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SCOUTISME ET DEVELOPPEMENT SPIRITUEL

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SCOUTISME ETDEVELOPPEMENT

SPIRITUEL

Page 2: SCOUTISME ET DEVELOPPEMENT SPIRITUEL

World Organizationof the Scout MovementOrganisation Mondialedu Mouvement Scout

© Bureau Mondial du Scoutisme,octobre 2001.Les Associations scoutes nationalesmembres de l’Organisation Mondialedu Mouvement Scout peuventtraduire et reproduire ce document.Les autres doivent demander uneautorisation.

Bureau Mondial du ScoutismeCase postale 2411211 GenĂšve 4, Suisse

[email protected]://www.scout.org

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Scoutisme et DĂ©veloppement Spirituel - Page i

TABLE DES MATIERES

1. INTRODUCTION 11.1 But du document 11.2 Quelques précisions terminologiques 21.2.1 Education et développement 21.2.2 Religion 31.2.3 Spiritualité 51.2.4 Quelques remarques complémentaires 8

2. LES JEUNES D’AUJOURD’HUI FACE A LA DIMENSIONRELIGIEUSE/SPIRITUELLE 9

2.1 Quelques notes préliminaires 92.2 Un parcours rapide à travers les continents (=grandes zones

géographico-culturelles de la planÚte) 102.3 Quelques questions fondamentales sur les grandes religions et

courants de pensĂ©e spirituels dans le monde d’aujourd’hui 152.4 Quelques notes sur l’univers religieux/spirituel des jeunes d’aujourd’hui 212.4.1 Individualisation 212.4.2 Perception spirituelle contre superficialitĂ© 222.4.3 L’expĂ©rience homogĂ©nĂ©isatrice du temps 232.4.4 Le sexe “dĂ©sacralisĂ©â€ 242.4.5 La culture sociale: complexitĂ© et polycentrisme, le marchĂ©

des sollicitations multiples 252.5 Religions et cultures traditionnelles, modernes et post-modernes 27

3. LE DEVELOPPEMENT SPIRITUEL/RELIGIEUX DANS LA PENSEEDE BADEN-POWELL 29

3.1 La dimension spirituelle fait partie intégrante de la pensée de B-Pdepuis les origines 29

3.2 Le dĂ©veloppement spirituel n’est pas une “dimension ajoutĂ©e”.Il fait partie d’un tout et il est intĂ©grĂ© 30

3.3 La dimension spirituelle et le Scoutisme en tant que mouvement d’éducation.Importance de l’éducation, diffĂ©rente de l’instruction 31

3.4 L’importance de la nature dans le processus Ă©ducatif et dans ledĂ©veloppement spirituel 32

3.5 La dimension spirituelle doit ĂȘtre un facteur d’unitĂ© dans leScoutisme et non un facteur de division 32

Encadré: Rapport entre Scoutisme, nature et expérience religieuse 33

4. LA DIMENSION SPIRITUELLE DANS LE SCOUTISME.CONSEQUENCES PEDAGOGIQUES ET JURIDIQUES DANSL’HISTOIRE DU MOUVEMENT 35

4.1 La pĂ©dagogie du Mouvement Scout 354.2 La question du “Devoir envers Dieu” et la/les promesses alternatives 36

SCOUTISME ETDEVELOPPEMENT

SPIRITUEL

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4.3 La déclaration du Comité mondial (1932) 374.4 Résolution de la 18e Conférence Mondiale du Scoutisme

Lisbonne, 1961 384.5 1965-1977 RĂ©organisation du mouvement, nouvelle Constitution mondiale

et adoption du nouveau Chapitre I par la 26e Conférence Mondiale duScoutisme, Montréal 1977 39

4.6 Les répercussions de la chute du mur de Berlin et de la désintégration dubloc soviétique sur le Mouvement Scout Mondial 41

4.7 Quelle est la force de la méthode scoute pour promouvoir et enrichir ladimension spirituelle chez les jeunes? Quels en sont les principauxéléments constitutifs? 42

4.7.1 La perspective du développement 434.7.2 La dimension SAGESSE: Aider à développer une personnalité équilibrée,

une autodiscipline et un ensemble de valeurs personnelles 434.7.3 La dimension ACCUEIL: La nĂ©cessitĂ© d’une relation affectueuse et

compréhensive 444.7.4 La dimension EMERVEILLEMENT: Le contact avec la nature 444.7.5 La dimension TRAVAIL: La nécessité de créer une société plus juste et plus

humaine – dans l’action et plus particuliĂšrement dans le service 444.7.6 La dimension CELEBRATION: Silence, mĂ©ditation ou priĂšre (le contact

avec la Transcendance) 454.7.7 Conclusions 45Encadré: Le rÎle des religions et des familles spirituelles 47

5. QUELQUES ASPECTS INSTITUTIONNELS 495.1 La question religieuse/spirituelle dans les différents types

d’associations 495.2 Quelques Ă©lĂ©ments liĂ©s Ă  la nature du Mouvement Scout en tant

que mouvement d’éducation 515.2.1 RĂŽle complĂ©mentaire Ă  celui d’autres agents d’éducation 525.2.2 L’unitĂ© du Mouvement Scout 535.2.3 L’indĂ©pendance du Mouvement Scout 545.3 Statut consultatif auprĂšs de l’Organisation Mondiale du Mouvement

Scout 55

6. CONCLUSIONS. QUELQUES LIGNES D’HORIZON 57

6.1 Du point de vue géopolitique et culturel 576.2 Du point de vue du Mouvement Scout 606.3 En guise de conclusion 64

REFERENCES 65

ANNEXE I: RESOLUTIONS DE LA CONFERENCE MONDIALE DUSCOUTISME 75

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Scoutisme et DĂ©veloppement Spirituel - Page 1

“Bouddha a dit: Il n’y a qu’une façon de chasser la Haine dans le mondeet c’est en amenant l’Amour». Nous en avons la possibilitĂ© lorsque, au lieude l’égoĂŻsme et de l’hostilitĂ©, nous pouvons insuffler la bienveillance et lapaix dans l’esprit de la gĂ©nĂ©ration Ă  venir.”1

“Dieu n’est pas un personnage Ă  l’esprit Ă©troit, comme certains sembleraientl’imaginer, mais un immense Esprit d’Amour, qui ne s’attache pas auxpetites diffĂ©rences de forme, de dogmes ou de confessions, et qui bĂ©nit tousceux qui cherchent vraiment Ă  faire de leur mieux, Ă  Son service, suivantles lumiĂšres qu’ils reçoivent.”2

“Comme dans le nationalisme, cela arrive aussi dans la religion. Se fondersur ses propres convictions religieuses est tout Ă  fait normal, mais celadevient un sectarisme Ă©troit lorsqu’on ne reconnaĂźt pas et n’apprĂ©cie pas lesaspects positifs d’autres religions, si on se prive de regarder avec lanĂ©cessaire ouverture d’esprit, les efforts que les autres font pour servir Dieuet pour Ă©tablir le Royaume de Dieu sur terre.”3

“Une tendance aberrante est apparue dans l’histoire occidentale rĂ©cente,qui consiste Ă  imaginer que la vie humaine est fondamentalement ounaturellement ‘sĂ©culiĂšre’, et que la religion est un supplĂ©ment qui a Ă©tĂ©ajoutĂ©, ci et lĂ , aux caractĂ©ristiques de base de la nature humaine. Il sembleaujourd’hui que cette vision soit fausse. En fait, les divers systĂšmes religieuxont exprimĂ© diffĂ©rentes façons d’ĂȘtre humain. L’historien impartial ne peutque rapporter qu’une constante de l’homme est de trouver un sens Ă  la vieet de formuler ce sens par des moyens symboliques, qu’ils soient grotesquesou sublimes.”4

Dans la sĂ©rie de documents de rĂ©fĂ©rence que le Bureau Mondial duScoutisme publie nous abordons aujourd’hui le thĂšme “Scoutisme et DĂ©ve-loppement Spirituel”. Sujet vaste et complexe, susceptible d’ĂȘtre traitĂ© Ă partir de plusieurs points de vue, chacun possĂ©dant une lĂ©gitimitĂ© histo-rique, idĂ©ologique ou didactique. Raison de plus pour prĂ©ciser d’emblĂ©e lesobjectifs visĂ©s et la dĂ©marche entreprise afin que le lecteur soit informĂ© dĂšsle dĂ©but de l’intention du document.

Nous sommes partis d’une sĂ©rie d’interrogations:

‱ Les jeunes d’aujourd’hui, quel est leur “univers” religieux/spirituel?Comment perçoivent-ils cette dimension? Est-elle un Ă©lĂ©ment essentielou pĂ©riphĂ©rique dans leurs vies?

‱ Quel est le rĂŽle du dĂ©veloppement spirituel dans la pensĂ©e de Baden-Powell? Quelle place occupe-t-il?

‱ Quel rĂŽle le dĂ©veloppement spirituel a-t-il jouĂ© dans l’histoire duScoutisme? Quelles sont les rĂ©solutions des ConfĂ©rences mondiales Ă ce sujet? Quels sont les faits saillants, les difficultĂ©s?

‱ Quelles sont les implications de tout ce qui prĂ©cĂšde sur les questionsstructurelles? Comment le Mouvement s’est-il organisĂ© pour rĂ©pondreĂ  ses buts/exigences pĂ©dagogiques?

1. INTRODUCTION1.1 BUT DU DOCUMENT

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‱ Quelles sont les tendances d’avenir, aussi bien pour les religions entant que telles que pour leur impact sur le monde, et pour leMouvement Scout?

A travers ces lignes nous essayerons de montrer la force extraordinaire dela mĂ©thode scoute pour promouvoir/enrichir la dimension spirituelle chezles jeunes. Nous essayerons aussi – chemin faisant – de rĂ©pondre Ă  unequestion pertinente et qui a Ă©tĂ© posĂ©e Ă  maintes reprises: L’OMMS a-t-elleune “politique religieuse” Ă  proprement parler?

Deux encadrĂ©s, l’un sur le rapport entre Scoutisme, nature et expĂ©riencereligieuse, et l’autre sur le rĂŽle des religions et des familles spirituelles dansle monde d’aujourd’hui, complĂštent le texte.

Ce document vise d’abord un public Scout mais aussi ceux et celles quicollaborent avec le Scoutisme – que ce soit sur le plan national ou inter-national – et qui appartiennent Ă  diffĂ©rentes religions et familles spirituelles.La premiĂšre condition d’un dialogue fructueux est la sincĂ©ritĂ© et la clartĂ© despositions. Nous espĂ©rons que les lecteurs du document trouveront dans ceslignes une expression claire de la pensĂ©e du Mouvement afin que le dia-logue et la coopĂ©ration que l’OMMS entretient avec diffĂ©rentes religions etcourants de pensĂ©e spirituels s’en trouvent confortĂ©s et enrichis.

Encore une prĂ©cision. Ce document, de par sa nature mĂȘme, n’est pasencyclopĂ©dique. On ne doit pas chercher dans ces pages les mille et unĂ©pisodes qui ont jalonnĂ© la route des discussions sur la dimensionspirituelle, ni les querelles de chapelle, ni les noms des protagonistes detelle ou telle pĂ©riode. Il s’agit ici de faire un survol historique, qui essaie defixer quelques points de repĂšre et de mettre en relief l’essentiel: lapermanence des principes fondamentaux du Mouvement, tels que B-P lesavait conçus Ă  l’origine et tels que les ConfĂ©rences mondiales successivesles ont confirmĂ©s et enrichis tout au long de plus de 90 ans d’existence.

Il y a quatre mots/termes que nous utiliserons tout au long de ces pages etils concernent deux “couples” Ă©troitement associĂ©s: d’un cĂŽtĂ©, Ă©ducation etdĂ©veloppement; de l’autre cĂŽtĂ©, religion et spiritualitĂ©.

Pour ce qui est du terme dĂ©veloppement prĂ©cisons qu’il n’est pas utilisĂ© dansle sens Ă©conomique mais dans le sens psychologique de “dĂ©veloppementde la personnalitĂ©â€.

Concernant l’éducation, une recherche attentive dans quelques dictionnairesgĂ©nĂ©raux et quelques autres spĂ©cialisĂ©s (philosophie, psychologie,sociologie) laisse apparaĂźtre d’abord une certaine concordance de vues etensuite deux versants, selon qu’on mette l’accent sur un aspect ou surl’autre.

Un premier versant souligne le besoin de reproduction sociale. Ainsi,“l’éducation a toujours Ă©tĂ© un processus social au moyen duquel unecommunautĂ©, une sociĂ©tĂ© ou une nation a essayĂ© de transmettre Ă  la jeunegĂ©nĂ©ration les aspects traditionnels de sa culture qu’elle considĂ©rait commefondamentaux et vitaux pour sa propre stabilitĂ© et sa propre survie”.5

1.2 QUELQUES PRECISIONSTERMINOLOGIQUES

1.2.1 Education etdéveloppement

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Un deuxiĂšme versant se situe dans la ligne du dĂ©veloppement personnel.Sans trop entrer dans les dĂ©tails, dĂ©finissons le dĂ©veloppement (conceptempruntĂ© Ă  la biologie) comme l’“ensemble des processus successifs qui,dans un ordre dĂ©terminĂ©, conduisent un organisme Ă  sa maturitĂ©â€.6 Cettetendance souligne l’aspect â€œĂ©panouissement personnel”. Les tenants decette ligne se situent plutĂŽt du cĂŽtĂ© de la psychologie du dĂ©veloppementet regardent l’éducation comme le processus d’educere: “sortir ce quel’enfant a dedans”, en d’autres mots, viser “
l’épanouissement de toutes lesqualitĂ©s en germe chez les enfants”.7

Il est important de souligner que ce courant se situe dans la ligne de J.J.Rousseau et son “Emile” (1762). “Les thĂ©ories de Rousseau ont bĂ©nĂ©ficiĂ©d’une application pratique dans nombre d’écoles expĂ©rimentales 
.Basedowet Froebel en Allemagne, Pestalozzi en Suisse, Horace Mann aux Etats-Unis,A.S.N. Summerhill au Royaume-Uni, Maria Montessori en Italie, O. Decrolyen Belgique et beaucoup d’autres”.8 “Les idĂ©es et pratiques pĂ©dagogiquesprogressistes dĂ©veloppĂ©es aux Etats-Unis, en particulier par John Dewey,ont Ă©tĂ© rejointes par la tradition europĂ©enne Ă  partir de 1900. En 1896,Dewey a fondĂ© les Laboratory Shools Ă  l’UniversitĂ© de Chicago, pour testerla validitĂ© de ses thĂ©ories pĂ©dagogiques ”.9

L’objectif premier de Dewey Ă©tait “
d’éduquer l’enfant ‘dans son intĂ©-gralité’ – Ă  savoir, s’occuper de son dĂ©veloppement physique et Ă©motionnel,aussi bien qu’intellectuel. L’école a Ă©tĂ© conçue comme un laboratoire danslequel l’enfant Ă©tait appelĂ© Ă  jouer un rĂŽle actif 
exĂ©cutant des tĂąches liĂ©esĂ  l’apprentissage
 La salle de classe Ă©tait censĂ©e ĂȘtre
 une dĂ©mocratie enmicrocosme”.10

Il faut souligner que: a) les deux “accents” ne sont pas nĂ©cessairement encontradiction absolue, bien qu’ils peuvent l’ĂȘtre dans des situationsconcrĂštes, et b) que, plutĂŽt que de deux extrĂȘmes, il s’agit d’un continuum,Ă  l’image d’une gamme de “gris” plus ou moins prononcĂ© entre deuxextrĂȘmes, l’un blanc et l’autre noir.

Ainsi, il n’est pas Ă©tonnant que de nombreuses formules de compromisentre les deux thĂšses se soient dĂ©veloppĂ©es. Voici un exemple d’une desplus courtes et des plus claires: “Education: action qui vise Ă  dĂ©velopper lespotentialitĂ©s d’un individu qui sont valorisĂ©es par le groupe social auquelil participe”.11 Et encore un exemple, tirĂ© du “Dictionnaire de la Philosophie”:“Le but de l’éducation est d’abord d’instruire, ensuite d’adapter socialement,enfin de former un jugement libre et personnel”.12

Nous verrons dans la section 3 que les conceptions de B-P à ce sujet étaienton ne peut plus claires, allant dans le sens du développement personnel.

Concernant le couple “religion/spiritualitĂ©â€ les rapports sont autrementplus complexes.

Commençons par l’étymologie. Selon le “Dictionnaire de Sociologie” leterme “religion” vient “du latin religio, dont l’étymologie est controversĂ©edepuis l’AntiquitĂ©; religio est rattachĂ© soit au verbe religare ‘relier’, soit Ă legere ‘ramasser’ ou relegere ‘recueillir’”.13

1.2.2 Religion

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AprĂšs avoir donnĂ© plusieurs dĂ©finitions correspondantes Ă  l’évolutionhistorique, le Robert dĂ©finit la religion comme un “systĂšme de croyanceset de pratiques, impliquant des relations avec un principe supĂ©rieur, etpropre Ă  un groupe social
”.14

Le Webster’s donne deux dĂ©finitions pertinentes (parmi beaucoup d’autres):“1. Le service et l’adoration de Dieu ou du surnaturel ” et “2. Un ensemblepersonnel ou un systĂšme institutionnel d’attitudes, de croyances et depratiques religieuses”.15

Le “Diccionario Ilustrado de la Lengua Española” donne: “Un ensemble decroyances et de dogmes concernant la divinitĂ©, de sentiments de vĂ©nĂ©rationet de crainte envers elle, de normes morales de comportement et depratiques pour lui rendre culte”.16 *

Le “Concise Oxford Dictionary of Sociology” donne une autre dĂ©finition:“La religion est un ensemble de croyances, de symboles et de pratiques(rituels, par exemple), reposant sur l’idĂ©e du sacrĂ©, et unissant les croyantsau sein d’une communautĂ© socio-religieuse. Le sacrĂ© contraste avec leprofane parce qu’il implique des sentiments de crainte respectueuse”.17

Le “Vocabulaire technique et critique de la philosophie” indique: “Religion:A. Institution sociale caractĂ©risĂ©e par l’existence d’une communautĂ©d’individus, unis 1° par l’accomplissement de certains rites rĂ©guliers et parl’adoption de certaines formules; 2° par la croyance en une valeur absolue,avec laquelle rien ne peut ĂȘtre mis en balance, croyance que cettecommunautĂ© a pour objet de maintenir; 3° par la mise en rapport del’individu avec une puissance spirituelle supĂ©rieure Ă  l’homme, puissanceconçue soit comme diffuse, soit comme multiple, soit enfin comme unique:Dieu”.18

Dans toutes les dĂ©finitions qui prĂ©cĂšdent, il y a un concept clĂ© qui intervient,qu’il s’appelle “le surnaturel”, les “relations avec un principe supĂ©rieur”, une“puissance spirituelle supĂ©rieure”, ou encore “la divinitĂ©â€: c’est ce queRudolf Otto, l’un des maĂźtres de la pensĂ©e religieuse du dĂ©but du XXe siĂšcle,appelle le sacrĂ©, “qui s’attache Ă  tout ce qui dĂ©passe l’homme et suscite,plus encore que son respect ou son admiration, une ferveur particuliĂšre”.Citant R. Otto, le sacrĂ© Ă©veille en l’homme le “sentiment de l’état de crĂ©ature”ou sentiment du “numineux” (du lat. “numen”, qui Ă©voque la “majestĂ©divine”). “Ce sentiment comporte un Ă©lĂ©ment de ‘crainte’ devant unepuissance absolue, un Ă©lĂ©ment de ‘mystĂšre’ devant l’inconnaissable
l’objet du sacrĂ© jouit d’un pouvoir ‘fascinant’ tout Ă  fait particulier”.19

Au terme de ces quelques explications empruntĂ©es aux sources trĂšsdiverses, on ne peut qu’ĂȘtre d’accord avec Jean-Pierre Jossua qui s’exclamaiten prĂ©ambule Ă  un article “Comme le christianisme est complexe!” etĂ©tendre ce constat aux autres religions. Cependant, avec infiniment derespect et de discipline intellectuelle, on peut essayer d’approcher “
unerĂ©alitĂ© Ă  la fois tellement complexe qu’aucune vision englobante et

* Le “Diccionario Ilustrado de la Lengua Española” donne: “Conjunto de creencias odogmas acerca de la divinidad, de sentimientos de veneraciĂłn y temor hacia ella, de normasmorales de conducta y de prĂĄcticas para darle culto”.

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systĂ©matique ne peut la maĂźtriser, et encore si prĂ©gnante que nul n’échappeĂ  un certain degrĂ© d’implication”.20

(N.B. : La notion de “religion” renvoie du point de vue historique Ă  celled’Eglise et Ă  celle de Secte. Nous n’abordons pas ici ce sujet car ce seraitencore s’embarquer dans des clarifications conceptuelles plus qu’épineuseset infiniment difficiles Ă  trancher!)

La diffĂ©rence entre “spirituel” et “matĂ©riel” dans le langage courant apparaĂźtd’une façon spontanĂ©e. Sans avoir recours Ă  un dictionnaire, mĂȘme desgens peu cultivĂ©s identifient le monde “matĂ©riel” Ă  ce qui est visible,palpable, qu’on peut apprĂ©cier/saisir de ses propres mains. Par opposition,le monde non-matĂ©riel ou immatĂ©riel serait le monde des “esprits”, de cequ’on ne peut pas toucher ou apprĂ©hender Ă  travers les sens.

Pour une fois, le sens savant confirme l’usage populaire. Ainsi dans leRobert, on parle de “spirituel” comme venant du latin “Spirit(u)alis” et onle dĂ©finit:

“1. Philos. Qui est esprit, de l’ordre de l’esprit considĂ©rĂ© comme un principeindĂ©pendant qui renvoie Ă  ‘immatĂ©riel, incorporel’. Par exemple, l’ñmeconçue comme rĂ©alitĂ© spirituelle. 2. Propre ou relatif Ă  l’ñme, en tantqu’émanation et reflet d’un principe supĂ©rieur, divin. 3. Qui est d’ordre mo-ral, n’appartient pas Ă  la mesure sensible, au monde physique. Pouvoirspirituel (Eglise) et pouvoir temporel (Etat). Subst. Le spirituel et le tempo-rel. Les valeurs spirituelles d’une civilisation”.21

Le “Vocabulaire technique et critique de la philosophie” dĂ©finit la spiritualitĂ©:“A. CaractĂšre de ce qui est spirituel (et non matĂ©riel, ou relatif aux instinctsbiologiques). Par exemple, La spiritualitĂ© de l’ñme. B. Vie de l’esprit (engĂ©nĂ©ral, au sens religieux de cette expression)”.22

Et il renvoie au spiritualisme, qu’il dĂ©finit du point de vue ontologiquecomme “B. Doctrine d’aprĂšs laquelle il existe deux substances, radicalementdistinctes par leurs attributs, dont l’une, l’esprit, a pour caractĂšres essentielsla pensĂ©e et la libertĂ©; dont l’autre, la matiĂšre, a pour caractĂšres essentielsl’étendue et la communication toute mĂ©canique du mouvement (ou del’énergie)”.23

Le mĂȘme dictionnaire prĂ©sente encore une dĂ©finition du spiritualismecomme: “A. Doctrine consistant Ă  soutenir: 1) Au point de vue psychologique,que les reprĂ©sentations, les opĂ©rations intellectuelles et les actes de volontĂ©ne sont pas entiĂšrement explicables par les phĂ©nomĂšnes physiologiques;2) au point de vue Ă©thique et sociologique, qu’il y a dans l’homme et dansles sociĂ©tĂ©s deux systĂšmes de fins diffĂ©rentes et mĂȘme partiellement enconflit: l’une reprĂ©sentant les intĂ©rĂȘts de la nature animale; l’autre reprĂ©sentantles intĂ©rĂȘts de la vie proprement humaine”.24 Et il termine par une citationde E. Bersot “L’homme est double: Ăąme et corps: l’ñme supĂ©rieure au corpspar les facultĂ©s, par la destinĂ©e, telle est la croyance fondamentale duspiritualisme
”.25

Et c’est pour cette raison (sans entrer dans tous les dĂ©tails) qu’on parle de“monde spirituel vs monde matĂ©riel”, de spiritualitĂ© vs matĂ©rialitĂ© et despiritualisme comme opposĂ© Ă  matĂ©rialisme.

1.2.3 Spiritualité

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Le Webster’s propose plusieurs dĂ©finitions de la spiritualitĂ©: “ce qui, en droitecclĂ©siastique, appartient Ă  l’église ou Ă  un membre du clergĂ© en tant quetel; ...sensibilitĂ© ou attachement aux valeurs religieuses; la qualitĂ© ou l’étatd’ĂȘtre spirituel”. Plus loin, “spirituel” est dĂ©fini, entre autres, de la maniĂšresuivante: “qui est esprit, de l’ordre de l’esprit ou affecte l’esprit; 
en rapportavec les questions sacrĂ©es; 
ecclĂ©siastique plutĂŽt que laĂŻc ou temporel
;relatif aux valeurs religieuses
; en rapport avec des ĂȘtres ou des phĂ©nomĂšnessurnaturels
 ”.26

* * *

VoilĂ  pour un certain nombre de dĂ©finitions nĂ©cessaires pour nous situerpar rapport Ă  la terminologie utilisĂ©e par les spĂ©cialistes dans ce domaine.Mais il faut reconnaĂźtre que, dans le langage usuel, le mot “spiritualitĂ©â€ estutilisĂ© dans la plupart des cas dans le sens donnĂ© par Le Robert commedeuxiĂšme acception: “SpiritualitĂ© :
Ensemble de croyances, des exercicesqui concernent la vie spirituelle; forme particuliĂšre que prennent cescroyances et ces pratiques. Par exemple, la spiritualitĂ© franciscaine”.27

C’est aussi le sens donnĂ© par Raymond Darricau et Bernard Peyrous dansleur livre “Histoire de la SpiritualitĂ©â€, qui traite de la spiritualitĂ© chrĂ©tiennedes origines, puis du Moyen Age, de l’époque moderne et contemporaine.28

Ils rejoignent une longue tradition qui a rempli des bibliothùques entiùres


C’est aussi le point de vue adoptĂ© par I.V. Cully dans son document“Spirituality and Spiritual Growth”: “La spiritualitĂ© peut ĂȘtre dĂ©crite maisn’est pas facile Ă  dĂ©finir, car ses limites sont vastes. C’est un sentiment deproximitĂ© par rapport Ă  ce qui se trouve au-delĂ  du soi, encore qu’abordable.Pour certains, le spirituel se trouve autour ou Ă  l’intĂ©rieur du soi. Il peut ĂȘtrepersonnel ou non personnel, s’appeler Dieu, pouvoir ou prĂ©sence”.L’auteur poursuit: “Nombreux sont ceux qui recherchent une qualitĂ© au-delĂ  du terre-Ă -terre, qu’on appelle ‘spirituel’”; et conclut “La dimensionspirituelle a Ă©tĂ© reconnue dans toutes les religions, des plus grandesreligions du monde Ă  celles que l’on qualifie aujourd’hui d’animistes”.29

Se rĂ©fĂ©rant aux Psaumes, aux Ă©motions brutes qu’ils expriment, Ă  la luttedu psalmiste avec Dieu, au langage fort utilisĂ© pour culminer dans uneexpression de confiance et d’espoir, l’auteur conclut “VoilĂ  une foi solidequi est l’essence mĂȘme du spirituel”.30

* * *

Une autre vision de la “spiritualitĂ©â€ est prĂ©sentĂ©e dans l’article de G. Cashmoreet J. Puls “Spirituality in the Ecumenical Movement”. Les auteurs commencentpar une observation: le mouvement ƓcumĂ©nique est â€œâ€ŠĂ©galement le lieude rĂ©union de diffĂ©rentes formes de spiritualitĂ©â€. Ils examinent les diffĂ©rentesinfluences qui ont abouti Ă  une reformulation du concept de spiritualitĂ©,notamment:‱ “une approche plus holistique de la thĂ©ologie,

‱ une nouvelle importance accordĂ©e aux Ă©tudes bibliques,

‱ une plus grande conscience de la nĂ©cessitĂ© des disciplines de mĂ©di-tation,

‱ l’interface de nombreuses traditions et cultures religieuses,

‱ un sens des besoins d’identitĂ©s sĂ©parĂ©es, ainsi qu’une prise deconscience d’une ‘interconnexion’ mondiale, et

‱ l’élan de nombreux mouvements de renouvellement 
”.

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Ils en concluent que le nouveau concept (dans le mouvement ƓcumĂ©nique)a Ă©tĂ© comme “
une dimension plus intĂ©grĂ©e et plus intĂ©grative de la viede la foi
 la spiritualitĂ© comme un mode de vie global. Le dogme et lathĂ©ologie sont considĂ©rĂ©s comme rationnels et intellectuels; la spiritualitĂ©est souvent considĂ©rĂ©e comme ayant trait Ă  leurs pendants expĂ©rientiels”.Mais ils vont encore plus loin en proposant une dĂ©finition qui embrassetout: “La spiritualité  est le moyen qu’adoptent les gens pour ĂȘtrechrĂ©tiens, pour accomplir leur vocation chrĂ©tienne. Elle embrasse ministĂšreet service, relations, style de vie, priĂšre et rĂ©ponse Ă  l’environnementpolitique et social 
”.31

* * *

Jusqu’ici nous avons parlĂ© d’une spiritualitĂ© en lien Ă©troit avec la religion.Mais, peut-il y avoir une spiritualitĂ© “non religieuse”, sans lien explicite avecune quelconque religion? Dans le contexte actuel, surtout en Occident,marquĂ© par la sĂ©cularisation et par un Ă©clatement et une recomposition dupanorama religieux (voir section 2 et particuliĂšrement 2.3 et 2.4), laquestion peut ĂȘtre reformulĂ©e de la façon suivante: quel est le sens de lavie? ou qu’est-ce qui, Ă  part Dieu, donne un sens Ă  la vie?

Les réponses apportées sont trÚs diverses:

‱ avoir des relations enrichissantes (attention et amour) avec autruidonne un sens à la vie,

‱ l’altruisme = se sacrifier pour d’autres donne un sens à la vie,

‱ prendre soin de tout l’environnement, de toute la trame de la vie,

‱ avoir des racines, avoir un sentiment d’appartenance à un lieu,

‱ la beautĂ© peut aussi ĂȘtre une valeur intrinsĂšque (et ĂȘtre apprĂ©ciĂ©e entant que telle),

‱ ĂȘtre autonome, savoir oĂč l’on va (ne pas agir comme les autres nousle disent, etc.),

‱ savoir trouver sa place dans l’univers,

‱ possĂ©der des valeurs: avoir l’espoir de rĂ©ussir, avoir un but donne unsens Ă  la vie.32

Deux remarques pour conclure:

1) Ce sens de la vie (quel qu’il soit) est conditionnĂ© par la culture. End’autres termes, il ne sera pas le mĂȘme dans une culture caractĂ©risĂ©epar l’abnĂ©gation et le renoncement ascĂ©tique que dans une culturecaractĂ©risĂ©e par l’affirmation de l’ego et par des tendances individualistes.

2) Il ne fait aucun doute que beaucoup trouveront ces rĂ©ponses trĂšsinsatisfaisantes. Leur but essentiel est de montrer la complexitĂ© desproblĂšmes terminologiques auxquels nous nous heurtons et deprĂ©senter un Ă©ventail d’interprĂ©tations donnĂ©es par les spĂ©cialistes quiont abordĂ© cette question. Le problĂšme est complexe et sera abordĂ©par diffĂ©rents biais tout au long de ce document. Il suffit d’indiquerpour le moment:

– que le Scoutisme a une façon propre d’introduire et de dĂ©velopperla dimension spirituelle chez les jeunes (voir section 4),

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– que, du point de vue de la Constitution de l’OMMS, la formuleutilisĂ©e dans le Chapitre I pour dĂ©finir le “Devoir envers Dieu” eston ne peut plus explicite: “L’adhĂ©sion Ă  des principes spirituels,la fidĂ©litĂ© Ă  la religion qui les exprime et l’acceptation des devoirsqui en dĂ©coulent”.

Il faut souligner encore que, pour le but de ce document, il n’est pas aussiimportant d’établir une distinction thĂ©orique entre spiritualitĂ© et religionque de prĂ©ciser lĂ  oĂč se situe l’angle d’impact du Scoutisme. Comme nousverrons plus loin (sections 4 et 6.2) il se situe du cĂŽtĂ© de la spiritualitĂ©, auniveau du “pratique, vĂ©cu, senti” et non pas du cĂŽtĂ© de la religion en tantqu’enseignement systĂ©matique et rationnel/structurĂ©.

Ainsi donc, pour les besoins de ce document, lorsqu’on veut exprimer ladimension “religieuse/spirituelle” comme diffĂ©rente et non rĂ©ductible Ă  uneautre dimension (cognitive, affective ou sociale) on utilisera la “barreoblique” entre les deux termes. Dans les autres cas, ils seront diffĂ©renciĂ©spour reflĂ©ter deux rĂ©alitĂ©s qui peuvent parfois coĂŻncider mais qui ne serecouvrent pas nĂ©cessairement.

Inutile de dire que nous sommes conscients du fait que de telles nuancesterminologiques risquent de perdre leur caractĂšre spĂ©cifique lorsquel’original français sera traduit dans d’autres langues. La langue Ă©tant pardĂ©finition un instrument de communication, mĂȘme Ă  l’intĂ©rieur d’unelangue utilisĂ©e par plusieurs pays (comme l’espagnol ou le portugais) ce quiest bien acceptĂ© dans l’un risque de paraĂźtre Ă©trange ou mal formulĂ© dansl’autre. Faudra-t-il pour autant s’abstenir d’utiliser ces termes lorsqu’ils sontles plus appropriĂ©s?

Il faut aussi indiquer que, tout au long de ce document, nous utiliseronsparfois – outre le terme “religion” – des termes tels que “courants depensĂ©e”, “familles de pensĂ©e”, “famille spirituelle”, “communautĂ© decroyants” et ainsi de suite. Aucun de ces termes n’est pĂ©joratif ou dĂ©roga-toire mais il se peut qu’il ne soit pas le mĂȘme qu’un groupe religieux utilisepour s’auto-dĂ©finir.

1.2.4 Quelques remarquescomplémentaires

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Scoutisme et DĂ©veloppement Spirituel - Page 9

Le “Programme d’action mondial pour la jeunesse à l’horizon 2000 et au-delà” estime le nombre de jeunes compris entre 15 et 24 ans à environ 1,3milliard, soit un 18% du total de la population mondiale.33

Il n’est pas possible d’établir une coupure entre l’univers social et cultureldans lequel baignent les jeunes aujourd’hui et l’univers spirituel/religieuxcar le deuxiĂšme fait partie du premier. En effet, la façon dont un jeuneapprĂ©hende la dimension religieuse/spirituelle dans sa vie n’est pas unphĂ©nomĂšne isolĂ© mais est influencĂ© par la façon dont il envisage sa vie toutentiĂšre.

Comment se prĂ©sente le panorama de la jeunesse dans le monde aujourd’hui?Une premiĂšre rĂ©ponse pourrait ĂȘtre: ce panorama est complexe, pluriel, trĂšsdivers, fractionnĂ©.

En effet, y a-t-il quelque chose en commun entre le jeune diplĂŽmĂ© indienou pakistanais qui ne trouve pas de travail et doit choisir entre un chĂŽmagequi l’empĂȘche d’élaborer un projet de vie ou une sous-occupation malpayĂ©e et sans horizon prometteur et un jeune diplĂŽmĂ© europĂ©en, amĂ©ri-cain ou canadien qui voit son horizon ouvert Ă  de multiples possibilitĂ©s, quia l’impression que tout est possible, et doit seulement se demander quelleest la meilleure carriĂšre pour sa rĂ©ussite professionnelle?

MĂȘme Ă  l’intĂ©rieur d’un pays, y a-t-il quelque chose en commun entre lebrillant diplĂŽmĂ© de SĂŁo Paulo et le jeune pauvre du nord-est brĂ©silien quin’a mĂȘme pas pu finir la scolaritĂ© secondaire?

Il va de soi qu’il y a, entre ces extrĂȘmes, toute une gamme de positionsintermĂ©diaires.

Tout de mĂȘme, n’ont-ils pas quelque chose en commun? Certainement!Tous les deux sont nĂ©s dans une pĂ©riode historique de fortes mutationssociales, politiques, Ă©conomiques, technologiques. Ils sont tour Ă  tour lesagents, les bĂ©nĂ©ficiaires et les victimes de ces mutations. Ils vivent la mon-dialisation, avec ses effets positifs et nĂ©gatifs, expĂ©rimentent l’essor destechnologies de la communication, baignent dans une atmosphĂšre empreintede consumĂ©risme, de pragmatisme et, trĂšs souvent, de matĂ©rialisme. Ilsaspirent tous Ă  participer activement Ă  la vie de la sociĂ©tĂ©, ils souhaitent unevie meilleure et, last but not least, ils ont tous ancrĂ© au plus profond de leurcƓur l’aspiration au bonheur.

Pour essayer de mieux dĂ©crire l’univers spirituel/religieux des jeunesd’aujourd’hui nous procĂ©derons par approximations successives. On ferad’abord un rapide “balayage” Ă  travers les continents (= les grandes zonesgĂ©ographico-culturelles de la planĂšte), qui sera suivi d’un examen plusapprofondi sous forme de questions sur quelques grands domaines de cetunivers spirituel/religieux. Nous essayerons enfin de prĂ©senter quelquestraits saillants de cet univers spirituel/religieux des jeunes d’aujourd’huiavec l’aide des recherches des spĂ©cialistes en la matiĂšre.

Il faut encore dire un mot sur l’esprit dans lequel cette section a Ă©tĂ© Ă©crite.Nous avons Ă©vitĂ©, dans la mesure du possible, les jugements de valeur surles religions elles-mĂȘmes et sur leurs adeptes ou pratiquants. Nousconstatons l’importance de la religion comme fait social, comme phĂ©nomĂšneculturel et nous ne pouvons ignorer – mĂȘme si c’est loin du but central dece document – que “le religieux est dĂ©sormais une composante essentiellede la scĂšne gĂ©opolitique mondiale”.34

2. LES JEUNESD’AUJOURD’HUI FACE

A LA DIMENSIONRELIGIEUSE/SPIRITUELLE

2.1 QUELQUES NOTESPRELIMINAIRES

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Le fait qu’on soit nĂ© ici ou lĂ  conditionne en grande partie (NB: Attention:conditionnement n’est pas dĂ©terminisme!) la filiation religieuse d’un enfantou d’un jeune. Quelqu’un nĂ© en Pologne ou en Colombie risque d’ĂȘtre“catholique” sociologiquement parlant, de mĂȘme que quelqu’un nĂ© enGrĂšce risque d’ĂȘtre “orthodoxe” et que quelqu’un nĂ© en Arabie Saouditesera certainement musulman. Cette observation s’applique Ă©videmment aupoint de dĂ©part. Dans un monde changeant, pluraliste et traversĂ© par descourants migratoires de toutes sortes, personne ne peut prĂ©juger d’emblĂ©ece qu’il fera de “sa” religion le reste de la vie! Les sociologues formulentl’hypothĂšse que “
si la situation de pluralisme croissant qui marque nossociĂ©tĂ©s se confirme
” l’adhĂ©sion Ă  une Eglise relĂšvera “
de plus en plusd’un choix personnel et de moins en moins des hasards de la naissance
”.35

Il n’empĂȘche que le conditionnement existe et pour mieux le cerner il nousa paru intĂ©ressant et utile de commencer par un tour d’horizon trĂšs rapideet, hĂ©las, trĂšs simplificateur de l’implantation des grands groupes religieuxĂ  travers le monde. Le voici:

‱ Afrique. Trois grands courants spirituels se partagent l’Afrique: lesmusulmans, dominants au nord, les chrĂ©tiens, dominants au centre et ausud et les animistes, dont le nom varie selon les ethnies et les pays. Il s’agitdes “adeptes des religions traditionnelles oĂč se pratiquent la vĂ©nĂ©ration denombreux dieux ou esprits et le culte des ancĂȘtres avec l’utilisation de lamagie comme moyen de contrĂŽle du monde avec l’aide des habitants del’au-delà”.36

Il faut ajouter que le syncrĂ©tisme religieux – qui combine des Ă©lĂ©mentsdivers en provenance des diffĂ©rentes religions – est trĂšs frĂ©quent sur lecontinent. Ainsi des croyances et pratiques des religions musulmane et ani-miste d’un cĂŽtĂ© et chrĂ©tienne et animiste de l’autre se trouvent trĂšs souventĂ©troitement entremĂȘlĂ©es chez certaines populations.

‱ Asie. MosaĂŻque impressionnante de peuples, de religions et de cultures,l’Asie prĂ©sente – peut-ĂȘtre comme aucun autre continent – l’image de ladiversitĂ©. Musulmans sunnites Ă  l’ouest, suivis de musulmans chiites en Iranet encore des musulmans sunnites au Pakistan, au Bangladesh et enIndonĂ©sie, en Malaisie et une forte minoritĂ© en Inde. L’Inde et le NĂ©pal sontdominĂ©s par l’Hindouisme, alors que le Bouddhisme est fortement majoritaireau Bhoutan, au Sri Lanka, en Birmanie, au Cambodge, en ThaĂŻlande, auJapon et un peu moins au Laos, au Vietnam et Ă  Taiwan. En Chine, alorsque les statistiques officielles signalent trois quarts de “non religieux oud’athĂ©es”, certaines Ă©tudes montrent qu’un 20% de la population seraitattachĂ© Ă  la “religion chinoise” ou “religion populaire”, mĂ©lange de traditionconfucianiste, du culte des ancĂȘtres, du taoĂŻsme, de quelques ritesbouddhistes et des pratiques liĂ©es Ă  la divination, la magie et la sorcellerie.37

Cette religion compte aussi comme adeptes une bonne moitiĂ© de lapopulation de Singapour, de Hong Kong et de Taiwan. L’Australie et laNouvelle ZĂ©lande sont trĂšs largement chrĂ©tiennes, avec trois grandsgroupes: les catholiques, les protestants et les anglicans. C’est aussi le casdes petites Ăźles du Pacifique, avec l’exception des Ăźles Fidji, divisĂ©es entrechrĂ©tiens et hindouistes.

‱ Monde arabe. En commençant par la Mauritanie Ă  l’ouest, en passant parles pays du Maghreb, par la Libye et l’Egypte, dans tous les pays du MoyenOrient (Ă  l’exception d’IsraĂ«l), un “trait commun marque de façon dĂ©cisive

2.2 UN PARCOURS RAPIDE ATRAVERS LES CONTINENTS

(=GRANDES ZONESGEOGRAPHICO-CULTURELLES

DE LA PLANETE)

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la rĂ©alitĂ© du fait religieux dans cet immense ensemble gĂ©ographique: lepoids dĂ©terminant de l’Islam.”38 Il ne faut pas oublier que “monde arabe”et “monde musulman” ne sont pas deux rĂ©alitĂ©s qui se recouvrent, ledeuxiĂšme terme Ă©tant beaucoup plus vaste que le premier. En effet, lemonde musulman inclut non seulement la Turquie, mais aussi (voir Asie,ci-dessus) un nombre important de pays qui s’étendent vers l’est jusqu’àl’IndonĂ©sie, le plus peuplĂ© des Etats musulmans.

‱ AmĂ©rique du Nord. Les chrĂ©tiens sont trĂšs largement majoritaires: plusde 87% de l’ensemble de la population dont 36% sont protestants et 33%sont catholiques. Aux Etats Unis, le nombre de chrĂ©tiens s’élĂšve Ă  environ200 millions, soit 88% de la population. Sur ce chiffre, 40% sont protestants,30% catholiques, 2,4% anglicans et 2,2% orthodoxes. A noter que cespourcentages risquent, avec la forte immigration en provenance d’AmĂ©riquelatine, d’évoluer rapidement en faveur des catholiques.39 Il faut aussisignaler qu’aux Etats-Unis “se trouve la plus forte concentration de juifs aumonde, deux fois plus nombreux qu’en IsraĂ«l. MĂȘme s’ils ne reprĂ©sententque 3% de la population, les juifs sont une force majeure de la vie amĂ©ri-caine”.40 Il faut aussi constater que “la communautĂ© islamique s’est consi-dĂ©rablement accrue Ă  la faveur du mouvement de conversion chez les noirsamĂ©ricains”.41

‱ AmĂ©rique latine. Un chiffre sert Ă  indiquer la “couleur” du continent: lesquelque 400 millions de chrĂ©tiens latino-amĂ©ricains reprĂ©sentent un 93% dela population et sont catholiques Ă  88%.42 Le christianisme apportĂ© par lescolons ibĂ©riques “a profondĂ©ment marquĂ© une population naturellementattachĂ©e aux valeurs transcendantes et Ă  la vie communautaire. Lesexpressions de cette foi – fĂȘtes joyeuses, processions, culte des saints et desmorts, petits autels dans les maisons et dans les lieux publics – sont cellesd’une religiositĂ© populaire marquĂ©e par des traces de croyances et demythes anciens”.43 Le rĂŽle des laĂŻcs est trĂšs important aussi bien commecatĂ©chistes ou animateurs de cĂ©lĂ©brations liturgiques que comme animateursdes communautĂ©s de base et, de ce fait, ils se trouvent parfois au premierrang des organisations populaires. Le syncrĂ©tisme religieux – trĂšs prĂ©sentau BrĂ©sil et dans les pays de la zone andine Ă  forte population indienne –est le rĂ©sultat des brassages constants opĂ©rĂ©s au cours des siĂšcles entre lespopulations d’Indiens, de Noirs et de colons blancs. Dans beaucoup de cas,des populations formellement catholiques ont conservĂ© des pratiquesanimistes d’origine prĂ©colombienne.44 Il faut, en outre, souligner la prĂ©-sence de plus en plus nombreuse des sectes, le plus souvent en provenancedes Etats-Unis, qui ont parfois des moyens matĂ©riels trĂšs importants.

Faisant partie gĂ©ographiquement du Continent amĂ©ricain, les CaraĂŻbes ontnĂ©anmoins gardĂ© une spĂ©cificitĂ© propre. Le trait saillant est la “conservationdes traditions religieuses non-occidentales, en particulier africaines etindiennes-caraĂŻbes” Ă  cĂŽtĂ© des religions venues avec la ConquĂȘte.45

‱ Europe occidentale. L’Europe aussi prĂ©sente le paysage d’une grandediversitĂ©. Dans les pays nordiques (Danemark y compris le Groenland,Finlande, Islande, NorvĂšge et SuĂšde) il y a une grande Eglise luthĂ©rienneet plus de 90% de la population en est membre nominalement.46 Dans leBenelux, alors que la Belgique et le Luxembourg sont catholiques Ă  90%,aux Pays Bas, l’Eglise catholique se partage avec l’Eglise reformĂ©e, presqueĂ  parts Ă©gales, un 85% de la population.47 En Allemagne, environ 35% dela population est protestante et 35% catholique, avec environ 4% de

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musulmans et quelques milliers de juifs.48 La RĂ©publique d’Irlande est trĂšsmajoritairement catholique, alors que le Royaume-Uni prĂ©sente un panoramaplus complexe: en Irlande du Nord, catholiques et protestants se partagentle pays. “Bien que l’Angleterre et l’Ecosse aient Ă©tabli des Eglises ‘d’Etat’, cesdeux rĂ©gions et le pays de Galles sont maintenant en grande partie laĂŻques”(comme c’est le cas dans la plupart des pays d’Europe occidentale).49 Plussimple est le panorama de l’Europe latine: Espagne, France, Italie, Malte etPortugal, avec les petits Etats d’Andorre, Monaco, Saint Marin et le Vatican.La religion catholique est majoritaire avec des pourcentages qui varient de75% Ă  99%. A noter que “la civilisation musulmane appartient Ă  l’hĂ©ritagede l’Espagne” et que “du fait de la main d’Ɠuvre immigrĂ©e, l’Islam estdevenu en France la seconde religion (du point de vue numĂ©rique)”.50

La Suisse, historiquement trĂšs marquĂ©e par les luttes confessionnelles, estdevenue majoritairement catholique (54% de catholiques et 43% de protes-tants) alors que l’Autriche est catholique Ă  88% avec une petite minoritĂ©protestante.51

GrĂšce – Rappel historique: en 1054, la rupture entre l’Empire byzantin etl’Occident est consommĂ©e. Au-delĂ  des problĂšmes thĂ©ologiques rĂ©els, cetterupture obĂ©it Ă  des causes politiques, Ă©videntes depuis le couronnement deCharlemagne.52 La GrĂšce a conservĂ© pendant des siĂšcles le sens de la con-tinuitĂ© avec la tradition byzantine. Un rĂ©veil spirituel se manifeste du XIIIe

au XVe siĂšcle, de mĂȘme qu’un rĂ©veil Ă  la fois spirituel et national semanifeste durant le XVIIe siĂšcle. “DĂšs 1833 l’ensemble des Ă©vĂȘquesproclame l’indĂ©pendance de l’Eglise de GrĂšce Ă  l’égard du patriarcat deConstantinople, qui reconnaĂźt en 1850 cette autocĂ©phalie. En 1864,l’orthodoxie est dĂ©clarĂ©e religion d’“Etat”. “L’Eglise Orthodoxe Grecque estconsciente de ses responsabilitĂ©s et de la continuitĂ© de sa foi orthodoxedepuis les origines chrĂ©tiennes”, mais “l’ensemble de la chrĂ©tientĂ© grecquese montre prĂ©sentement dĂ©concertĂ©e par les dĂ©fis de la modernitĂ© auxquelselle se trouve confrontĂ©e”.53

La Turquie “est le seul pays musulman au monde qui se proclameofficiellement laĂŻque”. L’histoire des 80 derniĂšres annĂ©es du XXe siĂšcle estremplie de confrontations et d’accommodements entre les efforts dupouvoir, qui souhaite diffuser un “islam rĂ©publicain, conforme aux idĂ©auxdu progrĂšs et de l’occidentalisation” et les pressions du corps social “quiessaye d’empiĂ©ter chaque jour un peu plus sur la laĂŻcitĂ© proclamĂ©e del’Etat”. Les observateurs parlent volontiers aujourd’hui de “rĂ©islamisation dela Turquie” mais ce processus est loin d’ĂȘtre univoque.54

Chypre – L’üle reste divisĂ©e en deux parties: au nord, les Chypriotes turcsmusulmans (environ 18%) et au sud les Chypriotes grecs orthodoxes(environ 78%).

‱ Europe centrale et orientale. La situation dans les anciens pays Ă rĂ©gime marxiste justifie pleinement de leur accorder une section sĂ©parĂ©e decelle de l’Europe occidentale. Commençons par quelques caractĂ©ristiquescommunes:

‱ Dans la plupart de ces pays, on constate un vide idĂ©ologique et uneabsence de points de repĂšre. Certaines Eglises sont jugĂ©es sĂ©vĂšrementĂ  cause de leurs compromissions avec les anciens rĂ©gimes communisteset un endoctrinement officiellement athĂ©e a laissĂ© des sĂ©quellesimportantes.

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‱ De l’autre cĂŽtĂ©, on ne saurait nĂ©gliger “le facteur d’identificationnationale et de ressourcement culturel et moral” qu’a jouĂ© la religion/les Eglises en Europe centrale et orientale pendant toute la pĂ©riode dela domination communiste.55 En effet, au-delĂ  de l’aspiration de lapopulation Ă  un minimum de bien-ĂȘtre (que les rĂ©gimes s’avĂ©raientincapables de satisfaire) il y avait aussi un dĂ©sir trĂšs puissant de libertĂ©,que les Eglises essayaient de promouvoir. Ainsi, par exemple, laPologne, bastion par excellence du catholicisme, avec des taux deplus de 90%, avec une influence sociale et politique qui a permis Ă l’Eglise de tenir tĂȘte aux rĂ©gimes marxistes pendant un demi-siĂšcle.Inutile de souligner que cette influence n’a fait que grandir du fait del’élection d’un Pape polonais en 1978.

Concernant l’ancienne TchĂ©coslovaquie, la Slovaquie a Ă©tĂ© une nationtraditionnellement catholique, alors que la RĂ©publique TchĂšque a Ă©tĂ© mar-quĂ©e par l’influence protestante, surtout en BohĂšme et en Moravie.56

La Hongrie compte 54% de catholiques et 22% de protestants, essentiellementcalvinistes.57

La Bulgarie, Ă  dominante slave, est orthodoxe, de mĂȘme que la Roumaniequi a conservĂ© au travers des siĂšcles la conscience de son originalitĂ© latine.Elle a Ă©tĂ© christianisĂ©e Ă  l’origine dans la tradition orthodoxe byzantino-slave et, “en 1862, le roumain devient langue liturgique officielle et l’auto-cĂ©phalie, proclamĂ©e en 1865, sera reconnue vingt ans plus tard par lepatriarche de Constantinople.”58

Parmi les Etats nĂ©s de la dĂ©sintĂ©gration de l’ancienne Yougoslavie, laSlovĂ©nie et la Croatie sont majoritairement catholiques, la Bosnie-HerzĂ©govine regroupe des musulmans, des catholiques et des orthodoxes,la Serbie est orthodoxe. Dans la RĂ©publique fĂ©dĂ©rale de Yougoslavie(Serbie et MontĂ©nĂ©gro) “la population est majoritairement orthodoxeserbe, avec une forte minoritĂ© musulmane et une petite minoritĂ© catholiqueromaine”.59 Par ailleurs, au Kosovo, la majoritĂ© musulmane a nourri l’irrĂ©-dentisme kosovar vis-Ă -vis de la Serbie. Dans l’ex-RĂ©publique yougoslavede MacĂ©doine “les chrĂ©tiens macĂ©doniens orthodoxes sont majoritaires,avec une minoritĂ© musulmane”.60

Albanie – Pendant la pĂ©riode marxiste, la propagande athĂ©e a Ă©tĂ© menĂ©evigoureusement et on comptait officiellement prĂšs de 75% d’athĂ©es ou sansreligion. Des donnĂ©es plus rĂ©centes indiquent “
70% de musulmans, 20%d’orthodoxes grecs, 10% de catholiques romains”.61

En Estonie, “la majoritĂ© des croyants est protestante de confession luthĂ©-rienne, avec des minoritĂ©s orthodoxes russes et baptistes”;62 en Lettonie,“les principales religions sont la luthĂ©rienne, la catholique romaine etl’orthodoxe russe”;63 tandis qu’en Lituanie, “la majoritĂ© est catholiqueromaine, avec des minoritĂ©s orthodoxes russes et luthĂ©riennes”.64

‱ Eurasie. DĂ©jĂ  au XVIIe siĂšcle, la Moscovie “
avait atteint les rives duPacifique et les contreforts du Caucase”. Cet immense espace englobait lespopulations les plus diverses et se prĂ©sentait comme une “
Babel oĂčcohabitaient les grandes religions rĂ©vĂ©lĂ©es (orthodoxie, islam, judaĂŻsme),mais aussi bouddhisme et chamanisme”.65

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L’Eglise orthodoxe russe – de loin la plus importante de Russie, estreprĂ©sentĂ©e par le Patriarcat de Moscou. En 1997, on estimait qu’ellerassemblait quelque 24 millions de fidĂšles dans plus de 14.000 paroisses.Cette Eglise a juridiction sur 119 Ă©parchies, dont 59 se trouvent en Russieet les autres en BiĂ©lorussie, en Ukraine, au Kazakhstan, en Moldavie, enOuzbĂ©kistan, dans les Etats baltes et aux quatre coins du monde, y comprisĂ  New York et au Japon. La Russie compte Ă©galement prĂšs de 14 millionsde musulmans, plus d’un million de protestants et quelque 600.000 juifs.66

En Ukraine, l’Eglise orthodoxe, largement majoritaire, s’est scindĂ©e en troisgroupes en 1996: l’Eglise orthodoxe ukrainienne, qui relĂšve de l’obĂ©diencede l’Eglise orthodoxe russe de Moscou, l’Eglise orthodoxe ukrainienneautocĂ©phale et l’Eglise orthodoxe ukrainienne du Patriarcat de Kiev. Lecatholicisme est bien implantĂ© dans la moitiĂ© occidentale du pays.67

L’Eglise uniate de rite oriental, historiquement subordonnĂ©e au Vatican,avait Ă©tĂ© incorporĂ©e de force Ă  l’Eglise orthodoxe pendant la pĂ©riodesoviĂ©tique.68 Le problĂšme a finalement Ă©tĂ© rĂ©glĂ© en 1991 “
par la confirma-tion de 10 Ă©vĂȘques par le Pape”.69

En BiĂ©lorussie, c’est l’Eglise orthodoxe qui prĂ©domine, regroupant environ31% des BiĂ©lorusses. Approximativement 18% de la population est deconfession catholique romaine.70

Les pays d’Asie centrale appartenant Ă  la C.E.I. sont tous largementmusulmans sunnites, soit environ 70% de la population au Kirghizstan, 90%au TurkmĂ©nistan, 80% au Tadjikistan et des proportions similaires auKazakhstan et en OuzbĂ©kistan.71 A noter que dans ces pays, le rĂ©seauinstitutionnel de mosquĂ©es avait Ă©tĂ© largement dĂ©mantelĂ©72 avant la fin del’URSS et qu’il a Ă©tĂ© reconstituĂ© aprĂšs 1990. A tĂ©moin le Kazakhstan, quicomptait seulement 63 mosquĂ©es en 1990 et en comptait dĂ©jĂ  quelque 4000en 1996.73

Enfin, concernant la Transcaucasie, chaque pays est un cas diffĂ©rent. EnGĂ©orgie, l’Eglise orthodoxe gĂ©orgienne possĂšde sa propre organisation,placĂ©e sous l’autoritĂ© du Catholicos (patriarche) Ilya II, qui rĂ©side Ă Tbilissi.74 L’AzerbaĂŻdjan est musulman Ă  92% (majoritairement Shia), lerestant de la population Ă©tant principalement orthodoxe russe et apostoliquearmĂ©nienne.75 L’ArmĂ©nie a adhĂ©rĂ© au christianisme en 301 de notre Ăšre,devenant ainsi la premiĂšre nation chrĂ©tienne du monde. L’Eglise apostoliquearmĂ©nienne est dirigĂ©e par son Catholicos (Karekin II), chef de toutes lescommunautĂ©s armĂ©niennes du monde, avec 7 millions d’adeptes, dont 4millions dans la diaspora. Soixante-dix pour cent de la population fait partiede l’Eglise apostolique armĂ©nienne.76

En Moldavie, “la majoritĂ© de la population appartient Ă  l’Eglise orthodoxemoldave”.77

* * *

Deux remarques pour conclure:

Le lecteur se sera aperçu que dans cette section la place consacrĂ©e Ă  chaquerĂ©gion gĂ©ographico-culturelle est un peu diffĂ©rente. Loin de notre espritl’idĂ©e de consacrer plus d’attention Ă  une rĂ©gion ou Ă  un pays qu’à un autre.La rĂšgle suivie est simple: plus une situation apparaĂźt comme (relativement)homogĂšne, mieux elle peut ĂȘtre dĂ©crite en quelques lignes. Par contre, les

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situations trÚs compliquées demandent un traitement légÚrement plusample, parfois avec des références aux situations historiques qui ontprovoqué cette diversité.

On a vu plus haut (section 1.2.2) que dans chaque religion il y a un certainnombre de vĂ©ritĂ©s Ă  croire, des rĂšgles morales Ă  observer, des rites pourrendre culte Ă  la divinitĂ© et une communautĂ© de fidĂšles plus ou moinsorganisĂ©e. Dans un monde “idĂ©al” tout serait relativement simple: l’adhĂ©sionĂ  la foi entraĂźnerait la pratique de la morale, la prĂ©sence aux actes du culteet la participation Ă  la vie de la communautĂ©. Nous savons tous que c’estloin d’en ĂȘtre le cas!

Dans la vie “rĂ©elle”, tel pays compte une majoritĂ© de croyants Ă  telle religionet seulement quelques milliers de pratiquants; dans tel autre pays une foitrĂšs vive va de pair avec un grand relĂąchement de mƓurs; dans un troisiĂšmeencore les vĂ©ritĂ©s “officielles” de la religion sont mĂ©langĂ©es avec unemultitude d’élĂ©ments culturels venus d’ailleurs donnant lieu Ă  des formesde syncrĂ©tisme religieux plus ou moins prononcĂ©; et dans un quatriĂšmepays les actes du culte sont dĂ©laissĂ©s au profit de pratiques religieusesinventĂ©es ou dĂ©figurĂ©es par la religiositĂ© populaire qui frisent la “magie”,et ainsi de suite.

Nous allons aborder certains de ces phĂ©nomĂšnes dans les sections 2.3 et2.4 ci-aprĂšs. Il va sans dire qu’ils auraient pu ĂȘtre mentionnĂ©s dans cettesection mais les dimensions du document n’auraient pas Ă©tĂ© suffisantespour de telles prĂ©cisions, il aurait fallu un gros volume sinon uneencyclopĂ©die! Le but essentiel du tableau, certes schĂ©matique et incomplet,qui vient d’ĂȘtre dressĂ© est d’ouvrir quelques fenĂȘtres sur la variĂ©tĂ© et lacomplexitĂ© extraordinaire de l’univers religieux/spirituel du mondecontemporain et de fournir une toile de fond pour les deux sections quivont suivre.

Nous sommes conscients qu’il serait un peu lĂ©ger de caractĂ©riser la situationdes religions dans le monde en prĂ©sentant parfois un continent entier(comme nous venons de le faire) par quelques paragraphes. Reprenonsdonc par un autre biais, peut-ĂȘtre un peu plus systĂ©matique, et posons-nousquelques questions fondamentales.

1. Que reprĂ©sentent aujourd’hui les grandes religions/courants de pensĂ©e spirituelsdans le monde?

Les cinq grandes religions mondiales (Christianisme, Islam, Hindouisme,Bouddhisme et religions naturelles – animisme et autres) regroupentensemble prĂšs de 4 milliards de membres. Si on ajoute les cinq suivantes(Sikhs, JudaĂŻsme, Confucianisme, Baha’i et ShintoĂŻsme), on arrive presqueau chiffre de 4,1 milliards de personnes, soit approximativement un 75%des habitants de la terre.”78 Il est inutile d’insister sur la relative imprĂ©cisionde ces chiffres, mais il faut souligner qu’ils ne disent rien ni sur le degrĂ©d’adhĂ©sion intellectuelle ni sur le degrĂ© de pratique religieuse.

Il faut souligner, en outre, que “la double pratique religieuse est courantedans de nombreux pays”. Un cas typique est l’AmĂ©rique latine oĂč “beau-coup de catholiques (rĂ©pertoriĂ©s comme tels parce que baptisĂ©s) sont

2.3 QUELQUES QUESTIONSFONDAMENTALES SUR LES

GRANDES RELIGIONS ETCOURANTS DE PENSEE

SPIRITUELS DANS LEMONDE D’AUJOURD’HUI

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Page 16 - Scoutisme et DĂ©veloppement Spirituel

adeptes des religions syncrĂ©tiques” et qu’en Asie “cette situation est aussifrĂ©quente”.79

MĂȘme avec ces imprĂ©cisions numĂ©riques, il faut reconnaĂźtre que “...lareligion constitue pour beaucoup de chrĂ©tiens, de juifs, de musulmans,d’hindous et de bouddhistes, l’élĂ©ment structurant de leur vie”80 et pour bonnombre d’entre eux “la religion sous-tend tous les aspects de la vie”.81

Il ne faut pas oublier de signaler que, mis Ă  part la dimension personnellede la foi, il y a aussi une dimension communautaire qui procure unecohĂ©sion sociale, structure la vie communautaire et confĂšre un caractĂšreparticulier Ă  de nombreux pays. (Voir encadrĂ© sur “le rĂŽle des religions” Ă la fin de la section 4.)

2. S’agit-il de religions “monolithiques” ou sont-elles traversĂ©es par des courantsidĂ©ologiques divers?

Les trois grandes religions monothĂ©istes (Christianisme, Islam et JudaĂŻsme)semblent traversĂ©es, Ă  des degrĂ©s divers, par deux courants opposĂ©s: unprogressiste qui souhaite adapter la foi et l’éthique au monde moderne etun intĂ©griste ou fondamentaliste, qui souhaite conserver intacte la traditionet rejette donc les aspects jugĂ©s pernicieux ou nĂ©gatifs du “modernisme”.Dans le cas de l’Islam, en particulier, les spĂ©cialistes font remarquer que“l’échec de la transposition des modĂšles occidentaux dans les pays mu-sulmans a favorisĂ© l’essor de l’islamisme, manifestĂ© dans certains cas dansune variante “modĂ©rĂ©e” et dans d’autres dans une variante “dure ou in-transigeante”. Il est aussi impossible de dĂ©terminer, Ă  priori, jusqu’à quelpoint il s’agit d’une attitude dictĂ©e par le “retour du religieux” ou par unerĂ©ponse “culturelle” au modĂšle occidental considĂ©rĂ© comme importĂ© etdĂ©cadent.82

3. Qu’en est-il de la dĂ©sacralisation, laĂŻcisation ou sĂ©cularisation de la sociĂ©tĂ© engĂ©nĂ©ral?

Avant tout, une clarification conceptuelle s’impose. Le mot “sĂ©cularisation”en français vient du droit. Il dĂ©signe le transfert des biens d’Eglise Ă  unpropriĂ©taire civil et aussi le processus par lequel un religieux retourne Ă l’état sĂ©culier.

Du point de vue religieux et sociologique, il a un double sens. Il est utilisésoit

pour signifier “
l’affaiblissement de la tutelle des Ă©glises sur la sociĂ©tĂ© quirĂ©sulte de la diffĂ©rentiation moderne des institutions, [soit]


pour signifier, plus radicalement, la perte du sens religieux dans unesociĂ©tĂ© gouvernĂ©e par la raison scientifique et technique”.83

Dans la tradition anglo-saxonne, le concept est liĂ© Ă  la perspective de MaxWeber, qui a parlĂ© du “dĂ©senchantement du monde” pour indiquer que lesavancĂ©es de la science et de la technique ont trouvĂ© des rĂ©ponses dans ledomaine scientifique Ă  des faits qui naguĂšre Ă©taient attribuĂ©s Ă  l’interventionde puissances surnaturelles.

Aujourd’hui, il est clair que le monde occidental vit dans un contexte de plusen plus dĂ©sacralisĂ© et pluraliste. On peut dire la mĂȘme chose d’unegrande partie du monde en dĂ©veloppement, mais il faut accepter l’affirmation

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Scoutisme et DĂ©veloppement Spirituel - Page 17

avec des nuances trĂšs importantes. Nous aurons, par ailleurs, l’occasiond’en reparler Ă  propos de la “re-sacralisation”, Ă©tiquette trĂšs inappropriĂ©eutilisĂ©e souvent pour dĂ©crire les phĂ©nomĂšnes de renouveau religieux ausein de la modernitĂ©.

Avant de conclure sur ce point, il faut encore distinguer entre “laĂŻcitĂ©â€ et“laĂŻcisme”. MĂȘme si ces deux termes sont souvent utilisĂ©s Ă  tort commesynonymes, laĂŻcitĂ© recouvre plutĂŽt la neutralitĂ© et l’indĂ©pendance de l’Etatentre toutes les religions et courants spirituels, selon la fameuse formule deRenan “la laĂŻcitĂ©, c’est-Ă -dire l’Etat neutre entre les religions”,84 alors quelaĂŻcisme se rĂ©fĂšre Ă  un effort dĂ©libĂ©rĂ© pour Ă©carter la religion du domainede la vie civile et politique et la confiner au plus profond de la conscience,Ă  la limite en essayant de la priver de toutes ses manifestations extĂ©rieures.

Avant de conclure, il faut souligner que, pour les spĂ©cialistes, le mot“sĂ©cularisation” “
ne dĂ©signe qu’un processus dont la logique est indis-solublement liĂ©e Ă  l’histoire occidentale”.85 Ceci ne veut pas dire qu’il nepuisse pas ĂȘtre appliquĂ© Ă  d’autres contextes culturels mais la transpositiondoit se faire avec la plus extrĂȘme prudence.

4. L’athĂ©isme, l’agnosticisme, l’Humanisme, que reprĂ©sentent-ils aujourd’hui dans lemonde?

Les trois termes englobent des négations plus ou moins radicales de Dieu,les dieux, le divin, la divinité, soit de son existence, soit de notre possibilitéde les connaßtre.

“L’athĂ©isme absolu est nĂ©gation de l’existence mĂȘme de Dieu et aussi de sapossibilitĂ© d’existence”. Sous sa forme historique, en Occident, les spĂ©cialistesdistinguent quatre variĂ©tĂ©s principales:

‱ l’athĂ©isme scientiste “
pour qui Dieu est inutile car la nature obĂ©it Ă ses propres lois et, pour l’expliquer, la science s’appuie sur le seulcalcul et l’expĂ©rience, sans avoir Ă  invoquer l’hypothĂšse Dieu”;

‱ l’athĂ©isme moral, qui tire sa force de l’existence du mal surtout lorsqu’ilfrappe l’innocent. Cet athĂ©isme affirme avec Stendhal “la seule excusede Dieu, c’est qu’il n’existe pas”, formule reprise par Sartre.

‱ l’athĂ©isme humaniste, social et politique. De Bakounine Ă  Nietzsche etProudhon, de LukĂĄcs Ă  Merleau-Ponty, on ne peut pas affirmer Ă  la foisDieu et la libertĂ© humaine; dans la mesure oĂč l’on veut conduire sondestin, il faut rompre avec l’idĂ©e d’un “penseur absolu du monde”,nĂ©gation mĂȘme de la libertĂ©.

‱ l’athĂ©isme “ontologique”, qui remplace l’idĂ©e de Dieu par un infini,encore plus grand, d’un au-delĂ  plus vaste. C’est surtout Heidegger quia donnĂ© toute sa portĂ©e Ă  cet argument.86

A noter que si l’athĂ©isme scientiste est aujourd’hui en rĂ©gression, on ne peutpas en dire autant des arguments qui affirment que le contenu de la religionest anthropologique, en d’autres mots, Dieu ne serait qu’une projection dudĂ©sir humain, une “personnification par la transformation des attributshumains en sujet divin”, la “
promesse de tout ce que l’homme espĂšre etdont il est privĂ©â€.87 D’oĂč la cĂ©lĂšbre formule de Marx sur la religion comme“opium du peuple”. D’ailleurs, de Marx Ă  Freud, la perspective est la mĂȘme:il s’agit d’une visĂ©e libĂ©ratrice, l’illusion religieuse de l’homme se prĂ©sentantcomme une aliĂ©nation Ă  dĂ©truire.88

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Contrairement Ă  ce qu’on pourrait imaginer Ă  premiĂšre vue, le jugement desspĂ©cialistes religieux sur l’athĂ©isme est loin d’ĂȘtre entiĂšrement nĂ©gatif. LesdiffĂ©rentes formes de contestation plus ou moins radicales ont permis de“purifier” la reprĂ©sentation de Dieu. Une image de Dieu (selon la terminologiede Bernanos) qui serait un “Dieu-trousseau de clĂ©â€ (rĂ©ponse Ă  toutes lesquestions), un “Dieu-mouchoir” (consolation de toutes les souffrances) etun “Dieu-porte-monnaie” (source de toutes les sĂ©curitĂ©s) n’a plus coursaujourd’hui parmi les thĂ©ologiens Ă©clairĂ©s.89

Encore deux précisions terminologiques:

‱ on rĂ©servera le terme d’indiffĂ©rence religieuse “
pour qualifier lanon-rĂ©fĂ©rence Ă  la religion dans les attitudes existentielles”.90

‱ enfin, l’agnosticisme vient de “
a-gnoscere 
impossibilitĂ© deconnaĂźtre. (Il) est en philosophie le refus d’une connaissance rationnelleet certaine de ce qui dĂ©passe l’expĂ©rience, et le rejet de la mĂ©taphysiquedans l’irrationnel. En thĂ©ologie, c’est la conviction que l’existence et lanature des rĂ©alitĂ©s transcendantes ne peuvent ĂȘtre atteintes par laraison”.91

Deux remarques avant de conclure sur ce point:

‱ Comme on a vu plus haut, ces dĂ©finitions se placent dans un contextehistorique occidental. Bien qu’elles puissent servir de points de repĂšrepour aborder la situation dans d’autres continents, il faut bien se garderde toute transposition culturelle abusive!

‱ Selon l’édition du “Britannica Book of the Year” de 1999, il y auraitenviron 150 millions d’athĂ©es dans 165 pays, soit 2,5% de la populationmondiale. Cet ouvrage inclut dans ce chiffre “les personnes professantl’athĂ©isme, le scepticisme, l’incrĂ©dulitĂ© ou l’irrĂ©ligion, y compris lesanti-religieux (opposĂ©s Ă  toute religion)”. Il inclut en outre des chiffrespour “les non-religieux”, y compris “les personnes ne professantaucune religion, les non-croyants, les agnostiques, les libre-penseurs,les sĂ©cularistes ‘dĂ©rĂ©ligiosĂ©s’, indiffĂ©rents Ă  toute religion” pour untotal d’environ 760 millions de personnes, reprĂ©sentant 12,8% de lapopulation mondiale”.92 Toutefois, aucune prĂ©cision n’est donnĂ©equant aux mĂ©thodes utilisĂ©es pour obtenir ces chiffres.

“Le terme d’‘humanisme’ s’applique, historiquement, Ă  la ‘Religion del’humanité’ qu’Auguste Comte voulut substituer Ă  celle de Dieu”. Il s’agitdonc d’une “doctrine morale qui reconnaĂźt Ă  l’homme la valeur suprĂȘme
”.93

5. Qu’en est-il de la “privatisation du sentiment religieux”?

Pour complĂ©ter ce tableau, il faut mentionner ce qu’on appelle la “priva-tisation du sentiment religieux”, trĂšs prĂ©sente dans le monde occidental etqui a tendance Ă  s’étendre Ă  d’autres rĂ©gions gĂ©ographiques et culturelles.

Ce terme a plusieurs sens, qu’il convient de prĂ©ciser:

1) “Il n’y a pas de place pour la religion dans les laboratoires!” CetterĂ©flexion en forme de boutade s’inscrit dans le sens du processusgĂ©nĂ©ral d’autonomisation du domaine temporel (voir ci-dessus) dansla ligne de ce que Max Weber appelait la “rationalisation de toutes lessphĂšres de l’existence”.94

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2) Le deuxiĂšme sens dĂ©coule des fameuses “lois du marchĂ©â€, si souventcitĂ©es aujourd’hui.

“Le dĂ©veloppement du ‘dĂ©couplement’ social et de l’individualisationcorrespond aux lois du marchĂ© et Ă  la logique de la sociĂ©tĂ©concurrentielle. Le marchĂ© a besoin de l’individu libre qui s’épanouitdans la pluralitĂ© et la diversitĂ© de l’offre, donnant Ă  son tour un nouvelĂ©lan au marchĂ©. Sur la base du domaine des biens, la sociĂ©tĂ©concurrentielle s’est Ă©galement emparĂ©e des domaines de la pensĂ©e,des opinions, des convictions religieuses, ainsi que des relationssociales. La logique du marchĂ© pĂ©nĂštre toutes les sphĂšres de la vie Ă un point jamais atteint”.95

3) Le troisiĂšme sens est, d’une certaine façon, un corollaire du prĂ©cĂ©dent:il semble qu’il y ait, mĂȘme pour des croyants pratiquants, de plus enplus une dissociation entre le sentiment d’appartenance Ă  une Egliseet la conformitĂ© aux normes; il y a une “appropriation individuelle”de l’éthique oĂč “chacun se fait juge de ce qu’il veut croire”.96

En rĂ©sumĂ©, comme l’indique RenĂ© Le Corre “
de la religion comme insti-tution, on est passĂ© au religieux comme sentiment, affaire privĂ©e”.97

Les constatations qui prĂ©cĂšdent peuvent nous amener Ă  poser la question:la recherche d’une foi authentique, existe-t-elle encore chez les jeunes? LarĂ©ponse est positive. (Voir Section 2.4 ci-aprĂšs.)

6. Que reprĂ©sente la “nĂ©buleuse” Nouvel Age (New Age) aujourd’hui? Comments’inscrit-elle dans le tableau des religions, croyances et spiritualitĂ©s de notre temps?

Il est difficile d’indiquer de façon prĂ©cise les origines de ce mouvement.La vague a commencĂ© aux Etats-Unis vers les annĂ©es ’70 et s’est dĂ©veloppĂ©eun peu partout dans le monde occidental. “Son idĂ©e essentielle est quel’humanitĂ© est en train d’entrer, Ă  la veille de l’an 2000 et du passage de l’ùreastrologique des Poissons Ă  celle du Verseau, dans un Ăąge nouveau de prisede conscience spirituelle et planĂ©taire, d’harmonie et de lumiĂšre, marquĂ©par des mutations psychiques profondes”.98

Le Nouvel Age prĂ©sente “un nouveau paradigme”, une nouvelle maniĂšrede voir les choses, “une sorte de structure intellectuelle permettant decomprendre et d’expliquer certains aspects du rĂ©el”.99 “Cette visionenglobera aussi bien des Ă©tudes sur la transformation du cerveau, laspĂ©cialisation de ses hĂ©misphĂšres, les effets psychĂ©dĂ©liques, les pouvoirscachĂ©s de l’esprit, la mĂ©decine humaniste ou l’éducation transpersonnelle,que le bouddhisme Zen, le Livre de la Sagesse, l’ésotĂ©risme chrĂ©tien ou lamĂ©ditation soufie... C’est un programme grandiose”.100 Aujourd’hui, dansle monde occidental, ces idĂ©es sont prĂ©sentes partout et trĂšs particuliĂšrementdans le monde des affaires “par le biais des pratiques de dĂ©veloppementdu potentiel humain”...pour ‘rĂ©Ă©nergĂ©tiser’ et ‘surdimensionner’ les hommesd’affaires et augmenter ainsi leur efficacitĂ©â€.101

Il est encore trop tĂŽt pour dresser un bilan de ce nouveau “paradigme” enpleine expansion. Certains ont vu simplement une rĂ©ponse Ă  l’angoisseexistentielle de l’homme moderne, d’autres affirment qu’“avec le NouvelAge, l’irrationnel est entrĂ© par la grande porte”. D’autres, enfin, soulignentle besoin de distinguer entre certaines de ses techniques “...qui ont leurauthenticitĂ© et leurs valeurs propres” et leurs postulats plus ou moins

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explicites, qui consistent Ă  proposer une espĂšce de “...suprareligionmondiale de l’ùre du Verseau...”.102 Il faut souligner que ses diversesmanifestations reprĂ©sentent aussi un marchĂ© trĂšs florissant et en expansionconstante. VoilĂ  une tendance qu’il faudra suivre avec attention!

7. La montĂ©e du spiritisme, de l’astrologie, des mĂ©decines parallĂšles et des sciencesoccultes: est-elle rĂ©ellement une tendance majeure de notre temps dans le domainereligieux/spirituel?

Qu’elle soit ou non liĂ©e au “Nouvel Age”, des indications concordantes fontĂ©tat d’une montĂ©e du spiritisme, de l’astrologie, de la numĂ©rologie, des mĂ©-decines parallĂšles, des thĂ©rapies “douces” ou “holistiques”, des techniquesd’exploration de la conscience, de la PNL (Programmation Neuro-Linguistique), de la “guĂ©rison spirituelle” (spiritual healing), de la sophrologie,de la tĂ©lĂ©pathie, des techniques d’auto-hypnose pour la santĂ© et le dĂ©velop-pement personnel, du tarot et d’un nombre presque inĂ©puisable detechniques de voyance.

Il serait simpliste et rĂ©ducteur de les mettre tous dans le mĂȘme sac.Cependant, cette montĂ©e traduit, outre l’angoisse de notre temps, deuxtendances trĂšs importantes qu’il ne faut pas nĂ©gliger: l’homme de la fin duXXe siĂšcle semble refuser les frontiĂšres Ă©pistĂ©mologiques entre “science” et“para-science”, ce mĂȘme homme (tout en acceptant comme un acquis lesdonnĂ©es de la science institutionnelle) semble vouloir s’ouvrir de plus enplus Ă  d’autres systĂšmes de pensĂ©e: trouver l’harmonie par les lois de larĂ©sonance ou se soigner par les couleurs (chromatothĂ©rapie). En conclusion,jeter un pont entre deux mondes qui longtemps se sont ignorĂ©s.103

Les spĂ©cialistes voient dans beaucoup de ces manifestations de syncrĂ©tismereligieux des rĂ©surgences de la gnose traditionnelle, c’est-Ă -dire un rĂ©veildu gnosticisme. “Le gnostique d’aujourd’hui, comme celui d’hier, est unhomme angoissĂ© par sa condition d’homo viator jetĂ© dans l’existence,particuliĂšrement quand la sociĂ©tĂ© est ‘en manque de sens’. Il cherche la voiecachĂ©e pour Ă©chapper au monde, l’illumination salvatrice pour Ă©chapperĂ  l’angoisse”.104

Ce mĂ©lange saisissant a Ă©tĂ© rĂ©cemment dĂ©voilĂ© aux yeux du monde lors dusuicide collectif du groupe “Heaven’s Gate” de Marshall Applewhite, quiĂ©tait un mĂ©lange de “new age”, science-fiction et christianisme. Les gensvivaient en communautĂ©, s’appelaient “la classe” et constituaient un groupesĂ©lectionnĂ© pour prĂ©parer le passage Ă  un niveau de vie supĂ©rieure. Legroupe jouait sur des mĂ©canismes de contrĂŽle collectif trĂšs fort: mĂȘme pourla nourriture, la façon de se raser, etc., il fallait se conformer Ă  la norme.105

A tout cela il faut ajouter l’émergence d’un nouveau mysticisme. Peut-ĂȘtrel’exemple le plus significatif est celui de Paulo Coelho, dont les Ă©critsmĂ©langent dans un savant dosage la “recherche d’un trĂ©sor enfoui”, les“secrets du cƓur de l’homme” et les “signes du destin”.106 Il n’est pasĂ©tonnant que certaines de ses oeuvres comme “L’alchimiste” et “Le pĂšlerinde Compostelle” aient Ă©tĂ© traduites dans plus d’une vingtaine de langueset publiĂ©es Ă  des dizaines de millions d’exemplaires, car elles prĂ©sententbien “l’air du temps”, qui peut ĂȘtre rĂ©sumĂ© dans la phrase qu’il met dansla bouche d’un de ses personnages “En vĂ©ritĂ©, la vie est gĂ©nĂ©reuse pourcelui qui vit sa LĂ©gende Personnelle”.107

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Dans la mĂȘme ligne, on peut citer la romanciĂšre italienne Susanna Tamaro,auteur des succĂšs de librairie tels que “Va oĂč ton cƓur te porte” et “AnimaMundi”, ainsi que l’Indien Deepak Chopra, qui professe aux Etats-Unis unemĂ©decine fondĂ©e sur le mysticisme hindou.108 Sans parler de tout ce quireprĂ©sente l’influence du “paranormal” dans des “sĂ©ries cultes” de type “XFiles”, “Millenium”, “Atlantis”, “PSI Factor” et d’autres du mĂȘme style, quitendent Ă  montrer plus ou moins explicitement que “la vĂ©ritĂ© est ailleurs”.

ConclusionsQuelles conclusions tirer de tout ce qui précÚde? Sans trop développer à cestade, il faut en souligner au moins deux:

‱ “la soif d’enchantement n’a pas disparu dans le monde”,109 mais elletend Ă  s’exprimer en dehors des voies institutionnelles. Pour cetteraison, les spĂ©cialistes soulignent l’“importance de l’aventure spirituellepersonnelle, mais dĂ©connectĂ©e de l’enseignement doctrinal des grandesreligions”.110

‱ le “supermarchĂ© des religions” est bien plus qu’une formule, quechacun peut estimer heureuse ou malheureuse. C’est une rĂ©alitĂ© vĂ©cuepar l’homme d’aujourd’hui et, en particulier, par les jeunes.

Jean Vernette, spĂ©cialiste en la matiĂšre, a trĂšs bien dĂ©crit ce terreau culturel:“La religion, dans la prĂ©sente ‘ùre du vide’ [G. Lipovetski], apparaĂźt en effetcomme l’un des multiples moyens de la rĂ©alisation de soi, de l’équilibre etde la Sagesse, au mĂȘme titre que les Voies orientales de mĂ©ditation et lesmouvements occidentaux de DĂ©veloppement du Potentiel humain. Danscette perspective, chacun Ă©labore sa propre religion, Ă  sa mesure, enempruntant des Ă©lĂ©ments Ă  toutes les croyances, dans un vaste flou desopinions”.111

Sur la toile de fond dĂ©crite dans la section 2.3 ci-dessus, sans aucuneprĂ©tention Ă  l’exhaustivitĂ© et avec une grande humilitĂ© intellectuelle, nousnous bornons Ă  indiquer ici quelques traits saillants.

L’individualisation signifie que “les jeunes, dans la transition vers l’ñgeadulte, suivent un chemin de plus en plus personnel et subjectif, qui n’estque partiellement liĂ© Ă  leur Ăąge”.112 Et Mario Pollo explique: “On assistedans nos sociĂ©tĂ©s Ă  une dĂ©standardisation de la vie et Ă  une diversificationdes choix de vie. La vie devient ainsi une succession complexe de situationstransitoires que les personnes doivent sĂ©lectionner, organiser et contrĂŽlerpersonnellement. Le nouveau dĂ©fi est celui d’exploiter au mieux les op-portunitĂ©s du marchĂ©, les dispositifs institutionnels et le rĂ©seau des relationssociales, pour orienter de maniĂšre calculĂ©e son propre itinĂ©raire de vie”.113

ConsĂ©quence: “si d’un cĂŽtĂ© cela libĂšre, en revanche cela rend [les jeunes]plus faibles et plus fragiles pour la gestion de leur projet de transition versl’ñge adulte et finit par pĂ©naliser les plus dĂ©savantagĂ©s”,114 ceux que lesociologue allemand Ulrich Beck appelle les “Biographiehavarist”: “le‘bricoleur’ maladroit qui n’arrive pas Ă  rĂ©unir les composantes de ses

2.4 QUELQUES NOTES SURL’UNIVERS RELIGIEUX/SPIRITUEL DES JEUNES

D’AUJOURD’HUI

2.4.1 Individualisation

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possibilitĂ©s biographiques de combinaison [et] ce dĂ©veloppement aboutitĂ  de nouvelles solitudes”.115

En ce qui concerne les jeunes dans l’Europe centrale et orientale, diffĂ©rentesĂ©tudes confirment cette “tendance Ă  faire des choix personnels dans lesquestions de religion”.116 Celui qui questionne les jeunes “tombera surl’argent, le pouvoir, l’amour, Dieu, etc., mais de plus en plus sur l’aspirationĂ  une vie sur mesure”.117 “MĂȘme l’amour, le mariage sont vus plus quejamais en fonction de l’avenir inconnu, sont soumis Ă  la conclusion de lieret de maintenir ensemble des biographies individuelles, c’est-Ă -direcentrifuges”.118

L’individualisation et la recherche personnelle s’accompagnent de la rĂ©ti-cence Ă  suivre des modĂšles prĂ©Ă©tablis. “Les modĂšles de sens ‘prĂ©fabriquĂ©s’perdent progressivement de leur sens [et] la personne individuelle devientle point central de sa propre histoire, de son appartenance et mĂȘme de sapropre recherche de sens et de sa religion”.119 “La recherche transcendantede sens tombe dans une pure immanence”.120 Et le sociologue allemandGerhard Schmidtchen conclut: “Les passions religieuses suivent aujourd’huile chemin de l’immanence du monde”.121

Pour conclure sur ce point, une remarque importante: il ne faut pas tomberdans l’erreur d’associer automatiquement le fait de vouloir centrer la vie surla personne individuelle Ă  de l’égoĂŻsme ou de la suffisance. En effet, l’indivi-dualisme a une dĂ©finition positive: “actualisation de soi, rĂ©alisation de soi,affirmation de l’ego”, dĂ©veloppement de la personnalitĂ©; et un cĂŽtĂ© nĂ©gatif,liĂ© Ă  des manifestations telles que l’égoĂŻsme, le narcissisme, le nombrilisme,souvent en lien pratique avec la “sociĂ©tĂ© hĂ©doniste”.

Les jeunes semblent attirĂ©s en mĂȘme temps par un besoin, un dĂ©sir, unecuriositĂ© d’ordre religieux/spirituel et par la “culture de la superficialitĂ©â€.Sans entrer dans les dĂ©tails de cette “culture”, il faut citer Ă  ce sujet deuxlivres devenus classiques: “La sociĂ©tĂ© du spectacle” de Guy Debord (1967,puis 1987) et “L’ùre du vide. Essai sur l’individualisme contemporain” deGilles Lipovetsky.122

La superficialitĂ© ne se mesure pas, elle se “vit”. Voici quelques signesĂ©vidents:

‱ le rĂŽle marginal des vrais intellectuels et formateurs d’opinion Ă  latĂ©lĂ©vision, qui ont Ă©tĂ© remplacĂ©s par les “charlatans” qui animent les“talk shows”, prĂ©sentent les variĂ©tĂ©s et occupent l’antenne Ă  longueurde journĂ©e.

‱ l’augmentation du temps et de l’espace consacrĂ© Ă  la rubrique “people”aussi bien dans la presse Ă©crite qu’à la tĂ©lĂ©vision. Ceci est d’autant plusimportant que la tĂ©lĂ©vision – selon le rĂ©sultat de recherches con-cordantes menĂ©es Ă  bien dans de nombreux pays – fournit l’essentieldes “sujets de discussion dans les contacts sociaux de la vie courante,remplaçant ainsi, dans une large mesure, l’expĂ©rience directecommune”.123

‱ Encore deux tendances: le zapping Ă  la tĂ©lĂ©vision et le rĂ©flexe de navi-guer Ă  travers Internet. On ne se fixe pas, on regarde et on passe. Anoter que ces “
possibilitĂ©s artificielles d’expĂ©riences n’exigent au-cun engagement”.124

2.4.2 Perception spirituellecontre superficialité

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‱ La pauvretĂ© des symboles ou des symboles vidĂ©s de sens: “il y a unevraie crise d’images, de symboles et de mythes dans l’imaginationcollective d’aujourd’hui”.125

A tout ceci il faut ajouter que les jeunes ont de moins en moins la possibilitĂ©de faire “
des expĂ©riences directes: la communautĂ© de jeunes et vieux,l’expĂ©rience de la maladie et de la mort, la proximitĂ© du monde animal etvĂ©gĂ©tal, la sagesse populaire et les mouvements essentiels de la vie et dela survie, qui Ă©taient importantes dans les gĂ©nĂ©rations prĂ©cĂ©dentes,n’existent plus”.126

Quelques conséquences possibles:

1) Il y a ainsi un “dĂ©calage avec la rĂ©alitĂ©â€: la “vie rĂ©elle” est remplacĂ©ede plus en plus dans l’esprit des gens par la vie Ă  l’écran, par des cons-tructions artificielles.

2) Cette superficialitĂ© crĂ©e un cercle vicieux (c’est-Ă -dire qu’elle est enmĂȘme temps cause et effet) avec la peur de se poser les vraies ques-tions sur le sens profond des choses. Si l’on ajoute que cela va parfoisde pair avec la mĂ©fiance dans les relations interpersonnelles, faut-ils’étonner que cela conduise Ă  la peur de s’engager dans des situations/relations Ă  long terme?

3) Cela nous mĂšne directement Ă  atrophier une dimension, le sens dusacrĂ© (qui ne peut ĂȘtre perçu sans le sens du temps et de la profon-deur), et en hypertrophier une autre; c’est ce qui arrive, selonE. Drewermann, Ă  beaucoup de jeunes d’aujourd’hui.127

Conclusion logique: il ne peut y avoir une dimension spirituelle/religieuseprofonde sans un travail d’intĂ©riorisation. Nous verrons plus loin (section4) comment le Scoutisme peut contribuer Ă  ce travail nĂ©cessaire d’intĂ©rio-risation (du moi) des jeunes. Il suffit de mentionner pour le moment quecette “crise de l’intĂ©rioritĂ© contemporaine”,128 se manifeste chez les jeunesdans une difficultĂ© croissante Ă  se concentrer et aussi dans une difficultĂ© Ă se concevoir dans une perspective historique.

Les spĂ©cialistes ont constatĂ© que dans nos sociĂ©tĂ©s modernes et complexes,il y a une banalisation progressive du temps et que la distinction – autrefoistrĂšs marquĂ©e – entre temps de travail/fĂȘte, jours ouvrables/fĂ©riĂ©s, jourssacrĂ©s/profanes et mĂȘme jour et nuit tend Ă  s’estomper. Ils appellent cephĂ©nomĂšne l’expĂ©rience homogĂ©nĂ©isatrice du temps vĂ©cu par les jeunesd’aujourd’hui et ils ont constatĂ© qu’elle rend plus difficile la dĂ©couverte dusens de la vie.129

Quelques précisions nécessaires:

‱ On constate d’un cĂŽtĂ© l’affaiblissement de l’axe vertical du temps(passĂ©, prĂ©sent et avenir) et l’extraordinaire renforcement de l’axehorizontal (le prĂ©sent).

‱ On peut ajouter, dans le mĂȘme contexte, l’affaiblissement des liensentre les gĂ©nĂ©rations.

2.4.3 L’expĂ©riencehomogĂ©nĂ©isatrice du temps

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Page 24 - Scoutisme et DĂ©veloppement Spirituel

‱ En mĂȘme temps, on constate aussi l’affaiblissement des liens avec lesgens qui vivent autour de nous au dĂ©triment du resserrement des liensavec les gens qui ne vivent pas dans notre environnement immĂ©diat(Ă  travers Internet et le courrier Ă©lectronique, on peut ĂȘtre en contactavec le monde entier
 ou presque!)

ConsĂ©quence: Cela entraĂźne un changement du concept du “prochain”, decelui ou celle qui est “proche”, avec la modification consĂ©quente duconcept de “communautĂ©â€, d’oĂč l’incapacitĂ© de percevoir sa propre viecomme une histoire dotĂ©e de sens130 et comme une histoire personnelleinsĂ©rĂ©e dans une histoire communautaire.

On peut se demander si ceci n’est pas une diffĂ©rence fondamentale entreles cultures “occidentales” et “orientales”; ou bien entre les cultures des paysriches et celles des pays en voie de dĂ©veloppement, ou bien encore entrecultures prĂ©-techniques et cultures modernes. On peut aussi se demandersi l’expĂ©rience de la “mondialisation” n’est pas en train d’“uniformiser” laplanĂšte, dans ce domaine aussi! Mais une discussion approfondie de cesquestions nous Ă©loignerait du but essentiel de ce document.

Le sexe Ă©tant une expĂ©rience humaine fondamentale, il n’est pas Ă©tonnantqu’il cristallise aussi les pulsions caractĂ©ristiques de notre siĂšcle: pouvoir,avoir, jouir, consommer!

Dans beaucoup de pays et Ă  travers des moyens de communication demasse trĂšs sophistiquĂ©s qui couvrent virtuellement la planĂšte entiĂšre, on atendance Ă  prĂ©senter aujourd’hui le domaine de la sexualitĂ©/sensualitĂ©/relation entre les sexes comme un objet:

‱ de performance: Male Power, Viagra, etc.

‱ de jouissance et de consommation, dans le sens commercial du terme.On “vend” un produit, on vend un service “d’hĂŽtesses”, on vend unstrip-tease fĂ©minin ou masculin et ainsi de suite!

‱ de prestige et de statut social.

A noter l’insistance publicitaire sur le fait que le plaisir sexuel n’est pasrĂ©servĂ© aux jeunes et aux adultes, qu’il est aussi fait pour le troisiĂšme et lequatriĂšme Ăąges, que l’adultĂšre ne doit pas ĂȘtre un droit “rĂ©servĂ©â€ Ă  l’hommemais que la femme aussi y a “droit”, etc. Ces exemples – et on pourrait enciter d’autres – montrent Ă  l’évidence que l’hĂ©donisme est un style de viequi cherche sa “lĂ©gitimation” et qu’il n’a pas trop de difficultĂ©s Ă  la trouver,pourvu qu’on y mette le prix!

Pour replacer cette remarque dans son contexte, il importe de ne pasoublier que nous vivons Ă  une Ă©poque oĂč “la satisfaction et la gratificationimmĂ©diate sont importantes”, et “
oĂč la valeur de soi a pris de tellesproportions que n’importe quoi peut ĂȘtre sacrifiĂ© sur l’autel de l’ego”.131

Si la sociĂ©tĂ© de consommation fait autoritĂ© en la matiĂšre, il est clair que lesjeunes ne sont pas encouragĂ©s Ă  trouver un style de vie qui dĂ©coule desvaleurs et des principes mĂ»rement rĂ©flĂ©chis et des relations interpersonnellesprofondes, durables, dĂ©coulant de la perception d’un lien “sacrĂ©â€ entre unhomme et une femme qui s’engagent “pour la vie”. Cet engagement est

2.4.4 Le sexe “dĂ©sacralisĂ©â€

Page 29: SCOUTISME ET DEVELOPPEMENT SPIRITUEL

Scoutisme et DĂ©veloppement Spirituel - Page 25

devenu un style de vie parmi d’autres, qui doit affirmer sa lĂ©gitimitĂ© dansun contexte de concurrence.132

Comme nous l’avons vu plus haut, la culture sociale dominante est complexeet polycentrique: “Le passage quotidien du jeune de la famille Ă  l’école, autravail, au groupe des jeunes de son Ăąge, aux associations, aux gymnaseset aux mass-media, est l’expĂ©rience d’un cheminement dans une situationsociale hĂ©tĂ©rogĂšne et fragmentĂ©e, qui l’invite Ă  vivre de maniĂšre pragmatiqueet sans projet, et Ă  Ă©viter les choix cohĂ©rents, s’il veut pouvoir profiter detoutes les promesses offertes par tous les lieux qu’il traverse”.133

Ainsi donc, le jeune dĂ©couvre “des lieux diffĂ©rents qui lui offrent souventdes valeurs, des modĂšles de vie, des codes et des normes trĂšs diffĂ©rents lesuns des autres, lorsqu’ils ne sont pas carrĂ©ment antagonistes”.134 Dans ledocument “Tendances”, nous avons dĂ©jĂ  traitĂ© le sujet: dispersion etĂ©clatement de la personne.135

Conclusion: est-il si Ă©tonnant que, placĂ© dans ce contexte, pour “un grandnombre de personnes, jeunes en particulier, il est souvent impossibled’acquĂ©rir les certitudes que les valeurs qui leur sont proposĂ©es ou qu’ilsont dĂ©jĂ  choisies comme base de leurs actions, sont vraies, importantes etjustes” ou bien qu’elles forment “simplement l’un des nombreux systĂšmesde valeurs prĂ©sents avec la mĂȘme dignitĂ© dans la vie sociale”.136

D’oĂč la tendance au “relativisme Ă©thique” et Ă  une mentalitĂ© de consom-mateur: regarder, comparer, acheter ou non, demander un service aprĂšs-vente et finalement jeter.137 (Il faut penser, en passant, Ă  la “throw awaysociety” ou sociĂ©tĂ© du jetable, dont Alvin Toffler nous parlait il y a 30 ansdĂ©jĂ !) Le rĂ©sultat d’une recherche en Allemagne montre que: “les troisEglises chrĂ©tiennes: l’Eglise protestante, l’Eglise catholique romaine etl’Eglise orthodoxe se trouvent placĂ©es dans une situation de marchĂ© oĂč ellessont devenues un offrant parmi d’autres”.138

Comme l’expliquent M. Affolderbach et R. Hanusch: “la foi chrĂ©tienne nesemble plus ĂȘtre le tapis sur lequel tous les meubles de mes convictionstrouvent leur place, mais un meuble d’appoint placĂ© au centre de la piĂšcepar une personne et Ă©ventuellement entreposĂ© quelque part par une autrepersonne pour en ĂȘtre ressorti Ă  l’occasion”.139

Ainsi donc, pour une partie trĂšs importante de nos contemporains etparticuliĂšrement pour les jeunes “[la religion]
 n’est plus La vision dumonde, mĂȘme si elle reste Une vision du monde, situĂ©e parmi d’autres. Nonseulement aucune religion ne peut prĂ©tendre Ă  l’universalitĂ©, mais dĂ©sormaistoute religion est soumise Ă  la critique des sciences humaines et au choixindividuel”.140

N.B. Le tableau ci-aprĂšs rĂ©sume d’une façon trĂšs schĂ©matique les tendancesqu’on vient de prĂ©senter dans cette section et les consĂ©quences qu’elles ontsur la perception de l’univers spirituel/religieux par les jeunes.

2.4.5 La culture sociale:complexité et polycentrisme, le

marché des sollicitationsmultiples

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Scoutisme et DĂ©veloppement Spirituel - Page 27

La situation que nous venons de dĂ©crire s’applique surtout aux pays quivivent dans des cultures “modernes” et “post-modernes”, en gros, poursimplifier, Ă  l’Europe et aux autres pays du nord, appelĂ©s “riches, indus-trialisĂ©s ou dĂ©veloppĂ©s”.

Il faut d’abord souligner que lorsque nous parlons de cultures “traditionnelles”ou “modernes” il ne s’agit pas d’un jugement de valeur. Les mots “tradi-tionnel”, “moderne” et “post-moderne” sont utilisĂ©s dans un sens sociologique.

Dans les pays Ă  culture traditionnelle prĂ©domine une mentalitĂ© propre Ă des civilisations prĂ©-techniques, oĂč la stabilitĂ© est privilĂ©giĂ©e sur le changementcomme modĂšle dĂ©sirable d’organisation sociale. “Elles postulent que lasurvie du groupe s’inscrit dans la permanence des institutions, des normes,des croyances, des rites, des maniĂšres de faire”.141

Par contre, la modernitĂ© fait rĂ©fĂ©rence Ă  une configuration culturelle appa-rue en Europe vers le XVIe siĂšcle, en gros avec la Renaissance, et qui seprolonge avec la philosophie des LumiĂšres. L’homme devient centre del’univers, l’innovation et le changement sont privilĂ©giĂ©s comme formesd’organisation sociale, l’économie prend une place centrale avec la sociĂ©tĂ©industrielle et le triomphe de l’individualitĂ© est consacrĂ© dans un “
individua-lisme civique oĂč le moi individuel se grandit de se soumettre Ă  l’universalitĂ©citoyenne (ex: RĂ©volution Française)”.142

La “post-modernitĂ©â€, concept rĂ©cent et discutĂ©, fait rĂ©fĂ©rence aux 20-30derniĂšres annĂ©es, s’identifie Ă  la modernitĂ© dans son culte de l’individualisme,mais substitue la “particularitĂ© tribale et rĂ©ticulaire” Ă  l’universalitĂ© et “fait dumoi et de sa jubilation hĂ©donique la fin suprĂȘme”. Paradoxalement, le moise fragilise avec la multiplication des identifications multiples et l’imagedevient envahissante: “
image publicitaire, image tĂ©lĂ©visuelle, imagevirtuelle, image de marque
 tout et toutes choses doivent se donner Ă  voir,se mettre en spectacle”.143

* * *

Du point de vue de la distribution gĂ©ographique, une bonne moitiĂ© (oupeut- ĂȘtre jusqu’à deux tiers) de l’humanitĂ© vit dans des rĂ©gimes “traditionnels”ou “en transition” et un bon quart de l’humanitĂ© vit dans des pays Ă  trĂšs fortclivage: “zones de modernitĂ©â€ relativement petites (surtout dans les villes)et “zones traditionnelles” surtout dans les campagnes. Dans d’autres paysdes “ülots de modernitĂ©â€ se trouvent Ă  l’intĂ©rieur d’une mer “traditionnelle”et dans d’autres pays encore, des Ă©lĂ©ments de “modernitĂ© technique” co-existent avec des configurations culturelles fortement traditionnelles.

Qu’en est-il de la coexistence entre ces diffĂ©rents modĂšles socioculturels?On peut avancer quelques hypothĂšses:

‱ Le vent – puissamment aidĂ© par les mass media – pousse en directionde la modernitĂ©.

‱ Donc, de plus en plus, les zones traditionnelles seront soumises Ă l’attaque et Ă  la pĂ©nĂ©tration des habitudes et des modes de penser enprovenance de la modernitĂ©.

‱ Les grandes religions Ă©tablies, liĂ©es Ă  des complexes culturels, semaintiendront mieux dans les zones traditionnelles.

‱ Les futurologues prĂ©voient des zones de forte tension tout le long deslignes de frottement. A tĂ©moin, une des interprĂ©tations de l’essor dufondamentalisme dans certains pays est celle d’un repli face Ă  la moder-nitĂ© (explication simpliste sans doute, mais pas entiĂšrement fausse).

2.5 RELIGIONS ET CULTURESTRADITIONNELLES, MODERNES

ET POST-MODERNES

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Page 28 - Scoutisme et DĂ©veloppement Spirituel

Conclusion: Le dialogue religion–modernitĂ© et religion(s)–modernitĂ©s(s) estĂ  suivre avec une attention particuliĂšre non seulement du point de vuegĂ©opolitique mais aussi du point de vue socioculturel, et d’une façon trĂšsspĂ©ciale par tous ceux qui s’intĂ©ressent Ă  l’éducation des futures gĂ©nĂ©rations.

* * *

Deux remarques importantes, la premiÚre sur le fond, la deuxiÚme sur laméthodologie:

1. Il n’est pas possible de tirer des conclusions univoques de tout ce quiprĂ©cĂšde. Comme le lecteur comprendra bien, il est impossible deformuler des rĂšgles prĂ©cises car chaque cas est un cas d’espĂšce. Lesquelques hypothĂšses Ă©noncĂ©es ci-dessus n’ont d’autre but que denous aider Ă  regarder de plus prĂšs certaines variables lorsque nousessayons de comprendre une situation concrĂšte.

2. Dans certains pays on ne fait pas d’enquĂȘtes, soit parce que ce n’est,en gĂ©nĂ©ral, pas dans les habitudes, soit parce qu’on considĂšre qu’il nefaut pas interroger les gens sur leurs idĂ©es et croyances religieuses(parfois parce que “cela va de soi”, par exemple “ici tout le monde estmusulman”, “tout le monde est catholique”, etc.). Dans d’autres pays,malgrĂ© la multiplication des Ă©tudes et enquĂȘtes, l’évolution desattitudes dans le domaine religieux est un des aspects les plus malconnus de l’évolution sociale. Il est clair que la fragmentation Ă  laquellenous avons fait allusion, le flou des convictions et la multiplication desĂ©tiquettes ne contribueront pas Ă  la clartĂ© du panorama, du moins dansun proche avenir.

* * *

Nous voilĂ  au terme de cette section “panoramique” sur l’univers religieux/spirituel des jeunes. Il s’agit d’un vaste chantier et la description que nousavons donnĂ©e ici est certes incomplĂšte. Elle contient, cependant, quelquespistes de recherche et quelques clĂ©s de lecture qui seront utiles Ă  ceux etcelles intĂ©ressĂ©s Ă  poursuivre leur rĂ©flexion.

Jean Vernette, grand spĂ©cialiste des nouvelles spiritualitĂ©s et nouvellessagesses, croit pouvoir affirmer “
l’apparition d’un nouveau modĂšle decroyance
” fondĂ© sur “
la poursuite d’un ‘parcours’ spirituel plus que[sur] l’adhĂ©sion Ă  un ‘discours’ dogmatique”.144

Ceci comporte trois conséquences importantes:

‱ la premiĂšre par rapport aux gens: on entre en communion avec lespersonnes avec qui l’on se sent bien. Cette remarque rejoint l’importanceaccordĂ©e par les psychologues au groupe de pairs comme endroitprivilĂ©giĂ© pour l’intĂ©riorisation des valeurs.

‱ la deuxiĂšme par rapport au temps: la vĂ©ritĂ© n’est pas Ă  ĂȘtre assenĂ©e.Il faut laisser Ă  l’individu le temps de l’intĂ©rioriser. Il faut laisser le tempspour qu’elle pĂ©nĂštre dans l’inconscient et le conscient. Elle serad’autant plus fermement ancrĂ©e qu’elle sera perçue comme une “voixintĂ©rieure” plutĂŽt que comme une “voix extĂ©rieure”.

‱ la troisiĂšme par rapport aux lieux d’intĂ©riorisation. On verra l’impor-tance de la nature, de la solitude, du temps passĂ© Ă  “ne rien faire”, Ă regarder les Ă©toiles, etc.

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Scoutisme et DĂ©veloppement Spirituel - Page 29

L’objectif principal de cette section est de montrer jusqu’à quel point ladimension spirituelle/religieuse Ă©tait prĂ©sente dans la pensĂ©e de Baden-Powell lorsqu’il a crĂ©Ă© le Mouvement.

Tout d’abord, une remarque prĂ©liminaire. B-P Ă©tait anglais et le Scoutismea Ă©tĂ© crĂ©Ă© au Royaume-Uni. Il n’est donc pas surprenant que ses commen-taires sur la religion soient inspirĂ©s surtout par le christianisme mais on peutaisĂ©ment voir comment ils vont bien au-delĂ  des limites d’une religionparticuliĂšre et s’appliquent Ă  tous les croyants. B-P lui-mĂȘme Ă©tait parfaitementconscient de cela lorsqu’il disait “La piĂ©tĂ© envers Dieu, le respect duprochain et le respect de soi-mĂȘme en tant que serviteur de Dieu sont labase de toutes les formes de religion”.145

Dans un souci de clarté et de simplicité, les idées de B-P ne seront pas déve-loppées en ordre chronologique mais plutÎt en ordre thématique.

Tous les responsables scouts connaissent l’importance de “Eclaireurs”(“Scouting for Boys”) dans l’histoire du Mouvement. Afin de montrer jusqu’àquel point la dimension spirituelle/religieuse Ă©tait prĂ©sente dans la pensĂ©ede B-P, il est important de citer trois extraits de la version originale de celivre.

Il y a d’abord une affirmation trĂšs catĂ©gorique: “Un homme n’est pas grand-chose, s’il ne croit pas en Dieu et n’obĂ©it pas Ă  Ses lois. Ainsi donc, chaqueEclaireur doit avoir une religion”.146

Il y a ensuite une courte dĂ©finition: “La religion est, au fond, une chose trĂšssimple: 1. Aimer et servir Dieu, 2. Aimer et servir votre prochain”.147 Etensuite un conseil pratique adressĂ© aux garçons: “En accomplissant votredevoir envers Dieu, soyez-Lui toujours reconnaissants. Chaque fois quevous Ă©prouvez un plaisir, ou que vous vous amusez Ă  un jeu, ou que vousrĂ©ussissez dans une bonne action, remerciez-Le pour cela, ne serait-ce quepar un mot ou deux, comme on dit les grĂąces au repas”.148

En 1926, on a demandĂ© Ă  B-P de faire un discours Ă  la ConfĂ©rence des Com-missaires Scouts et Guides, qui a eu lieu Ă  High Leigh, en Angleterre, surle sujet de “La religion dans le Mouvement Scout et Guide”.

Pour commencer, il a rĂ©sumĂ© sa pensĂ©e en disant: “On m’a demandĂ© dedĂ©crire plus complĂštement ce que j’avais Ă  l’esprit en ce qui concerne lareligion quand j’ai fondĂ© le Scoutisme et le Guidisme. La question qu’on m’aposĂ©e Ă©tait: ‘En quoi la religion y entre-t-elle?’ Eh bien, ma rĂ©ponse est lasuivante: Elle n’y entre pas du tout. Elle est dĂ©jĂ  lĂ . Elle est le facteurfondamental, sous-jacent, du Scoutisme et du Guidisme”.149 Et il a insistĂ©:“Il est trĂšs important que tous les Commissaires scouts et guides comprennentcela de sorte qu’ils puissent l’expliquer aux responsables scouts et guides,ainsi qu’à d’autres qui voudraient en savoir plus sur cette question”.150

Ces idĂ©es ont accompagnĂ© B-P durant toute sa vie. Ainsi, lorsqu’il a Ă©crit en1939 la prĂ©face de l’édition spĂ©ciale pour le Canada de “Scouting for Boys”,il a dit: “Il y a un Ă©norme rĂ©servoir de patriotisme et d’esprit chrĂ©tien quisommeille aujourd’hui dans notre pays surtout parce qu’il ne trouve pas une

3. LE DEVELOPPEMENTSPIRITUEL/RELIGIEUX

DANS LA PENSEE DEBADEN-POWELL

3.1 LA DIMENSIONSPIRITUELLE FAIT PARTIE

INTEGRANTE DE LA PENSEE DEB-P DEPUIS LES ORIGINES

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Page 30 - Scoutisme et DĂ©veloppement Spirituel

occasion concrĂšte de se manifester. Ici, dans notre joyeuse fraternitĂ©, il ya une occasion unique offerte Ă  tous pour s’engager dans ce travail quiproduit des rĂ©sultats grĂące Ă  vos efforts, un travail utile puisqu’il donne Ă chaque homme une possibilitĂ© de servir ses frĂšres et Dieu”.151

Nous verrons dans la section 4 comment les idĂ©es de B-P sur ce sujet ontinspirĂ© les But et Principes de l’Organisation Mondiale du MouvementScout.

B-P cite J.F. Newton (qui Ă©tait Ă  l’époque EvĂȘque de Winchester) “Lareligion n’est pas sĂ©parĂ©e de la vie, mais elle est le meilleur de la vie”.152

Dans le mĂȘme discours, le Devoir envers Dieu est liĂ© au Devoir envers soi-mĂȘme, au Devoir envers autrui, Ă  l’esprit de service et Ă  la recherche dubonheur dans la vie, le tout culminant dans une vision idĂ©ale de la sociĂ©tĂ©.

B-P parle d’astronomie et enchaĂźne “
en observant les objets plus prochesde lui, chaque enfant peut prendre conscience des merveilles et des beau-tĂ©s de l’Univers qui l’entourent et dĂ©velopper ainsi une vision plus large etse rapprocher de Dieu et de la dimension spirituelle de la vie
 Ceci estun moyen par lequel l’ñme d’un jeune peut ĂȘtre attirĂ©e par Dieu. L’étapesuivante consiste Ă  montrer que Dieu est Amour, qu’Il est Ă  l’Ɠuvre parminous et Ă  l’intĂ©rieur de chacun d’entre nous”.153

Devoir envers soi-mĂȘme: “...Le garçon doit se rendre compte qu’il entredans ses ‘devoirs envers Dieu’, de prendre soin des talents dont Dieu l’amuni pour son passage dans la vie et de les dĂ©velopper comme un dĂ©pĂŽtsacrĂ©â€.154

Devoir envers autrui et esprit de service: “Ainsi nous lui apprenons que faireson devoir envers Dieu n’est pas seulement se confier Ă  Sa bontĂ©, mais faireSa volontĂ© par la pratique de l’amour envers son prochain
 dans la lignedu Sermon sur la Montagne”.155

L’esprit de service: “C’est seulement Ă  travers la bonne volontĂ© et lacoopĂ©ration, c’est-Ă -dire Ă  travers le service Ă  autrui dans la joie, qu’unhomme peut atteindre le vrai succĂšs, c’est-Ă -dire le Bonheur. Il trouveraainsi le Ciel, ici dans ce monde et pas seulement comme une vision dumonde Ă  venir”.156

Et, il conclut: “Si tout ceci (tout ce qui prĂ©cĂšde) peut ĂȘtre adoptĂ© commeune rĂšgle gĂ©nĂ©rale, alors nous trouverons vraiment le Ciel sur la terre”.157

Conclusion: avec les mots de son Ă©poque, B-P a dit clairement que ladimension spirituelle fait partie d’un tout, en lien Ă©troit avec les autresĂ©lĂ©ments des principes fondamentaux et que tout cela dĂ©coule du but duMouvement: le dĂ©veloppement intĂ©gral des jeunes. Nous verrons dans lasection 4 quelle est l’importance de ces idĂ©es dans la conception et ledĂ©veloppement des programmes.

3.2 LE DEVELOPPEMENTSPIRITUEL N’EST PAS UNE

“DIMENSION AJOUTEE”. ILFAIT PARTIE D’UN TOUT ET IL

EST INTEGRE

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Scoutisme et DĂ©veloppement Spirituel - Page 31

Une conviction profonde qui a imprĂ©gnĂ© B-P tout au long de sa vie Ă©taitl’importance de l’éducation plutĂŽt que de la simple instruction, si la sociĂ©tĂ©veut former de vrais citoyens, des jeunes ayant un “caractĂšre”. Cetteobservation s’applique aussi Ă  l’éducation dans le domaine spirituel.

En 1918 dĂ©jĂ , Ă©crivant dans le “Headquarters Gazette”, B-P observait:

“La religion ne peut qu’ĂȘtre saisie par intuition et non pas enseignĂ©e. Ce n’estpas un vĂȘtement qu’on endosse le dimanche. C’est une dimension fon-damentale de la personnalitĂ© du garçon, un dĂ©veloppement de l’ñme et nonun revĂȘtement qui peut se dĂ©tacher. Le comportement d’un trĂšs grandnombre d’hommes n’est pas guidĂ© par une conviction religieuse et, dansune large mesure, ceci peut ĂȘtre attribuĂ© au fait qu’on a utilisĂ© l’instructionplutĂŽt que l’éducation dans la formation religieuse des enfants”.158

B-P dĂ©veloppa cette observation en 1926 dans son discours “La Religiondans le Mouvement Scout et Guide” “l’étude de la nature est la mĂ©thoded’enseignement la plus comprĂ©hensible et rapide
 Ă  l’intĂ©rieur de l’école,nous essayons d’enseigner aux enfants Ă  travers des prĂ©ceptes et de lathĂ©ologie Ă©lĂ©mentaire, alors qu’à l’extĂ©rieur, le soleil brille et que la natureles appelle pour leur montrer Ă  travers leurs yeux, leurs oreilles, leur nezet leur toucher les merveilles et les beautĂ©s du CrĂ©ateur”.159

Il a traitĂ© Ă  nouveau le sujet dans un discours prononcĂ© Ă  la ConfĂ©rence deYork en 1928: “Dans chaque personne humaine il y a un germe d’Amour,ce ‘fragment de Dieu’, comme l’ñme a Ă©tĂ© appelĂ©e, qui, si on l’encourageĂ  s’exprimer, se dĂ©veloppera jusqu’à pĂ©nĂ©trer le caractĂšre du garçon.L’amour, comme le radium, s’accroĂźt par son rayonnement mĂȘme. Une foisqu’on l’a fait naĂźtre chez le garçon, il ne va sans doute pas mourir dansl’homme. Sa tendance est plutĂŽt de s’accroĂźtre jusqu’à pĂ©nĂ©trer son ĂȘtre toutentier et toutes ses actions, jusqu’à lui donner vraiment le bonheur le plusgrand, de trouver son Paradis sur la terre
”.160

Cette conviction de B-P provenait de deux sources, la premiÚre étant uneobservation aiguë de la situation changeante des jeunes à son époque:

“La gĂ©nĂ©ration montante: 
Pendant les trente derniĂšres annĂ©es, la jeunegĂ©nĂ©ration s’est dĂ©tachĂ©e du cocon de la discipline victorienne, qui Ă©taitimposĂ©e de l’extĂ©rieur pour parvenir Ă  un comportement rĂ©git par leurboussole intĂ©rieure”.161 Et la deuxiĂšme, sa conviction affirmĂ©e que l’éducationactive est plus adaptĂ©e Ă  la nature des jeunes: “
puisque le garçon esttoujours disposĂ© Ă  faire plutĂŽt qu’à digĂ©rer”.162

Avant de clore cette section, un bref commentaire sur ce qui prĂ©cĂšde nousparaĂźt opportun: il est intĂ©ressant de comparer les phrases de B-P Ă©crites audĂ©but du 20e siĂšcle avec les conclusions de deux Rapports sur l’EducationĂ©laborĂ©s par les Commissions Internationales sous la responsabilitĂ© del’UNESCO, le premier publiĂ© en 1972 et le deuxiĂšme en 1996. Ils soulignenttous les deux l’importance d’une Ă©ducation qui comprenne non seulementla connaissance mais aussi les compĂ©tences et les attitudes et montrent que“apprendre Ă  connaĂźtre” n’est pas suffisant dans le monde d’aujourd’hui etque cet Ă©lĂ©ment doit ĂȘtre accompagnĂ© de “apprendre Ă  faire”, “apprendreĂ  ĂȘtre” et “apprendre Ă  vivre” avec les autres.

3.3 LA DIMENSIONSPIRITUELLE ET LE SCOUTISME

EN TANT QUE MOUVEMENTD’EDUCATION. IMPORTANCE

DE L’EDUCATION, DIFFERENTEDE L’INSTRUCTION

Page 36: SCOUTISME ET DEVELOPPEMENT SPIRITUEL

Page 32 - Scoutisme et DĂ©veloppement Spirituel

Comme nous l’avons vu ci-dessus (voir section 3.3), B-P avait une vĂ©ritablevĂ©nĂ©ration pour la nature. “Et cependant, dans tout cela, vie, sensation,reproduction, mort, Ă©volution, poursuivent leur chemin, sous la mĂȘmegrande loi qui nous gouverne nous aussi. L’homme a ses compagnons dansla nature parmi les plantes et les animaux de la forĂȘt. Pour ceux qui ont desyeux pour voir et des oreilles pour entendre, la forĂȘt est Ă  la fois unlaboratoire, un club et un temple”.163

Il n’hĂ©sitait pas Ă  contrer les arguments des athĂ©es de son Ă©poque: “LesathĂ©es
 soutiennent qu’une religion qui doit ĂȘtre apprise dans des livresĂ©crits par des hommes ne peut ĂȘtre vraie. Mais il ne semblent pas com-prendre qu’en dehors des livres imprimĂ©s et de la rĂ©vĂ©lation, Dieu nous adonnĂ© Ă  lire le grand livre de la nature. Et lĂ , ils ne peuvent parler demensonge, les faits se dressent devant eux
 Je ne veux pas faire de l’étudede la nature une forme de culte qui puisse remplacer la religion; mais jesoutiens que dans certains cas comprendre la nature, c’est faire un pas versla religion”.164

Mais, avant tout, il Ă©tait convaincu que la nature offrait la possibilitĂ© de crĂ©erune atmosphĂšre propice Ă  “
des pensĂ©es plus Ă©levĂ©es”: “Je m’étonne quetant de maĂźtres aient ignorĂ© ce moyen (l’étude de la nature) d’éducationtellement simple et infaillible et se soient efforcĂ©s d’imposer l’instructionreligieuse comme premiĂšre Ă©tape de la dĂ©couverte, par les garçonsturbulents et pleins de vie, des choses spirituelles”.165 Et il insistait: “LesactivitĂ©s scoutes constituent un moyen par lequel le pire des voyous peutĂȘtre amenĂ© Ă  des pensĂ©es plus Ă©levĂ©es qui feront naĂźtre en lui les Ă©lĂ©mentsde la foi religieuse”.166

Cette pensĂ©e Ă©tait tellement ancrĂ©e dans son esprit qu’il y est revenu dansson “Dernier message aux scouts du monde”: “L’étude de la nature vousapprendra que Dieu a crĂ©Ă© des choses belles et merveilleuses afin que vousen jouissiez
 Essayez de laisser ce monde un peu meilleur qu’il ne l’étaitquand vous y ĂȘtes venus”.167

Nous verrons dans la section 4, les consĂ©quences pĂ©dagogiques et juri-diques de l’empreinte du Fondateur sur le Mouvement, mais il y a encoreun point qui doit ĂȘtre soulignĂ©.

“...Comme dans le nationalisme, cela arrive aussi dans la religion. Se fondersur ses propres convictions religieuses est tout Ă  fait normal, mais celadevient un sectarisme Ă©troit lorsqu’on ne reconnaĂźt pas et n’apprĂ©cie pas lesaspects positifs d’autres religions, si on se prive de regarder avec lanĂ©cessaire ouverture d’esprit, les efforts que les autres font pour servir Dieuet pour Ă©tablir le Royaume de Dieu sur terre”.168

Ceci correspond Ă  sa conception de Dieu: “Dieu n’est pas un personnageĂ  l’esprit Ă©troit, comme certains sembleraient l’imaginer, mais un immenseEsprit d’Amour, qui ne s’attache pas aux petites diffĂ©rences de forme, dedogmes ou de confessions, et qui bĂ©nit tous ceux qui cherchent vraimentĂ  faire de leur mieux, Ă  Son service, suivant les lumiĂšres qu’ils reçoivent”.169

Sa conception du Royaume de Dieu Ă©tait aussi trĂšs large: “Par les mots ‘LeRoyaume de Dieu’ je veux signifier la place prĂ©dominante de l’amour dans

3.4 L’IMPORTANCE DE LANATURE DANS LE PROCESSUS

EDUCATIF ET DANS LEDEVELOPPEMENT SPIRITUEL

3.5 LA DIMENSIONSPIRITUELLE DOIT ETRE UNFACTEUR D’UNITE DANS LE

SCOUTISME ET NON UNFACTEUR DE DIVISION

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Scoutisme et DĂ©veloppement Spirituel - Page 33

le monde, plutĂŽt que la rĂšgle de l’intĂ©rĂȘt Ă©goĂŻste et de la rivalitĂ©, tels qu’ilsexistent aujourd’hui dans le monde”.170

De tout ce qui prĂ©cĂšde nous pouvons tirer une conclusion trĂšs claire: ladimension spirituelle appartient de plein droit Ă  la pensĂ©e de B-P, elle a Ă©tĂ©exprimĂ©e tout au long de sa vie, d’une façon consistante et cohĂ©rente dansune variĂ©tĂ© d’occasions et dans une multitude de publications Ă©crites d’oĂčnous avons extrait les citations susmentionnĂ©es.

La section 4 illustre la maniĂšre dont la pensĂ©e du Fondateur a Ă©tĂ© incarnĂ©edans le Mouvement tout au long de son histoire. En d’autres termes, nousessayerons de rĂ©pondre Ă  la question: l’OMMS a-t-elle Ă©tĂ© fidĂšle Ă  l’hĂ©ritagedu Fondateur?

Rapport entre SCOUTISME, NATURE et EXPERIENCE RELIGIEUSE

Si l’on regarde les grandes traditions spirituelles dans l’histoire del’humanitĂ©, le thĂšme de la montagne apparaĂźt comme un des grandssymboles de l’univers religieux, et ceci dans plusieurs religions. C’estla raison pour laquelle cet encadrĂ© est consacrĂ© Ă  la montagne.

‱ DĂ©jĂ  chez les Hittites, “chaque montagne [Ă©tait]... le siĂšge, le pointde fixation terrestre d’un dieu de l’orage puissant et vigoureux,symbole de la force... La montagne Ă©tait donc un lieu de hautesacralitĂ©â€.171

‱ Dans la tradition hindoue, Arunachala est une montagne sacrĂ©equi signale le passage des tĂ©nĂšbres Ă  la lumiĂšre, c’est-Ă -direl’aurore. C’est la manifestation de Shiva, de la rĂ©alitĂ© absolue.

Shiva est le seigneur de la danse cosmique et le feu qui détruit lemonde à la fin et donne lieu à un monde nouveau. Le pÚlerintourne autour de la montagne pour la regarder de tous les pointsde vue, mais la vérité est au centre, immobile comme la montagneArunachala, la montagne sacrée, qui symbolise la sortie vers Dieu,vers ce qui ne change pas.172

‱ Au Japon, “depuis les temps anciens les Montagnes ont Ă©tĂ©considĂ©rĂ©es comme la rĂ©sidence sacrĂ©e des kami [divinitĂ©s] quifournissaient l’eau pour la croissance du riz”. “AprĂšs l’introductiondu Bouddhisme au VIe siĂšcle, les Montagnes qui Ă©taient particu-liĂšrement considĂ©rĂ©es comme des lieux sacrĂ©s devinrent le centred’exercices religieux et de pratiques ascĂ©tiques”.173

‱ Dans la Bible aussi, la montagne occupe une place spĂ©ciale. C’estau Mont SinaĂŻ que MoĂŻse reçoit les Tables de la Loi;174 dans lePremier Livre des Rois, le prophĂšte Elie reçoit le message “Sorsdans la montagne et tiens-toi devant le Seigneur car il va passer”.175

Dans le Nouveau Testament, c’est aussi sur une montagne que leChrist proclame les BĂ©atitudes et que la Transfiguration s’opĂšre, enprĂ©sence de MoĂŻse et d’Elie.176

Ainsi donc, dans plusieurs traditions religieuses la montagne est unlieu privilĂ©giĂ© de la rencontre de Dieu et aussi de la rencontre desoi-mĂȘme. Le thĂšme de la montagne apparaĂźt assez souvent liĂ© Ă  celuide la solitude, sortir de l’ordinaire, s’écarter des hommes
certainsauteurs mystiques affirment que, pour celui qui recherche ce qui estauthentique, la solitude n’est pas un choix mais une nĂ©cessitĂ©!

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Page 34 - Scoutisme et DĂ©veloppement Spirituel

Cela n’a pas Ă©chappĂ© Ă  B-P. Dans son ouvrage “Life’s Snags and howto meet them, Talks to young men”, Ă©crit en 1927, B-P entame unemĂ©ditation sur les difficultĂ©s de la vie et la façon d’ĂȘtre prĂȘt pour lessurmonter. En rĂ©capitulant sa propre expĂ©rience, il dit “C’est dans lesbois qui entouraient l’école et dans le prĂ©au que j’ai le plus appris 
Ensuite, c’est sur les routes que s’est Ă©tabli une vĂ©ritable corrĂ©lationentre la connaissance intime de la Nature et l’aspect humain, que cesoit Ă  travers des vestiges historiques au bord du chemin ou desrencontres avec des hommes sur la route. Ensuite les croisiĂšres en meret l’alpinisme sont venus Ă©largir et confirmer les enseignements desbois et m’ont permis plus tard d’apprĂ©cier, Ă  travers les ocĂ©ans et dansles neiges Ă©ternelles, les bonnes choses que le CrĂ©ateur a placĂ©es, pournotre plaisir, Ă  une Ă©chelle plus grande, dans les rĂ©gions les plussauvages”.177

B-P consacre le chapitre 15 du mĂȘme ouvrage aux montagnes, sousle titre “Climbing as education”. Il dĂ©crit les diffĂ©rentes Ă©tapes, encommençant par un enfant de trois ans qui franchit un obstacle, pourpasser ensuite Ă  des enfants plus ĂągĂ©s grimpant aux arbres, etmentionne les bienfaits de l’escalade en Ă©quipe qui confĂšre “
uneĂ©ducation supplĂ©mentaire recouvrant les qualitĂ©s morales du leadership,la discipline, la bonne humeur, la coopĂ©ration altruiste et l’émulation”.178

Il affirme enfin “Mais ce qu’il y a de mieux, c’est l’alpinisme. Il forge deshommes vĂ©ritables – des hommes forts, Ă©nergiques et audacieux, desamoureux de la Nature, de la beautĂ© et de la religion”.179 Il mentionnele GĂ©nĂ©ral Smuts Ă  propos de l’expĂ©rience de l’alpinisme: “Nousressentons une immense joie. La religion de la montagne est, en rĂ©alitĂ©,la religion de la joie et de la libĂ©ration de l’ñme de tout ce qui l’use parun sentiment de lassitude, de tristesse et d’échec”.180 Et B-P conclut endisant: “C’est pourquoi, quand vous escaladez une montagne, faites-le en compagnie d’autres gens, mais lorsque vous arrivez au sommetradieux, avec sa vue imprenable, asseyez-vous seul dans un coin etmĂ©ditez. En mĂ©ditant, buvez l’inspiration merveilleuse de tout cela.Lorsque vous redescendrez sur terre, vous aurez l’impression d’ĂȘtrequelqu’un d’autre, dans votre corps et dans votre tĂȘte – qui plus est,dans votre esprit, un esprit libre de tout prĂ©jugĂ©â€.181

Ainsi donc, “La nature (les bois, les montagnes et la mer) semble ĂȘtrele lieu favorable pour les hiĂ©rophanies. Dans certains cas, c’est lasimple dimension du silence, de la beautĂ© et de l’harmonie de la naturequi rĂ©vĂšle la prĂ©sence de Dieu, et dans d’autres cas, c’est l’ascensionen montagne, avec ses connotations symboliques, qui est le lieu de larĂ©vĂ©lation de la prĂ©sence de Dieu”.182

Avec les symboles de la nature – et trĂšs particuliĂšrement la monta-gne – il s’agit d’ouvrir les jeunes cƓurs au mystĂšre de Dieu. Ceci estparticuliĂšrement important dans une Ă©poque comme la nĂŽtre, sipauvre en symboles collectifs! (Voir section 2.4) Ce langage des signesdevient “parlant” lorsqu’il est accueilli et pratiquĂ© par une petitecommunautĂ©, comme la patrouille ou la troupe, lorsque le partage desexpĂ©riences individuelles peut avoir lieu dans une atmosphĂšre defraternitĂ©, aprĂšs un effort collectif qui a mobilisĂ© les Ă©nergies de tous!

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Scoutisme et DĂ©veloppement Spirituel - Page 35

Tout d’abord, une remarque prĂ©liminaire. Pour des raisons logiques etconceptuelles, cette section est sĂ©parĂ©e de la section 3 ci-dessus. Il estcependant important de souligner d’emblĂ©e que la pensĂ©e pĂ©dagogique duMouvement et ses formes d’organisation juridique Ă  travers le tempsdoivent apparaĂźtre comme une consĂ©quence directe de la pensĂ©e de BadenPowell, d’autant plus que beaucoup d’entre elles ont Ă©tĂ© adoptĂ©es Ă  uneĂ©poque oĂč le Fondateur Ă©tait directement impliquĂ© dans le leadership etla direction du Mouvement.

La Constitution de l’Organisation Mondiale du Mouvement Scout indiqueclairement que le Scoutisme est “un mouvement Ă©ducatif”.183 Si l’on serĂ©fĂšre Ă  la classification utilisĂ©e par l’UNESCO (Ă©ducation formelle,informelle et non-formelle), le Scoutisme entre manifestement dans lacatĂ©gorie de l’éducation non-formelle, s’agissant d’une “
activitĂ© Ă©ducativeorganisĂ©e en dehors du systĂšme officiel, orientĂ©e vers un segmentparticulier de la population et poursuivant des objectifs Ă©ducatifs biendĂ©finis”.184

Le but du Scoutisme, tel que le dĂ©finit l’article I de la Constitution del’OMMS, est : “
de contribuer au dĂ©veloppement des jeunes en les aidantĂ  rĂ©aliser pleinement leurs possibilitĂ©s physiques, intellectuelles, socialeset spirituelles, en tant que personnes, que citoyens responsables et quemembres des communautĂ©s locales, nationales et internationales”.185

Comme nous l’avons vu, quatre de ces dimensions figurent dans laConstitution de l’OMMS: physique, intellectuelle, sociale et spirituelle, ladimension â€œĂ©motionnelle ” Ă©tant systĂ©matiquement intĂ©grĂ©e dans toutes lespublications pĂ©dagogiques du Bureau Mondial du Scoutisme afin de rendrecompte des derniĂšres avancĂ©es des sciences sociales en matiĂšre dedĂ©veloppement personnel.

En d’autres termes, le but du Scoutisme est le dĂ©veloppement intĂ©gral dela personnalitĂ© des enfants et des jeunes.

Ce faisant, le Scoutisme adopte une approche holistique de l’éducation desjeunes, ce qui signifie concrĂštement que le Scoutisme reconnaĂźt que chaquejeune est un individu “complexe qui tire en partie son identitĂ© propre del’interaction et de la relation entre toutes les dimensions d’un mĂȘmeindividu (physique, intellectuelle, Ă©motionnelle, sociale et spirituelle),entre cet individu et le monde extĂ©rieur et, au-delĂ  de tout cela, entre cettepersonne et une RĂ©alitĂ© spirituelle”.186

Les implications de cette affirmation sont nombreuses mais, pour lesbesoins du prĂ©sent document, deux d’entre elles nous semblent revĂȘtir uneimportance toute particuliĂšre:

‱ le Scoutisme reconnaĂźt que “toutes ces dimensions sont reliĂ©es entreelles et s’influencent les unes les autres”

‱ le Scoutisme tient compte du fait que le “dĂ©veloppement personnelsera le rĂ©sultat d’expĂ©riences multiples nĂ©cessairement rĂ©parties surune certaine durĂ©e”.187

4. LA DIMENSIONSPIRITUELLE DANS LE

SCOUTISME.CONSEQUENCES

PEDAGOGIQUES ETJURIDIQUES DANS

L’HISTOIRE DUMOUVEMENT

4.1 LA PEDAGOGIE DUMOUVEMENT SCOUT

Page 40: SCOUTISME ET DEVELOPPEMENT SPIRITUEL

Page 36 - Scoutisme et DĂ©veloppement Spirituel

Le Scoutisme s’attache Ă  offrir au jeune une telle multiplicitĂ© d’expĂ©riencesdans un environnement sain dans lequel le jeune va pouvoir “essayer”, tirerdes leçons de l’expĂ©rience, dĂ©couvrir un sentiment d’appartenance,dĂ©velopper son propre systĂšme de valeurs, enrichir progressivement sapersonnalitĂ© et, de ce fait, “
 se dĂ©velopper pour devenir cette personneunique, de plus en plus autonome et solidaire, responsable et engagĂ©e”.188

Le processus Ă©ducatif implique, par dĂ©finition, une recherche permanentede la part de l’individu, visant un dĂ©veloppement complĂ©mentaire de sapersonnalitĂ©, qui fait partie intĂ©grante du concept “faire de son mieux”.

Nous verrons plus loin l’importance de ces remarques concernant l’éducationspirituelle/religieuse qui ne devrait pas ĂȘtre conçue comme une activitĂ©sĂ©parĂ©e, enfermĂ©e dans une “petite boĂźte” mais, au contraire, comme unĂ©lĂ©ment reliĂ©, en thĂ©orie et en pratique, aux autres Ă©lĂ©ments constitutifs del’“expĂ©rience holistique du Scoutisme”. Cette remarque est essentielle dansla conception et le dĂ©veloppement des programmes scouts.

La question de la formulation de la dimension spirituelle dans la Promessescoute est complexe et ne date pas d’hier. Tous ceux qui ont lu l’histoiredu Mouvement Ă  ses dĂ©buts conviendront que la croissance du MouvementĂ©tait alors “charismatique” (certainement en raison de l’attrait exercĂ© Ă  la foispar le Fondateur et par les idĂ©aux) et, de ce fait, quelque peu dĂ©sordonnĂ©e.En outre, il ne faut pas oublier l’impact de la premiĂšre guerre mondiale(1914-18) et le fait qu’à l’époque les communications n’étaient de loin pasaussi rapides et efficaces qu’aujourd’hui.

Le Mouvement a Ă©tĂ© fondĂ© en 1907, mais jusqu’en 1920 il n’existait niConfĂ©rence, ni ComitĂ©, ni Bureau du Scoutisme Ă  l’échelle mondiale. LeBureau Mondial du Scoutisme a Ă©tĂ© crĂ©Ă© en 1920 et la plupart des pays qui,Ă  l’époque, s’étaient dĂ©jĂ  engagĂ©s dans la voie du Scoutisme, se sont rĂ©unisen 1922 Ă  l’occasion de la 2e ConfĂ©rence mondiale oĂč ils ont Ă©lu le premierComitĂ© international (qui est devenu le ComitĂ© Mondial du Scoutisme).ConsidĂ©rĂ©s comme les membres fondateurs, ces pays n’étaient pas tenus desatisfaire aux exigences ou aux normes de reconnaissance mais Ă©taientacceptĂ©s comme des associations scoutes bona fide, qui suivaient lespratiques acceptĂ©es qu’avait Ă©dictĂ©es le Fondateur.

Plusieurs de ces pays fondateurs possĂ©daient des fĂ©dĂ©rations regroupantplusieurs associations. Au sein d’une demi-douzaine de ces fĂ©dĂ©rations,certaines associations adhĂ©raient Ă  l’intĂ©gralitĂ© de la Promesse scoute, ycompris “le Devoir envers Dieu”, alors que pour d’autres cette promesseĂ©tait facultative. Trois de ces pays ont Ă©tabli de nombreuses associationslocales dans leurs colonies et leurs territoires d’outre-mer, dont lefonctionnement Ă©tait calquĂ© sur celui de l’association mĂšre.

A partir de 1924, les demandes d’adhĂ©sion des pays candidats furentexaminĂ©es par le ComitĂ© mondial. La Constitution mondiale originale a Ă©tĂ©adoptĂ©e en 1924 et, par la suite, les demandes d’adhĂ©sion furent soumisesĂ  l’approbation des pays membres, sur la recommandation du ComitĂ©mondial.

4.2 LA QUESTION DU“DEVOIR ENVERS DIEU” ET

LA/LES PROMESSESALTERNATIVES

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Scoutisme et DĂ©veloppement Spirituel - Page 37

On notera Ă©galement qu’en 1924, la ConfĂ©rence Mondiale du Scoutisme aadoptĂ© la RĂ©solution 14/24 intitulĂ©e “Principes du Scoutisme”, qui affirmesans ambages le principe spirituel, Ă  savoir:

“La ConfĂ©rence affirme que le Mouvement des Ă©claireurs a des caractĂ©ristiquesnationales, internationales et universelles, qui tendent Ă  donner Ă  chaquenation en particulier et au monde en gĂ©nĂ©ral, une jeunesse physiquement,moralement et spirituellement forte”.189

Cette RĂ©solution dĂ©finit ensuite ce qu’elle considĂšre comme le caractĂšrenational, international et universel du Mouvement et affirme, dans ledernier paragraphe:

“Le Mouvement des Ă©claireurs ne veut pas affaiblir, mais au contraire veutrenforcer les croyances religieuses de chacun de ses membres. La loi del’éclaireur exige que l’éclaireur pratique fidĂšlement et sincĂšrement sareligion et il entre dans les vues du Mouvement d’interdire toute espĂšce depropagande confessionnelle dans les rĂ©unions oĂč se trouvent des Ă©claireursappartenant Ă  des religions diffĂ©rentes.”190

A partir de 1924, le ComitĂ© Mondial du Scoutisme a commencĂ© Ă  superviserles diffĂ©rentes formulations de la Promesse scoute. On mentionnera iciplusieurs situations, Ă  titre d’exemple uniquement:

‱ Le ComitĂ© mondial a acceptĂ© que les Bouddhistes utilisent le terme“Devoir envers ma Religion” et les Hindous le terme “mon Dharma”.

‱ Il a Ă©galement acceptĂ© une formulation plus Ă©laborĂ©e pour certainesassociations musulmanes: “Etre fidĂšle Ă  Dieu et suivre les traces de sonProphĂšte et de ses apĂŽtres”.

‱ Dans le cas des animistes, il a acceptĂ© que seule une croyance en uneForce supĂ©rieure soit requise.

On notera que dans les trois exemples susmentionnĂ©s, il ne s’agit pas de“promesses alternatives” mais des expressions de la promesse “avec Dieu”selon la croyance de diffĂ©rentes religions. En effet, la formulation du“Devoir envers Dieu” dans l’esprit de Baden-Powell, depuis les origines duMouvement, doit aussi s’appliquer Ă  des religions qui ne sont pas mono-thĂ©istes, comme l’Hindouisme, ou qui ne reconnaissent pas un Dieupersonnel comme le Bouddhisme.

Afin d’éclaircir cette question et de rĂ©affirmer sa politique religieuse, leComitĂ© mondial a Ă©mis une DĂ©claration de principe en 1932, publiĂ©e dansle Magazine “Jamboree” “pour information et orientation gĂ©nĂ©rales”.191

Le document, signĂ© par Hubert Martin, alors Directeur du Bureau Mondialdu Scoutisme, commence par rappeler l’histoire du Mouvement: sesorigines, le nombre d’associations enregistrĂ©es, le Premier Jamboree et laPremiĂšre ConfĂ©rence Ă  Londres en 1920, la crĂ©ation du Bureau internationalet l’hypothĂšse que “
tous les pays qui Ă  ce jour ont adoptĂ© le MouvementScout l’ont fait sans altĂ©rer les principes fondamentaux Ă©tablis par sonFondateur. En se fondant sur cette hypothĂšse, le Bureau international areconnu toutes les associations scoutes existantes”.

4.3 LA DECLARATION DUCOMITE MONDIAL (1932)

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Page 38 - Scoutisme et DĂ©veloppement Spirituel

Cette dĂ©claration poursuit ainsi: “Plus tard, toutefois, le Bureau internationala appris qu’une infime minoritĂ© de ces associations scoutes avaient altĂ©rĂ©la Promesse scoute, en omettant la clause du ‘Devoir envers Dieu’ ou enla rendant facultative”.

Dans les quatre paragraphes suivants, le ComitĂ© mondial Ă©tablit la “clausede non-rĂ©troactivitĂ©â€, rĂ©affirme le principe gĂ©nĂ©ral et dĂ©termine la rĂšglepour l’avenir. Du fait de leur importance, nous avons jugĂ© utile de citer cesdispositions in extenso:

“Cette question a Ă©tĂ© abondamment discutĂ©e Ă  la deuxiĂšme ConfĂ©renceinternationale Ă  Paris en 1922 et il a Ă©tĂ© estimĂ© qu’étant donnĂ© que lesquelques associations qui avaient altĂ©rĂ© la Promesse scoute avaient dĂ©jĂ  Ă©tĂ©reconnues, il n’était pas correct d’annuler leur reconnaissance, tout enespĂ©rant qu’elles sauraient, en temps utile, trouver le moyen de restaurerla Promesse scoute dans son intĂ©gralitĂ©.

Le ComitĂ© international a dĂ©cidĂ© que, concernant toute nouvelle associationdemandant Ă  ĂȘtre reconnue, l’acceptation de la Promesse scoute dans sonintĂ©gralitĂ© serait considĂ©rĂ©e comme une condition sine qua non. Ainsi,depuis 1922, aucune nouvelle association n’a Ă©tĂ© reconnue Ă  moinsd’inclure, dans sa Promesse, la clause du ‘Devoir envers Dieu’.

Deux ou trois autres cas se sont prĂ©sentĂ©s dans lesquels de nouvellesassociations ont soumis une demande de reconnaissance alors que leurPromesse ne contenait pas ladite clause Ă  l’origine; dans tous les cas, lapromesse intĂ©grale a cependant Ă©tĂ© adoptĂ©e avant la reconnaissance.

Le ComitĂ© international estime qu’il est essentiel que toute associationsouhaitant ĂȘtre reconnue en tant que membre de la fraternitĂ© scoutemondiale soit disposĂ©e Ă  accepter, sans aucune omission, les principesfondamentaux Ă©tablis par le Chef Scout au moment de la fondation duMouvement. EprouvĂ©s depuis vingt-cinq ans, ces principes ont rencontrĂ©l’agrĂ©ment, non seulement des pays chrĂ©tiens, mais aussi des peuplesd’autres religions, Musulmans, Juifs, etc.”192

La ConfĂ©rence Mondiale du Scoutisme est revenue sur le sujet du “Devoirenvers Dieu” Ă  l’occasion d’une prĂ©sentation faite par Michel Rigal, alorsCommissaire GĂ©nĂ©ral des “Scouts de France” et SecrĂ©taire GĂ©nĂ©ral de laConfĂ©rence Internationale du Scoutisme Catholique (CISC) (comme elles’appelait Ă  l’époque), dans laquelle il suggĂ©rait une formule moins con-traignante pour interprĂ©ter le “Devoir envers Dieu”, en proposant la pos-sibilitĂ© de la remplacer par une formule qui contemple “une RĂ©alitĂ©spirituelle” ou “une Puissance spirituelle supĂ©rieure dans l’univers”. LeComitĂ© Mondial du Scoutisme avait aussi demandĂ© Ă  John Thurman (Chefde Camp, Gilwell Park, Royaume-Uni) de parler Ă  la ConfĂ©rence sur la“Formation spirituelle dans le Scoutisme” et il avait adoptĂ©, dans saprĂ©sentation, une vue plus restrictive.

PlacĂ©e devant les deux thĂšses, la ConfĂ©rence a adoptĂ© une formule de“compromis” dans la RĂ©solution n° 8 “Duty to God/Religion” (Devoirenvers Dieu/la Religion). Les tenants de la formule classique trouvaientsatisfaction dans le paragraphe 1, qui soulignait: “La ConfĂ©rence reconnaĂźt

4.4 RESOLUTION DE LA 18e

CONFERENCE MONDIALE DUSCOUTISME, LISBONNE 1961

Page 43: SCOUTISME ET DEVELOPPEMENT SPIRITUEL

Scoutisme et DĂ©veloppement Spirituel - Page 39

que le devoir envers Dieu ou la religion est fondamental dans la philosophieet les intentions du mouvement scout”, ainsi que dans le paragraphe 4 quiindiquait: “La ConfĂ©rence considĂšre qu’il est de la responsabilitĂ© des orga-nisations scoutes d’atteindre autant de garçons qu’il est possible de le fairedans la zone de notre influence, de les guider vers une vie spirituelle et des’assurer que la foi religieuse Ă  laquelle appartient un scout soit pleinementsauvegardĂ©e”.193

Les tenants de la formule souple/Ă©largie trouvaient leur compte dans lesparagraphes 2 et 3 de la mĂȘme RĂ©solution: “Pour les associations scoutesqui le dĂ©sirent, la Promesse doit pouvoir ĂȘtre formulĂ©e de telle sorte qu’elletienne compte du fait que parmi ses membres existent des croyants en unDieu personnel et aussi d’autres qui reconnaissent une rĂ©alitĂ© spirituelle.Toute formule de ce genre doit ĂȘtre en accord avec l’esprit de la Promessescoute originale qui reconnaĂźt une PrĂ©sence ou une Puissance spirituellesupĂ©rieure dans l’univers”.194

Il est intĂ©ressant de noter qu’à la lecture de cette formule on constate qu’ellesauvegarde l’essentiel de la notion du “Devoir envers Dieu”. Il est aussiintĂ©ressant de remarquer que 30 ans plus tard, c’est la mĂȘme formule de“RĂ©alitĂ© spirituelle” que le ComitĂ© des Constitutions et le ComitĂ© Mondialont acceptĂ© comme alternative valable de “Devoir envers Dieu” en rĂ©ponseaux dĂ©fis posĂ©s par la chute du rideau de fer et la demande de reconnaissancedes pays de l’Europe centrale et orientale (voir section 4.6).

Comme nous l’avons mentionnĂ© plus haut, le Scoutisme a toujours Ă©tĂ© unMouvement trĂšs pragmatique. Jusqu’aux annĂ©es 60, le Mouvement dansson ensemble ne s’est pas rĂ©ellement intĂ©ressĂ© aux Ă©lĂ©ments formels,d’autant plus que le secrĂ©tariat, d’abord Ă  Londres, puis Ă  Ottawa, avait dumal Ă  suivre le rythme de son expansion mondiale. Dans les annĂ©es 60, surl’initiative du ComitĂ© mondial et avec le soutien financier de la FondationFord, Dr. Laszlo Nagy, un chercheur de l’Institut Universitaire des HautesEtudes Internationales Ă  GenĂšve, a Ă©tĂ© nommĂ© pour mener Ă  bien une Ă©tudeapprofondie du Scoutisme mondial. Cette nomination a eu lieu en 1965 etles conclusions de l’étude, un document volumineux intitulĂ© “Rapport surle Scoutisme Mondial”, ont Ă©tĂ© prĂ©sentĂ©es Ă  la 21e ConfĂ©rence Mondiale duScoutisme, tenue en 1967 Ă  Seattle, Etats-Unis d’AmĂ©rique.

Le rapport a Ă©tĂ© adoptĂ© par la ConfĂ©rence Mondiale du Scoutisme commebase pour la rĂ©organisation du Mouvement et son auteur a Ă©tĂ© invitĂ© par leComitĂ© mondial Ă  assumer le poste de SecrĂ©taire gĂ©nĂ©ral. Deux autreschangements majeurs ont Ă©galement eu lieu: le Bureau mondial a Ă©tĂ© trans-fĂ©rĂ© d’Ottawa Ă  GenĂšve et ses effectifs ont Ă©tĂ© considĂ©rablement renforcĂ©s.

L’une des premiĂšres conclusions de l’étude Ă©tait la nĂ©cessitĂ© de rĂ©viser laConstitution mondiale, ce qui fut fait en 1973, Ă  l’occasion de la 24e ConfĂ©-rence Mondiale du Scoutisme, tenue Ă  Nairobi, Kenya: une nouvelle Consti-tution fut adoptĂ©e, couvrant tous les Ă©lĂ©ments structurels, Ă  l’exception duchapitre sur les Principes fondamentaux (alors le Chapitre II), les participantsĂ©tant convenus que ce chapitre mĂ©ritait une attention toute particuliĂšre.

4.5 1965-1977 REORGANI-SATION DU MOUVEMENT,NOUVELLE CONSTITUTION

MONDIALE ET ADOPTION DUNOUVEAU CHAPITRE I PAR LA

26e CONFERENCE MONDIALE DUSCOUTISME, MONTREAL 1977

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Page 40 - Scoutisme et DĂ©veloppement Spirituel

Entre 1973 et 1975, un questionnaire Ă  ce sujet a Ă©tĂ© envoyĂ© Ă  toutes lesOrganisations scoutes nationales, dont les rĂ©sultats ont Ă©tĂ© compilĂ©s etprĂ©sentĂ©s Ă  la 25e ConfĂ©rence Mondiale du Scoutisme, tenue en 1975 Ă Copenhague, Danemark. Cette ConfĂ©rence a pris note des rĂ©sultats del’étude, Ă  savoir “
une rĂ©affirmation globale de la validitĂ© du contenu duChapitre II, Ă  laquelle s’ajoute le dĂ©sir de reformuler ce chapitre en destermes plus forts et plus expressifs” (voir Annexe I) et a priĂ© le ComitĂ©mondial “de constituer un groupe de travail, aussi reprĂ©sentatif quepossible des diverses sociĂ©tĂ©s et cultures existant parmi les membres del’Organisation mondiale et de soumettre Ă  la 26e ConfĂ©rence mondiale despropositions relatives au Chapitre II
”.

En octobre 1975, le ComitĂ© mondial a Ă©tabli un Groupe de travail, dotĂ©d’une trĂšs large reprĂ©sentativitĂ© gĂ©ographique et culturelle; Ă  l’issue delongs prĂ©paratifs, ce groupe s’est rĂ©uni Ă  GenĂšve en mars 1976. Il a pour-suivi ses travaux par correspondance et la version finale a Ă©tĂ© soumise auComitĂ© mondial. AprĂšs l’avoir examinĂ©e attentivement, ce dernier a ap-prouvĂ© la proposition finale qu’il a prĂ©sentĂ©e Ă  la 26e ConfĂ©rence Mondialedu Scoutisme, tenue Ă  MontrĂ©al en 1977. La nouvelle version du ChapitreI de la Constitution de l’OMMS a Ă©tĂ© adoptĂ©e Ă  la majoritĂ© des deux-tierset n’a plus jamais Ă©tĂ© remise en question depuis lors.

La structure de ce chapitre est Ă  la fois claire et concise. Elle comporte lesĂ©lĂ©ments suivants: une dĂ©finition: ce qu’est le Mouvement; le but: ce qu’ils’efforce d’accomplir; les principes: les lois fondamentales, les convictionsou les prĂ©ceptes de base (qui constituent aussi des rĂšgles de conduite pourses membres); et la mĂ©thode: comment le Mouvement s’attache Ă  rĂ©aliserses objectifs.195

Le Chapitre I de la Constitution de l’Organisation Mondiale du MouvementScout Ă©voque Ă  plusieurs reprises la question de la SpiritualitĂ©/Religion/Devoir envers Dieu. Dans un souci de clartĂ© et de concision, ces rĂ©fĂ©rencessont mentionnĂ©es (briĂšvement) ci-aprĂšs:

‱ Le point 2 de l’article I, But, stipule: “Le Mouvement scout a pour butde contribuer au dĂ©veloppement des jeunes en les aidant Ă  rĂ©aliserpleinement leurs possibilitĂ©s physiques, intellectuelles, sociales etspirituelles, en tant que personnes
 etc.”

‱ Le point 1 de l’article II, Principes, stipule: “Le Mouvement scout estfondĂ© sur les principes suivants: Devoir envers Dieu
”

On notera que ce titre a été utilisé pour refléter une pratique de longuedate dans le Scoutisme, qui se réfÚre traditionnellement à ce principedans les termes de la Promesse scoute originale (voir plus loin, danscette section).

Tranchant avec le titre, le corps du texte n’utilise pas le terme “Dieu”,afin de faire ressortir clairement que cette clause couvre Ă©galement lesreligions qui ne sont pas monothĂ©istes, comme l’Hindouisme, ou quine reconnaissent pas un Dieu personnel, comme le Bouddhisme.

Ainsi, le corps du texte Ă©tablit: “L’adhĂ©sion Ă  des principes spirituels,la fidĂ©litĂ© Ă  la religion qui les exprime et l’acceptation des devoirs quien dĂ©coulent”.

La premiĂšre phrase, L’adhĂ©sion Ă  des principes spirituels, souligne lesfondements spirituels essentiels du Mouvement Scout. Ces principes

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Scoutisme et DĂ©veloppement Spirituel - Page 41

sont manifestement liĂ©s Ă  une religion particuliĂšre, c’est pourquoi letexte continue ainsi: la fidĂ©litĂ© Ă  la religion qui les exprime et l’accepta-tion des devoirs qui en dĂ©coulent.

‱ Le paragraphe 2 de l’article II, “AdhĂ©sion Ă  une Promesse et une Loi”,stipule: “Tous les membres du Mouvement scout doivent adhĂ©rer Ă  unePromesse et une Loi reflĂ©tant, dans un langage appropriĂ© Ă  la cultureet Ă  la civilisation de chaque Organisation Scoute Nationale et approuvĂ©par l’Organisation Mondiale, le Devoir envers Dieu, le Devoir enversautrui et le Devoir envers soi-mĂȘme, et inspirĂ©es de la Promesse et dela Loi conçues par le Fondateur du Mouvement scout dans les termessuivants:

La Promesse scouteSur mon honneur, je promets de faire tout mon possible pourServir Dieu et le roi (ou Dieu et mon pays),Aider mon prochain Ă  tout moment,ObĂ©ir Ă  la Loi scoute.”

‱ Enfin, l’article III, MĂ©thode, dĂ©finit la mĂ©thode scoute en ces termes“
un systĂšme d’auto-Ă©ducation progressive fondĂ© sur:

. Une promesse et une loi
”

Le fait que la promesse et la loi soient mentionnĂ©es comme faisantpartie d’un “systĂšme d’auto-Ă©ducation progressive” mĂ©rite d’ĂȘtresoulignĂ©, car il implique que le dĂ©veloppement spirituel, ainsi que lesautres Ă©lĂ©ments du concept de dĂ©veloppement intĂ©gral, doivent ĂȘtreenvisagĂ©s dans une perspective dynamique.

La question de la dimension spirituelle dans les promesses des Associationsscoutes nationales est devenue essentielle dans le processus dereconnaissance des associations scoutes en Europe centrale et orientale, quiinvoquent une incapacitĂ© d’utiliser le terme “Dieu” pour diverses raisonsgĂ©nĂ©ralement valables, affĂ©rentes Ă  leur histoire rĂ©cente.

Nous avons dĂ©jĂ  abordĂ© trĂšs briĂšvement les problĂšmes spĂ©cifiques de lajeunesse des anciens pays Ă  rĂ©gime marxiste, c’est-Ă -dire l’ex-Union soviĂ©-tique et les pays de l’Europe centrale et orientale (voir ci-dessus section 2.2).AprĂšs la chute du mur de Berlin et la dĂ©sintĂ©gration du “bloc soviĂ©tique”,les sociologues ont constatĂ© un vide idĂ©ologique et une absence quasigĂ©nĂ©rale de points de repĂšre. Cette situation impliquait presque toute lapopulation mais, comme il fallait s’y attendre, les jeunes Ă©taient parti-culiĂšrement touchĂ©s.

De plus, certaines Eglises et/ou certaines personnalitĂ©s ecclĂ©siastiquesĂ©taient jugĂ©es trĂšs sĂ©vĂšrement Ă  cause de leurs compromissions avec lesanciens rĂ©gimes communistes. En outre, l’endoctrinement du communismeathĂ©e – malgrĂ© des variations importantes suivant les pays – a laissĂ© dessĂ©quelles importantes.

La question Ă  laquelle le Scoutisme a dĂ» faire face Ă©tait: peut-on imposerle nom de Dieu dans leur promesse Ă  des jeunes complĂštement “laĂŻcisĂ©s”,avec des prĂ©jugĂ©s fortement ancrĂ©s? La solution adoptĂ©e par le ComitĂ© desConstitutions, appuyĂ© par le ComitĂ© mondial, a Ă©tĂ© la suivante:

4.6 LES REPERCUSSIONS DE LACHUTE DU MUR DE BERLIN ET

DE LA DESINTEGRATION DUBLOC SOVIETIQUE SUR LE

MOUVEMENT SCOUT MONDIAL

Page 46: SCOUTISME ET DEVELOPPEMENT SPIRITUEL

Page 42 - Scoutisme et DĂ©veloppement Spirituel

Comme premier pas, le Comité des Constitutions a élaboré une définitionde la dimension spirituelle, qui a été reconnue comme juste sur le plan tantthéologique que pédagogique:

“Acceptation d’une RĂ©alitĂ© Spirituelle et recherche de sa pleine signification”.

Dans le mĂȘme ordre d’idĂ©es, le ComitĂ© a acceptĂ© la formulation suivantede la Promesse scoute:“Faire mon devoir envers Dieu, c’est-Ă -dire d’accepter une RĂ©alitĂ© Spiri-tuelle et en chercher la pleine signification”.

Ce faisant, le Comité des Constitutions, soutenu par le Comité mondial, aprécisé que:

‱ L’une et/ou l’autre partie de la formulation pourrait ĂȘtre utilisĂ©e maisqu’il ne saurait y avoir de promesse sans dimension spirituelle.

‱ La formulation ci-dessus a Ă©tĂ© considĂ©rĂ©e comme une “formulationadulte”, qu’il conviendrait d’adapter en fonction de l’ñge, de la langue,etc., du membre.

Le ComitĂ© s’est en outre efforcĂ© de discuter longuement avec chacune desassociations intĂ©ressĂ©es pour les aider Ă  choisir la formule correspondantle mieux aux besoins du dĂ©veloppement spirituel de leurs jeunes membres.

Au terme de notre rĂ©flexion sur l’évolution du concept de “Devoir enversDieu” depuis les origines du Mouvement jusqu’à nos jours, nous devonsĂȘtre capables de comprendre plus clairement comment le programme et lamĂ©thode scouts rĂ©pondent aux besoins spirituels des scouts et enrichissentleur vie spirituelle.

Commençons par une affirmation claire: le Scoutisme a une façon propred’introduire et de dĂ©velopper la dimension spirituelle chez les jeunes.

Comme Dominique BĂ©nard le souligne dans son Avant-propos Ă  “Dieu, es-tu encore lĂ -dedans?”, “il existe trop souvent, dans le Scoutisme, une confu-sion entre le dĂ©veloppement spirituel et l’éducation religieuse. La tendancela plus gĂ©nĂ©ralement admise est qu’il convient d’ajouter aux activitĂ©sscoutes des activitĂ©s religieuses pour mettre en Ɠuvre le ‘devoir enversDieu’, un des trois principes fondamentaux du Scoutisme. Beaucoup dechefs scouts, enfermĂ©s dans cette conception trop Ă©troite, se dĂ©clarent in-compĂ©tents et renoncent Ă  toute action dans le domaine du dĂ©veloppementspirituel”.196

Contrairement Ă  l’approche dĂ©crite ci-dessus – que l’on pourrait qualifier dejuxtaposition – ce qu’il faut, c’est une intĂ©gration. En d’autres termes,“
pour Ă©veiller les jeunes Ă  la dimension spirituelle point n’est besoind’ajouter au Scoutisme des Ă©lĂ©ments extĂ©rieurs. Il suffit de tirer parti de tousles Ă©lĂ©ments du programme scout et de proposer des activitĂ©s qui con-tiennent dĂ©jĂ  une dimension spirituelle”.197

Nous allons maintenant envisager cette question sous différents points devue, à commencer par la psychologie du développement.

4.7 QUELLE EST LA FORCE DELA METHODE SCOUTE POUR

PROMOUVOIR ET ENRICHIR LADIMENSION SPIRITUELLE CHEZ

LES JEUNES? QUELS EN SONTLES PRINCIPAUX ELEMENTS

CONSTITUTIFS?

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Scoutisme et DĂ©veloppement Spirituel - Page 43

“Parfois, lorsque les gens disent ne pas croire en Dieu, c’est en rĂ©alitĂ© leursidoles de bois qu’ils rejettent: les images de Dieu qu’ils se sont faites depuisla plus tendre enfance, comme celle du Dieu ‘super-flic’, Ă  l’affĂ»t dumoindre de nos mĂ©faits. Les multiples images de Dieu enregistrĂ©es, pourune raison ou pour une autre au cours de notre enfance, c’est Ă  juste titreque nous les rejetons comme inacceptables, Ă  l’approche de l’ñge adulte,Mais pour autant, nous ne rejetons pas forcĂ©ment Dieu”.198

La pĂ©riode privilĂ©giĂ©e de ce rejet des “fausses images” est l’adolescence. Latransition entre l’enfance et l’ñge adulte est une transition entre la dĂ©pen-dance et l’indĂ©pendance. La conjugaison de plusieurs facteurs – que lapression des facteurs sociaux rend aujourd’hui encore plus difficiles Ă  gĂ©rer– met l’adolescent dans un Ă©tat de trouble Ă©motionnel: comportementsbizarres, confrontation et provocation, rĂ©bellion contre l’autoritĂ©, fontpartie de la crise d’identitĂ© et de l’insĂ©curitĂ© que connaissent beaucoupd’adolescents. A l’intĂ©rieur de ce processus de croissance, le jeune tend Ă s’aliĂ©ner lui-mĂȘme de ce qu’il considĂšre comme “les attitudes ‘vieux-jeu’ etsurannĂ©es” de ses parents et Ă  se reposer davantage sur ses camarades. Est-ce surprenant qu’il rejette aussi “l’idĂ©e de Dieu /de la religion” ou, du moins,qu’il exprime des doutes Ă  son sujet?199

Pour l’éducateur scout, en prise directe avec les jeunes, c’est une pĂ©riodequ’il faut savoir reconnaĂźtre lorsqu’elle arrive, savoir observer dans sesmanifestations multiples, accompagner et Ă©couter le jeune jusqu’à l’aiderĂ  la surmonter.

* * *

Comment dĂ©montrer cet impact du programme et de la mĂ©thode scouts surla dimension spirituelle chez les jeunes? Nous avons adoptĂ©, comme filrouge pour cette partie du document, les cinq dimensions proposĂ©es dansle dossier “Dieu, es-tu encore lĂ -dedans?”, publiĂ© rĂ©cemment par “The ScoutAssociation”, Royaume-Uni, avec le soutien du Bureau EuropĂ©en duScoutisme.

Le Scoutisme n’a pas pour objet de prĂ©senter un modĂšle idĂ©al, prĂ©dĂ©terminĂ©,auquel le jeune devra se conformer. C’est une invitation lancĂ©e Ă  chacunde faire de son mieux pour dĂ©velopper le plus possible et dans toutes sesdimensions une personnalitĂ© unique, y compris Ă©videmment la dimensionspirituelle.200

Pour cette raison, le Scoutisme encourage un style de vie et propose desactivitĂ©s qui aident les jeunes Ă  dĂ©velopper leur responsabilitĂ© envers eux-mĂȘmes, Ă  rĂ©sister aux influences nĂ©gatives, Ă  se donner des objectifs deprogression personnelle et Ă  identifier les Ă©tapes nĂ©cessaires pour lesatteindre.201

C’est quand un jeune le quitte que le Mouvement a rempli sa mission, aumoment oĂč il est prĂȘt Ă  entrer de plein pied dans la vie adulte en ayantdĂ©veloppĂ© les compĂ©tences qu’il faut pour le faire de maniĂšre constructiveet responsable tout en s’affirmant comme personne distincte. Le jeune auraaussi intĂ©grĂ© la nĂ©cessitĂ© de poursuivre son effort de dĂ©veloppementpersonnel pour devenir de plus en plus autonome et solidaire, responsableet engagĂ©.202

4.7.2 La dimension SAGESSE :Aider à développer une

personnalité équilibrée, uneautodiscipline et un ensemble

de valeurs personnelles

4.7.1 La perspective dudéveloppement

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Nous avons soulignĂ© (voir section 2.4) le danger de dispersion et superficialitĂ©qui guette les jeunes d’aujourd’hui. Dans ce sens, le Scoutisme apparaĂźtcomme une partie de la rĂ©ponse Ă  ce danger.

Baden-Powell a compris Ă  quel point la propension naturelle des adolescentsĂ  constituer de petits groupes et son corollaire, la pression du groupe,pouvaient jouer un rĂŽle soit trĂšs positif soit trĂšs nĂ©gatif dans le dĂ©veloppementdes jeunes. C’est la raison pour laquelle le systĂšme de patrouilles est deve-nu la pierre angulaire du camp expĂ©rimental de Brownsea, ainsi qu’unĂ©lĂ©ment essentiel de la mĂ©thode scoute.

Le systĂšme de patrouilles offre aux jeunes la possibilitĂ© de jouer un rĂŽle actifau sein d’un petit groupe (patrouille), de partager des responsabilitĂ©s,d’établir des relations constructives avec les autres et d’apprendre Ă  mettreen pratique les principes de gouvernement dĂ©mocratique autogĂ©rĂ©.

La vie au sein de cette “mini-sociĂ©tĂ©â€ permet aux jeunes d’établir des rela-tions de confiance mutuelle, d’amitiĂ© et de souci des autres, et d’acquĂ©rirun sentiment d’identitĂ©, une confiance en soi et un sentiment d’appartenance.Ils se sentent acceptĂ©s et ils acceptent les autres tels qu’ils sont, cultivantainsi un sens de la tolĂ©rance plus que jamais nĂ©cessaire Ă  la vie sociale dansune sociĂ©tĂ© pluraliste. GrĂące Ă  tous ces Ă©lĂ©ments, les jeunes se dĂ©veloppentnon seulement sur le plan Ă©motionnel et social, mais aussi sur le planspirituel.

Comme nous l’avons vu dans la section 3.4, Baden-Powell a pris conscienceque les activitĂ©s dans la nature jouent un rĂŽle central dans le dĂ©veloppementintĂ©gral des jeunes et, tout particuliĂšrement, dans leur dĂ©veloppementspirituel.

Les diffĂ©rents “lieux” de la nature, tels que vĂ©cus de façon historique etsymbolique par les diffĂ©rentes religions, sont autant d’occasions de mettreles jeunes en contact avec une beautĂ© qui ne peut qu’inspirer des sentimentsde paix, d’amour, d’émerveillement. Nous avons soulignĂ© (voir encadrĂ© Ă la fin de la section 3) le rĂŽle symbolique que la montagne peut jouer commelieu de rencontre entre Dieu et l’homme, mais on peut penser aussi Ă  la meret au ciel, avec la sensation d’infini, au dĂ©sert (lieu de solitude, de dĂ©-pouillement) et ainsi de suite.

Dans la mĂȘme ligne on peut penser aux diffĂ©rents types d’activitĂ©s quioffrent aux jeunes la possibilitĂ© d’explorer et de dĂ©couvrir les merveilles dela nature et de comprendre pourquoi il est nĂ©cessaire de protĂ©ger la viesauvage et l’environnement.

Depuis la crĂ©ation du Scoutisme, le souci d’amĂ©liorer la sociĂ©tĂ© est prĂ©sentdans la “bonne action” et dans l’esprit de service, et est inscrit dans laPromesse et dans la Loi. La mĂȘme aspiration originale est exprimĂ©e dansla Constitution mondiale en tant que principe “
La participation au dĂ©ve-loppement de la sociĂ©tĂ©â€Šâ€. Dans les pays en dĂ©veloppement, des millionsde scouts sont engagĂ©s dans des activitĂ©s de dĂ©veloppement communau-taire visant Ă  amĂ©liorer la qualitĂ© de vie de leurs communautĂ©s respectives:

4.7.3 La dimension ACCUEIL:La nĂ©cessitĂ© d’une relation

affectueuse et compréhensive

4.7.4 La dimensionEMERVEILLEMENT: Le contact

avec la nature

4.7.5 La dimension TRAVAIL:La nécessité de créer une société

plus juste et plus humaine –dans l’action et plus

particuliĂšrement dans le service

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Scoutisme et DĂ©veloppement Spirituel - Page 45

santĂ© et salubritĂ©, alphabĂ©tisation, habitat, eau, Ă©nergie et productionalimentaire ne sont que quelques exemples parmi tant d’autres. Dans lespays industrialisĂ©s, les besoins peuvent ĂȘtre diffĂ©rents mais l’engagementest tout aussi prĂ©sent, avec des activitĂ©s visant, entre autres, Ă  aider lespersonnes ĂągĂ©es Ă  sortir de leur isolement, aider les jeunes sans emploi,lutter contre la discrimination, le racisme et la xĂ©nophobie, aider lesgroupes dĂ©favorisĂ©s et marginalisĂ©s.

Ces activitĂ©s aident les jeunes Ă  comprendre qu’il est possible, par ledĂ©vouement et l’engagement, de crĂ©er une sociĂ©tĂ© plus humaine, plus tolĂ©-rante et plus accueillante. Comment douter que cet engagement contribueaussi, dans une large mesure, Ă  leur dĂ©veloppement spirituel?

Finalement, Ă  travers ces dimensions – et avec elles – la dimension“cĂ©lĂ©bration”. Encore une fois, les “moments spirituels” ne doivent pas ĂȘtredissociĂ©s du reste des activitĂ©s mais profondĂ©ment intĂ©grĂ©s dans celles-ci.Ils devraient aider les jeunes Ă  penser aux Ă©vĂ©nements qu’ils ont vĂ©cus etĂ  comprendre la valeur de ces expĂ©riences, Ă  les rassembler et Ă  leur trouverun sens.

Il pourrait s’agir tout simplement d’un chant ou d’une phrase à l’issue d’uneffort exigeant, par exemple gravir une colline, construire une tour ougagner une course!

Il existe bien entendu des instants plus structurĂ©s, que l’on appelle tradi-tionnellement “Scouts Own” (“CĂ©lĂ©brations scoutes”). Pourquoi ne paschoisir l’une des pensĂ©es favorites de B-P, comme “Dieu nous a mis dansce monde merveilleux pour que nous l’apprĂ©ciions” ou “ce qui rend unepersonne vraiment heureuse, c’est de pouvoir rendre d’autres personnesheureuses”. De tels moments offrent des perspectives infinies: silence, mĂ©-ditation, expression (dessin, chant, thĂ©Ăątre, poĂ©sie). A propos de la priĂšreet du culte, “
beaucoup de jeunes d’aujourd’hui trouvent difficile de prier,et pourtant les meilleures priĂšres viennent d’eux”.203 Rappelons-nous B-Pqui disait que “prier” n’est pas nĂ©cessairement la mĂȘme chose que “rĂ©citerdes priĂšres” et que les meilleures priĂšres sont celles que l’on invente soi-mĂȘme. “Les priĂšres doivent venir du cƓur et non pas ĂȘtre rĂ©citĂ©es parcƓur”.204

‱ Le dĂ©veloppement spirituel fait partie intĂ©grante des principes fonda-mentaux du Scoutisme; aussi n’existe-t-il pas de vĂ©ritable Scoutismesans dĂ©veloppement spirituel.

‱ Dans le couple “religion–spiritualitĂ©â€, le Scoutisme se concentre sur laspiritualitĂ©. Il favorise chez les jeunes une ouverture Ă  la Transcendance,la dĂ©couverte d’une RĂ©alitĂ© Spirituelle qui dĂ©passe l’homme. Par-lĂ mĂȘme:– il permet aux jeunes de comprendre la “substance” de la religion;

– il constitue la fondation “
sur laquelle les branches de l’éducationreligieuse traditionnelle peuvent se dĂ©velopper
”.205

‱ Le Scoutisme n’est pas une sorte de syncrĂ©tisme religieux, oĂč toutesles religions se retrouveraient pĂȘle-mĂȘle, avec un petit zeste de

4.7.6 La dimensionCELEBRATION: Silence,

méditation ou priÚre (le contactavec la Transcendance)

4.7.7 Conclusions

Page 50: SCOUTISME ET DEVELOPPEMENT SPIRITUEL

Page 46 - Scoutisme et DĂ©veloppement Spirituel

chacune! Bien au contraire, c’est tout Ă  fait clair dans la Constitutionmondiale, il aide, motive et encourage les fidĂšles de chaque religionĂ  ĂȘtre de “vrais catholiques”, de “vrais musulmans”, de “vraisbouddhistes”, et ainsi de suite.

‱ “Dans le domaine du dĂ©veloppement spirituel, le rĂŽle de l’animateurscout n’est pas de faire un quelconque enseignement religieux ou deplaquer une pratique religieuse sur les activitĂ©s scoutes mais d’utiliserl’expĂ©rience mĂȘme que le Scoutisme propose pour aider les jeunes Ă dĂ©couvrir et approfondir une rĂ©alitĂ© spirituelle dans leur vie”.206

‱ Le dĂ©veloppement spirituel (de mĂȘme que le “devoir envers autrui” oule “devoir envers soi-mĂȘme”) n’est pas une activitĂ© en tant que telle,isolĂ©e des autres. Il est “intrinsĂšque”, il imprĂšgne le programme scoutet ses activitĂ©s dans les diffĂ©rentes branches. C’est la raison pourlaquelle il ne devrait pas ĂȘtre systĂ©matiquement laissĂ© Ă  “l’expert”(aumĂŽnier, imam, gourou, etc.) mais devrait faire partie des devoirs dechaque responsable scout.

‱ De par sa mĂ©thode pĂ©dagogique trĂšs active (l’éducation par l’action),le Scoutisme Ă©vite dans toute la mesure du possible l’instructiondogmatique ou les mĂ©thodes d’enseignement scolastiques.

‱ Une remarque s’impose ici, issue de la dĂ©finition du Scoutisme en tantque “
systĂšme d’auto-Ă©ducation progressive”. Les jeunes ne viventpas dans un monde idĂ©al, mais dans un monde rĂ©el, plein d’im-perfections, de dangers et de tentations. Ils n’ont pas promis d’ĂȘtre“parfaits” mais de “faire de leur mieux”. Aussi,“
ne faisons pas commesi les fruits de l’éducation Ă©taient dĂ©jĂ  lĂ , avant mĂȘme que le processusd’éducation n’ait vraiment commencĂ©. En d’autres termes et enprenant l’exemple du dĂ©veloppement spirituel, nous ne devons pasnous attendre Ă  ce que les scouts soient dĂ©jĂ  des fidĂšles exemplairesde la religion Ă  laquelle ils appartiennent. Nous devons accepter qu’ilsfassent simplement de leur mieux pour la comprendre et dĂ©velopperleur spiritualitĂ© sur le plan personnel et en tant que membres d’unecommunautĂ© religieuse”.207

‱ Enfin, dans le Scoutisme, la dimension spirituelle doit rassembler lesgens et non pas les diviser. Une vĂ©ritable activitĂ© scoute (et il en va demĂȘme d’une vĂ©ritable activitĂ© religieuse) devrait engendrer ou renfor-cer un sentiment de tolĂ©rance, de respect et de comprĂ©hension Ă l’égard de la foi des autres.

* * *

Le lecteur comprendra certainement que sur un sujet aussi vaste etcomplexe il est impossible, dans une publication comme celle-ci, d’aller au-delĂ  d’un certain degrĂ© de gĂ©nĂ©ralisation. Il se peut trĂšs bien que telle outelle affirmation ne cadre pas exactement avec la philosophie et la pratiqued’une association scoute. Il se peut Ă©galement que le lecteur trouve que, surtel point prĂ©cis, nous n’allions pas assez loin et que, sur tel autre point, nousnous avancions un peu trop!

Nous prions nos lecteurs, associations et lecteurs individuels, de comprendrequ’il s’agit ici de donner un cadre gĂ©nĂ©ral, de fournir des points de repĂšreet rien de plus! Les adaptations Ă  chaque cas concret doivent se faire, pardonpour la rĂ©pĂ©tition, au cas par cas!

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LE ROLE DES RELIGIONS ET DES FAMILLES SPIRITUELLES

Le Scoutisme vise le dĂ©veloppement intĂ©gral des jeunes, y compris ledĂ©veloppement spirituel. Quoi de plus normal que de coopĂ©rer avecles grandes religions/spiritualitĂ©s de notre temps qui visent un objectifqui va dans la mĂȘme direction? Et ceci d’autant plus que le ScoutismereconnaĂźt clairement le rĂŽle de ces grandes religions dans le domainespirituel, et aussi dans beaucoup d’autres.

‱ La dimension transcendante. Les religions servent d’abord Ă fournir une dimension verticale, transcendante, qui rappelleĂ  l’homme qu’il n’est pas un absolu, qu’il n’est pas le centre de lui-mĂȘme, le centre du monde.208 Rappel particuliĂšrement nĂ©cessaireĂ  la fin de 20e siĂšcle, qui a vu les absolutismes totalitaires les plushorribles de l’histoire!

Une religion est la prĂ©sence de Dieu dans l’aujourd’hui deshommes, un Dieu qui a choisi de nous rencontrer, qui est entrĂ©dans notre histoire, certes avec une conception diffĂ©rente danschacune des religions.

Mais une religion n’est pas seulement un corps de doctrine, ellese dĂ©ploie dans plusieurs dimensions.

Les religions sont l’expression d’une promesse de salut face Ă un monde dĂ©boussolĂ©, parfois dĂ©sespĂ©rĂ©. Elles parlent d’un journouveau oĂč se manifestera la tendresse de Dieu, de la plĂ©nitudede temps, du “paradis” conçu sous mille couleurs diffĂ©rentes, etde cette façon nous invitent Ă  nous dĂ©tacher du rĂšgne de la purematĂ©rialitĂ©, de la contingence, du quotidien, si souvent vĂ©cu d’unefaçon pĂ©nible par beaucoup d’hommes. Les religions font que leshommes s’éveillent Ă  l’espĂ©rance!

‱ Fournir une dimension Ă©thique, domaine oĂč elles ont la forcede poser les grandes questions, par exemple pour contrĂŽler lascience. Tout ce qui est possible du point de vue scientifique, est-il acceptable du point de vue moral?

Cette influence éthique se manifeste aussi dans la préoccupationpour la justice:

“DĂ©jĂ  dans la tradition juive, une annĂ©e jubilaire revenait tous lescinquante ans; temps consacrĂ© d’une maniĂšre particuliĂšre Ă  Dieu,cette annĂ©e jubilaire voyait le repos de la terre, la libĂ©ration desesclaves, la remise de la dette”.209

Qui, si ce n’est les religions et les Eglises, fera aujourd’hui unecritique morale du libĂ©ralisme triomphant? Qui dira clairement,contre le message proclamĂ© par les Ă©conomistes nĂ©olibĂ©raux, quele travail n’est pas un fardeau mais une richesse pour la sociĂ©tĂ©?Qui dira que le fait que plus de 35.000 enfants meurent chaquejour dans le monde de malnutrition et de maladies guĂ©rissables,est un scandale et doit ĂȘtre perçu comme un Ă©chec collectif pourl’humanitĂ©? Qui apprendra aux enfants que des valeurs telles quel’amour et la compassion permettent de vivre plus Ă©panoui quela rĂ©ussite et la productivitĂ©?

‱ La dimension esthĂ©tique. Chaque religion apporte au monde sa“couleur poĂ©tique propre”, ses symboles, ses rythmes. C’est

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particuliĂšrement important dans un monde de plus en plus dominĂ©par la technique et dont la couleur prĂ©dominante est celle del’argent!

Ainsi, les religions nous font prier, chanter, dĂ©filer en procession;il y a toute une dimension artistique et poĂ©tique dans la louange,incarnĂ©e dans une multitude de symboles! Tout ce symbolismeatteint parfois son point culminant dans les pĂšlerinages; considĂ©rĂ©spar (presque) toutes les religions comme un symbole de che-minement spirituel, ils ont aussi une dimension de religiositĂ©populaire. “L’attrait pour les reprĂ©sentations sensibles – images,apparitions, reliques, tombeaux, statues – [est souvent liĂ©] Ă  ungoĂ»t certain pour le miraculeux”.210 Ce faisant, elles ouvrent notrecƓur Ă  l’émerveillement.

‱ La dimension environnementale. Toutes les grandes religionsaffirment que le monde est aimĂ© de Dieu. La plupart insistentĂ©galement sur le fait que les ĂȘtres humains sont les gardiens et nonpas les propriĂ©taires de la crĂ©ation. Pour un vĂ©ritable scout, larelation entre les trois principes fondamentaux (Devoir enversDieu, envers autrui et envers soi-mĂȘme) apparaĂźt trĂšs clairementdans ce domaine: rĂ©vĂ©rence envers Dieu, liĂ©e Ă  la reconnaissancede la dignitĂ© de chaque ĂȘtre humain et de l’intĂ©gritĂ© du mondenaturel, ainsi qu’à une action responsable visant Ă  s’amĂ©liorer soi-mĂȘme et amĂ©liorer la sociĂ©tĂ© dans laquelle nous vivons et laplanĂšte que nous partageons.

‱ Les religions (et les religieux) sont aussi tĂ©moins de l’amour deDieu: s’occuper des dĂ©favorisĂ©s dans notre sociĂ©té  En mĂȘmetemps, elles appellent les hommes Ă  mettre en pratique dans lemonde la force de l’amour qui nous vient de Dieu.

Les religions invitent les hommes à lutter contre le mal, à se mettreau service du frÚre écrasé par le malheur, à soulager la souffrancehumaine, à apporter des paroles de paix et de réconfort à leursfrÚres.

‱ Les religions suscitent des actes de libertĂ©. En choisissant unereligion, l’homme cherche, d’une façon consciente ou inconsciente,un libĂ©rateur Ă  qui il peut se confier, peut-ĂȘtre un roi puissant quile dĂ©livre de ses misĂšres, peut-ĂȘtre aussi un maĂźtre de sagesse quil’initie aux voies inconnues, qui l’ouvre Ă  lui-mĂȘme, qui lui rĂ©vĂšleles secrets de l’Univers, etc. Mais la vraie adhĂ©sion Ă  cet homme,Ă  cette voie, Ă  cette sagesse, Ă  cette croyance, ne peut ĂȘtre qu’unacte de libertĂ© (ne devrait ĂȘtre qu’un acte de libertĂ©!).211 Ainsi,Dieu veut se faire reconnaĂźtre par l’homme non pas en s’imposantpar la force mais en lui laissant accueillir le don qu’il lui offre.212

En somme, en s’adressant au cƓur de l’homme, chaque religioncrĂ©e en lui une tension, un dĂ©sir qui le tire vers l’avant et qui luifait considĂ©rer le monde, c’est-Ă -dire les rĂ©alitĂ©s matĂ©rielles, avecune lumiĂšre nouvelle.

En conclusion, mis Ă  part le cĂŽtĂ© “religieux” proprement dit, c’est-Ă -direla communion avec la divinitĂ©, les religions (toutes religions confondues!)apportent au monde un trĂ©sor culturel d’une valeur inestimable.

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AprĂšs avoir examinĂ© la dimension religieuse/spirituelle dans la pensĂ©e deB-P (section 3) et les consĂ©quences pĂ©dagogiques et juridiques qui en dĂ©-coulent (section 4), nous allons nous pencher dans cette section surquelques aspects institutionnels. Dans le Scoutisme, tout ce qui concernel’organisation dĂ©coule de la pĂ©dagogie et pas l’inverse. Il ne faut donc pass’étonner que ces questions institutionnelles viennent si tard dans cedocument.

De par son origine historique dans plusieurs pays, au sein de l’OMMS laquestion de la structure des associations est souvent liĂ©e Ă  la questionreligieuse. Pour cette raison, un Ă©clairage historique peut ĂȘtre utile pourbien comprendre la situation.

A l’origine, l’OMMS a pris un certain temps pour dĂ©couvrir et dĂ©cider qu’ildevait y avoir une seule organisation par pays, soit une entitĂ© unique, soitune entitĂ© regroupant un certain nombre de composants. La prĂ©fĂ©rencepour l’entitĂ© unique a Ă©tĂ© d’emblĂ©e clairement marquĂ©e. Ainsi, la RĂ©solution12 de 1922 stipule: “La ConfĂ©rence a dĂ©cidĂ© que chaque fois que ce serapossible et pour le plus grand intĂ©rĂȘt des garçons de chaque nation, ons’efforcera de fusionner ensemble les multiples associations scoutes despays oĂč il en existe plusieurs, et si c’est impraticable, que les diversesassociations intĂ©ressĂ©es s’entendront entre elles pour la dĂ©signation d’unCommissaire international commun chargĂ© des relations avec le Bureauinternational”.213

Longtemps, la ConfĂ©rence mondiale n’a adoptĂ© aucune rĂ©solution sur lesstructures nationales. La ConfĂ©rence Mondiale du Scoutisme est revenue surcette question en 1969, Ă  l’occasion d’un document prĂ©sentĂ© par ladĂ©lĂ©gation britannique, intitulĂ© “L’UnitĂ© du Mouvement Scout Mondial”. LaRĂ©solution 4 de 1969 rĂ©affirme que “
l’unitĂ© du Mouvement scout mondialdans la fraternitĂ©, dans sa structure et dans son action est de la plus hauteimportance dans ses efforts en vue de servir les garçons du monde moderneet d’apporter le scoutisme Ă  tous les garçons qui dĂ©sirent y participer” et“elle charge le ComitĂ© mondial de s’assurer que tout nouveau pays dĂ©sirantdevenir membre de la ConfĂ©rence soit encouragĂ© et aidĂ© s’il le faut Ă  Ă©tablirune seule Organisation nationale unie et ouverte Ă  tous les garçons”.214

Toutefois, malgrĂ© l’encouragement Ă  crĂ©er des associations uniques, laConfĂ©rence Mondiale du Scoutisme, dans la rĂ©vision gĂ©nĂ©rale de laConstitution adoptĂ©e en 1973 (ConfĂ©rence Mondiale du Scoutisme tenue Ă Nairobi, Kenya), a continuĂ© Ă  reconnaĂźtre les fĂ©dĂ©rations comme une optionjuridiquement valable au sein de l’OMMS.

Ainsi, l’article V paragraphe 2, tout en confirmant le principe selon lequel“une seule Organisation Scoute Nationale par pays peut ĂȘtre reconnue enqualitĂ© de membre de l’OMMS”, reconnaĂźt que: “Une Organisation ScouteNationale peut comprendre plusieurs associations scoutes formant unefĂ©dĂ©ration fondĂ©e sur le but scout commun” et Ă©tablit les conditions re-quises pour devenir membre, sur lesquelles nous reviendrons ci-aprĂšs.

Les avantages et les inconvĂ©nients de l’existence d’une association uniqueou d’une fĂ©dĂ©ration dans chaque pays ont Ă©tĂ© l’objet de nombreux dĂ©batsdepuis le dĂ©but du Mouvement. Ce document n’est pas l’endroit appropriĂ©

5. QUELQUES ASPECTSINSTITUTIONNELS

5.1 LA QUESTION RELIGIEUSE/SPIRITUELLE DANS LES

DIFFERENTS TYPESD’ASSOCIATIONS

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pour les aborder in extenso, moins encore pour faire Ă©tat des controversesĂ  ce sujet.

Il y a cependant une rĂ©flexion nĂ©cessaire par rapport au but central de cedocument: la dimension spirituelle dans le Scoutisme. Comme dansn’importe quel autre aspect de la vie associative, les Ă©lĂ©ments d’ordrejuridique, thĂ©orique ou idĂ©ologique se trouvent Ă©troitement imbriquĂ©s avecdes considĂ©rations d’ordre pratique et tout ceci se passe dans un contextesocio-culturel donnĂ©.

Il faut donc intĂ©grer Ă  notre rĂ©flexion une question de nature sociologiquequi nous paraĂźt essentielle relative aux avantages et inconvĂ©nients, d’unepart, de la formule d’association unique et, d’autre part, de la formule desfĂ©dĂ©rations par rapport Ă  la dimension religieuse et spirituelle dans leScoutisme.

D’un cĂŽtĂ©, il faut se demander: la formule d’“association unique”, tout enoffrant un cadre mieux adaptĂ© au pluralisme du monde actuel et mieux Ă mĂȘme d’encourager le dialogue, est-elle bien Ă©quipĂ©e (du point de vue del’organisation et des compĂ©tences pĂ©dagogiques) pour transmettre lemessage spirituel correspondant aux diffĂ©rentes traditions religieuses exis-tantes dans le pays et pour rĂ©pondre ainsi aux besoins de dĂ©veloppementspirituel de ses membres? Offre-t-elle un cadre institutionnel suffisant pourpermettre l’appropriation et le dĂ©veloppement d’une foi personnelle reliĂ©eĂ  la tradition spirituelle de chacun de ses membres?

De l’autre cĂŽtĂ©, la formule de “fĂ©dĂ©ration” a certainement des avantages carelle facilite la transmission du message religieux confessionnel correspondantĂ  chaque tradition religieuse. Mais est-elle adaptĂ©e Ă  un monde de plus enplus “mondialisĂ©â€, ouvert, interdisciplinaire, avec des flux migratoiresconstants et des changements importants dans la composition dĂ©mographiquede nombreux pays? N’a-t-elle pas tendance Ă  “figer” les positions plutĂŽt qu’àencourager le dialogue avec les autres et le travail ensemble? Est-elle lamieux Ă  mĂȘme d’aider les jeunes Ă  dĂ©couvrir et apprĂ©cier la richesse destraditions religieuses autres que la sienne? Surtout: ne freine-t-elle pas ledĂ©veloppement d’un Scoutisme national uni, allant ensemble dans la mĂȘmedirection dans l’accomplissement de sa mission Ă©ducative?

En 1991, immĂ©diatement aprĂšs la chute du mur de Berlin et la dĂ©sintĂ©grationdu bloc soviĂ©tique, le ComitĂ© Mondial du Scoutisme a dĂ» examiner dansune pĂ©riode de temps relativement courte les demandes de reconnaissanceen provenance d’une vingtaine d’associations scoutes rĂ©cemment formĂ©es,en provenance de pays qui avaient Ă©tĂ© dominĂ©s par des rĂ©gimes communistes.A ce moment-lĂ , le ComitĂ© mondial a crĂ» de son devoir – aussi bien poursauvegarder l’unitĂ© et l’intĂ©gritĂ© de l’OMMS et de ses organisations membresque pour ĂȘtre loyal vis-Ă -vis des associations demanderesses potentielles –d’énoncer ses plus vives rĂ©serves concernant les fĂ©dĂ©rations. Ce faisant, saprĂ©occupation principale n’était pas la dimension spirituelle mais bien laprioritĂ© qu’il fallait accorder Ă  l’unitĂ© du Scoutisme dans les “nouveauxpays”. En effet, comme chaque fois que le Scoutisme est nĂ© dans un pays,des tendances diverses se manifestent trĂšs rapidement qui relĂšvent plutĂŽtde la lutte pour le pouvoir que des diffĂ©rences pĂ©dagogiques rĂ©elles nuisantainsi Ă  l’unitĂ© du mouvement. En fait les diffĂ©rences pĂ©dagogiques oumĂ©thodologiques ne justifient en rien de tels conflits et encore moins desstructures fĂ©dĂ©ratives.

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Ainsi donc, dans un bref document intitulĂ© “Position du ComitĂ© Mondial duScoutisme Ă  propos des FĂ©dĂ©rations”, aprĂšs avoir rappelĂ© les dispositionsde l’article V, paragraphe 2 de la Constitution de l’OMMS et les prĂ©cĂ©dentshistoriques existants, le ComitĂ© mondial dĂ©clare:

“2. Dans la pratique et depuis la crĂ©ation de l’Organisation mondiale, lamajoritĂ© des Organisations Membres ne comprennent qu’une seule associa-tion. Les fĂ©dĂ©rations n’ont Ă©tĂ© acceptĂ©es que sur la base de considĂ©rationsculturelles, et notamment religieuses, suffisamment importantes pour justi-fier pleinement l’existence d’associations distinctes au sein d’une Organisationnationale.

3. Dans l’interprĂ©tation de la responsabilitĂ© qui lui incombe en vertu del’article VI, le ComitĂ© mondial confirme que lors de l’étude d’une demanded’adhĂ©sion Ă©manant d’une fĂ©dĂ©ration, seules les caractĂ©ristiques culturellesoriginelles ayant justifiĂ© que l’on s’écarte de la rĂšgle commune d’uneassociation regroupant en son sein tout le scoutisme d’un pays seront prisesen compte.”

et continue: “4. Le ComitĂ© mondial accorde une extrĂȘme importance Ă l’unitĂ© du Mouvement et met en garde contre toute partition, Ă  quelqueniveau que ce soit, qui ne serait pas justifiĂ©e pour des raisons d’une extrĂȘmeimportance”.215

En adoptant cette formulation, le ComitĂ© mondial n’a (Ă©videmment) pasremis en cause le principe de non-rĂ©troactivitĂ©, ce qui implique que les fĂ©-dĂ©rations existant Ă  l’heure actuelle ne sont nullement remises en question.

Le Scoutisme a pour but l’éducation intĂ©grale des jeunes Ă  travers unemĂ©thode pĂ©dagogique qui lui est propre.

Nous avons examinĂ© en dĂ©tail dans les sections 3 et 4 de ce documentl’importance de la dimension spirituelle dans le Scoutisme et nous avonssoulignĂ© jusqu’à quel point le “Devoir envers Dieu”, selon la formulationmĂȘme de B-P, Ă©tait dĂ©jĂ  prĂ©sent dans la promesse originelle. Nous avonsaussi constatĂ© que, loin de s’affaiblir, cette importance a Ă©tĂ© soulignĂ©e Ă maintes reprises par les ConfĂ©rences Scoutes Mondiales. Nous avons aussiinsistĂ© sur la formule employĂ©e par le Chapitre I, article II, paragraphe 1 dela Constitution de l’OMMS pour dĂ©finir le “Devoir envers Dieu” et qui estcomposĂ© de trois Ă©lĂ©ments clairement dĂ©finis:

‱ “L’adhĂ©sion Ă  des principes spirituels,‱ la fidĂ©litĂ© Ă  la religion qui les exprime et‱ l’acceptation des devoirs qui en dĂ©coulent”.

Nous devons maintenant nous pencher sur trois Ă©lĂ©ments Ă©troitement liĂ©sĂ  la nature Ă©ducative du Mouvement: son caractĂšre complĂ©mentaire, l’unitĂ©et l’indĂ©pendance du Mouvement.

5.2 QUELQUES ELEMENTS LIESA LA NATURE DU MOUVEMENT

SCOUT EN TANT QUEMOUVEMENT D’EDUCATION

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Il faut souligner que le Scoutisme “
joue un rĂŽle complĂ©mentaire Ă  celuid’autres agents d’éducation dans le dĂ©veloppement personnel d’un individu
Le Scoutisme n’est pas, comme l’école, un agent d’éducation formelle, iln’est pas non plus, comme la famille, les amis
 un agent d’éducationinformelle. Il a un rĂŽle particulier Ă  jouer et ne doit ni reproduire ce qui sepasse Ă  l’école, Ă  la maison ou dans le cadre de n’importe quelle autreinstitution exerçant une influence sur le dĂ©veloppement personnel d’unjeune, ni se substituer Ă  eux. Le chef scout remplit une fonction originale:il n’est ni un enseignant, ni un parent, ni un officier, ni un prĂȘtre”.216

Pour jouer Ă  fond ce rĂŽle de complĂ©mentaritĂ© le Scoutisme collabore avecla famille, l’école, les Etats, les Eglises et communautĂ©s spirituelles, mais ilne dĂ©pend d’aucun de ces organismes. Il a un statut spĂ©cifique d’agentd’éducation non-formelle, qui fait une proposition Ă©ducative originale etutilise une mĂ©thode unique.

Ainsi donc, il est tout Ă  fait normal que, dans l’intĂ©rĂȘt de l’éducation intĂ©graledes jeunes et dans le respect de l’indĂ©pendance respective, le Scoutismecollabore ici et lĂ , tant sur le plan mondial que rĂ©gional et national, avectelle ou telle organisation sociale – y compris notamment avec les diffĂ©-rentes familles spirituelles – et entretienne avec beaucoup d’autres desrelations de dialogue et d’estime rĂ©ciproque. Il va de soi que l’OMMS ahĂ©ritĂ© des situations historiques qui ne sont pas un exemple Ă  suivre dansce domaine. C’est lĂ  oĂč elle exerce ses pouvoirs dans les domaines juridiqueet pĂ©dagogique pour faire Ă©voluer ces situations dans un sens positif.

Avec ce qui vient d’ĂȘtre dit, on comprendra mieux le rĂŽle que le Scoutismejoue au niveau mondial par rapport au domaine religieux/spirituel.

Au niveau mondial:

‱ L’OMMS considĂšre que sa tĂąche principale dans le domaine spirituelest d’aider les Associations scoutes nationales Ă  renforcer cettedimension dans le programme scout comme partie de l’éducationintĂ©grale des jeunes.

Cela se fait notamment Ă  travers des outils pĂ©dagogiques. Un excellentexemple est celui de la publication du dossier “Dieu, es-tu encore lĂ -dedans?”, par le Scottish Council, The Scout Association, Royaume-Uni, appuyĂ© par la RĂ©gion EuropĂ©enne du Scoutisme. La traductionfrançaise de ce dossier (ainsi que la version anglaise) a Ă©tĂ© largementdiffusĂ©e en Europe, grĂące Ă  l’appui financier du “Fonds EuropĂ©en duScoutisme”.

Cela se fait aussi par le truchement des conseils et de l’aide fournis auxAssociations scoutes nationales uniques pour leur permettre d’établirune infrastructure susceptible d’appuyer la dimension religieuse/spirituelle (notamment par la crĂ©ation de “commissions pastorales ”).

‱ L’OMMS encourage la coopĂ©ration avec des organisations susceptiblesde l’aider Ă  enrichir le contenu de l’éducation spirituelle et Ă  l’adapteraux besoins des membres du Mouvement. C’est notamment le cas dela CICS pour les catholiques, de DESMOS pour les orthodoxes, del’UISM pour les musulmans, de la “ConfĂ©rence ChrĂ©tienne des Guideset des Scouts” pour les protestants.

5.2.1 RĂŽle complĂ©mentaire Ă celui d’autres agents

d’éducation

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‱ L’OMMS encourage Ă©galement le dialogue interreligieux, carl’affirmation, par toutes les religions dans le Scoutisme, de la dimensionspirituelle et religieuse face aux non-croyants a toujours Ă©tĂ© une desplus grandes forces du Scoutisme.

Le meilleur exemple des deux points mentionnĂ©s ci-dessus est la crĂ©ationdu “Groupe Interreligieux International”, dont l’une des tĂąches principalesconsiste Ă  organiser les activitĂ©s religieuses aux Jamborees scouts mondiauxet aux Moots scouts mondiaux (voir Section 6.2).

Tels sont les grands axes de la politique de l’OMMS dans les domainesspirituels et religieux.

Le concept d’unitĂ© est consacrĂ© dans la Constitution Mondiale de l’OMMS(voir Article IV, paragraphe 2, alinĂ©a a), qui Ă©tablit que: “L’Organisationmondiale a pour but de promouvoir le Mouvement scout partout dans lemonde: a) en favorisant l’unitĂ© et la comprĂ©hension de son but et de sesprincipes
”.217

“La notion de mouvement implique celle d’unitĂ©. Cette unitĂ© a pour originele but commun, le partage des mĂȘmes valeurs et l’adhĂ©sion Ă  la mĂȘmemĂ©thode Ă©ducative. C’est cela qui crĂ©e entre les membres un sentimentd’appartenance et leur permet de s’identifier au Mouvement...”.

“
Les instances mondiales ont le devoir de faire respecter ces Ă©lĂ©mentsfondamentaux par toutes les associations nationales
”.218

Cette caractĂ©ristique a une consĂ©quence importante pour les organisationsayant un statut consultatif auprĂšs de l’OMMS (voir section 5.3 ci-dessous).En aucun cas, elles ne doivent se considĂ©rer comme “un type particulier deScoutisme” au sein du Mouvement Scout. En d’autres termes, il ne sauraity avoir un “Scoutisme catholique”, un “Scoutisme orthodoxe”, un “Scoutismemusulman” et ainsi de suite. Il n’existe qu’un seul Mouvement qui est vĂ©cupar les diffĂ©rentes Ă©coles spirituelles conformĂ©ment Ă  leurs sensibilitĂ©sparticuliĂšres. Ainsi, il conviendrait de parler d’“orthodoxes dans le Scoutisme”,ou de “Scoutisme vĂ©cu par les catholiques” ou “par les musulmans”, ou de“scouts protestants” ou “scouts bouddhistes”.

C’est dans ce sens que, par exemple, dans le nom “ConfĂ©rence InternationaleCatholique du Scoutisme”, le terme “Catholique” est liĂ© aux mots “ConfĂ©renceInternationale” et non pas au mot “Scoutisme”. De la mĂȘme façon, si onregarde le titre de l’UISM, “Union Internationale des Scouts Musulmans”, leterme “Musulmans” est liĂ© aux “scouts”.

Cela dit, cette prioritĂ© donnĂ©e au but du Scoutisme ne saurait en riendiminuer la motivation qui mĂšne jeunes et adultes Ă  s’engager dans unmouvement scout confessionnel plutĂŽt que dans une association ouverte,lorsque ce choix existe, ou dans un groupe rattachĂ© Ă  telle ou telle Eglisedans une organisation scoute pluriconfessionnelle, pour autant que cetattachement ne mette en cause ni l’indĂ©pendance, ni l’objectif du Scoutisme:le dĂ©veloppement intĂ©gral de la personnalitĂ© des jeunes.

5.2.2 L’unitĂ© du MouvementScout

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Le concept d’indĂ©pendance est consacrĂ© dans la Constitution Mondiale del’OMMS (voir article V, paragraphe 3. d) comme suit:

“Conserver Ă  l’Organisation le caractĂšre d’un mouvement de probitĂ© etd’efficacitĂ©, librement consenti, indĂ©pendant et non politique”.

Il faut bien comprendre que ce souci est directement lié à la mission duMouvement et à son identité spécifique:

“Pour que le Scoutisme atteigne sont but Ă©ducatif, il faut que son identitĂ©soit prĂ©servĂ©e. Toute perte d’identitĂ© – qui risque de se produire dĂšs quedes liens trop Ă©troits se tissent avec une autre institution ou une autreautoritĂ© – aura un effet nĂ©gatif sur le Mouvement”.219

“Le Mouvement doit donc prĂ©server Ă  tout prix son indĂ©pendance etdisposer Ă  tout niveau d’une instance de dĂ©cision qui lui soit propre”.220

“A tous les niveaux, le Mouvement se montrera donc extrĂȘmement vigilantdans le domaine de ses relations avec d’autres – organismes de parrainage,partenaires pour des actions spĂ©cifiques, organisations similaires, autoritĂ©sgouvernementales ou autres – afin que son identitĂ© spĂ©cifique et sonindĂ©pendance ne soient jamais compromises par de telles relations.

Par exemple:

‱ CoopĂ©rer avec un autre organisme d’éducation de jeunes n’estpossible que dans la mesure oĂč cette coopĂ©ration ne remet pas encause l’indĂ©pendance du Mouvement et la contribution spĂ©cifiquequ’il est en mesure d’apporter Ă  l’éducation des jeunes.

‱ Les liens du Mouvement avec une autoritĂ© religieuse ou civile nedevront jamais conduire au contrĂŽle du Mouvement par cette autoritĂ©ni donner l’impression qu’il lui est subordonnĂ©â€.221

Encore une fois, une remarque s’impose. Comme nous l’avons dĂ©jĂ  vu(section 4.7.7), il ne s’agit pas de faire dans le Scoutisme, dans le cas desassociations uniques, une espĂšce de “synthĂšse spirituelle” qui rĂ©duirait lafoi de chacun au plus petit dĂ©nominateur commun. Un catholique reste uncatholique, un musulman reste un musulman et le Scoutisme leur demanded’approfondir et d’enrichir leur foi, de la pratiquer et de la vivre en plĂ©nitudeet, en mĂȘme temps, de dĂ©velopper un sentiment de respect, de tolĂ©rance et decomprĂ©hension pour la foi des autres.

5.2.3 L’indĂ©pendance duMouvement Scout

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L’article XIII, paragraphe 9, de la Constitution de l’OMMS stipule que l’unedes fonctions du ComitĂ© Mondial du Scoutisme est d’“accorder un statutconsultatif Ă  telles organisations en mesure d’aider le Mouvement scout”.222

Le ComitĂ© mondial, lors de sa rĂ©union de septembre 1994, a rĂ©visĂ© lesdispositions relatives au statut consultatif et a dĂ©cidĂ© que “le statut consul-tatif une fois accordĂ©, son renouvellement sera reconsidĂ©rĂ© lors de lapremiĂšre rĂ©union du ComitĂ© Mondial du Scoutisme suivant chaqueConfĂ©rence Mondiale du Scoutisme”.223

L’octroi du statut consultatif obĂ©it au principe selon lequel l’organisation Ă laquelle il est accordĂ© devrait ĂȘtre en mesure “d’aider le Mouvement Scout”,ce qui, en termes plus concrets, signifie:

“‱ renforcer la capacitĂ© de l’OMMS de remplir sa mission en lui apportantun soutien dans des domaines n’entrant pas dans le champ de sesfonctions normales;

‱ permettre Ă  l’OMMS d’avoir accĂšs Ă  des informations spĂ©cialisĂ©es, Ă des conseils d’experts ou Ă  un soutien de toute nature, susceptibles defaciliter la tĂąche du Mouvement Scout”.224

En outre, pour se voir accorder le statut consultatif, une organisation doit:

“‱ poursuivre des objectifs s’inscrivant dans la ligne de la Constitution del’OMMS et ne pas avoir un caractùre essentiellement commercial oulucratif;

‱ avoir une constitution ou autres textes statutaires, une adresse desiĂšge, des instances dirigeantes dĂ©mocratiquement Ă©lues et une auto-ritĂ© pour parler au nom de ses membres,

‱ avoir un caractĂšre authentiquement international de par sa structureet son audience, couvrir un nombre important de pays dans lesdiffĂ©rentes parties du monde et reprĂ©senter une proportion significativedes associations concernĂ©es par son domaine d’activitĂ©s”.225

Actuellement, les organisations suivantes jouissent du statut consultatifaccordĂ© par le ComitĂ© mondial: la ConfĂ©rence Internationale Catholique duScoutisme (CICS), l’Union Internationale des Scouts Musulmans (UISM), leLien International des Scouts Orthodoxes (DESMOS), l’AmitiĂ© InternationaleScoute et Guide (AISG) et l’Union Parlementaire Mondiale du Scoutisme(UPMS). Elles entretiennent des relations mutuellement bĂ©nĂ©fiques avecl’OMMS.

5.3 STATUT CONSULTATIFAUPRES DE L’ORGANISATIONMONDIALE DU MOUVEMENT

SCOUT

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Ayant examinĂ© le passĂ© et le prĂ©sent, il faut maintenant nous tournervers l’avenir.

Il ne s’agit pas, dans cette section, de faire de la “gĂ©opolitique-fiction”mais de mentionner quelques grandes lignes que les spĂ©cialistesperçoivent comme porteuses d’avenir.

‱ Le phĂ©nomĂšne migratoire favorise la rencontre

C’est un fait connu: la composition dĂ©mographique de nombreux paysdu “nord” est en train de changer rapidement sous l’effet des fluxmigratoires intenses et soutenus en provenance du “sud”.

Un exemple concret: la prĂ©sence massive de jeunes maghrĂ©bins enEurope, qui peuvent, en mĂȘme temps, configurer de nouveauxrapprochements dans l’intelligence de la foi chrĂ©tienne et de la foimusulmane, et donner naissance Ă  un mĂ©tissage culturel porteurd’avenir.

A ce sujet, certains voient dĂ©jĂ  apparaĂźtre les premiers signes d’un islam“occidentalisĂ©â€, qui serait parfaitement capable de concilier le plus purde sa tradition religieuse avec les exigences du pluralisme.

On sait que “
historiquement parlant les discussions thĂ©ologiquesentre musulmans et non-musulmans remontent aux premiers siĂšcles del’Islam”.226 Mais, au-delĂ  des rencontres des spĂ©cialistes, il y a dessiĂšcles de mĂ©fiance Ă  surmonter et des incomprĂ©hensions rĂ©ciproquesd’autant plus grandes que les sources d’information (dans les deux sens)sont incomplĂštes ou biaisĂ©es! Et c’est lĂ  oĂč la rencontre entre les jeunes,dans un esprit de fraternitĂ©, peut faire avancer le dialogue et lacomprĂ©hension mutuelles, d’autant plus que les symboles communsaux trois religions monothĂ©istes (voir ci-dessous 6.2 “La Tente d’Abraham”)ne manquent pas!

‱ La rencontre du bouddhisme et de l’Occident

Cette rencontre, vieille de plusieurs siĂšcles, est porteuse d’espoirsconsidĂ©rables. Pourquoi est-elle si riche en promesses? Parce que la fĂ©-condation rĂ©ciproque de la conception historique occidentale – qui estlinĂ©aire – et de la conception orientale – qui est cyclique/circulaire –ne peut que fasciner les intellectuels, mais aussi parce que le bouddhisme“
comporte, en certaines de ses intuitions, une mise en question trĂšsradicale des dogmes chrĂ©tiens”. En effet, les Ă©rudits estiment que “
lebouddhisme est, avec le taoĂŻsme, la religion la plus Ă©loignĂ©e duchristianisme
”.227

Il y a trois autres facteurs qui rendent cette rencontre encore plus sai-sissante aujourd’hui. Tout d’abord, parce qu’elle ne se passe pas Ă  lamarge mais au cƓur de chacune des civilisations. En effet, “
lesbouddhistes en Occident sont Ă  peu prĂšs aussi nombreux que leschrĂ©tiens en ExtrĂȘme-Orient
”.228 Ensuite, parce que l’implantation enOccident des communautĂ©s bouddhiques s’est accompagnĂ©e de l’adhĂ©-sion au bouddhisme d’un nombre croissant d’Occidentaux.229 Finalement,

6. CONCLUSIONS.QUELQUES LIGNES

D’HORIZON

6.1 DU POINT DE VUEGEOPOLITIQUE ET CULTUREL

Page 62: SCOUTISME ET DEVELOPPEMENT SPIRITUEL

Page 58 - Scoutisme et DĂ©veloppement Spirituel

parce que le bouddhisme, “
avec ses enseignements contemplatifsinvitant Ă  la sagesse existentielle et son aptitude Ă  assimiler les courantsmodernes, est appelĂ© Ă  l’avenir Ă  faire de nombreux adeptes dans le mondecontemporain”.230

Ainsi donc, la voie est grande ouverte pour l’exploration des ressemblanceset des diffĂ©rences: sur le “caractĂšre largement superposable des deuxĂ©thiques
”, sur les droits de l’homme, dans le domaine monastique, dansla comparaison des liturgies, symboles, rites, processus initiatiques, influencesspirituelles, le tout dĂ©bouchant sur “
une rĂ©flexion approfondie sur laconstitution de l’ĂȘtre humain: 
corps, parole et esprit selon les bouddhistes,
corps, Ăąme et esprit selon la trichotomie grecque
”.231

N’est-ce pas une perspective fascinante?

‱ Les rapprochements entre les trois religions monothĂ©istes peuvent faire du Proche-Orient un havre de paix.

Cette simple Ă©vocation peut paraĂźtre utopique ou mĂȘme dĂ©lirante Ă  l’heureoĂč les affrontements se font encore plus durs que par le passĂ© rĂ©cent, Ă l’heure oĂč les deux parties se rejettent sans cesse les responsabilitĂ©s pourla faillite du dialogue et, par consĂ©quent, ce sont les armes et pas leshommes qui parlent! Mais n’est-ce pas le trait caractĂ©ristique des religionsd’entretenir l’espĂ©rance et l’utopie, de se dĂ©gager de la condition prĂ©sente– aussi dure soit-elle – pour envisager un horizon lointain oĂč le monde seraautre parce que les hommes seront autres?

Pour que cela puisse arriver, il faut poser des gestes concrets qui soient enmĂȘme temps symboliques et prophĂ©tiques. En voilĂ  un: le village “Oasis depaix” (Neve Shalom en hĂ©breu et Wahat-as-Salam en arabe), fondĂ© en 1979en IsraĂ«l par un prĂȘtre dominicain et un groupe de pionniers, aussi “fous”et enthousiastes que lui. Dans l’école du village, une authentique Ă©cole depaix oĂč enfants juifs, chrĂ©tiens et palestiniens se cĂŽtoient, une seule rĂšgle:“le respect est un droit et un devoir pour tous” Ă©crite sur les murs dans lescouleurs de l’arc-en-ciel. Il va sans dire qu’aussi bien le village que l’écolene sont pas des endroits aseptisĂ©s, que les tensions du monde environnantpĂ©nĂštrent Ă  chaque instant et que les problĂšmes d’identitĂ© se posent parfoisde façon aiguĂ«. Mais l’essentiel c’est que l’expĂ©rience existe et rayonne:l’école a dĂ©jĂ  organisĂ© des sĂ©minaires de rĂ©flexion sur le rĂŽle des valeursspirituelles et Ă©thiques dans l’éducation Ă  la paix et souhaite crĂ©er un CentreSpirituel Pluraliste”.232

A l’occasion du voyage du Pape en Terre sainte, en mars 2000, le mondeentier a vu Ă  travers la tĂ©lĂ©vision le Pape s’avancer pĂ©niblement vers le Murdes Lamentations et y dĂ©poser un document Ă©crit de demande de pardon.S’il est important de regretter les fautes et les manquements passĂ©s, l’essen-tiel c’est de contribuer
 Ă  un changement des mentalitĂ©s pour qu’une telletragĂ©die ne puisse jamais se reproduire”.233 Ce changement a commencĂ©,il importe de le conforter et de le poursuivre afin qu’il porte ses fruits.

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Scoutisme et DĂ©veloppement Spirituel - Page 59

‱ Le chemin de l’ƓcumĂ©nisme entre catholiques, protestants et orthodoxes est unlong chemin mais trĂšs prometteur

A l’occasion du Grand JubilĂ© de l’an 2000, qui incite Ă  entreprendre desdĂ©marches concrĂštes de conversion, le Pape Jean-Paul II a demandĂ©, aunom de l’Eglise Catholique, le pardon pour:

“les pĂ©chĂ©s contre l’unitĂ© lors du schisme du 11e siĂšcle et lors de la RĂ©formeprotestante au 16e siĂšcle, les mĂ©thodes d’intolĂ©rance et de persĂ©cutionpratiquĂ©es par l’Eglise, notamment par l’Inquisition (contre les Cathares,contre GalilĂ©e
).234

Le Conseil OecumĂ©nique des Eglises a Ă©tĂ© crĂ©Ă© en 1948 Ă  Amsterdam etregroupe toutes les grandes Eglises issues de la RĂ©forme, auquel se joignentles Eglises orthodoxes en 1961. Il reprĂ©sente environ 300 Eglises d’une cen-taine de pays, avec quelque 450 millions de chrĂ©tiens.

Du cĂŽtĂ© de l’Eglise Catholique, le Vatican a crĂ©Ă© en 1960 un SecrĂ©tariat pourpromouvoir l’unitĂ© des chrĂ©tiens, Ă©rigĂ© en 1967 en “Conseil Pontifical pourla promotion de l’UnitĂ© des ChrĂ©tiens”. On sait aussi que le dialogue existeavec les Eglises Orthodoxes, avec les anciennes Eglises Orientales, avec laCommunion Anglicane et ainsi de suite.

Cette volontĂ© de dialogue s’est matĂ©rialisĂ©e par des initiatives diverses etmultiformes Ă  diffĂ©rents niveaux.235

Enfin, les tendances de la sociĂ©tĂ© en gĂ©nĂ©ral aident ce mouvement. Commele constate un spĂ©cialiste de la question “AprĂšs des siĂšcles de ruptures etd’éclatements 
l’évolution de la sociĂ©tĂ© amĂšne les Eglises Ă  rechercher uneĂ©mulation sans concurrence, une coopĂ©ration sans anathĂšmes”.236

‱ Le dialogue et la rencontre interreligieux

Les Nations Unies ayant proclamĂ© 1986 “AnnĂ©e Internationale de la Paix”,le Pape Jean-Paul II a invitĂ© 150 chefs religieux Ă  une journĂ©e de jeĂ»ne, depriĂšre et de pĂšlerinage pour la paix. Le 27 octobre 1986, les dĂ©lĂ©guĂ©s dedouze religions: “
bouddhistes, shintoĂŻstes, hindous, sikhs, zoroastriens,jaĂŻns, bahaĂŻs, musulmans, juifs, amĂ©rindiens, animistes d’Afrique et chrĂ©tiensde diverses Eglises se rencontrent Ă  Assise
 Chaque religion garde sonautonomie et sa spĂ©cificitĂ© dans la priĂšre pour la paix”.237 “Des rameauxd’olivier sont remis aux participants
et la cĂ©rĂ©monie se termine par l’envoldes colombes de la paix”.238

MĂȘme s’il ne s’agissait pas d’un dialogue interreligieux Ă  proprement parler,il est important de souligner le formidable tĂ©moignage que cela constitueaux yeux du monde entier. Et il reste Ă  souhaiter que cet “esprit d’Assise”trouve son prolongement dans des initiatives nombreuses ici et lĂ  afin queles rapports entre les croyants de toutes les religions soient carac-tĂ©risĂ©s parla tolĂ©rance, la comprĂ©hension et la coopĂ©ration.

* * *

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Sans aucune prĂ©tention Ă  l’exhaustivitĂ©, nous avons prĂ©sentĂ© ici quelques-unes des voies qui prĂ©parent (et peut-ĂȘtre prĂ©figurent) le futur. Il seraithasardeux de se lancer dans des prĂ©dictions trop concrĂštes qui seraient parla suite dĂ©menties par les faits. Mais l’essentiel c’est de montrer une tendan-ce, une indication de direction. Peut-ĂȘtre Ă  l’avenir, croyants et non-croyants sincĂšres – des gens aux convictions affirmĂ©es mais Ă  l’esprittolĂ©rant et ouvert – auront Ă  montrer au monde la force de leurs tĂ©moi-gnages respectifs, face Ă  une indiffĂ©rence religieuse rĂ©pandue, Ă  un matĂ©-rialisme envahissant qui se manifeste Ă  travers l’hĂ©donisme, l’utilitarisme,l’égoĂŻsme, la soif de consommer et l’ambition de possĂ©der!

Les mystiques de toutes les religions ont cherchĂ©, peu ou prou, desmaniĂšres de s’assimiler Ă  Dieu et de lui ressembler: dans le don, dans ledĂ©pouillement, dans la vie quotidienne qui devient une priĂšre
 peut-ĂȘtreauront-ils Ă  jouer un rĂŽle important pour montrer la voie Ă  un mondedĂ©boussolĂ©!

OĂč se situe le Scoutisme dans ce tableau d’ensemble? Pour envisager lesperspectives d’avenir, il faut revenir sur le message central de ce docu-ment. Nous avons essayĂ© de montrer la force extraordinaire de la mĂ©thodescoute pour promouvoir et enrichir la dimension spirituelle chez les jeunes.

1. Un message fondamental pour le monde: se situer du cĂŽtĂ© des forces de l’amour,de la fraternitĂ© et de la paix

MĂȘme s’il faut se garder de toute distinction manichĂ©enne, aussi bien leScoutisme que les grandes religions et courants spirituels se situent du cĂŽtĂ©de forces “positives” ou “constructives”, de celles qui essaient de fairegrandir l’homme et le conduire vers un idĂ©al qui le dĂ©passe.

Le Scoutisme – nĂ© de l’intuition pĂ©dagogique d’un grand soldat devenu ungrand Ă©ducateur – partage avec les grandes religions et spiritualitĂ©s desconvictions qui sont essentielles pour la survie et le dĂ©veloppement dechaque ĂȘtre humain en tant qu’individu mais aussi de chaque communautĂ©humaine, depuis la plus petite jusqu’à la plus Ă©tendue. Ces valeurs sont: lesouci de bĂątir un monde dans la fraternitĂ© et l’amour, ce qui impliqued’écarter, dans notre esprit et dans la vie collective, toute tentation dedomination et de haine, l’esprit de service, qui Ă©loigne l’homme dessimples considĂ©rations matĂ©rielles lorsqu’il est en face de son prochain etle respect de la nature dont le Fondateur mĂȘme disait qu’elle est “unlaboratoire, un club et un temple”.239

Les diffĂ©rentes religions demandent Ă  leurs adeptes de devenir des artisansde paix et de justice dans le monde. Le Scoutisme – selon la mĂ©thode quilui est propre et qui a montrĂ© son efficacitĂ© presque pendant un siĂšcle –prĂ©pare les jeunes cƓurs Ă  entreprendre cette dĂ©marche.

6.2 DU POINT DE VUE DUMOUVEMENT SCOUT

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Scoutisme et DĂ©veloppement Spirituel - Page 61

2. DĂ©velopper au maximum le potentiel Ă©ducatif du Mouvement Scout dans tous lesdomaines mais trĂšs particuliĂšrement dans les trois points suivants

‱ Comprendre que la vie des jeunes n’est pas un long fleuve tranquille

Ce n’est pas l’endroit appropriĂ© pour se lancer dans un long dĂ©veloppementsur la vie des jeunes, les changements qu’ils expĂ©rimentent et les pressionsqu’ils subissent. Nous en avons prĂ©sentĂ© plus haut une esquisse (voirsection 2.4). Les spĂ©cialistes soulignent qu’il s’agit de la confluence defacteurs biologiques, psychologiques et sociaux. Dans le domaine spirituel/religieux aussi, les changements peuvent ĂȘtre notables. DĂ©jĂ  chez lesadultes, la figure du croyant “typique”, qui vit avec calme et assurance safoi pendant toute sa vie, n’est plus la rĂšgle. Il y a dans toutes les religionsle “pĂšlerin”, le “converti”, le croyant qui doute et l’incroyant qui a des lueursde foi
240 Mais il y a surtout les gens qui vivent leur vie religieuse (et leurvie tout court) comme des lignes “en dents de scie”, avec des hauts et desbas, des crises plus ou moins longues et des pĂ©riodes de calme qui suc-cĂšdent Ă  des pĂ©riodes tourmentĂ©es


C’est essentiel de comprendre que le rĂŽle d’un mouvement d’éducationcomme le Mouvement Scout n’est pas (surtout pendant les bourrasques) de“prĂȘcher”, ni de condamner, ni de “faire pression”, ni mĂȘme de juger, maisd’accompagner! D’entourer les jeunes d’un soutien et d’un amour quirassure, qui libĂšre et qui permet Ă  une personnalitĂ© en pleine Ă©volution desortir grandie d’une crise!

‱ Situer correctement l’approche et le point d’incidence pĂ©dagogique de la mĂ©thodescoute

Dans le couple religion–spiritualitĂ©, le Scoutisme se concentre sur laspiritualitĂ©. Pour bien comprendre de quoi il s’agit, il faut citer une dis-tinction que J. Westerhoff fait entre “
deux formes interdĂ©pendantes depensĂ©e et deux dimensions de la conscience, aussi interdĂ©pendantes”. LapremiĂšre est “
la forme intellectuelle de connaissance, le mode rationnelde penser et la forme active de conscience”. “Son intĂ©rĂȘt est le rĂ©sultat
 etson monde est celui de l’ordre, la structure et la certitude”. “L’alternative
est une forme intuitive de connaĂźtre, un mode affectif/Ă©motionnel depenser, une forme passive de conscience
 (il) offre un moyen subjectif etexpĂ©rientiel de connaĂźtre, son intĂ©rĂȘt explicite est le processus, sa formed’expression est surtout non verbale et donc son monde est celui du chaos,l’anti-structure et l’ambiguĂŻtĂ©. Son style globalisant, totalisant et sensuel estle plus adĂ©quat pour l’imagination, le mystĂšre et la dĂ©couverte”.241

Au risque de paraĂźtre simpliste, on pourrait dire que la pratique pĂ©dagogiquedu Scoutisme se situe du cotĂ© du deuxiĂšme terme de l’alternative, c’est-Ă -dire du cĂŽtĂ© de la spiritualitĂ©, de la façon globale, intuitive et affective deconnaĂźtre, de l’approche globalisante et sensuelle, de l’imagination et de ladĂ©couverte. Par contre, l’enseignement doctrinal/thĂ©ologique des diffĂ©rentesreligions se situe plutĂŽt (comme l’indique Westerhoff) du cĂŽtĂ© de l’expressionverbale, du discours ordonnĂ© et systĂ©matique, qui fait appel Ă  une forme deconnaissance rationnelle et structurĂ©e.

Inutile de souligner que les deux approches, loin de s’exclure mutuellement,sont en rĂ©alitĂ© parfaitement complĂ©mentaires, chacune d’elles jouant unrĂŽle essentiel!

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‱ Utiliser Ă  fond les potentialitĂ©s du Scoutisme comme un outil de dĂ©veloppementspirituel

Nous avons vu plus haut (voir section 4.7) comment le Scoutisme est unoutil de dĂ©veloppement spirituel, parce qu’il permet aux jeunes de“religare”, de donner un sens aux diffĂ©rentes expĂ©riences vĂ©cues.

Ceci apparaĂźt trĂšs clairement lorsque nous concentrons notre attention surles potentialitĂ©s pĂ©dagogiques des activitĂ©s en petits groupes dans la nature.Elles permettent une double approche spirituelle: d’un cĂŽtĂ©, dĂ©couvrir lesmerveilles et la grandeur de la crĂ©ation, et de l’autre cĂŽtĂ©, apprendre lelangage des symboles.

En effet, c’est en pratiquant des activitĂ©s dans la nature que les jeunesdĂ©couvrent d’une façon concrĂšte le rapport entre l’homme et la nature etla magnificence de la crĂ©ation: “
beaucoup d’activitĂ©s pratiquĂ©es par lesScouts dans la nature correspondent Ă  des expĂ©riences fondamentales del’humanitĂ©, qui sont elles-mĂȘmes chargĂ©es d’un sens spirituel trĂšs fort:explorer un territoire, amĂ©nager un espace, construire son abri, sa maison,se rassembler autour du feu de camp, aller chercher l’eau vive Ă  la source,etc.”.242

Mais il y a une autre fonction Ă©galement importante: avoir accĂšs au langagesymbolique. “Dans le symbole s’expriment notre expĂ©rience de vie, nossentiments, avec tout ce qu’ils ont de clair et aussi de confus, c’est-Ă -direde profond.”243 Cette fonction est essentielle dans une Ă©poque comme lanĂŽtre, si pauvre en symboles collectifs! Car “
les personnes qui n’ont pasaccĂšs au langage symbolique ne peuvent rien dire de leur vie Ă  un niveauautre que pratique. C’est l’univers du ‘mĂ©tro-boulot-tĂ©lĂ©-dodo’. Comme ilsne peuvent pas ‘se parler spirituellement’ (au niveau des symboles), ils nepeuvent pas rĂ©flĂ©chir sur leur vie et ils deviennent le jouet impuissant despressions et des conditionnements de toutes sortes, vĂ©cus au jour le jour,subis au jour le jour”.244 Donc, vivre sa vie et rĂ©flĂ©chir sur elle permet dene pas ĂȘtre la proie de la routine quotidienne et ne pas rester au niveau dela pure immĂ©diatetĂ©, prendre du recul et avoir des points de repĂšre quipermettent de ne pas ĂȘtre victime des pressions et manipulations.

3. DĂ©velopper au maximum l’énorme potentiel du Scoutisme pour le dialogue inter-religieux, la rencontre et la coopĂ©ration

Beaucoup a Ă©tĂ© fait mais beaucoup reste Ă  faire dans ce domaine. LacrĂ©ation du Groupe Interreligieux International est un pas dans la bonnedirection qui sera suivi par d’autres.

Il suffit d’avoir observĂ© le comportement des Scouts des diffĂ©rentesreligions aux Jamborees mondiaux. Il faut les avoir vu pour apprĂ©cier ladiversitĂ© incroyable de leurs convictions, qui constituent ensemble uneriche palette des aspirations des jeunes d’aujourd’hui. Mais il faut surtoutavoir observĂ© le respect constant de l’un pour l’autre, l’attention sincĂšre Ă ne pas froisser qui que ce soit dans ses convictions et une rĂ©elle amitiĂ©/complicitĂ© qui s’établit entre tous. Peut-on rĂȘver d’une atmosphĂšre pluspropice Ă  la recherche de la paix et de la vĂ©ritĂ© intĂ©rieures?

Prenant comme point de dĂ©part cette constatation le ComitĂ© Mondial auProgramme prĂ©pare en ce moment un ensemble d’activitĂ©s Ă  proposer aux

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Scoutisme et DĂ©veloppement Spirituel - Page 63

jeunes au cours du prochain Jamboree Scout Mondial qui aura lieu enThaĂŻlande.

L’objectif de ces activitĂ©s est double:

‱ illustrer comment le Scoutisme offre des possibilitĂ©s de dĂ©veloppementspirituel/religieux, et

‱ introduire les jeunes dans une comprĂ©hension et un respect des autresreligions.

TrĂšs concrĂštement, on compte proposer aux jeunes participants auJamboree:

1. Des exemples d’actions possĂ©dant un potentiel spirituel:

– des actions de dĂ©couverte de soi-mĂȘme,– des actions de dĂ©couverte des merveilles de la nature,– des activitĂ©s de service,– des actions de rencontre et solidaritĂ© au-delĂ  des prĂ©jugĂ©s raciaux,– des actions de dĂ©couverte inter-culturelle, etc.

2. Examiner avec eux comment ces actions sont “relues” ou â€œĂ©valuĂ©es”ou “intĂ©grĂ©es” dans la perspective des diffĂ©rentes grandes religions(Christianisme, Islam, JudaĂŻsme, Bouddhisme, Hindouisme, etc.), avecdes exemples de textes sacrĂ©s, des priĂšres et des mĂ©ditations utilisablespour cĂ©lĂ©brer le sens spirituel de ces actions.

Sur le plan national ou local, beaucoup d’autres initiatives existent, mĂȘmesi elles ne sont pas divulguĂ©es comme il conviendrait de le faire. Unexemple significatif est celui de “la Tente d’Abraham”.

Abraham reprĂ©sente une figure d’identification qui montre le dĂ©fi de “vivreune vie comme un sentier/un chemin de spiritualitĂ© Ă  la recherche pro-gressive de l’absolu, qui donne un sens Ă  la vie, et ceci en complĂštelibertĂ©â€.245 En mĂȘme temps, il est aussi une figure dans laquelle les jeunesdes trois religions monothĂ©istes peuvent se reconnaĂźtre.

Depuis quelques annĂ©es, Ă  l’initiative des “Scouts Musulmans de France”,les jeunes appartenant Ă  toutes les associations qui composent le “ScoutismeFrançais” sont invitĂ©s Ă  vivre ensemble des moments forts de rĂ©el partage,au cours d’une rencontre sur l’apport du Scoutisme au dialogue inter-religieux. La rencontre de l’an 2000 a eu lieu Ă  Toulouse (France) du 29 avrilau 1er mai et Ă©tait centrĂ©e sur le thĂšme de la fraternitĂ© autour d’Abraham.Tour Ă  tour, un pasteur protestant, un rabbin, un prĂȘtre catholique et unphilosophe musulman ont prĂ©sentĂ© un Ă©clairage particulier sur le sujet,suivi de questions et d’un dialogue gĂ©nĂ©ral et en petits groupes. LadeuxiĂšme partie de la rencontre a posĂ© la question: qu’attendez-vous desassociations scoutes pour le dialogue interreligieux? Suivi d’une conclusion:quelle fraternitĂ© aujourd’hui?246

Cet exemple, qui est loin d’ĂȘtre unique, illustre bien une des nombreusesfaçons de profiter de la diversitĂ© culturelle et religieuse des jeunes pourfavoriser la rencontre et le dialogue dans le domaine spirituel.

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Le lecteur comprendra bien que dans un document de ce type, on ne peutpas faire que des constatations globales et des affirmations à caractÚregénéral, ce qui cadre mal avec un monde qui est fait de variété, de richesseet de nuance


Il se peut trĂšs bien que telle ou telle affirmation ne cadre pas exactementavec la philosophie ou la pratique d’une association scoute. Il se peut aussique tel ou tel groupe religieux, Eglise ou communautĂ© spirituelle quicoopĂšre avec l’OMMS trouve que ses positions n’ont pas Ă©tĂ© prĂ©sentĂ©es dutout ou suffisamment, ou traitĂ©es d’une façon trop schĂ©matique, ousimplifiĂ©es Ă  l’extrĂȘme au risque de les dĂ©former. Si tel est le cas, nousprĂ©sentons nos excuses et nous demandons Ă  tous de comprendre qu’ils’agit d’une action ou d’une omission involontaire. Nous espĂ©rons votreclĂ©mence puisque, comme dit le diction français, “faute avouĂ©e est Ă  moitiĂ©pardonnĂ©e”!

6.3 EN GUISE DE CONCLUSION

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1. Speech of welcome at the Foxlease World Guide Camp, 1924, quoted in“Footsteps of the Founder”, compiled and edited by Mario Sica, EditriceAncora Milano, Milano, 1984, p. 72-73.

2. “Rovering to Success”, 1959 reprint of 1922 edition, p. 195, citĂ© dans“Footsteps of the Founder”, op. cit. p. 54-55.

3. Baden-Powell, “Religion in the Boy Scout and Girl Guide Movement”, anaddress by the Chief Scout to the Joint Conference of Commissioners of bothMovements at High Leigh, 2 July 1926, p. 1.

4. Wilfred Cantwell Smith, article “Religion as Symbolism”, EncyclopaediaBritannica, Fifteenth edition © 1992, Propaedia, p. 299-301.

5. Collier’s Encyclopedia, William D. Halsey (Editorial Director), © CrowellCollier and Macmillan, Inc., 1967, U.S.A., volume 8, p. 558.

6. “Grand Dictionnaire de la Psychologie” (sous la direction de H. Bloch,R. Chemama, A. Gallo et al), Ed Larousse, Paris, 1991.

7. “Grand Dictionnaire de la Psychologie”, op. cit., p. 257.

8. Encyclopaedia Britannica, William Benton Publisher, Chicago, London,Toronto, Geneva, Sydney, Tokyo, Manila, 1969 edition, volume 9, p. 722,article “Progressive education”.

9. Ibidem.

10. Ibidem.

11. “Grand Dictionnaire de la Psychologie” , op. cit., p. 257.

12. Didier Julia, “Dictionnaire de la Philosophie”, © Larousse 1984, Edition duClub France Loisirs, Paris 1991, p. 77.

13. Dictionnaire de Sociologie. André Akoun et Pierre Ansart (sous la directionde). Ed. Le Robert et Seuil, Paris, 1999, p. 447.

14. Dictionnaire “Le Nouveau Petit Robert”, nouvelle Ă©dition remaniĂ©e etamplifiĂ©e, © Dictionnaires Le Robert, Paris, 1993, p. 1918-1919.

15. Webster’s Webster’s Ninth New Collegiate Dictionary, Merrian-Webster IncPublishers, Springfield, Massachusetts, U.S.A. © 1984, p. 995.

16. Diccionario Ilustrado de la Lengua Española », Editorial RamĂłn Sopena S.A.,Barcelona, 1968, p. 518 – traduction du BMS.

17. Gordon Marshall (edited by), “Concise Oxford Dictionary of Sociology”,Oxford University Press, Oxford, New York, 1994, p. 447.

18. AndrĂ© Lalande, “Vocabulaire technique et critique de la philosophie”, PressesUniversitaires de France, Paris, 1968, p. 915-916.

19. Didier Julia, “Dictionnaire de la Philosophie”, op. cit., p. 263, et Rudolf Otto,“Le SacrĂ©â€, Petite BibliothĂšque Payot, Paris, 1969.

20. Jean-Pierre Jossua, article “Le christianisme” dans Michel ClĂ©venot, “L’Etat desReligions dans le monde”, Ed. La DĂ©couverte et Editions du Cerf, Paris, 1987,p. 89 et 84.

21. Dictionnaire “Le Nouveau Petit Robert”, op. cit., p. 2136.

22. André Lalande, op. cit, p. 1024.

23. André Lalande, op. cit, p. 1020-1021.

24. André Lalande, op. cit, p. 1019-1020.

25. E. Bersot, “MatĂ©rialisme” citĂ© dans AndrĂ© Lalande, op. cit, p. 1020.

26. Webster’s Ninth New Collegiate Dictionary, op. cit., p. 1137.

REFERENCES

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27. Dictionnaire “Le Nouveau Petit Robert”, op. cit., p. 2136.

28. Raymond Darricau et Bernard Peyrous, “Histoire de la SpiritualitĂ©â€, P.U.F.,Coll. Que Sais-je ?, Paris, Octobre 1991.

29. I.V. Cully article “Spirituality” in Harper’s Encyclopaedia of Religious Education,edited by I.V. Cully and K.B. Cully, New York, Harper and Row, 1990,reproduced in “Spirituality and Spiritual Growth”, Enc, Brit. , p. 1.

30. Ibidem.

31. G. Cashmore and J. Puls “Spirituality in the Ecumenical Movement” reproducedin “Spirituality and Spiritual Growth”, Enc, Brit. , p. 5-7.

32. Downloaded from www.bbc.co.uk.worldservice/agenda

33. “Programme d’action mondial pour la jeunesse Ă  l’horizon 2000 et au-delà”,RĂ©solution 50/81 adoptĂ©e par l’AssemblĂ©e GĂ©nĂ©rale des Nations Unies, A/RES/50/81, 13 mars 1996, p. 7.

34. Michel ClĂ©venot, Avant-propos, “L’Etat des Religions dans le monde”, ouvragecollectif sous la direction de Michel ClĂ©venot, Ed. La DĂ©couverte/Le Cerf,Paris, 1987, p. 4.

35. Jean François Mayer, article “Les religions: spĂ©cificitĂ©s, rivalitĂ©s, analogies”, LeGrand Atlas des Religions, © Encyclopaedia Universalis, France S.A., 1990, p.155.

36. Anne Kraft, article “Les religions” dans Michel ClĂ©venot, op. cit., p. 9.

37. Charles-Yvon Le Blanc, article “Chine et Mongolie” dans Michel ClĂ©venot, op.cit., p. 262.

38. Dominique Chevallier, article “Moyen Orient” dans Michel ClĂ©venot, op. cit.,p. 262.

39. Article “Hispanic population growing fast in US”, International HeraldTribune, March 8, 2001.

40. Denise Robillard, article “Etats-Unis, Canada” dans Michel ClĂ©venot, op. cit.,p. 295-299.

41. Denise Robillard, idem.

42. Denise Robillard, idem.

43. Maurice Barth, article “AmĂ©rique centrale” dans Michel ClĂ©venot, op. cit.,p. 300

44. Alberto Silva, article “BrĂ©sil” dans Michel ClĂ©venot, op. cit., p. 317 et AlainLabrousse, article “AmĂ©rique Andine” dans Michel ClĂ©venot, op. cit., p. 321.

45. LaĂ«nnec Hourbon, article “CaraĂŻbe” dans Michel ClĂ©venot, op. cit., p. 307-311.

46. Pal Repstad, article “Europe du Nord” dans Michel ClĂ©venot, op. cit., p. 331.

47. Philippe Denis, article “Benelux” dans Michel ClĂ©venot, op. cit., p. 338-341.

48. Whitaker’s Almanack 1999, The Stationery Office, Hilary Marsden Editor,London, 1998, p. 881.

49. Roy Wallis et Steve Bruce, article “Iles britanniques” dans Michel ClĂ©venot, op.cit., p. 341-345.

50. Emile Poulat, article “Europe latine” dans Michel ClĂ©venot, op. cit., p. 345-350.

51. Pierre Lespoir, article “Europe centrale” dans Michel ClĂ©venot, op. cit., p. 354-358.

52. Article “Le schisme oriental”, dans “Les grands Ă©vĂ©nements de l’histoire dumonde”, © Larousse, et France Loisirs, Paris, 1991, p. 94-95.

Page 71: SCOUTISME ET DEVELOPPEMENT SPIRITUEL

Scoutisme et DĂ©veloppement Spirituel - Page 67

53. IrĂ©nĂ©e Henri Dalmais, article “GrĂšce” dans Michel ClĂ©venot, op. cit., p. 363-364.

54. StĂ©phane Yerasimos, article “Turquie” dans Michel ClĂ©venot, op. cit., p. 364-365.

55. Pierre Lespoir, article “Autriche, Hongrie, Liechtenstein, Pologne, Suisse,TchĂ©coslovaquie” dans Michel ClĂ©venot, op. cit., p. 354.

56. Ibidem..

57. Idem, p. 355.

58. IrĂ©nĂ©e Henri Dalmais, article “Roumanie” dans Michel ClĂ©venot, op. cit.,p. 362-364.

59. Whitaker’s Almanack 1999, p. 1064.

60. Whitaker’s Almanack 1999, p. 939.

61. Whitaker’s Almanack 1999, p. 795.

62. Whitaker’s Almanack 1999, p. 869.

63. Whitaker’s Almanack 1999, p. 928.

64. Whitaker’s Almanack 1999, p. 936.

65. Charles Urjewicz, article “Espace post-soviĂ©tique”, dans L’Etat du Monde2000, Ed. La DĂ©couverte et Syros, Paris, 1999, p. 549.

66. The Statesman’s Yearbook 2000, op. cit., p. 1324.

67. The Statesman’s Yearbook 2000, op. cit., p. 1574.

68. Pierre Lespoir, article “Union SoviĂ©tique” dans Michel ClĂ©venot, op. cit.,p. 371.

69. The Statesman’s Yearbook 2000, op. cit., p. 1574.

70. The Statesman’s Yearbook 2000, op. cit., p. 274.

71. The Statesman’s Yearbook 2000, op. cit., p. 963, 999, 1511, 1558 et 1922.

72. Pierre Lespoir, article “Union SoviĂ©tique” dans Michel ClĂ©venot, op. cit.,p. 372.

73. The Statesman’s Yearbook 2000, op. cit., p. 963.

74. The Statesman’s Yearbook 2000, op. cit., p. 680.

75. The Statesman’s Yearbook 2000, op. cit., p. 245.

76. The Statesman’s Yearbook 2000, op. cit., p. 163.

77. Whitaker’s Almanack 1999, op. cit., p. 953.

78. “Le Bilan du XXe siĂšcle”, © Harenberg et Struye, Bruxelles, 1992, p. 38.

79. Anne Kraft, article “Les statistiques des religions” dans Michel ClĂ©venot, op.cit., p. 8.

80. “Le Bilan du XXe siùcle”, op. cit., p. 38.

81. William van Geest, article “Development and other religious activities”,magazine “Together”, a journal of the World Vision Partnership, Monrovia,Ca. USA, No. 55, July-September 1997, p. 1-3.

82. Article “L’échec de la transposition des modĂšles occidentaux dans les paysmusulmans a favorisĂ© l’essor de l’islamisme” dans “Le Nouvel Etat du Monde,Bilan de la dĂ©cennie 1980-1990”, Ed. La DĂ©couverte, Paris 1990, p. 194-196.

Page 72: SCOUTISME ET DEVELOPPEMENT SPIRITUEL

Page 68 - Scoutisme et DĂ©veloppement Spirituel

83. DaniÚle Hervieu-Léger, dans le Dictionnaire de Sociologie. André Akoun etPierre Ansart (sous la direction de). Ed. Le Robert et Seuil. Paris, 1999, p. 474.

84. Dictionnaire “Le Nouveau Petit Robert”, op. cit., p. 1066.

85. Friedrich Stentzler, article “La sĂ©cularisation”, dans Le Grand Atlas desReligions, op. cit., p. 16-17.

86. Marcel Neusch, article “AthĂ©isme” dans le “Dictionnaire des religions”, PaulPoupard, Presses Universitaires de France, 3e Ă©dition revue et augmentĂ©e,Paris, 1993, p. 137-139.

87. Marcel Neusch, article “AthĂ©isme” dans le “Dictionnaire des religions”, PaulPoupard, op. cit., p. 140.

88. Marcel Neusch, article “AthĂ©isme” dans le “Dictionnaire des religions”, PaulPoupard, op. cit., p. 140.

89. Marcel Neusch, article “AthĂ©isme” dans le “Dictionnaire des religions”, PaulPoupard, op. cit., p. 141.

90. Marcel Neusch, article “AthĂ©isme” dans le “Dictionnaire des religions”, PaulPoupard, op. cit., p. 137.

91. Paul Poupard, article “L’Agnosticisme”, dans le “Dictionnaire des religions”,op. cit., p. 18-19.

92. “1999 Britannica Book of the Year” © Enc. Britannica”, p. 315.

93. Dictionnaire de la Philosophie, Ed. Larousse, op. cit., p. 130.

94. Marcel Neusch, article « Incroyance » dans le “Dictionnaire des religions”, op.cit., p. 925.

95. Annette Scheunpflug, article “Spiritual needs of young people today”, anarticle based on a presentation made at the European Seminar on the SpiritualDimension in Scouting and Guiding”, Burg Rieneck, Germany, 18-23 April1995, p. 2.

96. AGAPE, F-2, France, 7 février 1993.

97. RenĂ© Le Corre, article “L’AthĂ©isme” dans Michel ClĂ©venot, op. cit. p. 496.

98. Jean Vernette, “Le Nouvel Age: Ă  l’aube de l’ùre du Verseau”, Pierre TequiĂ©diteur, Paris, 1990, p. 7.

99. Jean Vernette, op. cit., p 15.

100. Jean Vernette, op. cit., p 16.

101. Jean Vernette, op. cit., p 8.

102. Jean Vernette, op. cit., p 8-9.

103. Article “Les chemins dĂ©tournĂ©s de la science” de Jean-François Augereau, inLe Monde, 17 fĂ©vrier 1993, p. 14, et encadrĂ© “L’éclipse de lune influence laBourse...” dans le Journal de GenĂšve, 9 dĂ©cembre 1992 et TSR-JT du 26 fĂ©vrier2000.

104. Jean Vernette, article “Le rĂ©veil du gnosticisme” dans le “Dictionnaire desreligions”, Paul Poupard, p. 776-777.

105. Article “El nuevo mapa de la espiritualidad”, Revista Epoca, juin 1997 etarticles “Mass suicides raise the question: Why?” mars 27, 1997 et “One yearlater, Heaven’s Gate suicide leaves only faint trail”, mars 25, 1998, tĂ©lĂ©chargĂ©sdu site Internet de la CNN, U.S. News Story page.

106. Paulo Coelho, “L’Alchimiste”, Ed. Flammarion, Coll. Castor Poche, Paris,1998, p. 5.

107. Paulo Coelho, op. cit. P. 223.

Page 73: SCOUTISME ET DEVELOPPEMENT SPIRITUEL

Scoutisme et DĂ©veloppement Spirituel - Page 69

108. Pierine Piras, article “De la sĂ©rie ‘X files’ Ă  la vogue New Age- Fascinationspour un nouveau mysticisme”, Le Monde Diplomatique, aoĂ»t 1997, p. 18.

109. Hans Hobelsberger, article “ExpĂ©riences religieuses des jeunes dans lecontexte de la modernisation sociale” dans “Jeunes, Ensemble sur les routesde l’Europe”, Pontificium Consilium pro Laicis, CitĂ© du Vatican 1999, p. 80.

110. Jean Vernette, “Nouvelles spiritualitĂ©s et nouvelles sagesses”, Bayard Editions,Paris, 1999, p. 12.

111. Jean Vernette, article “NĂ©o-Paganisme” dans le “Dictionnaire des religions”,op. cit., p. 1421.

112. Mario Pollo, article “Les jeunes dans le monde d’aujourd’hui en Europeoccidentale”, dans “Jeunes, Ensemble sur les routes de l’Europe”, PontificiumConsilium pro Laicis, CitĂ© du Vatican, 1999, p. 49.

113. Mario Pollo, idem, p. 50.

114. Mario Pollo, idem, p. 51.

115. Annette Scheunpflug, article “Spiritual needs of young people today”, op. cit.,1-2.

116. Hans Hobelsberger, article “Les jeunes dans le monde d’aujourd’hui enEurope centrale et orientale”, dans “Jeunes, Ensemble sur les routes del’Europe”, Pontificium Consilium pro Laicis, CitĂ© du Vatican, 1999, p. 74.

117. Hans Hobelsberger, idem, p. 75.

118. Hans Hobelsberger, idem, p. 75.

119. Hans Hobelsberger, idem, p. 76.

120. Hans Hobelsberger, idem, p. 77.

121. Hans Hobelsberger, idem, p. 77-78

122. Guy Debord, “La sociĂ©tĂ© du spectacle”, Gallimard, Paris, 1967, et GillesLipovetsky, “L’ùre du vide. Essai sur l’individualisme contemporain”, Gallimard,Paris, 1983.

123. Annette Scheunpflug, article “Spiritual needs of young people today”, op. cit.,p. 2.

124. Annette Scheunpflug, article “Spiritual needs of young people today”, op. cit.,p. 3.

125. Mario Pollo, article “Les jeunes dans le monde d’aujourd’hui en Europeoccidentale”, op. cit., p. 67.

126. Annette Scheunpflug, article “Spiritual needs of young people today”, op. cit.,p. 3.

127. Eugen Drewermann, “Quand le ciel touche la terre”, © Patmos Verlag 1992,et ©Editions Stock pour la traduction française, Paris, 1994.

128. Tony Anatrella, article “La formation des jeunes, Aspect Psychologique” dans“Jeunes, Ensemble sur les routes de l’Europe”, op. cit., p. 102-104 et 114.

129. Mario Pollo, op. cit., p. 62 et 63.

130. Mario Pollo, op. cit., p. 64.

131. Time Magazine, Oct. 23, 1995.

132. Document “Tendances”, Bureau Mondial du Scoutisme, Genùve, section 4,p. 21.

133. Mario Pollo, op. cit., p. 71.

134. Mario Pollo, op. cit., p. 71.

Page 74: SCOUTISME ET DEVELOPPEMENT SPIRITUEL

Page 70 - Scoutisme et DĂ©veloppement Spirituel

135. Document “Tendances”, op. cit., p. 4.

136. Mario Pollo, op. cit., p. 70.

137. Annette Scheunpflug, op. cit., p. 4.

138. Annette Scheunpflug, op. cit., p. 7.

139. Annette Scheunpflug, op. cit., p. 7.

140. RenĂ© Le Corre, article “L’AthĂ©isme” dans Michel ClĂ©venot, op. cit. p. 497.

141. D. Hervieu-LĂ©ger, article “Tradition et traditionalisme” dans le “Dictionnairede Sociologie”, AndrĂ© Akoun et Pierre Ansart, Ed. Le Robert et Seuil, Paris,1999, p. 539-540.

142. AndrĂ© Akoun, article “ModernitĂ©â€ dans le “Dictionnaire de Sociologie”, AndrĂ©Akoun et Pierre Ansart, op. cit., p. 349.

143. Michel Maffesoli, article “Post-modernitĂ©â€ dans le “Dictionnaire de Sociologie”,op. cit., p. 412.

144. Jean Vernette, article “Sectes Occidentales contemporaines” dans le“Dictionnaire des religions”, op. cit., p. 1849.

145. “Aids to Scoutmastership”, Ă©dition de 1919, citĂ© dans “Jouer le Jeu”, op. cit,p. 128.

146. “Scouting for Boys”, WB, 249-250 citĂ© dans “Footsteps of the Founder”, op.cit., p. 107.

147. “Scouting for Boys”, WB 249, citĂ© dans “Footsteps of the Founder”, op. cit.,p. 107.

148. “Scouting for Boys”, WB 249-250, citĂ© dans “Footsteps of the Founder”, op.cit., p. 53.

149. Baden-Powell, “Religion in the Boy Scout and Girl Guide Movement”, anaddress by the Chief Scout to the Joint Conference of Commissioners of bothMovements at High Leigh, 2 July 1926, p. 1.

150. Baden-Powell, “Religion in the Boy Scout and Girl Guide Movement”, idem.

151. “Scouting for Boys”, Special Canadian edition, Preface, publiĂ© par les BoyScouts Association of Canada, circa 1949, p. 11.

152. Baden-Powell, “Religion in the Boy Scout and Girl Guide Movement”, op. cit.,p. 4.

153. Baden-Powell, “Religion in the Boy Scout and Girl Guide Movement”, op. cit,p. 8.

154. Baden-Powell, “Religion in the Boy Scout and Girl Guide Movement”, op. cit,p. 8.

155. Baden-Powell, “Religion in the Boy Scout and Girl Guide Movement”, op. cit,p. 8.

156. Baden-Powell, “Religion in the Boy Scout and Girl Guide Movement”, op. cit,p. 9.

157. Baden-Powell, “Religion in the Boy Scout and Girl Guide Movement”, op. cit,p. 8.

158. Aids to Scoutmastership and Headquarters’ Gazette 1918, citĂ© dans “Footstepsof the Founder”, op. cit., p. 109.

159. Baden-Powell, “Religion in the Boy Scout and Girl Guide Movement”, op. cit.,p. 7.

160. Paper read at the York Conference, magazine Jamboree, July 1928.

Page 75: SCOUTISME ET DEVELOPPEMENT SPIRITUEL

Scoutisme et DĂ©veloppement Spirituel - Page 71

161. Baden-Powell, “Religion in the Boy Scout and Girl Guide Movement”, op. cit.,p. 5-6.

162. Baden-Powell, “Religion in the Boy Scout and Girl Guide Movement”, op. cit.,p. 6.

163. Baden-Powell, “La Route du SuccĂšs : un livre consacrĂ© aux sports pour lesjeunes garçons”, Delachaux & NiestlĂ© S.A., NeuchĂątel, Suisse, 1946, p. 203.

164. Baden-Powell, “La Route du Succùs”, op. cit, p. 198.

165. “Aids to Scoutmastership”, 4e tirage, pas de date, p. 96.

166. “Aids to Scoutmastership”, WB, 22, citĂ© dans “Footsteps of the Founder”,p. 109.

167. Dernier message aux scouts du monde dans E.E. Reynolds – Baden-Powell:Biographie de Lord Baden-Powell of Gilwell – Trad. A.Borgeaud, Paris,NeuchĂątel, Editions Delachaux & NiestlĂ© S.A., 1945.

168. Baden-Powell, “Religion in the Boy Scout and Girl Guide Movement”, op. cit.,p. 1.

169. “Rovering to Success”, 1959 reprint of 1922 edition, p. 195, citĂ© dans“Footsteps of the Founder”, op. cit. p. 54-55.

170. Baden-Powell, “Religion in the Boy Scout and Girl Guide Movement”, op. cit.,p. 2.

171. RenĂ© Lebrun, article “Montagne chez les Hittites” dans le “Dictionnaire desReligions”, op. cit., p. 1364.

172. L’Occhio del cuore, TSI, vendredi 7 mai 1993.

173. Jan Swyngedouw, article “Culte des montagnes au Japon” dans le “Dictionnairedes religions”, op. cit., p. 1364.

174. Exode 34, 4-9 dans “The Holy Bible containing the Old and New Testaments”,The World Publishing Company, Cleveland and New York, n.d.

175. Premier Livre des Rois 1 R, 19, 9-13 dans “The Holy Bible containing the Oldand New Testaments”, op. cit. p. 341-342, Missel 2000, Edition collective desĂ©diteurs de liturgie, Paris, 2000, p. 440-441.

176. Matthew 5, 7 dans “The Holy Bible containing the Old and New Testaments”,op. cit., New Testament.

177. R. Baden-Powell, “Life’s Snags and how to meet them, Talks to young men”,C. Arthur Pearson, Ltd. London, 5th impression 1939, p. 25-26.

178. Ibidem, p. 106.

179. Ibidem, p. 107.

180. Ibidem, p. 109.

181. Ibidem, p. 109.

182. Mario Pollo, article “Les jeunes dans le monde d’aujourd’hui en EuropeOccidentale”, dans “Jeunes, Ensemble sur les routes de l’Europe”, op. cit.,p. 59-60.

183. Constitution et Rùglement Additionnel de l’Organisation Mondiale du Mouve-ment Scout, Bureau Mondial du Scoutisme, Genùve, juillet 1983, chapitre I,article 1).

184. “Principales CaractĂ©ristiques du Scoutisme”, p. 4.

185. Constitution et Rùglement Additionnel de l’Organisation Mondiale duMouvement Scout, op. cit. chapitre I, article 1.

Page 76: SCOUTISME ET DEVELOPPEMENT SPIRITUEL

Page 72 - Scoutisme et DĂ©veloppement Spirituel

186. “Principales CaractĂ©ristiques du Scoutisme”, p. 5.

187. “Principales CaractĂ©ristiques du Scoutisme”, ibidem.

188. “Principales CaractĂ©ristiques du Scoutisme”, p. 7 et 8.

189. Résolutions de la Conférence Mondiale du Scoutisme 1922-1985, BureauMondial du Scoutisme, GenÚve, 1985, p. 4.

190. Résolutions de la Conférence Mondiale du Scoutisme 1922-1985, idem.

191. A Statement of Principle, signed by Hubert Martin, 6 dĂ©cembre 1932, tirĂ© duMagazine “Jamboree”.

192. A Statement of Principle, signed by Hubert Martin, idem.

193. Résolutions de la Conférence Mondiale du Scoutisme 1922-1985, BureauMondial du Scoutisme, GenÚve, 1985, p. 46 et 48.

194. Résolutions de la Conférence Mondiale du Scoutisme 1922-1985, BureauMondial du Scoutisme, GenÚve, 1985, p. 46 et 48.

195. “Les But, Principes et MĂ©thodes du Mouvement Scout, Projet de RĂ©vision duChapitre II de la Constitution Mondiale”, 26e ConfĂ©rence Mondiale du Scou-tisme, Document 2, Bureau Mondial du Scoutisme, GenĂšve, non datĂ©.

196. Dominique BĂ©nard, Avant-propos de “Dieu, es-tu encore lĂ -dedans?”, Ă©ditioninternationale publiĂ©e par le Scottish Council, The Scout Association, Fife, encollaboration avec le Bureau EuropĂ©en du Scoutisme.

197. Dominique BĂ©nard, Avant-propos de “Dieu, es-tu encore lĂ -dedans?”, idem.

198. Father Roger Barralet OFM, “What’s all this about, God?”, edited by HazelChewter, The Scout Association, U.K. 1987.

199. InspirĂ© de Roger May, article “Adolescence” in Western Scouter, Australia,juin 1984.

200. “Principales CaractĂ©ristiques du Scoutisme”, p. 7.

201. Dossier “Dieu, es-tu encore là-dedans?”, introduction, p. 2 et 3.

202. “Principales CaractĂ©ristiques du Scoutisme”, p. 7.

203. Dossier “Dieu, es-tu encore là-dedans?”, Scouts’ Own, p. 2.

204. Aids to Scoutmastership, 1919 edition, p. 101 citĂ© dans “Footsteps of theFounder”, op. cit., p. 105.

205. Dossier “Dieu, es-tu encore là-dedans?”, Introduction, page 2.

206. Dominique BĂ©nard, Le DĂ©veloppement spirituel dans le Scoutisme, documentde travail, mars 2000, p. 1.

207. “Principales CaractĂ©ristiques du Scoutisme”, p. 29.

208. Ignacio Ramonet, “L’offensive des religions”, ManiĂšre de Voir N° 48, Le Mon-de Diplomatique, Paris, Novembre-DĂ©cembre 1999.

209. Missel 2000, Edition collective des Ă©diteurs de liturgie, Paris 2000, p. 7.

210. “PĂšlerins du monde”, Calendrier interreligieux 2000/2001, © ENBIRO,Lausanne et Plateforme interrereligieuse, GenĂšve, 2000.

211. Inspiré de Missel 2000, p. 468.

212. Idem, p. 560.

213. Résolutions de la Conférence Mondiale du Scoutisme 1922-1985, BureauMondial du Scoutisme, GenÚve, 1985 p. 2.

214. Résolutions de la Conférence Mondiale du Scoutisme 1922-1985, BureauMondial du Scoutisme, GenÚve, 1985, p. 62.

Page 77: SCOUTISME ET DEVELOPPEMENT SPIRITUEL

Scoutisme et DĂ©veloppement Spirituel - Page 73

215. “Position du ComitĂ© Mondial du Scoutisme Ă  propos des FĂ©dĂ©rations”, ComitĂ©Mondial 9/91.

216. “Principales CaractĂ©ristiques du Scoutisme”, Bureau Mondial du Scoutisme,GenĂšve, 1998, p. 7.

217. Constitution de l’OMMS, Chapitre II, Article IV, paragraphe 2.a.

218. “Principales CaractĂ©ristiques du Scoutisme”, op. cit., p. 19.

219. “Principales CaractĂ©ristiques du Scoutisme”, op. cit., p. 33.

220. “Principales CaractĂ©ristiques du Scoutisme”, ibidem.

221. “Principales CaractĂ©ristiques du Scoutisme”, op. cit., p. 33-34.

222. Constitution de l’OMMS, Article XIII, paragraphe 9.

223. Document “Statut consultatif auprùs de l’Organisation Mondiale du MouvementScout”, article C, paragraphe 2, p. 3.

224. Document “Statut consultatif auprùs de l’Organisation Mondiale du MouvementScout”, article 2, p. 1.

225. Document “Statut consultatif auprùs de l’Organisation Mondiale du MouvementScout”, article 3, p. 2.

226. Jacques Jomier, article “Dialogue Islamo-ChrĂ©tien” dans le “Dictionnaire desreligions”, op. cit., p. 489.

227. Pierre-François de Bethune et J.P. Schnetzler, article “Dialogue chrĂ©tien-bouddhiste”, dans le “Dictionnaire des Religions”, op. cit., p. 483-485.

228. Idem, p. 482.

229. Ibidem.

230. “Le Bilan du XXe siĂšcle” © Harenberg et Struye, Bruxelles, 1992, p. 46.

231. Pierre-François de Bethune et J.P. Schnetzler, article “Dialogue chrĂ©tien-bouddhiste”, dans le “Dictionnaire des Religions”, op. cit., p. 485.

232. Alain Pinoges, article “Le village de la paix en IsraĂ«l”, L’Echo Magazine,Suisse, 20 avril 2000, p. 14-17.

233. L’Echo Magazine, Suisse, 20 avril 2000, p. 7.

234. Information A.R.P., Vernayaz, Suisse, Editorial, mai 2000, p. 2.

235. Jean Willebrands, article “Conseil Pontifical pour la promotion de l’UnitĂ© desChrĂ©tiens”, dans le “Dictionnaire des Religions”, op. cit., p. 2071-2071 etAndrĂ© Dumas, article “Eglises Protestantes”, dans le “Dictionnaire des Reli-gions”, op. cit. p. 592-596.

236. André Dumas, idem, p. 594.

237. Julien Ries, article “Assise, rendez-vous des religions pour la paix”, dans“Dictionnaire des Religions”, op. cit., p. 132.

238. Ibidem.

239. Baden-Powell, “Rovering to Success”, Herbert Jenkins Ltd., London, 1922.

240. DaniĂšle Hervieu-LĂ©ger “Le pĂšlerin et le converti”, Ed. Flammarion, Paris,1999.

241. Javier Oñate, “La pedagogĂ­a Escultista de la fe”, annexe N° 3, citation deJ. Westerhoff (la traduction est nĂŽtre).

242. Dominique BĂ©nard, “L’Ile verte”, chapitre 7, L’ñme, p. 128.

243. Dominique BĂ©nard, ibidem.

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244. Dominique BĂ©nard, ibidem, p. 128-129.

245. JosĂ© Nuno Ferreira da Silva, article “El Desafio de Abraham”, dans desdocuments CICS, ThaĂŻlande, 1993.

246. P. de Chazelles, “La Tente d’Abraham”, France, mai 2000.

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ANNEXE I:

RESOLUTIONS DE LACONFERENCE MONDIALE

DU SCOUTISME

Les RĂ©solutions sur les Principes du Scoutisme, le Devoir envers Dieu/Religion, la DĂ©claration de Principe et les RĂ©solutions Fondamentale etPrincipale sont si Ă©troitement liĂ©es qu’elles ne sont pas prĂ©sentĂ©es par thĂšmemais en ordre chronologique.

14/24 Principes du Scoutisme

La Conférence affirme que le Mouvement des éclaireurs a des caractéristiquesnationales, internationales et universelles, qui tendent à donner à chaquenation en particulier et au monde en général, une jeunesse physiquement,moralement et spirituellement forte.

Le Mouvement est national en ce qu’il agit par l’intermĂ©diaire desassociations nationales, en vue de former pour chaque nation des citoyensutiles et sains.

Il est international en ce qu’il ne connaĂźt pas de barriĂšres nationales Ă  lacamaraderie des Ă©claireurs.

Il est universel en ce qu’il insiste sur la fraternitĂ© universelle entre tous lesĂ©claireurs de toutes les nations, de toutes les classes, de toutes les religions.

Le Mouvement des Ă©claireurs ne veut pas affaiblir, mais au contraire veutrenforcer les croyances religieuses de chacun de ses membres. La loi del’éclaireur exige que l’éclaireur pratique fidĂšlement et sincĂšrement sareligion et il entre dans les vues du Mouvement d’interdire toute espĂšce depropagande confessionnelle dans les rĂ©unions oĂč se trouvent des Ă©claireursappartenant Ă  des religions diffĂ©rentes.

18/55 RĂ©solution Fondamentale

La ConfĂ©rence est convaincue que le Scoutisme et ses mĂ©thodes, tels queB-P nous les a donnĂ©s, peuvent toujours attirer les garçons si nous insistonssur l’importance qu’il y a de leur apporter un vrai Scoutisme, avec sonromantisme, son esprit d’aventure, son programme de dĂ©veloppement etune vie spirituelle.

La ConfĂ©rence Ă©tant le centre du corps mondial de notre Mouvement,exprime la conviction que le Scoutisme mondial peut, dans l’atmosphĂšreinternationale actuelle, jouer un rĂŽle de premier plan en prĂ©parant pourdemain de bons citoyens ayant des idĂ©es justes sur l’importance d’unecomprĂ©hension mutuelle constructive entre toutes les nations, en vue d’unepaix durable.

19/57 RĂ©solution Principale

La ConfĂ©rence en tant qu’organisme central de la FraternitĂ© mondiale desScouts, rĂ©affirme Ă  l’occasion du Centenaire de son Fondateur et ducinquantiĂšme Anniversaire de la naissance du Scoutisme dans le monde, safoi dans les principes fondamentaux du Scoutisme tel qu’il a Ă©tĂ© fondĂ© parle premier Chef Scout du monde, le regrettĂ© Lord Baden-Powell of Gilwell:

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1. Devoir envers Dieu.

2. Loyauté envers son pays.

3. Foi dans l’amitiĂ© et la fraternitĂ© mondiales.

4. L’acceptation et la libre pratique de l’idĂ©al proposĂ© par la Loi et laPromesse scoutes.

5. L’indĂ©pendance Ă  l’égard des partis politiques.

6. L’adhĂ©sion volontaire des garçons.

7. Le systÚme unique de formation fondé sur le systÚme des patrouilles,sur des activités de plein air et sur un enseignement pratique.

8. Le service d’autrui.

La ConfĂ©rence croit fermement que ces principes qui ont eu tant de succĂšscontribuent fortement Ă  former le caractĂšre du garçon de notre Ă©poque, del’homme de demain, au grand bĂ©nĂ©fice de chaque nation et du mondeentier aussi par la diffusion de la comprĂ©hension et de l’identitĂ© des butspoursuivis. Que cet effort de notre part serve au renforcement de la libertĂ©et de la paix.

8/61 Devoir envers Dieu/Religion

(L’Argentine et le Venezuela se trouvent en dissentiment)

La Conférence reconnaßt que le Devoir envers Dieu ou la religion estfondamental dans la philosophie et les intentions du Mouvement scout.

Pour les associations scoutes qui le dĂ©sirent, la Promesse doit pouvoir ĂȘtreformulĂ©e de telle sorte qu’elle tienne compte du fait que parmi ses membresexistent des croyants en un Dieu personnel et aussi d’autres qui reconnaissentune rĂ©alitĂ© spirituelle.

Toute formule de ce genre doit ĂȘtre en accord avec l’esprit de la Promessescoute originale qui reconnaĂźt une PrĂ©sence ou une Puissance spirituellesupĂ©rieure dans l’univers.

La ConfĂ©rence considĂšre qu’il est de la responsabilitĂ© des organisationsscoutes d’atteindre autant de garçons qu’il est possible de le faire dans lazone de notre influence, de les guider vers une vie spirituelle et de s’assurerque la foi religieuse Ă  laquelle appartient un scout soit pleinementsauvegardĂ©e.

3/69 DĂ©claration de Principe

La Conférence Mondiale du Scoutisme:

a) Affirme que l’idĂ©al scout, tel qu’il est exposĂ© dans le livre “Eclaireurs”,a une valeur humaine telle qu’il transcende les diffĂ©rences de races etde pays.

b) Rappelle que les buts, le sens et les principes fondamentaux duScoutisme sont définis par la Constitution mondiale (Articles III et IV).

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c) DĂ©clare que le Scoutisme est un mouvement Ă  caractĂšre national,international et universel qui veut doter chaque pays, aussi bien quele monde entier, d’une jeunesse spirituellement, moralement etphysiquement saine. Il est national en ce sens qu’il s’efforce, par sesassociations nationales, de former des citoyens sains et utiles.

Il est international en ce qu’il ne reconnaüt aucune barriùre nationaleau sein de la camaraderie scoute.

Il est universel, puisqu’il met l’accent sur la fraternitĂ© qui lie les scoutssans distinction de classes, de races et de croyances religieuses.

d) RĂ©affirme son ferme attachement aux buts, principes et mĂ©thodes duScoutisme tel que Baden-Powell l’a fondĂ©, ainsi que sa foi dans lavaleur du scoutisme international pour promouvoir la comprĂ©hensionet la bonne volontĂ© entre les peuples.

e) Affirme que, bien que l’appartenance au Scoutisme dans chaque paysdoive engendrer un authentique patriotisme, celui-ci doit ĂȘtre maintenueffectivement dans les limites qu’imposent la coopĂ©ration internationaleet l’amitiĂ©, indĂ©pendamment de toutes croyances religieuses ou diffĂ©-rences de races.

En conséquence

La ConfĂ©rence rĂ©affirme que les conditions de reconnaissance d’uneassociation scoute nationale comme membre de la ConfĂ©rence sont fixĂ©espar sa Constitution.

Cette reconnaissance n’implique aucune ingĂ©rence dans le domaine de lapolitique, et aucun gouvernement ni individu ne doit la considĂ©rer commeun acte affectant la souverainetĂ© ou le statut diplomatique du pays enquestion.

4/69 Unité du Mouvement Scout Mondial

Convaincue que l’unitĂ© du Mouvement scout mondial dans la fraternitĂ©,dans sa structure et dans son action est de la plus haute importance dansses efforts en vue de servir les garçons du monde moderne et d’apporterle Scoutisme Ă  tous les garçons qui dĂ©sirent y participer:

La ConfĂ©rence ayant soigneusement Ă©tudiĂ© le document prĂ©sentĂ© par ladĂ©lĂ©gation britannique intitulĂ© “L’UnitĂ© du Mouvement mondial” estprofondĂ©ment impressionnĂ©e pas sa pertinence dans un monde divisĂ©. Elleen recommande l’étude attentive Ă  tous les pays membres et au ComitĂ©mondial.

Elle demande aussi avec insistance que tous les efforts soient faits pour queles propositions, que contient ce document en vue de l’unitĂ© et de lapratique internationale du Scoutisme, soient appliquĂ©es aussi rapidementque possible et que son esprit Ă©claire le travail du Mouvement mondial. Ellecharge le ComitĂ© mondial de s’assurer que tout nouveau pays dĂ©sirantdevenir membre de la ConfĂ©rence soit encouragĂ© et aidĂ© s’il le faut Ă  Ă©tablirune seule Organisation nationale unie et ouverte Ă  tous les garçons.

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4/75 Buts, Principes et MĂ©thodes (Constitution, Chapitre II)

La Conférence mondiale

– considĂ©rant que l’enquĂȘte sur les Buts, Principes et MĂ©thodes duMouvement scout (Constitution, Chapitre II) constitue, de la partde ceux qui y ont rĂ©pondu, une rĂ©affirmation globale de la validitĂ©du contenu du Chapitre II, Ă  laquelle s’ajoute le dĂ©sir de reformulerce chapitre en des termes plus forts et plus expressifs,

– Convaincue qu’une rĂ©daction plus claire et plus prĂ©cise leurdonnerait un rayonnement plus large et une plus grande autoritĂ©,

‱ Demande au ComitĂ© mondial de constituer un groupe de travail, aussireprĂ©sentatif que possible des diverses sociĂ©tĂ©s et cultures existantparmi les membres de l’Organisation mondiale, et de soumettre Ă  la26e ConfĂ©rence mondiale des propositions relatives au Chapitre II Ă la lumiĂšre des positions prises dans l’enquĂȘte et de tout point de vuequi serait exprimĂ© par les Associations Membres avant le 1er janvier1976.

10/90 Scoutisme et Transmission des Valeurs

La Conférence

‱ tient Ă  fĂ©liciter le PrĂ©sident du ComitĂ© mondial du Scoutisme et leSecrĂ©taire GĂ©nĂ©ral pour leurs rapports et l’accent particulier placĂ© sur:

- l’importance de la dimension spirituelle dans le dĂ©veloppementpersonnel des jeunes et dans les programmes qui leur sontproposĂ©s

- la nĂ©cessitĂ© des activitĂ©s de dĂ©veloppement communautairecomme expression de la solidaritĂ© entre les scouts et d’une prisede conscience par les scouts de leur prochain

- la prioritĂ© qu’il est prĂ©vu de donner Ă  la protection del’environnement afin de dĂ©velopper l’harmonie entre l’Homme etla Nature, en application de la mĂ©thode scoute

- l’éducation de toute la personne proposĂ©e par le scoutisme et lanĂ©cessitĂ© qui en dĂ©coule de coordonner les efforts entrepris dansles domaines de l’organisation, du programme des jeunes, de laformation des responsables adultes et, en particulier, de larecherche, afin d’amplifier le dynamisme du Mouvement scout etsa croissance

‱ remercie le Bureau mondial pour le travail accompli et pour les liensde plus en plus clairs et Ă©troits tissĂ©s entre les organisations scoutesnationales

‱ encourage le ComitĂ© mondial et le SecrĂ©taire GĂ©nĂ©ral Ă  poursuivredans cette voie et Ă  promouvoir l’approfondissement des valeursfondamentales de la mĂ©thode scoute

‱ invite les Organisations scoutes nationales et le Bureau mondial àaccroütre et intensifier une communication efficace sur les progrùsaccomplis et la prise de conscience de la pleine dimension mondialedu Mouvement.

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10/96 Dialogue Interreligieux

La Conférence

– considĂ©rant l’importance fondamentale et universelle desdimensions spirituelles et religieuses dans le cadre de la mĂ©thodeĂ©ducative du Scoutisme

– considĂ©rant que le Mouvement Scout offre un cadre privilĂ©giĂ©pour que les scouts des diffĂ©rentes religions qui existent dans lemonde Ă©changent leur connaissance, leur comprĂ©hension et leuramitiĂ©

– accueillant avec satisfaction la premiĂšre rĂ©union des reprĂ©sentantsdes diverses familles religieuses qui s’est tenue Ă  GenĂšve en mars1996

‱ recommande au ComitĂ© Mondial du Scoutisme et aux familles religieusesd’organiser des rencontres de reprĂ©sentants des diverses religionsprĂ©sentes dans le Mouvement

‱ encourage le Bureau Mondial du Scoutisme Ă  promouvoir la dimensionspirituelle et Ă  amĂ©liorer la comprĂ©hension rĂ©ciproque entre lesdiverses religions

‱ en appelle au ComitĂ© Mondial et aux Associations scoutes nationalespour utiliser pleinement le potentiel ƓcumĂ©nique et interreligieux duScoutisme.

13/96 La Paix

La Conférence

– se rĂ©fĂ©rant Ă  la rĂ©solution 7/88 adoptĂ©e Ă  Melbourne concernantl’éducation Ă  la paix et Ă  la comprĂ©hension

– notant la multiplication des conflits qui ravagent le mondedĂ©truisant des vies humaines et des infrastructures socio-Ă©conomiques et culturelles

– accueillant positivement les initiatives des associations scoutes envue de la sauvegarde ou du retour de la paix, notammentl’organisation par les associations scoutes de la rĂ©gion des GrandsLacs (Burundi-Rwanda-ZaĂŻre) d’un sĂ©minaire sur le rĂŽle duScoutisme face aux crises socio-politiques

– luttant contre la xĂ©nophobie et le racisme, et notant que desprogrammes d’apprentissage interculturel pour les jeunes remettenten question les stĂ©rĂ©otypes nationalistes et offrent une Ă©ducationĂ  la paix et Ă  la tolĂ©rance

‱ recommande que le ComitĂ© Mondial du Scoutisme encourage lesassociations scoutes Ă  revoir leur programme des jeunes afin:

– de permettre aux scouts et à leurs responsables de rechercher etd’analyser les causes qui sont à la base des conflits

– de promouvoir la paix, la tolĂ©rance et la rĂ©conciliation entre lescommunautĂ©s, particuliĂšrement parmi les jeunes, contribuantainsi Ă  instaurer la solidaritĂ©

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– d’encourager la coopĂ©ration et les Ă©changes qui transcendent lesdiffĂ©rences ethniques, religieuses et culturelles

‱ recommande que le Bureau Mondial du Scoutisme appuie les initiativesprises dans ce sens par les associations scoutes par un accompagnementpĂ©dagogique et en les aidant Ă  trouver les ressources financiĂšres ethumaines.