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sur l'intérim dossier Regards croisés passerelle ÉCONOMIE NUMÉRIQUE ET TRAVAIL : QUEL CONTRAT SOCIAL ? INTÉRIMAIRES SANTÉ : UNE PLATEFORME DE GESTION OPÉRATIONNELLE pointsdevue NUMÉRO 35 - 1 ER TRIMESTRE 2016

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sur l'intérim

dossier

Regards croisés

passerelleÉCONOMIE NUMÉRIQUE ET TRAVAIL :QUEL CONTRAT SOCIAL ?

INTÉRIMAIRES SANTÉ : UNE PLATEFORMEDE GESTION OPÉRATIONNELLE

pointsdevue

NUMÉRO 35 - 1ER TRIMESTRE 2016

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news 04● Logement, mobilité, projet personnel :

le Fastt innove● Emploi intérimaire : +4,4 % en 2015● “L’apprentissage intérimaire,

un plus pour l’emploi”● Agenda

dossier 07● Regards croisés sur l’intérim● Les stratégies de recours à l’intérim

pointsdevue 12● Économie numérique et travail :

quel contrat social ?● Détachement frauduleux :

des mesures restent à prendre

passerelle 16● CDI intérimaire : “Son développement

est compatible avec nos objectifs” ● Intérimaires santé : une plateforme

de gestion opérationnelle

enrégion 19● En région, l'action concomitante de tous

est essentielle● Déploiement : accord Mission Jeunes

vientdeparaître 22

SÉCURISER LES PARCOURS PROFESSIONNELS, L’AMBITION DE NOTRE PROFESSION

L’intérim, ce sont nos salariés intérimaires qui en parlentle mieux ! C’est ce que confi rme l’étude réalisée par OpinionWay pour le compte de l’Observatoire de l’Intérimet du Recrutement. 80 % des salariés intérimaires ont en effetune bonne opinion de l’intérim. Plus de 9/10 conseilleraient à un proche en recherche d’emploi de se tourner vers l’intérim.Solution effi cace pour accéder rapidement à un emploi pour54 % des intérimaires interrogés, l’intérim est vécu commeune expérience positive. Pour une majorité des interviewés, il permet d’acquérir une expérience professionnelle, d’apprendre différents métiers et de se former. L’intérim est enfi n et surtout un véritable tremplin vers l’emploi puisque un an après leur passage en intérim, en mars 2015, plus des deux tiers sont toujours en emploi. La sécurisation des parcours professionnels qui est au cœurde nos préoccupations nous pousse à toujours faire preuve d’innovation sociale. La création du CDI intérimaire (CDII)et du Fonds de sécurisation des parcours des intérimaires (FSPI) en sont les derniers exemples. Début février, 6 000 CDII ont été signés. Nous assistons en effet, grâce à la suppression du délai de carence instauré par la loi Rebsamen d’août 2015, à une accélération du rythme des signatures. Notre objectif de 20 000 CDII sur trois ans devient un objectif réalisable.Enfi n, le FSPI, qui a pour objectif de développer l’intensité d’emploi d’environ 80 000 salariés intérimaires en 3 ans,nous permet de dégager 60 millions d’euros par an pour l’accompagnement et la formation.La création du CDII et du FSPI démontrent ainsi notre mobilisation en faveur de la sécurisation des parcours professionnels.

Gilles LAFON,président de Prism’emploi

L’intérim,ce sontnos salariés intérimairesqui en parlentle mieux !

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news

Sécuriser les missions d’intérim

Le service Mouv’Emploi de location de voiture à prix réduit a mis à disposition

5 900 véhicules (+10 % par rapport à 2014) pour permettre aux salariés intérimaires

de réaliser leurs missions. Ce service ne coûte que 10 euros par jour grâce à la participation

fi nancière du Fastt et est mobilisable 30 jours de location par an.

Le service SOS Garde d’enfants a mis en place, 3 450 solutions de garde d'urgence

à domicile ou en crèche (+13 %) pour permettre aux parents d’accéder ou de poursuivre

une mission. Il est possible de mobiliser jusqu’à 50 heures de garde à domicile et 190 heures

de garde en crèche sur l’année.

Pour les salariés intérimaires en mobilité ou en formation éloignée du domicile, le Fastt propose

son service MobiliPro, pour détecter rapidement les meilleures solutions de logement

disponibles à proximité du lieu de mission ou de formation : hôtels, résidences en meublé,

chambres d’hôtes, gîtes... Ce service a mis en place 2 160 solutions de logement (+30 %).

Au total, 11 500 prestations ont ainsi été délivrées pour sécuriser les missions d’intérim

et de formation.

Faciliter l’accès au logement

Le Fastt a délivré 16 500 dossiers d’aide à la recherche d’un logement. Ce dossier permet

de remettre aux bailleurs une candidature complète dès le premier jour de la visite.

4 500 intérimaires ont bénéfi cié d’un accompagnement personnalisé par un Coach logement

du Fastt (+52 %). Ce service permet à chaque salarié intérimaire d’échanger sur son projet,

les critères de sa recherche, sa situation budgétaire et de confronter son besoin à la réalité du

marché. Il permet également d’établir les démarches à engager en mobilisant toutes les fi lières

de recherche (particulier à particulier, agences immobilières, logement social).

2 500 garanties de loyer ont été délivrées pour sécuriser les bailleurs (+21 %). Grâce à ce

dispositif fi nancé par le Fastt, les loyers sont garantis gratuitement pendant trois ans.

Permettre la réalisation des projets

Les intérimaires bénéfi cient auprès du Fastt de conseils pour évaluer la faisabilité de leurs

projets : acheter un véhicule, passer le permis de conduire, faire des travaux, acquérir un bien

d’équipement… En 2015, 14 700 conseils ont ainsi été délivrés. Les salariés intérimaires

disposant d’une capacité de remboursement, sans risque identifi é d’endettement excessif,

ont été orientés vers des solutions de prêts.

Au total, 3 300 prêts ont ainsi été mis en place (+12 %), dont 1 130 microcrédits

accompagnés (+38 %) pour ceux qui rencontrent quelques fragilités qui rendent inaccessible

l’offre bancaire classique. Ces “prêts pour l’emploi” jusqu’à 5 000 euros ont permis de fi nancer

une réparation de véhicule, le permis de conduire ou l’achat d’une voiture d’occasion.

Logement, mobilité, projet personnel /

LE FASTT INNOVEEn 2015, les salariés intérimaires ont formulé 230 000 demandes

d’information et de services auprès du Fastt. Plus de 65 000 prestations

ont été délivrées pour accompagner et faciliter la vie et l’emploi

des intérimaires.

news

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5,1%

-6,4%

9,9%

7,2%5,7%

Industrie BTP Commerce Transports Services

Tous les secteurs ont contribué au développement de l’emploi intérimaireen 2015, à l’exception du BTP

AGENDA● Congrès Ciett 2016

La prochaine édition du congrès de la Confédération mondialedes services d'emploi privés (Ciett) se déroulera du 25 au 27 mai 2016 à New Delhi.

Pour toute inscriptionet détails sur le programme :www.ciett2016.com

● Assemblée généralePrism'emploi tiendra son Assemblée générale à Paris le 16 juin 2016,de 9h à 14h.

Emploi intérimaire :+4,4 % en 2015Si la courbe annuelle des effectifs intérimairesa oscillé entre baisse et augmentation, il ressort fi nalement une progression de 4,4 % en moyenne sur l'année, qui correspond à la création de 25 000 emplois équivalents temps plein. Cette progression est encourageante mais reste toutefois à confi rmer, l'emploi intérimaire n'ayant en effet pas encore retrouvé son niveau d'avant-crise.

“L’apprentissage intérimaire,un plus pour l’emploi”Tel est le titre de la plaquette adressée par Prism'emploi aux salariés permanents des agences d'emploi.Cette campagne de communication a pour vocation de présenter le dispositif et les avantages de l’apprentissage intérimaire pour les entreprises clientes, notamment les PME. L’objectif de la profession est double : développer l’apprentissage comme voie d’excellence pour l’insertion des jeunes et contribuer à restaurer la compétitivité des entreprises en formant des jeunes aux compétences dont elles ont besoin. La profession dispose par ailleurs d’un organisme collecteur de taxe d’apprentissage de branche. Le FAF.TT a en effetété agréé OCTA et est opérationnel depuis mars 2016.

À noter, les attentats du 13 novembre 2015 ont participéà un net ralentissement de l'intérim dont la courbe ne cessait de monter depuis le mois de juin. Ce ralentissement a été compensé par un phénomène de rattrapage en décembre dans les secteurs tels que le commerce, les services etles transports.

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L’Observatoire de l’Intérim et du Recrutement publie les résultats de sa nouvelle étude intitulée “Regards croisés sur l’intérim”. S’appuyant sur un échantillonplus large et bénéfi ciant d’une présentation remaniée dans un souci de clartéet de lisibilité accrues, l’enquête menée par l’institut OpinionWay fait émergerles grandes caractéristiques des parcours et stratégies des salariés intérimairessur une année ainsi que les représentations et opinions relatives à l‘intérim.L’occasion notamment de vérifi er que l’intérim est une porte d’entrée surle marché du travail et un moyen de développer son employabilité.

REGARDS CROISÉSSUR L’INTÉRIM

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Dans un contexte économique et social dégradé, l’intérimest perçu comme une solution effi cace pour accéder rapidement à l’emploi.

ui sont-ils, d’où viennent-ils, comment ont-ilsété amenés à travailler en intérim, quel a été leur itinéraire au bout d’un an… La nouvelle étude livrée en décembre 2015 par l’Observatoire de l’Intérim et

du Recrutement dresse dans un premier temps un portrait détaillé de l’intérimaire, de ses motivations et de ses attentes. Réalisée à partir d’un échantillon plus important que lorsde la précédente étude, l’enquête “Parcours et stratégies d’emploi” met d’abord en évidence l’hétérogénéité des parcours des nouveaux entrants dans l’intérim.

En moyenne, les personnes entrent toujours très tôt(à 25 ans) dans l’intérim. Les étudiants forment la catégorie la plus jeune à recourir à l’intérim pour la première fois tandis que les salariés sont ceux qui y entrent le plus tard (à 29 ans). Dans un contexte de marché de l’emploi morose, l’intérim reste un moyen de mettre un pied dans le monde du travail.

Au moment de leur première inscription en agence d’emploi, plus des deux tiers (68 %) des nouveaux entrants étaient sans emploi, une proportion en hausse par rapport à 2014 (41 %). Les étudiants et les personnes en emploi représentent quant à eux respectivement 17 % et 15 %du total. En revanche, quand on analyse les parcours professionnels au cours de l’année précédant leur première inscription en agence, on constate que 32 % des personnes sondées étaient en emploi, 31 % étaient étudiants et 28 % seulement étaient demandeurs d’emploi. L’analyse de ces deux étapes révèle que le recours à l’intérim intervienttrès majoritairement après une période de non emploi, l’origine et les parcours des nouveaux entrants étant très hétérogènes.

Un accès rapide à l’emploi Dans un contexte économique et social dégradé, l’intérim est perçu comme une solution effi cace pour accéder rapidement à l’emploi. 54 % des personnes interrogéesse sont tournées vers l’intérim pour travailler rapidement (-8 points) et 37 % car elles ne trouvaient pas de CDI oude CDD. Le recul de cette logique pragmatique s’explique

où ils effectueraient une mission et 19 % ont choisil’intérim pour la souplesse du rythme de travail (+5 points).Le recours à l’intérim motivé par une logique de formation est stable à 36 %.

Parcours des intérimaires Et quid de l’itinéraire des salariés intérimaires ? Plus des deux tiers des personnes interrogées souligne qu’elles sont toujours en emploi un an après leur passage en intérim, en mars 2015. Parmi elles, 50 % sont en intérim (+6 points) et 19 % ont été embauchées (10 % sont en CDI et 9 % en CDD). À noter que 47 % des intérimaires en CDI ou CDD avaient été préalablement envoyés en mission d’intérim dans l’entreprise où ils travaillent actuellement. L’année 2014, marquée par un taux de chômage élevé,n’a pas été propice aux propositions d’embauche en CDI qui atteignent leur point le plus bas depuis l’instaurationde cette enquête.

par la baisse de l’emploi intérimaire en 2014 qui a eu pour conséquence, souligne l’étude, que les salariés intérimaires de mars 2014 présentent un profi l plus aguerri que les années précédentes. Cela se traduit par une progression des logiques d’insertion et individuelle : 23 % (+8 points) avaient pour objectif d’être recrutés dans l’entreprise

Une logique de maintien dans l’emploi pour des profi ls “expérimentés” L’institut OpinionWay conclut ce volet consacré aux parcours et aux stratégies d’emploi des intérimaires en dégageant quatre grandes logiques types de recours à l’intérim. Tout d’abord, une logique de maintien dans l’emploi pour 36 % des interviewés. Il s’agit de personnes qui possèdent une certaine expérience professionnelle, dont beaucoup sont inscrites à Pôle emploi et désireuses de se maintenir dans l’emploi via l’intérim. La deuxième catégorie rassemble presque exclusivement des étudiants ou ex-étudiants qui ne recherchant pas immédiatementun emploi “stable” mais qui ont recours à l’intérim pour des questions de formation ou de fi nancement de leurs études (22 %). Viennent ensuite les personnes qui décident de recourir à l’intérim immédiatement après une perte d’emploi (14 %) et celles, moins expérimentées qui souhaitent trouver rapidement un emploi après une longue période de recherche infructueuse.

Une vision positive de l’intérimConsacrée aux représentations de l’intérim en France,la deuxième partie de l’étude, souligne tout d’abordl’image positive dont bénéfi cie toujours l’intérim auprès des salariés intérimaires. Ils sont en effet 80 % à déclareravoir une bonne opinion de l’intérim, dont 23 % une très bonne opinion. Vecteur d’intégration ou de maintien dans l’emploi, l’intérim est source de multiples satisfactions.La qualité des relations avec les agences d’emploi (79 % de satisfaits), la rémunération (75 %) et l’équilibre entre

Q

... 47 % des intérimairesen CDI ou CDD avaient été préalablement envoyésen mission d’intérim...

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vie professionnelle et vie privée (73 %) arrivent en têtedes motifs de satisfaction avancés par les personnes interrogées. Et près des deux tiers des intérimaires interrogés pensent continuer à travailler en intérim dans l’avenir.

Tremplin vers l’emploi dans un contexte économique diffi cile, le passage en intérim est considéré par une écrasante majorité de personnes questionnées comme un bon moyen pour acquérir une expérience professionnelle (91 %), apprendre différents métiers (80 %) ou se former (79 %). Elles sont également nombreuses à souligner l’intérêt de l’intérim en termes de connaissance des règles du travail en entreprise, qu’il s’agisse d’accroître leur capacité d’adaptation, d’acquérir de nouvelles compétences ou encore d’apprendre à travailler en équipe. Forts de cette image très positive, les salariés intérimaires se révèlent les ambassadeurs les plus effi caces pour promouvoir l’intérim auprès de leur entourage. Ils sont ainsi près de 9 sur 10 à se dire prêts à conseiller à un

proche en recherche d’emploi de se tourner vers l’intérim, devant les salariés du privé et du public (respectivement 83 % et 84 %), les demandeurs d’emploi (81 %) et les étudiants (83 %).

Agences d’emploi : une effi cacité reconnueEn termes d’effi cacité, dans leur ensemble les actifs jugent positivement l’action des agences d’emploi pour trouver un CDI ou un CDD aux demandeurs d’emploi.À commencer par les salariés du public (64 % font confi ance aux agences dans ce domaine), suivis par les salariés du privé (62 %). Si les demandeurs d’emploi ferment la marche, avec des opinions positives en baisse (53 %) par rapport à 2014, les étudiants sont en revanche plus nombreux (60 %, soit une progression de 7 pointspar rapport à l’année précédente) à souligner l’effi cacité des agences d’emploi en matière de placement en CDDou CDI.

80 %le chiffreC'est le pourcentage de salariés intérimaires déclarant avoir une bonne opinion de l’intérim

le chiffreC'est le pourcentage du recoursà l’intérim motivé par une logiquede formation

36 %

le chiffreC'est le nombre de salariés intérimaires prêts à conseiller à un proche en recherche d’emploi de se tourner vers l’intérim...

Près de9 sur 10

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interview / LES STRATÉGIES DE RECOURS À L’INTÉRIMDeux questions à JEAN-PIERRE LEMONNIER, VICE-PRÉSIDENT DE L’OBSERVATOIRE DE L’INTÉRIM ET DU RECRUTEMENT

Quel est selon vous le principal enseignement de cette enquête ?Jean-Pierre Lemonnier : Nous avons cette année apporté un éclairage particulier sur les stratégies de recours à l’intérim. Celui-ci met clairement en évidence l’hétérogénéité des profi ls à l’entrée en intérim, ainsi que le rôle “intégrateur”de l’intérim qui agit comme une passerelle vers l’emploi.

Au moment de la 1re inscription dans une agence d’emploi, nous observons que plus des deux tiers des “nouveaux entrants” sont sans emploi. Toutefois, cette situation “sans emploi” n’est qu’une étape dans leur parcours. Lorsque l’on analyse les parcours dans l’année précédant leur entrée en intérim, on retrouve quasiment à parts égales des étudiants (31 %), des personnes en emploi (32 %), des demandeurs d’emploi (28 %) et, de façon plus marginale, des personnes alternant des périodes d’emploi et de non emploi (5 %) ainsi que des inactifsne recherchant pas d’emploi (3 %).

Dans chacune des situations, l’intérim est, à un moment donné du parcours professionnel, une opportunité d’accès ou de retour à l’emploi.

Quels sont les projets de l’Observatoire de l’Intérim et du Recrutementpour l’année 2016 ?J-P.L. : Cette année sera riche en études et publications. En plus de Regards croisés, nous allons publier des zooms thématiques permettant de montrer les spécifi cités du recours à l’intérim selon l’âge, le secteur d’activité, etc. Nous allons par ailleurs nous concentrer sur deux axes : la prospective et les parcours.

Une étude sur les métiers en 2025 permettra de dresser un portrait prospectif de l’intérim et de l’activité recrutement des agences d’emploi dans dix ans. Parallèlement, nous travaillerons sur les évolutions des métiers des salariés permanents.

Enfi n, nous approfondirons la question des parcours, aussi bien des salariés permanents qu’intérimaires. Pour ces derniers, nous nous intéresserons aux mutations professionnelles (changements de métiers ou de secteurs) et aux passerelles que l’intérim permet de construire entre des secteurs qui peuvent parfois sembler cloisonnés, participant ainsi à l’employabilité des salariés intérimaires.

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Économie numérique et travail /

QUEL CONTRAT SOCIAL ? Le Club Idées Initiatives Emplois a rassemblé le 19 janvier 2016 une vingtainede participants autour de BENOÎT THIEULIN, alors président du Conseil nationaldu numérique. Au menu, travail, emploi et numérique.

peine deux semaines après que le Conseil national du numérique (CNNum) ait rendu son rapport intitulé "Travail, emploi, numérique, les nouvelles trajectoires", Benoît Thieulin acceptait l'invitation de Prism'emploi

et venait échanger autour des grands thèmes développés dans le rapport.Le numérique, une révolution qui transforme radicalement les rythmes de travail et la circulation des informations, mais aussi, souligne le dernier rapport du CNNum, “une révolution

cognitive, qui change nos manières de penser, de modéliser

le monde, et de résoudre des problèmes.”

Il y a encore quelques temps, se souvient Benoît Thieulin, “nous voyions la révolution numérique comme une simple révolution

médiatique, un média de plus, puis nous l'avons considéré comme

un levier d'émergence de nouveaux types d'acteurs économiques.

Enfi n, cela fait à peine trois ans, nous avons pris conscience que le

numérique est une révolution profonde et globale transformant

toute l'économie et la société.”

Une pluriactivité et des micromarchés Partant de ce constat, il s'agissait pour les participants de s'interroger à propos du rapport au travail, de ses nouveaux acteurs, des nouveaux marchés et des nouvelles pratiques. Benoît Thieulin livrait d'emblée une caractéristique essentielle du travail en lien avec l'économie numérique : la pluriactivité. Deux millions et demi de personnes sont pluriactives en France. Avec le numérique, explique le rapport du CNNum, les parcours professionnels sont plus dynamiques et évolutifs. Principalement pour augmenter leurs revenus, mais pas seulement pour cette raison (lire encadré), un nombre croissant de personnes cumule plusieurs activités, sinon des métiers. Qu'il s'agisse de vendre des meubles devenus inutiles ou de covoiturer, les plateformes collaboratives ont facilitéà ce point la mise en relation que ces activités, “ces

micromarchés” précise Benoît Thieulin, se massifi ent considérablement. Faisant un rappel des pratiques antérieures à Internet, le vide-grenier ou l'auto-stop, le président du CNNum expliquait : “On substitue un micromarché

à une régulation grossière d'une demande face à une offre.

Ces phénomènes relèvent tous de cette même problématique :

À

rendre solvable et connectable l'équilibre entre l'offre et la demande

qui ne trouvait pas matière à équilibre dans l'économie classique.”

Responsabiliser les plateformes Un peu plus loin, Benoît Thieulin évoquait “les phénomènes

d'industrialisation derrière ces révolutions”. Des plateformes marchandes qui posent un grand nombre de questions. Passant rapidement sur les problèmes posés par la fi scalisation de leur activité et l'application de la réglementation (par exemple en matière d'hôtellerie pour Airbnb), le président du CNNum en venait aux problématiques au centre du contrat social : le travail, le respect du droit du travail, le statut des travailleurs dits indépendants, le rapport employé/employeur, la protection sociale et même le droit de la concurrence. Autant d'aspects du monde du travail bouleversés par la nouvelle économie. “Nous

ne pouvons pas nous désintéresser de ces questions car, à long terme,

les problèmes sociaux seront considérables”, insistait Benoît Thieulin.S'attardant sur l'exemple des chauffeurs d'Uber, il abordaitla question de leur statut. “Ces personnes dites indépendantes,

expliquait-il, sont, d'un côté, subordonnées à une plateforme qui

leur propose une activité, en quelque sorte un employeur, et d'un autre

côté, dépendante du client qui les note à l'issue de la course. Comment

responsabiliser ces plateformes et les acteurs qui travaillent pour elles, interrogeait Benoît Thieulin. Devons-nous inscrire, dans le droit,

le concept de loyauté des plateformes ?”

Benoît Thieulin est ancien président du CNNum, fondateur et directeurde l’agence d’innovation numérique La Netscouade, doyen de l’École de Communication et du Master digital humanities de Sciences Po.

... rendre solvable et connectable l'équilibre entre l'offre et la demande...

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Parcours hybrides et protection sociale En réalité, un chauffeur Uber n'est pas véritablement indépendant et son absence de statut peut conduire à sa précarité. Benoît Thieulin partageait sur ce point le même constat que David Ménascé dans son ouvrage “La France du

Bon Coin” (édition de l'Institut de l'entreprise - lire Prism'emploi leMag n°34).En matière de protection sociale, le président du CNNum réactivait, pour ces parcours qualifi és d'“hybrides”, l'idée du Compte personnel d'activité (CPA), “un outil d'empouvoirement

individuel et de sécurisation des transitions”, indique dans sa troisième recommandation de l'axe 1 le rapport du CNNum.“Le changement doit résider dans l’activation même de ces droits et

ne doit pas rester dans un mode binaire avec, d’un côté, les salariés

bénéfi ciant de nombreux droits et, de l’autre, des “indépendants”

sans droits. À ce titre, le débat sur le revenu d’existence est multiple.

En revanche, notre système social étant déjà compliqué, une

tentative de l’adapter à une situation encore plus complexe ne

fonctionnera pas.”

Des services publics de pairs à pairsLoin de renier les plateformes, néanmoins “vecteurs de progrès

social, d'innovation, de service et de business”, Benoît Thieulin soulignait qu'Uber a créé plus de 15 000 emplois visant des

jeunes en général écartés du marché du travail. “Ces emplois

ne sont pas méprisables, mais fondamentaux.” Poursuivant sa démonstration, l'auteur du rapport se plaçait ensuite du point de vue de la demande. Pour lui, il ne fait aucun doute quela demande de services devrait accroître considérablement dans un avenir très proche. “Le progrès social des années à venir

ne portera pas sur l'expansion de nos services publics, mais sur

des services personnalisés (.../...). Ce seront les services publics

de pairs à pairs qui porteront leurs fruits. Des services que les

plateformes permettent”.

En conclusion, Benoît Thieulin encourageait vivement les professionnels de l'intérim à s'emparer des problématiques abordées. “Les plateformes prennent trop d'importance, de

nombreuses choses devraient leur être interdites. On ne peut pas

ne pas s'intéresser à leurs pratiques (.../...). Mais aujourd'hui

l'innovation est exponentielle, le block chain peut rendre les

plateformes inutiles dans trois ans. J'ai le sentiment que les

Français s'en sortent assez bien pour inventer des business models

et innover”.

Le Conseil national du numérique

Le Conseil national du numérique est une commission indépendante

dont les missions ont été redéfi nies et étendues par décret en 2012.

Il est chargé de formuler et de rendre publics des avis et des

recommandations sur toute question relative à l’impact du numérique

sur la société et sur l’économie. À cette fi n, il organise des concertations

régulières, au niveau national et territorial, avec les élus, la société

civile et le monde économique. Il peut être consulté par le

Gouvernement sur tout projet de disposition législative ou

réglementaire dans le domaine du numérique. Ses trente membres,

bénévoles, sont nommés par décret. Le président depuis le

8 février 2016 est Mounir Mahjoubi, directeur associé chez BETC

et co-fondateur de “La Ruche qui dit oui”.

“La génération slasher”“La volonté d'avoir plusieurs activités se multiplie principalement sous la pression du pouvoir d'achat, explique Benoît

Thieulin. Mais nous ne devons pas négliger le rôle de la pression sociale qui pousse à la pluriactivité. Je n'ai jamais eu

autant de demandes de réduction du temps de travail dans mon entreprise pour cause de volonté de devenir free-lance.

Le réfl exe est désormais de diversifi er ses activités pour diminuer le risque de “faillite”, mais aussi par pure volonté

de diversifi cation. Maintenant que le numérique permet cela rapidement, des nouvelles pratiques voient le jour.

La “génération slasher” symbolise cette tendance qui se concrétise même dans des secteurs non lucratifs.”

Pour en savoir plus :

http://www.cnnumerique.fr/

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entretien / DÉTACHEMENT FRAUDULEUX :DES MESURES RESTENT À PRENDRE

Quelles sont les dernières mesures prises pour lutter contrele détachement frauduleux et leurs principaux apports ?Serge Vo-Dinh : Depuis deux ans, le gouvernement s'est attaché à répondre à la problématique du détachement frauduleux. Cela s'est concrétisé par l'adoption des lois Savary et Macron en 2014 et 2015 qui ont renforcé la responsabilité du donneur d’ordres et/ou du maître d’ouvrage. En outre, les entreprises étrangères doivent désigner un représentant en France et les sanctions pénales ont été transformées en de lourdes amendes administratives. Enfi n, la carte d’identifi cation profes-sionnelle pour les salariés intervenant sur les chantiersdu BTP va être généralisée.

• Majorer le seuil de 25 % de chiffre d’affaires établipar la Commission européenne déterminant l’activité substantielle dans le pays d’origine.

Que fait l'Union européenne pour lutter contre ces pratiques frauduleuses ?S.V-D. : La directive de 2014 renforce l’application de celle de 1996 sur le détachement. Le 8 mars 2016, la Commission a présenté une proposition de directive qui amende celle de 1996 qui sera examinée au Parlement européen dans les mois qui viennent. À noter que cette proposition de directive entérine le fait que les entreprises de travail temporaire sont bien dans le champ d’application de la directive de 1996.

Que fait Prism’emploi ?S.V-D. : Prism’emploi a signé en 2006 une convention nationale de partenariat pour lutter contre le travail illégal dans la branche. Dans ce cadre, nous nous portons partie civile dans différentes affaires, dont les plus emblématiques sont Atlanco et Terra Fecundis.Une délégation de Prism’emploi conduite par son président, Gilles Lafon, a rencontré récemment à Bruxelles des membres de la Commission et des parlementaires européens afi n de les sensibiliser sur cette question.

Si la lutte contre le détachement frauduleux marque une avancée après la publication de plusieurs textes, Prism'emploi continue de faire des propositions en la matière. Entretien avec SERGE VO-DINH, président de la commission juridique de Prism'emploi.

... la carte d’identifi cation professionnelle pourles salariés intervenantsur les chantiers du BTPva être généralisée.

Pensez-vous que d'autres propositions peuvent être faites ?S.V-D. : Absolument, nous avons d’ailleurs présenté à plusieurs reprises sept propositions, parmi lesquelles :

• Interdire le détachement d’un salarié dans le pays dans lequel il réside afi n d’éviter qu’il soit “recruté et détaché”par une entreprise implantée dans un pays dans lequelles charges sociales sont faibles.

• Créer un système de déclaration dématérialisée préalableau détachement, unique au niveau européen.

• Créer un site internet sur les formalités préalables au détachement avec accès à l’information du droit du travail du pays d’accueil pour permettre aux entreprises étrangères de connaître les formalités préalables au détachement mises en place au niveau national.

• Avoir une défi nition du “détachement temporaire” au niveau européen et un seuil emportant l’obligation d’implantation dans le pays d’accueil.

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Enfi n, Prism’emploi intervient dans les colloques surle détachement au cours desquels nous rappelons quela prestation de services doit être temporaire par nature. En cas de pérennité d’activité, nous considérons que l’entreprise étrangère doit s’installer en France ou a minima payer ses cotisations sociales en France.

Concernant la carte d’identifi cation professionnelle du BTP, quelles seront les obligations des entreprises de travail temporaire ?S.V-D. : Le décret du 22 février 2016 met à leur charge la demande de carte, la mise à jour ainsi que la responsabilitéen cas de non-respect de ces obligations.

... nous déplorons que le ministère du travail n’ait pas tenu compte du compromis...

Malheureusement, nous déplorons que le ministère du travail n’ait pas tenu compte du compromis que nous avions trouvé avec la Fédération française du bâtiment :la mise à jour de la carte d’identifi cation professionnelle était à la charge de l’entreprise utilisatrice et l’entreprise de travail temporaire avait à sa charge la demande de carte. Nous travaillons actuellement avec la FFB sur les modalités pratiques de la mise en œuvre de ce dispositif.

annéeoù Prism’emploi a signé une convention nationale de partenariat pour lutter contre le travail illégal dans la branche

2006

le chiffrec'est le nombre de salariés détachés

en France en 2013

212 000

13 % intérimdes salariés détachés en France en 2013

bâtimentdes salariés détachés en France

en 201343 %

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entretien / CDI INTÉRIMAIRE :“SON DÉVELOPPEMENT EST COMPATIBLE AVEC NOS OBJECTIFS”

Pour quelles raisons le Contrat à durée indéterminéepour les intérimaires (CDII) a-t-il eu du mal à démarrer ?François Roux : Il convient de tenir compte du contexte : il s’agit d’une manière radicalement différente de faire notre métier. L’apprentissage de ce nouveau volet professionnel nécessitait une volonté managériale forte avec le développement d’un savoir-faire à la fois opérationnel et juridique. Il nécessitait du temps pour que les agences d’emploi s'organisent. En outre, la conjoncture de 2014et du premier semestre 2015, n'était pas porteusepour l'emploi et n'a pas favorisé le développement rapide du CDII que nous pouvions espérer. Enfi n, le CDII connaissait un frein d'ordre juridique et nous attendions des clarifi cations à ce sujet. Celles-ci sont intervenuesen août 2015.

Les clarifi cations juridiques dont vous parlez sont arrivées avec la loi Rebsamen. Quels ont été les effets de cette loi ?F.R. : La loi Rebsamen, entrée en vigueur en août 2015,a eu un effet extrêmement positif. En supprimant ledélai de carence entre les missions, la loi a permisune réelle montée en puissance du contrat. Le CDII,conçu initialement sur le modèle d'un contrat d'intérim “classique”, était auparavant limité par le délai de carence qui contraignait les salariés à interrompre leur période d’emploi après un renouvellement de mission, alors même qu’ils travaillaient dans le cadre d’un CDI. Après l'abandon de cette mesure inappropriée, le CDII a connu à partirde septembre 2015 une croissance exponentielle.

Quel est le profi l type de l’intérimaire en CDII ?F.R. : Contrairement à ce que les plus sceptiques prédisaient au lancement de ce contrat - et ce sur quoi ils appuyaient leurs critiques -, les personnes engagées en CDII ne sont pas les intérimaires avec le plus d’expérience et la plus forte intensité d’emploi. En effet, une étude récente surle sujet que nous avons confi ée à un tiers indépendant, montre qu’ils sont plus jeunes que la moyenne des intérimaires et sont également majoritairement peu qualifi és. Plus de la moitié des CDII sont des ouvriersnon qualifi és. Jeunes et peu qualifi és, il s'agit d'une

catégorie de salariés particulièrement exposée au chômage. En sécurisant leur parcours professionnel, le CDII démontre bien son utilité et sa pertinence. C'est un outil adapté à la lutte contre le chômage.

Quelle est la typologie des entreprises clientes ? À quels secteurs d'activité appartiennent-elles principalement ?F.R. : Là encore le CDII a déjoué les pronostics. Alors que l'on s'attendait à ce que les très grandes entreprises,ce qu'on appelle les grands comptes, deviennent les principaux utilisateurs du contrat, nous constatons qu'en réalité les entreprises de taille intermédiaire et les PME constituent l'essentiel des entreprises utilisatrices. L’enquête de mars 2016 fait apparaître que le CDII répond aux attentes des entreprises jouissant d'un ancrage local fort dans les bassins d'emploi et qu'il s'insère dans une politique de proximité. Quant aux secteurs d'activité qui recourent au CDII, il s'agit principalement de l'industrie (44 % de CDII) et des transports et de la logistique (26 %à eux deux), qui sont, depuis quelques mois, porteurs de créations d’emplois.

FRANÇOIS ROUX, délégué général de Prism'emploi, revient sur l'innovation majeure mise en place en France en 2014 et sur son évolution au cours de l'année passée. Les statistiques le démontrent : le CDI intérimaire (CDII) est un outil adapté à la lutte contre le chômage.

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Revenons aux hommes et aux femmes à qui s'adresse le CDII. Étonnamment, beaucoup le refusent quand une agence d’emploi leur propose. Pour quelles raisons ? F.R. : Effectivement, 42 % des candidats refusent le CDII qui leur est proposé. C'est aussi une autre raison pour laquelle le démarrage du contrat fut plus lent que nous le souhaitions. Deux raisons principales expliquent en général les refus. La première est liée à l'indemnité de fi n de mission qui dans l’intérim compense le caractère temporaire du contrat et qui est utilisée pour fi nancer les formations dans le cas du CDII. Certains candidats, dans leur arbitrage personnel, préfèrent une majoration de salaire à un statut plus stable. La deuxième raison invoquée est la liberté de choix des missions offertes par l'intérim. Beaucoup de salariés intérimaires sont attachés à l'intérim, à son fonctionnement et à ses avantages. Notamment les plus expérimentés dont l'employabilité est plus forte et qui bénéfi cient d'un choix plus large de missions.

À l'opposé, que recherchent les candidats qui adhèrentau CDII ? F.R. : Principalement la sécurité et la stabilité. Le CDIIleur apporte un statut plus rassurant au quotidien avec un accès au logement et aux prêts bancaires plus aisé.Ils bénéfi cient aussi de la possibilité de construire un véritable parcours professionnel en alternant des missions et des formations. Grâce aux relations privilégiées qu'ils entretiennent avec l'agence d'emploi qui les accompagne,

ils augmentent leurs compétences et développent leur employabilité. Près d'un salarié en CDII sur trois a bénéfi cié d'une formation en 2015.C'est pour toutes ces raisons que le CDII séduit en premier lieu des jeunes peu qualifi és et participe pleinementà notre modèle de fl exibilité responsable, contribuantà l’intégration professionnelle de publics fragiles.

Finalement, combien de CDII ont été signés ? Les objectifs défi nis en 2014 sont-ils respectés ? F.R. : Fin janvier 2016, 6 000 CDI intérimaires ont été signés. Ils représentent en 2015 plus d'un quart des emplois créés par l'intérim. La moitié des CDII ont été signés au cours des quatre derniers mois de l'année, après la suppression du délai de carence. La montée en puissance a alors été importante. En janvier 2016, 800 CDII ont été signés, confi rmant la tendance des 10 000 signatures par an. Nous constatons que le CDII se développe à présent à un rythme compatible avec l'objectif que s'est fi xée notre branche professionnelle, soit 20 000 CDII d'ici à 2017.

intérimairesCDIinnovation

professionnel

signa

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statistiquescompétences

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interview / INTÉRIMAIRES SANTÉ : UNE PLATEFORME DE GESTION OPÉRATIONNELLE Trois questions à MATHIAS HILDEBRAND, RESPONSABLE DE CLIENTÈLECHEZ SIACI SAINT-HONORÉ

Intérimaires Santé, la plateforme de gestion du régime frais de santé dédiée aux salariés intérimaires, est opérationnelle depuis le 1er janvier dernier. Pourriez-vous nous livrer un premier point d’étape en termes de suivi des entreprises de travail temporaire et des salariés intérimaires ?Mathias Hildebrand : En ce qui concerne les entreprises de travail temporaire, nous avons consolidé plus d’un milliard d’heures travaillées par les salariés intérimaires en 2015. On peut noter que plus de 90 % des entreprises de travail temporaire, nous ont déclaré leurs heures, ce qui représente 98 % des effectifs de la branche. Pour le reste, il s’agit d’entreprises de taille plus modeste qui n’ont pas toujours déclaré leurs heures et/ou souscrit au contrat de décompte horaire d’ancienneté ainsi qu’au contrat d’assurance et que nous avons relancé afi n de les accompagner dans la mise en place du régime frais de santé.

Et du côté des salariés intérimaires, quels sont les premiers enseignementsque vous en tirez ?M.H. : Si le démarrage est également positif, il mérite d’être nuancé. Sur les2 270 000 intérimaires identifi és dans nos systèmes, 607 000 sont éligibles au régime frais de santé (cumul de plus de 414 heures de missions sur les 12 derniers mois et au moins une mission en 2016). Le décret du 30 décembre 2015 sur les nouveaux casde dispense, applicable au 1er janvier 2016, a fortement perturbé les processus initialement mis en place concernant la gestion administrative des affi liations.En effet, nous avons reçu plus de 23 000 demandes de dispense principalement relatives à ces nouveaux cas. 593 000 salariés intérimaires sont assurés depuis le1er janvier 2016 et 58 000 d’entre eux nous ont renvoyé leur dossier administratif permettant notamment la mise en place du tiers payant. Nous sommes sollicités sur de nombreux sujets et nous nous efforçons de résoudre les diffi cultés rencontrées par certains salariés intérimaires, notamment concernant la procédure du tiers payant. Nous avons été amenés à agir sur tous les cas d’urgence qui se présentaient et à faire preuve de souplesse et de réactivité pour délivrer par exemple plus de 300 prises en charge hospitalières alors que nous n’avions pas encore les dossiers complets.

Quels sont les outils que vous mettez en place pour aider les entreprises de travail temporaire et leurs salariés dans cette phase de démarrage ?M.H. : Nous avons intégré au sein de notre centre de gestion de Bezannes un accueil téléphonique pour répondre à toutes les questions des entreprises de travail temporaire, dont celles relatives au processus de déclaration des heures. Elles peuvent également poser par email toutes les questions pour le compte d’un salarié intérimaire. Enfi n, nous réactualisons régulièrement nos différentes documentations. Quant aux salariés intérimaires, ils disposent de nombreux documents et vidéos pédagogiques en ligne qui serons actualisés. Nous avons surtout renforcé l’accueil téléphonique pour faire face au nombre croissant d’appels. Nous avons reçu plus de 80 000 appels en janvier et plus de 120 000 en février. Nous disposons d’une équipe opérationnelle de 139 conseillers chargés de répondre à leurs questions du lundi au vendredi, de 8 h 30 à 18 h, et nous avons ouvert temporairement une plage horaire le samedi pour gérer l’affl ux d’appels.

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interview / EN RÉGION, L'ACTION CONCOMITANTE DE TOUS EST ESSENTIELLE

Pouvez-vous rappeler quelles sont les missions des représentants régionaux de Prism'emploi ?Patrick Tuphé : Les régions se sont vues transférer de nouvelles compétences et aussi plus de moyens en matière de formation. Prism’emploi, le FAF.TT et le Fastt se sont adaptés pourune plus grande effi cacité. Les agences d'emploi, dans cette organisation, ont un rôle important à jouer. Les représentants de Prism’emploi en région ont des messages importantsà porter auprès des Conseils régionaux, des départements, des communautés d'agglomérations, des services de l'État... Partout où nous devons être identifi és comme un partenaire incontournable du marché du travail. Nous devons absolument intégrer les cercles de réfl exion, proposer notre expertiseet nos solutions, en placement d'intérimaires comme en formation et en accompagnement social.

Prism’emploi a défi ni des propositions en faveur de l'emploiet de la formation. La première est l'identifi cation des besoinsde compétences et des métiers en tension. En quoi les agences d'emploi peuvent-elles contribuer à cette action ?P.T. : Grâce à un maillage de 7 225 agences et 20 000 salariés permanents, les agences d’emploi ont accès à ce qui constitue la condition même de leur effi cacité : une connaissance fi ne des besoins des entreprises locales. Elles sont de fait le seul acteur à être quotidiennement en contact dans les bassins d’emploi avec les entreprises de différents secteurs d’activité, les salariés intérimaires et les candidats. Nous devons offrir cette connaissance aux services de l'emploi. Mais pour cela, encore une fois, nous devons nous faire connaître !

Prism’emploi a décidé d'agir en faveur de l'alternance.Pouvez-vous nous en dire plus ?P.T. : En 2015, la création d'un Organisme collecteur de taxe d'apprentissage de branche (OCTA) a démontré notre volonté de poursuivre le développement de l'apprentissage. À présent, le cadre juridique qui existe doit nous permettre de faireplus et mieux dans ce domaine spécifi que. Il s'agit d'undes premiers objectifs de la profession : déployer le contrat d'apprentissage intérimaire dans les territoires.

La branche a aussi mis en place deux contrats spécifi ques...P.T. : Nous avons en effet le contrat de développement professionnel intérimaire (CDPI) qui s’adresse aux salariés intérimaires peu ou pas qualifi és qui ne trouvent pasde débouchés dans leur bassin d’emploi, et le contrat d'insertion professionnelle intérimaire (CIPI) pour les personnes éloignées de l'emploi. Tous ces outils, propres

à notre branche, sont précieux et doivent être connuspour bénéfi cier au plus grand nombre.

Une autre proposition de Prism’emploi en région ?P.T. : Une action importante est notre mobilisation en faveur du retour à l'emploi des demandeurs d'emploi. La profession souhaite déployer pour les demandeurs d’emploi de plusde 45 ans un dispositif d’accompagnement global alliant la formation, des actions et des prestations sociales. Deux expérimentations - l'une en Franche-Comté initiée en 2008, l'autre étant l'accord national signé en 2014 par l'État, l'UNML et Prism’emploi - ont permis de généraliser cette action.Son effi cacité dépend de la mobilisation de tous les acteurs qui agissent sur le terrain. Là encore, l'action concomitantede tous est essentielle.

La formation est importante dans le processus de retourà l'emploi. La profession souhaite utiliser la certifi cation CléA.Quelques explications ? P.T. : CléA, créée par le Comité interprofessionnel pour l’emploi et la formation (Copanef), est la première certifi cation permettant aux salariés et demandeurs d'emploi de bas niveau d'intégrer des formations plus qualifi antes dans un secteur d’activité spécifi que. Elle atteste que la personne détenantce certifi cat maîtrise les connaissances et les compétences de base nécessaires à son retour à l'emploi. C'est effectivement un objectif de la profession que de permettre à nos intérimaires d'accéder à ce premier niveau de certifi cation. Avant d'aller plus loin...

Quelques mois après la mise en place de la nouvelle organisation de Prism’emploien région, entretien avec PATRICK TUPHÉ, président de la commission régions.

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Déploiement / ACCORD MISSION JEUNES Plus de deux cents agences d’emploi sont aujourd'hui partenaires des Missions locales dans le cadre de la démarche Mission Jeunes. Elles apportent au service public de l'emploi les compétences et les solutions mises en place par la profession.

Zoom sur la Franche-ComtéEn décembre 2015, la Franche-Comté a mis en œuvre une nouvelle déclinaison régionale de l'Accord de coopération national. Signée par Christiane Maugain, présidente de l’Association franc-comtoise des Missions locales espaces jeunes (ARML), Raphaël Bartolt, préfet de la région Franche-Comté et préfet du Doubs, et Christian Bolognesi, vice-présidentde Prism’emploi Bourgogne-Franche-Comté, la convention vise à :

• favoriser le rapprochement entre les jeunes et les entreprises,• faciliter l'accès à l'emploi et à la qualifi cation des jeunes en mobilisant l'offre de services de la Mission locale ainsi que

la démarche “Mission jeunes” de la branche,• assurer la continuité des parcours professionnels en prenant en compte les freins à leur accès à l’emploi (logement, mobilité,

garde d’enfants, mutuelle...).

l y eut la signature de l'accord national de partenariat du 4 juin 2014, signé par Prism'emploi, les services de l'État et l'Union nationale des missions locales. Il y a,à présent, les accords régionaux qui, depuis fi n 2014

sont signés sur tout le territoire (voir la carte). Il y a enfi nla déclinaison opérationnelle de ces accords. Il s'agit de conventions signées entre des Missions locales et des agences d'emploi. Ce fut le cas par exemple au mois de février,à Dunkerque le 4, à Gier-Pilat-Saint-Chamond le 5 ou à Valenciennes le 9.

À ce jour, Prism'emploi compte plus de deux cents signatures. Pour ces agences d’emploi qui s'engagent, la démarche,loin d'être une contrainte, marque leur volonté de se positionner clairement comme un partenaire incontournable auprès des acteurs de l'emploi en région et notamment auprèsdes Missions locales. Elles y voient du sens, une nécessité,une évidence. Et visiblement, ça marche ! Les accords se multiplient et les résultats se font sentir.

Les chargés de Mission FAF.TT dédiés “Mission Jeunes” ont un rôle déterminant dans la mise en œuvre opérationnellede l’accord. Ce sont eux qui accompagnent les Missions locales et les agences d’emploi dans le déploiement de l’accord et des partenariats, la défi nition des plans d’actionset dans l’organisation d’actions concrètes.

I

Pour en savoir plus : www.missionjeunes.fr

Les actions sur le terrain peuvent prendre différentes formes. Des “Job Dating”, des ateliers mensuels de présentationde l'intérim, ou encore des ateliers de simulation d'entretien... Et aussi des formations ciblées, des visites d'entreprises, des parrainages de promotions Garantie Jeunes, des sessions d'information métiers, et même en Rhône-Alpes, un rallyede l'intérim. Ces outils sont choisis en fonction des besoins locaux. Ils permettent de rencontrer les jeunes, d'identifi er leurs capacités et, lorsqu'ils sont retenus, de les former et de les accompagner grâce, notamment, au FAF.TT et au Fastt.

Si ces actions sont délibérément tournées vers les jeunes, d'autres s'adressent directement aux Missions locales qu'il s'agit de sensibiliser aux multiples solutions de l'intérimet au dynamisme des agences.

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Bretagne,12/2014

Pays dela Loire,en cours

Limousin,en cours

Auvergne,en cours

Poitou-Charentes,

10/2015

Midi-Pyrénées,en cours

Provence-Alpes-

Côte d'Azur,en cours

Rhône-Alpes,

en cours

Alsace,09/2015

Centre,en cours Franche-

Comté,12/2015

Nord-Pas-de-Calais,en cours

Languedoc-Roussillon,en cours

Ile-de-France,10/2015

Accords régionaux signés et en cours

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vientdeparaître

Prism’emploi leMag est une publication des Professionnels du recrutement et de l’intérim. Prism’emploi : 56, rue Laffi tte - 75009 Paris - tél. 01 55 07 85 85 Directeur de la publication : Gilles Lafon - Directeur de la rédaction : François Roux - Rédacteur en chef : Isabelle Mazza - Comité de rédaction :Sébastien Archi, Mathilde Bonnichon, Dominique Delcourt, Ophélie de Mareuil, Ingrid Savary, Xavier Thomas - Conception-rédaction-réalisation :ORC Communications - R.C. PARIS 493 291 108 - 6, bd des Capucines - 75009 Paris - tél. : 01 47 61 58 00 - Responsable éditoriale : Véronique Aps - Rédaction : Michèle Berzosa, Henri Cormier - Crédits photos : Couverture : ORC - Édito : Olivier Seignette - p. 10 : seignettelafontan - p. 12 : CNNum - p. 14 et 16 : seignettelafontan - p. 18 : S2H - p. 19 : seignettelafontan - Impression EDISET - Chef de publicité : Carmen Figaret - Éditions SOGESTT :56, rue Laffi tte - 75009 Paris - tél. : 01 55 07 85 91 - Dépôt légal 1er trimestre 2016 - ISSN 2431-868X.

La Boîte à outils des Ressources Humaines

Auteur : Annick HaegelÉditions Dunod

Du recrutement du salarié à son départ : c'est la progression chronologique sur laquelle s'appuie l'ouvrage d'Annick Haegel qui présente ici les nouveaux enjeux des ressources humaines, les différents processus et outils opérationnels et directement utilisables.Cette deuxième édition intègre la digitalisation de la fonction RH, les nouvelles discriminations à l'embauche, la mise à jour des accords GPEC, les changements sur l'entretien professionnel et aussi la réforme de la formation du 5 mars 2014. Un outil est ajouté sur le conseiller en évolution professionnelle.

Repenserla croissance économique

Auteur : Philippe AghionÉditions Collège de France/Fayard

Cette leçon inaugurale raconte l’expérience qu’a représentée pour Philippe Aghion l'élaboration d’une nouvelle théorie – schumpétérienne – de la croissance économique : une théorie de la croissance par l’innovation et la destruction créatrice, qui fait constamment dialoguer la modélisation avec l’analyse empirique, et qui place la dynamique de l’entreprise au cœur du processus de développement. Cette leçon aborde quelques grandes énigmes de la croissance : le rôle de la concurrence et celui de la politique industrielle,le “paradoxe argentin” et les trappes de sous-développement, la relation entre innovation, inégalités et mobilité sociale... Enfi n, elle propose de penser les politiques de croissanceet d’apprendre sur les mécanismes de la croissance à partir des erreurs de politique économique.

Poésieet ManagementSi tu veux entreprendre, commence par Homère

Auteur : Yves RajaudÉditions Eyrolles

La métaphore pour comprendre la complexité des données économiques ou pour éclairer le fl ou d'une question de management, l'imagination et la créativité pour créer l'offre innovante dont l'entreprise a besoin pour vivre,les symboles pour construire sa communication, enfi n, l'intuition pour prendre les bonnes décisions : l'auteur part du principe que l'entreprise et ses responsables ont besoin de la poésie et de tous les bienfaits que peuvent générer les poèmes : l'imagination, la créativité, l'intuition...

Des ressourceset des hommesAuteurs : Fabienne Autier,Marie-Rachel Jacob et Mar PéreztsÉditions Village mondial

Comme il y a l'antimanuel d'économie*, il y a maintenant l'antibible des RH. En suivant le cycle de vie du salarié dans l’entreprise et en s’appuyant sur des cas concrets, l’ouvrage passe au crible les thématiques majeures de la gestion des ressources humaines (GRH) : comment optimiser la gestion des recrutements de demain ? Comment mieux évaluer la performance individuelle et collective ? Peut-on faire de la formation un levier stratégique pour l’entreprise ? Comment accompagner effi cacement les salariés vers une mobilité réfl échie ? Qu’en est-il du management RH à l'international ?Avec une approche alternative, les auteurs bousculent les idées reçues. Elles analysent les tensions actuelles, fournissent des pistes d’action et des clés de compréhension pour tous : dirigeants, responsables RH, managers et salariés.

* de Bernard Maris

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