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Supply Chain, Traçabilité & Blockchain Une étude réalisée par Blockchain Partner

Supply Chain, Traçabilité & Blockchain...5 La blockchain fait l’objet d’une attention grandissante de la part des acteurs du transport maritime, qui y voient notamment la promesse

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Supply Chain, Traçabilité & Blockchain

Une étude réalisée par Blockchain Partner

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INTRODUCTIONDans les années 1950, un entrepreneur américain, Malcom McLean, invente un standard qui va bouleverser le commerce international : le conteneur. L’invention de McLean, qui sera désigné des années plus tard comme « l’un des quelques hommes qui ont changé le monde » par le magazine Forbes, soutient une partie non-négligeable de la croissance économique du XXe siècle : des études montrent que l’utilisation du conteneur a permis d’augmenter le commerce international de 790% en 20 ans, et de réduire le coût du transport maritime de 97%. Le développement du conteneur a profondément rebattu les cartes du secteur en permettant à certains ports de se développer extrêmement vite, au détriment des ports traditionnels n’ayant pas adopté ce standard.Les technologies blockchain, aujourd’hui, pourraient représenter une nouvelle vague d’innovations à même de profondément moderniser le commerce international, en réduisant fortement ses coûts et en accélérant significativement les transports de marchandises maritimes, comme l’a permis le conteneur en son temps. Au-delà du fret maritime, la blockchain représente plus globalement un nouveau paradigme de standardisation et numérisation des chaînes logistiques, qui reposent encore aujourd’hui bien souvent sur des documents papiers. Agroalimentaire, luxe, industrie pharmaceutique, distribution, industrie lourde…les secteurs concernés sont multiples. De nombreuses expérimentations ont été entamées depuis 2016. Les premiers résultats témoignent d’un potentiel considérable, même si des limites restent encore à surmonter pour une adoption généralisée.

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A propos de Blockchain Partner 17

Conclusion 16

Autres secteurs 12 - 16

Et aussi 14Industrie Pharmaceutique14

Luxe13Vins13

Agroalimentaire 7 - 11

Des projets se développent partout dans le monde

11Un enjeu majeur pour la Chine10

Une technologie pertinente dans le cas de multiples parties prenantes

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La multitude de scandales : un défi majeur pour le secteur

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La blockchain pour renforcer la transparence et accélérer l’identification de la source des contaminations

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4 - 6Transport

TABLE DES MATIÈRES

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Transport Maritime

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La blockchain fait l’objet d’une attention grandissante de la part des acteurs du transport maritime, qui y voient notamment la promesse d’un gain de coûts très conséquent. Le port de Rotterdam, le plus grand port d’Europe, a ainsi intégré fin 2016 un consortium visant à développer des applications blockchain pour le fret maritime. Une quinzaine d’entreprises et institutions néerlandaises participent au projet qui s’étendra sur deux ans.De même, l’armateur danois Maersk, leader mondial du fret maritime, a annoncé début 2017 le lancement d’un projet pilote fondé sur la technologie blockchain Hyperledger Fabric pour numériser sa chaîne d’approvisionnement de bout en bout. En permettant l’inscription de façon transparente et inviolable de chaque déplacement de conteneurs sur une blockchain, Maersk entend améliorer la traçabilité des millions de conteneurs qui passent entre les mains de multiples parties prenantes - expéditeurs, transitaires, douanes, transporteurs, ports.

Concrètement, lorsqu’un des acteurs de la chaîne logistique signe un document associé à un conteneur donné, une version numérique du document serait créée. Une empreinte numérique unique et cryptée associée à ce document serait alors inscrite sur la blockchain, accessible à toutes les autres parties prenantes (à noter qu’il est aussi envisageable de stocker directement les données en clair sur une blockchain privée). En cas de litige plus tard, chacun pourrait relire le registre et s’assurer que personne ne l’a modifié entre temps.

En outre, l’utilisation de différents capteurs et de puces NFC (communication en champ proche, permettant d’échanger des données sans contact à courte portée entre 2 appareils) ou RFID (technologie phare pour les opérations de traçabilité) permettraient de faciliter la collecte de données sur la position de la cargaison, sur son état, et sur ses conditions de transport, et d’inscrire ces données automatiquement sur une blockchain.In fine, la mise en place d’une blockchain doit permettre de réduire fortement les fraudes et les erreurs, ainsi que les délais actuels de transit et d’expédition. L’enjeu est de taille : 9 marchandises sur 10 transportées dans le monde le sont par voie maritime, et les coûts de traitement et d’administration de la documentation commerciale représenteraient un cinquième des coûts du fret maritime.Après une première expérimentation, concluante, sur des conteneurs de fleurs en provenance du Kenya jusqu’aux Pays-Bas, Maersk (en partenariat avec IBM) a testé le processus pour des ananas venant de Colombie, et des mandarines de Californie.Les espoirs placés dans ce type de projets sont à la hauteur du potentiel de la technologie : lors de la dernière édition de Consensus 2017 (grand événement annuel sur la blockchain) en mai dernier, un des conférenciers, Arvind Krishna (directeur de la recherche d’IBM), affirmait que l’utilisation de la blockchain pour le transport maritime de marchandises fera «économiser plusieurs milliards de dollars» au secteur, en rationalisant et simplifiant les étapes de vérifications des marchandises lorsque celles-ci traversent les frontières.

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La blockchain est-elle dès lors appelée à s’imposer massivement dans cette industrie, de la même façon que le conteneur est aujourd’hui utilisé dans plus de 90% des transports de marchandises maritimes ? La question est légitime : une expédition internationale de marchandises nécessite aujourd’hui d’être inspectée en moyenne par près de 30 organismes durant son trajet, ce qui, mis bout à bout, représente un coût non-négligeable. En outre, le processus repose encore en grande partie sur des vérifications papiers, manuelles. S’il manque un document papier lors d’une étape du processus, par exemple à un point intermédiaire, c’est tout un conteneur (ou plusieurs) qui doit rester sur place, dans l’attente que la situation soit débloquée. Le transport peut alors être retardé de plusieurs jours ; pire, il est parfois nécessaire de jeter l’ensemble du conteneur car les conditions de stockage durant l’attente ne permettent pas une bonne conservation des marchandises. Pour ces raisons, la digitalisation de ce processus via la blockchain pourrait faire économiser jusqu’à 20% du coût du transport maritime international, estime Arvind Krishna, en simplifiant les démarches administratives et de suivi papier.L’utilisation de la blockchain va cependant bien au-delà du transport maritime : de façon plus globale, ce sont toutes les problématiques de supply chain et de traçabilité qui sont concernées par cette technologie. Les secteurs pour lesquels la blockchain présentent un intérêt sont donc nombreux. Le cas de l’industrie agroalimentaire étant aujourd’hui le plus probant pour illustrer les impacts de la blockchain sur la supply chain, nous avons choisi de le prendre pour exemple.

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Agroalimentaire

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La supply chain agroalimentaire fait face à des défis complexes, parmi lesquels l’amélioration de sa transparence afin de faciliter la traçabilité des produits, lutter contre la fraude, et réduire le gaspillage durant le transport des marchandises.Le coût de la fraude dans la supply chain alimentaire s’élèverait jusqu’à 40 milliards de dollars par an (étude Pwc, 2016). En 2013, le scandale de fraude à la viande de cheval a mis à nouveau en lumière les carences du système de traçabilité alimentaire dans toute l’Europe: plus de 4 millions de plats préparés censés contenir de la viande de bœuf contenaient en réalité de la viande de cheval.

La multitude de scandales: un défi majeur pour le secteur

Les Echos - Le scandale européen de la viande de chevalLe 24/02/2016

Les scandales de ce type sont récurrents dans l’industrie agroalimentaire (affaire du lait frelaté chinois en 2008, etc.) et témoignent tous d’un manque de transparence des chaînes logistiques du secteur. Du reste, lors de sa crise en 2015, Chipotle n’a pas été capable, non seulement d’anticiper la contamination, mais surtout de la circonscrire très rapidement après sa découverte, signe d’un manque de contrôle en temps réel de ses fournisseurs.

La blockchain pour renforcer la transparence et accélérer l’identification de la source des contaminations

La blockchain, en tant que registre distribué, transparent et incorruptible, peut justement aider à lutter contre l’opacité de ces supply chains, et à aboutir à des diagnostics bien plus rapides sur les sources de contamination. Le vice-président de la sécurité alimentaire de Walmart affirme même que cette technologie pourrait représenter « le Graal » de la supply chain.Concrètement, il s’agit pour l’ensemble des parties prenantes d’une chaîne logistique d’inscrire chaque étape du processus de fabrication d’un produit alimentaire, depuis sa production jusqu’à son lieu de vente, dans une blockchain. L’avantage d’un registre blockchain réside dans sa transparence et sa gestion distribuée, rendant impossible tout contrôle ou modification de façon unilatérale. En fonction des cas, l’inscription sur le registre peut se faire de façon manuelle (en photographiant les documents avec son smartphone et en les mettant en ligne sur une plateforme ad hoc), ou automatique (via l’utilisation de capteurs connectés, attachés au produit, capables de transmettre automatiquement des données - localisation, température, humidité… - et de les inscrire sur la blockchain).

L’Europe n’est bien sûr pas la seule concernée par ce type d’affaires : ainsi, en 2015, plusieurs restaurants Chipotle dans différents Etats des Etats-Unis furent frappés par une affaire de contamination à la bactérie E.coli, infectant plus de 55 personnes dont plusieurs durent être hospitalisées, et faisant plonger le prix de l’action de l’entreprise de 42%, affectant durablement sa valeur.

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Les informations inscrites sur la blockchain dépendent du type du produit. Dans le cas de viande par exemple, il s’agit d’enregistrer initialement les données d’abattage ainsi que le numéro d’agrément de l’abattoir et de l’établissement chargé de la découpe. Dans le cas de fruits et légumes, il s’agit plutôt d’inscrire les dates de semi et de récolte, les données sur les engrais, etc.

Ensuite, chaque partie prenante ayant reçu l’autorisation d’accéder à cette blockchain peut vérifier quel participant a inscrit une information donnée, à quelle date et à quel horaire, etc. En d’autres termes, la blockchain permet un horodatage et une transparence du suivi des aliments, sans qu’un individu ou une entité ne puisse unilatéralement modifier ou supprimer d’informations. Les différents acteurs de l’industrie peuvent dès lors détecter en temps réel où et quand la faute ou la fraude a été commise.L’enjeu est de taille : aujourd’hui, en cas d’intoxication alimentaire d’un consommateur, au moins deux semaines sont nécessaires pour repérer la denrée fautive, selon le responsable de la sécurité alimentaire de Walmart. La majeure partie des informations sont en effet inscrites sur des documents papiers, de façon parfois approximative. L’utilisation d’une blockchain permettrait d’identifier précisément et bien plus rapidement l’ingrédient en cause, afin de l’enlever des rayons sans délais.

La problématique n’est pas seulement sanitaire. La provenance des produits, leur mode de fabrication, l’empreinte écologique de leur production, ou encore le bien-être animal sont des critères de consommation auxquels les citoyens sont de plus en plus attentifs. De là, découle la croissance des ventes des produits labellisés (produits biologiques, commerce équitable, bien-être animal, etc.). En 2016 le marché du bio, après plusieurs années de développement, a ainsi enregistré une croissance historique en France (+20%), signe d’une tendance structurelle.Aujourd’hui, les consommateurs doivent faire confiance au sérieux de ces labels lorsque les marques les affichent sur leurs produits ; demain, ils pourront vérifier eux-mêmes grâce à la blockchain l’historique complet du produit, c’est-à-dire l’ensemble des étapes ayant précédé sa mise en vente. Le consommateur pourra alors vérifier que le produit qu’il achète est bien issu d’une agriculture responsable, ou du commerce équitable, par exemple.

Une technologie pertinente dans le cas de multiples parties prenantesPour que ces promesses se réalisent, il sera nécessaire que l’ensemble des acteurs d’une même chaîne de production et de distribution utilisent un système transparent et distribué comme une blockchain. Chaque acteur impliqué au cours de la chaîne doit être partie prenante de ce système, faute de quoi celui-ci perd une grande partie de son intérêt.

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Il s’agit d’un défi de taille : envoyer des produits frais d’Afrique de l’Est vers le continent européen implique par exemple aujourd’hui le feu vert d’au moins 30 personnes, et plus de 200 interactions entre organismes (services de santé, autorités douanières, etc.)Ce défi constitue, pour beaucoup, le principal obstacle au développement de solutions de ce type, mais peut être surmonté en démontrant aux différents acteurs de la chaîne leurs intérêts mutuels à numériser l’ensemble du processus de façon incorruptible. Une plus grande transparence permettrait une meilleure fiabilité, ce qui profiterait à l’ensemble des acteurs de confiance.

la transparence apportée par ce registre distribué (que personne ne peut contrôler) constitue une désincitation forte à frauder le système, car toute fraude se repèrerait bien plus facilement et rapidement qu’avec les mécanismes actuels.

Un enjeu majeur pour la Chine

Le nombre considérable d’acteurs impliqué dans une même chaîne logistique est même un argument à lui seul plaidant pour l’utilisation d’une blockchain. Cette technologie se montre en effet pertinente justement dans les cas où différentes parties prenantes n’ayant pas les mêmes intérêts, ou ne se faisant pas confiance a priori, sont amenées à collaborer ensemble. La blockchain permet en effet de responsabiliser les parties prenantes sur ce qu’elles inscrivent dans le registre – permettant ainsi d’améliorer significativement la fiabilité de la base de données. Il reste certes possible d’inscrire des données erronées dans une blockchain : la technologie ne règlera pas ce problème (même si notons tout de même que l’utilisation d’Internet des Objets permet de fiabiliser les inscriptions en les automatisant), et il ne faut pas oublier que la blockchain en tant que telle n’est rien d’autre qu’un registre. Néanmoins

Les projets de traçabilité alimentaire sur blockchain, naissants il y a quelques mois, se multiplient aujourd’hui. La Chine est particulièrement active sur le sujet. L’entreprise chinoise ZhongAn Technology a ainsi annoncé en juin 2017 la création d’une blockchain privée visant à enregistrer les étapes précédant la vente de poulets. Ce projet donnera à chaque poulet une identité qui permettra de tracer et enregistrer toutes les informations importantes au cours du processus (naissance, fermes où le poulet a été élevé, usines de transformation, informations logistiques).

Pour ce faire, l’entreprise s’est associée avec Wopu, une entreprise d’Internet des Objets (IoT) fournissant les capteurs physiques attachés aux poulets et utilisant des applications mobiles pour vérifier chaque transaction enregistrée sur la blockchain.Cette initiative fait suite aux différents scandales alimentaires ayant frappé la Chine ces dernières années. En 2014, un journaliste révélait par exemple une affaire de livraison de poulet périmé par le fournisseur OSI Group aux KFC et McDonalds de Shanghai, Hong Kong et Macau. Un ancien employé de

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l’entreprise raconte que les services chargés du contrôle de la qualité conservaient « deux registres : l’un pour les autorités sanitaires, l’autre pour ce qu’il se passe réellement » ! L’utilisation d’un seul registre, incorruptible et transparent, aurait permis d’éviter ce type d’affaires.L’initiative de ZhongAn Technology fait suite à celle déjà entamée par Walmart en 2016 sur le marché de la viande de porc chinoise, répondant aux mêmes objectifs de transparence et de traçabilité. Walmart a annoncé en juin 2017 que les premiers résultats sont « très encourageants » : la blockchain a permis de réduire de plusieurs jours à quelques minutes le temps nécessaire pour retracer l’origine des produits, permettant de réagir plus rapidement au cas où des produits contaminés seraient découverts.L’enjeu de ces différentes initiatives est d’améliorer la confiance des consommateurs et distributeurs envers les produits chinois, que ce soit en Chine (où un sondage indique que 70% des citoyens s’estiment préoccupés par les questions de fiabilité alimentaire) ou hors de ses frontières (en juin 2017 le Ministère de l’Agriculture américain a justement proposé d’autoriser la Chine à exporter des produits de volaille sur le territoire américain).Ces problématiques dépassent cependant bien entendu le seul cas de la Chine (en témoignent les affaires citées plus haut : viande de cheval, bactérie E.coli, vache folle…).

Des projets se développent partout dans le mondePlusieurs projets ont commencé à voir le jour ailleurs sur ces problématiques. Citons entre autres les suivants :

▶ La startup Provenance a travaillé sur la traçabilité du thon en Indonésie. Les pêcheurs inscrivent la date et la manière dont a été pêché le poisson sur la blockchain, directement, par l’envoi d’un SMS. Chaque partie prenante de la supply chain enregistre ensuite les informations clefs sur le poisson à chaque

étape de son voyage jusqu’au consommateur final. Ainsi, Provenance permet aux clients de retracer l’ensemble de l’historique du poisson.

▶ Intel a présenté un prototype pour la traçabilité de poissons utilisant la blockchain. Une fois les poissons pêchés, un capteur connecté est attaché physiquement au lot de poissons. Durant le transport de ces derniers, le capteur transmet automatiquement les données de localisation, température, humidité, mouvements et chocs, et les enregistre sur une blockchain. La plateforme d’Intel s’occupe de faciliter et de tracer les changements de possession des poissons tout au long de la chaîne logistique. Là encore, l’acheteur final peut avoir accès à l’historique du parcours du poisson.

▶ Avec une logique similaire, Walmart teste le cheminement de mangues aux Etats-Unis, outre son projet pour la viande de porc chinoise.

▶ Le géant du e-commerce Alibaba a annoncé en mars 2017 le début d’une expérimentation destinée à améliorer la traçabilité des produits alimentaires vendus sur la plateforme. Le projet pilote implique dans un premier temps des producteurs australiens et néo-zélandais.

▶ En France, Carrefour a annoncé en février 2017 l’utilisation à venir de la blockchain pour la transparence de ses filières animales.

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Autres secteurs

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Luxe

Everledger, start-up créée en 2015, utilise la blockchain pour combattre la fraude dans le domaine du luxe. Leur marché premier est celui de l’industrie du diamant. L’idée est de construire un registre numérique qui recense les transactions diamantaires, avec comme objectif de rendre le marché du diamant plus transparent, des mines jusqu’aux joailliers. Les fondateurs d’Everledger misent ainsi sur l’effet de réseau pour obtenir à terme un système dissuasif pour la fraude : une fois la base de données suffisamment développée, si un vendeur n’est pas capable de prouver par preuve cryptographique qu’il possède bien les droits sur le diamant, la valeur du joyau diminuerait considérablement.Concrètement, pour l’enregistrement de chaque diamant, Everledger recense 40 attributs (taille, couleur, pureté, poids en carat, lieu d’extraction…), qui constituent 40 métadonnées à partir desquelles un numéro de série unique est créé. Ce numéro de série est ensuite gravé microscopiquement sur la pierre d’une part, et d’autre part ajouté à la blockchain avec les 40 métadonnées. Il existe certes déjà des certificats papiers prouvant la provenance de diamants, mais le registre d’Everledger est inaltérable, mis à jour continuellement et accessible depuis n’importe quel endroit dans le monde, grâce à la blockchain. Plus encore, le fait que le registre ne soit pas aux mains d’un acteur unique (un gouvernement, ou un assureur, etc.) mais redistribué, permet plus facilement de rassembler plusieurs grands acteurs du secteur.La start-up a ainsi commencé à travailler avec plusieurs compagnies d’assurance, intéressées au premier chef puisque le coût pour les assureurs de la fraude dans le marché diamantaire est évalué à près de 50 milliards

de dollars annuels. Everledger a annoncé également être en discussion avec des sites de e-commerce pour empêcher la revente de produits volés sur leurs plates-formes, ainsi qu’avec Interpol et Europol. En 2016, plus de 900 000 diamants avaient déjà été enregistrés par Everledger, en seulement quelques mois.

Le groupe français Tesson, spécialisé dans la logistique, a commencé à s’intéresser à la blockchain pour améliorer la supply chain du vin, qui représente la deuxième activité du groupe. Les avantages de la blockchain en la matière sont nombreux, comme les énumère Jean-Eudes Tesson, président de Dartness, filiale du groupe spécialisée dans la logistique du vin : améliorer la traçabilité des bouteilles ; garantir leur intégrité ; lutter contre la contrefaçon et le vol ; profiter de la blockchain pour « digitaliser » le processus de chaîne logistique du vin… Plusieurs initiatives ont été lancées à travers le monde sur ce sujet. Ainsi à Shanghaï la startup BitSE, créée par un ancien manager de Louis Vuitton en Chine, a conçu un service intitulé VeChain focalisé sur la traçabilité de tout type de produits. Ce service est notamment utilisé par un importateur chinois de bouteilles de vins, qui demande à ce que chacune de ses bouteilles soit équipée d’une puce NFC ou d’un QR code. Cette puce ou ce code est ensuite scanné à chaque fois que la bouteille change de propriétaire, ce qui enregistre le mouvement sur une blockchain, permettant in fine aux clients d’accéder à un historique des mouvements des bouteilles.Le même projet est en cours de développement en Italie avec la startup EZLab, qui cite un sondage indiquant que 90% des amateurs de vins en Italie veulent plus d’informations sur leurs vins, et qu’une majorité serait

Au-delà de l’industrie agroalimentaire, bien d’autres secteurs peuvent tirer parti des propriétés de la blockchain.

Vin

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prête à payer plus cher pour une meilleure authentification des vins.La startup Everledger, qui travaille déjà sur la traçabilité des diamants, est également positionnée sur le sujet. En décembre 2016, elle a ainsi enregistré la première bouteille de vin sur la blockchain (un Château Margaux 2001), via la solution Chai Wine Vault créée pour l’occasion, en s’associant avec l’œnologue Maureen Downey, experte en identification de contrefaçons de vins.

La supply chain pharmaceutique est aujourd’hui en proie à de nombreux défis de traçabilité des médicaments et de lutte contre la fraude. L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) estime que 10 à 30% des médicaments en circulation dans les pays en développement sont en réalité de faux médicaments, ce qui entraînerait la mort de près de 700 000 personnes chaque année. L’utilisation d’une blockchain, registre transparent et inaltérable, pourrait aider à lutter contre ce fléau, en enregistrant les empreintes de chaque étape de la chaîne de fabrication et distribution d’un médicament. Tous les acteurs de la supply chain pharmaceutique, ainsi que les patients, pourraient alors directement vérifier la provenance et l’intégrité des médicaments.Des startups comme Chronicled (installée à San Francisco) ou BlockPharma (en France) ont déjà commencé des expérimentations sur ce sujet. Chornicled a par exemple lancé en

novembre 2016 le projet CryptoSeal, un projet alliant la technologie NFC (qui fait le lien entre monde physique et monde numérique) et la blockchain. L’idée ici est d’utiliser une puce NFC pour contenir des données d’authentification au préalable enregistrées sur une blockchain. Cette puce, apposée sur les boîtes de médicaments, doivent permettre un suivi particulièrement fiable.

Industrie pharmaceutique

Et aussi :

La traçabilité des pièces détachées dans les secteurs industriels, par exemple l’aéronautique et l’automobile, se révèle souvent complexe, et peut être numérisée intelligemment en utilisant une blockchain.Le secteur immobilier, par ailleurs, peut se servir de la blockchain pour des enjeux de maintenance. Dans le cas de la maintenance d’extincteurs, par exemple, à chaque venue d’un réparateur ou agent dédié, l’action serait inscrite dans une blockchain, de façon transparente (c’est-à-dire accessible à toutes les parties prenantes ayant reçu l’autorisation d’accéder à cette blockchain) et incorruptible.

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Au-delà de ce seul exemple, les bâtiments regorgent d’informations (construction, entretien, consommation, données environnementales et météorologiques) ayant des origines diverses (capteurs, prestataires, occupants…). Tracer les contributions et les interactions de chaque partie prenante au sein d’un bâtiment permettrait non seulement des économies intéressantes sur la maintenance et les litiges, mais également la construction de nouveaux services à partir de ces données.

Enfin, bien d’autres domaines, comme le secteur de négoce de matières premières, peuvent être concernés par l’utilisation de la blockchain pour leur logistique, même s’ils ne sont pas développés ou cités dans cette étude. Dans le secteur de la distribution, pensons par exemple aux entreprises qui utilisent plusieurs milliers de palettes pour transporter leurs produits, et qui pour certaines en perdent chaque année plusieurs centaines dans la nature, revendus sur le marché noir, faute d’un système fiable de traçabilité. Il est envisageable, dans cet exemple, de concevoir un système où chaque acteur impliqué « bipperait » une puce installée sur la palette, ce qui inscrirait directement dans la blockchain les mouvements associés, de façon transparente et inaltérable. Il serait alors bien plus facile et rapide de retrouver où et quand les palettes échappent à la surveillance de l’entreprise, permettant des économies non-négligeables…

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CONCLUSIONLes chaînes logistiques reposent encore aujourd’hui très souvent sur des documents papiers qui sont sources d’inefficience et favorisent la fraude. A l’avenir, elles sont appelées à devenir de plus en plus numérisées. La blockchain peut constituer, demain, l’infrastructure dominante des chaînes logistiques numériques. Un enjeu clef résidera dans le lien entre monde physique et monde virtuel. C’est pourquoi l’association des technologies blockchain et de l’Internet des Objets (IoT) via des capteurs sensoriels est particulièrement cruciale, si ce n’est indispensable, pour tirer pleinement partie des atouts de la blockchain pour la supplychain.Une blockchain n’est rien d’autre qu’un registre. Dès lors, il convient d’encourager son couplage intelligent avec d’autres technologies, comme les puces NFC, et avec d’autres innovations, comme les smart contracts (programmes autonomes exécutant automatiquement des conditions définies à l’avance, inscrites sur une blockchain).De façon générale, la blockchain est pertinente en supply chain dans les situations où différents acteurs n’ayant pas les mêmes intérêts, ou ne se faisant pas forcément confiance a priori, doivent collaborer ensemble. Elle permet de responsabiliser ces acteurs vis-à-vis des inscriptions qu’ils effectuent dans le registre. La blockchain ne résoudra pas l’ensemble des défis de fraude et de traçabilité, mais permettra, grâce à sa transparence et son intégrité, de contribuer fortement à lutter contre les fraudes et les erreurs. Dans le secteur alimentaire, de nombreux scandales, souvent dangereux, parfois mortels, auraient pu être évités ces dernières années si la blockchain avait été utilisée. Au-delà de ces aspects, il est envisageable que la blockchain permette à l’avenir à une entreprise de faire de sa supply chain un véritable argument marketing, si cette supply chain est rendue transparente et fiable par la technologie. Une marque qui utiliserait la blockchain pourrait voir s’améliorer significativement la confiance des consommateurs envers l’authenticité de ses produits. Pensons ainsi au Made in France, aux produits locaux, ou aux produits respectant d’autres normes spécifiques (bio, etc.).La marque de mode américaine Baby Ghost a ainsi utilisé la blockchain pour sa collection printemps/été 2017, en incorporant une puce NFC ou un QR code à ses vêtements et à ses accessoires. En scannant la puce ou le code avec son smartphone, le consommateur a pu accéder à l’historique du vêtement, et ainsi vérifié l’authenticité de ses achats. La marque affirme avoir vu augmenter les interactions avec ses clients.A terme, il est envisageable qu’une marque s’affichant par exemple comme «bio» ou «Made in France», pour être crédible, doive nécessairement en apporter une preuve vérifiable facilement par le client, grâce à la blockchain (et via, bien entendu, une interface simple d’utilisation par tout-un-chacun). La supply chain pourrait alors devenir au cœur de la proposition de valeur marketing…

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Alexandre StachtchenkoDirecteur offre stratégie

[email protected]. fr

Contact

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Blockchain Partner est né de la fusion entre Blockchain France, start-up de formation et de conseil sur la blockchain, et du Labo Blockchain, start-up spécialisée dans le développement technique d’applications sur ces technologies.

Un tripôle d’expertises

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