Upload
others
View
10
Download
0
Embed Size (px)
Citation preview
FUSL ECGE 1e bac Sociologie Samuel Desguin
1 Première quadrimestre – Année académique 2012 - 2013
Sociologie
Lors de l’examen, aucune comparaison n’est demandée. Toutes les questions portent sur une
tradition seule, et il faut connaitre leurs spécificités.
Liste des sources importantes :
- Les règles de la méthode sociologique (1895, Durkheim)
- Le suicide (1897, Durkheim)
- Conférence annuelle de l’ASA - American Sociological Association (1925)
- La sociologie est un sport de combat (Carles et Bourdieu, 2001)
- Les héritiers (Bourdieu et Passeron, 1964)
- La distinction (Bourdieu, 1979) dont est tiré « le choix des élus ».
- La mise en scène de soi dans la vie quotidienne (Goffman, 1957)
- Asiles (Goffman, 1961)
- Les outsiders (Becker, 1963)
- Paris ville invisible (Latour, 1998)
- Changer de société : refaire la sociologie (Latour, 2006)
- Surveiller et punir (Foucault 1975)
- Il faut défendre la société (Foucault 1976)
Partie 1 - Origines des la discipline
Emile Durkheim (1858 – 1917): la
sociologie française
Emile Durkheim, à la fin du XIXe, veut créer une nouvelle discipline qui acquiert le rang de science
humaine tout en étant totalement autonome.
Corpus et positivisme � Le corpus est l’ensemble des textes dont on estime qu’ils sont à la base de la discipline. En ce qui
concerne la sociologie de Durkheim, les deux principaux ouvrages sont :
- Les règles de la méthode sociologique (1895)
- Le suicide (1897)
Ces livres sont publiés du vivant de Durkheim, et exposent la doctrine de façon systématique.
FUSL ECGE 1e bac Sociologie Samuel Desguin
2 Première quadrimestre – Année académique 2012 - 2013
� Le positivisme est notion introduite par Durkheim lors de la création de sa science. C’est l’idée
selon laquelle la sociologie peut être scientifique, donc objective et méthodique, en s’appuyant sur
des lois et des chiffres. En effet, et c’est récent au XIXe, l’accès aux chiffres nationaux est autorisé.
C’est de cette manière qu’elle ne sera plus condamnée aux « argumentations métaphysiques » et
qu’elle acquerra la légitimé d’une science.
Concrètement, elle sera capable de démontrer que notre comportement dépend du milieu social
dans laquelle on vit. Elle démontrera que c’est la société qui guide nos actions, et pas l’inverse.
Dévoiler les forces sociales L’OBJECTIF DE « LE SUICIDE »
« Le suicide » devait mettre en œuvre le positivisme, afin de prouver la légitimité de la sociologie à
toute la communauté scientifique. Plus précisément, il devait démontrer l’existence des forces
sociales en tant que force réelle et agissante façonnant le comportement des gens
(indépendamment de leurs états d’âme). C’est un semi-succès car la sociologie obtient une chaire
universitaire, mais étant donné que le monde scientifique reste sceptique malgré tout par rapport à
l’existence de forces sociales réelles, c’est un semi-fiasco.
LE SUJET DU LIVRE
Le terrain étudié est les constantes de taux de suicide. Celui-ci étant relativement stable d’année en
année et sensiblement différent selon les pays, et pour cette raison, cela constitue un bon matériau
pour débuter une étude objective. Même si Durkheim n’est pas le premier à étudier ces chiffres, il
est le premier à les utiliser à cette fin-là. Son travail se divise en deux étapes :
- Etape 1 Durkheim utilise de nombreuses corrélations de statistiques pour écarter les autres
hypothèses que les forces sociales : climat, race, hérédité, l’état de la santé mentale,
imitation qui pourrait naître entre suicidaires. Ceci étant fait, la seule possibilité plausible
restante est l’existence de forces extérieures à l’individu.
- Etape 2 Il dévoile alors la véritable cause du suicide : la force sociale. Il la présente comme
une nouvelle réalité que la sociologie devra étudier, qui soit le champ exclusif de la
sociologie. De cette manière, enfin, la sociologie acquerra sa légitimité.
L’impact du milieu social Dans « le suicide », Durkheim met en évidence le lien entre le milieu social et le suicide. Le milieu
social est composé de plusieurs variables :
- Milieux religieux (Catholique, Juif, Protestant ?)
- Milieu domestique (Enfants, statut social, famille « clanique » ?)
- Milieu politique (Présent dans des révoltes populaires ?)
Plus finement, Durkheim constate que le taux de suicide est lié à l’intégration au milieu. Un Milieu
intégré est celui qui donne un sens, un rôle, un objectif, … aux actions individuelles.
FUSL ECGE 1e bac Sociologie Samuel Desguin
3 Première quadrimestre – Année académique 2012 - 2013
Le taux de suicide varie en fonction du degré d’intégration des groupes sociaux dont fait partie
l’individu, et aussi en fonction de l’état de dérèglement de d’anomie des groupes sociaux dont fait
partie l’individu. Ceci donne lieu à trois types de suicide :
- Egoïste : par manque d’intégration au milieu
- Altruiste : par excès d’intégration, l’individu se perd alors dans un corps plus grand (ex
armée).
- Anomique : à cause d’un déréglage de l’aspiration aux possibilités offertes aux membres de
la société ; par exemple une ascension ou chute trop brutale. Une crise économique peut
causer ces dérèglements.
« Société : l’ensemble de représentations collectives qui donnent une vision du monde, du rôle qui
nous y est accordé, du sens de la vie et du rapport à autrui. Ces représentations formatent l’individu
dès sa naissance. Elles opèrent comme une sorte de prédisposition ou pré-configuration des destins
individuels.
Elles peuvent sembler diffuses et difficiles à capter, admet Durkheim, mais il y a moyen de les étudier:
soit en analysant les « penchants collectifs » c’est-à-dire les comportements révélés par la statistique,
comportements qui sont toujours guidés par les représentations collectives (p.ex. le suicide); soit en
analysant les institutions et les œuvres de la société où les représentations collectives se sont
cristallisées (p.ex. codes de droit, traités moraux, styles artistiques). »
Comment les forces sociales entrent-t-elles dans notre comportement ? « Nous sommes
intrinsèquement des êtres sociaux […] L’individu est trop peu de choses […] il faut à notre activité un
objet qui la dépasse». En premier lieu vient la société, ensuite les individus en découlent. La société
nous préconfigure, puis nous essayons de nous en émanciper.
Deux textes ou prémisses Durkheim déduit ces règles de son travail sur le suicide, elles sont publiées dans « Règles de la
méthode », 1895.
1. PRINCIPE D’EXTÉRIORITÉ : « Le fait social est tout ce qui est extérieur aux consciences
individuelles ».
Cette règle délimite la zone d’action de la sociologie : elle ne s’intéresse qu’à ce qui est extérieur aux
consciences individuelles. Par conséquent, cette règle établit que puisque « le suicide n’est pas dans
l’âme », il existe quelque chose d’extérieur à l’individu. Ceci induit une sorte de dualité individu ><
société, où la sociologie n’étudie que la société.
La présence d’un fait social se reconnait grâce à :
- l’antériorité : le fait social est une conséquence de l’ordre social, transmis par l’éducation et
la contrainte. « Cette pression de tous les instants que reçoit l’enfant, c’est la pression du
milieu social qui tend à le façonner à son image […] les parents n’en sont que les
intermédiaires ».
FUSL ECGE 1e bac Sociologie Samuel Desguin
4 Première quadrimestre – Année académique 2012 - 2013
- la contrainte= pouvoir de coercition : L’intégration des forces sociales se fait par la
contrainte, car on a du mal à abandonner des habitudes « naturelles ». La contrainte se
mesure à la présence de pouvoir susceptible de s’exercer sur l’individu, ou à la résistance que
lui oppose l’individu. Si quelque chose oppose de la résistance à notre volonté pure, c’est
qu’elle existe.
Nb : pour trouver et étudier le fait social, on étudie la contrainte plutôt que l’attachement. En effet,
la contrainte est plus facile à détecter et évacue toute trace d’intériorité.
2. PRINCIPE DE TANGIBILITÉ : Le fait social est à considérer comme une chose réelle.
.La non-transparence des faits sociaux. Ce principe découle du premier, mais concerne le type
d’approche que le sociologue doit adopter. Il ne doit détecter les lois qui déterminent les forces
sociales qu’indirectement, petit à petit, par l’étude des faits.
Corolaire : neutralisation du chercheur. Il faut être méfiant par rapport à ses propres idées, laisser de
côté les idées préconçues, les affects, nos expériences. Il faut avoir un angle d’attaque objectif, où les
faits sociaux se présentent isolés de leurs manifestations individuelles (statistiques, droit, …).
Conclusion On remarque bien ici le caractère déterministe de la sociologie de Durkheim. Cependant, ce
déterminisme est très différent de celui proposé à l’époque, car Durkheim y a ajoute une réserve en
disant qu’on peut changer la société et ses structures : il y a une possibilité d’émancipation.
D’autres débuts existent: l’Ecole de
Chicago (1892 – 1925)
Deux écoles de Chicago existent. Dans ce chapitre, nous étudions seulement la première.
Le projet de Chicago En 1925, l’école de Chicago, qui existe depuis 1892, atteint son point culminant. C’est le moment où
les sociologues de Chicago exposent leur projet pour la sociologie : « ville, laboratoire social des
temps modernes». Le but est de faire de la ville un terrain d’étude pour :
- comprendre comment se créent des équilibres instables et des transitions successives.
- détecter l’émergence de nouvelles relations et formes sociales inédites (« pleinement
moderne »).
- renouveler la question de la cohésion sociale en s’imprégnant de la nouvelle cohésion
sociale. Il faut observer de très près la diversité de la ville.
Décortiquer la ville
FUSL ECGE 1e bac Sociologie Samuel Desguin
5 Première quadrimestre – Année académique 2012 - 2013
Pendant la conférence, les sociologues de Chicago ont mis en avant un modèle de la ville qui
comporte deux volets.
- Volet politique : D’une part, le modèle présente la ville telle qu’elle est étudiée par les
planificateurs et les hommes politiques, qui voient la ville d’un point de vue de croissance
(voir la ville comme une mécanique à gérer au mieux pour ne pas avoir de problème
d’infrastructure,…)
- Volet sociologique D’autre part, il présente la ville telle qu’elle est étudiée par les
sociologues de Chicago, ou « partie du métabolisme social ». C’est la ville telle qu’elle est
définie par des liens sociaux. Cette dernière ville en est une qui s’établit au fur et à mesure
des interactions et des rapports entre communautés urbaines. La ville organique, la ville
mosaïque, la ville des aires naturelles et des régions morales, comme l’appellent les
sociologues de Chicago, fera l’objet de la description qui suit. C’est le modèle des aires
urbaines.
Pourquoi la ville ?
La ville est un nouvel environnement que l’homme s’est créé. Une nouvelle philosophie s’y est
développée, si bien que l’homme y a acquis les caractéristiques qui le distinguent de l’animal
inférieur. C’est l’expérience la plus réussie de création d’un monde par l’homme.
Cet environnement modifie le comportement de l’homme : « En créant la ville, l’homme s’est recréé
lui-même. ». Un homme qui vit dans la ville n’est pas le même qu’un homme qui vit en campagne.
Cependant, nous sommes maintenant condamnés à vivre dans notre œuvre.
Dans la ville, les anciennes cultures et traditions ont été détruites, la tension se relâche, ce qui donne
lieu à un changement important :
En ville, la société est réduite à n’être plus que des atomes individuels : l’homme qui quitte le milieu
rural se libère d’un poids et s’émancipe, mais il est livré à lui-même, individuel.
Mais, ce relâchement permet la créativité et de nouvelles relations (politiques, religieuses, …). Elles
sont le signe des tâtonnements des hommes à la recherche d’un nouveau lien social dans la
modernité. En effet, nous tendons à recréer en ville la même cohésion, le même ordre social qui unit
naturellement un clan ou dans une famille.
Pourquoi Chicago ?
D’une part, Chicago était une ville avec beaucoup de mouvements révolutionnaires (communistes,
racistes, anarchistes,..) il y a une perpétuelle agitation dans cette ville. Il s’agit d’une communauté
qui vit dans une situation de crise permanente. C’est une ville dynamique qui constitue donc un bon
terrain d’étude.
D’autre part parce que pendant un temps, Chicago a été une zone de transition entre le Midwest et
la côte Ouest, pour les hommes et les marchandises. C’est là qu’allaient tous les gens qui étaient sans
avenir (exemple « marginal girls » qui partaient trouver seules un avenir en ville).
FUSL ECGE 1e bac Sociologie Samuel Desguin
6 Première quadrimestre – Année académique 2012 - 2013
Ce quartier, dans lequel naît une nouvelle société moderne, est caractérisé par la diversité, la
mobilité et l’instabilité.
Méthodologie
Ici, le système d’étude va être complètement différent de celui de la sociologie française. Ces
derniers privilégient la science, la physique et l’étude globale des faits.
Au contraire, chez les américains, l’observation va être faite de très près, de l’intérieur
(contrairement aux statistiques), in situ. Observer et décrire la réalité urbaine, c'est guider l'action
future qu'on pourra y mener. Toutes les observations sont notées, y compris celles qui semblent
« aller de soi ». Et toutes les observations sont pertinentes, y compris ce que disent les gens ; c’est
contraire à la vision binaire objectif/subjectif européenne.
Le sociologue, en arrivant dans le milieu, accepte son ignorance, et aura l’honnêteté de noter tout ce
qu’il voit dans la perspective d’en tirer ce qui est positif et potentiellement exportable vers d’autres
sociétés.
Pragmatisme américain : Observer la société urbaine, c’est agir pour transformer et guider
l’émergence du nouvel ordre social (= théorie de la « span of attention »).
Comment est-ce que toutes ces communautés socialisent ?
La zone de transition [mobilité, cécité, territorialité] Ici, trois niveaux de réalité liée à Chicago vont être présentés. Ils coexistent, mais ne sont pas
équivalents ! :
- Zone de transition
- Ville mosaïque
- Ville organique
Zone de transition
Géographiquement, la zone de transition est la deuxième sphère de la ville, qui se situe entre le
« loop » (centre) et la troisième zone (zone of work homes), autours du quartier des affaires.
C’est cette partie de la ville qui est étudiée par les sociologues de Chicago parce qu’en 1890-1930,
c’est là qu’arrivent les immigrants, c’est là que se situent le ghetto, le quartier du vice, le quartier
Italien, Afro-américain, Italien, … Où tout est question d’interaction dans la communauté et entre les
communautés. C’est donc beaucoup plu qu’une simple zone de transition entre le centre et les zones
résidentielles.
Alors que les sociologues américains cherchent à théoriser la réalité concrète qu’est la zone de
transition, ils établissent les trois règles suivantes : cécité, mobilité, territorialité. La ville mosaïque
est celle qui les rassemble toutes les trois.
FUSL ECGE 1e bac Sociologie Samuel Desguin
7 Première quadrimestre – Année académique 2012 - 2013
Ville mosaïque
La ville mosaïque réunit les trois caractéristiques suivantes.
Intérêt pour la mobilité
� L’espace social (les êtres humains) est fait d’entités mobiles
« La mobilité fait que nous sommes des êtres intelligents ; des hommes pensants »� La question
ontologique (« qu’est-ce que l’être ? ») trouve sa réponse, selon certains sociologues dans la
mobilité.
Exemple :
- Pour les hobos (ouvriers qui construisent les chemins de fer) « il n’y a que la route et le ciel
ouvert qui offrent une vie sans discipline, sans organisation, ni contrôle » � « la vie sur les
routes est une meilleure vie » (avec moins de stress)
4 types de quartier sont ainsi définis en fonction de leur mobilité : mobilité forcée, mobilité voulue,
sédentarité forcée, sédentarité voulue. La ville est une vaste passoire qui trie les gens et les destins,
selon leur mobilité. Les sociologues se posent des questions très concrètes sur la raison pour laquelle
un homme vit à un certain endroit et pas ailleurs (question du loyer, etc).
Conséquence, les sociologues prêtent une attention forte à la position dans l’espace des
communautés (distance sociale perçue, pas la distance géométrique). Le statut est finalement une
affaire de distances. (Voir Extrait très important : Robert Park 1926 « la communauté urbaine : Un
modèle spatial et un ordre moral »)
Intérêt pour la cécité
Si un taudis et des villas peuvent coexister, il y a cécité. Cécité : deux communautés peuvent
coexister dans un même espace sans se voir.
La cause est qu’on a une « idée préconçue » de ce qu’on veut voir, de ce que notre communauté
nous a appris à voir. Il y a des choses qu’on est « programmés » pour ne pas voir. En effet « si on
voyait tout ce qu’il se passe dans une ville, on ne ferait pas deux pas ».
Une hypothèse des sociologues de Chicago est que les cultures et les communautés peuvent
coexister parce qu’elles s’ignorent. La cécité fait partie de la société.
Intérêt pour la territorialité
Dans la ville, chaque territoire a sa forme propre. Il évolue selon un principe qui est propre à la
communauté qui le produit.
Le principe d’évolution diffère selon la fonction de l’individu dans la société : Quand un individu
parvient à quitter un territoire comme le ghetto, il va se déplacer dans un endroit éloigné (leaps and
bounds). Si c’est un individu hobo, il va se retrouver sur un axe (car il ne fait que passer l’hiver).
FUSL ECGE 1e bac Sociologie Samuel Desguin
8 Première quadrimestre – Année académique 2012 - 2013
Cette triple caractérisation de la ville mosaïque provient d’une étude de la ville de Chicago, mais
s’étend à la société toute entière. Mosaïque : patchwork, millefeuille, territoire qui ont chacun leur
mode de développement.
La ville organique [aire naturelle, région morale].
Tout le monde peut affirmer que Chicago est une ville mosaïque, mais les sociologues de Chicago
vont plus loin, ils disent qu’il s’agit d’une ville organique. C’est le point le plus controversé de
l’héritage de Chicago. En effet, la ville organique correspond aux trois caractéristiques de la ville
mosaïque, auxquels on ajouts celle-ci :
La ville est un ensemble d’aires naturelles et de régions morales
En d’autres termes, de chaque environnement physique, spécifique (relationnel, social), naît un
personnage spécifique. C'est à dire qu’il y a des lieux (appelés appelées aires naturelles ou
environnement naturel) propices à l’élaboration d’une société.
ATTENTION ! Ce ne sont pas des lieux naturels du point de vue de la nature, mais du point de vue de
l’environnement social, des communautés environnantes, des routes,… Ces endroits donnent lieu,
par extension, à des régions morales. En résumé : un environnement spécifique � un type de société
ou de personnage qui va naître à cet endroit (et pas l’inverse !). Ainsi, l’environnement matériel n’est
pas simplement le reflet de la communauté, mais est constitutif de cette société.
Exemple :
- relations familiales changent avec l’apparition du téléphone
- plus de gangster et de hobos près des chemins de fer
Les conditions de vie matérielle et les prothèses physiques (exemple téléphone) jouent un rôle
primordial dans le devenir de l’individu et de la communauté.
Quelles conséquences pour la sociologie ? Qu’il ne faut pas envisager la ville comme une mécanique
physique (gérée par des ingénieurs), ni comme artefact politique (gérée par les politiques), mais bien
entrer dans les communautés mêmes pour les transformer de l’intérieur, c'est à dire la ville (=
société moderne) est faite de processus et de forces sociales visibles. En effet, s’il fallait considérer la
ville seulement par ses constituants (routes, bâtiments,…), on pourrait confier sa responsabilité à des
ingénieurs…
Conclusion En comparant les deux écoles que nous venons d’étudier, il en ressort qu’elles ne naissent pas dans
le même contexte. Alors que Durkheim répond aux attentes d’une république unifiée, Chicago
répond aux attentes d’un pays où tout le monde est immigré, donc dans lequel la question de
l’intégration est une question de cohabitation.
Concrètement, quelles différences entre la sociologie américaine et française ?
1. Tous les deux accordent de l’importance aux forces sociales et au milieu social. MAIS
FUSL ECGE 1e bac Sociologie Samuel Desguin
9 Première quadrimestre – Année académique 2012 - 2013
a. Américain : il n’y a pas de société. Les forces sociales sont le résultat de toutes les
interactions, et il n’y a rien de plus (l’état actuel des forces sociales ont de multiples
causes, ce qui en rend l’étude d’autant plus difficile).
Les gens socialisent au moyen de stimuli et réactions � notion de « potentialité
plasmique ».
b. Français : il y a une sorte d’au-delà, qu’on nomme société (composé de 3 causes) et
qu’on ne peut étudier qu’à partir des conséquences sur les individus d’un point de vue
statistique. Les sociologues français cherchent l’essence et les structures sociales au-
delà des apparences. � les américains s’attachent trop à l’individu.
2. Tous deux partagent l’idée de l’impénétrabilité du monde social. MAIS les conséquences ne
sont pas les mêmes dans les 2 écoles :
a. Américain : par conséquent, le chercheur doit se mobiliser. En effet, si la société est un
caractère inné de tout homme, le caractère spécifique et le type de société est
déterminé par le genre de monde dans lequel nous vivons. Ainsi, il faut étudier toute
forme d’organisation dans son habitat. � étude des interactions grâce aux cas
particuliers.
b. Français : par conséquent, le chercheur doit rester neutre. De plus, cette société qui est
réelle nous impose un certain déterminisme (Déterminisme veut dire qu’il y a un au-
delà, une réalité objective qui est invisible et cachée, et qui pourtant détermine notre
trajectoire et notre destin. Les actions sont déterminées par des structures, lois et
mécanismes dons les acteurs ne sont pas toujours conscients. (>< fatalisme, dans lequel
on baisse les bras)), qui n’est pas forcément négatif, puisque nous avons le pouvoir de
changer la société. � étude d’une structure générale de la société grâce aux
statistiques.
3. De quoi se compose la société
a. Américain : tout intervient, les liens sont complexes, à tel point qu’on ne peut pas
dégager le lien de cause à effet entre les éléments et l’individu.
b. Français : trois axes : milieu politique, milieu domestique, milieu religieux
4. L’objectif de la sociologie ?
a. Américain : l’idéal est de rendre toutes les potentialités actuelles.
b. Français : l’idéal est de libérer l’homme de toute détermination. Pour cela, il faut
étudier la façon dont la société nous contraint.
5. Dans quel contexte l’école apparait-elle ?
a. Américain : dans une ville où « tout le monde est immigré », et la question de
l’intégration est une question de cohabitation.
b. Français : dans idéal bourgeois d’intégration à la société unifiée et uniforme
6. Qu’est un nouveau-né ?
a. Américain : un être plein de potentialités, qui ne demande qu’à répondre. Au moyen de
mécanismes d’habitudes et de caractère, un contrôle est obtenu par-dessus les
réactions instinctives. La nature originale est une abstraction, un vide.
b. Français : un être qui est commune éponge, il intériorise à travers l’éducation les
caractéristiques de son milieu social.
FUSL ECGE 1e bac Sociologie Samuel Desguin
10 Première quadrimestre – Année académique 2012 - 2013
Cas d’étude : Une femme se suicide, sa sœur en sera-t-elle fragilisée et se suiciderait-elle en
conséquence ?
- Durkheim dira NON, car nous ne sommes influencés que par ce qui nous précède,
l’interaction n’intéresse pas Durkheim
- Les sociologues interactionnistes diront OUI car les interactions entre les groupes et les
communautés forment la personne et perception de soi. Notre subjectivité et notre statut
social dépendent de la qualité de ces interactions. C’est une approche purement
relationnelle.
Partie 2 - Orientations et débats aujourd’hui
Introduction
Nous parlerons ici de trois traditions d’après-guerre à travers leur auteur le plus représentatif. Ce
sont ces trois traditions qui ont le plus d’influence en Belgique, France et ailleurs.
La sociologie critique (Pierre Bourdieu)
Cette école prend de l’importance dans les années 70. C’est une sociologie d’abord Française, puis
qui s’internationalise dans les années 90 qui se donne pour tache de dévoiler les mécanismes de la
domination.
La sociologie critique et les effets du déterminisme - Objectif de la discipline : déceler les régularités, constantes, comportements récurrents, ainsi
que dénoncer les mécanismes voilés, sous-jacents et souvent inconscients de la domination
dans une société. Ce n’est non pas le changement mais l’inertie de l’immobilité sociale qu’il
veut dévoiler.
- L’objet de la sociologie : Contrairement à Durkheim (analyser et promouvoir à l’intégration,
étudier la cohésion sociale), la sociologie critique étudie les inégalités sociales et la manière
donc elles se maintiennent (reproduction sociale). Les mécanismes sont les suivants :
o la transmission du capital culturel, économique.
o La domination non-physique les discriminations
o La participation des dominés qui continuent à être soumis
- Utilité : Démasquer l’idéologie du moment pour montrer aux dominés quels sont les intérêts
qui se cachent dans le discours des dominants. Concrètement, cela veut dire saisir la portée
manipulatrice des discours, qu’il faut toujours analyser. En cela, la sociologie veut révéler les
outils avec lesquels on peut se défendre contre de telles attaques (Bourdieu : la sociologie
est un sport de combat).
FUSL ECGE 1e bac Sociologie Samuel Desguin
11 Première quadrimestre – Année académique 2012 - 2013
- Nature : la sociologie critique est une science car « si la sociologie veut aider au combat de la
lutte politique, elle se doit d’être scientifique car c’est la seule garantie qu’elle ait pour
dévoiler les mécanismes. ». Parce que la sociologie est une science, elle doit respecter le
partage entre la science et la politique. La sociologie politique est engagée mais elle respecte
la séparation science/politique, c’est là sa limite mais aussi sa force (= positivisme :
séparation entre le sujet et celui qui étudie). Ensuite, l’action politique peut prendre le relais.
Comme Durkheim, il étudie par statistiques.
La sociologie critique est déterministe, c'est à dire qu’il y a un au-delà, une réalité objective qui est
invisible et cachée, et qui pourtant détermine notre trajectoire et nos actions et notre destin. Les
acteurs ne sont pas toujours conscients de cette structure. Cependant, en dévoilant ces lois,
Bourdieu veut aider l’homme à se libérer de ce poids, même si notre seule liberté se joue dans la
petite marge de liberté que nous avons. C’est pourquoi on peut dire que la sociologie critique
affronte le déterminisme en s’engageant à émanciper les gens.
Comment les gens réagissent-ils à ce genre de discours ?
- Pleinement positivement : tout à fait reconnaissante, car la lecture permet de nous libérer (si
on sait qu’on est déterminé, on peut combattre le joug)
- Mitigé : On savait déjà qu’on était dominé.
- De manière négative : alors qu’il est dans une banlieue pour discuter des conditions de la
libération de la domination, il rencontre de l’hostilité de la part de gens qui disent qu’ils
mènent leur vie sans dominations.
Réflexivité et objectivation participante (pas dans la matière) La domination symbolique (ou violence symbolique) nous maintient dans notre classe sociale et fait
perdurer les inégalités.
((Au moyen d’artifices, Bourdieu « transforme » son propre vécu en expérience scientifique, afin de
rester cohérent avec l’idée du positivisme. Concrètement, il propose au chercheur de faire sa propre
socio-analyse (« réflexivité » ou « objectivation participante »). Cela implique la mise en exergue de
ses propres préjugés, mais surtout, saisir les conditions sociales qui ont produit les préjugés du
chercheur et à partir de là saisir les conditions de possibilité de la rechercher elle-même (ce qui
implique de casser l’auto-mystification des académiques).))
Les Héritiers & La Distinction [reproduction, habitus]
L’intérêt des deux livres
Les Héritiers (Bourdieu & Passeron, 1964) et La Distinction (Bourdieu, 1979) constituent le point de
départ et le fondement de la sociologie critique en définissant l’objet de cette tradition, à savoir la
reproduction sociale et la violence symbolique (domination symbolique). L’idée centrale est qu’il faut
envisager comme autant de formes de violence symbolique les mécanismes qui régissent la société.
FUSL ECGE 1e bac Sociologie Samuel Desguin
12 Première quadrimestre – Année académique 2012 - 2013
Les héritiers est un livre de Passeron et Bourdieu, 2e partie d’une trilogie (qui commence par une
exposition des données, qui termine par la théorie. Le 2e est une sorte de compromis).
Rapport à la culture
L’exploit de cet ouvrage est double : ajouter le déterminisme culturel au déterminisme économique
et ensuite déterminer les sources du déterminisme culturel.
Dans la première partie du livre (le choix des élus, 30 pages, dans Ifusl) les auteurs décrivent les
inégalités scolaires au moyen de chiffre (1 à 2% d’enfants d’ouvriers ou de fermiers accèdent à un
enseignement supérieur contre 60% des autres milieux).
Ils se sont posés la question du déterminisme et ont constaté que la richesse seule n’expliquait pas la
reproduction sociale. En effet, comment expliquer le taux d’accession à un enseignement supérieur si
contrasté alors que financièrement, les bourses sont accessibles à tout le monde ?
Selon eux, c’est le rapport à la culture (savante et bourgeoise) qui fait la différence entre un étudiant
d’origine Bourgeoise, qui va réussir, et un étudiant fils d’ouvrier (� prouvé par les statistiques
nationales). Ce n’est pas tant la masse de connaissance acquise que la manière de faire parler ces
faits et références qui distinguent les deux catégories.
Pour comprendre les sources déterminisme culturel, il faut comprendre le rapport qu’on a à la
culture. Comment acquérons-nous la culture ? Les deux auteurs constatent que la culture est un
acquis où la manière d’acquérir est constitutif de ce qui est acquis.
Quelles sont dès lors les difficultés rencontrées par les étudiants défavorisés ?
- Le fait que leur culture bourgeoise n’est pas innée a des conséquences sur les résultats, car
les profs universitaires veulent percevoir une intelligence naturelle, désinvolte, qui n’a pas
l’air scolaire, chez leurs étudiants. Les fils de bourgeois sont avantagés car ils ont été baignés
toute leur vie dans ce type de culture. � Problème de communication
- Les étudiants défavorisés acquerront moins facilement la nouvelle culture, qui leur semble
irréelle, parce qu’ils devront le plus souvent oublier leur propre culture pour y parvenir.
« L’acquisition de la culture scolaire est acculturation ». � Acculturation
- Ayant le sentiment de ne pas être à leur place à l’université, les étudiants défavorisés
devront se battre pour ne pas abandonner leurs études (à score académique égal, les fils de
petites clases ont plus facilement tendance à abandonner). � Problème d’auto-exclusion
Ce dernier problème permet à l’université d’être complice (sans en avoir l’air) de l’inégalité scolaire.
En effet, du fait de l’auto-exclusion, « pas besoin de chasser les élèves de basses classes car ils s’en
vont eux-mêmes ».
Pour cette raison, Bourdieu estime que l’école est l’institution qui permet de perpétuer un idéal
méritocratique (chacun a selon ses mérites) dans une réalité qui est complètement injuste. Quand
l’école nie l’inégalité avec un langage de l’égalité, en privilégiant un rapport libre et désinvolte à la
culture (en aimant pas les gens qui étudient par cœur), elle transforme le privilège social en don
individuel (en sortant de l’école, on ne dit plus d’un enfant qu’il vient d’un milieu bourgeois, mais
FUSL ECGE 1e bac Sociologie Samuel Desguin
13 Première quadrimestre – Année académique 2012 - 2013
qu’il a du talent) � les écoles légitiment les inégalités en les traduisant en termes méritocratiques.
(voir page 27 fin).
Donc, ils disent qu’il faut continuer à donner des bourses, mais que cela ne suffit pas. Il y a deux
solutions :
- Il faut changer le système scolaire en revendiquant les autres cultures au sein de l’université,
ce qui aurait pour conséquence de rompre l’ambiance où règne la honte des origines. Dans le
même ordre d’idée, les points donnés à l’étudiant devraient être fonction de la progression
de l’étudiant et pas seulement du résultat final.
- Abandonner la pédagogie charismatique (charisme du prof et de l’étudiant), pour lui préférer
la pédagogie rationnelle (transparente, dans laquelle il faut expliciter le lien entre les moyens
et les fins). Ne plus évaluer l’étudiant sur des valeurs intrinsèques (=personnalité).
Symbolique et économique
Trois points sont révélés par les deux ouvrages de Bourdieu et Passeron :
i. La légitimation
La violence symbolique n’est pas physique, ne dit pas son nom. Elle porte sur la signification des
gestes, mots et actions, car ceux-ci traduisent une réalité qui oublie les conditions objectives de
l’existence qui fonde cette réalité. Toutefois, cette violence a des effets, elle est puissante (comme le
prouve « les héritiers »).
Ils donnent une définition à cette violence (déduite à partir des héritiers) : Tout pouvoir de violence
symbolique, i.e. tout pouvoir qui parvient à imposer des significations (= condition 1) et à les imposer
comme légitimes (= condition 2) en dissimulant les rapports de force qui sont au fondement de sa
force (= condition 3, qui sont à l’origine de la capacité à l’imposer), ajoute sa force propre, i.e.
proprement symbolique, à ces rapports de force.
Par exemple, l’école impose des distinctions méritocratiques (1) en les faisant apparaitre comme
légitime (2), tout en dissimulant les rapports de classes qui sont pourtant à l’œuvre pour faire cette
distinction (3).
Bourdieu et Passeron disent que la lutte de classes engendre la violence économique (déjà connue)
et la violence symbolique. Or, il y a un lien entre les deux : la violence symbolique légitime la
violence économique (les diplômes, etc. justifient que les bourgeois soient plus aisés), et ils se
renforcent mutuellement. Le rapport entre ces deux violences fonde la sociologie critique.
ii. Le déterminisme impur et non mécanique
Violence non mécanique, pourquoi ?
- Un seul facteur ne peut pas déterminer la conséquence (ce n’est pas parce que son père est
riche que l’étudiant va réussir).
- Cette force est non mécanique, car c’est une question de probabilités
FUSL ECGE 1e bac Sociologie Samuel Desguin
14 Première quadrimestre – Année académique 2012 - 2013
- Même si tous les facteurs sont là, la conséquence n’est pas automatique (même s’il a tout
contre lui, l’étudiant peut réussir). Les gens ne contribuent à leur propre domination (sans le
savoir) que lorsque les sentiments d’infériorité ont effectivement été inculqués.
Cette dernière raison implique la présence d’une couche supplémentaire entre la violence
symbolique et sa cible qui est celle de l’inculcation et de l’incorporation. Ces dispositions
intériorisées et incorporées sont appelées HABITUS.
iii. Habitus : être déterministe sans être fataliste
La présence de cet habitus rend la sociologie critique moins mécanique, et donc moins fataliste « Les
mécanismes NE PEUVENT PAS déclencher automatiquement l’échec car ils doivent passer par notre
corps » et encore « notre milieu ne peut mener à l’exclusion que s’il a été incorporé ».
L’habitus peut être défini de différentes façons, tant il est complexe :
- Le produit de l’intériorisation des principes d’un arbitraire culturel capable de se perpétuer
après la cessation de l’action pédagogique et par là de perpétuer dans les pratiques les
principes de l’arbitraire intériorisé.
- Le principe générateur de toutes les propriétés de l’espace symbolique et de tous les
jugements sur ces propriétés et les propriétés des autres.
Quoi qu’il en soit, l’Habitus représente tout ce qu’on a incorporé de par le milieu dans lequel on est
né, qui est tout de suite converti en principe incorporateur. L’habitus est ACQUIS de manière si
précoce et fondamentale qu’on a l’impression qu’il est inné.
Être déterministe en sociologie critique signifie qu’on se sépare de l’individualisme (aussi appelé
psychologisme ou subjectivisme, qui veut que l’action naisse de la pure création libertaire), mais pas
pour autant avoir le caractère rigide du fatalisme, et cela grâce à la présence de l’habitus. Cette
présence est une bonne nouvelle pour les lecteurs car dès lors, l’habitus constitue un champ des
possibles qui leur est offert (suivant les dispositions qu’il a incorporées).
L’espace social
Ce point est abordé dans l’autre livre de Bourdieu et Passeron : « la distinction » (1979).
L’espace social est composé de :
- L’espace social traditionnel, la position sociale officielle, que tout le monde connait.
- L’espace des positions sociales (conditions objectives de vie). Ceci dépend de trois « axes » :
o Volume capital, ressources
o Structure du capital
� Capital économique, la richesse au sens usuel du terme
� Capital culturel, c'est à dire les acquis culturels acquis ou hérités, présence
de parents cultivés, …
� Capital relationnel, avantages des contacts avec les autres groupes
o Positions objectives, c'est à dire savoir si l’évolution du groupe sociale est
ascendante, descendante ou stable.
FUSL ECGE 1e bac Sociologie Samuel Desguin
15 Première quadrimestre – Année académique 2012 - 2013
- L’espace symbolique (styles de vie, expressions subjectives de vie, activités culturelles)
La reproduction sociale
Les deux derniers espaces se renforcent mutuellement, et c’est la même idée que dans l’héritage :
violence économique et symbolique sont liées. La culture (3e espace) est l’outil qui permet le passage
d’une classe à l’autre (2e espace).
Ceci explique le titre et le sous titre du livre :
- Titre : La distinction. Tous les groupes sociaux tenteront continuellement de maintenir l’écart
des autres au moyen de leurs pratiques culturelles, styles de vie et pratiques de styles
(violence symbolique). Concrètement, cela signifie qu’on est effectivement déterminé dans
une certaine mesure, mais qu’on peut se distinguer sur les petites choses culturelles.
- Sous-titre : la critique sociale du jugement de goût. A priori, le goût, le rapport à la culture,
les préférences littéraires, … ne devaient pas pouvoir s’expliquer, mais trouve une réponse
dans le livre en montrant à quel point les agents s’investissent dans la reproduction sociale.
« Les stratégies de reproduction [sont] l’ensemble de pratiques [...] par lesquelles les individus ou les
familles tendent, inconsciemment ou consciemment, à conserver ou à augmenter leur patrimoine et,
corrélativement, à maintenir ou à améliorer leur position dans la structure des rapports de classe. »
La lutte contre le néo-libéralisme Néo-libéralisme :
- Pensée économique qui considère le capitalisme comme modèle unique et valable, et qui
considère la globalisation de l’économie comme un système supérieur à celui des états.
- Revendication politique qui prône une intervention limitée de l’état.
- Date de 1980, et a désagrégé l’idée de l’Etat-providence pour le remplacer par l’Etat
d’accompagnement
Lutter contre le néo-libéralisme, c’est lutter pour le maintient des droits sociaux et des services
publics, et contre l’emprise de l’économie capitaliste mondiale. La sociologie critique lutte en
dévoilant les intérêts et connivences qui motivent les discours des structures déterminantes. Résultat
de cette « chirurgie analytique », la publication de petits livres appelés « Raisons d’agir » (sorte
d’encyclopédie populaire des questions d’actualité liées au néo-libéralisme).
Quelques définitions apportées par la socio critique dans le cadre de sa lutte contre le néo-
libéralisme :
Déterminisme : les actions sont déterminées par des structures, lois et mécanismes dont les acteurs
ne sont pas toujours conscients. Mais cela ne veut pas dire qu’on ne peut pas critiquer des gens en
particulier pour la façon dont ils contribuent aveuglément à perpétuer la domination.
FUSL ECGE 1e bac Sociologie Samuel Desguin
16 Première quadrimestre – Année académique 2012 - 2013
Positivisme : séparation entre la science de la politique, fait de faire des analyses objectives. Mais
cela ne veut pas dire qu’on ne peut pas faire ces analyses là où elles font mal, là où elles démasquent
le pouvoir en place. Il peut donc y avoir objectivité et ambition politique.
Structuralisme : de récits purement théoriques qui ne portent que sur des structures abstraites. La
sociologie critique montre qu’au contraire, c’est à partir de l’analyse empirique, du terrain et des
faits concrets que des structures peuvent être dégagées. Il faut faire du terrain.
Le pouvoir de la vérité La sociologie critique se permet de critiquer (les acteurs, qui ne savent pas ce qu’ils font,…) car elle a
confiance en un réel pouvoir mobilisateur de la vérité qu’elle dévoile ainsi.
La confiance de ces sociologues dans la vérité vient du fait que ce n’est pas cette vérité mais bien
l’ignorance qui amène la fatalité. La connaissance de la vérité est une condition principale de
l’émancipation.
« C’est en objectivant ce que je suis que je me donne quelque chance de devenir le sujet de ce que je
suis […] la seule liberté véritable est celle que donne la maîtrise réelle des mécanismes qui fondent la
méconnaissance collective »
L’interactionnisme symbolique
La deuxième école de Chicago
Les origines
Chronologiquement : Burgess & Park (1ère École) > Sutherland & Hughes (transition) > Becker &
Goffman (2ème école).
Sutherland a une grande influence sur la seconde école de Chicago, et sur Goffman. Il a été rendu
célèbre pour son travail d’observation dans un milieu particulier : les voleurs de Chicago. Dans son
ouvrage, il parvient à montrer la cohérence d’un milieu qui parait si immoral de l’extérieur. Le point
important est que Sutherland ne juge pas la société qu’il analyse, il ne fait que rapporter. 2 apports
de Sutherland à la sociologie :
- Il a montré au monde que l’étude de chaque milieu, de l’intérieur, se révèle riche en
apprentissages.
- Il a déclaré que la sociologie devait être anti-normative (ne pas voir les choses comme on
voudrait qu’elles soient). Le sociologue doit aborder le terrain sans préjugés.
FUSL ECGE 1e bac Sociologie Samuel Desguin
17 Première quadrimestre – Année académique 2012 - 2013
Dans « The outsiders » (1963), Becker travaille en parallèle avec « Asiles » de Goffman. Cela apparait
en trois éléments dans Asiles :
- Notion de carrière : l’individu qui rentre dans un milieu y a une carrière, c'est à dire une
trajectoire sociale (se faire accepter) et technique (apprendre le savoir-faire).
- Même dans les milieux « déviant » (délinquants pour Becker, handicapés mentaux pour
Goffman), il y a un code social.
- Les marginaux ne le sont que dans le regard des autres. Une pratique n’est pas, dans son
essence, anormale, mais elle peut être stigmatisée par les gens qui ne la comprennent pas.
Contexte et caractéristiques de la seconde école de Chicago
Nous sommes à la fin de la seconde guerre mondiale, et celle-ci a changé le visage américain. En
effet, avec l’avènement du fonctionnalisme (idée selon laquelle les comportements collectifs
remplissent nécessairement une fonction dans la société), il n’est plus question d’éviter la question
du rôle de l’individu dans la société.
Le fonctionnalisme, l’adaptation de l’individu à la société et l’intérêt pour la modélisation ont pris de
l’ampleur par rapport à l’étude du milieu, et l’école de Chicago est devenue minoritaire.
La première école avait évité la question de la place de l’individu par rapport à la société en
proposant une vision alternative où tout est affaire d’agrégation, de régions morales et d’aires
naturelles, mais ce n’est maintenant plus possible.
La seconde école va donc rompre avec la première sur cette question. Dans « Asile », Goffman va
démontrer que chacun ne se complaît pas au rôle qu'on lui attribué et ainsi faire face au
fonctionnalisme. Il va le combattre d’autres façons également, cf. ci-dessous.
Les points communs entre les deux écoles de Chicago :
- Prédilection pour l’empirisme, l’observation et le travail sur le terrain
- Intérêt pour la différence et la déviance, considérant la déviance comme étant le résultat
d’un processus d’étiquetage.
Asiles, une pensée et des sensibilités collectives [cf. lecture
obligatoire] Le livre est publié en anglais en 1961, Traduit en 1968. Il est précédé de « La mise en scène de soi
dans la vie quotidienne » (1957) et précède « Les outsiders » (1963). Ce livre constitue une
immersion sur le terrain, et a donc beaucoup d’importance pour les chercheurs de Chicago,
particulièrement de la deuxième école.
Il y a un parti pris dans le livre en faveur des reclus, car Goffman estime qu’on a trop entendu la
version des médecins.
Ce livre est basé sur trois types de matériaux :
FUSL ECGE 1e bac Sociologie Samuel Desguin
18 Première quadrimestre – Année académique 2012 - 2013
1. Travail sur le terrain : Goffman avait déjà fait un mémoire sur les asiles et sur les communautés
isolées (Iles Shetland notamment) avant de rédiger son livre. De plus, il va vivre avec sa famille dans
l’hôpital St Elizabeth pendant 3 ans, à Washington. Il l’appelle l’hôpital central dans son livre. Il
constate alors le problème dans les compétences des psychiatres : détendant tous les aspects de la
vie des patients, il les discrédite, puis il instaure sa thérapie. (Voir p 212-213)
2. Littérature secondaire : ce qui est atypique dans le cas de Goffman est qu’il utilise tous les
témoignages (pas seulement les académiques) afin de capter les nuances et les atmosphères.
Goffman utilise aussi les parties romanisées. La devise des chercheurs de Chicago est d’avoir un
maximum d’imagination pour pénétrer une atmosphère.
3. Les autres chercheurs : Goffman base son ouvrage sur les études et réflexions menées par des
amis-collègues. Il est en contact permanent avec eux durant son étude.
Goffman sort une ébauche de son texte en 1950, qui est encore très classique. C’est alors qu’il
propose de comparer les asiles aux autres institutions totales, et il donne les points communs des
institutions totales : interdiction de sortir, obligation de se tenir à un règlement, appartenance à une
institution qui prend en compte tous les besoins. L’asile a pour objectif de tuer la personnalité des
reclus.
Ce livre est indéniablement issu de l’école de Chicago. Goffman défend longuement sa manière de
travailler dans l’introduction. Fin de l’intro : (p 42) Goffman explique qu’il va étudier séparément
chaque concept « Je pense qu’à l’heure actuelle l’usage le plus adéquat des concepts sociologiques
consiste à les saisir au niveau même de leur meilleure application, puis à explorer le champ complet
de leurs implications et les contraindre de cette façon à livrer tous leurs sens. ».
Les trois concepts de « Asiles » sous présentés sous forme d’études :
Etude 1 Les caractéristiques des institutions totales Cette étude est présentée en deux parties : d’abord la structure point par point, ensuite trois extraits
représentatifs, analysés (zooms).
Articulation et structure de l’argumentation.
L’idée générale est de comprendre comment une vie sociale peut se créer, contrainte par le binôme
reclus � personnel. En effet, ces deux mondes (« ethos ») se créent en opposition l’un à l’autre
(p.165). L’argumentaire est structuré de manière binaire : l’univers du reclus et l’univers du
personnel. Ensuite viennent quelques éléments d’articulation entre ces deux univers.
L’univers du reclus
Il y a 8 points argumentaires qui se suivent de façon logique :
1) La culture importée « presenting culture », qui était valable à l’extérieur de l’institution, n’est
pas supprimée, mais l’institution rend sa reproduction impossible. Elle exploite la tension
entre monde extérieur et intérieur à son avantage.
FUSL ECGE 1e bac Sociologie Samuel Desguin
19 Première quadrimestre – Année académique 2012 - 2013
2) Procédés de mortification « People work », c'est à dire l’action d’empêcher directement (par
les bizutages, les inconforts) ou indirectement (voir dans la conclusion, l’anxiété) la personne
d’exprimer sa culture de départ dans l’institution, impliquent une modification du « soi »
appelée carrière morale. � Voir zoom 1
3) Idem
4) Idem
5) Cette carrière mène le reclus à réorganiser son « soi ». Il abandonne ainsi sa culture importée
au profit d’une adaptation à l’institution. La charpente du nouveau « moi » est le système
des privilèges.
6) Le reclus tente de se positionner entre les deux grandes forces : mortification et système de
privilèges. Les réponses possibles sont diverses : repli sur soi, intransigeance, installation,
conversion, ou un compromis entre ces options.
7) Caractéristiques de ce nouveau « soi » :
a. Sentiment d’échec personnel � Egocentrisme
b. Temps perdu, arraché à la vie � le reclus « glande », démoralisé
c. Rupture entre l’agent (sens d’agir) et l’action (efficacité) � perte d’autonomie
8) Du fait de la déculturation et de la peur de quitter « le sommet de son petit monde » pour
rejoindre « les bas fonds d’un univers plus vaste », et par conséquent des caractéristiques du
nouveau « soi », le reclus a une anxiété de revenir dans la vie civile.
Le résultat durable n’est pas la réorganisation, ni la mortification, mais bien l’anxiété vis-à-vis
du monde extérieur. Dès lors, on considère que les IT tuent le « moi » par cette anxiété.
L’univers du personnel
1) Par ailleurs, les membres du personnel sont tenaillés entre des logiques d’institutions très
différentes qui rentrent en contradiction logique d’humanité, d’éducation (officielle) ><
logique de gestion des groupes (officieuse).
2) Puisque chaque institution a une conception fonctionnaliste de la vie morale, la morale est
au service d’une fin. En d’autres termes, elle s’invente une propre morale et les membres du
personnel y ont recours pour justifier les actions qu’ils posent. On attribue des présupposés à
l’autre pour justifier le fait qu’on le maltraite.
Reclus � personnel
1) Cérémonies institutionnelles (par exemple journal intérieur, thérapies de groupe, fête, visites
d’inspection, compétitions sportives) qui sont faites pour créer un rapprochement intérieur.
Même si ces rencontres ne sont que des mises en scènes qui ne créent aucune cohésion, ces
cérémonies montrent que les rôles dans l’institution ne sont que des masques qui peuvent
tomber � Voir zoom 2 et 3
2) Qualifications et conclusions :
a. d’autres qualifications peuvent être apportées au sein de chacun des deux groupes,
et qu’il y a donc des sous-groupes au sein des IT. D’autre part, la conclusion porte sur
la démarche idéal-typique, traitée plus loin dans le cours.
FUSL ECGE 1e bac Sociologie Samuel Desguin
20 Première quadrimestre – Année académique 2012 - 2013
b. Par les procédés de mortification, les IT rompent le rapport entre l’agent (sens d’agir)
et l’action (efficacité). Ceci ne tue pas forcément le moi, mais créent une perte
d’autonomie et donc de l’anxiété (vis-à-vis de l’extérieur).
Les 3 zooms sur l’interactionnisme symbolique
Zoom 1
p. 91 – 92 : dans cet extrait, l’interactionnisme symbolique montre que la sociologie peut et doit
s’intéresser à l’individualité, à la personnalité et aux sentiments. La personnalité exprime le rapport
de l’individu à soi et au reste du monde, et ainsi, elle est un phénomène social, sociologique. Il y a
deux manières de considérer l’individu : l’approche symbolique défendue par Goffman (c’est une
approche basée sur axée sur le pouvoir des interactions et des symboles) et l’approche behavioriste
(c’est une approche basée sur le pouvoir des stimuli et des réactions physiologiques). Pour plus
d’infos, vois les pages 47-48.
Zoom 2
p. 155 – 156 : deux éléments importants de l’interactionnisme symbolique :
- Toute réalité est mise en scène et toute mise en scène est réalité � Rupture entre sociologie
américaine et européenne. Même si une mise en scène ne se veut qu’un paravent, elle aura
eu des vrais effets substantifs sur réalité (effets sur quelques reclus qui participent à la mise
en scène, ou variantes dans le quotidien).
- On ne montre jamais tout, mais on ne cache jamais tout non plus, mais aucune scène n’est
plus vraie qu’une autre.
Zoom 3
p. 160 – 163 : il s’agit de la conclusion de la partie consacrée aux cérémonies institutionnelles.
- Goffman définit l’interactionnisme symbolique comme une approche constructiviste, c'est à
dire que les catégories d’identité et de perception n’existent pas en tant que telles sans
interactions. Elles ne survivent pas isolées.
- Goffman s’oppose explicitement au fonctionnalisme (donc à Durkheim) en disant que les
cérémonies institutionnelles (vues ci-dessus) ne rétablissent pas la cohésion sociale. Au
mieux, elles favorisent le maintient de soi la survie du moi au moyen de variations et de
relâchements de rôles (« identity jokes »). Celles-ci témoignent du caractère tout à fait
volatile des étiquettes/ identités projetées les uns sur les autres. Cela pose les bases de
l’interactionnisme symbolique.
Dans cet extrait, Goffman prétend que l’institution encourage l’hypothèse que les reclus et le
personnel sont deux races différentes. C’est parce que les aspects identitaires (rôle, devoir) sont
poussés à l’extrême qu’il n’y a pas de cohésion sociale.
FUSL ECGE 1e bac Sociologie Samuel Desguin
21 Première quadrimestre – Année académique 2012 - 2013
C’est donc un exploit que de mettre en scène ces deux « groupes sociaux » si différents. Les
cérémonies sont là pour rappeler qu’il n’y a en fait aucune différence à priori, par nature, entre les
gardiens et les malades.
La démarche idéale-typique : conclusion de la première étude
Goffman fait une réflexion à propos de sa propre démarche.
La méthode idéale-typique et a été inventée par Max Weber. La méthode idéal-typique consiste à
dégager les traits communs de plusieurs éléments dans l’espoir d’ainsi mettre en lumière les
différences spécifiques.
Cette technique, appliquée aux hôpitaux psychiatriques, donne une définition d’institution totale qui
est « institution qui prend en charge toutes les facettes de la vie quotidienne ». De là, on peut créer
une liste dénotative (=rassembler des éléments qui présentent une ou plusieurs caractéristiques
similaires), en vue de différencier plus facilement les IT et y distinguer l’hôpital psychiatrique.
En effet, habituellement, l’hôpital psychiatrique est interprété sous l’angle de la maladie et de la
thérapie. Cependant, au moyen de cette technique, il a su analyser l’hôpital psychiatrique d’un autre
angle que l’angle médical habituel � il se détache de la norme de l’institution pour l’aborder dans
un ensemble plus large.
Nb. : La liste d’institutions n’était là que pour trouver les caractéristiques communes avec l’hôpital,
mais ce n’est pas pour autant que ces caractéristiques sont des lois d’identité. Aucun des caractères
communs des IT ne s’applique aux seules institutions totalitaires et aucun ne se trouve partagé au
même titre par chacune.
Etude 2 La carrière morale du malade mental
Développer une intuition
Cette deuxième étude explore la carrière morale en tant que conséquence de la relation avec la
tierce partie. Celle-ci se compose de la famille d’une part, et de la société tout entière d’autre part.
Nb. : la carrière est une trajectoire morale, c'est à dire la perception de moi-même et des autres
évoluant au fil du temps.
Lien avec la sociologie de la première école de Chicago : (p.182) « quand on étudie les hôpitaux
psychiatriques de suffisamment près, on finit très souvent par se rendre compte que le
« comportement anormal » attribué aux malades résulte pour une grande part, non de sa maladie
mais de la distance sociale qui sépare ce malade de ceux qui le déclarent tel. »
La carrière morale d’un malade passe par trois grandes phases. La dernière, la phase post-
hospitalière, n’est pas abordée ici.
Phase pré-hospitalière
: c’est généralement une faute qui pousse le malade à intégrer l’hôpital, généralement contre son
gré, poussé par un proche. La relation entre le reclus et ses proches subit les effets de l’internement,
FUSL ECGE 1e bac Sociologie Samuel Desguin
22 Première quadrimestre – Année académique 2012 - 2013
ce qui donne lieu à des rapports modifiés. Il s’agit ici de décrire les effets suscités. Cette relation sera
altérée par le sentiment de trahison ressenti par le reclus.
Avant d’intégrer l’institution, le malade n’a à peu près aucune idée de comment les choses vont se
passer, mais dès qu’il sera maintenu contre son gré à l’hôpital, ses proches et le personnel lui
expliqueront combien les épreuves qu’il traverse sont justifiées. Cette justification se fera au moyen
d’une reconstitution psychiatrique de son passé, de telle façon que son arrivée à l’hôpital soit la
conséquence logique d’une suite d’événements « habituels ». Ceci influence énormément la
perception de soi.
Phase hospitalière
Prenant conscience d’avoir été trahi par la société et par ses proches, le reclus encaisse difficilement
le poids de ce nouveau milieu, et procède à une distanciation par rapport à l’institution.
Le reclus est humilié par les règles de l’institution, cherche à « s’inventer une vie » pour justifier plus
à son avantage sa présence dans un hôpital. Le personnel utilise ces allégations fausses contre les
malades eux-mêmes, cruellement, à tel point que les notes prises par le personnel seraient jugées de
scandaleuses ou diffamatoires par un profane.
FLUCTUATIONS SOCIALES
Le statut du malade est déterminé par sa présence dans tel ou tel quartier. Il faut savoir que chaque
changement, comparé à une vie « normale », représentent le passage de la classe inférieure à la
classe supérieure ou l’inverse. Or, chez le reclus, ce changement peut intervenir parfois 4 ou 5 fois
par an, ce fait perdre de l’importance à chaque changement.
Ces fluctuations sociales ont en général pour origine des raisons disciplinaires, même si elles sont
justifiées d’un point de vue médical « officiel », qui sauve l’image de l’hôpital, maison de
réadaptation sociale.
Le reclus constate que son comportement est soumis à un examen moral permanent, et du coup il
s’adapte : il ne forge plus son « moi » sur l’opinion que les autres ont sur lui, c'est à dire son « moi
idéal », mais il construit une image défendable du moi, en se basant sur les critères de l’institution.
Par conséquent, l’individu joue un rôle auquel il n’adhère pas dans le fond. Cette façon d’agir est
appelée « auto-destructrice » par la société.
« MOI » ET L’INSTITUTION
Pour chaque reclus, une série d’événements marquent un tournant dans sa façon de se voir et
d’appréhender le monde. Cette évolution s’appelle la carrière morale. Elle s’élabore dans les limites
d’un système institutionnel, à tel point qu’on peut affirmer « (p.224) le moi semble ainsi résider dans
les dispositions d’un système social donné, à l’usage des membres de ce système. En ce sens, le moi
n’est pas la propriété de la personne à qui il est attibué mais relève plutôt du type de contrôle social
exercé sur l’individu par lui-même et ceux qui l’entourent. Ce type de dispostition institutionnelle
soutinet moins le moi qu’elle ne le constitue.
FUSL ECGE 1e bac Sociologie Samuel Desguin
23 Première quadrimestre – Année académique 2012 - 2013
CONCLUSION
Il y a deux conséquences de la dégradation des règles fondamentales pour un individu intégré à un
système donné :
- Fluctuation de la confiance du malade envers ses proches
- L’individu a des moyens de défense pour présenter une certaine image de lui-même aux
autres et à l’institution. Ces moyens de défense sont systématiquement détruits par l’IT.
On a tendance à croire que dans une telle situation, l’individu va simplement changer d’image de soi,
mais en fait, il va « (p. 225) pratiquer devant tout le monde l’art parfaitement amoral de
l’impudeur. ».
Etude 3 : affirmer la nouvelle approche Le thème de cette étude la distance prise par l’interné vis-à-vis du rôle et de l’identité qui lui est
attribuée par l’institution. Deux découvertes de Goffman :
- Les institutions véhiculent des présupposés à propos des internés que ceux-ci peuvent se
refuser d’adopter, ce qu’ils font le plus souvent, et de manière active. Ce refus tangible se
manifeste sous forme de récalcitrance, qui se jouent le plus souvent à la marge, dans de
petits gestes.
- Ces refus actifs peuvent avoir l’air de « consolider » le système par adaptation détournée,
mais ils créent bel et bien des fissures et des lieux de relative liberté.
Notons que cette distance n’est pas forcément prise par rapport à l’activité en tant que telle, mais
par rapport au personnage prescrit.
Ici, Goffman s’oppose au fonctionnalisme, en montrant que l’individu a une marge de manœuvre par
rapport au personnage imposé, et qu’on peut influencer notre vision du « soi » grâce à cet
éloignement.
Structure :
Ce que l'on fait et ce que l'on est (229 – 262)
Le thème de l’étude est décrit (voir ci-dessus).
Le cadre d’étude que constituent les institutions totales est décrit : elles sont isolées et ont des fins
propres. Cela la rend particulièrement intéressantes pour l’étude en cela que les membres doivent
accepter la définition du « soi » et se mettre en scène.
La vie clandestine de l’hôpital (263 – 356)
ADAPTATION PRIMAIRES ET SECONDAIRES
1) Les adaptations secondaires sont toutes les dispositions (moyens) qui permettent d’arriver à
des fins non-autorisées, en s’éloigne ainsi du personnage voulu par l’institution, malgré les
FUSL ECGE 1e bac Sociologie Samuel Desguin
24 Première quadrimestre – Année académique 2012 - 2013
apparences. Au contraire, dans les adaptations primaires, le reclus joue le rôle voulu et
contribue ainsi à la stabilité de l’institution.
2) Les adaptations secondaires évoluent dans le temps et l’espace, selon la situation. Ce qui est
une adaptation primaire ici est peut-être une secondaire là-bas.
3) Il y a deux types d’adaptations secondaires :
a. L’adaptation retenue, « intégrée » ou « pratique », le reclus ne s’oppose pas à la
vocation de l’institution, mais cherche simplement son propre confort.
b. La rupture ou « adaptation désintégrante », le reclus s’oppose à l’institution et
cherche à l’endommager.
4) Malgré ce que dit l’institution, ces pratiques existent (même au sein du personnel). L’asile
étant un lieu disciplinaire au même titre qu’une prison ou toute autre institution totale, ces
adaptations ont une importance capitale.
LES MATÉRIAUX ; TERRAINS DE MANŒUVRE ; CONDITIONS DE FONCTIONNEMENT
Ces chapitres concernent les moyens « matériels » utilisés pour mettre en œuvre des telles
adaptations.
LA STRUCTURE SOCIALE
Ce chapitre décrit les dispositions mises en place pour les adaptations secondaires.
Pour obtenir un confort ou des biens supplémentaires, le malade aura recours à plusieurs types
d’échanges :
- Par échange économique : au moyen d’argent ou en troquant. Ceci compte aussi pour le
travail pour l’institution, qui est rétribué en fonction de la qualité du travail fourni.
- Par échange social : don au sein d’une équipe d’amis, pour le flirt pour obtenir la protection,
…
- Par la contrainte individuelle : l’individu obéira pour ne pas se faire ennuyer, pour se faire
des amis
L’organisation de l’institution elle-même fixe une structure sociale en deux axes :
- Les quartiers, qui déterminent le niveau de bien-être du malade
- Les affectations
Deux réserves doivent être faites par rapport à ce chapitre :
- Il faut savoir que la somme des adaptations secondaires est quand même assez restreinte.
- Puisque les adaptations secondaires sont basées sur des structures officieuses qui
demandent le contrôle d’un autre individu et/ou d’un membre du personnel, elles ne sont
pas stables. En effet, il y a peu de solidarité entre les individus dans ce milieu.
Conclusions (357 - 374)
QUATRE « PETITES CONCLUSIONS » :
FUSL ECGE 1e bac Sociologie Samuel Desguin
25 Première quadrimestre – Année académique 2012 - 2013
1. Etablissement social créé une version officielle de ce que doivent être les membres � Refus
des membres de s’identifier à cette version, aspiration à la liberté � Vie clandestine,
récalcitrance, adaptations secondaires. Chaque organisation formelle aura toujours des lieux
d’organisation informelle.
2. Les adaptations primaires et secondaires sont des procédés qui représentent plus qu’une
simple adaptation prévue par l’institution, par le fonctionnalisme : elles sont la faiblesse de
l’institution. Elles ont pour but de donner une consistance à la vie du reclus.
a. Adaptations primaires : en luttant avec des armes « primaires » contre l’institution,
elle ripostera (pour les handicapés, en dégradant leur « note de santé »).
L’adaptation primaire qu’attend l’institution est donc la docilité, l’assiduité.
b. Adaptations secondaires : elles apparaissent ainsi comme la seule solution
« confortable » de se créer un « moi ».
Les marges de liberté que représentent les adaptations secondaires viennent du décalage
entre les exigences d’efficacité (exigence de la gestion de groupe) d’une part et les exigences
de la thérapie d’autre part (considérant la thérapie et la discipline comme deux réalités
opposées).
3. Dans le processus de création du « moi », on assiste à une sorte de jeu contre l’institution où
le but est de marquer des points grâce aux adaptations secondaires. Certains vont même
jusqu’à la suradaptation en suivant une passion (sport, religion,…).
4. Souvent, les adaptations secondaires n’apportent pas de confort en soi. Leur enjeu est plutôt
l’aspiration à l’autonomie et préserver le « moi ». Tout l’art consiste à affirmer son identité
sans dépasser les règles (ironie, fierté, indifférence, par exemple défier les gardiens « dans le
regard »). Le seul enjeu est l’autonomie et la reconquête de soi.
LA GRANDE CONCLUSION
- Comment résoudre la question des adaptations secondaires ?
Explication facile : les reclus ont des besoins originels ou acquis � l’institution refuse de les
reconnaitre aux reclus � les adaptations secondaire sont un moyen de défense accessoire.
Cependant, pourvu qu’on les étudie vraiment de l’intérieur, on constate que l’institution sociale,
quelle que soit l’institution sociale (même la moins contraignantes) il y a toujours des individus qui
établissent des défenses pour mettre de la distance entre ce qu’ils sont vraiment et ce que les autres
aimeraient qu’ils soient.
- Pourquoi ?
Parce ces adaptations ne sont pas un élément accessoire mais un élément essentiel du moi. Donc,
l’origine de ce comportement n’est pas dans l’institution (= ce que prétend le fonctionnalisme) mais
dans l’individu.
Les sociologues fonctionnalistes n’étudient que l’individu par rapport à son statut (c'est à dire son
rôle dans la société). Ils basent leurs lois sur des situations dans lesquelles « everything is just right »,
là où l’individu fait exactement ce qu’on attend de lui. Cela mène à des hypothèses irréelles faites à
partir d’observations faussées.
FUSL ECGE 1e bac Sociologie Samuel Desguin
26 Première quadrimestre – Année académique 2012 - 2013
- Comment l’individu se construit-il ?
a) L’individu construit sa personnalité à l’aide de sa subjectivité. Cela signifie qu’il se construit
plus à travers les autres qu’à travers la société
b) Il est un être de distanciation, c'est à dire :
- capable d’adopter une position intermédiaire entre l’opposition et l’identification à
l’institution
- à la moindre pression, il peut réagir en modifiant son attitude pour retrouver son équilibre
Le « soi » se construit en s’opposant à des obstacles. Cependant, l’absence d’obstacles serait
certainement plus douloureuse encore.
Ce modèle peut sans doute se traduire à notre société libre : « notre statut est étayé par des solides
constructions du monde, alors que le sentiment de notre identité prend souvent racine dans ses
failles ».
Champ et héritages actuels Pour Goffman, la construction de soi à travers les autres (et la capacité à résister qu’offre cette
construction) est beaucoup plus importante que le milieu, le groupe ou l’institution. En effet, tout
individu aspire à la liberté, c'est-à-dire qu’il désire fabriquer un moi satisfaisant.
Goffman ne perçoit pas d’intérêt dans l’étude du caractère contraignant de la société (le rôle de
l’individu,…) pour lui préférer l’étude de la construction du moi.
Même si Goffman ne revendique pas cette étiquette, « La vie clandestine d’une institution totale »
voit l’éclosion de l’interactionnisme symbolique. Le côté innovant de cette doctrine consiste à dire
que le registre objectif (ce que l’individu est réellement) et le registre subjectif (ce qu’il pense être)
sont tous deux réels ; ainsi, la sociologie peut se permettre d’étudier la construction du moi, et
l’aspiration à la liberté à travers toutes les petites histoires du quotidien sans verser dans le
psychologisme.
« En un mot, Goffman a introduit des fissures quand la sociologie ne parlait plus que de blocs. »
Présentation d’Ariane d’Hoop.
Introduction
Asiles est un ouvrage incontournable quand on retrace l’histoire de la psychiatrie, puisqu’il a donné
ses lettres de noblesse au mouvement antipsychiatrique par sa remise en cause des procédés. Plus
précisément, il a accusé les procédés psychiatriques de l’époque de provoquer l’anxiété des malades,
de mortifier leur personnalité
Goffman n’est pas le seul sociologue à s’intéresser à la déviance mentale. Foucault est également
réputé pour ses travaux : « la folie à l’âge classique ».
Impacts
Le livre a un impact sur la sociologie et sur les procédés psychiatriques de l’époque :
FUSL ECGE 1e bac Sociologie Samuel Desguin
27 Première quadrimestre – Année académique 2012 - 2013
- Sociologie : il centre l’étude de la société sur l’individu, en disant que sa personnalité se
fondait non pas sur le poids de la société mais sur ses interactions avec les autres individus.
- Psychiatrie : le débat continue, mais il y a eu une évolution.
Changements sur la forme :
o morcellement de l’institution entre différentes structures, plus adaptées au malade.
o Fin des milieux fermés au profit des milieux ouverts, avec des structures diversifiées
o Fin de la hiérarchisation en quartiers
o le reclus est appelé usager.
o l’opinion, la subjectivité des patients est prise en compte, en vue de le rendre maitre
de sa propre trajectoire (= intégration de la notion de carrière morale).
o Des assistants sociaux se joignent au personnel soignant, pour faire le lien avec « la
vie du dehors », apprendre au malade comment réagir aux interactions en société.
Changements sur le fond :
o Malade poussé à l’autonomie
o On a constaté que le système ambulatoire n’est pas systématique (pas pragmatique)
o La notion de carrière morale a été intégrée
Ces deux impacts sont en fait liés, puisque c’est la perspective interactionniste de l’individu qui mène
à la lecture « sociale » de la maladie. Désormais, les interactions constituent la fin et le moyen du
traitement.
La sociologie de la traduction
La sociologie de la traduction étudie les réseaux d’action.
Un réseau d’action est le résultat d’un processus de fabrication de quelque chose par une
transformation collective (par exemple, fabriquer une ville, un sondage,…). Tout ce qui influe sur ce
qui circule (tous les acteurs, qui ne sont pas forcément humains) fait partie du réseau d’action.
Latour considère que l’ensemble de la société est le produit d’un réseau d’action. C’est une vision
horizontale, et pas hiérarchique, de la société.
La traduction est le processus de transfert de l’action d’un milieu à l’autre, transfert au cours duquel
il subit des transformations.
Ensemble de traductions L’ACTION CIRCULE (ENJEU)
Ce qu’elle n’est pas :
FUSL ECGE 1e bac Sociologie Samuel Desguin
28 Première quadrimestre – Année académique 2012 - 2013
- D’une part, la sociologie de la traduction a pour enjeu de contrer le déterminisme donc aux
structurants, mécanismes (« l’au-delà » durkheimien n’existe pas). Il ne faut pas chercher la
cause de la dynamique sociale en dehors de la conscience individuelle. Cette sociologie veut
libérer les acteurs du poids de la société et des vérités structurelles.
- D’autre part, la sociologie de la traduction n’est pas libérale non plus (il ne s’agit pas de s’en
remettre entièrement à l’individu).
Ce qu’elle est :
Comme les autres sociologies, cette école étudie les phénomènes collectifs. Le résultat des
phénomènes collectifs sont des exploits collectifs, dont aucun acteur n’est maitre. Néanmoins,
aucun n’est éliminé du bilan final, et les consciences individuelles ont donc leur importance car elles
portent l’action collective !
Nb. : Est appelé acteur tout ce qui fait une différence dans la situation (humain ou pas).
Méthodologie
Le chercheur doit donc considérer les réseaux d’actions, les émergences collectives sans jamais se
référer à un au-delà. Il essaye de suivre ce qui lie les acteurs, car il n’y a rien au-delà.
Les phénomènes collectifs sont des traductions (= passage de l’action collective d’un acteur à
l’autre, en subissant des distorsions à chaque fois).
LE SOCIAL RELIE (OBJET)
1. Multiplicité des êtres : La socio de la traduction envisage des réseaux collectifs qui impliquent
tous les acteurs qui font une différence dans la situation, qu’ils soient humains ou non. C'est
à dire que tout animal, plante,… est désormais digne de l’attention des sociologues. En effet,
le social relie les hétérogènes (pas seulement enchaîner les traductions). En effet, le contact
d’humain à humain a souvent des intermédiaires comme un GSM, un microphone,…
« Nous ne savons pas qui agit lorsque nous agissons ». L’action peut être dans l’objet.
L’estrade implique le rapport de force, la route implique la direction et la discipline,… ça a
pour origine un autre individu qui a fait ce choix de mettre une route là. Nous sommes dans
le même réseau.
2. Force du réseau : remplace la force sociale comme réalité agissante supraindividuelle. Un
réseau en lui-même a de l’intelligence, un savoir et une force qui existe et a un effet. Les
gestes posé par les acteurs est le seul moyen de déceler cette force. La force d’un réseau
collectif émane du réseau, contrairement à la force sociale qui agit en arrière plan,
transcendante.
Nouvelle définition de la société : réalité agissante qui « colle » ensemble les éléments hétérogènes
qui interagissent.
REPEUPLER LA SOCIOLOGIE (EFFET, INTENTION)
FUSL ECGE 1e bac Sociologie Samuel Desguin
29 Première quadrimestre – Année académique 2012 - 2013
Donc, "l’enjeu = éviter le déterminisme", et "l’objet = l’intérêt pour le réseau d’action, les existences
hétérogènes et la force propre des réseaux ".
Méthodologie
Les sociologues mèneront leurs recherches en se fiant plus aux indigènes qu’aux sociologues, car :
- Les individus ont une grande importance, ils composent le réseau
- Tous les terrains sont intelligents, ont une légitimité propre. De ce fait, le changement se fera
petit à petit, en prenant des éléments ci et là.
Le sociologue s’intéresse au réseau d’action en s’intéressant aux reliures entre les êtres hétérogènes,
pratiques et savoirs qu’on y trouve, et en dégageant ainsi les forces qui s’en dégage (pratiques,
savoirs).
Refaire de la sociologie & Paris ville invisible La sociologie de la traduction trouve son portrait pratique et théorique dans le Changer de société :
Refaire la sociologie (2006). Paris, ville invisible (1998) traite les mêmes questions et ces deux livres
permettent de se comprendre l’un l’autre.
LOCALISER LE GLOBAL
Des abstractions universelles sont nécessairement localisées dans les actions et les pratiques locales.
Cela implique une sorte de hiérarchie entre global et local dans une approche horizontale (en jouant
sur l’extension et la densité des réseaux d’action). Il y a donc deux réseaux d’action extrêmes :
- Le global est celui qui a réussi à créer des circuits tels que les propositions peuvent voyager
sur de grandes distances et faire preuve d’autorité sans devoir s’adapter. Les vérités qu’il
produits sont robustes et valables dans plusieurs contextes. Il est bien outillé, bien
expérimenté, bien établi. Exemple : La science, les mythes, l’économie…
- Le local est dépourvu de tels circuits, et ne fait circuler ses propositions que sur des courtes
distances. Il est à la merci de changements, d’influences. Exemple : apparition divine dans un
groupe de pèlerins.
Le global n’englobe pas le local, comme une poupée russe. Il n’est pas forcément surplombant, tout
puissant. Au contraire, les deux types de réseaux coexistent et agissent en parallèle.
Tous les réseaux d’action comprennent ces trois éléments de théorie :
- Le « référent circulatoire », l’action qui circule et reste stable d’une étape à l’autre de l’action
(exemple : le prix du café, les prévisions météo,…)
- Les « médiateurs », les acteurs neutres qui interviennent dans l’action (le micro, la table,…)
- La « totalité partielle », on peut capter l’entièreté d’une société, tant qu’on accepte qu’on ne
voie qu’un angle d’une société à la fois. (exemple : la sécurité contre la violence à Bruxelles
est assurée par le commissariat. Par ailleurs, la sécurité contre les incendies est assurée par
les pompiers. Aucun des deux réseaux n’a le monopole de la sécurité à Bruxelles). La
FUSL ECGE 1e bac Sociologie Samuel Desguin
30 Première quadrimestre – Année académique 2012 - 2013
sociologie prétend donc pouvoir étudier tous les sujets, mais avec à chaque fois un angle
(prémice) différent, pour finalement comprendre l’action collective dans son ensemble.
Donc, même un réseau global n’a pas une vision globale d’un terrain.
L’abstraction (=montée en généralité) ne représente rien de mauvais en soi dans la sociologie de la
traduction. En effet, même si elle passe à côté d’une masse d’informations, elle permet la découverte
de nouvelles choses, car tout savoir comporte l’élimination d’informations et de contexte plus
complexe. Chaque gain de précision implique une perte d’informations. Cependant, dans toute
abstraction, il faut garder à l’œil l’objet de l’étude : le référent circulatoire.
Exemple d’une abstraction :
On étudie le neurone. Dans le cerveau, à l’état brut, il est insaisissable car il est lié à plein de choses.
Cependant, quand on l’isole, en faisant abstraction de ce qui l’entourait, il est plus simple de à
comprendre comment il fonctionne.
En résumé :
- Pas d’au-delà qui détermine l’action;
- Pas de global qui surplombe l’action;
- Pas de contexte qui contient l’action (car le contexte est contenu dans l’action).
PARTIR DES INCERTITUDES
Il ne faut pas trop vite penser qu’on sait de quoi il en retourne. Il ne faut pas que l’enjeu soit déjà
établi avant d’arriver sur le terrain. L’attitude du sociologue est d’avoir une culture de l’incertitude,
et pour ce faire, « changer de société » propose 5 sources d’incertitudes :
I. Quel groupe ? Il faut s’intéresser aux discussions qui concernent la composition du groupe en
tant que résultat de regroupements : Qui a effectivement un impact sur l’action ?quels
porte-paroles, quels meneurs ? Quelle est la place du sociologue dans ce groupe ?
II. Quelle action ? Il faut déterminer la vocation du groupe. Même si les acteurs, seuls, ne la
connaissent pas, il faut les interroger en notant littéralement ce qu’on apprend, pour pouvoir
y revenir lorsqu’on aura un plan global.
III. Quels objets étudier ? Ce qui permet d’établir un rapport durable de domination (et non pas
ce rapport de domination en tant que tel). "Ce" étant la matérialité des outils, qu’il est
possible de discerner lors des innovations dues aux crises ou aux accidents dus aux choses
qui agissent.
En effet, c’est à cause du matériel qui est mis en place pour imposer le rapport de force car
que le rapport de force durable a lieu. Par exemple, s’il n’y avait que les nazis et les juifs, sans
les fils barbelés, les fusils, etc. il n’y aurait pas eu de génocide. Par opposition, les babouins
n’ont pas les moyens de faire perdurer les inégalités, et il y a donc régulièrement des
combats pour trouver le leader.
IV. Quelle description ? Latour veut adopter un nouveau style propre, en évitant les dangers
suivants :
FUSL ECGE 1e bac Sociologie Samuel Desguin
31 Première quadrimestre – Année académique 2012 - 2013
a. Ne pas substituer avec du jargon scientifique, ou avec du vocabulaire de l’ancienne
sociologie.
b. Ne pas se soumettre au programme des acteurs, c'est à dire ne pas assimiler leur
métaphysique.
c. Eviter les notions vagues au profit des récits précis. Une observation ne peut être
réduite à des termes généraux.
d. Eviter de paraitre purement empiriste en faisant preuve de style, de rhétorique. Il ne
suffit pas d’être descriptif, il faut également exagérer le trait, romancer, tant que
c’est fait avec honnêteté (on ne se pose pas trop la question de l’objectivité ou la
subjectivité).
V. Quelle attitude sur le terrain ? Il faut oser, par courage intellectuel, affirmer l’intérêt des
savoirs et des pratiques observées, et les valoriser. De cette manière, la sociologie de la
traduction s’oppose à la déconstruction, c'est à dire le fait de critiquer sans rien prendre. Un
sociologue courageux prend position, s’engage.
Au contraire, un sociologue lâche pourrait prétendre avoir tout compris mieux que les
acteurs eux-mêmes, et qui ridiculise les faits en les présentant hors de leurs contextes.
Par ce dernier point, la sociologie lutte contre le ressentiment (voir ci-dessous).
Ce qui est nouveau par rapport aux deux autres traditions, c’est qu’il faut accepter le fait qu’on
apprend des autres acteurs. Il faut ainsi se confronter aux « métaphysiques » des acteurs, qui sont
généralement différentes de celles du sociologue. Dans la même démarche, il faut garder ce qu’on
entend sans en changer la forme, parce que changer la forme, c’est déjà interpréter.
Un bon récit doit pouvoir être mis à l’épreuve, résister à la contestation.
Cas concret : lors des manifestations violentes de jeunes en 2005 :
- les sociologues critiques ont prétendu qu’il n’était pas utile d’aller voir sur le terrain parce
qu’on connait déjà le mal-être des jeunes
- les sociologues de la traduction ont fait une interprétation fine des événements en en
dégageant une logique. Ils ont, à l’occasion, critiqué la sociologie "classique" en disant : « Ce
qui est à expliquer ne peut servir d’explication », c'est à dire que les explications concernant
la reproduction sociale tournent en rond, car elles ne trouvent pas la source des inégalités (il
y a un rapport de force, où les deux forces se nourrissent mutuellement). Latour prétend
expliquer l’origine des rapports de pouvoir.
EVITER DES RESSENTIMENTS
L’homme de ressentiment est celui qui est coupé de l’action (Nietzsche). Cet homme impuissant
cherche à justifier son inaction en trouvant des raisons de haïr le monde. Cette damnation du monde
mène à l’inaction � cercle vicieux.
Cette tradition veut éviter ça, et donc rester active : pour éviter les ressentiments, le sociologue de la
traduction doit être un acteur dans le monde, et non pas un observateur neutre du monde.
FUSL ECGE 1e bac Sociologie Samuel Desguin
32 Première quadrimestre – Année académique 2012 - 2013
À cette fin, l’auteur doit s’engager à valoriser au moins une issue ou ouverture d’action du monde
qu’il vient de découvrir, et faire cohabiter celle(s)-ci avec les autres. La finalité de ceci est de
construire le monde et non de le déconstruire.
C’est pourquoi on appelle cette tradition la sociologie de la traduction : parce qu’elle cherche à
transmettre des forces (l’inventivité, les connexions inattendues, les savoirs insoupçonnés) vers
d’autres milieux.
C’est l’idée de la co-construction.
Quels débuts pour la sociologie La sociologie de la traduction a bâti son succès sur sont opposition à la sociologie en place, et donc
elle est souvent présentée par opposition à une autre.
LE PRAGMATISME AMÉRICAIN
Le pragmatisme américain est le courant le plus important de l’Amérique du 20e siècle. L’idée forte
de cette philo : la vérité de la proposition s’évalue en prenant pour référence ses effets, selon les
effets tangibles que crée cette proposition. Concrètement, on ne discute pas les fondements mais les
effets de chacune des propositions impliquées.
Avec les ramifications qu’a eues le pragmatisme américain, de nombreux sociologues s’en disent les
héritiers, notamment les sociologues de la traduction : « le problème politique n’existe que s’il y a un
public qui s’en (pré)occupe; et qu’inversement, toute mobilisation collective, tout attachement
revendiqué, aussi futile qu’ils puissent sembler, est une affaire politique » (Dewey).
On se débarrasse de la question de la vérité, ce qui permet de régler les disputes métaphysiques.
Ainsi, on n’attache de l’importance qu’à ce qui a une conséquence sur nos vies. Ça ne veut pas dire
que la vérité n’a aucune importance, mais il faut surtout créer des possibilités pour un autre monde à
venir.
LA MICROPHYSIQUE DU POUVOIR
Une nouvelle façon d’étudier le pouvoir est fondée par Michel Foucauld dans les années 70. Il
propose d’analyser les détails des procédures et objets qui opèrent l’exercice du pouvoir. Il justifie
cela en disant que ce sont les rouages du système qui permettent la pérennité du rapport de force.
Pragmatisme
américain
Sociologie de
la traductionLatour
Sociologie
pragmatique
Travaux en
France
Travaux en
Angleterre
FUSL ECGE 1e bac Sociologie Samuel Desguin
33 Première quadrimestre – Année académique 2012 - 2013
Le pouvoir est, au sens de Foucault, la possibilité de trouver des phénomènes, et ensuite de faire agir
dans le sens souhaité. Il n’est pas localisable car il fonctionne en chaine.
On pense que celui-ci a tiré son inspiration des Black Panthers party en Amérique dans « Up against
the wall », discours-réaction aux abus et assassinats racistes commis par les policiers. Ce parti s’est
doté d’armes pour rendre les abus moins faciles, ce qui a fonctionné. En effet, tous deux envisagent
le pouvoir comme les moyens et objets physiques qui permettent de faire infléchir la situation
dans la direction souhaitée.
Dans ces cours, Foucault expose cinq règles méthodologiques:
- il ne faut pas saisir le pouvoir en son centre mais dans ses extrémités, là où il opère; c'est à
dire qu’il faut trouver les phénomènes matériels concrets causés par le pouvoir.
- il ne faut pas chercher le pouvoir du côté des personnes mais du côté des opérations
d’assujettissement; il ne faut dont pas demander « qui a le pouvoir, que veulent-ils ? », mais
plutôt saisir le pouvoir dans les instances matérielles de son exercice. La bonne question est
donc : « qu’est-ce qui se passe quand un noir rencontre un policier ? ».
- il ne faut pas considérer le pouvoir comme une ressource que l’on peut posséder mais
comme une contrainte que l’on peut exercer; il faut donc éviter de séparer la société en deux
camps : dominés et dominants. Personne n’est la cible constante ou le représentant du
pouvoir, mais tout le monde en est le relais. Le pouvoir transite mais ne s’applique pas.
- le pouvoir est une affaire de micro-techniques que les institutions et les milieux ont réussi à
incorporés dans leur fonctionnement; il faut toujours partir des détails, et petit à petit aller
vers le général pour voir qui a réussi à monopoliser la procédure et les techniques du
pouvoir, sachant que la technique est neutre en soi et peut être appropriée par les uns et les
autres.
- le pouvoir implique toujours des savoirs et savoir-faire ; le pouvoir n’est pas une idéologie,
car c’est sous-estimer la force du pouvoir.
LES PSYCHOLOGIES INDIVIDUELLES
Tarde (fin XIXe) avait pleinement confiance en la psychologie individuelle pour expliquer le social. Il
est le créateur de l’imitation sociale : « Aucune loi ne s’impose aux individus autre que celle de
l’imitation et de l’appétit ». Il n’y a rien de plus entre les acteurs que les nouveaux objets techniques.
Tarde passe aujourd’hui pour être une prédécesseur de la sociologie de la traduction.
a. Influence aujourd’hui
Présentation de François de Monti.
François écrit actuellement une thèse : pratiques culturelles en région bruxelloise et wallonne. Il s’agit
d’une analyse qualitative qui étudie « le comment et le pourquoi de la culture auprès des gens ».
PREMIÈRE PARTIE : RETRACER LA THÈSE DE « LA DISTINCTION »
FUSL ECGE 1e bac Sociologie Samuel Desguin
34 Première quadrimestre – Année académique 2012 - 2013
Thèse de « la distinction » de Bourdieu : les pratiques et goûts sont subordonnées à des logiques de
hiérarchisation et de domination sociale, incorporées par l’habitus.
Définition de l’habitus : ensemble de dispositions liées à une position sociale. Cela a pour
conséquence une tendance de se porter vers un certain type de loisir. Cet habitus est transmis par
les groupes socialisants de base (famille, école) à l’insu de l’individu, qui pense prendre ses décisions
de manière indépendante. (Par exemple, les classes plus aisées sont plus attirées par l’abstrait.) En
effet, même si l’individu a le désir de se distinguer des autres par ses choix culturels, mais,
consciemment ou non, il se rapproche ainsi d’un groupe culturel.
Définition de la légitimité culturelle (influence marxiste) : hiérarchisation de la culture parallèle à la
hiérarchisation des classes sociales (exemple : foot � pauvre, donc moins légitime ; golf ou tennis �
riche, donc légitime). Ce n’est pas forcément vrai, mais c’est une tendance. Il est à noter qu’il y a
beaucoup de mouvement, selon la mode, dans ce qui est considéré comme légitime et ce qui ne l’est
pas. La notion de légitimité est un construit social en mouvement perpétuel. Cela veut dire qu’il n’y a
rien d’objectif là dedans. Il est toutefois important de noter qu’une « construction sociale » n’a pas
forcément une origine démocratique. En effet, elle peut être le résultat d’une décision des élites
économiques et politiques (par exemple dans le cas d’un régime totalitaire).
DEUXIÈME PARTIE : LES INFLUENCES CONTEMPORAINES DE « LA DISTINCTION »
Récemment, le ministre de la culture français a essayé de « démocratiser » la culture légitime. Cette
politiques s’est soldée par un échec parce que seuls des moyens financiers ont été pourvus … En
effet, pour un pauvre, aller à l’opéra demande plus que seulement de l’argent, mais aussi l’acquis de
connaissance et de l’excise corporelle (= concept Bourdieusien qui veut que la position sociale est
incorporée non seulement dans l’esprit mais aussi dans la façon de se tenir, de parler, d’agir).
Les thèses de Bernard Lair et Peterson
Thèse : Les individus des classes supérieurs ne consomment pas seulement des éléments culturels
légitimes.
Par exemple, on peut regarder à la fois « plus belle la vie » et de l’opéra. En effet, les gens qui ont un
patrimoine élevé avouent souvent regarder des « bêtises ».
Par conséquent, les individus ayant un capital culturel élevé se caractérisent par leur omnivorité. Cela
ne semble pas forcément coller avec la thèse de Bourdieu car du coup, on ne peut plus forcément
déterminer le patrimoine culturel de l’individu par rapport à ce à il s’intéresse. Cependant, il n’y a pas
forcément de mise en cause la thèse de Bourdieu, mais simplement un ajout : classes élevées �
omnivores, classes basses � univores.
La conséquence de ceci est que désormais, différencier légitime >< illégitime n’est plus vraiment
pertinent. Par contre « culture underground et alternative » >< « commercial » a plus de sens
aujourd’hui.
FUSL ECGE 1e bac Sociologie Samuel Desguin
35 Première quadrimestre – Année académique 2012 - 2013
La nouvelle manière de se distinguer aujourd'hui constitue souvent une recherche de l’entre-soi,
c'est à dire qu’il faut à la fois se constituer comme individu à part entière et à la fois appartenir à un
groupe social (un genre de vie, par exemple rasta).
En conclusion, quand on parle de la culture avec sa polysémie (= fait qu’il y a de nombreux sens à ce
mot), l’utilisation du terme se révèle problématique car il est trop vague. En effet, la culture est
composée de nombreux sous-groupes.
Par ailleurs, on peut dire que « La distinction » de Bourdieu s’est donc plutôt bien exportée ici et
maintenant.
Conclusion En guise de conclusion, il est utile de récapituler les divergences entre les trois traditions, mais aussi
d’indiquer la mesure dans laquelle ces traditions partagent certains traits historiques et
disciplinaires.
Du côté des divergences, l’on peut reprendre l’objet et de l’enjeu des trois traditions:
a. L’objet de la sociologie critique est la violence symbolique, la reproduction des
inégalités et le maintien de l’ordre établi à travers la force idéologique du discours et
du savoir. L’enjeu est le dévoilement de la vérité structurelle (présence de la violence
symbolique) qui, si le dévoilement réussit, aidera à changer le système.
b. L’objet de l’interactionnisme symbolique est la genèse du moi c’est-à-dire la
perception et l’évaluation de soi-même à travers les interactions et l’interprétation
des situations. L’enjeu est de repérer les fissures dans les institutions. Les individus
sont plus récalcitrants, plus résistants, plus inventifs qu’on ne le croit.
c. L’objet de la sociologie de la traduction est l’action collective, les connexions
inattendues qui s’y tissent, et la force des savoirs et des pratiques qui s’en dégagent.
L’enjeu est de contrer le déterminisme, d’inciter à l’action et de recomposer des
mondes dans et à travers la multiplicité des êtres.
Du côté des similitudes, il y a le refus du fonctionnalisme (=La société est appréhendée à travers les
institutions qui assurent sa stabilité et structurent les comportements individuels aux moyens de
rôles et de statuts). Les trois traditions se sont exprimées contre l’idée de l’adaptation. Elles ont
toutes refusé le rôle qui était attribué aux individus et elles ont toutes refusé l’autoritarisme des
institutions. De façon plus positive, l’on peut dire qu’elles ont lâché le fonctionnalisme, qu’elles se
sont opposées aux mots d’ordre de la sociologie de l’après-guerre, tout en ne lâchant pas l’idée de la
collectivité. Grâce à elles, la sociologie est restée la science des rapports et de l’extra-individuel.
Puis, il y a l’attachement à la raison. Malgré la double crise qu’ont connue les sciences sociales au
cours des trente dernières années - la perte de foi en la modernité (crise existentielle) et le
glissement vers le relativisme (crise épistémologique) - aucune des trois traditions n’a abandonné la
volonté d’analyser. Grâce à ces traditions, la sociologie est restée cette science qui estime pouvoir
décortiquer tout phénomène collectif de façon systématique et selon des principes logiques.
FUSL ECGE 1e bac Sociologie Samuel Desguin
36 Première quadrimestre – Année académique 2012 - 2013
En vrac
Déterminisme >< interactionnisme
Goffman >< Au-delà
Bourdieu <3 Goffman
Latour (tissus ; incommensurabilité) >< Goffman (bloc plein de fissures) et bourdieu
Latour (potentiel, forces propres du réseau d’action) >< déterminisme