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- Pourquoi ce besoin de faire de vraies «confessions» sur scène ? - Le titre est une allusion à celles de Jean-Jacques Rous- seau, évidemment, mais je m’arrête sur des drames vécus. Comme le décès de mon père et la naissance de mon fils Axel deux mois et demi avant terme. Ce sont des sujets rare- ment traités par les humo- ristes, mais j’étais convaincu dès le départ que ces thèmes te- naient la route... même si mes producteurs y étaient opposés ! J’avoue que c’étaient des choix de sujets un peu bizarres mais il se trouve que ça marche su- per bien, alors je continue ! Parler de la mort de mon père, c’est à la fois une façon de l’exorciser et d’emmener mon père en tournée avec moi. Puis de raconter l’absurdité de ce qui peut se passer dans des si- tuations graves... Des fous rires dans des moments où ce n’est pas censé se produire, des blagues lors des pires drames. Tout peut être prétexte à rigo- lade. Mon spectacle se veut à la fois intimiste et la suite logique de ce que j’ai fait dans le passé. Parce que les gens ne me connaissent pas vraiment... Ils me connaissent comme «per- formeur», savent que j’aime ri- goler, mais il y a plus que ça. C’est juste une envie profonde de mieux me faire connaître d’un public que je connais de mieux en mieux. - Vous racontez aussi votre pas- sage parmi les naturistes... - Un long passage, douze ans de ma vie ! Au début j’avais trois ans... et à cet âge-là tu ne te poses pas trop de questions. C’est après que tu te rends compte que tu n’es pas dans la norme, que personne ne se ba- lade à poil comme ça! Et tu n’as pas trop envie d’en parler à l’école. Ma sœur et moi on le cachait donc à nos amis et à no- INTERVIEW - Après Anne Roumanoff issue de Sciences-Po, voilà un humo- riste diplômé de Solvay... - J’ai commencé Solvay à 18 ans par peur d’aller directement à Paris, et parce que je n’étais pas prêt. Et comme je suis un peu fainéant, j’ai choisi de mettre la barre assez haut... Dans la foulée, je suis passé aux études de journalisme, en m’amusant sans doute plus que d’autres étudiants... parce que je savais ce que c’était de faire des études chiantes ! Et enfin trois années au Cours Florent... Mais je suis sûr que le fait d’avoir structuré son esprit à plein de choses aide aussi dans l’hu- mour. Il y a de grands improvi- sateurs, comme Jamel, mais si on fait n’importe quoi sur scène on perd son public ! - On n’a jamais vu un fainéant prendre autant de voies com- pliquées... Vous avez même joué votre spectacle en néerlandais ! - C’est vrai, je suis fier d’avoir participé au premier Festival d'humour wallon en Flandre. Je m’en suis un peu plaint à l’époque, parce que ça man- quait de journalistes flamands. Pour une fois qu’un pas était fait dans le bon sens, ça méri- tait d’être davantage soutenu ! Mais il n’y avait pas un média flamand pour parler de cette initiative, alors que les franco- phones étaient nombreux et qu’on a même vu sur place des journalistes suisses ! - Dans l’humour, il faut choisir son créneau? Vous semblez avoir choisi des thèmes plus in- tellos, un vrai territoire vierge... - Peut-être que l’ancien de Sol- vay a agi intérieurement sans me le dire... Il se fait aussi que j’ai été très impressionné par un spectacle de Fabrice Luchini il y a quelques années. Je me suis marré comme un con toute la soirée tout en me préci- pitant dès le lendemain dans une librairie pour acheter Barthes et Valéry, deux auteurs que je n’avais jamais lus! A l’évidence, il avait réussi son coup, sur moi comme sur un public très varié... J’ai compris à ce moment-là qu’il y avait un public pour ce type d’humour. Et je m’efforce de l’élargir, pour que ce ne soient pas que des allusions à Antonin Dvorak. J’alterne les moments gras et d’autres où on part de quelque chose de plus intelligent. Il y a par exem- ple beaucoup à dire au départ de la Merda d’Artista de Piero Manzoni, véritable boîte à merde à 30.000 euros pièce... - Dans un tout autre registre, le foot vous inspire également... - J’ai été journaliste sportif sur Bel-RTL, une activité à l’arrêt vu que je suis passé sur VivaCité dans ce que j’estime être mon vrai métier, celui d’humoriste. Le top c’est d’avoir pu faire le clown à Studio 1 à l’occasion du best of 2010, il y a quelques semaines... C’était une belle manière d’allier les deux. Quand je suis arrivé sur le pla- teau, j’ai bien senti qu’une bonne part des spectateurs croyait que j’étais vraiment un neveu d’Abbas Bayat, le prési- dent du Sporting de Charleroi. Ils se penchaient, se deman- daient quoi... Je n’ai pas eu d’échos de la famille Bayat, j’es- père qu’ils se sont marrés ! Il a suffi d’un e-mail envoyé à Michel Lecomte, et dès le lende- main, il me demandait ce que je pouvais proposer pour la spé- ciale de Noël ! C’était très coura- geux de me faire confiance, d’autant qu’on était en direct... Et désormais, je peux me tar- guer d’être la partie de l’émis- sion la plus regardée du site RTBF vidéos, avec deux fois plus de spectateurs que la séquence de Stéphane Pauwels, réputé imbattable! Je suis d’autant plus flatté que j’adore Pauwels, et que je vais moi-même regar- der sa séquence sur la Toile... - A l’inverse, le «Belge comme Eddy Show» n’a pas trouvé son public... la faute à la diffusion de Koh-Lanta sur TF1 ? - La bikini zébré de Jennifer n’a pas aidé... mais quand on m’ex- plique que c’était un problème de cible ou de moment de mise à l’antenne, je dis non. C’est juste que le produit n’était pas assez bon ! Si on part à la guerre avec un arc à flèches on ne doit pas être surpris d’être battu par un tank. Le décor était super, mais le reste... il manquait plein de choses, y compris de ma part. On s’est retrouvé dans une grosse machinerie et je n’ai pas pu faire tout à fait ce que je voulais ni ce que je sais faire, donc j’ai démissionné. On était coaché par François Pi- rette, mais il n’était pas assez là pour plein de choses, et trop là pour d’autres. Gérer une émis- sion aussi ambitieuse depuis sa résidence en France, ce n’est pas évident... Et quand il était là, c’était une tornade d’éner- gie avec des ordres dans tous les sens. S’il avait pu, il aurait joué à notre place ! Mille res- pects pour ce génie créatif, mais travailler avec lui n’est pas évident. Il a beaucoup d’idées, mais souvent ce sont les siennes les meilleures... Et encore je suis un de ceux à qui il a fait le plus confiance ! Ceci dit, si c’était à refaire, je re- plonge les deux pieds dedans... Bruno VEYCKEMANS Le premier a 20 ans de carrière, le second en - tame la sienne. Et tandis que le Québécois parvient à faire rire en racontant la douloureuse perte de son père, le jeune Bruxellois déclenche l’hilarité avec des références culturelles pointues. Deux beaux ex - ploits à ne pas manquer Tout l’art d’Alex SPECTACLES /// DEUX HUMORISTES QUI SORTENT DES SENTIERS BATTUS AVEC SUCCÈS Quand l’humour explore de nouvelles voies Rousseau philosophe tre voisinage comme à notre belle-famille. Le pire c’est à l’adolescence, quand tout ton corps se transforme... tu n’as pas envie de vivre ça devant tes parents et tes frères et sœurs. C’était un moment épouvanta- ble. Certains le font par amour du naturisme, d’autres parce qu’ils sont plutôt voyeurs. Moi je n’ai pas eu le choix... - Vous avez demandé à votre fa- mille ce qu’ils en pensaient ? - Ni mon père ni ma sœur ni ma mère ne voulaient que je parle de cette expérience... Mais, malheureusement pour moi, ils sont tous les trois décédés. C’est pour ça que j’ai choisi de traiter désormais ces sujets difficiles... vu que je ne peux plus les bles- ser en aucune façon. Et il est im- portant de parler de ce genre de thèmes. Les spectateurs se sen- tent concernés par ce que je ra- conte, parce qu’ils ont vécu des choses semblables. Mais je ne m’éternise pas là-dessus et je ne m’embarque pas dans un mélo- drame! Ceci dit, je n’ai pas en- core joué ce spectacle au Qué- bec... ce sera sûrement plus difficile que de le faire en Bel- gique. - Quelle influence a eu sur vous cette dizaine d’années passée dans des camps de nudistes ? - C’est là que j’ai appris à jouer au volley... à poil ! C’est vrai- ment absurde... j’ai pensé en faire un film, et j’en avais même parlé à mon ami Bouli Lanners, qui avait adoré l’idée. Dans le spectacle, je ne peux pas tout dire, mais j’aurais de quoi remplir un film de deux heures avec ce que j’ai vécu pendant douze ans ! Et ce ne sont pas toujours les mieux foutus qui montrent leur zizi ! Ca aide beaucoup à se décom- plexer, d’en voir de toutes les couleurs, de toutes les tailles et de toutes les sortes ! - Vous avez de bons souvenirs liés à la Belgique ? - Ce pays a un public très ou- vert aux propositions. Il me permet d’être davantage moi- même que ce que je peux me permettre en France. Et puis j’ai pris des cours de danse à Anvers pour un film il y a quelques années, et mes bons amis sont belges. Mes voisins au Québec aussi d’ailleurs, et même ma femme de ménage est belge ! Il y a beaucoup de vos compatriotes dans les Lau- rentides où j’habite. - Vous devez donc avoir des échos de la politique belge... - Je ne suis pas super au cou- rant, mais ça ressemble un peu à ce qu’on a pu vivre au Qué- bec, et qu’on vit toujours. On a connu plusieurs référendums, on a longtemps voulu se sépa- rer mais là ça a tendance à se calmer. La crise économique nous a sans doute fait passer à autre chose, mais ça va revenir! Alors avec les Belges, on a de quoi se comprendre... - Côté belge, vous avez aussi cô- toyé Benoît Poelvoorde... - Avec Bouli Lanners, il est mon plus beau souvenir du tour- nage d’Astérix aux jeux Olym- piques. C’est là que je me suis vraiment rendu compte du lien entre l’humour belge et québé- cois. On ne se prend pas au sé- rieux, les rapports sont sim- ples, on aime la bonne bière... Bref, on ne se prend pas la tête! C’est ce que je recherche. La vie passe trop vite, et ce métier oblige à vivre loin de nos fa- milles, alors il faut à tout prix s’amuser ! Ancien élève du cours Flo- rent, ce jeune Bruxellois touche à tout... et ose tout, ou presque. Presque, parce que ce cinéphile averti sait ce qu’Audiard en pensait et que, diplômé de journalisme à l’ULB après avoir réussi Sol- vay, Alex passerait difficile- ment pour un con. Lauréat de plusieurs festivals renommés, son premier spectacle fait forte impres- sion, parvenant à distiller l’érudition du jeune humo- riste, qui explore l’art sous toutes ses formes, sans cesser de faire rire ni manquer une occasion de placer un hu- mour plus grivois. Les foo- teux l’ont vu en faux neveu Bayat dans Studio 1, la radio nous l’offre le dimanche ma- tin sur VivaCité dans Les en- fants de Chœur et les Pari- siens y ont droit, trois fois par semaine jusqu’en avril, au célèbre Théâtre de Dix Heures... La preuve que l’art est un excellent placement, et Alex Vizorek un produit plein d’avenir. Du 3 au 5 février à l'Espace Delvaux à Watermael 02/672.14.39 Que l’humoriste québécois sache passer du rire aux larmes, sa présence dans l’excellente comédie drama- tique Les Invasions barbares nous l’avait déjà démontré. Qu’il donne de la voix avec élégance, même Céline Dion, qui lui a confié sa pre- mière partie il y a dix ans, était au courant. Mais de là à imaginer que, non content de mêler ses talents dans une scénographie digne de Las Vegas, l’homme accepte- rait aussi de se mettre à nu... Sans abandonner son rôle d’humoriste, Rousseau al- terne en douceur paren- thèses heureuses et doulou- reuses dans un spectacle entièrement autobiogra- phique. «Ce qui n’est pas non plus un gage de qualité. Si ma vie est merdique vous al- lez vous ennuyer», prévient-il. On parie le contraire... Le 2 février au Cirque Royal de Bruxelles - 070/660.601 À suivre Véronic DiCaire Repérée par René Angélil, le producteur et mari de Céline Dion lui-même, cette autre Canadienne a autant de talent comme chanteuse qu’en tant qu’imitatrice, de Piaf à Kaas en passant par Britney Spears. Un exercice trop rarement féminin, ce qui la rend d’autant plus précieuse... Le 25/03 à Colfontaine Le 26/03 au Cirque Royal Le 27/03 au Forum de Liège Jamel Debbouze Premier spectacle de Jamel depuis sept ans, celui-ci est un peu belge, puisque créé et testé à Bruxelles l’au- tomne dernier, entre deux tournées de promotion pour le cinéma et sa toute nouvelle vie de papa. Son fils Léon figure d’ailleurs parmi les thèmes traités par l’humoriste. Jamel continue de parler de sa vie avec talent, et ça devrait continuer à plaire... «Jamel 100% Debbouze» Le 4 mars au Forum de Liège Le 5 mars au PBA de Charleroi Le 20 mai à Forest National Michel Leeb Avide de porter sa folie douce sur des terrains inattendus, Michel Leeb embarque en tournée rien de moins que l’orchestre d’Avignon, avec pour ambition de rire «non pas aux dé- pens de Wolfgang ou Ludwig», mais d’approcher la grande musique en bousculant les règles... «Concert Hilarmonic» Le 25 mars au Cirque Royal Alex Vizorek est une œuvre d’art Les confessions de Rousseau « Mille respects pour ce génie créatif, mais travailler avec Pirette n’est pas évident ! » « J’ai appris à jouer au volley... à poil ! C’est vraiment absurde, mais ça décomplexe »

Quand l'humour explore de nouvelles voies

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Interview d'Alex dans 7Dimanche

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Page 1: Quand l'humour explore de nouvelles voies

- Pourquoi ce besoin de faire devraies «confessions» sur scène ?- Le titre est une allusion àcelles de Jean-Jacques Rous-seau, évidemment, mais jem’arrête sur des drames vécus.Comme le décès de mon pèreet la naissance de mon fils Axeldeux mois et demi avantterme. Ce sont des sujets rare-ment traités par les humo-ristes, mais j’étais convaincudès le départ que ces thèmes te-naient la route... même si mesproducteurs y étaient opposés !J’avoue que c’étaient des choixde sujets un peu bizarres maisil se trouve que ça marche su-per bien, alors je continue ! Parler de la mort de mon père,c’est à la fois une façon del’exorciser et d’emmener monpère en tournée avec moi. Puisde raconter l’absurdité de cequi peut se passer dans des si-tuations graves... Des fous riresdans des moments où ce n’estpas censé se produire, desblagues lors des pires drames.Tout peut être prétexte à rigo-lade. Mon spectacle se veut à lafois intimiste et la suite logiquede ce que j’ai fait dans le passé.Parce que les gens ne meconnaissent pas vraiment... Ilsme connaissent comme «per-formeur», savent que j’aime ri-goler, mais il y a plus que ça.C’est juste une envie profondede mieux me faire connaîtred’un public que je connais demieux en mieux.

- Vous racontez aussi votre pas-sage parmi les naturistes...- Un long passage, douze ans dema vie ! Au début j’avais troisans... et à cet âge-là tu ne teposes pas trop de questions.C’est après que tu te rendscompte que tu n’es pas dans lanorme, que personne ne se ba-lade à poil comme ça ! Et tun’as pas trop envie d’en parlerà l’école. Ma sœur et moi on lecachait donc à nos amis et à no-

INTERVIEW

- Après Anne Roumanoff issuede Sciences-Po, voilà un humo-riste diplômé de Solvay...- J’ai commencé Solvay à 18 anspar peur d’aller directement àParis, et parce que je n’étais pasprêt. Et comme je suis un peufainéant, j’ai choisi de mettrela barre assez haut... Dans lafoulée, je suis passé aux étudesde journalisme, en m’amusantsans doute plus que d’autresétudiants... parce que je savaisce que c’était de faire desétudes chiantes ! Et enfin troisannées au Cours Florent... Maisje suis sûr que le fait d’avoirstructuré son esprit à plein dechoses aide aussi dans l’hu-mour. Il y a de grands improvi-sateurs, comme Jamel, mais sion fait n’importe quoi surscène on perd son public !

- On n’a jamais vu un fainéantprendre autant de voies com-pliquées... Vous avez même jouévotre spectacle en néerlandais !- C’est vrai, je suis fier d’avoirparticipé au premier Festivald'humour wallon en Flandre.Je m’en suis un peu plaint àl’époque, parce que ça man-quait de journalistes flamands.Pour une fois qu’un pas étaitfait dans le bon sens, ça méri-tait d’être davantage soutenu !Mais il n’y avait pas un médiaflamand pour parler de cetteinitiative, alors que les franco-phones étaient nombreux etqu’on a même vu sur place desjournalistes suisses !

- Dans l’humour, il faut choisirson créneau? Vous semblezavoir choisi des thèmes plus in-tellos, un vrai territoire vierge...- Peut-être que l’ancien de Sol-vay a agi intérieurement sansme le dire... Il se fait aussi quej’ai été très impressionné parun spectacle de Fabrice Luchiniil y a quelques années. Je mesuis marré comme un contoute la soirée tout en me préci-pitant dès le lendemain dansune librairie pour acheter

Barthes et Valéry, deux auteursque je n’avais jamais lus ! Al’évidence, il avait réussi soncoup, sur moi comme sur unpublic très varié...J’ai compris à ce moment-làqu’il y avait un public pour cetype d’humour. Et je m’efforcede l’élargir, pour que ce nesoient pas que des allusions àAntonin Dvorak. J’alterne lesmoments gras et d’autres oùon part de quelque chose deplus intelligent. Il y a par exem-ple beaucoup à dire au départde la Merda d’Artista de PieroManzoni, véritable boîte àmerde à 30.000 euros pièce...

- Dans un tout autre registre, lefoot vous inspire également...- J’ai été journaliste sportif surBel-RTL, une activité à l’arrêt vuque je suis passé sur VivaCitédans ce que j’estime être monvrai métier, celui d’humoriste.Le top c’est d’avoir pu faire leclown à Studio 1 à l’occasiondu best of 2010, il y a quelquessemaines... C’était une bellemanière d’allier les deux. Quand je suis arrivé sur le pla-teau, j’ai bien senti qu’unebonne part des spectateurscroyait que j’étais vraiment unneveu d’Abbas Bayat, le prési-dent du Sporting de Charleroi.Ils se penchaient, se deman-daient quoi... Je n’ai pas eud’échos de la famille Bayat, j’es-père qu’ils se sont marrés ! Il a suffi d’un e-mail envoyé àMichel Lecomte, et dès le lende-main, il me demandait ce queje pouvais proposer pour la spé-ciale de Noël ! C’était très coura-geux de me faire confiance,d’autant qu’on était en direct...Et désormais, je peux me tar-guer d’être la partie de l’émis-

sion la plus regardée du siteRTBF vidéos, avec deux fois plusde spectateurs que la séquencede Stéphane Pauwels, réputéimbattable ! Je suis d’autantplus flatté que j’adore Pauwels,et que je vais moi-même regar-der sa séquence sur la Toile...

- A l’inverse, le «Belge commeEddy Show» n’a pas trouvé sonpublic... la faute à la diffusionde Koh-Lanta sur TF1 ?- La bikini zébré de Jennifer n’apas aidé... mais quand on m’ex-plique que c’était un problèmede cible ou de moment de miseà l’antenne, je dis non. C’estjuste que le produit n’était pasassez bon! Si on part à la guerreavec un arc à flèches on ne doitpas être surpris d’être battu parun tank. Le décor était super,mais le reste... il manquait pleinde choses, y compris de mapart. On s’est retrouvé dans unegrosse machinerie et je n’ai paspu faire tout à fait ce que jevoulais ni ce que je sais faire,donc j’ai démissionné.On était coaché par François Pi-rette, mais il n’était pas assez làpour plein de choses, et trop làpour d’autres. Gérer une émis-sion aussi ambitieuse depuis sarésidence en France, ce n’estpas évident... Et quand il étaitlà, c’était une tornade d’éner-gie avec des ordres dans tousles sens. S’il avait pu, il auraitjoué à notre place ! Mille res-pects pour ce génie créatif,mais travailler avec lui n’estpas évident. Il a beaucoupd’idées, mais souvent ce sontles siennes les meilleures... Etencore je suis un de ceux à quiil a fait le plus confiance ! Cecidit, si c’était à refaire, je re-plonge les deux pieds dedans...

Bruno VEYCKEMANS

Le premier a 20 ans decarrière, le second en-tame la sienne. Et tandisque le Québécois parvientà faire rire en racontant ladouloureuse perte de sonpère, le jeune Bruxelloisdéclenche l’hilarité avecdes références culturellespointues. Deux beaux ex-ploits à ne pas manquer

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SPECTACLES /// DEUX HUMORISTES QUI SORTENT DES SENTIERS BATTUS AVEC SUCCÈS

Quand l’humour explorede nouvelles voies

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tre voisinage comme à notrebelle-famille. Le pire c’est àl’adolescence, quand tout toncorps se transforme... tu n’aspas envie de vivre ça devant tesparents et tes frères et sœurs.C’était un moment épouvanta-ble. Certains le font par amourdu naturisme, d’autres parcequ’ils sont plutôt voyeurs. Moije n’ai pas eu le choix...

- Vous avez demandé à votre fa-mille ce qu’ils en pensaient ?- Ni mon père ni ma sœur nima mère ne voulaient que jeparle de cette expérience... Mais,malheureusement pour moi, ilssont tous les trois décédés. C’estpour ça que j’ai choisi de traiterdésormais ces sujets difficiles...vu que je ne peux plus les bles-ser en aucune façon. Et il est im-portant de parler de ce genre dethèmes. Les spectateurs se sen-tent concernés par ce que je ra-conte, parce qu’ils ont vécu deschoses semblables. Mais je nem’éternise pas là-dessus et je nem’embarque pas dans un mélo-drame! Ceci dit, je n’ai pas en-core joué ce spectacle au Qué-bec... ce sera sûrement plusdifficile que de le faire en Bel-gique.

- Quelle influence a eu sur vouscette dizaine d’années passéedans des camps de nudistes ?- C’est là que j’ai appris à jouerau volley... à poil ! C’est vrai-ment absurde... j’ai pensé enfaire un film, et j’en avaismême parlé à mon ami BouliLanners, qui avait adoré l’idée.Dans le spectacle, je ne peuxpas tout dire, mais j’aurais dequoi remplir un film de deux

heures avec ce que j’ai vécupendant douze ans ! Et ce nesont pas toujours les mieuxfoutus qui montrent leur zizi !Ca aide beaucoup à se décom-plexer, d’en voir de toutes lescouleurs, de toutes les tailles etde toutes les sortes !

- Vous avez de bons souvenirsliés à la Belgique ?- Ce pays a un public très ou-vert aux propositions. Il mepermet d’être davantage moi-même que ce que je peux mepermettre en France. Et puisj’ai pris des cours de danse àAnvers pour un film il y aquelques années, et mes bonsamis sont belges. Mes voisinsau Québec aussi d’ailleurs, etmême ma femme de ménageest belge ! Il y a beaucoup devos compatriotes dans les Lau-rentides où j’habite.

- Vous devez donc avoir deséchos de la politique belge...- Je ne suis pas super au cou-rant, mais ça ressemble un peuà ce qu’on a pu vivre au Qué-bec, et qu’on vit toujours. On aconnu plusieurs référendums,on a longtemps voulu se sépa-rer mais là ça a tendance à secalmer. La crise économiquenous a sans doute fait passer àautre chose, mais ça va revenir!Alors avec les Belges, on a dequoi se comprendre...

- Côté belge, vous avez aussi cô-toyé Benoît Poelvoorde... - Avec Bouli Lanners, il est monplus beau souvenir du tour-nage d’Astérix aux jeux Olym-piques. C’est là que je me suisvraiment rendu compte du lienentre l’humour belge et québé-cois. On ne se prend pas au sé-rieux, les rapports sont sim-ples, on aime la bonne bière...Bref, on ne se prend pas la tête!C’est ce que je recherche. La viepasse trop vite, et ce métieroblige à vivre loin de nos fa-milles, alors il faut à tout prixs’amuser !

Ancien élève du cours Flo-rent, ce jeune Bruxelloistouche à tout... et ose tout,ou presque. Presque, parceque ce cinéphile averti saitce qu’Audiard en pensait etque, diplômé de journalismeà l’ULB après avoir réussi Sol-vay, Alex passerait difficile-ment pour un con.Lauréat de plusieurs festivalsrenommés, son premierspectacle fait forte impres-sion, parvenant à distillerl’érudition du jeune humo-riste, qui explore l’art soustoutes ses formes, sans cesserde faire rire ni manquer uneoccasion de placer un hu-mour plus grivois. Les foo-teux l’ont vu en faux neveuBayat dans Studio 1, la radionous l’offre le dimanche ma-tin sur VivaCité dans Les en-fants de Chœur et les Pari-siens y ont droit, trois foispar semaine jusqu’en avril,au célèbre Théâtre de DixHeures... La preuve que l’artest un excellent placement,et Alex Vizorek un produitplein d’avenir.Du 3 au 5 février à l'Espace

Delvaux à Watermael02/672.14.39

Que l’humoriste québécoissache passer du rire auxlarmes, sa présence dansl’excellente comédie drama-tique Les Invasions barbaresnous l’avait déjà démontré.Qu’il donne de la voix avecélégance, même CélineDion, qui lui a confié sa pre-mière partie il y a dix ans,était au courant. Mais de là àimaginer que, non contentde mêler ses talents dansune scénographie digne deLas Vegas, l’homme accepte-rait aussi de se mettre à nu... Sans abandonner son rôled’humoriste, Rousseau al-terne en douceur paren-thèses heureuses et doulou-reuses dans un spectacleentièrement autobiogra-phique. «Ce qui n’est pas nonplus un gage de qualité. Sima vie est merdique vous al-lez vous ennuyer», prévient-il.On parie le contraire...Le 2 février au Cirque Royalde Bruxelles - 070/660.601

À suivreVéronic DiCaireRepérée par René Angélil,le producteur et mari deCéline Dion lui-même, cetteautre Canadienne a autantde talent comme chanteusequ’en tant qu’imitatrice, dePiaf à Kaas en passant parBritney Spears. Un exercicetrop rarement féminin, cequi la rend d’autant plusprécieuse...

Le 25/03 à ColfontaineLe 26/03 au Cirque RoyalLe 27/03 au Forumde Liège

Jamel DebbouzePremier spectacle de Jamel depuissept ans, celui-ci est un peu belge,puisque créé et testé à Bruxelles l’au-tomne dernier, entre deux tournéesde promotion pour le cinéma et satoute nouvelle vie de papa. Son filsLéon figure d’ailleurs parmi lesthèmes traités par l’humoriste.Jamel continue de parler de savie avec talent, et ça devraitcontinuer à plaire...

«Jamel 100% Debbouze»Le 4 mars au Forum de LiègeLe 5 mars au PBA de CharleroiLe 20 mai à Forest National

Michel LeebAvide de porter sa folie doucesur des terrains inattendus,Michel Leeb embarque entournée rien de moins quel’orchestre d’Avignon, avecpour ambition de rire«non pas aux dé-pens de Wolfgangou Ludwig», maisd’approcher lagrande musiqueen bousculant lesrègles...

«Concert Hilarmonic»Le 25 mars au Cirque Royal

Alex Vizorekest une œuvre d’art

Les confessionsde Rousseau

«Mille respectspour ce génie créatif,mais travailler avec

Pirette n’est pasévident!»

«J’ai appris à jouerau volley... à poil!

C’est vraimentabsurde, mais

ça décomplexe»