandatés individuellement par le maitre
d’ouvrage et qu’ils ne constituent pas une équipe « en tant que tel », ils sont réticents
à fournir l’intégralité de leur travail et d’informer l’économiste des éventuels
changements durant la conception.
La conséquence est que l’économiste relève donc des imperfections qui peuvent
avoir été réglées entre le moment où il reçoit les éléments et le moment où il
présente les résultats de son étude.
De cette manière, son étude n’est que partiellement correcte car elle n’est pas mise à
jour conjointement avec les professionnels.
…un statut qui peut évoluer
En revanche, le consultant en coûts indépendant pourrait se permettre d’intégrer le
processus de conception afin d’apporter son point de vue global de l’art de
construire.
Il devrait alors se rapprocher à la fois de l’architecte et des ingénieurs pour exécuter
sa mission. Il aurait donc un accès complet au projet qui lui permettra d’en tirer les
quantités associées.
Il aurait intérêt à conserver son indépendance, c’est-à-dire toujours être mandaté par
le maitre d’ouvrage, ce qui lui permettrait de confronter son point de vue avec les
professionnels (architectes et ingénieurs) sur « un pied d’égalité ».
En somme, Il reprendrait en quelque sorte le rôle du gestionnaire de projet, pour les
aspects économiques de ses missions.
Le processus BIM, vecteur de la coopération pour les concepteurs
L’utilisation de logiciels BIM (CAO et logiciels de métrés) devrait faciliter son
intégration dans l’équipe de conception. Le transfert d’information à travers les
fichiers IFC bientôt universels permettra la lecture et l’interprétation de données en
vue de l’élaboration des budgets de construction conjointement avec tous les
concepteurs.
La transmission des quantités aux soumissionnaires
Alors qu’il revendique une compétence de métreur, il aurait même la possibilité de
B. Gaudin, le 13.09.2013
43
s’engager personnellement sur les quantités calculées. Ainsi, les architectes et
ingénieurs qui ne prennent pas aujourd’hui la responsabilité de les transmettre
pourraient s’appuyer sur l’économiste.
Comme c’est déjà le cas, il présenterait l’estimation aux entrepreneurs au moment de
la soumission selon le cadre MASTERFORMAT. Il y associerait les quantités à
mettre en œuvre, ainsi que les unités selon le livre : Method of Measurement of
Construction Works (édité par le CIQS)
Ceux-ci, même s’ils s’engagent sur un montant global et forfaitaire, chiffreraient alors
leurs prestations sur la base de quantités identiques.
La sélection des soumissionnaires à travers l’analyse des offres
Enfin, on peut imaginer l’apparition du concept d’offre « mieux-disante » qui associe
un mémoire technique aux offres commerciales des soumissionnaires.
Il serait alors nécessaire que la mission d’analyse technique des offres soit attribuée
soit au gestionnaire de projet, soit au consultant en coûts.
6. Bibliographie
Perspectives sectorielles 2012-2014, Région du Québec (Sylvain Laurendeau,
économiste régional principal, Service Canada)
La performance économique de l’industrie de la construction au Québec
(Deslauriers, Jonathan et Gagné, Robert, HEC Montréal)
https://www.ceic.gouv.qc.ca/la-commission/mandat.html
Le Bureau des Soumissions Déposées du Québec: Conséquences économiques
(Claude Fluet, 2003)
Institut Canadien des Economistes en Construction (http://www.ciqs.org/)
Association canadienne des économistes en construction (http://cacqs.ca/fr/)
Planification du coût budgétaire d’un projet d’immobilisations (Yvon Chabot, Bâtir
en Santé, Numéro 2 Volume 4, avril 2004)
Application de la norme UNIFORMAT II pour la planification de coût (Yvon
Chabot, Cours de Planification des coûts de construction, ETS Montréal, 2006)
Processus d’élaboration d’un projet de construction (Direction des
immobilisations, 2005)
Analyse comparative du système de construction français et canadien (Morvan
Dishaw, 2004)
Liste des services et honoraires recommandés (ICEC, 2006)
L’utilisation du BIM pour la gestion de projet et de coût (Yvon Chabot, Congrès de l’ICEC, 2013)
Guide d’application de la norme UNIFORMAT II pour les budgets de construction (Yvon Chabot, Editions TRAFFORD, 2004)
B. Gaudin, le 13.09.2013
44
Conclusions générales du stage et perspectives futures
Les outils utilisés par Stéphane Le Roy lui permettent de réaliser ses missions de
prescription et de quantification avec un niveau de détail adaptable à chaque projet.
Par ailleurs son intégration au système canadien lui permet d’utiliser les différents
systèmes et de tirer les avantages de chacun des deux.
En ce qui me concerne, j’ai eu une prise de responsabilités croissante au cours de
ces 4 mois. Les différentes tâches qui m’ont été confiées m’ont permis de me rendre
compte de l’importance des métrés pour l’estimation de coûts. Par ailleurs,
l’utilisation de logiciels dans une démarche BIM telle que celle effectuée par
Stéphane Le Roy m’a permis de me rendre compte de l’importance croissante de ces
méthodes du point de vue de l’économiste indépendant.
Aujourd’hui, j’ai pour projet de travailler pendant une certaine période au Québec.
J’ai pour objectif de devenir membre du CIQS, en travaillant au sein d’un
département d’estimations. Je n’ai pas de préférence en ce qui concerne le type de
firme (Génie-conseil, consultant en coûts, gestionnaire de projet ou entrepreneur). Je
suis persuadé qu’une opportunité dans de telles firmes me permettra de mettre en
application les connaissances acquises au long de ma formation.
B. Gaudin, le 13.09.2013
47
2. Processus d’élaboration d’un projet de construction (Direction
des immobilisations, 2005)
B. Gaudin, le 13.09.2013
48
3. Principe de coordination BIM (Yvon Chabot ECA, Présentation
sur le BIM, 17.06.2013)
B. Gaudin, le 13.09.2013
50
4. Liste des services potentiels offerts par un Economiste en
Construction Agrée (ICEC, 2005)
Consultation en coûts, y compris :
Études de faisabilité et estimations conceptuelles ;
Élaboration de budgets de projet ;
Planification de coûts/estimations pour contrôle de coûts (soit en format par
éléments ou par corps de métier) ;
Assemblage de documents de soumission ;
Analyse des soumissions et sélection de l'entrepreneur ;
Analyse des coûts par fonction ;
Vérification et recommandation des paiements progressifs de projets ;
Vérification et négociation des ordres de changement et des réclamations
contractuelles.
Monitoring de prêts hypothécaires, y compris :
Analyse et vérification du budget de projet pour s'assurer que ce dernier est
adéquat pour achever le projet;
Analyse des demandes de déboursement et vérification des coûts encourus ;
Vérification des paiements de l'emprunteur hypothécaire.
Analyse de la valeur, y compris :
Analyse du programme du projet, du design et des estimations des coûts ;
Fournir les services d'animateur pour les ateliers d'analyse de la valeur ;
Évaluation des procédés et des composantes ;
Préparations des recommandations.
Analyse et calcul du coût global, y compris :
Calcul du coût global ;
Actualisation du flux monétaire ;
Analyse de la sensibilité.
Autres services :
Études pour les fonds de réserve et rapports sur les coûts pour achever les
travaux ;
Rapports sur l'état des propriétés ;
Analyse de risques ;
Évaluation des coûts de remplacement pour les compagnies d'assurance ;
Gestion de projets ;
Échéanciers de projets ;
Gestion de la construction ;
Flux monétaire de construction et de projet ;
Médiation