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Cultivons la différence Aux quatre coins de France, des hebdos labourent l’actualité pour récolter des infos fraîches, originales, différentes... Petit voyage dans ce jardin de l’autre PHR. p.13-17 Parcours Les femmes en presse hebdomadaire, des hommes comme les autres p.10-11 Anniversaire Hier encore j’avais 20 ans, la filière PHR souffle ses bougies p.34-35 Financement La presse locale touchera-t-elle le fonds ? p.23 N°19 - JUILLET 2014 JOURNAL DE LA 19 E PROMOTION PHR DE L’ESJ LILLE

Phrases 2014

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Cultivonsla différence

Aux quatre coins de France, des hebdoslabourent l’actualité pour récolter desinfos fraîches, originales, différentes...Petit voyage dans ce jardin de l’autre PHR.

p.13-17

ParcoursLes femmes en pressehebdomadaire,des hommes commeles autres p.10-11

AnniversaireHier encore j’avais20 ans, la filière PHRsouffle ses bougiesp.34-35

FinancementLa presse localetouchera-t-ellele fonds?p.23

N°19 - JUILLET 2014JOURNAL DE LA 19E PROMOTION PHR DE L’ESJ LILLE

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2 PHRases/numéro19/juin2014

Sommaire

ZOOM

SUR L’AXONAIS : UN NOUVEL HEBDO

SALAIRES : LA PHR À LA TRAÎNE

UN VILLAGE, DEUX HEBDOS

LES FEMMES, DES HOMMES COMME LES AUTRES

L’ÉCOLE DU TERRAINCU

LTIVER

L’OR

IGINAL

ITÉ

DEL’HUM

AIN,DUTE

RRAIN

Dossier

LA PHR EN VERSION ORIGINALE

CES JOURNAUX ATYPIQUES

WEB

DOMAD

AIRE POUR OU CONTRE LA PHR EN LIGNE ?

L’APPLI MOBILE, « UN MÉDIA À PART »

PUBLIHEBDOS ARRIVE SUR VOS TABLETTES

SCOOP UN JOUR, SCOOP TOUJOURS

LE 41E CONGRÈS SPHR EN IMAGES

IMPRES

SIONS

L’IMPRIMERIE IPS SOUTIENT LA PHR

LLEE PPEETTIITT JJOOUURRNNAALLDDEE PPLLOOMMBB

p. 4

p. 5

p. 9

p. 10-11

p. 12

p. 16

p. 17

p. 25

p. 24

p. 22

p. 30

p. 31

ÉDITO

OSEZ !Le bruit des rotatives, l’odeur du papier et de l’encre. Souvenirs lointains ? Ces madeleinesde Proust existent toujours, comme à Vervins où Le Démocrate de l’Aisne, dernier jour-nal d’Europe à imprimer au plomb, résiste encore à l’envahisseur numérique. Sans renierses racines, il faudra pourtant bientôt franchir le cap et cohabiter avec les outils d’avenir.Laisser le passé là où il est, et avancer. Dans vingt ans, les futures générations connaîtrontd’autres techniques de publication et regretteront déjà le bruit des claviers, les cliquetis dela souris.PHRases n°19 a vocation à traiter de l’actualité de la Presse Hebdomadaire Régionale,mais cette année l’ancrage est forcément lié à cette transition numérique. Indispensablepour certains, inutile ou inaccessible pour d’autres, le web se retrouve au cœur de bonnombre de nos papiers. Si ce n’est pas déjà fait, nous vous encourageons à investir la toile,à oser. La PHR en est capable. Elle a bien des atouts et plus d’une corde à son arc. Son traitementde l’actu hyper-locale est une force qui lui permet de perdurer. Une entreprise qui neconnaît pas la crise ? Si, bien sûr. Elle la traverse, comme tout le monde. Mais grâce à lafidélité de son lectorat, elle s’en sort mieux que quiconque. Il est pourtant impératif qu’ellese saisisse de cette vague de modernité, si elle vise l’éternité.

CCHHAARRLLOOTTTTEE PPRROOVVIINN

Rédactrice en chefCharlotte ProvinRédacteurs en chef adjointsPierre-Alexandre Aubry, Lucas GelléJournalistesChloé Dequeker (responsable PAO), Nicolas Gosselin, Andréa Devulder,Amaury Legrand, Maïté Barbier, Nicolas Gaillard , Camille Redoulès, Gautier Navet, Alexandra Reymond,Kévin Lourenço, Sandrine Cavé.Mentions spécialesà Laurent Brunel, stakhanoviste catalan,essuyeur de plâtres de la rédaction, à Yves Sécher, routard du chemin de fer, et à Laurie Moniez pour sa patience et ses relectures tranchantes.

Directeur de la publicationPierre SavaryEt encore des remerciements...Le SPHR, présent aux côtés de la filièredepuis bientôt 20 ans.IPS et toutes ses équipes, qui sont toujours – et depuis des années – aux petits soinspour l’impression de ce magazine.ImpressionIPS - ZA du Chant des OiseauxBP 80253 - 80800 FouilloyPHRasesUne publication de l’ESJ Lille50 rue Gauthier-de-Châtillon59000 Lille

©2014

Cette année, l’heure est au changement ! La 19e promotion PHRde l’ESJ Lille a mis les bouchéesdoubles pour vous offrir deuxmagazines. En plus de ce PHRases,qui rassemble l’actualité de la pressehebdomadaire régionale, nous noussommes penchés sur l’un des enjeuxde ce siècle : la transition énergétique.Avec des mots simples, de l’humainet du terrain, LL’’EEcchhoo LLooggiiqquuee,magazine de 40 pages réalisé enpartenariat avec EERRDDFF, a vu le jour. Nous vous invitons à le consulter en ligne sur le site wwwwww..ccoonnggrreess--sspphhrr22001144..ffrr, créé à l’occasion du 41e congrès du SPHR de Grenoble. Ce magazine, dans sa version papier, est également disponibleauprès de l’ESJ.

p. 6-7

p. 20-21

La 19e promotion PHR sur son 31, lors du gala du 41e congrès du SPHR.

LES 20 ANS DE LA PHR p. 34-35

LA 19E PROMO SE MET AU VERT!

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Zoom sur

3PHRases/numéro19/juin2014

Comment vous est venue l’idée de créerL’Axonais ?L’année dernière, j’ai remarqué qu’au nord dudépartement voisin, l’Aisne, il y avait quatrehebdomadaires : L’Aisne Nouvelle, Le Courrier -La Gazette, Le Démocrate de l’Aisne, et Laiérache. Au sud, à Laon et à Soissons, il n’yen avait aucun. Il y avait de la place, de lademande, et aucune raison pour ne pas enimplanter un.Parallèlement, j’ai observé que les grandsgroupes de presse mettaient en communplusieurs services : administration, gestion,création graphique… Et cela fonctionne bien.C’est donc moins cher d’avoir une mêmestructure pour plusieurs journaux.

Que peut-on lire dans L’Axonais ?L’actualité locale représente 100 % du journal.Nous voulons traiter les histoires qui mar-quent. Pour qu’un journal marche, il faut queson contenu soit intéressant, qu’il touche lesgens. Il faut également être généreux : parlerdes évènements douloureux ou beaux, desprojets, des échecs… L’hebdomadaire doit vi-vre son pays, raconter la vie d’une commu-nauté.

Quels sont les premiers chiffresde ce nouvel hebdomadaire ?Le premier numéro de L’Axonais est sorti lejeudi 22 mai. Il a été imprimé à 12 000 exem-plaires et nous en avons vendu 6000, pour en-viron 260 000 habitants. Le tirage a été un peusurestimé.

L’Axonais a-t-il un site internet ?Un site vitrine a été créé : axonais.fr. On yretrouve les coordonnées de la rédaction, l’his-toire du journal et une lettre aux lecteurs, maispas de contenu. Le danger, lorsqu’on publiedes articles, même payants, c’est qu’une fois unarticle acheté, il peut se retrouver sur la toiledans le monde entier. L’internaute peut eneffet envoyer l’article à tous ses amis, et un seul

exemplaire sera finalement vendu. Au-jourd’hui, avec le web, les gens n’achètent plusle journal. La diffusion de L’Axonais est doncsélective : il n’y a que la version papier.

Vous dites que les gens n’achètent plusle journal. Alors, pourquoi en avoir crééun nouveau ?

Parce que j’aime ça, c’est mon métier, et je croisau journal papier et à son avenir. Il y a plu-sieurs journaux et magazines qui ont été créésrécemment. Lui Magazine a été relancé enseptembre 2013. Le magazine Vanity Fair et lequotidien L’Opinion ont été créés en 2013. Jesuis peut-être idéaliste, mais je ne suis pas seul.

MMAAÏÏTTÉÉ BBAARRBBIIEERR

Lors du congrès du SPHR, Vincent Gérard (à droite) a été récompensé par BHDT pour la création de son nouveau titre.

Ils voulaient créer un hebdo gratuit, et ilsl’ont fait. Le 4 avril dernier est sorti le premier numéro de Saint-Quentin Mag. Àl’intérieur, on trouve l’actualité du bassinSaint-Quentinois, mais pas de faits divers.«Nous voulons porter un regard globale-ment positif sur la ville», déclare Bertrand Duchet, le directeur général. Visiblement, ce choix a plu aux habitants.«Chaque semaine, nous tirons 20000 à28000 exemplaires pour 60 000 habitants,en fonction de la pagination, explique-t-il.Seulement 1000 exemplaires sont jetés.»L’ancien directeur départemental de laMarne au journal l’Union a créé ce journalavec Erick Leskiw, ancien rédacteur en chef adjoint de l’Aisne Nouvelle, et Odile Beaufort, auparavant directrice commercialeà l’Aisne Nouvelle.Reste le problème du financement. BertrandDuchet a*rme que «la publicité est su)-sante, grâce à un carnet d’adresses déve-loppé». Pour l’instant, il attend quel’expérience dure quelques mois de plus,mais il pense déjà à l’avenir. «Si l’hebdo gratuit fonctionne ici, il peut aussi marcher ailleurs…» Saint-Quentin Mag aura-t-il un petit frère ?

MMAAÏÏTTÉÉ BBAARRBBIIEERR

INTERVIEW DE VINCENT GÉRARD

L’AXONAIS : UN NOUVEL HEBDO EST NÉDepuis le 22 mai, un nouveau journal paraît tous les jeudis dans le sud de l’Aisne.Vincent Gérard, éditeur d’Oise Hebdo, a créé L’Axonais, basé à Soissons. Un journal 100% papier, 100% local.

CRÉER UN HEBDO GRATUIT, UN PARI RÉUSSI

Bertrand Duchet a créé Saint-Quentin Mag.

Situé dans le fin fond de l’Aude, dans la région Languedoc-Roussillon, à une vingtaine de kilomètres au sud de Carcassonne, Limoux est une petite bourgade où vivent quelques 10000 âmes.Vous connaissez peut-être la Blanquette deLimoux, son nougat ou son carnaval, maisconnaissez-vous l’hebdomadaire du coin:Le Limouxin? Non? Et bien pourtant, de-puis 2001, il figure au Guinness Book desrecords, en tant que plus vieil hebdoma-daire français encore en activité*. De quoifaire rêver plus d’un éditeur.

« Du local avant tout »Créé en 1822, Le Journal de Limoux, deson nom à l’époque, n’était «qu’une feuillede chou », s’amuse le directeur Robert Perez, 56 ans. Durant la seconde guerremondiale, comme l’imposent les Allemands, l’hebdomadaire change denom et devient alors Le Limouxin. C’est

en 1986 que Robert Perez prend les rênesdu journal. Aujourd’hui, le canardcompte 1 200 abonnés sur un tirage deprès de 2 000 exemplaires. Si les méthodes de travail ont largement évoluédepuis bientôt deux cents ans, « le credodu journal n’a pas changé : le local avanttout », martèle l’éditeur.

Une entreprise familialeUn éditeur qui compte avant tout surl’appui de ses proches. Robert travaille eneffet avec sa femme, Marie-Pierre, et sonfils Fabien. « Au total, c’est une équipe decinq personnes qui gère le journal de dixpages», confie Robert. En plus de l’actua-lité ultra locale et des publicités, le titreest habilité à publier des annonces légales. La proximité et l’attachement desLimouxiens contribuent à maintenir envie ce petit hebdomadaire fortement ancré dans son territoire. De plus, chaque

semaine, le journal est réalisé et imprimédans les mêmes locaux : l’imprimerie duLimouxin, qui appartient… aux Perez.Alors que de nombreux observateursprédisent la fin de la presse papier, en2022, on vous le donne en mille, Le Limouxin fêtera ses 200 ans !

AAMMAAUURRYY LLEEGGRRAANNDD

*Le Limouxin n’est pourtant pasl’hebdomadaire le plus vieux deFrance. En effet, Le Châtillonais etL’Auxois paraissent depuis 1807, LaGazette de Thiers depuis 1812 et laTribune de Montélimar depuis 1816.Alors pourquoi le Guinness Book desRecords? Car c’est le plus vieilhebdomadaire français encore enactivité et imprimant ses pages dansles mêmes lieux, à deux pas de larédaction, à Limoux.

SUR LE GUINNESS BOOK DES RECORDS

LE LIMOUXIN, BIENTÔT DEUX SIÈCLES D’INFORMATIONS LOCALES

Robert Perez entouré de son équipe.

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4 PHRases/numéro19/juin2014

Qui sera l’an prochain à la tête duSPHR ? La question estaujourd’hui d’actualité. Lors dutraditionnel discours de clôture

du congrès du Syndicat de la PresseHebdomadaire Régionale (SPHR), sonprésident, éric Lejeune a annoncé qu’il nese représenterait pas.«L’ année prochaine, vous aurez à élire uncomité national, un bureau et un nouveauprésident. Je crois qu’au bout de six ans à latête du syndicat, il est temps de passer lamain», a-t-il précisé.

Cette décision n’a rien d’une surprise, elleétait connue de la plupart des congressistes.éric Lejeune avait entamé de profondsremaniements de la structure du syndicat,afin de faciliter le travail de ses successeurs.« J’assume totalement la suppression depostes que j’ai considérée comme nonessentielle au regard des défis qui nousattendent, et j’ai créé d’autres postes axés surles nouvelles technologies », remarque leprésident sortant. «Cette étape consolidel’assise financière du SPHR et l’orienteclairement vers le futur de nos diffusions etde nos ressources. »

Mais la succession d’éric Lejeune neressemble pas à la série Game of rones ouà Tout le monde veut prendre sa place,personne ne se bouscule pour prendre sonsiège. Une situation des plus embarrassantespour le syndicat.Signe des temps, éric Lejeune a demandéau directeur du SPHR, Bruno Hocquart deTurtot, de repousser son départ à la retraitepour «accompagner quelques temps encore lenouveau président ou la nouvelleprésidente». Encore faut-il avoir un(e)futur(e) président(e) à seconder.

Dures négociations en vueQuoi qu’il advienne, la tâche sera rude pour lanouvelle tête dirigeante du syndicat. Il vafalloir négocier une énième fois les nouveauxtarifs de la Poste concernant l’acheminementdes abonnements des hebdos, et faire face à lacommission Poitrinal-Mandon, qui constitue-rait, selon le président, une «nouvelle menace»pour les annonces légales, véritable poumonéconomique de la PHR.Des sujets forts complexes et peu réjouissantsqui n’encouragent pas à prendre le leadershipdu SPHR. Il faudra pourtant en trouver un,voire des candidats pour la relève, afin d’éviterune éventuelle crise. S’il reste un peu moinsd’un an avant l’échéance - éric Lejeuneentame tout juste sa sixième année demandat – la recherche reste d’actualité d’icile 42e congrès du SPHR qui aura lieu àBiarritz, en mai 2015.

KKÉÉVVIINN LLOOUURREENNÇÇOO

PLACE À PRENDRE

SYNDICAT CHERCHE NOUVEAU PRÉSIDENTAprès cinq années passées à la tête du SPHR, Éric Lejeune va laisser sa place. Mais à qui ? Pour l’instant, personne ne s’est manifesté, laissant craindre une crise au sein du syndicat.

Depuis juin 2013, le Syndicat de la Presse Hebdomadaire Régionale compte six nouveaux adhérents. La mission du syndicat : les aider.Ils se nomment l’A(ranchi de Chaumont, la Tribune de Vienne, le Démocrate del’Aisne, le Journal de Civray et du Sud Vienne, le Nouvel Hebdo et Antilla. Ils sontsix à entrer au SPHR. Aujourd’hui, le syndicat regroupe un peu plus de deux centcinquante titres en France métropolitaine et dans les Dom Tom. Deux raisons motivent ces adhésions. Tout d’abord l’esprit de groupe, comme l’ex-plique Roger Anglument, directeur de la publication au Journal de Civray et du SudVienne : «Le journal a été racheté en 2013 par le groupe Public média et tous leursjournaux adhéraient déjà au SPHR. Naturellement nous avons fait de même.» Au Nou-vel hebdo, l’adhésion répondait à une attente. « Je voulais avoir des réponses sur desquestions fiscales. Comment faire, par exemple, avec les annonces légales? indique Phi-lippe Angles, directeur de la publication. À présent, pour compléter ce rattachement,Nouvel Hebdo souhaite entrer à l’OJD».

AANNDDRRÉÉAA DDEEVVUULLDDEERR

«Au bout de six ans, il est temps de passer la main.»

Éric Lejeune

Le 41e congrés du SPHR était aussi, en quelque sorte, unbaptême pour Florent Rimbert. Le jeune directeur dudéveloppement web au syndicat était déjà présent aucongrès de Mulhouse en 2011. À l'époque, il occupait leposte de chargé d'études et de marketing. Cette année, ilétait sur tous les fronts et devait participer à l’ensembledes ateliers. «Je suis à l'écoute des besoins des éditeurs»,précise-t-il. Florent Rimbert a pris ses quartiers au SPHRdébut janvier 2014. Sa mission: conseiller et épauler leséditeurs. «Je fais de la veille, je radiographie chaque siteet tente d'identifier les outils qui pourraient leur êtreutiles», explique-t-il.

CCHHAARRLLOOTTTTEE PPRROOVVIINN

SIX NOUVELLES RECRUES

L’AGENT 2.0

Éric Lejeune cherche un successeurpour le poste de président.

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5PHRases/numéro19/juin2014

PHR1521,25€

PQR1876,61€

PQN2439,46€COMPARAISON DES SALAIRES

ENTRE LES DIFFÉRENTESFORMES DE PRESSE

LE GRAND DÉPART

L’atelier “Actualité sociale et frais mutuelle” du 41e congrès du SPHR, présenté par WilliamsCaptier et l’avocat Maître Maurin (cabinet Barthélémy et Associés), a réuni une vingtained’éditeurs attentifs aux nouveautés de l’année 2013-2014. Trois thèmes ont été abordés :

• à partir de 2016, la mutuelle complémentaire santé deviendra obligatoire pour tous lesmétiers du journalisme. Les éditeurs doivent prendre leurs mesures dès aujourd’hui.

• La durée du temps partiel a été révisé, passant à 24 heures maximum par semaine.

• Une légère revalorisation des grilles de salaires est en cours de négociations. Pour illustrerson sujet, Williams Captier a affiché avec un certain humour une page de diaporama vierge.«Les négociations en sont au même stade que ce que vous avez devant les yeux», a-t-il déploré.Autrement dit, rien n’est fait.

CCHHLLOOÉÉ DDEEQQUUEEKKEERR

Clap de fin (ou presque) pour Williams Captier, rédacteur en chef du Semeur Hebdo,dont la rédaction est basée à Clermont-Ferrand. En septembre, c’est le départ à la re-traite. Toujours pas de site internet pour l’hebdomadaire, il faudra donc attendre sonsuccesseur. Pour autant, il garde son poste de secrétaire général du Syndicat de PresseHebdomadaire Régionale jusqu’en juin 2015, date de la fin de son mandat. Il animeraégalement pour la dernière fois son atelier annuel sur l’actualité sociale en PHR, aprèsplus de trente ans de bons et loyaux services.

EN TROIS POINTS

ÉDITEURS, SOYEZ PRÊTS

Williams Captier, ici en compagnie de Me Maurin,animera son dernier atelier l’année prochaine.

«Économiquement, la presse heb-domadaire régionale, contraire-ment à d’autres, est une forme depresse encore profitable ». Voila

le constat que dresse Claude Cécile, secrétaire général du syndicat national desjournalistes. Non pas que la relative bonneforme que tient la PHR en ces temps difficiles pour la presse écrite le laisseacerbe, c’est surtout le faible niveau de rémunération des localiers qui le dérange. « Depuis des années, il y a une politique pa-tronale de non négociation », déplore le secrétaire général. Le problème des salairesen PHR ne date pas d’aujourd’hui. SelonClaude Cécile, « les journalistes doiventcréer un rapport de force entre syndicats etpatron au sein de leurs entreprises ». Cependant, le SNJ le confirme, 2014 de-vrait être l’année des négociations, et « il yaura une obligation des patrons de la PHR àse remettre à niveau sur la question des ré-munérations ». Josiane Pellé, secrétaire juridique du SPHR le confirme : « Courantfévrier, nous avons entamé les renégocia-tions des salaires de la branche des employés, ensuite viendront les branches des journalistes et des cadres ».

«Le mot scandale n’est pas usurpé»En se penchant sur la question des salaires,force est de constater qu’un journaliste dePHR est nettement moins bien payé qu’un

journaliste de PQR (voir infographie).« Les patrons jouent là-dessus. Ils saventpertinemment qu’il y a toujours de la de-mande d’embauches», commente le syndi-caliste. De quoi refroidir les ambitions de certainsjeunes à se lancer dans la PHR. « Il y en aqui quittent la presse hebdomadaire à causedu salaire », s’avance Claude Cécile. « 1300euros nets par mois pour un tel volumed’heures de boulot par semaine, le motscandale n'est pas usurpé », témoigne unjeune journaliste. « Trois échelons sont endessous du niveau du Smic, le ministère duTravail a fait un rappel à l’ordre », préciseClaude Cécille. Cependant, comme le sou-ligne Josiane Pellé, le SNPG garantit un sa-laire à plus de 5% au dessus du SMIC.

« On le savait avant de signer»Une autre jeune journaliste explique lesdifficultés que peut rencontrer un localierdébutant : « Quand tu as dû investir dansune voiture, un appareil photo, un ordina-teur pour avoir le job, et que tu vis dans unedes plus chères régions de France pour toutce qui est loyer, alimentation et même acti-vités sportives, parfois ça fait mal. Mais c'est certain, il y a pire, je ne me trouve pas tropmal à vrai dire. »Claude Cécile résume la situation des ré-munérations de la PHR en une phrase : «Ilexiste une anomalie absolue concernant lessalaires dans la presse régionale. » Un autreconfrère se questionne : « être considérécomme CSP "cadre et profession intellec-tuelle supérieure" avec ce salaire, il y aquelque chose qui cloche. Même si on le sa-vait avant de signer. »

AAMMAAUURRYY LLEEGGRRAANNDD

LES SALAIRES EN PHR

« IL EXISTE UNE ANOMALIE ABSOLUE »Les titres de la PHR s’appuient sur des petites équipes qui ne comptent pas leurs heures et qui pourtant, en terme de salaire, sont loin derrière leurs confrères de la PQR ou de la PQN.

2014 devrait être l’année des négociations. Qui sontd’ailleurs déjà lançées pourcertaines branches. Comparaison des rémunérations de l’échelon

“rédacteur niveau 1”, d’après la grille des salaires bruts établie par le SNJ.

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Scoop un jour...

6 PHRases/numéro19/juin2014

CEQU’ENPENSELA PRESSENATIONALE

PHR ET BUZZ

LA PHR SOUVENT REPRISE PAR LES MÉDIASNATIONAUX ? ILS NOUS EN PARLENT !

Marie Tranchantpigiste pour le Figaro région Nord

«Je suis amenée à faire beaucoup de veille pourtrouver des informations exclusives dans leNord. Comme je suis pigiste, je suis seule, et jem’appuie sur de nombreux supports : FranceBleu Nord, l’AFP, France 3 région et bien sûr, laVoix du Nord.»La journaliste épluche méticuleusement lequotidien régional, mais qu’en est-il des titresde PHR? «Bien sûr, je regarde les journauxhebdomadaires. Je vois des informations très sympathiques, mais pas assezpour intéresser ma rédaction.»Pour Marie Tranchant, c’est surtout une source d’informations pour des sujetsplus légers, plus magazine. «Le Figaro est un quotidien, et nous n’avons pasla même façon de traiter l’information que la PHR. Mais elle reste une trèsbonne source que je n’oublie pas de regarder de temps en temps.»

Stéphanie Auguyresponsable adjointe des Hauts-de-Seine pour Le Parisien

«Regarder la PHR, c’était un vrai rituel quand jebossais dans le département de Seine etMarne». Sans quotidien concurrent dans le dé-partement, Le Parisien joue à la course auxscoops avec le journal La Marne et La Répu-blique de Seine et Marne. «Ils ont la chanced’avoir beaucoup de correspondants dans lesmilieux ruraux. Nous, nous sommes dix pour unvaste département. Ils ont parfois l’exclusivité de petits faits divers et autressujets.» Bonne joueuse, Stéphanie Auguy parle de ses concurrents avec res-pect. «Ils traitent beaucoup de micro locale qui n’est pas intéressante pour leParisien.Mais ils peuvent nous couper l’herbe sous le pied pour des plus grosfaits divers.Dans ce cas, nous sommes honnêtes et les citons s’ils nous serventde source.»

Les cérémonies patrio-tiques constituent unmarronier de la PHR.Mais le 8 mai 2014, Steve

Rémi ne s’attendait certainementpas à vivre l’un des reportages lesplus retentissants de sa jeunecarrière. En effet, ce journalisteest celui qui a fait «tomber» unvieil élu FN de 82 ans.«Dès que je dis que je suis du PaysBriard, on me dit “ah oui, c’est toiqui a sorti ça !” On m’en parle unpeu partout.» Pendant la cérémo-nie, Jacques Gérard, qui n’en estpas à sa première provocation,interpelle Madani Khaloua,conseiller municipal délégué à lajeunesse. L’élu FN aimerait qu’ilenlève son écharpe tricoloreparce qu’il n’a pas fait la guerre.Après avoir tenté de lui retirer, illance la petite phrase qui lui vau-dra la démission forcée du conseilmunicipal.Un dérapage que Steve Rémi,ancien étudiant de la filière PHRà l’ESJ Lille (18e promo), s’em-presse de relayer : «C’est quelqu’un

de très vieux qui ne pèse plusforcément la gravité des chosesqu’il raconte. Il s’en était déjà prisà ce garçon, mais là, ça a vraimentété trop loin. Une jeune correspon-dante qui était sur place a eu lebon reflexe de m’appeler tout desuite. J’ai recoupé les informationset j’ai appelé tout le monde pourvérifier. Et puis j’ai confiance enma correspondante. On a pu sortirça à deux.»

«On a été citépar tout le monde»Exceptionnellement, cet articleest mis en ligne intégralement lelundi 12 mai sur le site du PaysBriard. Et c’est une aubainelorsque Le Lab d’Europe 1 décou-vre l’article le soir-même, en le re-prenant. Ce qui induit par la suiteune dépêche AFP dans laquelleLe Pays Briard est cité.«Sans doute que l’info seraitpassée inaperçue si Le Lab n’étaitpas tombé dessus. C’est grâce à euxque notre journal a été cité par-tout. Dans leur article, ils nous ont

sourcés et nous ont mis en hyper-lien. Ce qui nous a fait un sacrécoup de pub. On a été cité par qua-siment tout le monde. Il n’y a queLe Parisien qui a repris l’infodirectement sans nous citer, maisce sont nos concurrents directs surnotre secteur.»Avec le record de 819 partages surFacebook et 91 retweets sur cetarticle, la fréquence de visites dusite du journal explose les jourssuivants.Re-belote, l’info de la démissionde Jacques Gérard, la semainesuivant ce dérapage, est gardée enexclusivité pour Le Pays Briard,par le maire de la commune. «LeLab l’a appelé, mais il a gardé l’infopour nous. C’est un peu unerécompense, je le vis comme ça»,se félicite Steve Rémi qui attribuece scoop à la fois à un coup dechance mais aussi à une forte visi-bilité locale de son bi-hebdoma-daire présent sur pratiquementtous les évènements, comme lescérémonies où « il ne se passe pasgrand chose... en général».

UN SCOOP MADE IN PHRREPRIS PARTOUT

Marc MolinjournalisteLe Réveil de Berck

Le drame de la petite Adélaïde, retrouvéenoyée sur une place de Berck-sur-Mer a affoléla presse nationale. «Le journal venait toutjuste de sortir quand le corps a été retrouvé.Nous avons sorti l’exclusivité sur notre siteinternet. L’après-midi même, ils étaient tous làavec leurs caméras et leurs micros», se souvientMarc Molin. Grâce à leur connaissance duterrain, les journalistes ont pu glaner quelquesinformations supplémentaires. «Nous étionsen contact avec des pêcheurs de crevettes quinous en ont parlé. Mais une fois que l’affaire estpassée au tribunal, nous avons été traitéscomme toutes les autres rédactions. »«Les habitants de Berck ont été très agacés par tout ce battagemédiatique. L’image de la ville en a pris un coup», regrette le journaliste.

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…Scoop toujours

7PHRases/numéro19/juin2014

HUMEURNous vous lisons,vous nous lisez,ils nous lisent

Hé oh tout là haut ! Lesnationaux ! Redescendezun peu de vos buildingsparisiens. La pressehebdomadaire régionale aquelques mots à vous dire.Après un rapide tourd’horizon, le constat estévident : les médiasnationaux reprennentsouvent les infos de laPHR. Nous avons là cinqexemples à vous citermais il y en a d’autres.Les journalistes qui ontpublié les infos sontparfois fiers, parfois déçusde les retrouver dans voscolonnes. Fiers, car celaprouve que les journauxlocaux ne parlent pas quede chiens écrasés. Déçus,lorsque vous vousappropriez les sujets.Soyez sympas, noussommes confrères! Etpuis, n'oubliez pas qu'ilexiste une règle d’or enjournalisme : le respectdes sources. Il n’y a pas degrands ou de petitsjournalistes, il n’y a que debons relais del’information. Alorsavouons-le, nous vouslisons, vous nous lisez et leplus important, c’est queles lecteurs nous lisent.

CCHHAARRLLOOTTTTEE PPRROOVVIINN

Fabien Dupontcorrespondant local Grand Nordpour I-télé

«Je suis en contact avec un journaliste de l’Ob-servateur du Valenciennois, explique FabienDupont. Une grue avait chuté dans le centre deValenciennes une fois, et c’est lui qui m’a appelépour me prévenir de l’incident !»Les liens entre la presse hebdomadaire régio-nale et les médias nationaux ne sont pas forts.À part quelques exceptions, les correspondantslocaux des chaines de télévision ou de radio préfèrent éplucher la pressequotidienne régionale. «Les informations relevées dans la PQR sont plus susceptibles d’intéresser lescorrespondants que celles trouvées dans la PHR. Vous savez, les chiens écrasés, ça ne passionne pas grand monde.»

Stéphanie Mauricecorrespondante pour Libérationdans le Nord-Pas-de-Calais

«Contrairement à la PQR, la PHR n’a pas saplace dans les rédactions nationales.» C’est le constat que dresse Stéphanie Maurice,correspondante pour le journal Libération.«Les journalistes parisiens n’ont pas le réflexede feuilleter la presse hebdomadaire régionale. J’ai pas mal d’admiration pour les journalistesde PHR. Ils sont mal payés, il faut se rendrecompte de leurs conditions de travail di0ciles. Ils o.rent une autre vision de l’info, plus proche et plus originale et cela medonne parfois des idées de sujets pour Libération. J’ai l’habitude de lire NordLittoral et Le Phare Dunkerquois. Pour l’a.aire Sea France, on a notammentcité Nord Littoral dans Libé.»

Amélie DavidjournalisteL’Essor Savoyard

Début avril 2014, l’Essor Savoyard est contacté par un ha-bitant de Sillingy, près d’Annecy en Haute-Savoie : sa mai-son, qui menace de s’écrouler, a été construite sur uneancienne décharge. Cette découverte tardive concerneplusieurs riverains. Une révélation que l’hebdomadaires’empresse d’exploiter avec un reportage mis en ligne le 10avril 2014. Mercredi 16 avril, le Dauphiné se saisit del’info qui est ensuite reprise par tous les médias nationaux, comme le raconte Amélie David, jour-naliste à l’Essor Savoyard. «Le Dauphiné avait bien fait son travail mais c’était sensiblement les mêmestémoignages que nous. Alors que pour France 2, France Info… c’était le Dauphiné qui avait sorti l’info.Tout le monde citait le quotidien et on est totalement passé au travers. Comme on ne tire qu’à 3000exemplaires, on a laissé faire, c’est le jeu. Honnêtement, on n’a pas le temps de se battre juste pour lareconnaissance de notre titre. On a choisi de traiter cette info parce qu’elle nous intéressait. Si on nel’avait pas fait, elle ne serait peut-être pas sortie dans le Dauphiné. » 

Robert Mendiburerédacteur en chef Le Républicain de l’Essonne

« Je me rappelle de l’affaire d’un gardien d’école soup-çonné de pédophilie. J’avais  l’exclusivité de l’information,car je connais bien le Préfet de la région, raconte RobertMendibure. Lorsque l’article a été publié, nous avons étérepris par de nombreux   médias  : RTL, Europe 1, lePoint... Mais nous avons toujours été cités. »Lorsqu’il s’agit de plus gros faits divers, la course à l’in-formation est personnelle. «Quand la catastrophe de Brétigny-sur-Orge est arrivée,nous avons mobilisé quatre journalistes de la rédaction.Là, notre connaissance des sources officielles et des ha-bitants a été une vraie force. Nous avons pu avoir des photos en montant dans l’appartement d’une femme vivant près de la garepour avoir des images exclusives. »

Emmanuel Rouxelchef d’édition Le Messager

Fin mai 2014, à l’aube de la fête des mères, Le Mes-sager révèle sur son site internet que l’école d’Al-linges en Haute-Savoie a supprimé la confection dutraditionnel cadeau de la fête des mères et des pères.Un tollé qui va jusqu’à attirer les caméras deFrance 2 et M6 postées à la sortie de l’école de laChavane pour interroger les parents. EmmanuelRouxel, chef d’édition du Messager à Chablais dé-voile le secret de cet emballement médiatique : «Unparent d’élève a alerté Le Messager et Le Dauphinéen envoyant un fax. On a essayé de rebondir sur le su-jet car on se doutait bien que cela pouvait prendre unpeu d’ampleur. Et c’est parti dans  tous  les  sens ! àl’école, ils sont vraiment tombés de haut. Il y aussi un débat de société en ce moment qui faitque ce genre de sujet peut avoir un retentissement inattendu. Ce n’est pas un sujet polémiquemais plutôt insolite, et c’est pour cela que je l’ai fait remonter à l’AFP en tant que correspon-dant de l’agence de presse. On a été autant mentionnés que le Dauphiné. Les médias ne nouscitent pas forcément, ils reprennent la dépêche telle qu’elle. Et souvent, quand j’envoie uneinfo à l’AFP, le Messager est cité en échange.» 

La presse hebdomadaire régionale n’est pas très estimée par sesconsœurs nationales. Pourtant, avec son maillage d’informateurs serréet sa connaissance du terrain, elle parvient à rafler des scoops aux plus grands médias. L’information est alors bien souvent reprisepar tous, sans que les journaux l’ayant divulguée ne soient cités. PPAARR NNIICCOOLLAASS GGAAIILLLLAARRDD

EETT CCAAMMIILLLLEE RREEDDOOUULLÈÈSS

Page 8: Phrases 2014

De l’humain, du terrain

8 PHRases/numéro19/juin2014

Jeudi, il est 9 h dans le centre villed’Aire-sur-la-Lys, dans le Pas-de-Calais. C’est le jour de sortie deL’écho de la Lys.

Au tabac du Beffroi, sur la Grand-place,les clients passent à côté des présentoirset s’arrêtent pour observer la Une deL’écho de la Lys. En titre principal :“ Aire-sur-la-Lys change de visage ”, unarticle sur les changements à venir dansla ville grâce à de nouveaux commerces.À côté, d’autres personnes sont assisesdevant une table et boivent un café, enlisant le journal soigneusement déplié.Jean-Philippe, le gérant du bistrot, ex-plique que les clients du jeudi matinsont souvent les mêmes. Ici, tout lemonde se connaît, se tutoie et s’appellepar le prénom.Il y en a même qui viennent encore plustôt. « J’ouvre à 6 h 30, explique Jean-Philippe, beaucoup de retraités viennent

à cette heure-ci pour acheter le journal. »Marie, 30 ans, ne raterait sous aucunprétexte ce rendez-vous matinal ethebdomadaire pour dévorer son canard.«Je suis une lectrice régulière depuis septans, dit-elle.Pour moi, c’est un bon jour-nal, la Une est toujours soignée.»

De l’info, sans ragotCe qui l’intéresse, ce sont toutes lesactualités locales. «J’aime les articles quioffrent beaucoup d’informations sansragot. » Selon elle, L’écho de la Lys estdynamique grâce aux jeunes journa-listes.Chaque semaine, Jean-Philippe reçoit150 exemplaires de l’hebdomadaire, et ilen vend environ 130. «Les gens l’achètentle jeudi, bien sûr, mais aussi et surtout levendredi, le jour du marché.» Germaine,une habitante de 76 ans, passe rapide-ment à la caisse. « J’ai toujours connu

l’écho de la Lys, je ne pourrais pas vousdire depuis combien de temps je le lis »,s’amuse-t-elle. Sous le bras, elle portel’hebdomadaire, mais aussi La Voix duNord. « Dans le quotidien, on trouve lesactualités régionales. Je le lis souvent,mais il n’y a que dans l’écho de la Lysque je retrouve ce qui se passe près dechez moi.» Jeannine, 76ans, et son marisont du même avis. « L’écho est plusproche des habitants, c’est sûr !»

MMAAÏÏTTÉÉ BBAARRBBIIEERR

EN CHIFFRES

Tous les jeudis matins, Marie lit l’Écho de la Lys.

Louis Scotto, 67 ans, retraitéChaque semaine, j’achète Haute- Provence Info. Ce journal me plaît bien,l’information est vraiment locale. Celafait une vingtaine d’années que je le lis.Je l’ai vu évoluer. C’est un vrai journal,avec de vrais professionnels quiconnaissent leur métier. Il y a du terrain,des rencontres… On réalise qu’on n’estpas coupé du monde. Cet hebdoma-daire met en avant notre région, mêmeles villes un peu reculées.

Sylvie Lalanne, 43 ans, assistante commercialeJe suis une lectrice fidèle de Haute- Provence Info depuis 2007. Tous lesvendredis, je l’achète en kiosque.Pour moi, c’est un bon journal. Il résumetrès bien ce qui se passe dans le département. Tout y est, et je sais que je gagne dutemps en lecture, par rapport à lapresse quotidienne qui n’est pas assezefficace.

7773C’est le nombre d’exemplaires de L’Écho de la Lysvendus par semaine en 2013, pour un tirage moyende 9356 journaux.

61,72%C’est le pourcentage que représente la vente deL’Écho de la Lys au numéro, dans la répartition de ladi*usion en 2013 (auquel il faut ajouter 0,21% deventes de versions numériques).

38,06%C’est ce que représentent les abonnements de L’Échode la Lys dans la répartition de la di*usion en 2013.

Source : OJD

LECTEURS FIDÈLES

MON HEBDO, JE L’AIME

À L’AUTRE BOUT DE LA FRANCE, LES HEBDOS ONT AUSSI LEURS FIDÈLES

Ils sont fidèles au journalhebdomadaire de leur villedepuis quelques années oudepuis toujours. Pour leshabitants d’Aire-sur-la-Lys(62), la sortie de leur hebdoest un rendez-vousincontournable.

Bernard Garrouty, 74 ans, président d’une associationJe suis abonné à L’Essor Sarladais depuis au moins 60ans ! Ce qui m’inté-resse, ce sont les informations locales,les manifestations, l’actualité des asso-ciations… Je me retrouve plus dans la presse hebdomadaire que dans la presse quotidienne. Dans L’Essor Sarladais, il ya de l’analyse, des reportages, de la réflexion… Cela en toute simplicité.

M. C., 73 ans, retraitéeDepuis quarante ans, je lis tout dansL’Essor Sarladais… Sauf le sport, je nesuis pas très sportive ! Je vais l’acheteren kiosque toutes les semaines. J’aimelire les annonces légales, les naissanceset les décès. Je regrette juste que lesmariages ne soient plus traités.Je trouve que L’Essor Sarladais est unbon journal, on y trouve des actualités,des activités culturelles, des sortiespour le week-end.

«Il n’y a que dans l’ÉÉcchhoo ddee llaa LLyyss que je retrouve ce qui se passeprès de chez moi.»

Une lectrice

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L’aigle niçois n’est plus roi chez lui. La pré-fecture des Alpes-Maritimes lui préfère lescanards. Quatre titres de presse hebdoma-daire régionale s’y partagent les kiosques :le Patriote Côte d’Azur, le Petit Niçois,l’Avenir et la Tribune-Bulletin Côte d’Azur.Une densité rare. Inhabituelle pour la PHR,même dans une ville de 343 000 habitants.« Forte concurrence, ce n’est pas le mot ! »,tranche Isabelle Auzias, rédactrice en chefde la Tribune. Le “premier” journal écono-mique du département, comme elle lerevendique, n’a qu’un seul vrai concurrent :l’Avenir. « On se bat pour les annonceslégales. Notre journal s’auto-suffit grâce àelles. Nous n’avons pas besoin de pubs. »

Les deux journaux comptent 32 pagesrédactionnelles et ont, en plus, un gros ca-hier d’annonces légales, qui selon le nu-méro, représente plus ou moins la moitiédes pages de chaque hebdo. Cette concur-rence ne les pénalise pas. La Tribune-Bulle-tin Côte d’Azur a enregistré une progressionde 2,19% des ventes (selon l’OJD) en 2013.

Le Patriote de retouraux affaires« Il n’y a presque aucune concurrence entrenous, enchaine Benjamin Dumont,journaliste au Petit Niçois. Nous sommes,chacun, des journaux à part. » S’entend,chaque canard a sa cible, son lectorat. Sil’Avenir et la Tribune visent les entrepre-neurs, le Petit Niçois est perçu par ses pairscomme un journal d’opinion.Même si la rédaction préfère se définircomme un journal d’informations

générales, on l’associe au parti politique dumaire Christian Estrosi (UMP). Ce n’estd’ailleurs pas le seul à être influencé par unbord politique. Le Patriote Côte d’Azurappartient à la fédération communiste desAlpes-Maritimes et a longtemps étéprésenté comme le journal du Parti dans ledépartement.En liquidation judiciaire à la fin mai 2013,l’hebdo a été relancé par Jean-Paul Duparcen octobre. Le directeur bénévole de lapublication a observé que le journalprogressiste manquait « au paysagemédiatique azuréen ». Aujourd’hui, il estréalisé par une dizaine de bénévoles etdépasse le millier d’abonnés pour un tiragede 3 000 exemplaires. L’homme espèremême recruter une journaliste à pleintemps dans quelques mois. Preuve qu’àNice, il y a de la place pour tout le monde !

NNIICCOOLLAASS GGOOSSSSEELLIINN

De l’humain, du terrain

9PHRases/numéro19/juin2014

«J’ai toujours été habitué à l’Éclaireur,se souvient Philippe Guérin (79ans), abonné de longue date. Lecontenu est très bien, mais si le titre

changeait, j’arrêterais peut-être mon abonne-ment. » Qu’il se rassure, ce n’est pas d’actua-lité. Pourtant, depuis le début des années2000, le contenu de l’hebdo brayon est iden-tique à celui de son voisin, la Dépêche duPays de Bray. L’équipe rédactionnelle aussi.Au printemps 2013, Publihebdos décidemême de fermer pour des raisons écono-miques l’agence de Forges-les-Eaux, ancienne rédaction de la Dépêche. Les deuxhebdos partagent maintenant le même local, à Gournay-en-Bray.« Entre les deux journaux, seule la Unechange, admet Pierre Chemel, l’éditeur desdeux titres. Sinon la pagination et les articlessont identiques. » La question de la fusion

des deux titres se pose alors : un titre fruitde l’union entre l’Éclaireur et la Dépêche.« Il y a déjà eu des essais ailleurs, qui ne sesont pas avérés concluants, coupe PierreChemel. Ce serait contre-productif ! »Gilles Alexandre, 54 ans, est abonné depuisdeux décennies à l’Éclaireur. Il ne se formaliserait pas d’un changement d’appel-lation. « Je ne l’achète pas pour le titre ! »Mais son avis reste minoritaire. Crées auXIXe siècle et rebaptisés après-guerre,l’Éclaireur Brayon et la Dépêche du Pays deBray sont des appellations historiques. Les

lecteurs fidèles y sont très attachés. « Les titres font partie du patrimoine culturel duterritoire », affirme Francis Gaunand, directeur de Publihebdos.

Perte d’identification« Ce serait dommage de ne plus avoir sa propre identification, renchérit Béatrice Ra-bary (53 ans), abonnée depuis près de vingtans à la Dépêche. Si le titre change, on vapenser que ce n’est plus le même journal. Lespersonnes âgées risquent de s’y perdre, de neplus le prendre. »

Pour les abonnés historiques, le titre deleur journal reste un repère, il représenteun pan de leur vie. « Il y avait un intérêtde mettre un contenu croisé entre les deux journaux car il y a une perméabilité entrele bassin de Forges-les-Eaux et celui de Gournay-en-Bray, souligne Francis Gaunand. Mais il n’y en a aucun à donnerun titre commun aux deux hebdos. » Cene sont pas les fidèles lecteurs qui luidonneront tort !

NNIICCOOLLAASS GGOOSSSSEELLIINN

CV DES HEBDOS NIÇOIS

JOURNAUX JUMEAUX

TOUCHE PAS À MON TITRE !Deux titres, un même contenu. La réalité économique pousse parfois les rédactions de deux hebdos à fusionner. Exemple avec l’Éclaireur Brayon et la Dépêche du Pays de Bray.

«Si le titre change, on va penser que ce n’estplus le même journal.»

Béatrice Rabary,abonnée à la Dépêche du Midi

PHR IS NICE

LA PROMENADE DES HEBDOS

NICE-MATINLa référence des Niçois«Nice-Matin est la référence ici, assureBenjamin Dumont, journaliste au Petit Niçois. On ne cherche pas à se comparerà eux, c’est un mastodonte! »Malgré une baisse de 6,25% des ventesen 2013 (selon l’OJD), le quotidien azu-réen continue de di'user à plus de90000 exemplaires. Incomparable avecla PHR.

Date de création : 1974Propriétaire : Sud-Est presseTirage : 5000 exemplairesJour de parution : vendredi

Date de création : 1879Propriétaire : Édition d’AzurTirage : NCJour de parution : jeudi

Date de création : 1945Propriétaire : CMPCTirage : 7000 exemplairesJour de parution : vendredi

Date de création : 1945Propriétaire : Fédération dép. PCFTirage : 3000 exemplairesJour de parution : vendredi

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De l’humain, du terrain

10 PHRases/numéro19/juin2014

PORTRAITS CROISÉS

LES FEMMES, DES HOMMESVRAIMENT COMME LES AUTRES !

Les petits comme les grands vicesde « l’humanité », on pourraitcroire que Daphné Arthomas,chroniqueuse judiciaire d’un heb-

domadaire, les connaît tous. Celle qui fêteses dix ans de carte de presse est pourtantloin d’être arrivée au bout de sa spécialité.D’«une punition au départ», c’est devenuaujourd’hui une passion.Une passion qui la motive à innoverdavantage, « il faut apporter quelque choseen plus aux lecteurs. Pas question de leurdonner ce que les autres ont déjà écrit. Celademande de développer davantage, detrouver des angles différents, de creuser unpeu plus, de chercher un nouvel interlocu-teur et de lutter contre le mimétisme». Ex-périence à l’appui, elle ajoute : «malgré ceque l’on peut croire, en faits divers plusqu’ailleurs, il est essentiel d’angler son pa-pier. Le factuel, oui, mais il faut donner au-tre chose, une explication. » Pour cela, ilfaut prendre du recul, un défi que la jeunefemme n’aurait pas pu relever au sein d’unquotidien. Travailler dans un hebdoma-

daire lui offre vraiment de meilleuresconditions de travail. Même si l’organisa-tion est de rigueur : «Pour la vie de fa-mille, il faut être super organisée. Quand jecommence une audience en correctionnel,je ne sais pas à quelle heure je vais rentrer.Il faut savoir gérer la baby-sitter. Heureu-sement que je peux compter sur mon com-pagnon et ma famille».

«Les chiens écrasés»font son bonheurSuite à des études de droit, la jeune mèrede famille a pris progressivement goût àl’écriture. «Maintenant je peux dire que jeme régale, d’autant plus quand il faut foui-ner, ouvrir des portes ». Avec bon sens etpragmatisme, elle a tissé des contacts maiss’est aussi inscrite dans les mémoires de laplupart de ses interlocuteurs (pompiers,gendarmes, magistrats…). «On ne va passe mentir, c’est plus facile quand on est unenana, déjà les gens se souviennent. La basedans ce métier, c’est la confiance que vontnous accorder nos sources, la discrétion

dont on est capable, la technique, la culturedu terrain et toute la connaissance de cettematière judiciaire qu’on acquiert au fil desannées. Il faut être irréprochable. Si oncompte sur la minauderie, on se plante trèsrapidement. C’est un atout au départ maisça ne suffit pas. Après, c’est comme danstous “ les métiers d’hommes“, à unmomentdonné, il faut montrer qu’on sait oser. »Carnet et stylo toujours à la main pourêtre mieux identifiée, Daphné Arthomass’attache à une certaine rigueur indispen-sable à l’exercice de sa spécialité : « l’hu-manité telle qu’elle est, brute».

SSAANNDDRRIINNEE CCAAVVÉÉ

La PHR a un lectorat mixte, 51% de femmescontre 49% d’hommes selon les chi%res donnéspar le SPHR (étude de 2012).

56,78%En terme d’e%ectifs, les femmes sont toujoursmajoritaires à 56,78% pour 43,22% d’hommes.Cependant, ce sont les postes “d’employées”qu’elles occupent majoritairement et non pasceux de journalistes, à hauteur de 73,65%.

41,06%Dans la catégorie journalistes, elles n’occupentque 41,06% des postes contre 58,94% pour leshommes, selon une enquête «Tableau de bordde la Presse Hebdomadaire Régionale». Étuderéalisée auprès de 54 sociétés éditrices pourun ensemble de 90 titres. (Source: SPHR.fr)

Daphné Arthomas37 ans

Fait-diversière à la Gazette de Nîmes (30)

Non, je ne suis pasqu’une mère de famille.Non, ce métier n’est pasplus difficile lorsque l’onest une femme. Et oui, jesuis une journaliste àpart entière ! CatherineWilmart, Yvonne Vaughan et Daphné Arthomas ont décidé dene pas mettre en avantleur condition de femme,mais plutôt de valoriserleur combat. Éditrice, rédactrice en chef etfait-diversière, elles ontréussi dans le monde dela presse hebdomadaire régionale. Ces trois parcours journalistiques révèlent une volonté deréussir dans un milieuprofessionnel en pleinemutation. Entre responsabilités,remise en question etamour du métier, zoomsur trois histoires de vie.

SA DEVISE, C’EST LE TERRAIN

«En faits divers, plus qu’ailleurs, il est essentiel d’angler son papier. »

Daphné Arthomas

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De l’humain, du terrain

C’était son destin : Catherine Wil-mart, quatrième générationd’une famille de presse, ne sepose plus de questions ou

presque... «La presse, c’est mon ADN. J’aitoujours  baigné  dedans.  Petite  avec  masœur, on jouait déjà à maquetter des jour-naux.» Installée en Vendée depuis un an, l’éditricecontinue de s’interroger sur les enjeux liésà la profession. «Sous quelle forme donnerde l’information aux gens, qu’est-ce qu’ilsont envie de lire, de savoir ? Pourquoi sont-ils prêts à payer ? Toutes ces questions mepassionnent».Correspondante, journalistepuis rédactrice en chef à 24 ans, CatherineWilmart «s’éclate» aujourd’hui à tester lespossibilités qu’offre le web. «Mon intérêtpour le numérique, c’est le prolongement demon ADN». L’interactivité avec les inter-nautes l’enthousiaste, elle et ses équipes,même si le print reste toujours au cœurdes réflexions dans les rédactions. Et ma-nager des équipes quand on est unefemme, pas trop difficile ? «Il faudrait de-mander  à  un  homme  pour  comparer  !s’amuse-t-elle. J’ai du mal à vous répondre.Ce qui compte c’est l’individu et non pas le

sexe de l’individu».Avec clairvoyance, l’éditrice affirme queses goûts ne sont pas pertinents pour l’as-pect éditorial ! Ce qui compte, ce sont ceuxdes lecteurs. « Je me souviens d’une fois oùil n’y avait pas la liste des décès et des étatscivils dans le journal. On n’a jamais eu au-tant de protestations. Cette anecdote doitnous rendre modestes, nous rappeler qu’ilfaut rester humble.»

Collecter des informationssans porter de jugement« Faire des journaux, ce n’est pas seulementécrire un papier au  format court ou mi-long, c’est juste collecter des informationsque les gens veulent consulter, sans porterde jugement sur leur nature. On ne doit pasoublier qu’on fabrique un produit à desti-nation d’un client.»De par son parcours personnel mais aussiprofessionnel, Catherine Wilmart retientsurtout une valeur transmise au sein de safamille, « le respect du lecteur, l’envie de leconnaître. »  Un enseignement toujours d’actualité suite à son déménagement dansl’Ouest de la France. « Il y a un an, j’exer-çais dans la région où je suis née. Ici, je merends  compte que  la place du  lecteur  esttoujours aussi centrale. J’ai de la tendresse,de l’affection pour lui. C’est touchant de voirl’amour de la communauté pour son patri-moine,  sa nature,  ses  commerces  tout engardant des aspirations différentes».

SSAANNDDRRIINNEE CCAAVVÉÉ

J’ai un parcours  atypique», annonced’emblée Yvonne Vaughan, rédac-trice en chef à l’Indicateur des Flan-dres. «Mon  père,  Bernard  Bedoy,

détenait la Presse Flamande qui compre-nait le journal et l‘imprimerie». à l’ado-lescence, Yvonne le «  dépannait »  enremplaçant les journalistes pour des re-portages sur les mariages par exemple.«Évènements que nous ne traitons plus»,s’amuse la rédactrice. Parallèlement, elle poursuit des étudessupérieures. Un BTS d’attachée de direc-tion puis une année à l’EDHEC. «àl‘époque, je ne savais pas trop ce que jevoulais mais déjà je  savais ce que je nevoulais pas !» assure t-elle. En 1987, Ber-nard Bedoy vend l’entreprise au groupeVoix du Nord, une opportunité : « jeconnaissais la boutique, il manquait unjournaliste, alors mon frère qui a repris ladirection m’a proposé ce poste».

Souvenirs, souvenirsPlongée dans les souvenirs, Yvonne seplaît à repenser aux évolutions tech-niques. « J’ai grandi dans le plomb, l’ap-pareil photo argentique, la mise en page àla colle puis les Mac, les PC ont investi lesrédactions. Enfin les logiciels et mainte-nant CCI News Gate…» Les murs de

son bureau affichent des plannings, des listingsde dossiers, elle commente le décor : « J’essaied’anticiper un maximum, c’est mon rôle. Il y a ungrand travail en amont.» Certes, elle ne fait plusde terrain mais elle connait les Flandres. «J’essaied’être raccord avec les envies des lecteurs mais cen’est pas toujours facile. » Alors, elle est attentiveaux courriers. «J’arrive à la rédaction à 7h30 pourprendre le temps de lire les mails des lecteurs. Il n’ya toutefois pas de recette miracle, il faut s’adapteret se renouveler», assure Yvonne. Le questionne-ment est perpétuel pour cette « stressée» de na-ture. «Heureusement que  l’univers  familial m’atoujours portée». Pour anecdote, en 1989, elle arencontré son mari en reportage. Lui pour LaVoix du Nord, elle pour l’Indicateur. «Il me sou-tient car il comprend les aléas du métier. »La qualité principale d’un rédacteur en chef se-lon elle : l’esprit d’équipe. «J’ai beaucoup d’admi-ration  pour  mon  père,  il  gérait  aussi  bienhumainement  que  professionnellement». Unequalité qu’Yvonne a héritée : «Le soir, je rentrechez moi  et je m’occupe de ma famille comme toutle monde. Bien sûr, à la veille de la publication, jepense au journal, mais sinon je fais la part deschoses». A 50 ans, Yvonne Vaughan voit encoreà chaque bouclage «un  petit  miracle ».  Elleconclut : «Tous les matins j’ai envie de faire montravail, surtout avec les évolutions que le journa-lisme  promet. » 

AANNDDRRÉÉAA DDEEVVUULLDDEERR

« Il n’y a pas de recette miracle, il faut sans cesse s’adapter et se renouveler. »

Yvonne Vaughan

«Mon intêret pour le numérique, c’est le prolongement de mon ADN ..»

Catherine Wilmart

Yvonne Vaughan-Bedoy50 ans

Rédactrice en chef de l’ Indicateur des Flandres (59)

Catherine Wilmart48 ans

Éditrice du Journaldes Sables, du Journal du PaysYonnais, de l’Hebdo deSèvres et Maine

SA FORCE, C’EST LA GESTION

SON CREDO, LE RESPECT DU LECTEUR

PHRases/numéro19/juin2014 11

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12 PHRases/numéro19/juin2014

Di-cile de faire une photographie des professionnels de l’imageau sein de la presse hebdomadaire régionale en France. Pourtantla photo parlerait d’elle-même, tant ils sont peu nombreux.Christian Philip, photographe à La Gazette de Nîmes depuis sacréation, est l’exception qui confirme la règle. «Mais jusqu’àquand?» s’interroge-t-il. «Je me souviens d’une époque où on serégalait. Il y avait un grand respect de la photographie notammentde 1985 à 1990 dans le sou(e du journal Libération qui a vraimentdonné une autre image à l’image».Les hebdomadaires, qui ont dans leurs rangs des professionnelssont rares ; il n’y en a presque plus ou pas en PHR. Une raison prin-

cipale pour expliquer ce constat : l’argument économique. Du côtédu Groupe Centre-France, «une plateforme commune existe. Laphoto a donc une première et une seconde vie dans di'érentsjournaux», explique Jean-Louis Beltran, chef du service photo deLa Montagne. L’instauration l’année dernière du Prix Varenne-Nikon de la photo à destination entre autres des titres de PHR estune bonne chose pour les deux photographes. «Ce prix est un élé-ment essentiel de notre dispositif de reconnaissance de la profes-sion, il est d’ailleurs reconduit cette année», explique le chargé decommunication de la fondation Olivier Valentin.

SSAANNDDRRIINNEE CCAAVVÉÉ

«Prenez un peu de chance et de ta-lent, soyez au bon endroit au bonmoment et mélangez le tout dansle shaker ! » Ludovic Barbarossa,

rédacteur en chef de La Terre de chez nous àBesançon, sait de quoi il parle. De la chance, il en a eue. Mais il doit aussison parcours au petit coup de bluff de ses débuts : « J’ai répondu à une annonce, ils cherchaient un correspondant sportif. Au téléphone, j’ai dit que j’étais étudiant enéconomie alors que je n’étais que lycéen. J’avais17 ans ! » Beaucoup de journalistes n’ayant pas faitd’école sont passés par la case «correspondantlocal de presse». Mickael Tassart fait partie deceux-là. L’ancien rédacteur en chef de laSemaine dans le Boulonnais, désormais ré-dacteur en chef adjoint au Courrier Picard, aconnu le métier un peu par hasard. « J’avaisun BTS en communication. Je suis rentré auservice pub de La Semaine et j’ai découvert petit à petit ce qu’était le journalisme. Un jour,j’ai entendu dire qu’un correspondant venaitde partir. Ils n’avaient personne pour couvrir lesport. J’ai levé la main et dit “ moi ça

m’intéresse ”, ils m’ont regardé avec des yeux ébahis et m’ont dit pourquoi pas ! »La vie est un concours de circonstances, unenchainement de coïncidences. Rien ne pré-destinait Pierre Leduc au journalisme mais ils’est lancé et ça a marché : « J’ai fait deux an-nées de médecine et je suis parti à l’armée. à lafin de mon service militaire, j’ai répondu à uneoffre d’emploi. Ils avaient besoin d’un journa-liste dans une locale à Berck-sur-Mer. J’aid’abord fait quinze jours d’essai à Béthune etcela a été concluant », raconte le rédacteur enchef des échos du Touquet, du Réveil de Bercket du Journal de Montreuil.

«C’est en forgeantque l’on devient forgeron»Pour ces trois témoins, nul doute, leur parcours est parsemé de belles rencontres.Leur apprentissage s’est fait sur le tas, dispensé par des collègues aguerris, parfoisdurs avec les novices, parfois devenus leursmentors. « On observe, on écoute puis on sejette dans le grand bain. Deux journalistesm’ont pris sous leur aile et mis le pied à l’étriercar au début, j'écrivais plutôt bancal ! »,

assume Ludovic Barbarossa. Les notions detitraille et de chapô enseignées dans lesécoles étaient inconnues pour lui, Pierre Le-duc et Mickael Tassart. Lorsqu’on empreintele chemin du terrain, mieux vaut faire sespreuves. « Au début, en tant que correspon-dant, on couvre l’actualité. Puis on apprend àla créer », décrit Mickael Tassart.

La petite porte reste entr’ouverteSans formation journalistique, on avance àtâtons et les débutants ont appris à leurs dépens que le terrain a ses écueils. «Je n’avaispas fait de droit de la presse et la présomptiond’innocence, je m’asseyais dessus ! », plaisantele rédacteur en chef de La Terre de chez nous.Mickael Tassart, lui, a mis la barre très hautepour prouver à ses supérieurs que de corres-pondant il pouvait passer à journaliste : « J’aibossé comme un damné, sept jours sur sept. Jene disais jamais non. » Aujourd’hui, à leur tour de recruter. Pourcela, ils n’oublient pas par où ils sont passés.« La motivation prendra toujours le dessus.Quelqu’un qui a le journalisme en lui, ça se

sent », assure Pierre Leduc. Dans sa rédaction, les vieux briscards donnent desconseils aux plus jeunes sortis des écoles. Etcette cohabitation est une richesse. Le tempsmanque parfois, mais ces purs produits duterrain s’engagent à encadrer les jeunes qui selancent dans l’aventure. «Je dois rendre ce quej’ai reçu », affirme Ludovic Barbarossa. Malgré tout, ils restent convaincus que faireune école est une chance indéniable, un bagage incontestable. «Une formation permetde maîtriser les outils, numériques notamment, d’être polyvalent et de se constituer un réseau », liste Ludovic Barbarossa. Les profils atypiques, commeeux, sont de plus en plus rares. Certains édi-teurs ou DRH recherchent des étudiants quiconnaissent déjà quelques ficelles du métier,des personnes opérationnelles et réactives,parce que formées. Gravir les échelons pas-sant par la petite porte relève désormais de lagageure. « Cela arrive encore, ce n’est pas im-possible. Mais c’était beaucoup plus facile à no-tre époque », reconnaît Mickael Tassart.

CCHHAARRLLOOTTTTEE PPRROOVVIINN

AUTODIDACTES

L’ÉCOLE DU TERRAIN

PHOTOGRAPHE EN PHR : UNE ESPÈCE RARE

De correspondant sportif à rédacteur en chef, Ludovic Barbarossa a gravi les échelons

sans jamais quitter le terrain.

Dans le journalisme comme ailleurs, il est aujourd’huiplus difficile de franchir les portes sans diplôme.Le bagou, la tchatche et le culot ne suffisent plus. Pourtant, ils ont permis à plus d’un jeune d’entrer dans les rédactions.

De l’humain, du terrain

Christian Philip, photographeà La Gazette de Nîmes.© François Richard

© Ludovic Barbarossa

Page 13: Phrases 2014

HEBDOS ATYPIQUES

LA FINE FLEURDE LA PRESSE

RÉGIONALE

Ils parlent de tracteurs, de culture, voired’économie. Ils peuvent même s’adresser àleurs lecteurs dans un dialecte régional.Certains les tiennent informés gratuitement etpassent parfois par les ondes radiophoniques.D’autres enfin, publient plusieurs fois parsemaine. “Ils”, ce sont ces journaux qui font ladiversité de la presse hebdomadaire régionale.Car l’atypique s’accorde parfois au local.Des titres qui prouvent que la PHR cultive sadi%érence. L’actualité y est généralement traitéesous un autre angle. L’information est bien là,qu’elle soit politiquement engagée ou qu’elles’adresse uniquement aux adeptes de languecorse. La presse spécialisée s’est développée auniveau national et le nombre de ses titres afortement augmenté (+772 entre 1985 et 2005).Mais quelles sont les spécificités de ces titres àl’échelle régionale? Ces journaux spécialiséss’adressent-ils uniquement à des spécialistes?Tour d’horizon de cette presse hebdomadairerégionale qui se démarque.

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Cultiver l’originalité

13PHRases/numéro19/juin2014

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Cultiver l’originalité

14 PHRases/numéro19/juin2014

«Je suis passée d’une rédaction de deux àhuit personnes.» Autrefois journaliste auDémocrate Vernonais, Véronique Webera franchi le pas en 2002 pour changer de

rythme et connaître deux bouclages par se-maine aux Informations Dieppoises. « Ici, il n’y apas de tempsmort. La rédaction tourne pour tra-vailler le week-end en vue du journal dumardi»,explique-t-elle.Un autre rythme. Mais également une diffé-rence dans le traitement de l’information. Nihebdomadaire, ni quotidien, Les InformationsDieppoises font partie des six bi-hebdomadairesde PHR présents dans les kiosques français etrépertoriés par l’OJD (voir encadré). «On colleplus à l’actualité et on est aussi plus dansl’annonce que pour un hebdomadaire. »

La balance penche donc vers le traitement del’actualité à la manière d’un quotidien régional.Ce que confirme Christophe Lemoine, rédac-teur en chef du Pays d’Auge et habitué du bi-hebdomadaire : «On est toujours sur la brèche.Après le bouclage du lundi soir s’enclenche le jour-nal du vendredi», explique-t-il. Deux journaux,deux conférences de rédaction par semaine. Lachasse aux informations est permanente. «Onessaie de ne rien laisser trainer sur le marbre.»

«On donne de la lecturepour trois jours»Face à une actualité riche, la rédaction du Paysd’Auge doit régulièrement faire des choix. «Onest sur deux créneaux : l’actualité passée et l’an-nonce des évènements futurs ». Un équilibre

que se doivent de conserver les bi-hebdoma-daires. «Un hebdomadaire doit durer septjours. Nous, on donne de la lecture pour troisjours.» Car le lecteur qui prend son journal dumardi «doit savoir tout ce qu’il s’est passé depuisqu’il a laissé celui du vendredi », argumenteChristophe Lemoine.Un rythme sur flux tendu qui s’est accentué avecl’arrivée du web en PHR. La concurrence queconnaissent les bi-hebdomadaires avec la pressequotidienne régionale est en effet montée d’uncran avec le développement des sites internet.«C’est vrai qu’il y a une vraie course entre OuestFrance et nous», confirme le rédacteur en chef.Fort de ses 10 000 fans Facebook et de sonapplication pour Iphone, le Pays d’Auge essayed’être « très réactif sur le web».

Un moyen d’accrocher le lecteur jusqu'à lasortie du prochain journal. Véronique Weberl’assure : «La PQR ne peut plus nous griller. »

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L’Aisne Nouvelle est le seul quadri-hebdo deFrance. Pour son rédacteur en chef, SamirHeddar, c’est un modèle idéal, permettant d’al-lier parfaitement numérique et papier, et deconcurrencer la presse quotidienne.

Avant 2008, vous apparteniez au Syndicat dela Presse Hebdomadaire Régionale et vousétiez à trois parutions par semaine. Pourquoi être passé à quatre ? C’est pour moi l’avenir de la PHR. C’est une façon de concurrencer la presse quotidiennepar une parution plus fréquente et à la fois defavoriser des sujets creusés. Nous ne sommes plus affiliés au Syndicat de la

presse hebdomadaire régionale, nous appartenons maintenant au Syndicat de lapresse quotidienne départementale. Cepen-dant, nous n’avons pas l’intention de passer enquotidien, notre modèle fonctionne. Noussommes uniques en France.

Comment gérez-vous le numérique et le papier ? Nous sommes un quotidien numérique depuisjanvier. La différence avec les autres journauxde presse hebdomadaire, c’est que nous publions réellement tous les jours. Nous utilisons le maximum d’outils numériques dis-ponibles: vidéos, diaporamas, infographies, etc.

Il y a une complémentarité à jouer entre l’infoen direct sur le site et le format papier. Nous favorisons les enquêtes ou les articles un peuplus approfondis dans notre journal. Internetest réservé à l’instantanéité.

Y a-t-il une concurrence importante avec le quotidien Courrier Picard, à Amiens ? Il y avait concurrence, mais désormais, noussommes cousins. Nous avons mutualisé lesmissions sur nos secteurs communs. De plus,les ressources humaines et la publicité dépendent des mêmes personnes. Mais nous restons leader sur notre zone.

CCHHLLOOÉÉ DDEEQQUUEEKKEERR

SIX BI-HEBDOSD’après les chi res de l’ODJ, la PHR comptesix bi-hebdomadaires dans ses rangs. Aux côtés des Informations dieppoises et du Paysd’Auge, on retrouve le Pays Briard, la Renaissance-Le Bessin, L’indépendant del’Yonne et L’indépendant du Louhannais et duJura. Celui-ci reste encore jeune dans la fa-mille des bi-hebdomadaires puisqu’il doublesa parution depuis avril 2009.

CHANGEMENT DE RYTHME

NI PQR, NI PHR, MAIS BI-HEBDOMADAIRE !La presse hebdomadaire régionale ne porte pas toujours bien son nom. Les bi-hebdomadaires illustrent cette variété des genres. Un traitement différent de l’actualité, mais la proximité est toujours là.

3 QUESTIONS À SAMIR HEDDAR

« LE QUADRI-HEBDO, L’AVENIR DE LA PHR »

Christophe Lemoine vit au rythme des bi-hebdomadairesdepuis vingt-cinq ans.

Samir Heddar est aux commandes de l’unique quadri-hebdo français.

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Cultiver l’originalité

15PHRases/numéro19/juin2014

Sortir la tête de l’eau. Oui, mais comment ? L'hebdocommuniste du Nord-Pas de Calais est ébranlé parune crise financière. En octobre 2013, la sonnetted’alarme a été tirée et début janvier le plan de

restructuration a été dévoilé. Une maquettiste, le comptableet deux journalistes ont dû quitter le navire en mars.Aujourd’hui, les locaux de Liberté Hebdo sont très calmes, lescouloirs, vides. «Le moral en a pris un coup mais l’histoire dujournal nous oblige à ne rien lâcher», prévient Bruno Cadez.

Un soutien en berneLe rédacteur en chef confie que l’équipe se sent parfois aban-donnée par ses actionnaires. « On nous avait promis desreclassements au sein du Parti communiste et, rien. Personnesur le bord de la route, pas de drame humain, voilà ce qu’ilsnous disaient.» Le temps est à l’orage. Le choc des départs estencore dans les esprits, douloureux, et laisse un goût amer àceux qui sont restés. « Jamais, jamais nous ne nous sommesmis en grève. Le journal est toujours paru à temps. Et à encroire les actionnaires, nous nous reposons sur nos lauriers »,peste Mathieu Hébert, un des trois derniers journalistes.

La déception se fait sentir mais l’actu les tient en haleine etprouve que le titre doit perdurer. «Chaque jour, des exemplesmontrent que les gens ont besoin de nous », raconte le rédac-teur en chef, fatigué. « Est-ce que mon engagement politiquene devrait pas se traduire autrement qu’à m’épuiser ? La ques-tion me traverse parfois mais notre journal est un porte-voix,il faut poursuivre. »

Le canard s’est fait plumerComme si le gouffre financier n’était pas suffisant, avec ungenou déjà à terre, le journal d’opinion a failli ne pas se re-lever de cet énième coup de massue : un troisième cambrio-lage en quelques mois seulement. Août 2013 : deuxordinateurs sont volés. Novembre 2013 : quatre autres sontdérobés. Avril 2014 : tous les postes de la rédaction y sontpassés. Des bâtons dans les roues supplémentaires et unacharnement non élucidé. «Nous n’avons aucune nouvelle del’enquête», regrette Franck Jakubek, le nouveau directeur dé-barqué depuis le 3 février.Débrouille, système D, la rédaction a dû s’adapter et redou-bler d’efforts pour publier. « On s’organise tant bien que mal,certains travaillent sur leurs ordinateurs persos et on nous ena prêtés », explique Bruno Cadez. La solidarité des lecteurset des militants y est pour quelque chose.Une équipe amputée, des moyens sommaires : la charge de

travail de chacun a forcément augmenté. La formule « Onfait avec !» est sur toutes les lèvres. Albert Lammertyn, jour-naliste, n’est pas serein quant à l’avenir : « C’est dur de se pro-jeter. Le contrecoup est rude. »

Avancer, se réorganiserLa pagination est passée de 24 à 20 pages mais les journa-listes ne savent plus où donner de la tête. Ils font de moinsen moins de terrain et la frustration est terrible. « La secré-taire est parfois débordée alors on prend les appels. La semainedernière je n’ai pu écrire qu’un papier en une journée. J’étaissans cesse dérangé par le téléphone. » Le journal trouve toutde même l’énergie de penser à demain. Le directeur tente defaire connaître le titre, de le diffuser en créant des partena-riats. Liberté Hebdo s’est également lancé sur le web avec unblog gratuit regroupant les meilleurs articles du print. « Les

jeunes communistes nous ont filé un bon coup de main car cen’est pas simple », assure le rédacteur en chef. Autre nou-veauté, l’élaboration de suppléments “ tourisme ” ou “ cul-ture ” pour attirer les publicitaires.L’heure est au renouvellement, même si l’objectif principalest d’atteindre 10 000 abonnements (environ 7000 au-jourd’hui) pour assurer ses arrières.

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L’HEBDO COMMUNISTE PERSÉVÈRE

LIBERTÉ HEBDO : LE SORT S’ACHARNEL’année 2014 est placée sous le signe des bouleversements pour Liberté Hebdo. Entre licenciements et cambriolages, la petite rédaction basée à Hellemmes (59)essuie de nombreux coups durs.

La fenêtre de la cuisine porte encore les stigmates du dernier cambriolage. Malgré tout, Bruno Cadez et Mathieu Hébert gardent le sourire.

à 65 ans, René Granmont a choisi la plume pour défendre son engagement politique. Adhérent du PCF depuis 50 ans, il occupebénévolement les postes de directeur de publication et de rédacteur en chef du Travailleur Catalan (Perpignan) depuis 2010.«Nous sommes douze à quinze rédacteurs bénévoles au journal. Laseule salariée est la maquettiste », explique-t-il. Malgré son ancrage dans les Pyrénées-Orientales, le journalconnaît « comme toute la presse » une baisse des ventes et parconséquent de ses revenus. « Nous vivons presque uniquement dela publicité. Les subventions du PCF sont réduites, et peu d’acteurslocaux désirent passer des annonces dans notre journal », confieRené Granmont. Pour survivre, le journal lance régulièrement des appels aux donsdans ses pages et organise des “ rifles ”, sorte de loto local. “ La fêtedu TC”, équivalent de la fête de l’Humanité près d’Argelès-sur-Mer,permet chaque année de dégager des fonds supplémentaires. Mal-

gré une publicité qui s’amenuise, un prix de vente à 1,80 € et unediffusion à 3100 exempl aires, le bénévolat et le financement parti-cipatif permettent au titre de sortir la tête de l’eau : « Aujourd’huinous sommes autosuffisants », se félicite le rédacteur en chef.

Un engagement vieux de presque 80 ansCréé en 1936 par André Marty, dirigeant du Parti communiste àl’époque, Le Travailleur Catalan fait ses armes en faisant la promotion des brigades internationales lors de la guerre civile espagnole. Interdit de publication sous le gouvernement Daladieret le régime de Vichy, le journal retourne sous rotatives dès 1945.Soixante-dix-huit ans plus tard, le journal d’opinion met toujours enlumière les luttes sociales dans son département : « ça nous paraîtimportant d’être porteur des luttes et des mécontentements. Si nous nele faisons pas, personne ne le fera ! », soupire René Granmont.

LLUUCCAASS GGEELLLLÉÉ

LE BÉNÉVOLAT COMME SOLUTION

LE TRAVAILLEUR CATALAN SORT DU ROUGE

René Granmont est directeur de publication bénévole au TravailleurCatalan.

SUR LE NETPour comprendre la situation de Liberté Hebdo, rendez-vous sur le blog du journal : libertehebdo.org, ou sur leblog créé par les étudiants de la 19e promotion PHR :phr-libertehebdo.esj-lille.fr

«Notre journal est un porte-voix, il faut poursuivre. »

Bruno Cadez

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16 PHRases/numéro19/juin2014

Cultiver l’originalité

Situé à Laz (Finistère) et lancé en 2005 par lamaison d’édition bretonne Keit Vimp Bev, l’heb-domadaire associatif Ya ! fait partie de ces raresjournaux de l’Hexagone où la langue française n’estpas présente. Pour preuve, l’ensemble des douzepages est rédigé en breton, « sauf les mentions lé-gales », précise Gwennole Pavec, journaliste-ma-quettiste. «C’est bien parce que c’est obligatoire !,plaisante-t-il, il n’existait pas de journal entièrementen breton, donc on s’est lancés ». Et pourquoi unhebdomadaire ? «C’est d’abord une question demoyens», répond le finistérien. De l’actualité in-ternationale à « tout ce qui a trait à la région», letraitement de l’information reste assez large. Dumoment que c’est en breton.

De plus en plus d’abonnésGwennole Pavec travaille au sein de cette petiterédaction de deux personnes depuis maintenant

trois ans. Aux côtés du directeur de la publication,Yann-Fañch Jacq, et d’une équipe constituée dequelques pigistes, il réalise cet hebdomadaire àdestination des Bretons, les vrais ! Et ils sont deplus en plus nombreux puisque l’hebdomadaire aconnu une augmentation d’environ cent abonnésen 2013.Distribué dans toute la Bretagne, Ya ! compte 1300abonnés. Un lectorat qui devrait continuer decroître selon Gwennole Pavec. «C’est un peu unedémarche militante vis-à-vis de la langue. Il y a deplus en plus de gens qui désirent apprendre le breton[…] On a même un abonné à Toronto. Ça luipermet de conserver un lien avec sa langue ». Ladiaspora bretonne n’a décidemment pas defrontière. C’est tant mieux pour Ya!, qui a lancéson site internet il y a environ un an. Quant aujournal, il fêtera bientôt ses dix ans d’existence.

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Gwennole Pavec, journaliste à Ya!, pratique couramment la langue bretonne depuis seulement trois ans.

À LA LOUPE Guillaume Bourgeois, maître de conférence en Histoire contemporaine à l’université de Poitiers, spécialiste de la presse régionale et du régionalisme, livre son éclairage sur l’histoire de cesdialectes.«Le renouveau des langues régionales est lié au romantisme, c’est-à-dire la fin du XIXe siècle. Des écrivains se mettent à écrire enlangues régionales, comme Georges Sand en berrichon. C’est éga-lement à cette période que se fixent les langues nationales, en Espagne, en Allemagne ou en France.»L’historien distingue un autre moment phare pour les dialectes lo-caux : « Dans les tranchées, les paysans de toute la France ont aban-donné leur patois pour parler le français. C’est pendant l’entre-deux-guerres que les langues régionales sont redécouvertes. Deshommes luttent pour promouvoir ces dialectes. Frédéric Mistral, parexemple, avec le Félibrige, lancent des écoles de défense de lalangue occitane.» Mais pour le spécialiste, l’intérêt de la presse pourles patois est plus récent : «Le grand renouveau de la presse régio-nale en langue locale, que cela soit en breton, en corse ou en occi-tan, ce sont les années cinquante et soixante».

L’informateur Corse Nouvelle, cesont six mille journaux chaque semaine qui tentent de fidéliser lelecteur. Corses de l’Ile, Corses

d’origine, Corses d’adoption, l’équipe rassemblant deux journalistes, des contri-buteurs et des correspondants, ne rechignepas à l’ouvrage. Paul Aurelli, l’éditeur, confieson attachement à sa langue insulaire.

Pourquoi écrire en Corse ? Est-ce du militantisme ?À l’origine, notre journal était un quoti-dien. Nous avons toujours eu dans nospages une expression dans notre langue,mais qui était plutôt restreinte. Militan-tisme est sans doute un mot fort. Il nes’agit pas de politique, mais d’envie de seretrouver et de faire partager, ce qui pour beaucoup de Corses, était au fond denous. C’est être nous-mêmes ! La Corse aconnu, à partir des années 70, une réap-propriation de son histoire, de ses tradi-tions, de sa culture et forcément de sa

langue. C’est ce que nous appelons cheznous “U riacquistu”.

Quel est l’impact pour le journal ?Nous ne mesurons pas encore quel seral’apport économique de cette démarche.Nous pressentons qu’il ne sera pas nul,mais, de toute façon, c’est un choix d’exis-tence, nous le poursuivrons. À travers notre très récent “parcours” sur les réseauxsociaux, nous constatons que l’accueil estsympathique et très positif. Alors, suivantla fameuse expression de Guillaumed’Orange, nous allons persévérer, puisquenous avons entrepris ! Mais nous n’avonspas été les premiers à nous engager danscette démarche. La préparation de notre nouvelle identitévisuelle et graphique s’est complétée parune forte volonté de notre équipe (et biensûr de nos lecteurs) de nous engager surcette voie… D’autant, qu’avec l’UniversitéPasquale Paoli de Corte, un “terreau fertile”s’est revivifié en Corse.

Quelle est la ligne éditoriale du journal ?Nous nous positionnons comme un hebdomadaire politique, économique, social et culturel ! être au cœur de la société corse, bouger avec elle, nous adapter au XXIe siècle sans renier ce que

nous sommes. Vaste ambition, mais sans ambition il n’y a pas de plume libre. Et puis,nous cultivons aussi le pragmatisme qui estune vertu insulaire.

AAMMAAUURRYY LLEEGGRRAANNDD

UNA LINGUA SI CHETA, UN POPULU SI MORE

Paul Aurelli, éditeur de L’informateur Corse Nouvelle.

YA D'AR BREZHONEG !

RÉGIONALISME

LA PHR EN VERSION ORIGINALEActualité oblige, les identités régionales sont de plus en plus fortes en France. Corse, bretonne, occitane, basque, zoom sur ces mises en valeur dans les hebdos en langues régionales.

«Le renouveau de la presse régionaleen langue locale, ce sont les annéescinquante et soixante.»

Guillaume Bourgeois

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Cultiver l’originalité

17PHRases/numéro19/juin2014

Une formule tri-média assez atypique a été adoptée parTendance Ouest (groupe La Manche Libre), à Caen etRouen : un hebdo gratuit, en plus de la radio et du siteinternet. Jean-Michel Perreau, rédacteur en chef desdeux locales, revient sur le traitement de l'informationet sur le travail des journalistes de Tendance Ouest.

Comment est venue cette idée d’allier radio et pa-pier ?Radio Manche, qui porte le nomdésormais deTendanceOuest, a été créée en 1982, en complément del’hebdomadaire historique La Manche Libre. L’idée d'unjournal gratuit, associé à la radio, n’est venue que plustard, lors du développement de ce nouveau type depresse. Le but était d’apporter une offre nouvelle auxauditeurs, un traitement de l’information différent, etainsi diffuser plus largement.

En quoi le traitement de l’information diffère ?La priorité est donnée au web, avec des publicationsheure par heure. Nous avons ensuite la radio, surlaquelle nous sélectionnons certaines actualités locales,que nous agrémentons de sons. Il faut rappeler que ce

n’est pas une radio d’information pure, il y a aussi de lamusique : Hits and News. L'hebdo revient, quant à lui,sur les informations importantes de la semaine. Cela né-cessite, comme à la radio, une sélection, avec égalementdes sujets plus “magazine”, ainsi que des dossiers.

Y a-t-il des journalistes spécialisés dans un support ?Non, ce sont les mêmes journalistes qui sont présentssur les troismédias. Ils pensent les trois supports, et sui-vent leur rythme : d’abord le web, puis la radio, et en-fin l’hebdomadaire, qui permet de prendre plus de reculsur les sujets traités.

Où en est-on de l’obtention d’une fréquencepour Rouen ?Le studio radio est prêt, mais nous n'avons toujours pasla réponse duCSA. Ce dernier a dégagé cinq fréquencesdébut 2014, quatre sont en attente d’expérimentation.L’appel à candidatures ne nous a pas encore été trans-mis. Pour le moment, aucun planning d’attribution n’adonc été établi. En ce qui concerne Caen, tous lesingrédients sont déjà réunis : fréquence, papier et web.

GGAAUUTTIIEERR NNAAVVEETT

Jean-Michel Perreau, rédacteur en chef des locales de TendanceOuest, à Rouen et Caen.

Gratuits :une stratégie payante?Depuis fin 2010, Publihebdos alancé douze titres gratuits. Soitune moyenne de trois par an. Unnouveau modèle économique ?Mercredi 4 décembre 2013. CôtéLaval, le dernier-né du groupe,lance son premier numéro. «Ontraite essentiellement l’actualitépositive», résume Sophie Bouchet,seule journaliste pour 40 pages bi-mensuelles (tirées à 15000 exem-plaires).Loisirs, sorties, culture. À l’imagede Côté Laval, les gratuits de Publihebdos ont tous la mêmeligne éditoriale. Une stratégie vou-lue par le directeur du groupe,Francis Gaunand : «On essaye deséduire un lectorat qui ne lit pas lapresse quotidienne, qui n’y trouvepas son compte. Pour schématiserles moins de 45 ans.»

«Le lectorat urbain n’est pas prêt à acheter de la PHR»Quimper, Caen, Versailles, ou en-core Brest, Le Havre, Rouen. Avecses douze gratuits, Publihebdoss’attaque aux grandes villes. Là oùla presse hebdomadaire régionalepayante n’ose pas toujours s’aven-turer.«On a fait des études, commenteFrancis Gaunand. Le lectorat ur-bain n’était pas prêt à acheter de lapresse hebdomadaire payante.» Lapresse gratuite s’est révéléecomme la solution évidente.« En plus, les gratuits sont baséssur un modèle économique publi-citaire. Et dans les grandes villes,les annonceurs sont nombreux etbien plus importants.»Sur un total de 79 journaux, lapresse gratuite ne constituequ’une partie marginale (15%) destitres appartenant à Publihebdos.Mais elle permet un maillage subsi-diaire de la carte. «On est déjà ins-tallé avec nos payants dans lespetites villes et zones rurales, in-dique ce dernier. En complément,les gratuits dans des villesmoyennes, ça a du sens.»

Les gratuits : 4% du chiffre d’affairesLa stratégie du groupe reste majo-ritairement axé sur la pressepayante. «Elle se porte bien cheznous, se félicite Francis Gaunand.Et les journaux gratuits ne repré-sentent que 4% de notre chi%red’a%aires.» Soit près de 3 millionsd’euros. Quand même!Un pourcentage qui pourrait enplus augmenter dans les années àvenir. Si le directeur reste volontai-rement évasif, «on n’a pas pour ha-bitude de dévoiler nos projets àl‘avance», le groupe n’exclut pasde sortir d’autres gratuits à courtterme. «On est en mouvementperpétuel, c’est génétique chez Publihebdos.»Même si ce dernier ne souhaite dé-voiler le coût que cela représente,la rapide rentabilité des gratuits yest pour beaucoup: «Il nous fautque deux ou trois ans pour arriverà l’équilibre, apprécie Francis Gaunand. Pour les payants, çaprend trois fois plus de temps.»Alors, pourquoi se priver?

NNIICCOOLLAASS GGOOSSSSEELLIINN

PRESSE - RADIO - WEB À TENDANCE OUEST

JEAN-MICHEL PERREAU : « NOS JOURNALISTES PENSENT LES TROIS SUPPORTS »

«Chaque hebdo a sonidentité»,  revendiqueCaroline  Fouché,  ré-dactrice  en  chef  des

Affiches de Grenoble et du Dau-phiné. Son hebdomadaire, lui, pri-vilégie les pages culturelles. « Notrespécificité nous permet de toucherplus d’annonceurs », explique la ré-dactrice  en  chef.  ­«­L’informationpratique­ est­ prioritaire­ dans­ nospages,­c’est­ce­qui­intéresse­le­lecteur.Nous­ciblons.­»­Même cas de figure pour HorizonsNord  Pas-de-Calais. Il est     « l’heb-domadaire professionnel spécialisédans l’agriculture ».  Disponible uniquement  sur  abonnement,  ilpropose  divers dossiers comme lesénergies  renouvelables  ou  le machinisme. Comme  le  confirme   GauthierClaisse,  son  rédacteur  en  chef :«Nous­sommes­l’un­des­seuls­titresdans­la­région­à­être­spécialisé,­doncon­fidélise­un­lectorat,­constitué­icide­professionnels­­agricoles.­»Même raisonnement pour Bruno Chavallet,  directeur  de  l’éco­ desPays­de­Savoie : « On garantit à nosannonceurs la typologie de notre lec-torat. Notre spécificité assure notrecroissance en termes de vente : 3%depuis trois ans. » Pour  ces  troisexemples, leur force réside dans la «singularité ».

La différence est-elletoujours un avantage ?«L’Auvergnat de Paris a­eu­quelquesproblèmes­financiers », évoque Jean-Michel Déhais, le rédacteur en chef.

Chaque jeudi, l’hebdomadaire culi-naire relate l’actualioté des CHR (ca-fés, hôtels, restaurants) mais évoqueégalement les rachats, les réseaux dedistribution du secteur. Depuis sonrattachement au groupe Michel Bur-

ton  Communication  en  2008,  leschoix  éditoriaux  ont  été  modifiés.Dorénavant, 30% du journal traitede l’actualité locale auvergnate.« L’Auvergnat de   Paris était en diffi-culté, il fallait retrouver un bon

positionnement et retrouver desannonceurs. Nous serions morts sinon »,  raconte  le  rédacteur  enchef. Au-delà des raisons financières,les aides  accordées aux journauxde PHR sont différentes selon laligne éditoriale du journal. 

Des hebdos qui ontle vent en poupePar  exemple,  l’éco des Pays deSavoie, un journal économiquequi  s’adresse  aux  étudiants  encommerce et aux entreprises. «Ily a huit mois, en accord avec leSPHR et dix-sept autres journauxéconomiques, nous avons décidéde créer une association RésoHebdo Eco pour mutualiser et dé-fendre de mêmes intérêts commela franchise postale dont nous nebénéficions pas. »Aujourd’hui, ces quatre hebdo-madaires  se  distinguent  parleurs choix éditoriaux. à défautde  traiter  de  sujets  qui  font vendre comme les faits divers,ils   arrivent  à  rester  dans  lacourse des ventes sans concur-rencer leurs confrères.  « On est autour des 12 500 exem-plaires pour  l’Auvergnat, un bonéquilibre »,   commente     Jean-Michel   Déhais. « Notre spécifi-cité assure notre croissance en

termes de vente : 3 % en trois ans »,pour  l’éco des Pays de Savoie. Caroline  Fouché  l’affirme  fière-ment : « Il y a de la place pour tout lemonde ! »

AANNDDRRÉÉAA DDEEVVUULLDDEERR

ATYPIQUES

QUAND LIGNE ÉDITORIALESE CONJUGUE AVEC SPÉCIFICITÉIls sont minoritaires, mais certains titres de presse hebdomadaire régionale traitent exclusivement de l’actualité agricole, culturelle, économique voire gastronomique. Entre réussite et contraintes, ces journaux marquent la différence.

l’actualité

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Congrès 2014 - Retour en images

20 PHRases/numéro19/juin2014

Le dîner de gala du jeudisoir se déroulait au châteaudu Touvet, avec une vueimprenable sur les Alpes.Champagne et paillettesétaient de mise pour unesoirée de grande classe,avec une touche finale deChartreuse, élixir local.On a même descendules marches à l’arrivée auchâteau, dans un remakequi n’avait rien à envier aufestival de Cannes.

Bienvenue à Grenoble !Le World trade centeraccueillait les 5 et 6juin le congrès duSPHR, avec, commed’habitude, plus de200 participants, qu’ilssoient éditeurs,exposants ou invités.En ligne de mire decette 41e édition, ledéveloppement destitres sur le réseaumondial, que ce soitvia les sites web,les applications poursupports mobiles ouencore les réseauxsociaux.

Rendez-vousl’an prochain à Biarritzpour de nouvellesaventures !

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Congrès 2014 - Retour en images

21PHRases/numéro19/juin2014

CONGRÈS 2014

LE GRATIN (DAUPHINOIS)DE LA PRESSE HEBDO

Heure de véritépour la 19e promo PHRde l’ESJ Lille, qui asuivi l’actu du congrèsvia ses deux numérosde PHRases direct. Lepetit journal distribuépar les étudiantsa été à l’originede la dissipation dequelques congressistespendant les ateliers...

PPAARRAALLEEXXAANNDDRRAA AARRDDRRII

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Webdomadaire

PHRases/numéro19/juin2014

Votre journal est-il sur le web,et pourquoi avoir fait ce choix ?VincentGérard : Non, parce que si les infossont gratuites sur le web, les lecteurs n’ontplus besoin d’acheter le journal. Je suiscontre le fait que mon journal aille sur leweb car le contenu de Oise Hebdo, fait pardes journalistes, demande du travail donc ilfaut qu’il soit rémunéré. On ne peut doncpas le «donner» sur le web.

Nicolas Bernard : Oui. Le web a profondé-ment bouleversé la consommation d’infor-mations. Aujourd’hui et plus que jamais, lelecteur lit ce qu’il cherche et pas ce qu’on luioffre. C’est pourquoi, nous devons essayerde produire la meilleure information, aumeilleur moment, au meilleur format et surle meilleur support. Ceci implique de neplus vivre aurythme desbouclagescomme cela alongtemps étéle cas dans lapresse hebdo-madaire papier,mais à celui de l’information.

Selon vous, quelle est l’utilitéd’un site web ?V.G. : à mon sens, elle est néfaste. Si je suisencore là, dans dix ans, Oise Hebdo seratoujours 100 % papier et 0 % numérique. Jetrouve idiot de demander aux marchands dejournaux de vendre le journal alors que lecontenu est gratuit sur le web ! Je pense quenous sommes sur un lieu restreint donc nous

n’avons pas à être sur la toile. Le lieu c’est lelocal, le web c’est de ne savoir rien sur tout.Alors que nous connaissons tout sur rien.

N.B. : Chez nous, une règle simple régit la“ gare de triage ” web ou print : la valeuréditoriale de l’info. Sa valeur est liée à sa du-rée de vie. Plus elle est courte, moins elle ade crédit et plus elle doit être diffusée rapi-dement.

Pensez-vous que le web permet detoucher un lectorat plus large?V.G. : Non, au contraire. J’ai tenté de mettrela Une sur internet, j’ai vu l’effet que ça a fait !(NDLR : à l’automne 2011). Les Unes deOise Hebdo ont été reprises par les médiasnationaux. Les sujets étaient tournés en dé-rision. Le buzz a été total.

Sur la Une jemets tout,donc on n’aaucun intérêtà mettre cesinformationssur le web. Onsort les deux

tiers des scoops sur le territoire, si on en tientun, il dure toute la semaine et personne nepeut l’utiliser puisqu’il est sur le print.

N.B. : Il ne suffit pas de poster un papier surson site pour avoir de l’audience... Voix del’Ain utilise donc les réseaux sociaux. Notrejournal fait, par exemple, une utilisationplutôt marketing de Facebook. L’idée étantde créer une famille. «En nous suivant surFacebook, vous ferez partie de la famille Voix

de l’Ain et nous vous aiderons à mieux vivresur votre territoire au quotidien. » Le titrefait une utilisation éditoriale de Twitter.Politique : chaque journaliste a un compte ettweete sur son compte des informationssûres et vérifiées. Ces tweets sont ensuite re-pris par le compte Voix de l’Ain. Nous tra-vaillons l’assise de notoriété de nosjournalistes et donc, la valorisation de notremarque.

Face à l’émergence d’internetdans la vie des lecteurs, pensez-vousêtre en adéquation avecl’évolution des usages?V.G. : Oui, par exemple cette semaine(NDLR : du 2 au 8 juin 2014) un gars s’estjeté du septième étage et on en a fait la Une.Contrairement au Courrier Picard qui l’aseulement mis sur le web. Du coup, leslecteurs ont l’impression qu’il nous a copiés.Le rythme hebdomadaire ne correspondpas au web.

N.B. : Oui, en tenant informé le lecteur pardes teasings, des infos pratiques comme letrafic le matin ou encore l’enneigement desstations en hiver. Il y a aussi d’autresinitiatives, comme faire gagner régulière-ment des cadeaux, des places de concert, dethéâtre ou de rencontres sportives. Voix del’Ain distrait aussi les lecteurs par des jeuxou des rendez-vous, grâce à la recette de cui-sine du jour par exemple.

En tant que férus d’actualité, surfez-vous sur le net? À quelle fréquence etsur quels sites?

V.G. : Je suis tout le temps sur le net, c’estgratuit et source d’une infinité d’infos. Jesuis constamment sur Facebook et Twitter,mais pas le journal.

N.B. : Je surfe sur le web un peu tous lesjours et principalement sur les sites d’infosen ligne, quelques blogs, les réseaux sociauxet enfin sur des sites en fonction de mesbesoins pratiques.

Selon vous, quelles sont les attentes deslecteurs aujourd’hui?V.G. : Des informations qu’ils obtiennent enachetant le journal. Je ne suis pas pour fairenaître une communauté web. Je n’ai qu’uneseule communauté : les gens de l’Oise. Lessujets traités sont forts avec des noms, despersonnes, des histoires de vie. Donc je nesouhaite pas que ces sujets restent dans lamémoire d’internet pour l’éternité. Les gensont le droit à l’oubli. En plus, cela libère lesjournalistes et ça les rend plus libre.

N.B. : Nous pensons que le journalisme doitbasculer au rythme de l’information conti-nue, c’est-à-dire quotidiennement, avec ducontenu multimédia.

PPRROOPPOOSS RREECCUUEEIILLLLIISS PPAARRSSAANNDDRRIINNEE CCAAVVÉÉ EETT AANNDDRRÉÉAA DDEEVVUULLDDEERR

FACE-À-FACE

POUROU CONTRELA PHR EN LIGNE ?

Vincent GérardJournaliste, créateur d’Oise Hebdoen 1994. Cette année, il a lancé le journal L’Axonais.

Nicolas BernardDirecteur délégué et rédacteur en chef de l’hebdomadaire Voix de l’Ain depuis 2007.

Quelles informations doiventêtre mises sur la toile etsous quel format ? VincentGérard, créateur d’OiseHebdo et Nicolas Bernard,directeur délégué et rédac-teur en chef de Voix de l’Ainnous livrent leurs points devue radicalement différents.

«Je suis tout le temps sur le net, c’est gratuit etsource d’une infinité d’infos.»

Vincent Gérard

«Il ne suffit pas de poster un papier sur son site pour avoir de l’audience.»

Nicolas Bernard

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Webdomadaire

23PHRases/numéro19/juin2014

Le FSDP (Fonds Stratégique pour leDéveloppement de la Presse)subventionne chaque année lapresse écrite à hauteur de plus de

30 millions d’euros. La section II du fondsaide à l’implantation sur la toile. Ancienne-ment appelée “Fonds SPEL”, elle a vocationà soutenir financièrement les projetsnumériques des titres dans des domainesdivers. Achat de matériel destiné au passageà l'ère 2.0, création d'une application, amé-lioration de l'hébergement du site, unegrande partie des défis numériques qui at-tendent les journaux sont potentiellementfinançables par cette section du FSDP. Ellea d'ailleurs alloué presque 10 millions d’eu-ros en 2013, tous journaux confondus.Comme le titrait justement Mediapart en

septembre der-nier, « les subven-tions publiques àla presse vont auxplus gros »,(NDLR :Lemonde.fr et20minutes.fr en

tête), mais rien n’empêche la PHR de récla-mer sa part du gâteau. « Nous refusonsrarement un dossier, répond Fabien Tolo-sini au siège du FSDP à Paris, sauf si les de-mandes sont irréalistes.» Seuls trois titres dePHR ont bénéficié des aides publiques aunumérique en 2013, pour un montant glo-bal de 63 000 euros, soit un minuscule0,65 % du budget total de 9 709 597 euros.Parmi eux, Le Tarn Libre : «Nous avons

utilisé l’enveloppe pour rénover notre siteweb, déclare François Astorg, secrétaire derédaction au journal. Enfin, ce n’était pasvraiment un site, mais plutôt un copier-coller du print.» Pour lui, une mise à la pageweb, était indispensable pour le maintiendu titre : «Nous faisons face à une baisse desventes et à un public vieillissant. Internet estindispensable pour toucher de nouveauxlecteurs. Notre prochain projet est l’entrée surles réseaux sociaux sur lesquels nous nesommes pas encore présents. »

«Il est temps qu’on se remetteau goût du jour»Michel Françaix, rapporteur de la missionMédias, Livre et industrie culturelle, confieque la presse est en difficulté depuis plus detrente ans alors que le montant des aides necesse de croître. «On n’a jamais donnéautant d’argent par rapport au nombre dejournaux vendus», explique-t-il. Unemauvaise répartition des fonds qui, selon lerapporteur, soutient excessivement leséditions papier et pas suffisamment le web.Michel Françaix se place en faveur d'uneredistribution des aides : développer ce quimarche - le numérique - pour en faire uneplate-forme réellement rentable et compé-titive, et cesser d'injecter des millions dansle papier dont la situation se dégrade mal-gré des aides toujours plus conséquentes.Bastion de la presse écrite globalementmoins touchée par la crise, la PHR est peuhabituée à remplir des dossiers d'aide audéveloppement 2.0. La vision numérique

de nombreux titres restant limitée, elledécourage aussi leur lancement sur le net etla demande de subventions.La procédure est pourtant simple : «Il fautêtre reconnu comme site d’information parle CPPAP (NDLR : Commission Paritairedes Publications et Agences de Presse),explique Fabien Tosolini, et avoir un projetde développement du site. »

L’attribution de l’aideLes fonds ne sont pas dispensés surdemande : le dossier doit passer devant unecommission d'experts qui évalue sa viabi-lité en fonction d'une liste de critères. Leprojet à long terme est examiné ainsi queles finances du titre : «Nous voulons nousassurer que l’argent donné sera bien utilisépour le développement numérique et que lejournal pourra supporter le poids des inves-

tissements », indique-t-il. La faisabilité duprojet est également examinée. « Je merappelle d'un titre qui demandait 4 millionsà notre structure, pour une création de site,se souvient l'agent du FSDP. Clairement,nous avons dit non.»Pour ceux qui n'ont pas été tropgourmands, l’aide prend la forme deremboursements sur présentation defactures : «Nous dédommageons en quelquesorte les titres sur les investissementsréalisés. »Au Tarn Libre, le site n’a que quelques moismais François Astorg affirme «ne rienregretter ». Il reste totalement convaincuque la transition numérique est indispen-sable : « Il y a un retard de la PHR dans lamise en ligne, il est temps qu’on se mette augoût du jour.»

AALLEEXXAANNDDRRAA AARRDDRRII

LE FONDS GOOGLE, C'EST QUOI ?Le Fonds pour l'innovation numériquede la presse (FINP), est une enveloppede 60 millions d'euros accordée parGoogle à la presse française. Destinés àêtre répartis sur trois ans à hauteur de2millions par titre par an maximum, cesdeniers visent à développer la compéti-tivité numérique des journaux. Toutprojet peut être financé jusqu'à 60% parle FINP, les 40% restants étant à lacharge du titre.

«Mis en place l’année dernière, à raisonde 20 millions d’euros par an, ce fonds représente une nouvelle opportunité pourfinancer  des  projets  2.0», explique Vincent David, directeur délégué augroupe Presse et Médias du Sud-Ouest.

D'OÙ ÇA VIENT ? Directement de la poche de Google, parqui la presse française s'estimait lésée. Eneffet, le modèle “visibilité contrecontenu” a depuis longtemps cessé defonctionner sur le net : les éditeurs doivent payer pour être visibles alorsque leur contenu est utilisé sans rémunération.

Devant les réticences de l'Américain àmettre la main au porte-monnaie, l'état français a fini par y mettre son grain desel, menaçant de voter une loi si un ac-cord n'était pas trouvé concernant lacontribution sur l'utilisation des contenus. 60 millions ont finalement été débloqués, une goutte d'eau pour Google, qui brasse chaque année plus de50 milliards de chiffre d'affaires.

POURQUOI C’EST BIEN ?La section II du FSDP, ex-fonds SPEL,a attribué une dizaine de millionsd’aides en 2013. Une bien petite sommecomparée au chèque signé par Google,qui permet d’ouvrir un champ d’innovation plus ambitieux et dont bénéficient plus de titres. La PHR pourrait profiter à grande échelle de cetype d’aides si des groupes comme Publihebdos suivaient l’exemple de LaVoix du Nord, qui a constitué un dossieren 2013. Elle pourrait ainsi continuerson implantation timide sur le web sanscraindre les investissements “dans levide” redoutés par les petits titres.

POURQUOI ÇA FAIT DÉBAT ?étonnamment, ces fonds privés ne fontpas autant débat que leur méthode derépartition. Une association a été crééepour gérer l'enveloppe mais l'Associa-tion de la presse d'information politiqueet générale (AIPG) a à sa tête de grandséditeurs comme Nathalie Collin, ex-présidente du groupe Le  Nouvel Observateur ou Marc Feuillée, directeurgénéral du Figaro. Autant de visages quipilotent les demandes de fonds pourleurs titres, d'où un important conflitd'intérêt.«Les administrateurs presse du Fonds,qui représentent tous les groupes impor-tants,  en  seront  les  principaux bénéficiaires», déplore le président duSyndicat de la presse indépendante d’information en ligne, Maurice Botbol.Le Spiil dénonce une attribution biaiséedes fonds, Le Nouvel Obs, le Monde et LeFigaro étant les mieux dotés avec près de2 millions d’euros chacun.

AALLEEXXAANNDDRRAA AARRDDRRII

AIDES À LA PRESSE

LA PHR VA-T-ELLETOUCHER LE FONDS ?Le retard numérique des hebdos régionaux est souvent attribué aux petits moyens des rédactions. Pourtant, des aides publiques existent, et un pan entier est même consacré au développement et à la promotion des titres sur le net.

François Artorg, secrétaire de rédaction pour Le Tarn Libre.© Le Tarn Libre

«On n’a jamais donnéautant d’argent parrapport au nombre dejournaux vendus.»

Michel Françaix

FONDS GOOGLE

QUI VEUT GAGNER DES MILLIONS ?

«Lesadministrateurs du fonds en serontles principauxbénéficiaires.»

Maurice Botbol

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Webdomadaire

24 PHRases/numéro19/juin2014

CCI News Gate équipe déjà lesrédactions de La Voix du Nord, deNord éclair ou encore du CourrierPicard. Le quotidien calaisien, lui,

vient de recevoir le nouveau bébé et ses huithebdos (La Semaine dans le Boulonnais, LePhare Dunkerquois, L’Avenir de l’Artois,L’écho de la Lys, Le Journal des Flandres, LeRéveil de Berck, Le Journal de Montreuil, etLes échos du Touquet) attendront le 1er

octobre. « CCI News Gate est un choix stra-tégique du groupe Rossel car cet outil est webfirst», explique Sébastien Duprez, directeurgénéral du groupe Nord Littoral.Web first ? « En rentrant de reportage, lejournaliste publiera d’abord son article sur leweb. » Le directeur général est convaincuque l’avenir est au 2.0. « Pas qu’on ne croitplus au papier, mais c’est un choix de bonsens. La combinaison gagnante est : papier +numérique. »

Simple comme bonjour?Cet outil de planification rédactionnellecomporte une base de données, une sortede fonds documentaire qui détient tous lescontenus : textes, photos et vidéos. Ce fondspeut être exporté sur une multitude de ter-minaux : le print, le site ou encore lesapplications.Pour Sébastien Duprez, c’est évident, CCIva simplifier la vie des rédacteurs. « On vagagner en automatismes et le journalisten’aura plus qu’à seconcentrer sur la collected’informations et la ré-daction. »Pierre Mauchamp,rédacteur en chef à LaVoix du Nord Lille, a piloté l’installation deCCI. « Les limites du système sont sesavantages. Son approche est très anglo-

saxonne, il a donc fallu confronter lescultures. C’est un logiciel participatif, trèsouvert qui est encore en développement.Alors parfois, ça plante et certaines choses nefonctionnent pas comme elles le devraient. »Usine à gaz ? « S’il n’est pas encore 100%opérationnel, le système répond àl’instantanéité et permet de se tourner versune rédaction bi-média. Il faut simplementrepenser le métier. »Dans la rédaction de Nord Littoral, lesjournalistes avouent ne pas avoir assez derecul pour juger l’efficacité de CCI. « C’est letout début, c’est tout nouveau. Il faut d’abordpratiquer et le confronter à la réalité avant depouvoir être critique. Une chose est sûre, c’estun défi, mais ce n’est pas la panade ! »,affirme Marie-France Hembert, journalisteà Nord Littoral.

Hebdomadaire,mon cher WatsonPenser web avant tout, publier en continumais que va-t-il advenir des hebdos ? « Onpeut conjuguer une version permanente surle web et une vision hebdomadaire avec unjournal papier », assure Sébastien Duprez.Certains des titres de PHR semblent frileuxà l’idée de quitter leur bon vieil Hermès, ou-til d'éditing arrivé dans les années 1990.Nostalgiques ? Pas vraiment. Leursréticences sont dues aux bouleversementsque va entraîner CCI. Le monstre techno-

logique va contraindreles journalistes àlâcher leurs infos surinternet et ilscraignent qu’elles nesoient reprises par la

concurrence, la PQR. «Oui, il y a des risquesmais il faut y croire », précise le directeurgénéral de Nord Littoral.

Il insiste : « Notre rendez-vous, notrepromesse, c’est l’hebdo. »Certaines informations sont, selon lui, àhaut potentiel communautaire, lorsquel’internaute a envie de les partager. « Onaccordera une large place à l’image et on pu-bliera directement sur le site avec uneannonce de 150 à 200 signes. L’idée estd’inviter les lecteurs à retrouver l’intégralitéde l’article dans le journal de lasemaine. C’est du teasing. »

Le groupe Nord Littoral et, au-dessus delui, le groupe Rossel ont décidé de donnerune plus grande visibilité à leurs titres et ilscomptent sur CCI News Gate pour lesaider à asseoir leur marque. « Même dansles campagnes, nous ne sommes plus lesseuls à donner l’information », prévient Sé-bastien Duprez. Selon lui, il est grandtemps de se positionner, de s’imposer. Leweb est un allié.

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OUTIL ÉDITORIAL

CCI NEWS GATE :BIENTÔT DANS VOS HEBDOS

Rédacteur en chef du Renouveau (Haute-Loire), Guillaume Laurens et sa rédaction ont fait le pari du nu-mérique en 2012 avec le site mon43.fr. Leur applicationmobile a déjà été téléchargée plus de 8 000 fois.

Pourquoi Le Renouveau s’est développé sous une nouvelle marque sur le web ? Nous sommes dans un département qui compte huit journaux. Parmi eux, trois quotidiens, trois hebdos lo-caux et un départemental. Nos concurrents étaient plus performants sur le local puisqu’ils étaient sur un seul bassin de vie alors que nous, nous étions et sommes encore sur trois bassins. Il fallait courir partout.L’idée, avec mon43.fr, c’était de rafraîchir l’image et detoucher un nouveau public. Mon43.fr est devenu enmoins de 18 mois l’un des premiers sites internet detoute la PHR. La croissance est régulière. Nous franchissons la barre du million de pages vues par moisrégulièrement. On a développé l’application en même temps que le site internet, et elle est désormais disponible sur tous typesde smartphones.

Comment gérez-vous cette application aujourd’hui ?Sur les téléphones, le mode de consommation n’est pas lemême. Les mobinautes ne restent pas aussi longtempsque sur un ordinateur, ils ne consultent pas les mêmes

contenus et ils ne viennent pas aux mêmes heures.Il faut se poser la question : à quelle heure mettrequel contenu ?Actuellement, il n’y a pas de réunion de rédactionparticulière. C’est au feeling. Disons que c’est beaucoup plus d’instantanéité dans la gestion del’application mobile. Lorsqu’on a une information urgente, un fait divers ou autre, on envoie une notification au mobinaute. L’idée n’étant pas nonplus de le noyer d’alertes.

En 2013, Renouveau a connu une baisse consé-quente de ses ventes papier, pensez-vous qu’il y aun lien avec votre développement numérique ?Oui, il faut être lucide. Cela a été un choix éditorialque de diriger notre rubrique hyperlocale unique-ment sur internet. On savait pertinemment qu’onallait perdre une partie de nos lecteurs, mais nousen avons gagné aussi. Notamment en zone urbaineavec des gens plus intéressés par la partie plus“news” du journal.Le problème de la PHR, c’est que les journaux sontsur des audiences web minimes et sur des zones restreintes. La première question qu’il faut se poseravant de se lancer sur le numérique c’est : commentdévelopper son audience ?

LLUUCCAASS GGEELLLLÉÉ

TROIS QUESTIONS À GUILLAUME LAURENS

« L’APPLICATION MOBILE EST UN MÉDIA À PART »

CCI est installé depuis plus d’un an dans la rédaction de la Voix du Nord.

Un nom à l’américaine, des millions d’euros dépensés pour l’acquérir, il ne s’agit pas du dernier blockbuster mais d’un outil éditorial. Ce logiciel de publication danois a débarqué le 6 juin dans les bureaux de Nord Littoral et investira bientôt les hebdos du groupe.

Guillaume Laurens, rédacteur en chef de mon43.fr.

«La combinaisongagnante estpapier + numérique.»

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Sur l’Apple Store,seules lesapplicationsdes gratuits dugroupe sonttéléchargeablespour l’instant.

Webdomadaire

25PHRases/numéro19/juin2014

JOURNAUX VS TABLETTES

PUBLIHEBDOSARRIVE SURVOS TABLETTESLes 10 sites de PHR les plus visités du groupePublihebdos se sont vus dotés d’une applicationpour tablettes et mobiles début 2014. Le présidentdu directoire du groupe, Francis Gaunand,est à l’origine de cette innovation.

L’idée de l'application pour nos titresde PHR est venue d’une réelle enviede nos rédactions. Avec un site webcomme celui de La République de

Seine et Marne qui comptabilise 200 000 vi-sites par mois, il était normal que le groupeet la rédaction se tournent vers une applica-tion», se souvient Francis Gaunand. Lechoix des titres qui bénéficient de cettenouvelle technologie n'est pas dû auhasard : une grande réactivité, une bonnedynamique web et beaucoup de visites sontles clés. Mais la route est encore longueavant que cet outil ne soit parfaitement uti-lisé. «Nous n’avons pas de journaliste dédiéà l’interface de l’application. Pour l’instant,c’est un copier-coller du web. Nous sommesencore dans la phase d’essai », expliqueDidier Barry, rédacteur en chef de LaRépublique de Seine et Marne.

Le flou artistique«La toute première application coûte envi-ron 15000€. Nous avons travaillé avec notredéveloppeur interne et avec un prestataire.Ensuite, il faut la dupliquer et l'adapter auxautres sites, et là ce sont environ 1500€»,

raconte Francis Gaunand. Le coût n’étantpas minime, les rédactions ne doivent passe laisser submerger par l’application et sesenjeux. «Nous n’avons pas encore vraimentcommuniqué sur ce projet. Il faut que lesjournalistes prennent bien en main lefonctionnement de l’outil, rassure le prési-dent du directoire. Nous avons déjà fait unessai concluant avec notre pureplayer76actu. Ce n’est plus qu’une question detemps pour nos journaux de PHR!» Mêmeson de cloche du côté de La République deSeine et Marne : «Pour l’instant, c’est un peule flou artistique. Mais il faut développer desapplications maintenant, et savoir s’en servir,en prévision du jour où elles deviendrontincontournables. »Entre les journaux papiers, les sites web etles réseaux sociaux, les nouvelles applica-

tions Publihebdos semblent trouver leurplace. «Nous n’avons pas peur que tous nossupports se marchent sur les pieds. Les appli-cations n’empiètent pas sur les réseauxsociaux car nous en avons une utilisationbien particulière. Et elles sont un plus parrapport aux sites. Elles peuvent envoyer desmessages push aux utilisateurs pour lesprévenir en temps réel », s’enthousiasmeFrancis Gaunand. « Il faut amener leslecteurs qui n’achètent pas le journal à setourner vers l’application», complète DidierBarry, pour que la marque, au final,devienne un réflexe pour tous.

CCAAMMIILLLLEE RREEDDOOUULLÈÈSS

On en parle depuis septembre 2013 : l’hebdotarnais a finalement attendu la semaine du41e congrès du SPHR, placé sous le signe dunumérique, pour lancer son site internet.«C’est un projet ancien qu’on a laissé mûrir,précise Pierre Archet, directeur délégué duJournal d’Ici. Pour être certains de ne pas setromper de concept, on a volontairement prisdu retard… On a laissé les autres essuyer lesplâtres. »Le responsable de l’hebdomadaire tarnais ad’abord jeté un coup d’œil aux titres de PHRdéjà lancés dans le grand bain numériquepour imaginer son nouveau site idéal.Le 2 juin 2014, le  Journal  d’Ici accouchaitd’une version numérique conçue par ProEdito. L’agence de conseil éditorial et gra-phique n’est pas néophyte en la matière. Elles’est occupée d’une dizaine d’hebdos : la Ga-zette  de   Montpellier, le  Républicain   Sud-Gironde ou encore la Semaine de Metz…

Séduire un nouveau lectoratPro Edito se charge d’animer le site, de recycler et de mettre en ligne les articles parus précédemment sur le print. «La rédac-tion n’aurait jamais pu assumer cette charge detravail  toute  seule », insiste le directeur délégué du journal. Les journalistes doivent

ajouter quelques brèves quotidiennes,l’agence s’occupe du reste. Même si cet apport a un coût élevé (plusd’une dizaine de milliers d’euros pour la création et l’animation du site, selon Pierre Archet), « il  durera  le  temps  qu’il  faudra,ajoute-t-il. Le  temps  que  les  journalistes s’approprient le site. »En 2013, le Journal d’Ici a échappé à l’effon-drement des ventes en presse écrite (+6,55 %avec 6182 exemplaires selon l’OJD). Au premier semestre 2014, la progression reste àla hausse. « Je suis convaincu que le journal a encore de la marge, espère Pierre Archet. Lesite  internet  va  permettre  d’attirer  de nouveaux  lecteurs,  probablement  plusjeunes. »  Au-delà du contenu interne classique, lejournaldici.com offre un contenu externeentièrement original : petites annonces, blogsannexes, agenda des associations locales...«Le but est d’attirer des lecteurs par d’autresbiais», précise Pierre Archet, qui anime sur lesite un blog sur la justice.«Et grâce à la version numérique, les Tarnaisexpatriés pourront continuer à suivre l’actua-lité de leur département.»

NNIICCOOLLAASS GGOOSSSSEELLIINNPierre Archet connaît son nouveau site (lejournaldici.com) vraiment sur lebout des doigts.

LE TARN VERSION 2.0

LE JOURNAL D’ICI POSE SON EMPREINTE DIGITALE

«Il faut que les journalistesprennent bien en main l’application.»

Francis Gaunand

ENLIGNE

Page 26: Phrases 2014

Le dossier

26 PHRases/numéro19/juin2014

Community manager, BenjaminPotdevin anime et modère les réseauxsociaux des titres du groupe NordLittoral. Parfois, l’interaction avec lesinternautes fait des étincelles.Fin décembre 2012, La Semaine dansle Boulonnais poste un photo-mon-tage sur la fin du monde où l’ondevine une immense vague engloutirBoulogne-sur-Mer. à l’origine, unmontage anodin, une image décaléepour illustrer avec humour la fin pré-dite par les Mayas. Mais s’en est suivieune déferlante sur Facebook. «Les in-ternautes nous ont injuriés gratuite-ment, se souvient Benjamin Potdevin.Ils nous ont même accusés d’apeurerleurs enfants, de les faire pleurer. »Depuis le développement deFacebook, le travail de communitymanager ne s’est pas simplifié.« Avant, les gens réagissaient sur leforum du site. Nous avions aussi descommentaires haineux, mais nouspouvions les modérer.» Avec le célèbreréseau social, le modérateur de NordLittoral ne peut plus contrôler lescommentaires abusifs en amont : «ondoit les repérer a posteriori ».

« 50% des visiteursviennent de Facebook »Dernier exemple en date : fin mai,répondant au défi Facebook « à l’eauou un resto », un jeune homme de laCôte d’Opale s’est grièvement blessé

après avoir plongé, tête la première,dans une trop faible profondeur d’eau.« Il a subi un traumatisme crânien. Ilne sent plus ses jambes, les gens se sontdéchaînés sur lui, l’insultant. On a eutellement de réactions déplacées (plusde 400 commentaires en quelquesheures), qu’on a été obligé desupprimer le post. »Avec plus de 25 000 fans pour LaSemaine dans le Boulonnais (plus de45 000 au total pour les huit

hebdomadaires de Nord Littoral), leréseau social est parfois ingérable.Mais Benjamin Potdevin préfère ensouligner l’attractivité pour les titres.« 40 à 50 % des visiteurs du site webnous viennent de Facebook. On nepeut pas s’en passer. Nous sommes entrain de développer un module derenvoi des internautes qui aiment unarticle sur le site vers Facebook, pourque ce soit notifié et partagé. »

NNIICCOOLLAASS GGOOSSSSEELLIINN

GESTION DES ABUS

À COMMENTER AVEC MODÉRATIONBUZZPreuve que le réseau social n’est pas qu’un défouloir, le communitymanager se souvient d’uneanecdote originale. «Unefois, une stagiaire serendait sur un fait divers.Elle a photographié unchat intoxiqué, pris encharge par les pompiers.On l’a posté sur Facebook,ça a fait le buzz. Lesinternautes ont été prisd’a*ection pour l’animal.» Cette publication avaitcomptabilisé plus de 1200«J’aime» et a étépartagée par environ 700internautes. Les chats ontdécidémment la cote surla toile.

MAÎTRISER LES RÉSEAUX SOCIAUX«Sur les réseaux sociaux, il faut adapter la bonne conduite etconnaître les codes», souligne Philippe Delavaud, éditeurs des heb-domadaires du groupe Sud-Ouest et président de la commission dedéveloppement au SPHR. Pour les éditeurs, rédacteurs en chef oujournalistes qui ne se seraient pas encore familiarisés avec, entre au-tres, Facebook et Twitter, le syndicat proposera dès septembre pro-chain une formation. «On a l’idée, le projet mais pas encore lecontenu exact, il sera dévoilé très prochainement», a assuré PhilippeDelavaut lors du 41e congrès du SPHR. «Il ne faut pas utiliser les ré-seaux sociaux comme on le fait à la maison.» maîtriser ces outils, comment modérer les commentaires à caractère haineux? Toutesles réponses lors de la formation!

Pour plus d'informations sur les dates et lieux de la formation:SPHR: 01.45.23.98.00 http://www.sphr.fr/

Benjamin Potdevin, community manager de Nord Littoral.

LA SEMAINE DANS LE BOULONNAIS ET FACEBOOK

FANS, JE VOUS AIME Entre fans, commentaires, “likes” et partages, Facebook est devenu un véritable outil de diffusion pour la presse. La page de La Semaine dans le Boulonnais bat des records d’audience sur le réseau social.

En ligne depuis bientôt cinq ans,la page Facebook de La semainedans le Boulonnais connait unfranc succès. Avec aujourd’hui

plus de 25 000 fans, l’hebdomadaire faitfigure de premier de la classe au sein dela Presse Hebdomadaire Régionale.« C’est vrai que ça a bien pris. C’estmonté crescendo, confirme Sylvia Flahaut, la rédactrice en chef. On béné-ficie d’un capital sympathie assez impor-tant à Boulogne-sur-Mer. » Après avoir

passé la barre des 20 000 le 1er avril, lenombre de fans Facebook continue degrimper de jour en jour.

Une méthode bien ficelée Une réussite due en particulier à uneorganisation bien rôdée. « On sort lemercredi, donc on publie surtout lesfaits divers et le sport sur Facebook. Onessaie de ne pas avoir le même contenusur le papier et sur le web. On livre sur-tout l’info en brut sur le réseau social»,

explique-t-elle. Aux côtés de Benja-min Potdevin, (voir ci-dessous) web-master du groupe Nord Littoral, larédaction a dû adapter son emploi dutemps. « On fait beaucoup de teasingsur Facebook. » Et ça marche ! Les commentaires des internautes sontnombreux et les partages atteignentparfois des scores inattendus. « Pour lafin du monde en 2012, nous avions faitun montage photo qui avait fait lebuzz », commente Sylvia Flahaut.

En effet, la publication avait été parta-gée par 655 lecteurs, avec plus de 300commentaires. La rédaction du jour-nal a su tirer de nombreux bénéficesdu réseau social, en y apportant saplume. « On est un peu porte-parole, ily a une dimension sociale dans nos ar-ticles qui intéresse les gens. »Car cette présence sur Facebook aégalement des retombées sur le trai-tement de l’actualité et peut devenirune véritable source d’information.

« On a souvent des messages de personnes qui veulent témoigner. Celapeut donner de bons sujets. Les gensvoient qu’on est présents et ils osentplus », raconte Sylvia Flahaut. Effetcontradictoire, la diffusion du jour-nal a diminué d’environ 4 % en 2013pour atteindre environ 10 218 jour-naux par semaine. Conclusion, onpeut être fan de son hebdomadaire,sans forcément l’acheter.

PPIIEERRRREE--AALLEEXXAANNDDRREE AAUUBBRRYY

Sylvia Flahaut, rédactrice en chef de La Semaine dans le Boulonnais.

Page 27: Phrases 2014

Tisser la toile

27PHRases/numéro19/juin2014

«Avant, on allait récupé-rer des brèves decomptoir au café.Maintenant, notre

page Facebook permet d’avoir desinterlocuteurs facilement et rapide-ment, alors qu’on a de moins enmoins de temps pour aller sur leterrain.» Ce changement d’époqueet d’habitudes est constaté parGilles Queffélec, journaliste encharge de la page Facebook duPontivy Journal.

De son côté, Gurvan Abjean, jour-naliste à La Marne et ancienétudiant à l’ESJ Pro de Lille voitFacebook comme un précieuxatout journalistique : «Début juin2014, il y a eu de violents orages degrêle en Seine-et-Marne avec destoits complètement défoncés. J’ailancé un appel sur Facebook et nousavons obtenu sept photosimpressionnantes d’habitants quiont été ensuite publiées sur le site dujournal. »Mais au final, le classique “appel àtémoins” sur Facebook est moins

utilisé qu’on ne pourrait le croire.Car le plus souvent, les internautesse manifestent spontanément. Unemine de sujets, de portraits, voirede scoops pour un journal. Àcondition de bien entretenir sapage Facebook en adoptant unestratégie de régularité dans lespublications.Lors d’un débat lancé sur l’image duchômeur paresseux se raccrochantaux allocations, un citoyen sansemploi a bondi et témoigné sur lapage Facebook afin de casser cepréjugé. Une aubaine qu’a saisieGilles Queffélec : « J’ai pris contactavec lui. Je l’ai rencontré et j’ai fait sonportrait. »

L’alerte info citoyenneGilles Queffélec ajoute aussi qu’enlisant les commentaires des lecteurs,des idées de sujets peuvent sedégager. Récemment, un Pontivyenrésidant en face d’une anciennepolyclinique désaffectée a exprimépubliquement sur la page Facebookson étonnement face à l’agitationrécente qui y régnait, avecnotamment la présence d’unelumière inhabituelle.« On a mené l’enquête et c’est grâce àlui qu’on a pu décrocher l’infoexclusive qui cachait un projet de ré-aménagement du site en maison mé-dicale », avance le journaliste du

Pontivy Journal. Autre ingéniositéparticipative pouvant dépanner unjournaliste en manque d’illustration :les photos des lecteurs. Gurvan Ab-jean raconte qu’il est déjà arrivé quedes internautes le préviennent spon-

tanément lors d’accidents, et luienvoient des photos. « C’est pratiquede pouvoir compter sur lacommunauté Facebook car on ne peutpas être présent partout et instantané-ment», remarque-t-il. En dépit d’un

déploiement mondial plus souventmis en avant, Facebook est aussi unpuissant réseau social local pour lesjournalistes.

NNIICCOOLLAASS GGAAIILLLLAARRDD

« Balayer notre image plan-plan», c’était l’objectif affiché par larédaction de Liberté, le Bonhomme Libre en lançant, à l’été 2012,une campagne de pub et une stratégie web…surprenante. Grâce à une agence de publicité, le journal hebdomadaire caen-nais a opté pour un canard, à l’image de ceux que l’on retrouvedans nos baignoires ou dans certains… sex-shops, chacun l’in-terprètant comme il le souhaite ! L’idée : être percutant. Couleurs modernes, slogan qui claque, une petite révolutionpour le journal. Il est encore difficile d’évaluer les retombées decette campagne de pub, mais une chose est sûre, l’hebdoma-daire s’est offert une petite cure de jouvence. Concernant les “petits canards”, cela accroche les fans et les fol-lowers sur les réseaux sociaux. Il suffit de consulter la page Fa-cebook du journal pour se rendre compte que les internautesapprécient. Murielle Bouchard, la rédactrice en chef adjointe, pense qu’il y

a pu y avoir « deux, trois réticents. Cependant, les autres onttrouvé que c’était gonflé mais du coup,  marquant. »

Une valeur ajoutéeLe petit canard jaune apporte pourtant une valeur ajoutée. Larédaction ne se contente pas seulement de faire des renvois versleur site via les réseaux sociaux. Chaque semaine, les journa-listes mettent les petits anatidés en situation pour faire du tea-sing sur les articles papiers, ou encore pour annoncer desévénements culturels ou sportifs. Ça ne mange pas de pain, ça fait rire, et cela crée une sorte d’iden-tité au journal. « Il y a une organisation à laquelle on essaie de se te-nir… Trois canards minimum par semaine, mais c’est plus souventsur le terrain que l’on y pense  instantanément. Sinon, en fonction del’actualité, le canard se  balade avec nous», conclut la rédactrice enchef adjointe. AAMMAAUURRYY LLEEGGRRAANNDD

MICRO-TROTTOIR NUMÉRIQUE

FACEBOOK : LA NOUVELLE BOÎTE À IDÉES DES JOURNALISTES LOCAUXTémoignages, idées de sujets, scoops : une page Facebook bien entretenue peut se révéler être une précieuse alliée dans la recherche de sources locales.

Gilles Que�élec, du Pontivy Journal, utilise régulièrement Facebook dans sontravail et assure que le réseau social est devenu un outil non négligeable.

Depuis l’été2012, les pe-tits canards enplastique ontenvahi la ré-daction del’hebdoma-daire caennais,et suivent lesjournalistespartout.

«C’est pratique de pouvoir compter sur la communauté facebook,car on ne peut pas êtreprésent partout.»

STRATÉGIE WEB

LIBERTÉ, LE BONHOMME LIBRE DANS LA MARE AUX CANARDS

Page 28: Phrases 2014

Tisser la toile

28 PHRases/numéro19/juin2014

«Au 65e anniversaire dudébarquement, il n’yavait que Obama. En-fin, c’est une façon de

parler ! », plaisante Murielle Bou-chard de Liberté, Le Bonhomme Li-bre. Ce n’était pas une première surles plages normandes pour la rédac-trice en chef. Mais en l’espace de cinqans, le web a pris de l’ampleur, ame-nant l’hebdomadaire à rendre cetévénement un peu plus multimédia,plus interactif.Les journalistes de la rédaction ontvite franchi le pas de l’instantanéité.« Ils ont été équipés de smartphonesdeux jours avant. Ils ont appris à fairetout ce qu’ils réalisaient sur ordinateur,mais avec leur portable. Tout cela, enune nuit. Il a fallu engranger ces

connaissances très rapidement », ex-plique-t-elle.Composée de six journalistes, épau-lés par deux correspondants et deuxéditeurs du groupe Publihebdos,l’équipe du Bonhomme Libre était surtous les fronts. « Trois journalistesétaient en rédaction pour collectertoutes les photos prises sur place et pu-blier des diaporamas photos surinternet ».

« C’est hyper positif ! »Une stratégie payante pour une ma-nifestation de cette ampleur. « Il y aeu du retour de la part des internautes.Certains nous ont contactés par lasuite ». Une interactivité avec le lec-teur qui a permis au journal de déve-lopper pas mal de sujets. « Lelendemain, quelqu’un nous a appeléspour nous dire qu’il connaissait le pa-rachutiste qui a sauté avec un vétérande 93 ans ». Et un article en pochepour l’hebdomadaire !« On sent que les gens sont impliqués

sur le web. On reçoit beaucoup de mes-sages et c’est hyper positif ! », s’exclamela rédactrice en chef.Parfois avec les moyens du bord, larédaction a souhaité montrer à seslecteurs qu’elle était bel et bien pré-sente sur la toile, avec son côté décalé.« Nous avons réalisé des “selfies” aumilieu de la foule pendant les commé-morations. Les lecteurs pourront les re-trouver sur le journal. C’est une autrefaçon de dire que nous sommes pré-sents sur Twitter », raconte MurielleBouchard.Même si les retombées sur les réseauxsociaux restent « décevantes » quantau nombre de nouveaux fans Face-book du journal, l’événement aura aumoins permis à l’hebdomadaire de serapprocher de ses lecteurs, de garderle contact avec eux. « Il y avait uneémotion importante. On était tous surles rotules », rapporte-t-elle. Un D-Day 2.0 qui restera dans les mémoiresde la rédaction caennaise.

PPIIEERRRREE--AALLEEXXAANNDDRREE AAUUBBRRYY

Il y a les passionnés qui regardentles matchs à la télévision, les mordus qui les écoutent à la radio, et il y a désormais ceux quiles suivent en direct sur internet.Le live (1) est naturellement indiqué pour le traitement des rencontres sportives, même s’il aaussi été largement utilisé lors des dernières élections municipales.Mais apporte-t-il une valeur ajoutée face à un média commela radio ? Luc Farrissier, journaliste auRéveil de Berck, estime que lesondes peuvent être parfois pénibles. « Nous avons constatéque le lecteur était suspendu au filde notre direct. Alors que les journalistes radio sont contraintsde meubler, et l’ambiance du staderend leurs interventionsinaudibles », précise-t-il.Mis en place en 2010 à l’occasion

d’un procès d’Assises, le live a étérapidement utilisé par Le Réveilde Berck pour couvrir les matchsde basket. « Alimenter le fil des commentaires, toutes les trentesecondes, nécessite une grandeconcentration », rappelle le jour-naliste. Toutefois c’est un vrai complément, de l’informationbrute qui n’est pas reprise duprint. » Il confirme un gain d’au-dience considérable. Les visitesont même explosé lorsque le cluba joué la montée.

Suivre un live depuis son portableJulien Veyre, journaliste à Voix del’Ain, réalise des lives de rugbypour les matches de l’US Oyonnax, équipe du Top 14 (pre-mière division). « Le direct sur notre mensuel de rugby est agré-menté par de l’avant match. Il est

suivi par un article bilan sur le sitede Voix de l’Ain, avec des vidéos deréactions, article qui renvoie vers leprochain print », explique le jour-naliste. Un renvoi vers une application poursmartphone, Android et Iphone, estprévu. Cette dernière permet de suivre le match depuis son téléphone, avec des outils comme leclassement à « portée de doigt ». Elleconstitue une vraie plus-value selonJulien Veyre. «Lorsque vous êtes chezdes amis, ou au travail, vous allezplutôt jeter un œil sur l’application,plutôt qu’écouter la radio ! »

GGAAUUTTIIEERR NNAAVVEETT

(1) Traiter en direct, surinternet, un événement sousforme de fil continu decommentaires (à partir deCoveritlive, le plus souvent).

COMMÉMORATION

LE D-DAY 2.0DU BONHOMMELIBRETweets, partages, vidéos, galeries photos... Le 6 juin, la rédaction de Liberté, Le Bonhomme Libre, à Caen, était sur le pied de guerre pour couvrir le D-Day.Un événement majeur retransmis sur la toile par l’hebdomadaire normand. Retour sur le jour le plus long de la rédaction caennaise.

COMMENTER L’ÉVÈNEMENT EN LIVE

LA VALEUR AJOUTÉE DU WEB

La rédaction de Liberté, Le Bonhomme Libre, fière de présenter son supplément sur les 70 ans du Débarquement.

Les journalistes caennais se sont prêtés aujeu des “selfies”. Ici, à l’arrivée du prési-dent Barak Obama. © Twitter @LIBERTE_CAEN

Le live permet de vivre pleinement certaines rencontres sportives, notamment le rugby grâce à Voix de l’Ain.

«Il y avait une émotionimportante. On était tous sur les rotules.»

Murielle Bouchard

Page 29: Phrases 2014

Tisser sur la toile

29PHRases/numéro19/juin2014

Tous se souviennent des oi-seaux d’Hitchcock, s’abattantsur la Californie. La PHR au-rait-elle peur du volatile bleu?

Certains journaux ont pourtant saisil’utilité du réseau social, et s’emploientà en tirer le meilleur. Apprivoisé d’unemanière différente selon les titres,Twitter est une simple reprise du webpour les uns, un moyen plus décalé detraiter l’information pour les autres.Olivier Vassé, rédacteur en chef de LaTribune de Lyon, considère justementce nouvel outil comme un «relais de ladiffusion ». « Chaque journaliste a sonpropre profil, indépendant du compteofficiel du journal. Ils reprennent tousnotre site web», explique-t-il. Une uti-lisation assez classique, une sorte d’ap-pel à naviguer sur le site. Cependantl’outil est plus connu pour despublications originales, notammentde la part de la presse quotidiennenationale.

Le fil continu, en décaléBernard Peyré, journaliste auRépublicain Lot et Garonne, cible desévènements ponctuels, pour lesquelsdes fils continus sont prévus.« Pour le festival Garorock (NDLR : àMarmande) fin juin, nous réalisons desphotos, des publications dynamiques

avec des réactions en continu grâce ànos téléphones », détaille le journaliste.« Notre rédacteur en chef, Ludovic Ro-bet, publie des messages plus originauxparfois, comme lors des élections muni-cipales, mais nous reprenons en règle gé-nérale le contenu du web », admet-il.L’aspect complémentaire de Twitter parrapport au site internet est devenu lefer de lance de certains titres de PHR.Alimenter le fil en permanence, touten conservant la qualité du contenu.« Cette plate-forme permet de traiter lesinformations avec plus d’humour, avecdu contenu qui n’est pas présent dansnotre journal », indique Pierre-OlivierBurdin, journaliste à la Tribune-Bulle-tin Côte d’Azur. L’hebdomadaire éco-nomique peut ainsi balayer l’actualitéde façon encore plus large en complé-ment du web.« En six mois, nous avons doublé notrenombre de followers, sommes passés àprès de mille, grâce à notre présencequotidienne », se félicite Pierre-OlivierBurdin. Le journaliste insiste sur lavisibilité du journal. Twitter permetindirectement d’obtenir de meilleuresventes, et de glaner des abonnementssupplémentaires. Un argumentsusceptible de convaincre les rédac-teurs en chef les plus sceptiques.

GGAAUUTTIIEERR NNAAVVEETT

DU FIL À RETORDRE SUR LES RÉSEAUX SOCIAUX

L’OISEAU TWITTER :ESPÈCE EN VOIE D’APPARITIONLes journaux de PHR ne se bousculent pas sur Twitter. Alimenter un fil d’infos en continu exige un rythme différent de l’hebdo, pour un intérêt qui n’est pas toujours clair pour les éditeurs. Il existe toutefois de bonsélèves tweetos.

Les hebdomadaires ont encore du mal à adopter le rythme de Twitter.

Page 30: Phrases 2014

«L’imprimerie a été créée en 1670 parFrançois Patron, un imprimeur et éditeurqui distribuait sa production jusqu’à Lyon!Et déjà, elle imprimait les journaux del’époque», s’amuse Philippe Bloqué.L’auteur du livre 1903, une imprimeriecoopérative albigeoise, est incollable surl’histoire et l’évolution de l’Imprimeriecoopérative du Sud-Ouest (Icso). «Lejournal Le Tarn libre a été créé au sein del’imprimerie en 1835. Les deux sont indis-sociables», indique l’expert. En 1903, l’ate-lier d’imprimerie passe du statut d’artisanà celui de société en devenant coopéra-tive. Les membres du personnel, les fon-dateurs et les dirigeants insufflent du

capital pour relancer les machines et évi-tent la disparition de l’entreprise. Grâce àce dispositif, le journal dispose d’uneépaule solide sur laquelle se reposer encas de coups durs et inversement. «De-puis sa création, l’imprimerie est restée uneentreprise familiale. À partir des années80, elle a connu un grand développementavec l’offset, la couleur et l’informatisationet la démocratisation du web. Mais elle asu garder son esprit de famille. »

Internet, le loup à abattre?«Nous sommes fortement concurrencéspar internet, déplore Denis Privat, chargéde réaliser les devis pour l’imprime-

rie. Les sites proposent de fabriquer descartes de visite à des prix défiants touteconcurrence, nous ne pouvons rien fairecontre ça.»Pour éviter de se noyer dans la masse desoffres, les ouvriers de l’Icso ont des mé-thodes de travail bien à eux. «Noussommes certes environ 15 à 20% plus chersqu’internet et que les autres imprimeriesde la région toulousaine. Mais nous, nousproposons du sur-mesure, de la qualité.Nous avons une longue réflexion avec nosclients concernant le rendu visuel de leursproduits et nous assurons le service après-vente. »

CCAAMMIILLLLEE RREEDDOOUULLÈÈSS

Impressions

30 PHRases/numéro19/juin2014

Entre IPS et la PHR, c’est unelongue histoire qui s’imprimedepuis des décennies. D’ail-leurs, la presse hebdomadaire

est le secteur qui compte le plus declients pour l'entreprise. «Les hebdo-madaires survivent grâce à l'ancrage àleur territoire, ce qui créé un lectorat fidèle. Nous faisons bien plus qu'impri-mer leurs numéros, nous développonsleurs sites internet et leurs  publicités àleur demande», explique Eric Delattre,nouveau directeur général depuis février 2014. Ainsi, il accompagne lesjournaux dans leur transition numérique, créant des interfaces webde toutes pièces et propose d’y incorporer de la publicité. «Dévelop-per le journal sur le numérique, c'est

 respecter  sa  forme  et  créer  un  lien journalier avec les lecteurs. Sans ça, iln’a qu’une diffusion hebdomadaire etdonc limitée par rapport à ce qu’on a àfaire aujourd’hui. » 

«Le lecteur doit pouvoirchoisir entre le papier et le digital » Et ce lien désormais permanent permet de développer la pub, l'autre cheval de bataille du groupe auquelappartient IPS : Spir Communication.Selon le directeur général, la publicitésur internet génère des revenus importants, mais ce n'est pas des bannières que viennent les fonds.«Nous avons développé l'e-mailing  : lejournal envoie des mails à ses abonnés,

comportant  des  publicités  locales  et ciblées  en  fonction  du  lecteur.  Celafonctionne très bien et les lecteurs ne sesentent pas submergés par la pub, grâceà l'ancrage  territorial. » 

L'imprimerie high-tech Ce territoire dans lequel s’ancrent leshebdos est aussi une cible pour l'im-pression numérique. Mais pour lapresse, il faudra attendre encorequelques années, l’entreprise n'est paséquipée pour imprimer numérique-ment des titres de presse : «Nousavons  besoin  de  rotatives  plus importantes pour passer à des milliersd'exemplaires.» Pour le moment, seulsquelques suppléments et journauxd’entreprises y ont droit.

La différence avec l’impression tradi-tionnelle réside essentiellement dansles quantités imprimées : une centained'exemplaires contre plusieurs millierspour la méthode classique. «Nous imprimons principalement des flyers, prospectus ou de petits magazines, enformat A3 ou A4», explique la direc-tion de l'imprimerie de Picardie. L'impression numérique permet également de créer des “données variables”, c'est-à-dire de modifierl'image imprimée à chaque exem-plaire, de modifier des passages detextes. Un procédé qui permet de cibler un lectorat et donc d'apporterde la valeur ajoutée aux documents imprimés.

CCHHLLOOÉÉ DDEEQQUUEEKKEERR

UNE IMPRIMERIE FAMILIALE

ICSO, TROIS SIÈCLES DE CARACTÈRES

Éric Delattre a pris ses fonctions de directeur général en février.

Depuis février 2014, il y a dunouveau chez IPS. Eric Delattre, 43 ans, a éténommé directeur général dupôle industriel ettechnologique du groupeSpir Communication(groupe auxquellesappartiennent lesimprimeries IPS). Il succèdeà Sandro Cerminara. Sontravail : gérer la fabricationdes contenus print et numérique de journaux,mais aussi la publicité.

LE CHOIXDU SUPPORTLa PHR n'est pas le seul client de l'entreprise, elledéveloppe également desmagazines tels que Top (TopAnnonces sur internet). Desflash codes ont été incorpo-rés aux formats papiers pourpermettre aux lecteurs d'ac-céder directement aux sitesinternet et de les diriger versd'autres produits. «Le lecteurdoit pouvoir choisir entre lepapier et le digital», note ledirecteur général.

Les rotatives se situent juste à côté de la rédaction.

MULTITÂCHES

IPS : L'IMPRIMERIEQUI A PLUSIEURS CORDES À SON ARCIl est loin le temps où IPS n’était qu’imprimeur. Aujourd’hui, de la création de sites web à la publicité, place à la diversification !

Page 31: Phrases 2014

31PHRases/numéro19/juin2014

Aux antipodes destechnologies nouvelles,le Démocrate de l’Aisneest le seul journald’Europe à encoreutiliser les procédésd’impression du débutdu XXe siècle.Un savoir faire uniqueque la petite équipedu journal tient àpréserver.

Vervins est une paisiblecommune de quelques3000 âmes, en pleincœur de la iérache,

région vallonnée du nord del’Aisne. Derrière le palais dejustice, particulièrement impo-sant pour une petite ville, setrouve un atelier qui serait desplus anodins s’il n’abritait pas ledernier journal d’Europeimprimé aux caractères de plomb.Le silence est maître dans l’atelierdu Démocrate de l’Aisne.Dominique Picard et Alainiery, les deux typographes,placent avec minutie les centainesde caractères de plomb sur lesquatre plaques qui constituerontle futur numéro de l’hebdoma-daire.

Chaque article forme un blocavec une pièce de plomb pourchaque lettre, tous inversés doncdifficilement lisibles pour un œilnon exercé. « Je fais ce métierdepuis 43 ans, commenteDominique Picard, je n’ai aucunproblème pour lire un texte àl’envers. » Il vaut mieux, car à lamoindre faute c’est tout un blocde texte qu’il faut recommen-cer. « Si l’on ne corrige pas les

erreurs, ça provoque un décalagedans le lignage du texte, au risqueque la page entière soit à refaire »,explique Alain iery, imprimeurretraité qui aide à la préparationdes pages bénévolement. Ici, pasd’ordinateur, et pas de correctionrapide possible. Les deux typo-graphes doivent faire preuved’une méticulosité maladive.

Gutenberget la bête humaineUne fois les quatre plaques termi-nées, Dominique Picard lesmartèle avec son décognoir,marteau incurvé qui sert à alignerles milliers de caractères pouréviter qu’un seul d’entre eux nedépasse des autres, au risque dedéchirer le papier lors de l’im-pression. Il faut ensuite placer lesplaques, pesant près de quarantekilos chacune, sur la rotative aufond de la salle. Cette impression-nante machine est aussi vieilleque le journal fondé en 1906.« On en prend grand soin, car si lamoindre pièce casse, c’est leparcours du combattant pour enretrouver une en bon état », com-mente Dominique Picard. « En2006, nous avons eu un problèmedu genre, et nous avons dû remet-tre en marche une rotative pluspetite pour compenser. Il fallaitfaire le pliage des journaux à lamain. Mais le journal est toujoursparu à temps ! »

Après les derniers réglages tech-niques effectués, la machineinfernale se met en marche,rompant avec le silence apaisantde l’atelier. Les lourds rouagestournent à plein régime, commeune locomotive à vapeur lancée àtoute vitesse. Le long rouleau depapier blanc se déroule, aurythme des plaques encrées, avantd’être coupé et plié.Les journaux imprimés, quatrepages sans photo, sortent les unsaprès les autres, sous le regard

bienveillant de Jacques Piraux, ledirecteur de la publication. «Cetterotative imprime 1200 journauxen une petite demi-heure »,s’amuse-t-il. Pas mal pour unevieille dame centenaire !Pourtant Jacques Piraux nepensait pas garder cette technolo-gie ancienne à son arrivée à la têtedu journal, en 1988. Mais lejournaliste à la barbe “Troisièmerépublique” a petit à petit désiréconserver ce patrimoine d’excep-tion. « Un journal permet des liens

entre les gens, ce qui n’est pas le casd’internet selon moi. Je crois encoreà la lecture de la presse papier. »

Un journal muséeL’hebdomadaire, aujourd’hui por-té par l’association des Amis duDémocrate de l’Aisne, continueson bonhomme de chemin, dis-tribué par courrier à ses fidèlesabonnés (on ne le trouve presquepas en kiosque), attirant réguliè-rement les curieux, amateurs demécaniques anciennes comme leslinotypes, machines à écriregéantes pour caractères de plombqui permettent de constituer lesfameuses plaques à imprimer.Mais le journal n’est pas un mu-sée… du moins pas encore. De-puis plusieurs années, JacquesPiraux rêve d’un projet de muséede l’imprimerie. « J’ai rendez-vousavec un architecte dans quelquessemaines. Si ça se concrétise, il yaurait une salle d’exposition et uneautre pour diffuser tous les films etreportages sur le journal. »Mais pas question de ranger LeDémocrate sous une cloche deverre : « Il existe depuis plus d’unsiècle, j’espère qu’il tiendra cent ansde plus ! », s’enthousiasme JacquesPiraux. Un siècle de plus à enten-dre le bruit de l’assemblage descaractères de plomb et à sentirl’inimitable odeur de l’encrefraîche.

KKÉÉVVIINN LLOOUURREENNÇÇOO

«À la moindre erreur, la page peut être à refaire.»

Dominique Picard

LE PETITJOURNAL DE PLOMB

VOYAGEDANS LE TEMPS

Impressions

Alain Thiery et Jacques Piraux inspectent un numéro du Démocrate fraîchement imprimé.

Page 32: Phrases 2014

MaïtéBarbier06 58 69 34 [email protected]@maitedbm

Sandrin

e

Cavé

0626 45 3

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cave.s@

orange

.fr

NicolasGosselin06 30 45 01 22

[email protected]

CharlotteProvin

06 73 95 67 65

[email protected]

@provin_c

Le trombinoscope

32 PHRases/numéro19/juin2014

LE RÉSEAUHYPER

CONNECTÉDE LA

19E PROMOPHR

CharlotteProvin

06 73 95 67 65

[email protected]

@provin_c

NicolasGosselin06 30 45 01 22

[email protected]

MaïtéBarbier06 58 69 34 [email protected]@maitedbm

Sandrin

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Cavé

0626 45 3

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GautierNavet

06 10 45 19 [email protected]

Amaury

Legrand

06 73 1554 44

alegrand

[email protected]

om

@Amaury_Leg

rand

KévinLourenço06 27 91 85 [email protected]@KevSunto

KévinLourenço06 27 91 85 [email protected]@KevSunto

Page 33: Phrases 2014

ChloéDequeker06 79 45 04 72

[email protected]@chloedqkr

LucasGellé06 18 10 67 [email protected]@lucgelle

Pierre-AlexandreAubry

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CamilleRedoulès06 76 34 42 [email protected]

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AndréaDevulder06 31 28 85 82

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33PHRases/numéro19/juin2014

Ce ne sont pas desgeeks, mais presque.Les étudiants 2.0de la 19e promotionPHR de l’ESJ Lilledébarquent dans vosrédactions.Twittophiles avérés,likeurs compulsifs,ou encore réalisateursen herbe… La sphèreweb est devenuel’antre de ces jeunesjournalistes.N’hésitez plus,followez-les !

LucasGellé06 18 10 67 [email protected]@lucgelleChloé

Dequeker06 79 45 04 72

[email protected]@chloedqkr

AndréaDevulder06 31 28 85 82

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Pierre-AlexandreAubry

06 12 80 06 69

[email protected]

@PAAubry

CamilleRedoulès06 76 34 42 [email protected]

@camilleRdls

AlexandraReymond06 06 90 61 [email protected]

@sachaardri

AlexandraReymond06 06 90 61 [email protected]

@sachaardri

NicolasGaillard

06 43 23 85 [email protected]

@NG_nico_

NicolasGaillard

06 43 23 85 [email protected]

@NG_nico_

Page 34: Phrases 2014

PHRASTIQUE

LES ANCIENS S’EN SOUVIENNENT

«La genèse du projet remonte àde longues discussions avec -Jean-Pierre de Kerraoul », ra-conte avec engouement

Patrick Pépin, directeur de l’ESJ Lille de1990 à 1997. « Nous sommes partis duconstat que la PHR manquait de per-sonnes qualifiées. » De cette collaborationnait une idée : créer un cursus spécialiséd’un an, formant des professionnels del’information locale. « Les étudiants del’ESJ ne souhaitaient pas, en sortant del’école avec un bac +5, se retrouver dansdes petites rédactions pour traiter de l’in-formation de proximité… », expliqueJean-Pierre de Kerraoul. L’idée novatriceva cependant devoir surmonter plusieursobstacles avant de s’imposer.

Une formation au rabais ?De la théorie à la pratique, la route futlongue pour voir la filière PHR aboutir.« Les syndicats s’opposaient à cettenouveauté, j’ai même dû passer devant leSNJ pour expliquer notre démarche »,ajoute Patrick Pépin. « Le conseil d’admi-nistration de l’école composé d’anciensélèves de l’ESJ craignait que la formationentache la réputation de l’école. »Dès lors, un long travail de discussioncommence pour convaincre les différentsacteurs, expliquant que l’école gagnerait àdévelopper un cursus spécialisé dansl’information locale. Patrick Pépin pourl’administration et les syndicats dejournalistes d’un côté, Ismène Vidal ainsique Jean-Pierre de Kerraoul, respective-ment directrice et président du SPHR àl’époque, de l’autre. Les arguments fontmouche. Les craintes des uns dissipées etl’enthousiasme des autres grandissant,reste à trouver des financements pour la

formation. « Nous voulions permettre àtous d’intégrer la filière, pour avoir une di-versité de profils. Si les étudiants avaientdû payer le coût réel de l’année, la sommeaurait été supérieure à une année de la for-mation généraliste. Nous devions trouverdes financements extérieurs », expliqueJean-Pierre de Kerraoul.

Des débuts difficilesUn premier financement pour trois ansd’existence est trouvé. Philippe Martin, in-tervenant ESJ Pro élabore le programmepédagogique et en septembre 1995, la pre-mière promotion PHR fait son entrée au50 rue Gauthier-de-Châtillon. Enfin, pastout à fait. La filière est d’abord accueilliedans les annexes de l’école en étant ratta-chée à l’ESJ Pro, entreprise à part entièrespécialisée dans la formation profession-nelle. Les contacts entre nouveauxarrivants et les étudiants “historiques” del’école sont rares. Il faudra attendre 1997 etle déménagement de Science Po pour in-tégrer la filière PHR dans le bâtiment cen-tral de l’ESJ.En parallèle, la pérennisation des parte-nariats extérieurs permet à la formationde perdurer. « Nous étions partis sur troisans, puis quatre et cinq… Et maintenant

nous allons fêter les 20 ans», s’enorgueillitPatrick Pépin.

Une nouvelle approcheEn plus d’apporter un bagage polyvalent àses étudiants, la filière PHR a permis d’in-troduire la notion de proximité à l’ESJ.« Jusqu’ici, les étudiants généralistes tra-vaillaient beaucoup sur les grands pro-blèmes mondiaux. Avec cette notion delocal, les thématiques régionales se sontdéveloppées et elles font désormais partieintégrante des programmes pédagogiques.»Aujourd’hui, la formation fonctionne enpartenariat avec l’université Lille 3.L’information numérique, le multimédiamais aussi la familiarisation à l’audio oula vidéo sont désormais les grandesthématiques de cette filière. Toujours àl’affût des évolutions du métier, vingt ansaprès, la filière PHR est synonyme d’unegrande polyvalence, de qualification etd’une passion pour l’actualité locale inta-

rissable. C’est à n’ enplus douter : le cursusPHR est désormaisune formation à partentière de l’ESJ deLille.

LLUUCCAASS GGEELLLLÉÉ

20 ans de PHR

34 PHRases/numéro19/juin2014

ANNIVERSAIRE

UNE PHRATRIE VIEILLE DE VINGT ANS La filière PHR de l’ESJ Lille accueillera sa vingtième promotion en septembre 2014. À l’origine du cursus, une volonté d’apporter à la presse hebdo régionale de futurs journalistes formés spécialement à l’information locale.

À l’époque, je voulais devenir journalistedepuis un moment. J’ai vu l’annoncedans un hebdomadaire et cela me paraissait intéressant. Cette année à l’ESJ a été primordialepour moi. Cela aurait été plus compliquéde décrocher un premier contrat sanscette formation. C’est une bonne caisseà outils pour commencer. On est dans le concret, surtout aprèsmes quatre années passées en faculté. Ily avait une volonté des éditeurs de fairebouger les lignes et c’était la bonneformation au bon moment pour moi. Lesjeunes journalistes d’aujourd’hui arriventau bon moment pour le web.

J’ai fait cette formation en sortantde ma Maîtrise de sciencespolitiques. L’été, j’ai travaillé àl’Aisne Nouvelle et j’ai croiséGaëlle Caron, journaliste à La Voixdu Nord qui sortait tout juste dela PHR. Elle m’a vivementconseillée de passer le concours,que j’ai eu. Je me souviens d’uneambiance très conviviale, le côtéprofessionnalisant est trèsagréable, surtout pour moi quiarrivais de la faculté. Mon meilleur souvenir reste celuidu congrès qui se déroulait àMontpellier cette année-là… Ausoleil !

À l’occasion du vingtième anniversaire de la formation, l’École Supérieure de Journalisme de Lille se prépare à célébrer l’évènement. Au mois de mai 2015, les anciens de la filière seront invités pour sou;er ensemble les bougies de la vingtaine.Des informations plus précises suivront dans les mois qui viennent.Restez à l’a8ût...

FÊTONS ÇA ! Patrick Pépin(àgauche) et Jean-Pierre de Kerraoul ont contribué à la création de la filière PHR.

La 5e promotion (1999-2000)

La 10e promotion (2004-2005)

La 11e promotio

n (2005-2006)

SSTTÉÉPPHHAANNIIEE ZZOORRNN55EE PPRROOMMOOTTIIOONN PPHHRR ((11999999--22000000)),,CCHHEEFF DD’’ÉÉDDIITTIIOONN ÀÀ LLAA VVOOIIXX DDUU NNOORRDDDDEE CCAAMMBBRRAAII..

BBEENNOOIITT CCAANNTTOO11RREE PPRROOMMOOTTIIOONN PPHHRR ((11999955--11999966)),,EEDDIITTEEUURR DDEESS JJOOUURRNNAAUUXX DDUU GGRROOUUPPEEPPUUBBLLIIHHEEBBDDOOSS..

Page 35: Phrases 2014

20 ans de PHR

35PHRases/numéro19/juin2014

Engagé à l’occasion de l’ouverture de cettefilière, Frédéric Baillot a connu les débutshouleux d’une formation qui n’était pas forcément la bienvenue à l’école. «On a essuyé les plâtres au départ. La formation déplaisait beaucoup, elle était considéréecomme une formation au rabais. Les étu-diants avaient cours dans les annexes del’école et n’avaient pas de contact avec les

étudiants généralistes. Cultiver l’informa-tion de proximité c’était quelque chose denouveau à l’école puisque jusque-là les étudiants étaient plutôt amenés à réfléchirsur les grands problèmes mondiaux. Mais,même 20 ans après, tous ceux qui sont passés par cette formation gardent de trèsbonnes relations entre eux et avec l’école.»

TÉMOIGNAGES

À LA TÊTE DE LA FILIÈRE

«Je connaissais peu la PHR avant d’arriver à ceposte. Ancienne chef d’agence à Lille pour NordEclair, je suis allée vers ce poste de responsableavec beaucoup d’enthousiasme et de curiosité. Jetrouvais que c’était un beau challenge. J’aime lejournalisme de proximité. Le lien social et humainest primordial dans ce métier.

Actuellement, l’enjeu de la formation, c’est le web.Il va être davantage développé dans les futurespromotions. Forcément, mon meilleur souvenir reste mon pre-mier congrès au Touquet en 2013. Je retrouvais lerush de la PQR, ce sont des moments forts. Onétait dans le jus.»

Succédant à Erwann Gaucher, Sylvie Larrière a œuvré pour l’intégration de la fi-lière au sein de l’école. «En tant qu’an-cienne étudiante journaliste scientifique,j’étais à l’école lorsque la filière PHR a étécréée. Je connaissais déjà un peu la forma-tion en arrivant. D’autant plus que je cô-toyais le milieu de l’édition. En six ans à latête de la formation, un gros travail a étéréalisé sur l’intégration. Ce sont des choses

symboliques mais participer au conseil pédagogique, assister à la journée d’inté-gration ou encore aux soirées, ça permettaitaux étudiants de se rapprocher de la filièregénéraliste. Sur le contenu, le multimédiaentamé avec Erwann Gaucher s’est nette-ment développé. Les intensives ont fait leurapparition et pour la première fois, les PHRont travaillé conjointement sur les électionsprésidentielles et municipales.»

J’ai choisi cette filière car c'est la seulede France, qui dans une seule année,permet de recevoir une solideformation. Ce qui nous permet d'être aufinal des couteaux suisses de l'infolocale. Le tout avec les standards del'ESJ Lille. J’ai trop de souvenirs, jepourrais remplir un canard entier avec !On va me dire que j'idéalise ces moispassés à l'école, sûrement un peud'ailleurs en toute franchise, mais à yréfléchir, il n’y a que des bons momentsqui me reviennent à l'esprit. Toutd'abord la chance d'avoir été dans unesuper promo avec des personnesvraiment géniales. Nous avons eu noshauts et nos bas, mais des galères sansnom pendant les intensives aux soiréesdans les bars lillois, je garde tout !

Je voulais devenir journaliste depuis le collège. Quand j'ai découvert cettefilière, je me suis dit que c'était unepetite porte d'entrée sympa vers lemétier. La PHR pour débuter ensomme. Et finalement, comme j'aiintégré un journal dynamique, j'y suisresté. L’année fut passionnante... etpresque trop courte. Un de mesmeilleurs souvenirs concernel'intensive sur la présidentielle de2007 que nous avions suivi avec lesgénéralistes. Avec des très bonsintervenants et un superbe espritcollectif avec les autres élèves, c’étaitpassionnant ! J’ai gardé d’excellentscontacts avec certains généralistesgrâce à ces semaines-là.

«Je suis arrivé en tant que responsablelorsque Frédéric Baillot quittait le posteaprès avoir porté la filière à bout de brasdepuis le départ. En tant qu’ancien de la filière PHR, j’ai mis un point honneur à cequ’on développe le web. Et on ne s’était pastrompé ! De ces deux ans je garde un bonsouvenir des bouclages d’intensives. C’est le

moment où tous les enseignements se met-tent en musique, c’est une ambiance unique.J’ai une pensée particulière pour FrédéricBaillot qui suit toujours la filière avec intérêtmais aussi pour Laurent Brunel qui doit êtrecelui qui s’investit le plus encore aujourd’huien tant qu’intervenant pour la formation.»

LAURIE MONIEZ, CORRESPONDANTE RÉGIONALE POUR LE MONDE, RESPONSABLE DE LA FILIÈRE DEPUIS 2013

FRÉDÉRIC BAILLOT, RESPONSABLE DE LA FORMATION À DISTANCEDE L’ESJ LILLE. RESPONSABLE PHR DE 1995 À 2004.

ERWANN GAUCHER, DIRECTEUR ADJOINT DES SITES RÉGIONAUXCHEZ FRANCE TÉLÉVISIONS. RESPONSABLE PHR DE 2004 À 2006

SYLVIE LARRIÈRE, RESPONSABLE INTERNATIONAL DE L’ESJ LILLE. RESPONSABLE PHR DE 2006 À 2013.

Dure mission que de tenir la barre de la filière PHR. Depuis sa création en 1995, quatre responsables se sontsuccédés. Quatre personnalités qui ont marqué ou marquent encore la formation en indiquant le cap à suivre.

La 18e promotion (2012-2013)

La 17e promotion (2011-2012)

La 12e promotio

n (2006-2007)

JJUULLIIEENN VVEEYYRREE1122EE PPRROOMMOOTTIIOONN PPHHRR ((22000066--22000077)),,JJOOUURRNNAALLIISSTTEE ÀÀ VVOOIIXX DDEE LL’’AAIINN..

MMAATTHHIIEEUU HHOOUUAADDEECC1166EE PPRROOMMOOTTIIOONN PPHHRR ((22001100--22001111)),,JJOOUURRNNAALLIISSTTEE ÀÀ LLAA SSEEMMAAIINNEEDDEESS PPYYRRÉÉNNÉÉEESS..

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