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JOURNAL D’INFORMATION DU CENTRE CHORÉGRAPHIQUE NATIONAL D’AQUITAINE EN PYRÉNÉES ATLANTIQUES MALANDAIN BALLET BIARRITZ JUILLET > SEPTEMBRE 2009 PAGE 3 PAGE 4 PAGE 7 PAGE 9 PAGE 10 PAGE 11 PAGE 12 ÉDITO CARMEN L ’ AMOUR SORCIER LE SANG DES ÉTOILES DANSE À BIARRITZ #38 PRESSE EN BREF FESTIVAL CALENDRIER Nathalie Verspecht & Cédric Godefroid, Carmen photo Olivier Houeix

MALANDAIN BALLET BIARRITZ JOURNAL …malandainballet.com/assets/numero/n43.pdf · L’ AMOUR SORCIER LE SANG DES ÉTOILES DANSE À BIARRITZ #38 PRESSE EN BREF FESTIVAL CALENDRIER

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ÉDITO

CARMENL’ AMOUR SORCIER

LE SANG DES ÉTOILES

DANSE À BIARRITZ #38

PRESSE

EN BREF

FESTIVAL

CALENDRIER Nathalie Verspecht & Cédric Godefroid, Carmen • photo Olivier Houeix

EDITO

S ous l’influence d’évènements ayant marqué le Pays basque, la prochaine édition du festi-

val Le Temps d’Aimer, conçue de pair avec l’équipe de Biarritz Cul-ture pourrait s’intituler : « Quand le diable mène la danse ! » ou « Dé-mons et merveilles ! » tant danse et sorcellerie font ici bon ménage. A preuve, en juillet 1609, envoyé pour « purger le pays de tous les sorciers et sorcières sous l’emprise des démons » Pierre de Lancre, con-seiller au parlement de Bordeaux, condamnait au bûcher près de six cents personnes, accusant certaines de se livrer à des danses sabbati-ques. On se souvient aussi qu’en juillet 1949, la première édition du festival du Film Maudit de Biarritz, lancée par Jean Cocteau, couronnait L’Initiation à la danse des possédés de Jean Rouch.

Art favorisant l’expression des sen-timents exubérants du cœur et de l’âme. Art de l’envoûtement, de l’enchantement et de la passion, la danse dont on a stigmatisé la per-version en arguant qu’elle faisait la part belle au diable est avouons-le, avant d’être « arder et brancher », un art que Biarritz idolâtre. C’est pourquoi, du 11 au 20 septem-bre 2009, à force de cueillettes d’herbes propres aux maléfices, la

danse sera en ébullition dans les chaudrons. L’occasion d’applaudir une multitude d’artistes engraissés pour l’Enfer, dont certains rares en France, à l’instar des chorégraphes : Stephan Thoss, Crystal Pite, Paul Li-ghtfoot, Sol León, Christian Spuck, Joost Vrouenraets, Mauro de Can-dia, Clark Tippet, Stanton Welch, Tim Rushton ou encore Jon Maia. Auprès de Mats Ek, Jirí Kylián, My-riam Naisy. Luc Petton, Carlotta Iké-da, Kader Attou, Hamid Ben Mahi, Bruno Pradet, Christine Grimaldi, Pierre-Johan Suc, Billy Cowie, Hervé Koubi, Claude Brumachon, Enrico Tedde, Michel Kelemenis et Kirsten Debrock, ils allumeront le feu de la concupiscence.

La compagnie sera absente de ce rassemblement capable de faire succomber l’innocence. Puisque ne travaillant qu’à se perdre, nos danseurs se rendront en Amérique Latine. Emportant Le Sang des étoi-les, dont les airs flattent les oreilles et enflamment les cœurs. Aupara-vant nous aurons célébré les forces vitales de la danse au Canada. Mais aussi à Biarritz avec deux program-mes dont Carmen, porté par le Szy-manovski Quartet. Une promesse de rêves, avant une saison « formi-diable » (1) !

■ Thierry Malandain, juin 2009

Une saison

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(1) Dieu est formidiable ! Jacques Prévert (Soleil de nuit)

formidiable !

en librairie

Format : 22x24 cm, 160 pagesISBN : 978-2-7588-0185-6

Prix : 20 € TTC

« Une analyse précise autant que chaleureuse des créations de Thierry Malandain. »

■ Danse, Sylvia Chaban

« L’itinéraire d’un chorégraphe talentueux conté avec minutie par Jacqueline Thuilleux. »

■ Le Figaro Magazine, François Deletraz

« Voici un livre d’une infinie élégance (si rare dans le monde de la danse) qui ouvre toutes grandes les portes d’un savoir chorégraphique tel qu’il se décline aujourd’hui pour quelqu’un qui sait innover sans renier le passé. »

■ Ballet 2000, Sonia Schoonejans

CoproductionGrand Théâtre de Luxembourg, Teatro de Sant-Cugat, Opéra Théâtre de Saint-Etienne, Grand Théâtre de Reims, L’Onde de Vélizy-Villacoublay, Teatro Victoria Eugenia de San Sebastian, Opéra de Vichy, Teatro Arriaga de Bilbao, Centre Chorégraphique National d’Aquitaine en Pyrénées-Atlantiques Malandain Ballet Biarritz.

CARMENL’ AMOUR SORCIER

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Avec un sens aigu de la dramatur-gie et de la scénographie, Thierry Malandain recentre l’action sur ce rituel d’amour et de mort ima-giné par Prosper Mérimée. Mais au rouge de rigueur quand il s’agit d’évoquer la passion destructrice, il substitue le jaune, sur fond noir, bien évidemment. D’intenses scè-nes d’ensembles interprétées par une compagnie flamboyante enca-drent les duos à la fois sensuels et vigoureux, à commencer par celui de la chambre qui ne démérite en rien comparé à celui - légendaire -de Roland Petit.

■ 24 heures de Lausanne, Jean-Pierre Pastori, janvier 2009

Enchâssée dans une surprenante et magnifique scénographie, cette œuvre s’engouffre dans les émo-tions suivant un processus perméa-ble, un sens et un contenu drama-tique dans lequel les protagonistes de l’histoire se voient multipliés sur scène produisant un effet très émouvant. La lumière à la fois ori-ginale et juste enveloppe pour sa part à la perfection des séquences chorégraphiques d’un contenu es-thétique remarquable et de grande valeur expressive.

■ El Diario Vasco, Ana Remiro, mai 2008

Musique Franz Schubert Chorégraphie Thierry MalandainDécor et costumes Jorge GallardoConception lumière Jean-Claude AsquiéRéalisation costumes Véronique Murat

Avec la participation du Szymanowski Quartetcomposé de Andrej Bielow, Grzegorz Kotow, Vladimir Mykitka et Marcin Sieniawski

CARMEN

20h30 Gare du Midi

Musique Manuel de Falla Chorégraphie Thierry MalandainDécor et costumes Jorge GallardoConception lumière Jean-Claude AsquiéRéalisation costumes Véronique Murat

L’ AMOUR SORCIER

20h30 Gare du Midi

Le 23 juillet 2009 à 21h à la Gare du Midi Direction artistique : Jean-Lucien Massot

Dans le cadre de l’Académie «Bournonville à Biar-ritz», ACG Productions et Entractes Organisation, en collaboration avec Malandain Ballet Biarritz ac-cueillent des étoiles et des solistes du Ballet royal danois avec en ouverture La Mort du cygne de Thierry Malandain.

ProgrammeLa Mort du cygne / Camille Saint-Saëns - Thierry MalandainApollon Musagète / Igor Stravinski – Georges Ba-lanchine Triplex / Jean-Sébastien Bach – Tim Rushton Les Bras de mer / Yann Tiersen - Petr Zuska The Wish / Joseph Canteloube - Stanton Welsh 10 To Hyper M / Wolfgang Amadeus Mozart - Jorma Elo La Fête des fleurs à Genzano / Edvard Helsted - Auguste Bournonville Napoli Tarentelle / Holger Simon Paulli - Auguste Bournonville

Renseignements au 05 59 22 44 66

BilletterieOffice du Tourisme de Biarritz Javalquinto, Square d’Ixelles 64200 Biarritz Réservations tous les jours au 05 59 22 44 66 www.biarritz.frTicketnet / Virgin-Leclerc www.ticketnet.frTél. 0 892 390 100 (0,34 €/min)France Billet / Fnac-Carrefour- Géantwww.fnac.comTél. 0 892 683 622 (0,34 €/min)

ETOILES ET SOLISTES DU BALLET ROYAL DANOIS

À BIARRITZ 9 AOÛT 2009

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Cédric Godefroid & Miyuki Kanei, L’Amour sorcier • photo Olivier Houeix

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Le Sang des étoiles s’ouvre par une dynamique marche de Strauss, qui permet d’admirer l’impeccable discipline du Ballet Biarritz, dans un ingénieux divertissement aux purs dessins géométriques mis en valeur par les superbes costumes du chilien Jorge Gallardo. Costu-mes encore plus somptueux pour illustrer Le Beau Danube Bleu, avec tous les danseurs, hommes et femmes, en crinolines très origi-nales, également noires et bleues. Ces grands ensembles classique al-ternent avec des scènes plus origi-nales, soli, duos sensuels un genre où le chorégraphe excelle – et trio, sur sept mélodies de Mahler, et qui mettent en scène les amours de Zeus et Callisto, magnifiquement incarnés.

■ Le Figaro, René Sirvin, septembre 2004

Musique Mahler, Strauss, Waldteufel, Lanner et Minkus Chorégraphie Thierry MalandainDécor et costumes Jorge GallardoConception lumière Jean-Claude AsquiéRéalisation costumes Véronique Murat

LE SANG DES ÉTOILES

20h30 Gare du Midi

Billetterie

Office du Tourisme de Biarritz Javalquinto, Square d’Ixelles 64200 Biarritz Réservations tous les jours tél. 05 59 22 44 66 www.biarritz.fr

Ticketnet / Virgin-Leclerc tél. 0 892 390 100 (0,34 €/min)www.ticketnet.fr

France Billet / Fnac-Carrefour - Géanttél. 0 892 683 622 (0,34 €/min)www.fnac.com

Informations

Ballet Biarritztél. 05 59 24 67 19

Avec Ione Miren Aguirre, Véronique Aniorte, Giuseppe Chiavaro, Frederik Deberdt, Cédric Godefroid, Aureline Guillot, Mikel Irurzun del Castillo, Miyuki Kanei, Fabio Lopez, Silvia Magalhaes, Arnaud Mahouy, Audrey Perrot, Magali Praud, Thibault Taniou, Nathalie Verspecht, Daniel Vizcayo.Maîtres de ballet Françoise Dubuc, Richard CoudrayRégie générale Oswald RooseRégie lumière Frédéric Eujol, Christian GrossardRégie plateau Chloé Breneur, Régie son Jacques VicassiauTechnicien Plateau Son Gilles UrrutiaRégie costumes Karine Prins

Jean Cocteau« Le cinématographe est un moyen admirable de donner corps à des rêves individuels, de permettre à un grand nombre de personnes de participer à des choses secrètes, d’expulser et d’orchestrer de la solitude. Il est bien entendu que par rêves je n’entends pas rêves du sommeil, mais spectacles qui s’or-ganisent dans la nuit de l’homme et que le cinématographe projette en pleine lumière. » écrivait Jean Cocteau, il y a soixante ans comme président de la première édition du Festival du Film Maudit de Biarritz.

Lancé par Henri Langlois et Cocteau, en collaboration avec le marquis Pierre d’Arcangues, ami de longue date du «divin poète», cet événe-ment considéré comme le premier festival du film d’auteur se déroula au Casino Municipal du 29 juillet au 5 août 1949. A l’affiche, Vis-conti, Bresson, Renoir, Grémillon, Vigo et Truffaut par exemple. « Une faune pittoresque inconnue jusqu’ici sur les rivages de la Côte basque » écrit Sud-Ouest. Et, alors que les récompenses ne cessèrent de pleuvoir, le Grand Prix du cours métrage revint à Jean Rouch pour film hissant son auteur à l’avant-

garde du cinéma : L’Initiation à la danse des possédés : retraçant dans un village du Niger, la cérémonie d’initiation d’une femme songhaï à la danse de possession. Animateur de cette avant-garde, Cocteau, dont l’oeuvre immense recouvre de nombreux domaines, fit ses premières armes au cinéma en 1930 avec Le Sang d’un poète. Au générique figurait Pauline Carton, née « dans le noir » à Biarritz. Tra-duisez : à « La Négresse », quartier où elle vit le jour le 4 juillet 1884 (1). Elle tourna avec les plus grands près de deux cent cinquante films, malgré un «physique de pou» (sic). Ajoutant : « Je n’ai jamais pu faire un concours de beauté : on me colle toujours dans le jury. » Né cinq ans plus tard, le 5 juillet 1889, au coeur d’une famille baignant dans le Paris mondain des années folles, Jean Cocteau grandit au rythme des séances musicales, des réceptions données par son grand-père, collectionneur et mélomane dont il hérite le goût de l’art.

Il n’a que neuf ans, lorsque son père se suicide. Il exorcisera ce drame par la création artistique, dessinant, écrivant, se passionnant pour le théâtre et le cirque. A seize ans, il fréquente les cercles artisti-ques parisiens et s’y fait rapidement une réputation de dandy, on le sur-nomme alors le «prince frivole».En 1908, le tragédien, Édouard de Max, fasciné par l’écriture du jeune esthète, organise une lecture de ses poèmes au Théâtre Fémina. L’an-née suivante, Cocteau publie son premier recueil, La Lampe d’Aladin et fonde avec Maurice Rostand la revue Schéhérazade. Durant l’été, il est reçu à Arnaga, « le Versailles basque » des Rostand. Avant cela, il assiste à la première parisienne des Ballets russes. Une véritable révélation. A cette occasion, Misia Sert, mécène à la croisée des arts,

le met en relation avec Serge Dia-ghilev. La rencontre est boulever-sante : « Le premier son de cloche, qui ne se terminera qu’avec ma mort, me fut sonné par Diaghilev, une nuit, place de la Concorde. Nous rentrions de souper après le spectacle. Nijinski boudait, à son habitude. Il marchait devant nous. Diaghilev s’amusait de mes ridicules. Comme je l’interrogeais sur sa réserve (j’étais habitué aux éloges), il s’arrêta, ajusta son mo-nocle et me dit : Etonne-moi » (2) Cocteau réagira, en mettant fin à une existence superficielle, allant jusqu’à renier ses œuvres passées, pourtant remarquées, et ralliera

LA DANSE À BIARRITZ # 38

l’avant-garde. « Cette phrase me sauva d’une carrière de brio. Je devinai vite qu’on n’étonne pas un Diaghilev. De cette minute, je décidai de mourir et de revivre. Le travail fut long et atroce. »

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LE SANG DES ÉTOILES

À BIARRITZ11 AOÛT 2009

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Jean Cocteau & Georges Balanchine

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(1) Les grands seconds rôles du cinéma français, Didier Thouart et Jacques Mazeau - 1984(2) La Difficulté d’être, Jean Cocteau - 1947(3) Prestige de la danse, 1953

Souhaitant collaborer à l’aven-ture des Ballets russes et ajouter la Danse à l’expression de ses rêves, il dessine d’abord deux affiches pour Le Spectre de la rose, puis rédige un texte pour le programme de la troupe en 1911. La saison suivante, il édite un argument de ballet, Le Dieu bleu créé le 13 mai 1912 sur une musique de Reynaldo Hahn et une chorégraphie de Michel Foki-ne. La musique et le livret sont ju-gés faibles, l’inspiration orientaliste désuète, c’est un échec. Cet été là, Cocteau séjourne à Saint-Jean de Luz avec sa mère, puis à Cambo chez les Rostand. C’est en 1913 au lendemain de la première du Sacre du printemps, et de son scandale, qu’il prend conscience des attentes de Diaghilev : « L’idée d’étonner ne

m’était pas venue. J’étais d’une fa-mille où on ne pensait pas du tout à étonner. On croyait que l’art était une chose tranquille, calme, dispa-rate [...] «Le Sacre du Printemps» était pour moi la révélation d’une forme d’art opposée aux habitudes et anticonformiste ».

Au début de l’année 1914, il fait part à Igor Stravinski d’un projet de ballet qui tournera court. La Guer-re éclate, c’est donc seulement en 1917, après avoir rencontré Erik Satie et décidé du choix de Picasso pour créer le décor et les costu-mes qu’il présente à Diaghilev le projet du ballet Parade. Ce dernier convaincu charge Léonide Massine de la chorégraphie. Devant une baraque foraine, un groupe d’ar-tistes de cirque - un acrobate, un prestidigitateur chinois, une petite fille américaine - exécuteraient des extraits de leurs numéros pour essayer d’attirer le public vers le spectacle à l’intérieur. Pour ces quatre personnages écrit Cocteau « Il s’agissait de pendre une suite de gestes réels et de les métamor-phoser en danse, sans qu’ils per-dissent leur force réaliste, comme le peintre moderne s’inspire d’ob-jets réels sans les métamorphoser en peinture pure sans pourtant perdre de vue la puissance de leurs volumes, de leurs matières, de leurs couleurs et de leurs om-bres. Car seule la réalité, même bien recouverte, possède la vertu d’émouvoir. »

Créé le 18 mars 1917 au théâtre du Châtelet, Parade fut l’objet d’un tumulte qui combla à la fois Dia-ghilev et Cocteau : « En 1917, le soir de la première de Parade, je l’étonnai. » En 1917 aussi, de juin à septembre, sa mère séjourne à Biarritz à l’Hôtel Continental. Elle avait sympathisé avec Eugénia Errazuriz, mécène qui possédait

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Qu’est-ce qui vous séduit dans la danse en tant que photogra-phe ?

J’aime le mouvement, le geste, l’effort sous-jacent qui les génère ainsi que l’esthétisme et l’origina-lité des univers créatifs dans les-quels ceux-ci s’expriment. J’aime ce délicat équilibre que je perçois dans une chorégraphie : la quête esthétique, la fluidité, l’expressi-vité, mais aussi l’intensité spor-tive, charnelle, presque érotique quelquefois. J’aime aussi cette faculté que m’offre la danse d’ac-céder à plusieurs niveaux d’ex-pression à la fois : je peux choisir de me concentrer sur la choré-graphie dans son entier, ou alors privilégier un groupe de danseurs ou me focaliser sur l’un d’entre eux, sur son visage, son regard...un peu comme passer d’un uni-vers macro à un univers micro. Selon mon choix, l’ambiance et l’âme du cliché seront alors to-talement différents et « diront » autre chose du spectacle.

La photographie est une ma-nière de voir. La manière de voir la danse est–elle différente des autres ? Pourquoi ?

Pour moi, oui sans aucun doute. Alors que je contemple le specta-cle à travers l’objectif, j’opère un peu comme un chasseur : je tra-que ce que le mouvement et la rapidité font disparaître, ce que

le danseur étouffe ou cache sous sa dextérité. Alors qu’une partie de l’art du danseur consiste sou-vent à minimiser visuellement la notion d’effort, je cherche à la mettre en lumière ; tandis que la chorégraphie est perçue comme une globalité cohérente par le spectateur, je m’efforce pour ma part de figer certains instants fur-tifs qui la composent. Ma posi-tion de photographe fait que je ne vois pas du tout les mêmes choses, le résultat est donc que mon travail montre d’autres facet-tes. J’aime alors que mes photos dévoilent ce que les spectateurs, voir les danseurs ou le chorégra-phe, n’ont pas conscience d’avoir vu eux-mêmes. Comment définir une photo idéale en danse ?

Pour moi, sa première caractéris-tique est qu’elle attire les regards, les aimante. Elle peut surprendre, choquer, interpeller, séduire...ce n’est pas le plus important : c’est avant tout un cliché qui envoûte celui qui le regarde ; l’œil le ré-clame, ne peut s’en détourner, y revient sans cesse. Quelquefois, il s’agit d’une photo sur laquelle je découvre des qualités dont je n’avais pas eu conscience au moment où je l’ai prise. Car avec l’expérience viennent l’instinct et le réflexe qui permettent de capturer une fraction de secon-de particulière que le cerveau a perçu avant même que l’œil ait réalisé.

Vous rappelez vous d’un specta-cle de danse spécialement pho-togénique ?

Au fil des ans j’ai photographié beaucoup de spectacles et un grand nombre de compagnies de danse, je peux donc assurer que plusieurs chorégraphies m’ont fortement marqué. Si je devais en citer, je choisirais alors d’évo-quer les créations de Thierry Ma-landain au Ballet Biarritz. Mais certainement aussi parce que j’ai eu la chance de collaborer

étroitement avec lui depuis plu-sieurs années : j’ai ainsi pu suivre et photographier ses spectacles depuis l’élaboration lors des pre-mières séances de travail jusqu’à la « Première » et les tournées. J’ai alors eu le loisir de m’impré-gner totalement de l’esprit des créations, mon œil est familiarisé avec l’univers scénographique et mon travail peut tirer la quintes-sence de cette opportunité.

la villa La Mimoseraie. Picasso et Olga Khokhlova, danseuse aux Bal-lets russes rencontrée justement pendant les répétitions de Parade y passèrent leur lune de miel en 1918. Quant aux amours du poète avec la Danse, à la suite de Parade, Cocteau signera les livrets, et par-fois même, le décor et les costu-mes des œuvres suivantes : Le Bœuf sur le toit (1920), Les Mariés de la Tour Eiffel (1921), Le Train bleu (1924), Le Jeune Homme et la Mort (1946), Phèdre (1950), La Dame à la Licorne (1953), Le Poè-te et sa muse (1959). Le Fils de l’air sera le titre de son dernier argu-ment chorégraphique. Et d’écrire : « Vive la Danse. Non seulement elle traverse le mur des langues, mais encore elle semble vaincre les lois pénibles de l’apesanteur et nous offre le spectacle d’une hu-manité aux semelles moins lourdes que les nôtres.» (3)

LA DANSE À BIARRITZ # 38 PRESSE

Parmi vos photographies de danse laquelle retiendriez-vous et pourquoi ?

J’estime quasi impossible de por-ter un jugement de valeur sur mes clichés. Si certains me tien-nent plus à cœur que d’autres c’est bien souvent parce qu’ils font écho à un souvenir person-nel, parce qu’ils ont été particu-lièrement difficiles à réaliser, ou qu’ils ont été à l’origine d’une nouvelle étape dans ma carrière (ou coïncidé avec). Le regard de l’autre reste pour moi seul à même de pouvoir évaluer la qualité artistique de mes photo-graphies. Pour ma part, je doute toujours. Et c’est ce scepticisme qui me pousse chaque jour à coller mon œil à l’appareil pour chasser l’image parfaite.

Questions àOlivier Houeix, photographeEntretien paru dans la revue Diálogos de danza éditée par le Centro Coreográfico de Teatres de la Generalitat Valenciana.

■ Propos recueillis par Erwan Bonthonneau

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Remerciements à Michel d’Arcangues Château d’Arcangues - 64200 Arcangues Musée ouvert tous les jours sauf le lundi, du 14 Juillet au 20 Septembre 2009 Tél. 05 59 43 04 88 - Fax. 05 59 43 10 44

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EXPOSITION FESTIVAL BIARRITZ CULTURE

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Le Temps d’Aimer la DanseDirection artistique Thierry MalandainBiarritz 11 > 20 septembre 2009

Gare du Midi

Ballet de Wiesbaden Stephan ThossBallet royal suédois Marc RibaudCorella Ballet Castilla y León Angel CorellaCCN de Nantes Claude Brumachon & Benjamin LamarcheNederlands Dans Theater 1 Paul Lightfoot & Sol León

Théâtre du Casino

Le Guetteur Luc Petton & CieDanish Dance Theater Tim RushtonGotra Ballet Joost VrouenraetsPneuma Dance Theater Mauro de CandiaCompagnie Hors Série Hamid Ben MahiCCN de La Rochelle Kader Attou - Cie AccrorapCompagnie Myriam Naisy L’HéliceCompagnie Hervé KoubiCompagnie Ariadone Carlotta IkedaCompagnie Kukai / Tanttaka Jon Maya

Théâtre du Colisée

Compagnie Christine GrimaldiVilcanota & Cie Bruno PradetCompagnie Androphyne Pierre-Johann SucCompagnie Blicke Virginia Heinen & Enrico TeddeKelemenis & CieCompagnie Ertza Asier Zabaleta

Et,

Billy CowieCompagnie Ex NihiloCompagnie Marie-Laure AgrapartCompagnie Kirsten Debrock- K-DanseCompagnie Maritzuli - Claude IruretagoienaUPPAdanse - Université de Pau et des pays de l’AdourOption-Danse Lycée André Malraux de BiarritzConservatoire Maurice Ravel – Côte Basque, etc...

Renseignements

Biarritz Culture 05 59 22 20 21www.letempsdaimer.com

Les Écritures du Mouvement

Médiathèque de Biarritz du 19 août au 19 septembre 2009

“La danse s’écrit, la danse se note” et depuis le XVe siècle, plus d’une centaine de systèmes de notation ont vu le jour. L’exposition réa-lisée par le Centre national de la Danse, accueillie à Biarritz en partenariat avec la Médiathèque, le CCN et Biarritz Culture met en lumière, sous forme de repro-ductions, les multiples facettes de l’écriture du mouvement.

Commissaire d’exposition Claire RousierConseillères scientifiques Jacqueline Challet-Haas & Annie SuquetGraphisme de l’exposition Agnès Dahan

Médiathèque de Biarritz2, rue Ambroise Paré Tel : 05 59 28 86Ouvert les mardi, mercredi, vendredi, samedi de 10h à 18h et le jeudi de 14h à 20 h

EN BREF

Concours national de la Confédération nationale de Danse

En partenariat avec la Ville de Biarritz et le Malandain Ballet Biarritz, le concours national de la Confédération nationale de Danse, présidée par Yvon Strauss et Evelyne Boissolles pour la Ré-gion Aquitaine, s’est déroulé à la Gare du Midi et au Théâtre du Casino du 21 au 23 mai 2009 ac-cueillant à Biarritz près de 8000 personnes.

Ballet Junior de Genève

Le Ballet Junior de Genève dirigé par Sean Wood et Patrice Delay a interprété du 12 au 24 mai 2009, Le Cid de Thierry Malandain à la Salle des Eaux-Vives de Genève dans un programme associant des chorégraphies de Jozsef Tre-feli, Stijn Celis et Itzik Galili.

Région Aquitaine et Land de Hesse

Pour célébrer le 60ème anniver-saire de la naissance des Länder en Allemagne (qui coïncide avec le 20ème anniversaire de la chute du Mur de Berlin) et quinze ans de coopération active entre le Land de Hesse et la Région Aqui-taine, le CCN, dans le cadre d’un programme d’échanges artisti-ques, s’est produit à Wiesbaden, le 8 juin et à Marburg, le 10 juin avec le soutien du Conseil Ré-gional d’Aquitaine et l’Office Ar-tistique de la Région Aquitaine (OARA).

Conférence avec Dany Lévêque, choréologue, notatrice au Ballet Preljocaj.Médiathèque de Biarritz samedi 19 septembre 2009 16h

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CALENDRIER JUILLET > SEPTEMBRE 2009

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La Mort du cygne

Carmen, L’Amour sorcier

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Canada / Saint-Sauveur

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Brésil / São Paulo

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Argentine / Buenos Aires

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Uruguay / Montevideo

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Argentine / Rosario

Colombie / Bogota

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Equateur / Quito

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Gare du Midi23, avenue FochF-64200 BiarritzTél. : +33 5 59 24 67 19Fax : +33 5 59 24 75 [email protected]

Président Pierre DurandVice-Président Pierre MoutardeTrésorier Marc Janet

Directeur / Chorégraphe Thierry MalandainDirecteur délégué Yves Kordian

Maîtres de ballet Richard Coudray, Françoise Dubuc

Artistes chorégraphiquesIone Miren Aguirre, Véronique Aniorte, Giuseppe Chiavaro, Frederik Deberdt, Cédric Godefroid, Thomas Gallus, Aureline Guillot, Mikel Irurzun del Castillo, Miyuki Kanei, Fabio Lopes, Silvia Magalhaes, Arnaud Mahouy, Audrey Perrot, Magali Praud, Thibault Taniou, Nathalie Verspecht, Daniel Vizcayo

Professeur invité Angélito LozanoPianistes Alberto Ribera, Miyuki Brickle, Corinne Vautrin

Sensibilisation des publics et transmission du répertoire Dominique CordemansFormation et accueil studio Gaël Domenger

Comptabilité, mécénat Rhania LacorreCommunication Sabine LamburuAccueil, logistique, diffusion, secrétariat technique Lise Saint-MartinSecrétairiat-comptabilité Arantxa Lagnet

Régisseur général Oswald RooseRégie lumière Frédéric Eujol, Christian GrossardRégie plateau Chloé BréneurRégie son Jacques VicassiauRégie plateau son Gilles UrrutiaRégie costumes Karine PrinsConstruction décors & accessoires Alain CazauxChauffeur Thierry RenaultAgents d’entretien Ghita Balouck, Sabrina Guadagnino

Attaché de presse Yves Mousset / MY CommunicationsConsultant en communicationFrédéric Néry / Yocom

Projet transfrontalier / Fonds européen Interreg IV A

Coordination ACG Productions

Malandain Ballet Biarritz Yves Kordian, directeur déléguéRhania Lacorre, suivi financierSabine Lamburu, communicationArantxa Lagnet, relations partenaire, traduction basque

Teatro Victoria Eugenia Atton Azpitarte, co-directeurNorka Chiapuso, responsable artistique du projetCristina Olaizola, coordination et communication

NuméroDirecteur de la publication Thierry MalandainConception & réalisation graphique Frédéric NéryImprimeur SAI (Biarritz)ISSN 1293-6693 - juillet 2002

Directeur de production / Concepteur lumière Jean-Claude Asquié

centre chorégraphique national d’aquitaine en pyrénées atlantiques