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Tous à Jeanne d'Arc ! LE DIMANCHE 10 MAI Marchés financiers Marchés financiers : Les cour Les cour s s ne f ne f ont pas tout ont pas tout PAGE 2 3:HIKLKJ=XUXUUU:?m@r@h@a@a; M 01093 - 2770 - F: 3,00 E T ruman ou Carter ruman ou Carter ? Les cent jour Les cent jour s s de Bar de Bar ac ac k Obama k Obama PAGE 7 ÉCONOMIE ÉCONOMIE ÉTRANGER ÉTRANGER 1918-2009 1918-2009 : Homma Hommag e e à Maurice Dr à Maurice Dr uon uon PAGE 16 CUL CUL TURE TURE LE MARIA LE MARIAGE DU PRINCE JEAN GE DU PRINCE JEAN , , DUC DE DUC DE VENDÔME VENDÔME p. 8 et 9 8 et 9 3 s N° 2770 63 e année Du 7 au 20 mai 2009 Paraît provisoirement les premier et troisième jeudis de chaque mois www.actionfrancaise.net 2 0 0 0 « Tout ce qui est national est nôtre » L’ACTION FRANÇAISE PAGES 12,13 & 15 GES 12,13 & 15 FEU SUR LES ROSSIGNOLS ! Tous les Français et même le monde entier connaissent les Petits chanteurs à la croix de bois. Cette manécanterie de jeunes garçons fêtait l'an der- nier son centenaire. Le film dont ils étaient les acteurs, La Cage aux rossignols, de Jean Dréville, sorti en 1945, a inspiré Les Choristes de Gé- rard Jugnot sorti en 2004. avec un grand succès, car il ne manque pas de Français pour estimer que l'on ne peut rien entendre de plus beau qu'un chœur d'enfants. Cette école de vie à laquelle s'est dévoué notamment M gr Maillet pendant un demi- siècle, est plus qu'une chorale, elle forme les enfants au goût du beau et à l'effort, elle leur apprend à se vouer gratuite- ment à une belle œuvre, toutes choses inutiles aux yeux des lourdauds sectaires qui rè- gnent sur l'administration. Voici que pour de sordides questions de droit du travail (sic), les Petits chanteurs sont aujourd'hui à la rue et bientôt affamés ! La préfecture de l'Oise leur a interdit de donner des concerts déjà programmés et ils doivent annuler des tour- nées en Italie et en Suisse, pour la seule raison que les enfants ne sont pas rémunérés ! Histoire de fou. Comment gar- der cet esprit de don de soi, d'humilité et de discipline si apparaissaient des questions de gros sous ? Cette assimila- tion du chant et de la produc- tivité risque de tuer un jour ou l'autre toutes les chorales d'en- fants se donnant en concert. Ces voix manqueraient à la France comme des fleurs arra- chées dans un jardin. Le fait que le gouvernement se soit dit désireux de trouver une so- lution ne rassure guère les in- téressés... M.F. L es promesses du candidat Nicolas Sarkozy étaient in- nombrables, il y a deux ans, et l'on ne sait plus très bien les- quelles il a tenues, ou pas pu ou pas voulu tenir... Toutefois, dans sa démarche accélérée et zig- zaguante, il en est qu'il ne perd jamais de vue : ce sont celles qui, comme par hasard, sont les plus difficiles à faire admettre et qui n'ont pas la moindre ur- gence, mais qui tiennent à la transformation des mœurs, comme si son objectif prioritaire était de déchristianiser la France. Pour lui et pour les ectoplasmes qui jouent le rôle de ministres, tous les stratagèmes sont bons pour faire aboutir les mesures promises à des minorités qui ne représentent nullement l'en- semble des Français. "Pédagogie" Voyons, par exemple, le tra- vail le dimanche. Il était bien évi- dent, en décembre dernier, que le projet "coinçait" même à l'UMP. Alors on l'a mis en sommeil, et les gogos se sont sentis rassurés. Depuis lors, il n'est pas une se- maine sans qu'une déclaration plus ou moins furtive revienne sur le sujet, comme s'il s'agissait d'habituer peu à peu ces mêmes gogos à l'idée qu'au fond la chose ne serait pas si mauvaise, si elle était présentée dans un autre emballage... Cette pédagogie de bourrage de crânes a franchi un nouveau pas le dimanche 26 avril quand le ministre du Travail Brice Hortefeux a annoncé une nou- velle proposition sur le travail du dimanche pour « les toutes pro- chaines semaines », afin qu'elle soit débattue au Parlement en juillet. Et de bien insister : « Nous n'y avons pas renoncé. » Toutefois, on veillera, dit-il !, seulement « à ce qu'il soit pos- sible de faire ses courses dans tous les commerces de détail » dans certaines agglomérations. À part cela, dit-il encore, on « ne remet pas en cause le repos do- minical ». Le mensonge est, cette fois, vraiment trop gros. L'alerte est donnée. Mobilisons-nous ! Autre exemple : interrogée par Le Parisien, le 29 avril, sur le fait d'avoir inscrit l'homopa- rentalité dans le projet de loi sur le statut du beau-parent, M me Nadine Morano, secrétaire d'État à la "Famille", a répondu qu'il n'est pas prévu que le pro- jet passe au Parlement avant l'au- tomne mais que le texte est « tout prêt » tel que « demandé par le président de République. C'est un de ses engagements. » Donc, sous peu, le projet re- viendra... Le lobby homosexuel peut se réjouir. On se demande en quoi ces mesures répondent à un besoin urgent pour permettre à la France de traverser la crise. Changer les mœurs n'appartient pas au domaine de la politique, Sauf en pays totalitaire ! MICHEL FROMENTOUX SOCIÉTÉ La démocratie des mœurs Le président de la République s'accroche à ses promesses : travail le dimanche et statut du beau-parent.

s e année Tous à Jeanne d'Arc€¦ · ment à une belle œuvre, toutes choses inutiles aux yeux des lourdauds sectaires qui rè-gnent sur l'administration. Voici que pour de sordides

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Page 1: s e année Tous à Jeanne d'Arc€¦ · ment à une belle œuvre, toutes choses inutiles aux yeux des lourdauds sectaires qui rè-gnent sur l'administration. Voici que pour de sordides

Tous à Jeanne d'Arc !LE DIMANCHE 10 MAI

Marchés f inanc iersMarchés f inanc iers ::

Les courLes cours s ne fne font pas toutont pas tout

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3:HIKLKJ=XUXUUU:?m@r@h@a@a;

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1918-20091918-2009 ::

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■■ C U LC U L T U R ET U R E

LE MARIALE MARIAGE DU PRINCE JEANGE DU PRINCE JEAN,, DUC DE DUC DE VENDÔMEVENDÔME pp.. 8 et 98 et 9

3 s ❙ N° 2770 ❙ 63e année ❙ Du 7 au 20 mai 2009 ❙ Paraît provisoirement les premier et troisième jeudis de chaque mois ❙ www.actionfrancaise.net

2000« To u t c e q u i e s t n a t i o n a l e s t n ô t re »

L’ACTION FRANÇAISE

PPAAGES 12,13 & 15GES 12,13 & 15

FEU SUR LES ROSSIGNOLS !Tous les Français et même lemonde entier connaissent lesPetits chanteurs à la croix debois. Cette manécanterie dejeunes garçons fêtait l'an der-nier son centenaire. Le filmdont ils étaient les acteurs,La Cage aux rossignols, deJean Dréville, sorti en 1945, ainspiré Les Choristes de Gé-rard Jugnot sorti en 2004.avec un grand succès, car il nemanque pas de Français pourestimer que l'on ne peut rienentendre de plus beau qu'unchœur d'enfants.Cette école de vie à laquelles'est dévoué notammentMgr Maillet pendant un demi-siècle, est plus qu'une chorale,elle forme les enfants au goûtdu beau et à l'effort, elle leurapprend à se vouer gratuite-ment à une belle œuvre,toutes choses inutiles aux yeuxdes lourdauds sectaires qui rè-gnent sur l'administration.Voici que pour de sordidesquestions de droit du travail(sic), les Petits chanteurs sontaujourd'hui à la rue et bientôtaffamés ! La préfecture del'Oise leur a interdit de donnerdes concerts déjà programméset ils doivent annuler des tour-nées en Italie et en Suisse,pour la seule raison que lesenfants ne sont pasrémunérés !Histoire de fou. Comment gar-der cet esprit de don de soi,d'humilité et de discipline siapparaissaient des questionsde gros sous ? Cette assimila-tion du chant et de la produc-tivité risque de tuer un jour oul'autre toutes les chorales d'en-fants se donnant en concert.Ces voix manqueraient à laFrance comme des fleurs arra-chées dans un jardin. Le faitque le gouvernement se soitdit désireux de trouver une so-lution ne rassure guère les in-téressés...

M.F.

Les promesses du candidatNicolas Sarkozy étaient in-nombrables, il y a deux ans,

et l'on ne sait plus très bien les-quelles il a tenues, ou pas pu oupas voulu tenir... Toutefois, danssa démarche accélérée et zig-zaguante, il en est qu'il ne perdjamais de vue : ce sont cellesqui, comme par hasard, sont lesplus difficiles à faire admettreet qui n'ont pas la moindre ur-gence, mais qui tiennent à latransformation des mœurs,comme si son objectif prioritaireétait de déchristianiser la France.Pour lui et pour les ectoplasmesqui jouent le rôle de ministres,tous les stratagèmes sont bons

pour faire aboutir les mesurespromises à des minorités qui nereprésentent nullement l'en-semble des Français.

"Pédagogie"

Voyons, par exemple, le tra-vail le dimanche. Il était bien évi-dent, en décembre dernier, quele projet "coinçait" même à l'UMP.Alors on l'a mis en sommeil, etles gogos se sont sentis rassurés.Depuis lors, il n'est pas une se-maine sans qu'une déclarationplus ou moins furtive reviennesur le sujet, comme s'il s'agissaitd'habituer peu à peu ces mêmesgogos à l'idée qu'au fond la chose

ne serait pas si mauvaise, si elleétait présentée dans un autreemballage... Cette pédagogie debourrage de crânes a franchi unnouveau pas le dimanche 26 avrilquand le ministre du Travail BriceHortefeux a annoncé une nou-velle proposition sur le travail dudimanche pour « les toutes pro-chaines semaines », afin qu'ellesoit débattue au Parlement enjuillet. Et de bien insister :« Nous n'y avons pas renoncé. »Toutefois, on veillera, dit-il !,seulement « à ce qu'il soit pos-sible de faire ses courses danstous les commerces de détail »dans certaines agglomérations. Àpart cela, dit-il encore, on « ne

remet pas en cause le repos do-minical ». Le mensonge est, cettefois, vraiment trop gros. L'alerteest donnée. Mobilisons-nous !

Autre exemple : interrogéepar Le Parisien, le 29 avril, surle fait d'avoir inscrit l'homopa-rentalité dans le projet de loi surle statut du beau-parent,Mme Nadine Morano, secrétaired'État à la "Famille", a réponduqu'il n'est pas prévu que le pro-jet passe au Parlement avant l'au-tomne mais que le texte est« tout prêt » tel que « demandépar le président de République.C'est un de ses engagements. »Donc, sous peu, le projet re-viendra... Le lobby homosexuelpeut se réjouir.

On se demande en quoi cesmesures répondent à un besoinurgent pour permettre à laFrance de traverser la crise.Changer les mœurs n'appartientpas au domaine de la politique,Sauf en pays totalitaire !

MICHEL FROMENTOUX

❏ SOCIÉTÉ

La démocratie des mœursLe président de la République s'accroche à ses promesses : travail le dimanche et statut du beau-parent.

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❚ ÉCONOMIE & MÉDIAS

❚ 2 L’ACTION FRANÇAISE 2000 n° 2770 – du 7 au 20 mai 2009

Directeur de 1965 à 2007 : Pierre Pujo (✟)Directeur de la publication : M.G. PujoRédacteur en chef : Michel FromentouxRédacteur graphiste : Grégoire DubostPolitique : Guillaume Chatizel, Jean-Philippe Chauvin,Michel Fromentoux, Nicolas Hainaut,Stéphane PiolencÉtranger : Charles-Henri Brignac, Guy C. Menusier, Pascal NariÉconomie : Henri LetigreEnseignement, famille, société : Stéphane Blanchonnet, Jean-Pierre Dickès, Michel Fromentoux, Aristide Leucate, Frédéric WinclerCulture : Monique Beaumont, Anne Bernet, Renaud Dourges, Gaël Fons,Norbert Multeau, Jean d’Omiac,François Roberday, Alain WaelkensHistoire : Yves Lenormand, Laure Margaillan, René Pillorget, Francis VenantArt de vivre : Pierre ChaumeilChroniques : François Leger, Jean-Baptiste MorvanAbonnements, publicité, promotion : Monique Lainé

10 rue Croix-des-Petit10 rue Croix-des-Petits-Champs-Champs s 75001 Paris75001 Paris

Tél. : 01 40 39 92 06 - Fax : 01 40 26 31 63

wwwwww.actionfrancaise.net.actionfrancaise.netredaction@[email protected]

[email protected] 1166-3286

L'EUROPE AU SUPERMARCHÉRÉVOLUTION dans les li-néaires : une directive euro-péenne entrée en vigueur le11 avril libéralise les quantitésnominales des produits en pré-emballages, à l'exception desvins et spiritueux, abrogeantdes règles fixées depuis 1975.Un suris est accordé au lait, aubeurre, aux pâtes et au caféjusqu'au 11 octobre 2011, ausucre jusqu'à l'année suivante.Mais le riz, la farine ou les jusde fruit sont d'ores et déjàsusceptibles d'être vendus enquantités fantaisistes, sauf re-tard des États membres de l'UEdans la transposition du droitcommunautaire. Selon les rédacteurs du texte,les goûts des acheteurs s'entrouveraient mieux satisfaits,et la concurrence stimulée.« Afin d'améliorer la protec-tion des consommateurs, enparticulier celle des [...] per-sonnes handicapées ou âgées,il convient de veiller particu-lièrement à ce que les indica-tions de poids et de mesures[...] soient plus faciles àlire... » Les commerçants yseront-ils disposés ? La Com-mission dressera un premierbilan au plus tard le 11 oc-tobre 2015. D'ici là, si l'on en croit JeanQuatremer (Coulisses deBruxelles, 27/4/09), ses dé-tracteurs seront d'autant plustentés de se saisir de l'affaireque cette directive, adoptéeen septembre 2007, avait étéproposée par Fritz Bolkestein :un commissaire néerlandaisdevenu, sans l'avoir voulu, lehéraut du "non" français auTraité établissant une constitu-tion pour l'Europe...

G.D.

» POLYGLOTTE

Depuis le 27 avril, France 24 diffuse quoti-diennement dix heures de programmes enarabe, au lieu de quatre précédemment.« Notre chaîne [...] a toujours fait du multi-linguisme une pierre de touche de son exis-tence » affirme Gauthier Rybinski, « tout enrefusant le relativisme culturel qui assigne-rait à chaque antenne l'obligation de ne trai-ter que les thèmes et questions relevant deson aire linguistique ». La chaîne cible les"leaders d'opinion" au Proche et au Moyen-Orient, au Maghreb, mais aussi en Afrique,en Europe ou aux États-Unis. Elle propose« un regard français » sur l'actualité interna-tionale, dont Christine Ockrent, directricegénérale de l'Audiovisuel extérieur de laFrance, suggère une conception étroitementrépublicaine : il s'agirait d'« exprimer enarabe des idées sur la laïcité, l'égalité desfemmes et des hommes, tout ce qui fait vé-ritablement le socle de nos sociétés ».

» HADOPI

L'Assemblée nationale a repris l'examen duprojet de loi "Création et Internet" le29 avril, alors que les représentants du Parle-

ment européen, le Conseil et la Commissionvenaient de s'accorder sur un amendementcontroversé du Paquet télécom. Le compro-mis est suffisamment ambigu pour satisfairele gouvernement français, tout en permet-tant à Catherine Trautmann d'assurer qu'ilfera obstacle à la suspension des connexionspar l'Hadopi. Aura-t-elle convaincu ses col-lègues ? Ceux-ci devaient se prononcer enséance plénière le 6 mai. (Écrans, 29/4/09)

» FRANCE LIBRE

La France serait le pays le plus engagé sur lavoie du logiciel libre, selon une étude pu-bliée par Red Hat et l'institut Georgia Tech.Clubic en a commenté les conclusions le23 avril : « La France obtient le meilleurscore en ce qui concerne le déploiement [...]au sein des infrastructures gouvernemen-tales. Ainsi le mois dernier nous apprenionsque la Gendarmerie nationale avait écono-misé 50 millions d'euros suite à son proces-sus de migration vers les logiciels bureau-tiques d'OpenOffice.Org initié en 2004... »Cette politique assure en outre la maîtrisetotale des programmes, dont le code est ou-vert et modifiable à souhait : un gage desouplesse, voire de sécurité.

» DAILY SHOW

Le ministre de l'Économie a séduit les Améri-cains, si l'on en croit les rires et les applau-dissements ayant retenti sur le plateau duDaily Show le 27 avril. Participant à uneémission satirique sur Comedy Central,Christine Lagarde semblait détendue. Elle aoffert un béret au présentateur Jon Stewart,accusé d'exploiter les clichés... Avant d'entrer en politique, Mme Lagardeavait fait carrière chez Baker & McKenzie,l'un des plus grands cabinets d'avocats américains.

» PUBLICITÉ

Le Renault Grand Scénic est-il la voitureidéale des « nouvelles familles » ? Une publi-cité télévisée le prétend, mettant en scèneles allers et venues d'un père courant aprèsses enfants issus de plusieurs mariages. Lui-même semble avoir du mal à s'y retrouver,c'est pourquoi nous n'y avons pas vu une apo-logie de l'éclatement des familles. La légè-reté du ton interpelle néanmoins : manifes-tement, dans l'esprit des marketeurs, c'estentré dans les mœurs.

G.D.

L'optimisme, toujours l'opti-misme... S'il y a une chosequi réunit les adeptes du

grand marché mondialisé, c'estbien la croyance indéfectible dansle caractère fondamentalementbienfaisant des mécanismes éco-nomiques et financiers laissés àleur libre cours. Pour ces doctri-naires, il s'agit d'attendre qu'une"main invisible" – directement sor-tie d'une caricature de la penséed'Adam Smith – fasse son office etrééquilibre un système dont lasplendeur passée renaîtra de sescendres après la purge nécessaire.Illustration : ils nous affirment quela reprise économique n'est pasloin en relevant ici le petit rebondactuel des cotations boursières oulà une réduction marquée desécarts des taux d'intérêts entreactifs risqués et moins risqués.

Naïveté coupable

Selon les plus hautes autori-tés du FMI, la situation serait doncen voie de stabilisation et le re-tour de la croissance se profile-rait pour 2010. Déjà, des voix sefont entendre dans notre payspour évoquer la gestion de l'aprèscrise économique, notamment surles questions des prélèvementsobligatoires et de la gestion desdéficits publics.

Croire que le pire est derrièrenous est faire preuve d'une naï-veté bien coupable. Certes, lerythme du déclin économique ra-lentit, mais envisager aujourd'huiun redressement semble releverde l'utopie. En effet, aux États-Unis ou au Japon, la chute de laproduction manufacturière peutse comparer à celle observée

après le krach de 1929. Si la pla-nète ne connaît pas de dépres-sion comparable à celle des an-nées trente, le mérite en revientà l'intervention des États et à l'am-pleur de leurs plans de relance.L'effort de la puissance publiqueest à ce titre considérable.

En effet, le déficit budgétaireréel de la zone OCDE devrait at-teindre, l'année prochaine, 8,7 %du produit intérieur brut pour undéficit structurel de 5,2 %. Ceschiffres s'élèveraient respective-ment à 11,9 % et à 8,2 % pour lesÉtats-Unis. Parallèlement, troisdes plus grandes banques cen-trales du monde – Fed, banquescentrales du Japon et d'Angleterre– conduisent des politiques nonconventionnelles et ont adoptédes taux directeurs proches dezéro pour tenter de raviver le cré-

dit. Il est impossible qu'un tel ac-tivisme ne donne pas de résultatet que nous n'assistions pas à unenormalisation partielle des mar-chés financiers.

Faillite du crédit

Mais sur le fond la situationde l'économie mondiale reste in-changée. Les quelques mesuressymboliques, prises au niveau in-ternational, sur le contrôle desfonds spéculatifs et des paradisfiscaux n'auront que peu d'impact.Pire encore, il est malheureux deconstater que si la majorité desmesures permettent d'amoindrirles conséquences de la crise, ellesne constituent nullement une ré-ponse à ses véritables origines.En effet, alors que l'attention mé-diatique était portée sur la spi-

rale descendante des marchés fi-nanciers, rares sont ceux qui ontsouligné qu'il s'agissait avant toutd'une faillite du crédit, et no-tamment du crédit aux ménages.Avec une dette moyenne de 170 %du revenu disponible brut auRoyaume-Uni ou de 140 % auxÉtats-Unis, il était inévitable quel'insolvabilité des débiteurs éclateau grand jour en balayant tous lesartifices financiers et, en parti-culier, celui des subprimes. Ainsi,au-delà du fonctionnement erra-tique des marchés financiers, laprincipale difficulté qui doit êtresurmontée aujourd'hui est unecrise de la demande mondiale.

Le spectre de la déflation

Comme nous l'avons vu, le re-cours au crédit n'a pu apporterqu'une solution temporaire et ex-trêmement coûteuse à cette crisede la demande. Le problème resteaujourd'hui entier, car en organi-sant le transfert de la productionmanufacturière vers des terri-toires toujours moins coûteux, lamondialisation des échanges a misen place d'énormes surcapacitésde production tout en affaiblis-sant la demande globale, par lacompression de la rémunérationdu travail dans tous les pays dela planète. La contraction de plusd'un tiers du volume du commerceinternational, au cours du pre-mier trimestre 2009, donne uneidée de l'ampleur des ajustementsqui sont en train de s'effectuer.

À ce rythme, une autre me-nace risque de s'abattre sur l'éco-nomie mondiale. Il s'agit de la dé-flation, ce cycle au cours duquell'économie est paralysée par l'ato-nie de la demande et qui rendimpossible toute relance par lesoutils monétaires. Ce cycle dontle Japon a souffert durant plusde dix ans à la suite de l'éclate-ment de sa bulle spéculative en1991. En bref, les optimistes enseront pour leurs frais.

PATRICE MALLET

❏ MARCHÉS FINANCIERS

Les cours ne font pas toutLa stabilisation des marchés financiers indique-t-elle la fin prochaine de la criseéconomique ? Rien n’est moins sûr et la désillusion risque d’être cruelle. La chute de la production se compare à celle observée après 1929...

Le recours au crédit n'a pu apporter qu'une solution temporaire et extrêmement coûteuse à la crise de la demande.

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POLITIQUE ❚

L’ACTION FRANÇAISE 2000 n° 2770 – du 7 au 20 mai 2009 3 ❚

Qui donc a intérêt à semerla panique à travers notremonde en crise ? Cette his-

toire de grippe porcine, puis mexi-caine, puis H1N1, puis tout sim-plement A, provoquera l'hilaritédes historiens futurs. Pendantquelques jours on n'a parlé quede mesures de plus en plus radi-cales à prendre pour échapper àla mort par millions ; un journaltélévisé a été entièrement consa-cré aux précautions qu'il faudraitenvisager. Cela allait jusqu'à agi-ter le spectre du port obligatoiredu masque, voire l'interdiction detout rassemblement de plus dedeux ou trois personnes, avec fer-meture des écoles, des théâtres,des bureaux, des restaurants, dessalles de sport - des églises, ajou-taient sans doute les fous furieuxVerts... En somme il ne fallait plusvivre, plus sortir, plus travailler,plus voyager. Belle façon pour unpeuple d'affronter la Crise !

Tout cela pour nous expliquertrois jours plus tard que cettegrippe n'était pas beaucoup plusméchante que la grippe ordinairequi chaque année tue déjà prèsd'un million d'hommes dans lemonde ! Il reste toutefois desfroussards patentés qui continuentd'entretenir la psychose.

Panique

Bien sûr, nul ne peut contes-ter le droit, même le devoir, despouvoirs publics de juguler les épi-démies. Mais, tout de même, lemonde a surmonté de bien piresépreuves, telle que la lèpre, sanspour autant s'arrêter de vivre !Nous ne sommes même plus autemps de la fameuse grippe es-pagnole de 1918 ; l'hygiène et lamédecine ont accompli des pro-grès immenses. Un tel affolementdevant un mal qui tient à notrecondition humaine, que l'on doitdonc s'efforcer de limiter mais quel'on ne pourra jamais totalementéradiquer, n'est pas sain dans unmonde qui, par exemple, tolèreallègrement l'avortement lequel,lui, tue sans rémission des mil-lions d'innocents chaque année(220 000, rien que pour la France).Hémorragie qu'un simple retour àla loi morale suffirait à éviter. Carla vie des enfants non encore nésa-t-elle moins de valeur que celledes gens bien installés dans leurshabitudes sécuritaires ?

Tout s'est passé ces derniersjours comme si l'on cherchait à

imposer aux populations un testpour étudier leurs réactions unjour éventuel où, pour des motifspeu avouables, on aurait besoinde les réduire au silence et à l'in-

action. Cela ne prépare pas deslendemains qui chantent... Pré-caution, que d'abus l'on peut com-mettre en ton nom !

Une nouvelle"chienlit"

En attendant, la grippe A aurapermis pendant quelques jours defermer les yeux sur la situationde notre pays et sur le fonction-nement de notre démocratie, qui,elle, est vraiment grippée... Deci de là, emplois précaires, fer-metures d'entreprises même bé-néficiaires, chômage en hausse,manifestations et grèves à répé-tition, coupures intempestives degaz ou d'électricité, familles an-goissées par le surendettement,patrons séquestrés, préfecturesmises à sac, universités bloquéespar les étudiants, prisons bloquées

par leurs gardiens, sans oublierles actes de petite et de grandedélinquance qui ne cessent point,on est tenté de redire le mot gaul-lien de "chienlit".

Dans un État qui se respecte-rait l'heure serait venue degrandes remises en cause autourd'une personne ayant à la fois del'autorité et un cœur, qui sachecomprendre ceux qui souffrent dela crise et unir les classes en in-tégrant les représentants du tra-vail dans une action pour le biencommun, qui sache aussi rappe-ler leurs devoirs aux nantis, quisache aussi présenter d'autres va-leurs que celles de l'argent vaga-bond qui nous a plongés dans lepétrin de cette crise. En somme,plus que jamais dans de tels mo-ments, nous souffrons de l'absenced'un roi offrant son arbitrage etrétablissant la confiance.

Nous avons Nicolas Sarkozy.Nous nous garderons bien de lerendre responsable de la situa-tion, il n'est que le produit pas-sager d'un système aberrant, et

l'on ne peut nier qu'à défaut deremonter aux causes, il s'attaqueparfois hardiment aux effets dela crise. Cela est d'autant plus in-suffisant que le personnage estun agité perpétuel, qu'il veut semêler de tout, qu'il se jette dansla mêlée et ne peut avoir aucunefaculté d'arbitrage. Ainsi est-il di-rectement la cible de tous lesmécontents.

Il s'en rend compte lui-mêmepuisqu'avec raison il entend fê-ter dans la plus obscure intimitéle deuxième anniversaire de sonaccession à la présidence. Deuxans, évidemment, c'est bien courtpour juger une politique - cellede nos rois se jugeait sur plusieursgénérations ! Reste que M. Sar-kozy, avec sa manière de semerle désordre dans les partis ad-verses et de prendre dans songouvernement des ministres - di-sons plutôt des potiches -, deshorizons les plus inattendus, n'anullement porté la coup de grâceau régime des partis et de la foired'empoigne.

Foire d'empoigne

Que voit-on en effet en ce dé-but de campagne électorale eu-ropéenne ? Dans le gouvernement,plusieurs ministres agacent le pré-sident en clamant tout haut lesministères qu'ils voudraient arra-cher (Mme Nadine Morano réclameà la fois la Famille et l'Éducation- vision totalitaire de l'enfant ?).À l'UMP, les opinions divergent surd'importants sujets (travail le di-manche, homoparentalité, voirpage 1). À gauche, la fade Mar-tine Aubry n'a aucune autre lignede conduite que d'attaquer syté-matiquement M. Sarkozy, elle n'ar-rive pas aisément à arracher lavedette à Ségolène Royal laquellemultiplie à plaisir les faux pas,tandis que cherche à profiter duvide un Olivier Besancenot au lan-gage marxiste nettement dépassémais qui n'hésite pas à roder jus-qu'en Guadeloupe sa tactique "ré-

volutionnaire". Reste encore ce-lui qui cherche toujours à faireson trou, l'inénarrable FrançoisBayrou, toujours assis entre deuxchaises dans la tradition de la dé-mocratie dite chrétienne. On nesait si sa façon de se poser en prin-cipal adversaire de Nicolas Sar-kozy sert celui-ci ou Mme Aubry.

L'Europe sans âme

Qui peut compter sur ce beaumonde pour nous sortir de lacrise ? Pas étonnant que la plu-part des observateurs prévoientun taux d'abstention record auxélections européennes du 7 juinprochain. La campagne est àl'image de ce printemps qui n'enfinit pas d'essayer de démarrer.Même l'UMP n'a pas encore fini deboucler ses listes en ces premiersjours de mai. Vraiment le cœurn'y est pas.

Ce mardi 5, M. Sarkozy doitprononcer un grand discours àNîmes où il compte exalter le rôlequi fut le sien comme présidentde l'Europe il y a presque six moiset pour réchauffer la foi euro-péenne. Mais outre le fait qu'uneintervention présidentielle au-jourd'hui n'est plus du tout un évé-nement, ce langage a peu dechances d'enthousiasmer les Fran-çais en ces jours où la crise leurfait sentir la nécessité de la na-tion, alors que l'"Europe", pure-ment matérialiste et administra-tive, leur paraît inefficace.

Il appartiendrait à la France,mais pas à M. Sarkozy, ni à unscrutin, de redonner à l'Europece qui lui manque le plus, c'est-à dire, comme nous l'a déclaré(page 8) Mgr le duc de Vendômequelques jours avant son ma-riage : une âme !

MICHEL FROMENTOUX

❏ H1N1

La république grippéeLe spectre de la grippe porcine a détourné l'attention des médias de la criseéconomique. Une diversion qui n'est pour rien dans le "retard au démarrage" de la campagne électorale des européennes...

■ Nous le répétons à chaque nu-méro : un journal politique commeL'Action Française 2000 ne peutvivre uniquement de la vente aunuméro et des abonnements.

Malgré un budget serré pour2009, fortement réduit par rap-port à celui de l'an dernier - grâceà des économies de personnel –nous devons chaque mois faire ap-

pel à la générosité de nos amispour payer toutes nos factures etrésorber notre déficit.

Depuis le début de l'année lasouscription accuse un retard de7 000 euros. Si vous voulez que lejournal continue, il faut que tousnos amis, qui, l'an dernier, ont par-ticipé à l'opération Cent euros pourL'AF nous envoient pour cette an-née la même somme.

Pourquoi aussi ne pas suivrel'exemple de cet ami fidèle quinous envoie régulièrement 90 eu-ros chaque trimestre, soit un europar jour ?

Un euro par jour, c'est à la por-tée de beaucoup d'entre vous. N'at-tendez plus ! C'est urgent !

MARIELLE PUJO

Un euro par jour

❚ NOTRE SOUSCRIPTION POUR L'AF

LISTE N° 3

100 euros pour l'A.F. : Anonyme,100 ; anonyme, 100 ; Fernand Es-tève, 200 ;

Virements réguliers : Mme Fran-çoise le Groignec, 15,24 ;Mme Yvonne Peyrerol, 15,24 ;Mlle Annie Paul, 15,24 ; Mme Ma-rie-Magdeleine Godefroy, 22,87 ;Mme Plessis d'Argentré, 25 ; Mme Marie-Christiane Leclercq-Bou-rin, 28 ; Mme Françoise Bedel-Gi-roud, 30,49 ; H. Morfin, 32 ; Mme

Tatiana de Prittwitz, 45,73 ; LouisMoret, 90 ; (1 euro par jour).

Mme Monique Labadie, 50.Total de cette liste : 769,81 s

Listes précédentes : 1 746,22 s

Total : 2 516,03 s

Total en francs 16 504,07 F

Pour qui roule François Bayrou ?

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❚ ASPECTS DE LA FRANCE

❚ 4 L’ACTION FRANÇAISE 2000 n° 2770 – du 7 au 20 mai 2009

Lors de la consultation orga-nisée le 29 mars dernier, lesMahorais ont plébiscité, par

95,2 % des voix, le choix pour leurîle du statut de départementd'outre-mer. Prenant acte de cettevolonté clairement manifestée,le gouvernement va préparer unprojet de loi définissant le futurstatut, qui entrerait en vigueurle 1er janvier 2011. Il tiendracompte des spécificités locales,en prévoyant une application pro-gressive d'un certain nombre dedispositions, particulièrement enmatières fiscale et sociale.

Solidaritéentre départements

Cette perspective, qui répondà une demande constante et an-cienne des Mahorais, semble sou-lever des réserves de la part decertains, même de la part de per-sonnes proches de notre courantde pensée. On peut en effet en-tendre ou lire des réflexions dutype : « La départementalisation,c'est un choix motivé davantagepar l'argent de la France que parl'amour de la métropole » ou « Çava coûter bien cher au contri-buable français »...

Il est vrai que si l'on fait unebalance comptable des transfertsdu contribuable national aucontribuable mahorais, celui-cireçoit bien davantage qu'il nedonne. Mais n'est-ce-pas aussi lecas de plusieurs de nos régionsfrançaises, comme le Limousin,l'Auvergne, la Lorraine ou la Bre-tagne ? Il n'est pas choquantqu'une certaine solidarité s'opère,dans un État, au bénéfice des col-

lectivités les plus pauvres. C'estmême une des raisons d'être dela notion d'État. Il faut aussi no-ter qu'un ancien territoire fran-çais devenu indépendant conti-nue à coûter au contribuable fran-çais... sur le budget de lacoopération !

Aboutissement

Les critiques pourraient trou-ver un fondement si les Mahoraisvoulaient soutirer un maximumde fonds avant de réclamer leurindépendance. Devenue françaiseen 1841 précisément pour échap-per à la mainmise des autres îlesde l'archipel comorien, Mayottea manifesté depuis lors, de façoncontinue, son désir de s'arrimer à

la France, notamment dans lesmoments très difficiles de 1974-1976. « Nous voulons rester Fran-çais pour être libres ! », pouvait-on lire sur les banderoles des Ma-horais en 1975. L'accession austatut départemental constituedonc l'aboutissement de longuesannées de revendications au coursde lesquelles les Mahorais ontprouvé, à maintes reprises, leurattachement à la métropole.

L'article 73 de la Constitutionindique : « Dans les départementset les régions d'outre-mer, les loiset règlements sont applicables deplein droit. Ils peuvent faire l'ob-jet d'adaptations tenant aux ca-ractéristiques et contraintes par-ticulières de ces collectivités. »Il est évident qu' à Mayotte, l'ap-

plication immédiate des disposi-tions fiscales ou sociales – le re-venu minimum d'insertion, le sa-laire minimum - serait de natureà bouleverser l'économie tradi-tionnelle. Là, on pourrait parlerd'argent gâché. C'est précisémentpour tenir compte de la spécifi-cité mahoraise que le projet destatut va prévoir une mise enplace progressive et adaptée deces réglementations, allant jus-qu'à une période de douze ans.

Atouts indéniables

Rappelons aussi que Mayotteoffre à la France des atouts in-déniables qui ne pourront jamaisêtre placés dans une colonne decomptabilité : une présence na-tionale dans le passage straté-gique qu'est le canal du Mozam-bique à l'est de Madagascar, fai-sant ainsi pendant avec la Réunionqui se trouve à l'est de la grandeîle ; des eaux territoriales fran-çaises contenant des nodules po-lymétalliques susceptibles d'êtreexploités comme sources d'éner-gie ; les ressources naturellesqu'offre l'île aux parfums : pourle commerce, la vanille, la feuilled'ylang-ylang, qui, distillée, sertde fixateur pour la fabrication desparfums ; pour le tourisme, lesplages et le double lagon fermé,idéal, grâce à la barrière de co-rail, pour la pêche au gros et laplongée sous-marine...

Les Mahorais vont certes pro-fiter du futur statut départe-mental qui, s'il est appliqué avecdiscernement et progressivité,leur apportera de nombreux avan-tages, au prix toutefois d'un cer-tain nombre de contraintes. Maisla France, elle aussi, gagnera àce changement de statut de l'îleaux parfums, qui, devenue dé-partement d'outre-mer de pleinexercice, pourra mieux mettre envaleur ses atouts et contribueramieux encore, par ses diversités,à la richesse et au rayonnementde notre pays.

DIDIER BÉOUTIS

❏ MAYOTTE

Le rayonnement de la FranceS'il est appliqué avec discernement et de façon progressive, le statutdépartemental permettra à Mayotte de mieux mettre en valeur ses atouts et,partant, de participer plus encore au rayonnement de la France dans le monde.

» EMBAUCHE

Par une délibération du 30 mars,la Haute Autorité de luttecontre les discriminations etpour l'égalité « recommande augouvernement de supprimer lesconditions de nationalité pourl'accès aux trois fonctions pu-bliques, aux emplois des établis-sements et entreprises publics etaux emplois du secteur privé, àl'exception de ceux relevant dela souveraineté nationale et del'exercice de prérogatives depuissance publique ».S'appuyant sur les chiffres duGroupe d'étude sur les discrimi-nations (GED), la Halde évalue à30 % la proportion des emplois« interdits partiellement ou to-talement aux étrangers ». Lepublic donnerait le mauvaisexemple : « En effet, les postesd'agents titulaires bénéficiantdes garanties statutaires sontinaccessibles aux étrangers noncommunautaires. » Cela aurait« pour conséquence un taux dechômage et de précarité très

élevé dans les quartiers popu-laires, où sont concentrés la ma-jeure partie des étrangers noneuropéens ». Selon le GED,« l'univers professionnel dans le-quel évoluent les enfantsd'étrangers [serait] d'emblée li-mité par les restrictions quifrappent leurs parents ». LaHalde souligne en outre « laperte de légitimité de la condi-tion de nationalité dans l'accès àl'emploi » découlant des privi-lèges conférés aux ressortissantsdes États membres de l'Union européenne.Des considérations auxquelles on reconnaîtra pour une fois un certain fondement. En fait, laHalde place la République face àses contradictions : "généreuse",celle-ci accueille volontiers desimmigrés, mais sans leur assurerdes conditions décentes d'inté-gration ; critique à l'égard de la"préférence nationale", elle ré-cuse toute priorité à l'em-bauche, mais cantonne lesétrangers extracommunautaires –ainsi que tous les contractuels -

à la précarité, bien qu'ils assument parfois les mêmes responsabilités qu'un fonction-naire statutaire. Hélas, la justice ne sortira pasgagnante d'une marche effrénéevers l'égalité...

» COUTEAU SUISSE

Le ministre de la Défense, HervéMorin, et celui chargé de la miseen œuvre du plan de relance del'économie, Patrick Devedjian,ont lancé officiellement le16 avril la construction d'untroisième bâtiment de projec-tion et de commandement(BPC). Assemblé aux chantiersde l'Atlantique, il nécessitera2,5 millions d'heures de travailselon la Marine. Son admissionau service actif est prévue pour2012. « Véritable "couteausuisse" de la flotte, ce navire denouvelle génération se caracté-rise par sa polyvalence et sa vo-cation interarmées. C'est tout àla fois un porte-hélicoptères, untransport de troupes et de ma-

tériels, de blindés et d'engins dedébarquement amphibie, un hô-pital embarqué, un centre decommandement permettant dedéployer un état-major euro-péen ou international et un bâ-timent apte à des opérationshumanitaires d'importance. »Selon Jean-Dominique Merchet,cependant, « rajouter un grosbateau de 20 000 tonnes à laflotte n'est pas forcément cequ'il y a de plus cohérent entermes de besoin et de gestiondu personnel. L'équipage d'unBPC est de plus de 160 marins,celui d'une Fremm de 108. Avecce choix, dicté par de bonnesraisons économiques et sociales,on s'oriente encore un [peu] plusvers le modèle d'une marine ma-crocéphale dotée d'un nombreappréciable de grands bateaux,très prestigieux, mais de peu defrégates et d'avisos, qui sontpourtant la bête de somme ordinaire de toute marine. »(Secret Défense, 17/4/09)

G.D.

Vue de Sada

Signes des Temps

» DIMANCHE

Personne ne veut de la géné-ralisation de l'ouverture dudimanche. Ni les syndicats, niles petits com-merçants, ni lesassociations fa-miliales, nimême un cer-tain nombre dedéputés dedroite qui ont fait capoter leprojet en janvier dernier. MaisBrice Hortefeux, ministre duTravail, l'a promis. Il faudra« honorer une promesse ducandidat à la présidence de laRépublique ». On ne savait pasque Nicolas Sarkozy était sisoucieux de tenir ses pro-messes...

» BLING-BLING

En voyage en Espagne, le pré-sident de la République a re-fusé de se dé-placer à bord dela Rolls-Royceque le roi d'Es-pagne avaitmise à sa dispo-sition. Avant lacrise, le chef del'État ne faisaitpas tant d'histoires lorsqu'ils'agisssait d'emprunter unyacht à un ami patron...

» PAC

La Commission européenne aobligé les États a rendre pu-bliques les aides versées dansle cadre de la politique agri-cole commune.Un louable ef-fort de transpa-rence, qui res-semble un peu àde la délationpublique sur lesite telepac.gouv.fr où l'onpeut découvrir les aides per-çues par chaque agriculteur.On retiendra que 5 300 exploi-tations sur environ 390 000touchent plus de 100 000 eurospar an, et 37 plus de 300 000euros alors que la moyenne estde 20 000 euros.

» ARITHMÉTIQUE

En 2008, les bénéfices des en-treprises du CAC 40 ont chutéde... 40 %. Mais en 2008, lesdividendes reversés aux action-naires des entreprises du CAC40 n'ont chuté que de... 14 %.Cherchez l'erreur !

» LOGORRHÉE

Après deux ans d'omniprésenceprésidentielle, le CSA a donnéraison à l'opposition et à tousceux qui ne comprenaient pasque le président puisse faireen permanence son auto-pro-motion : pour la campagne desélections européennes, letemps de parole de l'omni-pré-sident et de ses conseillersspéciaux sera pris en compte.

GUILLAUME CHATIZEL

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ASPECTS DE LA FRANCE ❚

L’ACTION FRANÇAISE 2000 n° 2770 – du 7 au 20 mai 2009 5 ❚

Àsix semaines des électionseuropéennes, nous avons ar-penté la Toile à la recherche

des "manifestes politiques" dequelques partis. Certains sites de campagne reflètent le désin-térêt suscité par le scrutin : outre le nom de ses têtes de liste, leFront national diffuse seulementquelques affiches. L'UMP publiedes actualités et met en valeurla "communauté" de ses sympa-thisants, sur le modèle de Face-book, sans formaliser ses propo-sitions, peut-être dans l'attented'un discours du président de laRépublique ; les internautes enquête d'un programme doivent secontenter d'un tract peu fourni,où l'on remarque l'importance ac-cordée à l'outre-mer.

Discoursprotectionnistes

L'heure n'est plus aux décla-rations eurobéates. Certes, le PSentretient le mythe selon lequella construction européenne au-rait « garanti la paix » ; et le Mo-Dem s'illusionne en croyant pou-voir renverser la situation où,« depuis des années, chaque paysessaie de marquer des pointscontre les autres ». Confrontés àla crise économique, les partispréfèrent accompagner le retourmédiatique du politique. Dans lacontinuité du « succès de la pré-sidence française de l'Union »,l'UMP martèle ce slogan : « Quandl'Europe veut, l'Europe peut. »Réunis sous la bannière de Liber-tas, le MPF et CPNT exploitentune thématique similaire : « Pre-nons l'Europe en main. »

Des appels de pied au pro-tectionnisme sont lancés de toutesparts : l'UMP nous encourage à vo-ter « pour une Europe qui nousprotège » ; selon les socialistes,« le débat n'est pas tant de sa-voir si nous serions des partisansou des adversaires du protec-tionnisme, mais bien de déter-miner quels intérêts nous sou-haitons protéger ». La hantise dudumping illustre la nécessité d'uneharmonisation des fiscalités eu-ropéennes aux yeux du PS et duMoDem. Reste à convaincre nospartenaires, dans un domaine où

l'unanimité demeurerait la règlemalgré l'entrée en vigueur dutraité de Lisbonne.

Le PS s'indigne d'« un budgeteuropéen réduit à moins de 1 %de la richesse produite en Eu-rope » ; le MoDem lui fait écho,proposant « un budget européendont le volume serait décidé parle Parlement européen et ali-menté par un impôt unique sur

l'ensemble des pays de l'Union ».Autre suggestion du parti cen-triste : la nomination d'« un pro-cureur européen avec autorité surles polices ». De retour au pou-voir, ces fédéralistes se montre-ront-ils aussi disposés à dépouillerl'État de ses prérogatives ?

L'Alliance royale plébiscite lacréation de deux commissariatseuropéens, « pour la coordina-tion de la sécurité des pays eu-ropéens » d'une part, « pour l'en-vironnement et la sécurité sani-taire » d'autre part. Quelsrapports entretiendraient-ils avecles directions générales de laCommission, le Centre de suivi etd'information en charge de la pro-tection civile, l'Agence euro-péenne pour l'Environnement ? Onl'ignore, mais ces propositions témoignent de la volonté large-ment partagée d'envisager l'Eu-

rope indépendamment du marchéunique. François Bayrou souhai-terait que « l'exigence sociale,démocratique et écologique soitplacée au même niveau que laconcurrence ». Pourquoi pas au-dessus ? De toute façon, la concur-rence n'est qu'un instrument censéservir la prospérité, dont l'effi-cacité inspire une circonspectionstimulée par la crise.

Le PS feint d'offrir à l'Europe« le droit à l'alternance » : « Ily a aujourd'hui la possibilité dedonner sa place à la politique aucœur de l'Europe et d'assumerjusqu'au bout le clivage avec ladroite en faisant échec à une can-didature Barroso et, nous le sou-haitons, en ayant un candidatcommun issu du PSE pour la pré-sidence de la Commission. » C'estmal parti. D'autant qu'en dépitde leur affiliation à gauche, lesgouvernements britannique, es-pagnol et portugais devraient ap-puyer la reconduction de José Ma-nuel Barroso.

Vœu pieux

Autre vœu pieux : la consti-tution d'« une Europe forte avecune vraie défense européenne ».Cela « n'est pas aujourd'hui cré-dible » rétorque l'Alliance royale.Prenant le risque de froisser sessympathisants, celle-ci considèremême « que la France doit semaintenir dans l'Otan, [...] laseule organisation militaire ca-pable de répondre aux besoinsde sécurité dans nos zones d'in-térêts stratégiques ». Debout laRépublique prétend qu'« avec letraité de Lisbonne (article 27-7),la France n'aurait pas pu faireentendre sa voix sur la guerre enIrak ». Le texte incriminé - quin'est pas stricto sensu un articledu traité de Lisbonne - introduitune clause de défense mutuelleet rappelle la compatibilité des

politiques de l'UE avec les enga-gements souscrits dans le cadrede l'Otan. Or cela n'est pas nou-veau et ne concerne pas direc-tement l'intervention en Irak, dé-cidée en dehors des structuresatlantiques.

Tandis que le Front nationalfait passer « ma retraite, ma fa-mille, mon emploi... avant l'Eu-rope », d'autres souverainistes ont

adopté une posture plus nuancée,"eurocompatible" selon l'expres-sion du "sécessionniste" ReineldeMaes (afe-blog.com, 26/4/09) :« Osons une Europe différente »lance Nicolas Dupont-Aignan ;c'est « une dimension nécessairede notre avenir » confirme Li-bertas. Tout en revendiquant sa« prudence » à l'égard de laconstruction européenne, l'Al-liance royale observe que « cer-tains secteurs industriels ont [...]besoin d'une masse critique suf-fisante pour être concurrentielsdans un contexte de mondialisa-tion : aéronautique, espace, dé-fense, énergie, pharmacie, etc. »Selon l'AR, l'Europe est « une zonerelativement homogène en ma-tière stratégique. Beaucoup d'en-jeux concernant la France [...]sont aussi en même temps euro-péens : terrorisme, accès aux res-sources d'énergie, sécurité mari-time, etc. »

L'Alliance royale esquisse « unaménagement de ce qui existedéjà : un conseil européen re-présentant les États, une assem-blée, des commissions exécutiveset des instances juridictionnelles,chacune agissant dans le strictcadre des coopérations aux-quelles les États membres aurontbien voulu souscrire ». Exit la« Grosse Kommission » fustigéerégulièrement par Les Manantsdu Roi, éclatée en diverses enti-tés. L'AR plébiscite une commu-nauté où « nul État européen nepeut être contraint d'appliquer

des directives ou des lois euro-péennes sur son territoire s'il neles a pas lui-même ratifiées.Nulle institution européenne nepeut exercer de coercition dedroit sur les États membres endehors de traités librement etpréalablement consentis pareux. » Qu'adviendrait-il du droitcommunautaire dérivé ? L'Alliancelaisse planer une certaine ambi-guïté. Elle se préoccupe en toutcas de la réversibilité des enga-gements : de son point de vue,« l'adoption de la monnaie uniqueapparaît comme imprudente, nonpas nécessairement pour sesconséquences économiques, maisparce qu'elle lie la France de fa-çon trop forte ».

Référendum

Imaginant eux aussi un nou-veau traité, les gaullistes de DLRvoudraient qu'il soit « approuvépar référendum le même jourdans tous les pays de l'Union ».On mesure l'irréalisme de la pro-position à la vue du laborieux pro-cessus de ratification du traité deLisbonne. Cela supposerait enoutre de chambouler des tradi-tions, voire des dispositions consti-tutionnelles, puisque la Loi fon-damentale allemande circonscritl'usage du référendum à la réor-ganisation du territoire fédéral.Maladroitement, Nicolas Dupont-Aignan en vient à promouvoir« l'uniformisation » qu'il dé-nonce ! L'"identité" est d'ailleursun thème jugé porteur, y comprispar le MoDem : « Nous défendronsl'Europe qui garantit les identi-tés, les modes de vie, les langueset les cultures sur son sol et dansle monde. » Mais les développeursde Libertas ont négligé la tra-duction des termes anglais appa-raissant sur la version imprimablede chaque page du site Internet ;un comble !

Ne négligeons pas la France !

« Les querelles institution-nelles ne sont plus de saison » af-firme le PS, « car l'ordre du jourde la nouvelle administration estéconomique et social. Le traitéde Lisbonne est une donnée, maisne saurait borner l'ambition dessocialistes pour l'Europe. » Nicelle des autres ! Or, « pour ré-orienter l'Europe », faut-il« d'abord envoyer au parlementde Strasbourg une majorité dedéputés de gauche » ou d'unequelconque sensibilité ? Cela n'arien d'évident, car l'UE n'est pasémancipée de l'influence des exé-cutifs nationaux. Le MoDem s'enoffusque implicitement en vou-lant changer une situation où « lesgouvernants de notre pays et lesdirigeants européens préparenttoutes les décisions entre eux,dans le secret ». Beaucoup dé-pend de nous. C'est pourquoi« l'Alliance royale estime qu'unecoopération à l'échelle de l'Eu-rope n'est possible que par le ren-forcement des institutions fran-çaises ». Qu'elle suscite espoirsou inquiétudes, l'Union euro-péenne reflète à bien des égardnos propres ambitions, nos propresfrustrations. Ne négligeons pas laFrance !

GRÉGOIRE DUBOST

❏ EUROPÉENNES

Les axes de la campagne électoraleÀ l'approche du scrutin du 7 juin, la campagne tarde à démarrer, y compris sur la Toile, où les "programmes politiques" ne sont pas légion. Aperçu des thématiques développées par l'Alliance royale, Debout la République, le Front national, Libertas, le MoDem, le PS et l'UMP.

TARIF DES ABONNEMENTS(paraît les 1er et 3e jeudis de chaque mois)

1. Premier abonnementFrance (un an) . . . . . . . . . . . . . . . 76 s

2. Premier abonnementÉtranger (un an) . . . . . . . . . . . . . . 85 s

3. Abonnement ordinaire (un an) . 125 s4. Abonnement de six mois . . . . . . . 70 s

5. Abonnement de soutien(un an). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 150 s

6. Étudiants, ecclésiastiques,chômeurs (un an) . . . . . . . . . . . . . 60 s

7. Outre-mer (un an). . . . . . . . . . . . 135 s8. Étranger (un an) . . . . . . . . . . . . . 150 s

BULLETIN D’ABONNEMENTNom . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Prénom . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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❚ ASPECTS DU MONDE

❚ 6 L’ACTION FRANÇAISE 2000 n° 2770 – du 7 au 20 mai 2009

Le mariage (forcé ?)entre Fortis et BNP-Paribas

À 73 %, les actionnaires ontdit "oui" à la vente de 75 % dela banque Fortis à BNP-Paribas.Cela s'est passé à Gand lorsd'une assemblée générale tu-multueuse. L'avocat des petitsactionnaires, Me Mischaël Mo-drikamen plaidait pour la solu-tion dite "stand alone", com-prenez un destin de "Fortisseul", sous pavillon belge. La presse belge s'accorde à dé-plorer les pratiques des deuxcamps. Me Modrikamen sembleavoir perdu son sang-froid, ap-pelé au coup de force et fina-lement perdu "sa" bataille deGand. Du côté des partisans dumariage, l'opacité a régné.Pour faire pencher la balanceon aurait précipité sur ses pla-teaux des fonds spéculatifs ve-nus des îles Caïmans.Une seconde assemblée, pluscalme celle-là, s'est tenue àUtrecht aux Pays-Bas. Aprèsquoi, le sort de Fortis étaitscellé. Advienne que pourra.Reste que cet épisode met finà l'histoire de feue la Sociétégénérale dont on disait auXIXe siècle, et même au XXe,qu'elle était « le roi non cou-ronné de Belgique ». Le rôlequ'elle joua dans l'épopée co-loniale au Congo fut capital. Aujourd'hui les bijoux de lacouronne sont dispersés. LaRoyale belge (assurances) aété vendue à Axa, Tractebelpuis Electrabel, la BBL (BanqueBruxelles Lambert) cédée auxPays-Bas. Décidément, la Bel-gique s'évapore. Pas seulementsur le plan institutionnel maisaussi économique. Tout setient !

CHARLES-HENRI BRIGNAC

Àquelques semaines des élec-tions européennes, le récentrebond intervenu dans le

bras de fer entre anti et pro-OGM,pourrait-il marquer le début d'unerévolte des États à l'encontre dela Commission européenne ? Àtout le moins, les peuples d'Eu-rope, qui ont maintes fois réaf-firmé leur refus d'une culture etd'une commercialisation à grandeéchelle des variétés génétique-ment modifiées, pourront-il se sa-tisfaire qu'après la France, l'Alle-magne vient de décider l'inter-diction sur son sol de la culturedu maïs génétiquement modifié"Mon 810".

Clause de sauvegarde

Résistant à la pyrale du maïs,Mon 810 fait partie des six varié-tés de maïs dont la culture avaitété autorisée par l'Union euro-péenne. Mais plusieurs étudesscientifiques ont émis des doutessur l'innocuité de la consomma-tion de cette variété. En no-vembre 2008, une étude expéri-mentale autrichienne, comman-ditée par le ministère de la Santéautrichien, concluait que laconsommation d'un maïs hybrideissu du croisement du Mon 810 etd'une autre variété OGM pouvaitaltérer la fonction de reproduc-tion chez la souris.

À la suite d'autres rapports, laFrance avait activé en février 2008la "clause de sauvegarde" lui per-mettant d'interdire la culture dece maïs, et de ne plus tenir

compte de la directive euro-péenne qui l'autorisait. Même si,depuis, l'Agence française de sé-curité sanitaire des aliments (Af-ssa) a estimé que le maïs Mon 810« ne présente pas de danger pourla santé humaine ». L'interdictionen France du Mon 810 avait mar-qué un véritable coup d'arrêt auxcultures OGM en plein champ.Cette variété, la seule cultivéeen France, couvrait 22 000 hec-tares avant l'interdiction.

La Grèce, le Luxembourg, l'Au-triche et la Hongrie ont adoptécette même "clause de sauve-garde" qui permet aux Étatsmembres de l'Union européennede déroger à la règle générale del'autorisation s'ils justifient de« motifs sérieux ». C'est donc sur

la validité de ces "motifs sérieux"que se cristallise, sur fond d'étudesscientifiques contradictoires, lapolémique entre pro et anti-OGM.

Sur la sellette

La France avait-elle de véri-tables motifs sérieux d'interdirecette variété transgénique ? Ous'agissait-il, comme certains l'ontaffirmé à l'époque, d'une contre-partie à l'adhésion des associa-tions anti-OGM au Grenelle del'Environnement ?

La position française était entous cas sur la sellette : le gou-vernement s'apprêtait à devoirdéfendre, devant la Commissioneuropéenne, le bien fondé de saclause de sauvegarde. Et la posi-

tion de la commission, tradition-nellement favorable aux OGM, ris-quait de nous obliger à revoirnotre copie, quitte à bafouer lavolonté des Français autant quela position défendue par l'État.Mais le renfort de l'Allemagne dansla liste des pays ayant décidé unmoratoire sur les cultures en pleinchamp renforce considérablementla position des anti-OGM.

Camoufletpour Barroso

Déjà, le 2 mars dernier, unelarge majorité des ministres eu-ropéens de l'Environnementavaient rejeté la proposition dela Commission européenne quivoulait désactiver la clause desauvegarde. Sur le plan politique,cela ressemble à un camoufletpour José Manuel Barroso, prési-dent de la Commission, présentécomme très favorable aux OGM.Sur le plan institutionnel et poli-tique, c'est, à quelques semainesdes élections européennes, unsigne important adressé aux élec-teurs : même si la procédure dehuis clos qui garde le secret surle vote des chefs d'État et des mi-nistres européens permet souventà la Commission européenne d'im-poser ses vues, elle ne peut pascontinuellement refuser d'en-tendre les peuples et les Etats eu-ropéens. Sur la question des OGM,les exécutifs européens ne sem-blent pas disposés à céder auxvues libérales des technocratesbruxellois.

GUILLAUME CHATIZEL

❏ OGM

Bras de fer entre l'Europe et les ÉtatsL'Allemagne vient de rejoindre la France au rang des pays qui n'acceptent pas l'enthousiasme de l'Europe en faveur des OGM en plein champ. Pour une fois, les États risquent de tenir tête à la Commission européenne et préserver la "clause de sauvegarde".

» TCHÉQUIE REBELLE

Le 20 avril, au premierjour de la conférence del'ONU contre le racisme(Durban II), l'ambassadeurtchèque aurait claqué laporte en dépit des protestations de sespartenaires européens. « Tout le monde seretourne alors vers son homologue sué-dois, dont le pays va assurer la présidencetournante de l'Union à partir du1er juillet. À la volée, celui-ci accepte deprendre la succession » raconte Jean Qua-tremer (Coulisses de Bruxelles, 23/04/09). Récidive le 26 avril : dans un entretienaccordé au quotidien israélien Haaretz, lePremier ministre Mirek Topolanek, encoreprésident du Conseil européen, s'est dé-marqué de ses positions rappelées par uncommissaire, prenant un parti davantagefavorable à l'État hébreu. Cette "désinvol-ture" rendra les partisans d'une "prési-dence stable" d'autant plus impatientsd'appliquer le traité de Lisbonne.

» ANNIVERSAIRE

Le 1er mai 2004, l'UE 15 s'était élargie àdix nouveaux membres. Cinq ans après,plutôt que d'attiser la hantise du "plom-

bier polonais", les médias soulignent lessacrifices consentis par les candidats àl'adhésion. En témoigne un reportage dif-fusé par TV5 Monde à l'occasion de cetanniversaire, où l'on découvre que pour-raient disparaître les chantiers navals deSplit, fleuron de l'industrie croatecondamné à la privatisation. Les ouvriers,désemparés, seraient invités à se recon-vertir dans le tourisme, au service deplaisanciers richissimes séduits par un lit-toral aux allures de côte d'Azur. Malgréses efforts, la Croatie devra encore pa-tienter aux portes de l'Union ; bloquéesen raison d'un différend frontalier avec laSlovénie, les négociations d'adhésion de-vraient reprendre d'ici fin juin.

» COUPAGE

Sud Ouest a esquissé le décryptage duprojet de règlement européen - et nonde directive, contrairement à ce quis'écrit ici ou là ! - autorisant la productionde vin rosé par coupage de blanc et derouge. Observant la banalité de cette pra-tique pour les vins d'appellation contrôlée,le quotidien s'étonne que les règles lesplus contraignantes aient concerné jusqu'àmaintenant les vins de table. « Un paradoxe qui ne s'explique pas du

tout pour des raisons qualitatives [...]mais au plan réglementaire » selon CésarCompadre. « En effet, les vins de tableayant bénéficié pendant longtemps d'aideseuropéennes variables en fonction de lacouleur rouge ou blanche du produit, laconception de rosé en les mélangeant aété interdite, essentiellement pour éviterles risques de fraudes. » Ces aides dispa-raissant avec la nouvelle organisationcommune du marché du vin, l'évolutionréglementaire aurait semblé logique dansl'esprit des dirigeants européens. « Voilàcomment le paquet des pratiques œnolo-giques, où d'autres réformes étaient bienplus stratégiques pour la France, se re-trouve presque acté en décembre, aprèsdes mois de négociations », poursuit lejournaliste. Jusqu'à la "révolte" du mi-nistre Michel Barnier !

» CAMPAGNE

C'est un soulagement pour MartineAubry : le 24 avril, le Premier secrétairedu Parti socialiste a annoncé que les délé-gations espagnole et portugaise du PSE sedésolidarisaient de leur gouvernement etrenonçaient à soutenir la reconductionJosé Manuel Barroso à la tête de la Com-mission européenne.

Sur le front souverainiste, Paul-MarieCoûteaux a retiré sa candidature. Appe-lant à l'abstention, il tacle régulièrementLibertas au micro de Radio Courtoisie. Le29 avril, son invité Nicolas Smedt, respon-sable des Jeunes Français pour l'indépen-dance, s'est interrogé sur l'origine de troisvidéos diffusées sur la Toile par la sectionfrançaise de ce mouvement"paneuropéen" : reprenant des extraits degrands films américains, elles tournent endérision la bureaucratie bruxelloise. Attri-buée officiellement à un simple militant,leur réalisation est souvent jugée tropélaborée pour ne pas avoir été confiée à un professionnel. En tout cas, ces images ont rencontré suf-fisamment de succès pour inquiéter lesofficines européistes : lors d'un sémi-naire accueilli le 27 avril par la fondationKonrad Adenauer, un collaborateur de laCommission, Mickael Hager a déploré queles institutions européennes et « les par-tis établis » soient si lents à réagir auxinitiatives de ces « esprits créatifs » (Eur-activ, 29/04/09). À l'Élysée, enfin, on envisage d'interdireles listes "antisionistes" de Dieudonné. Le-quel s'en trouve sans doute comblé : c'estune publicité inespérée.

G.D.

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ASPECTS DU MONDE ❚

L’ACTION FRANÇAISE 2000 n° 2770 – du 7 au 20 mai 2009 7 ❚

Les cent premiers jours del'administration Obama, enplace depuis le 20 janvier,

ont donné lieu à de nombreux ju-gements et évaluations. Outre-Atlantique, les sondages indiquentun taux de satisfaction d'environ60 %. La presse européenne, par-ticulièrement française, où l'oba-mania continue à dominer large-ment, crie au miracle. Pourtanttous les présidents récents desÉtats-Unis sont passés par là.Même Carter et Bush junior, quedémocrates et républicains pré-fèrent oublier !

Un premier succèsface à la crise

Lorsqu'on enseignait l'écono-mie dans les facultés, et non lesseules formules mathématiques,tout étudiant savait l'incidencede la psychologie. Sur ce point,le bilan de l'action présidentielleest plutôt positif. Au moins dansl'immédiat. Par son style, ses in-terventions médiatiques bien do-sées et quelques décisions spec-taculaires (notamment son plande relance, son approche de lacrise de l'automobile et du bâti-ment), Obama a su faire naîtrel'espoir. Or, l'amélioration des an-ticipations économiques est un in-contestable facteur de reprise.La remontée de la bourse en estune illustration, tout comme lalégère hausse de la constructionet de la consommation. On as-siste à une "décélération de la ré-cession" : la crise pourrait êtremoins longue et moins doulou-reuse que ce qu'on avait cru etfait dire. Et la politique améri-caine y sera pour quelque chose.

Politique keynésienne

Néanmoins, une réserve s'im-pose quant au long ou moyenterme : l'équipe Obama, qui s'ap-puie discrètement - on ne le ditpas – sur une conception modé-rée de la préférence nationale -« Amérique d'abord » -, est avanttout keynésienne. Elle favorise lareprise par une relance de laconsommation et des investisse-ments en utilisant le déficit bud-gétaire. À court terme, l'inflation,une dette ingérable, une monnaieencore affaiblie, ainsi qu'une dé-pendance accrue à l'égard defonds provenant de Chine et despétro-monarchies du golfe Per-sique, pourraient constituer desmenaces aussi graves que la ré-cession ; c'est l'exemple de l'ad-ministration Carter... Les parti-sans du président affirment quela relance absorbera le déficit ;on assistera à un "atterrissage" endouceur de l'économie. Possible.Autre scénario : les difficultésn'apparaîtront que lors du secondmandat d'Obama, ou sous celuide son successeur. Après le dé-

sastre de l'administration Carter,il fallut le "miracle" Reagan pourremettre les États-Unis sur lesrails, puis les années Bush pèreet Clinton pour terminer l'assai-nissement. L'avenir jugera.

Sur le plan diplomatique, l'ad-ministration Obama est déjà biencontestée. Elle révèle une fois deplus les mêmes faiblesses origi-nelles : méconnaissance des ter-rains, multitude des centres dedécision, angélisme, dépendanceexcessive à l'égard des "grands in-térêts" économiques.

Diplomatied'apprenti-sorcier

En Irak, le président a décidéde rapatrier l'essentiel de sestroupes. Certes, de nombreuxcontrats de reconstruction ont étésignés, et beaucoup d'entreprisesaméricaines en profitent. Certes,un gouvernement faible et in-stable a été installé dans la zoneverte de Bagdad, et une paix re-lative règne dans le Kurdistan ira-kien, à l'exception des deuxgrandes villes de Mossoul et deKirkouk. Mais les attentats meur-triers continuent - cent cinquantevictimes la semaine dernière - etles engagements envers la com-munauté sunnite n'ont pas été res-pectés. L'évacuation américainepourrait conduire à la guerre ci-vile, à l'éclatement du pays, auface à face entre les ayatollahsde Téhéran et les pétro-monar-chies du golfe Persique. L'Irak fi-nirait comme le Vietnam en 1975.Avec un bilan humain et matérielexceptionnellement lourd. Injus-tement peut-être, Barack Obamaen porterait la responsabilité de-vant l'Histoire.

En Afghanistan, la situationdevient de plus en plus préoccu-pante. Les Taliban sont aux portesde Kaboul. Washington se montreinsatisfait du président Karzai etde son gouvernement. Lequel,faible et corrompu, en partie par

la faute des Occidentaux et desAméricains surtout, a au moins lemérite d'exister. En le critiquantouvertement on l'affaiblit encoredavantage. Barack Obama a pro-clamé qu'il voulait négocier avecles Taliban modérés. Mais il avaitconfessé publiquement aupara-vant que la guerre ne pouvait pasêtre gagnée. Il s'est placé ainsidans une position de faiblesse,sans trouver d'interlocuteur "mo-déré". En fait, les Américains neconnaissent pas l'Afghanistan, sonhistoire, sa sociologie... Ils vou-laient y instaurer une démocra-tie à l'occidentale ; à présent, ilsne savent même plus ce qu'ils veu-lent. Là aussi, la perspective viet-namienne se dessine.

La politique iranienne est éga-lement illisible. Washington ditvouloir négocier avec les ayatol-lahs, sans condition préalable. Cevirage à 180 degrés, concessionmajeure aux islamistes radicaux,

a enlevé aux Américains leur prin-cipal atout, le problème de l'armenucléaire iranienne. Les "experts"de la nouvelle administration neconnaissent pas, ou ne veulentpas connaître le totalitarisme is-lamiste. On revient à la stratégieaveugle et à l'angélisme de Car-ter, dont on a oublié les consé-quences.

Le Pakistan

Le plus grave est, à présent,la situation au Pakistan. Depuisdes mois, L'Action Française 2000n'a cessé d'analyser sa dégrada-tion. Voici que la "grande" pressecommence aussi à l'évoquer, enreprenant parfois nos titres ! Lapoussée d'une infime minorité is-lamiste, armée, radicalisée etagissante, menace le régime. Leseul atout de Washington est leprésident Zardari. Voici qu'on cri-tique, non sans raison, ce potiche

corrompu. Mais "qui l'a fait roi" ?L'administration Bush. Le seul re-cours – pour combien de tempsencore ? – serait la prise en maindu Pakistan par l'armée. Ce quidonnerait un répit d'une dizained'années. Il semblerait qu'à Wa-shington, on répugne à privilé-gier cette solution. On tournedonc en rond.

Le flou des responsabilités

Malheureusement, on ne saitguère qui décide là-bas. Le pré-sident, dit-on, est concentré surla crise ; le secrétaire d'État,Mme Clinton, semble servir de plusen plus de messager ; la CIA estparalysée ; le Conseil national desécurité ne fait pas meilleure fi-gure. Reste, pour l'arc Irak-Iran-Afghanistan-Pakistan, Richard Hol-brook, encore un rescapé de l'ad-ministration Carter, qui fut parmiles maîtres d'œuvre de la révolu-tion islamique en Iran. C'est toutdire. Ce cafouillage ne se limitepas au Moyen-Orient. Le prési-dent Obama souhaitait un ré-chauffement des relations avecla Russie. La politique de provo-cation américaine en Géorgie aabouti au surgissement d'une nou-velle guerre froide au moins dansle Caucase...

Deux issues

Succédant à Roosevelt aprèsla Seconde Guerre mondiale,Harry S. Truman, démocrate, avaitcompris la nature du totalitarismesoviétique et les ambitions im-périalistes de Staline. Il endiguala menace, entrant dans l'Histoirecomme l'un des plus grands pré-sidents des États-Unis. Jimmy Car-ter, beau parleur, rêveur et an-gélique, livra en quatre ans huitpays au totalitarisme ; sa poli-tique fut à l'origine de la vagueislamiste. Les démocrates n'osentmême pas l'inviter à leurscongrès... Un défi se dessine pourBarack Obama : sera-t-il un nou-veau Truman ou un Carter bis ?Malheureusement, cela concerneaussi le monde, l'Occident en par-ticulier, et ne saurait nous laisserindifférents.

PASCAL NARI

❏ TRUMAN OU CARTER ?

Les cent jours du président ObamaLa nouvelle administration américaine a suscité l'espoir face à la crise économique, bien que l'incertitudedemeure quant au long terme. En revanche, le pessimisme est de mise en politique étrangère : retraitd'Irak, enlisement en Afghanistan, diplomatie hasardeuse en Iran, précarité croissante au Pakistan...

PIRATERIELA POLÉMIQUE se poursuit dansl'affaire du Tanit : Florent Le-maçon aurait été tué par uneballe française lors de l'assaut duvoilier par les commandos demarine, si l'on en croit le journa-liste Didier François invoquantun « faisceau d'indices » le4 mai sur Europe 1 (cité par Se-cret Défense).

MISSION ATALANTA

En tout cas, les pirates main-tiennent leur pression. Le29 mars, un groupe de septhommes s'était même attaqué àun bâtiment de guerre ! Était-ilmal informé ? Nicolas Gros-Ve-rheyde s'interroge sur le blogBruxelles2 : une audace inéditepourrait être, selon lui, le signed'une récupération mafieuse dela piraterie.

L'équipage du Spessart, un ravi-tailleur allemand, repoussa sesagresseurs avec des armes lé-gères. Il participait à la missionAtalanta, menée sous l'égide del'Union européenne depuis dé-cembre 2008 dans le golfed'Aden et l'océan Indien. NeufÉtats se relaient au sein d'uneforce qui compte actuellementonze navires et quatre avions. LaFrance y a engagé l'aviso Com-mandant Ducuing, la frégate Ni-vose, le patrouilleur Albatros.

Le Belgique enverra une frégateen septembre. Le 30 avril, elle adécidé de proposer un "service"surprenant aux navires arborantson pavillon : ils pourront em-barquer huit militaires assurantleur sécurité. L'armateur devraen assumer le coût – estimé à115 000 euros pour une semaine– et renoncer « à toute pour-suite à l'encontre de l'État belge

en cas de dommages causés àl'embarcation, à la cargaison ou à l'équipage ».

LA SOMALIE

Sur le front diplomatique, desnégociations sont menées avecles Seychelles afin de faciliterl'arrestation et le jugement despirates. C'est dans ce contexteque s'est tenue le 23 avril laConférence des donateurs sur laSomalie, avec l'objectif decontribuer à la stabilité interned'un pays dont les côtes abritentles bases des pirates. 165 mil-lions d'euros lui ont été promis.Avec l'aide financière de la Liguearabe, la France formera cinqcents militaires somaliens sur sabase de Djibouti.

G.D.

* Sources : http:// bruxelles2.over-blog.com

L'Afghanistan sera-t-il le Vietnam

de Barack Obama ?

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L'Action Française 2000 - Mon-seigneur, Mademoiselle, pour-quoi avez-vous, pour la célé-bration de votre mariage, choisiSenlis, la ville des débuts mo-destes de la dynastie, plutôt quetant d'autres lieux témoignantde la gloire de la monarchie ?Jean de France - Nous avons es-sayé bien d'autres lieux, mais il yavait toujours un détail qui neconvenait pas. Nous avons mêmepensé à Paris, mais il était diffi-cile d'y trouver un lieu de récep-tion. Philomena a alors pensé àChantilly : une question se po-sait, celle de trouver une église.Mais des amis habitant juste àcôté nous ont suggéré la cathé-drale de Senlis. Et aussitôt notreidée a reçu un accueil enthou-siaste, que ce soit de la popula-tion, du maire de Senlis, de l'Of-fice de Tourisme... On ne pouvaitpas mieux trouver que cette com-binaison Senlis-Chantilly ; ce sontdeux pôles : Senlis c'est HuguesCapet, Chantilly c'est le duc d'Au-male et, de plus, c'est le lieu quemon grand-père a habité. Nousavons donc l'alpha et l'omega dela dynastie...Philomena de Tornos – Chantillyc'est aussi le legs magnifique duduc d'Aumale, qui a enrichi le pa-trimoine français... En fait Sen-lis-Chantilly : ce choix s'est im-posé à nous, nous ne l'avions pasprévu, maintenant il nous appa-raît comme une évidence, et lapopulation locale est très ac-cueillante. J. de F. - Et puis ce lieu étaitaussi très pratique pour lesmembres de notre famille qui ar-riveront d'un peu partout par l'aé-roport ou par le TGV.

L'AF 2000 - Faut-il voir dans ceretour aux sources comme uneinvitation à repartir pour un nou-vel élan ?J. de F. - Oui mais cela est sur-tout symbolique, nous sommesplutôt tournés vers l'avenir, mêmesi nous allons puiser à la source.Le monde est ce qu'on en fait, cequi est important c'est la marqueque nous lui donnons. Ph. de T. - Comme on dit sou-vent, quand on ne sait pas d'oùl'on vient, on ne sait pas qui l'onest et l'on ne sait pas où l'on va...Et où l'on va, c'est la chose la plusimportante pour nous.

L'AF 2000 - Monseigneur, est-ildifficile de vivre en prince dansle monde d'aujourd'hui ?J. de F. - Le monde d'aujourd'huiest sympathique et je ne suis passûr qu'il soit pour nous plus diffi-cile que d'autres époques où lamonarchie était là. Pour moi, lefait d'être prince et la situationactuelle ne sont pas du tout in-compatibles. C'est dans l'esprit de

ma famille : toujours chercher àêtre dans notre temps, à nous ins-crire dans la société où nous vi-vons et essayer de la marquer.

L'AF 2000 - Mlle Philomena, puis-je me permettre de vous de-mander comment vous conce-vez votre rôle de dauphine deFrance ?Ph. de T. – Mon souhait le plusfort est d'être un soutien pourmon mari et d'arriver à créer uneatmosphère de vie de famille ac-cueillante, ouverte. Mon rôle estauprès de mon mari et de mesenfants éventuels ; j'espère arri-ver à maintenir une stabilité fa-miliale et un havre de paix.

Saint Louis, Henri IV,Louis-Philippe

L'AF 2000 - Si Dieu le veut, Mon-seigneur, vous serez un jourJean IV. Les Jean n'ont pas ététrès nombreux dans la dynas-tie... Quels sont vos modèlesparmi vos ancêtres ?J. de F. - J'aime citer la trilogiequi représente trois parties demon caractère : saint Louis,Henri IV, Louis-Philippe. SaintLouis, parce que ce fut un princeavec des principes, des convic-tions, et qui a essayé de menerune vie en accord avec ceux-ci.Henri IV parce que c'est la pouleau pot, ce côté proche de laFrance terrienne - la France, avantd'être une nation, c'est un pays,quelque chose de très concret. De

plus il a su incarner l'unité dansla diversité, il a été le pacifica-teur, et c'est sans doute cela quil'a tué ; or, il faut des hommesforts qui voient un peu plus loinque l'instant et qui recherchent lapaix sociale. Louis-Philippe, en-fin, parce que c'était un bon pèrede famille ; il s'inscrivit dans lasociété de son temps avec aussiune passion pour les arts.

L'AF 2000 - Vous inscrivez-vousdans la ligne du comte de Cham-bord disant en substance qu'avecle peuple français il reprendraitle mouvement de 89 en en re-dressant l'esprit ?J. de F. - Je pense que la Franceaujourd'hui, c'est la Franced'avant et d'après 89, il faut laprendre telle qu'elle est, avec sesbons et ses mauvais côtés commeune personne. Il ne faut pas idéa-liser, je dois à ma formation phi-losophique d'être très réaliste. Ilfaut comprendre la France, laprendre là où elle est et tenterde la mener là où on souhaite.Plutôt que de restaurer un étatd'esprit il faut instaurer ; il y avraiment une dynamique nouvelleà trouver et à créer.

L'AF 2000 - Vous dites instaurerplutôt que restaurer, comme l'avoulu le roi d'Espagne Juan- Car-los...J. de F. - Oui, et cela fonctionneplutôt bien ! Il a créé quelquechose de neuf.Ph. de T. - Oui, mais adapté àson pays et à la situation ! Le mo-dèle ne peut servir partout.

Au servicede la France

L'AF 2000 - Monseigneur, vousdites souvent que vous pensezen prince chrétien et que vousagissez en prince français. Est-ce que, sans entrer dans les que-relles politiciennes, vous vous

réservez le droit de prendre pu-bliquement position sur cer-taines questions essentielles,comme vous avez déjà com-mencé depuis quelques mois ?J. de F. - J'ai beaucoup réfléchitout au long de ces dix années oùj'ai effectué des déplacements enFrance et à l'étranger pour es-sayer de comprendre la réalité dela France, son rayonnement dans

les pays avec lesquels elle entre-tient des relations fortes ou moinsfortes. Il y a trois choses impor-tantes pour moi.

La première est de pouvoirparticiper au débat politique etprendre position sur des sujetsparticuliers sur lesquels on m'at-tend, c'est ce que j'ai fait sur l'Eu-rope, la famille, le travail le di-manche, etc. Mais il faudrait que,comme avec mon grand-père, mespropos servent quasiment de ré-férence : on venait voir le comtede Paris pour avoir son avis. J'ai-merais continuer dans ce sens-là.

Deuxième aspect de mon ac-tion : participation à des événe-ments marquants, quand on com-mémore un événement historiqueou quand se tient un grand col-loque où je peux intervenir. Cefut le cas lors de l'inauguration àVersailles du Petit Trianon res-tauré en septembre dernier.

L'AF 2000 - C'est à cette occa-sion, Mademoiselle Philomena,que nous avons eu la joie de vousvoir pour la première fois dansles médias...J. de F. - Troisième aspect demon action : je voudrais menerune vraie action au service dupays sur des aspects linguistiqueset éducatifs. On parle aujourd'huide francophonie, c'est un termetrès administratif pour désignerce domaine dans lequel la Francecrée des ponts avec un certainnombre de pays. Je suis encontact à la fois par mon métier

et par différentes relations avecl'université Paris-Sorbonne à AbouDabi, c'est vraiment un domainequi m'intéresse au plus point.

Voilà donc les trois aspects demon action : débats, événements,action concrète au service du payssur des sujets porteurs, d'avenir,donc pas purement historiques.

"L'Europe" manque d'âme

L'AF 2000 - Vous avez cité l'Eu-rope parmi les questions sur les-quelles vous prenez position. In-carnant à la fois la souverainetéhistorique de la France et l'ou-verture par toute votre ascen-dance, comme avec votre toutproche mariage, à la grande fa-mille de l'Europe, vous avez unregard réaliste sur la question...J. de F. - C'est un sujet naturelde réflexion et d'échange. Pourmoi l'Europe devrait avoir unevraie réalité qu'elle n'a pas parcequ'elle est devenue très adminis-trative. On veut aujourd'hui toutavoir inventé, on croit qu'on a in-venté l'Europe, or elle a existédéjà ; c'était l'Europe des mo-nastères, des relations de famille,de l'intelligence. Je ne suis passûr que l'on arrive facilement àlui donner une réalité, elle n'a pasmontré ces derniers temps unfront uni sur son avenir. Alors ona une Europe purement maté-rielle, matérialiste, technique, çamanque un peu d'âme !Ph. de T. - Notre mariage est unmariage très européen au niveauhumain, c'est ça l'Europe, unegrande famille 1...

L'AF 2000 - Les militants et lesamis de l'Action française onttoujours été les humbles servi-teurs de la famille de France. Ilsse réjouissent unanimement devotre mariage. Auriez-vous unmessage à leur intention?J. de F. - Je sais que certainsd'entre vous seront là ce samedi2 mai. Nous sommes très heureuxde nous savoir entourés par lesFrançais lors de cette journée. Ennous engageant dans cette grandeaventure qu'est le mariage, noussommes sensibles aux gestes despersonnes qui ont de l'affectionpour nous : ça donne du baumeau cœur !

L'AF 2000 - Vous pouvez comp-ter sur nous. Monseigneur, Ma-demoiselle, recevez nos veux debonheur bien respectueux et af-fectueux.

PROPOS RECUEILLIS

PAR MICHEL FROMENTOUX

1 - La nouvelle duchesse de Vendômeest espagnole par son père et autri-chienne par sa mère.

❚ FAMILLE DE FRANCE

❚ 8 L’ACTION FRANÇAISE 2000 n° 2770 – du 7 au 20 mai 2009

❏ LE PRINCE JEAN DE FRANCE

« Nous sommes tournés vers l'avenir »À quelques jours de leur mariage, Mgr le duc de Vendôme et Mlle Philomena de Tornos y Steinhart avaient consacré le vendredi 24 avril à l'accueil de la presse dans les beaux salons de l'hôtel Guénégaud, dans le Marais. Ils nous ont ainsi honoré d'un entretien fort aimable.

» DÉCORATION

Mgr le comte de Paris, duc deFrance, sera reçu le lundi18 mai à l'Élysée, où il serafait chevalier de la Légiond'honneur par le président dela République. Le Prince avaitdéjà reçu en 1959 la Croix dela valeur militaire, en raisonde son engagement durant laguerre d'Algérie.

Les fiancés ne pouvaient pas mieux trouver que Senlis et Chantilly !

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FAMILLE DE FRANCE ❚

L’ACTION FRANÇAISE 2000 n° 2770 – du 7 au 20 mai 2009 9 ❚

Dans notre monde gagné parle désenchantement, les occasions de partager de

grandes joies sont rares. Une jour-née comme celle que nous avonsvécue ce samedi 2 mai 2009 n'ar-rive qu'une fois par génération.Elle restera inoubliable. En la mo-deste mais très belle cathédralegothique qui domine la cité pi-carde de Senlis, le mariage duprince Jean de France, duc deVendôme et de Mlle Philomena deTornos y Steinhart a été célébréavec le faste qui convenait à lasituation, mais sans ostentation :les princes et les Français de tousordres et de toutes régions, ainsique des amis du marié venus dePologne, du Québec ou du Liban,communiaient dans une liessespontanée.

La familleeuropéenne

Dès 9 h 30, les quelque huitcents invités, messieurs en ja-quette et dames en chapeaux par-fois fabuleux, commençaient àprendre place dans la nef centralepavoisée aux couleurs royales, oùl'on marchait dans l'allée sur unélégant tapis bleu et où nul nesemblait sentir qu'il faisait trèsfroid.... Bientôt l'on vit arriver,les représentants des famillesroyales européennes à qui lesprêtres, à l'entrée, tendaient l'eaubénite : l'infante Pilar, sœur deS.M. le roi d'Espagne, LL.AA.RR.le prince héritier Philippe de Bel-gique et la ravissante princesseMathilde, le prince Laurent de Bel-gique et la princesse Claire, l'ar-chiduc Lorenz et la princesse As-trid de Belgique, Don Duarte, ducde Bragance et la princesse Isa-bel, l'archiduc Rudolf d'Autricheet de nombreux cousins Habs-bourg..., puis les oncles et cou-sins du prince Jean : LL.AA.RR.le duc et la duchesse d'Orléans,le baron et la baronne de Sam-bucy de Sorgues, le prince Charles-Philippe, duc d'Anjou, et sa jeuneépouse Diane, le prince Charlesde Bourbon-Siciles et la princesseCamilla, les princes de Wurtem-berg et de Liechtenstein, et tousles cousins Orléans du marié... Ar-rivèrent aussi quelques personna-lités marquantes : Mme BernadetteChirac, Mme Rachida Dati, ministrede la Justice, en tailleur panta-lon et sans chapeau, Frédéric Mit-terrand, Alain Decaux dans son im-posant habit d'académicien, Jean-Jacques Aillagon, ancien ministrede la Culture, le baron Ernest-An-toine Seillière, Paul-Marie Coû-teaux, député au Parlement eu-ropéen, notre sémillant confrèreStéphane Bern...

L'arrivée de Mgr le comte deParis, duc de France, avec à sonbras Mme Micaela Cousino Quinonesde Leon, qu'il épousera religieu-sement en septembre prochain,suivi de ses enfants LL.AA.RR leprince Eudes, duc d'Angoulême,

et la princesse Marie-Liesse, leprince François, comte de Cler-mont, et la princesse Blanche, Ma-demoiselle de Valois, laissait pré-voir l'imminence de la cérémonie.Mais le prince Eudes fit alors partà l'assistance de l'hospitalisation

brutale de S.A.R. Mme la duchessede Montpensier, laquelle s'uniraità distance par la prière à la joiede ses enfants et demandait à sasœur aînée, la princesse Marie-Christine de Liechtenstein, néeWurtemberg, d'accompagner Jeanà l'autel.

Oui à la France

Les princes savent cacher leurssoucis. Le cortège nuptial entra,majestueux, au son de la Marcheroyale de Jean-Baptiste Lully : leprince Jean marchait donc au brasde sa tante, puis, précédant lamariée, venaient les jeunes gar-çons d'honneur, dont le petitprince Pierre, fils d'Eudes, toutde bleu pâle et de blanc vêtus.Et voici, au bras de son père lecomte Alfonso de Tornos, Philo-mena, plus épanouie et plus dis-tinguée que jamais dans sa robebrodée en faille de soie ivoireChristian Lacroix, portant un dia-dème en diamants et turquoisesappartenant à la famille de Tor-nos. La traîne était soutenue pard'adorables petites filles en robesbleues et blanches.

La cérémonie put alors com-mencer. Mgr Dominique Rey,évêque de Fréjus-Toulon, en cha-suble fleurlysée, assisté de

Mgr Philippe Brizard, directeur deL'Œuvre d'Orient, de Mgr HenriBrincard, évêque du Puy, de l'abbéStéphane Janssens, curé de la cathédrale, et d'une quinzained'autres prêtres et séminaristes,célébra dans l'esprit du pape Be-

noît XVI, celui de "la réforme dela réforme", avec offertoire et ca-non 1 en latin. Dans son homélie,Mgr Brizard tira les profonds en-seignements du miracle des nocesde Cana où Jésus-Christ réalisason premier miracle, le change-ment de l'eau en vin, symbole dela Bonne nouvelle, comme la fian-cée est pour l'époux le symbolede l'humanité recréée. Nous sai-sissions au cours de ces "noces deSenlis" combien espérance chré-tienne et espérance royale sontde nature à se rencontrer

Mgr Brizard reçut le consente-ment des époux dont les témoinsétaient pour Jean : son frère leprince Eudes, sa sœur Marie, prin-cesse de Liechtenstein, et le ducFrédéric de Wurtemberg ; pourPhilomena : sa sœur Maria-Mag-dalena, la baronne de Layre, lecomte de Cornois, le prince Wla-dimir de Lobkovicz. Puis les nou-veaux époux se consacrèrent à lasainte Vierge. Le prince Jean avaitvoulu que le produit de la quêtefût partagé entre l'aide aux chré-tiens du Liban et une participa-tion aux frais de restauration desorgues de la cathédrale.

La partie musicale de la cé-lébration avait été confiée à l'ar-tiste chevronné qu'est VincentBerthier de Lioncourt. Ce fut un

régal de bout en bout, tant avecles orgues tenues par Vincent War-nier, organiste titulaire de l'égliseSaint-Étienne-du-Mont, qu'avec latrompette d'Alain Jeansonnie etqu'avec le chœur Capella Pere-grina qui interpréta Camille Saint-

Saëns, César Franck (le sublimePanis Angelicus), André Campra(la messe Ad majorem Dei Glo-riam) et autres compositeurs al-lemands, autrichiens et espagnols.

La bénédictiondu Saint-Père

Avant l'Ite missa est, Mgr Reylut le texte de la bénédiction spé-ciale accordée par S.S. le papeBenoît XVI, puis le cortège des-cendit la nef et sortit sous les ac-clamations trépidantes de plusd'un millier de personnes quiavaient suivi la messe à l'exté-rieur. Il était alors temps de suivreles mariés dans les jardins du châ-teau et de marcher sur les lieuxmêmes où, il y a 1 022 ans,Hugues Capet fit don de sa per-sonne et, plus qu'il ne pouvait l'es-pérer, de sa descendance à laFrance (voir nos articles des deuxderniers numéros de L'AF 2000).Tous eurent alors la sensation devivre un instant historique, d'au-tant que le ciel, maussade en ma-tinée, se fit alors printanier.Quand les mariés, entourés desenfants d'honneur, montèrent surl'estrade avec Mgr le comte de Pa-ris, duc de France, le soleil brillaitet chauffait et il nous prit de pen-

ser au délicieux poète Charlesd'Orléans (père de Louis XII) quicharmait nos années d'écolier :« Le temps a laissé son manteau/ De vent, de froidure et de pluie/ Et s'est vêtu de broderies, / Desoleil luisant, clair et beau. »

L'espérance s'appelle Philomena

Tandis que le parc se rem-plissait de Senlisiens se joignantaux invités et aux amis, nouscontemplions cette estrade oùune page d'histoire se lisait dansle regard du Chef de la Maison deFrance sur le duc de Vendôme etsur sa belle-fille, la toute nou-velle duchesse de Vendôme, tousdeux resplendissants de bonheuret prêts à affronter un avenir quiest le nôtre à tous...

Jean-Christophe Canter, mairede Senlis, prononça alors de toutson cœur un discours enthousiasteévoquant non sans fierté l'événe-ment de 987, rendant hommageà toute la lignée capétienne quifit la France, évoquant les liensd'amitié tissés entre la Famille deFrance et la ville de Senlis pen-dant ces jours de préparation dumariage et louant les princes desavoir réunir les Français par-delàtoutes opinions politiques.

Mgr le Comte de Paris, duc deFrance, remercia chaleureuse-ment M. le maire, avant d'expri-mer une très délicate pensée pourla grande absente de ce jour :Mme la duchesse de Montpensier,à laquelle, bien sûr, nous pré-sentons tous nos vœux de promptrétablissement. Le prince Jeanajouta quelques mots de remer-ciements et dit sa volonté de tou-jours plus servir la France.

Puis l'assistance fut conviée àparticiper au vin d'honneur, oc-casion pour tous de se rencontrerou de se retrouver dans la joie,mais bientôt les invités commen-cèrent à se diriger vers Chantillyoù allait se dérouler la réceptionprivée avec garden party et spec-tacle équestre. Les autres restè-rent longtemps à bavarder dansle charmant parc Hugues Capetoù l'on sentait si bon la France !Pour tous, désormais la fée es-pérance a pour nom Philomena.

MICHEL FROMENTOUX

❏ ÉVÉNEMENT

2 mai 2009 : les noces de SenlisUne journée comme celle-ci n'arrive qu'une fois par génération. En la cathédrale gothique qui dominela cité picarde de Senlis, le mariage du prince Jean de France, duc de Vendôme et de Mlle Philomenade Tornos y Steinhart a été célébré avec le faste qui convenait à la situation, mais sans ostentation.

Mobilisation des camelotsRépondant à l'appel de Jeande Mello, relayé aimablementpar Guy Steinbach, doyen descamelots du Roi, j'ai pris la dé-cision de participer au serviced'ordre assurant la sécurité dumariage avec ma famille etdes volontaires du Grouped'Action royaliste. Du matin ausoir, des parkings de la cathé-drale au lieu du cocktail, nousfûmes mobilisés au service duPrince et de la Princesse pourla réussite d'un événementtant attendu. Ce fut l'occasionde nombreuses retrouvailles etde rencontres inédites...

F. WINKLER

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À GAUCHE : LA PRINCESSE PHILOMENA AU BRAS DE SON PÈRE

ALFONSO DE TORNOS ; À DROITE : MGR LE COMTE DE PARIS, DUC DE FRANCE

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Page 10: s e année Tous à Jeanne d'Arc€¦ · ment à une belle œuvre, toutes choses inutiles aux yeux des lourdauds sectaires qui rè-gnent sur l'administration. Voici que pour de sordides

❚ CULTURE

❚ 10 L’ACTION FRANÇAISE 2000 n° 2770 – du 7 au 20 mai 2009

Bien sûr, après le succès dePomposo, on avait hâte deretrouver les deux funam-

bules musicaux de La Framboisefrivole dans un nouvel avatar,cette fois "mode furioso". C'estfait, mais il faut se presser d'ycourir, car, fugaces comme le prin-temps, ils se préparent déjà às'exporter sous d'autres cieux.

Tico, Tico

Allez donc écouter ces deuxfacétieux musiciens, doués au pos-sible et qui nous ont, cette an-née, mitonné, tels deux maîtres-queux, un spectacle « gastronomomusicologique », ainsi le quali-fient-ils. Le maître d'œuvre estPeter Hens qui nous conte mali-cieusement son enfance belge oùrègne sa mère, de célèbre mé-moire, Mme Casta Fiore, sopranocolorature, qui le rêvait chef cui-sinier : de gelées en gammes, demoka en mélodies, de tartelettesen trilles, nous assistons, médu-sés, à une épopée bohème et mu-sicale où les opéras italiens, les

lieders allemands côtoient lesbluettes des années quarante-cin-quante (ah ! Tico, Tico, sauce Ros-sini, quelle salade russe !).

On ne peut qu'admirer la com-position rigoureuse, impeccableà la seconde près, malgré l'aspect

échevelé de ce numéro où lesdeux compères nous proposenttoutes les facettes de leurs mul-tiples talents : belles voix de té-nor et toucher du violoncelle pourPeter Hens, piano endiablé ettrompette accessoirement pour

un très sérieux Yves Gourmeur quipeut se révéler drôlissime. La sé-quence où les deux acolytes par-tagent un demi tabouret de pianotournant et parviennent à ne pasmanquer une note de la Pathé-tique de Beethoven qu'ils jouent"collectif" - une note tour à tour –est proprement irrésistible.

Enchantement

Le public en redemande en-core et encore et, comme les in-terprètes ne sont pas à courtd'imagination, le spectacle conti-nue entre pétarades, fusées lu-mineuses et autres réjouissances.

Après moult rappels et bis,ayant applaudi à tout rompre, onquitte le théâtre enchantés, éber-lués, presqu'aussi las que doiventl'être les protagonistes. Et ce n'estpas peu dire.

MONIQUE BEAUMONT

* Jusqu'au 27 juin. Théâtre des Bouffesparisiens, 4 rue Monsigny, Paris 2e.Tel : 01 42 96 92 42

JORIS-KARL HUYSMANS

Gilles de RaisMille et une nuitsFayard - 62 p. - 2,50 euros

À l'origine, il s'agissait d'uneconférence prononcée en 1896,La sorcellerie en Poitou, met-tant en scène la personnalitéétrangement fascinante du sei-gneur de Machecoul, authen-tique héros de la reconquête jo-hannique, ruiné, perverti, lancédans une quête démente et dé-moniaque de l'or, de la puis-sance, tueur en série effroyable,qui trouva le moyen de mourircomme un saint. Même s'il fai-sait l'impasse sur la pédophiliedu maréchal de Rais, Huysmans

touche assez justement la déme-sure, la grandeur et le drame dupersonnage, ainsi que l'admi-rable miséricorde de toute unesociété, qui arracha cette âmeaffolée à ses té-nèbres intimes.

MARVANO

Berlin Deux tomes - Dargaud56 et 64 p. - 13,50 euros l'album.

1993 : la carlingue du bombar-dier anglais Snowhite, abattu auretour d'une mission sur Berlin,est retrouvée dans un polder hol-landais avec les corps de sesmembres d'équipage, une bandede copains qui s'étaient surnom-

més "les sept nains". Le soir decette dernière équipée, RoyStuart était malade ; cela luisauva la vie. Il n'a jamais oublié,ni pardonné aux Allemands. Cen'est donc point par compassion,mais pour l'argent qu'en 1948, cepilote expérimenté accepte departiciper au pont aérien qui doitempêcher l'affamement de Berlinpar les Soviétiques. Dans la capi-tale en ruines, il rencontre Hé-léna et son frère, les enfants d'unancien dirigeant du Reich, ado-lescents fanatisés qui veulentquitter le pays. Contre un pas-sage clandestin, ils font miroiterà l'Anglais des documents se-crets, et le trésor d'Hitler.Les Sept Nains, Reinhard le Gou-

pil sont les deux premiers tomesde Berlin, bande dessinée deMarvano qui vaut davantage parla qualité de son dessin scrupu-leux et une reconstitution sansconcession du contexte que parson scénario léger et convenu.Fresque très réaliste des combatsaériens, du quotidien et des an-goisses des équipages de bombar-diers, de la souffrance des civils,de l'univers sordide de l'après-guerre, de ses trafics et de sescompromissions, ces albums trèsnoirs rendent remarquablementl'atmosphère d'un monde où tousles comptes restaient à solder, etl'horreur sous-jacente.

ANNE BERNET

L'HOMME N'EST PAS SEUL SUR TERRE

XAVIER CHENESEAU avait déjà,dans Mon ange gardien me veutdu bien (éd. Jacob Duvernet ;Voir L'AF 2000 du 4 décembre2008) attiré nos regards versnos amis d'en-haut, ces angesqui nous assistent face aux dangers de la vie.

Une fois encore il vient nous rap-peler que nous ne sommes passeuls sur terre et que, pour qui-conque sait sortir du carcan deses désirs à ras de terre, de mul-tiples protections sont offertespar le culte des médailles dontl'origine remonte au culte des re-liques médiévales. Portées au-tour du cou et invoquées réguliè-rement, elles prémunissentcontre les maux quotidiens. Sansoublier celles qui permettent deconfier la France à Notre Dame,au Sacré-Cœur ou aux saints.L'Abécédaire de Xavier Cheneseaucontient un vaste choix deprières de protection accompa-gnant le port des médailles. Vousne manquerez plus d'invoquer,entre autres, saint Antoine de Pa-doue pour retrouver vos objetségarés, sainte Apolline contre le

mal de dents, saint Bernardcontre les ronflements intempes-tifs, saint Christophe avant departir en voyage, saint Expéditdans les situations d'urgence,saint François d'Assise pour qu'unaccouchement se passe bien,saint Grégoire le Grand contre lesmaux d'estomac, saint Laurentcontre les brûlures, sainte Marie-Madeleine pour surmonter unchagrin d'amour, sainte Marthepour vous aider dans les travauxménagers, sainte Rita dans lescas désespérés...Vous n'oublierez pas pour autantl'Ange gardien qui vous éclaire,Notre-Dame du bien mourir,Notre-Dame des Sept Douleurs, ni saint Michel, sainte Clotilde,saint Louis et sainte Thérèse de Lisieux, protecteurs de laFrance, ni le Sacré-Cœur

protecteur du foyer.N'allez pas voir là des dévotions"de bonnes femmes"... Maurrasadmirait ces intermédiaires, cepeuple surnaturel débordant decharité que place le catholicismeentre l'altière justice divine et lesimple mortel. Bien sûr, ne tirezpas de cette manifestation de mi-séricorde l'idée que vous serezautomatiquement exaucés. Lescritères célestes du bien et dumal ne sont pas ceux de la terre.Mais ces présences discrètes au-près de nous sont d'un indispen-sable réconfort.

MICHEL FROMENTOUX

* Xavier Cheneseau : Prière de pro-tection - L'Abécédaire. Éd. Agnus,4 rue André Colledebœuf, 75016 Pa-ris. 104 pages, 12 euros.

❏ THÉÂTRE

Furioso par la Cie La Framboise frivoleDeux facétieux musiciens nous ont mitonné un spectacle où les opéras italiens et les lieders allemandscôtoient les bluettes des années quarante-cinquante. La composition est impeccable. Comblé par pétarades, fusées lumineuses et autres réjouissances, le public en redemande !

LES FILMS DE MAI

COCO AVANT CHANEL

Déjà à l'affiche mais à ne pasrater, le film "biographie" réa-lisé par Anne Fontaine quinous raconte les débuts decelle qui deviendra la "GrandeDemoiselle" de la mode et duchic parisien, Gabrielle Cha-nel, alias Coco Chanel, AudreyTautou. Une "Coco" qui, aprèsune enfance à la Cosette –abandonnée avec sa sœurAdrienne, Marie Gillain, dansun orphelinat qui respire au-tant la joie de vivre queDroopy, par leur père colpor-teur –, des nuits de chanteusebeuglant, avec sa sœur, parmides soldats éméchés en go-guette, et des jours de "petitemain" dans l'arrière-boutiqued'un tailleur de province, sefait remarquer par ÉtienneBalsan, Benoît Poelvoorde, fi-dèle client du cabaret où ellechante et richissime éleveurde chevaux du côté de Com-piègne, qui devient son protecteur et en fait sa maîtresse. Et c'est là, dans ce monde fri-vole de "cocottes" et dans cetunivers de mondanitéséquestres, qu'elle se lancedans la conception des vête-ments et chapeaux qui ferontsa renommée et libéreront lesfemmes des corsets et autresrobes guindées. C'est aussi làqu'elle connaîtra le seulhomme qu'elle aurait pu épou-ser, Arthur "Boy" Capel, Ales-sandro Nivola, qu'elle impo-sera sa nature et ce qui serason style... Servi par une Au-drey Tautou juste et d'une par-faite "ressemblance" avec sonmodèle, et, surtout, par unPoelvoorde excellent, cette"bio", sans raté ni retouche,reposante, élégante et légèrecomme des bulles de cham-pagne, est un beau portraitd'une femme hors du communqui bouscula les convenancesde la mode féminine. Un beaufilm qui laisse flotter dans l'airun certain numéro 5...

JE L'AIMAIS

Amour perdu ! Un homme, Da-niel Auteuil, partage avec sabelle-fille, Florence Loiret-Caille, qui vient de se faireplaquer par son mari, qu'il nefaut pas passer à côté del'amour, le vrai, même si celadoit faire mal à ses proches.Lui-même a laissé passer, il y avingt ans, celle dont il étaittombé amoureux, Mathilde,Marie-Josée Croze, lors d'unvoyage d'affaires en Chine. De-puis il le regrette à chaqueinstant de sa vie... Avec cetroisième film, adapté d'un ro-man d'Anne Gavalda, ZabouBreitman, sur un scénario quia autant d'étoffe qu'un string,signe une comédie dramatiquedont les incessants "flashback"finissent par devenir rasoir.

ALAIN WAELKENS

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HISTOIRE ❚

L’ACTION FRANÇAISE 2000 n° 2770 – du 7 au 20 mai 2009 11 ❚

Cette année-là - la deuxièmede son règne – Hugues Ca-pet, quarante-huit ans, qui

venait de faire sacrer par Adal-béron son fils aîné Robert, seizeans, semblait avoir bien établi salignée sur le trône de France.C'était sans compter avec le der-nier des princes carolingiens, lepeu recommandable Charles, ducde Basse-Lorraine, frère cadet dufeu roi Lothaire, mort en 986, donconcle de feu Louis V, mort en 987.

Trahisons

Rappelons (voir les deux der-nières AF 2000) que, comme sonfrère Lothaire, Charles était cou-sin germain d'Hugues Capet, leuroncle commun ayant été feu Ot-ton 1er le Grand, empereur ro-main germanique, mort en 973,dont le fils, Otton II, était mortà son tour en 983, laissant un filsde trois ans qui, en cette année988, atteignait tout juste ses huitans. L'empire était donc tenu àbout de bras par les veuves desdeux Otton, respectivement Adé-laïde de Bourgogne et la régente,la Byzantine Théophano – deuxfemmes de tête qui avaient laisséélire Hugues Capet pour se dé-barrasser des Carolingiens, maissans enthousiasme.

Alors Charles crut son heurearrivée. Il avait déjà trahi le roison frère en 978 quand, celui-ciayant provoqué par son expédi-tion ridicule contre Aix-la-Cha-

pelle la fureur de l'empereur Ot-ton II, fut à deux doigts de perdresa couronne. Charles, alors, avaittenté de se faire proclamer roide France. Exilé, il devait depuislors se contenter de son petit du-ché de Basse-Lorraine dont il avaitété investi par le même Otton II

(ce qui lui avait valu d'être exclude l'élection de Senlis en 987...).Il s'y sentait d'autant plus mal àl'aise que son voisin le duc deHaute-Lorraine était alors Thierry,fils de Béatrice, sœur d'HuguesCapet ! Pour compliquer encoreles choses, étaient apparentés àThierry l'archevêque de Reims

Adalbéron et toute une quiriellede prélats eux-mêmes prénom-més Adalbéron...

À force de se plaindre de sonsort, Charles avait réussi à seconstituer une petite clientèle.Voici qu'en mai 988, grâce aufourbe et hargneux clerc Arnoul

- un fils de la main gauche du roiLothaire – qui fit semblant de sefaire voler les clefs de la ville,Charles s'empara de Laon - la citécarolingienne par excellence -,annonça la réduction des impôts,chassa l'évêque du lieu, Adalbé-ron dit Ascelin, et emprisonna laveuve de Lothaire, la reine Emma

(fille d'un premier mariage de lavieille impératrice Adélaïde avecLothaire II d'Italie). Protestationdes deux impératrices, et, biensûr d'Hugues Capet qui convoquaun synode pour faire excommu-nier Charles et le bâtard Arnoul,puis assiégea Laon avec 15 000hommes qui, même armés d'unbélier géant, ne purent enfoncerla porte principale.

Coup de théâtre au début de889. Après la mort du grand Adal-béron (de Reims), le 23 janvier,voici qu'Hugues Capet, écartantle vertueux serviteur du défunt,Gerbert, fit désigner pour la suc-cession épiscopale rémoise contretoute attente ...le clerc félon, Ar-noul ! Habileté diplomatique ?Peut-être, mais qui ne porta paschance à Hugues, car Arnoul s'em-pressa dès le mois d'août d'ouvrirReims, la ville des sacres, àCharles, qui déjà se disait roi deFrance !

Donner du temps au temps...

Situation extrêmement pé-rilleuse pour Hugues Capet. Lesimpératrices laissaient faire. Laonétait imprenable. Par deux fois,il fallut battre en retraite. Maisle Capétien était aussi patientqu'obstiné. Il avait grandementraison de donner du temps autemps... Gerbert, un instant en-gagé du côté de Charles et d'Ar-noul, fut le premier à revenir dans

le camp capétien. Puis l'on vit re-surgir Adalbéron dit Ascelin, queCharles avait chassé de Laon. Ce-lui-ci, encore un fourbe sans pa-reil, joua la comédie du rallie-ment, écrivant humblement à Ar-noul qu'il se rallierait à Charless'il lui rendait son évêché de Laon.Charles se laissa apitoyer et luiprépara le dimanche des Rameauxun fastueux souper d'accueil dansla tour de Laon. À la suite de quoi,tandis que Charles et Arnoul dor-maient comme des bienheureux,Ascelin introduisit ses complicesqui se saisirent des dormeurs etles enfermèrent à double tour.

Aussitôt Ascelin courut à Sen-lis annoncer à Hugues Capet ladélivrance de Laon. Le roi fit dansla ville une entrée solennelle etobtint sans difficulté le sermentde fidélité des autorités. Au mêmemoment, Charles, son épouse, ettrois de leurs enfants étaient em-menés à Orléans pour y finir leursjours en prison. Charles allait ymourir en 995 ; un de ses fils,resté libre, allait mourir jeunesans progéniture. Ainsi finit sansdescendance mâle la dynastie desCarolingiens.

Enfin Hugues Capet allait pou-voir s'occuper d'une chose sé-rieuse : commencer à faire laFrance...

MICHEL FROMENTOUX

❏ CETTE ANNÉE-LÀ

988 : L'œuvre capétienne en périlCantonné à son duché de Basse-Lorraine, le frère du roi Lothaire, Charles, laissait planer la menace d'un retour des Carolingiens. Face à son cousin, qui s'empara de Laon, Hugues Capet se montraaussi patient qu'obstiné, jusqu'à son entrée solennelle dans la ville libérée.

Au moment où, du fait du ma-riage de Mgr le duc de Ven-dôme, les projecteurs de

l'actualité royale sont braqués surSenlis, la publication d'un nouvelouvrage d'Ivan Gobry, sur le der-nier des rois carolingiens Louis V,fils de Lothaire, intéressera vive-ment tous ceux qui savent com-bien ces années de la fin duXe siècle furent décisives pour ledestin de notre pays.

Mal marié

Certes, la vie de Louis V, néen 967, est assez vite écrite,puisque ce malheureux adoles-cent n'a effectivement régné qu'unan et deux mois et n'était portépar aucune ambition. Ivan Gobrytrouve toutefois l'occasion d'unsurvol limpide et fascinant desdernières décennies carolin-giennes. D'abord le grand-pèreLouis IV, dit d'Outremer parce qu'ilnaquit exilé en Angleterre et dontHugues le Grand, duc des Francs,protégea le trône. Puis le père,Lothaire, fils de Louis IV et deGerberge de Saxe (sœur de l'em-pereur romain germanique Ot-ton 1er), qui mena une politiqueimpulsive à l'égard de ses impé-riaux cousins, notamment les im-

pératrices Adélaïde et Théophano(voir détails généalogiques dansl'article ci-dessus). Ces dernièresavaient poussé Adalbéron sur lesiège épiscopal de Reims, commel'œil de l'empire, pour surveillerLothaire qui, lui, ne rêvait quede reprendre la Lorraine à la Ger-manie. L'on voit pourtant ici entoute occasion s'imposer la sa-gesse, soutenue par un grand cou-rage et une grande patienced'Hugues Capet, tâchant de ra-mener le roi à un peu de mesure.

La bonne idée de Lothaire,époux d'Emma (fille de l'impéra-trice Adélaïde et de son premiermari Lothaire II d'Italie), avait étéde faire élire et sacrer son filsLouis le 8 juin 979, à treize ans,mais celui-ci n'eut guère l'occa-sion de se distinguer, si ce n'estpar un cuisant échec conjugal.Quelle idée d'avoir voulu donnerà ce garçon âgé de seize ans, en

982, la sœur du comte d'Anjou,veuve d'un obscur comte de Gé-vaudan et âgée de près de qua-rante ans ! Désœuvré à Brioude,Louis se livra à la débauche, safemme s'en alla en Provence dansd'autres bras et le roi Lothaire dutle faire revenir à la cour de Laon.

Mal préparé

Quand Lothaire mourut le2 mars 986, Louis, dix-neuf ans,lui succéda automatiquement. In-différent à l'État, il voulut re-prendre la politique de son père,d'hostilité contre Adalbéron. L'ha-bile Hugues Capet fit mine de l'ac-compagner en 987 dans une ex-pédition contre Reims afin de lelaisser lui-même constater ses in-capacités. Le gringalet s'obsti-nant, il le laissa mettre l'évêqueen accusation, sachant que celui-ci ne risquait pas grand chose...

Le procès d'abord fixé au 27 marsfut reporté au 18 mai. Toutcontent de lui, Louis partit pourla chasse. Or, Hugues Capet sepréparait à prononcer l'acquitte-ment d'Adalbéron quand Louistomba violemment de cheval.Après quelque jours d'agonie dou-loureuse il expira le 21 mai.

Funérailles à Compiègne, ra-pides et sans apparat, puis, le1er juin, Adalbéron faisait élireHugues Capet roi de France,comme nous l'avons retracé dansnotre rubrique Cette année-là desdeux derniers numéros de L'Ac-tion Française 2000.

Si Hugues Capet fut unechance pour la France et conti-nue de l'être par ses descendants,on ne peut pas ne pas éprouver,à la lecture d'Ivan Gobry, des mo-ments d'émotion et de compas-sion pour ce pauvre héritier de lalégendaire épopée de Charle-

magne. À force de laisser la cou-ronne se dévaluer pour faire lejeu des Grands, les derniers Ca-rolingiens creusaient eux-mêmesleur tombe, se laissant guider parleurs propres ressentiments etperdant toute grande ambitionpolitique, toute vision d'avenir.Une dynastie s'éteint quand ellen'est plus guidée par une clairevision de sa raison d'être. Les Ca-pétiens, eux, n'ont jamais rienperdu de cette vision ; ils restentporteurs d'avenir.

M.F.

* Ivan Gobry : Louis V, fils de Lothaire.Éd. Pygmalion, 180 pages, 20 euros.

❏ LIVRE

Louis V : fin de raceYvan Gobry retrace la vie du dernier roi carolingien, dont la mort ouvrit la voie à la dynastie capétienne après un an et deux mois de règne.

Laon aujourd'hui

Hugues Capet

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Nous ne retracerons pas unenouvelle fois la vie sublimede notre héroïne nationale

(se reporter à L'AF 2000 des19 avril 2007 et 1er mai 2008).Pour l'évoquer, il nous suffira defeuilleter le grand et bel ouvragerécemment publié par Me Jean-Pierre Lussan : Demain s'appellel'aurore 1, sous-titré La très sur-prenante actualité de la chro-nique de Charles VII. Outre l'élé-gante érudition de l'auteur et labeauté des illustrations, l'intérêtdu livre est d'évoquer la Pucelled'Orléans, son courage et sa foienracinée dans la patrie, tout enétudiant la politique de son tempset plus particulièrement le per-sonnage que ce coup de pouce dela Providence a porté à la placequi lui revenait : Charles VII, res-taurateur de l'État.

Méfaits des partis

Les ressemblances entre lesmalheureux débuts du XVe siècleet les temps que nous vivons sontfrappantes : en grand bainvillien,Jean-Pierre Lussan compare lesfaits et met en lumière les erreursdont la répétition engendre tou-jours les mêmes effets. Pour luiun « chemin subtil sépare la coïn-cidence du destin ». D'où le chocéblouissant, dans certaines pages,entre les images du temps etquelques photographies contem-poraines bien trop connues...

La "grande pitié" du royaumede France était née non seule-ment du fait que le roi anglaismenait une guerre farouche pours'emparer de notre pays, maisaussi du fait que la politique despartis, après le règne réparateurde Charles V le Sage, et à la fa-veur de la faiblesse d'esprit dupauvre Charles VI, s'était instau-rée autour du trône. Situation rê-vée pour les puissances d'argentavides de refaire l'Europe selondes considérations mercantiles ethors de toutes les contraintes his-toriques, donc en éliminant la

France, traditionnel élément desagesse et d'équilibre... Les mar-chands, les intellectuels, les es-prits "avancés" et autres Cauchoncrurent être arrivés à leurs finslorsqu'ils acculèrent la reine Isa-

beau à faire signer par son mariplus hébété que jamais le hon-teux traité de Troyes (21 mai1420) laissant au roi anglais l'hé-ritage du roi de France.

Jean-Pierre Lussan, tout enrappelant qu'en 1940, le généralDe Gaulle, sous l'impulsion deJean Monnet, proposa à WinstonChurchill une fusion de la Franceet de l'Angleterre, qu'heureuse-ment le gouvernement refusa,tout en rappelant aussi le projetfou de constitution européenneet les tentatives "éducatives" ré-centes pour que l'anglais ne soitplus une langue étrangère...,montre que malgré le traité deTroyes, « la Providence veillait »,mais « qu'elle n'aime pas qu'onrègle les choses importantes endehors d'elle ». La preuve : lamort dès 1422 du roi anglaisHenri V, laissant un fils de neufmois qui n'avait guère de chancesde pouvoir être sacré à Reims !Pour le dauphin Charles, qui, lamême année, perdait son père etdevenait à dix-neuf ans le roi

Charles VII, l'avenir n'était pasaussi bouché qu'il le semblait. Roi démuni de tout, entouré àBourges d'une poignée de fidèles,dépourvu de prestance, et dontla légitimité était même discu-

tée, il lui fallait surtout savoirque « le désespoir en politiqueest une sottise absolue ». Alorsqu'Orléans restait la dernièrepoche de résistance, mais gagnéepar le découragement, voici qu'ap-parut Jeanne dans la gaieté etl'ardeur de ses dix-sept printemps,véritable « reine de guerre » en-voyée par Dieu.

Politique d'abord !

Il faut lire les fortes pages re-latant son arrivée à Chinon, sarencontre avec le roi, ses répar-ties désarmantes, l'élan vers Or-léans avec d'éminents seigneurs(Boussac, La Hire, Gille de Rais,Jean de Metz), puis la délivrancede la ville (8 mai 1429) dont l'ef-fet principal fut de faire tressaillirle peuple, le roi et tous les grands.Tous comprirent le signe du des-tin, et l'on partit gaillardementderrière l'indomptable paysannevers Reims, la légitimité retrou-vée devant entraîner le réveil dupeuple qui se tourna avec passion

vers ce roi « couronné à la facedes Anglais médusés » et qui seulpouvait restaurer la sécurité dansle pays. C'étaient les premièresclartés de l'aurore dans un ciel sinoir depuis fort longtemps.

L'adolescencede la France

On sait la suite : encorequelques grandes batailles menéeshardiment, puis, quand la missiontemporelle de Jeanne prit fin, sonarrestation à Compiègne par lesAnglais, son procès puant de mau-vaise foi, son supplice à Rouen –une immolation qui est tout lecontraire d'un échec. Jeanne restepour toujours comme « un miroirplacé au seuil des temps mo-dernes, comme un défi à ceux quiveulent nier le merveilleux ».

Au passage, Lussan dénonceles calomnies sur la prétendue in-gratitude de Charles VII. Lui quiavait anobli la famille de Jeannefut le premier à vouloir ouvrir sonprocès en réhabilitation. De mêmel'auteur rétablit bien des véritéssur le Moyen Âge finissant où l'as-cension sociale était fréquente.

On assiste ensuite aux diffé-rentes phases de la libération duterritoire. Les grandes figures deYolande d'Aragon, belle-mère duroi, de sa maîtresse la splendideet fine Agnès Sorel, du grand ar-gentier Jacques Cœur rayonnentdans « l'adolescence de laFrance », dans le renouveau decette nation dont plus que jamaisl'histoire allait se confondre avecl'histoire de sa dynastie. Beaurègne qui vit la restauration definances saines, la création despremiers offices, débuts de lafonction publique, le retour de laprospérité économique, l'appari-tion d'un commerce extérieur au-dacieux surtout en direction dela Méditerranée (la Renaissancen'était pas loin...) Époque très"capétienne" où l'effort de résur-rection nationale ne perdait pasde vue le sens de l'universel.

De ce règne commencé sousles pires auspices et qui allait êtredéterminant pour tous les sièclesà venir (dont Louis XI, après avoirété un turbulent dauphin, seraitle continuateur), Jean-Pierre Lus-san trace une grandiose fresquedont nous ne donnons ici qu'unmince aperçu. Au fil de ces pages,on découvre sans cesse les fruitsnon pas idylliques mais à tout lemoins réconfortants de la gestede sainte Jeanne d'Arc. Dieu in-tervint, certes, dans notre his-toire au moment où nous étionsau fin fond du gouffre, mais cettevisite du surnaturel ne dispensaitpas - bien au contraire - leshommes de se donner ou plutôtde se redonner les bonnes insti-tutions qui fondent la pérennitéde la nation. "Aide-toi, le Ciel t'ai-dera." Chacun aura compris quela leçon est actuelle.

Sacralité

Mgr le comte de Paris, duc deFrance, a honoré le livre de Jean-Pierre Lussan d'une judicieuse pré-face où il tire la conclusion digned'un tel ouvrage, à savoir que,pour entretenir la justice et lapaix dans et entre les nations, ilfaut toujours se rappeler « l'ori-gine sacrale de tout pouvoir etle devoir de toute politique au-thentique de s'y référer ». Lemythe de la souveraineté dupeuple est évidemment l'antithèsede la pensée politique de Jeannequi, elle, aimait concrètement lepeuple, dont le premier des be-soins est d'être gouverné.

MICHEL FROMENTOUX

1 - Jean-Pierre Lussan : Demain s'ap-pelle l'aurore, 288 pages grand for-mat, 300 illustrations, éd. ChapitreDouze, Bruxelles-Paris, 28 euros.Mél. : [email protected]

❚ HISTOIRE

❚ 12 L’ACTION FRANÇAISE 2000 n° 2770 – du 7 au 20 mai 2009

TTOUS À JEANNE D'AROUS À JEANNE D'ARC !C !COMME CHAQUE ANNÉE le deuxième di-manche de mai, la fête nationale desainte Jeanne d'Arc va venir nous rappe-ler qu'être Français, cela se mérite, etque le Ciel vient en aide aux nationsdans la mesure où elles comptent desâmes prêtes à se sacrifier plus qu'à éri-ger leurs droits en absolu.

Notre appel à participer au Cortège tradi-tionnel entraîné par l'Action française jus-qu'à la statue de la place des Pyramides(voir page 15) est plus pressant que ja-mais en cette année 2009.D'abord parce qu'en ces jours d'une cam-pagne électorale qui démarre si lourde-ment, l'affirmation de notre volonté de nepas laisser les technocrates et les idéo-

logues des institutions communautairesdisposer de notre sort vaudra plus quen'importe quel bulletin de vote. Nous ma-nifesterons, sans souci des partis, des lé-galités et des idées à la mode, la perma-nence de la France, de son identitéquinze fois séculaire, de sa manière d'êtreau monde. Nous marcherons sans agressi-vité envers quiconque, mais avec laconviction que notre nation, si elle re-vient aux traditions assurant sa pérennité,peut servir le bien commun universel.

CENT ANS APRÈS LA BÉATIFICATION

La deuxième raison de venir au Cortègeest plutôt religieuse, mais dans la déca-dence que nous subissons, tous, croyantsou non, peuvent admettre que l'on a toutà gagner à recourir aux forces spirituelles.

Il y a eu cent ans le 18 avril dernier, lesaint pape Pie X béatifiait notre héroïnenationale. C'était l'aboutissement d'unlong combat commencé dès 1456, pourque fût effacée la condamnation pronon-cée à Rouen en 1431 par des ennemis dela France et par des hommes d'Égliseveules et apatrides. En 1909, quelques années après les déchi-rures causées par la Séparation de l'Égliseet de l'État, le pape a voulu offrir ce ca-deau afin d'aider les Français à se réunirautour du symbole de leur patrie. Legrand cataclysme de 1914-1918 n'allaitpas tarder à montrer l'importance de res-serrer l'unité nationale. L'année 1920 de-vait voir, le 16 mai à Rome, la canonisa-tion de Jeanne par Benoît XV, puis, le 24juin à Paris, l'institution par la Répu-blique, sous l'impulsion de Maurice Barrès,

de la fête nationale de Jeanne d'Arc,« fête du patriotisme », fixée au di-manche qui suit le 8 mai (anniversaire dela délivrance d'Orléans).Présentant le décret de béatification,saint Pie X évoquait les mots si souventrépétés : « Vive le Christ qui est Roi desFrancs. » Il ajoutait : « À ce titre seule-ment, la France est grande parmi les na-tions ; à cette clause, Dieu la protégeraet la fera libre et glorieuse : à cettecondition, on pourra lui appliquer ce qui,dans les Livres Saints, est dit d’Israël :Que personne ne s'est rencontré qui insultât à ce peuple, sinon quand il s'est éloigné de Dieu. »C'est une France fidèle aux promesses deson baptême qui viendra en Cortège hono-rer sainte Jeanne d'Arc.

M.F.

❏ HISTOIRE

Jeanne ou le miracle de ReimsBiographe de Charles VII, Jean-Pierre Lussan nous livre une fresque grandiose, richement illustrée, où l'on voit la Providence contribuer à la restauration de la légitimité royale. Avec le sacre de Reimsapparurent les premières clartés de l'aurore dans un ciel si noir depuis fort longtemps...

Place des Pyramides

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Page 13: s e année Tous à Jeanne d'Arc€¦ · ment à une belle œuvre, toutes choses inutiles aux yeux des lourdauds sectaires qui rè-gnent sur l'administration. Voici que pour de sordides

HISTOIRE ❚

L’ACTION FRANÇAISE 2000 n° 2770 – du 7 au 20 mai 2009 13 ❚

Georges Minois a consacréune large part de sonœuvre à l'étude des men-

talités, et à celle de l'Angleterre,deux thèmes auxquels il revientà loisir avec une monumentaleGuerre de Cent ans, sous-titrée,ce qui en résume assez bien lecontenu, Naissance de deux na-tions. Il faut, cependant, ne pasperdre de vue les connotationsnégatives attachées à ce mot denation, de sorte que, si le conflitdébuté, selon les historiens en1337, avec la revendication d'Ed-ward III d'Angleterre à l'hoir pré-tendu de sa mère, Isabelle deFrance, et terminé en 1453 avecla victoire française de Castillon,représente pour Minois un long etterrible désastre, c'est surtoutparce qu'il entérine dans lesconsciences l'idée de patrie. Ma-nifestement, l'Europe qui naît auXVe siècle a le tort d'annoncercelle des États attachés à leursintérêts propres, à leur indépen-dance, et capables de les dé-fendre les armes à la main.

De grands fauves

C'est donc à cette lumière quel'historien relit ce long affronte-ment et le commente, quitte àfausser les perspectives. Il y a là,en fait, la matière étroitementmêlée de deux livres distincts ;l'un serait un précis des événe-ments, une suite de dates, de ré-cits de batailles, émaillé dequelques portraits, en général dé-favorables : ici, pas un héros quisoit épargné, tous, peu ou prou,princes, rois et capitaines, sontde "grands fauves" avides de pro-fits, combattant pour s'enrichiret assurer leur puissance, étran-gers aux buts nobles et élevésqu'une propagande habile leur au-rait ensuite donnés. Jeanne, quin'entre guère dans ce schéma,n'occupe que quelques pages, laréduisant à une péripétie,presque anecdotique.

Georges Minois, il est vrai,n'aime pas l'ordre ancien, ni sesmœurs, ni ses croyances. Pourvu

que l'on conserve ce détail enmémoire, il reste d'autant plus in-téressant à lire que les ouvragesde fond consacrés à l'ensemblede la période sont rares et qu'enavoir une vue d'ensemble cir-constanciée est utile. Cependant,c'est la deuxième partie de l'ou-vrage qui apporte le plus d'en-seignements. Il s'agit de tirer unbilan, de mettre en évidence lesmutations profondes, irréver-sibles, d'un monde qui cesse d'êtrela chrétienté médiévale. Au fond,la guerre elle-même, entrecou-pée de trêves durables, n'inté-ressant qu'un petit nombre de sol-dats, tua relativement peu. Lespertes militaires, tous campsconfondus, ne durent pas excé-der cent mille morts. Minois, nonsans raison, suppose que les pertesciviles, non comptabilisées, fu-rent beaucoup plus lourdes. Ce-pendant, si l'époque reste l'unedes pires de notre histoire, il fautl'imputer à la peste noire, qui tua

plus de la moitié de la populationeuropéenne, à l'accumulation demauvaises saisons et de désastresclimatiques, facteurs de famines,aux mouvements de populationsfuyant les combats. Ces boule-versements cumulés modifièrentles façons d'être et de penser denos aïeux : ils se prirent à se sen-tir français, et vouloir le rester.Faut-il donc le leur reprocher ?

Tableau nuancé

Non, dit Claude Faisandier, au-teur de Un roman, la Guerre deCent ans vue par ses témoins, quiopte pour un parti pris absolumentcontraire. C'est qu'au lieu de fairede notre passé une galerie d'er-reurs,de fautes, de crimes dontnous ferions bien de nous repen-tir tout en abhorrant cette notionde patrie qui les a justifiés, Fai-sandier considère que l'histoiredoit être d'abord motif à aimerson pays en sachant ce qu'il a fait

de grand et d'honorable. Dé-marche peu dans l'air du temps etdu politiquement correct...

S'il n'est pas historien de for-mation, et, à ce titre, ne prétendpas tirer de grandes conclusionsni imposer doctement ses vues,Faisandier a beaucoup lu et saitaller aux meilleures sources. Seréférant largement aux auteurscontemporains des faits, il brosseune vaste fresque dont il necherche pas à dissimuler les as-pects les plus noirs, ni à diminuerles plus beaux. Jeanne en tientle centre, et éclaire ainsi l'en-semble tout entier.

Résistance en Normandie

Parce qu'elle fut brûlée àRouen, où résidait le duc de Bed-ford, régent de son neveu le pe-tit Henry VI, le duché normand,alors centre du pouvoir anglais,passe d'ordinaire pour largement

acquis à l'occupant. C'est inexactet François Neveux le rappelle àpropos avec un remarquable etpassionnant essai, La Normandiependant la Guerre de Cent ans.Rattachée à la couronne deFrance sous Philippe Auguste, laprovince, fière de ses particula-rismes et des libertés qu'elle te-nait de ses ducs, constituait mal-gré tout un sujet de querelle in-épuisable avec les souverainsd'Angleterre, prompts, s'agissantdes terres continentales, à se re-garder comme les héritiers légi-times du Conquérant. Sur cettepremière revendication devait segreffer ensuite les rancunes deCharles de Navarre, dit le Mau-vais, le seul petit-fils de Louis Xpar sa fille Jeanne, et apanagédans la région d'Évreux. Ses pré-tentions rejoignaient finalementcelles de son cousin Edward III,lui aussi défendant les droits desdescendants en ligne féminine.En 1346, profitant de ce queJean II l'attendait en Guyenne, leroi anglais débarqua à La Hougue.Un siècle de souffrances com-mençait pour la France, et pourla Normandie.

Chefs-d'œuvresgothiques

Livrés à l'envahisseur, et par-fois aux armées royales venues àleur rescousse mais pas fatale-ment plus tendre que l'occupant,les Normands firent face. L'his-toire des mouvements de résis-tance et de la guérilla tenace quiembrasa le bocage, s'étendantparfois aux cités, trop oubliés au-jourd'hui, demeure l'une des bellespages de la province. Dans cestemps de désastres, la Norman-die se couvrit pourtant de chefsd'œuvres architecturaux, parmiles plus remarquables du gothiqueflamboyant, témoignant de la vi-talité et des facultés de récupé-ration d'une population indus-trieuse et tenace. François Ne-veux sait tout, ne laisse rien dansl'ombre, et prouve qu'un ouvrageuniversitaire n'est pas, d'obliga-tion, une lecture ennuyeuse.

ANNE BERNET

* Georges Minois : La Guerre de Centans. Perrin, 650 p., 26 euros.* Claude Faisandier : Un roman, laGuerre de Cent ans vue par ses té-moins. François-Xavier de Guibert,360 p., 25 euros.* François Neveux : La Normandie pen-dant la Guerre de Cent ans. Ouest-France, 535 p., 45 euros.

❏ CHRONIQUE DES LIVRES

Jeanne en son temps, et le nôtreSi l'image de Jeanne tend à se brouiller dans la mémoire collective, peut-être faut-il l'imputer à son titre de "sainte de la patrie", notion devenue doublement incompréhensible, voire odieuse, à nombre de nos contemporains... Plongée au cœur de la Guerre de Cent ans.

DÉMENCE ET COMPASSIONSi la rivalité anglo-françaiseétait ancienne et trouvait tou-jours motif à s'entretenir, ellen'eût pas abouti au désastred'Azincourt, en octobre 1415,puis au traité de Troyes de 1420 sans la ma-ladie qui, frappant Charles VI, livra leroyaume aux ambitions contradictoires desprinces. En quoi la folie du pauvre roi fut undésastre, une malédiction, et, paradoxale-ment, une bénédiction, ainsi que le démon-trait Georges Bordonove dans la biographiequ'il lui consacra. En effet, ce sentimentpuissant d'appartenance à une nation fran-çaise ressenti par le peuple, et d'abord lesplus humbles, s'enracina très profondémentdans l'amour de ses sujets pour le roi fou.

Résultat de la Révolution et de la rupture dupacte de Reims, l'on a oublié, même parminous, la force du lien qui unissait le souve-rain à sa terre et ses gens. « Terre et Roi nefont qu'un. » Cette certitude était fort an-cienne, mais le christianisme lui avait donnéune force nouvelle, en conférant au Princeune dimension christique. Charles VI frappéde démence ne fut pas pour les Français unobjet de honte et de répulsion, mais d'atta-chement renforcé. Conscient des fautes dupays, de ses élites, qui appelaient un châti-ment, comme Henry V l'avait brutalement ditau duc d'Orléans prisonnier, le peuple consi-déra que le roi, à l'instar du Christ, prenaitsur lui le poids du péché commun, qu'il ex-piait pour tous. Cette dimension transcen-dait, ô combien, la personnalité du souve-rain. Georges Bordonove faisait admirable-

ment la part entre l'homme Charles VI qui,même avant ses crises de schizophrénie,avait parfois renvoyé l'image d'un adolescentattardé, mal gouverné et mal gouvernant, unpeu trop porté sur les femmes, et le roi souf-frant, conscient, quand il émergeait de sesaccès, de la gravité de son état, et de sesconséquences politiques, lucidité qui fut cer-tainement pour lui le plus terrible à porter.Et, précisément parce que les Français com-prenaient tout cela, jamais ils ne cessèrentde se regarder comme féaux du roi fou puisde son fils, lors même qu'il eût été tellementplus commode de se rallier aux Lancastre...

A.B.

* Georges Bordonove : Charles VI. Pygmalion,320 p., 21,50 euros.

Le sacre de Charles VII par Lenepveu

Page 14: s e année Tous à Jeanne d'Arc€¦ · ment à une belle œuvre, toutes choses inutiles aux yeux des lourdauds sectaires qui rè-gnent sur l'administration. Voici que pour de sordides

Les méfaits du système par-lementaire ne datent pasd'hier. Pendant qu'on négo-

ciait la paix de Rueil, en 1649, quimit fin à la première Fronde, onpensa convoquer les états géné-raux à Orléans. Voici la réactiondu parlement de Paris à qui le par-lement de Rouen demandait s'ilconvenait d'envoyer des députés :

« Jamais les parlements quisont eux-mêmes composés destrois états, n'ont député aux étatsgénéraux ; ils sont supérieurs àces assemblées, puisqu'ils jugenten dernier ressort ce qu'elles ontarrêté et délibéré. Les états gé-néraux n'agissent que par prièreset ne parlent qu'à genoux commeles peuples et sujets ; les parle-ments tiennent un rang au-des-sus d'eux, comme médiateursentre le peuple et le roi. » 1

Telle est, au XVIIe siècle, l'or-gueilleuse prétention du parle-

ment de Paris. Simple cour de jus-tice, qui tenait son existence etson autorité de la couronne, ils'érigeait en véritable sénat.

Usurpationspolitiques

On n'imagine pas l'esprit sub-versif qui se développe dans lesassemblées et autour d'elles. En1649, la même année, au mois demars, lors d'une sortie solennelledu parlement de Paris, un grouped'hommes s'écria : « République !République ! » Comme on leur fai-sait remarquer qu'ils devaient res-pecter le roi et les magistrats, l'und'eux répliqua : « Qu'est-ce àdire ? le peuple n'a-t-il pas faitles rois, lesquels ont fait les par-lements ? Il est donc à considérerautant les uns que les autres. »La même année tombait en An-gleterre la tête du roi Charles Ier.

Louis XIV saura mettre unterme aux usurpations politiques

du parlement de Paris ; en 1673,il interdit aux parlements de fairequelque remarque que ce soitavant l'enregistrement des édits,mais les parlements relevèrent latête en négociant leur droit deremontrance avec le régent Phi-lippe d'Orléans, à qui ils attri-buent, en cassant le testamentde Louis XIV, les pouvoirs que cedernier avait fortement limités.À partir de 1750, les parlementsbloquent les réformes du pouvoirroyal. Louis XV sévira un peu tardet mourra ensuite trop tôt. En1771, le chancelier de Maupeouenlève aux parlements leurs at-tributions politiques et les diviseen six conseils supérieurs. Maisen 1774, Louis XVI, conseillé parMaurepas (« Sans parlement,point de monarchie »), commetl'erreur de faire rappeler les par-lements. Le roi reculera devantleur opposition. Soutenus par uneopinion publique manipulée ilsjouent un rôle important dans

l'agitation des années 1780 et, enempêchant toute réforme, ils pré-parent la Révolution.

Voyons comment Napoléontraita le parlementarisme. LaConstitution de l'An VIII prévoitun Conseil d'État « chargé de ré-diger les projets de lois et les rè-glements d'administration pu-blique, et de résoudre les diffi-cultés qui s'élèvent en matièreadministrative ». Le Tribunat, en-suite, discute les projets de loisproposés par le Conseil d'État maisne vote pas. Le Corps législatifvote enfin les lois sans avoir ledroit d'en discuter. Le Sénat, enoutre, est chargé de veiller à laconservation de la Constitution.

Empire de la parole

Dès que cette constitution estmise en place, le Tribunat se ré-vèle un foyer d'opposition. Ben-jamin Constant y prononce un dis-cours dans lequel il dénonce « lerégime de servitude et de si-lence » qui se prépare. Épuré en1802, le Tribunat sera suppriméen 1807. Remarquons bien cefait : devenu plus autoritaire qu'enses débuts, Napoléon ne supprimepas l'assemblée qui vote, et pour-rait donc rejeter les lois propo-sées par le Conseil d'État, il sup-prime l'assemblée qui semble dé-tenir le moins de pouvoir, celleoù l'on parle sans rien décider.L'empereur, qui connaissait lesrouages de la Révolution, sup-prime l'assemblée la plus dange-reuse, celle qui dispose de la pa-role. Le faible Conseil des Cinq-Cents avait failli mettre fin à lacarrière du général Bonaparte,auréolé de ses victoires, en criant« Hors-la-loi ! », « César ! » et« Cromwell ! » Tel est l'empirede la parole dans les assemblées.

GÉRARD BAUDIN

1 - Journal d'Olivier Lefèvre d'Or-messon, tome I.

❚ COMBAT DES IDÉES

❚ 14 L’ACTION FRANÇAISE 2000 n° 2770 – du 7 au 20 mai 2009

Parfaitement justifié dans lespages et comportant une foulede faits chronologiques mar-quants de son histoire et cellede la France de 1859 à nosjours, le sous-titre précise : Le Grand Siècle de l'Actionfrançaise.

Ce très important volume(484 pages) est une œuvre d'im-portance, synthétique, claire,précise et de référence; l'ou-vrage contient une quantité defaits historiques oubliés, mécon-nus ou occultés. On trouve dans

les pages de l'ouvrage des infor-mations que l'on n'a pas relevées par ailleurs.Comme dans toutes ses œuvres,l'auteur a le talent de présenterles textes les plus essentiels àconserver et les citations fortesle plus marquantes.Ce travail essentiel doit avoir saplace dans toutes nos biblio-thèques. Il doit rester à portéede la main de ceux qui s'inté-ressent à l'histoire des idées etdes événements qui ont marquénotre histoire.

JEAN-MARIE CUNY

* François-Marie Algoud : Actualitéet présence de Charles Maurras. Préface de Michel Fromentoux.484 pages, format 21 x 24 cm. Illus-tré de documents divers 60 euros.En vente aux Éditions de Chiré.BP n° 1 86190 Chiré-en-Montreuil.

❏ LES GRANDS TEXTES POLITIQUES

Méfaits parlementaires au XVIIIe siècleSimple cour de justice, qui tenait son existence et son autorité de la couronne, les parlements s'érigèrentprogressivement en Sénat. Soutenus par une opinion publique manipulée, ils ont joué un rôle importantdans l'agitation des années 1780 préparant la Révolution en empêchant toute réforme.

COLLOQUEJacques Bainville des 13 et 14 mai

Université Paul Verlaine Île de Saulcy-Metz

MERCREDI 13 MAI

Ouverture du colloque parLuc Johann, président del'Université Paul Verlaine-Metz,Jacques Walter, co-directeurde la MSH Lorraine, OlivierDard, directeur du CRUHL,Michel Grunewald, directeurdu CEGIL.

Introduction - Par Olivier Dard

Profils de Jacques Bainville -Présidence : William R. Kelor ;Guillaume Gros (universitéToulouse II) : Jacques Bainvilleentre histoire et journalisme ;Olivier Dard (université PaulVerlaine-Metz) : JacquesBainville et l'économie ;Christophe Dickès (universitéParis IV) : Jacques Bainville,une géopolitique française ;Pierre Béhar (université de laSarre) : Jacques Bainville etla question d'Orient.

Moments - Présidence :François Cochet ; Yaël Dagan(EHESS - AHMOC) : JacquesBainville en Première guerremondiale ; Michel Leymarie(université Lille III) :L'hommage à Jacques Bainville.

JEUDI 14 MAI

La réception de JacquesBainville en Allemagne -Présidence : Michel Leymarie ; Michel Grunewald (universitéPaul Verlaine-Metz) : Les Allemands et Bainvilleentre réception etinstrumentalisation (1930-1940) ; Thomas Nicklas(université de Reims) : JacquesBainville et la Bavière.

La réception de JacquesBainville dans le mondeanglo-saxon - Présidence :Francis Balace ; Jean ElGammal (université Nancy II -CRULH) : Jacques Bainville etla Grande-Bretagne ; WilliamR. Keylor (Boston University) :"Réalisme" bainvillien et"idéalisme" wilsonien en débatsà la lumière de la politiqueétrangère américaine.

Les aires "latines" -Présidence : Jean El Gammal ;Francis Balace (université deLiège) : Vu du Nord, l'image deJacques Bainville en Belgique ;Matthieu Boisdron (universitéde Nantes) : Jacques Bainvilleet la Roumanie d'entre-deux-guerres - Regards croisés ; Ana Isabel Sardinha Desvignes(université Paris III) : Jacques Bainville au temps de Salazar, traductions,lectures et usages.

Conclusions - Par Michel Grunewald

❏ UNE ŒUVRE REMARQUABLE

Actualité et présence de Charles Maurras (1868-1954)

Louis XV sortant du lit de justice tenu au parlement le 12 septembre 1715, d'après Pierre-Denis Martin

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L'AF EN MOUVEMENT ❚

L’ACTION FRANÇAISE 2000 n° 2770 – du 7 au 20 mai 2009 15 ❚

SAMEDI 9 MAI

Meeting sur l'indépendance nationale

De 16 heures à 18 heuresIntervenants :

- Olivier Perceval, secrétaire général du mouvement d'AF ; - Paul-Marie Coûteaux, député au Parlement européen ;- Olivier Tournafond, professeur à l'université Paris XII ;- Mathieu de Vault, secrétaire général des étudiants d'AF;- Alexandre Apreval, responsable de la formation

Buffet et soirée militante. Participation : 10 euros.

Maison des Mines, 270 rue Saint-Jacques, Paris 5e (métro Port Royal)

DIMANCHE 10 MAIDIMANCHE 10 MAI

Fête naFête nationale de Jtionale de Jeanne d'Areanne d'Arcc

Cortège traditionnel :

Rendez-vous à 9 h 30 devant l'église de la Madeleine (métro Madeleine)

D'autres rendez-vouspour honorer Jeanne d'Arc :

❏ Biarritz –Biarritz – Messe à 11 heures,34 rue de Parme. Dépôt degerbes à 13 heures au square Léo-Pouzac à Bayonne.

❏ Bordeaux -Bordeaux - Dépôt de gerbesà 11 heures, rond-point Maréchalde Lattre de Tassigny (intersec-tion des cours Xavier Arnozan etde Verdun).

❏ Limoges –Limoges – Dépôt de gerbes àmidi au pied de la statue deJeanne d'Arc de Maxime Real delSarte, place Fournier.

❏ Neuilly-sur-Seine (PNeuilly-sur-Seine (ParisarisXVIIXVIIee et Hauts de Seine)et Hauts de Seine) ––Dépôt de gerbes à 17 heures de-

vant la statue de Jeanne d'Arc,avenue du Roule. Rendez-vousderrière le monument aux mortsde la Police, face à l'égliseSaint-Pierre de Neuilly (métroSablons, Bus 43, 82, 174).

❏ Nice –Nice – Messe à 10 heures.Procession, discours, puis déjeu-ner. Rendez-vous à la chapellede la Visitation (Fraternité Saint-Pie X), place Sainte-Claire. Ren-seignements auprès de Jean-Pierre Thouvenin : 04 93 81 2227 ou 06 34 47 67 03.

❏ Nîmes –Nîmes – Cérémonie d'hom-mage à Jeanne d'Arc à 10 h 15devant la statue de l'héroÏne na-tionale, suivie d'une messe so-lennelle en l'église Saint-Baudile,place des Carmes, à 10 h 45. À l'invitation de Jean-Paul Four-nier, sénateur du Gard et maire

de Nîmes, des Amis de Jeanned'Arc, de leurs amis AnciensCombattants, de la 6e sectiondes Médaillés militaires–Gard, dela Fédération nationale des Re-traités de la Gendarmerie–Gard,de l'Amicale des Marins et Marinsanciens combattants de Nîmes etde l'Association départementaledes sous-officiers de réserve du Gard.

» NOUVELLES SECTIONS

❏ Carrières sur seine -Carrières sur seine - Blog : section-royaliste.skyrock.com/

❏ Meaux -Meaux - Blog : afmeaux.over-blog.com ; courriel :[email protected]

» ÎLE DE FRANCE

❏ PParisaris - Permanence tous lesjours, 10 rue du Pélican, de

18 heures à 20 h 30 ; le lundide 16 à 20 heures. Collages or-ganisés tous les mardis. Trac-tages les mercredis et vendredismatin. Conférence vendredi 8maià 19 h 30 : "Pas d’élection, sécession !"

❏ Cercle lycéenCercle lycéen - Chaquemercredi à 18 heures au Lucer-naire, 53 rue Notre-Dame-des-Champs, Paris 6e.

AFFICHAGESMONARCHISTES

❏ Collages d'autocollants et d'af-fiches, vente du journal et trac-tages... Les vacances scolaires ouuniversitaires sont toujours l'oc-casion de militer plus librement.Pâques n'a pas dérogé à cetterègle et cela a permis une pluslarge diffusion de nos idées dansla région parisienne mais aussidans l'Ouest de la France. D'autresnouvelles des camelots à cetteadresse : actionroyaliste.com

EN PROVENCE

❏ La réunion de printemps deFrance Royaliste Nice-Provence,le 19 avril à Nice, a été très ap-préciée en raison du temps, et dela conférence du docteur Jean-Pierre Dickès, président de l'As-sociation catholique des Infir-mières et Médecins. Il nous a misen garde contre le formatageidéologique, biologique et géné-tique des individus. Cinquanteparticipants au déjeuner, soixante-dix à la conférence !

CONFÉRENCE DANS LE SUD-OUEST

❏ Du 24 au 26 avril, à Bordeaux,Toulouse puis Biarritz, PhilippePrévost a présenté les conclusionsde son ouvrage sur La Condam-nation de l'Action française (éd.La Librairie canadienne) à l'occa-sion du 70e anniversaire de sa le-vée. Ce "grand chelem", deuxièmedu genre, a connu un franc suc-cès ; outre des représentants devieilles familles d'AF, la séance deBordeaux comptait un conseillerrégional d'Aquitaine, celle de Tou-louse comptait un professeur

d'université et celle de Biarritzpas moins de trois docteurs ès-lettres et en droit. Le prochaincycle 2009-2010 s'annonce capti-vant ! (cf af-aquitaine.over-blog.com/).

» NAISSANCE

❏ Notre ami Jacques Mourot et Madame,ainsi que le lieutenant-colonel Jean-MichelGrangé et Madame, née Mourot, (quatrièmegénération d'AF) ont la joie d'annoncer lanaissance de leur arrière-petite-fille et petite-fille, le 25 avril 2009,JoséphineJoséphine HuetHuet. L'Action française pré-sente toutes ses félicitations aux heureux pa-rents, et grands-parents et adresse sesmeilleurs vœux à Joséphine.

» MARIAGE

❏ Mme Chantal Flandrin et M. DominiqueFlandrin ont l'honneur de nous faire part dumariage de MM llelle Cécile FlandrinCécile Flandrin, leur fille,avec M. Stéphane M. Stéphane AltersitzAltersitz. La cérémonie

religieuse sera célébrée le samedi 9 mai à 15heures en l'église Saint-Pierre - Saint-Paul àRueil-Malmaison. À M. Dominique Flandrin, camelot du Roi de-puis des années, ainsi qu'à Madame, nousadressons nos sincères félicitations et souhai-tons de longues années de bonheur aux fu-turs époux.

» DÉCÈS

❏ Nous apprenons avec peine le décès le14 avril de MMmeme Nicole LemaignenNicole Lemaignen qui,avec son mari Yves Lemaignen (ancienmembre des Comités directeurs de l'AF), futun pilier de l'Action française et intendantedes premiers camps Maxime Real del Sarte.Les obsèques ont été célébrées en l'égliseSaint-Vincent d'Orléans le 17 avril. L'Action

française présente ses très vives condo-léances à ses cinq enfants, Marie-Isabelle,Béatrice, Charles-Éric, Jacques, Guy, et lesassure de ses prières.

❏ C'est avec peine que nous avons appris ledécès de notre très chère et fidèle amie,dans sa 92e année, Mlle Paulette Bouchy, lesamedi 18 avril, munie des sacrements de l'É-glise. Les obsèques ont eu lieu le 22 avril enl'église Saint-Simon - Saint-Jude, sa paroisseà Metz, et l'inhumation dans le caveau de fa-mille à Hellimer (Moselle). Avec l'assurance de nos prières pour MlleBouchy, nous présentons nos vives condo-léances à ses frère et sœur, Mme Marie-Louise Sauvadet, M. et Mme Pierre Bouchy,leurs enfants et petits-enfants ainsi qu'àtoute la famille.

» AUTOCOLLANTS

Autocollants "La France, leRoi" : 10 pour 1.20 euro,50 pour 6 euros, 100 pour 12euros. Chèques à l'ordre duCRAF, 10 rue Croix-des-Petits-Champs, 75001 Paris.

L'AFE L'AFE & COHN BENDIT& COHN BENDITAprès avoir chahuté MichelBarnier, l'AFE s'est attaquée àune autre icône européenne.Résumé en images à cetteadresse : http://afe-blog.com (vidéo postée le 30 avril).

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Page 16: s e année Tous à Jeanne d'Arc€¦ · ment à une belle œuvre, toutes choses inutiles aux yeux des lourdauds sectaires qui rè-gnent sur l'administration. Voici que pour de sordides

CONTRE LE CONFORMISMEGAUCHISANT

MAURICE DRUON commehomme politique mérited'être salué autant quecomme grand écrivain.Si sa manière de se poseren gardien du templegaulliste en a agacé plus d'un, il faut luireconnaître un certain courage au servicede causes nobles. Il fut nommé ministredes Affaires culturelles en 1972, au tempsdu président Pompidou : c'était peu aprèsles folies de Mai 68, et les artistes secroyaient tous investis du pouvoir de semerla révolution... On se souvient de sa décla-ration : « Ceux qui viennent à la porte dece ministère avec une sébile dans unemain et un cocktail Molotov dans l'autredevront choisir. » Maurice Druon ne se fitpas que des amis... De même, il n'hésitapas à interdire un film qui présentait unavortement en direct.Les années suivantes, et jusqu'au bout, il alutté pour la défense de la langue fran-çaise, pourfendant vigoureusement les ré-formes de l'orthographe, la manie de fémi-

niser les titres (la ministre...), l'emploi demots approximatifs. Comme le rappellel'ambassadeur Albert Salon, présidentd'Avenir de la langue française 1, il a été lecréateur d'un Grand Prix de la francopho-nie et a milité pour que l'Union euro-péenne « reconnaisse à notre langue lerôle non pas de langue du droit et destraités de l'Union, mais celui de langue deréférence qui "fait foi" en cas de litigesdans l'interprétation des textes ».Avec cela Druon ne craignait pas de trem-per sa plume dans la polémique, pour criti-quer les trop fréquentes modifications à laConstitution, ou pour tenter de s'opposer àla candidature à l'Académie de Valéry Gis-card d'Estaing, ou pour ridiculiser l'euro-péisme de François Bayrou...

LES CAPÉTIENS

Par ailleurs, même s'il prit parfois des li-bertés avec l'exactitude historique, Mau-rice Druon était un admirateur de l'œuvredes Capétiens. Au cours d'une séance descinq académies consacrée au millénaire ca-pétien le 27 octobre 1987, il prononça undiscours dont il remit le texte à PierrePujo qui le publia dans son livre La Monar-

chie aujourd'hui 2. L'auteur des Rois mau-dits louait l'idée qui fut à l'origine de laFrance, « une idée volontaire qui allait setransmettre, opiniâtrement, à travers unefamille et devenir, petit à petit, la voca-tion majoritaire des populations rassem-blées ». Cette lignée avait ainsi fondé lapremière nation d'Europe, « un exemplepour les autres ». Druon se prononçait enfaveur d'une monarchie constitutionnellequi « présente le double avantage d'avoir,d'abord, pour représenter le pays des genséduqués à cette fin dès l'âge le plustendre, et, d'autre part, de n'ouvrir lacompétition politique que pour la secondeplace, la première étant prise ».

L'ÉGLISE

Puis-je me permettre d'ajouter un souvenirqui m'est d'autant plus cher qu'il est lié àmon arrivée à la rédaction du journal del'Action française. J'écrivais épisodique-ment des articles dans Aspects de laFrance quand, au cours de mes vacancesardéchoises, en août 1972, Pierre Pujo metéléphona pour me demander de commen-ter un grand article de Maurice Druon parudans Le Monde du 7 août sous le titre Une

Église qui se trompe de siècle, vigoureusedénonciation du modernisme contestatairequi commençait à défigurer l'Église d'aprèsConcile, l'empêchant de demeurer « laprincipale armature spirituelle et le prin-cipal pouvoir moral de notre pays ».Je répondis donc à cet article sous un titrequi me paraissait plus juste : Un clergé quise trompe d'évangile. Quelques semainesplus tard les éditions Plon publiaient unlivre rassemblant tous les articles suscitéspar celui de Druon 3. On y trouvait, outrevotre serviteur, des personnalités aussi di-verses que Luc Baresta, Jean Cardonnel,Georges Daix, le cardinal Daniélou, AndréMandouze, André Piettre, Louis Salleron.C'est à la suite de ce petit "succès" quePierre Pujo me confia une rubrique régu-lière dans le journal. Sans Maurice Druon,vous ne me supporteriez peut-être pas danschaque numéro depuis tant d'années...

MICHEL FROMENTOUX

1 - www.avenir-langue-francaise.fr2 - Pierre Pujo : La Monarchie aujourd'hui, unenouvelle enquête. France-Empire, 1988.3 - Maurice Druon : Une Église qui se trompede siècle. Plon, 1972.

Mort le 14 avril dernier, àprès de quatre-vingt-onzeans, Maurice Druon naquit

à Paris le 23 avril 1918, d'unejeune femme de vingt et un anset d'un adolescent de dix-sept,Lazare Kessel, cadet de Joseph,qui se suicida peu après. On ca-cha longtemps à l'enfant les cir-constances exactes du décès dece père, le prétendant mort dela grippe espagnole... Il fut élevépar l'homme que sa mère venaitd'épouser, et qui, l'adoptant, luidonna son nom, Druon, « patro-nyme d'un géant des Flandres etd'un saint médiéval ».

Résistant

Au vrai, le jeune Mauricecomptait, dans son ascendancemêlée, plus d'une figure curieuse.Il était, par sa mère, arrière-pe-tit-fils du docteur Antoine Cros,frère du poète Charles Cros, mé-decin, traducteur d'Eschyle, amide Rimbaud, lequel faillit un jourl'empoisonner en versant un acidedans son verre. Du côté mater-nel, comptait un personnage ex-travagant, le Brésilien Odorico deMendès, homme de lettres quisuccéda à Antoine de Tounens autrône d'Araucanie.

Les Kessel, quant à eux, ap-partenaient à une famille juived'Orenbourg en Sibérie, et char-riaient dans leurs veines les sangsde la steppe russe. Maurice Druondemeura sa vie entière fidèle àces origines, les revendiquant aupoint d'être regardé en URSScomme en Russie post-soviétiquecomme un compatriote.

Élevé en Normandie, puis àParis, lauréat du Concours géné-

ral, le jeune Druon, en parallèled'études à l'école des Sciences po-litiques, s'adonna, dès l'âge dedix-huit ans, à divers travaux lit-téraires et journalistiques. La mo-bilisation de 1939 le surprit alorsqu'il achevait une pièce dethéâtre, Mégarée, réflexion surle rôle du héros, montée en zone

libre en 1941. L'année suivante,Druon, engagé dans la Résistance,parvint à gagner Londres où il de-vint aide de camp d'Emmanueld'Astier de La Vigerie, puis atta-ché au commissariat à l'Intérieuret animateur du poste Honneuret Patrie, voix de la France libresur les ondes. C'est dans cecontexte qu'en 1943, il composa,en collaboration avec son oncleJoseph Kessel, les paroles duChant des Partisans, mis en mu-sique par la chanteuse Anna Marly.

Druon écrivit dans le mêmetemps un essai, Lettre d'un Eu-ropéen, vision prophétique del'avenir du continent, appelant lesnations européennes à s'unir ausein d'une confédération politique.

De retour en France, et sansjamais renier ses engagementsgaullistes, Maurice Druon choisit

de se consacrer à sa carrière lit-téraire. Si son premier roman, LaDernière Brigade, récit de guerreconvenu paru en 1946, n'obtintqu'un succès d'estime, il décro-cha le Prix Goncourt en 1948 avecLes Grandes Familles, saga entrois volumes dont la parutions'étala jusqu'en 1951, mettant enscène l'affrontement impitoyabled'un puissant homme d'affairesavec son propre fils, peu adeptedes méthodes paternelles etpoussé peu à peu au suicide. En

1958, Jean Gabin prêta ses traitsau personnage du redoutable NoëlSchoudler.

Druon, en ces années cin-quante, revint au théâtre, avecUn voyageur, Le Coup de grâce,et La Contessa, adaptation de sonroman La Volupté d'être, où El-vire Popesco joua le rôle d'une sé-ductrice vieillie et ruinée ne pou-vant oublier sa beauté de jadis etses années de gloire.

Redoutablemais fascinant

En 1955 parut Le Roi de fer,début d'une série de sept volumes,Les Rois maudits, dont le dernieropus, Quand un roi perd laFrance, fut publié en 1977.Triomphe populaire, renforcé en1972 par la diffusion du feuille-ton de Marcel Jullian et ClaudeBarma, avec Jean Piat, d'uncharme ravageur et d'un talentprodigieux dans le rôle de Robertd'Artois, cette saga raconte la findes Capétiens directs, frappés parla malédiction du Maître duTemple, Jacques de Molay. Druonet ses collaborateurs, car il ne secacha pas de n'avoir pas travailléseul, parmi lesquels EdmondeCharles-Roux, n'hésitent pas à re-visiter l'histoire de France, ni àutiliser pour renforcer la tramedu récit les douteuses prétentionsdu "roi Jeannot", un marchand tos-can qui, en 1354, se prétenditJean Ier le Posthume, fils deLouis X, sauvé de la mort que luiréservait la jalouse Mahaut d'Ar-tois par le dévouement de sa nour-rice italienne, qui aurait substi-tué son propre fils au petit roipuis n'aurait osé avouer l'échange.

Flamboyant, redoutablement ha-bile, ce long roman fascina etcontinue de fasciner les lecteurs,tout en accréditant un certainnombre de calembredaines et enfaisant planer un doute sur la lé-gitimité royale.

Académicien

La série ouvrit à Druon lesportes de l'Académie française. Ily fut élu en 1966, au fauteuil deGeorges Duhamel, le trentième,en devenant le benjamin. Il s'yillustra par une défense résoluede la langue française et en de-vint secrétaire "perpétuel" en1985, fonction abdiquée en 1999.

Il faut encore citer, parmil'œuvre purement littéraire deDruon, un conte pacifiste pouradolescents, Tistou les Poucesverts (1957) ; deux imposants ro-mans historiques, Alexandre leGrand (1958) et Les Mémoires deZeus (1963-1967), des nouvelles,des monographies consacrées aupeintre Bernard Buffet (1964), àVézelay (1968), à l'histoire de Pa-ris. La publication en 2006 de sesMémoires, sous le titre L'Aurorevient du fond du ciel, riches enconfidences inédites et en ré-flexions personnelles sur sa vie etsa carrière, clôture, sauf éven-tuelles parutions posthumes, lestravaux d'un écrivain parfoiscontesté mais qui demeureracomme un auteur majeur de laseconde moitié du XXe siècle enmême temps qu'un témoin engagéde son époque.

ANNE BERNET

❚ CULTURE

Édité par PRIEP S.A. au capital de 59 880 euros – 10, rue Croix-des-Petits-Champs, 75001 Paris – Imprimerie RPN – 93150 Le Blanc-MesnilNuméro de commission paritaire 0410I86761 – Directeur de la publication : M.-G. Pujo

❏ HOMMAGE

1918-2009 : La saga Maurice DruonLe 14 avril s'est éteint un militant de la France libre, pourfendeur du gauchisme, défenseur vigoureux de la langue française. Portrait d'un écrivain engagé, auteur d'une série flamboyante qui lui ouvrit les portes de l'Académie française, figure majeure d'un demi-siècle d'histoire littéraire.