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Module 2 Les Défis de la réconciliation

Module de formation sur la paix N° 2

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Module 2 Les Défis de la réconciliation

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Module 2 Les Défis de la réconciliation

Ce module engage les participants dans des discussions en profondeur sur la réconciliation. Il comprend les dilemmes de la réconciliation, ses dimensions religieuses et psychologiques et des considérations pragmatiques. Ce module se conclut sur une section sur la spiritualité et la réconciliation. L’objectif de ce module est de comprendre la complexité de la réconciliation, de catalyser des discussions qui s’approchent du cœur de la réconciliation, mais pas directement de réconcilier des personnes ou des groupes.Concepts et contenu de base:

1. Qu’est-ce que la réconciliation?

2. Perspectives religieuses sur la

réconciliation.

3. Dilemmes de la réconciliation

4. Supporter un travail de réconciliation

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1. Qu’est-ce que la réconciliation?

Utiliser une activité quand on commence à parler de réconciliation est une bonne manière de permettre aux participants de réfléchir en profondeur à ce qu’implique la réconciliation.Activités proposées : A quoi ressemble la réconciliation? Le fruit de la réconciliation.Réflexion: Une partie de la difficulté quand on travaille pour la réconciliation, c’est d’imaginer exactement ce qu’est la réconciliation. Quand les gens vivent un traumatisme, au contraire de la réconciliation, ils perdent l’espace personnel et physique dans lequel évoluer. La réconciliation pose un grand défi. Trouver les espaces pour faire de nouveaux choix implique des émotions et des décisions personnelles très profondes. Souvent la réconciliation n’est pas réussie entre des gens qui étaient ennemis dans des conflits violents.Si les artisans de la paix et ceux qui travaillent dans la transformation des conflitscomprennent que la réconciliation est un processus très important, ils ne peuvent pas encore parler de former des gens en “réconciliation”.Cependant, on peut faire un premier pas important: aider à prendre réellement conscience des concepts de la réconciliation.

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1. Qu’est-ce que la réconciliation?

On peut identifier trois éléments importants pour ouvrir des espaces de réconciliation, pouvant être inclus dans des discussions de réconciliation:(1) Premièrement, les gens ont besoin d’espaces hospitaliers et sûrs. Cela signifie que les besoins humains de base comme être à l’abri du danger physique, avoir un abri et la nourriture, sont satisfaits. Si ces besoins de base ne sont pas satisfaits, on continue à vivre dans la peur et l’anxiété. Des espaces hospitaliers ouvrent la possibilité d’être à nouveau reconnaissant. Quand on se sent à l’abri et accepté, on est ouvert à la possibilité de la réconciliation.(2) Deuxièmement, les espaces de réconciliation doivent être des endroits où l’on peut agir avec bienveillance et rencontrer la bienveillance. Les relations se brisent, en fin de compte, pour des questions de confiance. On ne peut restaurer la confiance et réussir a réconciliation que si l’on est raisonnablement sûr que cette confiance ne sera pas à nouveau trompée. Cependant, la confiance ne peut prospérer que si elle n’est pas forcée ou menacée. Des espaces sûrs et hospitaliers permettent de reconstruire la confiance alors qu’on rencontre la bienveillance. Lorsqu’une relation se brise, les actes de bienveillance sont refusés. La bienveillance, au contraire des actes de violence gratuite, a un but; elle permet de reconstruire la confiance, de sentir l’hospitalité et peut aider à relever un esprit brisé

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1. Qu’est-ce que la réconciliation?

Troisièmement, les espaces de réconciliation sont des lieux où l’on peut découvrir ou construire quelque chose de nouveau. Le fait que l’espace soit libre signifie que l’on ne sait pas tout ce qui peut en sortir. Si ce que les victimes ont vécu a été extrêmement traumatisant, les expériences nouvelles peuvent être de découvrir leurs forces personnelles et celles de leur communauté. La paralysie peut être remplacée par une confiance nouvelle et la capacité de construire à nouveau quelque chose avec d’autres.

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2. Perspectives religieuses sur la réconciliation

le guide Travailler pour la réconciliation de la Caritas contient deux approches définitionnelles sur la réconciliation :La première est une activité dans le cadre de la résolution de conflit et la seconde est un concept théologique pourvu d’une signification spécifique au sein de l’ Église.Dans les processus de réconciliation, on utilise souvent un rituel parce que c’est une manière forte de reconnaître des évènements importants, d’utiliser des sens multiples et de se mettre en lien avec les passé, le présent ou même l’avenir.

2.1 Selon Le ChristianismePour les chrétiens , le Christ est mis au centre du processus de réconciliation. Le Christpersonnalise la promesse de la réconciliation de Dieu, que les chrétiens essaient de suivre.Une autre manière de comprendre la réconciliation dans le Christianisme, est de se concentrer sur la restauration de relations. Hizkias Assefa (2001) identifie quatre dimensions de relations dans lesquelles la réconciliation a lieu: spirituelle, personnelle, sociale et écologique. Chaque dimension doit être abordée pour arriver à une réconciliation totale.

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2. Perspectives religieuses sur la réconciliation

2.1 Selon Le Christianisme (suite) Spirituelle: Dans la dimension spirituelle, il s’agit de créer une harmonie et de restaurer des relations brisées avec Dieu.Personnelle: Dans la seconde dimension, il s’agit de se réconcilier avec le “soi”. Dans lechristianisme, le renoncement à son propre péché et à son égoïsme vis-à-vis de Dieu mène au pardon.Sociale: La réconciliation avec ceux qui sont autour de nous, nos voisins et la communauté humaine dans son ensemble est une troisième dimension. Nous devons restaurer les relations avec nos voisins et les communautés plus larges pour refléter la justice, la compassion, le respect et l’amour.Écologique: La quatrième dimension de la réconciliation peut être appelée réconciliation avec la nature. Dans une perspective chrétienne, cette dimension reconnaît que les humains ne peuvent pas être totalement réconciliés avec Dieu s’ils ne respectent pas la création divine et s’ils la maltraitent.

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2. Perspectives religieuses sur la réconciliation

2.2 Le JudaïsmeOn peut identifier trois mots pour le pardon en hébreu (Gopin, 2001, p.90): Teshuva, qui fait référence au repentir; Mehila, qui est le mot standard pour le pardon; et Seliha, qui Peut être traduit par indulgence ou pardon.Une autre idée importante de la définition judaïque de la réconciliation est la possibilité pour un individu d’agir pour réaliser un repentir réel (Gopin, 2001).La capacité d’une personne à résister à une action et à agir d’une manière nouvelle confirme qu’elle s’est réellement repentie.La conduite externe confirme le changement interne. Dans le Judaïsme, la vraie teshuva est capable de transformerplus que les personnes concernées, elle peut transformer le monde (Gopin, 2001, p. 90). Ici encore, c’est le fait que l’offenseur prenne la responsabilité de ses actions et agisse de manièrenouvelle qui montre qu’il s’est engagé sur l’autre chemin, celui de la réconciliation

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2. Perspectives religieuses sur la réconciliation

2.3 L’Islam La réconciliation et le pardon sont aussi abordés dans l’Islam et le Coran. L’un des usages les plus forts de la réconciliation dans l’Islam est lié à deux rituels: le sulh, ou le règlement et la musalaha ou la réconciliation (Irani, 2000).Le sulh est un rituel comportant trois phases et qui englobe la musalaha. Lors de la première phase, les familles de la victime et de l’offenseur choisissent des médiateurs (muslihs) respectés. En même temps, ils reconnaissent publiquement qu’un crime a été commis. La seconde phase est la réconciliation ou la musalaha elle-même. Là, le médiateur tente de produire un pardon et un règlement. Durant la troisième phase a lieu un rituel public qui rassemble la communauté, principal garant du pardon.Le rituel du sulh ne met pas en avant le rôle de la victime ni de l’offenseur dans le démarrage du processus mais insiste sur l’utilisation d’une tierce partie pour le faciliter

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2. Perspectives religieuses sur la réconciliation

2.4 Le bouddhismeLes approches bouddhistes à la réconciliation sont inscrites dans une vision du monde qui veut que les humains ne doivent pas faire de mal, ni à eux-mêmes, ni aux autres. Un but final pour les bouddhistes est de tenter d’arriver à la conscience sans juger du bien ni du mal. Les principes bouddhistes qui guident les croyants pour concrétiser la paix incluent: ne pas prendre la vie d’une autre personne, avoir conscience de la souffrance des autres, et promouvoir le bien-être des autres. La réconciliation, dans cette approche, suppose de redevenir complet. Pour que la réconciliation puisse avoir lieu, il faut reconnaître la culpabilité – confesser que quelque chose va mal – et il faut renoncer à ce quelque chose.Nhat Hanh (Bouddhisme engagé ) inclut la description d’un rituel de réconciliation dans les monastères bouddhistedans Être la paix (1987, pp.74-79). Ce rituel comporte sept pratiques: (1) Une séance face àLes défis de la réconciliation 31face, où tous les membres de la communauté se réunissent avec les deux qui sont en conflit;(2) Le souvenir, où les deux parties racontent à nouveau toute l’histoire du conflit; (3) Lenon-entêtement, c’est-à-dire que l’on s’attend à ce que les deux parties en conflit ne soient pas entêtées; (4) La couverture de la boue avec de la paille, où l’on assigne à chaque partieun ancien respecté pour la représenter; celui-ci s’adresse ensuite à l’assemblée pour faire une désescalade du conflit; (5) La confession volontaire, où chaque moine révèle ses propres défauts; (6) La décision par consensus et (7) L’acceptation du verdict.

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3. DILEMMES DE LA RÉCONCILIATION

La réconciliation est un processus qui implique plusieurs strates de signification, la reconquête des espaces perdus et la prise en compte des dimensions identifiées ci-dessus. Souvent les gens ont peur de la réconciliation, parce qu’ils craignent de perdre leurs droits légitimes en tant que victimes d’une grande injustice ou qu’on leur demande d’oublier l’acte qui les a fait souffrir ou la souffrance qui leur est devenue si familière et même réconfortant.Activité Proposée : Le fruit de la réconciliation.Le fils prodigue3.1 Rapide ou lent?Dans des processus politiques publics, la réconciliation est souvent présentée comme quelque chose qu’un pays doit faire tout de suite pour pouvoir passer à un avenir nouveau.Cependant, cette approche contredit beaucoup de ce que la recherche et la pratique ont montré sur la guérison et la réconciliation individuelles. La réconciliation personnelle est un processus très lent. Il faut prendre le temps de raconter les histoires et les souvenirs.

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3. DILEMMES DE LA RÉCONCILIATION

3.2 Un processus social ou personnel ?La réconciliation est une manière de croire ou de voir la relation plutôt qu’une manière de faire les choses. processus politiques de réconciliation courent le risque de diluer le concept de réconciliation personnelle en ajoutant une date limite au processus et aussi en choisissant éventuellement le terme comme une étiquette pour désigner un processus qui en fait ne change pas les réalités structurelles qui ont été à la base des violations (Gopin, 2001; Schreiter, 1995).

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3. DILEMMES DE LA RÉCONCILIATION3.3 Pardonner égale réconcilier?Le pardon est un processus différent de la réconciliation, même s’il en est très proche. Le lien entre les deux concepts peut être interprété de différentes manières.Pour certaines personnes, le pardon signifie que le survivant a réussi à se débarrasser du ressentiment. Cela ne signifie pas qu’il y a eu une réconciliation dans la relation ou que celle-ci est redevenue “normale”.Pour d’autres, le processus est inverse: la réconciliation vient avant le pardon (comme cela est montré dans Travailler pour la réconciliation). Les contextes religieux et culturels influent beaucoup sur la forme que prend cette relation.

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3. DILEMMES DE LA RÉCONCILIATION3.4 Mémoire ou oubli?Pour certains, il est important d’oublier pour pouvoir avancer et pour d’autres, il est vital de se souvenir.Dans l’édification de la paix, l’hypothèse est généralement que la mémoire est essentielle pour pouvoir pardonner vraiment. Le rejet est une réaction courante à une grande injustice et souvent on demande aux survivants de “pardonner et oublier”, ce qui les empêche de pouvoir raconter leur histoire et par là même de retrouver leur dignité humaine. Ceux qui aident doivent apprendre à être là pour la douleur et encourager les survivants tandis qu’ils apprennent à vivre avec le souvenir de ce qu’ils ont enduré.

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3. DILEMMES DE LA RÉCONCILIATION3.5 Pardonner signifie accepter?Souvent, on considère que l’un des dilemmes de la réconciliation est d’accepter, et donc de nier, une injustice alors qu’on devrait la nommer.Cependant, dire qu’une offense cause des torts et qu’elle est inacceptable est une partie cruciale du pardon et de la réconciliation.La manière dont la blessure est reconnue est différente selon les cultures, comme on le verra si on compare le sulh ou d’autres rituels traditionnels et le système légal occidental.

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4. Supporter un travail de réconciliationQuand des gens travaillent avec le traumatisme, le traumatisme peut commencer à les travailler , agir sur leurs propres blessures ou être intériorisé. Le résultat est ce qu’on appelle traumatisme secondaire ou fatigue de la compassion. Parmi les symptômes, il y a (Grant, 1995): un stress important, une fatigue chronique; une diminution du soin qu’on prend de soi-même; des troubles (physiques) somatiques, comme des maux de tête, des douleurs musculaires et autres. Parfois, le traumatisme secondaire peut produire des changements de comportement. Les personnes qui travaillent dans la réconciliation et l’édification de la paix doivent savoir clairement ce qui les soutient et leur permet d’éviter ou de limiter le traumatisme secondaire, que ce soit leur vision du monde, un engagement religieux ou un engagement envers l’humanité en général.

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4. SUPPORTER UN TRAVAIL DE RÉCONCILIATION

4.1 L’écouteL’écoute donne la possibilité de se mettre en contact avec qui l’on est vraiment à l’intérieur.L’écoute peut se faire par la méditation, la prière ou l’écriture régulière d’un journal.4.2 La prière contemplative et la méditationLa prière contemplative vient des traditions catholique et orthodoxe. Il s’agit d’apprendre à attendre et à chercher Dieu de manière régulière. La discipline qu’il faut pour arriver au silence aide à garder les choses en perspective parmi les traumatismes et les emplois du temps souvent chargés.

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4. SUPPORTER UN TRAVAIL DE RÉCONCILIATION

4.3 Les histoiresLes histoires nous permettent de partager notre humanité commune. Raconter des histoireset en écouter permet d’affirmer qui l’on est et comment on est lié à ceux qui sont autour denous. En partageant des histoires, on est connecté à un niveau plus personnel à ceux avec qui l’on est en rapport.Le partage d’histoires peut aussi aider à avancer lors d’un stress et untraumatisme personnel et faire partie du processus de guérison.

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MERCI