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Lyon - mars 2011

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Anarchist Black Cross Belarus Solidarity-Info Tour

1Introduction 1

Cette brochure est réalisée a partir des textes publiéssur internet a différentes périodes. Elle a été préparéepour la tournée d'information 2011 de l'anarchist blackcross Biélorusse en Europe de l'ouest.

Vous pouvez y trouver des textes sur la répression poli-tique pendant l'année derniere.

Certains textes décrivent les différentes initiatives al'intérieur du mouvement. Nous l'avons réalisée pour quevous compreniez les spécificités du contexte dans lequelle mouvement anarchiste biélorusse évolue. Et pour don-ner un aperçu de la situation politique actuelle du pays.

Si vous avez des questions, contactez-nous �[email protected].

Introduction:Tournée d'info – solidarité ABC Biélorusse

Sommaire

Introduction:Tournée d'info – solidarité ABC Biélorusse 1

Un court résumé de la situation actuelle * 4

Répression contre les anarchistes et activités sociales en automne : 6

Les derniers evenements (répression) 14

Les adresses pour écrire aux inculpés 15

List of being exposed to repressions (en) 16

Appel pour la journée internationale d'action en soutien auxanarchistes biélorusses de décembre 2010 17

Récapitulatif des actions de solidarité avec les anarchistes biélorusses 20

Histoire de Igor T : six jours en prison pour de « mauvaises intentions» 25

Anarchist Black Cross Belarus Solidarity-Info Tour2

sommaire 3

Manif anti-nucléaire a Minsk pour l’anniversaire de la catastrophe de Tchernobyl, 30

Bélarus post-électorale : un bref aperçu desrépressions dans le pays 32

Interview d’un membre de l’ABC Belarus * 34

interview d’un anarchiste de Minsk * 40

La fédération anarchiste Bélarus (FAB) * 52

Tournée d’information et de solidarité :dates/lieux/groupes & remerciements * 56

Les textes marqué d’un « * » étaient absents dela brochure d’origine (anglophone) et ont été ajoutés lorsde l’élaboration de la version francophone pour approfon-dir certaines questions et donner des références pourles lecteurs peu au fait de la situation biélorusse.

Un court résumé de la situation actuelle

A l’heure actuelle, 4 anarchistesBiélorusses sont arrêtés,emprisonnés, ac-cusés d’avoir organisé une série d’actionsdirectes en 2009-2010. Tout a commencébien avant Septembre 2010, les années2009 et 2010 ayant été riches en actionsradicales revendiquées par les anar-chistes Biélorusses. D'autres actions ontaussi été menés par les anarchistescomme des soutiens à des travailleursgrèvistes, mouvement des retraites , pourle maintien des droits sociaux...actionsantinucléaires...

Manifestation sauvage anti-mili-tariste en septembre 2009 contre desexercices militaires russo-biélorusses oùl’Etat-Major a été attaqué avec une gre-nade fumigène .

Manifestation anars et des anti-fas en novembre 2009 en mémoire deTimur Katcharavas - l'activiste de FNB tuéen plein jour en 2005 à St Petersbourg.

Attaque d'un casino à Minsk avecdes ampoules de peinture et des fuséespour protester contre le transfert des ca-sinons russes en Biélorussie après qu’uneloi bannissant les casinos de Russie ait étévotée.

Attaque contre un commissariatà Soligorsk pendant les journées d’actioncommunes contre la Police (vitres brisées

et une fusée jetée à l’intérieur)

Attaque des quartiers générauxde la Fédération des Syndicats le 1er Mai. Communiqué déclarant que cette orga-nisation officielle et l'État utilisent les tra-vailleurs dans leurs propres intérêts, sansdéfendre leurs droits, en empêchant sou-vent les travailleurs de se rassembler demonter des coopératives et d’organiserdes grèves.

Attaque contre une agence pourprotester contre le système financiermondial (cocktails molotovs).

Attaque contre l’ambassade deRussie à Minsk en solidarité avec les per-sonnes arrêtées à Khimki1 le 30 Aout2010 où une voiture de l’ambassade a étébrûlée.

Cette dernière action a été celle de troppour le régime parce qu’elle est interve-nue dans une période de réelle tensiondiplomatique entres les dirigeants Russeset Biélorusses. Avant que l’action ne soitrevendiquée par les anarchistes, chaquepays avait déjà accusé l'autre d'être àl'origine de la provocation.

Le 3 Aout, 8 personnes habitantdans 3 appartements différents étaientplacés en garde à vue et 7 d'entre ellesétaient placés en centre de détention


1 : Sur la «bataille de Khimki», voir http://khimkibattle.org/

Un court résumé de la situation actuelle 5

pour 9 jours. Pendant ce temps d'autresactions radicales ont eu lieu :

Une attaque du centre de déten-tion et une déclaration exigeant la libé-ration de tous les détenus. Les attaquantsont mis le feu à la porte du centre de dé-tention.

Au bout de 9 jours, 5 des 7 per-sonnes arrêtées ont été libérées, maisd'autres ont été incarcérés entre temps.L’un d’entre eux, Aliaksandr Frantskevichest accusé de l’attaque du commissariatde Soligorsk. Il a reconnait avoir filmél’événement. L’autre personne, MikalajDziadok est retenue en détention depuisle 24 Septembre, accusé d’avoir organisél’action anti-militariste de l’année der-nière. Dans le même temps les autoritésont aussi trouvé des témoins qui affir-ment qu’il a aussi organisé l’attaque surle casino et sur la maison des syndicats.Toutes ces accusations sont désormaisréunies en une seule affaire. Mikalaj niesa culpabilité..

Le 12 septembre les ami-es desarrêté-es lancent un appel au soutienin-ternational.

En Octobre,les bureaux du KGB àBobrujsk ont été attaqués avec des cock-tails molotov.

La police a arrêté une personnehabitant le quartier, Sergej Sliusar, et ilsl’ont gardé 10 jours sans accusation (ilavait aussi été détenu 9 jours en Septem-bre).

Le 4 Novembre, Maxim Vetkin estarrêté et accusé de l’attaque contre l’am-bassade Russe et de la Belarusbank. Il areconnu sa culpabilité pour les deux ac-

tions. Il a aussi témoigné contre les autrespersonnes, nous avons donc arrêté de lesoutenir.

Le 17 Novembre, Denis Bystrikest incarcéré, on lui dit alors que Maxima témoigné qu’il filmait l’action sur l’am-bassade russe. Il reconnait les faits maisil est libéré sans charges pour qu’il puissecontacter un des autres suspects, Ihar Ali-nevich et organiser son arrestation. Lamanoeuvre a échoué.

Le 30 Novembre, Ihar Alinevichest kidnappé à il cherchait à rencontrerson camarade Anton Laptenok (une despersonnes arrêtées le 3 Septembre). Il estaccusé de l’attaque contre l’ambassaderusse et il est détenu dans une celluled'islolement dans une prison du KGB.Il ditavoir participé à l’action anti-militaristequ’il ne considère pas être un acte crimi-nel. Il nie toutes les autres accusations.

Le 17 Janvier, Jauhen Vasilevich,un journaliste du “Bobruiski courier,”, undémocrate nationaliste sans lien avec lemouvement anarchiste est arrêté et ac-cusé de l’attaque sur le quartier généraldu KGB à Bobruisk.

La période d’investigation pourtoutes les personnes arrêtées a été pro-longée jusqu’au 12 Avril. . Tous risquentjusqu’à 6 ans d’emprisonnement. L’affairede la banque pourrait arriver à descondamnations jusqu’à 10 ans. Il sembleaussi qu’ils soient accusés de "destructionintentionnelle de propriété commise parun groupe organisé" (de 7 à 12 ans d’em-prisonnement). D’après la loi, l’organisa-teur ne peut avoir moins que les 3/4 dela peine maximale.

Répression contre lesanarchistes et les militants enautomne : Aperçu général par bellona.org - sept. 2010

Des écologistes et des militants em-

prisonnés à la suite de raids massifs alors

que Minsk cède à la panique face à la rup-

ture avec Moscou, à l'approche des élections

présidentielles.

Septembre a connu un regain de vi-gueur de la campagne de persécution impla-cable du gouvernement bélarusse contre lesmilitants et les écologistes. Depuis le 3 sep-tembre, les arrestations sont rapidement de-venues quotidiennes dans tout le pays. Cettefois ce n'est pas seulement l'opposition poli-tique que l’État bélarusse tente d'éliminer,mais les gens qui s'intéressent à d'autresquestions que celles de la politique étatique,en l’occurrence des écologistes et des anar-chistes.

Début septembre, les autorités de lacapitale Minsk ont lancé une série de perqui-sitions et d'arrestations chez de nombreuxanarchistes et militants. Igor Bogachek, Vale-ria Khotina, Sergei Slyusar, Nikolai Dedok,Alexei Zhingerovsky, Alexander Frantskvich, etplus tard, Anton Laptenok ont fini dans l'undes centres de détention de Minsk.

Les sept détenus sont engagés dansdes activités éducatives,humanitaires, ou ca-ritatives, certains sont des participent réguliè-rement à des actions écologistes pacifiques.Suite à ces arrestations, deux membresrecon-nus du milieu militant de Minsk ont aussi étéarrêtés – Vladimir Volodin, membre duconseil du parti des Verts bélarusse, et TatianaSemenishcheva, active dans des œuvres decharité pour les sans-logis et les animaux er-rants.

Avec l'intensification des raids poli-ciers, des militants de l'extrême-droite béla-russe – Igor Chepigo, de L'Alliance de Droite(Pravy Aliyans), et Sergei Popov, d'un autreparti clandestin, le Parti de la Liberté (PartiyaSvobody) – ont également été arrêtés.

D'après plusieurs sources, des per-quisitions et des interrogatoires ont étémenés dans tout le pays à Solegorsk, Gomel,et Grodno. La durée maximale de détentionsans charge (Garde à vue), fixée par la loi bé-larusse à soixante-douze heures, a été prolon-gée plusieurs fois pour plusieurs de cespersonnes. Pour le moment aucune chargen'a été retenue.


Répression contre les anarchistes et les militants en automne 7

Jusqu'à aujourd'hui (17 septembre),la police n'a pas refusé l'accès à une défenselégale, et la plupart des détenus ont été relâ-chés – à l'exception de Dedok et Franskevitch.Aux dernières nouvelles, Dedok est arrêtépour la cinquième fois d'affilée et est sus-pecté d'avoir commis un vol.Frantskevich estdétenu car soupçonné d'avoir mené une at-taque contre un poste de police à Solegorsk,où il a été transféré en attente d'inculpation.

Comment on en est arrivé là� ?

La Bélarus, l'une des républiques dela défunte URSS, est le lieu d'épouvantablesatteintes aux droits de l'Homme. L'adminis-tration Bush l'avait décrite comme la « der-nière dictature européenne » - et les chosesne se sont pas beaucoup arrangées pour lasociété bélarusse depuis. Le président Alexan-der Loukachenko est au pouvoir depuis 16ans, et sa poigne de fer a empêché toute lesréformes démocratiques qui auraient pu avoirlieu depuis l'indépendance en 1991.

Sur le front environnemental, il n'y asûrement aucun événement qui ne puissemieux résumer la situation de déni des droitsde l'Homme en Bélarus que la campagne lan-cée contre la construction d'une centrale nu-cléaire à Ostrovets, dans la région de Grodno– et les divers moyens d'intimidation que legouvernement a utilisé pour faire taire ceuxqui résistaient à ses plans. L'un des arrêtés,Volodin, a été assez actif dans le mouvementcontre le projet Ostrovets.

La Bélarus et la Russie ont histori-quement été des voisins très proches, mais cene sont pas seulement les fortes attaches po-litiques – comme « l'Union de la Russie et dela Bélarus », une entité supranationale bi-zarre dont la réalisation n'est toujours pasaboutie, et encore récemment, le Kremlinusait de son influence pour stabiliser la prési-

dence incontestée de Loukachenko – qui ontgardés les deux nations proches, mais lescauses écologiques communes et les moyensde dissuasion communs auxquels les acti-vistes des deux pays doivent faire face.

Dans le cas de la campagne anti-Os-trovets, les autorités bélarusses n'ont pas hé-sité à enfermer l'écologiste russe AndreiOzharovsky pour avoir distribué un « Com-mentaire Critique sur l’Étude Gouvernemen-tale d'Impact sur l'Environnement de lacentrale nucléaire bélarusse », un rapportqu'il a co-écrit et dans lequel le projet de cen-trale nucléaire était déclaré indéfendable.

Mais des changements, subtils ounon, ont modifié le paysage politique béla-russe. Loukachenko était prêt pour une ré-élection – au mois de septembre leparlement biélorusse a justement fixé lesprochaines élections présidentielles pour dé-cembre. Mais, en raison de troubles avec

Moscou qui on tendance à s'intensifier cesderniers temps, notamment sur les relationscommerciales, il est en train de perdre le sup-port du Kremlin qu'il avait facilement obtenu.En Russie, où la situation de la liberté de lapresse est aussi délicate ces dernières années,un documentaire nommé "Le Parrain" a étédiffusé sur une chaîne nationale ; avec le lea-der bélarusse dans le rôle principal, et uneliste de violations des droits de l'Homme im-putée au régime de Loukachenko.

L'élection à venir pourrait finale-ment offrir à l'opposition une opportunitépour défier ce régime depuis longtemps figé.Mais les besoins de la période pré-électoraleet les tensions avec Moscou pourraient in-quiéter Minsk au point de mettre la pressionsur tous les dissidents connus, en recourantau harcèlement par la police et aux servicessecrets hérités de l'ère soviétique, le KGB.

Le 16 septembre, Lukashenko, citédans les médias, a dit que l'opposition étaitl'"ennemi du peuple" : "Ce ne sont en aucuncas des opposants ! Ce sont des ennemis dupeuple. Il suffit qu'émerge une occasiond'empirer la situation de l’État ; ils en sont.Hier, quand l'Europe et les Américains nenous laissaient jamais la paix, ils étaient là.Aujourd'hui la Russie nous accable, ils sontencore là." a déclaré Lukashenko.

L'incendie de voiture qui a déclenché les raids.

Pour les activistes, ce "SeptembreNoir" a commencé le 30 août avec un incidentqui a rapidement fait les gros titres de lapresse bélarusse et russe : un groupe nonidentifié portant des masques noirs a jetédeux cocktails molotov sur le territoire del'ambassade russe à Minsk. D'après un té-moin, une des bouteilles a touché une voiture

garée devant, et y a mis le feu. Des rumeursont attribué l'incident à des forces gouverne-mentales. Pour sa part, Loukachenko a dé-claré qu'il n'excluait pas l'implication de laRussie, ce qui a provoqué la fureur de Mos-cou.

Le 2 septembre, "Les Amis de la Li-berté", un groupe jusqu'alors inconnu, aposté un article revendiquant l'attaque del'ambassade russe sur Indymedia Belarus,mais le message a été retiré un peu plus tardle jour même et car "potentiellement faux".

D'après Indymedia Belarus, Les Amisde la Liberté ont déclaré que l'action avait étémenée en solidarité avec les défenseurs de laforêt Khimki - une campagne désormais célè-bre pour protéger une forêt proche de Mos-cou d'une coupe à blanc en vue de construireune autoroute. Cette campagne a rapidementpris de l'ampleur ; d'une lutte relativementpetite, mais déterminée, entre des activisteslocaux et les autorités, elle est devenue unecontroverse nationale, culminant avec unconcert rock de Bono et l'intervention du pré-sident russe Dmitry Medvedev. Indymedia Be-larus a déclaré : "il n'y a pas de certitude [surles Amis de la Liberté], mais beaucoup degens pensent qu'il s'agit d'une provocation duKGB."

Malgré les affiliations suspectes, dèsle lendemain, à Minsk les autorités ont com-mencé à rassembler les activistes qui utili-saient régulièrement Indymedia. Septmilitants - Bogachek, Khotina, Slyusar, Dedok,Zhingerovsky, Frantskevich, et, plus tard,Anton Laptenok - ont été arrêtés pour pré-somption de complicité dans l'attaque del'ambassade et ont fini dans un des centresde détention de Minsk.

8 Anarchist Black Cross Belarus Solidarity-Info Tour

Pas de motif pour les arrestations- mais plein de soupçons

Le 4 septembre, les sites d'informa-tion russes et biélorusses ont affichés desgros titres affirmant que "la police bélarusseappréhende les auteurs de l'attaque de l'am-bassade". Pourtant, deux jours plus tard,selon les informations reçues plus tard par lapolice de Minsk, un groupe d'inconnus mas-qués ont lancé des cocktails molotovs sur laporte principale de la prison où les militantsétaient détenus. Les Amis de la Liberté, ontréessayé de poster sur Indymedia Belarus,un message revendiquant cette deuxième at-taque et exigeant la "liberté pour les inno-cents !" Ce message, cependant, n'est jamaisapparu sur le site web, car l'utilisateur avaitété bloqué par le modérateur.

Le 8 août, la police est venu chercherVolodin, membre du parti écologiste béla-russe, ainsi que Semenischeva. Volodin,comme l'a indiqué Indymedia, est un militantanti-nucléaire, militant des énergies alterna-tives, et également le co-auteur d'une analysecritique du rapport gouvernemental sur l'im-pact environnemental du projet Ostrovets.Selon Indymedia, Semenischeva participe à"Food Not Bombs", qui fournit de la nourri-ture et des habits aux sans-logiset aux nécessiteux. Elle est aussibénévole dans des refuges pouranimaux.

Chepiga et Popov, mili-tants d'extrême-droite béla-russes, ont été arrêtés le mêmejour. Il est difficile de savoir si cesactes incendiaires ont suffi à suf-fisamment désorienter la policepour qu'ils décident de ratisser silarge, mais au bout du compteles anarchistes et l'ultra-droite

ont été soupçonnés de complicité dans les in-cidents que les Amis de la Liberté (groupe queni les premiers ni les derniers ne connaissent)tentent de revendiquer.

Qui plus est, la police n'a jusqu'icifourni aucune preuve de l'implication de ceuxqu'elle a arrêtés. Au contraire, en ce quiconcerne la voiture brûlée à l'ambassade deRussie, des proches des six détenus ont étéen mesure de fournir des alibis pour chacund'entre eux. Tous étaient à leur domicile aumoment des faits. Le militant écologiste Vo-lodin, qui a été gardé à vue une semaineaprès l'attaque de l'ambassade de Russie as-sistait aux funérailles des on père le 30 août.

Une autre pièce vient s'ajouter à cepuzzle, déjà bien déroutant : le 3 septembre,Oleg Bebenin, célèbre journaliste d'opposi-tion bélarusse est mort de façon tragique.Fondateur du site d'information indépendantCharter-97, (Khartiya-97), âgé de 36 ans, sondécès s'est vite retrouvé très en vue, la policeconcluant tout d'abord à un suicide. Cesconclusions ont été vivement contestés parles collègues et les proches de Bebenin, aprèsquoi le Procureur Général bélarusse a an-noncé publiquement que l’hypothèse d'unhomicide n'était plus écartée.

Ambassade de Russie à Minsk

9Répression contre les anarchistes et les militants en automne

La communauté militanten'exclue en aucun cas l'éventualitéque ces événements soient liés.Selon Indymedia, cet enchevêtre-ment répressif contre les militantsest le signe d'une hystérie pré-élec-torale exacerbée du gouverne-ment Loukachenko. La chasse auxmilitants a débuté le jour même oùon a retrouvé le cadavre de Bebe-nin.

L'enquete : la police dés-espere de trouver aucunepreuve de méfait pour garder les

militants en prison.

La police n'a pas réussi à épingler lesresponsables de l'attaque de l'ambassaderusse en 72 heures. C'est le délai pendant le-quel la loi lui permet de garder un suspect àvue. Aucune charge n'a pu être retenue et lesgardés à vue auraient du être libérés. Pouréviter ça, cette période de 72 heures a été re-conduite à deux reprises. La police relâchaitles suspects, puis les ré-arrêtait, pour diversprétextes.

Comme l'ont relaté les médias Béla-russes, les services de communication du Mi-nistère de l'Intérieur ont déclaré qu'ilssoupçonnaient les militants d'être impliquésdans d'autres affaires, antérieures à celle del'ambassade russe. On a laissé entendre enparticulier, qu'ils pouvaient être impliquésdans l'attaque du bâtiment de la FédérationSyndicale de Minsk, le 1er mai ; et dans unetentative d'incendie de la porte d'une agencede la Belarusbank.

Le communiqué de presse du minis-tère prétendait aussi que de la drogue avaitété trouvée lors d'une perquisition et qu'une

procédure était engagée. Aucun des avocatsdes suspects n'a été en mesure de dire lequeldes militants, s'il y en avait vraiment un, étaitaccusé de possession de stupéfiants. Ils affir-ment qu'il n'est fait mention de stupéfiants àaucun moment du dossier.

Après sa deuxième détention, le 8septembre, Semenishcheva s'est délibéré-ment blessée aux mains avec un coupe-papierpendant un interrogatoire et devant les en-quêteurs. On lui a administré les premierssoins et son interrogatoire a repris.

Le 9 septembre, les sept anarchistesarrêtés en premier, et soupçonnés de partici-pation dans les affaires de l'ambassade russeet de la Fédération Syndicale de Minsk ont étérelâchés une deuxième fois.Selon l'observatoire des droits de l'Homme dugroupe Vesna (Spring), on les a immédiate-ment appréhendés à nouveau, et ils ont étéemmenés dans d'autres locaux de la police.Leurs avocats n'ont ainsi pas pu les rencontreren arrivant sur place.

Les employés de Vesna et les avocatsdénoncent la série de violations de procédurecommises par la police pendant les déten-tions et l'ensemble de l'enquête, l'absence de

Biélorussie sur la carte


motif des arrestations et le déni du droit àêtre défendu, et d'autres violations de la Loibélarusse.

L'avocat de Frantskevich, Pavel Sa-pelko, a déclaré que son client était accuséd'avoir attaqué le bâtiment de la FédérationSyndicale, mais qu'il doutait que la police aitdes preuves.

"Je considère que les soupçons sontinfondés. Et en tout cas, il n'y a rien dans lesdocuments qui justifie la détention," a déclaréSapelko.

Il a ajouté que la police n'avait ja-mais trouvé ni cartouches, ni masque de ski,ni drogue, dans l'appartement de Frantske-vich. Le 6 septembre, Frantskevich a été li-béré, car il n'était plus soupçonné dansl'affaire de l'ambassade, et puis immédiate-ment ré-interpellé, dans le cadre de l'affairede la Fédération Syndicale.

"Je vais déposer une plainte au sujetde cette détention, et c'est particulièrementimportant maintenant, car Alexander n'aqu'un rein, il a 20 ans, et c'est dangereux pourune personne souffrant d'une aussi mauvaisesanté de rester dans les conditions d'un cen-tre de détention", a déclaré Sapelko.

Sapelko n'a pas pu voir son clientpendant les trois jours suivants la seconde dé-tention - comme ce fut le cas pour les six au-tres détenus et leurs avocats.

Dans un rapport sur la détention deson client, Tamara Sidorenko, qui représenteVolodin, a écrit : "D'après moi, le rapport dedétention n'a pas été établi selon la procé-dure, et la détention elle-même n'a pas res-pectée la procédure. Les éléments ne fontmention d'aucune raison pour cette déten-tion."

Valentin Stefanovich, un avocat avecVesna, a dit : "Nous pensons que les autoritéschargées de l'enquête ont commis des viola-tions flagrantes des droits légaux des per-sonnes arrêtées le 3 septembre. D'abord,aucune d'entre elle ne remplit les conditionsde détention définies par [...] le code de pro-cédure pénale. De plus, personne ne les a vusur la scène du délit, personne ne les a iden-tifié comme les auteurs du délit, et aucunetrace suspecte n'a été trouvée sur leurs vête-ments, etc.».

"Plus déplorable encore,, leurs droitsà une défense ont été gravement violés.L'avocat de Frantskevich n'a jamais reçu au-cune information sur l'emplacement de sonclient, ni d'explication sur la raison pour la-quelle il a été empêché d'être présent durantl'interrogatoire de son client" a déclaré Stefa-novich.

Stefanovich déplore la situation oùdes suspects sont relâchés puis aussitôt ré-ar-rêtés, sur des soupçons qui n'ont rien à voiravec la première arrestation.

Stefanovich a dit qu'à sa connais-sance, les avocats des activistes et le ComitéBiélorusse d'Helsinki sur les Droits del'Homme ont conjointement préparé desplaintes détaillant ces violations à envoyeraux procureurs.

Quel est le but ultime derriere cesdétentions ?

Les informations disponibles surl'avancement de l'enquête indiquent que lesobjectifs des enquêteurs sont au-delà de l'en-quête sur l'attaque de l'ambassade russe, neserait-ce que parce que les mesures prisesmontrent qu'elles ont peu à voir avec la re-cherche des auteurs.


D'après les proches et amis des in-terpellés, les recherches, interrogatoires, etdétentions ont été réalisées par des policiersen civils épaulés par des unités d'interven-tion, mais sans montrer aucun badge, ni four-nir aucune explication à propos des charges.La police a saisi toutes les informationsqu'elle a pu trouver dans les appartementsdes activistes - portables, disques durs, télé-phones mobiles, clé usb, et cartes mémoires,ainsi que des livres et autres textes.

On a demandé aux autres suspectss'ils avaient un lien ou une affiliation avec unparti ou mouvement non-déclaré de lalongue liste que la police leur a présenté.L'avocat de Volodin, Sidorenko, a déclaré que"c'était la première fois que, moi ou monclient, l'on entendait la plupart de ces noms".

Le public Biélorusse et sa réaction.

Le 6 septembre, les amis des pre-miers militants arrêtés ont posté un commu-niqué sur Indymedia, en affirmantl’innocence des militants, et ont lancé sur in-ternet un appel à signature pour une lettre àl'attention du Procureur Général, du commis-sariat central, du KGB et du président, en exi-geant la libération des suspects.

Le Parti de Verts biélorusse a publiéson propre communiqué, soulignant la natureprovocatrice ostentatoire de l’ambassade deRussie à Minsk et l'improbabilité de la com-plicité des militants dans cette affaire et dansles actes de vandalisme perpétrés depuis,dont les auteurs sont dans la nature.

"Avec l'approche des élections, lestensions politiques augmentent de façonspectaculaire" ont affirmé les Verts. "Cer-taines forces inconnues ont intensifié leur ac-

tivité au sein de la république, en se donnantpour objectif la dégradation des relationsentre la Bélarus et la nation traditionnelle-ment amicale de la Fédération de Russie, ainsique l’aggravation de la situation des droits ci-viques et des libertés en Bélarus".

En plus d'exiger la libération des mi-litants détenus, les Verts incitent le public Bé-larusse à dénoncer les agissements des forcesl'ordre. Pour toutes les initiatives civiles et lespartis politiques de Bélarus à travailler en-semble pour empêcher la réalisation de cette"stratégie de tension".

Une lettre ouverte commune a étéadressée aux plus hauts fonctionnaires del'administration et du maintien de l'ordre, elledéfendait aussi Vladimir Volodin, du parti desVerts, et co-signé par de nombreuses organi-sations écologistes ainsi que par des person-nalités bien en vue Bélarusses, Russes etLituaniennes. Parmi les signataires il y avait :l’éminent écologiste russe Alexei Yablokov,l'avocat des droits de l'Homme Yelena Tonka-cheva et le spécialiste de la physique nu-

Medwedjew & Lukaschenko


cléaire bélarusse Georgy Lepin, le groupe en-vironnemental russe Ecodefense! et beau-coup d'autres.

D'autres communiqués, du Parti desVerts Européens et de la Commission Parle-mentaire Lituanienne pour l’Énergie Nu-cléaire, sont aussi parus pour défendreVladimir Volodin. Tous exigeaient la libérationimmédiate de Volodin. Dans une note offi-cielle envoyée à Loukachenko, le Parti desVerts Européen désapprouve « dans destermes non-équivoques, la quantité injustifia-ble de détentions de militants des droits del'Homme et des droits civiques dans un butpolitique qui a eu lieu ces derniers mois ».

La Commission Parlementaire Litua-nienne pour l’Énergie Nucléaire a soulignél'apparente connexion entre la détention deVolodin et son opposition à la construction dela centrale nucléaire d'Ostrovets.

Malgré tout,après avoir été relâchéle 11 septembre, Volo-din a été ré-arrêté.Selon son avocat, Sido-renko, la police netient pas compte deses alibis ni de ses ex-plications.

"Il n'a mêmepas eu le temps de sor-tir du centre de déten-tion", affirmeSidorenko. « Aucunmotif n'a été avancépour justifier sa déten-tion, ce qui signifiequ'il n'y en a tout sim-plement pas. C'est en-core une violation de

la loi. »

Finalement, dit Sidorenko, les agis-sements de la police envers Volodin, sont sû-rement en lien avec les arrestations récentesd'autres militants et ne peuvent pas être in-terprétés comme une tentative de mettre lapression sur les citoyens ayant une positionsociale active à l'approche des élections pré-sidentielles de décembre.

Volodin n'a été relâché que le 17septembre. La situation n'a cependant pasbeaucoup progressé pour ceux qui sont tou-jours en détention.

Maria Kaminskaya, Tatyana Novikova,

17/09-201 0

Translated ( ->en) by Maria Kaminskaya

bellona. org

Emission de TV : les élections sont-elles libres ? 94% disent «oui»


Les derniers événements. Derniere mise a jour : 20 février 2011, 18h00, par Minsksolidarity

Mikalaj Dziadok

L'accusation, qui est restée tellequ'elle depuis le 3 septembre 2010 a étéélargie le 15 février. Il est maintenant ac-cusé d'avoir participé au rassemblementcontre les manœuvres militaires « Ouest2009 » le 19 septembre 2009, ainsi qued'avoir attaqué le casino Shangri-Las (12mai 2009), et la « maison des syndicats »(le 30 avril 2010). Son temps de détentiona été prolongé jusqu’en mars, et la pé-riode d'investigation au 12 avril.

Aliaksandar Franskevich

Il est aussi détenu depuis le 3septembre. Le 20 septembre il a été ac-cusé d'avoir attaqué le système de vidéosurveillance d'un commissariat à Sali-horsk. Le 14 février, ses chefs d'inculpa-tion ont été modifiés, il est désormaisaccusé d'avoir participé au même ras-semblement antimiltariste que Mikalaj le19 septembre 2009, de l'attaque de Sali-horsk et de l'attaque de la « maison dessyndicats ». La période d'investigation estprolongée jusqu'en avril.

Ihar Alinevich (Igor)

a été kidnappé par des inconnusà Moscou le 28 novembre. En violation

des lois internationales, il a été transférédès le 29 novembre au centre de déten-tion du KGB (biélorusse), où il est tou-jours. Tout d'abord, il a été accusé d'avoirparticipé à l'attaque de l'ambassade russe(le 30 août), et au rassemblement anti-militariste. Maintenant, il est accusé pourle rassemblement contre les manoeuvresmilitaires, de l'attaque du casino Shangri-La, de l'attaque de la Banque Biélorussele 1er mai 2010, de l'attaque de l'ambas-sade russe, enfin, il est accusé de l'at-taque de la prison « Akrestsina » le 6septembre. La période d'investigation estétendue à 9 mois. Son temps de déten-tion est prolongé jusqu'en avril.

Maksim Vetkin

se trouve dans une prison de« pré-procès »/provisoire sur la rue Vala-darski, il est inculpé de hooliganisme. Sui-vant des informations nonfondées/prouvées, il est inculpé pour unincident arrivé à proximité de l'ambas-sade russe le 30 août (un cocktail molotova été jeté par un groupe d'inconnu se pré-tendant être un groupe anarchiste ets'appelant eux-mêmes « les Amis de la Li-berté ».

D'autres militants arrêtés ne sont pas of-ficiellement inculpés.


Les adresses pour écrire aux inculpés sont :

Belarus, Minsk, Valadarskaha str., 2, SIZO-1,Mikalaj Dziadok.

Belarus, Minsk, Valadarskaha str., 2, SIZO-1, k. 46,Aliaksandar Frantskievich.

Belarus, Minsk, Main Post Office, p.o.box 8,Ihar Alinevich.

Attention! Parfois, les lettres pour les arrêtés ne sont pas distribuées.Et elles sont lues par les flics, alors faites gaffe à ce que vous écrivez! [et il fautécrire en russe ou biélorusse]

Pendant la vague d'arrestation de nombreuses perquisitions et interro-gatoires ont eu lieu à Minsk, Salihorsk, Homiel, Hrodna, Brest, Navapolack. Desdizaines de personnes de divers horizons (des supporters de foot au militantsanti-nucléaires ou du FNB (parti démocrate national)) ont été interrogées, surleurs communications, appels téléphoniques, cercles d'amis, activités, on leura demandé d'identifier des gens sur des photos de concerts underground. AMinsk, les gens ont subit des pressions pour témoigner contre Mikalaj Dziadok.

"Valadarka" - une prison à Minsk

Les adresses pour écrire aux inculpés 15

List of being exposed torepressions

Anton Laptsionakarrested in Minsk at September,

3rd. Released at September, 1 2th

Ihar Bahachakarrested in Minsk at September,

3rd.Released at September, 1 2th

Siarhej Sliusararrested in Minsk at September,

3rd. Released at September, 1 2th

Mikalaj Dziadokarrested in Minsk at September,

3rd. Stil l in prison. On October, 1 st wasofficial ly accused in participating in ac-tion against mil itary maneuvers “West2009”. Detention term is prolonged untilFebruary 6, 2011 .

Valeryja Khotsinaarrested in Minsk at September,

3rd. Released at September, 12thAliaksandar Frantskievich arrested inMinsk at September, 3rd. Stil l in prison.On 20 of september he was official ly ac-cused in attack on pol ice station in Salihorsk. Is not al lowed tomeet his mother until he wil l make any“valuable confessions”. Detention term isprolonged until February 1 1 , 2011 .

Aliaksiej Zhynherouskiarrested in Minsk at September,

3rd.Released at September, 12th

Tatsiana Sieminishchavaarrested in Minsk at September,

8rd. Released at September, 1 4th. Be-cause of inquest pressure she cut herhand with office knife.

Uladzimier Valodzinarrested in Minsk at September,

8rd. Released at September, 1 7th.Packages for him were not accepted forthree days.

Aliaksandar Buhajeuarrested in Minsk at September, 8rd.Released at September, 1 7th. Packagesfor him were not accepted for three days.

Ihar Truhanovicharrested in Minsk at September, 24rd. Re-leased at September, 30th. He held hun-ger strike for 4 days.

Barys Ashchepkau arrested in Minsk at September,

30rd. Released at October, 6th. Was anactive communicator with local humanrights watchers.

Dzianis Bystrykarrested in Minsk at September,

30rd. Released at October, 6th.Siarhej Sliusar arrested in Babrujsk at Oc-tober, 17rd. Released at October, 27th.

Anton Novikauarrested in Babrujsk at Octo-

ber,27rd. Released at October, 30th.Wasinterrogated by KGB and pol ice for 3times since the beginning of repressions.

Maksim Vetkinarrested in Minsk at November,

4th. Stil l in prison. Col laborates with in-vestigators.

Denis Bystrikarrested in Minsk at November, 1

7th. Released at November 1 9th. On No-vember 1 9th was indicted in compl icityin attack on Russian embassy.

Ihar Alinevicharrested in Moscow at Novem-

ber,28th. Stil l in prison. Was arrested inMoscow, probably with assistance of ex-comrade, and moved to Minsk in contra-vention of all legal procedures.


Libérez Nikolai Dedok, AlexanderFrantskevich et Maxim Vetkin !Appel � des journées d'action internationales en sou-tien aux anarchistes biélorusses, du 10 au 13 décem-bre 2010.

Appel � des journées d'action internationales 17

Anarchistes, ami·e·s etproches des victimes de la répressionaccrue s'étant abattue en Biélorussiedernièrement, nous vous demandonsde prendre part aux journées de soli-darité avec les anarchistes biélo-russes, du 10 au 13 décembre 2010.Nous pensons que seule une solida-rité internationale est à même de fairepression sur Lukashenko.(NDT : prési-dent de la République de Biélorussie)pour qu'il mette un terme aux arres-tations de masse et aux poursuites àl'encontre de Dedok,Frantskevich etVetkin.

En octobre 2010, des actionscontre la répression des anarchistes etautres militants de gauche ont eu lieuen Allemagne, en Autriche, en Biélo-russie, en Lithuanie, en Pologne, enRussie, en Serbie et en Ukraine.

Nous vous remercions pources gestes de solidarité ! Ces actionsont non seulement réchauffé le cœurdes personnes incarcérées, mais aussidonné du courage à tou·te·s les acti-vistes victimes de la répression à di-vers degrés.

Nikolai Dedok et AlexanderFrantskevich sont tous deux accusésde "hooliganisme" et risque jusqu'àsix ans de prison, en vertu de l'article339 p.2 du code criminel biélorusse.La détention de Nikolai a été prolon-gée, jusqu'au 6 février 2011 (soit untotal de 5 mois), ainsi que celled'Alexander, pour une durée d'unmois pour le moment. Il est clair quele but de l'enquête est de faire tout cequi est possible pour que de lourdespeines soient prononcées à l'encontredes deux activistes.

Maxim Vetkin a été arrêté le 4novembre 2010. Il est actuellementdétenu au centre pénitencier de Volo-darskogo st., et est également accuséde "hooliganisme", sous le coup del'article de loi précité. En raison duhaut niveau de secret et de la juridic-tion limitée des avocats, nousn'avonspour le moment pas plus d'informa-tions.

Nikolai Dedok est accuséd'avoir organisé une manifestation an-timilitariste, lors de laquelle un fumi-gène a été lancé dans l'enceinte dubâtiment de l'armée biélorusse.

Alexander Frantskevich est ac-cusé d'avoir filmé l'attaque symbo-lique d'un commissariat à Soligorsk,lors de laquelle une vitre a été brisée.Personne n'a cependant pénétré dansl'enceinte du bâtiment.

Nous avons la certitude queles attaques envers Dedok et Frants-kevich sont de nature politique. La sé-vérité des accusations est en completdécalage avec la nature des incidents.

Ainsi que nous en avons faitl'expérience, les "forces spéciales"biélorusses travaillent de concert avecla police russe, prétextant l'existenced'un "réseau extrémiste". Les enquê-teurs tentent d'intimider les ami·e·sdes accusés, de les pousser à la ca-lomnie, et de les recruter en tantqu'informateurs et informatrices.

Les interpellations et interro-gatoires à l'encontre des anarchistes

et autres militants continuent. Notrecamarade Sergei Slyusar a passé 10jours en détention, sans qu'aucunecharge ne soit retenue contrelui,après une action de solidarité à Bo-bruisk, lors de laquelle des cocktailsmolotov ont été lancés contre un bâ-timent du KGB par des inconnus. Lefait que Sergei soit anarchiste et qu'ilait le malheur de vivre à Bobruisk ontservi de prétexte à son arrestation.

Semblablement, Anton Novi-kov - musicien et architecte profes-sionnel – a été arrêté le 27 octobre2010 et détenu pendant 3 jours. Il estimpossible d'établir avec certitude lenombre de personnes ayant été l'ob-jet de pressions de ce genre, maisnous en avons déjà recensé plus d'unecinquantaine dans sept villes de Bié-lorussie.

Deux autres de nos camaradessont contraints de se cacher de la po-lice secrète biélorusse. Nous crai-

grafiti en soutien à Lviv, Ukraine


gnons que l'activité des "forces spé-ciales" ne fasse qu'augmenter, en vuedes élections présidentielles de la Ré-publique de Biélorussie, qui se tien-dront le 19 décembre 2010. En effet,la police entend gagner les faveurs deses chefs à cette occasion.

Pour ces raisons, nous vousappelons à :1. mener des actions spectaculaireslors des journées de solidarité du 10au 13 décembre, en particulier lorsd'évènements politiques et culturelsliés à la Biélorussie, ainsi qu'auprèsdes ambassades et consulats de la Ré-publique de Biélorussie, en deman-dant à être reçu·e·s par lesreprésentants, l'envoi de communi-qués, pétitions, etc. Toute entreprise,bien ou évènement biélorusse peutêtre le support d'une action .

2. prendre contact avec les organisa-tions locales de protection des droitsde l'homme, et les sensibiliser au pro-

blème des persécutions politiques enBiélorussie .

3. faire en sorte que l'information surla situation soit relayée dans les mé-dias .

Vous pouvez également nousadresser directement vos messagesde soutien aux personnes incarcérées,et nous leur ferons parvenir (contact:[email protected]) ;

ou leur écrire directement au centrepénitencier :

- Dedok Nikolai, Volodarskogost. 2 SIZO-1, room 42, Minsk220050,Biélorussie ;

- Frantskevich Alexander, Volo-darskogo st. 2, SIZO-1, room 46,Minsk220050, Biélorussie ;

Anarchist Black Cross Belarus, ami·e·set proches des arrêté[email protected]

Action de solidarité à Sofia, Bulgarie

Appel � des journées d'action internationales 19

Du 10 au 13 décembre ont eulieu dans 13 villes de 6 pays des actionsde solidarité avec les anarchistes biélo-russes arrêtés. Dans les jours prochains,ils y aura des discussions et des « col-lectes de fonds » dans 3 autres villes dePologne et Biélorussie. Pour le moment,il y a 4 personnes dans les geôles biélo-russes, qui sont accusées d'avoir pris partà différentes actions politiques entre sep-tembre 2009 et septembre 2010. Toutesces actions ont été désignées par les pou-

voirs publics comme étant du « hooliga-nisme », pour être poursuivies selon lecode criminel biélorusse. Ainsi, émettreune opinion politique est toujours consi-déré comme un crime en Biélorussie. Mi-kalaj et Aliasandr ont déjà passé plus de3 mois en prison. Igor a été kidnappé ettransféré de Moscou en Biélorussie lorsd'une opération conjointe des servicessecrets russes et biélorusses outrepas-sant les procédures légales d'extradition.

Récapitulatif des actions de solida-rité avec les anarchistes biélorusses.Du 10 au 13 décembre 2010

Action de solidarité à Omsk, Russie


21

BiélorussieGrodno.

Le 11 décembre, une banderole aété accrochée au pont Rumlyowski, avec leslogan « Liberté pour tous les prisonniersanarchistes! ». Ce pont est l'une des voiesprincipales joignant les deux parties de laville. De nombreux véhicules l'utilisent.

MinskLe 11 décembre a eu lieu une petite

« action de Samba » par Food not Bombspour soutenir les prisonniers anarchistes. Legroupe « Rythmes de résistances » a jouédans un square de la ville et des tracts parlantde la répression contre les anarchistes ont étédistribués. Le 12 décembre un groupe d'anar-chistes a organisé une action de solidaritédans la station de métro « Nemiga », en y sus-pendant une banderole « Libérez les anar-chistes Dziadok, Frantskevich, etkin,Alinevich », ainsi que le drapeau rouge et noir.

BulgarieSofia

Le 13 décembre, le groupe « Actionanti-autoritaire pour une société libre » a or-ganisé un piquet de solidarité à l'ambassadebiélorusse de Sofia. Les participants avaientune bannière « Liberté pour les anarchistesbiélorusses ! A bas la dictature! » en biélo-russe, et ils ont scandé des slogans en biélo-russe et russe « La solidarité est notre armecontre le pouvoir! » « Dresse le drapeau noirplus haut, l'Etat est notre ennemi! » « A bastous les pouvoirs » « Notre patrie est l'huma-nité entière! »

RussieOmsk

Le 10 décembre, les anarchistesd'Omsk ont organisé une manifestation non-autorisée dans la rue principale de la ville. Lesparticipants ont distribués des tracts, brûlédes torches, des fumigènes et scandé « La bié-lorussie est un camp de concentration, Luka-

Action de solidarité à Chisinau, Moldavie

Récapitulatif des actions de solidarité

shenko est le nouvel Hitler », « Aujourd'huic'est eux, demain ça sera toi », « Liberté pourles prisonniers politiques ». Ils avaient desbanderoles « Liberté pour les prisonniers d'unrégime fasciste », et « Lukashenko, laisse lespartir ». Il n'y a pas eu d'arrestation.

Saint PetersbourgLe 10 décembre, pour protester

contre la terreur d'Etat instaurée par le ré-gime de Loukashenko, les murs des maisonsdu quartier où habite le consul de Biélorussieont été tagués, les phrases demandant la li-bération des prisonniers. Le 11 et 12 décem-bre, le groupe Food not Bombs de SaintPetersbourg a organisé une action de solida-rité pour les prisonniers politiques biélo-russes. Les militants ont distribuégratuitement un repas chaud et distribué destracts sur ce qui se passe en Biélorussie, etaussi déroulé une banderole « Liberté pourles anarchistes biélorusses ». Même si l'actionn'était pas autorisée, il n'y a pas eu de provo-cation policières.

Moscou.A Moscou, il y a eu des actions les 11

et 12 décembre, réclamant la libération desanarchistes emprisonnés. Le 11 décembre 40personnes se sont postées en face de l'am-bassade biélorusse avec la bannière « Arrêtezla répression contre Mikalaj Dziadok, Allk-sandr Frantskevich, Maksim Vetkin et Igor Ali-neich ». Une performance avec 4 personnesen habits de prisonniers marchant avec leursmains dans le dos comme dans une cour deprison a eu lieu. Le jour suivant, il y avait unemanifestation non-déclarée, qui est passéedevant l'ambassade biélorusse, avec environ30 participants.La colonne a brûlé des torches et crié « Li-berté aux Anarchistes Biélorusses », « Lukaest une ordure, libérez les anarchistes! », etautres slogans dans le même genre.

IrkutskLe 12 décembre, le groupe local de

Food not Bombs a aussi organisé une actionde soutien. Les militants ont distribué de labouffe végétarienne aux sans abris, sorti une

Action de solidarité à Kiev, Ukraine


banderole de soutien, et distribué des tracts.L'action a été un succès, malgré un froid gla-cial. Les nuits précédents, les rues d'Irkutskont été recouvertes de pochoirs, exigeant lalibération des anarchistes prisonniers.

VolgogradLe 12 décembre, les anarchistes de

la ville ont organisé une marche de solidaritépour les anarchistes arrêtés. Quelques slo-gans : « Liberté, égalité, fraternité », « libertédes peuples, mort aux empires », « nous dé-testons les keufs »... La police suivait lamarche, mais n'a pris aucune mesure pour ar-rêter les participants.

SmolenskSelon les médias classiques, le 14 dé-

cembre, un militant anti-fasciste a jeté unebombe de peinture sur l'ambassade biélo-russe. Il a été arrêté et condamné à 14 joursde prison.

UKRAINEKiev

Le 11 décembre 2010, le RKAS(Confédération Révolutionnaire des Anarcho-syndicalistes de N.I. Makhno) et des anar-chistes non-organisés, venus de toute partd’Ukraine et de Russie, ont mené une actionde solidarité aux anarchistes et activistes dumouvement social arrêtés illégalement. Lesmanifestants ont organisé une performance,qui montrait ce qu’est la libertéd’expression,celle de la presse et le respectdes droits de l’homme en Biélorussie sous lerégime de Lukashenko. On y voyait « Le Pré-sident », une personne avec un masque deLukashenko observant les jeunes prisonniersqui portaient des sacs sur la tête et deschaînes autour de leur cou. Les grévistes ontvoulu déposer leur communiqué auprès del’ambassade biélorusse mais la sécurité s’y estopposé et leur a proposé de l’envoyer parcourrier électronique. Les services secretsukrainiens (SBU) ont filmé cette action maisla police n’a pas agi violemment.

Action de solidarité à Moscou, Russie

Récapitulatif des actions de solidarité 23

LvovLe mouvement antifasciste « Sotsial-

niOpir » s’est joint aux actions de solidarité du11 décembre. Un tag de solidarité aux mili-tants réprimés a été réalisé sur un des mursde la ville.Mariupol

Le 11 décembre, pour la journée desdroits de l’homme, un appel à un rassemble-ment ayant pour thème « Liberté pour lesanarchistes biélorusses » a été lancé par lessections locales du RKAS et du SAU (Union ofAnarchists ofUkraine). Il a eulieu dans le squaredu Théâtre à la mé-moire des victimesde Golodomor etde la répressionpolitique, y étaientprésentes dix per-sonnes.Donetsk

Le 13 dé-cembre, des mem-bres du RKAS, del’Action Autonomeet des anars non organisés ont déployé unebanderole sur le pont de chemin de fer à Le-ninski, avec pour slogan « Liberté pour tousles anarchistes de Biélorussie ». Action pourdémontrer leur solidarité avec les militantsbiélorusses.

FRANCEMarseille

Le 10 décembre, un rassemblementa eu lieu devant l’ambassade de la Russie. Elleavait pour objectif de montrer la solidaritéavec les antifascistes russes, réprimés suite àleur action de juillet dans la ville Khimki et ensoutien avec les anarchistes biélorusses, ré-

primés pour leur militantisme politique. Uncommuniqué de soutien y a été lu. Cette ac-tion a été organisée par les membres de lasection locale de l’ABC (Anarchist Black Cross).

REPUBLIQUE TCHEQUE

Les anarchistes de Prague ont orga-nisé une action de solidarité à l’ambassadebiélorusse. Ils y ont déployé une banderolesur laquelle on pouvait lire « Liberté pour les

acteurs dumouvementsocial » écriten anglais eten russe. Uncommuniquéde protesta-tion deman-dant lalibération im-médiate desa n a rc h i ste sarrêtés a étédéposée àl’ambassade,et il leur a été

promis que l’ambassade la prendrait encompte si d’autres demandes arrivaient.

En plus de ces actions, l’ABC biélo-russe prévoit, dans les jours à venir, une soi-rée de solidarité, à Cracovie en Pologne, pourles anarchistes incarcérés ; il y aura une dis-cussion autour du thème « Biélorussielibre ? ». Et à Varsovie, il y aura un concert oùtoutes les sommes récoltées seront reverséesaux anarchistes prisonniers de Biélorussie.

Ces informations proviennent d’In-dymedia, autonom.org et d’autres sites mili-tants.

Action de solidarité à Moscou, Russie


25Histoire de Igor T

Tout a commencé le 7 septem-bre quand les agents de la section Cen-tralny, épaulés par le KGB, sont venusperquisitionner mon appartement à 7heures du matin. De vaillants héros ontconfisqué deux PCs (vous allez rire,j'avais trouvé un de ces ordinateurs prèsde chez moi un jour d'été au milieu d'untas de déchets. L’âme du technicien nepouvait pas supporter ça.... Cependantje n'ai jamais regardé ce qu'il avait dansle ventre, je n'avais ni le temps ni la vo-lonté), quelques cartes SIM de différentspays et deux téléphones antédiluviens.Ils ont aussi pris peur quand ils onttrouvé un marque page avec un « A »

cerclé. C'est très dangereux ! Ça pourraitexploser ! Héhé. Le marque page a sûre-ment été examiné par des démineurspar la suite.

J'étais absent, et je n'avais pasprévu de rentrer chez moi.

J’espérais que les autorités secalmeraient et me laisseraient tran-quille. Au contraire, ils ont considéré quele fait de se cacher impliquait ma culpa-bilité. Ils ont donc appelé ma mère pouravoir une « conversation » au KGB, aucours de laquelle ils l'ont interrogé surma personnalité. C'était le 17 septem-

Histoire de Igor T : six jours en prison pour de « mauvaises intentions»

J'ai été enfermé en tant que suspect dans l'affaire de l'attaque du Cen-tre de Détention « Okrestino » le 24 septembre 2010. Trois jours plus tard,sans avoir eu le temps de sortir du Centre de Détention, j'ai été arrêté de nou-veau. Cette fois j'étais accusé de l'attaque de la maison des syndicats. Ces deuxaffaires ont été ouvertes sans aucune preuve directe. Il a été dit que j'étais dé-tenu pour « suspicion directe » dans les deux rapports. Comme j'en ai déduitde l'attitude des enquêteurs de telles présomptions directes pourraient existerpour n'importe quel citoyen de notre pays. Aujourd'hui ce sont les anarchistesqui sont arrêtés, demain ce sera peut être vous.

bre. Le 18 septembre, depuis chez moi(où la perquisition avait eu lieu 10 joursplus tôt), j'ai appelé le KGB pour finale-ment avoir cette discussion pour la-quelle ils me cherchaient.Mais le samedi, c'est pour la famille, lekebab et les divertissements... J'ai es-sayé de les contacter tout le week-endsans résultat, et puis je me suis lassé. Lesagents du KGB n’étaient pas capable deme trouver alors même que j'étais chezmoi. Plus tard je suis allé travailler,jusqu'au 24 septembre, le jour où AlenaDubovik, Alexander Jerashevich et AnyaChernysheva ont été arrêtés. Comme jen'avais pas envie d’être réveillé à 7heures du matin, j'ai préféré essayer derecontacter le KGB par téléphone demoi-même. Ils ont répondu et m'ont in-

vité pour une conversation. Bonne oumauvaise idée, j'ai demandé à la per-sonne au bout du fil s'ils allaient m'en-fermer. J'ai fait mon sac pour aller auCentre de Détention (une brosse àdents, des chaussettes chaudes, un bonpull, de l'eau et des bouquins) et j'y suisallé après m’être fait promettre den'avoir à parler qu'une heure et de nepas me faire arrêter.

C'est là que ça devient vraimentintéressant. Je ne doutais pas qu'ils s’in-téressent à l'attaque de l’ambassade deRussie. Je n'allais pas paniquer ni mêmem'inquiéter, en effet, j'étais à la gare aumoment de l'attaque. Évidemment ilsm'ont demandé de le prouver, car les ca-méras de vidéo surveillance (de la gare)ne peuvent pas servir de preuve dans cecas. Quelques officiers du départementantiterroriste ont fait de leur mieuxpour me convaincre que les camérassont installées pour aider les agents dela circulation à résoudre les problèmesde circulation. Le fait que les camérassoient placées à l'intérieur des bâti-ments n'a aucune importance. Ils n'ontpas peur de défier la logique. Les agentsdevenaient hystériques durant tout l’in-terrogatoire, en essayant de continuer laconversation sous la contrainte si néces-saire. Ils en venaient toujours à affirmer« tu y étais et nous le savons très bien ».

Ils m'ont tous promis de me libé-rer. Mais comme l'histoire l'a prouvé,PERSONNE NE PEUT CROIRE LE KGB.Après une heure et demie de conversa-tion, j'ai été transféré à la Section deContrôle du Crime Organisé (SCCO). Ils


m'ont dit que j'avais trop souri et quej'avais été « assez effronté » quand j'aidemandé « en lien avec quoi ? ».

Ils ont moins de tact à la SCCO,ils ont commencé dès le départ à hurlerqu'ils savaient tout. J'ai toujours trouvécette méthode étrange... en fait, si voussavez déjà tout, pourquoi suis-je là, assisdevant vous ? Les « conversations » ontrepris avec les mêmes sempiternellesquestions. Les agents ont beaucoupsouffert et ont finalement laissé tombé ;ils ont déclaré que j'étais un témoin etque si mes preuves ne leur plaisaientpas, ils me gardaient en cellulepour une journée. Dès montransfert à la SCCO J'aicompris que je passe-rais au moins trois nuitsà « Okrestino » en gardeà vue. La conversationétait parfois tropbruyante, du coup lesagents de la salle d'à cotésont venus voir ce qui sepassait. A un moment donné lasituation était tellement tenduequ'ils m'ont promis de me jeter par la fe-nêtre, « et puis on n'aura plus qu'à lais-ser ses copains venir le chercher ». Je mesuis immédiatement souvenu que j'avaisété amené à la SCCO par le portail, aprèsavoir traversé le parking. Après avoirconstaté que les menaces ne fonction-naient pas, ils ont fait entrer lequelqu’un. Il a dit « et alors ? On va l’em-prisonner pour outrage ». Personne nes'est présenté quand j'étais détenu à laSCCO. Il y avait seulement Pierre et Jeansans nom de famille.

J'ai été transféré à la sectionMoscovskoje pour continuer ce cirque.Là bas, l’enquêteur ne savait pas que j'al-lais venir. Ils sont allé voir le chef de lasection pour demander la permission dem'enfermer pour présomption de l'at-taque du Centre de Détention du 6 sep-tembre. Finalement, le procès verbald'interpellation a été fait à la SCCO, etj'ai été interrogé. Ils ne se sont pas inté-ressé à ce que je faisais ni où j'étais aumoment de l'attaque d' « Okrestino »,mais aux personnes que je fréquente, oùnous nous sommes rencontrés et com-

bien coûtait la barre de chocolatqu'on a mangé le 24 septem-

bre 2007.

Ils ont fait de la pape-rasse pendant 4 heures etj'ai commencé à m'endor-mir. Il c'est avéré que l'es-corte qui m’emmèneraitau Centre de Détention

ne prenait pas de bagages,c'est à dire que toutes les

affaires que j'avais préparéessont restées au SCCO. C'est lamentablemais il n'y a rien à faire. Ils m'ont doncjeté dans un panier à salade pour metransférer au Centre de Détention.

Le Centre de Détention est unendroit plutôt étrange. J'avais lu toutesles règles avant d'y arriver, mais la plu-part ne sont PAS respectées. Par exem-ple : personne ne t'accompagnera pourune promenade parce que le Centre deDétention manque de personnel pour cegenre de taches. La liste des choses que



l'on peut recevoir de l’extérieur n'est pasrespectée. Obtenir un stylo ou unefeuille de papier est quasi fantastique.Les gardiens de prison ne se contententpas de s'inquiéter du contenu des pa-quets que l'on reçoit, tout ce que j'aireçu a été mis sous scellés.

J'ai été surpris d'être fouillé parle mec de 25 ans qui habite dans monimmeuble. D'abord il ne m'a pas re-connu et il était assez brutal. Il gromme-lait ici et là et il semblait qu'il avait desproblèmes pour s'exprimer. Il s'est calméquand il a vu mon adresse etpuis il a rougi.

Après l'extinc-tion des feux, je suisentré dans la cellulequi allait être ma mai-son pour les six pro-chains jours. Malgré lemélange et le transfertdes gens de cellule encellule, personne ne m'atouché jusqu'à la fin de ma détention.

Il y a dans la cellule : un chiotte,un robinet avec eau chaude et froide,des lits en bois, un banc, une table et destables de chevet. C'est prévu pour 2 à 6personnes. Il y a aussi une caméra quisurveille tous tes gestes pour éviter toutrisque d'accident.

Il y a trois repas par jour ; à 8heures, le petit déjeuner : porridge ; à 16heures, le déjeuner : soupe et porridgeavec côtelettes ; à 18 heures, le souper :porridge.

A 6 heures, ils te donnent unetasse de thé et un morceau de pain.Après quoi il est impossible d'obtenirquelque chose de buvable. L'eau du ro-binet est trop chlorée ; après quelquesjours à la boire, même les chiourmes lesplus invétérés doivent faire face à desproblèmes gastriques.

Pendant mes 6 jours, j'ai partagéma cellule avec une personne suspectéede meurtre, viol et attaque à mainarmée. La plupart des gens sont là pour

des problèmes dus à l’alcool ; ils sesont saoulés et ont fait une connerie,

comme voler un ordinateur ou un té-léphone portable. Là bas, tu peux

aussi apprendre comment lesautorités obtiennent des

aveux : une fois un toxico-mane, pour se faire pro-mettre de sortir de garde

à vue, a pris la responsa-bilité de 15 vols à l'étage.

La police se sert des personnes en étatde manque, qui sont prêtes à tout pourrecevoir leur dose.

Tout redevient normal au termedes trois jours. Je ne m'attendait pas àun miracle. L’enquêteur de la section depolice Moskovsky m'a relâché, et 10 mi-nutes plus tard, l'enquêteur de la sectionCentralny a rempli les papiers pour madétention au sujet de l'attaque le la Mai-son de Syndicats. Les sections de policessont différentes, mais les questions res-tent les mêmes. Deux heures d'interro-gatoire et me voilà de retour en cellulepour 70 heures. Pendant toute ma garde

à vue, personne n'est venu m'interroger.Cela c'est avéré être une détention pu-nitive sans raison. Au SCCO les officiersétaient vraiment fiers d’eux-mêmes, seglorifiant d'être une agence punitive.

Quelques mots à propos d'unegrève de la faim. Si tu décide de la faire,ils appellent immédiatement le chef duCentre de Détention étant donné que lesimple flic se moque pas mal de tes ca-prices. A en croire les documents offi-ciels je n'étais pas en grève de la faimmais j'ai reçu un régime diététique (quej'ai donné à mes compagnons de cel-lule), et au terme des trois premiersjours, un officier m'a demandé pourquoij'avais décidé de ne pas faire la grève de

la faim. Devant une telle situation, j'aidécidé d'arrêter la grève de la faimquand on a prolongé ma détention detrois jours, et j'ai mangé normalement.

Qu'ajouter de plus ? En tout, j'aiété enfermé 6 jours à cause de mon in-térêt pour des problèmes sociaux. Denos jours ils te punissent non seulementpour les faits mais aussi pour des inten-tions. A vrai dire, je ne vois aucune dif-férence entre les autorités de maintiende l'ordre moderne et l'inquisition mé-diévale... la seule chose, c'est qu'ils ne tecondamnent pas au bûcher maintenant,ça aurait l'air trop barbare.

Igor T.



Aujourd'hui, le groupe AnarchisteRésistance Anti-nucléaire, a organiséquelques actions pour l’anniversaire de lacatastrophe de Tchernobyl. Tous les ans,il y a déjà une manifestation "Charno-bylski Shlah" organisée par différents or-ganismes politiques. Depuis plus de 5 ans,les anarchistes représentaient la part laplus active et (depuis 2 ans) le plus grosgroupe de manifestants. Cette année,c'était différent. Non seulement les anar-chistes ne sont pas allés à la manifesta-tion mais ils ont aussi appelé à laboycotter pour se concentrer sur d'autresactions anti-nucléaires. Ils ont fait une ac-

tion devant un cinéma de Minsk, accom-pagnés d'une batoucada, criant des slo-gans anarchistes et anti-nucléaires etexpliquant au mégaphone des positionsanarchistes au sujet de la construction decentrales nucléaires. Les manifestants ontaussi distribué des tracts et attiré l'atten-tion avec des drapeaux et des feux d'arti-fices.

Pendant ce rassemblement, ungroupe de militants est allé à la Charno-bylski Shlah pour distribuer des tracts ti-trés : "Pourquoi les anarchistes ontdéserté Charnobylski Shlah ?"

Manif anti-nucléaire a Minsk pour l’anniver-saire de la catastrophe de Tchernobyl, le 21.10.04 extrait de belarus.indymedia.org

Action anti-nucléaire - Minsk - 2010

Il y a trois raisons principales :

1. Cette année, les autorités ont mis enplace une barrière, avec des détecteursde métaux, fouillant et filmant quiconquese rendait à la manif.

2. La manif perd son aspect protestatairepour devenir un événement funèbre. Laplupart des gens ne se sentent pasconcernés par la construction de la nou-velle centrale, ils veulent simplementcommémorer les victimes de Tchernobyl,ce qui est stupide. Certains organisateursofficiels ont même déclaré qu'ils donne-raient las anarchistes et les homosexuelsà la police comme étant des instigateurs,et qu'ils voulaient exclure les discoursanarchistes et la percussions de la manif.

3. La présence de l'extrême-droite et de fascistes revendi-qués lors de la dernière manifn'a engendré aucune protesta-tion de la part des autres "libé-raux". Il est désormais évidentque l'opposition serait prête àdéfendre les fascistes qui vien-nent grossir leur rangs si lesanarchistes venaient à les atta-quer. Les anarchistes ne mani-

festeront jamais pacifiquement avec lesfascistes, même si cela doit les empêcherd'exprimer publiquement leur point devue.

Pour toutes ces raisons, on nevoit pas l'intérêt de venir participer à"Charnobylski Shlah" cette année (et peutêtre jamais plus).

Il y avait aussi un groupe secretde combattants qui ont attendu dans lazone de "Charnobylski Shlah" pour rendrela vie des fascistes un peu plus doulou-reuse s'ils se pointaient. Mais les fascistesn'étaient qu'en petits groupes, et atten-daient sûrement que les anarchistes semontrent.

Groupe Anarchiste Résistance Nucléaire

antiatombel(A)riseup.net

http://belarusantiatom. info/

31Manif anti-nucléaire a Minsk

Minsk - 2009


Le 19 décembre Alexandre Luka-shenko a été « élu » Président pour laquatrième fois consécutive. Pourquoi« élu » entre guillemets ? Simplementparce que Loukachenko s'est élu luimême. Même les citoyens qui le soutien-nent ne se font aucune illusion à ce pro-pos.

Pendant ce temps à Minsk, envi-ron 700 personnes étaient détenues lorsdes manifestations contre les électionstruquées. La plupart d'entre eux ont étéjugés selon la méthode traditionnelle du« tapis roulant » ; ne dépassant pas les 5minutes pour chaque affaire. Nous suggé-rons l'invention du Juge-Robot, spéciale-ment programmé pour générer desverdicts aléatoires : 10 jours, 12 jours, 15jours, une amende. Franchement, nousne comprenons pas pourquoi les jugesmodernes ont besoin de faire des annéesd'études. C'est tellement rétro ! Il suffitde demander à Bat'ka1 que faire de tel outel autre criminel.

Finalement, des centaines depersonnes ont été arrêtées ; beaucoupont eu droit à des amendes énormes(plus élevées qu'un mois de salairemoyen). 7 des 10 candidats à la prési-dence ont aussi fait un séjour dans les pri-

sons du KGB. Désormais, le KGB accuse 26personnes d'avoir organisé ou participé àdes émeutes (art. 239 du Code Pénal Bé-larusse (CPB)).

Plusieurs proches des candidatsont été arrêtés et détenus pour des du-rées de 5 à 15 jours dans plusieurs villesBélarusses.

En plus des arrestations et desdétentions, beaucoup de gens témoi-gnent d'interrogatoires informels au KGB.Des activistes de l'opposition ont subi desperquisitions lors desquelles ont notam-ment été confisqué ordinateurs etdisques durs.

Les ONG et les médias d'opposi-tion endurent des pressions considéra-bles. Ainsi, le 28 décembre, la rédactiondu journal « Nasha Niva » a été perquisi-tionnée et l'ensemble des équipementset des ordinateurs ont été confisqués.Une situation similaire c'est produite aubureau d'Euroradio. A Vitebsk, le journa-liste Vladimir Staroverov a reçu un aver-tissement officiel lui interdisant lacoopération avec des journalistes non-ac-crédités. Il y a aussi eu des perquisitionschez plusieurs journalistes. Natalia Ro-dian, une rédactrice du site d'opposition

Bélarus post-électorale : un compte rendu de la répression dans lepays.

1 : littéralement « père », surnom donné par les Bélarusses à Lukashenko

33Bélarus post-électorale

charter97.org est accusée sur les basesde l'art. 239 du CPB.

Pendant les deux dernières se-maines, Alena Tonkacheva, activiste desdroits de l'Homme, a été perquisitionnée; Vladimir Hilmanovich, activiste desdroits de l'Homme de la ville de Grodno,a été interrogé par le KGB ; la maisond'Ales Kaputski, activiste des droits del'Homme de la ville de Molodechno a étéperquisitionnée et son ordinateur confis-qué ; dans les environs d'Okrestino (là oùsont détenus une partie des arrêtés), lesactivistes des droits de l'Homme Olga Da-marad et Mikhail Matskevich ont été dé-tenus.

Aussi, le gouvernement béla-russe a décidé de ne pas prolonger lemandat de l'OSCE (Organisation pour laSécurité et la Coopération en Europe), laplus grosse organisation internationale enmatière de sécurité qui a refusé de recon-naître les élections.

Aujourd'hui trois de nos cama-rades sont arrêtés (Mikalai Dziadok, Aliak-sandr Frantskevich et Ihar Alinevich). Ilssont en détention provisoire pour diffé-rentes affaires anarchistes.

A ce propos, nous invitons tousles lecteurs à rejoindre le projet d'un cen-

tre de média indépendant, Indymedia, oùil est possible de publier anonymementet de façon sécurisée2 des informationssur la répression qui vous touche vouset/ou vos amis.

La diffusion de telles informa-tions est vraiment importante, non seu-lement pour soutenir les personnesarrêtées ou interrogées, mais aussi pourdissuader les autorités de cacher la situa-tion dans le pays qu'ils appellent « pro-blèmes mineurs ». De plus, l'accès gratuitet anonyme à l'information développe laliberté d'expression et l'esprit critique ensociété.

Le KGB (en biélorusse Камітэт дзяржаў-най бяспекі Рэспублікі Беларусь, Co-mité de la sécurité d'État de laRépublique de Biélorussie) est le servicede renseignements bélarusse. Il succèdeau KGB soviétique, tout en gardant lenom de ce dernier. Le montant de sonbudget et le nombre de ses agents sontgardés secrets. Son siège est à Minsk etil dispose d’une antenne dans chaqueprovince.

Le KGB est dirigé depuis le 15 juillet 2008par Vadim Zaitsev, ancien chef de la sé-curité du président Aliaksandr Louka-chenka. Celui-ci l'utilise pour contrôlerl'activité des opposants à son régime. Aulendemain de l'élection présidentielle du19 décembre 2010, sept des neuf candi-dats d'opposition sont détenus dans laprison intégrée au siège du KGB, à l’instarde dizaines de contestaires, de l’opposi-tion parlementaire comme des liber-taires. source : wikipedia fr

2 : Il me paraît important de souligner la relativité de lasécurité sur internet. Il est en effet à priori plus sûr depublier sur Indymedia que sur blogspot par exemple,mais il est (presque) toujours possible de retrouver lamachine qui a envoyé un message sur la toile. Il est donnécessaire de comprendre quels sont les risques etcomment s'en protéger, au delà de la simple publicationsur Indymedia. Plus d'information à ce sujet surhttp://guide.boum.org ndt

Interview d’un membre de l’ABC Belarus

Les conflits diplomatiques entre la Russie et la Biélorussie ( enjeux sur

les taxes d''importations du gaz provenant de Russie...) sont répétitif, l’incident

devant l'ambassade Russe à Minsk a abouti à une hostilité supplémentaire,

les deux pays s'accusant l'un et l'autre de la responsabilité de l'attaque.

Depuis la bataille de Khimki, la Russie traque toujours les personnes en-

gagées. Dans un contexte pré-électoral, après l'action à Minsk devant l instance

consulaire de Russie la répression s'est abattue dans les milieux militants Bié-

lorusses.

Pensez vous que les deux pays collabo-rent ensemble pour mener cette répres-sion ?

Je ne pense pas. Cela serait troplourd pour la police secrète de chaquepays. Je pense que le gouvernement [bié-lorusse] riposte simplement. Mais le KGBet la police secrète russe collaborentétroitement.

Est ce que le climat pré -électoral en Bié-liorussie à amplifier la répression pourtenter toute possibilité d'opposition ,d'actions ?

Oui.Il s'est passé la même chose pour

les élections de 2006, et celles de 2001. 6

mois avant les élections, le gouverne-ment a commencé cette répression trèslourde. Cette fois, ça a été un peu moinsdur envers l'opposition démocratique na-tionale – l'UE avait promis beaucoup d'ar-gent en échange d'élections libres, doncLukashenko essayait d'avoir cet argent. Mais pour nous, ça n'a pas été si facile. Jene sais pas ce qui serait arrivé, s'il n'yavait pas eu l'attaque de l'ambassaderusse. Mais pour beaucoup de mondedans le pays qui ne pensent jamais à lapolitique, il est devenu évident que lesanarchistes sont en train de prendre del'ampleur.

Après les élections plus de 600 per-sonnes ont été arrêtées, qu'en est il au-jourd'hui? Des personnes sont elles


toujours emprisonnées ? Y'a t il despeines de prison ?

En fait, je pense que 700 per-sonnes ont été arrêtées. Le truc, c'estqu'ils arrêtaient toute personne suspectequi passait au centre ville. La plupart onteu droit à leur amende de 300 euros, ouà 10-15 jours de prison pour s'être seule-ment retrouvé au mauvais endroit.

Maintenant, après ces « émeutesde masse » comme les ont appelé lapresse et le gouvernement, plus de 30personnes sont confrontées à descharges telles que l'organisa-tion ou la participationaux émeutes de masse.Il y a déjà eu un procèsil y a quelques jours etla personne a pris 4ans fermes pour parti-cipation aux émeutesde masse.

Ce groupe deplus de 30 personnes sontprincipalement les leadersde cette «opposition démocra-tique nationale, pro-Union Européenne.Je pense que la plupart des arrêtés sonttoujours dans la prison du KGB (yep, lapolice secrète possède sa propre prison,qui est sous le principal bâtiment du KGB)

Quel est le climat après les élections ?

Hum, c'est une question difficile.L'économie s'effondre. Chaque

jour qui passe, le coût des produits aug-mente, et c'est pareil pour le prix des ser-vices publics. Les gens sont en colère jouraprès jour, mais je pense que le scénario

égyptien ne convient pas à la Biélorus-sie... Du moins pour le moment, parceque les gens ont peur de la répression,même s'ils sont en colère... ou alors, cetterage va s'exprimer dans les rues et lesgens vont s'unir...C'est dur de prédire quoi que ce soit.

Beaucoup d actions menés sont revendi-qués par les anarchistes , Pourquoi ce choix stratégique ? Et lamise en ligne sur you tube ?

Et bien, c'est un peu compliqué.Le mouvement anar-

chiste Biélorusse est plutôt« jeune », et parfois, cer-

tains veulent juste del'action. Par rapport àça, on essaye juste detrouver la meilleureplace pour agir et s'in-vestir. Comme le mouve-

ment est vraimentrestreint, nous sommes

tous capables de participer àn'importe laquelle des campagnes

(en ce moment, on essaye de faire ça avecle mouvement anti-nucléaire). C'est pour-quoi la plupart des actions, sont des réac-tions à ce que fait l'Etat, comme lepremier mai ou d’autres actions.

Est ce que tu peux nous expliquer com-ment le KGB fonctionne en Biélorussie?(organisation, influence, pouvoir, infiltra-tion...)Est ce que Youchenko a gardé le nom duKGB pour continuer à semer un climatde peur envers la polulation ?

Interview d’un membre de l’ABC Belarus 35


Heu! Youchenko c'est ce vieuxgars d'Ukraine. En Biélorussie on a ce gar-çon « vraiment très gentil » appelé Luka-shenko [erreur de notre part dans laquestion...hé hé)( on parle bien de Luka-shenko!]Bon, je ne sais pas pourquoi ils ont gardéle nom de KGB. Peut être que c'est unesorte de méthode psychologique, parcequ'un nouveau nom demanderait de nou-veaux « succès ». Et l'ancien KGB convienttrès bien pour leurs missions. C'est lamême chose avec les organisations. Ellessont séparées du Ministère de l'Intérieur,et agissent indépendamment la plupartdu temps, mais elles sont toujours trèsliées au président. Donc en réalité, le KGBest toujours une police politique, mais ilstravaillent aussi sur les gros dossiers demeurtres et de crime organisé.

Ce qui est « drôle » dans tout çac'est que le KGB et le Ministère de l'Inté-rieur sont deux structures en compéti-tion, et qu'elles se détestent l'une etl'autre.

Comme pour les infiltrations... Jepense qu'ils préfèrent trouver un élémentfaible dans le mouvement lui-même, etensuite utiliser cet élément pour accéderaux informations, plutôt que d'infiltrer di-rectement, ce qui demanderait plus detravail.

Pourquoi y a t-il deux prisons différentes( d 'Etat et celle du KGB). Qu'est ce queça change pour les détenus? Est ce qu'ilssont considérés comme des prisonnierspolitiques (et non comme des prison-niers de droit commun)?Comment est-il possible de communi-quer et de s'organiser avec les personnes

incarcérées?Quelles sont les difficultés rencontrées« à l'extérieur » par l'ABC pour organiserle soutien et la solidarité? (pour les ac-tions, l'argent, les avocats...)

Comme je l'ai dit plus tôt, la pri-son du KGB c'est pour les GROSSES af-faires. La plupart sont politiques. Lespersonnes sont gardées là, alors les bâ-tards du KGB ont les arrêtés 24h à leurdisposition. Pour la prison elle-même,elle est bien fermée, personne ne sait cequi s'y passe.

Il est possible de contacter les dé-tenus. Les lettres passent par la censure,donc il faudrait plutôt les envoyer enrusse ou biélorusse, dans d'autreslangues les lettres seront simplement je-tées.

L'ABC biélorusse fait face à unepression constante de la part du KGB,parce qu'ils essaient de se faire une idéede qui sont les membres, pour leur fairesubir la répression, et si possible les met-tre en prison pour participation à une or-ganisation non enregistrées. (Nous avonsun article du code criminel qui stipule quesi tu participes à une organisation non-enregistrées, tu est passible de 3 ans deprison ferme). C'est évidemment un arti-cle politique, l'enregistrement devenantune nouvelle arme dans les mains des bu-reaucRATes.

Peux-tu revenir sur la répression aprèsl'action contre l'ambassade de Russie?Avec le recul ?

C'est assez compliqué. Je conti-nue à penser que ce n'était pas la bonne

37Interview d’un membre de l’ABC Belarus

action du point de vue de ce qui pouvaitêtre fait. Mais dans tous les cas c'étaitune action politique, et je pense que l'ondevrait respecter ça...même si ceux quisont derrière cette action ont écrit qu'ilss'en foutaient du reste du mouvementanarchiste biélorusse.

Néanmoins, plusieurs personnessont maintenant en prison. Les suites desactions montrent que le mouvement :-n'était pas prêt du tout pour la répres-sion. La plupart des personnes parlaientbeaucoup, mais quand est venu le tempsd'agir, ils ont se sont enfuis... - on s'est rendu compte que les flicsavaient commencé une opération contreles anarchistes depuis le printemps 2010.Donc d'une certaine façon, nous avonsétés bien contents que les flics aientfoncé et n'aient rien trouvé. A l'heure ac-tuelle, le KGB et les flics n'ont rien surtout le « dossier anarchiste ». C'est seu-lement après avoir fait pression sur lemaillon faible qu'ils ont pu obtenir l'infor-mation, et maintenant les personness'autoproclament anarchistes sont lespremiers témoins de la persécution

Est ce que le kidnapping par le KGB estune pratique courante? Est ce que tupeux raconter ce qu'il s'est passé pourIgor? Peux tu nous en dire plus sur sonenlèvement à Moscou et sur sa déten-tion?

Le kidnapping arrive parfois. Jepense que le cas d'Igor est vraimenténorme. Je n'ai jamais entendu quelquechose de similaire que les flics ou le KGBbiélorusse auraient fait auparavant.Igor a été capturé quand il tentait de ren-

contrer une personne de Biélorussie [àMoscou]. Cette personne l'a vendu. Prèsdu point de rencontre, il a été capturé parsix personnes. Il y avait quelqu'un d'autreavec lui, qui se cache désormais de la po-lice, parce qu'ils pensent qu'il estconnecté avec les actions directes biélo-russe.Après ça, on a plus eu de nouvelles d'Igorpendant 24h. Le jour suivant, sa mère aeu un coup de fil de l'avocat d'Etat, l'in-formant que Igor était dans une prison duKGB. C'est tout. Les keufs n'ont toujourspas de papier comme quoi Igor a été ar-rêté. Juste les comptes rendus d'interro-gatoires. Comme s'il s'était toutsimplement téléporté de lui même dansla prison du KGB pour être interrogé etrester là un moment...

Comment vont les prisonniers (physi-quement, psychologiquement) ?

Nicolai a été transféré à l'hôpitalil y a quelques jours. Il a des problèmesde santé depuis le début [de son incarcé-ration]. Fort probablement à cause dustress. Pour le psychologique, ce sont desgars fort, ils gardent leur moral.

La solidarité internationale, quel est sonpoids? Est ce que t'as l'impression queça influence la situation locale? (parexemple sur les conditions de la déten-tion, sur l'ampleur de la répression...)

C'est une question complexe. Lamajorité d'entre nous pense que les ac-tions de solidarité n'influenceront pasl'affaire, et que les personnes incarcéréesne seront pas mieux traitées. Mais il est

certain que les actions de solidarité ai-dent les personnes en prison à resterfortes, et elles aident les personnes quisont libres en ce moment à continuer.

Qu'est ce qu'on pourrait faire concrète-ment pour vous aider ?

Tout d'abord, on a besoin debeaucoup d'argent. Le montant total desamendes sera de plus de 20 000 $.Vous pouvez aussi diffuser l'informationsur ce qui se passe ici.Peut être que vous pourriez venir pourpartager quelques expériences avec lesgens, comme la plupart des gens appren-nent seuls « quoi et comment faire ».Pour les actions de solidarité, nous pen-sions à des occupations d'ambassades. Je

pense que ça pourrait exercer un peu depression sur le régime de Lukashenko.Quelques personnes à St. Petersbourgl'ont déjà essayé, mais ça n'a pas vrai-ment été un succès, la Russie n'est peutêtre pas le meilleur exemple d'un pays oùcette action pourrait être faite.

Qu'en est-il des amis de la liberté? (estce qu'on en sait plus sur eux?)

Ils ont disparu aussi vite qu'ilsétaient apparus. Le plus probable est quele groupe ait été créé pour les deux ac-tions seulement.

A ce jour, ou en sont les chefs d'inculpation pour les personnes empri-sonnées? Le bilan semble s'alourdir de

jour en jour. Recherche t il toujoursdes personnes car l'enquête n'estpas terminée ?

En ce moment, Nikolai est accusé dedestruction de propriété privée etrisque jusqu'à 7 ans de prison.

Igor est accusé de la mêmechose, mais à cause du coût de lapropriété, il aura au minimum 7 anset risque jusqu'à 12 ans fermes s'il estreconnu coupable.

Aliaksandr est mis en accusationpour hooliganisme et peut prendrejusqu'à 6 ans de prison.

Et Maxim (qu'officiellement nousne soutenons pas) a les mêmescharges qu'Igor. Il semble que leskeufs l'utilisent et qu'ils le mettent en


Interview d’un membre de l’ABC Belarus

retrait dans l'affaire. Et comme il coopèreavec les condés il n'aura probablementqu'une paire d'années de prison.

Les fascistes en Biélorussie : à quel pointsont-ils une menace, y a t-il souvent desattaques..?

En Biélorussie, les fascistes sontsurtout reliés aux hooligans et ça ne vapas plus loin. Il y a un club de foot fascisteet un club antifasciste. Il se battent entreeux et les deux sont totalement apoli-tiques. Il y a aussi quelques personnesd'organisations nazies mais ils sont toutle temps bourrés et il semble qu'ils nesoient pas capables d'organiser quoi quece soit.Par contre, il y a vraiment une xénopho-bie ambiante, dans la population. Ca nesort pas des « cuisines », mais c'est ungros problème, par ce que ça à l'air detourner à quelque chose de pourricomme ce qu'il se passe en Russie.

il y a une scène punk diy importante enbiélorussie, dans ce climat d 'état auto-ritaire, quelles entraves rencontrez vous?

Aujourd'hui, la scène punks'éloigne de la politique. La plupart despunks préfèrent la posture apolitique,comme ça ça ne créé pas de problèmeavec l'Etat. Cependant, le mois dernier ily a eu 2 concerts punk rock dans deuxvilles différentes qui ont été chargés parles flics anti-émeutes. Peut être que ça ai-dera quelques kids à comprendre que lapolitique est partout.

Il y a un projet de centrale nucléaire ,

comment réagit le population ? Le spec-tre de tchernobyl est belle et bien en-core existant ?Est ce que la population est informéedes risques encore encourues pour elles? Y a il des moyens de protection quisont mis en place ?

La Biélorussie est un très bonexemple de ce que l'énergie nucléairepeut faire des gens. Aujourd'hui, la majo-rité de la population du pays est touchéepar différentes maladies. Chaque année,le gouvernement modifie juste les cri-tères pour la taux moyen des différentesmaladies.Le truc, c'est qu'il est vraiment devenudifficile de trouver quelqu'un en bonnesanté dans le pays. Mais les gens sont lo-botomisés par la télé d'Etat, qui dit que lanouvelle centrale nucléaire va construireun futur pour les biélorusses et blablabla.Le pire est que les gens croient ces conne-ries. Beaucoup de personnes soutiennentla construction de la centrale nucléaire.

Si tu as envie de nous parler d'autreschoses? De nombreuses questions vien-dront pendant la discussion.

Pour la plupart d'entre vous, laBiélorussie est quelque chose commel'URSS, vous ne devriez pas être effrayéspar ces conneries. En fait, il y a de fortespossibilités que même votre Etat se trans-forme en cette merde. Et nous devonsêtre conscient de ça. Je pense que c'estaussi pour ça que nous faisons la tournéede l'ABC.

Interview effectué début 2011

39

Est-ce que l’ampleur des protestations cor-respondait à vos attentes?

Franchement, la plupart de nousne s'attendait à rien du tout. Le fait que lesgens soient allés vers la Maison du gouver-nement au lieu de rester à la place d’Octo-bre, lieu traditionnel des manifestations del’opposition a été une grande surprise, ainsique le fait qu’il y avait tellement de gensque la foule a bloqué l'avenue. L'oppositionest aujourd'hui très libérale, et bloquer laroute c’est commettre un crime, et ceux quicommettent des crimes ce sont de « mau-vaises personnes ». Alors, ils marchent gé-néralement sur les trottoirs même si lepassage est tellement étroit que seulement2-3 personnes peuvent passer l’un à coté

de l’autre. Donc, le fait qu’ils soient passé par l’avenuecentrale de la ville indique que les gensn’ont plus peur de commettre un crime, ilest devenu beaucoup plus important de lut-ter pour l’avenir et ça c’est très positif.

Êtes-vous satisfaits de leur participation?

Nous sommes très heureux d'avoirfait tout notre possible pour assister à lamanifestation. Malgré le fait que la plupartdes médias ont ignoré la présence des anar-chistes (comme ils le font presque tou-jours), les internautes, eux, ont parlé desanarchistes comme du groupe le mieux or-ganisé, et en faisant d'eux un exemple. Au-trement dit, même en dépit du choc du à la

Interview d’un Anarchiste de Minsk

Nous avons mené une interview avec un anarchiste de Minsk; cette in-

terview date de novembre 2010 et ne tient donc pas compte de tous les chan-

gements politiques intervenus depuis les éléctions de Loukachenko le

19/12/2010. Certaines questions concernant les événements à Minsk du

19/12/2010 ont été rajouté après l’interview.


violence de la police et aux arrestations, lesgens remarquent qu’il existe des groupesorganisés et commencent à penser que lamanifestation ne doit pas être vu commeune visite de théâtre, et qu’il faut se prépa-rer avant d’y aller.

Et les répressions ? Dois-je comprendreque seulement l’opposition et des pas-sants ont été arrêté? Les anarchistes y ontéchappé?

La police arrêtait tout le monde.Malgré le fait qu’au moment des arresta-tion le groupe d'anarchistes (qui comptaitenviron 50 personnes) s’est dissipée dans lafoule pour se disperser, quelques un d'en-tre eux ont été arrêtés. En général, ungrand nombre de personnes ont été prisesau hasard. En termes de hasard – la sélec-tion a été totalement aléatoire. Du genre«Je suis allé faire des course et j’ai fini enprison."

À quoi s'attendre maintenant?

Haha, bien c’est la question la ré-ponse à laquelle beaucoup de gens vou-draient une réponse. Soit la société s’endortpour les 5 prochaines années, soit on com-mence à se battre. Personnellement, je suispour le deuxième point.

Décrit-moi la situation politique en Belarusaujourd'hui : comment le régime de Lou-kachenko a changé depuis son début?

Au début de son règne Louka-chenko a gagné de la popularité en tant quel’homme du peuple ; il appartenait à aucunpartie politique, et il a souvent soulignéqu’il est contre tous ces politiciens du partiet qu’il est « pour le peuple et comprend

tout ». Beaucoup ont voté pour lui commepour une alternative aux nationalistes.

Aujourd'hui, la situation est enconstante évolution. Loukachenko veutvraiment se lier à l’Europe, veut aller àtoutes sortes de sommets intéressants, desrepas gratuits ; passer des vacances dansles Alpes et rencontrer les dirigeants euro-péens et ainsi de suite. En général, Louka-chenko veut être une star mondiale, je veuxparticiper à la politique mondiale. Mainte-nant, suite à ses actions, la marge de ma-nœuvre pour lui est très limitée à cet égard.Les sanctions continuent de s'appliquer. Denombreux hommes politiques du mondeentier ne veulent plus l'accepter.

L'état des choses ne le satisfaitdonc pas, et il tente de jouer le jeu de libé-ralisme. Et il s’en sort mal. En dépit des fortsdéclarations sur la liberté d'expression etles libertés civiles en Bélarus il n’y a quequelques rassemblements ou manifesta-tions autorisés chaque année. Je ne peuxpas vous donner des chiffres exacts, mais,par exemple, l'an dernier les autorités bé-larusses ont refusé l’autorisation de plu-sieurs centaines de piquets,rassemblements, manifestations et autresévénements politiques. Les motifs de refusen vertu de la loi sont manquantes, mais leprésident est très paranoïaque de toutmouvement plus au moins actif dans la so-ciété. À cet égard, rien n'a changé depuis ledébut de son règne qui date de plus de 16ans. Dans ce contexte, le mouvement anar-chiste n'a jamais eu d'illusions sur la liberté.

Dans le passé quelles sont les événementsque tu trouves particulièrement intéres-sants?

Un «évènement»? Y en a un seul,ils ont réellu ce trou du cul. L'Union sovié-

Interview d’un Anarchiste de Minsk 41

tique a beaucoup aidé par l’héritage de sapolitique d’intimidation genre « on parle depolitique que dans la cuisine, en chucho-tant, et parmi les siens ». Au cours de toutel'histoire postsoviétique du pays ont eu lieuquelques manifestations importantes, quin'ont aboutit à rien. Ça a également jouéson rôle non négligeable dans la société, carça a renforcé l’opinion des gens que «quoiqu’on fasse rien ne change." Mais raconterune histoire récente - cela n'a aucun sens.

Si seulement en bref.Après l'effondrement de l’Union

Soviétique ce sont les nationalistes qui sesont précipités pour ramasser le pouvoir. Etpuis, en 1994 (on se demande comment!)ils ont « réussi » à perdre les élections pré-sidentielles et après quoi ils sont dans l'op-position éternelle au pouvoir. Au début derègne de Loukachenko chacune de ses in-novations recevait une obstruction grave,par exemple : les mineurs de Soligorsk, sansêtre passé par les syndicats officiels, ont an-noncé une grève démonstrative en réponseà des déclarations sur la réduction desavantages sociaux et ils ont gagné. À cette

époque, le président lui-même s’est rendusur place et il a tout résolu.

Un autre exemple: juste au mo-ment où la symbolique de l'Etat devait êtrechangée pour une symbolique datée del’Union Soviétique, l'opposition a organiséquelques manifestations très importantes,dont une en 1996 qui à la fin s’est trans-formé en une émeute dans les rues de lacapitale. En dépit de tout ça la symboliquede l’Etat a été changée. Avec le temps,après dix ans de règne de Loukachenko lepeuple a déjà commencé à perdreconfiance en lui-même. Bien qu'en 1996 et2000 la police anti-émeute faisait souventfaçe à une opposition violente de la partdes manifestants, des réelles pressions po-litiques sur le pouvoir n'ont jamais eu lieu.Et au début de ce siècle, tout s’est calmé.L'opposition, qui se nourrit sur les subven-tions européennes était satisfaite de la si-tuation existante ; Loukachenko, à son tour,ne faisait pas beaucoup de pression surl’opposition. Actuellement, il s'est forméentre ces deux forces politiques un genre


de situation mutuellement bénéfique. L'op-position transforme la résistance au« cirque », mais peut facilement obtenir dessubventions de l'Ouest pour le développe-ment de la liberté dans le pays.

Quelles sont les forces et groupes poli-tiques représentés en Bélarus? Quels mou-vements sociaux?

En Belarus nous avons un prési-dent autour duquel sont rassemblées despersonnes complètement différentes. Ils nesont pas unis par une partie de pouvoir,mais ils sont tout simplement ce pouvoir.L'opposition politique, qui se compose prin-cipalement de nationaux-libéraux n'a au-cune influence sur ce qui se passe, la seulechose qu’ils font c’est qu’ils alertent l'Eu-rope pour dénoncer la violation de leursdroits. Tout le reste ce sont des groupesmarginaux.

Les anarchistes sont maintenantmarginaux bien que ces dernières annéesnous avons commencé à aller à un nouveauniveau et la perception par la société acommencé à passer progressivement dumonde bipolaire de l'Europe / la Russiedans un monde où il y a aussi les intérêtsdes travailleurs ordinaires.

Avez-vous des médias qui sont en positioncritique envers le pouvoir? Quel est le rôlejoué par l'Internet?

En Bélarus, il existe des mediaspro-gouvernementaux. Ils sont regardés parla grande majorité de la population. En réa-lité, ces médias c’est le porte-parole dupouvoir. L’information qui est diffusée àtravers ces médias peut être même ridicule,mais beaucoup sont ceux qui ne la pren-nent pas au sérieux, mais continuent tou-

jours à regarder ou à lire, et dans une cer-taine mesure la perception est toujours in-fluencé, même si on se positionne avec unecertaine ironie. Il y a aussi certaineschaînes télé russes, qui ont récemment prisune position critique vis-à-vis du gouverne-ment Belarus en raison du récent conflitentre les deux pays. A part cela il y a aussi des médias opposi-tionnels, mais il n’y a pas de grande diffé-rence avec les médias étatiques. Lorsqueles médias étatiques informent du fait quetout est super ici et ailleurs c’est la merde,les oppositionnels disent le contraire –comment c’est la merde chez nous et superen Europe, allons en Europe et tout serabon. L’opposition est très orientée vers l’Eu-rope. Mais cela ne peut pas étonner, carl‘Europe et l‘Amerique sont les sponsorsprincipaux de ce cirque oppositionnel.

Il y a aussi Indymedia. En ce mo-ment c’est la source principale pour des in-formations sur les répressions.

A part cela, il y a de nombreuxblogs, qui parfois sont politiques. Ce nesont pas des médias sérieux, mais on ytrouve beaucoup de choses intéressantes,concernant la perception de la situation parles gens en Belarus.

Et qu'est ce que la population pense? Quelest son état d’esprit?

En général, tout n'est pas aussimauvais que cela peut paraître au premierregard. La plupart des gens ne croient pasau gouvernement, ne croit pas à la police,ne croit pas à tout ce système bureaucra-tique. Les gens continuent d'opérer dans cesystème des relations uniquement en rai-son du fait qu'ils ne voient aucune alterna-tive. Cette même oppositionnationale-libérale s’est discréditée depuis


longtemps. Les gens sont assez sceptiquesvis à vis des idées de gauche. Il suffit justed'évoquer le communisme ou le socialisme,et on est vite perçu comme étant sectaires,voulant s'emparer du pouvoir, construiredes Goulag et y enfermer tout le monde.C’est l'héritage de l'Union soviétique, où lecommunisme a été proclamé mais n’existaitpas réellement. D’ailleurs, il existe encoreun parti communiste en Belarus qui opèrede la même façon que pendant le périodesoviétique, même encore plus schizoïdeque jamais: c’est du pur populisme avec laprétention d’être un capitalisme de l’Etat.

Que s'est-il passé cette année au niveau dele vie politique? Quelle est l'importancedes élections présidentielles?

Cette année a été marquée parl'augmentation d'activité des anarchistes.Au cours de ces six derniers mois plusieursactions radicales ont été commises, ce quiétait inimaginable il y a quelques années.En plus "Bespartshkola" (école sans parti),une initiative éducative anarchiste a com-mencé à fonctionner.

Quelques rassemblement non au-torisés ont été organisés. Mais malgré lesélections à venir, la vie politique est assezmolle. L’opposition a commencé seulementfin septembre de faire sa campagne et lesgens ne s’y sont pas tellement intéressé. Laseule chose à prendre au sérieux c’est la ré-pression et le fait qu’il y a plus de flics dansles rues. Dans l’espace d’une heure tu peuxvoir passer plusieurs flics en patrouille etd’innombrables cars. Et ça, c’est seulementce qui est visibleQuel genre de relation entretien le Belarusavec ses voisins - la Pologne, la Russie, lespays baltes? Pourquoi la Russie a soudai-nement commencé les guerres du gaz et a

lancé une vraie compagne de compromis-sion de Loukachenko?

C'est une trop vaste question pourque je puisse donner une réponse bien ap-profondie. Que dois-je dire? La Pologne etles pays baltes c'est l'Europe, avec laquelleles relations ne sont pas très chaleureuses,bien que dernièrement Loukachenkoveuille vraiment se faire des amis dansl'Union Européen. La Russie, qui sans cessea été l'«allié» de Loukachenko est désor-mais son ennemi (l'amitié entre Louka-chenko et la Russie s'est soudé au cours deces dernières semaines). Les guerres du gazont commencé au moment où la Russie aprogressivement commencé à augmenterle coût du gaz et du pétrole (dont le prix aété réduit à l'origine). "M. le Président" n'apas été content, et il a décidé de fermercomplètement le "robinet" - c'est unhomme simple et stupide et je crois qu'il n'apas trop compris en ce moment quellespouvaient être les conséquences de sesactes. Maintenant il doit acheter du gaz etdu pétrole au prix normal du marché etcommence peut être à réfléchir... Même sicela est plutôt improbable. Il est trop tardpour lui pour réfléchir, il a l’air d’être déjàdément.

Quelle est la source de la vie éco-nomique en Biélorussie, quelle est niveaude vie? Quelles sont les intérêts écono-miques des principaux acteurs? Quelle estle rôle du capital russe? Toutes les kalach-nikovs soviétiques ont déjà été vendues ouChavez va encore venir faire des achats?

Maintenant le niveau de vie estassez bon. Mais chaque jour ça s'aggrave.Le fameux miracle économique dont onparlait auparavant a pu exister grâce à l'ap-


provisionnement du pétrole et du gaz a prixréduit, puisque la Belarus les revendait auprix du marché. En plus durant un certaintemps la Russie faisait des énormes inves-tissements dans le pays. Maintenant toutça est fini et Loukachenko attend de l'aidede la part des néolibéraux. Beaucoup sontd’avis qu’on va vers une situation comme enRussie au début de années 1990. Le niveaude vie baissera à cause de problèmes éco-nomiques et peut être cela rendra les gensun peu plus actifs.

Parlez-moi de l'histoire du mouvementanarchiste?

Le premier anarchiste a été Prou-dhon, ensuite c'était Bakounine, et puisKropotkine. Héhé. En Bélarus, ainsi que surtout l'ensemble de l'espace postsoviétiquele mouvement anarchiste n'est pas encorebien développé. La Fédération des anar-chistes de Bélarus (FAB) a commencé àémerger dans la fin des années 80 du siècledernier (j'ai immédiatement sauté les an-nées 1920-30, quand des anarchistes ontété tout simplement tués partout en UnionSoviétique). Ensuite, un petit groupe depassionnés a organisé la Fédération biélo-russe des anarchistes. C'est une des raresorganisations importantes de toute l'his-toire de l'anarchisme dans le pays. Je nesuis pas un historien, et je serai à peine ca-pable de relater les détails de ce qui s'estpassé à ce moment-là parce que tous lesparticipants de ces événements ont déjàpris leur retraite (l'un d'eux s'est même pré-senté comme candidat aux élections prési-dentielles). A la fin des années 90 acommencé à se développer la scène punk-rock, qui est devenu l'une des axes princi-pale du mouvement. En outre, dans ledébut des années 2000 les anciens mem-

bres de FAB ont lancé un journal humoris-tique "Navinki", qui était très populaireparmi la population, on pouvait l'acheterdans les points de vente des journaux dansplusieurs villes Belarus; plus tard le journala été interdit.

Après cela, le mouvement anar-chiste de Belarus se développe lentement,étape par étape. Une branche de l'ActionAutonome à été ouvert au Bélarus, qui estdevenu l'Action Révolutionnaire après uncertain temps. En ce qui concerne desgrandes organisations anarchistes - ici, çan'est jamais arrivé. A u -jourd'hui, en Belarus, participer à une orga-nisation non déclarée peut entrainer unearrestation et jusqu'à deux ans de prison.Bien sûr, personne ne va déclarer une orga-nisation anarchiste, et dans tout les cas cetype d'organisation ne sera jamais enregis-tré.

Quel est le rôle joué par la contre-culture? A l’époque, la contre-culture a été

une source majeure de nouvelles per-sonnes dans le mouvement. Pendant plu-sieurs années le punk rock était vraimentune culture de protestation autour de la-quelle tournait la majorité des actions anar-chistes. Mais maintenant ça a un peuchangé. Les gens ont commencé à consom-mer du punk rock comme tout le reste. Àcet égard, le Bélarus n'est pas différent dela plupart des pays européens.

Quelle a été l'activité principale des anar-chistes au cours de ces dernières années?

En général, l'objectif principal étaitl'intégration du mouvement anarchiste. Ona essayé de discuter sur des sujets d'actua-lité qui intéressent la société. Il y avait aussides gens qui étaient impliqués dans le mou-


vement ouvrier. Je ne dirai pas qu'il y a eudes bons résultats, parce que les gens n'ontgénéralement aucune expérience de parti-cipation à un mouvement ouvrier - le mou-vement syndical au Bélarus n'existe pas entant que tel.En outre, il existe encore l'ini-tiative antinucléaire - la "Résistance Antinu-cléaire", qui a été l'un des groupes les plusactifs contre la construction de centralesnucléaires au cours des dernières années.Après la catastrophe de Tchernobyl, laquestion nucléaire est très douloureusepour les Bélarus, mais malgré le fait que lasanté de milliers de gens fut irréversible-ment détruit par l'énergie nucléaire, la pro-pagande fait bien son travail et beaucoupde gens soutiennent désormais la construc-tion de centrales nucléaires en tant queprojet de création d'indépendance énergé-tique du pays. En outre, ça fait déjà plu-sieurs années qu'en Bélarus fonctionnel'initiative "Food Not Bombs", qui attirel'attention du public sur les problèmes defaim et de la stratification sociale. Bien sûr,on ne peut pas dire que c'est réalisé avecbeaucoup de succès, mais dans l'ensemblel'initiative se développe petit à petit.

Quels sont les courants politiques repré-sentés chez les anarchistes? Si je com-prends bien vous essayez de traduire desdifférentes textes, principalement de l'an-glais? Sur quoi vous orientez vous?

Le courant le plus répandu c'estl'anarcho-individualisme. Probablementparce que les nouveaux anarchistes sont"venus" de la scène punk-rock. Mais les plusactifs en ce moment sont les anarcho-com-muniste. Bien sûr, il n'y a pas beaucoup dedifférences mais il y en a par exempleconcernant les actions. Et bien sûr, le Béla-rus a été soulevé par une vague de rébel-lion. C'est sur cette vague d'action qu'a eulieu la manifestation près de l'ambassadeavec des "Amis de la Liberté." Qui, aprèsquelques commentaires peu flatteurs surses actions de la part des anarchistes, ontdéclaré ouvertement qu'ils étaient anar-cho-rebelles, se fichant de tout le monde etfaisant tout ce qu'ils voulaient. Chacun a sacompréhension de l'anarchisme et de la ré-volution, mais je dirai qu'une chose est cer-taine - l'anarchisme attire souvent des genstrès étranges.

Y a-t-il des graves problèmesavec l'extrême droite?

L'extrême droite existe etcrée des problèmes. Au Béla-rus, très peu de nazis ou fas-cistes sont prêts à se battrepour la « pureté de la na-tion » et les autres conneriespareilles. La plupart des per-sonnes rejoint le mouvementnazi en raison de la mode, dufootball entre autre. Après,ça ne va pas au-delà des rè-glements de comptes de«Police»


clubs de football. Bien que les bagarresavec des néo-fascistes se produisentconstamment et dans la plupart des cas ilss’attaquent aux amateurs de football à lamode ou aux représentants de la contre-culture tels que les punks. La société Bela-rus est assez raciste, surtout en ce quiconcerne le racisme de tous les jours. Maisil n'y a pas des choses aussi graves qu'enRussie : il n'y a que rarement des attaquesracistes dans les rues à cause de sa couleurde peau, mais dans toutes les maisons onparle souvent des géorgiens, Tsiganes et au-tres étrangers.

Quel est le niveau «normal» des répres-sions ces dernières années? Le niveau«normal»?

Il est difficile d'en parler. En prin-cipe, les répressions sont rares. La pratiqueprobablement plus fréquente c’est la pres-sion totale sur la société. Par exemple il y aquelques années, le jour de l'Indépendancedes inconnus ont fait exploser un paquet dejus avec des boulons - action extrêmementinutile- mais qui a provoqué de l’agitationdans le milieu policier et suite à laquellepresque tous les hommes du pays se sontfait relever leurs empreintes digitales. Al'époque, il y avait un vide juridique, et c'estseulement après qu’ils ont adopté une loisur les empreintes digitales obligatoires. Engénéral, dans le pays ça devient de plus enplus difficile d'agir. Les gens peuvent mêmeparfois croire qu'on traverse une période delibéralisme. Mais c’est n’importe quoi! C’estjuste que le gouvernement passe progres-sivement de la politique soviétique avec sesrestrictions brutes, à la politique limite demanipulation, qui existe d’ailleurs dansl'ouest. On croit qu’on est libre dans notrevie quotidienne, mais lorsqu'on est

confronté à des problèmes réels, alors onne peut rien faire, on est impuissant.

Pourquoi une "action" un peu ridicule a at-tiré tant d'attention de la part du KGB etdes flics?

Parce que le président a lui-mêmedit que cette enquête serait résolue! Le pro-blème est enraciné dans les "guerres dugaz" entre la Russie et la Belarus. Au mo-ment de l'action de solidarité la situationétait très tendue et l’action elle mêmen’était qu’un prétexte pour les fonction-naires des deux pays pour commencer às'accuser mutuellement de provocation etversez la merde l’un sur l’autre. Lorsquel'action a été revendiqué par des « amis dela liberté » ça a fait le bonheur des autoritésqu’ils ont enfin eu quelqu’un à accuser. Ilsont trouvé leur bouc émissaire.

Parlez-moi de services spéciaux. Quelssont leurs départements et qu'est-ce qu’ilsfont?

Des départements, y en a plein! Di-rectement des responsables de la sécurité– c’est le MAI, et le KGB. MAI - Ministèredes Affaires Intérieurs, en un seul mot c’estla police, les département de police localeet d’autres conneries. Ils sont constitué deGAI - Police de la route et d’UBOP - Dépar-tement de lutte contre le crime organisé- cesont les mecs qui luttent contre le crime or-ganisé, le trafic de la drogue et ... les anar-chistes. Ce département, en collaborationavec le KGB (Comité pour la sûreté de l'Etat)enquête sur la majorité des actions anar-chistes.


Avez-vous déjà attiré l'attention du KGB?

Oui. Le KGB s'intéresse aux anar-chistes depuis de nombreuses années.Peut-être pas avec une telle intensitécomme ça se passe maintenant, mais, parexemple, durant la manifestation de«Tchernobyl Way-2009" les agents de KGBsont presque rentré dans nos culs avecleurs caméras de merde. D'un autre coté enraison de la vie politique relativement faibledans le pays, leKGB accorde une attentionparticulière à toutes les manifestations. Ehbien, la fin du printemps, nous avons lancéla « Bespartshkola » (« l’Ecole sans par-tie »), une initiative ouverte. Tout était fait« professionnellement », les forces spé-ciales et d'autres ordures ont arrêté vingtpersonnes sans raison dans le cinéma. Onnous a emmené au poste de police, certainsont du laisser les empreintes digitales et lesdonnées de leurs passeports ont été enre-gistré. Certaines personnes ont eu uneconversation « privé »avec des agents duKGB.

Qu'est-ce qui s'est passé exactement?

Le 2 Septembre: les « Amis de la Li-berté » ont pris la responsabilité de l'atten-tat contre l'ambassade de Russie, et alorsdéjà le 3 Septembre à 6 heures les flics encivil et portant des masques ont fait irrup-tion dans plusieurs appartements de Minsk.Comme résultat, 7 personnes ont été arrê-tés. Nous avons retrouvé les gens que lelendemain. Le contact avec les parents aété autorisé seulement après les 3 premiersjours d’arrestation. 8 Septembre encoretrois personnes arrêtés. Certaines per-sonnes se sont vu refusé d'envoyer quelquechose dans la prison au motif de certainsproblèmes internes à la prison (pour le

transfert de choses pour le reste des gars,là il n’y avait pas de problèmes). Après cela,moi-même j'ai été arrêté et encore cinqautre personnes. Sur les 14 détenus, seule-ment Frantskevich et Dedkov ont été accu-sés, et encore, en violation des règles deprocédure - Frantskevich a été détenu sansinculpation au centre de détention 19 jours,Dzyadok – 29 jours! Un autre homme - Ser-gei Slusar qui a lancé les cocktails Molotovsur le bâtiment de KGB en solidarité avecles arrêtés à la suite de l'action à Bobrouïsk,a été détenu pendant 10 jours. Au total il aété retenu sans inculpation dans les mainsdes flics 19 jours.

Quelle a été la première réaction?

Pour plusieurs la première réactionc’était un choc. Bien que de nombreux com-prenaient que nous ne vivons pas au paysdes merveilles, mais il me semble qu'ils n’enétaient pas trop conscient. Une partie degens était dans un état de blocage, «ils sa-vent tout, ne nie rien." D'autres ont simple-ment disparu de la vue. Mais déjà dès lespremiers jours, il y avait des gens qui, mal-gré des craintes et des problèmes avec lesflics n’ont pas arrêté d’agir et ont soutenules prisonniers. En conséquence, la plupartdes gens se sont calmés et maintenant ilsne pleurent plus la fin du monde et necroient plus à capacités surnaturelles desservices spécieux biélorusses.

Pourquoi vous n'étiez pas prêt à la répres-sion?

Je suppose que c’est parce qu’onétait trop confiant. Et aussi parce que lesgens ne réalisaient pas tout à fait la gravitéde la situation et quelles pouvaient être les


conséquences de leurs actions. Mainte-nant, il y a même des personnes qui ontparticipé à des actions radicales qui noustrahissent pour éviter les problèmes à l'Uni-versité. En plus nombreux sont ceux qui neprenaient pas en compte la sécurité infor-matique. Les ordinateurs de quelques per-sonnes ont été confisqués et le KGB a retirébeaucoup d'information intéressante, la-quelle, je crois, peut bien endommagerl'ensemble du mouvement.

Est-ce que le mouvement a pu rebondiraprès le choc initial?

Oui, mais la confiance a fortementdiminué entre les gens.

Comment ont réagit les représentantsd'autres forces politiques, l'opposition; lesmédias; les défenseurs de droits del’homme?

Actuellement, les défenseurs desdroits de l’homme nous aident activement.Certains d'entre eux tentent d'attirer l'at-tention des organisations de droits del’homme de l'Ouest pour faire la pressionsur Loukachenko. Les médias de l'opposi-tion au début ont largement couvert l'évé-nement, mais maintenant il semble queleur enthousiasme s’est épuisé. Les forcespolitiques n’ont absolument pas tenucompte de ce qui se passe. Les politicienssont très occupés actuellement à faire ducapital politique sur le sujet des élections.

Que risquent les prisonniers politiques etles flics continuent-il de faire pression surceux qui sont restés en liberté?

Difficile de prévoir le développe-ment futur de la situation. Les termes del'accusation de Sasha et Kolya vont jusqu'à6 ans. Mais il y a encore une possibilité quela peine soit remplacée par une plus sévère.En général, nous ne savons pas vraiment sequ'il se passe puisque chaque jour l’écartentre ce que nous supposons que les flicssavent et ce qu’ils savent en réalité s’élargiede plus en plus. Eh bien, il faut aussi savoirque la prison en Belarus et dans les payspost-soviétiques en général est très diffé-rente de l'Europe. En Bélarus la prison (oùsont actuellement Frantskevich et Dzyadok)– c’est un trou où il n’y a que10 lits parchambre pour une vingtaine de détenues.Les gens dorment à tour de rôle. Les toi-lettes puent, les promenades sont au bonvouloir des matons, les rares rendez-voussont avec les parents (pas d'amis!). Les let-tres arrivent comme passé par un filtreanti-spam d’il y a 10 ans – c’est totalementaléatoire. Certaines lettres peuvent passer,mais d'autres non. En général, c’est difficile


de qualifier ça comme une vie.

Quelles sont les conséquences de ces ré-pressions pour le mouvement anarchistesde Minsk et de Belarus? Pourquoi il est im-portant de fournir un soutien internatio-nal?

Les conséquences sont catastro-phiques. Beaucoup de gens se sont déjàcaché dans leurs trous et n’en sortent pas.Pour beaucoup, la répression a été une ex-cuse pour ne plus rien faire. Effectivementc’est assez décevant de voir ça de la part denos camarades, mais nous n'avons pas l'in-tention de se rendre et on va se battrejusqu'au bout. Le soutien a une importancecapitale, puisque certaines personnes com-mencent à ne plus croirent en leur mouve-ment. Plus i il y aura d’actions de solidarité,plus la question bélarusse dans la presseoccidentale sera abordée, notamment laquestion du régime horrible et sanglant deLoukachenko, et comme une conséquenceles hommes politiques de l’Europe vontcommencer à pleurnicher sur les violationsinacceptable des droits de l'homme aucœur de l‘Europe (comme si ils ne violentpas eux mêmes ces droits dans leurs pro-pres pays)

Quelles sont les formes d'actions de soli-darité que vous trouvez les plus efficaces?Que peut-on précisément entreprendre?Dites si vous croyez que tous ces actionsde solidarité ont un impacte sur la "der-nière dictature en Europe"?

Qu’est-ce qu’on croit? Eh bien toutle monde a son propre opinion. Quelqu'unjette les cocktails de Molotov sur le bâti-ment du KGB, tandis que d'autres croientque les actions publiques sont plus effi-caces, et jeter les bouteilles sur le KGB –

c’est de la provocation. Je suis toujoursd'avis que la diversité des tactiques est plusefficace. Mais il est nécessaire de considé-rer que toute action influence non seule-ment le destin futur de ses participantsmais aussi le destin de l'ensemble du mou-vement. Alors bien sûr, je ne peux pasm’empêcher de dire que cette action infan-tile sur l'ambassade de Russie a juste ba-layé les rudiments d'un mouvementanarchiste sérieux, qui commençaient à ap-paraître. En ce qui concerne spécifiquement notre si-tuation ... alors il doit y avoir la variété detactiques. Malgré le fait que les autorités n’ont rien àchier sur l'attitude du public, ils craignent lapublicité. Il y avait des idées de faire des ac-tions sous la forme de piquets de grève. Il ya eu des propositions de capturer les am-bassades du Bélarus de la même manièrequ’ils sont capturés en Septembre les anar-chistes et d’autre militants. On peut exercer une pression sur les entre-prises biélorusses, qui opèrent en Europe -pour être honnête c’est difficile à dire exac-tement ce qu’on peut trouver de bélarusseen Europe, mais cette proposition a étésoulevé. Quant à l'efficacité... dans notre cas, l'effi-cacité n'est possible que dans le cas de ras-semblements de masse. Sinon, les autoritésne porteront pas grande attention sur unepetite poignée de gens en Europe qui sou-tiennent les anarchistes. Eh bien, encore çaserait cool et incroyable, si l'information surles répressions commençaient à passerdans la presse européenne. Il me semblequ’ils sont très intéressés par cette questionet tout le monde veut pourrir Loukachenkoet son « kolkhoz ». Nous n’avons pas decontacts avec les médias occidentaux, doncsi vous avez quelque chose dans cet esprit,


alors vous pouvez nous aider ainsi. Ce qui concerne les anarchistes eux-mêmes, certainement les actions de solida-rité pour soutenir le morale de cesquelques personnes qui continuent à sebattent.

Où peut-on obtenir des informations enautres langues et y a-t-il un site où on peutsuivre ce qui se passe?

L’information sur la situation estconstamment mis à jour sur Indymedia bé-larusse, et pour le moment on réunit toutesles forces possibles pour traduire les nou-velles en anglais et en autres langues.

L'adresse c'est belarus.inymedia.org.

Il y a également des infos sur le site de l'ac-tion autonome (en général en Russe). avto-nom.org.

Il existe également un twitter danslequel apparaissent les mises à jour les plusrécentes - #minsksolidarity. Ces miseà jour sont en russe et en anglais En plus detout cela, vous pouvez nous écrire [email protected] - en anglais ouen russe. On répondra toujours à vos ques-tions.


Un peu d'histoire.

Le mouvement anarchiste actuelen Biélorussie débute à la fin des années80 – début des années 90, pendant la pé-riode de démocratisation et d'effondre-ment du système totalitaire soviétique.Les groupes anarchistes apparaissentdans de nombreuses villes, essayant deprésenter leur alternative à la fois au to-talitarisme passé et aux réformes capita-listes mises en place dans le pays.Pendant la Grève Générale d'avril 1991en Biélorussie, pour la première fois lesanarchistes révèlent leur existence enparticipant activement aux protestationsouvrières à Minsk et Homel. Les événe-ments suivants, et le crash du systèmecommuniste convainquent les anarchistesbiélorusses de la nécessité de s'unir et decoordonner leurs activités. En août 1992le premier Congrès des Anarchistes Bio-lorusses a lieu et à ce moment est formée

la Fédération Anarchiste de Biélorussie,créée pour unir toutes les initiatives anar-chistes et anti-autoritaires. Cette créations'est traduite dans différentes villes dupays par la mise en place de principes desolidarité, d'autonomie et de pluralismeentre les différents groupes. Depuis 1993le premier journal anarchiste biélorusse,« Anarchy » est publié et joue un rôle im-portant dans la consolidation du mouve-ment anarchiste biélorusse.

La FAB aujourd'huiPendant la période de ces activi-

tés, la FAB a réuni des protagonistes decourants assez différents de l'anarchisme: des suporters de l'anarcho-syndicalismejusqu'aux amateurs de l'art alternatif.Etant une association libre, la FAB est or-ganisée en réseau décentralisé, regrou-pant différents groupes et initiativesindépendantes, de tendances différentes,qui sont cependant en lien les uns avec

The Anarchist Federation of Belarus(FAB)& autres initiatives bélarusses

La fédération anarchiste de Biélorussie (FAB), est une association libre

de groupes anarchistes et d'initiatives libertaires variées, agissant sur le terri-

toire de la Biélorussie. La FAB a été fondée en août 1992, lors du premier

Congrès des Anarchistes Biélorusses à Minsk. Les principes fondamentaux de

la FAB sont le pluralisme des discussions anarchistes et la priorité à l'activité

anarchiste concrète.


The Anarchist Federation of Belarus

les autres, et agissant conjointement aunom de la FAB. La coordination des acti-vités stratégiques de la FAB est réaliséepar la réunion des représentants des dif-férents groupes, à l'initiative de l'un deces groupes. Chaque année le congrès dela FAB est mis en oeuvre par la participa-tion des activistes de tous les groupes etinitiatives anarchistes. La structure ambi-valente de la FAB est le résultat de ceschoix. D'un côté, la fédération comportedes groupes anarchistes locaux, et del'autre elle regroupe aussi des initiativesconcrètes d'anarchistes développées àl'échelle nationale. Malgré la pluralité descourants idéologiques, les anarchistesbiélorusses se présentent unis dans lecombat contre l'Etat et le Capitalisme,cette unité a été mise en place sur les dif-férents champs de bataille.

Nos activités.Les miitants de la FAB ont effec-

tué un grand nombre d'action qui ont unelarge résonance dans la société biélorusse

: la résistance antifasciste, la participationaux grèves et protestations des travail-leurs, l'organisation de campagnes deboycott contre les produits de firmestransnationales, de manifestations contreles guerres en Tchétchénie et en Irak, decamps écologistes etc. A côté de ça, lesanarchistes biélorusses sont partie pre-nante du mouvement de résistance au ré-gime autoritaire du présidentLukashenko. Tous ces éléments contri-buent à la croissance significative des par-tisans de l'anarchisme dans tout le pays.

Les groupes les plus nombreux,forts et actifs sont ceux de Minsk, Homel,et Hroda. La coopération internationaleavec d'autres anarchistes a aussi été am-plifiée. Avec les anarchistes de Pologne,Tchéquie, Russie etc ont été organiséesune série d'actions internationales :camps écologistes, camps no border etd'autres encore. Les militants de la FABont aussi participé à des manifestationsinternationales et a des actions anti-glo-balisation.

«Autogestion»

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Action Social Biélorusse« RAZAM! » (Ensemble!)

BSA Razam! A été fondée en2001 et rassemble des anarco-syndica-listes autres gauchistes et initiatives detravailleurs. Razam! développe la propa-gande à destination de la population àpropos des politiques antisociales du gou-vernement, organise des manifestations.Le journal « Razam! » (Hrodna) et« Ataka » (Homel) sont publiés par cettestructure.

Action Antifasciste

Anti-Fascist Action (AFA) se crééà la fin des années 90 en réaction à la

montée de la violence dans les rues duesaux groupes néo-nazis. Depuis 1997, lejournal « Antifasciste » est publié, et il estdevenu extrêmement populaire parmi lesjeunes. Des rencontres sur la xénophobietriomphante dans la société biélorusseont été organisées. Les militants de l'AFAutilisent la stratégie de « l'action directe »contre les néo-nazis.

Anarchist Black Cross (Belarus)

The ABC-Belarus a été formée en2000-2001, et a tout d'abord diffusé del'information sur les camarades empri-sonnés suite à leurs activités, et a orga-nisé des actions de solidarité pour lessoutenir. Il faut savoir que les anarchistesbiélorusses sont sujets à une répression

Depuis le début des années 2000, beaucoup d’actions de solida-rité ont eu lieu en Europe de l’Ouest pour les Antifa Russes

Voir sur http://antifasrusses.samizdat.net/


initiatives militantes biélorusses

permanente pour leurs activités. En 2004,plusieurs institutions ont lancé des procé-dures contre les anarchistes. L'ABC-Bela-rus a organisé une campagne pourcollecter des fonds pour apporter uneaide juridique aux camarades subissantdes investigations, et pour payer les avo-cats. De plus, l'ABC-Belarus a organisé desrencontres et a publié des brochures pouraider ceux qui subissent des pressions dela part des services de la sécurité inté-rieure et du KGB (Comité de Sécurité del'Etat).

Initiative Radicale Ecologiste« Ekasupratsiu » (Ecorésistance)

Ekasupratsiu est fondée à la findes années 1990 et rassemble toutes lesinitiatives radicales écologistes qui agis-sent dans le pays. Les militants du groupeont organisé une série de campagnesréussies, en particulier les campagnescontre la pollution de la rivière Dnepr, laconstruction de la Centrale Nucléaire Bié-lorusse (près de Mahileu), la déforesta-tion de forêts protégées ect.

Initiative Féministe « RebelliousGirls »

Le groupe «Rebellious Girls estune initiative non-officielle, non-commer-ciale et non-gouvernementale qui a pourobjectifs la déconstruction des stéréo-types que sont les rôles sociaux tradition-nels des hommes et des femmes, lesoutien aux projets concernant les droitsessentiels des femmes, et qui combat lesdiscrimination sexuelles. Le groupe a été

fondé en décembre 2000 par desfemmes, et il a d'abord fonctionné par etpour les femmes. Il a été fondé pour dé-velopper des projets politiques et sociauxavec des jeunes femmes, et pour aider lesfemmes à atteindre une égalité réelledans la société. Le groupe publie le ma-gazine féministe « Wargazm »

« Navinki » éditions.

Les éditions Navinki ont été fon-dées en 1998 et sont devenues le premierjournal de satyre politique en Biélorussie,qui critique à la fois le régime autoritaireet l'opposition démocratique. Le projet aévolué avec un « groupe créatif », qui enplus de la parution du journal organisedes événements et des concerts, a tournéle premier film indépendant « S'est arrivéà un gars »... En 2003 les pouvoirs publicsont tenté de fermé le journal, mais le ma-gazine illégal Navinski est toujours publiéaujourd'hui. Il a aussi été développé unesection indyvidéo, « Navinski HomeVidéo ».

Il y a d'autres initiatives anar-chistes. La scène musicale alternative esttoujours illégale, ce qui a conduit à la po-pularité du mouvement D.I.Y, mis enavant par 375crew.org. Il y a de nombreuxzines, le projet de publication indépen-dante « A Revolutionnary Manual »(www.anarhistory.boom.ru) qui publie dela littérature anarchiste. A Brest des anar-chistes ont créé le théâtre libre « Sva-nodny Teatr ». Les groupesantimilitaristes sont très développés etactifs.

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29 Mars - CCL (Lille)CCL (centre culturel libertaire)

http://lille.cybertaria.org/rubrique11.ht

ml - [email protected] au 4 rue colmar - organisé par le GDALE-CGA (1groupea-

[email protected])

O1 Avril - Publico (Paris)librairie Publico 145 rue Amelot

http://www.librairie-publico.com/

- organisé par la FA-Paris

02 Avril - Tanneries (Dijon)Espace autogéré des Tanneries 15-17,

bd de Chicagohttp://tanneries.squat.net/

18h , repas et concertorg. par l’ABC Dijon - [email protected]

02 Avril - Grrnd Zero (Lyon)concert de soutien , gazmask terror ,

good goog things , mons on meth, 5 e,20H00 www.grrrdzero.org

03 Avril - La Plume Noire (Lyon)La plume noire 08 rue diderot X-rousseDébat et repas de soutien - 15H30 prix

libreorg. par CGA & individus, groupe-lyon @

c-g-a.org

04 Avril - la plage (Saint-Etienne)au Squat "La Plage" / 86, rue de la Sa-

blière. 20h30. Projection/Débat/BouffePrix Libre.

06 Avril - lokal autogéré (Grenoble)Lokal autogéré lokal_autogere@no-

log.org - 7 rue Pierre Dupont 19Hhttp://www.lustucrust.org/localauto-

gere_contact.html

08 Avril - le Seul problème (Marseille )Le Seul problème [email protected] 46 rue Consolat 20H0013001 Marseille

- org. par la FA-marseille

10 Avril - l’Espace Noir (st Imier suisse)l'espace Noire

http://www.espacenoir.ch/[email protected]

Rue Francillon 29CH-2610 Saint-Imier

12 Avril - l’Autodidacte (Besançon) Librairie l'Autodictacte 19h

groupe-proudhon@federation-anar-

chiste.org -

[email protected]

Tournée de Solidarité et d’informationEurope de l’Ouest - printemps 2011ABC Belarus


Remerciements :Mr Jack (Minsk) & les membres de l’ABC Minskles personnes & groupes acceuillants la tournée

l’équipe de la brochure fr :Blacksnail, bikepunk rules, calicojack,

wakinyan, ania, lutin.

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En 2011, face a la répression féroce dont sont victimesles anarchistes en Biélorussie, une tournée de rencontres avecdes membres de l’Anarchist Black Cross de Minsk est orga-nisé en Europe pour informer sur la situation et organiser lasolidarité internationale.

Cette brochure a été produite comme support a cettetournée. Elle tente, en compilant textes sur la répression, surles actions de solidarité, sur le mouvement anarchiste biélo-russe et interviews, de donner un état des lieux sur la situationde nos camarades.

La solidarité est une arme

Documents

Mise en page 1 - Freeanarlivres.free.fr/pages/documents/Solidarite... · conseil du parti des Verts bélarusse, et Tatiana Semenishcheva, active dans des œuvres de charité pour