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Le magazine du Credit Suisse depuis 1895 plus Baromètre des préoccupations du Credit Suisse 2011 Préoccupations suisses Leur identification, un pas vers la solution

plus - Credit Suisse · Ces inquiétudes quant à l’évolution d’un monde globalisé sont à prendre au sérieux. La peur est mauvaise conseillère. L’histoire nous apprend

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Le magazine du Credit Suisse depuis 1895

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Baromètre des préoccupations du Credit Suisse 2011

Préoccupations suissesLeur identification, un pas vers la solution

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ImpressumEditeur Credit Suisse SA, case postale 2, 8070 Zurich Rédaction Andreas Schiendorfer, Michael Krobath (Corporate Communications), Urs Reich (Public Policy) Internet www.credit-suisse.com/barometre/preoccupations Conception et mise en page www.arnold.inhaltundform.com Impression Swissprinters Zürich AG Adaptation française Service linguistique du Credit Suisse Photographes Martin Ruetschi, Keystone (couverture), Credit Suisse (p. 3), Alessandro Della Bella, Keystone (p. 4/5), Martin Stollenwerk (p. 10), Arno Balzarini, Keystone (p. 12/13), Heike Gasser, ex-press (p. 15), Martin Ruetschi, Keystone (p. 16/17), lenzlinger.ch (p. 19)

6720jours consacrés au bénévolat dans des organisations à but non lucratif

Un engagement important Le Credit Suisse est l’une des entreprises les plus en-gagées en matière de Corporate Voluntee-ring. En 2010, ses collaborateurs ont consa-cré au total 6 720 jours de béné volat auprès de partenaires tels que la CRS, le WWF ou le Projet Forêt de montagne. Les horaires de travail d’environ 300 collaborateurs ayant un mandat politique ont été aménagés.

174 000 000kilowattheures produits par des centrales hydroélectriques certifiées

Bilan climatique neutre dans le monde entier Grâce à l’initiative Credit Suisse Cares for Climate, le Credit Suisse affiche un bilan neutre en matière d’émissions de gaz à effet de serre. En Suisse, cet objectif important a été atteint dès 2006. La totalité de notre électricité en Suisse provient de sources d’énergie renouvelables. Le Credit Suisse est l’un des premiers investisseurs en surfaces de bureaux respectant le label Minergie (plus de 355 000 m²).

34 000clients accueillis chaque jour aux guichets

Une banque présente dans toute la Suisse et proche de ses clients Depuis 1856, le Credit Suisse est resté proche de ses clients avec des succursales dans quel-que 200 communes et villes suisses. Pré-curseur dans le domaine de l’accessibilité parmi les grands établissements financiers, le Credit Suisse permet l’accès à ses ser-vices aux personnes handicapées et à mobi-lité réduite depuis plusieurs années.

15 500fournisseurs, dont une majorité de PME, pour 2,4 milliards de francs d’achats

Un acheteur de poids et un maître d’ou-vrage important Le Credit Suisse compte parmi les plus gros acheteurs de Suisse où il dépense 2,4 milliards de francs en biens, services et licences. Les travaux se chiffrent chaque année à environ 430 millions de francs.

Tous les chiffres sont tirés de la brochure « Le Credit Suisse en Suisse » et du rapport « Responsabilité d’entreprise ». Ils sont actualisés chaque début d’année.

30 000 000francs pour lutter contre le chômage des jeunes en Suisse

Tous unis contre le chômage des jeunes Le chômage des jeunes demeure un phénomène préoccupant. Le Credit Suisse, qui engage entre 80 et 90% de ses apprentis au terme de leur formation, pro-pose 25% de places d’apprentissage en plus jusqu’en 2012. Epaulé par des parte naires compétents, le Credit Suisse combat le chô-mage des jeunes dans tout le pays en met-tant à disposition un budget de 30 millions de francs.

55%part des deux grandes banques dans les crédits aux PME non couverts

Les grandes banques très actives dans le segment des PME Même pendant la crise financière de 2008, les deux grandes banques ont fait preuve de mesure dans leurs affaires de crédit, évitant toute con traction. En 2010, plus de 34% des crédits accordés aux PME provenaient des deux grandes banques (87 milliards de francs). Pour les crédits non couverts, la part des deux grandes banques grimpe même à 55%.

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Credit Suisse bulletin plus | Baromètre des préoccupations | 3

Editorial René Buholzer, responsable Public Policy Credit Suisse SA

Mettre à profit ses atouts, saisir les opportunités, rester ouvert

Selon le Baromètre des préoccupations, le chômage et l’évolution économique sont actuellement les principales préoccupations de la population suisse, ce qui ne consti-tue pas une surprise. La partie de l’enquête sur l’identité suisse montre une consé-quence de ces inquiétudes. Les Suisses sont conscients de leurs points forts et font confiance à la marque « Suisse », tandis que leur défiance vis-à-vis des autres pays et des marchés mondiaux augmente. Avoir conscience de ses atouts est positif, car ils peuvent nous faire avancer. Toutefois, le repli sur soi va de pair avec le risque de manquer des opportunités, simplement par peur.

Ces inquiétudes quant à l’évolution d’un monde globalisé sont à prendre au sérieux. La peur est mauvaise conseillère. L’histoire nous apprend qu’un pays innovant comme la Suisse est paré pour relever les défis à venir. Rappelons-nous Alfred Escher. Patriote à l’esprit ouvert, il s’inquiétait de voir la Suisse contournée. La seule option était de construire une ligne de chemin de fer à travers les Alpes. A l’époque, le pays ne disposait ni de l’école d’ingénieur, ni de l’établissement financier nécessaires pour réaliser un tel ouvrage. La solution fut aussi géniale que simple : Escher nous a offert le tunnel du Gothard, mais aussi des institutions renommées dans le monde entier comme l’EPFZ et le Credit Suisse.

Outre la capacité d’innover, l’ouverture aux étrangers ainsi qu’à leurs idées et à leur talent a de tout temps contribué à la réussite de la Suisse. Les exemples sont légion. Nestlé a été fondé par un entrepreneur d’origine souabe appelé Heinrich Nestle. A l’origine de BBC, connu aujourd’hui sous le nom d’ABB, se trouvaient l’Anglais Charles Brown et l’Allemand Walter Boveri. Les peurs actuelles ne doivent pas être ignorées, mais les solutions radicales sont contre-productives. Au lieu de dénoncer la libre circulation des personnes avec l’UE, il faut s’attaquer aux problèmes concrets.

Pour que nous puissions continuer d’être fiers de la marque « Suisse » et de la réus-site de notre pays, nous devons préserver notre esprit d’innovation et rester ouverts à la nouveauté. Le Credit Suisse entend suivre l’illustre exemple, en mettant notam-ment à disposition du capital-risque destiné à promouvoir les jeunes PME innovantes en collaboration avec le SVC. Pour la simple raison que nous croyons en la Suisse et en ses capacités.

Photo de couverture :

le Baromètre des préoccupations du Credit Suisse

aide à résoudre les problèmes de la Suisse.

Le Baromètre des préoccupations du Credit Suisse Pour le compte du bulletin du Credit Suisse, l’institut de recherche gfs.bern, sous la direction de Claude Longchamp et Lukas Golder, a interrogé un échan-tillon représentatif de 1000 personnes entre le 1er et le 28 août 2011. Les réponses, fournies par 700 germano-phones, 250 francophones et 50 italo-phones, ont fait l’objet d’une analyse scientifique. L’erreur d’échantillonnage statistique est de +/– 3,1%. Elle s’élève à 6,3% pour le groupe de 250 et à 14,1% pour celui de 50. D’un point de vue scientifique, les réponses concernant la Suisse romande et le Tessin ne sont donc pas représen-tatives et doivent être interprétées avec prudence.

Ce rapport, de même que de nombreux graphiques supplémentaires, peuvent être consultés sur le site www.credit-suisse.com/barometre/ preoccupations et comparés à des enquêtes antérieures. Le Baromètre de la jeunesse du Credit Suisse, dont les résultats sont publiés ici, www.credit-suisse.com/barometre/jeunesse, fournit également des résultats intéres-sants.

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Baromètre des préoccupations 2011 du Credit Suisse

Le chômage fait toujours peurPour la première fois depuis huit ans, le Baromètre du Credit Suisse fait état d’un changement dans les trois préoccupations majeures. Et les questions concernant l’économie et l’immigration acquièrent davantage d’importance aux yeux de la population suisse.

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mier étant celui de 2007. Il faut toutefois éviter d’en déduire une hausse dramatique de la xénophobie. On constate plutôt un déplacement du débat vers l’immigration légale fondée sur la libre circulation des personnes, un sujet qui n’a plus rien à voir avec les épineux problèmes d’autrefois liés au racisme / à la xénophobie et aux réfugiés / politique d’asile ; avec 4% et 21%, ces deux derniers thèmes se situent nettement en des-sous de la moyenne à long terme.

Même si l’arrivée d’une main-d’œuvre hautement qualifiée est vitale pour l’économie helvétique, ces préoccupations doivent être prises au sérieux. D’autant que des études ont révélé dans certaines branches une pression considérable sur les salaires due à l’immigration. Néanmoins, pour l’instant, l’évolution des salaires n’est pas considérée comme une pré-occupation essentielle : à 14%, on est au-dessus du résultat de 2010 (+7%), mais en deçà de la moyenne à long terme (–8%).

La cohabitation, qui ne se rapporte pas seulement à d’éventuels fossés entre les régions linguistiques mais qui inclut aussi l’intégration, n’est pas non plus perçu comme un problème majeur (8%, +3%).

La crise conjoncturelle nourrit les craintes

Jusqu’à présent, les préoccupations économiques des Suisses s’exprimaient presque exclusivement dans la prépon-dérance accordée au chômage. L’inquiétude sur l’évolution économique n’avait dépassé les 20% qu’à deux reprises, en 2005 et en 2009. Cette année, cette valeur a grimpé en flèche pour atteindre le record de 35% (+23%). Etonnam-ment, le nombre de réponses pour « interdépendances mon-diales » (13%, –1%) et « UE / accords bilatéraux » (14%, –9%) a reculé. Pourtant, la crise monétaire et bancaire mondiale est clairement montrée du doigt (30%, +17%) comme princi-pal coupable du contexte défavorable. Du point de vue du Credit Suisse, il y a matière à se réjouir : la population consi-dère la situation de manière très différenciée, continue d’ac-corder une grande confiance aux banques et reste fière de la place financière (voir pages 14 et 17).

En raison des incertitudes économiques, l’intérêt pour les questions environnementales reste en deçà de ce que l’on pourrait attendre au vu du débat sur le climat et des interro-gations accrues sur la sécurité nucléaire. Ces questions restent néanmoins pertinentes pour environ un huitième de la population : 16% mentionnent la protection de l’environne-ment (–2%), 15% les questions énergétiques (+4%). En 1988 et 1995, plus de la moitié (56% en moyenne) était préoccu-pée par l’environnement.

Entre juin et septembre, le taux de chômage en Suisse est resté à 2,8%. Un chiffre bas en compa-raison internationale, mais aussi pour le pays lui-même, qui enregistre ainsi une baisse d’environ 1%

par rapport aux deux dernières moyennes annuelles (2009 : 3,7% ; 2010 : 3,9%). Le chômage des jeunes était de 3,3% en août, ce qui correspond à un recul de 1,2% par rapport à 2010.

Ces données se reflètent dans les résultats du Baro-mètre des préoccupations (voir le graphique page 4): certes, le chômage / chômage des jeunes arrive en tête, comme toujours depuis 2003, mais affiche sa plus faible valeur historique. Seul un peu plus de la moitié des sondés (52%, –24%) le classe désormais parmi les cinq préoccupa-tions majeures.

Les questions de prévoyance reléguées au second plan

Qu’en est-il des deux autres thèmes qui, ces huit dernières années, tenaient aussi régulièrement la tête du classement ? Les primes d’assurance maladie / questions de santé chutent à 30% (–11%), leur plus faible niveau depuis 1995. Quant à la prévoyance vieillesse et à l’AVS, elles dégringolent de 18% pour atteindre un plancher record (27%). La protection so-ciale, sujet connexe, présente d’ailleurs un score compa-rable : 26% (–11%).

S’agissant des primes d’assurance maladie, les plus préoccupés sont les Suisses dont le revenu est inférieur à 5 000 francs (37%) ; pour l’AVS et la prévoyance vieillesse, ce sont surtout les plus de 58 ans (42%). A noter, les fran-cophones citent plus fréquemment ces trois aspects que les germanophones : 2% de plus pour le chômage, 6% de plus pour les questions de santé, 12% de plus pour la prévoyance vieillesse.

Les trois grandes préoccupations traditionnelles enregis-trant des planchers records, d’autres thèmes ont logiquement progressé, notamment en Suisse alémanique. Ainsi, le Baro-mètre des préoccupations reflète, d’une part, les craintes vis-à-vis des répercussions négatives du franc fort et de la crise de la dette européenne et, d’autre part, les questions d’immigration mises en avant par l’UDC lors de la campagne électorale.

La question des étrangers fait toujours débat

Plus d’un tiers des sondés (36%, +5%) considèrent désor-mais le trio « étrangers / intégration / libre circulation des per-sonnes » comme un problème majeur. La moyenne à long terme s’établissant à 24%, il s’agit du deuxième pic, le pre-

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La question du problème le plus urgent de la Suisse con firme cette image (voir le graphique ci-contre): la conjoncture (15%), le chômage (14%) et la crise financière (10%) arrivent en tête. Sous cet angle, la problématique des étrangers (5%) perd, elle, en acuité. Le résultat est un peu différent si l’on se place du point de vue des objectifs politiques actuels (voir le gra-

phique du bas). Parmi les réponses « très important », l’AVS / AI (71%) l’emporte, devant le chômage des jeunes (66%) et la croissance économique (63%). La diminution de la bureau-cratie progresse aussi (60%), tandis que l’intégration des étrangers (35%) est jugée moins urgente que la baisse des émissions de gaz à effet de serre (46%). L’équilibre vie pro-fessionnelle / vie familiale (50%) s’avère, en revanche, un objectif plus primordial que les deux précédents.

Les soucis des générations futures

Dans dix ans, les Suisses s’attendent à ce que leurs deux plus grandes préoccupations soient le chômage (47%, –15%) et les étrangers (37%, +6%). Puis vient la nouvelle pauvreté (36%, +5%) qui, dans le Baromètre, s’établit à 17% (–1%). 20% des sondés estiment que la protection de l’environne-ment et les questions énergétiques (20%) compteront parmi les principaux problèmes. Entre les extrêmes se situent les thèmes récurrents suivants : protection sociale (31%), pré-voyance vieillesse / AVS (29%), sécurité personnelle (27%) et caisses maladie / système de santé (25%). Les préoccu-pations concernant les marchés financiers sont jugées tem-poraires (15%).

Un certain scepticisme règne encore quant à la résolution de ces problèmes dans les dix prochaines années. Seul un tiers estime que la situation s’améliorera en termes de colla-boration entre les principaux partis (31%), de cohabitation avec les étrangers (31%) et de pollution (32%). Le pessi-misme est encore plus marqué pour ce qui est de l’évolution de la pyramide des âges (21%) et de la lutte contre la pau-vreté (10%).

Se projetant plus loin encore, une question porte sur les éléments dont les générations futures auront le plus à souffrir. La pénurie d’emplois et l’environnement / climat (14%) sont les plus cités, suivis des finances / coûts (8%), de la pau-vreté (7%), de la surpopulation étrangère (6%), de la surpo-pulation (5%) et du vieillissement de la population (3%). Andreas Schiendorfer

Problèmes à résoudre immédiatementLes Suisses redoutent un ralentissement de l’évolution économique. Un phénomène qu’il convient d’empêcher, ­notamment­en­réglementant­les­marchés­financiers­de­ manière à accroître la sécurité.

Pérennité des institutions socialesLa question relative aux objectifs politiques actuels fait ap-paraître des différences étonnantes. Outre la préoccupation concernant l’AVS / AI, la bureaucratie demeure un problème essentiel pour la population.

Question : « Nous avons sélectionné quelques objectifs politiques d’actua-lité en Suisse. Veuillez s.v.p. dire spontanément si, pour vous, la réalisation de ces objectifs est très importante, plutôt importante, plutôt pas impor-tante ou pas importante du tout. Vous pouvez aussi répondre par ne sait pas. »

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Analyse du Baromètre des préoccupations de 1976 à 2010

Les inquiétudes face à la réalité et à la politiqueDes scientifiques de l’Université de Genève ont analysé les résultats du Baromètre des préoccupations du Credit Suisse. Retour sur leurs principales observations.

Comment le moral de la popu-lation évolue-t-il face aux fluctuations du chômage, à la crise économique et fi-

nancière ou aux réformes des institu-tions sociales ? Le Baromètre des pré-occupations annuel du Credit Suisse offre un instantané de la situation. Quelles sont les principales craintes des Suisses ? Lesquelles s’estompent avec le temps et lesquelles font leur ap-parition ? Les inquiétudes, c’est-à-dire la perception subjective des problèmes par l’opinion publique, sont-elles in-fluencées par les problèmes objectifs ? Dans quelle mesure les parlementaires prennent-ils en considération le senti-ment de la population face aux pro-blèmes ? L’attention parlementaire se mesure en fonction du rapport entre le nombre d’interventions déposées (mo-tions, postulats, interpellations, ques-tions, initiatives parlementaires et can-tonales) au Conseil national et au Conseil des Etats pour chaque domaine de préoccupation, et le nombre total d’interventions parlementaires.

La mise en perspective de l’évolution des sujets de préoccupations avec les problèmes effectifs et l’attention parle-mentaire permet de saisir les interac-tions entre la sensibilité subjective des personnes interrogées, la réalité objec-

tivement mesurable et l’attention prêtée par le monde politique à ces sujets.

A quelques exceptions près vers la fin des années 1990, le chômage arrive systématiquement en tête des préoccu-pations depuis plus de trente ans. Ce résultat concorde avec les chiffres euro péens. La prévoyance vieillesse fait elle aussi partie des thèmes les plus cités sur l’ensemble de la période. La protection de l’environnement et la fis-calité jugée excessive ont en revanche fortement chuté dans les enquêtes. La santé perd en importance, mais de-meure parmi les thèmes prédominants. Tandis que la question des étrangers compte parmi les préoccupations ma-jeures de ces quinze dernières années, celle de l’asile et des requérants ré-gresse.

L’analyse ne permet pas de tirer des conclusions exhaustives quant aux inter actions entre les inquiétudes des Suisses, les indicateurs réels et l’atten-tion parlementaire. Elle décrit et com-

mente les évolutions observées sur la base de cinq thèmes.

Chômage

Le taux de chômage et les craintes liées au chômage connaissent une évo-lution étonnamment parallèle sur toute la période analysée (de 1976 à 2010 ; voir le graphique 1). Cette similitude con-firme que la société reste toujours aus-si sensible aux fluctuations de la con-joncture. L’attention parlementaire ne s’aligne pas entièrement sur la ten-dance. Force est néanmoins de consta-ter que les interventions parlementaires ont décuplé en 1992/1993, au moment où les craintes liées au chômage culmi-naient, suite à l’envolée du taux de chô-mage.

Prévoyance vieillesse

Principale institution sociale avec le sys-tème de santé, l’AVS occupe également le haut du tableau sur l’ensemble de la période étudiée. Classée 3e en 1976 avec 64%, l’AVS chute à 32% en 1992, pour rebondir à quelque 60% dans les années 2000. Comparée aux finances de l’AVS, cette évolution est cohérente : les préoccupations s’exacerbent à me-sure que le déficit de l’AVS se creuse (surtout au milieu des années 1990, voir

le graphique 2) ; elles régressent lorsque

« On observe un net glissement des préoc-cupations vers les questions de politique sociale. » Karin Byland

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les recettes de l’AVS se redressent (deuxième moitié des années 1980, dé-but des années 1990). L’attention des parlementaires n’affiche aucune ten-dance claire.

Etrangers

A la 8e place des préoccupations des Suisses en 1995, le sujet des étrangers connaît un essor à partir de 2004, pour se hisser à la 2e place en 2011, avec 36%. Le pic de 2007 (35%) s’explique-rait en partie par la thématisation sys-tématique de la question par l’UDC dans l’optique des scrutins nationaux. A partir de 2005, l’immigration augmente également. L’attention parlementaire s’affranchit de ces tendances puis-qu’elle atteint son plus haut en 2001 et se tasse par la suite.

Réfugiés / demandeurs d’asile

Classé 3e en termes d’importance en 1989, le sujet des réfugiés / demandeurs d’asile perd en intensité pour arriver 8e en 2010 (21%). Les deux thèmes de politique migratoire (étrangers et réfu-giés/demandeurs d’asile) connaissent donc une évolution contraire. Le nombre de demandes d’asile ne cesse de se contracter sur toute la période. Les an-nées 1998 et 1999 sont exception-nelles, avec un afflux massif des réfu-giés d’ex-Yougoslavie. Les craintes con-cernant l’asile et les réfugiés atteignent un niveau record durant ces deux an-nées. Fait notable cependant, les inquié-tudes et le problème objectif, mais aussi le nombre d’interventions parlemen-taires progressent de concert. Le nombre de demandes d’asile, l’attention parlementaire et la préoccupation en matière d’asile et de réfugiés, relayée par le Baromètre des préoccupations, semblent étroitement liés.

Les préoccupations liées au système de santé régressent depuis 2001 pour

atteindre 30% en 2011. La hausse constante des coûts de la santé ne semble donc pas influer sur les inquié-tudes. Les interventions parlementaires, quant à elles, ont triplé entre 1996 et 1998, avant de refluer continuellement.

Résumé

Les craintes de la population se re-flètent-elles dans la réalité des chiffres ? La politique règle-t-elle les questions importantes aux yeux des citoyens ?

Selon l’étude, le chômage, l’AVS et les étrangers sont trois préoccupations dont le niveau dépend de la conjoncture. La question de l’asile est influencée par le nombre de demandes, et relayée par le Parlement. Malgré la hausse des coûts, la santé s’inscrit en repli, en termes d’attention parlementaire égale-ment. Quant à la protection de l’envi-ronnement, qui constituait l’une des principales sources d’inquiétudes dans les années 1980, elle a sensiblement perdu de son acuité. Ce mouvement

confirme que les Suisses tendent à se détourner des sujets environnementaux pour se préoccuper davantage de poli-tique sociale.

Enfin, de nouvelles préoccupations se font jour : l’économie, la crise ban-caire et financière, ainsi que la crimina-lité ont gagné en intensité dans les en-quêtes ces deux dernières années. Les craintes quant à l’économie sont perti-nentes dans la mesure où elles sont cor-rélées avec le chômage. Par ailleurs, les questions sociales et sociétales restent prédominantes. Karin Byland, Roy Gava, Frédéric Varone, Département de science politique et relations internationales, Université de Genève

Préoccupation Chômage Taux de chômage (échelle de droite)

Préoccupation Prévoyance vieillesse Finances de l’AVS (recettes–dépenses) (échelle de droite)

Graphique 2

Assurer ses vieux joursLes Suisses cherchent à se prémunir financièrement­en­prévision­de­leur­ retraite. Dès lors, ils s’inquiètent da-vantage pour l’AVS et la prévoyance vieillesse­lorsque­le­déficit­de­l’AVS se creuse.

Graphique 1

Le travail, un droit humainLa­plupart­des­Suisses­se­définissent­notamment par leur travail, qui con s-titue une motivation essentielle. Le taux de chômage et les inquiétudes y afférentes­évoluent­donc­parallèle-ment dans une large mesure.

Plus d’informations et graphiques complémentaires sur www.credit-suisse.com/barometre/preoccupations

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10 | Baromètre des préoccupations | Credit Suisse bulletin plus

Entretien avec le président du Conseil national Hansjörg Walter

« La Suisse pâtit de sa propre réussite »Le président du Conseil national Hansjörg Walter (UDC/TG) s’inquiète pour le bien-être et la qualité de vie en Suisse. Il veut s’employer à combler le fossé qui sépare le Conseil des Etats et le Conseil national et accroître l’efficacité au Parlement.

bulletin : M. le président du Conseil

national, vous êtes issu d’une famille

d’exploitants agricoles thurgoviens.

Qu’est-ce que l’agriculture vous a en-

seigné pour la politique ?

Hansjörg Walter : On apprend à être patient et on sait l’importance de la durabilité pour la nature. En tant que président de l’Union suisse des paysans, on est aussi sensibilisé à l’état de notre pays et aux préoccupa-tions des paysans de montagne et de plaine, des régions rurales et ur-baines, des producteurs et des con-sommateurs.

Quels­sont­à­vos­yeux­les­trois pro-

blèmes les plus aigus de la Suisse ?

Le problème principal est la mise en péril de notre bien-être. Nous pâtis-sons du franc fort et de notre propre réussite. Ensuite, le financement des institutions sociales me préoccupe, ainsi que l’immigration. De plus en plus d’étrangers sont attirés par la Suisse parce qu’on y vit mieux que dans les pays qui nous entourent. La pression sur notre qualité de vie s’accroît, nous commençons à être à l’étroit.

Que peut faire la politique

pour éviter la crise économique

qui menace ?

C’est extrêmement difficile, comme le montre le combat contre le franc fort. Personne ne sait vraiment comment ai-der efficacement les entreprises et les branches concernées. Je suis plutôt sceptique quant à l’utilité du paquet de mesures arrêtées par le Parlement avant les élections nationales. Des me-sures telles que le financement de la réduction du temps de travail peuvent présenter un intérêt, mais ne sont ni très imaginatives, ni très pérennes.

Que proposez-vous ?

Pour les appels d’offres publics à l’étranger, il faut que la livraison repré-

Hansjörg Walter est le président du Conseil national pour 2011/2012 et donc le premier magistrat de Suisse pour un an. Le Thurgovien de 60 ans siège depuis 1999 au Conseil national dans les rangs de l’UDC et est membre du Conseil de l’Europe depuis 2007. En tant que président de l’Union suisse des paysans depuis 2000, il défend les intérêts éco-nomiques du monde agricole devant le Parlement. Hansjörg Walter est marié et père de trois enfants aujourd’hui adultes. Son exploitation agricole se situe à Wängi (TG), s’étend sur 32 ha, dont 12 ha de terres cultivées, et compte 36 vaches laitières et 57 arbres fruitiers.

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Credit Suisse bulletin plus | Baromètre des préoccupations | 11

« Il va sans dire que les grandes questions de demain seront la démographie, la garantie de la prévoyance vieillesse et l’explosion des coûts dans le système de santé. »

sente un certain taux de valeur ajou-tée pour la Suisse. Je suis curieux de savoir à combien se montera ce taux pour la commande passée par les CFF à Bombardier. Ou bien si l’acquisition d’avions par le DDPS a donné lieu à la négociation d’affaires de compensa-tion pour l’industrie suisse et si elles seront honorées. Ce sont les PME exportatrices que le franc fort met à mal qui en profiteraient. Cela n’avance personne si nous respectons les règles de l’OMC plus scrupuleusement que les autres nations.

Comment l’immigration peut-elle

être régulée à l’avenir ?

Dans des secteurs comme l’agricul-ture, le recrutement de main-d’œuvre a été grandement simplifié par la libre circulation des personnes. Il en va de même dans le secteur des soins et l’hôtellerie. La libre circulation des personnes est l’un des piliers de l’UE. La supprimer est donc irréaliste. En revanche, la Suisse pourrait négocier une régulation et une certaine atté-nuation. Cette fuite des cerveaux n’est pas non plus dans l’intérêt de l’UE. Par ailleurs, notre économie se trouve face à une obligation. Au lieu de recru-ter à tout va à l’étranger, elle devrait si possible embaucher des travailleurs locaux.

Alors que les réformes se font at-

tendre, les questions de politique

sociale et de santé sont passées au

second plan. Comment est-ce pos-

sible ?

L’absence de grand débat public et de vote sur ces questions ces derniers mois en est peut-être une raison. Le problème de l’AVS s’est un peu apaisé en raison de la migration. Pourtant, je m’inquiète pour nos institutions sociales, car si la croissance écono-mique ralentissait, nous serions confrontés à un nouveau problème de

financement. De plus, les migrants peuvent aussi se retrouver sans emploi et dépendre des institutions sociales. Il va sans dire que les grandes ques-tions de demain seront la démogra-phie, la garantie de la prévoyance vieil-lesse et l’explosion des coûts dans le système de santé.

Cela implique-t-il pour l’avenir une

baisse des prestations et davantage

de responsabilité individuelle ?

Une grande partie des actifs en Suisse n’a plus assez en poche en fin de mois pour épargner pour la retraite ou la santé. On ne peut donc pas dire que chacun doit se prendre en charge. La situation est vraiment complexe. Vu notre faible taux de natalité, nous avons besoin de l’immigration. Mais elle signifie aussi concurrence et perte d’emplois. Nous devons veiller à ne pas être comme le serpent qui se mord la queue.

A peine l’inquiétude pour l’écono-

mie augmente-t-elle que les préoccu-

pations pour l’environnement dimi-

nuent. On ne peut donc pas parler

d’effet Fukushima.

Le Japon est peut-être trop loin. Mais la prompte réaction des politiques à cette catastrophe a certainement joué un rôle. Le Parlement a décidé la sortie du nucléaire et opté pour les énergies renouvelables. J’étais contre cette sortie précipitée qui fait grimper les coûts de l’énergie et nous contraindra à importer davantage d’électricité.

Si la population accorde sa con-

fiance au Tribunal fédéral, elle est

moins encline à le faire vis-à-vis du

Parlement. Comment le Conseil natio-

nal peut-il regagner la confiance ?

D’abord, il faudrait combler le fossé qui s’est creusé ces dernières années entre le Conseil national et le Conseil des Etats. Puis il faudrait réduire le nombre de projets de loi traités en pa-rallèle, afin d’accélérer leur passage au Parlement. Le meilleur exemple de la situation déplorable dans laquelle nous sommes est la révision du droit de la société anonyme comme contre-projet à l’initiative contre les rémuné-rations abusives, qui a été renvoyée aux calendes grecques. Cela ne plaît pas au peuple, qui n’a pas l’impression d’être pris au sérieux. Il est urgent d’accélérer les procédures.

Quel est votre principal objectif

en tant­que­président­du­Conseil­

national ?

L’une des principales missions du pré-sident du Conseil national est de veiller à la cohésion nationale. Mon prédé-cesseur, Jean-René Germanier, s’est concentré sur les régions ; je m’inté-resserai aux différentes catégories professionnelles. Les associations économiques devraient œuvrer plus dans le même sens. Que l’on soit cadre ou employé, les craintes quant à l’évolution de l’économie et à l’emploi sont les mêmes, à tous les niveaux et dans toutes les branches.Michael Krobath et Urs Reich

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Baromètre d’identité Credit Suisse 2011

L’identité nationale est empreinte de traditionsLes Suisses éprouvent une grande fierté pour leur pays, d’où un sentiment identitaire intact. Dans la construction de cette identité, les caractéristiques politiques fondamentales comme la neutralité et la paix jouent un rôle moindre, tandis que les Alpes et l’ensemble du paysage gagnent du terrain.

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Plus de trois quarts des citoyens de ce pays sont fiers d’être Suisses. Cette fierté nationale, que l’on aurait encore tenue

pour impossible au début des années 1990 (cf. « La Suisse n’existe pas » de Ben Vautier à Séville), s’est désormais stabilisée à un niveau élevé depuis huit ans. Concrètement, 40% sont « très fiers » (comme en 2010) et 38% (–2%) « plutôt fiers » de leur nationalité. En toute logique, la fierté nationale est plus prononcée chez les citoyens de droite (58% se disent « très fiers ») que chez ceux du centre (36%) ou de gauche (25%), et se manifeste plus for-tement en Suisse alémanique (52%) qu’au Tessin (30%) et en Suisse ro-mande (10%). Si elles semblent mar-quées, ces disparités sont relativisées par le pourcentage de personnes « plu-tôt fières ».

Une saine confiance en soi suscite la conviction que la Suisse bénéficie d’une excellente réputation à l’étran-ger : 20% la décrivent comme « très bonne » et 63% comme « plutôt bonne » tandis que 9% seulement l’estiment mauvaise. Selon les sondés, l’image de la Suisse à l’étranger ne s’est pas considérablement modifiée : 30% pen-sent qu’elle est restée identique, 29% qu’elle s’est améliorée et 31% qu’elle s’est dégradée.

Le paysage est toujours plus prisé

Comment les Suisses définissent-ils leur pays ? Quels sont, s’il ne fallait en retenir que trois, les principaux piliers de l’identité suisse ? En 2011, le pay-sage (+1%) et le sens de l’ordre / la précision (+6%) arrivent en tête avec 21% chacun. Le duo montagnes/Alpes, également en rapport avec le paysage, se classe au troisième rang (16%,

–1%), suivi de la sécurité et de la paix (15%, +2%) ainsi que de la neutralité

(14%, –5%). Jusqu’en 2008, ces ca-ractéristiques politiques forgeaient nettement plus le sentiment d’identité des Suisses. Depuis, le pays n’est manifestement plus autant considéré par ses habitants comme un havre de sécurité. Ce résultat coïncide avec la progression des inquiétudes concer-nant la sécurité personnelle et la sécu-rité sociale dans le Baromètre des pré-occupations (voir pages 4 et 5). Le fait que la neutralité – bien que suscitant encore une grande fierté (voir ci-des-

sous) – ait obtenu un score moins élevé peut s’expliquer par l’interdépendance mondiale croissante observée de nos jours dans les domaines politique et économique.

Repli sur les valeurs traditionnelles

Plus l’inquiétude augmente, plus on se replie sur les valeurs traditionnelles. Outre le paysage, le patriotisme (10%) connaît actuellement une renaissance. Les produits suisses classiques comme le chocolat, le fromage et les montres (9% chacun) ont également la cote. Par ailleurs, on se réfère volontiers aux an-ciennes vertus suisses telles que le sens de l’ordre et celui du devoir (10%). L’image identitaire se précise encore da-vantage lorsque l’on étudie les caracté-ristiques dont les Suisses sont particu-lièrement fiers.

Dans le domaine politique, nous sommes « très fiers » de la neutralité (62%), de l’autonomie et de l’indépen-dance (61%), de la coexistence harmo-nieuse des groupes linguistiques (60%) ainsi que des droits populaires comme l’initiative et le référendum (57%). Si l’on tient aussi compte des réponses « plutôt fier », l’ordre à la tête de ce classement change légèrement (voir le graphique à la

page suivante).Les citoyens éprouvent un peu moins

de fierté pour le fédéralisme

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> (46%), la Constitution fédérale (35%), la démocratie de concordance (30%) le partenariat social (22%) et le système de milice (22%).

Qualité et marques fortes

Dans le domaine économique, les prin-cipales caractéristiques dont les sondés se disent « très fiers » sont, dans l’ordre : la réputation internationale de qualité (72%), la force des marques suisses à l’étranger (67%), l’industrie horlogère (63%) et le succès des PME (63%).

Si l’on ajoute à cela les appréciations « plutôt fier », on frise la fierté totale et illimitée. Même pour la deuxième série d’aspects économiques cités ci-des-sous, le degré de fierté atteint au moins le score élevé de 78%.

Les citoyens sont tout de même 47% à se dire « très fiers » des entreprises du service public ainsi que de la recherche. Juste derrière, on trouve la place finan-cière (45%), le secret bancaire (43%), l’industrie des machines (43%), la force d’innovation (40%), les groupes inter-nationaux (38%) et l’industrie pharma-ceutique (34%).

Identification avec le lieu de résidence

Malgré cette fierté nationale marquée, c’est bien entendu pour leur commune de domicile que les Suisses éprouvent le plus fort sentiment d’appartenance (44%). Viennent ensuite la nation (20%), le canton de domicile (18%) et, un peu plus loin derrière mais rattrapant légèrement son retard ces dernières années, la région linguistique (14%). Les Suisses ont toujours été peu nom-breux à se considérer en premier lieu comme des Européens ou des citoyens du monde. Aujourd’hui, ils ne sont plus que 2% dans ce cas, alors qu’ils étaient encore 11% en 2007. Là encore, la ten-dance à la « suissitude » et à la proximité se dessine nettement.

Les­Suisses­sont­fiers­de­l’économie­et­de­la­politiqueDepuis­quelques­années,­la­fierté­des­Suisses­à­l’égard­de­leur­pays­et­de­ses caractéristiques économiques et politiques est particulièrement mar-quée.­Les­appréciations­«­pas­du­tout­fier­»­ne­sont­même­que­de­6%­s’agis-sant du système de milice, et de 3% pour la Constitution fédérale.

Economie

Politique

Question­:­«­Quelles­sont­les­spécificités­économiques­suisses­dont­vous­êtes­le­plus­fier­?­»

Question­:­«­Quelles­sont­les­spécificités­politiques­suisses­dont­vous­êtes­le­plus­fier­?­»

Dans la liste suivante, indiquez si vous en êtes très­fier, plutôt­fier, pas­vraiment­fier ou pas­du­tout­fier­ou si vous n’avez pas de réponse.

Réputation internationale de qualité

Industrie horlogère

Succès des PME

Force des marques suisses à l’étranger

Industrie des machines

Entreprises de service public

Place financière

Autonomie, indépendance

Coexistence des différents groupes linguistiques

Neutralité

Droits populaires (initiative, référendum)

Droit de participation des cantons / fédéralisme

Constitution fédérale

Gouvernement représentant tous les grands partis

Partenariat social entre entreprises et syndicats

Système de milice en politique, dans la société et dans l’armée

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Credit Suisse bulletin plus | Baromètre des préoccupations | 15

bulletin : Monsieur Daum, le

chômage, en particulier celui des

jeunes, préoccupe beaucoup les

Suisses. Quelle sera la situation

en 2012 ?

Thomas Daum : Tout dépend du cours du franc et de la santé de l’économie mondiale. Si le franc reste surévalué et que la demande internationale recule nettement, il faudra s’attendre à une hausse considérable du chômage en 2012.

Le taux élevé d’étrangers est

perçu comme problématique.

Les mesures d’accompagnement

échouent-elles ?

S’ils doivent être clairement condam-nés et sanctionnés, les abus qui ont défrayé la chronique ne sont pas une généralité. Des améliorations ciblées des mesures d’accompagnement, défendues par l’Union patronale, sont d’ores et déjà en consultation. La mise en application, notamment les sanctions prévues pour les in-fractions, doit en outre devenir plus efficace.

Le Baromètre des préoccupa-

tions laisse apparaître un certain

scepticisme vis-à-vis de la mondiali-

sation et le souhait d’un repli sur le

marché national…

Ces opinions sont compréhensibles. Mais pour une économie qui génère plus de la moitié de ses revenus à l’étranger, un tel repli engendrerait

une baisse conséquente de la pros-périté.

Actuellement, la confiance de la

population dans les organisations

d’employeurs et de salariés est

maximale. Pourquoi ?

Le grand public a manifestement compris que les partenaires sociaux, malgré leurs différends, s’efforcent de trouver des solutions pragma-tiques aux problèmes actuels. Contrairement aux responsables poli-tiques dont les actions s’inscrivent de plus en plus dans une démarche de marketing électoral.

Quelles sont les atouts de

l’économie suisse – et quels sont

les défis à relever ?

Sa force d’innovation internationale, sa flexibilité, sa compétitivité inter-nationale et le pouvoir d’intégration du marché du travail. Ces atouts se sont développés au sein d’un cadre libéral ainsi que sur la base d’un bon système éducatif et d’un partenariat social intact. Ils reflètent l’initiative des chefs d’entreprise et la volonté de performance des salariés qui, de leur côté, peuvent compter sur une sécurité sociale appropriée. Le prin-cipal défi consiste à adapter les facteurs de réussite de sorte qu’ils s’expriment même sous la pression de la pénurie croissante de res-sources, de la concurrence interna-tionale et de la démographie. schi

Autre signe de la force du sentiment identitaire, les citoyens ne sont plus « que » 50% à déclarer que l’Etat fait trop peu pour eux personnellement. Il s’agit de la plus faible valeur historique ; en 2005 et en 2007, par exemple, ils étaient encore 62% à l’affirmer. A l’in-verse, le nombre de sondés estimant qu’ils en font trop pour la collectivité (volontairement ou non) a nettement baissé ces deux dernières années : ils sont 38% en 2011, alors qu’ils étaient 48% en 2007.

Les dangers pour notre identité

Pour les citoyens, le principal danger qui plane sur l’identité nationale est la progression de l’immigration : 38% se sentent « très menacés » et 41% « plutôt menacés » (soit 79% au total), des chiffres équivalents à ceux des années précédentes. L’ouverture internationale de la Suisse est également perçue comme une menace, mais dans une proportion légèrement moindre (71% au total). Ce pourcentage reflète le scep-ticisme croissant de la population à l’égard de la mondialisation. En toute logique, les problèmes internes perdent, eux, de leur acuité : polarisation (42%), égoïsme (48%) et blocage des réformes (51%). Néanmoins, si l’on considère que plus de la moitié des sondés voient encore le « blocage croissant des ré-formes politiques » comme une menace pour notre identité, force est de consta-ter que des mesures s’imposent dans ce domaine. Andreas Schiendorfer

« Malgré leurs diffé-rends, les partenaires sociaux s’efforcent de trouver des solutions pragmatiques. »Thomas Daum, directeur de

l’Union patronale suisse

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Confiance et valeurs

Foi dans l’identité suisse et les partenaires sociauxLa tendance à privilégier la Suisse et, partant, ses valeurs traditionnelles, sur lesquelles on a l’impression d’avoir directement prise contrairement au reste du monde, s’est poursuivie et doit être prise au sérieux, même après les élections fédérales. Les journaux payants et les partenaires sociaux sortent vainqueurs de la question sur la confiance.

16 | Baromètre des préoccupations | Credit Suisse bulletin plus

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Un Tribunal fédéral généralement jugé crédible Dans­l’ensemble,­la­confiance­à­l’égard des principaux acteurs a reculé de 7 points par rapport à l’an dernier. Les organisations de salariés et d’employeurs échappent toutefois à cette tendance.

Bien que la Suisse ne soit pas épargnée par la crise moné-taire et économique mon-diale, les citoyens ne crient

pas haro sur les milieux politiques ou économiques. A la question tentante « Avez-vous le sentiment que la politique du gouvernement et de l’administration échoue sur des questions décisives ? », aucune variation notable ne se fait jour par rapport aux années passées, et s’il fallait en déceler une, elle serait légère-ment positive : 38% (2010 : 38%) des sondés estiment en effet que la politique est souvent tenue en échec, 35% (39%) disent la même chose de l’économie.

Une perte de confiance se dessine pourtant à l’égard des principaux ac-teurs de notre pays, qui n’inspirent plus confiance qu’à 53% des citoyens en moyenne, contre encore 60% l’an der-nier.

En cette année électorale, le résultat lié aux instances politiques devrait sus-citer beaucoup d’intérêt, notamment du fait de la stabilité du classement par rapport à 2010. Le Conseil fédéral, avec 58% (–6%), et le Conseil national, avec 55% (–9%), se placent ainsi juste au-dessus de la moyenne, tandis que le Conseil des Etats (52%) et l’administra-tion (46%) sont juste en dessous. Un jugement plus critique est en revanche porté sur les partis (37%), ainsi que sur l’Union européenne (20%).

Retour en grâce des journaux payants

Ne subissant qu’une légère érosion (de 66 à 62%), les journaux payants ar-rivent pour la première fois en tête des médias. A contrario, les journaux gra-tuits, qui avaient le vent en poupe l’an dernier, cèdent 14 points pour retomber à 47%. Le tout alors que la télévision (61%), la radio (59%) et Internet (54%) jouent les arbitres.

En ce qui concerne les autres acteurs importants, le Tribunal fédéral (66%) et la police (60%) occupent comme prévu les avant-postes. Les Eglises (55%), les banques (51%) et l’armée (49%) arrivent certes en queue de peloton de cette catégorie, mais leur résultat n’en reste pas moins honorable au regard de la moyenne générale. Le même constat s’applique aux partenaires sociaux : les  organisations de salariés et d’em-ployeurs ont vu leur cote de confiance grimper régulièrement ces dernières années. Alors qu’elle peinait à décoller en 2006, avec respectivement 34 et 29%, elle atteint désormais des som-mets à 64 et 62%, ce qui s’explique par un véritable travail de fond, loin des ef-fets d’annonce.

Repli sur les traditions et le patriotisme

Appelés à soupeser deux attitudes contraires, les Suisses opèrent, de ma-nière encore plus marquée que par le passé, un repli sur les valeurs sûres, sur lesquelles ils ont – ou pensent avoir – une prise directe. Seuls 13% des son-dés souhaitent ainsi une Suisse ou-verte vers l’extérieur, alors que 41% la préfèrent fidèle à ses traditions. De même, 41% des Suisses plébiscitent les entreprises qui mettent l’accent sur le marché national, contre 13% seule-ment qui défendent les multinationales florissantes.

L’inquiétude quant à l’économie transparaît en outre dans le fait que la protection de l’environnement (15%) est reléguée loin derrière le maintien de la prospérité (27%) et que la préfé-rence nationale (48%) l’emporte nette-ment sur l’égalité des chances pour les étrangers (6%). Pour autant, bon nombre de Suisses adoptent une atti-tude mi-figue mi-raisin sur ces thèmes antinomiques. Andreas Schiendorfer

Credit Suisse bulletin plus | Baromètre des préoccupations | 17

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Politique

Conseil fédéral : 58

Conseil national : 55

Conseil des Etats : 52

Administration publique : 46

Partis politiques : 37

Union européenne : 20

50%25%0% 75%

Médias

Journaux payants : 62

Télévision : 61

Radio : 59

Internet : 54

Journaux gratuits : 47

50%25%0% 75%

Autres institutions

Tribunal fédéral : 66

Associations de travailleurs : 64

Associations patronales : 62

Police : 60

Eglises : 55

Banques : 51

Armée : 49

50%25%0% 75%

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18 | Baromètre des préoccupations | Credit Suisse bulletin plus

Selon le dernier Baromètre des  préoccupations, la qua-lité constitue de loin l’atout helvétique no 1. Comme en

2010, une moyenne de 50% des per-sonnes interrogées l’ont citée comme faisant partie des cinq principaux points forts de la Suisse.

Le « Swiss made » est suivi par un peloton compact de facteurs politico-sociaux : la neutralité (37%), la coexis-tence des cultures (36%), la stabilité et la formation (35% chacune), les droits de codécision (33%) et les libertés indi-viduelles (32%). La neutralité arrive toujours en seconde position, mais elle a lourdement chuté dans le sondage. Il y a trois ans encore, 50% des sondés la considéraient comme le plus grand avantage de la Suisse. A l’inverse, la formation se classe sensiblement mieux qu’il y a quelques années.

Pertes d’image sectorielles

Surprenantes, les dernières places du classement sont aussi très révélatrices. Avec 24%, la vigueur générale de l’éco-nomie réalise encore un bon score. Pour autant, certains secteurs ont per-du leur statut d’atouts pour la Suisse, en particulier la branche pharmaceu-tique (6%), les multinationales domici-

Points forts et points faibles de la Suisse

Une qualité toute helvétiqueLes Suisses considèrent leur pays comme solide en comparaison internationale et attendent de leurs politiciens qu’ils le défendent avec plus de force et d’assurance. Cette image positive repose sur des facteurs politiques et économiques.

liées en Suisse (8%) et le secteur hor-loger (10%). Même le regard porté sur la place financière (15%) devient relati-vement critique. Parmi les facteurs poli-tiques, seul le fédéralisme obtient un résultat aussi faible (11%). Par rapport à l’an dernier, l’horlogerie recule de 7% et l’industrie pharmaceutique de 5%. Considérée encore comme l’un des fleurons de notre pays entre 2006 et

2008, la place financière a regagné 1% après le résultat plancher de l’an der-nier.

Le tableau est quelque peu différent si les personnes interrogées doivent choisir entre deux facteurs seulement, au lieu de cinq. Arrivent alors en tête les valeurs politico-sociales : la neutra-lité (21%), la formation (12%), la démo-cratie (11%) et la liberté (9%). La qua-lité n’obtient qu’un petit 8%, soit moins que la richesse (10%) et les banques (9%).

La santé : le bât qui blesse

Comme en 2009 et en 2010, la ques-tion de la complexité et de la cherté du système de santé (39%) remporte la palme du principal point faible même si  son score fléchit légèrement. Elle est  désormais talonnée par les trop grandes disparités socio-économiques (39%, +2%) et par l’excès de lois (36%,

–6%), autrefois gagnant incontesté de la catégorie. La fiscalité est aujourd’hui

Système de santé : encore cher et complexeLa qualité est l’atout no 1 de la Suisse. Il existe un parallélisme frappant entre les facteurs ci-après. De toute évidence, aucun point fort ni point faible ne se dégage clairement.

Points forts Points faibles

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les

Qualité suisse : 50

Neutralité : 37

Coexistence des cultures : 36

Stabilité : 35

Formation : 35

Droits de codécision : 33

Libertés individuelles : 32

Paix : 28

Question­:­«­Sur­ces­cartes­figurent­quelques­points­forts/faibles­de­la­Suisse­qui­ont­été­au­ cœur de l’actualité ces derniers temps : sélectionnez les cinq qui, à votre avis, représentent les principaux points forts/faibles de la Suisse. »

30% 40%20%10%0% 50%

Complexité / cherté du système de santé : 39

Disparités socio-économiques trop importantes : 39

Excès de lois : 36

Dépendance de l’étranger : 33

Imposition / dépenses publiques trop élevées : 33

Absence d’acteurs politiques forts : 32

Injustice fiscale : 31

30% 40%20%10%0% 50%

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Credit Suisse bulletin plus | Baromètre des préoccupations | 19

mieux perçue par la population, dont 33% « seulement » (–6%) l’estiment trop élevée, et 31% (–5%) injustement répartie.

A l’autre extrémité du classement, la non-appartenance à l’UE constitue, avec 8%, le point faible le moins cité. Viennent ensuite la pollution de l’envi-ronnement (12%) et le manque de liber-té (13%).

Revendiquer ses avantages

La conscience que les Suisses ont de leurs propres avantages se reflète éga-lement dans la meilleure opinion qu’ils ont de leur économie par rapport à celle d’autres pays : pour 30% d’entre eux, elle est « très bonne » en comparaison directe, et tout compte fait « bonne » pour 60%. Ces valeurs sont conformes aux années précédentes. En 2010, les Suisses étaient même 6% de plus au total à la qualifier de « bonne », contre 21% seulement à la juger « très bonne ». Ces résultats concordent avec l’image de la Suisse à l’étranger, jugée « très bonne » à raison de 20%, ou du moins plutôt bonne (63%). A vrai dire, davan-tage de personnes pensent que la situa-tion s’est détériorée ces douze derniers mois (31%) que de personnes qui esti-ment qu’elle s’est légèrement améliorée (29%).

Avec beaucoup d’assurance, la po-pulation souhaite que ses représen-tants politiques s’affirment davantage sur la scène internationale. 57% jugent défensive l’attitude de la Suisse offi-cielle et seuls 29% l’estiment déjà maintenant relativement, voire très of-fensive. Rien d’étonnant donc que 64% des personnes interrogées plaident en faveur d’une démarche plus dynamique, contre 20% pour une stratégie axée sur la défense et la prudence. Andreas Schiendorfer

bulletin : Selon vous, quel est l’atout

économique majeur de la Suisse ?

Karin Lenzlinger : D’une part la bonne formation et la motivation de la main-d’œuvre, et d’autre part l’orientation libérale du marché du travail, qui englobe la libre circulation des personnes et le droit du travail.

Et quels sont ses principaux

défis ?

A court terme : l’euro et la crise finan-cière.A moyen terme : l’évolution démogra-phique et donc la pérennité des institutions sociales ; la disponibilité d’une main-d’œuvre qualifiée, et donc le maintien de la prospérité et de la stabilité du développement économique.A long terme : la réduction des émis-sions de CO2, ainsi que la disponi-bilité d’une énergie propre et rela-tivement bon marché.

Dans votre entreprise, ressentez-

vous la crise économique et finan-

cière mondiale, ou son impact

reste-t-il modéré grâce au boom de

la construction ?

Le boom de la construction soutient certes les volumes, mais les marges sont sous pression, avec les maîtres d’ouvrage qui se tournent vers des fournisseurs étrangers en réaction aux baisses de prix jugées insuf-fisantes. Comparer les prix dans le domaine de la construction relève

de la gageure. Actuellement, il n’est pas rare qu’un mandat soit adjugé à des prix très faibles, mais qu’ensuite, le chantier soit exécuté à des sa-laires minimes, au mépris des pres-criptions. L’histoire ne dit pas si les maîtres d’ouvrage obtiennent, à ce prix, la qualité attendue.

Quelle est la responsabilité

sociale d’un chef d’entreprise

envers ses collaborateurs et la place

économique en cette période de

durcissement conjoncturel ?

Combien de sacrifices une PME

peut-elle faire ?

D’un côté, il est du devoir des entre-preneurs d’assumer une respon-sabilité sociale élevée. L’opération est même probablement rentable puisqu’un grand nombre de collabo-rateurs font preuve d’un engagement sans faille. De l’autre, nous avons besoin d’un système économique li-béral capable de s’adapter rapide-ment aux changements économiques incessants.

Quels sont vos sentiments à

l’aube de 2012 ?

Je reste prudemment optimiste car j’estime, malgré les difficultés liées à la crise de l’euro, que l’économie suisse saura continuer à exploiter ses atouts relatifs. Schi

« Malgré la crise de l’euro, je suis convain-cue que l’économie suisse saura exploiter ses atouts relatifs en 2012. »Karin Lenzlinger, CEO Lenzlinger

Fils SA, Nänikon

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Les préoccupations Si le chômage reste la préoccupation majeure de plus de la moitié des Suisses (52%), la suite du classement est en revanche complètement boule-versée. Pour la première fois depuis 2003, la problématique des étrangers/libre circulation et la crise économique et financière prennent en effet le pas sur les craintes liées aux primes d’assurance maladie/santé et à l’AVS/prévoyance vieillesse. Plus à ce sujet en page 4

L’identité Les caractéristiques les plus représentatives de la Suisse – trois réponses étaient possibles – sont l’ordre/la précision et le paysage (tous deux 21%) ainsi que les Alpes. Viennent ensuite la sécurité/paix et la neutralité. Aux yeux des sondés, les principales menaces pour l’identité suisse tiennent à l’immigration croissante, mais aussi à l’ouverture du pays sur le monde. L’enlisement des réformes et l’égoïsme sont jugés nettement moins problé-matiques. Suite en page 12

La confiance Au niveau des institutions politiques, la hiérarchie établie se confirme : les Suisses accordent davantage de crédit au Conseil fédéral, au Conseil national et au Conseil des Etats qu’à l’administration publique ou aux partis politiques. Et tandis que l’Union européenne ferme la marche, le Tribunal fédéral (66%) caracole à nouveau en tête du classement. Les organisations de salariés et patronales bénéficient d’un regain de confiance. Lire en page 16

Les atouts La qualité constitue, pour la plupart des citoyens, le principal atout de la Suisse (50%). Suivent loin derrière, dans un mouchoir de poche, la neutralité, la coexistence des cultures, la stabilité, la formation, les droits de codécision et les libertés individuelles. Mais des faiblesses sont aussi pointées du doigt, notamment le système de santé, compliqué et onéreux, et les profondes disparités socio-économiques. Plus à ce sujet en page 18