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CONFIDENCES PRIVÉES DE DÉTECTIVES ON LES IMAGINE TAPIS DANS L’OMBRE, AVEC DES JUMELLES TÉLESCOPIQUES OU ENCORE DES JOURNAUX TROUÉS POUR VOIR AU TRAVERS, ET POURTANT, L’ATTIRAIL DU PARFAIT ENQUÊTEUR A ÉVOLUÉ. PAS NON PLUS D’IMPERMÉABLE GRIS, NI LOUPE, NI COUVRE-CHEF, MAIS ALORS QUI SONT CES DÉTECTIVES MODERNES ? EN EFFET, MÊME S’ILS ÉVOQUENT BEAUCOUP DANS L’INCONSCIENT COLLECTIF NOTAMMENT À CAUSE DE LA LITTÉRATURE ET DE LA FILMOGRAPHIE QUI LES PRENNENT POUR SUJETS NARRATIFS TANT CONVOITÉS QUE RIDICULISÉS, CES « AGENTS » RESTENT POURTANT MÉCONNUS DU GRAND PUBLIC. INTERVIEW CROISÉE DE DEUX DÉTECTIVES, ENTRE LANGUE DE BOIS ET DISCOURS CORROSIF… A VOUS DE JUGER ! PATRICE LE BEC Après une formation universitaire classique, commencée par un master de droit, il a fait l’école des Huissiers de Justice. Il a ensuite suivi une formation pour devenir détective privé à l’université Panthéon- Assas – Paris II, la licence professionnelle Sécurité des biens et des personnes option « Enquêtes privées ». Patrice Le Bec ERF Détective Privé 3, place Cambronne 75015 PARIS www.erf-detective-prive.fr PATRICE LIOTARD Autodidacte à 100 %, sans aucun niveau d’études, il s’est chargé de l’import-export avec la Russie et les Balkans (Roumanie, Bulgarie, Serbie) au début des années 90 et de fil en aiguille il est devenu conseiller pour les affaires Est/Ouest au début des années 2000, puis en toute logique en 2003 il a occupé le secteur du recouvrement de créances et de la recherche de débi- teurs toujours pour les mêmes clients, soit une activité similaire sur le terrain à celle de détective privé. A son compte depuis juillet 2010 comme détective privé par choix, pour la tranquillité. Liotard Détective Privé Private investigator www.detectiv-paris.com Pourquoi avoir choisi ce métier ? P. Le Bec : C’est un métier de conseil, de terrain et qui impose de prendre des initiatives et de savoir qualifier juridiquement une situation. Il faut donc aussi aimer le droit. P. Liotard : Par opportunisme et facilité c’est-à-dire un métier «d’avenir» et surtout rentable. Quelles qualités sont requises pour pouvoir exercer ? P. Le Bec : La patience, la persévérance, le sens de l’observation et de l’écoute, être réactif face à une situation donnée et avoir de solides connaissances juridiques et techniques. P. Liotard : Beaucoup de psychologie ou tout simplement du bon sens. Etre réaliste et sans crédulité par rapport aux demandes des clients. Quelles sont les difficultés de cette profession ? P. Le Bec : Il est parfois difficile de séparer la vie privée de la vie professionnelle. Il n’y a pas de week-end, on peut être appelé à tout moment pour une intervention urgente. P. Liotard : Le froid, la pluie et le prix de l’essence. Possédez-vous des outils “gadgets” ? P. Le Bec : Oui, nous sommes équipés d’un matériel de pointe pour la prise de photos et vidéos, des lunettes, mais aussi une caméra grande comme un bouton de chemise que l’on accroche à hauteur de poitrine, par exemple sur une veste (elle est presque invisible). Un caméscope très puissant me permet de prendre des photos à plusieurs centaines de mètres et même de nuit grâce à un système infrarouge. Un outil très intéressant, que l’on oublie souvent de citer, est le smartphone. Il permet de prendre des photos et vidéos en toute discrétion, car tout un chacun possède ce type ce téléphone; vous pouvez donc l’utiliser dans la rue sans que personne s’imagine que vous prenez des photos. Egalement, les toutes nouvelles tablettes numériques sont d’une grande utilité, par exemple pour connaître un itinéraire ou pour obtenir une information rapidement sur le terrain. P. Liotard : Street view ou Géoportail pour les repérages, le reste est accessoire. Quelles sont vos limites d’intervention ? P. Le Bec : Les limites d’intervention sont les règles relatives à la vie privée et aux libertés individuelles. Nous respectons la loi et nos investigations sont réalisées en toute légalité, ce qui est une garantie pour nos clients. Avant chaque mission, nous vérifions avec le client la légitimité et la légalité de sa demande. Les investigations effectuées, les informations recueillies, les photos prises sur la voie publique sont toujours respectueuses du droit. P. Liotard : La LOI. L’image d’Epinal est celle du détective enquêtant sur les adultères est-ce majoritairement le cas ? P. Le Bec : Effectivement, l’image d’Epinal existe encore, mais elle tend à disparaître; nous intervenons en effet dans de nombreux autres domaines. Nous intervenons de plus en plus pour le compte d’avocats sur des problématiques de concurrence déloyale ou pour réaliser une enquête financière ou patrimoniale. A la demande de dirigeants de société, nous pouvons réaliser une infiltration en entreprise pour révéler des vols ou un détournement de clientèle, être client mystère chez un concurrent pour savoir s’il n’y a pas dénigrement, vérifier la moralité d’un futur collaborateur ou d’un associé. Pour les particuliers, nous réalisons bien entendu des missions de surveillance et de filature pour constater un adultère et nous sommes aussi, dans ce domaine, de plus en plus sollicités pour vérifier le train de vie d’un époux ou d’une épouse qui cherche à dissimuler des revenus importants. Nous pouvons vérifier les fréquentations d’un enfant pour savoir si celui-ci ne consomme pas de drogue, de l’alcool ou s’il n’est pas la victime d’une secte. La recherche de personnes disparues fait également partie de nos compétences. P. Liotard : Celui qui vous dira le contraire vous mentira (sauf exception, quelques-uns ont une véritable spécialité et notoriété !), l’adultère représente 90% des affaires. C’est tout de même plus sympa de déclarer faire de l’intelligence économique, de la démarque inconnue ou de la contre- enquête pénale, défendre la veuve et l’orphelin ... C’est un peu comme le pharmacien, simple épicier en médicaments qui se ferait passer pour un grand chirurgien. A chacun son ego, moi je fais partie de la Brigade des Cocus comme l’on disait à l’époque, sur le terrain, à l’ancienne, pas de Blabla approximativement juridique. A chacun son métier, un enquêteur de droit privé n’est rien de plus qu’un détective (le terme deviendrait presque péjoratif ) et non un juriste, ce métier est réservé aux Avocats. Intervenez-vous souvent dans les contre-enquêtes pénales ? P. Le Bec : Nous pouvons bien sûr réaliser une contre-enquête pénale, par exemple pour aider une personne qui est poursuivie à démontrer de fausses accusations ou pour trouver l’auteur d’un délit. Cette activité est très encadrée, en aucun cas nous ne devons entraver le travail des services de la police, de la gendarmerie ou d’un juge, ces derniers pouvant en effet être amenés à enquêter sur la même affaire. Nous ne pouvons pas non plus orienter les témoins, qui ne doivent subir aucune pression. Si nous évoluons dans notre enquête, nous devons faire état de nos avancées aux services officiels. P. Liotard : Ce marché n’existe quasiment pas en France, cela fait 10 ans que l’on se repasse l’affaire OMAR. Enfin, des affaires vous ont-elles marqué par leur caractère insolite ou leurs conséquences insoupçonnées ? P. Le Bec : 1. Oui, comme cette femme tombée éperdument amoureuse d’un homme sur Internet dont elle voulait retrouver la trace. Lors du rendez-vous, elle me montre les e-mails échangés entre elle et cet homme, puis elle me remet la photo d’une femme. Je lui indique qu’elle a dû se tromper de photo, car il ne s’agit pas d’un homme sur cette photo. Elle me répond que si, mais elle n’avait pas osé me dire qu’il s’agissait bien de lui et qu’il se travestissait de temps en temps. 2. Un jour, je suis allé voir le même film deux fois dans la même journée. Lors d’une filature, pour suivre des amants et le soir avec ma femme à laquelle j’avais promis que nous irions au cinéma voir le dernier Batman. Le seul ennui c’est que le film durait plus de 2 heures ! P. Liotard : 1. Oui sur une disparition inquiétante d’un touriste Russe (Sibérie), retrouvé après 6 jours. J’ai été mandaté par ses Frères d’Armes venus exprès à Paris, le scénario parfait pour faire monter l’adrénaline. Lors de ces recherches très éprouvantes physiquement j’ai compris qu’un grand nombre de «personnes dites en difficultés» étaient bien plus fiables que certains «services» occupés à régler le thermostat de leur cher radiateur. Cela fait très peur, ne disparaissez pas en France ! Ce type était vraiment sympa, nous l’avons «gardé» 2 jours de plus, franchement il nous a vraiment manqué lorsqu’il a pris l’avion, un grand moment d’émotion pour moi et mes collègues, Le comble de l’histoire est que nous avons appris quelques semaines plus tard qu’il était lui- même détective privé. 2. La pire étant l’amant qui déjeune avec le mari ... jusque- là tout va bien sauf que les deux sont mes clients mais je ne savais pas qu’ils se connaissaient, les meilleurs amis du monde, collègues de bureau ... eux-mêmes ne savaient pas que l’autre m’avait aussi mandaté. Sinon la liste est longue, très longue, les plus improbables sont les plus courantes, imaginez le pire. Je note les autres affaires insolites pour mes vieux jours mais cela en devient exaspérant. Seul un détective peut raconter à un autre détective des histoires de détectives sinon nous passerions pour des mythos accrochés au comptoir du bar de sports. Je précise que les seuls moments gratifiants de ce métier sont la recherche de personnes disparues (disparitions inquiétantes), ce sont des moments uniques, vraiment éprouvants, le contre coup émotionnel peut durer un certain temps, expériences heureusement rares mais à chaque fois d’une sincérité inoubliable. Tout le reste est alimentaire ! + QUELLES FORMATIONS POUR DEVENIR DÉTECTIVE ? Il existe trois manières de devenir détective privé. Ces formations, désormais obligatoires, pour exercer la profession sont toutes inscrites au Répertoire National des Certifications Professionnelles (RNCP). La licence professionnelle Sécurité des biens et des personnes, option « Enquêtes privées », université Panthéon-Assas – Paris II. La licence professionnelle, option « Agent de recherches privées », université de Nîmes. L’Institut de formation des agents de recherches privées (IFAR), à Montpellier. LE STATUT JURIDIQUE DE LA PROFESSION Le détective privé est, selon l’article L. 621-1 du Code de Sécurité Intérieure, une profession libérale réglementée. Il définit la profession d’enquêteur privé et l’autorise à « recueillir, même sans faire état de sa qualité ni révéler l’objet de sa mission, des informations ou renseignements destinés à des tiers, en vue de la défense de leurs intérêts ». C’est une profession de sécurité privée contrôlée par une autorité administrative indépendante, le Conseil National des Activités Privées de Sécurité (CNAPS). Cette autorité délivre les autorisations d’exercice et a une mission de contrôle déontologique de la profession. Elle a aussi un rôle de conseil auprès des professionnels de la sécurité. RAPPORT ET VALIDITÉ JURIDIQUE Le rapport d’un détective est valable aux yeux de la loi lorsqu’il est détaillé, circonstancié et précis avec preuves obtenues dans la légalité. Les preuves doivent être recueillies d’une manière légale; les informations doivent être relatées de manière objective et le contenu de ces informations doit être respectueux des libertés individuelles. 40 41 accès privée SOCIÉTÉ accès privée SOCIÉTÉ Rédactionnel : Laura CHARRIER / Crédits photos : D.R.

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CONFIDENCES PRIVÉES DE DÉTECTIVESON LES IMAGINE TAPIS DANS L’OMBRE, AVEC DES JUMELLES TÉLESCOPIQUES OU ENCORE DES JOURNAUX TROUÉS POUR VOIR AU TRAVERS, ET POURTANT, L’ATTIRAIL DU PARFAIT ENQUÊTEUR A ÉVOLUÉ. PAS NON PLUS D’IMPERMÉABLE GRIS, NI LOUPE, NI COUVRE-CHEF, MAIS ALORS QUI SONT CES DÉTECTIVES MODERNES ?EN EFFET, MÊME S’ILS ÉVOQUENT BEAUCOUP DANS L’INCONSCIENT COLLECTIF NOTAMMENT À CAUSE DE LA LITTÉRATURE ET DE LA FILMOGRAPHIE QUI LES PRENNENT POUR SUJETS NARRATIFS TANT CONVOITÉS QUE RIDICULISÉS, CES « AGENTS » RESTENT POURTANT MÉCONNUS DU GRAND PUBLIC.INTERVIEW CROISÉE DE DEUX DÉTECTIVES, ENTRE LANGUE DE BOIS ET DISCOURS CORROSIF…A VOUS DE JUGER !

PATRICE LE BECAprès une formation universitaire classique, commencée par un master de droit, il a fait l’école des Huissiers de Justice.Il a ensuite suivi une formation pour devenir détective privé à l’université Panthéon-Assas – Paris II, la licence professionnelle Sécurité des biens et des personnes option « Enquêtes privées ».

Patrice Le BecERF Détective Privé3, place Cambronne75015 PARISwww.erf-detective-prive.fr

PATRICE LIOTARDAutodidacte à 100 %, sans aucun niveau d’études, il s’est chargé de l’import-export avec la Russie et les Balkans (Roumanie, Bulgarie, Serbie) au début des années 90 et de fil en aiguille il est devenu conseiller pour les affaires Est/Ouest au début des années 2000, puis en toute logique en 2003 il a occupé le secteur du recouvrement de créances et de la recherche de débi-teurs toujours pour les mêmes clients, soit une activité similaire sur le terrain à celle de détective privé.A son compte depuis juillet 2010 comme détective privé par choix, pour la tranquillité.

Liotard Détective PrivéPrivate investigatorwww.detectiv-paris.com

Pourquoi avoir choisi ce métier ?P. Le Bec : C’est un métier de conseil, de terrain et qui impose de prendre des initiatives et de savoir qualifier juridiquement une situation. Il faut donc aussi aimer le droit.P. Liotard : Par opportunisme et facilité c’est-à-dire un métier «d’avenir» et surtout rentable.

Quelles qualités sont requises pour pouvoir exercer ?P. Le Bec : La patience, la persévérance, le sens de l’observation et de l’écoute, être réactif face à une situation donnée et avoir de solides connaissances juridiques et techniques.P. Liotard : Beaucoup de psychologie ou tout simplement du bon sens. Etre réaliste et sans crédulité par rapport aux demandes des clients.

Quelles sont les difficultés de cette profession ?P. Le Bec : Il est parfois difficile de séparer la vie privée de la vie professionnelle.Il n’y a pas de week-end, on peut être appelé à tout moment pour une intervention urgente.P. Liotard : Le froid, la pluie et le prix de l’essence. Possédez-vous des outils “gadgets” ?P. Le Bec : Oui, nous sommes équipés d’un matériel de pointe pour la prise de photos et vidéos, des lunettes, mais aussi

une caméra grande comme un bouton de chemise que l’on accroche à hauteur de poitrine, par exemple sur une veste (elle est presque invisible).Un caméscope très puissant me permet de prendre des photos à plusieurs centaines de mètres et même de nuit grâce à un système infrarouge.Un outil très intéressant, que l’on oublie souvent de citer, est le smartphone. Il permet de prendre des photos et vidéos en toute discrétion, car tout un chacun possède ce type ce téléphone; vous pouvez donc l’utiliser dans la rue sans que personne s’imagine que vous prenez des photos.Egalement, les toutes nouvelles tablettes numériques sont d’une grande utilité, par exemple pour connaître un itinéraire ou pour obtenir une information rapidement sur le terrain.P. Liotard : Street view ou Géoportail pour les repérages, le reste est accessoire.

Quelles sont vos limites d’intervention ?P. Le Bec : Les limites d’intervention sont les règles relatives à la vie privée et aux libertés individuelles.Nous respectons la loi et nos investigations sont réalisées en toute légalité, ce qui est une garantie pour nos clients.Avant chaque mission, nous vérifions avec le client la légitimité et la légalité de sa demande.

Les investigations effectuées, les informations recueillies, les photos prises sur la voie publique sont toujours respectueuses du droit.P. Liotard : La LOI.

L’image d’Epinal est celle du détective enquêtant sur les adultères est-ce majoritairement le cas ?P. Le Bec : Effectivement, l’image d’Epinal existe encore, mais elle tend à disparaître; nous intervenons en effet dans de nombreux autres domaines. Nous intervenons de plus en plus pour le compte d’avocats sur des problématiques de concurrence déloyale ou pour réaliser une enquête financière ou patrimoniale.A la demande de dirigeants de société, nous pouvons réaliser une infiltration en entreprise pour révéler des vols ou un détournement de clientèle, être client mystère chez un concurrent pour savoir s’il n’y a pas dénigrement, vérifier la moralité d’un futur collaborateur ou d’un associé.Pour les particuliers, nous réalisons bien entendu des missions de surveillance et de filature pour constater un adultère et nous sommes aussi, dans ce domaine, de plus en plus sollicités pour vérifier le train de vie d’un époux ou d’une épouse qui cherche à dissimuler des revenus importants.Nous pouvons vérifier les fréquentations d’un enfant pour

savoir si celui-ci ne consomme pas de drogue, de l’alcool ou s’il n’est pas la victime d’une secte.La recherche de personnes disparues fait également partie de nos compétences.P. Liotard : Celui qui vous dira le contraire vous mentira (sauf exception, quelques-uns ont une véritable spécialité et notoriété !), l’adultère représente 90% des affaires.C’est tout de même plus sympa de déclarer faire de l’intelligence économique, de la démarque inconnue ou de la contre-enquête pénale, défendre la veuve et l’orphelin ...C’est un peu comme le pharmacien, simple épicier en médicaments qui se ferait passer pour un grand chirurgien.A chacun son ego, moi je fais partie de la Brigade des Cocus comme l’on disait à l’époque, sur le terrain, à l’ancienne, pas de Blabla approximativement juridique.A chacun son métier, un enquêteur de droit privé n’est rien de plus qu’un détective (le terme deviendrait presque péjoratif ) et non un juriste, ce métier est réservéaux Avocats.

Intervenez-vous souvent dans les contre-enquêtes pénales ?P. Le Bec : Nous pouvons bien sûr réaliser une contre-enquête pénale, par exemple pour aider une personne qui est poursuivie à démontrer de fausses accusations ou pour trouver l’auteur d’un délit.Cette activité est très encadrée, en aucun cas nous ne devons entraver le travail des services de la police, de la gendarmerie ou d’un juge, ces derniers pouvant en effet être amenés à enquêter sur la même affaire.Nous ne pouvons pas non plus orienter les témoins, qui ne doivent subir aucune pression.Si nous évoluons dans notre enquête, nous devons faire état de nos avancées aux services officiels.P. Liotard : Ce marché n’existe

quasiment pas en France, cela fait 10 ans que l’on se repasse l’affaire OMAR.

Enfin, des affaires vous ont-elles marqué par leur caractère insolite ou leurs conséquences insoupçonnées ?P. Le Bec :1. Oui, comme cette femme tombée éperdument amoureuse d’un homme sur Internet dont elle voulait retrouver la trace. Lors du rendez-vous, elle me montre les e-mails échangés entre elle et cet homme, puis elle me remet la photo d’une femme. Je lui indique qu’elle a dû se tromper de photo, car il ne s’agit pas d’un homme sur cette photo. Elle me répond que si, mais elle n’avait pas osé me dire qu’il s’agissait bien de lui et qu’il se travestissait de temps en temps.2. Un jour, je suis allé voir le même film deux fois dans la même journée. Lors d’une filature, pour suivre des amants et le soir avec ma femme à laquelle j’avais promis que nous irions au cinéma voir le dernier Batman. Le seul ennui c’est que le film durait plus de 2 heures !P. Liotard : 1. Oui sur une disparition inquiétante d’un touriste Russe (Sibérie), retrouvé après 6 jours.J’ai été mandaté par ses Frères d’Armes venus exprès à Paris, le scénario parfait pour faire monter l’adrénaline.Lors de ces recherches très éprouvantes physiquement j’ai compris qu’un grand nombre de «personnes dites en difficultés» étaient bien plus fiables que certains «services» occupés à régler le thermostat de leur cher radiateur.Cela fait très peur, ne disparaissez pas en France !Ce type était vraiment sympa, nous l’avons «gardé» 2 jours de plus, franchement il nous a vraiment manqué lorsqu’il a pris l’avion, un grand moment d’émotion pour moi et mes collègues,Le comble de l’histoire est que

nous avons appris quelques semaines plus tard qu’il était lui-même détective privé.2. La pire étant l’amant qui déjeune avec le mari ... jusque-là tout va bien sauf que les deux sont mes clients mais je ne savais pas qu’ils se connaissaient, les meilleurs amis du monde, collègues de bureau ... eux-mêmes ne savaient pas que l’autre m’avait aussi mandaté.Sinon la liste est longue, très longue, les plus improbables sont les plus courantes, imaginez le pire.Je note les autres affaires insolites pour mes vieux jours mais cela en devient exaspérant.Seul un détective peut raconter à un autre détective des histoires de détectives sinon nous passerions pour des mythos accrochés au comptoir du bar de sports.Je précise que les seuls moments gratifiants de ce métier sont la recherche de personnes disparues (disparitions inquiétantes), ce sont des moments uniques, vraiment éprouvants, le contre coup émotionnel peut durer un certain temps, expériences heureusement rares mais à chaque fois d’une sincérité inoubliable. Tout le reste est alimentaire !

+QUELLES FORMATIONS POUR DEVENIR DÉTECTIVE ?Il existe trois manières de devenir détective privé.Ces formations, désormais obligatoires, pour exercer la profession sont toutes inscrites au Répertoire National des Certifications Professionnelles (RNCP). La licence professionnelle Sécurité des biens et des personnes, option « Enquêtes privées », université Panthéon-Assas –Paris II.La licence professionnelle, option « Agent de recherches privées », université de Nîmes.L’Institut de formation des agents de recherches privées (IFAR), à Montpellier.

LE STATUT JURIDIQUE DE LA PROFESSIONLe détective privé est, selon l’article L. 621-1 du Code de Sécurité Intérieure, une profession libérale réglementée. Il définit la profession d’enquêteur privé et l’autorise à « recueillir, même sans faire état de sa qualité ni révéler l’objet de sa mission, des informations ou renseignements destinés à des tiers, en vue de la défense de leurs intérêts ».C’est une profession de sécurité privée contrôlée par une autorité administrative indépendante, le Conseil National des Activités Privées de Sécurité (CNAPS).Cette autorité délivre les autorisations d’exercice et a une mission de contrôle déontologique de la profession. Elle a aussi un rôle de conseil auprès des professionnels de la sécurité.

RAPPORT ET VALIDITÉ JURIDIQUELe rapport d’un détective est valable aux yeux de la loi lorsqu’il est détaillé, circonstancié et précis avec preuves obtenues dans la légalité. Les preuves doivent être recueillies d’une manière légale; les informations doivent être relatées de manière objective et le contenu de ces informations doit être respectueux des libertés individuelles.

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Rédactionnel : Laura CHARRIER / Crédits photos : D.R.