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Phonologie 1
Phonème (abstrait) � Allophone (réalisé) Règles
Phonologiques (règle de transformation)
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La phonologieLa Phonétique : étudie les sons du langage humain, sous l’angle de leur production, leur propagation, leur réception. Décrit la réalisation des sons du langage.
La Phonologie :étudie les sons du langage humain, sous l’angle de leur utilisation, de leur
fonction linguistique (leur rôle dans un système linguistique, leur contribution au sens).
Cherche à comprendre le systèmed’une langue, d’un locuteur, d’un enfant :
• cherche à identifier dans la parole les unités élémentairesdu systèmelinguistique qui permettent
aux locuteurs de distinguer les unités significatives (= les phonèmes permettant par leur
combinaison de créer des différences de sens).
ex. décrire l’inventaire de phonèmes d’une langue, d’un enfant.
• cherche à décrire les règlesqui définissent l’agencementde ces unités élémentaires.
ex. comprendre comment les sons sont organisés dans la langue, comment ils se combinent
pour former des mots, comment ils s’influencent mutuellement.
⇒ réflexion : pourquoi le mot tlip n’est il pas un mot possible en français?
• Parmis la multitude de réalisations, cherche à découvrir les formes de base(stockées dans le
lexique, les phonèmes); à comprendre les alternances(les variations) et à formaliser les règles
gouvernant ces altérnances.
ex. quel est la forme de base du mot « six », quelles sont ses formes possibles, quelles règles
peuvent les expliquer?
• cherche à comparer les règles et principes qui régissent les langues du monde
ex. trouver des caractéristiques universelles
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Utilité des connaissances phonétiques et phonologiques pour votre pratique clinique
Face à des variantes de parole dues à des pathologies adultes, ou des troubles d’acquisition du langage, vous utiliserez vos connaissances en phonétique et phonologie pour :
– savoir écouter des productions, évaluer les différences entre des productions, utiliser vos connaissances acoustiques et articulatoire pour évaluer les troubles
– trouver les régularités, examiner ce qui est systématique, trouver les règles qui sous-tendent ces variations, comprendre le système du locuteur, déterminer à quel niveau de production se produit le trouble (auditif, articulatoire, encodage, …)
– Construire des outils, du matériel pour l’évaluation et la thérapie.
Face à des variantes, qu’on soit orthophoniste ou phonéticien/phonologue, la tâche est de – Les expliquer, les modéliser
– Les prédire
– Confronter les prédictions à de nouvelles données
– Remodéliser
– Et ainsi de suite...
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/Phonème/ vs. [Allophone]
• Le phonèmeest la plus petite unitédistinctivede la langue = unité utilisée pour produire un contraste de sens dans la langue = une unité abstraite qui entre dans un système d’opposition.
=> c’est une entitéabstraite qui représente un groupe de sons. Ces sonspartagent la même opposition à d’autres sons dans la langue (une catégorie.)
• Les allophonessont des sons (phones), qui sont les variantes d’un phonème. Ce sont les unités prononcées, les réalisations effectives des phonèmes.
• Un sonde la langue (ou phone) est une réalisation physique, produite.
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Catégories et réalisations
carré
Catégorie Réalisations
Les phonèmes sont les catégories abstraites de sons d’une langue.
/phonème/ [allophone][allophone]
règles phonologiques qui traduisent les séquences de phonèmes (abstraits) en
séquence d’allophones (concrets)
Par convention, les phonèmes sont notés entre / /, les sons et allophones entre [ ]. 6
/Phonème/ vs. [Allophone]
Chaque langue a un inventaire fini de phonèmes (on peut les compter).Tous les sons de la paroleont la potentialité d’être des phonèmes dans une langue mais ils ne le sont pas tous.
• /u/ est un phonème en français (ex. il oppose bouse et bise)• /�/ (un u non arrondi) est un phonème en japonais, pas en français; /�/ (un
click bilabial) est un phonème en Zulu, pas en français.• /l/ et /R/ sont deux phonèmes en français, mais un seul en japonais
Exemples:
Les allophonessont des sons qui sont les variantes d’un phonème.
[�] fric. uvulaire [c] devant voy. ant./R/=> [] vibr. uvulaire /k/=>
[r] vibr. apico-aléolaire [k] devant voy. post
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Ex. Comment savoir si deux sons sont deux phonèmes ou deux allophones (variantes) d’un même phonème dans une langue, chez un patient ayant des troubles de prononciation?
Ex. Comment savoir si un enfant a acquis tous les phonèmes de sa langue?
Ex. comment savoir si les transformations d’un aphasique sont systématiques, répondent à des règles?
Découvrir le système phonologique d’une langue,
d’un locuteur, d’un patient, d’un enfant…
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Découvrir le système phonologique d’une langue, d’un locuteur, d’un enfant
La démarche que nous allons suivre:
oui
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Le contextephonique : les sons environnants (ce qui précède/ce qui suit)
La distributiond’un son est définie par les positions qu’il peut occuper dans la chaîne parlée = la position qu’il peut occuper :
Notions:Le contexte et la distribution
• dans le mot : initiale, médiale, finale• dans la syllabe : pour les consonnes
attaque (CVC) vs. coda (CVC)singleton (C) vs. groupe consonantique (CC)
• la nature de cette syllabe : pour les voyelles syllabe ouverte (CV) vs. syllabe fermée (VC)
• la position de la syllabe par rapport à l’accent : (finale vs. non-finale)• la position dans la phrase (groupement syntaxique, prosodique…) et la structure informationnelle (thème-rhème, mot portant une emphase…)• la catégorie grammaticale du mot•…
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=> il y a des positions plus fortes que d’autres
frontière
Début de mot, de syllabe: fort
Fin de mot, de syllabe: faible
accent
Sous accent: fort
Après accent: faible
autre consonne
Après une autre consonne fort
Avant une autre consonne faible
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Démarche : Apparaissent-ils dans le même contexte phonique, ont-ils la même distribution ? = OUI
=> Leur commutation provoque-t-elle une différence de sens?
comment savoir? : Test de commutation: fait de remplacer un son par un autre dans un même contexte pour en déduire sa valeur linguistique.
=> trouver des paires minimales: deux mots qui se distinguent par le sens et qui diffèrent entre eux que par un seul son.
Comment savoir pour toutes paires de sons dans un système si on a :deux phonèmes OU deux allophones (variantes) d’un même phonème ?
Ex. /� a p o/ chapeau/� a t o/ château/b a t o/ bateau
⇒ Réflexion : trouvez d’autres paires minimales en français?
Découvrir le système phonologique d’une langue, d’un locuteur, d’un enfant
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Démarche : Apparaissent-ils dans le même contexte phonique, ont-ils la même distribution ? = OUI
Découvrir le système phonologique d’une langue, d’un locuteur, d’un enfant
=> Leur commutation provoque-t-elle une différence de sens?
OUI: Il y a opposition distinctivesi la commutation entraîne un changement de sens : ce sont 2 phonèmes distincts.
NON: Ce sont deux allophonesd’un même phonème qui sont produits en variation libre : ce sont des variantes libresd’un même phonèmeLeur apparition peut être conditionnée par des facteurs non-linguistiques comme l’origine géographique, le sexe, l’age…(ex. les r apical vs. uvulaire du français)
Comment savoir pour toutes paires de sons dans un système si on a :deux phonèmes OU deux allophones (variantes) d’un même phonème ?
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Notions:Variantes libres
• les variantes libres : qui s’expliquent par des facteurs non-linguistiques, comme des variations:
– individuelles
– dues à la génération, au sexe
– géographiques
– socio-économiques
• S’opposent aux variantes conditionnées: qui s’expliquent par des facteurs linguistiques ou para-linguistiques, comme:
– le contexte phonétique (voir cours suivants pour + de détails)
– des facteurs distributionnels
– le débit, le style de parole
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‘travail’ (locuteur quebecois)
[tavaj] [travaj] [t�avaj]
[r]apico-alvéolaire
roulée
[]dorso-uvulaire
fricative
[�]dorso-uvulaire
roulée
Notions: Variante libre: ex. les allophones de /R/ en français
15Source texte et image: http://www.unil.ch/ling/phon/ -- Warnant 1988
palatal
vélaire
uvulaire
Occlusives vélaires sourde/sonore. Le dos de la langue s’appuie contre le palais mou.
occlusives palatales (sourde/sonore)
Le lieu exact de fermeture du canal buccal varie en fonction de la voyelle subséquente : [ci] vs [ku] varie entre palatal et vélaire
qui, cure, clic vs cou, coure, cloque
Notions: Variante conditionnée par le contexte: ex. les allophones de /k/ et /g/ en français
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Application : le cas du finnois
Étant donné le corpus suivant, considérez les paires de sons [t]-[d] et [s]-[z].• les sons [t] et [d] sont-ils deux phonèmes en finnois ou 2 allophones d’un même phonème? (y-a-t ’il des paires minimales?). • Idem pour les sons [s] et [z].
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Découvrir le système phonologique …
Démarche : Apparaissent-ils dans le même contexte phonique, ont-ils la même distribution ? NON : ils sont en distribution complémentaire
Sont-ils apparenté phonétiquement? OUI : ce sont deux allophonesd’un même phonème dont l’apparition est conditionnée par le contexte : ce sont des variantes conditionnées, combinatoires
Démarche : Parmi ces deux formes, quel est le phonème, quel est l’allophone? le cas du « partout-ailleurs » : quelle forme a le plus grande distribution. X apparaît quand … et …., alors que Y apparaît partout ailleurs => Y est la forme de base (le phonème) et Y est la variante (l’allophone).
Démarche : Formulation de la règle conditionnant l’apparition de la variante.
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Application : la durée vocalique en anglais
Considérez la durée du [i] dans les mots suivants :
- y-a-t ’il des paires minimales opposant [i] et [i:] ?
- les deux sons apparaissent-ils dans le même environnement ?
[i] [i:]beat beadseat seedleak leaguepeace peasleaf leave
- peut-on trouver une règle conditionnant l’apparition de l’allongement de la voyelle ?
les sons [i] et [i:] sont-ils deux phonèmes en anglais ou 2 allophones d’un même phonème?
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Exemple d’analyse
=> Dans quels contextes [s] est attesté?
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Détermination des distributions
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Généralisation – lequel est le phonème?
• Contexte précédant: pratiquement le même (les deux sont attestés en début de mot, les deux sont précédés des mêmes voyelles) => ne dit rien
• Contexte suivant: [s] est suivi de voyelles antérieures tandis que [t] est suivi de voyelles postérieures.
• Il s’agit donc d’une distribution complémentaire, en ce sens que là on l’on trouve [s] on ne peut trouver [t]. A noter que [t] est aussi attesté en position finale de mot. On a donc suffisamment d’arguments pour établir la généralisation suivante :
=> En daga, [t] est attesté devant voyelles postérieures et en fin de mot et [s] devant voyelles antérieures.
• On doit maintenant décider lequel de [t] ou de [s] a le statut de phonème ?
=> le phonème est celui qui présente la plus large distribution (ce qu’on appelle le cas du Partout ailleurs). Dans le cas présent, [t] a la plus large distribution puisqu’il est attesté en fin de mot aussi. Ainsi [s] est attesté devant voyelles antérieures et [t] partout ailleurs.
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Établissement de la règle phonologique rendant compte de la variation
X et Y indiquent le contexte qui précède et qui suit, respectivement (l’un des deux contextes,voire les deux peuvent être vides). Dans le cas présent le changement de /t/ à [s] peut être décrit de la manière suivante :
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Autres exemples
• Phonème et allophone : – Phonème /k/: forme de base (sous-jacente) ;
– allophones [c] - [k] : formes alternantes (variantes) ;
– règle : /k/ → [c] devant voyelles antérieures et [k] ailleurs
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• A � B / X__Y (A se réécrit B qd il est entre X et Y)
• A � B / __Y (A se réécrit B lorsqu ’il est devant Y)
A � B / __ [+nas] (A se réécrit B devant une nasale)
A � B / __ # (A se réécrit B en fin de mot)
• A � B / Y__ (A se réécrit B lorsqu ’il est après Y)
A � B/ [+nas] __ (A se réécrit B après une nasale)
A � B/ # __ (A se réécrit B en début de mot)
• A � B/ __ [+nas] (A se réécrit B avant une nasale et en fin de mot)
#
Ecriture des règles : le processus / le contexte
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La syllabe• La syllabe : unité pivot dans l’architecture phonologique
– Elle réunit consonnes et voyelles (et semi voyelles); est un domaine d’application de règles phonologiques; est une unité pour l’assignation des accents (des tons ds langue à tons)
• Les constituants de la syllabe: une syllabe a toujours comme noyau une seulevoyelle, 1 voyelle = 1 syllabe. Autour de cette voyelle, on peut trouver une ouplusieurs consonnes et une ou plusieurs semi-voyelles en position noyau oucoda.
syllabe/ \
attaque rime/ \
noyau coda
x x x| | |p a n
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Exemples de structures syllabiques en français
V un, en, a-beilleCV chat, cha-peau
CVC bonne, sacCCV cri, clou (C2 étant une liquide)CCVC trique, crack (C2 étant une liquide)
VC homme
CSV lien, poid
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Les contraintes phonotactiques• Limitations sur l’association de certains phonèmes, et l’agencement et la
distribution des phonèmes à différentes positions dans une syllabe (attaque, coda) ou dans un mot (initiale, finale, accentué, non-acc.) : dans certaines positions, certains phonèmes ou certaines suites de phonème sont permises d’autres non.
1. [tR�l]
2. [stys]
3. [bliR]
4. [kRit]
Réflexion : est-ce que ces suites vous paraissent acceptables en français? Quelles combinaisons vous paraissent interdites en français?
Réflexion : distribution de [�] en français?
5. [vlin]
6. [ R�f]
7. [ft�l]
8. [pfas]
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Syllabe et application de règle
• La syllabe est un domaine d’application de règle.
Reflexion : comment expliquer l’alternance des voyelles entre les formes ‘appeler’ et ‘appelle’, ‘congeler’ et ‘congèle’ ?
• Syllabe ouverte : syllabe qui se termine par une voyelle à l'oral, comme les deux premières syllabes de bu-reau-tique [b y - � � - t i k]
• Syllabe fermée (ou: entravée, couverte) : syllabe qui se termine par une
consonne à l'oral, comme les deux syllabes de par-loir [p a - l w a ].
Réflexion : quelle est la distribution des voyelles moyennes (mi-fermées et mi-ouverte) en français? (ex. congévs. congèle)
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1. Les voyelles /e, �/ /o, �/ /ø, œ/ sont des phonèmes du français, elles permettent des oppositions distinctives.
Syllabe et application de règles : distribution des voyelles moyennes en français ‘standard’
2. Mais dans certains cas, leur distribution est complémentaire (on trouve l’une mais pas l’autre) : dans ces cas il y a neutralisation de l’opposition entre ces voyelles. En fonction du type de voyelle ces contextes de neutralisation sont différents.
veûle/veulent, jeûne/jeuneceux, jeucreuse, chanteuse cœur, heure...haute/hotte, Beauce/bosse, saule/sol…
chapeau, mot…rose, chose…port, orgue, cogne, cigogne…
été/était, allée/allaitmer, cheque, belle, seize…
⇒ Réflexion : quelles est la distribution de ces voyelles en français, dans quel type de syllabe a-t-on opposition distinctive? dans quel type de syllabe a-t-on neutralisation? Procédez par paire de voyelle.
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• Beurre/beurré
• Peur/peureux
• Malheur/malheureux
• Chaleur/chaleureux
Mais : Jeune/jeûne
• Était/été
• Épais/épée
• Serais/serai
• Prêt/pré• Paul/Paule
• Côte/cotte
• Hôte/hotte
• Sol/saule
Mais pas devant /z/: ose/chose
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Distribution des voyelles moyennes en français ‘standard’
- Pour /e, �/ (en position finale de mot): • en syllabe ouverte : maintien de l’opposition ex. été/était, allée/allait• en syllabe fermée : neutralisation de l’opposition en faveur de [�] ex. mer, belle, seize…
- Pour /o, �/ (en position finale de mot): • en syllabe ouverte : neutralisation de l’opposition en faveur de [o] ex. eau, mot...• en syllabe fermée : maintien de l’opposition ex. haute/hotte, Beauce/bosse,saule/sol…sauf quand la syllabe est fermée par [z, �, �] :
• neutralisation en faveur de [o] devant [z] ex. rose, chose…• neutralisation en faveur de [�] devant [�, �] ex. port, orgue, cogne, cigogne…
- Pour /ø, œ/ (en position finale de mot): • en syllabe ouverte : neutralisation de l’opposition en faveur de [ø] ex. ceux, jeu…(dégeulasse [œ] > dégeu [ø]) .• en syllabe fermée :
• neutralisation en faveur de [ø] devant [z] ex. creuse, chanteuse...• neutralisation en faveur de [œ] devant [�] ex. cœur, heure...• ailleurs [œ] est le plus fréquent mais maintient de quelques oppositions lexicales ex. veûle/veulent, jeûne/jeune 34
Résumé
La distribution complémentaire• Dans certains cas, on ne peut pas opposer un son à un autre parce que les
deux ne figurent jamais dans le même contexte. Prenez le cas du [ts] qu'on entend en français québecois devant des voyelles antérieures fermées ([tsir], [tsy]). Dans ce parler, là où on prononce [ts] on ne prononce jamais [t], et vice versa. Ces deux sons sont donc en distribution complémentaire. Là oùon a la distribution complémentaire, on ne peut pas avoir de paire minimale, et par conséquent on doit considérer les deux sons comme variantesd'un même phonème.
La neutralisation• Dans d'autres cas, deux sons s'opposent dans un contexte, mais non pas dans
un autre. Prenons les voyelles [e] et [�]. On trouve les deux en syllabe ouverte: /se/ ~ /s� / (ses ~ sait). Par contre, en syllabe fermée, on ne trouve que [�]: /p�R/. L'opposition /e/ ~ /�/ existe donc en syllabe ouverte, mais elle est neutraliséeen syllabe fermée.
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Les traits distinctifs (pertinents) phonologiquesLorsque deux phonèmes s'opposent entre eux, il est possible d'identifier les traits distinctifs qui les opposent, ex. opposition /p, t, k/ vs. /b, d, g/ = présence vs. absence de voisement (le trait distinctif).
Théorie des traits:
Une liste de traits permet de décrire les caractéristiques d’une catégorie et donc, de la définir.
Ex: « oiseau »: mammifère, a des ailes, vole, etc…
/i/ : voyelle, fermée, étirée, orale, etc…
Traits binaires:chaque trait doit pouvoir être caractérisé par sa présence (+) ou son absence (-)
/i/consonne: non � -fermée: oui � +arrondie: non � -orale: oui � +…
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classe naturelle: un groupe de sons qui partagent une ou plusieurs propriétés (traits) phonologiques, et qui se comportent comme un ensemble.
ex. de classes naturelles [m, p, b, f, v] = [-coronal, + antérieur][m, n, �, �, j, w, �, l, �] = [+sonantes]
mais [a, z, m], [p, g], [s, m, l, f, t] ne sont pas des classes naturelles : aucun trait ou combinaison de traits ne peut les caractériser comme des ensembles.
Les règles phonologiques s’appliquent sur des classes naturelles.
(Comparés aux traits phonétiques vus jusqu’à maintenant pour décrire la production ou l’acoustique des sons de la parole, les traits phonologiques sont + abstraits (mais basés sur propriétés phonétiques) pour pouvoir former des catégories plus larges (ex. bilabial+labiodental = [+labial]).
Les traits permettent de regrouper les sons en ‘ classes de sons ’ qui se comportent de manière similaire.
Les traits distinctifs (pertinents) phonologiques
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Les traits distinctifs (pertinents) phonologiques
Chaque langue sélectionne un certain nombre de traits distinctifs parmi
l'ensemble des possibilités offertes par les langues du monde. Ex. en français, le
trait distinctif arrondissementest utilisé pour distinguer /i/ et /y/, /e/ et /ø/, et /�/
et /oe/. Par contre, ce même trait n'est pas utilisépar l'anglais.
Parmi les traits distinctifs utilisés par le français, signalons: – le voisement (voisé versus non-voisé)
– la nasalité (oral versus nasal)
– l'antériorité (antérieur versus postérieur)
– l'arrondissement (arrondi versus non-arrondi)
– les différents lieux d'articulation.
=> Trouvez un trait distinctif utilisé en français mais absent en anglais.
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A. Traits de classe majeure :
[syllabique] : Phonème qui peut constituer le centre d’une syllabe. (en français: voyelle vs. consonnes et semi-voyelle)
[consonantique] : Produit par un rétrécissement du conduit supraglottique qui est plus important que celui des semi-voyelles. (consones vs. voy. et semi-voy.)
[sonnant] (sonnantes vs. obstruantes): quand la pression de l ’air à l ’intérieur du conduit vocal est identique àcelui de l’extérieur. Distingue les obstruantes (avec création d ’une perturbation au passage de l’air) des sonnantes (sans perturbation). Les sonantes ont une structure formantique et sont tjrs voisées.
[nasal] : abaissement ou non du velum. [approximante] : avec rapprochement des articulateurs
mais sans production de perturbation ([+ appr] = semi-voyelle et liquide)
(liquide: terme général pour couvrir les latérales et les sons “r” = trait fonctionnel)
B. Traits définissant le mode d’articulation :[continu] (continue vs. momentanée): l’air passe sans
interruption ([- cont] = occlusives orales) [latéral]: écoulement de l ’air de chaque coté de la
langue[relâchement retardé] : affriquées et fricatives + [aspiré]; [glottalisé]; [voisé]
C. Traits définissant le lieu (point) d’articulation :
[antérieur] : produit avec constriction primaire dans la partie antérieure de la cavité orale (alvéoles et en avant)
[coronal] : produit avec la partie antérieure de la langue ([- cor] : labiale et sons produits plus loin que le palais dur)
[labiale] : constriction au niveau des lèvres[réparti] : constriction assez étendue le long de
l ’axe d ’écoulement de l ’air ([-rep]: apicales, rétroflexes, labiodentale)
[haut] : élévation de la masse de la langue vers le haut (palatales, vélaires, voy. fermées, semi-voyelle)
[bas] : abaissement de la masse de la langue vers le bas (pharyngales, voy. ouvertes)
[arrière]: rétraction de la masse de la langue (vélaire, uvulaire, pharyngale, voy. d’arrière). Attention: difft de [-antérieur]
[tendu] ou [ATR] (advanced tongue root) : effort musculaire particulier, rétrécissement plus marqué (tendu vs. lâche)
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Traits 2
D’après F. Dell (1973) Les règles et les sons
p b t d k � f v s z � � m n � r l j i y u e ø o � œ � a
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Chaque phonème est caractérisé sous forme d’une liste de traits
La chaîne parlée peut être décrite sous forme d’un enchaînement de traits et non plus de phonèmes
/b/ /t/pho1 pho2
consonantique + +continu - -voisé + -…
-/obty/ [opty]
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• conditionnement par le contexte ou non
• conditionnement local ou à distance
• direction du processus (régressif ou progressif)
• obligatoire ou facultative
• domaine d’application (lexicale vs. post-lexicale)
Différents types de règles de variation
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Avec et sans contexte
1) Règles conditionnées par le contexte (A� B si suivi de , ou précédé de)
ex: les règles d’assimilation : dévoisement des occlusives en contexte sourd : « obtenu », « medecin »...
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Assimilation
Ex. Assimilation régressive de voisement de /s/ sur /d/:
médecin: /d/ + voisé, /s/ -voisé
/m e d " s �$/
- voisé
[m e d s �$]°[t]
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Avec et sans contexte
1) Règles conditionnées par le contexte (A� B si suivi de , ou précédé de)
ex: les règles d’assimilation : dévoisement des occlusives en contexte sourd : « obtenu », « medecin »...
ex: la consonne « c » en Latin est devenu en français /k/ ou /t/ ou /%/ selon l’identité de la voyelle suivante.
» /s/ (ci, ce) cicéron, ceci» /�/ (ca) chat» /k/ (cu, co) cursus, couleur
2) Règles indépendantes du contexte
ex: « u » latin est devenu [y] en français quelque soit le contexte
ex: une personne qui zézaye transformera tous les /z/ quelque soit le contexte
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Conditionnement local ou à distance
1) Local : les deux phonèmes qui s’influencent sont en contact directex: les règles d’assimilation : dévoisement des occlusives en contexte
sourd : « obtenu », « medecin »...
2) A distance : les deux phonèmes qui s ’influencent ne sont pas côte à côteex. : l’harmonie vocalique « aimer » [eme], « j’aime » [ �m], « nous aimons » [nuzem�$]
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Direction du processus
1) Assimilation régressive ou anticipatrice :– Sonorisation (voisement) et assourdissement (dévoisement)
« paqu(e)bot » « socialisme » « médecin » « à jeter »
2) Assimilation progressive :– Assourdissement (dévoisement)
« pied », « toi», « train »
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Règles lexicales et post-lexicales
1) Les règles lexicales : s’appliquent à l’intérieur des mots (peuvent être sensibles à la catégorie du mot)
2) Les règles post-lexicales : peuvent s’appliquer au travers des frontières de mots
ex. les liaisons en français, règle de dévoisement dans "bague perdue".
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Obligatoire et facultative
Certaines règles sont obligatoires, d’autres facultatives (ou dépendent du style).
ex. facultative : toute voyelle en début de phrase peut être précédée par un coup de glotte en français. Les règles facultatives donnent lieu à des variations.
ex. obligatoire : aspiration des occlusives en début de mot en anglais.
Exemple typique : la liaison en français.
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• « La liaison consiste à prononcer devant un mot commençant par une voyelle une consonne finale, muette en dehors de cette condition [...]. La consonne finale du premier mot se soude à la voyelle initiale du second pour former une syllabe avec elle. » (Fouché in Encrevé 1983 : 40)
ex: des enfants vs. des voitures, un avion vs. un bus, un petit ami vs. un petit copain, un grand ami vs. un grand copain
• Les consonnes de liaison (linking consonants) sont: [z, t, n, r, p, g][z] incroyables, heureux anniversaires[t] vient-il, petit, grand amour[n] un, aucun, certain, plein, bon exemple[r] léger , premier , dernier accueil[p] beaucoup, trop aimé[g] long été
• Dans une liaison, la consonne liée peut changer de nature. Ainsi " s "et " x " deviennent [ z ] et " d " devient [ t ]. Exemples: " les_amis " " deux_amis " " un grand_ami "
La liaison
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Liaisons• La présence ou l'absence d'une consonne de liaison entre deux mots est la
survivance de l'ancien français où toutes les consonnes finales se prononçaient. A partir du XIIième siècle, les consonnes finales ont commencé à ne plus être prononcées, et aujourd'hui, la grande majorité de ces consonnes sont muettes (" le banc ", " la forêt " , " la souris ,. etc). Pourtant certaines sont encore prononcées pour éviter le regroupement de deux voyelles (" nos amis " = [ no-z-ami]) et marquer la relation syntaxique très étroite qui existe entre ces deux mots en contact.
• Par exemple, la relation étroite qui existe entre un nom et son déterminant est indiquée par la présence d'une liaison: " les_amis " = [le za mi ]. On pourra dire la même chose du lien qui existe entre un verbe et son pronom sujet («nous_arrivons»). Par contre, la conjonction " et " n'est pas plus liée au premier groupe qu'au deuxième groupe de mots qu'elle coordonne. Il n'y a donc pas de liaison avant et après cette conjonction : « Nous parlons # et # il écoute »
=> Trois « types » de liaison :
� liaison invariable (obligatoire)
� liaison variable (facultative)
� liaison erratique (interdite)
Ex: Les anglais ; Le soldat anglais ; Les soldats anglais ; Les soldats aiment
Quelles sont les liaisons obligatoires? facultatives? interdites?
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• Facteurs de réalisation
Intrication de différents facteurs :
– On lie à l’intérieur d’un groupe de sens– On lie d’un mot moins important vers un mot plus important– Importance du style et du débit
La liaison
� syntaxiques
� prosodiques
� phonétiques
� liés à des figements lexicaux
� sociologiques
� stylistiques
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Liaisons obligatoires
Une liaison sera obligatoirement prononcée:• entre un déterminant et le mot qu'il détermine: " les_amis
" , " quels_amis " , " ces_amis ", " les_uns et les_autres ", " de bons_amis "
• entre un verbe et ses pronoms sujet et objet:" ils_ont ", " les ont-ils ", " nous_en_avons "
• avec les adverbes, prépositions et conjonctions monosyllabiques: " en_avion ", " très_intéressant ", " quand_elle parle "
• avec le verbe auxiliaire être(quoiqu'il s'agisse là d'une liaison très fréquente plutôt qu'obligatoire): " il est_ici ", " ils sont_arrivés »
• entre les mots constituant certaines expressions figées:" tout_à l'heure ", " quand-est-ce que ", " tout_à coup ", " de temps_en temps ", " un sous-entendu " , etc.
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Liaisons interdites
Une liaison sera interdite:• à la frontière de deux groupes rythmiques et syntaxiques
importants.• Dans cette logique, la liaison ne se prononce pas entre, par
exemple: – un groupe nominal et un groupe verbal: " les enfants # écoutent " – un nom et un adjectif postposé:" un étudiant # américain " – après les noms propres: " Jean # est parti " – avec les conjonctions " et " et " ou " : " du pain # et # un bon
fromage ", " du pain # ou un croissant " – après les adverbes interrogatifs: " Quand # est-il arrivé? ", " Combien
# en as-tu? " – après les pronoms personnels sujet dans une inversion: " vont-ils #
arriver? " – avec les mots commençant par un "h" aspiré:" un # héros ", " en #
haut " – dans certains groupes figés:" nez # à nez ", " riz # au lait ", " mort #
ou vif "
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Laisons facultatives
• Il faut enfin remarquer que dans de nombreux cas la liaison apparaît comme facultative, et que le débit, le niveau de langue, la situation de communication ou l'interlocuteur sont des facteurs importants dans la décision de prononcer ou non la liaison.
• En effet, plus on se trouve dans une situation familière, informelle, moins on prononce les liaisons facultatives.
Exemples: " Je vais écouter " [ Zve e ku te ] ou [ Zve ze ku te ] " Il n'est pas ici " [il ne pa i si ] ou [ il ne pa zi si ]
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Types de liaison
Déterminant/Adjectif/Substantif
Pronom Verbe Préposition/Adverbe/Mots invariables
Formes figées
Invariable Déterminant/Adjectif +Les_enfantsUn_ancien_amiPlusieurs_hommesUn gros_arbre
Pronom personnel+Vous_êtesVous_y êtesAllons-nous_en
Verbe + pronomOnt_ilsAllons_y
Prép / adverbemonosyllabique +Dans_une heureTrès_utileBien_observé
Comment_allezvousLes Etats_UnisAccent_aiguDe temps_en temps
Pronom non pers.+Plusieurs_écoutent
Prép / adverbepolysyllabique +Toujours_utileDepuis_un an
Variable Substantif pluriel +Des plats_exquisDeux mots_à te direSes plans_ontréussi (Vous, nous
postposésAmusons-nous_unpeu)
Verbe +Je suis_invitéJe vais_essayerJe suis_imbattableC’est_importantIl dit_aussiIl commençait_à lire
ConjonctionsmonosyllabiquesMais_une foisencorePuis_on ira
Erratique Substantifsingulier +*Le soldat_arrive*Le soldat_anglais
Pronom personnelpostposé*Sont_ils arrivés
Conjonction et +*et_on prend àdroite
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Fausse liaison • Description du phénomène
• On insère parfois une consonne épenthétique (ex. [ n ], [ t ] ou [ z ]) entre deuxmots même si cette consonne ne correspond pas à la consonne latente de la liaison normale, d'où l'appellation de fausse liaison.
Exemples
• ça va être beau /sav(�tbo/ => sav(t�tbo] je suis allé / ) s � i z a l e/ => [% u t a l e] ils leur en donnent /illœr($d�n/ =>[iløza$$d�n] tu en veux /t y ($ v ø / => [ts y n a$ v ø] parle m'en /parlm($/ => [pa�lmwaza$] ils ont neuf enfants /ilz�$nœf($f($/ => [iz�$nœfza$fa$]
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Enchaînement
(D'après le Petit manuel d'introduction à la Transcription phonétique, A. Germain-Rutherford, Canadian Scholars'Press, 2 ième édition, 1998)
Les enchaînements consonantiques• Lorsqu'un mot se termine par une consonne prononcée et que
le mot suivant commence par une voyelle, la consonne finale du premier mot devient initiale du mot suivant. On dit qu'elle s'enchaîne à la voyelle du mot suivant pour former une syllabe. Exemple: " Il arrive " = [ i- la- R iv ]
• En français, l'enchaînement consonantique est toujours prononcé. De plus, la consonne enchaînante garde toutes ses caractéristiques.
Exemples: "Une gran de_amie" " Un fil s_ingrat "
• Seule la consonne enchaînante ,[f ] change de nature et se prononce [ v ] dans 2 cas: "neuf heures" [ nœ vœ R] et "neuf ans"