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FUSL ECGE 1 e bac Sociologie Samuel Desguin 1 Première quadrimestre Année académique 2012 - 2013 Sociologie Lors de l’examen, aucune comparaison n’est demandée. Toutes les questions portent sur une tradition seule, et il faut connaitre leurs spécificités. Liste des sources importantes : - Les règles de la méthode sociologique (1895, Durkheim) - Le suicide (1897, Durkheim) - Conférence annuelle de l’ASA - American Sociological Association (1925) - La sociologie est un sport de combat (Carles et Bourdieu, 2001) - Les héritiers (Bourdieu et Passeron, 1964) - La distinction (Bourdieu, 1979) dont est tiré « le choix des élus ». - La mise en scène de soi dans la vie quotidienne (Goffman, 1957) - Asiles (Goffman, 1961) - Les outsiders (Becker, 1963) - Paris ville invisible (Latour, 1998) - Changer de société : refaire la sociologie (Latour, 2006) - Surveiller et punir (Foucault 1975) - Il faut défendre la société (Foucault 1976) Partie 1 - Origines des la discipline Emile Durkheim (1858 – 1917): la sociologie française Emile Durkheim, à la fin du XIXe, veut créer une nouvelle discipline qui acquiert le rang de science humaine tout en étant totalement autonome. Corpus et positivisme Le corpus est l’ensemble des textes dont on estime qu’ils sont à la base de la discipline. En ce qui concerne la sociologie de Durkheim, les deux principaux ouvrages sont : - Les règles de la méthode sociologique (1895) - Le suicide (1897) Ces livres sont publiés du vivant de Durkheim, et exposent la doctrine de façon systématique.

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FUSL ECGE 1e bac Sociologie Samuel Desguin

1 Première quadrimestre – Année académique 2012 - 2013

Sociologie

Lors de l’examen, aucune comparaison n’est demandée. Toutes les questions portent sur une

tradition seule, et il faut connaitre leurs spécificités.

Liste des sources importantes :

- Les règles de la méthode sociologique (1895, Durkheim)

- Le suicide (1897, Durkheim)

- Conférence annuelle de l’ASA - American Sociological Association (1925)

- La sociologie est un sport de combat (Carles et Bourdieu, 2001)

- Les héritiers (Bourdieu et Passeron, 1964)

- La distinction (Bourdieu, 1979) dont est tiré « le choix des élus ».

- La mise en scène de soi dans la vie quotidienne (Goffman, 1957)

- Asiles (Goffman, 1961)

- Les outsiders (Becker, 1963)

- Paris ville invisible (Latour, 1998)

- Changer de société : refaire la sociologie (Latour, 2006)

- Surveiller et punir (Foucault 1975)

- Il faut défendre la société (Foucault 1976)

Partie 1 - Origines des la discipline

Emile Durkheim (1858 – 1917): la

sociologie française

Emile Durkheim, à la fin du XIXe, veut créer une nouvelle discipline qui acquiert le rang de science

humaine tout en étant totalement autonome.

Corpus et positivisme � Le corpus est l’ensemble des textes dont on estime qu’ils sont à la base de la discipline. En ce qui

concerne la sociologie de Durkheim, les deux principaux ouvrages sont :

- Les règles de la méthode sociologique (1895)

- Le suicide (1897)

Ces livres sont publiés du vivant de Durkheim, et exposent la doctrine de façon systématique.

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2 Première quadrimestre – Année académique 2012 - 2013

� Le positivisme est notion introduite par Durkheim lors de la création de sa science. C’est l’idée

selon laquelle la sociologie peut être scientifique, donc objective et méthodique, en s’appuyant sur

des lois et des chiffres. En effet, et c’est récent au XIXe, l’accès aux chiffres nationaux est autorisé.

C’est de cette manière qu’elle ne sera plus condamnée aux « argumentations métaphysiques » et

qu’elle acquerra la légitimé d’une science.

Concrètement, elle sera capable de démontrer que notre comportement dépend du milieu social

dans laquelle on vit. Elle démontrera que c’est la société qui guide nos actions, et pas l’inverse.

Dévoiler les forces sociales L’OBJECTIF DE « LE SUICIDE »

« Le suicide » devait mettre en œuvre le positivisme, afin de prouver la légitimité de la sociologie à

toute la communauté scientifique. Plus précisément, il devait démontrer l’existence des forces

sociales en tant que force réelle et agissante façonnant le comportement des gens

(indépendamment de leurs états d’âme). C’est un semi-succès car la sociologie obtient une chaire

universitaire, mais étant donné que le monde scientifique reste sceptique malgré tout par rapport à

l’existence de forces sociales réelles, c’est un semi-fiasco.

LE SUJET DU LIVRE

Le terrain étudié est les constantes de taux de suicide. Celui-ci étant relativement stable d’année en

année et sensiblement différent selon les pays, et pour cette raison, cela constitue un bon matériau

pour débuter une étude objective. Même si Durkheim n’est pas le premier à étudier ces chiffres, il

est le premier à les utiliser à cette fin-là. Son travail se divise en deux étapes :

- Etape 1 Durkheim utilise de nombreuses corrélations de statistiques pour écarter les autres

hypothèses que les forces sociales : climat, race, hérédité, l’état de la santé mentale,

imitation qui pourrait naître entre suicidaires. Ceci étant fait, la seule possibilité plausible

restante est l’existence de forces extérieures à l’individu.

- Etape 2 Il dévoile alors la véritable cause du suicide : la force sociale. Il la présente comme

une nouvelle réalité que la sociologie devra étudier, qui soit le champ exclusif de la

sociologie. De cette manière, enfin, la sociologie acquerra sa légitimité.

L’impact du milieu social Dans « le suicide », Durkheim met en évidence le lien entre le milieu social et le suicide. Le milieu

social est composé de plusieurs variables :

- Milieux religieux (Catholique, Juif, Protestant ?)

- Milieu domestique (Enfants, statut social, famille « clanique » ?)

- Milieu politique (Présent dans des révoltes populaires ?)

Plus finement, Durkheim constate que le taux de suicide est lié à l’intégration au milieu. Un Milieu

intégré est celui qui donne un sens, un rôle, un objectif, … aux actions individuelles.

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3 Première quadrimestre – Année académique 2012 - 2013

Le taux de suicide varie en fonction du degré d’intégration des groupes sociaux dont fait partie

l’individu, et aussi en fonction de l’état de dérèglement de d’anomie des groupes sociaux dont fait

partie l’individu. Ceci donne lieu à trois types de suicide :

- Egoïste : par manque d’intégration au milieu

- Altruiste : par excès d’intégration, l’individu se perd alors dans un corps plus grand (ex

armée).

- Anomique : à cause d’un déréglage de l’aspiration aux possibilités offertes aux membres de

la société ; par exemple une ascension ou chute trop brutale. Une crise économique peut

causer ces dérèglements.

« Société : l’ensemble de représentations collectives qui donnent une vision du monde, du rôle qui

nous y est accordé, du sens de la vie et du rapport à autrui. Ces représentations formatent l’individu

dès sa naissance. Elles opèrent comme une sorte de prédisposition ou pré-configuration des destins

individuels.

Elles peuvent sembler diffuses et difficiles à capter, admet Durkheim, mais il y a moyen de les étudier:

soit en analysant les « penchants collectifs » c’est-à-dire les comportements révélés par la statistique,

comportements qui sont toujours guidés par les représentations collectives (p.ex. le suicide); soit en

analysant les institutions et les œuvres de la société où les représentations collectives se sont

cristallisées (p.ex. codes de droit, traités moraux, styles artistiques). »

Comment les forces sociales entrent-t-elles dans notre comportement ? « Nous sommes

intrinsèquement des êtres sociaux […] L’individu est trop peu de choses […] il faut à notre activité un

objet qui la dépasse». En premier lieu vient la société, ensuite les individus en découlent. La société

nous préconfigure, puis nous essayons de nous en émanciper.

Deux textes ou prémisses Durkheim déduit ces règles de son travail sur le suicide, elles sont publiées dans « Règles de la

méthode », 1895.

1. PRINCIPE D’EXTÉRIORITÉ : « Le fait social est tout ce qui est extérieur aux consciences

individuelles ».

Cette règle délimite la zone d’action de la sociologie : elle ne s’intéresse qu’à ce qui est extérieur aux

consciences individuelles. Par conséquent, cette règle établit que puisque « le suicide n’est pas dans

l’âme », il existe quelque chose d’extérieur à l’individu. Ceci induit une sorte de dualité individu ><

société, où la sociologie n’étudie que la société.

La présence d’un fait social se reconnait grâce à :

- l’antériorité : le fait social est une conséquence de l’ordre social, transmis par l’éducation et

la contrainte. « Cette pression de tous les instants que reçoit l’enfant, c’est la pression du

milieu social qui tend à le façonner à son image […] les parents n’en sont que les

intermédiaires ».

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4 Première quadrimestre – Année académique 2012 - 2013

- la contrainte= pouvoir de coercition : L’intégration des forces sociales se fait par la

contrainte, car on a du mal à abandonner des habitudes « naturelles ». La contrainte se

mesure à la présence de pouvoir susceptible de s’exercer sur l’individu, ou à la résistance que

lui oppose l’individu. Si quelque chose oppose de la résistance à notre volonté pure, c’est

qu’elle existe.

Nb : pour trouver et étudier le fait social, on étudie la contrainte plutôt que l’attachement. En effet,

la contrainte est plus facile à détecter et évacue toute trace d’intériorité.

2. PRINCIPE DE TANGIBILITÉ : Le fait social est à considérer comme une chose réelle.

.La non-transparence des faits sociaux. Ce principe découle du premier, mais concerne le type

d’approche que le sociologue doit adopter. Il ne doit détecter les lois qui déterminent les forces

sociales qu’indirectement, petit à petit, par l’étude des faits.

Corolaire : neutralisation du chercheur. Il faut être méfiant par rapport à ses propres idées, laisser de

côté les idées préconçues, les affects, nos expériences. Il faut avoir un angle d’attaque objectif, où les

faits sociaux se présentent isolés de leurs manifestations individuelles (statistiques, droit, …).

Conclusion On remarque bien ici le caractère déterministe de la sociologie de Durkheim. Cependant, ce

déterminisme est très différent de celui proposé à l’époque, car Durkheim y a ajoute une réserve en

disant qu’on peut changer la société et ses structures : il y a une possibilité d’émancipation.

D’autres débuts existent: l’Ecole de

Chicago (1892 – 1925)

Deux écoles de Chicago existent. Dans ce chapitre, nous étudions seulement la première.

Le projet de Chicago En 1925, l’école de Chicago, qui existe depuis 1892, atteint son point culminant. C’est le moment où

les sociologues de Chicago exposent leur projet pour la sociologie : « ville, laboratoire social des

temps modernes». Le but est de faire de la ville un terrain d’étude pour :

- comprendre comment se créent des équilibres instables et des transitions successives.

- détecter l’émergence de nouvelles relations et formes sociales inédites (« pleinement

moderne »).

- renouveler la question de la cohésion sociale en s’imprégnant de la nouvelle cohésion

sociale. Il faut observer de très près la diversité de la ville.

Décortiquer la ville

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5 Première quadrimestre – Année académique 2012 - 2013

Pendant la conférence, les sociologues de Chicago ont mis en avant un modèle de la ville qui

comporte deux volets.

- Volet politique : D’une part, le modèle présente la ville telle qu’elle est étudiée par les

planificateurs et les hommes politiques, qui voient la ville d’un point de vue de croissance

(voir la ville comme une mécanique à gérer au mieux pour ne pas avoir de problème

d’infrastructure,…)

- Volet sociologique D’autre part, il présente la ville telle qu’elle est étudiée par les

sociologues de Chicago, ou « partie du métabolisme social ». C’est la ville telle qu’elle est

définie par des liens sociaux. Cette dernière ville en est une qui s’établit au fur et à mesure

des interactions et des rapports entre communautés urbaines. La ville organique, la ville

mosaïque, la ville des aires naturelles et des régions morales, comme l’appellent les

sociologues de Chicago, fera l’objet de la description qui suit. C’est le modèle des aires

urbaines.

Pourquoi la ville ?

La ville est un nouvel environnement que l’homme s’est créé. Une nouvelle philosophie s’y est

développée, si bien que l’homme y a acquis les caractéristiques qui le distinguent de l’animal

inférieur. C’est l’expérience la plus réussie de création d’un monde par l’homme.

Cet environnement modifie le comportement de l’homme : « En créant la ville, l’homme s’est recréé

lui-même. ». Un homme qui vit dans la ville n’est pas le même qu’un homme qui vit en campagne.

Cependant, nous sommes maintenant condamnés à vivre dans notre œuvre.

Dans la ville, les anciennes cultures et traditions ont été détruites, la tension se relâche, ce qui donne

lieu à un changement important :

En ville, la société est réduite à n’être plus que des atomes individuels : l’homme qui quitte le milieu

rural se libère d’un poids et s’émancipe, mais il est livré à lui-même, individuel.

Mais, ce relâchement permet la créativité et de nouvelles relations (politiques, religieuses, …). Elles

sont le signe des tâtonnements des hommes à la recherche d’un nouveau lien social dans la

modernité. En effet, nous tendons à recréer en ville la même cohésion, le même ordre social qui unit

naturellement un clan ou dans une famille.

Pourquoi Chicago ?

D’une part, Chicago était une ville avec beaucoup de mouvements révolutionnaires (communistes,

racistes, anarchistes,..) il y a une perpétuelle agitation dans cette ville. Il s’agit d’une communauté

qui vit dans une situation de crise permanente. C’est une ville dynamique qui constitue donc un bon

terrain d’étude.

D’autre part parce que pendant un temps, Chicago a été une zone de transition entre le Midwest et

la côte Ouest, pour les hommes et les marchandises. C’est là qu’allaient tous les gens qui étaient sans

avenir (exemple « marginal girls » qui partaient trouver seules un avenir en ville).

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6 Première quadrimestre – Année académique 2012 - 2013

Ce quartier, dans lequel naît une nouvelle société moderne, est caractérisé par la diversité, la

mobilité et l’instabilité.

Méthodologie

Ici, le système d’étude va être complètement différent de celui de la sociologie française. Ces

derniers privilégient la science, la physique et l’étude globale des faits.

Au contraire, chez les américains, l’observation va être faite de très près, de l’intérieur

(contrairement aux statistiques), in situ. Observer et décrire la réalité urbaine, c'est guider l'action

future qu'on pourra y mener. Toutes les observations sont notées, y compris celles qui semblent

« aller de soi ». Et toutes les observations sont pertinentes, y compris ce que disent les gens ; c’est

contraire à la vision binaire objectif/subjectif européenne.

Le sociologue, en arrivant dans le milieu, accepte son ignorance, et aura l’honnêteté de noter tout ce

qu’il voit dans la perspective d’en tirer ce qui est positif et potentiellement exportable vers d’autres

sociétés.

Pragmatisme américain : Observer la société urbaine, c’est agir pour transformer et guider

l’émergence du nouvel ordre social (= théorie de la « span of attention »).

Comment est-ce que toutes ces communautés socialisent ?

La zone de transition [mobilité, cécité, territorialité] Ici, trois niveaux de réalité liée à Chicago vont être présentés. Ils coexistent, mais ne sont pas

équivalents ! :

- Zone de transition

- Ville mosaïque

- Ville organique

Zone de transition

Géographiquement, la zone de transition est la deuxième sphère de la ville, qui se situe entre le

« loop » (centre) et la troisième zone (zone of work homes), autours du quartier des affaires.

C’est cette partie de la ville qui est étudiée par les sociologues de Chicago parce qu’en 1890-1930,

c’est là qu’arrivent les immigrants, c’est là que se situent le ghetto, le quartier du vice, le quartier

Italien, Afro-américain, Italien, … Où tout est question d’interaction dans la communauté et entre les

communautés. C’est donc beaucoup plu qu’une simple zone de transition entre le centre et les zones

résidentielles.

Alors que les sociologues américains cherchent à théoriser la réalité concrète qu’est la zone de

transition, ils établissent les trois règles suivantes : cécité, mobilité, territorialité. La ville mosaïque

est celle qui les rassemble toutes les trois.

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7 Première quadrimestre – Année académique 2012 - 2013

Ville mosaïque

La ville mosaïque réunit les trois caractéristiques suivantes.

Intérêt pour la mobilité

� L’espace social (les êtres humains) est fait d’entités mobiles

« La mobilité fait que nous sommes des êtres intelligents ; des hommes pensants »� La question

ontologique (« qu’est-ce que l’être ? ») trouve sa réponse, selon certains sociologues dans la

mobilité.

Exemple :

- Pour les hobos (ouvriers qui construisent les chemins de fer) « il n’y a que la route et le ciel

ouvert qui offrent une vie sans discipline, sans organisation, ni contrôle » � « la vie sur les

routes est une meilleure vie » (avec moins de stress)

4 types de quartier sont ainsi définis en fonction de leur mobilité : mobilité forcée, mobilité voulue,

sédentarité forcée, sédentarité voulue. La ville est une vaste passoire qui trie les gens et les destins,

selon leur mobilité. Les sociologues se posent des questions très concrètes sur la raison pour laquelle

un homme vit à un certain endroit et pas ailleurs (question du loyer, etc).

Conséquence, les sociologues prêtent une attention forte à la position dans l’espace des

communautés (distance sociale perçue, pas la distance géométrique). Le statut est finalement une

affaire de distances. (Voir Extrait très important : Robert Park 1926 « la communauté urbaine : Un

modèle spatial et un ordre moral »)

Intérêt pour la cécité

Si un taudis et des villas peuvent coexister, il y a cécité. Cécité : deux communautés peuvent

coexister dans un même espace sans se voir.

La cause est qu’on a une « idée préconçue » de ce qu’on veut voir, de ce que notre communauté

nous a appris à voir. Il y a des choses qu’on est « programmés » pour ne pas voir. En effet « si on

voyait tout ce qu’il se passe dans une ville, on ne ferait pas deux pas ».

Une hypothèse des sociologues de Chicago est que les cultures et les communautés peuvent

coexister parce qu’elles s’ignorent. La cécité fait partie de la société.

Intérêt pour la territorialité

Dans la ville, chaque territoire a sa forme propre. Il évolue selon un principe qui est propre à la

communauté qui le produit.

Le principe d’évolution diffère selon la fonction de l’individu dans la société : Quand un individu

parvient à quitter un territoire comme le ghetto, il va se déplacer dans un endroit éloigné (leaps and

bounds). Si c’est un individu hobo, il va se retrouver sur un axe (car il ne fait que passer l’hiver).

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8 Première quadrimestre – Année académique 2012 - 2013

Cette triple caractérisation de la ville mosaïque provient d’une étude de la ville de Chicago, mais

s’étend à la société toute entière. Mosaïque : patchwork, millefeuille, territoire qui ont chacun leur

mode de développement.

La ville organique [aire naturelle, région morale].

Tout le monde peut affirmer que Chicago est une ville mosaïque, mais les sociologues de Chicago

vont plus loin, ils disent qu’il s’agit d’une ville organique. C’est le point le plus controversé de

l’héritage de Chicago. En effet, la ville organique correspond aux trois caractéristiques de la ville

mosaïque, auxquels on ajouts celle-ci :

La ville est un ensemble d’aires naturelles et de régions morales

En d’autres termes, de chaque environnement physique, spécifique (relationnel, social), naît un

personnage spécifique. C'est à dire qu’il y a des lieux (appelés appelées aires naturelles ou

environnement naturel) propices à l’élaboration d’une société.

ATTENTION ! Ce ne sont pas des lieux naturels du point de vue de la nature, mais du point de vue de

l’environnement social, des communautés environnantes, des routes,… Ces endroits donnent lieu,

par extension, à des régions morales. En résumé : un environnement spécifique � un type de société

ou de personnage qui va naître à cet endroit (et pas l’inverse !). Ainsi, l’environnement matériel n’est

pas simplement le reflet de la communauté, mais est constitutif de cette société.

Exemple :

- relations familiales changent avec l’apparition du téléphone

- plus de gangster et de hobos près des chemins de fer

Les conditions de vie matérielle et les prothèses physiques (exemple téléphone) jouent un rôle

primordial dans le devenir de l’individu et de la communauté.

Quelles conséquences pour la sociologie ? Qu’il ne faut pas envisager la ville comme une mécanique

physique (gérée par des ingénieurs), ni comme artefact politique (gérée par les politiques), mais bien

entrer dans les communautés mêmes pour les transformer de l’intérieur, c'est à dire la ville (=

société moderne) est faite de processus et de forces sociales visibles. En effet, s’il fallait considérer la

ville seulement par ses constituants (routes, bâtiments,…), on pourrait confier sa responsabilité à des

ingénieurs…

Conclusion En comparant les deux écoles que nous venons d’étudier, il en ressort qu’elles ne naissent pas dans

le même contexte. Alors que Durkheim répond aux attentes d’une république unifiée, Chicago

répond aux attentes d’un pays où tout le monde est immigré, donc dans lequel la question de

l’intégration est une question de cohabitation.

Concrètement, quelles différences entre la sociologie américaine et française ?

1. Tous les deux accordent de l’importance aux forces sociales et au milieu social. MAIS

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9 Première quadrimestre – Année académique 2012 - 2013

a. Américain : il n’y a pas de société. Les forces sociales sont le résultat de toutes les

interactions, et il n’y a rien de plus (l’état actuel des forces sociales ont de multiples

causes, ce qui en rend l’étude d’autant plus difficile).

Les gens socialisent au moyen de stimuli et réactions � notion de « potentialité

plasmique ».

b. Français : il y a une sorte d’au-delà, qu’on nomme société (composé de 3 causes) et

qu’on ne peut étudier qu’à partir des conséquences sur les individus d’un point de vue

statistique. Les sociologues français cherchent l’essence et les structures sociales au-

delà des apparences. � les américains s’attachent trop à l’individu.

2. Tous deux partagent l’idée de l’impénétrabilité du monde social. MAIS les conséquences ne

sont pas les mêmes dans les 2 écoles :

a. Américain : par conséquent, le chercheur doit se mobiliser. En effet, si la société est un

caractère inné de tout homme, le caractère spécifique et le type de société est

déterminé par le genre de monde dans lequel nous vivons. Ainsi, il faut étudier toute

forme d’organisation dans son habitat. � étude des interactions grâce aux cas

particuliers.

b. Français : par conséquent, le chercheur doit rester neutre. De plus, cette société qui est

réelle nous impose un certain déterminisme (Déterminisme veut dire qu’il y a un au-

delà, une réalité objective qui est invisible et cachée, et qui pourtant détermine notre

trajectoire et notre destin. Les actions sont déterminées par des structures, lois et

mécanismes dons les acteurs ne sont pas toujours conscients. (>< fatalisme, dans lequel

on baisse les bras)), qui n’est pas forcément négatif, puisque nous avons le pouvoir de

changer la société. � étude d’une structure générale de la société grâce aux

statistiques.

3. De quoi se compose la société

a. Américain : tout intervient, les liens sont complexes, à tel point qu’on ne peut pas

dégager le lien de cause à effet entre les éléments et l’individu.

b. Français : trois axes : milieu politique, milieu domestique, milieu religieux

4. L’objectif de la sociologie ?

a. Américain : l’idéal est de rendre toutes les potentialités actuelles.

b. Français : l’idéal est de libérer l’homme de toute détermination. Pour cela, il faut

étudier la façon dont la société nous contraint.

5. Dans quel contexte l’école apparait-elle ?

a. Américain : dans une ville où « tout le monde est immigré », et la question de

l’intégration est une question de cohabitation.

b. Français : dans idéal bourgeois d’intégration à la société unifiée et uniforme

6. Qu’est un nouveau-né ?

a. Américain : un être plein de potentialités, qui ne demande qu’à répondre. Au moyen de

mécanismes d’habitudes et de caractère, un contrôle est obtenu par-dessus les

réactions instinctives. La nature originale est une abstraction, un vide.

b. Français : un être qui est commune éponge, il intériorise à travers l’éducation les

caractéristiques de son milieu social.

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10 Première quadrimestre – Année académique 2012 - 2013

Cas d’étude : Une femme se suicide, sa sœur en sera-t-elle fragilisée et se suiciderait-elle en

conséquence ?

- Durkheim dira NON, car nous ne sommes influencés que par ce qui nous précède,

l’interaction n’intéresse pas Durkheim

- Les sociologues interactionnistes diront OUI car les interactions entre les groupes et les

communautés forment la personne et perception de soi. Notre subjectivité et notre statut

social dépendent de la qualité de ces interactions. C’est une approche purement

relationnelle.

Partie 2 - Orientations et débats aujourd’hui

Introduction

Nous parlerons ici de trois traditions d’après-guerre à travers leur auteur le plus représentatif. Ce

sont ces trois traditions qui ont le plus d’influence en Belgique, France et ailleurs.

La sociologie critique (Pierre Bourdieu)

Cette école prend de l’importance dans les années 70. C’est une sociologie d’abord Française, puis

qui s’internationalise dans les années 90 qui se donne pour tache de dévoiler les mécanismes de la

domination.

La sociologie critique et les effets du déterminisme - Objectif de la discipline : déceler les régularités, constantes, comportements récurrents, ainsi

que dénoncer les mécanismes voilés, sous-jacents et souvent inconscients de la domination

dans une société. Ce n’est non pas le changement mais l’inertie de l’immobilité sociale qu’il

veut dévoiler.

- L’objet de la sociologie : Contrairement à Durkheim (analyser et promouvoir à l’intégration,

étudier la cohésion sociale), la sociologie critique étudie les inégalités sociales et la manière

donc elles se maintiennent (reproduction sociale). Les mécanismes sont les suivants :

o la transmission du capital culturel, économique.

o La domination non-physique les discriminations

o La participation des dominés qui continuent à être soumis

- Utilité : Démasquer l’idéologie du moment pour montrer aux dominés quels sont les intérêts

qui se cachent dans le discours des dominants. Concrètement, cela veut dire saisir la portée

manipulatrice des discours, qu’il faut toujours analyser. En cela, la sociologie veut révéler les

outils avec lesquels on peut se défendre contre de telles attaques (Bourdieu : la sociologie

est un sport de combat).

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11 Première quadrimestre – Année académique 2012 - 2013

- Nature : la sociologie critique est une science car « si la sociologie veut aider au combat de la

lutte politique, elle se doit d’être scientifique car c’est la seule garantie qu’elle ait pour

dévoiler les mécanismes. ». Parce que la sociologie est une science, elle doit respecter le

partage entre la science et la politique. La sociologie politique est engagée mais elle respecte

la séparation science/politique, c’est là sa limite mais aussi sa force (= positivisme :

séparation entre le sujet et celui qui étudie). Ensuite, l’action politique peut prendre le relais.

Comme Durkheim, il étudie par statistiques.

La sociologie critique est déterministe, c'est à dire qu’il y a un au-delà, une réalité objective qui est

invisible et cachée, et qui pourtant détermine notre trajectoire et nos actions et notre destin. Les

acteurs ne sont pas toujours conscients de cette structure. Cependant, en dévoilant ces lois,

Bourdieu veut aider l’homme à se libérer de ce poids, même si notre seule liberté se joue dans la

petite marge de liberté que nous avons. C’est pourquoi on peut dire que la sociologie critique

affronte le déterminisme en s’engageant à émanciper les gens.

Comment les gens réagissent-ils à ce genre de discours ?

- Pleinement positivement : tout à fait reconnaissante, car la lecture permet de nous libérer (si

on sait qu’on est déterminé, on peut combattre le joug)

- Mitigé : On savait déjà qu’on était dominé.

- De manière négative : alors qu’il est dans une banlieue pour discuter des conditions de la

libération de la domination, il rencontre de l’hostilité de la part de gens qui disent qu’ils

mènent leur vie sans dominations.

Réflexivité et objectivation participante (pas dans la matière) La domination symbolique (ou violence symbolique) nous maintient dans notre classe sociale et fait

perdurer les inégalités.

((Au moyen d’artifices, Bourdieu « transforme » son propre vécu en expérience scientifique, afin de

rester cohérent avec l’idée du positivisme. Concrètement, il propose au chercheur de faire sa propre

socio-analyse (« réflexivité » ou « objectivation participante »). Cela implique la mise en exergue de

ses propres préjugés, mais surtout, saisir les conditions sociales qui ont produit les préjugés du

chercheur et à partir de là saisir les conditions de possibilité de la rechercher elle-même (ce qui

implique de casser l’auto-mystification des académiques).))

Les Héritiers & La Distinction [reproduction, habitus]

L’intérêt des deux livres

Les Héritiers (Bourdieu & Passeron, 1964) et La Distinction (Bourdieu, 1979) constituent le point de

départ et le fondement de la sociologie critique en définissant l’objet de cette tradition, à savoir la

reproduction sociale et la violence symbolique (domination symbolique). L’idée centrale est qu’il faut

envisager comme autant de formes de violence symbolique les mécanismes qui régissent la société.

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12 Première quadrimestre – Année académique 2012 - 2013

Les héritiers est un livre de Passeron et Bourdieu, 2e partie d’une trilogie (qui commence par une

exposition des données, qui termine par la théorie. Le 2e est une sorte de compromis).

Rapport à la culture

L’exploit de cet ouvrage est double : ajouter le déterminisme culturel au déterminisme économique

et ensuite déterminer les sources du déterminisme culturel.

Dans la première partie du livre (le choix des élus, 30 pages, dans Ifusl) les auteurs décrivent les

inégalités scolaires au moyen de chiffre (1 à 2% d’enfants d’ouvriers ou de fermiers accèdent à un

enseignement supérieur contre 60% des autres milieux).

Ils se sont posés la question du déterminisme et ont constaté que la richesse seule n’expliquait pas la

reproduction sociale. En effet, comment expliquer le taux d’accession à un enseignement supérieur si

contrasté alors que financièrement, les bourses sont accessibles à tout le monde ?

Selon eux, c’est le rapport à la culture (savante et bourgeoise) qui fait la différence entre un étudiant

d’origine Bourgeoise, qui va réussir, et un étudiant fils d’ouvrier (� prouvé par les statistiques

nationales). Ce n’est pas tant la masse de connaissance acquise que la manière de faire parler ces

faits et références qui distinguent les deux catégories.

Pour comprendre les sources déterminisme culturel, il faut comprendre le rapport qu’on a à la

culture. Comment acquérons-nous la culture ? Les deux auteurs constatent que la culture est un

acquis où la manière d’acquérir est constitutif de ce qui est acquis.

Quelles sont dès lors les difficultés rencontrées par les étudiants défavorisés ?

- Le fait que leur culture bourgeoise n’est pas innée a des conséquences sur les résultats, car

les profs universitaires veulent percevoir une intelligence naturelle, désinvolte, qui n’a pas

l’air scolaire, chez leurs étudiants. Les fils de bourgeois sont avantagés car ils ont été baignés

toute leur vie dans ce type de culture. � Problème de communication

- Les étudiants défavorisés acquerront moins facilement la nouvelle culture, qui leur semble

irréelle, parce qu’ils devront le plus souvent oublier leur propre culture pour y parvenir.

« L’acquisition de la culture scolaire est acculturation ». � Acculturation

- Ayant le sentiment de ne pas être à leur place à l’université, les étudiants défavorisés

devront se battre pour ne pas abandonner leurs études (à score académique égal, les fils de

petites clases ont plus facilement tendance à abandonner). � Problème d’auto-exclusion

Ce dernier problème permet à l’université d’être complice (sans en avoir l’air) de l’inégalité scolaire.

En effet, du fait de l’auto-exclusion, « pas besoin de chasser les élèves de basses classes car ils s’en

vont eux-mêmes ».

Pour cette raison, Bourdieu estime que l’école est l’institution qui permet de perpétuer un idéal

méritocratique (chacun a selon ses mérites) dans une réalité qui est complètement injuste. Quand

l’école nie l’inégalité avec un langage de l’égalité, en privilégiant un rapport libre et désinvolte à la

culture (en aimant pas les gens qui étudient par cœur), elle transforme le privilège social en don

individuel (en sortant de l’école, on ne dit plus d’un enfant qu’il vient d’un milieu bourgeois, mais

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13 Première quadrimestre – Année académique 2012 - 2013

qu’il a du talent) � les écoles légitiment les inégalités en les traduisant en termes méritocratiques.

(voir page 27 fin).

Donc, ils disent qu’il faut continuer à donner des bourses, mais que cela ne suffit pas. Il y a deux

solutions :

- Il faut changer le système scolaire en revendiquant les autres cultures au sein de l’université,

ce qui aurait pour conséquence de rompre l’ambiance où règne la honte des origines. Dans le

même ordre d’idée, les points donnés à l’étudiant devraient être fonction de la progression

de l’étudiant et pas seulement du résultat final.

- Abandonner la pédagogie charismatique (charisme du prof et de l’étudiant), pour lui préférer

la pédagogie rationnelle (transparente, dans laquelle il faut expliciter le lien entre les moyens

et les fins). Ne plus évaluer l’étudiant sur des valeurs intrinsèques (=personnalité).

Symbolique et économique

Trois points sont révélés par les deux ouvrages de Bourdieu et Passeron :

i. La légitimation

La violence symbolique n’est pas physique, ne dit pas son nom. Elle porte sur la signification des

gestes, mots et actions, car ceux-ci traduisent une réalité qui oublie les conditions objectives de

l’existence qui fonde cette réalité. Toutefois, cette violence a des effets, elle est puissante (comme le

prouve « les héritiers »).

Ils donnent une définition à cette violence (déduite à partir des héritiers) : Tout pouvoir de violence

symbolique, i.e. tout pouvoir qui parvient à imposer des significations (= condition 1) et à les imposer

comme légitimes (= condition 2) en dissimulant les rapports de force qui sont au fondement de sa

force (= condition 3, qui sont à l’origine de la capacité à l’imposer), ajoute sa force propre, i.e.

proprement symbolique, à ces rapports de force.

Par exemple, l’école impose des distinctions méritocratiques (1) en les faisant apparaitre comme

légitime (2), tout en dissimulant les rapports de classes qui sont pourtant à l’œuvre pour faire cette

distinction (3).

Bourdieu et Passeron disent que la lutte de classes engendre la violence économique (déjà connue)

et la violence symbolique. Or, il y a un lien entre les deux : la violence symbolique légitime la

violence économique (les diplômes, etc. justifient que les bourgeois soient plus aisés), et ils se

renforcent mutuellement. Le rapport entre ces deux violences fonde la sociologie critique.

ii. Le déterminisme impur et non mécanique

Violence non mécanique, pourquoi ?

- Un seul facteur ne peut pas déterminer la conséquence (ce n’est pas parce que son père est

riche que l’étudiant va réussir).

- Cette force est non mécanique, car c’est une question de probabilités

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14 Première quadrimestre – Année académique 2012 - 2013

- Même si tous les facteurs sont là, la conséquence n’est pas automatique (même s’il a tout

contre lui, l’étudiant peut réussir). Les gens ne contribuent à leur propre domination (sans le

savoir) que lorsque les sentiments d’infériorité ont effectivement été inculqués.

Cette dernière raison implique la présence d’une couche supplémentaire entre la violence

symbolique et sa cible qui est celle de l’inculcation et de l’incorporation. Ces dispositions

intériorisées et incorporées sont appelées HABITUS.

iii. Habitus : être déterministe sans être fataliste

La présence de cet habitus rend la sociologie critique moins mécanique, et donc moins fataliste « Les

mécanismes NE PEUVENT PAS déclencher automatiquement l’échec car ils doivent passer par notre

corps » et encore « notre milieu ne peut mener à l’exclusion que s’il a été incorporé ».

L’habitus peut être défini de différentes façons, tant il est complexe :

- Le produit de l’intériorisation des principes d’un arbitraire culturel capable de se perpétuer

après la cessation de l’action pédagogique et par là de perpétuer dans les pratiques les

principes de l’arbitraire intériorisé.

- Le principe générateur de toutes les propriétés de l’espace symbolique et de tous les

jugements sur ces propriétés et les propriétés des autres.

Quoi qu’il en soit, l’Habitus représente tout ce qu’on a incorporé de par le milieu dans lequel on est

né, qui est tout de suite converti en principe incorporateur. L’habitus est ACQUIS de manière si

précoce et fondamentale qu’on a l’impression qu’il est inné.

Être déterministe en sociologie critique signifie qu’on se sépare de l’individualisme (aussi appelé

psychologisme ou subjectivisme, qui veut que l’action naisse de la pure création libertaire), mais pas

pour autant avoir le caractère rigide du fatalisme, et cela grâce à la présence de l’habitus. Cette

présence est une bonne nouvelle pour les lecteurs car dès lors, l’habitus constitue un champ des

possibles qui leur est offert (suivant les dispositions qu’il a incorporées).

L’espace social

Ce point est abordé dans l’autre livre de Bourdieu et Passeron : « la distinction » (1979).

L’espace social est composé de :

- L’espace social traditionnel, la position sociale officielle, que tout le monde connait.

- L’espace des positions sociales (conditions objectives de vie). Ceci dépend de trois « axes » :

o Volume capital, ressources

o Structure du capital

� Capital économique, la richesse au sens usuel du terme

� Capital culturel, c'est à dire les acquis culturels acquis ou hérités, présence

de parents cultivés, …

� Capital relationnel, avantages des contacts avec les autres groupes

o Positions objectives, c'est à dire savoir si l’évolution du groupe sociale est

ascendante, descendante ou stable.

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15 Première quadrimestre – Année académique 2012 - 2013

- L’espace symbolique (styles de vie, expressions subjectives de vie, activités culturelles)

La reproduction sociale

Les deux derniers espaces se renforcent mutuellement, et c’est la même idée que dans l’héritage :

violence économique et symbolique sont liées. La culture (3e espace) est l’outil qui permet le passage

d’une classe à l’autre (2e espace).

Ceci explique le titre et le sous titre du livre :

- Titre : La distinction. Tous les groupes sociaux tenteront continuellement de maintenir l’écart

des autres au moyen de leurs pratiques culturelles, styles de vie et pratiques de styles

(violence symbolique). Concrètement, cela signifie qu’on est effectivement déterminé dans

une certaine mesure, mais qu’on peut se distinguer sur les petites choses culturelles.

- Sous-titre : la critique sociale du jugement de goût. A priori, le goût, le rapport à la culture,

les préférences littéraires, … ne devaient pas pouvoir s’expliquer, mais trouve une réponse

dans le livre en montrant à quel point les agents s’investissent dans la reproduction sociale.

« Les stratégies de reproduction [sont] l’ensemble de pratiques [...] par lesquelles les individus ou les

familles tendent, inconsciemment ou consciemment, à conserver ou à augmenter leur patrimoine et,

corrélativement, à maintenir ou à améliorer leur position dans la structure des rapports de classe. »

La lutte contre le néo-libéralisme Néo-libéralisme :

- Pensée économique qui considère le capitalisme comme modèle unique et valable, et qui

considère la globalisation de l’économie comme un système supérieur à celui des états.

- Revendication politique qui prône une intervention limitée de l’état.

- Date de 1980, et a désagrégé l’idée de l’Etat-providence pour le remplacer par l’Etat

d’accompagnement

Lutter contre le néo-libéralisme, c’est lutter pour le maintient des droits sociaux et des services

publics, et contre l’emprise de l’économie capitaliste mondiale. La sociologie critique lutte en

dévoilant les intérêts et connivences qui motivent les discours des structures déterminantes. Résultat

de cette « chirurgie analytique », la publication de petits livres appelés « Raisons d’agir » (sorte

d’encyclopédie populaire des questions d’actualité liées au néo-libéralisme).

Quelques définitions apportées par la socio critique dans le cadre de sa lutte contre le néo-

libéralisme :

Déterminisme : les actions sont déterminées par des structures, lois et mécanismes dont les acteurs

ne sont pas toujours conscients. Mais cela ne veut pas dire qu’on ne peut pas critiquer des gens en

particulier pour la façon dont ils contribuent aveuglément à perpétuer la domination.

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16 Première quadrimestre – Année académique 2012 - 2013

Positivisme : séparation entre la science de la politique, fait de faire des analyses objectives. Mais

cela ne veut pas dire qu’on ne peut pas faire ces analyses là où elles font mal, là où elles démasquent

le pouvoir en place. Il peut donc y avoir objectivité et ambition politique.

Structuralisme : de récits purement théoriques qui ne portent que sur des structures abstraites. La

sociologie critique montre qu’au contraire, c’est à partir de l’analyse empirique, du terrain et des

faits concrets que des structures peuvent être dégagées. Il faut faire du terrain.

Le pouvoir de la vérité La sociologie critique se permet de critiquer (les acteurs, qui ne savent pas ce qu’ils font,…) car elle a

confiance en un réel pouvoir mobilisateur de la vérité qu’elle dévoile ainsi.

La confiance de ces sociologues dans la vérité vient du fait que ce n’est pas cette vérité mais bien

l’ignorance qui amène la fatalité. La connaissance de la vérité est une condition principale de

l’émancipation.

« C’est en objectivant ce que je suis que je me donne quelque chance de devenir le sujet de ce que je

suis […] la seule liberté véritable est celle que donne la maîtrise réelle des mécanismes qui fondent la

méconnaissance collective »

L’interactionnisme symbolique

La deuxième école de Chicago

Les origines

Chronologiquement : Burgess & Park (1ère École) > Sutherland & Hughes (transition) > Becker &

Goffman (2ème école).

Sutherland a une grande influence sur la seconde école de Chicago, et sur Goffman. Il a été rendu

célèbre pour son travail d’observation dans un milieu particulier : les voleurs de Chicago. Dans son

ouvrage, il parvient à montrer la cohérence d’un milieu qui parait si immoral de l’extérieur. Le point

important est que Sutherland ne juge pas la société qu’il analyse, il ne fait que rapporter. 2 apports

de Sutherland à la sociologie :

- Il a montré au monde que l’étude de chaque milieu, de l’intérieur, se révèle riche en

apprentissages.

- Il a déclaré que la sociologie devait être anti-normative (ne pas voir les choses comme on

voudrait qu’elles soient). Le sociologue doit aborder le terrain sans préjugés.

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17 Première quadrimestre – Année académique 2012 - 2013

Dans « The outsiders » (1963), Becker travaille en parallèle avec « Asiles » de Goffman. Cela apparait

en trois éléments dans Asiles :

- Notion de carrière : l’individu qui rentre dans un milieu y a une carrière, c'est à dire une

trajectoire sociale (se faire accepter) et technique (apprendre le savoir-faire).

- Même dans les milieux « déviant » (délinquants pour Becker, handicapés mentaux pour

Goffman), il y a un code social.

- Les marginaux ne le sont que dans le regard des autres. Une pratique n’est pas, dans son

essence, anormale, mais elle peut être stigmatisée par les gens qui ne la comprennent pas.

Contexte et caractéristiques de la seconde école de Chicago

Nous sommes à la fin de la seconde guerre mondiale, et celle-ci a changé le visage américain. En

effet, avec l’avènement du fonctionnalisme (idée selon laquelle les comportements collectifs

remplissent nécessairement une fonction dans la société), il n’est plus question d’éviter la question

du rôle de l’individu dans la société.

Le fonctionnalisme, l’adaptation de l’individu à la société et l’intérêt pour la modélisation ont pris de

l’ampleur par rapport à l’étude du milieu, et l’école de Chicago est devenue minoritaire.

La première école avait évité la question de la place de l’individu par rapport à la société en

proposant une vision alternative où tout est affaire d’agrégation, de régions morales et d’aires

naturelles, mais ce n’est maintenant plus possible.

La seconde école va donc rompre avec la première sur cette question. Dans « Asile », Goffman va

démontrer que chacun ne se complaît pas au rôle qu'on lui attribué et ainsi faire face au

fonctionnalisme. Il va le combattre d’autres façons également, cf. ci-dessous.

Les points communs entre les deux écoles de Chicago :

- Prédilection pour l’empirisme, l’observation et le travail sur le terrain

- Intérêt pour la différence et la déviance, considérant la déviance comme étant le résultat

d’un processus d’étiquetage.

Asiles, une pensée et des sensibilités collectives [cf. lecture

obligatoire] Le livre est publié en anglais en 1961, Traduit en 1968. Il est précédé de « La mise en scène de soi

dans la vie quotidienne » (1957) et précède « Les outsiders » (1963). Ce livre constitue une

immersion sur le terrain, et a donc beaucoup d’importance pour les chercheurs de Chicago,

particulièrement de la deuxième école.

Il y a un parti pris dans le livre en faveur des reclus, car Goffman estime qu’on a trop entendu la

version des médecins.

Ce livre est basé sur trois types de matériaux :

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18 Première quadrimestre – Année académique 2012 - 2013

1. Travail sur le terrain : Goffman avait déjà fait un mémoire sur les asiles et sur les communautés

isolées (Iles Shetland notamment) avant de rédiger son livre. De plus, il va vivre avec sa famille dans

l’hôpital St Elizabeth pendant 3 ans, à Washington. Il l’appelle l’hôpital central dans son livre. Il

constate alors le problème dans les compétences des psychiatres : détendant tous les aspects de la

vie des patients, il les discrédite, puis il instaure sa thérapie. (Voir p 212-213)

2. Littérature secondaire : ce qui est atypique dans le cas de Goffman est qu’il utilise tous les

témoignages (pas seulement les académiques) afin de capter les nuances et les atmosphères.

Goffman utilise aussi les parties romanisées. La devise des chercheurs de Chicago est d’avoir un

maximum d’imagination pour pénétrer une atmosphère.

3. Les autres chercheurs : Goffman base son ouvrage sur les études et réflexions menées par des

amis-collègues. Il est en contact permanent avec eux durant son étude.

Goffman sort une ébauche de son texte en 1950, qui est encore très classique. C’est alors qu’il

propose de comparer les asiles aux autres institutions totales, et il donne les points communs des

institutions totales : interdiction de sortir, obligation de se tenir à un règlement, appartenance à une

institution qui prend en compte tous les besoins. L’asile a pour objectif de tuer la personnalité des

reclus.

Ce livre est indéniablement issu de l’école de Chicago. Goffman défend longuement sa manière de

travailler dans l’introduction. Fin de l’intro : (p 42) Goffman explique qu’il va étudier séparément

chaque concept « Je pense qu’à l’heure actuelle l’usage le plus adéquat des concepts sociologiques

consiste à les saisir au niveau même de leur meilleure application, puis à explorer le champ complet

de leurs implications et les contraindre de cette façon à livrer tous leurs sens. ».

Les trois concepts de « Asiles » sous présentés sous forme d’études :

Etude 1 Les caractéristiques des institutions totales Cette étude est présentée en deux parties : d’abord la structure point par point, ensuite trois extraits

représentatifs, analysés (zooms).

Articulation et structure de l’argumentation.

L’idée générale est de comprendre comment une vie sociale peut se créer, contrainte par le binôme

reclus � personnel. En effet, ces deux mondes (« ethos ») se créent en opposition l’un à l’autre

(p.165). L’argumentaire est structuré de manière binaire : l’univers du reclus et l’univers du

personnel. Ensuite viennent quelques éléments d’articulation entre ces deux univers.

L’univers du reclus

Il y a 8 points argumentaires qui se suivent de façon logique :

1) La culture importée « presenting culture », qui était valable à l’extérieur de l’institution, n’est

pas supprimée, mais l’institution rend sa reproduction impossible. Elle exploite la tension

entre monde extérieur et intérieur à son avantage.

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19 Première quadrimestre – Année académique 2012 - 2013

2) Procédés de mortification « People work », c'est à dire l’action d’empêcher directement (par

les bizutages, les inconforts) ou indirectement (voir dans la conclusion, l’anxiété) la personne

d’exprimer sa culture de départ dans l’institution, impliquent une modification du « soi »

appelée carrière morale. � Voir zoom 1

3) Idem

4) Idem

5) Cette carrière mène le reclus à réorganiser son « soi ». Il abandonne ainsi sa culture importée

au profit d’une adaptation à l’institution. La charpente du nouveau « moi » est le système

des privilèges.

6) Le reclus tente de se positionner entre les deux grandes forces : mortification et système de

privilèges. Les réponses possibles sont diverses : repli sur soi, intransigeance, installation,

conversion, ou un compromis entre ces options.

7) Caractéristiques de ce nouveau « soi » :

a. Sentiment d’échec personnel � Egocentrisme

b. Temps perdu, arraché à la vie � le reclus « glande », démoralisé

c. Rupture entre l’agent (sens d’agir) et l’action (efficacité) � perte d’autonomie

8) Du fait de la déculturation et de la peur de quitter « le sommet de son petit monde » pour

rejoindre « les bas fonds d’un univers plus vaste », et par conséquent des caractéristiques du

nouveau « soi », le reclus a une anxiété de revenir dans la vie civile.

Le résultat durable n’est pas la réorganisation, ni la mortification, mais bien l’anxiété vis-à-vis

du monde extérieur. Dès lors, on considère que les IT tuent le « moi » par cette anxiété.

L’univers du personnel

1) Par ailleurs, les membres du personnel sont tenaillés entre des logiques d’institutions très

différentes qui rentrent en contradiction logique d’humanité, d’éducation (officielle) ><

logique de gestion des groupes (officieuse).

2) Puisque chaque institution a une conception fonctionnaliste de la vie morale, la morale est

au service d’une fin. En d’autres termes, elle s’invente une propre morale et les membres du

personnel y ont recours pour justifier les actions qu’ils posent. On attribue des présupposés à

l’autre pour justifier le fait qu’on le maltraite.

Reclus � personnel

1) Cérémonies institutionnelles (par exemple journal intérieur, thérapies de groupe, fête, visites

d’inspection, compétitions sportives) qui sont faites pour créer un rapprochement intérieur.

Même si ces rencontres ne sont que des mises en scènes qui ne créent aucune cohésion, ces

cérémonies montrent que les rôles dans l’institution ne sont que des masques qui peuvent

tomber � Voir zoom 2 et 3

2) Qualifications et conclusions :

a. d’autres qualifications peuvent être apportées au sein de chacun des deux groupes,

et qu’il y a donc des sous-groupes au sein des IT. D’autre part, la conclusion porte sur

la démarche idéal-typique, traitée plus loin dans le cours.

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20 Première quadrimestre – Année académique 2012 - 2013

b. Par les procédés de mortification, les IT rompent le rapport entre l’agent (sens d’agir)

et l’action (efficacité). Ceci ne tue pas forcément le moi, mais créent une perte

d’autonomie et donc de l’anxiété (vis-à-vis de l’extérieur).

Les 3 zooms sur l’interactionnisme symbolique

Zoom 1

p. 91 – 92 : dans cet extrait, l’interactionnisme symbolique montre que la sociologie peut et doit

s’intéresser à l’individualité, à la personnalité et aux sentiments. La personnalité exprime le rapport

de l’individu à soi et au reste du monde, et ainsi, elle est un phénomène social, sociologique. Il y a

deux manières de considérer l’individu : l’approche symbolique défendue par Goffman (c’est une

approche basée sur axée sur le pouvoir des interactions et des symboles) et l’approche behavioriste

(c’est une approche basée sur le pouvoir des stimuli et des réactions physiologiques). Pour plus

d’infos, vois les pages 47-48.

Zoom 2

p. 155 – 156 : deux éléments importants de l’interactionnisme symbolique :

- Toute réalité est mise en scène et toute mise en scène est réalité � Rupture entre sociologie

américaine et européenne. Même si une mise en scène ne se veut qu’un paravent, elle aura

eu des vrais effets substantifs sur réalité (effets sur quelques reclus qui participent à la mise

en scène, ou variantes dans le quotidien).

- On ne montre jamais tout, mais on ne cache jamais tout non plus, mais aucune scène n’est

plus vraie qu’une autre.

Zoom 3

p. 160 – 163 : il s’agit de la conclusion de la partie consacrée aux cérémonies institutionnelles.

- Goffman définit l’interactionnisme symbolique comme une approche constructiviste, c'est à

dire que les catégories d’identité et de perception n’existent pas en tant que telles sans

interactions. Elles ne survivent pas isolées.

- Goffman s’oppose explicitement au fonctionnalisme (donc à Durkheim) en disant que les

cérémonies institutionnelles (vues ci-dessus) ne rétablissent pas la cohésion sociale. Au

mieux, elles favorisent le maintient de soi la survie du moi au moyen de variations et de

relâchements de rôles (« identity jokes »). Celles-ci témoignent du caractère tout à fait

volatile des étiquettes/ identités projetées les uns sur les autres. Cela pose les bases de

l’interactionnisme symbolique.

Dans cet extrait, Goffman prétend que l’institution encourage l’hypothèse que les reclus et le

personnel sont deux races différentes. C’est parce que les aspects identitaires (rôle, devoir) sont

poussés à l’extrême qu’il n’y a pas de cohésion sociale.

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21 Première quadrimestre – Année académique 2012 - 2013

C’est donc un exploit que de mettre en scène ces deux « groupes sociaux » si différents. Les

cérémonies sont là pour rappeler qu’il n’y a en fait aucune différence à priori, par nature, entre les

gardiens et les malades.

La démarche idéale-typique : conclusion de la première étude

Goffman fait une réflexion à propos de sa propre démarche.

La méthode idéale-typique et a été inventée par Max Weber. La méthode idéal-typique consiste à

dégager les traits communs de plusieurs éléments dans l’espoir d’ainsi mettre en lumière les

différences spécifiques.

Cette technique, appliquée aux hôpitaux psychiatriques, donne une définition d’institution totale qui

est « institution qui prend en charge toutes les facettes de la vie quotidienne ». De là, on peut créer

une liste dénotative (=rassembler des éléments qui présentent une ou plusieurs caractéristiques

similaires), en vue de différencier plus facilement les IT et y distinguer l’hôpital psychiatrique.

En effet, habituellement, l’hôpital psychiatrique est interprété sous l’angle de la maladie et de la

thérapie. Cependant, au moyen de cette technique, il a su analyser l’hôpital psychiatrique d’un autre

angle que l’angle médical habituel � il se détache de la norme de l’institution pour l’aborder dans

un ensemble plus large.

Nb. : La liste d’institutions n’était là que pour trouver les caractéristiques communes avec l’hôpital,

mais ce n’est pas pour autant que ces caractéristiques sont des lois d’identité. Aucun des caractères

communs des IT ne s’applique aux seules institutions totalitaires et aucun ne se trouve partagé au

même titre par chacune.

Etude 2 La carrière morale du malade mental

Développer une intuition

Cette deuxième étude explore la carrière morale en tant que conséquence de la relation avec la

tierce partie. Celle-ci se compose de la famille d’une part, et de la société tout entière d’autre part.

Nb. : la carrière est une trajectoire morale, c'est à dire la perception de moi-même et des autres

évoluant au fil du temps.

Lien avec la sociologie de la première école de Chicago : (p.182) « quand on étudie les hôpitaux

psychiatriques de suffisamment près, on finit très souvent par se rendre compte que le

« comportement anormal » attribué aux malades résulte pour une grande part, non de sa maladie

mais de la distance sociale qui sépare ce malade de ceux qui le déclarent tel. »

La carrière morale d’un malade passe par trois grandes phases. La dernière, la phase post-

hospitalière, n’est pas abordée ici.

Phase pré-hospitalière

: c’est généralement une faute qui pousse le malade à intégrer l’hôpital, généralement contre son

gré, poussé par un proche. La relation entre le reclus et ses proches subit les effets de l’internement,

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22 Première quadrimestre – Année académique 2012 - 2013

ce qui donne lieu à des rapports modifiés. Il s’agit ici de décrire les effets suscités. Cette relation sera

altérée par le sentiment de trahison ressenti par le reclus.

Avant d’intégrer l’institution, le malade n’a à peu près aucune idée de comment les choses vont se

passer, mais dès qu’il sera maintenu contre son gré à l’hôpital, ses proches et le personnel lui

expliqueront combien les épreuves qu’il traverse sont justifiées. Cette justification se fera au moyen

d’une reconstitution psychiatrique de son passé, de telle façon que son arrivée à l’hôpital soit la

conséquence logique d’une suite d’événements « habituels ». Ceci influence énormément la

perception de soi.

Phase hospitalière

Prenant conscience d’avoir été trahi par la société et par ses proches, le reclus encaisse difficilement

le poids de ce nouveau milieu, et procède à une distanciation par rapport à l’institution.

Le reclus est humilié par les règles de l’institution, cherche à « s’inventer une vie » pour justifier plus

à son avantage sa présence dans un hôpital. Le personnel utilise ces allégations fausses contre les

malades eux-mêmes, cruellement, à tel point que les notes prises par le personnel seraient jugées de

scandaleuses ou diffamatoires par un profane.

FLUCTUATIONS SOCIALES

Le statut du malade est déterminé par sa présence dans tel ou tel quartier. Il faut savoir que chaque

changement, comparé à une vie « normale », représentent le passage de la classe inférieure à la

classe supérieure ou l’inverse. Or, chez le reclus, ce changement peut intervenir parfois 4 ou 5 fois

par an, ce fait perdre de l’importance à chaque changement.

Ces fluctuations sociales ont en général pour origine des raisons disciplinaires, même si elles sont

justifiées d’un point de vue médical « officiel », qui sauve l’image de l’hôpital, maison de

réadaptation sociale.

Le reclus constate que son comportement est soumis à un examen moral permanent, et du coup il

s’adapte : il ne forge plus son « moi » sur l’opinion que les autres ont sur lui, c'est à dire son « moi

idéal », mais il construit une image défendable du moi, en se basant sur les critères de l’institution.

Par conséquent, l’individu joue un rôle auquel il n’adhère pas dans le fond. Cette façon d’agir est

appelée « auto-destructrice » par la société.

« MOI » ET L’INSTITUTION

Pour chaque reclus, une série d’événements marquent un tournant dans sa façon de se voir et

d’appréhender le monde. Cette évolution s’appelle la carrière morale. Elle s’élabore dans les limites

d’un système institutionnel, à tel point qu’on peut affirmer « (p.224) le moi semble ainsi résider dans

les dispositions d’un système social donné, à l’usage des membres de ce système. En ce sens, le moi

n’est pas la propriété de la personne à qui il est attibué mais relève plutôt du type de contrôle social

exercé sur l’individu par lui-même et ceux qui l’entourent. Ce type de dispostition institutionnelle

soutinet moins le moi qu’elle ne le constitue.

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23 Première quadrimestre – Année académique 2012 - 2013

CONCLUSION

Il y a deux conséquences de la dégradation des règles fondamentales pour un individu intégré à un

système donné :

- Fluctuation de la confiance du malade envers ses proches

- L’individu a des moyens de défense pour présenter une certaine image de lui-même aux

autres et à l’institution. Ces moyens de défense sont systématiquement détruits par l’IT.

On a tendance à croire que dans une telle situation, l’individu va simplement changer d’image de soi,

mais en fait, il va « (p. 225) pratiquer devant tout le monde l’art parfaitement amoral de

l’impudeur. ».

Etude 3 : affirmer la nouvelle approche Le thème de cette étude la distance prise par l’interné vis-à-vis du rôle et de l’identité qui lui est

attribuée par l’institution. Deux découvertes de Goffman :

- Les institutions véhiculent des présupposés à propos des internés que ceux-ci peuvent se

refuser d’adopter, ce qu’ils font le plus souvent, et de manière active. Ce refus tangible se

manifeste sous forme de récalcitrance, qui se jouent le plus souvent à la marge, dans de

petits gestes.

- Ces refus actifs peuvent avoir l’air de « consolider » le système par adaptation détournée,

mais ils créent bel et bien des fissures et des lieux de relative liberté.

Notons que cette distance n’est pas forcément prise par rapport à l’activité en tant que telle, mais

par rapport au personnage prescrit.

Ici, Goffman s’oppose au fonctionnalisme, en montrant que l’individu a une marge de manœuvre par

rapport au personnage imposé, et qu’on peut influencer notre vision du « soi » grâce à cet

éloignement.

Structure :

Ce que l'on fait et ce que l'on est (229 – 262)

Le thème de l’étude est décrit (voir ci-dessus).

Le cadre d’étude que constituent les institutions totales est décrit : elles sont isolées et ont des fins

propres. Cela la rend particulièrement intéressantes pour l’étude en cela que les membres doivent

accepter la définition du « soi » et se mettre en scène.

La vie clandestine de l’hôpital (263 – 356)

ADAPTATION PRIMAIRES ET SECONDAIRES

1) Les adaptations secondaires sont toutes les dispositions (moyens) qui permettent d’arriver à

des fins non-autorisées, en s’éloigne ainsi du personnage voulu par l’institution, malgré les

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24 Première quadrimestre – Année académique 2012 - 2013

apparences. Au contraire, dans les adaptations primaires, le reclus joue le rôle voulu et

contribue ainsi à la stabilité de l’institution.

2) Les adaptations secondaires évoluent dans le temps et l’espace, selon la situation. Ce qui est

une adaptation primaire ici est peut-être une secondaire là-bas.

3) Il y a deux types d’adaptations secondaires :

a. L’adaptation retenue, « intégrée » ou « pratique », le reclus ne s’oppose pas à la

vocation de l’institution, mais cherche simplement son propre confort.

b. La rupture ou « adaptation désintégrante », le reclus s’oppose à l’institution et

cherche à l’endommager.

4) Malgré ce que dit l’institution, ces pratiques existent (même au sein du personnel). L’asile

étant un lieu disciplinaire au même titre qu’une prison ou toute autre institution totale, ces

adaptations ont une importance capitale.

LES MATÉRIAUX ; TERRAINS DE MANŒUVRE ; CONDITIONS DE FONCTIONNEMENT

Ces chapitres concernent les moyens « matériels » utilisés pour mettre en œuvre des telles

adaptations.

LA STRUCTURE SOCIALE

Ce chapitre décrit les dispositions mises en place pour les adaptations secondaires.

Pour obtenir un confort ou des biens supplémentaires, le malade aura recours à plusieurs types

d’échanges :

- Par échange économique : au moyen d’argent ou en troquant. Ceci compte aussi pour le

travail pour l’institution, qui est rétribué en fonction de la qualité du travail fourni.

- Par échange social : don au sein d’une équipe d’amis, pour le flirt pour obtenir la protection,

- Par la contrainte individuelle : l’individu obéira pour ne pas se faire ennuyer, pour se faire

des amis

L’organisation de l’institution elle-même fixe une structure sociale en deux axes :

- Les quartiers, qui déterminent le niveau de bien-être du malade

- Les affectations

Deux réserves doivent être faites par rapport à ce chapitre :

- Il faut savoir que la somme des adaptations secondaires est quand même assez restreinte.

- Puisque les adaptations secondaires sont basées sur des structures officieuses qui

demandent le contrôle d’un autre individu et/ou d’un membre du personnel, elles ne sont

pas stables. En effet, il y a peu de solidarité entre les individus dans ce milieu.

Conclusions (357 - 374)

QUATRE « PETITES CONCLUSIONS » :

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25 Première quadrimestre – Année académique 2012 - 2013

1. Etablissement social créé une version officielle de ce que doivent être les membres � Refus

des membres de s’identifier à cette version, aspiration à la liberté � Vie clandestine,

récalcitrance, adaptations secondaires. Chaque organisation formelle aura toujours des lieux

d’organisation informelle.

2. Les adaptations primaires et secondaires sont des procédés qui représentent plus qu’une

simple adaptation prévue par l’institution, par le fonctionnalisme : elles sont la faiblesse de

l’institution. Elles ont pour but de donner une consistance à la vie du reclus.

a. Adaptations primaires : en luttant avec des armes « primaires » contre l’institution,

elle ripostera (pour les handicapés, en dégradant leur « note de santé »).

L’adaptation primaire qu’attend l’institution est donc la docilité, l’assiduité.

b. Adaptations secondaires : elles apparaissent ainsi comme la seule solution

« confortable » de se créer un « moi ».

Les marges de liberté que représentent les adaptations secondaires viennent du décalage

entre les exigences d’efficacité (exigence de la gestion de groupe) d’une part et les exigences

de la thérapie d’autre part (considérant la thérapie et la discipline comme deux réalités

opposées).

3. Dans le processus de création du « moi », on assiste à une sorte de jeu contre l’institution où

le but est de marquer des points grâce aux adaptations secondaires. Certains vont même

jusqu’à la suradaptation en suivant une passion (sport, religion,…).

4. Souvent, les adaptations secondaires n’apportent pas de confort en soi. Leur enjeu est plutôt

l’aspiration à l’autonomie et préserver le « moi ». Tout l’art consiste à affirmer son identité

sans dépasser les règles (ironie, fierté, indifférence, par exemple défier les gardiens « dans le

regard »). Le seul enjeu est l’autonomie et la reconquête de soi.

LA GRANDE CONCLUSION

- Comment résoudre la question des adaptations secondaires ?

Explication facile : les reclus ont des besoins originels ou acquis � l’institution refuse de les

reconnaitre aux reclus � les adaptations secondaire sont un moyen de défense accessoire.

Cependant, pourvu qu’on les étudie vraiment de l’intérieur, on constate que l’institution sociale,

quelle que soit l’institution sociale (même la moins contraignantes) il y a toujours des individus qui

établissent des défenses pour mettre de la distance entre ce qu’ils sont vraiment et ce que les autres

aimeraient qu’ils soient.

- Pourquoi ?

Parce ces adaptations ne sont pas un élément accessoire mais un élément essentiel du moi. Donc,

l’origine de ce comportement n’est pas dans l’institution (= ce que prétend le fonctionnalisme) mais

dans l’individu.

Les sociologues fonctionnalistes n’étudient que l’individu par rapport à son statut (c'est à dire son

rôle dans la société). Ils basent leurs lois sur des situations dans lesquelles « everything is just right »,

là où l’individu fait exactement ce qu’on attend de lui. Cela mène à des hypothèses irréelles faites à

partir d’observations faussées.

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26 Première quadrimestre – Année académique 2012 - 2013

- Comment l’individu se construit-il ?

a) L’individu construit sa personnalité à l’aide de sa subjectivité. Cela signifie qu’il se construit

plus à travers les autres qu’à travers la société

b) Il est un être de distanciation, c'est à dire :

- capable d’adopter une position intermédiaire entre l’opposition et l’identification à

l’institution

- à la moindre pression, il peut réagir en modifiant son attitude pour retrouver son équilibre

Le « soi » se construit en s’opposant à des obstacles. Cependant, l’absence d’obstacles serait

certainement plus douloureuse encore.

Ce modèle peut sans doute se traduire à notre société libre : « notre statut est étayé par des solides

constructions du monde, alors que le sentiment de notre identité prend souvent racine dans ses

failles ».

Champ et héritages actuels Pour Goffman, la construction de soi à travers les autres (et la capacité à résister qu’offre cette

construction) est beaucoup plus importante que le milieu, le groupe ou l’institution. En effet, tout

individu aspire à la liberté, c'est-à-dire qu’il désire fabriquer un moi satisfaisant.

Goffman ne perçoit pas d’intérêt dans l’étude du caractère contraignant de la société (le rôle de

l’individu,…) pour lui préférer l’étude de la construction du moi.

Même si Goffman ne revendique pas cette étiquette, « La vie clandestine d’une institution totale »

voit l’éclosion de l’interactionnisme symbolique. Le côté innovant de cette doctrine consiste à dire

que le registre objectif (ce que l’individu est réellement) et le registre subjectif (ce qu’il pense être)

sont tous deux réels ; ainsi, la sociologie peut se permettre d’étudier la construction du moi, et

l’aspiration à la liberté à travers toutes les petites histoires du quotidien sans verser dans le

psychologisme.

« En un mot, Goffman a introduit des fissures quand la sociologie ne parlait plus que de blocs. »

Présentation d’Ariane d’Hoop.

Introduction

Asiles est un ouvrage incontournable quand on retrace l’histoire de la psychiatrie, puisqu’il a donné

ses lettres de noblesse au mouvement antipsychiatrique par sa remise en cause des procédés. Plus

précisément, il a accusé les procédés psychiatriques de l’époque de provoquer l’anxiété des malades,

de mortifier leur personnalité

Goffman n’est pas le seul sociologue à s’intéresser à la déviance mentale. Foucault est également

réputé pour ses travaux : « la folie à l’âge classique ».

Impacts

Le livre a un impact sur la sociologie et sur les procédés psychiatriques de l’époque :

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27 Première quadrimestre – Année académique 2012 - 2013

- Sociologie : il centre l’étude de la société sur l’individu, en disant que sa personnalité se

fondait non pas sur le poids de la société mais sur ses interactions avec les autres individus.

- Psychiatrie : le débat continue, mais il y a eu une évolution.

Changements sur la forme :

o morcellement de l’institution entre différentes structures, plus adaptées au malade.

o Fin des milieux fermés au profit des milieux ouverts, avec des structures diversifiées

o Fin de la hiérarchisation en quartiers

o le reclus est appelé usager.

o l’opinion, la subjectivité des patients est prise en compte, en vue de le rendre maitre

de sa propre trajectoire (= intégration de la notion de carrière morale).

o Des assistants sociaux se joignent au personnel soignant, pour faire le lien avec « la

vie du dehors », apprendre au malade comment réagir aux interactions en société.

Changements sur le fond :

o Malade poussé à l’autonomie

o On a constaté que le système ambulatoire n’est pas systématique (pas pragmatique)

o La notion de carrière morale a été intégrée

Ces deux impacts sont en fait liés, puisque c’est la perspective interactionniste de l’individu qui mène

à la lecture « sociale » de la maladie. Désormais, les interactions constituent la fin et le moyen du

traitement.

La sociologie de la traduction

La sociologie de la traduction étudie les réseaux d’action.

Un réseau d’action est le résultat d’un processus de fabrication de quelque chose par une

transformation collective (par exemple, fabriquer une ville, un sondage,…). Tout ce qui influe sur ce

qui circule (tous les acteurs, qui ne sont pas forcément humains) fait partie du réseau d’action.

Latour considère que l’ensemble de la société est le produit d’un réseau d’action. C’est une vision

horizontale, et pas hiérarchique, de la société.

La traduction est le processus de transfert de l’action d’un milieu à l’autre, transfert au cours duquel

il subit des transformations.

Ensemble de traductions L’ACTION CIRCULE (ENJEU)

Ce qu’elle n’est pas :

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28 Première quadrimestre – Année académique 2012 - 2013

- D’une part, la sociologie de la traduction a pour enjeu de contrer le déterminisme donc aux

structurants, mécanismes (« l’au-delà » durkheimien n’existe pas). Il ne faut pas chercher la

cause de la dynamique sociale en dehors de la conscience individuelle. Cette sociologie veut

libérer les acteurs du poids de la société et des vérités structurelles.

- D’autre part, la sociologie de la traduction n’est pas libérale non plus (il ne s’agit pas de s’en

remettre entièrement à l’individu).

Ce qu’elle est :

Comme les autres sociologies, cette école étudie les phénomènes collectifs. Le résultat des

phénomènes collectifs sont des exploits collectifs, dont aucun acteur n’est maitre. Néanmoins,

aucun n’est éliminé du bilan final, et les consciences individuelles ont donc leur importance car elles

portent l’action collective !

Nb. : Est appelé acteur tout ce qui fait une différence dans la situation (humain ou pas).

Méthodologie

Le chercheur doit donc considérer les réseaux d’actions, les émergences collectives sans jamais se

référer à un au-delà. Il essaye de suivre ce qui lie les acteurs, car il n’y a rien au-delà.

Les phénomènes collectifs sont des traductions (= passage de l’action collective d’un acteur à

l’autre, en subissant des distorsions à chaque fois).

LE SOCIAL RELIE (OBJET)

1. Multiplicité des êtres : La socio de la traduction envisage des réseaux collectifs qui impliquent

tous les acteurs qui font une différence dans la situation, qu’ils soient humains ou non. C'est

à dire que tout animal, plante,… est désormais digne de l’attention des sociologues. En effet,

le social relie les hétérogènes (pas seulement enchaîner les traductions). En effet, le contact

d’humain à humain a souvent des intermédiaires comme un GSM, un microphone,…

« Nous ne savons pas qui agit lorsque nous agissons ». L’action peut être dans l’objet.

L’estrade implique le rapport de force, la route implique la direction et la discipline,… ça a

pour origine un autre individu qui a fait ce choix de mettre une route là. Nous sommes dans

le même réseau.

2. Force du réseau : remplace la force sociale comme réalité agissante supraindividuelle. Un

réseau en lui-même a de l’intelligence, un savoir et une force qui existe et a un effet. Les

gestes posé par les acteurs est le seul moyen de déceler cette force. La force d’un réseau

collectif émane du réseau, contrairement à la force sociale qui agit en arrière plan,

transcendante.

Nouvelle définition de la société : réalité agissante qui « colle » ensemble les éléments hétérogènes

qui interagissent.

REPEUPLER LA SOCIOLOGIE (EFFET, INTENTION)

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29 Première quadrimestre – Année académique 2012 - 2013

Donc, "l’enjeu = éviter le déterminisme", et "l’objet = l’intérêt pour le réseau d’action, les existences

hétérogènes et la force propre des réseaux ".

Méthodologie

Les sociologues mèneront leurs recherches en se fiant plus aux indigènes qu’aux sociologues, car :

- Les individus ont une grande importance, ils composent le réseau

- Tous les terrains sont intelligents, ont une légitimité propre. De ce fait, le changement se fera

petit à petit, en prenant des éléments ci et là.

Le sociologue s’intéresse au réseau d’action en s’intéressant aux reliures entre les êtres hétérogènes,

pratiques et savoirs qu’on y trouve, et en dégageant ainsi les forces qui s’en dégage (pratiques,

savoirs).

Refaire de la sociologie & Paris ville invisible La sociologie de la traduction trouve son portrait pratique et théorique dans le Changer de société :

Refaire la sociologie (2006). Paris, ville invisible (1998) traite les mêmes questions et ces deux livres

permettent de se comprendre l’un l’autre.

LOCALISER LE GLOBAL

Des abstractions universelles sont nécessairement localisées dans les actions et les pratiques locales.

Cela implique une sorte de hiérarchie entre global et local dans une approche horizontale (en jouant

sur l’extension et la densité des réseaux d’action). Il y a donc deux réseaux d’action extrêmes :

- Le global est celui qui a réussi à créer des circuits tels que les propositions peuvent voyager

sur de grandes distances et faire preuve d’autorité sans devoir s’adapter. Les vérités qu’il

produits sont robustes et valables dans plusieurs contextes. Il est bien outillé, bien

expérimenté, bien établi. Exemple : La science, les mythes, l’économie…

- Le local est dépourvu de tels circuits, et ne fait circuler ses propositions que sur des courtes

distances. Il est à la merci de changements, d’influences. Exemple : apparition divine dans un

groupe de pèlerins.

Le global n’englobe pas le local, comme une poupée russe. Il n’est pas forcément surplombant, tout

puissant. Au contraire, les deux types de réseaux coexistent et agissent en parallèle.

Tous les réseaux d’action comprennent ces trois éléments de théorie :

- Le « référent circulatoire », l’action qui circule et reste stable d’une étape à l’autre de l’action

(exemple : le prix du café, les prévisions météo,…)

- Les « médiateurs », les acteurs neutres qui interviennent dans l’action (le micro, la table,…)

- La « totalité partielle », on peut capter l’entièreté d’une société, tant qu’on accepte qu’on ne

voie qu’un angle d’une société à la fois. (exemple : la sécurité contre la violence à Bruxelles

est assurée par le commissariat. Par ailleurs, la sécurité contre les incendies est assurée par

les pompiers. Aucun des deux réseaux n’a le monopole de la sécurité à Bruxelles). La

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30 Première quadrimestre – Année académique 2012 - 2013

sociologie prétend donc pouvoir étudier tous les sujets, mais avec à chaque fois un angle

(prémice) différent, pour finalement comprendre l’action collective dans son ensemble.

Donc, même un réseau global n’a pas une vision globale d’un terrain.

L’abstraction (=montée en généralité) ne représente rien de mauvais en soi dans la sociologie de la

traduction. En effet, même si elle passe à côté d’une masse d’informations, elle permet la découverte

de nouvelles choses, car tout savoir comporte l’élimination d’informations et de contexte plus

complexe. Chaque gain de précision implique une perte d’informations. Cependant, dans toute

abstraction, il faut garder à l’œil l’objet de l’étude : le référent circulatoire.

Exemple d’une abstraction :

On étudie le neurone. Dans le cerveau, à l’état brut, il est insaisissable car il est lié à plein de choses.

Cependant, quand on l’isole, en faisant abstraction de ce qui l’entourait, il est plus simple de à

comprendre comment il fonctionne.

En résumé :

- Pas d’au-delà qui détermine l’action;

- Pas de global qui surplombe l’action;

- Pas de contexte qui contient l’action (car le contexte est contenu dans l’action).

PARTIR DES INCERTITUDES

Il ne faut pas trop vite penser qu’on sait de quoi il en retourne. Il ne faut pas que l’enjeu soit déjà

établi avant d’arriver sur le terrain. L’attitude du sociologue est d’avoir une culture de l’incertitude,

et pour ce faire, « changer de société » propose 5 sources d’incertitudes :

I. Quel groupe ? Il faut s’intéresser aux discussions qui concernent la composition du groupe en

tant que résultat de regroupements : Qui a effectivement un impact sur l’action ?quels

porte-paroles, quels meneurs ? Quelle est la place du sociologue dans ce groupe ?

II. Quelle action ? Il faut déterminer la vocation du groupe. Même si les acteurs, seuls, ne la

connaissent pas, il faut les interroger en notant littéralement ce qu’on apprend, pour pouvoir

y revenir lorsqu’on aura un plan global.

III. Quels objets étudier ? Ce qui permet d’établir un rapport durable de domination (et non pas

ce rapport de domination en tant que tel). "Ce" étant la matérialité des outils, qu’il est

possible de discerner lors des innovations dues aux crises ou aux accidents dus aux choses

qui agissent.

En effet, c’est à cause du matériel qui est mis en place pour imposer le rapport de force car

que le rapport de force durable a lieu. Par exemple, s’il n’y avait que les nazis et les juifs, sans

les fils barbelés, les fusils, etc. il n’y aurait pas eu de génocide. Par opposition, les babouins

n’ont pas les moyens de faire perdurer les inégalités, et il y a donc régulièrement des

combats pour trouver le leader.

IV. Quelle description ? Latour veut adopter un nouveau style propre, en évitant les dangers

suivants :

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31 Première quadrimestre – Année académique 2012 - 2013

a. Ne pas substituer avec du jargon scientifique, ou avec du vocabulaire de l’ancienne

sociologie.

b. Ne pas se soumettre au programme des acteurs, c'est à dire ne pas assimiler leur

métaphysique.

c. Eviter les notions vagues au profit des récits précis. Une observation ne peut être

réduite à des termes généraux.

d. Eviter de paraitre purement empiriste en faisant preuve de style, de rhétorique. Il ne

suffit pas d’être descriptif, il faut également exagérer le trait, romancer, tant que

c’est fait avec honnêteté (on ne se pose pas trop la question de l’objectivité ou la

subjectivité).

V. Quelle attitude sur le terrain ? Il faut oser, par courage intellectuel, affirmer l’intérêt des

savoirs et des pratiques observées, et les valoriser. De cette manière, la sociologie de la

traduction s’oppose à la déconstruction, c'est à dire le fait de critiquer sans rien prendre. Un

sociologue courageux prend position, s’engage.

Au contraire, un sociologue lâche pourrait prétendre avoir tout compris mieux que les

acteurs eux-mêmes, et qui ridiculise les faits en les présentant hors de leurs contextes.

Par ce dernier point, la sociologie lutte contre le ressentiment (voir ci-dessous).

Ce qui est nouveau par rapport aux deux autres traditions, c’est qu’il faut accepter le fait qu’on

apprend des autres acteurs. Il faut ainsi se confronter aux « métaphysiques » des acteurs, qui sont

généralement différentes de celles du sociologue. Dans la même démarche, il faut garder ce qu’on

entend sans en changer la forme, parce que changer la forme, c’est déjà interpréter.

Un bon récit doit pouvoir être mis à l’épreuve, résister à la contestation.

Cas concret : lors des manifestations violentes de jeunes en 2005 :

- les sociologues critiques ont prétendu qu’il n’était pas utile d’aller voir sur le terrain parce

qu’on connait déjà le mal-être des jeunes

- les sociologues de la traduction ont fait une interprétation fine des événements en en

dégageant une logique. Ils ont, à l’occasion, critiqué la sociologie "classique" en disant : « Ce

qui est à expliquer ne peut servir d’explication », c'est à dire que les explications concernant

la reproduction sociale tournent en rond, car elles ne trouvent pas la source des inégalités (il

y a un rapport de force, où les deux forces se nourrissent mutuellement). Latour prétend

expliquer l’origine des rapports de pouvoir.

EVITER DES RESSENTIMENTS

L’homme de ressentiment est celui qui est coupé de l’action (Nietzsche). Cet homme impuissant

cherche à justifier son inaction en trouvant des raisons de haïr le monde. Cette damnation du monde

mène à l’inaction � cercle vicieux.

Cette tradition veut éviter ça, et donc rester active : pour éviter les ressentiments, le sociologue de la

traduction doit être un acteur dans le monde, et non pas un observateur neutre du monde.

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32 Première quadrimestre – Année académique 2012 - 2013

À cette fin, l’auteur doit s’engager à valoriser au moins une issue ou ouverture d’action du monde

qu’il vient de découvrir, et faire cohabiter celle(s)-ci avec les autres. La finalité de ceci est de

construire le monde et non de le déconstruire.

C’est pourquoi on appelle cette tradition la sociologie de la traduction : parce qu’elle cherche à

transmettre des forces (l’inventivité, les connexions inattendues, les savoirs insoupçonnés) vers

d’autres milieux.

C’est l’idée de la co-construction.

Quels débuts pour la sociologie La sociologie de la traduction a bâti son succès sur sont opposition à la sociologie en place, et donc

elle est souvent présentée par opposition à une autre.

LE PRAGMATISME AMÉRICAIN

Le pragmatisme américain est le courant le plus important de l’Amérique du 20e siècle. L’idée forte

de cette philo : la vérité de la proposition s’évalue en prenant pour référence ses effets, selon les

effets tangibles que crée cette proposition. Concrètement, on ne discute pas les fondements mais les

effets de chacune des propositions impliquées.

Avec les ramifications qu’a eues le pragmatisme américain, de nombreux sociologues s’en disent les

héritiers, notamment les sociologues de la traduction : « le problème politique n’existe que s’il y a un

public qui s’en (pré)occupe; et qu’inversement, toute mobilisation collective, tout attachement

revendiqué, aussi futile qu’ils puissent sembler, est une affaire politique » (Dewey).

On se débarrasse de la question de la vérité, ce qui permet de régler les disputes métaphysiques.

Ainsi, on n’attache de l’importance qu’à ce qui a une conséquence sur nos vies. Ça ne veut pas dire

que la vérité n’a aucune importance, mais il faut surtout créer des possibilités pour un autre monde à

venir.

LA MICROPHYSIQUE DU POUVOIR

Une nouvelle façon d’étudier le pouvoir est fondée par Michel Foucauld dans les années 70. Il

propose d’analyser les détails des procédures et objets qui opèrent l’exercice du pouvoir. Il justifie

cela en disant que ce sont les rouages du système qui permettent la pérennité du rapport de force.

Pragmatisme

américain

Sociologie de

la traductionLatour

Sociologie

pragmatique

Travaux en

France

Travaux en

Angleterre

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33 Première quadrimestre – Année académique 2012 - 2013

Le pouvoir est, au sens de Foucault, la possibilité de trouver des phénomènes, et ensuite de faire agir

dans le sens souhaité. Il n’est pas localisable car il fonctionne en chaine.

On pense que celui-ci a tiré son inspiration des Black Panthers party en Amérique dans « Up against

the wall », discours-réaction aux abus et assassinats racistes commis par les policiers. Ce parti s’est

doté d’armes pour rendre les abus moins faciles, ce qui a fonctionné. En effet, tous deux envisagent

le pouvoir comme les moyens et objets physiques qui permettent de faire infléchir la situation

dans la direction souhaitée.

Dans ces cours, Foucault expose cinq règles méthodologiques:

- il ne faut pas saisir le pouvoir en son centre mais dans ses extrémités, là où il opère; c'est à

dire qu’il faut trouver les phénomènes matériels concrets causés par le pouvoir.

- il ne faut pas chercher le pouvoir du côté des personnes mais du côté des opérations

d’assujettissement; il ne faut dont pas demander « qui a le pouvoir, que veulent-ils ? », mais

plutôt saisir le pouvoir dans les instances matérielles de son exercice. La bonne question est

donc : « qu’est-ce qui se passe quand un noir rencontre un policier ? ».

- il ne faut pas considérer le pouvoir comme une ressource que l’on peut posséder mais

comme une contrainte que l’on peut exercer; il faut donc éviter de séparer la société en deux

camps : dominés et dominants. Personne n’est la cible constante ou le représentant du

pouvoir, mais tout le monde en est le relais. Le pouvoir transite mais ne s’applique pas.

- le pouvoir est une affaire de micro-techniques que les institutions et les milieux ont réussi à

incorporés dans leur fonctionnement; il faut toujours partir des détails, et petit à petit aller

vers le général pour voir qui a réussi à monopoliser la procédure et les techniques du

pouvoir, sachant que la technique est neutre en soi et peut être appropriée par les uns et les

autres.

- le pouvoir implique toujours des savoirs et savoir-faire ; le pouvoir n’est pas une idéologie,

car c’est sous-estimer la force du pouvoir.

LES PSYCHOLOGIES INDIVIDUELLES

Tarde (fin XIXe) avait pleinement confiance en la psychologie individuelle pour expliquer le social. Il

est le créateur de l’imitation sociale : « Aucune loi ne s’impose aux individus autre que celle de

l’imitation et de l’appétit ». Il n’y a rien de plus entre les acteurs que les nouveaux objets techniques.

Tarde passe aujourd’hui pour être une prédécesseur de la sociologie de la traduction.

a. Influence aujourd’hui

Présentation de François de Monti.

François écrit actuellement une thèse : pratiques culturelles en région bruxelloise et wallonne. Il s’agit

d’une analyse qualitative qui étudie « le comment et le pourquoi de la culture auprès des gens ».

PREMIÈRE PARTIE : RETRACER LA THÈSE DE « LA DISTINCTION »

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34 Première quadrimestre – Année académique 2012 - 2013

Thèse de « la distinction » de Bourdieu : les pratiques et goûts sont subordonnées à des logiques de

hiérarchisation et de domination sociale, incorporées par l’habitus.

Définition de l’habitus : ensemble de dispositions liées à une position sociale. Cela a pour

conséquence une tendance de se porter vers un certain type de loisir. Cet habitus est transmis par

les groupes socialisants de base (famille, école) à l’insu de l’individu, qui pense prendre ses décisions

de manière indépendante. (Par exemple, les classes plus aisées sont plus attirées par l’abstrait.) En

effet, même si l’individu a le désir de se distinguer des autres par ses choix culturels, mais,

consciemment ou non, il se rapproche ainsi d’un groupe culturel.

Définition de la légitimité culturelle (influence marxiste) : hiérarchisation de la culture parallèle à la

hiérarchisation des classes sociales (exemple : foot � pauvre, donc moins légitime ; golf ou tennis �

riche, donc légitime). Ce n’est pas forcément vrai, mais c’est une tendance. Il est à noter qu’il y a

beaucoup de mouvement, selon la mode, dans ce qui est considéré comme légitime et ce qui ne l’est

pas. La notion de légitimité est un construit social en mouvement perpétuel. Cela veut dire qu’il n’y a

rien d’objectif là dedans. Il est toutefois important de noter qu’une « construction sociale » n’a pas

forcément une origine démocratique. En effet, elle peut être le résultat d’une décision des élites

économiques et politiques (par exemple dans le cas d’un régime totalitaire).

DEUXIÈME PARTIE : LES INFLUENCES CONTEMPORAINES DE « LA DISTINCTION »

Récemment, le ministre de la culture français a essayé de « démocratiser » la culture légitime. Cette

politiques s’est soldée par un échec parce que seuls des moyens financiers ont été pourvus … En

effet, pour un pauvre, aller à l’opéra demande plus que seulement de l’argent, mais aussi l’acquis de

connaissance et de l’excise corporelle (= concept Bourdieusien qui veut que la position sociale est

incorporée non seulement dans l’esprit mais aussi dans la façon de se tenir, de parler, d’agir).

Les thèses de Bernard Lair et Peterson

Thèse : Les individus des classes supérieurs ne consomment pas seulement des éléments culturels

légitimes.

Par exemple, on peut regarder à la fois « plus belle la vie » et de l’opéra. En effet, les gens qui ont un

patrimoine élevé avouent souvent regarder des « bêtises ».

Par conséquent, les individus ayant un capital culturel élevé se caractérisent par leur omnivorité. Cela

ne semble pas forcément coller avec la thèse de Bourdieu car du coup, on ne peut plus forcément

déterminer le patrimoine culturel de l’individu par rapport à ce à il s’intéresse. Cependant, il n’y a pas

forcément de mise en cause la thèse de Bourdieu, mais simplement un ajout : classes élevées �

omnivores, classes basses � univores.

La conséquence de ceci est que désormais, différencier légitime >< illégitime n’est plus vraiment

pertinent. Par contre « culture underground et alternative » >< « commercial » a plus de sens

aujourd’hui.

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35 Première quadrimestre – Année académique 2012 - 2013

La nouvelle manière de se distinguer aujourd'hui constitue souvent une recherche de l’entre-soi,

c'est à dire qu’il faut à la fois se constituer comme individu à part entière et à la fois appartenir à un

groupe social (un genre de vie, par exemple rasta).

En conclusion, quand on parle de la culture avec sa polysémie (= fait qu’il y a de nombreux sens à ce

mot), l’utilisation du terme se révèle problématique car il est trop vague. En effet, la culture est

composée de nombreux sous-groupes.

Par ailleurs, on peut dire que « La distinction » de Bourdieu s’est donc plutôt bien exportée ici et

maintenant.

Conclusion En guise de conclusion, il est utile de récapituler les divergences entre les trois traditions, mais aussi

d’indiquer la mesure dans laquelle ces traditions partagent certains traits historiques et

disciplinaires.

Du côté des divergences, l’on peut reprendre l’objet et de l’enjeu des trois traditions:

a. L’objet de la sociologie critique est la violence symbolique, la reproduction des

inégalités et le maintien de l’ordre établi à travers la force idéologique du discours et

du savoir. L’enjeu est le dévoilement de la vérité structurelle (présence de la violence

symbolique) qui, si le dévoilement réussit, aidera à changer le système.

b. L’objet de l’interactionnisme symbolique est la genèse du moi c’est-à-dire la

perception et l’évaluation de soi-même à travers les interactions et l’interprétation

des situations. L’enjeu est de repérer les fissures dans les institutions. Les individus

sont plus récalcitrants, plus résistants, plus inventifs qu’on ne le croit.

c. L’objet de la sociologie de la traduction est l’action collective, les connexions

inattendues qui s’y tissent, et la force des savoirs et des pratiques qui s’en dégagent.

L’enjeu est de contrer le déterminisme, d’inciter à l’action et de recomposer des

mondes dans et à travers la multiplicité des êtres.

Du côté des similitudes, il y a le refus du fonctionnalisme (=La société est appréhendée à travers les

institutions qui assurent sa stabilité et structurent les comportements individuels aux moyens de

rôles et de statuts). Les trois traditions se sont exprimées contre l’idée de l’adaptation. Elles ont

toutes refusé le rôle qui était attribué aux individus et elles ont toutes refusé l’autoritarisme des

institutions. De façon plus positive, l’on peut dire qu’elles ont lâché le fonctionnalisme, qu’elles se

sont opposées aux mots d’ordre de la sociologie de l’après-guerre, tout en ne lâchant pas l’idée de la

collectivité. Grâce à elles, la sociologie est restée la science des rapports et de l’extra-individuel.

Puis, il y a l’attachement à la raison. Malgré la double crise qu’ont connue les sciences sociales au

cours des trente dernières années - la perte de foi en la modernité (crise existentielle) et le

glissement vers le relativisme (crise épistémologique) - aucune des trois traditions n’a abandonné la

volonté d’analyser. Grâce à ces traditions, la sociologie est restée cette science qui estime pouvoir

décortiquer tout phénomène collectif de façon systématique et selon des principes logiques.

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36 Première quadrimestre – Année académique 2012 - 2013

En vrac

Déterminisme >< interactionnisme

Goffman >< Au-delà

Bourdieu <3 Goffman

Latour (tissus ; incommensurabilité) >< Goffman (bloc plein de fissures) et bourdieu

Latour (potentiel, forces propres du réseau d’action) >< déterminisme