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SCOUTISME ETDEVELOPPEMENT
SPIRITUEL
World Organizationof the Scout MovementOrganisation Mondialedu Mouvement Scout
© Bureau Mondial du Scoutisme,octobre 2001.Les Associations scoutes nationalesmembres de lâOrganisation Mondialedu Mouvement Scout peuventtraduire et reproduire ce document.Les autres doivent demander uneautorisation.
Bureau Mondial du ScoutismeCase postale 2411211 GenĂšve 4, Suisse
[email protected]://www.scout.org
Scoutisme et DĂ©veloppement Spirituel - Page i
TABLE DES MATIERES
1. INTRODUCTION 11.1 But du document 11.2 Quelques précisions terminologiques 21.2.1 Education et développement 21.2.2 Religion 31.2.3 Spiritualité 51.2.4 Quelques remarques complémentaires 8
2. LES JEUNES DâAUJOURDâHUI FACE A LA DIMENSIONRELIGIEUSE/SPIRITUELLE 9
2.1 Quelques notes préliminaires 92.2 Un parcours rapide à travers les continents (=grandes zones
géographico-culturelles de la planÚte) 102.3 Quelques questions fondamentales sur les grandes religions et
courants de pensĂ©e spirituels dans le monde dâaujourdâhui 152.4 Quelques notes sur lâunivers religieux/spirituel des jeunes dâaujourdâhui 212.4.1 Individualisation 212.4.2 Perception spirituelle contre superficialitĂ© 222.4.3 LâexpĂ©rience homogĂ©nĂ©isatrice du temps 232.4.4 Le sexe âdĂ©sacralisĂ©â 242.4.5 La culture sociale: complexitĂ© et polycentrisme, le marchĂ©
des sollicitations multiples 252.5 Religions et cultures traditionnelles, modernes et post-modernes 27
3. LE DEVELOPPEMENT SPIRITUEL/RELIGIEUX DANS LA PENSEEDE BADEN-POWELL 29
3.1 La dimension spirituelle fait partie intégrante de la pensée de B-Pdepuis les origines 29
3.2 Le dĂ©veloppement spirituel nâest pas une âdimension ajoutĂ©eâ.Il fait partie dâun tout et il est intĂ©grĂ© 30
3.3 La dimension spirituelle et le Scoutisme en tant que mouvement dâĂ©ducation.Importance de lâĂ©ducation, diffĂ©rente de lâinstruction 31
3.4 Lâimportance de la nature dans le processus Ă©ducatif et dans ledĂ©veloppement spirituel 32
3.5 La dimension spirituelle doit ĂȘtre un facteur dâunitĂ© dans leScoutisme et non un facteur de division 32
Encadré: Rapport entre Scoutisme, nature et expérience religieuse 33
4. LA DIMENSION SPIRITUELLE DANS LE SCOUTISME.CONSEQUENCES PEDAGOGIQUES ET JURIDIQUES DANSLâHISTOIRE DU MOUVEMENT 35
4.1 La pĂ©dagogie du Mouvement Scout 354.2 La question du âDevoir envers Dieuâ et la/les promesses alternatives 36
SCOUTISME ETDEVELOPPEMENT
SPIRITUEL
Page ii - Scoutisme et DĂ©veloppement Spirituel
4.3 La déclaration du Comité mondial (1932) 374.4 Résolution de la 18e Conférence Mondiale du Scoutisme
Lisbonne, 1961 384.5 1965-1977 RĂ©organisation du mouvement, nouvelle Constitution mondiale
et adoption du nouveau Chapitre I par la 26e Conférence Mondiale duScoutisme, Montréal 1977 39
4.6 Les répercussions de la chute du mur de Berlin et de la désintégration dubloc soviétique sur le Mouvement Scout Mondial 41
4.7 Quelle est la force de la méthode scoute pour promouvoir et enrichir ladimension spirituelle chez les jeunes? Quels en sont les principauxéléments constitutifs? 42
4.7.1 La perspective du développement 434.7.2 La dimension SAGESSE: Aider à développer une personnalité équilibrée,
une autodiscipline et un ensemble de valeurs personnelles 434.7.3 La dimension ACCUEIL: La nĂ©cessitĂ© dâune relation affectueuse et
compréhensive 444.7.4 La dimension EMERVEILLEMENT: Le contact avec la nature 444.7.5 La dimension TRAVAIL: La nécessité de créer une société plus juste et plus
humaine â dans lâaction et plus particuliĂšrement dans le service 444.7.6 La dimension CELEBRATION: Silence, mĂ©ditation ou priĂšre (le contact
avec la Transcendance) 454.7.7 Conclusions 45Encadré: Le rÎle des religions et des familles spirituelles 47
5. QUELQUES ASPECTS INSTITUTIONNELS 495.1 La question religieuse/spirituelle dans les différents types
dâassociations 495.2 Quelques Ă©lĂ©ments liĂ©s Ă la nature du Mouvement Scout en tant
que mouvement dâĂ©ducation 515.2.1 RĂŽle complĂ©mentaire Ă celui dâautres agents dâĂ©ducation 525.2.2 LâunitĂ© du Mouvement Scout 535.2.3 LâindĂ©pendance du Mouvement Scout 545.3 Statut consultatif auprĂšs de lâOrganisation Mondiale du Mouvement
Scout 55
6. CONCLUSIONS. QUELQUES LIGNES DâHORIZON 57
6.1 Du point de vue géopolitique et culturel 576.2 Du point de vue du Mouvement Scout 606.3 En guise de conclusion 64
REFERENCES 65
ANNEXE I: RESOLUTIONS DE LA CONFERENCE MONDIALE DUSCOUTISME 75
Scoutisme et DĂ©veloppement Spirituel - Page 1
âBouddha a dit: Il nây a quâune façon de chasser la Haine dans le mondeet câest en amenant lâAmour». Nous en avons la possibilitĂ© lorsque, au lieude lâĂ©goĂŻsme et de lâhostilitĂ©, nous pouvons insuffler la bienveillance et lapaix dans lâesprit de la gĂ©nĂ©ration Ă venir.â1
âDieu nâest pas un personnage Ă lâesprit Ă©troit, comme certains sembleraientlâimaginer, mais un immense Esprit dâAmour, qui ne sâattache pas auxpetites diffĂ©rences de forme, de dogmes ou de confessions, et qui bĂ©nit tousceux qui cherchent vraiment Ă faire de leur mieux, Ă Son service, suivantles lumiĂšres quâils reçoivent.â2
âComme dans le nationalisme, cela arrive aussi dans la religion. Se fondersur ses propres convictions religieuses est tout Ă fait normal, mais celadevient un sectarisme Ă©troit lorsquâon ne reconnaĂźt pas et nâapprĂ©cie pas lesaspects positifs dâautres religions, si on se prive de regarder avec lanĂ©cessaire ouverture dâesprit, les efforts que les autres font pour servir Dieuet pour Ă©tablir le Royaume de Dieu sur terre.â3
âUne tendance aberrante est apparue dans lâhistoire occidentale rĂ©cente,qui consiste Ă imaginer que la vie humaine est fondamentalement ounaturellement âsĂ©culiĂšreâ, et que la religion est un supplĂ©ment qui a Ă©tĂ©ajoutĂ©, ci et lĂ , aux caractĂ©ristiques de base de la nature humaine. Il sembleaujourdâhui que cette vision soit fausse. En fait, les divers systĂšmes religieuxont exprimĂ© diffĂ©rentes façons dâĂȘtre humain. Lâhistorien impartial ne peutque rapporter quâune constante de lâhomme est de trouver un sens Ă la vieet de formuler ce sens par des moyens symboliques, quâils soient grotesquesou sublimes.â4
Dans la sĂ©rie de documents de rĂ©fĂ©rence que le Bureau Mondial duScoutisme publie nous abordons aujourdâhui le thĂšme âScoutisme et DĂ©ve-loppement Spirituelâ. Sujet vaste et complexe, susceptible dâĂȘtre traitĂ© Ă partir de plusieurs points de vue, chacun possĂ©dant une lĂ©gitimitĂ© histo-rique, idĂ©ologique ou didactique. Raison de plus pour prĂ©ciser dâemblĂ©e lesobjectifs visĂ©s et la dĂ©marche entreprise afin que le lecteur soit informĂ© dĂšsle dĂ©but de lâintention du document.
Nous sommes partis dâune sĂ©rie dâinterrogations:
âą Les jeunes dâaujourdâhui, quel est leur âuniversâ religieux/spirituel?Comment perçoivent-ils cette dimension? Est-elle un Ă©lĂ©ment essentielou pĂ©riphĂ©rique dans leurs vies?
⹠Quel est le rÎle du développement spirituel dans la pensée de Baden-Powell? Quelle place occupe-t-il?
âą Quel rĂŽle le dĂ©veloppement spirituel a-t-il jouĂ© dans lâhistoire duScoutisme? Quelles sont les rĂ©solutions des ConfĂ©rences mondiales Ă ce sujet? Quels sont les faits saillants, les difficultĂ©s?
âą Quelles sont les implications de tout ce qui prĂ©cĂšde sur les questionsstructurelles? Comment le Mouvement sâest-il organisĂ© pour rĂ©pondreĂ ses buts/exigences pĂ©dagogiques?
1. INTRODUCTION1.1 BUT DU DOCUMENT
Page 2 - Scoutisme et DĂ©veloppement Spirituel
âą Quelles sont les tendances dâavenir, aussi bien pour les religions entant que telles que pour leur impact sur le monde, et pour leMouvement Scout?
A travers ces lignes nous essayerons de montrer la force extraordinaire dela mĂ©thode scoute pour promouvoir/enrichir la dimension spirituelle chezles jeunes. Nous essayerons aussi â chemin faisant â de rĂ©pondre Ă unequestion pertinente et qui a Ă©tĂ© posĂ©e Ă maintes reprises: LâOMMS a-t-elleune âpolitique religieuseâ Ă proprement parler?
Deux encadrĂ©s, lâun sur le rapport entre Scoutisme, nature et expĂ©riencereligieuse, et lâautre sur le rĂŽle des religions et des familles spirituelles dansle monde dâaujourdâhui, complĂštent le texte.
Ce document vise dâabord un public Scout mais aussi ceux et celles quicollaborent avec le Scoutisme â que ce soit sur le plan national ou inter-national â et qui appartiennent Ă diffĂ©rentes religions et familles spirituelles.La premiĂšre condition dâun dialogue fructueux est la sincĂ©ritĂ© et la clartĂ© despositions. Nous espĂ©rons que les lecteurs du document trouveront dans ceslignes une expression claire de la pensĂ©e du Mouvement afin que le dia-logue et la coopĂ©ration que lâOMMS entretient avec diffĂ©rentes religions etcourants de pensĂ©e spirituels sâen trouvent confortĂ©s et enrichis.
Encore une prĂ©cision. Ce document, de par sa nature mĂȘme, nâest pasencyclopĂ©dique. On ne doit pas chercher dans ces pages les mille et unĂ©pisodes qui ont jalonnĂ© la route des discussions sur la dimensionspirituelle, ni les querelles de chapelle, ni les noms des protagonistes detelle ou telle pĂ©riode. Il sâagit ici de faire un survol historique, qui essaie defixer quelques points de repĂšre et de mettre en relief lâessentiel: lapermanence des principes fondamentaux du Mouvement, tels que B-P lesavait conçus Ă lâorigine et tels que les ConfĂ©rences mondiales successivesles ont confirmĂ©s et enrichis tout au long de plus de 90 ans dâexistence.
Il y a quatre mots/termes que nous utiliserons tout au long de ces pages etils concernent deux âcouplesâ Ă©troitement associĂ©s: dâun cĂŽtĂ©, Ă©ducation etdĂ©veloppement; de lâautre cĂŽtĂ©, religion et spiritualitĂ©.
Pour ce qui est du terme dĂ©veloppement prĂ©cisons quâil nâest pas utilisĂ© dansle sens Ă©conomique mais dans le sens psychologique de âdĂ©veloppementde la personnalitĂ©â.
Concernant lâĂ©ducation, une recherche attentive dans quelques dictionnairesgĂ©nĂ©raux et quelques autres spĂ©cialisĂ©s (philosophie, psychologie,sociologie) laisse apparaĂźtre dâabord une certaine concordance de vues etensuite deux versants, selon quâon mette lâaccent sur un aspect ou surlâautre.
Un premier versant souligne le besoin de reproduction sociale. Ainsi,âlâĂ©ducation a toujours Ă©tĂ© un processus social au moyen duquel unecommunautĂ©, une sociĂ©tĂ© ou une nation a essayĂ© de transmettre Ă la jeunegĂ©nĂ©ration les aspects traditionnels de sa culture quâelle considĂ©rait commefondamentaux et vitaux pour sa propre stabilitĂ© et sa propre survieâ.5
1.2 QUELQUES PRECISIONSTERMINOLOGIQUES
1.2.1 Education etdéveloppement
Scoutisme et DĂ©veloppement Spirituel - Page 3
Un deuxiĂšme versant se situe dans la ligne du dĂ©veloppement personnel.Sans trop entrer dans les dĂ©tails, dĂ©finissons le dĂ©veloppement (conceptempruntĂ© Ă la biologie) comme lââensemble des processus successifs qui,dans un ordre dĂ©terminĂ©, conduisent un organisme Ă sa maturitĂ©â.6 Cettetendance souligne lâaspect âĂ©panouissement personnelâ. Les tenants decette ligne se situent plutĂŽt du cĂŽtĂ© de la psychologie du dĂ©veloppementet regardent lâĂ©ducation comme le processus dâeducere: âsortir ce quelâenfant a dedansâ, en dâautres mots, viser ââŠlâĂ©panouissement de toutes lesqualitĂ©s en germe chez les enfantsâ.7
Il est important de souligner que ce courant se situe dans la ligne de J.J.Rousseau et son âEmileâ (1762). âLes thĂ©ories de Rousseau ont bĂ©nĂ©ficiĂ©dâune application pratique dans nombre dâĂ©coles expĂ©rimentales âŠ.Basedowet Froebel en Allemagne, Pestalozzi en Suisse, Horace Mann aux Etats-Unis,A.S.N. Summerhill au Royaume-Uni, Maria Montessori en Italie, O. Decrolyen Belgique et beaucoup dâautresâ.8 âLes idĂ©es et pratiques pĂ©dagogiquesprogressistes dĂ©veloppĂ©es aux Etats-Unis, en particulier par John Dewey,ont Ă©tĂ© rejointes par la tradition europĂ©enne Ă partir de 1900. En 1896,Dewey a fondĂ© les Laboratory Shools Ă lâUniversitĂ© de Chicago, pour testerla validitĂ© de ses thĂ©ories pĂ©dagogiques â.9
Lâobjectif premier de Dewey Ă©tait ââŠdâĂ©duquer lâenfant âdans son intĂ©-gralitĂ©â â Ă savoir, sâoccuper de son dĂ©veloppement physique et Ă©motionnel,aussi bien quâintellectuel. LâĂ©cole a Ă©tĂ© conçue comme un laboratoire danslequel lâenfant Ă©tait appelĂ© Ă jouer un rĂŽle actif âŠexĂ©cutant des tĂąches liĂ©esĂ lâapprentissage⊠La salle de classe Ă©tait censĂ©e ĂȘtre⊠une dĂ©mocratie enmicrocosmeâ.10
Il faut souligner que: a) les deux âaccentsâ ne sont pas nĂ©cessairement encontradiction absolue, bien quâils peuvent lâĂȘtre dans des situationsconcrĂštes, et b) que, plutĂŽt que de deux extrĂȘmes, il sâagit dâun continuum,Ă lâimage dâune gamme de âgrisâ plus ou moins prononcĂ© entre deuxextrĂȘmes, lâun blanc et lâautre noir.
Ainsi, il nâest pas Ă©tonnant que de nombreuses formules de compromisentre les deux thĂšses se soient dĂ©veloppĂ©es. Voici un exemple dâune desplus courtes et des plus claires: âEducation: action qui vise Ă dĂ©velopper lespotentialitĂ©s dâun individu qui sont valorisĂ©es par le groupe social auquelil participeâ.11 Et encore un exemple, tirĂ© du âDictionnaire de la Philosophieâ:âLe but de lâĂ©ducation est dâabord dâinstruire, ensuite dâadapter socialement,enfin de former un jugement libre et personnelâ.12
Nous verrons dans la section 3 que les conceptions de B-P à ce sujet étaienton ne peut plus claires, allant dans le sens du développement personnel.
Concernant le couple âreligion/spiritualitĂ©â les rapports sont autrementplus complexes.
Commençons par lâĂ©tymologie. Selon le âDictionnaire de Sociologieâ leterme âreligionâ vient âdu latin religio, dont lâĂ©tymologie est controversĂ©edepuis lâAntiquitĂ©; religio est rattachĂ© soit au verbe religare ârelierâ, soit Ă legere âramasserâ ou relegere ârecueillirââ.13
1.2.2 Religion
Page 4 - Scoutisme et DĂ©veloppement Spirituel
AprĂšs avoir donnĂ© plusieurs dĂ©finitions correspondantes Ă lâĂ©volutionhistorique, le Robert dĂ©finit la religion comme un âsystĂšme de croyanceset de pratiques, impliquant des relations avec un principe supĂ©rieur, etpropre Ă un groupe socialâŠâ.14
Le Websterâs donne deux dĂ©finitions pertinentes (parmi beaucoup dâautres):â1. Le service et lâadoration de Dieu ou du surnaturel â et â2. Un ensemblepersonnel ou un systĂšme institutionnel dâattitudes, de croyances et depratiques religieusesâ.15
Le âDiccionario Ilustrado de la Lengua Españolaâ donne: âUn ensemble decroyances et de dogmes concernant la divinitĂ©, de sentiments de vĂ©nĂ©rationet de crainte envers elle, de normes morales de comportement et depratiques pour lui rendre culteâ.16 *
Le âConcise Oxford Dictionary of Sociologyâ donne une autre dĂ©finition:âLa religion est un ensemble de croyances, de symboles et de pratiques(rituels, par exemple), reposant sur lâidĂ©e du sacrĂ©, et unissant les croyantsau sein dâune communautĂ© socio-religieuse. Le sacrĂ© contraste avec leprofane parce quâil implique des sentiments de crainte respectueuseâ.17
Le âVocabulaire technique et critique de la philosophieâ indique: âReligion:A. Institution sociale caractĂ©risĂ©e par lâexistence dâune communautĂ©dâindividus, unis 1° par lâaccomplissement de certains rites rĂ©guliers et parlâadoption de certaines formules; 2° par la croyance en une valeur absolue,avec laquelle rien ne peut ĂȘtre mis en balance, croyance que cettecommunautĂ© a pour objet de maintenir; 3° par la mise en rapport delâindividu avec une puissance spirituelle supĂ©rieure Ă lâhomme, puissanceconçue soit comme diffuse, soit comme multiple, soit enfin comme unique:Dieuâ.18
Dans toutes les dĂ©finitions qui prĂ©cĂšdent, il y a un concept clĂ© qui intervient,quâil sâappelle âle surnaturelâ, les ârelations avec un principe supĂ©rieurâ, uneâpuissance spirituelle supĂ©rieureâ, ou encore âla divinitĂ©â: câest ce queRudolf Otto, lâun des maĂźtres de la pensĂ©e religieuse du dĂ©but du XXe siĂšcle,appelle le sacrĂ©, âqui sâattache Ă tout ce qui dĂ©passe lâhomme et suscite,plus encore que son respect ou son admiration, une ferveur particuliĂšreâ.Citant R. Otto, le sacrĂ© Ă©veille en lâhomme le âsentiment de lâĂ©tat de crĂ©atureâou sentiment du ânumineuxâ (du lat. ânumenâ, qui Ă©voque la âmajestĂ©divineâ). âCe sentiment comporte un Ă©lĂ©ment de âcrainteâ devant unepuissance absolue, un Ă©lĂ©ment de âmystĂšreâ devant lâinconnaissableâŠlâobjet du sacrĂ© jouit dâun pouvoir âfascinantâ tout Ă fait particulierâ.19
Au terme de ces quelques explications empruntĂ©es aux sources trĂšsdiverses, on ne peut quâĂȘtre dâaccord avec Jean-Pierre Jossua qui sâexclamaiten prĂ©ambule Ă un article âComme le christianisme est complexe!â etĂ©tendre ce constat aux autres religions. Cependant, avec infiniment derespect et de discipline intellectuelle, on peut essayer dâapprocher ââŠunerĂ©alitĂ© Ă la fois tellement complexe quâaucune vision englobante et
* Le âDiccionario Ilustrado de la Lengua Españolaâ donne: âConjunto de creencias odogmas acerca de la divinidad, de sentimientos de veneraciĂłn y temor hacia ella, de normasmorales de conducta y de prĂĄcticas para darle cultoâ.
Scoutisme et DĂ©veloppement Spirituel - Page 5
systĂ©matique ne peut la maĂźtriser, et encore si prĂ©gnante que nul nâĂ©chappeĂ un certain degrĂ© dâimplicationâ.20
(N.B. : La notion de âreligionâ renvoie du point de vue historique Ă celledâEglise et Ă celle de Secte. Nous nâabordons pas ici ce sujet car ce seraitencore sâembarquer dans des clarifications conceptuelles plus quâĂ©pineuseset infiniment difficiles Ă trancher!)
La diffĂ©rence entre âspirituelâ et âmatĂ©rielâ dans le langage courant apparaĂźtdâune façon spontanĂ©e. Sans avoir recours Ă un dictionnaire, mĂȘme desgens peu cultivĂ©s identifient le monde âmatĂ©rielâ Ă ce qui est visible,palpable, quâon peut apprĂ©cier/saisir de ses propres mains. Par opposition,le monde non-matĂ©riel ou immatĂ©riel serait le monde des âespritsâ, de cequâon ne peut pas toucher ou apprĂ©hender Ă travers les sens.
Pour une fois, le sens savant confirme lâusage populaire. Ainsi dans leRobert, on parle de âspirituelâ comme venant du latin âSpirit(u)alisâ et onle dĂ©finit:
â1. Philos. Qui est esprit, de lâordre de lâesprit considĂ©rĂ© comme un principeindĂ©pendant qui renvoie Ă âimmatĂ©riel, incorporelâ. Par exemple, lâĂąmeconçue comme rĂ©alitĂ© spirituelle. 2. Propre ou relatif Ă lâĂąme, en tantquâĂ©manation et reflet dâun principe supĂ©rieur, divin. 3. Qui est dâordre mo-ral, nâappartient pas Ă la mesure sensible, au monde physique. Pouvoirspirituel (Eglise) et pouvoir temporel (Etat). Subst. Le spirituel et le tempo-rel. Les valeurs spirituelles dâune civilisationâ.21
Le âVocabulaire technique et critique de la philosophieâ dĂ©finit la spiritualitĂ©:âA. CaractĂšre de ce qui est spirituel (et non matĂ©riel, ou relatif aux instinctsbiologiques). Par exemple, La spiritualitĂ© de lâĂąme. B. Vie de lâesprit (engĂ©nĂ©ral, au sens religieux de cette expression)â.22
Et il renvoie au spiritualisme, quâil dĂ©finit du point de vue ontologiquecomme âB. Doctrine dâaprĂšs laquelle il existe deux substances, radicalementdistinctes par leurs attributs, dont lâune, lâesprit, a pour caractĂšres essentielsla pensĂ©e et la libertĂ©; dont lâautre, la matiĂšre, a pour caractĂšres essentielslâĂ©tendue et la communication toute mĂ©canique du mouvement (ou delâĂ©nergie)â.23
Le mĂȘme dictionnaire prĂ©sente encore une dĂ©finition du spiritualismecomme: âA. Doctrine consistant Ă soutenir: 1) Au point de vue psychologique,que les reprĂ©sentations, les opĂ©rations intellectuelles et les actes de volontĂ©ne sont pas entiĂšrement explicables par les phĂ©nomĂšnes physiologiques;2) au point de vue Ă©thique et sociologique, quâil y a dans lâhomme et dansles sociĂ©tĂ©s deux systĂšmes de fins diffĂ©rentes et mĂȘme partiellement enconflit: lâune reprĂ©sentant les intĂ©rĂȘts de la nature animale; lâautre reprĂ©sentantles intĂ©rĂȘts de la vie proprement humaineâ.24 Et il termine par une citationde E. Bersot âLâhomme est double: Ăąme et corps: lâĂąme supĂ©rieure au corpspar les facultĂ©s, par la destinĂ©e, telle est la croyance fondamentale duspiritualismeâŠâ.25
Et câest pour cette raison (sans entrer dans tous les dĂ©tails) quâon parle deâmonde spirituel vs monde matĂ©rielâ, de spiritualitĂ© vs matĂ©rialitĂ© et despiritualisme comme opposĂ© Ă matĂ©rialisme.
1.2.3 Spiritualité
Page 6 - Scoutisme et DĂ©veloppement Spirituel
Le Websterâs propose plusieurs dĂ©finitions de la spiritualitĂ©: âce qui, en droitecclĂ©siastique, appartient Ă lâĂ©glise ou Ă un membre du clergĂ© en tant quetel; ...sensibilitĂ© ou attachement aux valeurs religieuses; la qualitĂ© ou lâĂ©tatdâĂȘtre spirituelâ. Plus loin, âspirituelâ est dĂ©fini, entre autres, de la maniĂšresuivante: âqui est esprit, de lâordre de lâesprit ou affecte lâesprit; âŠen rapportavec les questions sacrĂ©es; âŠecclĂ©siastique plutĂŽt que laĂŻc ou temporelâŠ;relatif aux valeurs religieusesâŠ; en rapport avec des ĂȘtres ou des phĂ©nomĂšnessurnaturels⊠â.26
* * *
VoilĂ pour un certain nombre de dĂ©finitions nĂ©cessaires pour nous situerpar rapport Ă la terminologie utilisĂ©e par les spĂ©cialistes dans ce domaine.Mais il faut reconnaĂźtre que, dans le langage usuel, le mot âspiritualitĂ©â estutilisĂ© dans la plupart des cas dans le sens donnĂ© par Le Robert commedeuxiĂšme acception: âSpiritualitĂ© :âŠEnsemble de croyances, des exercicesqui concernent la vie spirituelle; forme particuliĂšre que prennent cescroyances et ces pratiques. Par exemple, la spiritualitĂ© franciscaineâ.27
Câest aussi le sens donnĂ© par Raymond Darricau et Bernard Peyrous dansleur livre âHistoire de la SpiritualitĂ©â, qui traite de la spiritualitĂ© chrĂ©tiennedes origines, puis du Moyen Age, de lâĂ©poque moderne et contemporaine.28
Ils rejoignent une longue tradition qui a rempli des bibliothĂšques entiĂšresâŠ
Câest aussi le point de vue adoptĂ© par I.V. Cully dans son documentâSpirituality and Spiritual Growthâ: âLa spiritualitĂ© peut ĂȘtre dĂ©crite maisnâest pas facile Ă dĂ©finir, car ses limites sont vastes. Câest un sentiment deproximitĂ© par rapport Ă ce qui se trouve au-delĂ du soi, encore quâabordable.Pour certains, le spirituel se trouve autour ou Ă lâintĂ©rieur du soi. Il peut ĂȘtrepersonnel ou non personnel, sâappeler Dieu, pouvoir ou prĂ©senceâ.Lâauteur poursuit: âNombreux sont ceux qui recherchent une qualitĂ© au-delĂ du terre-Ă -terre, quâon appelle âspirituelââ; et conclut âLa dimensionspirituelle a Ă©tĂ© reconnue dans toutes les religions, des plus grandesreligions du monde Ă celles que lâon qualifie aujourdâhui dâanimistesâ.29
Se rĂ©fĂ©rant aux Psaumes, aux Ă©motions brutes quâils expriment, Ă la luttedu psalmiste avec Dieu, au langage fort utilisĂ© pour culminer dans uneexpression de confiance et dâespoir, lâauteur conclut âVoilĂ une foi solidequi est lâessence mĂȘme du spirituelâ.30
* * *
Une autre vision de la âspiritualitĂ©â est prĂ©sentĂ©e dans lâarticle de G. Cashmoreet J. Puls âSpirituality in the Ecumenical Movementâ. Les auteurs commencentpar une observation: le mouvement ĆcumĂ©nique est ââŠĂ©galement le lieude rĂ©union de diffĂ©rentes formes de spiritualitĂ©â. Ils examinent les diffĂ©rentesinfluences qui ont abouti Ă une reformulation du concept de spiritualitĂ©,notamment:âą âune approche plus holistique de la thĂ©ologie,
⹠une nouvelle importance accordée aux études bibliques,
⹠une plus grande conscience de la nécessité des disciplines de médi-tation,
âą lâinterface de nombreuses traditions et cultures religieuses,
âą un sens des besoins dâidentitĂ©s sĂ©parĂ©es, ainsi quâune prise deconscience dâune âinterconnexionâ mondiale, et
âą lâĂ©lan de nombreux mouvements de renouvellement âŠâ.
Scoutisme et DĂ©veloppement Spirituel - Page 7
Ils en concluent que le nouveau concept (dans le mouvement ĆcumĂ©nique)a Ă©tĂ© comme ââŠune dimension plus intĂ©grĂ©e et plus intĂ©grative de la viede la foi⊠la spiritualitĂ© comme un mode de vie global. Le dogme et lathĂ©ologie sont considĂ©rĂ©s comme rationnels et intellectuels; la spiritualitĂ©est souvent considĂ©rĂ©e comme ayant trait Ă leurs pendants expĂ©rientielsâ.Mais ils vont encore plus loin en proposant une dĂ©finition qui embrassetout: âLa spiritualité⊠est le moyen quâadoptent les gens pour ĂȘtrechrĂ©tiens, pour accomplir leur vocation chrĂ©tienne. Elle embrasse ministĂšreet service, relations, style de vie, priĂšre et rĂ©ponse Ă lâenvironnementpolitique et social âŠâ.31
* * *
Jusquâici nous avons parlĂ© dâune spiritualitĂ© en lien Ă©troit avec la religion.Mais, peut-il y avoir une spiritualitĂ© ânon religieuseâ, sans lien explicite avecune quelconque religion? Dans le contexte actuel, surtout en Occident,marquĂ© par la sĂ©cularisation et par un Ă©clatement et une recomposition dupanorama religieux (voir section 2 et particuliĂšrement 2.3 et 2.4), laquestion peut ĂȘtre reformulĂ©e de la façon suivante: quel est le sens de lavie? ou quâest-ce qui, Ă part Dieu, donne un sens Ă la vie?
Les réponses apportées sont trÚs diverses:
âą avoir des relations enrichissantes (attention et amour) avec autruidonne un sens Ă la vie,
âą lâaltruisme = se sacrifier pour dâautres donne un sens Ă la vie,
âą prendre soin de tout lâenvironnement, de toute la trame de la vie,
âą avoir des racines, avoir un sentiment dâappartenance Ă un lieu,
âą la beautĂ© peut aussi ĂȘtre une valeur intrinsĂšque (et ĂȘtre apprĂ©ciĂ©e entant que telle),
âą ĂȘtre autonome, savoir oĂč lâon va (ne pas agir comme les autres nousle disent, etc.),
âą savoir trouver sa place dans lâunivers,
âą possĂ©der des valeurs: avoir lâespoir de rĂ©ussir, avoir un but donne unsens Ă la vie.32
Deux remarques pour conclure:
1) Ce sens de la vie (quel quâil soit) est conditionnĂ© par la culture. Endâautres termes, il ne sera pas le mĂȘme dans une culture caractĂ©risĂ©epar lâabnĂ©gation et le renoncement ascĂ©tique que dans une culturecaractĂ©risĂ©e par lâaffirmation de lâego et par des tendances individualistes.
2) Il ne fait aucun doute que beaucoup trouveront ces rĂ©ponses trĂšsinsatisfaisantes. Leur but essentiel est de montrer la complexitĂ© desproblĂšmes terminologiques auxquels nous nous heurtons et deprĂ©senter un Ă©ventail dâinterprĂ©tations donnĂ©es par les spĂ©cialistes quiont abordĂ© cette question. Le problĂšme est complexe et sera abordĂ©par diffĂ©rents biais tout au long de ce document. Il suffit dâindiquerpour le moment:
â que le Scoutisme a une façon propre dâintroduire et de dĂ©velopperla dimension spirituelle chez les jeunes (voir section 4),
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â que, du point de vue de la Constitution de lâOMMS, la formuleutilisĂ©e dans le Chapitre I pour dĂ©finir le âDevoir envers Dieuâ eston ne peut plus explicite: âLâadhĂ©sion Ă des principes spirituels,la fidĂ©litĂ© Ă la religion qui les exprime et lâacceptation des devoirsqui en dĂ©coulentâ.
Il faut souligner encore que, pour le but de ce document, il nâest pas aussiimportant dâĂ©tablir une distinction thĂ©orique entre spiritualitĂ© et religionque de prĂ©ciser lĂ oĂč se situe lâangle dâimpact du Scoutisme. Comme nousverrons plus loin (sections 4 et 6.2) il se situe du cĂŽtĂ© de la spiritualitĂ©, auniveau du âpratique, vĂ©cu, sentiâ et non pas du cĂŽtĂ© de la religion en tantquâenseignement systĂ©matique et rationnel/structurĂ©.
Ainsi donc, pour les besoins de ce document, lorsquâon veut exprimer ladimension âreligieuse/spirituelleâ comme diffĂ©rente et non rĂ©ductible Ă uneautre dimension (cognitive, affective ou sociale) on utilisera la âbarreobliqueâ entre les deux termes. Dans les autres cas, ils seront diffĂ©renciĂ©spour reflĂ©ter deux rĂ©alitĂ©s qui peuvent parfois coĂŻncider mais qui ne serecouvrent pas nĂ©cessairement.
Inutile de dire que nous sommes conscients du fait que de telles nuancesterminologiques risquent de perdre leur caractĂšre spĂ©cifique lorsquelâoriginal français sera traduit dans dâautres langues. La langue Ă©tant pardĂ©finition un instrument de communication, mĂȘme Ă lâintĂ©rieur dâunelangue utilisĂ©e par plusieurs pays (comme lâespagnol ou le portugais) ce quiest bien acceptĂ© dans lâun risque de paraĂźtre Ă©trange ou mal formulĂ© danslâautre. Faudra-t-il pour autant sâabstenir dâutiliser ces termes lorsquâils sontles plus appropriĂ©s?
Il faut aussi indiquer que, tout au long de ce document, nous utiliseronsparfois â outre le terme âreligionâ â des termes tels que âcourants depensĂ©eâ, âfamilles de pensĂ©eâ, âfamille spirituelleâ, âcommunautĂ© decroyantsâ et ainsi de suite. Aucun de ces termes nâest pĂ©joratif ou dĂ©roga-toire mais il se peut quâil ne soit pas le mĂȘme quâun groupe religieux utilisepour sâauto-dĂ©finir.
1.2.4 Quelques remarquescomplémentaires
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Le âProgramme dâaction mondial pour la jeunesse Ă lâhorizon 2000 et au-delĂ â estime le nombre de jeunes compris entre 15 et 24 ans Ă environ 1,3milliard, soit un 18% du total de la population mondiale.33
Il nâest pas possible dâĂ©tablir une coupure entre lâunivers social et cultureldans lequel baignent les jeunes aujourdâhui et lâunivers spirituel/religieuxcar le deuxiĂšme fait partie du premier. En effet, la façon dont un jeuneapprĂ©hende la dimension religieuse/spirituelle dans sa vie nâest pas unphĂ©nomĂšne isolĂ© mais est influencĂ© par la façon dont il envisage sa vie toutentiĂšre.
Comment se prĂ©sente le panorama de la jeunesse dans le monde aujourdâhui?Une premiĂšre rĂ©ponse pourrait ĂȘtre: ce panorama est complexe, pluriel, trĂšsdivers, fractionnĂ©.
En effet, y a-t-il quelque chose en commun entre le jeune diplĂŽmĂ© indienou pakistanais qui ne trouve pas de travail et doit choisir entre un chĂŽmagequi lâempĂȘche dâĂ©laborer un projet de vie ou une sous-occupation malpayĂ©e et sans horizon prometteur et un jeune diplĂŽmĂ© europĂ©en, amĂ©ri-cain ou canadien qui voit son horizon ouvert Ă de multiples possibilitĂ©s, quia lâimpression que tout est possible, et doit seulement se demander quelleest la meilleure carriĂšre pour sa rĂ©ussite professionnelle?
MĂȘme Ă lâintĂ©rieur dâun pays, y a-t-il quelque chose en commun entre lebrillant diplĂŽmĂ© de SĂŁo Paulo et le jeune pauvre du nord-est brĂ©silien quinâa mĂȘme pas pu finir la scolaritĂ© secondaire?
Il va de soi quâil y a, entre ces extrĂȘmes, toute une gamme de positionsintermĂ©diaires.
Tout de mĂȘme, nâont-ils pas quelque chose en commun? Certainement!Tous les deux sont nĂ©s dans une pĂ©riode historique de fortes mutationssociales, politiques, Ă©conomiques, technologiques. Ils sont tour Ă tour lesagents, les bĂ©nĂ©ficiaires et les victimes de ces mutations. Ils vivent la mon-dialisation, avec ses effets positifs et nĂ©gatifs, expĂ©rimentent lâessor destechnologies de la communication, baignent dans une atmosphĂšre empreintede consumĂ©risme, de pragmatisme et, trĂšs souvent, de matĂ©rialisme. Ilsaspirent tous Ă participer activement Ă la vie de la sociĂ©tĂ©, ils souhaitent unevie meilleure et, last but not least, ils ont tous ancrĂ© au plus profond de leurcĆur lâaspiration au bonheur.
Pour essayer de mieux dĂ©crire lâunivers spirituel/religieux des jeunesdâaujourdâhui nous procĂ©derons par approximations successives. On feradâabord un rapide âbalayageâ Ă travers les continents (= les grandes zonesgĂ©ographico-culturelles de la planĂšte), qui sera suivi dâun examen plusapprofondi sous forme de questions sur quelques grands domaines de cetunivers spirituel/religieux. Nous essayerons enfin de prĂ©senter quelquestraits saillants de cet univers spirituel/religieux des jeunes dâaujourdâhuiavec lâaide des recherches des spĂ©cialistes en la matiĂšre.
Il faut encore dire un mot sur lâesprit dans lequel cette section a Ă©tĂ© Ă©crite.Nous avons Ă©vitĂ©, dans la mesure du possible, les jugements de valeur surles religions elles-mĂȘmes et sur leurs adeptes ou pratiquants. Nousconstatons lâimportance de la religion comme fait social, comme phĂ©nomĂšneculturel et nous ne pouvons ignorer â mĂȘme si câest loin du but central dece document â que âle religieux est dĂ©sormais une composante essentiellede la scĂšne gĂ©opolitique mondialeâ.34
2. LES JEUNESDâAUJOURDâHUI FACE
A LA DIMENSIONRELIGIEUSE/SPIRITUELLE
2.1 QUELQUES NOTESPRELIMINAIRES
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Le fait quâon soit nĂ© ici ou lĂ conditionne en grande partie (NB: Attention:conditionnement nâest pas dĂ©terminisme!) la filiation religieuse dâun enfantou dâun jeune. Quelquâun nĂ© en Pologne ou en Colombie risque dâĂȘtreâcatholiqueâ sociologiquement parlant, de mĂȘme que quelquâun nĂ© enGrĂšce risque dâĂȘtre âorthodoxeâ et que quelquâun nĂ© en Arabie Saouditesera certainement musulman. Cette observation sâapplique Ă©videmment aupoint de dĂ©part. Dans un monde changeant, pluraliste et traversĂ© par descourants migratoires de toutes sortes, personne ne peut prĂ©juger dâemblĂ©ece quâil fera de âsaâ religion le reste de la vie! Les sociologues formulentlâhypothĂšse que ââŠsi la situation de pluralisme croissant qui marque nossociĂ©tĂ©s se confirmeâŠâ lâadhĂ©sion Ă une Eglise relĂšvera ââŠde plus en plusdâun choix personnel et de moins en moins des hasards de la naissanceâŠâ.35
Il nâempĂȘche que le conditionnement existe et pour mieux le cerner il nousa paru intĂ©ressant et utile de commencer par un tour dâhorizon trĂšs rapideet, hĂ©las, trĂšs simplificateur de lâimplantation des grands groupes religieuxĂ travers le monde. Le voici:
âą Afrique. Trois grands courants spirituels se partagent lâAfrique: lesmusulmans, dominants au nord, les chrĂ©tiens, dominants au centre et ausud et les animistes, dont le nom varie selon les ethnies et les pays. Il sâagitdes âadeptes des religions traditionnelles oĂč se pratiquent la vĂ©nĂ©ration denombreux dieux ou esprits et le culte des ancĂȘtres avec lâutilisation de lamagie comme moyen de contrĂŽle du monde avec lâaide des habitants delâau-delĂ â.36
Il faut ajouter que le syncrĂ©tisme religieux â qui combine des Ă©lĂ©mentsdivers en provenance des diffĂ©rentes religions â est trĂšs frĂ©quent sur lecontinent. Ainsi des croyances et pratiques des religions musulmane et ani-miste dâun cĂŽtĂ© et chrĂ©tienne et animiste de lâautre se trouvent trĂšs souventĂ©troitement entremĂȘlĂ©es chez certaines populations.
âą Asie. MosaĂŻque impressionnante de peuples, de religions et de cultures,lâAsie prĂ©sente â peut-ĂȘtre comme aucun autre continent â lâimage de ladiversitĂ©. Musulmans sunnites Ă lâouest, suivis de musulmans chiites en Iranet encore des musulmans sunnites au Pakistan, au Bangladesh et enIndonĂ©sie, en Malaisie et une forte minoritĂ© en Inde. LâInde et le NĂ©pal sontdominĂ©s par lâHindouisme, alors que le Bouddhisme est fortement majoritaireau Bhoutan, au Sri Lanka, en Birmanie, au Cambodge, en ThaĂŻlande, auJapon et un peu moins au Laos, au Vietnam et Ă Taiwan. En Chine, alorsque les statistiques officielles signalent trois quarts de ânon religieux oudâathĂ©esâ, certaines Ă©tudes montrent quâun 20% de la population seraitattachĂ© Ă la âreligion chinoiseâ ou âreligion populaireâ, mĂ©lange de traditionconfucianiste, du culte des ancĂȘtres, du taoĂŻsme, de quelques ritesbouddhistes et des pratiques liĂ©es Ă la divination, la magie et la sorcellerie.37
Cette religion compte aussi comme adeptes une bonne moitiĂ© de lapopulation de Singapour, de Hong Kong et de Taiwan. LâAustralie et laNouvelle ZĂ©lande sont trĂšs largement chrĂ©tiennes, avec trois grandsgroupes: les catholiques, les protestants et les anglicans. Câest aussi le casdes petites Ăźles du Pacifique, avec lâexception des Ăźles Fidji, divisĂ©es entrechrĂ©tiens et hindouistes.
âą Monde arabe. En commençant par la Mauritanie Ă lâouest, en passant parles pays du Maghreb, par la Libye et lâEgypte, dans tous les pays du MoyenOrient (Ă lâexception dâIsraĂ«l), un âtrait commun marque de façon dĂ©cisive
2.2 UN PARCOURS RAPIDE ATRAVERS LES CONTINENTS
(=GRANDES ZONESGEOGRAPHICO-CULTURELLES
DE LA PLANETE)
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la rĂ©alitĂ© du fait religieux dans cet immense ensemble gĂ©ographique: lepoids dĂ©terminant de lâIslam.â38 Il ne faut pas oublier que âmonde arabeâet âmonde musulmanâ ne sont pas deux rĂ©alitĂ©s qui se recouvrent, ledeuxiĂšme terme Ă©tant beaucoup plus vaste que le premier. En effet, lemonde musulman inclut non seulement la Turquie, mais aussi (voir Asie,ci-dessus) un nombre important de pays qui sâĂ©tendent vers lâest jusquâĂ lâIndonĂ©sie, le plus peuplĂ© des Etats musulmans.
âą AmĂ©rique du Nord. Les chrĂ©tiens sont trĂšs largement majoritaires: plusde 87% de lâensemble de la population dont 36% sont protestants et 33%sont catholiques. Aux Etats Unis, le nombre de chrĂ©tiens sâĂ©lĂšve Ă environ200 millions, soit 88% de la population. Sur ce chiffre, 40% sont protestants,30% catholiques, 2,4% anglicans et 2,2% orthodoxes. A noter que cespourcentages risquent, avec la forte immigration en provenance dâAmĂ©riquelatine, dâĂ©voluer rapidement en faveur des catholiques.39 Il faut aussisignaler quâaux Etats-Unis âse trouve la plus forte concentration de juifs aumonde, deux fois plus nombreux quâen IsraĂ«l. MĂȘme sâils ne reprĂ©sententque 3% de la population, les juifs sont une force majeure de la vie amĂ©ri-caineâ.40 Il faut aussi constater que âla communautĂ© islamique sâest consi-dĂ©rablement accrue Ă la faveur du mouvement de conversion chez les noirsamĂ©ricainsâ.41
âą AmĂ©rique latine. Un chiffre sert Ă indiquer la âcouleurâ du continent: lesquelque 400 millions de chrĂ©tiens latino-amĂ©ricains reprĂ©sentent un 93% dela population et sont catholiques Ă 88%.42 Le christianisme apportĂ© par lescolons ibĂ©riques âa profondĂ©ment marquĂ© une population naturellementattachĂ©e aux valeurs transcendantes et Ă la vie communautaire. Lesexpressions de cette foi â fĂȘtes joyeuses, processions, culte des saints et desmorts, petits autels dans les maisons et dans les lieux publics â sont cellesdâune religiositĂ© populaire marquĂ©e par des traces de croyances et demythes anciensâ.43 Le rĂŽle des laĂŻcs est trĂšs important aussi bien commecatĂ©chistes ou animateurs de cĂ©lĂ©brations liturgiques que comme animateursdes communautĂ©s de base et, de ce fait, ils se trouvent parfois au premierrang des organisations populaires. Le syncrĂ©tisme religieux â trĂšs prĂ©sentau BrĂ©sil et dans les pays de la zone andine Ă forte population indienne âest le rĂ©sultat des brassages constants opĂ©rĂ©s au cours des siĂšcles entre lespopulations dâIndiens, de Noirs et de colons blancs. Dans beaucoup de cas,des populations formellement catholiques ont conservĂ© des pratiquesanimistes dâorigine prĂ©colombienne.44 Il faut, en outre, souligner la prĂ©-sence de plus en plus nombreuse des sectes, le plus souvent en provenancedes Etats-Unis, qui ont parfois des moyens matĂ©riels trĂšs importants.
Faisant partie gĂ©ographiquement du Continent amĂ©ricain, les CaraĂŻbes ontnĂ©anmoins gardĂ© une spĂ©cificitĂ© propre. Le trait saillant est la âconservationdes traditions religieuses non-occidentales, en particulier africaines etindiennes-caraĂŻbesâ Ă cĂŽtĂ© des religions venues avec la ConquĂȘte.45
âą Europe occidentale. LâEurope aussi prĂ©sente le paysage dâune grandediversitĂ©. Dans les pays nordiques (Danemark y compris le Groenland,Finlande, Islande, NorvĂšge et SuĂšde) il y a une grande Eglise luthĂ©rienneet plus de 90% de la population en est membre nominalement.46 Dans leBenelux, alors que la Belgique et le Luxembourg sont catholiques Ă 90%,aux Pays Bas, lâEglise catholique se partage avec lâEglise reformĂ©e, presqueĂ parts Ă©gales, un 85% de la population.47 En Allemagne, environ 35% dela population est protestante et 35% catholique, avec environ 4% de
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musulmans et quelques milliers de juifs.48 La RĂ©publique dâIrlande est trĂšsmajoritairement catholique, alors que le Royaume-Uni prĂ©sente un panoramaplus complexe: en Irlande du Nord, catholiques et protestants se partagentle pays. âBien que lâAngleterre et lâEcosse aient Ă©tabli des Eglises âdâEtatâ, cesdeux rĂ©gions et le pays de Galles sont maintenant en grande partie laĂŻquesâ(comme câest le cas dans la plupart des pays dâEurope occidentale).49 Plussimple est le panorama de lâEurope latine: Espagne, France, Italie, Malte etPortugal, avec les petits Etats dâAndorre, Monaco, Saint Marin et le Vatican.La religion catholique est majoritaire avec des pourcentages qui varient de75% Ă 99%. A noter que âla civilisation musulmane appartient Ă lâhĂ©ritagede lâEspagneâ et que âdu fait de la main dâĆuvre immigrĂ©e, lâIslam estdevenu en France la seconde religion (du point de vue numĂ©rique)â.50
La Suisse, historiquement trĂšs marquĂ©e par les luttes confessionnelles, estdevenue majoritairement catholique (54% de catholiques et 43% de protes-tants) alors que lâAutriche est catholique Ă 88% avec une petite minoritĂ©protestante.51
GrĂšce â Rappel historique: en 1054, la rupture entre lâEmpire byzantin etlâOccident est consommĂ©e. Au-delĂ des problĂšmes thĂ©ologiques rĂ©els, cetterupture obĂ©it Ă des causes politiques, Ă©videntes depuis le couronnement deCharlemagne.52 La GrĂšce a conservĂ© pendant des siĂšcles le sens de la con-tinuitĂ© avec la tradition byzantine. Un rĂ©veil spirituel se manifeste du XIIIe
au XVe siĂšcle, de mĂȘme quâun rĂ©veil Ă la fois spirituel et national semanifeste durant le XVIIe siĂšcle. âDĂšs 1833 lâensemble des Ă©vĂȘquesproclame lâindĂ©pendance de lâEglise de GrĂšce Ă lâĂ©gard du patriarcat deConstantinople, qui reconnaĂźt en 1850 cette autocĂ©phalie. En 1864,lâorthodoxie est dĂ©clarĂ©e religion dââEtatâ. âLâEglise Orthodoxe Grecque estconsciente de ses responsabilitĂ©s et de la continuitĂ© de sa foi orthodoxedepuis les origines chrĂ©tiennesâ, mais âlâensemble de la chrĂ©tientĂ© grecquese montre prĂ©sentement dĂ©concertĂ©e par les dĂ©fis de la modernitĂ© auxquelselle se trouve confrontĂ©eâ.53
La Turquie âest le seul pays musulman au monde qui se proclameofficiellement laĂŻqueâ. Lâhistoire des 80 derniĂšres annĂ©es du XXe siĂšcle estremplie de confrontations et dâaccommodements entre les efforts dupouvoir, qui souhaite diffuser un âislam rĂ©publicain, conforme aux idĂ©auxdu progrĂšs et de lâoccidentalisationâ et les pressions du corps social âquiessaye dâempiĂ©ter chaque jour un peu plus sur la laĂŻcitĂ© proclamĂ©e delâEtatâ. Les observateurs parlent volontiers aujourdâhui de ârĂ©islamisation dela Turquieâ mais ce processus est loin dâĂȘtre univoque.54
Chypre â LâĂźle reste divisĂ©e en deux parties: au nord, les Chypriotes turcsmusulmans (environ 18%) et au sud les Chypriotes grecs orthodoxes(environ 78%).
âą Europe centrale et orientale. La situation dans les anciens pays Ă rĂ©gime marxiste justifie pleinement de leur accorder une section sĂ©parĂ©e decelle de lâEurope occidentale. Commençons par quelques caractĂ©ristiquescommunes:
⹠Dans la plupart de ces pays, on constate un vide idéologique et uneabsence de points de repÚre. Certaines Eglises sont jugées sévÚrementà cause de leurs compromissions avec les anciens régimes communisteset un endoctrinement officiellement athée a laissé des séquellesimportantes.
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âą De lâautre cĂŽtĂ©, on ne saurait nĂ©gliger âle facteur dâidentificationnationale et de ressourcement culturel et moralâ quâa jouĂ© la religion/les Eglises en Europe centrale et orientale pendant toute la pĂ©riode dela domination communiste.55 En effet, au-delĂ de lâaspiration de lapopulation Ă un minimum de bien-ĂȘtre (que les rĂ©gimes sâavĂ©raientincapables de satisfaire) il y avait aussi un dĂ©sir trĂšs puissant de libertĂ©,que les Eglises essayaient de promouvoir. Ainsi, par exemple, laPologne, bastion par excellence du catholicisme, avec des taux deplus de 90%, avec une influence sociale et politique qui a permis Ă lâEglise de tenir tĂȘte aux rĂ©gimes marxistes pendant un demi-siĂšcle.Inutile de souligner que cette influence nâa fait que grandir du fait delâĂ©lection dâun Pape polonais en 1978.
Concernant lâancienne TchĂ©coslovaquie, la Slovaquie a Ă©tĂ© une nationtraditionnellement catholique, alors que la RĂ©publique TchĂšque a Ă©tĂ© mar-quĂ©e par lâinfluence protestante, surtout en BohĂšme et en Moravie.56
La Hongrie compte 54% de catholiques et 22% de protestants, essentiellementcalvinistes.57
La Bulgarie, Ă dominante slave, est orthodoxe, de mĂȘme que la Roumaniequi a conservĂ© au travers des siĂšcles la conscience de son originalitĂ© latine.Elle a Ă©tĂ© christianisĂ©e Ă lâorigine dans la tradition orthodoxe byzantino-slave et, âen 1862, le roumain devient langue liturgique officielle et lâauto-cĂ©phalie, proclamĂ©e en 1865, sera reconnue vingt ans plus tard par lepatriarche de Constantinople.â58
Parmi les Etats nĂ©s de la dĂ©sintĂ©gration de lâancienne Yougoslavie, laSlovĂ©nie et la Croatie sont majoritairement catholiques, la Bosnie-HerzĂ©govine regroupe des musulmans, des catholiques et des orthodoxes,la Serbie est orthodoxe. Dans la RĂ©publique fĂ©dĂ©rale de Yougoslavie(Serbie et MontĂ©nĂ©gro) âla population est majoritairement orthodoxeserbe, avec une forte minoritĂ© musulmane et une petite minoritĂ© catholiqueromaineâ.59 Par ailleurs, au Kosovo, la majoritĂ© musulmane a nourri lâirrĂ©-dentisme kosovar vis-Ă -vis de la Serbie. Dans lâex-RĂ©publique yougoslavede MacĂ©doine âles chrĂ©tiens macĂ©doniens orthodoxes sont majoritaires,avec une minoritĂ© musulmaneâ.60
Albanie â Pendant la pĂ©riode marxiste, la propagande athĂ©e a Ă©tĂ© menĂ©evigoureusement et on comptait officiellement prĂšs de 75% dâathĂ©es ou sansreligion. Des donnĂ©es plus rĂ©centes indiquent ââŠ70% de musulmans, 20%dâorthodoxes grecs, 10% de catholiques romainsâ.61
En Estonie, âla majoritĂ© des croyants est protestante de confession luthĂ©-rienne, avec des minoritĂ©s orthodoxes russes et baptistesâ;62 en Lettonie,âles principales religions sont la luthĂ©rienne, la catholique romaine etlâorthodoxe russeâ;63 tandis quâen Lituanie, âla majoritĂ© est catholiqueromaine, avec des minoritĂ©s orthodoxes russes et luthĂ©riennesâ.64
âą Eurasie. DĂ©jĂ au XVIIe siĂšcle, la Moscovie ââŠavait atteint les rives duPacifique et les contreforts du Caucaseâ. Cet immense espace englobait lespopulations les plus diverses et se prĂ©sentait comme une ââŠBabel oĂčcohabitaient les grandes religions rĂ©vĂ©lĂ©es (orthodoxie, islam, judaĂŻsme),mais aussi bouddhisme et chamanismeâ.65
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LâEglise orthodoxe russe â de loin la plus importante de Russie, estreprĂ©sentĂ©e par le Patriarcat de Moscou. En 1997, on estimait quâellerassemblait quelque 24 millions de fidĂšles dans plus de 14.000 paroisses.Cette Eglise a juridiction sur 119 Ă©parchies, dont 59 se trouvent en Russieet les autres en BiĂ©lorussie, en Ukraine, au Kazakhstan, en Moldavie, enOuzbĂ©kistan, dans les Etats baltes et aux quatre coins du monde, y comprisĂ New York et au Japon. La Russie compte Ă©galement prĂšs de 14 millionsde musulmans, plus dâun million de protestants et quelque 600.000 juifs.66
En Ukraine, lâEglise orthodoxe, largement majoritaire, sâest scindĂ©e en troisgroupes en 1996: lâEglise orthodoxe ukrainienne, qui relĂšve de lâobĂ©diencede lâEglise orthodoxe russe de Moscou, lâEglise orthodoxe ukrainienneautocĂ©phale et lâEglise orthodoxe ukrainienne du Patriarcat de Kiev. Lecatholicisme est bien implantĂ© dans la moitiĂ© occidentale du pays.67
LâEglise uniate de rite oriental, historiquement subordonnĂ©e au Vatican,avait Ă©tĂ© incorporĂ©e de force Ă lâEglise orthodoxe pendant la pĂ©riodesoviĂ©tique.68 Le problĂšme a finalement Ă©tĂ© rĂ©glĂ© en 1991 ââŠpar la confirma-tion de 10 Ă©vĂȘques par le Papeâ.69
En BiĂ©lorussie, câest lâEglise orthodoxe qui prĂ©domine, regroupant environ31% des BiĂ©lorusses. Approximativement 18% de la population est deconfession catholique romaine.70
Les pays dâAsie centrale appartenant Ă la C.E.I. sont tous largementmusulmans sunnites, soit environ 70% de la population au Kirghizstan, 90%au TurkmĂ©nistan, 80% au Tadjikistan et des proportions similaires auKazakhstan et en OuzbĂ©kistan.71 A noter que dans ces pays, le rĂ©seauinstitutionnel de mosquĂ©es avait Ă©tĂ© largement dĂ©mantelĂ©72 avant la fin delâURSS et quâil a Ă©tĂ© reconstituĂ© aprĂšs 1990. A tĂ©moin le Kazakhstan, quicomptait seulement 63 mosquĂ©es en 1990 et en comptait dĂ©jĂ quelque 4000en 1996.73
Enfin, concernant la Transcaucasie, chaque pays est un cas diffĂ©rent. EnGĂ©orgie, lâEglise orthodoxe gĂ©orgienne possĂšde sa propre organisation,placĂ©e sous lâautoritĂ© du Catholicos (patriarche) Ilya II, qui rĂ©side Ă Tbilissi.74 LâAzerbaĂŻdjan est musulman Ă 92% (majoritairement Shia), lerestant de la population Ă©tant principalement orthodoxe russe et apostoliquearmĂ©nienne.75 LâArmĂ©nie a adhĂ©rĂ© au christianisme en 301 de notre Ăšre,devenant ainsi la premiĂšre nation chrĂ©tienne du monde. LâEglise apostoliquearmĂ©nienne est dirigĂ©e par son Catholicos (Karekin II), chef de toutes lescommunautĂ©s armĂ©niennes du monde, avec 7 millions dâadeptes, dont 4millions dans la diaspora. Soixante-dix pour cent de la population fait partiede lâEglise apostolique armĂ©nienne.76
En Moldavie, âla majoritĂ© de la population appartient Ă lâEglise orthodoxemoldaveâ.77
* * *
Deux remarques pour conclure:
Le lecteur se sera aperçu que dans cette section la place consacrĂ©e Ă chaquerĂ©gion gĂ©ographico-culturelle est un peu diffĂ©rente. Loin de notre espritlâidĂ©e de consacrer plus dâattention Ă une rĂ©gion ou Ă un pays quâĂ un autre.La rĂšgle suivie est simple: plus une situation apparaĂźt comme (relativement)homogĂšne, mieux elle peut ĂȘtre dĂ©crite en quelques lignes. Par contre, les
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situations trÚs compliquées demandent un traitement légÚrement plusample, parfois avec des références aux situations historiques qui ontprovoqué cette diversité.
On a vu plus haut (section 1.2.2) que dans chaque religion il y a un certainnombre de vĂ©ritĂ©s Ă croire, des rĂšgles morales Ă observer, des rites pourrendre culte Ă la divinitĂ© et une communautĂ© de fidĂšles plus ou moinsorganisĂ©e. Dans un monde âidĂ©alâ tout serait relativement simple: lâadhĂ©sionĂ la foi entraĂźnerait la pratique de la morale, la prĂ©sence aux actes du culteet la participation Ă la vie de la communautĂ©. Nous savons tous que câestloin dâen ĂȘtre le cas!
Dans la vie ârĂ©elleâ, tel pays compte une majoritĂ© de croyants Ă telle religionet seulement quelques milliers de pratiquants; dans tel autre pays une foitrĂšs vive va de pair avec un grand relĂąchement de mĆurs; dans un troisiĂšmeencore les vĂ©ritĂ©s âofficiellesâ de la religion sont mĂ©langĂ©es avec unemultitude dâĂ©lĂ©ments culturels venus dâailleurs donnant lieu Ă des formesde syncrĂ©tisme religieux plus ou moins prononcĂ©; et dans un quatriĂšmepays les actes du culte sont dĂ©laissĂ©s au profit de pratiques religieusesinventĂ©es ou dĂ©figurĂ©es par la religiositĂ© populaire qui frisent la âmagieâ,et ainsi de suite.
Nous allons aborder certains de ces phĂ©nomĂšnes dans les sections 2.3 et2.4 ci-aprĂšs. Il va sans dire quâils auraient pu ĂȘtre mentionnĂ©s dans cettesection mais les dimensions du document nâauraient pas Ă©tĂ© suffisantespour de telles prĂ©cisions, il aurait fallu un gros volume sinon uneencyclopĂ©die! Le but essentiel du tableau, certes schĂ©matique et incomplet,qui vient dâĂȘtre dressĂ© est dâouvrir quelques fenĂȘtres sur la variĂ©tĂ© et lacomplexitĂ© extraordinaire de lâunivers religieux/spirituel du mondecontemporain et de fournir une toile de fond pour les deux sections quivont suivre.
Nous sommes conscients quâil serait un peu lĂ©ger de caractĂ©riser la situationdes religions dans le monde en prĂ©sentant parfois un continent entier(comme nous venons de le faire) par quelques paragraphes. Reprenonsdonc par un autre biais, peut-ĂȘtre un peu plus systĂ©matique, et posons-nousquelques questions fondamentales.
1. Que reprĂ©sentent aujourdâhui les grandes religions/courants de pensĂ©e spirituelsdans le monde?
Les cinq grandes religions mondiales (Christianisme, Islam, Hindouisme,Bouddhisme et religions naturelles â animisme et autres) regroupentensemble prĂšs de 4 milliards de membres. Si on ajoute les cinq suivantes(Sikhs, JudaĂŻsme, Confucianisme, Bahaâi et ShintoĂŻsme), on arrive presqueau chiffre de 4,1 milliards de personnes, soit approximativement un 75%des habitants de la terre.â78 Il est inutile dâinsister sur la relative imprĂ©cisionde ces chiffres, mais il faut souligner quâils ne disent rien ni sur le degrĂ©dâadhĂ©sion intellectuelle ni sur le degrĂ© de pratique religieuse.
Il faut souligner, en outre, que âla double pratique religieuse est courantedans de nombreux paysâ. Un cas typique est lâAmĂ©rique latine oĂč âbeau-coup de catholiques (rĂ©pertoriĂ©s comme tels parce que baptisĂ©s) sont
2.3 QUELQUES QUESTIONSFONDAMENTALES SUR LES
GRANDES RELIGIONS ETCOURANTS DE PENSEE
SPIRITUELS DANS LEMONDE DâAUJOURDâHUI
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adeptes des religions syncrĂ©tiquesâ et quâen Asie âcette situation est aussifrĂ©quenteâ.79
MĂȘme avec ces imprĂ©cisions numĂ©riques, il faut reconnaĂźtre que â...lareligion constitue pour beaucoup de chrĂ©tiens, de juifs, de musulmans,dâhindous et de bouddhistes, lâĂ©lĂ©ment structurant de leur vieâ80 et pour bonnombre dâentre eux âla religion sous-tend tous les aspects de la vieâ.81
Il ne faut pas oublier de signaler que, mis Ă part la dimension personnellede la foi, il y a aussi une dimension communautaire qui procure unecohĂ©sion sociale, structure la vie communautaire et confĂšre un caractĂšreparticulier Ă de nombreux pays. (Voir encadrĂ© sur âle rĂŽle des religionsâ Ă la fin de la section 4.)
2. Sâagit-il de religions âmonolithiquesâ ou sont-elles traversĂ©es par des courantsidĂ©ologiques divers?
Les trois grandes religions monothĂ©istes (Christianisme, Islam et JudaĂŻsme)semblent traversĂ©es, Ă des degrĂ©s divers, par deux courants opposĂ©s: unprogressiste qui souhaite adapter la foi et lâĂ©thique au monde moderne etun intĂ©griste ou fondamentaliste, qui souhaite conserver intacte la traditionet rejette donc les aspects jugĂ©s pernicieux ou nĂ©gatifs du âmodernismeâ.Dans le cas de lâIslam, en particulier, les spĂ©cialistes font remarquer queâlâĂ©chec de la transposition des modĂšles occidentaux dans les pays mu-sulmans a favorisĂ© lâessor de lâislamisme, manifestĂ© dans certains cas dansune variante âmodĂ©rĂ©eâ et dans dâautres dans une variante âdure ou in-transigeanteâ. Il est aussi impossible de dĂ©terminer, Ă priori, jusquâĂ quelpoint il sâagit dâune attitude dictĂ©e par le âretour du religieuxâ ou par unerĂ©ponse âculturelleâ au modĂšle occidental considĂ©rĂ© comme importĂ© etdĂ©cadent.82
3. Quâen est-il de la dĂ©sacralisation, laĂŻcisation ou sĂ©cularisation de la sociĂ©tĂ© engĂ©nĂ©ral?
Avant tout, une clarification conceptuelle sâimpose. Le mot âsĂ©cularisationâen français vient du droit. Il dĂ©signe le transfert des biens dâEglise Ă unpropriĂ©taire civil et aussi le processus par lequel un religieux retourne Ă lâĂ©tat sĂ©culier.
Du point de vue religieux et sociologique, il a un double sens. Il est utilisésoit
pour signifier ââŠlâaffaiblissement de la tutelle des Ă©glises sur la sociĂ©tĂ© quirĂ©sulte de la diffĂ©rentiation moderne des institutions, [soit]
âŠpour signifier, plus radicalement, la perte du sens religieux dans unesociĂ©tĂ© gouvernĂ©e par la raison scientifique et techniqueâ.83
Dans la tradition anglo-saxonne, le concept est liĂ© Ă la perspective de MaxWeber, qui a parlĂ© du âdĂ©senchantement du mondeâ pour indiquer que lesavancĂ©es de la science et de la technique ont trouvĂ© des rĂ©ponses dans ledomaine scientifique Ă des faits qui naguĂšre Ă©taient attribuĂ©s Ă lâinterventionde puissances surnaturelles.
Aujourdâhui, il est clair que le monde occidental vit dans un contexte de plusen plus dĂ©sacralisĂ© et pluraliste. On peut dire la mĂȘme chose dâunegrande partie du monde en dĂ©veloppement, mais il faut accepter lâaffirmation
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avec des nuances trĂšs importantes. Nous aurons, par ailleurs, lâoccasiondâen reparler Ă propos de la âre-sacralisationâ, Ă©tiquette trĂšs inappropriĂ©eutilisĂ©e souvent pour dĂ©crire les phĂ©nomĂšnes de renouveau religieux ausein de la modernitĂ©.
Avant de conclure sur ce point, il faut encore distinguer entre âlaĂŻcitĂ©â etâlaĂŻcismeâ. MĂȘme si ces deux termes sont souvent utilisĂ©s Ă tort commesynonymes, laĂŻcitĂ© recouvre plutĂŽt la neutralitĂ© et lâindĂ©pendance de lâEtatentre toutes les religions et courants spirituels, selon la fameuse formule deRenan âla laĂŻcitĂ©, câest-Ă -dire lâEtat neutre entre les religionsâ,84 alors quelaĂŻcisme se rĂ©fĂšre Ă un effort dĂ©libĂ©rĂ© pour Ă©carter la religion du domainede la vie civile et politique et la confiner au plus profond de la conscience,Ă la limite en essayant de la priver de toutes ses manifestations extĂ©rieures.
Avant de conclure, il faut souligner que, pour les spĂ©cialistes, le motâsĂ©cularisationâ ââŠne dĂ©signe quâun processus dont la logique est indis-solublement liĂ©e Ă lâhistoire occidentaleâ.85 Ceci ne veut pas dire quâil nepuisse pas ĂȘtre appliquĂ© Ă dâautres contextes culturels mais la transpositiondoit se faire avec la plus extrĂȘme prudence.
4. LâathĂ©isme, lâagnosticisme, lâHumanisme, que reprĂ©sentent-ils aujourdâhui dans lemonde?
Les trois termes englobent des négations plus ou moins radicales de Dieu,les dieux, le divin, la divinité, soit de son existence, soit de notre possibilitéde les connaßtre.
âLâathĂ©isme absolu est nĂ©gation de lâexistence mĂȘme de Dieu et aussi de sapossibilitĂ© dâexistenceâ. Sous sa forme historique, en Occident, les spĂ©cialistesdistinguent quatre variĂ©tĂ©s principales:
âą lâathĂ©isme scientiste ââŠpour qui Dieu est inutile car la nature obĂ©it Ă ses propres lois et, pour lâexpliquer, la science sâappuie sur le seulcalcul et lâexpĂ©rience, sans avoir Ă invoquer lâhypothĂšse Dieuâ;
âą lâathĂ©isme moral, qui tire sa force de lâexistence du mal surtout lorsquâilfrappe lâinnocent. Cet athĂ©isme affirme avec Stendhal âla seule excusede Dieu, câest quâil nâexiste pasâ, formule reprise par Sartre.
âą lâathĂ©isme humaniste, social et politique. De Bakounine Ă Nietzsche etProudhon, de LukĂĄcs Ă Merleau-Ponty, on ne peut pas affirmer Ă la foisDieu et la libertĂ© humaine; dans la mesure oĂč lâon veut conduire sondestin, il faut rompre avec lâidĂ©e dâun âpenseur absolu du mondeâ,nĂ©gation mĂȘme de la libertĂ©.
âą lâathĂ©isme âontologiqueâ, qui remplace lâidĂ©e de Dieu par un infini,encore plus grand, dâun au-delĂ plus vaste. Câest surtout Heidegger quia donnĂ© toute sa portĂ©e Ă cet argument.86
A noter que si lâathĂ©isme scientiste est aujourdâhui en rĂ©gression, on ne peutpas en dire autant des arguments qui affirment que le contenu de la religionest anthropologique, en dâautres mots, Dieu ne serait quâune projection dudĂ©sir humain, une âpersonnification par la transformation des attributshumains en sujet divinâ, la ââŠpromesse de tout ce que lâhomme espĂšre etdont il est privĂ©â.87 DâoĂč la cĂ©lĂšbre formule de Marx sur la religion commeâopium du peupleâ. Dâailleurs, de Marx Ă Freud, la perspective est la mĂȘme:il sâagit dâune visĂ©e libĂ©ratrice, lâillusion religieuse de lâhomme se prĂ©sentantcomme une aliĂ©nation Ă dĂ©truire.88
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Contrairement Ă ce quâon pourrait imaginer Ă premiĂšre vue, le jugement desspĂ©cialistes religieux sur lâathĂ©isme est loin dâĂȘtre entiĂšrement nĂ©gatif. LesdiffĂ©rentes formes de contestation plus ou moins radicales ont permis deâpurifierâ la reprĂ©sentation de Dieu. Une image de Dieu (selon la terminologiede Bernanos) qui serait un âDieu-trousseau de clĂ©â (rĂ©ponse Ă toutes lesquestions), un âDieu-mouchoirâ (consolation de toutes les souffrances) etun âDieu-porte-monnaieâ (source de toutes les sĂ©curitĂ©s) nâa plus coursaujourdâhui parmi les thĂ©ologiens Ă©clairĂ©s.89
Encore deux précisions terminologiques:
âą on rĂ©servera le terme dâindiffĂ©rence religieuse ââŠpour qualifier lanon-rĂ©fĂ©rence Ă la religion dans les attitudes existentiellesâ.90
âą enfin, lâagnosticisme vient de ââŠa-gnoscere âŠimpossibilitĂ© deconnaĂźtre. (Il) est en philosophie le refus dâune connaissance rationnelleet certaine de ce qui dĂ©passe lâexpĂ©rience, et le rejet de la mĂ©taphysiquedans lâirrationnel. En thĂ©ologie, câest la conviction que lâexistence et lanature des rĂ©alitĂ©s transcendantes ne peuvent ĂȘtre atteintes par laraisonâ.91
Deux remarques avant de conclure sur ce point:
âą Comme on a vu plus haut, ces dĂ©finitions se placent dans un contextehistorique occidental. Bien quâelles puissent servir de points de repĂšrepour aborder la situation dans dâautres continents, il faut bien se garderde toute transposition culturelle abusive!
âą Selon lâĂ©dition du âBritannica Book of the Yearâ de 1999, il y auraitenviron 150 millions dâathĂ©es dans 165 pays, soit 2,5% de la populationmondiale. Cet ouvrage inclut dans ce chiffre âles personnes professantlâathĂ©isme, le scepticisme, lâincrĂ©dulitĂ© ou lâirrĂ©ligion, y compris lesanti-religieux (opposĂ©s Ă toute religion)â. Il inclut en outre des chiffrespour âles non-religieuxâ, y compris âles personnes ne professantaucune religion, les non-croyants, les agnostiques, les libre-penseurs,les sĂ©cularistes âdĂ©rĂ©ligiosĂ©sâ, indiffĂ©rents Ă toute religionâ pour untotal dâenviron 760 millions de personnes, reprĂ©sentant 12,8% de lapopulation mondialeâ.92 Toutefois, aucune prĂ©cision nâest donnĂ©equant aux mĂ©thodes utilisĂ©es pour obtenir ces chiffres.
âLe terme dââhumanismeâ sâapplique, historiquement, Ă la âReligion delâhumanitĂ©â quâAuguste Comte voulut substituer Ă celle de Dieuâ. Il sâagitdonc dâune âdoctrine morale qui reconnaĂźt Ă lâhomme la valeur suprĂȘmeâŠâ.93
5. Quâen est-il de la âprivatisation du sentiment religieuxâ?
Pour complĂ©ter ce tableau, il faut mentionner ce quâon appelle la âpriva-tisation du sentiment religieuxâ, trĂšs prĂ©sente dans le monde occidental etqui a tendance Ă sâĂ©tendre Ă dâautres rĂ©gions gĂ©ographiques et culturelles.
Ce terme a plusieurs sens, quâil convient de prĂ©ciser:
1) âIl nây a pas de place pour la religion dans les laboratoires!â CetterĂ©flexion en forme de boutade sâinscrit dans le sens du processusgĂ©nĂ©ral dâautonomisation du domaine temporel (voir ci-dessus) dansla ligne de ce que Max Weber appelait la ârationalisation de toutes lessphĂšres de lâexistenceâ.94
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2) Le deuxiĂšme sens dĂ©coule des fameuses âlois du marchĂ©â, si souventcitĂ©es aujourdâhui.
âLe dĂ©veloppement du âdĂ©couplementâ social et de lâindividualisationcorrespond aux lois du marchĂ© et Ă la logique de la sociĂ©tĂ©concurrentielle. Le marchĂ© a besoin de lâindividu libre qui sâĂ©panouitdans la pluralitĂ© et la diversitĂ© de lâoffre, donnant Ă son tour un nouvelĂ©lan au marchĂ©. Sur la base du domaine des biens, la sociĂ©tĂ©concurrentielle sâest Ă©galement emparĂ©e des domaines de la pensĂ©e,des opinions, des convictions religieuses, ainsi que des relationssociales. La logique du marchĂ© pĂ©nĂštre toutes les sphĂšres de la vie Ă un point jamais atteintâ.95
3) Le troisiĂšme sens est, dâune certaine façon, un corollaire du prĂ©cĂ©dent:il semble quâil y ait, mĂȘme pour des croyants pratiquants, de plus enplus une dissociation entre le sentiment dâappartenance Ă une Egliseet la conformitĂ© aux normes; il y a une âappropriation individuelleâde lâĂ©thique oĂč âchacun se fait juge de ce quâil veut croireâ.96
En rĂ©sumĂ©, comme lâindique RenĂ© Le Corre ââŠde la religion comme insti-tution, on est passĂ© au religieux comme sentiment, affaire privĂ©eâ.97
Les constatations qui prĂ©cĂšdent peuvent nous amener Ă poser la question:la recherche dâune foi authentique, existe-t-elle encore chez les jeunes? LarĂ©ponse est positive. (Voir Section 2.4 ci-aprĂšs.)
6. Que reprĂ©sente la ânĂ©buleuseâ Nouvel Age (New Age) aujourdâhui? Commentsâinscrit-elle dans le tableau des religions, croyances et spiritualitĂ©s de notre temps?
Il est difficile dâindiquer de façon prĂ©cise les origines de ce mouvement.La vague a commencĂ© aux Etats-Unis vers les annĂ©es â70 et sâest dĂ©veloppĂ©eun peu partout dans le monde occidental. âSon idĂ©e essentielle est quelâhumanitĂ© est en train dâentrer, Ă la veille de lâan 2000 et du passage de lâĂšreastrologique des Poissons Ă celle du Verseau, dans un Ăąge nouveau de prisede conscience spirituelle et planĂ©taire, dâharmonie et de lumiĂšre, marquĂ©par des mutations psychiques profondesâ.98
Le Nouvel Age prĂ©sente âun nouveau paradigmeâ, une nouvelle maniĂšrede voir les choses, âune sorte de structure intellectuelle permettant decomprendre et dâexpliquer certains aspects du rĂ©elâ.99 âCette visionenglobera aussi bien des Ă©tudes sur la transformation du cerveau, laspĂ©cialisation de ses hĂ©misphĂšres, les effets psychĂ©dĂ©liques, les pouvoirscachĂ©s de lâesprit, la mĂ©decine humaniste ou lâĂ©ducation transpersonnelle,que le bouddhisme Zen, le Livre de la Sagesse, lâĂ©sotĂ©risme chrĂ©tien ou lamĂ©ditation soufie... Câest un programme grandioseâ.100 Aujourdâhui, dansle monde occidental, ces idĂ©es sont prĂ©sentes partout et trĂšs particuliĂšrementdans le monde des affaires âpar le biais des pratiques de dĂ©veloppementdu potentiel humainâ...pour ârĂ©Ă©nergĂ©tiserâ et âsurdimensionnerâ les hommesdâaffaires et augmenter ainsi leur efficacitĂ©â.101
Il est encore trop tĂŽt pour dresser un bilan de ce nouveau âparadigmeâ enpleine expansion. Certains ont vu simplement une rĂ©ponse Ă lâangoisseexistentielle de lâhomme moderne, dâautres affirment quââavec le NouvelAge, lâirrationnel est entrĂ© par la grande porteâ. Dâautres, enfin, soulignentle besoin de distinguer entre certaines de ses techniques â...qui ont leurauthenticitĂ© et leurs valeurs propresâ et leurs postulats plus ou moins
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explicites, qui consistent Ă proposer une espĂšce de â...suprareligionmondiale de lâĂšre du Verseau...â.102 Il faut souligner que ses diversesmanifestations reprĂ©sentent aussi un marchĂ© trĂšs florissant et en expansionconstante. VoilĂ une tendance quâil faudra suivre avec attention!
7. La montĂ©e du spiritisme, de lâastrologie, des mĂ©decines parallĂšles et des sciencesoccultes: est-elle rĂ©ellement une tendance majeure de notre temps dans le domainereligieux/spirituel?
Quâelle soit ou non liĂ©e au âNouvel Ageâ, des indications concordantes fontĂ©tat dâune montĂ©e du spiritisme, de lâastrologie, de la numĂ©rologie, des mĂ©-decines parallĂšles, des thĂ©rapies âdoucesâ ou âholistiquesâ, des techniquesdâexploration de la conscience, de la PNL (Programmation Neuro-Linguistique), de la âguĂ©rison spirituelleâ (spiritual healing), de la sophrologie,de la tĂ©lĂ©pathie, des techniques dâauto-hypnose pour la santĂ© et le dĂ©velop-pement personnel, du tarot et dâun nombre presque inĂ©puisable detechniques de voyance.
Il serait simpliste et rĂ©ducteur de les mettre tous dans le mĂȘme sac.Cependant, cette montĂ©e traduit, outre lâangoisse de notre temps, deuxtendances trĂšs importantes quâil ne faut pas nĂ©gliger: lâhomme de la fin duXXe siĂšcle semble refuser les frontiĂšres Ă©pistĂ©mologiques entre âscienceâ etâpara-scienceâ, ce mĂȘme homme (tout en acceptant comme un acquis lesdonnĂ©es de la science institutionnelle) semble vouloir sâouvrir de plus enplus Ă dâautres systĂšmes de pensĂ©e: trouver lâharmonie par les lois de larĂ©sonance ou se soigner par les couleurs (chromatothĂ©rapie). En conclusion,jeter un pont entre deux mondes qui longtemps se sont ignorĂ©s.103
Les spĂ©cialistes voient dans beaucoup de ces manifestations de syncrĂ©tismereligieux des rĂ©surgences de la gnose traditionnelle, câest-Ă -dire un rĂ©veildu gnosticisme. âLe gnostique dâaujourdâhui, comme celui dâhier, est unhomme angoissĂ© par sa condition dâhomo viator jetĂ© dans lâexistence,particuliĂšrement quand la sociĂ©tĂ© est âen manque de sensâ. Il cherche la voiecachĂ©e pour Ă©chapper au monde, lâillumination salvatrice pour Ă©chapperĂ lâangoisseâ.104
Ce mĂ©lange saisissant a Ă©tĂ© rĂ©cemment dĂ©voilĂ© aux yeux du monde lors dusuicide collectif du groupe âHeavenâs Gateâ de Marshall Applewhite, quiĂ©tait un mĂ©lange de ânew ageâ, science-fiction et christianisme. Les gensvivaient en communautĂ©, sâappelaient âla classeâ et constituaient un groupesĂ©lectionnĂ© pour prĂ©parer le passage Ă un niveau de vie supĂ©rieure. Legroupe jouait sur des mĂ©canismes de contrĂŽle collectif trĂšs fort: mĂȘme pourla nourriture, la façon de se raser, etc., il fallait se conformer Ă la norme.105
A tout cela il faut ajouter lâĂ©mergence dâun nouveau mysticisme. Peut-ĂȘtrelâexemple le plus significatif est celui de Paulo Coelho, dont les Ă©critsmĂ©langent dans un savant dosage la ârecherche dâun trĂ©sor enfouiâ, lesâsecrets du cĆur de lâhommeâ et les âsignes du destinâ.106 Il nâest pasĂ©tonnant que certaines de ses oeuvres comme âLâalchimisteâ et âLe pĂšlerinde Compostelleâ aient Ă©tĂ© traduites dans plus dâune vingtaine de langueset publiĂ©es Ă des dizaines de millions dâexemplaires, car elles prĂ©sententbien âlâair du tempsâ, qui peut ĂȘtre rĂ©sumĂ© dans la phrase quâil met dansla bouche dâun de ses personnages âEn vĂ©ritĂ©, la vie est gĂ©nĂ©reuse pourcelui qui vit sa LĂ©gende Personnelleâ.107
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Dans la mĂȘme ligne, on peut citer la romanciĂšre italienne Susanna Tamaro,auteur des succĂšs de librairie tels que âVa oĂč ton cĆur te porteâ et âAnimaMundiâ, ainsi que lâIndien Deepak Chopra, qui professe aux Etats-Unis unemĂ©decine fondĂ©e sur le mysticisme hindou.108 Sans parler de tout ce quireprĂ©sente lâinfluence du âparanormalâ dans des âsĂ©ries cultesâ de type âXFilesâ, âMilleniumâ, âAtlantisâ, âPSI Factorâ et dâautres du mĂȘme style, quitendent Ă montrer plus ou moins explicitement que âla vĂ©ritĂ© est ailleursâ.
ConclusionsQuelles conclusions tirer de tout ce qui précÚde? Sans trop développer à cestade, il faut en souligner au moins deux:
âą âla soif dâenchantement nâa pas disparu dans le mondeâ,109 mais elletend Ă sâexprimer en dehors des voies institutionnelles. Pour cetteraison, les spĂ©cialistes soulignent lââimportance de lâaventure spirituellepersonnelle, mais dĂ©connectĂ©e de lâenseignement doctrinal des grandesreligionsâ.110
âą le âsupermarchĂ© des religionsâ est bien plus quâune formule, quechacun peut estimer heureuse ou malheureuse. Câest une rĂ©alitĂ© vĂ©cuepar lâhomme dâaujourdâhui et, en particulier, par les jeunes.
Jean Vernette, spĂ©cialiste en la matiĂšre, a trĂšs bien dĂ©crit ce terreau culturel:âLa religion, dans la prĂ©sente âĂšre du videâ [G. Lipovetski], apparaĂźt en effetcomme lâun des multiples moyens de la rĂ©alisation de soi, de lâĂ©quilibre etde la Sagesse, au mĂȘme titre que les Voies orientales de mĂ©ditation et lesmouvements occidentaux de DĂ©veloppement du Potentiel humain. Danscette perspective, chacun Ă©labore sa propre religion, Ă sa mesure, enempruntant des Ă©lĂ©ments Ă toutes les croyances, dans un vaste flou desopinionsâ.111
Sur la toile de fond dĂ©crite dans la section 2.3 ci-dessus, sans aucuneprĂ©tention Ă lâexhaustivitĂ© et avec une grande humilitĂ© intellectuelle, nousnous bornons Ă indiquer ici quelques traits saillants.
Lâindividualisation signifie que âles jeunes, dans la transition vers lâĂągeadulte, suivent un chemin de plus en plus personnel et subjectif, qui nâestque partiellement liĂ© Ă leur Ăągeâ.112 Et Mario Pollo explique: âOn assistedans nos sociĂ©tĂ©s Ă une dĂ©standardisation de la vie et Ă une diversificationdes choix de vie. La vie devient ainsi une succession complexe de situationstransitoires que les personnes doivent sĂ©lectionner, organiser et contrĂŽlerpersonnellement. Le nouveau dĂ©fi est celui dâexploiter au mieux les op-portunitĂ©s du marchĂ©, les dispositifs institutionnels et le rĂ©seau des relationssociales, pour orienter de maniĂšre calculĂ©e son propre itinĂ©raire de vieâ.113
ConsĂ©quence: âsi dâun cĂŽtĂ© cela libĂšre, en revanche cela rend [les jeunes]plus faibles et plus fragiles pour la gestion de leur projet de transition verslâĂąge adulte et finit par pĂ©naliser les plus dĂ©savantagĂ©sâ,114 ceux que lesociologue allemand Ulrich Beck appelle les âBiographiehavaristâ: âleâbricoleurâ maladroit qui nâarrive pas Ă rĂ©unir les composantes de ses
2.4 QUELQUES NOTES SURLâUNIVERS RELIGIEUX/SPIRITUEL DES JEUNES
DâAUJOURDâHUI
2.4.1 Individualisation
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possibilitĂ©s biographiques de combinaison [et] ce dĂ©veloppement aboutitĂ de nouvelles solitudesâ.115
En ce qui concerne les jeunes dans lâEurope centrale et orientale, diffĂ©rentesĂ©tudes confirment cette âtendance Ă faire des choix personnels dans lesquestions de religionâ.116 Celui qui questionne les jeunes âtombera surlâargent, le pouvoir, lâamour, Dieu, etc., mais de plus en plus sur lâaspirationĂ une vie sur mesureâ.117 âMĂȘme lâamour, le mariage sont vus plus quejamais en fonction de lâavenir inconnu, sont soumis Ă la conclusion de lieret de maintenir ensemble des biographies individuelles, câest-Ă -direcentrifugesâ.118
Lâindividualisation et la recherche personnelle sâaccompagnent de la rĂ©ti-cence Ă suivre des modĂšles prĂ©Ă©tablis. âLes modĂšles de sens âprĂ©fabriquĂ©sâperdent progressivement de leur sens [et] la personne individuelle devientle point central de sa propre histoire, de son appartenance et mĂȘme de sapropre recherche de sens et de sa religionâ.119 âLa recherche transcendantede sens tombe dans une pure immanenceâ.120 Et le sociologue allemandGerhard Schmidtchen conclut: âLes passions religieuses suivent aujourdâhuile chemin de lâimmanence du mondeâ.121
Pour conclure sur ce point, une remarque importante: il ne faut pas tomberdans lâerreur dâassocier automatiquement le fait de vouloir centrer la vie surla personne individuelle Ă de lâĂ©goĂŻsme ou de la suffisance. En effet, lâindivi-dualisme a une dĂ©finition positive: âactualisation de soi, rĂ©alisation de soi,affirmation de lâegoâ, dĂ©veloppement de la personnalitĂ©; et un cĂŽtĂ© nĂ©gatif,liĂ© Ă des manifestations telles que lâĂ©goĂŻsme, le narcissisme, le nombrilisme,souvent en lien pratique avec la âsociĂ©tĂ© hĂ©donisteâ.
Les jeunes semblent attirĂ©s en mĂȘme temps par un besoin, un dĂ©sir, unecuriositĂ© dâordre religieux/spirituel et par la âculture de la superficialitĂ©â.Sans entrer dans les dĂ©tails de cette âcultureâ, il faut citer Ă ce sujet deuxlivres devenus classiques: âLa sociĂ©tĂ© du spectacleâ de Guy Debord (1967,puis 1987) et âLâĂšre du vide. Essai sur lâindividualisme contemporainâ deGilles Lipovetsky.122
La superficialitĂ© ne se mesure pas, elle se âvitâ. Voici quelques signesĂ©vidents:
âą le rĂŽle marginal des vrais intellectuels et formateurs dâopinion Ă latĂ©lĂ©vision, qui ont Ă©tĂ© remplacĂ©s par les âcharlatansâ qui animent lesâtalk showsâ, prĂ©sentent les variĂ©tĂ©s et occupent lâantenne Ă longueurde journĂ©e.
âą lâaugmentation du temps et de lâespace consacrĂ© Ă la rubrique âpeopleâaussi bien dans la presse Ă©crite quâĂ la tĂ©lĂ©vision. Ceci est dâautant plusimportant que la tĂ©lĂ©vision â selon le rĂ©sultat de recherches con-cordantes menĂ©es Ă bien dans de nombreux pays â fournit lâessentieldes âsujets de discussion dans les contacts sociaux de la vie courante,remplaçant ainsi, dans une large mesure, lâexpĂ©rience directecommuneâ.123
âą Encore deux tendances: le zapping Ă la tĂ©lĂ©vision et le rĂ©flexe de navi-guer Ă travers Internet. On ne se fixe pas, on regarde et on passe. Anoter que ces ââŠpossibilitĂ©s artificielles dâexpĂ©riences nâexigent au-cun engagementâ.124
2.4.2 Perception spirituellecontre superficialité
Scoutisme et DĂ©veloppement Spirituel - Page 23
âą La pauvretĂ© des symboles ou des symboles vidĂ©s de sens: âil y a unevraie crise dâimages, de symboles et de mythes dans lâimaginationcollective dâaujourdâhuiâ.125
A tout ceci il faut ajouter que les jeunes ont de moins en moins la possibilitĂ©de faire ââŠdes expĂ©riences directes: la communautĂ© de jeunes et vieux,lâexpĂ©rience de la maladie et de la mort, la proximitĂ© du monde animal etvĂ©gĂ©tal, la sagesse populaire et les mouvements essentiels de la vie et dela survie, qui Ă©taient importantes dans les gĂ©nĂ©rations prĂ©cĂ©dentes,nâexistent plusâ.126
Quelques conséquences possibles:
1) Il y a ainsi un âdĂ©calage avec la rĂ©alitĂ©â: la âvie rĂ©elleâ est remplacĂ©ede plus en plus dans lâesprit des gens par la vie Ă lâĂ©cran, par des cons-tructions artificielles.
2) Cette superficialitĂ© crĂ©e un cercle vicieux (câest-Ă -dire quâelle est enmĂȘme temps cause et effet) avec la peur de se poser les vraies ques-tions sur le sens profond des choses. Si lâon ajoute que cela va parfoisde pair avec la mĂ©fiance dans les relations interpersonnelles, faut-ilsâĂ©tonner que cela conduise Ă la peur de sâengager dans des situations/relations Ă long terme?
3) Cela nous mĂšne directement Ă atrophier une dimension, le sens dusacrĂ© (qui ne peut ĂȘtre perçu sans le sens du temps et de la profon-deur), et en hypertrophier une autre; câest ce qui arrive, selonE. Drewermann, Ă beaucoup de jeunes dâaujourdâhui.127
Conclusion logique: il ne peut y avoir une dimension spirituelle/religieuseprofonde sans un travail dâintĂ©riorisation. Nous verrons plus loin (section4) comment le Scoutisme peut contribuer Ă ce travail nĂ©cessaire dâintĂ©rio-risation (du moi) des jeunes. Il suffit de mentionner pour le moment quecette âcrise de lâintĂ©rioritĂ© contemporaineâ,128 se manifeste chez les jeunesdans une difficultĂ© croissante Ă se concentrer et aussi dans une difficultĂ© Ă se concevoir dans une perspective historique.
Les spĂ©cialistes ont constatĂ© que dans nos sociĂ©tĂ©s modernes et complexes,il y a une banalisation progressive du temps et que la distinction â autrefoistrĂšs marquĂ©e â entre temps de travail/fĂȘte, jours ouvrables/fĂ©riĂ©s, jourssacrĂ©s/profanes et mĂȘme jour et nuit tend Ă sâestomper. Ils appellent cephĂ©nomĂšne lâexpĂ©rience homogĂ©nĂ©isatrice du temps vĂ©cu par les jeunesdâaujourdâhui et ils ont constatĂ© quâelle rend plus difficile la dĂ©couverte dusens de la vie.129
Quelques précisions nécessaires:
âą On constate dâun cĂŽtĂ© lâaffaiblissement de lâaxe vertical du temps(passĂ©, prĂ©sent et avenir) et lâextraordinaire renforcement de lâaxehorizontal (le prĂ©sent).
âą On peut ajouter, dans le mĂȘme contexte, lâaffaiblissement des liensentre les gĂ©nĂ©rations.
2.4.3 LâexpĂ©riencehomogĂ©nĂ©isatrice du temps
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âą En mĂȘme temps, on constate aussi lâaffaiblissement des liens avec lesgens qui vivent autour de nous au dĂ©triment du resserrement des liensavec les gens qui ne vivent pas dans notre environnement immĂ©diat(Ă travers Internet et le courrier Ă©lectronique, on peut ĂȘtre en contactavec le monde entier⊠ou presque!)
ConsĂ©quence: Cela entraĂźne un changement du concept du âprochainâ, decelui ou celle qui est âprocheâ, avec la modification consĂ©quente duconcept de âcommunautĂ©â, dâoĂč lâincapacitĂ© de percevoir sa propre viecomme une histoire dotĂ©e de sens130 et comme une histoire personnelleinsĂ©rĂ©e dans une histoire communautaire.
On peut se demander si ceci nâest pas une diffĂ©rence fondamentale entreles cultures âoccidentalesâ et âorientalesâ; ou bien entre les cultures des paysriches et celles des pays en voie de dĂ©veloppement, ou bien encore entrecultures prĂ©-techniques et cultures modernes. On peut aussi se demandersi lâexpĂ©rience de la âmondialisationâ nâest pas en train dââuniformiserâ laplanĂšte, dans ce domaine aussi! Mais une discussion approfondie de cesquestions nous Ă©loignerait du but essentiel de ce document.
Le sexe Ă©tant une expĂ©rience humaine fondamentale, il nâest pas Ă©tonnantquâil cristallise aussi les pulsions caractĂ©ristiques de notre siĂšcle: pouvoir,avoir, jouir, consommer!
Dans beaucoup de pays et Ă travers des moyens de communication demasse trĂšs sophistiquĂ©s qui couvrent virtuellement la planĂšte entiĂšre, on atendance Ă prĂ©senter aujourdâhui le domaine de la sexualitĂ©/sensualitĂ©/relation entre les sexes comme un objet:
âą de performance: Male Power, Viagra, etc.
âą de jouissance et de consommation, dans le sens commercial du terme.On âvendâ un produit, on vend un service âdâhĂŽtessesâ, on vend unstrip-tease fĂ©minin ou masculin et ainsi de suite!
âą de prestige et de statut social.
A noter lâinsistance publicitaire sur le fait que le plaisir sexuel nâest pasrĂ©servĂ© aux jeunes et aux adultes, quâil est aussi fait pour le troisiĂšme et lequatriĂšme Ăąges, que lâadultĂšre ne doit pas ĂȘtre un droit ârĂ©servĂ©â Ă lâhommemais que la femme aussi y a âdroitâ, etc. Ces exemples â et on pourrait enciter dâautres â montrent Ă lâĂ©vidence que lâhĂ©donisme est un style de viequi cherche sa âlĂ©gitimationâ et quâil nâa pas trop de difficultĂ©s Ă la trouver,pourvu quâon y mette le prix!
Pour replacer cette remarque dans son contexte, il importe de ne pasoublier que nous vivons Ă une Ă©poque oĂč âla satisfaction et la gratificationimmĂ©diate sont importantesâ, et ââŠoĂč la valeur de soi a pris de tellesproportions que nâimporte quoi peut ĂȘtre sacrifiĂ© sur lâautel de lâegoâ.131
Si la sociĂ©tĂ© de consommation fait autoritĂ© en la matiĂšre, il est clair que lesjeunes ne sont pas encouragĂ©s Ă trouver un style de vie qui dĂ©coule desvaleurs et des principes mĂ»rement rĂ©flĂ©chis et des relations interpersonnellesprofondes, durables, dĂ©coulant de la perception dâun lien âsacrĂ©â entre unhomme et une femme qui sâengagent âpour la vieâ. Cet engagement est
2.4.4 Le sexe âdĂ©sacralisĂ©â
Scoutisme et DĂ©veloppement Spirituel - Page 25
devenu un style de vie parmi dâautres, qui doit affirmer sa lĂ©gitimitĂ© dansun contexte de concurrence.132
Comme nous lâavons vu plus haut, la culture sociale dominante est complexeet polycentrique: âLe passage quotidien du jeune de la famille Ă lâĂ©cole, autravail, au groupe des jeunes de son Ăąge, aux associations, aux gymnaseset aux mass-media, est lâexpĂ©rience dâun cheminement dans une situationsociale hĂ©tĂ©rogĂšne et fragmentĂ©e, qui lâinvite Ă vivre de maniĂšre pragmatiqueet sans projet, et Ă Ă©viter les choix cohĂ©rents, sâil veut pouvoir profiter detoutes les promesses offertes par tous les lieux quâil traverseâ.133
Ainsi donc, le jeune dĂ©couvre âdes lieux diffĂ©rents qui lui offrent souventdes valeurs, des modĂšles de vie, des codes et des normes trĂšs diffĂ©rents lesuns des autres, lorsquâils ne sont pas carrĂ©ment antagonistesâ.134 Dans ledocument âTendancesâ, nous avons dĂ©jĂ traitĂ© le sujet: dispersion etĂ©clatement de la personne.135
Conclusion: est-il si Ă©tonnant que, placĂ© dans ce contexte, pour âun grandnombre de personnes, jeunes en particulier, il est souvent impossibledâacquĂ©rir les certitudes que les valeurs qui leur sont proposĂ©es ou quâilsont dĂ©jĂ choisies comme base de leurs actions, sont vraies, importantes etjustesâ ou bien quâelles forment âsimplement lâun des nombreux systĂšmesde valeurs prĂ©sents avec la mĂȘme dignitĂ© dans la vie socialeâ.136
DâoĂč la tendance au ârelativisme Ă©thiqueâ et Ă une mentalitĂ© de consom-mateur: regarder, comparer, acheter ou non, demander un service aprĂšs-vente et finalement jeter.137 (Il faut penser, en passant, Ă la âthrow awaysocietyâ ou sociĂ©tĂ© du jetable, dont Alvin Toffler nous parlait il y a 30 ansdĂ©jĂ !) Le rĂ©sultat dâune recherche en Allemagne montre que: âles troisEglises chrĂ©tiennes: lâEglise protestante, lâEglise catholique romaine etlâEglise orthodoxe se trouvent placĂ©es dans une situation de marchĂ© oĂč ellessont devenues un offrant parmi dâautresâ.138
Comme lâexpliquent M. Affolderbach et R. Hanusch: âla foi chrĂ©tienne nesemble plus ĂȘtre le tapis sur lequel tous les meubles de mes convictionstrouvent leur place, mais un meuble dâappoint placĂ© au centre de la piĂšcepar une personne et Ă©ventuellement entreposĂ© quelque part par une autrepersonne pour en ĂȘtre ressorti Ă lâoccasionâ.139
Ainsi donc, pour une partie trĂšs importante de nos contemporains etparticuliĂšrement pour les jeunes â[la religion]⊠nâest plus La vision dumonde, mĂȘme si elle reste Une vision du monde, situĂ©e parmi dâautres. Nonseulement aucune religion ne peut prĂ©tendre Ă lâuniversalitĂ©, mais dĂ©sormaistoute religion est soumise Ă la critique des sciences humaines et au choixindividuelâ.140
N.B. Le tableau ci-aprĂšs rĂ©sume dâune façon trĂšs schĂ©matique les tendancesquâon vient de prĂ©senter dans cette section et les consĂ©quences quâelles ontsur la perception de lâunivers spirituel/religieux par les jeunes.
2.4.5 La culture sociale:complexité et polycentrisme, le
marché des sollicitationsmultiples
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La situation que nous venons de dĂ©crire sâapplique surtout aux pays quivivent dans des cultures âmodernesâ et âpost-modernesâ, en gros, poursimplifier, Ă lâEurope et aux autres pays du nord, appelĂ©s âriches, indus-trialisĂ©s ou dĂ©veloppĂ©sâ.
Il faut dâabord souligner que lorsque nous parlons de cultures âtraditionnellesâou âmodernesâ il ne sâagit pas dâun jugement de valeur. Les mots âtradi-tionnelâ, âmoderneâ et âpost-moderneâ sont utilisĂ©s dans un sens sociologique.
Dans les pays Ă culture traditionnelle prĂ©domine une mentalitĂ© propre Ă des civilisations prĂ©-techniques, oĂč la stabilitĂ© est privilĂ©giĂ©e sur le changementcomme modĂšle dĂ©sirable dâorganisation sociale. âElles postulent que lasurvie du groupe sâinscrit dans la permanence des institutions, des normes,des croyances, des rites, des maniĂšres de faireâ.141
Par contre, la modernitĂ© fait rĂ©fĂ©rence Ă une configuration culturelle appa-rue en Europe vers le XVIe siĂšcle, en gros avec la Renaissance, et qui seprolonge avec la philosophie des LumiĂšres. Lâhomme devient centre delâunivers, lâinnovation et le changement sont privilĂ©giĂ©s comme formesdâorganisation sociale, lâĂ©conomie prend une place centrale avec la sociĂ©tĂ©industrielle et le triomphe de lâindividualitĂ© est consacrĂ© dans un ââŠindividua-lisme civique oĂč le moi individuel se grandit de se soumettre Ă lâuniversalitĂ©citoyenne (ex: RĂ©volution Française)â.142
La âpost-modernitĂ©â, concept rĂ©cent et discutĂ©, fait rĂ©fĂ©rence aux 20-30derniĂšres annĂ©es, sâidentifie Ă la modernitĂ© dans son culte de lâindividualisme,mais substitue la âparticularitĂ© tribale et rĂ©ticulaireâ Ă lâuniversalitĂ© et âfait dumoi et de sa jubilation hĂ©donique la fin suprĂȘmeâ. Paradoxalement, le moise fragilise avec la multiplication des identifications multiples et lâimagedevient envahissante: ââŠimage publicitaire, image tĂ©lĂ©visuelle, imagevirtuelle, image de marque⊠tout et toutes choses doivent se donner Ă voir,se mettre en spectacleâ.143
* * *
Du point de vue de la distribution gĂ©ographique, une bonne moitiĂ© (oupeut- ĂȘtre jusquâĂ deux tiers) de lâhumanitĂ© vit dans des rĂ©gimes âtraditionnelsâou âen transitionâ et un bon quart de lâhumanitĂ© vit dans des pays Ă trĂšs fortclivage: âzones de modernitĂ©â relativement petites (surtout dans les villes)et âzones traditionnellesâ surtout dans les campagnes. Dans dâautres paysdes âĂźlots de modernitĂ©â se trouvent Ă lâintĂ©rieur dâune mer âtraditionnelleâet dans dâautres pays encore, des Ă©lĂ©ments de âmodernitĂ© techniqueâ co-existent avec des configurations culturelles fortement traditionnelles.
Quâen est-il de la coexistence entre ces diffĂ©rents modĂšles socioculturels?On peut avancer quelques hypothĂšses:
âą Le vent â puissamment aidĂ© par les mass media â pousse en directionde la modernitĂ©.
âą Donc, de plus en plus, les zones traditionnelles seront soumises Ă lâattaque et Ă la pĂ©nĂ©tration des habitudes et des modes de penser enprovenance de la modernitĂ©.
⹠Les grandes religions établies, liées à des complexes culturels, semaintiendront mieux dans les zones traditionnelles.
âą Les futurologues prĂ©voient des zones de forte tension tout le long deslignes de frottement. A tĂ©moin, une des interprĂ©tations de lâessor dufondamentalisme dans certains pays est celle dâun repli face Ă la moder-nitĂ© (explication simpliste sans doute, mais pas entiĂšrement fausse).
2.5 RELIGIONS ET CULTURESTRADITIONNELLES, MODERNES
ET POST-MODERNES
Page 28 - Scoutisme et DĂ©veloppement Spirituel
Conclusion: Le dialogue religionâmodernitĂ© et religion(s)âmodernitĂ©s(s) estĂ suivre avec une attention particuliĂšre non seulement du point de vuegĂ©opolitique mais aussi du point de vue socioculturel, et dâune façon trĂšsspĂ©ciale par tous ceux qui sâintĂ©ressent Ă lâĂ©ducation des futures gĂ©nĂ©rations.
* * *
Deux remarques importantes, la premiÚre sur le fond, la deuxiÚme sur laméthodologie:
1. Il nâest pas possible de tirer des conclusions univoques de tout ce quiprĂ©cĂšde. Comme le lecteur comprendra bien, il est impossible deformuler des rĂšgles prĂ©cises car chaque cas est un cas dâespĂšce. Lesquelques hypothĂšses Ă©noncĂ©es ci-dessus nâont dâautre but que denous aider Ă regarder de plus prĂšs certaines variables lorsque nousessayons de comprendre une situation concrĂšte.
2. Dans certains pays on ne fait pas dâenquĂȘtes, soit parce que ce nâest,en gĂ©nĂ©ral, pas dans les habitudes, soit parce quâon considĂšre quâil nefaut pas interroger les gens sur leurs idĂ©es et croyances religieuses(parfois parce que âcela va de soiâ, par exemple âici tout le monde estmusulmanâ, âtout le monde est catholiqueâ, etc.). Dans dâautres pays,malgrĂ© la multiplication des Ă©tudes et enquĂȘtes, lâĂ©volution desattitudes dans le domaine religieux est un des aspects les plus malconnus de lâĂ©volution sociale. Il est clair que la fragmentation Ă laquellenous avons fait allusion, le flou des convictions et la multiplication desĂ©tiquettes ne contribueront pas Ă la clartĂ© du panorama, du moins dansun proche avenir.
* * *
Nous voilĂ au terme de cette section âpanoramiqueâ sur lâunivers religieux/spirituel des jeunes. Il sâagit dâun vaste chantier et la description que nousavons donnĂ©e ici est certes incomplĂšte. Elle contient, cependant, quelquespistes de recherche et quelques clĂ©s de lecture qui seront utiles Ă ceux etcelles intĂ©ressĂ©s Ă poursuivre leur rĂ©flexion.
Jean Vernette, grand spĂ©cialiste des nouvelles spiritualitĂ©s et nouvellessagesses, croit pouvoir affirmer ââŠlâapparition dâun nouveau modĂšle decroyanceâŠâ fondĂ© sur ââŠla poursuite dâun âparcoursâ spirituel plus que[sur] lâadhĂ©sion Ă un âdiscoursâ dogmatiqueâ.144
Ceci comporte trois conséquences importantes:
âą la premiĂšre par rapport aux gens: on entre en communion avec lespersonnes avec qui lâon se sent bien. Cette remarque rejoint lâimportanceaccordĂ©e par les psychologues au groupe de pairs comme endroitprivilĂ©giĂ© pour lâintĂ©riorisation des valeurs.
âą la deuxiĂšme par rapport au temps: la vĂ©ritĂ© nâest pas Ă ĂȘtre assenĂ©e.Il faut laisser Ă lâindividu le temps de lâintĂ©rioriser. Il faut laisser le tempspour quâelle pĂ©nĂštre dans lâinconscient et le conscient. Elle seradâautant plus fermement ancrĂ©e quâelle sera perçue comme une âvoixintĂ©rieureâ plutĂŽt que comme une âvoix extĂ©rieureâ.
âą la troisiĂšme par rapport aux lieux dâintĂ©riorisation. On verra lâimpor-tance de la nature, de la solitude, du temps passĂ© Ă âne rien faireâ, Ă regarder les Ă©toiles, etc.
Scoutisme et DĂ©veloppement Spirituel - Page 29
Lâobjectif principal de cette section est de montrer jusquâĂ quel point ladimension spirituelle/religieuse Ă©tait prĂ©sente dans la pensĂ©e de Baden-Powell lorsquâil a crĂ©Ă© le Mouvement.
Tout dâabord, une remarque prĂ©liminaire. B-P Ă©tait anglais et le Scoutismea Ă©tĂ© crĂ©Ă© au Royaume-Uni. Il nâest donc pas surprenant que ses commen-taires sur la religion soient inspirĂ©s surtout par le christianisme mais on peutaisĂ©ment voir comment ils vont bien au-delĂ des limites dâune religionparticuliĂšre et sâappliquent Ă tous les croyants. B-P lui-mĂȘme Ă©tait parfaitementconscient de cela lorsquâil disait âLa piĂ©tĂ© envers Dieu, le respect duprochain et le respect de soi-mĂȘme en tant que serviteur de Dieu sont labase de toutes les formes de religionâ.145
Dans un souci de clarté et de simplicité, les idées de B-P ne seront pas déve-loppées en ordre chronologique mais plutÎt en ordre thématique.
Tous les responsables scouts connaissent lâimportance de âEclaireursâ(âScouting for Boysâ) dans lâhistoire du Mouvement. Afin de montrer jusquâĂ quel point la dimension spirituelle/religieuse Ă©tait prĂ©sente dans la pensĂ©ede B-P, il est important de citer trois extraits de la version originale de celivre.
Il y a dâabord une affirmation trĂšs catĂ©gorique: âUn homme nâest pas grand-chose, sâil ne croit pas en Dieu et nâobĂ©it pas Ă Ses lois. Ainsi donc, chaqueEclaireur doit avoir une religionâ.146
Il y a ensuite une courte dĂ©finition: âLa religion est, au fond, une chose trĂšssimple: 1. Aimer et servir Dieu, 2. Aimer et servir votre prochainâ.147 Etensuite un conseil pratique adressĂ© aux garçons: âEn accomplissant votredevoir envers Dieu, soyez-Lui toujours reconnaissants. Chaque fois quevous Ă©prouvez un plaisir, ou que vous vous amusez Ă un jeu, ou que vousrĂ©ussissez dans une bonne action, remerciez-Le pour cela, ne serait-ce quepar un mot ou deux, comme on dit les grĂąces au repasâ.148
En 1926, on a demandĂ© Ă B-P de faire un discours Ă la ConfĂ©rence des Com-missaires Scouts et Guides, qui a eu lieu Ă High Leigh, en Angleterre, surle sujet de âLa religion dans le Mouvement Scout et Guideâ.
Pour commencer, il a rĂ©sumĂ© sa pensĂ©e en disant: âOn mâa demandĂ© dedĂ©crire plus complĂštement ce que jâavais Ă lâesprit en ce qui concerne lareligion quand jâai fondĂ© le Scoutisme et le Guidisme. La question quâon mâaposĂ©e Ă©tait: âEn quoi la religion y entre-t-elle?â Eh bien, ma rĂ©ponse est lasuivante: Elle nây entre pas du tout. Elle est dĂ©jĂ lĂ . Elle est le facteurfondamental, sous-jacent, du Scoutisme et du Guidismeâ.149 Et il a insistĂ©:âIl est trĂšs important que tous les Commissaires scouts et guides comprennentcela de sorte quâils puissent lâexpliquer aux responsables scouts et guides,ainsi quâĂ dâautres qui voudraient en savoir plus sur cette questionâ.150
Ces idĂ©es ont accompagnĂ© B-P durant toute sa vie. Ainsi, lorsquâil a Ă©crit en1939 la prĂ©face de lâĂ©dition spĂ©ciale pour le Canada de âScouting for Boysâ,il a dit: âIl y a un Ă©norme rĂ©servoir de patriotisme et dâesprit chrĂ©tien quisommeille aujourdâhui dans notre pays surtout parce quâil ne trouve pas une
3. LE DEVELOPPEMENTSPIRITUEL/RELIGIEUX
DANS LA PENSEE DEBADEN-POWELL
3.1 LA DIMENSIONSPIRITUELLE FAIT PARTIE
INTEGRANTE DE LA PENSEE DEB-P DEPUIS LES ORIGINES
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occasion concrĂšte de se manifester. Ici, dans notre joyeuse fraternitĂ©, il ya une occasion unique offerte Ă tous pour sâengager dans ce travail quiproduit des rĂ©sultats grĂące Ă vos efforts, un travail utile puisquâil donne Ă chaque homme une possibilitĂ© de servir ses frĂšres et Dieuâ.151
Nous verrons dans la section 4 comment les idĂ©es de B-P sur ce sujet ontinspirĂ© les But et Principes de lâOrganisation Mondiale du MouvementScout.
B-P cite J.F. Newton (qui Ă©tait Ă lâĂ©poque EvĂȘque de Winchester) âLareligion nâest pas sĂ©parĂ©e de la vie, mais elle est le meilleur de la vieâ.152
Dans le mĂȘme discours, le Devoir envers Dieu est liĂ© au Devoir envers soi-mĂȘme, au Devoir envers autrui, Ă lâesprit de service et Ă la recherche dubonheur dans la vie, le tout culminant dans une vision idĂ©ale de la sociĂ©tĂ©.
B-P parle dâastronomie et enchaĂźne ââŠen observant les objets plus prochesde lui, chaque enfant peut prendre conscience des merveilles et des beau-tĂ©s de lâUnivers qui lâentourent et dĂ©velopper ainsi une vision plus large etse rapprocher de Dieu et de la dimension spirituelle de la vie⊠Ceci estun moyen par lequel lâĂąme dâun jeune peut ĂȘtre attirĂ©e par Dieu. LâĂ©tapesuivante consiste Ă montrer que Dieu est Amour, quâIl est Ă lâĆuvre parminous et Ă lâintĂ©rieur de chacun dâentre nousâ.153
Devoir envers soi-mĂȘme: â...Le garçon doit se rendre compte quâil entredans ses âdevoirs envers Dieuâ, de prendre soin des talents dont Dieu lâamuni pour son passage dans la vie et de les dĂ©velopper comme un dĂ©pĂŽtsacrĂ©â.154
Devoir envers autrui et esprit de service: âAinsi nous lui apprenons que faireson devoir envers Dieu nâest pas seulement se confier Ă Sa bontĂ©, mais faireSa volontĂ© par la pratique de lâamour envers son prochain⊠dans la lignedu Sermon sur la Montagneâ.155
Lâesprit de service: âCâest seulement Ă travers la bonne volontĂ© et lacoopĂ©ration, câest-Ă -dire Ă travers le service Ă autrui dans la joie, quâunhomme peut atteindre le vrai succĂšs, câest-Ă -dire le Bonheur. Il trouveraainsi le Ciel, ici dans ce monde et pas seulement comme une vision dumonde Ă venirâ.156
Et, il conclut: âSi tout ceci (tout ce qui prĂ©cĂšde) peut ĂȘtre adoptĂ© commeune rĂšgle gĂ©nĂ©rale, alors nous trouverons vraiment le Ciel sur la terreâ.157
Conclusion: avec les mots de son Ă©poque, B-P a dit clairement que ladimension spirituelle fait partie dâun tout, en lien Ă©troit avec les autresĂ©lĂ©ments des principes fondamentaux et que tout cela dĂ©coule du but duMouvement: le dĂ©veloppement intĂ©gral des jeunes. Nous verrons dans lasection 4 quelle est lâimportance de ces idĂ©es dans la conception et ledĂ©veloppement des programmes.
3.2 LE DEVELOPPEMENTSPIRITUEL NâEST PAS UNE
âDIMENSION AJOUTEEâ. ILFAIT PARTIE DâUN TOUT ET IL
EST INTEGRE
Scoutisme et DĂ©veloppement Spirituel - Page 31
Une conviction profonde qui a imprĂ©gnĂ© B-P tout au long de sa vie Ă©taitlâimportance de lâĂ©ducation plutĂŽt que de la simple instruction, si la sociĂ©tĂ©veut former de vrais citoyens, des jeunes ayant un âcaractĂšreâ. Cetteobservation sâapplique aussi Ă lâĂ©ducation dans le domaine spirituel.
En 1918 dĂ©jĂ , Ă©crivant dans le âHeadquarters Gazetteâ, B-P observait:
âLa religion ne peut quâĂȘtre saisie par intuition et non pas enseignĂ©e. Ce nâestpas un vĂȘtement quâon endosse le dimanche. Câest une dimension fon-damentale de la personnalitĂ© du garçon, un dĂ©veloppement de lâĂąme et nonun revĂȘtement qui peut se dĂ©tacher. Le comportement dâun trĂšs grandnombre dâhommes nâest pas guidĂ© par une conviction religieuse et, dansune large mesure, ceci peut ĂȘtre attribuĂ© au fait quâon a utilisĂ© lâinstructionplutĂŽt que lâĂ©ducation dans la formation religieuse des enfantsâ.158
B-P dĂ©veloppa cette observation en 1926 dans son discours âLa Religiondans le Mouvement Scout et Guideâ âlâĂ©tude de la nature est la mĂ©thodedâenseignement la plus comprĂ©hensible et rapide⊠à lâintĂ©rieur de lâĂ©cole,nous essayons dâenseigner aux enfants Ă travers des prĂ©ceptes et de lathĂ©ologie Ă©lĂ©mentaire, alors quâĂ lâextĂ©rieur, le soleil brille et que la natureles appelle pour leur montrer Ă travers leurs yeux, leurs oreilles, leur nezet leur toucher les merveilles et les beautĂ©s du CrĂ©ateurâ.159
Il a traitĂ© Ă nouveau le sujet dans un discours prononcĂ© Ă la ConfĂ©rence deYork en 1928: âDans chaque personne humaine il y a un germe dâAmour,ce âfragment de Dieuâ, comme lâĂąme a Ă©tĂ© appelĂ©e, qui, si on lâencourageĂ sâexprimer, se dĂ©veloppera jusquâĂ pĂ©nĂ©trer le caractĂšre du garçon.Lâamour, comme le radium, sâaccroĂźt par son rayonnement mĂȘme. Une foisquâon lâa fait naĂźtre chez le garçon, il ne va sans doute pas mourir danslâhomme. Sa tendance est plutĂŽt de sâaccroĂźtre jusquâĂ pĂ©nĂ©trer son ĂȘtre toutentier et toutes ses actions, jusquâĂ lui donner vraiment le bonheur le plusgrand, de trouver son Paradis sur la terreâŠâ.160
Cette conviction de B-P provenait de deux sources, la premiÚre étant uneobservation aiguë de la situation changeante des jeunes à son époque:
âLa gĂ©nĂ©ration montante: âŠPendant les trente derniĂšres annĂ©es, la jeunegĂ©nĂ©ration sâest dĂ©tachĂ©e du cocon de la discipline victorienne, qui Ă©taitimposĂ©e de lâextĂ©rieur pour parvenir Ă un comportement rĂ©git par leurboussole intĂ©rieureâ.161 Et la deuxiĂšme, sa conviction affirmĂ©e que lâĂ©ducationactive est plus adaptĂ©e Ă la nature des jeunes: ââŠpuisque le garçon esttoujours disposĂ© Ă faire plutĂŽt quâĂ digĂ©rerâ.162
Avant de clore cette section, un bref commentaire sur ce qui prĂ©cĂšde nousparaĂźt opportun: il est intĂ©ressant de comparer les phrases de B-P Ă©crites audĂ©but du 20e siĂšcle avec les conclusions de deux Rapports sur lâEducationĂ©laborĂ©s par les Commissions Internationales sous la responsabilitĂ© delâUNESCO, le premier publiĂ© en 1972 et le deuxiĂšme en 1996. Ils soulignenttous les deux lâimportance dâune Ă©ducation qui comprenne non seulementla connaissance mais aussi les compĂ©tences et les attitudes et montrent queâapprendre Ă connaĂźtreâ nâest pas suffisant dans le monde dâaujourdâhui etque cet Ă©lĂ©ment doit ĂȘtre accompagnĂ© de âapprendre Ă faireâ, âapprendreĂ ĂȘtreâ et âapprendre Ă vivreâ avec les autres.
3.3 LA DIMENSIONSPIRITUELLE ET LE SCOUTISME
EN TANT QUE MOUVEMENTDâEDUCATION. IMPORTANCE
DE LâEDUCATION, DIFFERENTEDE LâINSTRUCTION
Page 32 - Scoutisme et DĂ©veloppement Spirituel
Comme nous lâavons vu ci-dessus (voir section 3.3), B-P avait une vĂ©ritablevĂ©nĂ©ration pour la nature. âEt cependant, dans tout cela, vie, sensation,reproduction, mort, Ă©volution, poursuivent leur chemin, sous la mĂȘmegrande loi qui nous gouverne nous aussi. Lâhomme a ses compagnons dansla nature parmi les plantes et les animaux de la forĂȘt. Pour ceux qui ont desyeux pour voir et des oreilles pour entendre, la forĂȘt est Ă la fois unlaboratoire, un club et un templeâ.163
Il nâhĂ©sitait pas Ă contrer les arguments des athĂ©es de son Ă©poque: âLesathĂ©es⊠soutiennent quâune religion qui doit ĂȘtre apprise dans des livresĂ©crits par des hommes ne peut ĂȘtre vraie. Mais il ne semblent pas com-prendre quâen dehors des livres imprimĂ©s et de la rĂ©vĂ©lation, Dieu nous adonnĂ© Ă lire le grand livre de la nature. Et lĂ , ils ne peuvent parler demensonge, les faits se dressent devant eux⊠Je ne veux pas faire de lâĂ©tudede la nature une forme de culte qui puisse remplacer la religion; mais jesoutiens que dans certains cas comprendre la nature, câest faire un pas versla religionâ.164
Mais, avant tout, il Ă©tait convaincu que la nature offrait la possibilitĂ© de crĂ©erune atmosphĂšre propice Ă ââŠdes pensĂ©es plus Ă©levĂ©esâ: âJe mâĂ©tonne quetant de maĂźtres aient ignorĂ© ce moyen (lâĂ©tude de la nature) dâĂ©ducationtellement simple et infaillible et se soient efforcĂ©s dâimposer lâinstructionreligieuse comme premiĂšre Ă©tape de la dĂ©couverte, par les garçonsturbulents et pleins de vie, des choses spirituellesâ.165 Et il insistait: âLesactivitĂ©s scoutes constituent un moyen par lequel le pire des voyous peutĂȘtre amenĂ© Ă des pensĂ©es plus Ă©levĂ©es qui feront naĂźtre en lui les Ă©lĂ©mentsde la foi religieuseâ.166
Cette pensĂ©e Ă©tait tellement ancrĂ©e dans son esprit quâil y est revenu dansson âDernier message aux scouts du mondeâ: âLâĂ©tude de la nature vousapprendra que Dieu a crĂ©Ă© des choses belles et merveilleuses afin que vousen jouissiez⊠Essayez de laisser ce monde un peu meilleur quâil ne lâĂ©taitquand vous y ĂȘtes venusâ.167
Nous verrons dans la section 4, les consĂ©quences pĂ©dagogiques et juri-diques de lâempreinte du Fondateur sur le Mouvement, mais il y a encoreun point qui doit ĂȘtre soulignĂ©.
â...Comme dans le nationalisme, cela arrive aussi dans la religion. Se fondersur ses propres convictions religieuses est tout Ă fait normal, mais celadevient un sectarisme Ă©troit lorsquâon ne reconnaĂźt pas et nâapprĂ©cie pas lesaspects positifs dâautres religions, si on se prive de regarder avec lanĂ©cessaire ouverture dâesprit, les efforts que les autres font pour servir Dieuet pour Ă©tablir le Royaume de Dieu sur terreâ.168
Ceci correspond Ă sa conception de Dieu: âDieu nâest pas un personnageĂ lâesprit Ă©troit, comme certains sembleraient lâimaginer, mais un immenseEsprit dâAmour, qui ne sâattache pas aux petites diffĂ©rences de forme, dedogmes ou de confessions, et qui bĂ©nit tous ceux qui cherchent vraimentĂ faire de leur mieux, Ă Son service, suivant les lumiĂšres quâils reçoiventâ.169
Sa conception du Royaume de Dieu Ă©tait aussi trĂšs large: âPar les mots âLeRoyaume de Dieuâ je veux signifier la place prĂ©dominante de lâamour dans
3.4 LâIMPORTANCE DE LANATURE DANS LE PROCESSUS
EDUCATIF ET DANS LEDEVELOPPEMENT SPIRITUEL
3.5 LA DIMENSIONSPIRITUELLE DOIT ETRE UNFACTEUR DâUNITE DANS LE
SCOUTISME ET NON UNFACTEUR DE DIVISION
Scoutisme et DĂ©veloppement Spirituel - Page 33
le monde, plutĂŽt que la rĂšgle de lâintĂ©rĂȘt Ă©goĂŻste et de la rivalitĂ©, tels quâilsexistent aujourdâhui dans le mondeâ.170
De tout ce qui prĂ©cĂšde nous pouvons tirer une conclusion trĂšs claire: ladimension spirituelle appartient de plein droit Ă la pensĂ©e de B-P, elle a Ă©tĂ©exprimĂ©e tout au long de sa vie, dâune façon consistante et cohĂ©rente dansune variĂ©tĂ© dâoccasions et dans une multitude de publications Ă©crites dâoĂčnous avons extrait les citations susmentionnĂ©es.
La section 4 illustre la maniĂšre dont la pensĂ©e du Fondateur a Ă©tĂ© incarnĂ©edans le Mouvement tout au long de son histoire. En dâautres termes, nousessayerons de rĂ©pondre Ă la question: lâOMMS a-t-elle Ă©tĂ© fidĂšle Ă lâhĂ©ritagedu Fondateur?
Rapport entre SCOUTISME, NATURE et EXPERIENCE RELIGIEUSE
Si lâon regarde les grandes traditions spirituelles dans lâhistoire delâhumanitĂ©, le thĂšme de la montagne apparaĂźt comme un des grandssymboles de lâunivers religieux, et ceci dans plusieurs religions. Câestla raison pour laquelle cet encadrĂ© est consacrĂ© Ă la montagne.
âą DĂ©jĂ chez les Hittites, âchaque montagne [Ă©tait]... le siĂšge, le pointde fixation terrestre dâun dieu de lâorage puissant et vigoureux,symbole de la force... La montagne Ă©tait donc un lieu de hautesacralitĂ©â.171
âą Dans la tradition hindoue, Arunachala est une montagne sacrĂ©equi signale le passage des tĂ©nĂšbres Ă la lumiĂšre, câest-Ă -direlâaurore. Câest la manifestation de Shiva, de la rĂ©alitĂ© absolue.
Shiva est le seigneur de la danse cosmique et le feu qui détruit lemonde à la fin et donne lieu à un monde nouveau. Le pÚlerintourne autour de la montagne pour la regarder de tous les pointsde vue, mais la vérité est au centre, immobile comme la montagneArunachala, la montagne sacrée, qui symbolise la sortie vers Dieu,vers ce qui ne change pas.172
âą Au Japon, âdepuis les temps anciens les Montagnes ont Ă©tĂ©considĂ©rĂ©es comme la rĂ©sidence sacrĂ©e des kami [divinitĂ©s] quifournissaient lâeau pour la croissance du rizâ. âAprĂšs lâintroductiondu Bouddhisme au VIe siĂšcle, les Montagnes qui Ă©taient particu-liĂšrement considĂ©rĂ©es comme des lieux sacrĂ©s devinrent le centredâexercices religieux et de pratiques ascĂ©tiquesâ.173
âą Dans la Bible aussi, la montagne occupe une place spĂ©ciale. Câestau Mont SinaĂŻ que MoĂŻse reçoit les Tables de la Loi;174 dans lePremier Livre des Rois, le prophĂšte Elie reçoit le message âSorsdans la montagne et tiens-toi devant le Seigneur car il va passerâ.175
Dans le Nouveau Testament, câest aussi sur une montagne que leChrist proclame les BĂ©atitudes et que la Transfiguration sâopĂšre, enprĂ©sence de MoĂŻse et dâElie.176
Ainsi donc, dans plusieurs traditions religieuses la montagne est unlieu privilĂ©giĂ© de la rencontre de Dieu et aussi de la rencontre desoi-mĂȘme. Le thĂšme de la montagne apparaĂźt assez souvent liĂ© Ă celuide la solitude, sortir de lâordinaire, sâĂ©carter des hommesâŠcertainsauteurs mystiques affirment que, pour celui qui recherche ce qui estauthentique, la solitude nâest pas un choix mais une nĂ©cessitĂ©!
Page 34 - Scoutisme et DĂ©veloppement Spirituel
Cela nâa pas Ă©chappĂ© Ă B-P. Dans son ouvrage âLifeâs Snags and howto meet them, Talks to young menâ, Ă©crit en 1927, B-P entame unemĂ©ditation sur les difficultĂ©s de la vie et la façon dâĂȘtre prĂȘt pour lessurmonter. En rĂ©capitulant sa propre expĂ©rience, il dit âCâest dans lesbois qui entouraient lâĂ©cole et dans le prĂ©au que jâai le plus appris âŠEnsuite, câest sur les routes que sâest Ă©tabli une vĂ©ritable corrĂ©lationentre la connaissance intime de la Nature et lâaspect humain, que cesoit Ă travers des vestiges historiques au bord du chemin ou desrencontres avec des hommes sur la route. Ensuite les croisiĂšres en meret lâalpinisme sont venus Ă©largir et confirmer les enseignements desbois et mâont permis plus tard dâapprĂ©cier, Ă travers les ocĂ©ans et dansles neiges Ă©ternelles, les bonnes choses que le CrĂ©ateur a placĂ©es, pournotre plaisir, Ă une Ă©chelle plus grande, dans les rĂ©gions les plussauvagesâ.177
B-P consacre le chapitre 15 du mĂȘme ouvrage aux montagnes, sousle titre âClimbing as educationâ. Il dĂ©crit les diffĂ©rentes Ă©tapes, encommençant par un enfant de trois ans qui franchit un obstacle, pourpasser ensuite Ă des enfants plus ĂągĂ©s grimpant aux arbres, etmentionne les bienfaits de lâescalade en Ă©quipe qui confĂšre ââŠuneĂ©ducation supplĂ©mentaire recouvrant les qualitĂ©s morales du leadership,la discipline, la bonne humeur, la coopĂ©ration altruiste et lâĂ©mulationâ.178
Il affirme enfin âMais ce quâil y a de mieux, câest lâalpinisme. Il forge deshommes vĂ©ritables â des hommes forts, Ă©nergiques et audacieux, desamoureux de la Nature, de la beautĂ© et de la religionâ.179 Il mentionnele GĂ©nĂ©ral Smuts Ă propos de lâexpĂ©rience de lâalpinisme: âNousressentons une immense joie. La religion de la montagne est, en rĂ©alitĂ©,la religion de la joie et de la libĂ©ration de lâĂąme de tout ce qui lâuse parun sentiment de lassitude, de tristesse et dâĂ©checâ.180 Et B-P conclut endisant: âCâest pourquoi, quand vous escaladez une montagne, faites-le en compagnie dâautres gens, mais lorsque vous arrivez au sommetradieux, avec sa vue imprenable, asseyez-vous seul dans un coin etmĂ©ditez. En mĂ©ditant, buvez lâinspiration merveilleuse de tout cela.Lorsque vous redescendrez sur terre, vous aurez lâimpression dâĂȘtrequelquâun dâautre, dans votre corps et dans votre tĂȘte â qui plus est,dans votre esprit, un esprit libre de tout prĂ©jugĂ©â.181
Ainsi donc, âLa nature (les bois, les montagnes et la mer) semble ĂȘtrele lieu favorable pour les hiĂ©rophanies. Dans certains cas, câest lasimple dimension du silence, de la beautĂ© et de lâharmonie de la naturequi rĂ©vĂšle la prĂ©sence de Dieu, et dans dâautres cas, câest lâascensionen montagne, avec ses connotations symboliques, qui est le lieu de larĂ©vĂ©lation de la prĂ©sence de Dieuâ.182
Avec les symboles de la nature â et trĂšs particuliĂšrement la monta-gne â il sâagit dâouvrir les jeunes cĆurs au mystĂšre de Dieu. Ceci estparticuliĂšrement important dans une Ă©poque comme la nĂŽtre, sipauvre en symboles collectifs! (Voir section 2.4) Ce langage des signesdevient âparlantâ lorsquâil est accueilli et pratiquĂ© par une petitecommunautĂ©, comme la patrouille ou la troupe, lorsque le partage desexpĂ©riences individuelles peut avoir lieu dans une atmosphĂšre defraternitĂ©, aprĂšs un effort collectif qui a mobilisĂ© les Ă©nergies de tous!
Scoutisme et DĂ©veloppement Spirituel - Page 35
Tout dâabord, une remarque prĂ©liminaire. Pour des raisons logiques etconceptuelles, cette section est sĂ©parĂ©e de la section 3 ci-dessus. Il estcependant important de souligner dâemblĂ©e que la pensĂ©e pĂ©dagogique duMouvement et ses formes dâorganisation juridique Ă travers le tempsdoivent apparaĂźtre comme une consĂ©quence directe de la pensĂ©e de BadenPowell, dâautant plus que beaucoup dâentre elles ont Ă©tĂ© adoptĂ©es Ă uneĂ©poque oĂč le Fondateur Ă©tait directement impliquĂ© dans le leadership etla direction du Mouvement.
La Constitution de lâOrganisation Mondiale du Mouvement Scout indiqueclairement que le Scoutisme est âun mouvement Ă©ducatifâ.183 Si lâon serĂ©fĂšre Ă la classification utilisĂ©e par lâUNESCO (Ă©ducation formelle,informelle et non-formelle), le Scoutisme entre manifestement dans lacatĂ©gorie de lâĂ©ducation non-formelle, sâagissant dâune ââŠactivitĂ© Ă©ducativeorganisĂ©e en dehors du systĂšme officiel, orientĂ©e vers un segmentparticulier de la population et poursuivant des objectifs Ă©ducatifs biendĂ©finisâ.184
Le but du Scoutisme, tel que le dĂ©finit lâarticle I de la Constitution delâOMMS, est : ââŠde contribuer au dĂ©veloppement des jeunes en les aidantĂ rĂ©aliser pleinement leurs possibilitĂ©s physiques, intellectuelles, socialeset spirituelles, en tant que personnes, que citoyens responsables et quemembres des communautĂ©s locales, nationales et internationalesâ.185
Comme nous lâavons vu, quatre de ces dimensions figurent dans laConstitution de lâOMMS: physique, intellectuelle, sociale et spirituelle, ladimension âĂ©motionnelle â Ă©tant systĂ©matiquement intĂ©grĂ©e dans toutes lespublications pĂ©dagogiques du Bureau Mondial du Scoutisme afin de rendrecompte des derniĂšres avancĂ©es des sciences sociales en matiĂšre dedĂ©veloppement personnel.
En dâautres termes, le but du Scoutisme est le dĂ©veloppement intĂ©gral dela personnalitĂ© des enfants et des jeunes.
Ce faisant, le Scoutisme adopte une approche holistique de lâĂ©ducation desjeunes, ce qui signifie concrĂštement que le Scoutisme reconnaĂźt que chaquejeune est un individu âcomplexe qui tire en partie son identitĂ© propre delâinteraction et de la relation entre toutes les dimensions dâun mĂȘmeindividu (physique, intellectuelle, Ă©motionnelle, sociale et spirituelle),entre cet individu et le monde extĂ©rieur et, au-delĂ de tout cela, entre cettepersonne et une RĂ©alitĂ© spirituelleâ.186
Les implications de cette affirmation sont nombreuses mais, pour lesbesoins du prĂ©sent document, deux dâentre elles nous semblent revĂȘtir uneimportance toute particuliĂšre:
âą le Scoutisme reconnaĂźt que âtoutes ces dimensions sont reliĂ©es entreelles et sâinfluencent les unes les autresâ
âą le Scoutisme tient compte du fait que le âdĂ©veloppement personnelsera le rĂ©sultat dâexpĂ©riences multiples nĂ©cessairement rĂ©parties surune certaine durĂ©eâ.187
4. LA DIMENSIONSPIRITUELLE DANS LE
SCOUTISME.CONSEQUENCES
PEDAGOGIQUES ETJURIDIQUES DANS
LâHISTOIRE DUMOUVEMENT
4.1 LA PEDAGOGIE DUMOUVEMENT SCOUT
Page 36 - Scoutisme et DĂ©veloppement Spirituel
Le Scoutisme sâattache Ă offrir au jeune une telle multiplicitĂ© dâexpĂ©riencesdans un environnement sain dans lequel le jeune va pouvoir âessayerâ, tirerdes leçons de lâexpĂ©rience, dĂ©couvrir un sentiment dâappartenance,dĂ©velopper son propre systĂšme de valeurs, enrichir progressivement sapersonnalitĂ© et, de ce fait, â⊠se dĂ©velopper pour devenir cette personneunique, de plus en plus autonome et solidaire, responsable et engagĂ©eâ.188
Le processus Ă©ducatif implique, par dĂ©finition, une recherche permanentede la part de lâindividu, visant un dĂ©veloppement complĂ©mentaire de sapersonnalitĂ©, qui fait partie intĂ©grante du concept âfaire de son mieuxâ.
Nous verrons plus loin lâimportance de ces remarques concernant lâĂ©ducationspirituelle/religieuse qui ne devrait pas ĂȘtre conçue comme une activitĂ©sĂ©parĂ©e, enfermĂ©e dans une âpetite boĂźteâ mais, au contraire, comme unĂ©lĂ©ment reliĂ©, en thĂ©orie et en pratique, aux autres Ă©lĂ©ments constitutifs delââexpĂ©rience holistique du Scoutismeâ. Cette remarque est essentielle dansla conception et le dĂ©veloppement des programmes scouts.
La question de la formulation de la dimension spirituelle dans la Promessescoute est complexe et ne date pas dâhier. Tous ceux qui ont lu lâhistoiredu Mouvement Ă ses dĂ©buts conviendront que la croissance du MouvementĂ©tait alors âcharismatiqueâ (certainement en raison de lâattrait exercĂ© Ă la foispar le Fondateur et par les idĂ©aux) et, de ce fait, quelque peu dĂ©sordonnĂ©e.En outre, il ne faut pas oublier lâimpact de la premiĂšre guerre mondiale(1914-18) et le fait quâĂ lâĂ©poque les communications nâĂ©taient de loin pasaussi rapides et efficaces quâaujourdâhui.
Le Mouvement a Ă©tĂ© fondĂ© en 1907, mais jusquâen 1920 il nâexistait niConfĂ©rence, ni ComitĂ©, ni Bureau du Scoutisme Ă lâĂ©chelle mondiale. LeBureau Mondial du Scoutisme a Ă©tĂ© crĂ©Ă© en 1920 et la plupart des pays qui,Ă lâĂ©poque, sâĂ©taient dĂ©jĂ engagĂ©s dans la voie du Scoutisme, se sont rĂ©unisen 1922 Ă lâoccasion de la 2e ConfĂ©rence mondiale oĂč ils ont Ă©lu le premierComitĂ© international (qui est devenu le ComitĂ© Mondial du Scoutisme).ConsidĂ©rĂ©s comme les membres fondateurs, ces pays nâĂ©taient pas tenus desatisfaire aux exigences ou aux normes de reconnaissance mais Ă©taientacceptĂ©s comme des associations scoutes bona fide, qui suivaient lespratiques acceptĂ©es quâavait Ă©dictĂ©es le Fondateur.
Plusieurs de ces pays fondateurs possĂ©daient des fĂ©dĂ©rations regroupantplusieurs associations. Au sein dâune demi-douzaine de ces fĂ©dĂ©rations,certaines associations adhĂ©raient Ă lâintĂ©gralitĂ© de la Promesse scoute, ycompris âle Devoir envers Dieuâ, alors que pour dâautres cette promesseĂ©tait facultative. Trois de ces pays ont Ă©tabli de nombreuses associationslocales dans leurs colonies et leurs territoires dâoutre-mer, dont lefonctionnement Ă©tait calquĂ© sur celui de lâassociation mĂšre.
A partir de 1924, les demandes dâadhĂ©sion des pays candidats furentexaminĂ©es par le ComitĂ© mondial. La Constitution mondiale originale a Ă©tĂ©adoptĂ©e en 1924 et, par la suite, les demandes dâadhĂ©sion furent soumisesĂ lâapprobation des pays membres, sur la recommandation du ComitĂ©mondial.
4.2 LA QUESTION DUâDEVOIR ENVERS DIEUâ ET
LA/LES PROMESSESALTERNATIVES
Scoutisme et DĂ©veloppement Spirituel - Page 37
On notera Ă©galement quâen 1924, la ConfĂ©rence Mondiale du Scoutisme aadoptĂ© la RĂ©solution 14/24 intitulĂ©e âPrincipes du Scoutismeâ, qui affirmesans ambages le principe spirituel, Ă savoir:
âLa ConfĂ©rence affirme que le Mouvement des Ă©claireurs a des caractĂ©ristiquesnationales, internationales et universelles, qui tendent Ă donner Ă chaquenation en particulier et au monde en gĂ©nĂ©ral, une jeunesse physiquement,moralement et spirituellement forteâ.189
Cette RĂ©solution dĂ©finit ensuite ce quâelle considĂšre comme le caractĂšrenational, international et universel du Mouvement et affirme, dans ledernier paragraphe:
âLe Mouvement des Ă©claireurs ne veut pas affaiblir, mais au contraire veutrenforcer les croyances religieuses de chacun de ses membres. La loi delâĂ©claireur exige que lâĂ©claireur pratique fidĂšlement et sincĂšrement sareligion et il entre dans les vues du Mouvement dâinterdire toute espĂšce depropagande confessionnelle dans les rĂ©unions oĂč se trouvent des Ă©claireursappartenant Ă des religions diffĂ©rentes.â190
A partir de 1924, le ComitĂ© Mondial du Scoutisme a commencĂ© Ă superviserles diffĂ©rentes formulations de la Promesse scoute. On mentionnera iciplusieurs situations, Ă titre dâexemple uniquement:
âą Le ComitĂ© mondial a acceptĂ© que les Bouddhistes utilisent le termeâDevoir envers ma Religionâ et les Hindous le terme âmon Dharmaâ.
âą Il a Ă©galement acceptĂ© une formulation plus Ă©laborĂ©e pour certainesassociations musulmanes: âEtre fidĂšle Ă Dieu et suivre les traces de sonProphĂšte et de ses apĂŽtresâ.
⹠Dans le cas des animistes, il a accepté que seule une croyance en uneForce supérieure soit requise.
On notera que dans les trois exemples susmentionnĂ©s, il ne sâagit pas deâpromesses alternativesâ mais des expressions de la promesse âavec Dieuâselon la croyance de diffĂ©rentes religions. En effet, la formulation duâDevoir envers Dieuâ dans lâesprit de Baden-Powell, depuis les origines duMouvement, doit aussi sâappliquer Ă des religions qui ne sont pas mono-thĂ©istes, comme lâHindouisme, ou qui ne reconnaissent pas un Dieupersonnel comme le Bouddhisme.
Afin dâĂ©claircir cette question et de rĂ©affirmer sa politique religieuse, leComitĂ© mondial a Ă©mis une DĂ©claration de principe en 1932, publiĂ©e dansle Magazine âJamboreeâ âpour information et orientation gĂ©nĂ©ralesâ.191
Le document, signĂ© par Hubert Martin, alors Directeur du Bureau Mondialdu Scoutisme, commence par rappeler lâhistoire du Mouvement: sesorigines, le nombre dâassociations enregistrĂ©es, le Premier Jamboree et laPremiĂšre ConfĂ©rence Ă Londres en 1920, la crĂ©ation du Bureau internationalet lâhypothĂšse que ââŠtous les pays qui Ă ce jour ont adoptĂ© le MouvementScout lâont fait sans altĂ©rer les principes fondamentaux Ă©tablis par sonFondateur. En se fondant sur cette hypothĂšse, le Bureau international areconnu toutes les associations scoutes existantesâ.
4.3 LA DECLARATION DUCOMITE MONDIAL (1932)
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Cette dĂ©claration poursuit ainsi: âPlus tard, toutefois, le Bureau internationala appris quâune infime minoritĂ© de ces associations scoutes avaient altĂ©rĂ©la Promesse scoute, en omettant la clause du âDevoir envers Dieuâ ou enla rendant facultativeâ.
Dans les quatre paragraphes suivants, le ComitĂ© mondial Ă©tablit la âclausede non-rĂ©troactivitĂ©â, rĂ©affirme le principe gĂ©nĂ©ral et dĂ©termine la rĂšglepour lâavenir. Du fait de leur importance, nous avons jugĂ© utile de citer cesdispositions in extenso:
âCette question a Ă©tĂ© abondamment discutĂ©e Ă la deuxiĂšme ConfĂ©renceinternationale Ă Paris en 1922 et il a Ă©tĂ© estimĂ© quâĂ©tant donnĂ© que lesquelques associations qui avaient altĂ©rĂ© la Promesse scoute avaient dĂ©jĂ Ă©tĂ©reconnues, il nâĂ©tait pas correct dâannuler leur reconnaissance, tout enespĂ©rant quâelles sauraient, en temps utile, trouver le moyen de restaurerla Promesse scoute dans son intĂ©gralitĂ©.
Le ComitĂ© international a dĂ©cidĂ© que, concernant toute nouvelle associationdemandant Ă ĂȘtre reconnue, lâacceptation de la Promesse scoute dans sonintĂ©gralitĂ© serait considĂ©rĂ©e comme une condition sine qua non. Ainsi,depuis 1922, aucune nouvelle association nâa Ă©tĂ© reconnue Ă moinsdâinclure, dans sa Promesse, la clause du âDevoir envers Dieuâ.
Deux ou trois autres cas se sont prĂ©sentĂ©s dans lesquels de nouvellesassociations ont soumis une demande de reconnaissance alors que leurPromesse ne contenait pas ladite clause Ă lâorigine; dans tous les cas, lapromesse intĂ©grale a cependant Ă©tĂ© adoptĂ©e avant la reconnaissance.
Le ComitĂ© international estime quâil est essentiel que toute associationsouhaitant ĂȘtre reconnue en tant que membre de la fraternitĂ© scoutemondiale soit disposĂ©e Ă accepter, sans aucune omission, les principesfondamentaux Ă©tablis par le Chef Scout au moment de la fondation duMouvement. EprouvĂ©s depuis vingt-cinq ans, ces principes ont rencontrĂ©lâagrĂ©ment, non seulement des pays chrĂ©tiens, mais aussi des peuplesdâautres religions, Musulmans, Juifs, etc.â192
La ConfĂ©rence Mondiale du Scoutisme est revenue sur le sujet du âDevoirenvers Dieuâ Ă lâoccasion dâune prĂ©sentation faite par Michel Rigal, alorsCommissaire GĂ©nĂ©ral des âScouts de Franceâ et SecrĂ©taire GĂ©nĂ©ral de laConfĂ©rence Internationale du Scoutisme Catholique (CISC) (comme ellesâappelait Ă lâĂ©poque), dans laquelle il suggĂ©rait une formule moins con-traignante pour interprĂ©ter le âDevoir envers Dieuâ, en proposant la pos-sibilitĂ© de la remplacer par une formule qui contemple âune RĂ©alitĂ©spirituelleâ ou âune Puissance spirituelle supĂ©rieure dans lâuniversâ. LeComitĂ© Mondial du Scoutisme avait aussi demandĂ© Ă John Thurman (Chefde Camp, Gilwell Park, Royaume-Uni) de parler Ă la ConfĂ©rence sur laâFormation spirituelle dans le Scoutismeâ et il avait adoptĂ©, dans saprĂ©sentation, une vue plus restrictive.
PlacĂ©e devant les deux thĂšses, la ConfĂ©rence a adoptĂ© une formule deâcompromisâ dans la RĂ©solution n° 8 âDuty to God/Religionâ (Devoirenvers Dieu/la Religion). Les tenants de la formule classique trouvaientsatisfaction dans le paragraphe 1, qui soulignait: âLa ConfĂ©rence reconnaĂźt
4.4 RESOLUTION DE LA 18e
CONFERENCE MONDIALE DUSCOUTISME, LISBONNE 1961
Scoutisme et DĂ©veloppement Spirituel - Page 39
que le devoir envers Dieu ou la religion est fondamental dans la philosophieet les intentions du mouvement scoutâ, ainsi que dans le paragraphe 4 quiindiquait: âLa ConfĂ©rence considĂšre quâil est de la responsabilitĂ© des orga-nisations scoutes dâatteindre autant de garçons quâil est possible de le fairedans la zone de notre influence, de les guider vers une vie spirituelle et desâassurer que la foi religieuse Ă laquelle appartient un scout soit pleinementsauvegardĂ©eâ.193
Les tenants de la formule souple/Ă©largie trouvaient leur compte dans lesparagraphes 2 et 3 de la mĂȘme RĂ©solution: âPour les associations scoutesqui le dĂ©sirent, la Promesse doit pouvoir ĂȘtre formulĂ©e de telle sorte quâelletienne compte du fait que parmi ses membres existent des croyants en unDieu personnel et aussi dâautres qui reconnaissent une rĂ©alitĂ© spirituelle.Toute formule de ce genre doit ĂȘtre en accord avec lâesprit de la Promessescoute originale qui reconnaĂźt une PrĂ©sence ou une Puissance spirituellesupĂ©rieure dans lâuniversâ.194
Il est intĂ©ressant de noter quâĂ la lecture de cette formule on constate quâellesauvegarde lâessentiel de la notion du âDevoir envers Dieuâ. Il est aussiintĂ©ressant de remarquer que 30 ans plus tard, câest la mĂȘme formule deâRĂ©alitĂ© spirituelleâ que le ComitĂ© des Constitutions et le ComitĂ© Mondialont acceptĂ© comme alternative valable de âDevoir envers Dieuâ en rĂ©ponseaux dĂ©fis posĂ©s par la chute du rideau de fer et la demande de reconnaissancedes pays de lâEurope centrale et orientale (voir section 4.6).
Comme nous lâavons mentionnĂ© plus haut, le Scoutisme a toujours Ă©tĂ© unMouvement trĂšs pragmatique. Jusquâaux annĂ©es 60, le Mouvement dansson ensemble ne sâest pas rĂ©ellement intĂ©ressĂ© aux Ă©lĂ©ments formels,dâautant plus que le secrĂ©tariat, dâabord Ă Londres, puis Ă Ottawa, avait dumal Ă suivre le rythme de son expansion mondiale. Dans les annĂ©es 60, surlâinitiative du ComitĂ© mondial et avec le soutien financier de la FondationFord, Dr. Laszlo Nagy, un chercheur de lâInstitut Universitaire des HautesEtudes Internationales Ă GenĂšve, a Ă©tĂ© nommĂ© pour mener Ă bien une Ă©tudeapprofondie du Scoutisme mondial. Cette nomination a eu lieu en 1965 etles conclusions de lâĂ©tude, un document volumineux intitulĂ© âRapport surle Scoutisme Mondialâ, ont Ă©tĂ© prĂ©sentĂ©es Ă la 21e ConfĂ©rence Mondiale duScoutisme, tenue en 1967 Ă Seattle, Etats-Unis dâAmĂ©rique.
Le rapport a Ă©tĂ© adoptĂ© par la ConfĂ©rence Mondiale du Scoutisme commebase pour la rĂ©organisation du Mouvement et son auteur a Ă©tĂ© invitĂ© par leComitĂ© mondial Ă assumer le poste de SecrĂ©taire gĂ©nĂ©ral. Deux autreschangements majeurs ont Ă©galement eu lieu: le Bureau mondial a Ă©tĂ© trans-fĂ©rĂ© dâOttawa Ă GenĂšve et ses effectifs ont Ă©tĂ© considĂ©rablement renforcĂ©s.
Lâune des premiĂšres conclusions de lâĂ©tude Ă©tait la nĂ©cessitĂ© de rĂ©viser laConstitution mondiale, ce qui fut fait en 1973, Ă lâoccasion de la 24e ConfĂ©-rence Mondiale du Scoutisme, tenue Ă Nairobi, Kenya: une nouvelle Consti-tution fut adoptĂ©e, couvrant tous les Ă©lĂ©ments structurels, Ă lâexception duchapitre sur les Principes fondamentaux (alors le Chapitre II), les participantsĂ©tant convenus que ce chapitre mĂ©ritait une attention toute particuliĂšre.
4.5 1965-1977 REORGANI-SATION DU MOUVEMENT,NOUVELLE CONSTITUTION
MONDIALE ET ADOPTION DUNOUVEAU CHAPITRE I PAR LA
26e CONFERENCE MONDIALE DUSCOUTISME, MONTREAL 1977
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Entre 1973 et 1975, un questionnaire Ă ce sujet a Ă©tĂ© envoyĂ© Ă toutes lesOrganisations scoutes nationales, dont les rĂ©sultats ont Ă©tĂ© compilĂ©s etprĂ©sentĂ©s Ă la 25e ConfĂ©rence Mondiale du Scoutisme, tenue en 1975 Ă Copenhague, Danemark. Cette ConfĂ©rence a pris note des rĂ©sultats delâĂ©tude, Ă savoir ââŠune rĂ©affirmation globale de la validitĂ© du contenu duChapitre II, Ă laquelle sâajoute le dĂ©sir de reformuler ce chapitre en destermes plus forts et plus expressifsâ (voir Annexe I) et a priĂ© le ComitĂ©mondial âde constituer un groupe de travail, aussi reprĂ©sentatif quepossible des diverses sociĂ©tĂ©s et cultures existant parmi les membres delâOrganisation mondiale et de soumettre Ă la 26e ConfĂ©rence mondiale despropositions relatives au Chapitre IIâŠâ.
En octobre 1975, le ComitĂ© mondial a Ă©tabli un Groupe de travail, dotĂ©dâune trĂšs large reprĂ©sentativitĂ© gĂ©ographique et culturelle; Ă lâissue delongs prĂ©paratifs, ce groupe sâest rĂ©uni Ă GenĂšve en mars 1976. Il a pour-suivi ses travaux par correspondance et la version finale a Ă©tĂ© soumise auComitĂ© mondial. AprĂšs lâavoir examinĂ©e attentivement, ce dernier a ap-prouvĂ© la proposition finale quâil a prĂ©sentĂ©e Ă la 26e ConfĂ©rence Mondialedu Scoutisme, tenue Ă MontrĂ©al en 1977. La nouvelle version du ChapitreI de la Constitution de lâOMMS a Ă©tĂ© adoptĂ©e Ă la majoritĂ© des deux-tierset nâa plus jamais Ă©tĂ© remise en question depuis lors.
La structure de ce chapitre est Ă la fois claire et concise. Elle comporte lesĂ©lĂ©ments suivants: une dĂ©finition: ce quâest le Mouvement; le but: ce quâilsâefforce dâaccomplir; les principes: les lois fondamentales, les convictionsou les prĂ©ceptes de base (qui constituent aussi des rĂšgles de conduite pourses membres); et la mĂ©thode: comment le Mouvement sâattache Ă rĂ©aliserses objectifs.195
Le Chapitre I de la Constitution de lâOrganisation Mondiale du MouvementScout Ă©voque Ă plusieurs reprises la question de la SpiritualitĂ©/Religion/Devoir envers Dieu. Dans un souci de clartĂ© et de concision, ces rĂ©fĂ©rencessont mentionnĂ©es (briĂšvement) ci-aprĂšs:
âą Le point 2 de lâarticle I, But, stipule: âLe Mouvement scout a pour butde contribuer au dĂ©veloppement des jeunes en les aidant Ă rĂ©aliserpleinement leurs possibilitĂ©s physiques, intellectuelles, sociales etspirituelles, en tant que personnes⊠etc.â
âą Le point 1 de lâarticle II, Principes, stipule: âLe Mouvement scout estfondĂ© sur les principes suivants: Devoir envers DieuâŠâ
On notera que ce titre a été utilisé pour refléter une pratique de longuedate dans le Scoutisme, qui se réfÚre traditionnellement à ce principedans les termes de la Promesse scoute originale (voir plus loin, danscette section).
Tranchant avec le titre, le corps du texte nâutilise pas le terme âDieuâ,afin de faire ressortir clairement que cette clause couvre Ă©galement lesreligions qui ne sont pas monothĂ©istes, comme lâHindouisme, ou quine reconnaissent pas un Dieu personnel, comme le Bouddhisme.
Ainsi, le corps du texte Ă©tablit: âLâadhĂ©sion Ă des principes spirituels,la fidĂ©litĂ© Ă la religion qui les exprime et lâacceptation des devoirs quien dĂ©coulentâ.
La premiĂšre phrase, LâadhĂ©sion Ă des principes spirituels, souligne lesfondements spirituels essentiels du Mouvement Scout. Ces principes
Scoutisme et DĂ©veloppement Spirituel - Page 41
sont manifestement liĂ©s Ă une religion particuliĂšre, câest pourquoi letexte continue ainsi: la fidĂ©litĂ© Ă la religion qui les exprime et lâaccepta-tion des devoirs qui en dĂ©coulent.
âą Le paragraphe 2 de lâarticle II, âAdhĂ©sion Ă une Promesse et une Loiâ,stipule: âTous les membres du Mouvement scout doivent adhĂ©rer Ă unePromesse et une Loi reflĂ©tant, dans un langage appropriĂ© Ă la cultureet Ă la civilisation de chaque Organisation Scoute Nationale et approuvĂ©par lâOrganisation Mondiale, le Devoir envers Dieu, le Devoir enversautrui et le Devoir envers soi-mĂȘme, et inspirĂ©es de la Promesse et dela Loi conçues par le Fondateur du Mouvement scout dans les termessuivants:
La Promesse scouteSur mon honneur, je promets de faire tout mon possible pourServir Dieu et le roi (ou Dieu et mon pays),Aider mon prochain Ă tout moment,ObĂ©ir Ă la Loi scoute.â
âą Enfin, lâarticle III, MĂ©thode, dĂ©finit la mĂ©thode scoute en ces termesââŠun systĂšme dâauto-Ă©ducation progressive fondĂ© sur:
. Une promesse et une loiâŠâ
Le fait que la promesse et la loi soient mentionnĂ©es comme faisantpartie dâun âsystĂšme dâauto-Ă©ducation progressiveâ mĂ©rite dâĂȘtresoulignĂ©, car il implique que le dĂ©veloppement spirituel, ainsi que lesautres Ă©lĂ©ments du concept de dĂ©veloppement intĂ©gral, doivent ĂȘtreenvisagĂ©s dans une perspective dynamique.
La question de la dimension spirituelle dans les promesses des Associationsscoutes nationales est devenue essentielle dans le processus dereconnaissance des associations scoutes en Europe centrale et orientale, quiinvoquent une incapacitĂ© dâutiliser le terme âDieuâ pour diverses raisonsgĂ©nĂ©ralement valables, affĂ©rentes Ă leur histoire rĂ©cente.
Nous avons dĂ©jĂ abordĂ© trĂšs briĂšvement les problĂšmes spĂ©cifiques de lajeunesse des anciens pays Ă rĂ©gime marxiste, câest-Ă -dire lâex-Union soviĂ©-tique et les pays de lâEurope centrale et orientale (voir ci-dessus section 2.2).AprĂšs la chute du mur de Berlin et la dĂ©sintĂ©gration du âbloc soviĂ©tiqueâ,les sociologues ont constatĂ© un vide idĂ©ologique et une absence quasigĂ©nĂ©rale de points de repĂšre. Cette situation impliquait presque toute lapopulation mais, comme il fallait sây attendre, les jeunes Ă©taient parti-culiĂšrement touchĂ©s.
De plus, certaines Eglises et/ou certaines personnalitĂ©s ecclĂ©siastiquesĂ©taient jugĂ©es trĂšs sĂ©vĂšrement Ă cause de leurs compromissions avec lesanciens rĂ©gimes communistes. En outre, lâendoctrinement du communismeathĂ©e â malgrĂ© des variations importantes suivant les pays â a laissĂ© dessĂ©quelles importantes.
La question Ă laquelle le Scoutisme a dĂ» faire face Ă©tait: peut-on imposerle nom de Dieu dans leur promesse Ă des jeunes complĂštement âlaĂŻcisĂ©sâ,avec des prĂ©jugĂ©s fortement ancrĂ©s? La solution adoptĂ©e par le ComitĂ© desConstitutions, appuyĂ© par le ComitĂ© mondial, a Ă©tĂ© la suivante:
4.6 LES REPERCUSSIONS DE LACHUTE DU MUR DE BERLIN ET
DE LA DESINTEGRATION DUBLOC SOVIETIQUE SUR LE
MOUVEMENT SCOUT MONDIAL
Page 42 - Scoutisme et DĂ©veloppement Spirituel
Comme premier pas, le Comité des Constitutions a élaboré une définitionde la dimension spirituelle, qui a été reconnue comme juste sur le plan tantthéologique que pédagogique:
âAcceptation dâune RĂ©alitĂ© Spirituelle et recherche de sa pleine significationâ.
Dans le mĂȘme ordre dâidĂ©es, le ComitĂ© a acceptĂ© la formulation suivantede la Promesse scoute:âFaire mon devoir envers Dieu, câest-Ă -dire dâaccepter une RĂ©alitĂ© Spiri-tuelle et en chercher la pleine significationâ.
Ce faisant, le Comité des Constitutions, soutenu par le Comité mondial, aprécisé que:
âą Lâune et/ou lâautre partie de la formulation pourrait ĂȘtre utilisĂ©e maisquâil ne saurait y avoir de promesse sans dimension spirituelle.
âą La formulation ci-dessus a Ă©tĂ© considĂ©rĂ©e comme une âformulationadulteâ, quâil conviendrait dâadapter en fonction de lâĂąge, de la langue,etc., du membre.
Le ComitĂ© sâest en outre efforcĂ© de discuter longuement avec chacune desassociations intĂ©ressĂ©es pour les aider Ă choisir la formule correspondantle mieux aux besoins du dĂ©veloppement spirituel de leurs jeunes membres.
Au terme de notre rĂ©flexion sur lâĂ©volution du concept de âDevoir enversDieuâ depuis les origines du Mouvement jusquâĂ nos jours, nous devonsĂȘtre capables de comprendre plus clairement comment le programme et lamĂ©thode scouts rĂ©pondent aux besoins spirituels des scouts et enrichissentleur vie spirituelle.
Commençons par une affirmation claire: le Scoutisme a une façon propredâintroduire et de dĂ©velopper la dimension spirituelle chez les jeunes.
Comme Dominique BĂ©nard le souligne dans son Avant-propos Ă âDieu, es-tu encore lĂ -dedans?â, âil existe trop souvent, dans le Scoutisme, une confu-sion entre le dĂ©veloppement spirituel et lâĂ©ducation religieuse. La tendancela plus gĂ©nĂ©ralement admise est quâil convient dâajouter aux activitĂ©sscoutes des activitĂ©s religieuses pour mettre en Ćuvre le âdevoir enversDieuâ, un des trois principes fondamentaux du Scoutisme. Beaucoup dechefs scouts, enfermĂ©s dans cette conception trop Ă©troite, se dĂ©clarent in-compĂ©tents et renoncent Ă toute action dans le domaine du dĂ©veloppementspirituelâ.196
Contrairement Ă lâapproche dĂ©crite ci-dessus â que lâon pourrait qualifier dejuxtaposition â ce quâil faut, câest une intĂ©gration. En dâautres termes,ââŠpour Ă©veiller les jeunes Ă la dimension spirituelle point nâest besoindâajouter au Scoutisme des Ă©lĂ©ments extĂ©rieurs. Il suffit de tirer parti de tousles Ă©lĂ©ments du programme scout et de proposer des activitĂ©s qui con-tiennent dĂ©jĂ une dimension spirituelleâ.197
Nous allons maintenant envisager cette question sous différents points devue, à commencer par la psychologie du développement.
4.7 QUELLE EST LA FORCE DELA METHODE SCOUTE POUR
PROMOUVOIR ET ENRICHIR LADIMENSION SPIRITUELLE CHEZ
LES JEUNES? QUELS EN SONTLES PRINCIPAUX ELEMENTS
CONSTITUTIFS?
Scoutisme et DĂ©veloppement Spirituel - Page 43
âParfois, lorsque les gens disent ne pas croire en Dieu, câest en rĂ©alitĂ© leursidoles de bois quâils rejettent: les images de Dieu quâils se sont faites depuisla plus tendre enfance, comme celle du Dieu âsuper-flicâ, Ă lâaffĂ»t dumoindre de nos mĂ©faits. Les multiples images de Dieu enregistrĂ©es, pourune raison ou pour une autre au cours de notre enfance, câest Ă juste titreque nous les rejetons comme inacceptables, Ă lâapproche de lâĂąge adulte,Mais pour autant, nous ne rejetons pas forcĂ©ment Dieuâ.198
La pĂ©riode privilĂ©giĂ©e de ce rejet des âfausses imagesâ est lâadolescence. Latransition entre lâenfance et lâĂąge adulte est une transition entre la dĂ©pen-dance et lâindĂ©pendance. La conjugaison de plusieurs facteurs â que lapression des facteurs sociaux rend aujourdâhui encore plus difficiles Ă gĂ©rerâ met lâadolescent dans un Ă©tat de trouble Ă©motionnel: comportementsbizarres, confrontation et provocation, rĂ©bellion contre lâautoritĂ©, fontpartie de la crise dâidentitĂ© et de lâinsĂ©curitĂ© que connaissent beaucoupdâadolescents. A lâintĂ©rieur de ce processus de croissance, le jeune tend Ă sâaliĂ©ner lui-mĂȘme de ce quâil considĂšre comme âles attitudes âvieux-jeuâ etsurannĂ©esâ de ses parents et Ă se reposer davantage sur ses camarades. Est-ce surprenant quâil rejette aussi âlâidĂ©e de Dieu /de la religionâ ou, du moins,quâil exprime des doutes Ă son sujet?199
Pour lâĂ©ducateur scout, en prise directe avec les jeunes, câest une pĂ©riodequâil faut savoir reconnaĂźtre lorsquâelle arrive, savoir observer dans sesmanifestations multiples, accompagner et Ă©couter le jeune jusquâĂ lâaiderĂ la surmonter.
* * *
Comment dĂ©montrer cet impact du programme et de la mĂ©thode scouts surla dimension spirituelle chez les jeunes? Nous avons adoptĂ©, comme filrouge pour cette partie du document, les cinq dimensions proposĂ©es dansle dossier âDieu, es-tu encore lĂ -dedans?â, publiĂ© rĂ©cemment par âThe ScoutAssociationâ, Royaume-Uni, avec le soutien du Bureau EuropĂ©en duScoutisme.
Le Scoutisme nâa pas pour objet de prĂ©senter un modĂšle idĂ©al, prĂ©dĂ©terminĂ©,auquel le jeune devra se conformer. Câest une invitation lancĂ©e Ă chacunde faire de son mieux pour dĂ©velopper le plus possible et dans toutes sesdimensions une personnalitĂ© unique, y compris Ă©videmment la dimensionspirituelle.200
Pour cette raison, le Scoutisme encourage un style de vie et propose desactivitĂ©s qui aident les jeunes Ă dĂ©velopper leur responsabilitĂ© envers eux-mĂȘmes, Ă rĂ©sister aux influences nĂ©gatives, Ă se donner des objectifs deprogression personnelle et Ă identifier les Ă©tapes nĂ©cessaires pour lesatteindre.201
Câest quand un jeune le quitte que le Mouvement a rempli sa mission, aumoment oĂč il est prĂȘt Ă entrer de plein pied dans la vie adulte en ayantdĂ©veloppĂ© les compĂ©tences quâil faut pour le faire de maniĂšre constructiveet responsable tout en sâaffirmant comme personne distincte. Le jeune auraaussi intĂ©grĂ© la nĂ©cessitĂ© de poursuivre son effort de dĂ©veloppementpersonnel pour devenir de plus en plus autonome et solidaire, responsableet engagĂ©.202
4.7.2 La dimension SAGESSE :Aider à développer une
personnalité équilibrée, uneautodiscipline et un ensemble
de valeurs personnelles
4.7.1 La perspective dudéveloppement
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Nous avons soulignĂ© (voir section 2.4) le danger de dispersion et superficialitĂ©qui guette les jeunes dâaujourdâhui. Dans ce sens, le Scoutisme apparaĂźtcomme une partie de la rĂ©ponse Ă ce danger.
Baden-Powell a compris Ă quel point la propension naturelle des adolescentsĂ constituer de petits groupes et son corollaire, la pression du groupe,pouvaient jouer un rĂŽle soit trĂšs positif soit trĂšs nĂ©gatif dans le dĂ©veloppementdes jeunes. Câest la raison pour laquelle le systĂšme de patrouilles est deve-nu la pierre angulaire du camp expĂ©rimental de Brownsea, ainsi quâunĂ©lĂ©ment essentiel de la mĂ©thode scoute.
Le systĂšme de patrouilles offre aux jeunes la possibilitĂ© de jouer un rĂŽle actifau sein dâun petit groupe (patrouille), de partager des responsabilitĂ©s,dâĂ©tablir des relations constructives avec les autres et dâapprendre Ă mettreen pratique les principes de gouvernement dĂ©mocratique autogĂ©rĂ©.
La vie au sein de cette âmini-sociĂ©tĂ©â permet aux jeunes dâĂ©tablir des rela-tions de confiance mutuelle, dâamitiĂ© et de souci des autres, et dâacquĂ©rirun sentiment dâidentitĂ©, une confiance en soi et un sentiment dâappartenance.Ils se sentent acceptĂ©s et ils acceptent les autres tels quâils sont, cultivantainsi un sens de la tolĂ©rance plus que jamais nĂ©cessaire Ă la vie sociale dansune sociĂ©tĂ© pluraliste. GrĂące Ă tous ces Ă©lĂ©ments, les jeunes se dĂ©veloppentnon seulement sur le plan Ă©motionnel et social, mais aussi sur le planspirituel.
Comme nous lâavons vu dans la section 3.4, Baden-Powell a pris conscienceque les activitĂ©s dans la nature jouent un rĂŽle central dans le dĂ©veloppementintĂ©gral des jeunes et, tout particuliĂšrement, dans leur dĂ©veloppementspirituel.
Les diffĂ©rents âlieuxâ de la nature, tels que vĂ©cus de façon historique etsymbolique par les diffĂ©rentes religions, sont autant dâoccasions de mettreles jeunes en contact avec une beautĂ© qui ne peut quâinspirer des sentimentsde paix, dâamour, dâĂ©merveillement. Nous avons soulignĂ© (voir encadrĂ© Ă la fin de la section 3) le rĂŽle symbolique que la montagne peut jouer commelieu de rencontre entre Dieu et lâhomme, mais on peut penser aussi Ă la meret au ciel, avec la sensation dâinfini, au dĂ©sert (lieu de solitude, de dĂ©-pouillement) et ainsi de suite.
Dans la mĂȘme ligne on peut penser aux diffĂ©rents types dâactivitĂ©s quioffrent aux jeunes la possibilitĂ© dâexplorer et de dĂ©couvrir les merveilles dela nature et de comprendre pourquoi il est nĂ©cessaire de protĂ©ger la viesauvage et lâenvironnement.
Depuis la crĂ©ation du Scoutisme, le souci dâamĂ©liorer la sociĂ©tĂ© est prĂ©sentdans la âbonne actionâ et dans lâesprit de service, et est inscrit dans laPromesse et dans la Loi. La mĂȘme aspiration originale est exprimĂ©e dansla Constitution mondiale en tant que principe ââŠLa participation au dĂ©ve-loppement de la sociĂ©tĂ©âŠâ. Dans les pays en dĂ©veloppement, des millionsde scouts sont engagĂ©s dans des activitĂ©s de dĂ©veloppement communau-taire visant Ă amĂ©liorer la qualitĂ© de vie de leurs communautĂ©s respectives:
4.7.3 La dimension ACCUEIL:La nĂ©cessitĂ© dâune relation
affectueuse et compréhensive
4.7.4 La dimensionEMERVEILLEMENT: Le contact
avec la nature
4.7.5 La dimension TRAVAIL:La nécessité de créer une société
plus juste et plus humaine âdans lâaction et plus
particuliĂšrement dans le service
Scoutisme et DĂ©veloppement Spirituel - Page 45
santĂ© et salubritĂ©, alphabĂ©tisation, habitat, eau, Ă©nergie et productionalimentaire ne sont que quelques exemples parmi tant dâautres. Dans lespays industrialisĂ©s, les besoins peuvent ĂȘtre diffĂ©rents mais lâengagementest tout aussi prĂ©sent, avec des activitĂ©s visant, entre autres, Ă aider lespersonnes ĂągĂ©es Ă sortir de leur isolement, aider les jeunes sans emploi,lutter contre la discrimination, le racisme et la xĂ©nophobie, aider lesgroupes dĂ©favorisĂ©s et marginalisĂ©s.
Ces activitĂ©s aident les jeunes Ă comprendre quâil est possible, par ledĂ©vouement et lâengagement, de crĂ©er une sociĂ©tĂ© plus humaine, plus tolĂ©-rante et plus accueillante. Comment douter que cet engagement contribueaussi, dans une large mesure, Ă leur dĂ©veloppement spirituel?
Finalement, Ă travers ces dimensions â et avec elles â la dimensionâcĂ©lĂ©brationâ. Encore une fois, les âmoments spirituelsâ ne doivent pas ĂȘtredissociĂ©s du reste des activitĂ©s mais profondĂ©ment intĂ©grĂ©s dans celles-ci.Ils devraient aider les jeunes Ă penser aux Ă©vĂ©nements quâils ont vĂ©cus etĂ comprendre la valeur de ces expĂ©riences, Ă les rassembler et Ă leur trouverun sens.
Il pourrait sâagir tout simplement dâun chant ou dâune phrase Ă lâissue dâuneffort exigeant, par exemple gravir une colline, construire une tour ougagner une course!
Il existe bien entendu des instants plus structurĂ©s, que lâon appelle tradi-tionnellement âScouts Ownâ (âCĂ©lĂ©brations scoutesâ). Pourquoi ne paschoisir lâune des pensĂ©es favorites de B-P, comme âDieu nous a mis dansce monde merveilleux pour que nous lâapprĂ©ciionsâ ou âce qui rend unepersonne vraiment heureuse, câest de pouvoir rendre dâautres personnesheureusesâ. De tels moments offrent des perspectives infinies: silence, mĂ©-ditation, expression (dessin, chant, thĂ©Ăątre, poĂ©sie). A propos de la priĂšreet du culte, ââŠbeaucoup de jeunes dâaujourdâhui trouvent difficile de prier,et pourtant les meilleures priĂšres viennent dâeuxâ.203 Rappelons-nous B-Pqui disait que âprierâ nâest pas nĂ©cessairement la mĂȘme chose que ârĂ©citerdes priĂšresâ et que les meilleures priĂšres sont celles que lâon invente soi-mĂȘme. âLes priĂšres doivent venir du cĆur et non pas ĂȘtre rĂ©citĂ©es parcĆurâ.204
âą Le dĂ©veloppement spirituel fait partie intĂ©grante des principes fonda-mentaux du Scoutisme; aussi nâexiste-t-il pas de vĂ©ritable Scoutismesans dĂ©veloppement spirituel.
âą Dans le couple âreligionâspiritualitĂ©â, le Scoutisme se concentre sur laspiritualitĂ©. Il favorise chez les jeunes une ouverture Ă la Transcendance,la dĂ©couverte dâune RĂ©alitĂ© Spirituelle qui dĂ©passe lâhomme. Par-lĂ mĂȘme:â il permet aux jeunes de comprendre la âsubstanceâ de la religion;
â il constitue la fondation ââŠsur laquelle les branches de lâĂ©ducationreligieuse traditionnelle peuvent se dĂ©velopperâŠâ.205
âą Le Scoutisme nâest pas une sorte de syncrĂ©tisme religieux, oĂč toutesles religions se retrouveraient pĂȘle-mĂȘle, avec un petit zeste de
4.7.6 La dimensionCELEBRATION: Silence,
méditation ou priÚre (le contactavec la Transcendance)
4.7.7 Conclusions
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chacune! Bien au contraire, câest tout Ă fait clair dans la Constitutionmondiale, il aide, motive et encourage les fidĂšles de chaque religionĂ ĂȘtre de âvrais catholiquesâ, de âvrais musulmansâ, de âvraisbouddhistesâ, et ainsi de suite.
âą âDans le domaine du dĂ©veloppement spirituel, le rĂŽle de lâanimateurscout nâest pas de faire un quelconque enseignement religieux ou deplaquer une pratique religieuse sur les activitĂ©s scoutes mais dâutiliserlâexpĂ©rience mĂȘme que le Scoutisme propose pour aider les jeunes Ă dĂ©couvrir et approfondir une rĂ©alitĂ© spirituelle dans leur vieâ.206
âą Le dĂ©veloppement spirituel (de mĂȘme que le âdevoir envers autruiâ oule âdevoir envers soi-mĂȘmeâ) nâest pas une activitĂ© en tant que telle,isolĂ©e des autres. Il est âintrinsĂšqueâ, il imprĂšgne le programme scoutet ses activitĂ©s dans les diffĂ©rentes branches. Câest la raison pourlaquelle il ne devrait pas ĂȘtre systĂ©matiquement laissĂ© Ă âlâexpertâ(aumĂŽnier, imam, gourou, etc.) mais devrait faire partie des devoirs dechaque responsable scout.
âą De par sa mĂ©thode pĂ©dagogique trĂšs active (lâĂ©ducation par lâaction),le Scoutisme Ă©vite dans toute la mesure du possible lâinstructiondogmatique ou les mĂ©thodes dâenseignement scolastiques.
âą Une remarque sâimpose ici, issue de la dĂ©finition du Scoutisme en tantque ââŠsystĂšme dâauto-Ă©ducation progressiveâ. Les jeunes ne viventpas dans un monde idĂ©al, mais dans un monde rĂ©el, plein dâim-perfections, de dangers et de tentations. Ils nâont pas promis dâĂȘtreâparfaitsâ mais de âfaire de leur mieuxâ. Aussi,ââŠne faisons pas commesi les fruits de lâĂ©ducation Ă©taient dĂ©jĂ lĂ , avant mĂȘme que le processusdâĂ©ducation nâait vraiment commencĂ©. En dâautres termes et enprenant lâexemple du dĂ©veloppement spirituel, nous ne devons pasnous attendre Ă ce que les scouts soient dĂ©jĂ des fidĂšles exemplairesde la religion Ă laquelle ils appartiennent. Nous devons accepter quâilsfassent simplement de leur mieux pour la comprendre et dĂ©velopperleur spiritualitĂ© sur le plan personnel et en tant que membres dâunecommunautĂ© religieuseâ.207
âą Enfin, dans le Scoutisme, la dimension spirituelle doit rassembler lesgens et non pas les diviser. Une vĂ©ritable activitĂ© scoute (et il en va demĂȘme dâune vĂ©ritable activitĂ© religieuse) devrait engendrer ou renfor-cer un sentiment de tolĂ©rance, de respect et de comprĂ©hension Ă lâĂ©gard de la foi des autres.
* * *
Le lecteur comprendra certainement que sur un sujet aussi vaste etcomplexe il est impossible, dans une publication comme celle-ci, dâaller au-delĂ dâun certain degrĂ© de gĂ©nĂ©ralisation. Il se peut trĂšs bien que telle outelle affirmation ne cadre pas exactement avec la philosophie et la pratiquedâune association scoute. Il se peut Ă©galement que le lecteur trouve que, surtel point prĂ©cis, nous nâallions pas assez loin et que, sur tel autre point, nousnous avancions un peu trop!
Nous prions nos lecteurs, associations et lecteurs individuels, de comprendrequâil sâagit ici de donner un cadre gĂ©nĂ©ral, de fournir des points de repĂšreet rien de plus! Les adaptations Ă chaque cas concret doivent se faire, pardonpour la rĂ©pĂ©tition, au cas par cas!
Scoutisme et DĂ©veloppement Spirituel - Page 47
LE ROLE DES RELIGIONS ET DES FAMILLES SPIRITUELLES
Le Scoutisme vise le dĂ©veloppement intĂ©gral des jeunes, y compris ledĂ©veloppement spirituel. Quoi de plus normal que de coopĂ©rer avecles grandes religions/spiritualitĂ©s de notre temps qui visent un objectifqui va dans la mĂȘme direction? Et ceci dâautant plus que le ScoutismereconnaĂźt clairement le rĂŽle de ces grandes religions dans le domainespirituel, et aussi dans beaucoup dâautres.
âą La dimension transcendante. Les religions servent dâabord Ă fournir une dimension verticale, transcendante, qui rappelleĂ lâhomme quâil nâest pas un absolu, quâil nâest pas le centre de lui-mĂȘme, le centre du monde.208 Rappel particuliĂšrement nĂ©cessaireĂ la fin de 20e siĂšcle, qui a vu les absolutismes totalitaires les plushorribles de lâhistoire!
Une religion est la prĂ©sence de Dieu dans lâaujourdâhui deshommes, un Dieu qui a choisi de nous rencontrer, qui est entrĂ©dans notre histoire, certes avec une conception diffĂ©rente danschacune des religions.
Mais une religion nâest pas seulement un corps de doctrine, ellese dĂ©ploie dans plusieurs dimensions.
Les religions sont lâexpression dâune promesse de salut face Ă un monde dĂ©boussolĂ©, parfois dĂ©sespĂ©rĂ©. Elles parlent dâun journouveau oĂč se manifestera la tendresse de Dieu, de la plĂ©nitudede temps, du âparadisâ conçu sous mille couleurs diffĂ©rentes, etde cette façon nous invitent Ă nous dĂ©tacher du rĂšgne de la purematĂ©rialitĂ©, de la contingence, du quotidien, si souvent vĂ©cu dâunefaçon pĂ©nible par beaucoup dâhommes. Les religions font que leshommes sâĂ©veillent Ă lâespĂ©rance!
âą Fournir une dimension Ă©thique, domaine oĂč elles ont la forcede poser les grandes questions, par exemple pour contrĂŽler lascience. Tout ce qui est possible du point de vue scientifique, est-il acceptable du point de vue moral?
Cette influence éthique se manifeste aussi dans la préoccupationpour la justice:
âDĂ©jĂ dans la tradition juive, une annĂ©e jubilaire revenait tous lescinquante ans; temps consacrĂ© dâune maniĂšre particuliĂšre Ă Dieu,cette annĂ©e jubilaire voyait le repos de la terre, la libĂ©ration desesclaves, la remise de la detteâ.209
Qui, si ce nâest les religions et les Eglises, fera aujourdâhui unecritique morale du libĂ©ralisme triomphant? Qui dira clairement,contre le message proclamĂ© par les Ă©conomistes nĂ©olibĂ©raux, quele travail nâest pas un fardeau mais une richesse pour la sociĂ©tĂ©?Qui dira que le fait que plus de 35.000 enfants meurent chaquejour dans le monde de malnutrition et de maladies guĂ©rissables,est un scandale et doit ĂȘtre perçu comme un Ă©chec collectif pourlâhumanitĂ©? Qui apprendra aux enfants que des valeurs telles quelâamour et la compassion permettent de vivre plus Ă©panoui quela rĂ©ussite et la productivitĂ©?
âą La dimension esthĂ©tique. Chaque religion apporte au monde saâcouleur poĂ©tique propreâ, ses symboles, ses rythmes. Câest
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particuliĂšrement important dans un monde de plus en plus dominĂ©par la technique et dont la couleur prĂ©dominante est celle delâargent!
Ainsi, les religions nous font prier, chanter, dĂ©filer en procession;il y a toute une dimension artistique et poĂ©tique dans la louange,incarnĂ©e dans une multitude de symboles! Tout ce symbolismeatteint parfois son point culminant dans les pĂšlerinages; considĂ©rĂ©spar (presque) toutes les religions comme un symbole de che-minement spirituel, ils ont aussi une dimension de religiositĂ©populaire. âLâattrait pour les reprĂ©sentations sensibles â images,apparitions, reliques, tombeaux, statues â [est souvent liĂ©] Ă ungoĂ»t certain pour le miraculeuxâ.210 Ce faisant, elles ouvrent notrecĆur Ă lâĂ©merveillement.
âą La dimension environnementale. Toutes les grandes religionsaffirment que le monde est aimĂ© de Dieu. La plupart insistentĂ©galement sur le fait que les ĂȘtres humains sont les gardiens et nonpas les propriĂ©taires de la crĂ©ation. Pour un vĂ©ritable scout, larelation entre les trois principes fondamentaux (Devoir enversDieu, envers autrui et envers soi-mĂȘme) apparaĂźt trĂšs clairementdans ce domaine: rĂ©vĂ©rence envers Dieu, liĂ©e Ă la reconnaissancede la dignitĂ© de chaque ĂȘtre humain et de lâintĂ©gritĂ© du mondenaturel, ainsi quâĂ une action responsable visant Ă sâamĂ©liorer soi-mĂȘme et amĂ©liorer la sociĂ©tĂ© dans laquelle nous vivons et laplanĂšte que nous partageons.
âą Les religions (et les religieux) sont aussi tĂ©moins de lâamour deDieu: sâoccuper des dĂ©favorisĂ©s dans notre sociĂ©té⊠En mĂȘmetemps, elles appellent les hommes Ă mettre en pratique dans lemonde la force de lâamour qui nous vient de Dieu.
Les religions invitent les hommes à lutter contre le mal, à se mettreau service du frÚre écrasé par le malheur, à soulager la souffrancehumaine, à apporter des paroles de paix et de réconfort à leursfrÚres.
âą Les religions suscitent des actes de libertĂ©. En choisissant unereligion, lâhomme cherche, dâune façon consciente ou inconsciente,un libĂ©rateur Ă qui il peut se confier, peut-ĂȘtre un roi puissant quile dĂ©livre de ses misĂšres, peut-ĂȘtre aussi un maĂźtre de sagesse quilâinitie aux voies inconnues, qui lâouvre Ă lui-mĂȘme, qui lui rĂ©vĂšleles secrets de lâUnivers, etc. Mais la vraie adhĂ©sion Ă cet homme,Ă cette voie, Ă cette sagesse, Ă cette croyance, ne peut ĂȘtre quâunacte de libertĂ© (ne devrait ĂȘtre quâun acte de libertĂ©!).211 Ainsi,Dieu veut se faire reconnaĂźtre par lâhomme non pas en sâimposantpar la force mais en lui laissant accueillir le don quâil lui offre.212
En somme, en sâadressant au cĆur de lâhomme, chaque religioncrĂ©e en lui une tension, un dĂ©sir qui le tire vers lâavant et qui luifait considĂ©rer le monde, câest-Ă -dire les rĂ©alitĂ©s matĂ©rielles, avecune lumiĂšre nouvelle.
En conclusion, mis Ă part le cĂŽtĂ© âreligieuxâ proprement dit, câest-Ă -direla communion avec la divinitĂ©, les religions (toutes religions confondues!)apportent au monde un trĂ©sor culturel dâune valeur inestimable.
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AprĂšs avoir examinĂ© la dimension religieuse/spirituelle dans la pensĂ©e deB-P (section 3) et les consĂ©quences pĂ©dagogiques et juridiques qui en dĂ©-coulent (section 4), nous allons nous pencher dans cette section surquelques aspects institutionnels. Dans le Scoutisme, tout ce qui concernelâorganisation dĂ©coule de la pĂ©dagogie et pas lâinverse. Il ne faut donc passâĂ©tonner que ces questions institutionnelles viennent si tard dans cedocument.
De par son origine historique dans plusieurs pays, au sein de lâOMMS laquestion de la structure des associations est souvent liĂ©e Ă la questionreligieuse. Pour cette raison, un Ă©clairage historique peut ĂȘtre utile pourbien comprendre la situation.
A lâorigine, lâOMMS a pris un certain temps pour dĂ©couvrir et dĂ©cider quâildevait y avoir une seule organisation par pays, soit une entitĂ© unique, soitune entitĂ© regroupant un certain nombre de composants. La prĂ©fĂ©rencepour lâentitĂ© unique a Ă©tĂ© dâemblĂ©e clairement marquĂ©e. Ainsi, la RĂ©solution12 de 1922 stipule: âLa ConfĂ©rence a dĂ©cidĂ© que chaque fois que ce serapossible et pour le plus grand intĂ©rĂȘt des garçons de chaque nation, onsâefforcera de fusionner ensemble les multiples associations scoutes despays oĂč il en existe plusieurs, et si câest impraticable, que les diversesassociations intĂ©ressĂ©es sâentendront entre elles pour la dĂ©signation dâunCommissaire international commun chargĂ© des relations avec le Bureauinternationalâ.213
Longtemps, la ConfĂ©rence mondiale nâa adoptĂ© aucune rĂ©solution sur lesstructures nationales. La ConfĂ©rence Mondiale du Scoutisme est revenue surcette question en 1969, Ă lâoccasion dâun document prĂ©sentĂ© par ladĂ©lĂ©gation britannique, intitulĂ© âLâUnitĂ© du Mouvement Scout Mondialâ. LaRĂ©solution 4 de 1969 rĂ©affirme que ââŠlâunitĂ© du Mouvement scout mondialdans la fraternitĂ©, dans sa structure et dans son action est de la plus hauteimportance dans ses efforts en vue de servir les garçons du monde moderneet dâapporter le scoutisme Ă tous les garçons qui dĂ©sirent y participerâ etâelle charge le ComitĂ© mondial de sâassurer que tout nouveau pays dĂ©sirantdevenir membre de la ConfĂ©rence soit encouragĂ© et aidĂ© sâil le faut Ă Ă©tablirune seule Organisation nationale unie et ouverte Ă tous les garçonsâ.214
Toutefois, malgrĂ© lâencouragement Ă crĂ©er des associations uniques, laConfĂ©rence Mondiale du Scoutisme, dans la rĂ©vision gĂ©nĂ©rale de laConstitution adoptĂ©e en 1973 (ConfĂ©rence Mondiale du Scoutisme tenue Ă Nairobi, Kenya), a continuĂ© Ă reconnaĂźtre les fĂ©dĂ©rations comme une optionjuridiquement valable au sein de lâOMMS.
Ainsi, lâarticle V paragraphe 2, tout en confirmant le principe selon lequelâune seule Organisation Scoute Nationale par pays peut ĂȘtre reconnue enqualitĂ© de membre de lâOMMSâ, reconnaĂźt que: âUne Organisation ScouteNationale peut comprendre plusieurs associations scoutes formant unefĂ©dĂ©ration fondĂ©e sur le but scout communâ et Ă©tablit les conditions re-quises pour devenir membre, sur lesquelles nous reviendrons ci-aprĂšs.
Les avantages et les inconvĂ©nients de lâexistence dâune association uniqueou dâune fĂ©dĂ©ration dans chaque pays ont Ă©tĂ© lâobjet de nombreux dĂ©batsdepuis le dĂ©but du Mouvement. Ce document nâest pas lâendroit appropriĂ©
5. QUELQUES ASPECTSINSTITUTIONNELS
5.1 LA QUESTION RELIGIEUSE/SPIRITUELLE DANS LES
DIFFERENTS TYPESDâASSOCIATIONS
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pour les aborder in extenso, moins encore pour faire Ă©tat des controversesĂ ce sujet.
Il y a cependant une rĂ©flexion nĂ©cessaire par rapport au but central de cedocument: la dimension spirituelle dans le Scoutisme. Comme dansnâimporte quel autre aspect de la vie associative, les Ă©lĂ©ments dâordrejuridique, thĂ©orique ou idĂ©ologique se trouvent Ă©troitement imbriquĂ©s avecdes considĂ©rations dâordre pratique et tout ceci se passe dans un contextesocio-culturel donnĂ©.
Il faut donc intĂ©grer Ă notre rĂ©flexion une question de nature sociologiquequi nous paraĂźt essentielle relative aux avantages et inconvĂ©nients, dâunepart, de la formule dâassociation unique et, dâautre part, de la formule desfĂ©dĂ©rations par rapport Ă la dimension religieuse et spirituelle dans leScoutisme.
Dâun cĂŽtĂ©, il faut se demander: la formule dââassociation uniqueâ, tout enoffrant un cadre mieux adaptĂ© au pluralisme du monde actuel et mieux Ă mĂȘme dâencourager le dialogue, est-elle bien Ă©quipĂ©e (du point de vue delâorganisation et des compĂ©tences pĂ©dagogiques) pour transmettre lemessage spirituel correspondant aux diffĂ©rentes traditions religieuses exis-tantes dans le pays et pour rĂ©pondre ainsi aux besoins de dĂ©veloppementspirituel de ses membres? Offre-t-elle un cadre institutionnel suffisant pourpermettre lâappropriation et le dĂ©veloppement dâune foi personnelle reliĂ©eĂ la tradition spirituelle de chacun de ses membres?
De lâautre cĂŽtĂ©, la formule de âfĂ©dĂ©rationâ a certainement des avantages carelle facilite la transmission du message religieux confessionnel correspondantĂ chaque tradition religieuse. Mais est-elle adaptĂ©e Ă un monde de plus enplus âmondialisĂ©â, ouvert, interdisciplinaire, avec des flux migratoiresconstants et des changements importants dans la composition dĂ©mographiquede nombreux pays? Nâa-t-elle pas tendance Ă âfigerâ les positions plutĂŽt quâĂ encourager le dialogue avec les autres et le travail ensemble? Est-elle lamieux Ă mĂȘme dâaider les jeunes Ă dĂ©couvrir et apprĂ©cier la richesse destraditions religieuses autres que la sienne? Surtout: ne freine-t-elle pas ledĂ©veloppement dâun Scoutisme national uni, allant ensemble dans la mĂȘmedirection dans lâaccomplissement de sa mission Ă©ducative?
En 1991, immĂ©diatement aprĂšs la chute du mur de Berlin et la dĂ©sintĂ©grationdu bloc soviĂ©tique, le ComitĂ© Mondial du Scoutisme a dĂ» examiner dansune pĂ©riode de temps relativement courte les demandes de reconnaissanceen provenance dâune vingtaine dâassociations scoutes rĂ©cemment formĂ©es,en provenance de pays qui avaient Ă©tĂ© dominĂ©s par des rĂ©gimes communistes.A ce moment-lĂ , le ComitĂ© mondial a crĂ» de son devoir â aussi bien poursauvegarder lâunitĂ© et lâintĂ©gritĂ© de lâOMMS et de ses organisations membresque pour ĂȘtre loyal vis-Ă -vis des associations demanderesses potentielles âdâĂ©noncer ses plus vives rĂ©serves concernant les fĂ©dĂ©rations. Ce faisant, saprĂ©occupation principale nâĂ©tait pas la dimension spirituelle mais bien laprioritĂ© quâil fallait accorder Ă lâunitĂ© du Scoutisme dans les ânouveauxpaysâ. En effet, comme chaque fois que le Scoutisme est nĂ© dans un pays,des tendances diverses se manifestent trĂšs rapidement qui relĂšvent plutĂŽtde la lutte pour le pouvoir que des diffĂ©rences pĂ©dagogiques rĂ©elles nuisantainsi Ă lâunitĂ© du mouvement. En fait les diffĂ©rences pĂ©dagogiques oumĂ©thodologiques ne justifient en rien de tels conflits et encore moins desstructures fĂ©dĂ©ratives.
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Ainsi donc, dans un bref document intitulĂ© âPosition du ComitĂ© Mondial duScoutisme Ă propos des FĂ©dĂ©rationsâ, aprĂšs avoir rappelĂ© les dispositionsde lâarticle V, paragraphe 2 de la Constitution de lâOMMS et les prĂ©cĂ©dentshistoriques existants, le ComitĂ© mondial dĂ©clare:
â2. Dans la pratique et depuis la crĂ©ation de lâOrganisation mondiale, lamajoritĂ© des Organisations Membres ne comprennent quâune seule associa-tion. Les fĂ©dĂ©rations nâont Ă©tĂ© acceptĂ©es que sur la base de considĂ©rationsculturelles, et notamment religieuses, suffisamment importantes pour justi-fier pleinement lâexistence dâassociations distinctes au sein dâune Organisationnationale.
3. Dans lâinterprĂ©tation de la responsabilitĂ© qui lui incombe en vertu delâarticle VI, le ComitĂ© mondial confirme que lors de lâĂ©tude dâune demandedâadhĂ©sion Ă©manant dâune fĂ©dĂ©ration, seules les caractĂ©ristiques culturellesoriginelles ayant justifiĂ© que lâon sâĂ©carte de la rĂšgle commune dâuneassociation regroupant en son sein tout le scoutisme dâun pays seront prisesen compte.â
et continue: â4. Le ComitĂ© mondial accorde une extrĂȘme importance Ă lâunitĂ© du Mouvement et met en garde contre toute partition, Ă quelqueniveau que ce soit, qui ne serait pas justifiĂ©e pour des raisons dâune extrĂȘmeimportanceâ.215
En adoptant cette formulation, le ComitĂ© mondial nâa (Ă©videmment) pasremis en cause le principe de non-rĂ©troactivitĂ©, ce qui implique que les fĂ©-dĂ©rations existant Ă lâheure actuelle ne sont nullement remises en question.
Le Scoutisme a pour but lâĂ©ducation intĂ©grale des jeunes Ă travers unemĂ©thode pĂ©dagogique qui lui est propre.
Nous avons examinĂ© en dĂ©tail dans les sections 3 et 4 de ce documentlâimportance de la dimension spirituelle dans le Scoutisme et nous avonssoulignĂ© jusquâĂ quel point le âDevoir envers Dieuâ, selon la formulationmĂȘme de B-P, Ă©tait dĂ©jĂ prĂ©sent dans la promesse originelle. Nous avonsaussi constatĂ© que, loin de sâaffaiblir, cette importance a Ă©tĂ© soulignĂ©e Ă maintes reprises par les ConfĂ©rences Scoutes Mondiales. Nous avons aussiinsistĂ© sur la formule employĂ©e par le Chapitre I, article II, paragraphe 1 dela Constitution de lâOMMS pour dĂ©finir le âDevoir envers Dieuâ et qui estcomposĂ© de trois Ă©lĂ©ments clairement dĂ©finis:
âą âLâadhĂ©sion Ă des principes spirituels,âą la fidĂ©litĂ© Ă la religion qui les exprime etâą lâacceptation des devoirs qui en dĂ©coulentâ.
Nous devons maintenant nous pencher sur trois Ă©lĂ©ments Ă©troitement liĂ©sĂ la nature Ă©ducative du Mouvement: son caractĂšre complĂ©mentaire, lâunitĂ©et lâindĂ©pendance du Mouvement.
5.2 QUELQUES ELEMENTS LIESA LA NATURE DU MOUVEMENT
SCOUT EN TANT QUEMOUVEMENT DâEDUCATION
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Il faut souligner que le Scoutisme ââŠjoue un rĂŽle complĂ©mentaire Ă celuidâautres agents dâĂ©ducation dans le dĂ©veloppement personnel dâun individuâŠLe Scoutisme nâest pas, comme lâĂ©cole, un agent dâĂ©ducation formelle, ilnâest pas non plus, comme la famille, les amis⊠un agent dâĂ©ducationinformelle. Il a un rĂŽle particulier Ă jouer et ne doit ni reproduire ce qui sepasse Ă lâĂ©cole, Ă la maison ou dans le cadre de nâimporte quelle autreinstitution exerçant une influence sur le dĂ©veloppement personnel dâunjeune, ni se substituer Ă eux. Le chef scout remplit une fonction originale:il nâest ni un enseignant, ni un parent, ni un officier, ni un prĂȘtreâ.216
Pour jouer Ă fond ce rĂŽle de complĂ©mentaritĂ© le Scoutisme collabore avecla famille, lâĂ©cole, les Etats, les Eglises et communautĂ©s spirituelles, mais ilne dĂ©pend dâaucun de ces organismes. Il a un statut spĂ©cifique dâagentdâĂ©ducation non-formelle, qui fait une proposition Ă©ducative originale etutilise une mĂ©thode unique.
Ainsi donc, il est tout Ă fait normal que, dans lâintĂ©rĂȘt de lâĂ©ducation intĂ©graledes jeunes et dans le respect de lâindĂ©pendance respective, le Scoutismecollabore ici et lĂ , tant sur le plan mondial que rĂ©gional et national, avectelle ou telle organisation sociale â y compris notamment avec les diffĂ©-rentes familles spirituelles â et entretienne avec beaucoup dâautres desrelations de dialogue et dâestime rĂ©ciproque. Il va de soi que lâOMMS ahĂ©ritĂ© des situations historiques qui ne sont pas un exemple Ă suivre dansce domaine. Câest lĂ oĂč elle exerce ses pouvoirs dans les domaines juridiqueet pĂ©dagogique pour faire Ă©voluer ces situations dans un sens positif.
Avec ce qui vient dâĂȘtre dit, on comprendra mieux le rĂŽle que le Scoutismejoue au niveau mondial par rapport au domaine religieux/spirituel.
Au niveau mondial:
âą LâOMMS considĂšre que sa tĂąche principale dans le domaine spirituelest dâaider les Associations scoutes nationales Ă renforcer cettedimension dans le programme scout comme partie de lâĂ©ducationintĂ©grale des jeunes.
Cela se fait notamment Ă travers des outils pĂ©dagogiques. Un excellentexemple est celui de la publication du dossier âDieu, es-tu encore lĂ -dedans?â, par le Scottish Council, The Scout Association, Royaume-Uni, appuyĂ© par la RĂ©gion EuropĂ©enne du Scoutisme. La traductionfrançaise de ce dossier (ainsi que la version anglaise) a Ă©tĂ© largementdiffusĂ©e en Europe, grĂące Ă lâappui financier du âFonds EuropĂ©en duScoutismeâ.
Cela se fait aussi par le truchement des conseils et de lâaide fournis auxAssociations scoutes nationales uniques pour leur permettre dâĂ©tablirune infrastructure susceptible dâappuyer la dimension religieuse/spirituelle (notamment par la crĂ©ation de âcommissions pastorales â).
âą LâOMMS encourage la coopĂ©ration avec des organisations susceptiblesde lâaider Ă enrichir le contenu de lâĂ©ducation spirituelle et Ă lâadapteraux besoins des membres du Mouvement. Câest notamment le cas dela CICS pour les catholiques, de DESMOS pour les orthodoxes, delâUISM pour les musulmans, de la âConfĂ©rence ChrĂ©tienne des Guideset des Scoutsâ pour les protestants.
5.2.1 RĂŽle complĂ©mentaire Ă celui dâautres agents
dâĂ©ducation
Scoutisme et DĂ©veloppement Spirituel - Page 53
âą LâOMMS encourage Ă©galement le dialogue interreligieux, carlâaffirmation, par toutes les religions dans le Scoutisme, de la dimensionspirituelle et religieuse face aux non-croyants a toujours Ă©tĂ© une desplus grandes forces du Scoutisme.
Le meilleur exemple des deux points mentionnĂ©s ci-dessus est la crĂ©ationdu âGroupe Interreligieux Internationalâ, dont lâune des tĂąches principalesconsiste Ă organiser les activitĂ©s religieuses aux Jamborees scouts mondiauxet aux Moots scouts mondiaux (voir Section 6.2).
Tels sont les grands axes de la politique de lâOMMS dans les domainesspirituels et religieux.
Le concept dâunitĂ© est consacrĂ© dans la Constitution Mondiale de lâOMMS(voir Article IV, paragraphe 2, alinĂ©a a), qui Ă©tablit que: âLâOrganisationmondiale a pour but de promouvoir le Mouvement scout partout dans lemonde: a) en favorisant lâunitĂ© et la comprĂ©hension de son but et de sesprincipesâŠâ.217
âLa notion de mouvement implique celle dâunitĂ©. Cette unitĂ© a pour originele but commun, le partage des mĂȘmes valeurs et lâadhĂ©sion Ă la mĂȘmemĂ©thode Ă©ducative. Câest cela qui crĂ©e entre les membres un sentimentdâappartenance et leur permet de sâidentifier au Mouvement...â.
ââŠLes instances mondiales ont le devoir de faire respecter ces Ă©lĂ©mentsfondamentaux par toutes les associations nationalesâŠâ.218
Cette caractĂ©ristique a une consĂ©quence importante pour les organisationsayant un statut consultatif auprĂšs de lâOMMS (voir section 5.3 ci-dessous).En aucun cas, elles ne doivent se considĂ©rer comme âun type particulier deScoutismeâ au sein du Mouvement Scout. En dâautres termes, il ne sauraity avoir un âScoutisme catholiqueâ, un âScoutisme orthodoxeâ, un âScoutismemusulmanâ et ainsi de suite. Il nâexiste quâun seul Mouvement qui est vĂ©cupar les diffĂ©rentes Ă©coles spirituelles conformĂ©ment Ă leurs sensibilitĂ©sparticuliĂšres. Ainsi, il conviendrait de parler dââorthodoxes dans le Scoutismeâ,ou de âScoutisme vĂ©cu par les catholiquesâ ou âpar les musulmansâ, ou deâscouts protestantsâ ou âscouts bouddhistesâ.
Câest dans ce sens que, par exemple, dans le nom âConfĂ©rence InternationaleCatholique du Scoutismeâ, le terme âCatholiqueâ est liĂ© aux mots âConfĂ©renceInternationaleâ et non pas au mot âScoutismeâ. De la mĂȘme façon, si onregarde le titre de lâUISM, âUnion Internationale des Scouts Musulmansâ, leterme âMusulmansâ est liĂ© aux âscoutsâ.
Cela dit, cette prioritĂ© donnĂ©e au but du Scoutisme ne saurait en riendiminuer la motivation qui mĂšne jeunes et adultes Ă sâengager dans unmouvement scout confessionnel plutĂŽt que dans une association ouverte,lorsque ce choix existe, ou dans un groupe rattachĂ© Ă telle ou telle Eglisedans une organisation scoute pluriconfessionnelle, pour autant que cetattachement ne mette en cause ni lâindĂ©pendance, ni lâobjectif du Scoutisme:le dĂ©veloppement intĂ©gral de la personnalitĂ© des jeunes.
5.2.2 LâunitĂ© du MouvementScout
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Le concept dâindĂ©pendance est consacrĂ© dans la Constitution Mondiale delâOMMS (voir article V, paragraphe 3. d) comme suit:
âConserver Ă lâOrganisation le caractĂšre dâun mouvement de probitĂ© etdâefficacitĂ©, librement consenti, indĂ©pendant et non politiqueâ.
Il faut bien comprendre que ce souci est directement lié à la mission duMouvement et à son identité spécifique:
âPour que le Scoutisme atteigne sont but Ă©ducatif, il faut que son identitĂ©soit prĂ©servĂ©e. Toute perte dâidentitĂ© â qui risque de se produire dĂšs quedes liens trop Ă©troits se tissent avec une autre institution ou une autreautoritĂ© â aura un effet nĂ©gatif sur le Mouvementâ.219
âLe Mouvement doit donc prĂ©server Ă tout prix son indĂ©pendance etdisposer Ă tout niveau dâune instance de dĂ©cision qui lui soit propreâ.220
âA tous les niveaux, le Mouvement se montrera donc extrĂȘmement vigilantdans le domaine de ses relations avec dâautres â organismes de parrainage,partenaires pour des actions spĂ©cifiques, organisations similaires, autoritĂ©sgouvernementales ou autres â afin que son identitĂ© spĂ©cifique et sonindĂ©pendance ne soient jamais compromises par de telles relations.
Par exemple:
âą CoopĂ©rer avec un autre organisme dâĂ©ducation de jeunes nâestpossible que dans la mesure oĂč cette coopĂ©ration ne remet pas encause lâindĂ©pendance du Mouvement et la contribution spĂ©cifiquequâil est en mesure dâapporter Ă lâĂ©ducation des jeunes.
âą Les liens du Mouvement avec une autoritĂ© religieuse ou civile nedevront jamais conduire au contrĂŽle du Mouvement par cette autoritĂ©ni donner lâimpression quâil lui est subordonnĂ©â.221
Encore une fois, une remarque sâimpose. Comme nous lâavons dĂ©jĂ vu(section 4.7.7), il ne sâagit pas de faire dans le Scoutisme, dans le cas desassociations uniques, une espĂšce de âsynthĂšse spirituelleâ qui rĂ©duirait lafoi de chacun au plus petit dĂ©nominateur commun. Un catholique reste uncatholique, un musulman reste un musulman et le Scoutisme leur demandedâapprofondir et dâenrichir leur foi, de la pratiquer et de la vivre en plĂ©nitudeet, en mĂȘme temps, de dĂ©velopper un sentiment de respect, de tolĂ©rance et decomprĂ©hension pour la foi des autres.
5.2.3 LâindĂ©pendance duMouvement Scout
Scoutisme et DĂ©veloppement Spirituel - Page 55
Lâarticle XIII, paragraphe 9, de la Constitution de lâOMMS stipule que lâunedes fonctions du ComitĂ© Mondial du Scoutisme est dââaccorder un statutconsultatif Ă telles organisations en mesure dâaider le Mouvement scoutâ.222
Le ComitĂ© mondial, lors de sa rĂ©union de septembre 1994, a rĂ©visĂ© lesdispositions relatives au statut consultatif et a dĂ©cidĂ© que âle statut consul-tatif une fois accordĂ©, son renouvellement sera reconsidĂ©rĂ© lors de lapremiĂšre rĂ©union du ComitĂ© Mondial du Scoutisme suivant chaqueConfĂ©rence Mondiale du Scoutismeâ.223
Lâoctroi du statut consultatif obĂ©it au principe selon lequel lâorganisation Ă laquelle il est accordĂ© devrait ĂȘtre en mesure âdâaider le Mouvement Scoutâ,ce qui, en termes plus concrets, signifie:
ââą renforcer la capacitĂ© de lâOMMS de remplir sa mission en lui apportantun soutien dans des domaines nâentrant pas dans le champ de sesfonctions normales;
âą permettre Ă lâOMMS dâavoir accĂšs Ă des informations spĂ©cialisĂ©es, Ă des conseils dâexperts ou Ă un soutien de toute nature, susceptibles defaciliter la tĂąche du Mouvement Scoutâ.224
En outre, pour se voir accorder le statut consultatif, une organisation doit:
ââą poursuivre des objectifs sâinscrivant dans la ligne de la Constitution delâOMMS et ne pas avoir un caractĂšre essentiellement commercial oulucratif;
⹠avoir une constitution ou autres textes statutaires, une adresse desiÚge, des instances dirigeantes démocratiquement élues et une auto-rité pour parler au nom de ses membres,
âą avoir un caractĂšre authentiquement international de par sa structureet son audience, couvrir un nombre important de pays dans lesdiffĂ©rentes parties du monde et reprĂ©senter une proportion significativedes associations concernĂ©es par son domaine dâactivitĂ©sâ.225
Actuellement, les organisations suivantes jouissent du statut consultatifaccordĂ© par le ComitĂ© mondial: la ConfĂ©rence Internationale Catholique duScoutisme (CICS), lâUnion Internationale des Scouts Musulmans (UISM), leLien International des Scouts Orthodoxes (DESMOS), lâAmitiĂ© InternationaleScoute et Guide (AISG) et lâUnion Parlementaire Mondiale du Scoutisme(UPMS). Elles entretiennent des relations mutuellement bĂ©nĂ©fiques aveclâOMMS.
5.3 STATUT CONSULTATIFAUPRES DE LâORGANISATIONMONDIALE DU MOUVEMENT
SCOUT
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Scoutisme et DĂ©veloppement Spirituel - Page 57
Ayant examinĂ© le passĂ© et le prĂ©sent, il faut maintenant nous tournervers lâavenir.
Il ne sâagit pas, dans cette section, de faire de la âgĂ©opolitique-fictionâmais de mentionner quelques grandes lignes que les spĂ©cialistesperçoivent comme porteuses dâavenir.
⹠Le phénomÚne migratoire favorise la rencontre
Câest un fait connu: la composition dĂ©mographique de nombreux paysdu ânordâ est en train de changer rapidement sous lâeffet des fluxmigratoires intenses et soutenus en provenance du âsudâ.
Un exemple concret: la prĂ©sence massive de jeunes maghrĂ©bins enEurope, qui peuvent, en mĂȘme temps, configurer de nouveauxrapprochements dans lâintelligence de la foi chrĂ©tienne et de la foimusulmane, et donner naissance Ă un mĂ©tissage culturel porteurdâavenir.
A ce sujet, certains voient dĂ©jĂ apparaĂźtre les premiers signes dâun islamâoccidentalisĂ©â, qui serait parfaitement capable de concilier le plus purde sa tradition religieuse avec les exigences du pluralisme.
On sait que ââŠhistoriquement parlant les discussions thĂ©ologiquesentre musulmans et non-musulmans remontent aux premiers siĂšcles delâIslamâ.226 Mais, au-delĂ des rencontres des spĂ©cialistes, il y a dessiĂšcles de mĂ©fiance Ă surmonter et des incomprĂ©hensions rĂ©ciproquesdâautant plus grandes que les sources dâinformation (dans les deux sens)sont incomplĂštes ou biaisĂ©es! Et câest lĂ oĂč la rencontre entre les jeunes,dans un esprit de fraternitĂ©, peut faire avancer le dialogue et lacomprĂ©hension mutuelles, dâautant plus que les symboles communsaux trois religions monothĂ©istes (voir ci-dessous 6.2 âLa Tente dâAbrahamâ)ne manquent pas!
âą La rencontre du bouddhisme et de lâOccident
Cette rencontre, vieille de plusieurs siĂšcles, est porteuse dâespoirsconsidĂ©rables. Pourquoi est-elle si riche en promesses? Parce que la fĂ©-condation rĂ©ciproque de la conception historique occidentale â qui estlinĂ©aire â et de la conception orientale â qui est cyclique/circulaire âne peut que fasciner les intellectuels, mais aussi parce que le bouddhismeââŠcomporte, en certaines de ses intuitions, une mise en question trĂšsradicale des dogmes chrĂ©tiensâ. En effet, les Ă©rudits estiment que ââŠlebouddhisme est, avec le taoĂŻsme, la religion la plus Ă©loignĂ©e duchristianismeâŠâ.227
Il y a trois autres facteurs qui rendent cette rencontre encore plus sai-sissante aujourdâhui. Tout dâabord, parce quâelle ne se passe pas Ă lamarge mais au cĆur de chacune des civilisations. En effet, ââŠlesbouddhistes en Occident sont Ă peu prĂšs aussi nombreux que leschrĂ©tiens en ExtrĂȘme-OrientâŠâ.228 Ensuite, parce que lâimplantation enOccident des communautĂ©s bouddhiques sâest accompagnĂ©e de lâadhĂ©-sion au bouddhisme dâun nombre croissant dâOccidentaux.229 Finalement,
6. CONCLUSIONS.QUELQUES LIGNES
DâHORIZON
6.1 DU POINT DE VUEGEOPOLITIQUE ET CULTUREL
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parce que le bouddhisme, ââŠavec ses enseignements contemplatifsinvitant Ă la sagesse existentielle et son aptitude Ă assimiler les courantsmodernes, est appelĂ© Ă lâavenir Ă faire de nombreux adeptes dans le mondecontemporainâ.230
Ainsi donc, la voie est grande ouverte pour lâexploration des ressemblanceset des diffĂ©rences: sur le âcaractĂšre largement superposable des deuxĂ©thiquesâŠâ, sur les droits de lâhomme, dans le domaine monastique, dansla comparaison des liturgies, symboles, rites, processus initiatiques, influencesspirituelles, le tout dĂ©bouchant sur ââŠune rĂ©flexion approfondie sur laconstitution de lâĂȘtre humain: âŠcorps, parole et esprit selon les bouddhistes,âŠcorps, Ăąme et esprit selon la trichotomie grecqueâŠâ.231
Nâest-ce pas une perspective fascinante?
⹠Les rapprochements entre les trois religions monothéistes peuvent faire du Proche-Orient un havre de paix.
Cette simple Ă©vocation peut paraĂźtre utopique ou mĂȘme dĂ©lirante Ă lâheureoĂč les affrontements se font encore plus durs que par le passĂ© rĂ©cent, Ă lâheure oĂč les deux parties se rejettent sans cesse les responsabilitĂ©s pourla faillite du dialogue et, par consĂ©quent, ce sont les armes et pas leshommes qui parlent! Mais nâest-ce pas le trait caractĂ©ristique des religionsdâentretenir lâespĂ©rance et lâutopie, de se dĂ©gager de la condition prĂ©senteâ aussi dure soit-elle â pour envisager un horizon lointain oĂč le monde seraautre parce que les hommes seront autres?
Pour que cela puisse arriver, il faut poser des gestes concrets qui soient enmĂȘme temps symboliques et prophĂ©tiques. En voilĂ un: le village âOasis depaixâ (Neve Shalom en hĂ©breu et Wahat-as-Salam en arabe), fondĂ© en 1979en IsraĂ«l par un prĂȘtre dominicain et un groupe de pionniers, aussi âfousâet enthousiastes que lui. Dans lâĂ©cole du village, une authentique Ă©cole depaix oĂč enfants juifs, chrĂ©tiens et palestiniens se cĂŽtoient, une seule rĂšgle:âle respect est un droit et un devoir pour tousâ Ă©crite sur les murs dans lescouleurs de lâarc-en-ciel. Il va sans dire quâaussi bien le village que lâĂ©colene sont pas des endroits aseptisĂ©s, que les tensions du monde environnantpĂ©nĂštrent Ă chaque instant et que les problĂšmes dâidentitĂ© se posent parfoisde façon aiguĂ«. Mais lâessentiel câest que lâexpĂ©rience existe et rayonne:lâĂ©cole a dĂ©jĂ organisĂ© des sĂ©minaires de rĂ©flexion sur le rĂŽle des valeursspirituelles et Ă©thiques dans lâĂ©ducation Ă la paix et souhaite crĂ©er un CentreSpirituel Pluralisteâ.232
A lâoccasion du voyage du Pape en Terre sainte, en mars 2000, le mondeentier a vu Ă travers la tĂ©lĂ©vision le Pape sâavancer pĂ©niblement vers le Murdes Lamentations et y dĂ©poser un document Ă©crit de demande de pardon.Sâil est important de regretter les fautes et les manquements passĂ©s, lâessen-tiel câest de contribuer⊠à un changement des mentalitĂ©s pour quâune telletragĂ©die ne puisse jamais se reproduireâ.233 Ce changement a commencĂ©,il importe de le conforter et de le poursuivre afin quâil porte ses fruits.
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âą Le chemin de lâĆcumĂ©nisme entre catholiques, protestants et orthodoxes est unlong chemin mais trĂšs prometteur
A lâoccasion du Grand JubilĂ© de lâan 2000, qui incite Ă entreprendre desdĂ©marches concrĂštes de conversion, le Pape Jean-Paul II a demandĂ©, aunom de lâEglise Catholique, le pardon pour:
âles pĂ©chĂ©s contre lâunitĂ© lors du schisme du 11e siĂšcle et lors de la RĂ©formeprotestante au 16e siĂšcle, les mĂ©thodes dâintolĂ©rance et de persĂ©cutionpratiquĂ©es par lâEglise, notamment par lâInquisition (contre les Cathares,contre GalilĂ©eâŠ).234
Le Conseil OecumĂ©nique des Eglises a Ă©tĂ© crĂ©Ă© en 1948 Ă Amsterdam etregroupe toutes les grandes Eglises issues de la RĂ©forme, auquel se joignentles Eglises orthodoxes en 1961. Il reprĂ©sente environ 300 Eglises dâune cen-taine de pays, avec quelque 450 millions de chrĂ©tiens.
Du cĂŽtĂ© de lâEglise Catholique, le Vatican a crĂ©Ă© en 1960 un SecrĂ©tariat pourpromouvoir lâunitĂ© des chrĂ©tiens, Ă©rigĂ© en 1967 en âConseil Pontifical pourla promotion de lâUnitĂ© des ChrĂ©tiensâ. On sait aussi que le dialogue existeavec les Eglises Orthodoxes, avec les anciennes Eglises Orientales, avec laCommunion Anglicane et ainsi de suite.
Cette volontĂ© de dialogue sâest matĂ©rialisĂ©e par des initiatives diverses etmultiformes Ă diffĂ©rents niveaux.235
Enfin, les tendances de la sociĂ©tĂ© en gĂ©nĂ©ral aident ce mouvement. Commele constate un spĂ©cialiste de la question âAprĂšs des siĂšcles de ruptures etdâĂ©clatements âŠlâĂ©volution de la sociĂ©tĂ© amĂšne les Eglises Ă rechercher uneĂ©mulation sans concurrence, une coopĂ©ration sans anathĂšmesâ.236
âą Le dialogue et la rencontre interreligieux
Les Nations Unies ayant proclamĂ© 1986 âAnnĂ©e Internationale de la Paixâ,le Pape Jean-Paul II a invitĂ© 150 chefs religieux Ă une journĂ©e de jeĂ»ne, depriĂšre et de pĂšlerinage pour la paix. Le 27 octobre 1986, les dĂ©lĂ©guĂ©s dedouze religions: ââŠbouddhistes, shintoĂŻstes, hindous, sikhs, zoroastriens,jaĂŻns, bahaĂŻs, musulmans, juifs, amĂ©rindiens, animistes dâAfrique et chrĂ©tiensde diverses Eglises se rencontrent Ă Assise⊠Chaque religion garde sonautonomie et sa spĂ©cificitĂ© dans la priĂšre pour la paixâ.237 âDes rameauxdâolivier sont remis aux participantsâŠet la cĂ©rĂ©monie se termine par lâenvoldes colombes de la paixâ.238
MĂȘme sâil ne sâagissait pas dâun dialogue interreligieux Ă proprement parler,il est important de souligner le formidable tĂ©moignage que cela constitueaux yeux du monde entier. Et il reste Ă souhaiter que cet âesprit dâAssiseâtrouve son prolongement dans des initiatives nombreuses ici et lĂ afin queles rapports entre les croyants de toutes les religions soient carac-tĂ©risĂ©s parla tolĂ©rance, la comprĂ©hension et la coopĂ©ration.
* * *
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Sans aucune prĂ©tention Ă lâexhaustivitĂ©, nous avons prĂ©sentĂ© ici quelques-unes des voies qui prĂ©parent (et peut-ĂȘtre prĂ©figurent) le futur. Il seraithasardeux de se lancer dans des prĂ©dictions trop concrĂštes qui seraient parla suite dĂ©menties par les faits. Mais lâessentiel câest de montrer une tendan-ce, une indication de direction. Peut-ĂȘtre Ă lâavenir, croyants et non-croyants sincĂšres â des gens aux convictions affirmĂ©es mais Ă lâesprittolĂ©rant et ouvert â auront Ă montrer au monde la force de leurs tĂ©moi-gnages respectifs, face Ă une indiffĂ©rence religieuse rĂ©pandue, Ă un matĂ©-rialisme envahissant qui se manifeste Ă travers lâhĂ©donisme, lâutilitarisme,lâĂ©goĂŻsme, la soif de consommer et lâambition de possĂ©der!
Les mystiques de toutes les religions ont cherchĂ©, peu ou prou, desmaniĂšres de sâassimiler Ă Dieu et de lui ressembler: dans le don, dans ledĂ©pouillement, dans la vie quotidienne qui devient une priĂšre⊠peut-ĂȘtreauront-ils Ă jouer un rĂŽle important pour montrer la voie Ă un mondedĂ©boussolĂ©!
OĂč se situe le Scoutisme dans ce tableau dâensemble? Pour envisager lesperspectives dâavenir, il faut revenir sur le message central de ce docu-ment. Nous avons essayĂ© de montrer la force extraordinaire de la mĂ©thodescoute pour promouvoir et enrichir la dimension spirituelle chez les jeunes.
1. Un message fondamental pour le monde: se situer du cĂŽtĂ© des forces de lâamour,de la fraternitĂ© et de la paix
MĂȘme sâil faut se garder de toute distinction manichĂ©enne, aussi bien leScoutisme que les grandes religions et courants spirituels se situent du cĂŽtĂ©de forces âpositivesâ ou âconstructivesâ, de celles qui essaient de fairegrandir lâhomme et le conduire vers un idĂ©al qui le dĂ©passe.
Le Scoutisme â nĂ© de lâintuition pĂ©dagogique dâun grand soldat devenu ungrand Ă©ducateur â partage avec les grandes religions et spiritualitĂ©s desconvictions qui sont essentielles pour la survie et le dĂ©veloppement dechaque ĂȘtre humain en tant quâindividu mais aussi de chaque communautĂ©humaine, depuis la plus petite jusquâĂ la plus Ă©tendue. Ces valeurs sont: lesouci de bĂątir un monde dans la fraternitĂ© et lâamour, ce qui impliquedâĂ©carter, dans notre esprit et dans la vie collective, toute tentation dedomination et de haine, lâesprit de service, qui Ă©loigne lâhomme dessimples considĂ©rations matĂ©rielles lorsquâil est en face de son prochain etle respect de la nature dont le Fondateur mĂȘme disait quâelle est âunlaboratoire, un club et un templeâ.239
Les diffĂ©rentes religions demandent Ă leurs adeptes de devenir des artisansde paix et de justice dans le monde. Le Scoutisme â selon la mĂ©thode quilui est propre et qui a montrĂ© son efficacitĂ© presque pendant un siĂšcle âprĂ©pare les jeunes cĆurs Ă entreprendre cette dĂ©marche.
6.2 DU POINT DE VUE DUMOUVEMENT SCOUT
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2. DĂ©velopper au maximum le potentiel Ă©ducatif du Mouvement Scout dans tous lesdomaines mais trĂšs particuliĂšrement dans les trois points suivants
âą Comprendre que la vie des jeunes nâest pas un long fleuve tranquille
Ce nâest pas lâendroit appropriĂ© pour se lancer dans un long dĂ©veloppementsur la vie des jeunes, les changements quâils expĂ©rimentent et les pressionsquâils subissent. Nous en avons prĂ©sentĂ© plus haut une esquisse (voirsection 2.4). Les spĂ©cialistes soulignent quâil sâagit de la confluence defacteurs biologiques, psychologiques et sociaux. Dans le domaine spirituel/religieux aussi, les changements peuvent ĂȘtre notables. DĂ©jĂ chez lesadultes, la figure du croyant âtypiqueâ, qui vit avec calme et assurance safoi pendant toute sa vie, nâest plus la rĂšgle. Il y a dans toutes les religionsle âpĂšlerinâ, le âconvertiâ, le croyant qui doute et lâincroyant qui a des lueursde foiâŠ240 Mais il y a surtout les gens qui vivent leur vie religieuse (et leurvie tout court) comme des lignes âen dents de scieâ, avec des hauts et desbas, des crises plus ou moins longues et des pĂ©riodes de calme qui suc-cĂšdent Ă des pĂ©riodes tourmentĂ©esâŠ
Câest essentiel de comprendre que le rĂŽle dâun mouvement dâĂ©ducationcomme le Mouvement Scout nâest pas (surtout pendant les bourrasques) deâprĂȘcherâ, ni de condamner, ni de âfaire pressionâ, ni mĂȘme de juger, maisdâaccompagner! Dâentourer les jeunes dâun soutien et dâun amour quirassure, qui libĂšre et qui permet Ă une personnalitĂ© en pleine Ă©volution desortir grandie dâune crise!
âą Situer correctement lâapproche et le point dâincidence pĂ©dagogique de la mĂ©thodescoute
Dans le couple religionâspiritualitĂ©, le Scoutisme se concentre sur laspiritualitĂ©. Pour bien comprendre de quoi il sâagit, il faut citer une dis-tinction que J. Westerhoff fait entre ââŠdeux formes interdĂ©pendantes depensĂ©e et deux dimensions de la conscience, aussi interdĂ©pendantesâ. LapremiĂšre est ââŠla forme intellectuelle de connaissance, le mode rationnelde penser et la forme active de conscienceâ. âSon intĂ©rĂȘt est le rĂ©sultat⊠etson monde est celui de lâordre, la structure et la certitudeâ. âLâalternativeâŠest une forme intuitive de connaĂźtre, un mode affectif/Ă©motionnel depenser, une forme passive de conscience⊠(il) offre un moyen subjectif etexpĂ©rientiel de connaĂźtre, son intĂ©rĂȘt explicite est le processus, sa formedâexpression est surtout non verbale et donc son monde est celui du chaos,lâanti-structure et lâambiguĂŻtĂ©. Son style globalisant, totalisant et sensuel estle plus adĂ©quat pour lâimagination, le mystĂšre et la dĂ©couverteâ.241
Au risque de paraĂźtre simpliste, on pourrait dire que la pratique pĂ©dagogiquedu Scoutisme se situe du cotĂ© du deuxiĂšme terme de lâalternative, câest-Ă -dire du cĂŽtĂ© de la spiritualitĂ©, de la façon globale, intuitive et affective deconnaĂźtre, de lâapproche globalisante et sensuelle, de lâimagination et de ladĂ©couverte. Par contre, lâenseignement doctrinal/thĂ©ologique des diffĂ©rentesreligions se situe plutĂŽt (comme lâindique Westerhoff) du cĂŽtĂ© de lâexpressionverbale, du discours ordonnĂ© et systĂ©matique, qui fait appel Ă une forme deconnaissance rationnelle et structurĂ©e.
Inutile de souligner que les deux approches, loin de sâexclure mutuellement,sont en rĂ©alitĂ© parfaitement complĂ©mentaires, chacune dâelles jouant unrĂŽle essentiel!
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⹠Utiliser à fond les potentialités du Scoutisme comme un outil de développementspirituel
Nous avons vu plus haut (voir section 4.7) comment le Scoutisme est unoutil de dĂ©veloppement spirituel, parce quâil permet aux jeunes deâreligareâ, de donner un sens aux diffĂ©rentes expĂ©riences vĂ©cues.
Ceci apparaĂźt trĂšs clairement lorsque nous concentrons notre attention surles potentialitĂ©s pĂ©dagogiques des activitĂ©s en petits groupes dans la nature.Elles permettent une double approche spirituelle: dâun cĂŽtĂ©, dĂ©couvrir lesmerveilles et la grandeur de la crĂ©ation, et de lâautre cĂŽtĂ©, apprendre lelangage des symboles.
En effet, câest en pratiquant des activitĂ©s dans la nature que les jeunesdĂ©couvrent dâune façon concrĂšte le rapport entre lâhomme et la nature etla magnificence de la crĂ©ation: ââŠbeaucoup dâactivitĂ©s pratiquĂ©es par lesScouts dans la nature correspondent Ă des expĂ©riences fondamentales delâhumanitĂ©, qui sont elles-mĂȘmes chargĂ©es dâun sens spirituel trĂšs fort:explorer un territoire, amĂ©nager un espace, construire son abri, sa maison,se rassembler autour du feu de camp, aller chercher lâeau vive Ă la source,etc.â.242
Mais il y a une autre fonction Ă©galement importante: avoir accĂšs au langagesymbolique. âDans le symbole sâexpriment notre expĂ©rience de vie, nossentiments, avec tout ce quâils ont de clair et aussi de confus, câest-Ă -direde profond.â243 Cette fonction est essentielle dans une Ă©poque comme lanĂŽtre, si pauvre en symboles collectifs! Car ââŠles personnes qui nâont pasaccĂšs au langage symbolique ne peuvent rien dire de leur vie Ă un niveauautre que pratique. Câest lâunivers du âmĂ©tro-boulot-tĂ©lĂ©-dodoâ. Comme ilsne peuvent pas âse parler spirituellementâ (au niveau des symboles), ils nepeuvent pas rĂ©flĂ©chir sur leur vie et ils deviennent le jouet impuissant despressions et des conditionnements de toutes sortes, vĂ©cus au jour le jour,subis au jour le jourâ.244 Donc, vivre sa vie et rĂ©flĂ©chir sur elle permet dene pas ĂȘtre la proie de la routine quotidienne et ne pas rester au niveau dela pure immĂ©diatetĂ©, prendre du recul et avoir des points de repĂšre quipermettent de ne pas ĂȘtre victime des pressions et manipulations.
3. DĂ©velopper au maximum lâĂ©norme potentiel du Scoutisme pour le dialogue inter-religieux, la rencontre et la coopĂ©ration
Beaucoup a Ă©tĂ© fait mais beaucoup reste Ă faire dans ce domaine. LacrĂ©ation du Groupe Interreligieux International est un pas dans la bonnedirection qui sera suivi par dâautres.
Il suffit dâavoir observĂ© le comportement des Scouts des diffĂ©rentesreligions aux Jamborees mondiaux. Il faut les avoir vu pour apprĂ©cier ladiversitĂ© incroyable de leurs convictions, qui constituent ensemble uneriche palette des aspirations des jeunes dâaujourdâhui. Mais il faut surtoutavoir observĂ© le respect constant de lâun pour lâautre, lâattention sincĂšre Ă ne pas froisser qui que ce soit dans ses convictions et une rĂ©elle amitiĂ©/complicitĂ© qui sâĂ©tablit entre tous. Peut-on rĂȘver dâune atmosphĂšre pluspropice Ă la recherche de la paix et de la vĂ©ritĂ© intĂ©rieures?
Prenant comme point de dĂ©part cette constatation le ComitĂ© Mondial auProgramme prĂ©pare en ce moment un ensemble dâactivitĂ©s Ă proposer aux
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jeunes au cours du prochain Jamboree Scout Mondial qui aura lieu enThaĂŻlande.
Lâobjectif de ces activitĂ©s est double:
⹠illustrer comment le Scoutisme offre des possibilités de développementspirituel/religieux, et
⹠introduire les jeunes dans une compréhension et un respect des autresreligions.
TrĂšs concrĂštement, on compte proposer aux jeunes participants auJamboree:
1. Des exemples dâactions possĂ©dant un potentiel spirituel:
â des actions de dĂ©couverte de soi-mĂȘme,â des actions de dĂ©couverte des merveilles de la nature,â des activitĂ©s de service,â des actions de rencontre et solidaritĂ© au-delĂ des prĂ©jugĂ©s raciaux,â des actions de dĂ©couverte inter-culturelle, etc.
2. Examiner avec eux comment ces actions sont âreluesâ ou âĂ©valuĂ©esâou âintĂ©grĂ©esâ dans la perspective des diffĂ©rentes grandes religions(Christianisme, Islam, JudaĂŻsme, Bouddhisme, Hindouisme, etc.), avecdes exemples de textes sacrĂ©s, des priĂšres et des mĂ©ditations utilisablespour cĂ©lĂ©brer le sens spirituel de ces actions.
Sur le plan national ou local, beaucoup dâautres initiatives existent, mĂȘmesi elles ne sont pas divulguĂ©es comme il conviendrait de le faire. Unexemple significatif est celui de âla Tente dâAbrahamâ.
Abraham reprĂ©sente une figure dâidentification qui montre le dĂ©fi de âvivreune vie comme un sentier/un chemin de spiritualitĂ© Ă la recherche pro-gressive de lâabsolu, qui donne un sens Ă la vie, et ceci en complĂštelibertĂ©â.245 En mĂȘme temps, il est aussi une figure dans laquelle les jeunesdes trois religions monothĂ©istes peuvent se reconnaĂźtre.
Depuis quelques annĂ©es, Ă lâinitiative des âScouts Musulmans de Franceâ,les jeunes appartenant Ă toutes les associations qui composent le âScoutismeFrançaisâ sont invitĂ©s Ă vivre ensemble des moments forts de rĂ©el partage,au cours dâune rencontre sur lâapport du Scoutisme au dialogue inter-religieux. La rencontre de lâan 2000 a eu lieu Ă Toulouse (France) du 29 avrilau 1er mai et Ă©tait centrĂ©e sur le thĂšme de la fraternitĂ© autour dâAbraham.Tour Ă tour, un pasteur protestant, un rabbin, un prĂȘtre catholique et unphilosophe musulman ont prĂ©sentĂ© un Ă©clairage particulier sur le sujet,suivi de questions et dâun dialogue gĂ©nĂ©ral et en petits groupes. LadeuxiĂšme partie de la rencontre a posĂ© la question: quâattendez-vous desassociations scoutes pour le dialogue interreligieux? Suivi dâune conclusion:quelle fraternitĂ© aujourdâhui?246
Cet exemple, qui est loin dâĂȘtre unique, illustre bien une des nombreusesfaçons de profiter de la diversitĂ© culturelle et religieuse des jeunes pourfavoriser la rencontre et le dialogue dans le domaine spirituel.
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Le lecteur comprendra bien que dans un document de ce type, on ne peutpas faire que des constatations globales et des affirmations Ă caractĂšregĂ©nĂ©ral, ce qui cadre mal avec un monde qui est fait de variĂ©tĂ©, de richesseet de nuanceâŠ
Il se peut trĂšs bien que telle ou telle affirmation ne cadre pas exactementavec la philosophie ou la pratique dâune association scoute. Il se peut aussique tel ou tel groupe religieux, Eglise ou communautĂ© spirituelle quicoopĂšre avec lâOMMS trouve que ses positions nâont pas Ă©tĂ© prĂ©sentĂ©es dutout ou suffisamment, ou traitĂ©es dâune façon trop schĂ©matique, ousimplifiĂ©es Ă lâextrĂȘme au risque de les dĂ©former. Si tel est le cas, nousprĂ©sentons nos excuses et nous demandons Ă tous de comprendre quâilsâagit dâune action ou dâune omission involontaire. Nous espĂ©rons votreclĂ©mence puisque, comme dit le diction français, âfaute avouĂ©e est Ă moitiĂ©pardonnĂ©eâ!
6.3 EN GUISE DE CONCLUSION
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1. Speech of welcome at the Foxlease World Guide Camp, 1924, quoted inâFootsteps of the Founderâ, compiled and edited by Mario Sica, EditriceAncora Milano, Milano, 1984, p. 72-73.
2. âRovering to Successâ, 1959 reprint of 1922 edition, p. 195, citĂ© dansâFootsteps of the Founderâ, op. cit. p. 54-55.
3. Baden-Powell, âReligion in the Boy Scout and Girl Guide Movementâ, anaddress by the Chief Scout to the Joint Conference of Commissioners of bothMovements at High Leigh, 2 July 1926, p. 1.
4. Wilfred Cantwell Smith, article âReligion as Symbolismâ, EncyclopaediaBritannica, Fifteenth edition © 1992, Propaedia, p. 299-301.
5. Collierâs Encyclopedia, William D. Halsey (Editorial Director), © CrowellCollier and Macmillan, Inc., 1967, U.S.A., volume 8, p. 558.
6. âGrand Dictionnaire de la Psychologieâ (sous la direction de H. Bloch,R. Chemama, A. Gallo et al), Ed Larousse, Paris, 1991.
7. âGrand Dictionnaire de la Psychologieâ, op. cit., p. 257.
8. Encyclopaedia Britannica, William Benton Publisher, Chicago, London,Toronto, Geneva, Sydney, Tokyo, Manila, 1969 edition, volume 9, p. 722,article âProgressive educationâ.
9. Ibidem.
10. Ibidem.
11. âGrand Dictionnaire de la Psychologieâ , op. cit., p. 257.
12. Didier Julia, âDictionnaire de la Philosophieâ, © Larousse 1984, Edition duClub France Loisirs, Paris 1991, p. 77.
13. Dictionnaire de Sociologie. André Akoun et Pierre Ansart (sous la directionde). Ed. Le Robert et Seuil, Paris, 1999, p. 447.
14. Dictionnaire âLe Nouveau Petit Robertâ, nouvelle Ă©dition remaniĂ©e etamplifiĂ©e, © Dictionnaires Le Robert, Paris, 1993, p. 1918-1919.
15. Websterâs Websterâs Ninth New Collegiate Dictionary, Merrian-Webster IncPublishers, Springfield, Massachusetts, U.S.A. © 1984, p. 995.
16. Diccionario Ilustrado de la Lengua Española », Editorial RamĂłn Sopena S.A.,Barcelona, 1968, p. 518 â traduction du BMS.
17. Gordon Marshall (edited by), âConcise Oxford Dictionary of Sociologyâ,Oxford University Press, Oxford, New York, 1994, p. 447.
18. AndrĂ© Lalande, âVocabulaire technique et critique de la philosophieâ, PressesUniversitaires de France, Paris, 1968, p. 915-916.
19. Didier Julia, âDictionnaire de la Philosophieâ, op. cit., p. 263, et Rudolf Otto,âLe SacrĂ©â, Petite BibliothĂšque Payot, Paris, 1969.
20. Jean-Pierre Jossua, article âLe christianismeâ dans Michel ClĂ©venot, âLâEtat desReligions dans le mondeâ, Ed. La DĂ©couverte et Editions du Cerf, Paris, 1987,p. 89 et 84.
21. Dictionnaire âLe Nouveau Petit Robertâ, op. cit., p. 2136.
22. André Lalande, op. cit, p. 1024.
23. André Lalande, op. cit, p. 1020-1021.
24. André Lalande, op. cit, p. 1019-1020.
25. E. Bersot, âMatĂ©rialismeâ citĂ© dans AndrĂ© Lalande, op. cit, p. 1020.
26. Websterâs Ninth New Collegiate Dictionary, op. cit., p. 1137.
REFERENCES
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27. Dictionnaire âLe Nouveau Petit Robertâ, op. cit., p. 2136.
28. Raymond Darricau et Bernard Peyrous, âHistoire de la SpiritualitĂ©â, P.U.F.,Coll. Que Sais-je ?, Paris, Octobre 1991.
29. I.V. Cully article âSpiritualityâ in Harperâs Encyclopaedia of Religious Education,edited by I.V. Cully and K.B. Cully, New York, Harper and Row, 1990,reproduced in âSpirituality and Spiritual Growthâ, Enc, Brit. , p. 1.
30. Ibidem.
31. G. Cashmore and J. Puls âSpirituality in the Ecumenical Movementâ reproducedin âSpirituality and Spiritual Growthâ, Enc, Brit. , p. 5-7.
32. Downloaded from www.bbc.co.uk.worldservice/agenda
33. âProgramme dâaction mondial pour la jeunesse Ă lâhorizon 2000 et au-delĂ â,RĂ©solution 50/81 adoptĂ©e par lâAssemblĂ©e GĂ©nĂ©rale des Nations Unies, A/RES/50/81, 13 mars 1996, p. 7.
34. Michel ClĂ©venot, Avant-propos, âLâEtat des Religions dans le mondeâ, ouvragecollectif sous la direction de Michel ClĂ©venot, Ed. La DĂ©couverte/Le Cerf,Paris, 1987, p. 4.
35. Jean François Mayer, article âLes religions: spĂ©cificitĂ©s, rivalitĂ©s, analogiesâ, LeGrand Atlas des Religions, © Encyclopaedia Universalis, France S.A., 1990, p.155.
36. Anne Kraft, article âLes religionsâ dans Michel ClĂ©venot, op. cit., p. 9.
37. Charles-Yvon Le Blanc, article âChine et Mongolieâ dans Michel ClĂ©venot, op.cit., p. 262.
38. Dominique Chevallier, article âMoyen Orientâ dans Michel ClĂ©venot, op. cit.,p. 262.
39. Article âHispanic population growing fast in USâ, International HeraldTribune, March 8, 2001.
40. Denise Robillard, article âEtats-Unis, Canadaâ dans Michel ClĂ©venot, op. cit.,p. 295-299.
41. Denise Robillard, idem.
42. Denise Robillard, idem.
43. Maurice Barth, article âAmĂ©rique centraleâ dans Michel ClĂ©venot, op. cit.,p. 300
44. Alberto Silva, article âBrĂ©silâ dans Michel ClĂ©venot, op. cit., p. 317 et AlainLabrousse, article âAmĂ©rique Andineâ dans Michel ClĂ©venot, op. cit., p. 321.
45. LaĂ«nnec Hourbon, article âCaraĂŻbeâ dans Michel ClĂ©venot, op. cit., p. 307-311.
46. Pal Repstad, article âEurope du Nordâ dans Michel ClĂ©venot, op. cit., p. 331.
47. Philippe Denis, article âBeneluxâ dans Michel ClĂ©venot, op. cit., p. 338-341.
48. Whitakerâs Almanack 1999, The Stationery Office, Hilary Marsden Editor,London, 1998, p. 881.
49. Roy Wallis et Steve Bruce, article âIles britanniquesâ dans Michel ClĂ©venot, op.cit., p. 341-345.
50. Emile Poulat, article âEurope latineâ dans Michel ClĂ©venot, op. cit., p. 345-350.
51. Pierre Lespoir, article âEurope centraleâ dans Michel ClĂ©venot, op. cit., p. 354-358.
52. Article âLe schisme orientalâ, dans âLes grands Ă©vĂ©nements de lâhistoire dumondeâ, © Larousse, et France Loisirs, Paris, 1991, p. 94-95.
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53. IrĂ©nĂ©e Henri Dalmais, article âGrĂšceâ dans Michel ClĂ©venot, op. cit., p. 363-364.
54. StĂ©phane Yerasimos, article âTurquieâ dans Michel ClĂ©venot, op. cit., p. 364-365.
55. Pierre Lespoir, article âAutriche, Hongrie, Liechtenstein, Pologne, Suisse,TchĂ©coslovaquieâ dans Michel ClĂ©venot, op. cit., p. 354.
56. Ibidem..
57. Idem, p. 355.
58. IrĂ©nĂ©e Henri Dalmais, article âRoumanieâ dans Michel ClĂ©venot, op. cit.,p. 362-364.
59. Whitakerâs Almanack 1999, p. 1064.
60. Whitakerâs Almanack 1999, p. 939.
61. Whitakerâs Almanack 1999, p. 795.
62. Whitakerâs Almanack 1999, p. 869.
63. Whitakerâs Almanack 1999, p. 928.
64. Whitakerâs Almanack 1999, p. 936.
65. Charles Urjewicz, article âEspace post-soviĂ©tiqueâ, dans LâEtat du Monde2000, Ed. La DĂ©couverte et Syros, Paris, 1999, p. 549.
66. The Statesmanâs Yearbook 2000, op. cit., p. 1324.
67. The Statesmanâs Yearbook 2000, op. cit., p. 1574.
68. Pierre Lespoir, article âUnion SoviĂ©tiqueâ dans Michel ClĂ©venot, op. cit.,p. 371.
69. The Statesmanâs Yearbook 2000, op. cit., p. 1574.
70. The Statesmanâs Yearbook 2000, op. cit., p. 274.
71. The Statesmanâs Yearbook 2000, op. cit., p. 963, 999, 1511, 1558 et 1922.
72. Pierre Lespoir, article âUnion SoviĂ©tiqueâ dans Michel ClĂ©venot, op. cit.,p. 372.
73. The Statesmanâs Yearbook 2000, op. cit., p. 963.
74. The Statesmanâs Yearbook 2000, op. cit., p. 680.
75. The Statesmanâs Yearbook 2000, op. cit., p. 245.
76. The Statesmanâs Yearbook 2000, op. cit., p. 163.
77. Whitakerâs Almanack 1999, op. cit., p. 953.
78. âLe Bilan du XXe siĂšcleâ, © Harenberg et Struye, Bruxelles, 1992, p. 38.
79. Anne Kraft, article âLes statistiques des religionsâ dans Michel ClĂ©venot, op.cit., p. 8.
80. âLe Bilan du XXe siĂšcleâ, op. cit., p. 38.
81. William van Geest, article âDevelopment and other religious activitiesâ,magazine âTogetherâ, a journal of the World Vision Partnership, Monrovia,Ca. USA, No. 55, July-September 1997, p. 1-3.
82. Article âLâĂ©chec de la transposition des modĂšles occidentaux dans les paysmusulmans a favorisĂ© lâessor de lâislamismeâ dans âLe Nouvel Etat du Monde,Bilan de la dĂ©cennie 1980-1990â, Ed. La DĂ©couverte, Paris 1990, p. 194-196.
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83. DaniÚle Hervieu-Léger, dans le Dictionnaire de Sociologie. André Akoun etPierre Ansart (sous la direction de). Ed. Le Robert et Seuil. Paris, 1999, p. 474.
84. Dictionnaire âLe Nouveau Petit Robertâ, op. cit., p. 1066.
85. Friedrich Stentzler, article âLa sĂ©cularisationâ, dans Le Grand Atlas desReligions, op. cit., p. 16-17.
86. Marcel Neusch, article âAthĂ©ismeâ dans le âDictionnaire des religionsâ, PaulPoupard, Presses Universitaires de France, 3e Ă©dition revue et augmentĂ©e,Paris, 1993, p. 137-139.
87. Marcel Neusch, article âAthĂ©ismeâ dans le âDictionnaire des religionsâ, PaulPoupard, op. cit., p. 140.
88. Marcel Neusch, article âAthĂ©ismeâ dans le âDictionnaire des religionsâ, PaulPoupard, op. cit., p. 140.
89. Marcel Neusch, article âAthĂ©ismeâ dans le âDictionnaire des religionsâ, PaulPoupard, op. cit., p. 141.
90. Marcel Neusch, article âAthĂ©ismeâ dans le âDictionnaire des religionsâ, PaulPoupard, op. cit., p. 137.
91. Paul Poupard, article âLâAgnosticismeâ, dans le âDictionnaire des religionsâ,op. cit., p. 18-19.
92. â1999 Britannica Book of the Yearâ © Enc. Britannicaâ, p. 315.
93. Dictionnaire de la Philosophie, Ed. Larousse, op. cit., p. 130.
94. Marcel Neusch, article « Incroyance » dans le âDictionnaire des religionsâ, op.cit., p. 925.
95. Annette Scheunpflug, article âSpiritual needs of young people todayâ, anarticle based on a presentation made at the European Seminar on the SpiritualDimension in Scouting and Guidingâ, Burg Rieneck, Germany, 18-23 April1995, p. 2.
96. AGAPE, F-2, France, 7 février 1993.
97. RenĂ© Le Corre, article âLâAthĂ©ismeâ dans Michel ClĂ©venot, op. cit. p. 496.
98. Jean Vernette, âLe Nouvel Age: Ă lâaube de lâĂšre du Verseauâ, Pierre TequiĂ©diteur, Paris, 1990, p. 7.
99. Jean Vernette, op. cit., p 15.
100. Jean Vernette, op. cit., p 16.
101. Jean Vernette, op. cit., p 8.
102. Jean Vernette, op. cit., p 8-9.
103. Article âLes chemins dĂ©tournĂ©s de la scienceâ de Jean-François Augereau, inLe Monde, 17 fĂ©vrier 1993, p. 14, et encadrĂ© âLâĂ©clipse de lune influence laBourse...â dans le Journal de GenĂšve, 9 dĂ©cembre 1992 et TSR-JT du 26 fĂ©vrier2000.
104. Jean Vernette, article âLe rĂ©veil du gnosticismeâ dans le âDictionnaire desreligionsâ, Paul Poupard, p. 776-777.
105. Article âEl nuevo mapa de la espiritualidadâ, Revista Epoca, juin 1997 etarticles âMass suicides raise the question: Why?â mars 27, 1997 et âOne yearlater, Heavenâs Gate suicide leaves only faint trailâ, mars 25, 1998, tĂ©lĂ©chargĂ©sdu site Internet de la CNN, U.S. News Story page.
106. Paulo Coelho, âLâAlchimisteâ, Ed. Flammarion, Coll. Castor Poche, Paris,1998, p. 5.
107. Paulo Coelho, op. cit. P. 223.
Scoutisme et DĂ©veloppement Spirituel - Page 69
108. Pierine Piras, article âDe la sĂ©rie âX filesâ Ă la vogue New Age- Fascinationspour un nouveau mysticismeâ, Le Monde Diplomatique, aoĂ»t 1997, p. 18.
109. Hans Hobelsberger, article âExpĂ©riences religieuses des jeunes dans lecontexte de la modernisation socialeâ dans âJeunes, Ensemble sur les routesde lâEuropeâ, Pontificium Consilium pro Laicis, CitĂ© du Vatican 1999, p. 80.
110. Jean Vernette, âNouvelles spiritualitĂ©s et nouvelles sagessesâ, Bayard Editions,Paris, 1999, p. 12.
111. Jean Vernette, article âNĂ©o-Paganismeâ dans le âDictionnaire des religionsâ,op. cit., p. 1421.
112. Mario Pollo, article âLes jeunes dans le monde dâaujourdâhui en Europeoccidentaleâ, dans âJeunes, Ensemble sur les routes de lâEuropeâ, PontificiumConsilium pro Laicis, CitĂ© du Vatican, 1999, p. 49.
113. Mario Pollo, idem, p. 50.
114. Mario Pollo, idem, p. 51.
115. Annette Scheunpflug, article âSpiritual needs of young people todayâ, op. cit.,1-2.
116. Hans Hobelsberger, article âLes jeunes dans le monde dâaujourdâhui enEurope centrale et orientaleâ, dans âJeunes, Ensemble sur les routes delâEuropeâ, Pontificium Consilium pro Laicis, CitĂ© du Vatican, 1999, p. 74.
117. Hans Hobelsberger, idem, p. 75.
118. Hans Hobelsberger, idem, p. 75.
119. Hans Hobelsberger, idem, p. 76.
120. Hans Hobelsberger, idem, p. 77.
121. Hans Hobelsberger, idem, p. 77-78
122. Guy Debord, âLa sociĂ©tĂ© du spectacleâ, Gallimard, Paris, 1967, et GillesLipovetsky, âLâĂšre du vide. Essai sur lâindividualisme contemporainâ, Gallimard,Paris, 1983.
123. Annette Scheunpflug, article âSpiritual needs of young people todayâ, op. cit.,p. 2.
124. Annette Scheunpflug, article âSpiritual needs of young people todayâ, op. cit.,p. 3.
125. Mario Pollo, article âLes jeunes dans le monde dâaujourdâhui en Europeoccidentaleâ, op. cit., p. 67.
126. Annette Scheunpflug, article âSpiritual needs of young people todayâ, op. cit.,p. 3.
127. Eugen Drewermann, âQuand le ciel touche la terreâ, © Patmos Verlag 1992,et ©Editions Stock pour la traduction française, Paris, 1994.
128. Tony Anatrella, article âLa formation des jeunes, Aspect Psychologiqueâ dansâJeunes, Ensemble sur les routes de lâEuropeâ, op. cit., p. 102-104 et 114.
129. Mario Pollo, op. cit., p. 62 et 63.
130. Mario Pollo, op. cit., p. 64.
131. Time Magazine, Oct. 23, 1995.
132. Document âTendancesâ, Bureau Mondial du Scoutisme, GenĂšve, section 4,p. 21.
133. Mario Pollo, op. cit., p. 71.
134. Mario Pollo, op. cit., p. 71.
Page 70 - Scoutisme et DĂ©veloppement Spirituel
135. Document âTendancesâ, op. cit., p. 4.
136. Mario Pollo, op. cit., p. 70.
137. Annette Scheunpflug, op. cit., p. 4.
138. Annette Scheunpflug, op. cit., p. 7.
139. Annette Scheunpflug, op. cit., p. 7.
140. RenĂ© Le Corre, article âLâAthĂ©ismeâ dans Michel ClĂ©venot, op. cit. p. 497.
141. D. Hervieu-LĂ©ger, article âTradition et traditionalismeâ dans le âDictionnairede Sociologieâ, AndrĂ© Akoun et Pierre Ansart, Ed. Le Robert et Seuil, Paris,1999, p. 539-540.
142. AndrĂ© Akoun, article âModernitĂ©â dans le âDictionnaire de Sociologieâ, AndrĂ©Akoun et Pierre Ansart, op. cit., p. 349.
143. Michel Maffesoli, article âPost-modernitĂ©â dans le âDictionnaire de Sociologieâ,op. cit., p. 412.
144. Jean Vernette, article âSectes Occidentales contemporainesâ dans leâDictionnaire des religionsâ, op. cit., p. 1849.
145. âAids to Scoutmastershipâ, Ă©dition de 1919, citĂ© dans âJouer le Jeuâ, op. cit,p. 128.
146. âScouting for Boysâ, WB, 249-250 citĂ© dans âFootsteps of the Founderâ, op.cit., p. 107.
147. âScouting for Boysâ, WB 249, citĂ© dans âFootsteps of the Founderâ, op. cit.,p. 107.
148. âScouting for Boysâ, WB 249-250, citĂ© dans âFootsteps of the Founderâ, op.cit., p. 53.
149. Baden-Powell, âReligion in the Boy Scout and Girl Guide Movementâ, anaddress by the Chief Scout to the Joint Conference of Commissioners of bothMovements at High Leigh, 2 July 1926, p. 1.
150. Baden-Powell, âReligion in the Boy Scout and Girl Guide Movementâ, idem.
151. âScouting for Boysâ, Special Canadian edition, Preface, publiĂ© par les BoyScouts Association of Canada, circa 1949, p. 11.
152. Baden-Powell, âReligion in the Boy Scout and Girl Guide Movementâ, op. cit.,p. 4.
153. Baden-Powell, âReligion in the Boy Scout and Girl Guide Movementâ, op. cit,p. 8.
154. Baden-Powell, âReligion in the Boy Scout and Girl Guide Movementâ, op. cit,p. 8.
155. Baden-Powell, âReligion in the Boy Scout and Girl Guide Movementâ, op. cit,p. 8.
156. Baden-Powell, âReligion in the Boy Scout and Girl Guide Movementâ, op. cit,p. 9.
157. Baden-Powell, âReligion in the Boy Scout and Girl Guide Movementâ, op. cit,p. 8.
158. Aids to Scoutmastership and Headquartersâ Gazette 1918, citĂ© dans âFootstepsof the Founderâ, op. cit., p. 109.
159. Baden-Powell, âReligion in the Boy Scout and Girl Guide Movementâ, op. cit.,p. 7.
160. Paper read at the York Conference, magazine Jamboree, July 1928.
Scoutisme et DĂ©veloppement Spirituel - Page 71
161. Baden-Powell, âReligion in the Boy Scout and Girl Guide Movementâ, op. cit.,p. 5-6.
162. Baden-Powell, âReligion in the Boy Scout and Girl Guide Movementâ, op. cit.,p. 6.
163. Baden-Powell, âLa Route du SuccĂšs : un livre consacrĂ© aux sports pour lesjeunes garçonsâ, Delachaux & NiestlĂ© S.A., NeuchĂątel, Suisse, 1946, p. 203.
164. Baden-Powell, âLa Route du SuccĂšsâ, op. cit, p. 198.
165. âAids to Scoutmastershipâ, 4e tirage, pas de date, p. 96.
166. âAids to Scoutmastershipâ, WB, 22, citĂ© dans âFootsteps of the Founderâ,p. 109.
167. Dernier message aux scouts du monde dans E.E. Reynolds â Baden-Powell:Biographie de Lord Baden-Powell of Gilwell â Trad. A.Borgeaud, Paris,NeuchĂątel, Editions Delachaux & NiestlĂ© S.A., 1945.
168. Baden-Powell, âReligion in the Boy Scout and Girl Guide Movementâ, op. cit.,p. 1.
169. âRovering to Successâ, 1959 reprint of 1922 edition, p. 195, citĂ© dansâFootsteps of the Founderâ, op. cit. p. 54-55.
170. Baden-Powell, âReligion in the Boy Scout and Girl Guide Movementâ, op. cit.,p. 2.
171. RenĂ© Lebrun, article âMontagne chez les Hittitesâ dans le âDictionnaire desReligionsâ, op. cit., p. 1364.
172. LâOcchio del cuore, TSI, vendredi 7 mai 1993.
173. Jan Swyngedouw, article âCulte des montagnes au Japonâ dans le âDictionnairedes religionsâ, op. cit., p. 1364.
174. Exode 34, 4-9 dans âThe Holy Bible containing the Old and New Testamentsâ,The World Publishing Company, Cleveland and New York, n.d.
175. Premier Livre des Rois 1 R, 19, 9-13 dans âThe Holy Bible containing the Oldand New Testamentsâ, op. cit. p. 341-342, Missel 2000, Edition collective desĂ©diteurs de liturgie, Paris, 2000, p. 440-441.
176. Matthew 5, 7 dans âThe Holy Bible containing the Old and New Testamentsâ,op. cit., New Testament.
177. R. Baden-Powell, âLifeâs Snags and how to meet them, Talks to young menâ,C. Arthur Pearson, Ltd. London, 5th impression 1939, p. 25-26.
178. Ibidem, p. 106.
179. Ibidem, p. 107.
180. Ibidem, p. 109.
181. Ibidem, p. 109.
182. Mario Pollo, article âLes jeunes dans le monde dâaujourdâhui en EuropeOccidentaleâ, dans âJeunes, Ensemble sur les routes de lâEuropeâ, op. cit.,p. 59-60.
183. Constitution et RĂšglement Additionnel de lâOrganisation Mondiale du Mouve-ment Scout, Bureau Mondial du Scoutisme, GenĂšve, juillet 1983, chapitre I,article 1).
184. âPrincipales CaractĂ©ristiques du Scoutismeâ, p. 4.
185. Constitution et RĂšglement Additionnel de lâOrganisation Mondiale duMouvement Scout, op. cit. chapitre I, article 1.
Page 72 - Scoutisme et DĂ©veloppement Spirituel
186. âPrincipales CaractĂ©ristiques du Scoutismeâ, p. 5.
187. âPrincipales CaractĂ©ristiques du Scoutismeâ, ibidem.
188. âPrincipales CaractĂ©ristiques du Scoutismeâ, p. 7 et 8.
189. Résolutions de la Conférence Mondiale du Scoutisme 1922-1985, BureauMondial du Scoutisme, GenÚve, 1985, p. 4.
190. Résolutions de la Conférence Mondiale du Scoutisme 1922-1985, idem.
191. A Statement of Principle, signed by Hubert Martin, 6 dĂ©cembre 1932, tirĂ© duMagazine âJamboreeâ.
192. A Statement of Principle, signed by Hubert Martin, idem.
193. Résolutions de la Conférence Mondiale du Scoutisme 1922-1985, BureauMondial du Scoutisme, GenÚve, 1985, p. 46 et 48.
194. Résolutions de la Conférence Mondiale du Scoutisme 1922-1985, BureauMondial du Scoutisme, GenÚve, 1985, p. 46 et 48.
195. âLes But, Principes et MĂ©thodes du Mouvement Scout, Projet de RĂ©vision duChapitre II de la Constitution Mondialeâ, 26e ConfĂ©rence Mondiale du Scou-tisme, Document 2, Bureau Mondial du Scoutisme, GenĂšve, non datĂ©.
196. Dominique BĂ©nard, Avant-propos de âDieu, es-tu encore lĂ -dedans?â, Ă©ditioninternationale publiĂ©e par le Scottish Council, The Scout Association, Fife, encollaboration avec le Bureau EuropĂ©en du Scoutisme.
197. Dominique BĂ©nard, Avant-propos de âDieu, es-tu encore lĂ -dedans?â, idem.
198. Father Roger Barralet OFM, âWhatâs all this about, God?â, edited by HazelChewter, The Scout Association, U.K. 1987.
199. InspirĂ© de Roger May, article âAdolescenceâ in Western Scouter, Australia,juin 1984.
200. âPrincipales CaractĂ©ristiques du Scoutismeâ, p. 7.
201. Dossier âDieu, es-tu encore lĂ -dedans?â, introduction, p. 2 et 3.
202. âPrincipales CaractĂ©ristiques du Scoutismeâ, p. 7.
203. Dossier âDieu, es-tu encore lĂ -dedans?â, Scoutsâ Own, p. 2.
204. Aids to Scoutmastership, 1919 edition, p. 101 citĂ© dans âFootsteps of theFounderâ, op. cit., p. 105.
205. Dossier âDieu, es-tu encore lĂ -dedans?â, Introduction, page 2.
206. Dominique BĂ©nard, Le DĂ©veloppement spirituel dans le Scoutisme, documentde travail, mars 2000, p. 1.
207. âPrincipales CaractĂ©ristiques du Scoutismeâ, p. 29.
208. Ignacio Ramonet, âLâoffensive des religionsâ, ManiĂšre de Voir N° 48, Le Mon-de Diplomatique, Paris, Novembre-DĂ©cembre 1999.
209. Missel 2000, Edition collective des Ă©diteurs de liturgie, Paris 2000, p. 7.
210. âPĂšlerins du mondeâ, Calendrier interreligieux 2000/2001, © ENBIRO,Lausanne et Plateforme interrereligieuse, GenĂšve, 2000.
211. Inspiré de Missel 2000, p. 468.
212. Idem, p. 560.
213. Résolutions de la Conférence Mondiale du Scoutisme 1922-1985, BureauMondial du Scoutisme, GenÚve, 1985 p. 2.
214. Résolutions de la Conférence Mondiale du Scoutisme 1922-1985, BureauMondial du Scoutisme, GenÚve, 1985, p. 62.
Scoutisme et DĂ©veloppement Spirituel - Page 73
215. âPosition du ComitĂ© Mondial du Scoutisme Ă propos des FĂ©dĂ©rationsâ, ComitĂ©Mondial 9/91.
216. âPrincipales CaractĂ©ristiques du Scoutismeâ, Bureau Mondial du Scoutisme,GenĂšve, 1998, p. 7.
217. Constitution de lâOMMS, Chapitre II, Article IV, paragraphe 2.a.
218. âPrincipales CaractĂ©ristiques du Scoutismeâ, op. cit., p. 19.
219. âPrincipales CaractĂ©ristiques du Scoutismeâ, op. cit., p. 33.
220. âPrincipales CaractĂ©ristiques du Scoutismeâ, ibidem.
221. âPrincipales CaractĂ©ristiques du Scoutismeâ, op. cit., p. 33-34.
222. Constitution de lâOMMS, Article XIII, paragraphe 9.
223. Document âStatut consultatif auprĂšs de lâOrganisation Mondiale du MouvementScoutâ, article C, paragraphe 2, p. 3.
224. Document âStatut consultatif auprĂšs de lâOrganisation Mondiale du MouvementScoutâ, article 2, p. 1.
225. Document âStatut consultatif auprĂšs de lâOrganisation Mondiale du MouvementScoutâ, article 3, p. 2.
226. Jacques Jomier, article âDialogue Islamo-ChrĂ©tienâ dans le âDictionnaire desreligionsâ, op. cit., p. 489.
227. Pierre-François de Bethune et J.P. Schnetzler, article âDialogue chrĂ©tien-bouddhisteâ, dans le âDictionnaire des Religionsâ, op. cit., p. 483-485.
228. Idem, p. 482.
229. Ibidem.
230. âLe Bilan du XXe siĂšcleâ © Harenberg et Struye, Bruxelles, 1992, p. 46.
231. Pierre-François de Bethune et J.P. Schnetzler, article âDialogue chrĂ©tien-bouddhisteâ, dans le âDictionnaire des Religionsâ, op. cit., p. 485.
232. Alain Pinoges, article âLe village de la paix en IsraĂ«lâ, LâEcho Magazine,Suisse, 20 avril 2000, p. 14-17.
233. LâEcho Magazine, Suisse, 20 avril 2000, p. 7.
234. Information A.R.P., Vernayaz, Suisse, Editorial, mai 2000, p. 2.
235. Jean Willebrands, article âConseil Pontifical pour la promotion de lâUnitĂ© desChrĂ©tiensâ, dans le âDictionnaire des Religionsâ, op. cit., p. 2071-2071 etAndrĂ© Dumas, article âEglises Protestantesâ, dans le âDictionnaire des Reli-gionsâ, op. cit. p. 592-596.
236. André Dumas, idem, p. 594.
237. Julien Ries, article âAssise, rendez-vous des religions pour la paixâ, dansâDictionnaire des Religionsâ, op. cit., p. 132.
238. Ibidem.
239. Baden-Powell, âRovering to Successâ, Herbert Jenkins Ltd., London, 1922.
240. DaniĂšle Hervieu-LĂ©ger âLe pĂšlerin et le convertiâ, Ed. Flammarion, Paris,1999.
241. Javier Oñate, âLa pedagogĂa Escultista de la feâ, annexe N° 3, citation deJ. Westerhoff (la traduction est nĂŽtre).
242. Dominique BĂ©nard, âLâIle verteâ, chapitre 7, LâĂąme, p. 128.
243. Dominique BĂ©nard, ibidem.
Page 74 - Scoutisme et DĂ©veloppement Spirituel
244. Dominique BĂ©nard, ibidem, p. 128-129.
245. JosĂ© Nuno Ferreira da Silva, article âEl Desafio de Abrahamâ, dans desdocuments CICS, ThaĂŻlande, 1993.
246. P. de Chazelles, âLa Tente dâAbrahamâ, France, mai 2000.
Scoutisme et DĂ©veloppement Spirituel - Page 75
ANNEXE I:
RESOLUTIONS DE LACONFERENCE MONDIALE
DU SCOUTISME
Les RĂ©solutions sur les Principes du Scoutisme, le Devoir envers Dieu/Religion, la DĂ©claration de Principe et les RĂ©solutions Fondamentale etPrincipale sont si Ă©troitement liĂ©es quâelles ne sont pas prĂ©sentĂ©es par thĂšmemais en ordre chronologique.
14/24 Principes du Scoutisme
La Conférence affirme que le Mouvement des éclaireurs a des caractéristiquesnationales, internationales et universelles, qui tendent à donner à chaquenation en particulier et au monde en général, une jeunesse physiquement,moralement et spirituellement forte.
Le Mouvement est national en ce quâil agit par lâintermĂ©diaire desassociations nationales, en vue de former pour chaque nation des citoyensutiles et sains.
Il est international en ce quâil ne connaĂźt pas de barriĂšres nationales Ă lacamaraderie des Ă©claireurs.
Il est universel en ce quâil insiste sur la fraternitĂ© universelle entre tous lesĂ©claireurs de toutes les nations, de toutes les classes, de toutes les religions.
Le Mouvement des Ă©claireurs ne veut pas affaiblir, mais au contraire veutrenforcer les croyances religieuses de chacun de ses membres. La loi delâĂ©claireur exige que lâĂ©claireur pratique fidĂšlement et sincĂšrement sareligion et il entre dans les vues du Mouvement dâinterdire toute espĂšce depropagande confessionnelle dans les rĂ©unions oĂč se trouvent des Ă©claireursappartenant Ă des religions diffĂ©rentes.
18/55 RĂ©solution Fondamentale
La ConfĂ©rence est convaincue que le Scoutisme et ses mĂ©thodes, tels queB-P nous les a donnĂ©s, peuvent toujours attirer les garçons si nous insistonssur lâimportance quâil y a de leur apporter un vrai Scoutisme, avec sonromantisme, son esprit dâaventure, son programme de dĂ©veloppement etune vie spirituelle.
La ConfĂ©rence Ă©tant le centre du corps mondial de notre Mouvement,exprime la conviction que le Scoutisme mondial peut, dans lâatmosphĂšreinternationale actuelle, jouer un rĂŽle de premier plan en prĂ©parant pourdemain de bons citoyens ayant des idĂ©es justes sur lâimportance dâunecomprĂ©hension mutuelle constructive entre toutes les nations, en vue dâunepaix durable.
19/57 RĂ©solution Principale
La ConfĂ©rence en tant quâorganisme central de la FraternitĂ© mondiale desScouts, rĂ©affirme Ă lâoccasion du Centenaire de son Fondateur et ducinquantiĂšme Anniversaire de la naissance du Scoutisme dans le monde, safoi dans les principes fondamentaux du Scoutisme tel quâil a Ă©tĂ© fondĂ© parle premier Chef Scout du monde, le regrettĂ© Lord Baden-Powell of Gilwell:
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1. Devoir envers Dieu.
2. Loyauté envers son pays.
3. Foi dans lâamitiĂ© et la fraternitĂ© mondiales.
4. Lâacceptation et la libre pratique de lâidĂ©al proposĂ© par la Loi et laPromesse scoutes.
5. LâindĂ©pendance Ă lâĂ©gard des partis politiques.
6. LâadhĂ©sion volontaire des garçons.
7. Le systÚme unique de formation fondé sur le systÚme des patrouilles,sur des activités de plein air et sur un enseignement pratique.
8. Le service dâautrui.
La ConfĂ©rence croit fermement que ces principes qui ont eu tant de succĂšscontribuent fortement Ă former le caractĂšre du garçon de notre Ă©poque, delâhomme de demain, au grand bĂ©nĂ©fice de chaque nation et du mondeentier aussi par la diffusion de la comprĂ©hension et de lâidentitĂ© des butspoursuivis. Que cet effort de notre part serve au renforcement de la libertĂ©et de la paix.
8/61 Devoir envers Dieu/Religion
(LâArgentine et le Venezuela se trouvent en dissentiment)
La Conférence reconnaßt que le Devoir envers Dieu ou la religion estfondamental dans la philosophie et les intentions du Mouvement scout.
Pour les associations scoutes qui le dĂ©sirent, la Promesse doit pouvoir ĂȘtreformulĂ©e de telle sorte quâelle tienne compte du fait que parmi ses membresexistent des croyants en un Dieu personnel et aussi dâautres qui reconnaissentune rĂ©alitĂ© spirituelle.
Toute formule de ce genre doit ĂȘtre en accord avec lâesprit de la Promessescoute originale qui reconnaĂźt une PrĂ©sence ou une Puissance spirituellesupĂ©rieure dans lâunivers.
La ConfĂ©rence considĂšre quâil est de la responsabilitĂ© des organisationsscoutes dâatteindre autant de garçons quâil est possible de le faire dans lazone de notre influence, de les guider vers une vie spirituelle et de sâassurerque la foi religieuse Ă laquelle appartient un scout soit pleinementsauvegardĂ©e.
3/69 DĂ©claration de Principe
La Conférence Mondiale du Scoutisme:
a) Affirme que lâidĂ©al scout, tel quâil est exposĂ© dans le livre âEclaireursâ,a une valeur humaine telle quâil transcende les diffĂ©rences de races etde pays.
b) Rappelle que les buts, le sens et les principes fondamentaux duScoutisme sont définis par la Constitution mondiale (Articles III et IV).
Scoutisme et DĂ©veloppement Spirituel - Page 77
c) DĂ©clare que le Scoutisme est un mouvement Ă caractĂšre national,international et universel qui veut doter chaque pays, aussi bien quele monde entier, dâune jeunesse spirituellement, moralement etphysiquement saine. Il est national en ce sens quâil sâefforce, par sesassociations nationales, de former des citoyens sains et utiles.
Il est international en ce quâil ne reconnaĂźt aucune barriĂšre nationaleau sein de la camaraderie scoute.
Il est universel, puisquâil met lâaccent sur la fraternitĂ© qui lie les scoutssans distinction de classes, de races et de croyances religieuses.
d) RĂ©affirme son ferme attachement aux buts, principes et mĂ©thodes duScoutisme tel que Baden-Powell lâa fondĂ©, ainsi que sa foi dans lavaleur du scoutisme international pour promouvoir la comprĂ©hensionet la bonne volontĂ© entre les peuples.
e) Affirme que, bien que lâappartenance au Scoutisme dans chaque paysdoive engendrer un authentique patriotisme, celui-ci doit ĂȘtre maintenueffectivement dans les limites quâimposent la coopĂ©ration internationaleet lâamitiĂ©, indĂ©pendamment de toutes croyances religieuses ou diffĂ©-rences de races.
En conséquence
La ConfĂ©rence rĂ©affirme que les conditions de reconnaissance dâuneassociation scoute nationale comme membre de la ConfĂ©rence sont fixĂ©espar sa Constitution.
Cette reconnaissance nâimplique aucune ingĂ©rence dans le domaine de lapolitique, et aucun gouvernement ni individu ne doit la considĂ©rer commeun acte affectant la souverainetĂ© ou le statut diplomatique du pays enquestion.
4/69 Unité du Mouvement Scout Mondial
Convaincue que lâunitĂ© du Mouvement scout mondial dans la fraternitĂ©,dans sa structure et dans son action est de la plus haute importance dansses efforts en vue de servir les garçons du monde moderne et dâapporterle Scoutisme Ă tous les garçons qui dĂ©sirent y participer:
La ConfĂ©rence ayant soigneusement Ă©tudiĂ© le document prĂ©sentĂ© par ladĂ©lĂ©gation britannique intitulĂ© âLâUnitĂ© du Mouvement mondialâ estprofondĂ©ment impressionnĂ©e pas sa pertinence dans un monde divisĂ©. Elleen recommande lâĂ©tude attentive Ă tous les pays membres et au ComitĂ©mondial.
Elle demande aussi avec insistance que tous les efforts soient faits pour queles propositions, que contient ce document en vue de lâunitĂ© et de lapratique internationale du Scoutisme, soient appliquĂ©es aussi rapidementque possible et que son esprit Ă©claire le travail du Mouvement mondial. Ellecharge le ComitĂ© mondial de sâassurer que tout nouveau pays dĂ©sirantdevenir membre de la ConfĂ©rence soit encouragĂ© et aidĂ© sâil le faut Ă Ă©tablirune seule Organisation nationale unie et ouverte Ă tous les garçons.
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4/75 Buts, Principes et MĂ©thodes (Constitution, Chapitre II)
La Conférence mondiale
â considĂ©rant que lâenquĂȘte sur les Buts, Principes et MĂ©thodes duMouvement scout (Constitution, Chapitre II) constitue, de la partde ceux qui y ont rĂ©pondu, une rĂ©affirmation globale de la validitĂ©du contenu du Chapitre II, Ă laquelle sâajoute le dĂ©sir de reformulerce chapitre en des termes plus forts et plus expressifs,
â Convaincue quâune rĂ©daction plus claire et plus prĂ©cise leurdonnerait un rayonnement plus large et une plus grande autoritĂ©,
âą Demande au ComitĂ© mondial de constituer un groupe de travail, aussireprĂ©sentatif que possible des diverses sociĂ©tĂ©s et cultures existantparmi les membres de lâOrganisation mondiale, et de soumettre Ă la26e ConfĂ©rence mondiale des propositions relatives au Chapitre II Ă la lumiĂšre des positions prises dans lâenquĂȘte et de tout point de vuequi serait exprimĂ© par les Associations Membres avant le 1er janvier1976.
10/90 Scoutisme et Transmission des Valeurs
La Conférence
âą tient Ă fĂ©liciter le PrĂ©sident du ComitĂ© mondial du Scoutisme et leSecrĂ©taire GĂ©nĂ©ral pour leurs rapports et lâaccent particulier placĂ© sur:
- lâimportance de la dimension spirituelle dans le dĂ©veloppementpersonnel des jeunes et dans les programmes qui leur sontproposĂ©s
- la nĂ©cessitĂ© des activitĂ©s de dĂ©veloppement communautairecomme expression de la solidaritĂ© entre les scouts et dâune prisede conscience par les scouts de leur prochain
- la prioritĂ© quâil est prĂ©vu de donner Ă la protection delâenvironnement afin de dĂ©velopper lâharmonie entre lâHomme etla Nature, en application de la mĂ©thode scoute
- lâĂ©ducation de toute la personne proposĂ©e par le scoutisme et lanĂ©cessitĂ© qui en dĂ©coule de coordonner les efforts entrepris dansles domaines de lâorganisation, du programme des jeunes, de laformation des responsables adultes et, en particulier, de larecherche, afin dâamplifier le dynamisme du Mouvement scout etsa croissance
⹠remercie le Bureau mondial pour le travail accompli et pour les liensde plus en plus clairs et étroits tissés entre les organisations scoutesnationales
âą encourage le ComitĂ© mondial et le SecrĂ©taire GĂ©nĂ©ral Ă poursuivredans cette voie et Ă promouvoir lâapprofondissement des valeursfondamentales de la mĂ©thode scoute
âą invite les Organisations scoutes nationales et le Bureau mondial Ă accroĂźtre et intensifier une communication efficace sur les progrĂšsaccomplis et la prise de conscience de la pleine dimension mondialedu Mouvement.
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10/96 Dialogue Interreligieux
La Conférence
â considĂ©rant lâimportance fondamentale et universelle desdimensions spirituelles et religieuses dans le cadre de la mĂ©thodeĂ©ducative du Scoutisme
â considĂ©rant que le Mouvement Scout offre un cadre privilĂ©giĂ©pour que les scouts des diffĂ©rentes religions qui existent dans lemonde Ă©changent leur connaissance, leur comprĂ©hension et leuramitiĂ©
â accueillant avec satisfaction la premiĂšre rĂ©union des reprĂ©sentantsdes diverses familles religieuses qui sâest tenue Ă GenĂšve en mars1996
âą recommande au ComitĂ© Mondial du Scoutisme et aux familles religieusesdâorganiser des rencontres de reprĂ©sentants des diverses religionsprĂ©sentes dans le Mouvement
⹠encourage le Bureau Mondial du Scoutisme à promouvoir la dimensionspirituelle et à améliorer la compréhension réciproque entre lesdiverses religions
âą en appelle au ComitĂ© Mondial et aux Associations scoutes nationalespour utiliser pleinement le potentiel ĆcumĂ©nique et interreligieux duScoutisme.
13/96 La Paix
La Conférence
â se rĂ©fĂ©rant Ă la rĂ©solution 7/88 adoptĂ©e Ă Melbourne concernantlâĂ©ducation Ă la paix et Ă la comprĂ©hension
â notant la multiplication des conflits qui ravagent le mondedĂ©truisant des vies humaines et des infrastructures socio-Ă©conomiques et culturelles
â accueillant positivement les initiatives des associations scoutes envue de la sauvegarde ou du retour de la paix, notammentlâorganisation par les associations scoutes de la rĂ©gion des GrandsLacs (Burundi-Rwanda-ZaĂŻre) dâun sĂ©minaire sur le rĂŽle duScoutisme face aux crises socio-politiques
â luttant contre la xĂ©nophobie et le racisme, et notant que desprogrammes dâapprentissage interculturel pour les jeunes remettenten question les stĂ©rĂ©otypes nationalistes et offrent une Ă©ducationĂ la paix et Ă la tolĂ©rance
⹠recommande que le Comité Mondial du Scoutisme encourage lesassociations scoutes à revoir leur programme des jeunes afin:
â de permettre aux scouts et Ă leurs responsables de rechercher etdâanalyser les causes qui sont Ă la base des conflits
â de promouvoir la paix, la tolĂ©rance et la rĂ©conciliation entre lescommunautĂ©s, particuliĂšrement parmi les jeunes, contribuantainsi Ă instaurer la solidaritĂ©
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â dâencourager la coopĂ©ration et les Ă©changes qui transcendent lesdiffĂ©rences ethniques, religieuses et culturelles
⹠recommande que le Bureau Mondial du Scoutisme appuie les initiativesprises dans ce sens par les associations scoutes par un accompagnementpédagogique et en les aidant à trouver les ressources financiÚres ethumaines.