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Publié par la CSST et l’IRSST www.csst.qc.ca www.irsst.qc.ca Prévention Été 2004 – Volume 17, n o 3 au travail Troubles musculo-squelettiques Avantages et désavantages de la rotation des postes comme moyen de prévention RECHERCHE à L IRSST en milieu de travail Secourisme en milieu de travail Secourisme

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Publié par la CSST et l’IRSSTw w w . c s s t . q c . c aw w w . i r s s t . q c . c aPrévention

Été 2004 – Volume 17, no 3 au travail

Troubles musculo-squelettiquesAvantages et désavantages de la rotation des postes comme moyen de prévention

RECHERCHE à L’IRSST

en milieu de travail

Secourismeen milieu

de travail

Secourisme

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Mot de la rédaction Le beau geste, prise un…

Vient de paraître à la CSST

Cherchez l’erreur Le changement de ballast

DossierSecourisme en milieu de travail

Le programme de secourisme en milieu de travail de la CSST est l’un

de ses plus beaux fleurons. Parce qu’il permet de sauver des vies, de réduire

les conséquences d’un accident.

Droits et obligations La CSST et le processus d’adoption des règlements

en vertu de la LSST – Un exemple

Agenda d’ici et d’ailleurs

Recherche à l’IRSSTSommaire en page 17

Les accidents nous parlent Chutes d’échelles

Santé et sécurité en images

ReportagesInfasco – Resserrer les boulons de la prévention

S’amuser… c’est sérieux !

Le mental au travail, aïe !

Mega Bloks – On ne joue pas avec la sécurité

Lu pour vous

En raccourci Cadenasser… et vivre ; la santé et la sécurité dans les hôpitaux ;

une fondation qui a de l’oreille ; en ballon ; un manuel incontournable !

Perspectives Connaissez-vous les CARD ? C’est tout simple !

Une entrevue avec Emmert Clevenstine, chef du Centre international

d’informations de sécurité et de santé au travail du Bureau international

du travail.

Un magazine pour qui, pour quoi ?Prévention au travail s’adresse à tous ceux et celles qui ont un intérêt ou un rôle à jouer

dans le domaine de la santé et de la sécurité du travail.

Son objectif consiste à fournir une information utile pour prévenir les accidents du travail

et les maladies professionnelles. Par des exemples de solutions pratiques, de portraits

d’entreprises, et par la présentation de résultats de recherche, il vise à encourager la prise

en charge et les initiatives de prévention dans tous les milieux de travail.

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3Été 2004 Prévention au travail

Le beau geste, prise un…

Prise un. Si votre collègue ou encore un membre de votrefamille tombait foudroyé à côté de vous, s’il s’étouffait, s’ils’entaillait sérieusement un doigt ou un pied, sauriez-vousquoi faire pour l’aider en attendant les ambulanciers ? AuQuébec, d’ici la fin de 2004, pas moins de 60 000 personnesauront suivi un cours de secourisme en milieu de travail. Et appris à faire le bon geste au bon moment. Le programme desecourisme en milieu de travail, l’un des plus beaux fleuronsde la CSST, célèbre cette année ses 20 ans. Pendant ce presquequart de siècle, combien de vies ont été sauvées, grâce à l’intervention d’une ou d’un secouriste ayant suivi une for-mation en milieu de travail ? Nul ne le sait. Mais on peut affirmer sans crainte de se tromper qu’une centaine de personnes seraient aujourd’hui mortes si on ne les avait pasaidées ; et que les blessures de plusieurs autres se seraientsans doute aggravées. De bons gestes devenus de beauxgestes. Gratuits. Sans prix. Revers de la médaille : combien de personnes sont mortes, faute de secours ? Combien de travailleurs, témoins d’accidents, se remémorent la scène etregrettent d’être restés là, pétrifiés et impuissants, faute de savoir quoi faire ? Malaise. L’accident bête peut survenirn’importe quand. Alors, aussi bien prévoir le coup. Et allerchercher cette si précieuse formation.

Prise deux. Êtes-vous observateur ? Avez-vous remarqué quenotre dernier numéro (printemps 2004) a changé de « robe » ?Nouvelle typographie, nouvelle pagination, nouvelles têtes de rubriques, tant pour les sections Dossier et Reportages que pour Recherche à l’IRSST. Nous souhaitions rendre le magazine encore plus agréable à lire. Vous ne l’aviez pas remarqué ? Mais il est encore temps… Prise trois, profitez-en pour en découvrir un peu plus sur les avantages et les désavantages de la rotation des postes, dans le blocRecherche à l’IRSST.

Prise quatre, l’été est là, il vous attend. Le seul geste à faire,en l’occurrence, est de vous précipiter dans ses bras et de profiter de ses faveurs. Allez, dehors !

Mise en gardeLes photos publiées dans Prévention au travailsont le plus conformes possible aux lois et règlements sur la santé et la sécurité du travail.Cependant nos lectrices et lecteurs comprendrontqu’il peut être difficile, pour des raisons techniques, de représenter la situation idéale.

Été 2004 | Volume 17, no 3

Le magazine Prévention au travail est publié par les directions des communications de la Commission de la santé et de la sécurité du travail (CSST) et de l’Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail (IRSST).

Président du conseil d’administrationet chef de la direction de la CSST,et président de l’IRSSTJacques Lamonde

SECTION CSSTDirecteur des communicationsPierre Benoit

Rédactrice en chefMonique Legault Faucher

Adjointe à la rédactrice en chefJulie Mélançon

Secrétaire de rédactionGisèle Rousseau

CollaborateursIsabelle Desbiens, Guy Perrault, Hélène Savard, Marc Tison, Lyse Tremblay

RévisionTranslatex communications +

SECTION IRSSTPrésidente-directrice générale de l’IRSSTDiane Gaudet

Directeur des communications Jacques Millette

Rédactrice en chefMarjolaine Thibeault

CollaborateursPhilippe Béha, Mario Bélisle, Dominique Desjardins,Joann Dunn, Benoit Fradette, Martin Gagnon, Loraine Pichette, Claire Thivierge

Direction artistique, production et retouche numérique des photosJean Frenette Design

Validation des photographies et des illustrationsLaurent Desbois, André Dupras, Christiane Lambert,Luc Ménard, Yvon Papin, Jean-Jacques Rouleau,André Turcot, Jules Turcot

Photo de la page couvertureYan Lasalle

ImpressionImprimeries Transcontinental inc.

ComptabilitéMonique Chapdelaine, Danielle Lalonde

DistributionLyse Tremblay

AbonnementsAbonnement Québec525, rue Louis-PasteurBoucherville (Québec) J4B 8E7Tél. 1 877 221-7046

© CSST-IRSST 2004La reproduction des textes est autorisée pourvu que la source en soit mentionnéeet qu’un exemplaire nous en soit adressé :

CSST1199, rue De Bleury C. P. 6056Succursale Centre-villeMontréal (Québec) H3C 4E1Tél. (514) 906-3061, poste 2198Téléc. (514) 906-3016Site Web : www.csst.qc.ca

IRSST505, boulevard De Maisonneuve OuestMontréal (Québec) H3A 3C2Tél. (514) 288-1551Téléc. (514) 288-7636Site Web : www.irsst.qc.ca

Dépôt légalBibliothèque nationale du QuébecISSN 0840 7355

Préventionau travail

Mot de la rédaction

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RééditionsPesticides en agricultureDC 300-411-4 • Brochure

Ma main-d’œuvre c’est monaffaire ! Formation en SSTDC 300-417 • Brochure

Fibres minérales artificiellesDC 100-451-1 • Dépliant

Système d’information sur les matières dangereusesutilisées au travailDC 500-121 • Fiche

L’échafaudage Monté sur du solideDC 900-9100 • Affiche

Attention au coup de chaleur !DC 900-749 • Affiche

Campements temporaires en forêtDC 200-631 • Brochure

DébroussaillageDC 200-634 • Brochure

Abattage manuelFiche de suiviDC 200-1523

Vous pouvez vous procurer cesdocuments au bureau de laCSST de votre région. PT

Isabelle Desbiens

Travaux de construction en milieu agricoleDC 500-142 • Fiche20 cm sur 25 cm • 4 pages

Au coursdes travauxde cons-truction en milieu agricole, il se produit parfois des accidentsgraves qui

pourraient être évités, notam-ment en appliquant des mesurespréventives et en adoptant desméthodes de travail sécuritaires.Il est donc essentiel de respecterle Code de sécurité pour lestravaux de construction.

Cette brochure s’adresse àtous les producteurs agricolesqui doivent effectuer des travauxde construction à la ferme. Ony traite des règles de sécurité à suivre pendant les travaux, de la définition d’un maîtred’œuvre et de questions relativesà la délimitation d’un chantier.

L’utilisation sécuritaire du tracteurDC 300-418 • Brochure15,5 cm sur 24 cm • 32 pages

De toutes les machines,le tracteurest celle quel’on utilise leplus dans lesecteur del’agriculture.Même s’ilremporte le premier prixpour son

utilité, il reste néanmoins à l’origine d’un grand nombred’accidents. Entre 1989 et 2000,126 accidents mortels liés autracteur sont survenus auQuébec. Les renversements constituent encore la principalecause de décès.

Nombreux sont les dangersliés à l’utilisation de ce véhicule.Notons entre autres l’écrasement

à la suite d’un renversement ou d’un cabrage, l’entraînementpar les pièces en mouvement,les chutes, les risques de naturethermique (coups de chaleur,brûlures), les risques découlantdu bruit, des vibrations ou desproduits divers tels que pesti-cides, poussières, etc., et finale-ment les problèmes de natureergonomique.

Cette brochure passe en revue les principaux facteurs de risque liés à l’utilisation dutracteur, les situations de risqueles plus fréquentes ainsi que les mesures préventives appro-priées.

Délais de réentrée – Produitshomologués pour les légumesde plein champ (aubergine,brocoli, carotte, céleri, chou,chou-fleur, cucurbitacées,laitue, maïs, navet, oignon,poivron, radis, tomate)DC 900-980 • Affichette28 cm sur 43 cm

Délais de réentrée – Produitshomologués pour les petitsfruits (bleuet, fraise, fram-boise)DC 900-981 • Affichette28 cm sur 43 cm

Délais de réentrée – Produitshomologués pour la pommeDC 900-982 • Affichette28 cm sur 43 cm

Délais de réentrée – Produitshomologués pour la pommede terreDC 900-983 • Affichette28 cm sur 43 cm

En agriculture, les sites traitésavec des pesticides peuventprésenter un risque pour lestravailleurs affectés à des tâchesmanuelles comme le suivi decultures, le sarclage manuel oula cueillette. À cause de l’expo-sition par contact cutané, ils

sont susceptibles de subir deseffets systémiques d’intoxicationaiguë ou chronique en plus d’effets dermatologiques. Denombreuses études ont démon-tré que le respect d’un délai entre l’application et le retour àdes activités sur le site constitueun moyen de prévention efficacepour réduire les risques. Afin devous aider à mettre à profit uneapproche préventive, ces quatrefiches vous proposent des délaisde réentrée pour chacun despesticides homologués pour dif-férentes cultures.

Guide de prévention des coups de chaleurDC 200-16184 • Guide9,5 cm sur 15 cm • 20 pages

Nous pouvonstous éprouverdes problèmesde santé quandsurvient la saison chaudeet plus parti-culièrementdurant unecanicule. Lachaleur des

premiers jours est plus difficileà supporter parce que notrecorps a besoin de temps pour s’yhabituer. Pour les travailleurs,la situation est encore plus diffi-cile. Dans certaines conditions,ils risquent de subir un coup de chaleur mortel.

Ce guide format poche contient un outil qui permetd’évaluer le risque auquel lestravailleurs sont exposés lors-qu’ils travaillent à la chaleur. Il propose une série de mesures à appliquer, selon le niveau derisque, pour prévenir les coupsde chaleur. Il traite égalementdes mesures à prendre si untravailleur présente des symp-tômes ou un des signes demalaise causés par la chaleur.

4 Prévention au travail Été 2004

Vient de paraître à la CSST

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Simulation

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Une réunion doit se tenir sous peu dans cette salle, mais l’éclairage est déficient. Qu’à cela ne tienne, Richard s’apprête à changer

le ballast d’un appareil d’éclairage fluorescent. Pour les besoins de notre démonstration, il a laissé tomber quelques règles de prudence.

Pouvez-vous dire lesquelles ?

Le changement de ballast

Cherchez l ’erreur

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Méthode de travailD’abord, avant de commencer sa be-sogne, Richard, électricien de métier,s’assure de travailler hors tension et

cadenasse la source d’énergie. Il prendsoin de vérifier que les conducteurs élec-triques sont réellement hors tension.Sur son cadenas personnel, apposé sur

le disjoncteur, une étiquette mentionneentre autres son nom, la date du jour,la nature des travaux et précise l’en-droit où il se trouve pour exécuter lestravaux. Cela étant fait, Richard prendle temps de déplacer une table afin debien positionner son escabeau sous leballast à changer. Les contorsions, trèspeu pour lui ! L’escabeau est en fibre de verre, un matériau isolant, conditionà respecter quand on travaille près deconducteurs électriques. Ses montantssont complètement ouverts et son dis-positif de retenue en position verrouil-lée. L’escabeau est de type commercial,il ne possède pas de tablette pour dé-poser des outils. Ces derniers sont bienrangés dans une ceinture, à portée demain et ne traînent pas un peu par-tout. Après avoir enlevé le couvercle du ballast, l’électricien a pris le temps de le déposer sur la table. L’aire de travaila été dégagée de tout objet pouvanttomber ou faire trébucher quelqu’un.

Protection individuelleFinalement, Richard ne travaille jamaissans ses EPI. Il porte donc des chaus-sures, un casque et des lunettes de sécu-rité. Il sera protégé si des vis ou desoutils tombent. Il est facile d’échapperce qu’on a en main quand on travaille à bout de bras. Maintenant, Richardpeut travailler l’esprit en paix, il nerisque pas de se blesser. PT

Julie Mélançon

Les photos ont été prises aux bureaux de la Direction régionale de Laval de la CSST. Mercià notre comédien, Richard Bégin. Et à nos collaborateurs, Yvon Papin, conseiller à la Direc-tion de la prévention-inspection et Jean-JacquesRouleau, inspecteur à la Direction régionale deLaval, tous deux de la CSST.

6 Prévention au travail Été 2004

L’escabeau choisi est de type domes-tique, en aluminium, donc conduc-teur d’électricité. Ses montants nesont pas verrouillés.Richard n’est pas dans une positiontrès confortable. Il pourrait se faire un sérieux mal de dos.Les outils sont posés sur la tablettede l’escabeau. Outre qu’ils ne sont pas à portée de main, ils pourraient tomber !

Les chaussures sport ne protége-ront pas les pieds du travailleur si desoutils venaient à tomber. Ni casqueni lunettes de sécurité ? Décidément,les équipements de protection indi-viduelle (EPI) se font plutôt rares…Les autres fluorescents sont encoreallumés ! Travailler sous tension n’estpas prudent — et ici, on ne parle pasde stress !Un fil de téléphone qui pend, un cou-vercle de ballast en équilibre précairesur l’escabeau. Tout ce qu’il faut pourqu’un incident se produise.

Les erreurs

Les corrections

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Par Marc TisonLa fameuse boîte blanche passe souvent inaperçue. Tant mieux ! C’est sans doute qu’on en a rarement besoin.L’important est qu’elle soit là.Et surtout que quelqu’un sache s’en servir.

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Secourisme

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Plus de 60 000 secouristes enmilieu de travail sont formés au Québec,bon an mal an. Pour y parvenir, de1000 à 1500 formateurs leur donnent un cours de 16 heures. Ces derniers travaillent pour 32 organismes spécia-lisés dans la formation en secourisme.Et ces organismes sont tous agréés parla CSST, qui coordonne le programme, supervise la production du matériel didactique et en fait la promotion. Ils’agit probablement du programme le plus universellement apprécié de laCSST, celui qui touche le plus de gens.Et ça dure depuis 20 ans.

Quand on lui a confié la tâche de le mettre sur pied, au début des an-nées 80, Lorraine Harvey, actuelle-ment conseillère à la Direction desrelations avec les partenaires, a eu le sentiment d’être un peu à l’écart du bouillonnement d’énergie et d’en-thousiasme qui avait suivi la créa-tion de la CSST. « J’avais l’impressionde ne pas faire de prévention, au contraire, je m’occupais de ramasserles blessés », narre-t-elle. Pourtant,cette diplômée en pédagogie allait rapidement se passionner pour sa mission. « L’expression Secourisme en milieu de travail, c’est ma contribu-tion », note-t-elle sobrement.

Premiers pas des premierssecours au travailEn 1979, l’entrée en vigueur de la Loisur la santé et la sécurité du travail a entraîné dans son sillage la refonte de plusieurs règlements, dont celui portant sur les premiers secours. Jus-qu’alors, le règlement exigeait la pré-sence de secouristes ou d’infirmièresdans les grands chantiers et les campsforestiers, sans définir leur nombre. Lenouveau règlement allait corriger ces lacunes et fixer un rapport précis de secouristes en fonction du nombre detravailleurs (voir encadré). La notionnébuleuse de premiers soins a aussi été clarifiée. Dorénavant, on parlerait de premiers secours pour désigner lesinterventions des secouristes afin desauver la vie d’une victime d’accident,empêcher l’aggravation de ses blessureset soulager ses douleurs. Les premierssoins, pour leur part, feraient désor-mais référence à ceux administrés parle personnel spécialisé, tels les méde-cins et les infirmières.

À cette époque, la formation des secouristes était traditionnellement laresponsabilité de l’Ambulance Saint-Jean, dont la longue expérience en lamatière était reconnue. Mais la logiquevoulait que cette formation soit désor-mais confiée à un plus grand nombred’organismes disséminés sur tout le territoire. Quelle formation allaient-ils donner? Le cours de huit heures del’Ambulance lui appartenait en propreet contenait des notions rarement utilesen milieu de travail, comme les quasi-noyades. Bref, raconte Mme Harvey, « ilfallait créer notre propre matériel ».

Tout était à faire : définir un conte-nu, fixer la durée de la formation, conce-voir le matériel didactique. Il est vitedevenu évident qu’il fallait ajouter desnotions de réanimation cardiorespi-ratoire (RCR). « C’était difficile, car en introduisant la RCR, on ajoutait unminimum de quatre heures à la forma-tion. On franchissait la frontière de lajournée. » Mais le pas était inévitable. Ilfut fait avec le soutien de la Fondationdes maladies du cœur du Québec.

C’est à Lorraine Harvey qu’on a confié la tâche de la conception et de la rédaction du tout premier manuel Secourisme en milieu de travail. « Jamaisje n’aurais pu le faire seule. J’ai heu-reusement été aidée par des infirmières du réseau, des femmes extraordinaires. Diane Bernier, une infirmière de l’hô-pital Saint-Sacrement de Québec, a été

ma ressource principale pour le contenu.C’est avec elle que j’ai mis au pointchaque technique, que je faisais ensuitevalider dans le réseau. » Le Dr AlbertCharbonneau a, pour sa part, joué le rôle de médecin valideur officiel.

La rédaction du premier jet dumanuel a nécessité neuf mois de ges-tation, suivis de neuf autres mois de consultation avec des spécialistes. Il

8 Prévention au travail Été 2004

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Au début des années 80, la CSST

confiait à Lorraine Harvey la

tâche de mettre le programme

sur pied. Vingt ans plus tard,

cette conseillère a toutes les

raisons du monde d’être fière du

parcours accompli. Elle récolte

ce qu’elle a semé…

Le règlementLe Règlement sur les normes minimales de premiers secours et de premiers soins,entré en vigueur le 22 septembre 1984, oblige les employeurs à assurer laprésence dans leur établissement ou sur leur chantier d’un nombre minimal de secouristes pour chaque période de travail. Une équipe de 50 travailleurs oumoins doit compter un secouriste. Celle de 51 à 150 travailleurs, deux secouristes.Au-dessus de 150 travailleurs, il faut ajouter un secouriste par groupe supplé-mentaire de 100 travailleurs. Les rapports sont plus élevés pour la sylviculture. Le programme subventionne la formation d’un maximum de 5 % du nombre total de travailleurs d’un établissement, sauf dans les secteurs où les conditions de travail sont plus dangereuses, comme les mines, la forêt et la sylviculture (20 % des travailleurs) ou la construction (10 %). Mais de nombreuses entreprises,conscientes de l’importance du secourisme, ont elles-mêmes payé la formationde secouristes supplémentaires.

Pour obtenir son certificat — une carte verte numérotée qu’il peut glisserdans son portefeuille —, le candidat secouriste doit maîtriser diverses techniquesde base : réanimation cardiorespiratoire, contrôle des hémorragies, stabilisationou immobilisation des fractures, etc. Le certificat a une validité de trois ans, auterme desquels le secouriste doit suivre à nouveau le cours et réussir l’examen.Bien formés et bien outillés, les secouristes sont une nécessité et une richessepour toutes les entreprises du Québec.

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manufacturier et sauvetage minier,à la Direction de la prévention-inspection. Son contenu techniqueest supervisé par Jules Turcot, conseil-ler et chargé de projet. Doris Racine, conseillère et chargée de projet, s’oc-cupe de la gestion administrative et dela mise en application du programme,de même que du suivi auprès des ré-gions et des fournisseurs. Un comité despécialistes se réunit au besoin et donneson avis sur le contenu du manuel et les modifications à apporter. Mais laCSST conserve la responsabilité deschoix. « Des détails peuvent y êtreajoutés sans en faire une mise à jourglobale, précise M. Turcot. On attenddes changements fondamentaux avantde lancer une nouvelle édition. »

Les risques biologiques ont consti-tué l’un de ces changements majeurs,insoupçonné en 1984. Le danger de contracter le VIH ou l’hépatite imposedes précautions nouvelles. On recom-mande donc fortement que les troussesde premiers secours soient pourvues de gants jetables et d’un masque munid’une soupape unidirectionnelle. « Plu-tôt que de se cacher les problèmes, on y fait face avec des solutions pra-tiques », fait valoir Jules Turcot.

fallait encore y ajouter lesillustrations. À l’intentiondes formateurs, LorraineHarvey a aussi rédigé le Guide de formation à l’usage des moniteurs etmonitrices, un épais cahierde 14 unités d’apprentis-sage, plus les annexes et les examens.

Pour compléter le ma-tériel de formation, onzediaporamas d’un total de 141 minutes ont éga-lement été produits. LeGuide de formation a étéévalué et testé en collabo-ration avec l’AmbulanceSaint-Jean. Le programmeen son entier a ensuite été implanté. « Il fallaitêtre présent, répondre auxquestions, être en interac-tion pour faire des ajuste-ments, mais finalement leprogramme, très attendu,a bien démarré. »

Un best-sellerAu Québec, on estime qu’un livre est un best-sel ler quand on en vend 3 000 exemplaires. Le tirage actuel de la version française du manuel dé-passe les 100 000 exemplaires. Celui de la version anglaise est de 14 000. Les Publications du Québec s’occu-pent de l’édition et de la distribution. À la suite du travail de pionnier de Mme Harvey, le manuel a constammentévolué. La première version, parueen 1985, contenait 208 pages. Près devingt ans plus tard, la cinquième édi-tion en compte plus de 290. Si l’infor-mation de base demeure sensiblement la même, des ajouts et des précisions yont été apportés, au fil des ans. Ainsi, on y trouve maintenant 21 protocolesd’intervention. Ces tableaux, agréable-ment colorés, résument de façon sché-matique les observations à faire, lesdécisions à prendre et les gestes à ac-complir dans les principaux cas : arrêtcardiorespiratoire, hypothermie, bles-sure aux yeux, hémorragie… Chacun deces protocoles est repris dans un petitguide de poche facile à consulter.

À la CSST, la gestion du programme— premiers secours, premiers soins,protocoles d’intervention — est sous la responsabilité de Gordon Perreault,chef de service, secteurs primaire et

9Été 2004 Prévention au travail

1. « L’aiguillon de la prévention », printemps 2004.

Au départ, le secourisme en milieude travail ne tenait pas compte des sec-teurs d’activité. « Après 20 ans d’appli-cation, on se spécialise, commente leconseiller. En forêt, par exemple, on approfondit les techniques de déplace-ment du blessé. » Ce domaine a connuune révolution : l’ajout de doses d’adré-naline pour maîtriser les chocs ana-phylactiques — réactions allergiquesgénérales graves aux piqûres d’insectes.Il a fallu obtenir l’aval du Collège desmédecins pour autoriser les secouristesen forêt à faire ce geste. Il faut se rap-peler qu’à cette époque, même les am-bulanciers n’étaient pas autorisés àinjecter l’adrénaline. Un long débat, quia déjà porté fruit. En août 2001 et 2002,deux travailleurs forestiers ont eu uneréaction allergique générale grave à lasuite d’une piqûre d’abeille et ont étésauvés grâce à l’injection d’adrénaline1.« On a pris la bonne décision et on peutdire qu’on a été précurseur », constateJules Turcot.

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Jérôme s’est effondré en sortant

de l’ascenseur. Le secouriste

demande à la téléphoniste

d’appeler le 911. Ensuite, il évalue

l’état de conscience de la victime,

ouvre ses voies respiratoires,

vérifie sa respiration, son pouls

et commence la respiration artifi-

cielle en attendant l’arrivée des

ambulanciers. Scènes extraites

de la vidéo de formation.

D’autres domaines présentent desconditions de travail particulières. Ainsi,dans le secteur de l’environnement, les buses de nettoyage à haute pressionpeuvent provoquer des blessures in-ternes difficiles à diagnostiquer. Les travailleurs porteront donc éventuelle-ment sur eux, en permanence, une cartequi renseignera le personnel médical surce type de blessures. La CSST prépare

aussi une formation spécifique pour lesecourisme en mer, « afin de s’arrimeraux exigences fédérales », explique JulesTurcot dans une élégante métaphoremaritime.

Les diaporamas des temps héroïquesont de leur côté fait place à des vidéos,que les formateurs doivent obligatoi-rement utiliser dans leurs cours. Unenouvelle série devrait d’ailleurs êtreréalisée sous peu.

Une organisation de premier planDans un atelier d’usinage d’Amos, enAbitibi, un mécanicien s’entaille pro-fondément l’avant-bras. La prompte intervention du secouriste enraye l’hé-morragie. Le même geste aurait pu êtrefait à Baie-Comeau, Gaspé, Montréal.Cette uniformité dans la compétences’appuie sur une organisation solide-ment structurée. Dans l’ensemble duQuébec, 32 organismes — les four-nisseurs — donnent la formation en secourisme aux travailleurs déléguéspar leurs employeurs. Ces fournisseurssont répartis en fonction de la densitéde la population. La région de Montréalen regroupe 11, et celle de Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine, deux — le mini-mum pour chaque région. « Il faut une saine compétition, une émula-tion, fait valoir Doris Racine. Il est essentiel qu’il y ait un nombre suffisant

d’organismes pour desservir la po-pulation. »

Les fournisseurs agréés par la CSSTdoivent eux-mêmes entreprendre les démarches pour inviter les employeurs à faire appel à leurs services. Les entre-prises ne devraient pas être trop diffi-ciles à convaincre, car la formation neleur coûte rien. Elle est payée par laCSST, qui remet aux fournisseurs unesomme de 84$ par secouriste formé. Lesentreprises doivent tout de même libé-rer les travailleurs désignés. Dans le but de favoriser l’adhésion des PME à la formation, la CSST a prévu un incitatif.Ainsi, lorsque 70% des participants pro-viennent des petites entreprises, une allo-cation est consentie aux fournisseurs.

Le Cahier des charges est la pierre angulaire de l’organisation. Toute une brique, en effet, que cet imposant boîtier bleu de 10 cm d’épaisseur. Il contient trois volumineux documents :le Guide pédagogique des formateurs, le Protocole d’intervention auprès des entreprises, et le Cahier des chargesproprement dit. « Ce dernier définit lesmodalités administratives », expliqueGordon Perreault. « Il s’agit, en fait,d’un contrat avec nos fournisseurs.Quand nous lançons un appel d’offrespour établir un fichier des fournisseursdans chacune des régions, c’est à partirde ce cahier que les entreprises pré-sentent leurs soumissions. »

10 Prévention au travail Été 2004

D o s s i e r

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De gauche

à droite,

Gordon

Perreault,

Jules Turcot

et Doris

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tous trois

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Direction

de la

prévention-

inspection.

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11Été 2004 Prévention au travail

Soudain, en tournant le coin

d’un corridor, vous apercevez

un de vos collègues par terre.

Frappé par un objet, malaise

cardiaque, accident cérébro-

vasculaire ? Sauriez-vous quoi

faire, en pareille circonstance ?

de la Fondation des maladies du cœurdu Québec. Ils devront également pré-senter une lettre de parrainage d’un organisme de formation, « ce qui nouspermet de sélectionner les personnesqui ont la qualification professionnelleet les compétences nécessaires », pré-cise Doris Racine. Enfin, il leur faudra

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Chez LeggettWood, cinq secouristes font des simulations, tous les mois,

histoire de ne pas oublier les protocoles et d’être prêts à intervenir si

jamais un accident survenait.

réussir un examen préparé et corrigépar le cégep de Sainte-Foy selon les critères de la CSST. Les nouveaux for-mateurs ont ensuite un an pour obtenirl’agrément PHTLS (Prehospital TraumaLife Support2), « de façon à ce qu’il yait une continuité de soin avec le per-sonnel préhospitalier d’urgence », sou-ligne Mme Racine.

L’inspecteurRespecter à la lettre le règlement sur lespremiers secours ne veut pas dire qu’onen respecte l’esprit : « J’ai vu des cas oùil y avait bien une ambulance sur lechantier, mais elle ne démarrait pas ! »,raconte Robin Michaud, inspecteur à laDirection régionale de la Côte-Nord de laCSST. C’est pour éviter de tels accrocsque les inspecteurs tiennent, eux aussi,un rôle sur la grande scène du secou-risme en milieu de travail. Ils profitentde leurs visites pour vérifier si les élé-ments de secourisme prescrits sont bien en place. Sur la Côte-Nord, où laforêt emploie une proportion non négli-geable de la population, les conditions detravail difficiles imposent des mesuresparticulières. « Au printemps, nous appe-lons les entrepreneurs, puis nous orga-nisons une rencontre en collaborationavec le CLSC, relate Robin Michaud.Nous leur expliquons comment nousagissons sur le terrain et ce que nous attendons d’eux au cours de l’année. »

Le Cahier des charges est habituelle-ment révisé tous les trois ans, mais cette période peut se prolonger de deux ans. La version actuelle est valide jus-qu’en décembre 2004. « La tarificationest recommandée par Mario Lachance,comptable spécialiste en prix de revient,précise Mme Racine. Une avocate, KimLegault, valide le contenu du Cahier descharges sur le plan juridique. L’appeld’offres est supervisé par le Service dela gestion contractuelle et de l’appro-visionnement à la CSST, afin qu’il se déroule dans la transparence et le respect des grilles d’évaluation. » Lecontrat de trois ans des fournisseurscorrespond à la période de validité duCahier des charges. Ils doivent se plieraux critères très précis du cahier souspeine de sanction ou même de radia-tion. « C’est un travail d’équipe, insisteMme Racine. Seule à Québec, avecMicheline Moreau, agente de secré-tariat, je ne peux pas vérifier si les régions sont bien desservies par lesfournisseurs, et s’ils le font selon lesnormes du Cahier des charges. J’ai doncbesoin d’une équipe de collaborateurs,les responsables régionaux, qui serontmes yeux et mes oreilles. »

Les futurs formateurs doivent eux-mêmes passer par un processus de forma-tion. Ils doivent au préalable détenir lacarte de réanimation cardiorespiratoire

2. Formation qui a pour but d’accroître les connaissances et compétences techniquesnécessaires à la prise en charge d’un patienttraumatisé en milieu préhospitalier.

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La suite des interventions se passe sur le terrain. « Y a-t-il des secouristesen nombre suffisant pour respecter le taux de un pour cinq travailleurs ?Leurs noms sont-ils bien affichés etconnus de leurs collègues ? Y a-t-il un préposé aux véhicules d’urgence si nécessaire ? L’ambulance est-elle en état de marche, branchée en hiver et prête à démarrer ? », énumère l’ins-pecteur. En forêt, les travailleurs s’ac-tivent habituellement par deux pour seporter mutuellement secours. Néces-sité faisant loi, ils ont d’ailleurs leurspropres trucs. Ainsi, ils conservent àl’intérieur de leur casque des panse-ments compressifs en cas de coupuregrave. Robin Michaud et ses collèguess’assurent également que l’entrepriserespecte le protocole d’évacuation et de transport des blessés en forêt. « Nousdemandons qu’elle ait conclu une en-tente pour les services d’ambulances ou d’hélicoptères avant le début destravaux. En cas de problèmes, on éviteainsi les pertes de temps. » Le proto-cole est affiché dans le campement etles contremaîtres emportent avec eux

de petites cartes qui résument l’in-formation essentielle.

Sur la Côte-Nord, on a fait l’essaid ’une formation approfondie de35 heures, grandement appréciée par les 16 personnes qui l’ont suivie.« Nous aimerions qu’à long terme, lessecouristes puissent en faire davan-tage, avec un entraînement spécial en forêt », indique M. Michaud. Il entrevoit même la possibilité d’orga-niser des olympiades de secourisme en forêt. Car les mordus des premierssecours ne manquent pas. À Roberval,un pompier volontaire et un patrouil-leur de ski bénévole, tous deux secou-ristes, ont convaincu leur employeur de créer une brigade de premiersrépondants — des supersecouristes formés pour immobiliser un blessé et l’installer en civière, lui donner del’oxygène, etc. Donald Deschesnes est superviseur mécanique et YannickLambert , contremaître à l ’us ineLeggettWood. L’idée leur est venue en juillet 2003. En octobre suivant, ils obtenaient le feu vert de leur en-treprise, spécialisée en deuxième ettroisième transformations du bois.Cinq travailleurs de LeggettWood ont donc suivi une formation de45 heures réparties sur deux fins de semaine. Les membres de l’équipe font des simulations tous les mois. « Iln’y a pas de secret, soutient YannickLambert. Il faut s’entraîner, sinon ça se perd vite. »

LeggettWood a investi 3 000 $ enmatériel et 2 000 $ en formation. « Legenre d’investissement qu’on fait en espérant ne pas avoir à s’en servir »,lance Jean-Pierre Chevarie, coordonna-teur en sst. Certains ont remis en ques-tion la pertinence du projet, puisquel’hôpital est à deux pas. « L’été dernier,il y a eu un accident, raconte DonaldDeschesnes en guise de réplique. Unetriple fracture très douloureuse. L’am-bulance a mis 28 minutes à arriver. Onne peut pas compter sur le fait que lesservices sont à côté. Nous voulons quele blessé soit prêt à partir quand l’am-bulance arrive. On sait que ce sont lespremières minutes qui comptent ! »

Le réseau de la santéIl est, lui aussi, un autre maillon essen-tiel de la chaîne. Dans chaque région,des ententes sont signées entre les bu-reaux régionaux de la CSST et les régiesrégionales, désormais appelées Agences

de développement de réseaux locaux deservices de santé et de services sociaux(ADRLSSSS). Ces dernières ont mis surpied des plans d’interventions sur le territoire. Les infirmières des CLSC forment le fer de lance de l’opération.« Elles voient à ce que tous les élémentsde l’organisation des premiers secourssoient appropriés, précise Louise vanDoesburg, conseillère en soins infir-miers à l’ADRLSSSS des Laurentides.Elles renseignent l’employeur et les secouristes sur leurs obligations et responsabilités — formation des secou-ristes, trousse de premiers secours, dis-positif de communication, affichage,registre, protocole d’évacuation. » Tousces éléments sont décrits dans unepochette d’information distribuée parles infirmières.

D o s s i e r

12 Prévention au travail Été 2004

Une explosion se produit, là où

vous travaillez. Sauriez-vous com-

ment venir en aide aux victimes ?

Scènes extraites de la vidéo de

formation.

La secrétaire de votre service avale

un morceau de carotte de travers

et suffoque. Savez-vous comment

vous pouvez la secourir ?

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Ces dernières travaillent en collabo-ration avec les inspecteurs de la CSST,qui voient pour leur part au respect desnormes minimales de premiers secours.« Les infirmières ont une approche inté-grée, informe Mme van Doesburg. Notrerôle consiste à soutenir l’employeur pouroptimiser son organisation. Nous faci-litons aussi la reconnaissance et la valo-risation du rôle du secouriste dûmentformé en entreprise. » Les interventionsdes infirmières ont notamment eu un impact majeur sur la formation des secouristes pour l’administration del’adrénaline et le contenu des trousses.« Auparavant, plusieurs employeurs, qui géraient en bon père de famille, mettaient des médicaments dans latrousse. Depuis 10 ans, il y a eu énor-mément de travail pour expliquer que la trousse de premiers secours n’est pas une pharmacie. » Les infirmières des CLSC peuvent en outre donner desformations plus spécifiques : réactionsallergiques générales graves, coups dechaleur ou engelures, par exemple.

Résultats non quantifiables…mais concretsLes chiffres sont impressionnants : 59 734 secouristes ont été formésen 1998, 71 018 en 2003. Les subven-tions pour cette formation sont passéesd’environ 3 millions de dollars en 1998à 4,7 millions en 2003. Un investis-sement qui rapporte ? « Les interven-tions des secouristes empêchent lesblessures de s’aggraver et en limitent les séquelles, répond Gordon Perreault.L’impact direct est difficile à quantifier,mais nous avons des exemples et des témoignages qui montrent que l’effet est positif. » Le mécanicien Réal Morinpeut en témoigner. Alors qu’il travaillaitdans un garage sur le chantier d’unecentrale hydroélectrique près de Sept-Îles, un bras articulé qu’on démontaitsur une plate-forme de travail est tombésur son avant-bras et l’a transpercé depart en part. Le sang coulait à flot de la blessure. Ses collègues n’ont pas cédé à la panique. Ils sont partis en cou-rant. Pour ramener le secouriste MarcelDuchesne. « Il y avait un trou à l’avant-bras droit, raconte ce dernier. J’ai fait un garrot en serrant avec mes mains à la hauteur du biceps et j’ai envoyéquelqu’un appeler une ambulance. » Le secouriste a maintenu la pression jusqu’à l’arrivée des ambulanciers etd’une infirmière. Pour Réal Morin,

aucun doute : « Il m’a sauvé le bras, etpeut-être la vie ! » En 2002, dans unevidéo sur le secourisme produite par la CSST, Réal Morin raconte qu’en préservant son bras, Marcel Duchesne a sauvé sa carrière. « À 51 ans, ce n’est pas le moment d’apprendre un autremétier, dit-il. Mécanicien, c’est tout ceque je sais faire. » Fixant l’objectif, ils’adresse directement à son ancien col-lègue. « Je travaille toujours comme mécanicien. Je te remercie pour ce quetu as fait pour moi. » Sa femme ajoute :« Si nous pouvons voir notre retraitevenir dans quatre ans, c’est grâce à lui.Un gros merci, Monsieur Duchesne. »

Si le secourisme en milieu de tra-vail peut sauver des vies et réduire lesconséquences néfastes des accidents, ilpeut également jouer un rôle en matièrede prévention. « Il est difficile de dire à quel point les interventions des se-couristes ont des effets préventifs, croitLorraine Harvey. J’ai toutefois lu dansun ouvrage français qu’un secouriste est moins sujet aux accidents. Je suispersonnellement convaincue qu’unepersonne formée au secourisme devientune vigile dans son milieu. » Non, cen’est pas une légende urbaine, selonYvan Armand Hovington, secouristedepuis 1986 dans l ’usine de bois d’œuvre de Boisaco, à Sacré-Cœur. À51 ans, ce conducteur de raboteuse est le plus ancien d’une équipe d’unedizaine de secouristes. Quand un accident survient durant son quart, c’est vers lui qu’on se tourne. L’un des plus récents accidents à ce jour ? Un homme s’est effondré alors qu’il marchait. Craignant une blessure au cou, M. Hovington l’a soigneusementmaintenu en attendant l’ambulance,tout en lui parlant pour l’empêcher deperdre conscience. « Dans ces cas-là, les notions reviennent automatique-ment, comme si on venait juste de lesapprendre », fait-il remarquer.

Les secouristes de Boisaco ont reçula mission d’encourager leurs collèguesà adopter des comportements sécuri-taires. « On rappelle régulièrement auxtravailleurs que les secouristes peuventintervenir pour protéger leur sécurité,déclare Gilles Lamarre, directeur dudéveloppement des ressources hu-maines. C’est un engagement de tous,secouristes, superviseurs, membres dela direction, représentants en préven-tion. Chacun voit à faire respecter lesconsignes. »

13Été 2004 Prévention au travail

Une chute, un cri, du sang, des

fractures. La secouriste suit

rigoureusement le protocole :

d’abord les gants. Puis, pression

directe, pansement compressif,

surveillance très attentive du

blessé. Avoir une trousse de

premiers secours sur les lieux de

travail, c’est bien, mais savoir

s’en servir, c’est vraiment l’idéal.

Toutes les séquences des simula-

tions sont extraites de la vidéo

de formation.

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M. Hovington a étéblessé quelquefois dansle passé. « Mais je suistranquille depuis plu-sieurs années, ajoute-t-il.Il faut penser à la sécu-rité. Avec le secourisme,on n’est plus le même.On devient sérieux. C’estcomme si tout le manuel défilait dansnotre tête. » Son fils est lui aussi secou-riste. Tel père, tel fils !

Une belle promotion« Boum ! » Lyne Beaulé, conseillère à la Direction des communications de la CSST, vient de déposer sur la tablede la petite salle de conférence uneénorme reliure à anneaux de 15 cmd’épaisseur. Elle fait ainsi involontai-rement sentir le poids et la portée de la promotion du secourisme en milieude travail. La reliure contient tout lematériel promotionnel duprogramme. Car, aussi reconnu soit-il, ce pro-gramme doit faire l’objetd’une promotion cons-tan te . I l f au t d ’ abord convaincre les entreprisesde la prépondérance dusecourisme. La CSST aproduit une affiche et desdépliants distribués entreautres par les formateurs.Mais elle mène aussi descampagnes de presse etdistribue des pochettesd’information auxquellesles médias régionaux et les publications spécia-l i s é e s f o n t l a r g e m e n t écho. « Nous concevons le matériel et nos bureaux régionaux ainsi que les in f i rmières des CLSC sont nos relayeurs sur leterrain, note Mme Beaulé. Doris Racine me communique les besoins des for-mateurs. J’essaie d’en tenir compte avecJules Turcot dans la conception des outils. » Un stand sur le secourisme est dressé dans le cadre de certains salons, séminaires ou colloques en sst. Pour attirer l’attention et soutenirl’intérêt, Mme Beaulé a fait produire un jeu interactif sur écran cathodique etdes cartes-questionnaires à gratter, sur

l e t h è m e T e s t e z v o s connaissances en secou-risme. « Il faut rendre çaamusant ! », lance-t-elle.Le manuel lu i -même est un formidable outil promotionnel. En 2002,l e l a n c e m e n t d e l ac inqu ième éd i t ion adonné lieu à une cam-pagne d’envergure. Les

manuels sont distribués aux secou-ristes par les forma-teurs , mais i l s sontégalement vendus augrand public en librai-rie. « La CSST a un plande diffusion pour sesoutils et les Publica-tions du Québec ont, de leur côté, un plan demarketing spécifique », indique la conseillère en communication. Letirage est fonction desbesoins après évaluation

c o n j o i n t eavec l’éditeur. Bien en-tendu, le site Internet de la CSST contient tous lesdétails du programme desecourisme en milieu detravail (www.csst.qc.ca/Services/secourisme.html).

Une fois le secourismeimplanté dans l’entreprise,la tâche ne s’arrête pas là,encore faut-il que le servicesoit efficace. Aussi la CSSTfournit-elle les documentsutiles à son bon fonction-nement. Étiquette auto-collante. Affichette oùseront inscrits les noms des secouristes, l’empla-cement des trousses et les numéros de téléphoneutiles. Registre où sontconsignés les accidents, incidents et premiers se-

cours donnés. Pochettes sur l’expo-sition au sang ou l’administrationd’adrénaline. Le catalogue présente, en outre, un protocole d’évacuation et de transport des blessés en forêt et une vidéo sur les blessures à la co-lonne vertébrale en milieu forestier. Etce n’est pas fini. « Il faut constammentmettre notre matériel à jour. Le secou-risme sera toujours un sujet d’actua-lité ! », s’exclame la conseillère.

« Le programme de secourisme, quifête ses 20 ans cette année, est peut-être le plus beau fleuron de la CSST,soutient Jules Turcot. Il touche l’en-semble des secteurs d’activité. D’unecertaine façon, c’est un service commu-nautaire : non seulement le secouristeintervient dans son milieu de travail,mais il peut également agir ailleurs. » Ilne met pas de côté ses connaissancesune fois sorti de l’entreprise, il demeuresecouriste partout et en tout temps.

En janvier 2004, dansle Bas-Saint-Laurent,une grand-mère secou-riste a sauvé la vie deson petit-fils de deuxans, en proie à une crisede convulsion. « Son vi-sage virait au bleu et onsentait qu’il se laissaitaller, a-t-elle confié à un journal de Matane.Alors, j’ai commencé àlui donner la respirationartificielle. » Conduit àl’hôpital par ambulance,

l’enfant s’en est sorti sans séquelles,grâce en bonne partie aux soins de sa grand-mère, membre de l’équipe desecouristes de l’entreprise où elle estcontrôleur de la qualité. « Son impacten dehors du milieu de travail est unedes raisons qui font que le programmeest très apprécié », fait valoir GordonPerreault.

La CSST ne se repose pas pour au-tant sur ses lauriers. Le programmecontinue à se raffiner, au rythme desprogrès techniques et médicaux. Les défibrillateurs cardiaques automa-tiques, qui n’existaient pas au début des années 80, font maintenant leurchemin en milieu de travail. L’équipe de la CSST devra en tenir compte souspeu. « Avant 1984, il n’existait rien, observe Jules Turcot. Aujourd’hui, onpeut dire qu’on fait figure de leader dans ce domaine. »

« Le programme est passé dans les mœurs, il est devenu universel », conclut avec plaisir Lorraine Harvey,vingt ans après l’avoir vu naître. PT

14 Prévention au travail Été 2004

D o s s i e r

À la une, Yvon Luangxay, photogra-phié en pleine action dans le cadre du 13e championnat provincial inter-collégial de secourisme, en 2002.

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En 1994, le nombre de travailleurs forestiersmorts dans l’exercice de leurs fonctions a amené les associa-tions patronales et syndicales du secteur à unir leurs effortsafin de favoriser la mise en œuvre de mesures concrètes deprévention sur les lieux de travail. En juin 1995, le Comitéparitaire de prévention du secteur forestier voyait le jour. Sonobjectif : établir avec la CSST un plan d’action visant l’élimi-nation ou la réduction à la source des dangers pour la santéet la sécurité des travailleurs. Avec détermination, les membresdu comité se sont mis au travail et ont réalisé plusieurs projets pour atteindre leurs objectifs. Au fil des ans, ils ontproduit quatre guides de prévention et conçu une démarchepréventive à suivre pendant les travaux d’abattage manuel, demême qu’un programme de formation de 16 heures pour cestravailleurs. Cette formation permet aux travailleurs qui lesouhaitent d’obtenir un « certificat d’abatteur professionnel en technique d’abattage sécuritaire ».

Outre qu’il favorisait la prévention, le comité paritaire avaitégalement comme projet de réviser le Règlement sur les travauxforestiers1. Pour ce faire, un sous-comité paritaire de travail,composé de certains membres du comité paritaire, a été missur pied en 2002 pour revoir, article par article, les dispositionsde ce règlement. Après sept réunions, les membres du sous-comité se sont entendus sur l’adoption d’un nouveau règlement.Yves et Antoine, membres du sous-comité, se demandent maintenant dans quel délai les nouvelles dispositions pour-ront s’appliquer. Le président du sous-comité leur explique que, bien qu’une étape majeure ait été franchie, d’autres devront être suivies avant que le travail ne soit achevé.

Le projet de règlement sera soumis pour adoption aux membres du Comité paritaire de prévention du secteur fores-tier, au cours de l’une de ses séances de travail ; par la suite, leprojet sera soumis pour examen et traduction à la Direction des affaires législatives du ministère de la Justice. L’examen du ministère portera notamment sur la légalité des dispositionsproposées plutôt que sur leur opportunité2 ; une fois cette étapefranchie, le projet de règlement sera transmis pour adoption au conseil d’administration de la CSST et pour prépubli-cation, conformément à l’article 223 de la LSST ; le texte ainsiadopté sera prépublié à la Gazette officielle du Québec, enfrançais et en anglais, avec un avis invitant toute personne quile désire à formuler des commentaires à son sujet à une per-sonne désignée par la CSST et dans le délai prévu, soit dansles 45 jours de la date de la publication3 ; à l’expiration de cedélai, les membres du sous-comité technique analyseront, le caséchéant, les commentaires reçus, afin qu’ils soient intégrés, s’ily a lieu, dans le projet de règlement ; le nouveau texte seratransmis au comité paritaire pour information et adoption.

Le projet de règlement sera de nouveau transmis au conseild’administration de la CSST pour être adopté, en français eten anglais, de façon définitive ; le Secrétariat à l’allégement réglementaire devra approuver le texte adopté par la CSSTavant d’être soumis pour approbation par le gouvernement,conformément à l’article 224 de la LSST. Une fois approuvé,le règlement sera publié, en français et en anglais, de façon finale à la Gazette officielle du Québec ; l’entrée en vigueur desdispositions du règlement pourra varier selon ce qui y estprévu, mais généralement un règlement entre en vigueur lequinzième jour4 suivant la date de la publication à la Gazetteofficielle du Québec.

Voilà quelques précisions qui devraient répondre aux inter-rogations d’Yves et d’Antoine. Ils peuvent ainsi constater quel’adoption d’un règlement comporte plusieurs étapes et qu’il peut s’écouler un délai de 6 à 12 mois entre l’adoption d’un projet de règlement par la CSST et son entrée en vigueur. PT

Hélène Savard

1. Ce règlement a été adopté en 1973 en vertu de la Loi sur les établisse-ments industriels et commerciaux (S.R.Q., 1964, ch. 150). Cette loi a étéremplacée par la Loi sur la santé et la sécurité du travail (L.R.Q., c. S-2.1)et la CSST a été chargée de l’application de ce règlement.

2. Il s’agit d’une étape obligatoire. L’objet de cet examen est prévu à l’article 5 de la Loi sur les règlements (L.R.Q., c. R-18.1).

3. Ce délai est prévu à l’article 11 de la Loi sur les règlements.4. Ce délai est prévu à l’article 17 de la Loi sur les règlements.

15Été 2004 Prévention au travail

Droits et obligations

et le processus d’adoption des règlements en vertu de la LSST

La CSST

Un exemple

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Du 31 août au 3 septembre 2004Dresde (Allemagne)2e conférence internationaleWORKINGonSAFETY.netRenseignementsTéléc. 49 351 457 20 1106Courriel : [email protected] Web : www.workingonsafety.net

Du 15 au 17 septembre 2004Genève (Suisse)39e congrès de la SELFErgonomie et normalisationRenseignementsTél. 41 22 830 09 09Téléc. 41 22 830 09 08Courriel : [email protected]

30 septembre et 1er octobre 2004Lille (France)Envirorisk 2004 – Forumeuropéen du managementde l’environnement et de la sécuritéRenseignementsDPE ÉvénementsTél. 33 04 72 98 26 60Sites Web : www.envirorisk-forum.comwww.dpe-edition.com

Du 30 septembre au 2 octobre 2004Lille (France)Congrès Dermato-AllergologieRenseignementsÉdith LadenTél. 33 03 20 44 44 77Téléc. 33 03 20 44 55 91Courriel : [email protected]

30 septembre et3 novembre 2004Montréal (Québec)FormationPlanification des mesuresd’urgence

5 octobre et26 novembre 2004Montréal (Québec)Formation en gestion de la santé-sécuritéConduite préventive des chariots élévateurs

28 et 29 octobre 2004Montréal (Québec)« Ergonomisez » vos postesde travail

29 novembre 2004Montréal (Québec)30 novembre 2004Québec (Québec)Alcool, drogues et gestion du risqueRenseignementsCentre patronal de santé etsécurité du travail du QuébecBureau 1000500, rue Sherbrooke OuestMontréal (Québec) H3A 3C6Tél. (514) 842-8401Téléc. (514) 842-9375Courriel : [email protected] Web : www.centrepatronalsst.qc.ca

Du 13 au 16 octobre 2004Modène (Italie)12e congrès du comité scien-tifique de la Commissioninternationale sur la santé au travailRenseignementsCourriel : [email protected] Web : www.senaf.it/icoh/index.htm

14 octobre 2004Jonquière (Québec)4e salon ressources en santé et sécurité du travail

15 octobre 2004Saguenay–Lac-Saint-Jean(Québec)20e colloque en santé sécurité du travailRenseignementsCSST, Direction régionaleSaguenay–Lac-Saint-JeanMartine Lavoie901, boul. Talbot, C. P. 5400Chicoutimi (Québec)Tél. (418) 696-9902Téléc. (418) 696-9957Courriel : [email protected] Web : www.csst.qc.ca

20 octobre 2004Nicolet (Québec)8e Carrefour de la santé et de la sécurité du travailDirection régionale Mauricieet Centre-du-QuébecRenseignementsLisanne CôtéTél. (819) 372-3400, poste 3260Courriel : [email protected] BraultTél. (819) 372-3400, poste 3404Courriel : [email protected] Web : www.csst.qc.ca

26 octobre 2004New-Richmond (Québec)27 octobre 2004Sainte-Anne-des-Monts(Québec)Colloques régionaux de la Direction régionaleGaspésie–Îles-de-la-MadeleineLes rendez-vous santé-sécuritéRenseignementsMaxime BoucherCSSTDirection régionaleGaspésie–Îles-de-la-Madeleine163, boul. de GaspéGaspé (Québec) G4X 2V1Tél. (418) 368-7852 ou 1 800 668-6789

27 et 28 octobre 2004Montréal (Québec)4e colloque de l’Associationquébécoise Plaidoyer-VictimesLes victimes d’actes criminels :agir dans le respect de la personneRenseignementsAssociation québécoisePlaidoyer-VictimesBureau 204305, rue d’Iberville Montréal (Québec) H2H 2L5Tél. (514) 526-9037Courriel : [email protected] Web : www.aqpv.ca

28 octobre 2004Canton d’Orford (Québec)Colloque de l’Associationrégionale de santé et sécurité au travail de l’Estrieet de la Direction régionalede l’Estrie de la CSSTRenseignementsARSSTETél. 1 866 562-5005Courriel : [email protected]

Du 3 au 5 novembre 2004Paris (France)Le salon infirmier 2004RenseignementsGroupe LiaisonsSalon infirmier 20041, avenue Édouard-Bélin92856 Reuil-Malmaison CEDEXFRANCETél. 33 01 41 29 77 51Téléc. 33 01 41 29 77 54

10 et 11 novembre 2004Montréal (Québec)Grand Rendez-vous en santéet sécurité du travailRenseignementsTél. (514) 395-1808Site Web : www.grandrendez-vous.com

16 novembre 2004Québec (Québec)Chaudière-Appalaches et Québec14e colloque sur la santé et la sécurité au travailRenseignementsLuc JacquesTél. (418) 266-4000Isabelle GosselinTél. (418) 839-2500

Du 18 au 22 septembre 2005Orlando (États-Unis)XVIIe congrès mondial sur lasanté et la sécurité au travailRenseignementsThe National Safety CouncilCustomer Relations Department1121 Spring Lake Drive, ItascaIL 60143-3201ÉTATS-UNISTél. (630) 775-2056Téléc. (630) 285-1315Site Web : www.safety2005.org

16 Prévention au travail Été 2004

Agenda d’ici et d’ailleurs

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17Été 2004 Prévention au travail

Qu’est-ce qui motive donc lesentreprises à vouloir implanter un sys-tème de rotation des postes ? Parfois, les tâches sont si ardues que les travail-leurs ne peuvent tenir plus de 15 mi-nutes à un poste ! Pensons par exempleaux domaines de l’abattage et de latransformation de la viande. Dans cetype d’usine, d’ailleurs, la rotation s’estimposée d’elle-même.

Mais les cas varient à l’infini selon letype d’entreprise et les caractéristiquesdes tâches et de la production. On pourrait toutefois généraliser en disantqu’une organisation adopte la rotation

des postes dans un souci d’améliora-tion continue en matière de qualité, de productivité et de prévention destroubles musculo-squelettiques.

Ces enjeux ne constituent toutefoispas les seuls motifs justifiant la rota-tion. D’autres questions se posent aussien ce moment quant à son intérêt, par exemple, pour l’élargissement et l’enri-chissement des tâches, l’augmentationdes compétences, la satisfaction au travail, la santé mentale, etc.

Le fait de chercher une plus grandepolyvalence chez les employés irait depair avec l’évolution des organisations

D a n s c e n u m é r o

Troubles musculo-squelettiquesAvantages et désavantages

de la rotation des postes

comme moyen de prévention

Asthme en milieu de travail –Santé et sécurité en agricultureCréation de deux nouveaux

centres de recherche

Centres de tri de matières recyclablesLe diagnostic

d’un réaménagement profitable

aux autres centres

Chariots élévateurs et troubles musculo-squelettiquesLa France et le Québec

partenaires de recherches

Trop bruyant, le métier deconducteur d’autobus scolaire ?

Contraintes thermiques dans les mines L’outil de mesure idéal

n’existe pas encore

Temps de service des cartouches chimiquesLes pièces du casse-tête

se mettent en place

Boursière : Anabelle Viau-GuayUniversité LavalRéfléchir à la profession

d’ergonome

Nouvelles publications

Recherches en cours

www.irsst.qc.caCliquez recherche

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Rechercheà l’IRSST

Avantages et désavantages

de la rotation des postes

comme moyen de préventionIl

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Troubles musculo-squelettiques

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18 Prévention au travail Été 2004

Rechercheà l’IRSST

alors pas trop de vagues si l’unique opé-rateur d’une machine devait s’absenter.Mais maintenant qu’il faut produirerapidement et au fur et à mesure descommandes, l’absentéisme, le roule-ment du personnel et la productivitécausent de plus en plus problème.

Une étude exploratoireC’est dans ce contexte que deschercheurs de l ’ IRSST et del’UQAM ont mené une étude explo-ratoire au sein d’une importanteusine d’assemblage automobile.L’entreprise manifestait le désird’instaurer la rotation, tandis quele syndicat se montrait réticent. On voulait donc des deux côtésmieux connaître les avantages etles inconvénients de ce type d’or-ganisation du travail.

L’étude, comprise dans les programmations de recherche de l’IRSST et de la Chaire GM en ergonomie de l’UQAM, innovait de deux façons. D’abord, par une enquête d’envergure sur la per-ception des travailleurs : les cher-cheurs ont sondé 250 personnes,une première ! Puis, par l’analysepoussée du travail d’une équipe enparticulier, qui avait déjà adopté

un système de rotation des postes. Desergonomes ont examiné en détail lestâches, les postes, l’organisation du tra-vail et les caractéristiques personnellesdes travailleurs effectuant la rotation, de même que leurs perceptions.

Marie St-Vincent, de l’IRSST, ex-plique : « Il s’agissait d’aller chercher lepoint de vue des travailleurs sur les avan-tages et les désavantages de la rotation,

et ce, à plusieurs niveaux, c’est-à-dire pasuniquement en rapport avec les troublesmusculo-squelettiques, mais aussi avectoute la question — et ce sont eux quinous l’ont apportée — des relations avecles collègues, de la qualité du travail, del’importance de la formation… »

Au cœur de la questionLes chercheurs ont de cette façon réussià cerner les facteurs les plus détermi-nants pour le succès de l’implantationde la rotation dans une entreprise. Lepremier se rapporte aux caractéris-tiques des postes eux-mêmes ; il im-porte en effet de varier la sollicitationmusculo-squelettique d’un poste à unautre. Mais le travailleur court toujoursle risque d’aggraver ses maux ou d’endévelopper de nouveaux s’il doit effec-tuer de nouvelles tâches plus contrai-gnantes. En conséquence, l’améliorationdes conditions aux postes de travail apparaît comme la première mesure à prendre pour qu’il y ait un intérêt à pratiquer la rotation. L’enquête a égale-ment fait ressortir comme primordiale

18 Prévention au travail Été 2004

du travail. Ainsi, avec le durcissementde la compétition et l’avènement dujuste-à-temps, la gestion du personnel etde la production se complexifie. Aupara-vant, les entreprises pouvaient prendrede l’avance sur leur fabrication et entre-poser leurs produits. Cela ne faisait

Point de départDans une importante usine d’assem-blage automobile, on se questionnaitsur l’intérêt de la rotation des postes ;l’entreprise y était favorable, alors quele syndicat se montrait réticent. Tousdeux voulaient mieux en connaître lesavantages et les inconvénients. Pourrépondre à cette demande, des cher-cheurs ont réalisé une étude explora-toire à deux volets : une enquête deperception auprès des travailleurs etune analyse plus fine du travail dans une unité où la rotation était déjà mise en pratique.

ResponsablesNicole Vézina1, de l’Université du Québecà Montréal (UQAM) ; Marie St-Vincent2,de l’équipe Sécurité-ergonomie del’IRSST ; Bernard Dufour, de laCSST ; Yves St-Jacques, de l’Asso-ciation sectorielle paritaire dusecteur de la fabrication de pro-duits en métal et de produitsélectriques, et Esther Cloutier3,de l’équipe Organisation du tra-vail de l’IRSST.

PartenairesTout le personnel d’une impor-tante usine d’assemblage auto-mobile.

RésultatsL’étude a réussi à cerner les en-jeux qui se trouvent au cœur detoute la question touchant l’im-plantation d’un système de ro-tation des postes au sein d’uneentreprise. Le rapport dégage denombreuses pistes de réflexionet fournit des indications précieuses surun sujet encore peu étudié à ce jour.

Utilisateurs potentielsToute personne appelée à instaurer ou àgérer un système de rotation des postesdans une entreprise, de même que lesdivers intervenants syndicaux et patro-naux et ceux de la santé et de la sécu-rité du travail.

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2

1

L’amélioration des conditionsaux postes de travail apparaît

comme la première mesure à prendre pour inciter

les travailleurs à pratiquer la rotation. La question de la qualité

de l’apprentissage et du tempsqui y est consacré en est

un autre aspect essentiel.

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6 h 45 8 h 00 9 h 06 9 h 29 10 h 30 11 h 30 12 h 15 13 h 15 14 h 12 14 h 35

Poste d’André André Claude Pause Benoît André Dîner André Claude Pause André

Poste de Benoît Benoît André Pause Denis Benoît Dîner Claude André Pause Benoît

Poste de Claude Claude Benoît Pause André Claude Dîner Denis Benoît Pause Claude

Poste de Denis Denis Denis Pause Claude Denis Dîner Benoît Denis Pause Denis

Pour en savoir plus

VÉZINA, Nicole, Marie ST-VINCENT,Bernard DUFOUR, Yves SAINT-JACQUES, Esther CLOUTIER. La pratique de la rotation des postes dans une usine d’assemblage automobile : une étude exploratoire, Rapport R-343, 199 pages, 13$.

Téléchargeable gratuitement àwww.irsst.qc.ca.

Pistes (Perspectives interdisciplinairessur le travail et la santé), vol. 5, no 2,décembre 2003, numéro exclusivementconsacré à la rotation des postes. Onpeut le consulter à l’adresse suivante :http://www.pistes.uqam.ca/v5n2/sommaire.html.

la question du temps et de la qualité de l’apprentissage, un aspect essen-tiel qui demande sans conteste un investissement important de la part de l’entreprise.

Finalement, le résultat le plus surprenant, selon Nicole Vézina, del’UQAM, se rapporte à « l’importancedes facteurs psychosociaux. Même s’ilreste que la composante de changer le mal de place, d’alléger le travail… entre en jeu pour les travailleurs quandil s’agit de changer de poste, on s’estrendu compte du fait que si la rotations’implante ou ne s’implante pas dans un milieu, ça dépendait énormément de facteurs psychosociaux. Il suffisaitqu’un de ces facteurs manque pour queça ne marche pas ».

Plus précisément ces facteurs tou-chent, par exemple, à l’esprit d’entraideentre collègues, au souci de la qualité dutravail des coéquipiers, à l’importance de briser la monotonie ou de préserversa santé mentale. Il ressort égalementavec force de cette étude que la rotation,pour fonctionner, doit se faire de façonvolontaire et que les travailleurs doiventdisposer d’une certaine autonomie dansl’organisation de l’équipe.

Les entreprises désireuses de mettreen place un système de rotation despostes auront donc tout intérêt à sepencher consciencieusement sur laquestion, car le succès de ce type deprojet reposera sans aucun doute sur la collaboration et la bonne volonté de tous les acteurs. Les chercheurs

entendent d’ailleurs préparer à leur intention un guide qui poserait lesjalons d’une démarche idéale.

La bonne nouvelle, cependant, c’estque la littérature sur le sujet, quasi inexistante au début de l’étude, s’estconsidérablement accrue depuis. Le guide à venir sera donc un bilan des recherches effectuées à l’IRSST, à l’UQAM et ailleurs, ainsi que des témoignages recueillis à l’occasion d’un important forum sur la rotation,tenu à Montréal en février 2003. Pré-vention au travail y faisait d’ailleursécho dans son numéro du printempsdernier. PT

Loraine Pichette

19Été 2004 Prévention au travail

Exemple de postes occupés en rotation par quatre travailleurs

pour chacune des périodes de la journée

Les travailleurs préfèrent occuper leur poste habituel pour entreprendre la journée, puis pendant la période précédant le dîner et leur départ de l’usine. Ils expliquent que, malgré leur habitude à occuper plusieurs postes, ils aiment commencer la journée au leur pour se « réchauffer ». Ce poste est aménagé selon leurs besoins et il leur permet deranger leurs affaires personnelles.

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l’agriculture, augmenter la capacité de recherche en soutenant la relève et accroître le transfert des connais-sances issues des recherches. L’équipeprivilégie quatre grands thèmes : la génétique et les déterminants environ-nementaux des dysfonctions pulmo-naires, les déterminants des infections,la santé et la sécurité au travail ainsi que les services de santé et les probléma-tiques sociales liées à l’agriculture.

Déjà, un colloque sur l’agricultureréunissant tous les chercheurs actifs ensanté et en sécurité du travail au Québecest prévu pour 2005.

Pour l’IRSST, qui mène et financedes projets dans le secteur agricoledepuis plus d’une dizaine d’années, cettecollaboration permettra de bénéficier de l’expertise d’un plus grand nombre descientifiques et d’étendre davantage son champ d’action pour améliorer les conditions des travailleurs agricoles. PT

Marjolaine Thibeault

L’asthme en milieu de travail,la santé et la sécurité en agriculture sont deux grands objets de recherchequi devraient bénéficier, au cours desprochaines années, d’une augmentationde nouvelles connaissances dont pro-fiteront les milieux de travail. L’unionfaisant la force, dit-on, l’Institut de santépublique et des populations des Insti-tuts de recherche en santé du Canada(IRSC) a accepté de financer la créationde deux centres de recherche, soutenusfinancièrement par l’IRSST.

Centre de recherche sur l’asthmeen milieu de travailLe premier, le Centre de recherche surl’asthme en milieu de travail, a pris son envol récemment, avec à sa tête le Dr Jean-Luc Malo, pneumologue, responsable de la recherche en santérespiratoire à l’Hôpital du Sacré-Cœur

de Montréal. Il regroupe des chercheursde l’IRSST, de l’Université de Montréalet de l’Université McGill, qui ont lancé le projet. Il est également épaulé par l’Association pulmonaire du Canada.

Cet important projet a été élaborédans le but de mieux prendre en chargeles effets des milieux physiques et

Recherche

sociaux sur la santé. Pour l’IRSST, lecentre « Asthme et travail » constitue unatout majeur puisqu’il permet d’accé-der à un réseau d’experts, de resserrerla collaboration entre ses chercheurs et ceux d’autres organismes, ainsi qued’assurer un soutien aux étudiantsayant choisi de se spécialiser dans le domaine de l’asthme professionnel.

Des scientifiques de diverses disci-plines (recherche clinique et évaluative,épidémiologie, économie, psychologie,immunologie et biologie moléculaire)sont engagés dans la détermination desorientations et dans le fonctionnementde ce centre. Des mécanismes de trans-fert des connaissances des chercheursvers les premiers utilisateurs, soit lescommissions de la santé et de la sécu-rité du travail du Québec et des Mari-times ainsi que les directions de santépublique sont déjà prévus. Des pro-grammes de formation de profession-nels de la santé et des programmesd’information destinés aux travailleurs à risque seront également élaborés. Lestravailleurs québécois pourront doncbénéficier plus rapidement des connais-sances issues de ce centre.

Claude Ostiguy, de la Direction desopérations de l’IRSST, siège au conseild’administration du centre Asthme ettravail.

Centre de recherche sur la santéet la sécurité en agricultureLe Centre de recherche sur la santé et la sécurité en agriculture est une ini-tiative du Dr James A. Dosman, de l’Université de Saskatchewan, et du Dr Yvon Cormier, de l’Université Laval.Des chercheurs de l’Université Queen’s,de l’Ontario, sont également partie pre-nante à ce vaste projet.

Ce centre, qui fonctionnera sur la base de collaborations multidisci-plinaires, entend établir un réseau dechercheurs reliés à divers aspects de

20 Prévention au travail Été 2004

à l’IRSST

Asthme en milieu de travail Santé et sécurité en agriculture

Le Dr Jean-Luc Malo dirige

le Centre de recherche sur

l’asthme en milieu de travail.

Création de deux nouveaux centres de recherche

Le Dr Yvon Cormier est

codirecteur du Centre

de recherche sur la santé

et la sécurité en agriculture.

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21Été 2004 Prévention au travail

Dans un centre peu mécanisé,

les travailleurs font du tri positif,

qui nécessite beaucoup d’endu-

rance physique et un niveau

d’attention élevé. Ils doivent

récupérer les produits qui leur

sont assignés à leur passage sur

le convoyeur et les évacuer par

des ouvertures prévues à cet

effet. Les mouvements, la posture

et l’effort exigés sont sources

de tension aux bras, au dos, aux

épaules et aux poignets.

Une quarantaine de centres detri et de récupération des matières recy-clables se situent au Québec. Ils serventprincipalement à la collecte, au trans-port, à la répartition, à la décontami-nation, au conditionnement et à la mise en ballots de l’ensemble des matières issues de la collecte sélective. Les pre-miers sont apparus au début des années

1990 et près de 3000 personnes ytravaillent. La présente étude pro-pose des moyens concrets, dontune grille d’autoévaluation, pour yaméliorer la santé et la sécurité.

Sur le plan des opérations, lescentres de tri sont tous semblables.On y trouve une réception desmatières recyclables (papier, car-ton, métal, etc.), un convoyeur quiles transporte au service de triage,des compacteurs, des presses et unservice d’expédition.

Les effets imprévus de la modernisation

Le centre étudié dans le contexte decette activité existe depuis environ cinqans. Il est au nombre des trois centresétudiés en 1999 par Jacques Lavoie, del’équipe Hygiène du travail de l’IRSST,et Serge Guertin, de la firme Ergo-Norme. Le propriétaire avait par la suiteentrepris de le réaménager. Au momentde la deuxième étude, l’essentiel de ceréaménagement était terminé et l’on yeffectuait du tri négatif (sélection méca-nisée assistée par un tri manuel pour

Point de départUne étude réalisée en 1999 démontraitque les centres de tri comportent desrisques d’origine chimique, physique, biologique et ergonomique ainsi que des dangers pour la sécurité des travail-leurs. On recommandait alors d’intégrer les éléments de santé et de sécurité dutravail à de tels centres dès leur concep-tion. Au moyen d’une étude de cas, desscientifiques ont déterminé les élémentset les caractéristiques de santé et desécurité nécessaires à la conception et à l’aménagement des futurs centres de tri et au diagnostic de la situa-tion dans les centres existants.

ResponsablesJacques Lavoie1, de l’équipe Hy-giène du travail de l’IRSST, SergeGuertin2, de Ergo-Norme inc., etChristine Verdon, stagiaire duDépartement de santé au travailde l’Université McGill.

RésultatsLa cueillette de données révéla-trices de la présence d’agentsbiologiques et chimiques dansles centres de tri de même qu’un portraitde la situation des travailleurs sur leplan egonomique et la réalisation d’unegrille d’autoévaluation pour l’intégra-tion de la santé et de la sécurité dans les centres de tri.

UtilisateursLes gestionnaires, les concepteurs et les propriétaires de centres de tri, lescomités de santé et de sécurité et les inspecteurs de la CSST.

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Centres de tri de matières recyclablesLe diagnostic d’un réaménagement

profitable aux autres centres

éliminer les impuretés) plutôt que du tri positif (exclusivement manuel). Or, la mécanisation a entraîné de nouveaux risques. « Ce changement a permis d’augmenter la quantité de ma-tière triée, de 5 000 tonnes par année en 1999 à 12000 tonnes maintenant, etle nombre de préposés est passé de 20 à 10. Il a aussi occasionné davantage de bruit et des concentrations de pous-sières plus élevées », précise JacquesLavoie, coauteur de l’étude.

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22 Prévention au travail Été 2004

Rechercheà l’IRSST

Dans un centre qui fonctionne avec un

système de tri négatif, les travailleurs

enlèvent les impuretés tandis que les

machines font le reste. Ils interviennent

moins et agissent surtout comme des

contrôleurs. Cependant, la vitesse du

convoyeur est augmentée de plus du

double par rapport à celle du tri positif.

Afin de réduire le niveau d’empoussiè-

rement et de maintenir les concentra-

tions de contaminants au minimum,

il est recommandé de conserver la

matière à recycler à l’extérieur de la

réception ou sinon, de la trier le jour

même de sa réception.

contaminant mesuré. Les chercheursestiment que l’augmentation de la quan-tité de matière à traiter influence le ré-sultat. Par ailleurs, les prélèvementsbactériens captés sur filtres dans la zonerespiratoire des travailleurs donnent desrésultats plus élevés que ceux qui ontété effectués dans l’air.

Les substances chimiques ont étémesurées dans les mêmes services queles bioaérosols et aucune d’entre ellesn’a dépassé 50 % de sa valeur d’expo-sition moyenne pondérée (VEMP). Lesconcentrations de poussières étaienttoutefois plus élevées qu’en 1999. Cetteaugmentation est causée encore unefois par la quantité de matière triée et par la mécanisation des opérations.Enfin, les niveaux de bruit sont tous inférieurs à la norme québécoise de 90 dBA en raison du confinement destrieuses mécaniques et du recouvre-ment des accès aux convoyeurs par des rideaux acoustiques installés aucours du réaménagement. Les niveauxd’éclairage observés sont plus élevés que les valeurs recommandées par la réglementation québécoise, qui est de 550 lux pour des travaux nécessitant

Le tour de la questionMM. Lavoie et Guertin ont effectué unesérie de prélèvements des agents bio-logiques et des substances chimiquesprésents dans le centre de tri. Ils y ont aussi mesuré les agents physiques, tels que le bruit et l’éclairage. Ils ont de plus procédé à un examen des dossiers d’accidents et d’incidents, interviewé les travailleurs, réalisé des analyses de postures et des dimensions des postesde travail, observé les variations de l’activité de travail et finalement, pro-cédé à une enquête par questionnairesur les symptômes physiques ressentispar les travailleurs.

Des résultats révélateurs L’étude — réalisée dans les mêmes condi-tions que celle de 1999 — démontre que les concentrations moyennes debactéries totales et de moisissures dépassent les valeurs guides dans tous les services du centre de tri, tandis que celles des bactéries Gram ne les dépassent qu’à la réception des matières à recycler. C’est d’ailleurs à cet endroitque les concentrations moyennes maxi-males ont été obtenues, peu importe le

une perception modérée des détails. Sur le plan ergonomique, la mécani-sation ayant permis de tripler la vitessedes convoyeurs, les retraits d’impuretéspendant le tri manuel se font en retard,les préposés devant utiliser leur bras opposé au sens de l’arrivée du matériel.Elle exige aussi de ces travailleurs desinterventions beaucoup plus rapides etils doivent fréquemment lancer des objets loin d’eux. Enfin, huit des neufpersonnes consultées ont ressenti de l’in-confort aux épaules, au bas du dos, auxbras, et surtout aux avant-bras et auxmollets. Ces inconforts ont été respec-tivement jugés moyens et intolérablesdans 60% et dans 20% des cas.

Les scientifiques conseillent prin-cipalement de conserver la matière à recycler à l’extérieur du centre ou sinon,de la traiter la journée même où elle yest reçue afin de diminuer l’empous-sièrement. Ils suggèrent aussi d’instal-ler un système de fermeture de chacunedes chutes. En plus d’éviter la pénétra-tion des produits de combustion desmoteurs à l’intérieur, cela permettraitde mieux contrôler les températuresambiantes dans le service du tri. Ils pro-posent également de respecter la normequébécoise concernant les niveaux d’éclairement, d’installer un système de récupération mécanique des pelli-cules plastiques actuellement triées à la main, ainsi que des plates-formes élévatrices mobiles ajustables selon la taille des personnes aux postes de tri et de mettre en place des déflecteurs làoù les convoyeurs sont trop larges.

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La France et le Québec ont décidé d’unir leurs efforts dans larecherche de solutions à deux im-portantes questions de santé et de sécurité du travail : l’amélioration del’ergonomie et de la sécurité des cha-riots élévateurs et la prévention destroubles musculo-squelettiques (TMS).

Le directeur général de l’Institutnational de recherche et de sécurité(INRS-France), M. Jean-Luc Marié, et la présidente-directrice générale del’IRSST, Mme Diane Gaudet, avaientparaphé une entente-cadre de parte-nariat l’an dernier, s’engageant à pour-suivre conjointement des rechercheset à multiplier les échanges dansdivers domaines de la santé et de lasécurité du travail. Les deux ententesnouvellement signées concrétisentcette collaboration franco-québécoise.

Pour éviter les renversementsde chariots élévateursLes coûts humains et financiers liésaux renversements de chariots éléva-teurs sont considérables, bien queplusieurs recherches aient été menéesau Québec et en France dans le but de réduire les risques associés à l’utilisation de ces véhicules.

L’entente entre l’INRS-France etl’IRSST prévoit la mise en commun de ressources humaines et matérielles,des connaissances, de l’expertise et,bien sûr, des résultats issus des tra-vaux de recherche menés de part etd’autre. Quatre grands objectifs sontvisés : prévenir le renversement, pro-téger le cariste le cas échéant, réduireles risques de collision, développerune expertise et créer des outils deprévention pour ce type de véhicules.Les chercheurs poursuivront donc des travaux sur la mise au point de modèles biomécaniques permettantl’étude du comportement du caristelors du renversement du chariot élé-vateur. L’utilisation de ces modèlesfacilitera l’évaluation de l’efficacitédes moyens de protection en cas

de renversement. Des études ergono-miques de l’activité et des conditionsde travail des opérateurs de chariotscomplèteront ce projet. À l’IRSST,c’est Jean-Guy Richard, ingénieur et ergonome à l’équipe Sécurité-ergonomie, qui est chargé de coor-donner les actions des chercheursquébécois et d’entretenir les liensavec leurs collègues français.

Pour contrer les troublesmusculo-squelettiques Tous les pays industrialisés constatentune forte croissance des problèmesliés aux troubles musculo-squelettiques.L’entente de partenariat entre les instituts québécois et français veutencourager la diffusion des connais-sances et le regroupement de l’exper-tise du personnel scientifique ettechnique de l’INRS et de l’IRSST encette matière. Les deux instituts sou-haitent concevoir et éditer ensembledes documents de valorisation des résultats de recherches, encouragerl’appropriation, par l’autre partie, desexpériences de prévention réussies et travailler à la mise en place d’unmécanisme de coordination des pro-grammations de recherche. Le déve-loppement de projets conjoints dansle secteur agroalimentaire est égale-ment envisagé, avec le concours,cette fois, de l’Université du Québec à Montréal (UQAM). À l’IRSST, c’est Marie St-Vincent, ergonome àl’équipe Sécurité-ergonomie, qui assure la liaison entre les deuxéquipes de chercheurs.

La mise en commun des effortsdes deux instituts de recherche per-met de maximiser le développementdes connaissances scientifiques enévitant les répétitions et favorise leregroupement de l’expertise disponiblede part et d’autre. Ces alliances ontcomme ultime avantage l’aboutisse-ment plus rapide de la découverte desolutions pour le bénéfice des travail-leurs français et québécois. PT

Marjolaine Thibeault

Une grille d’autoévaluation« Nous préparons aussi, en collabo-ration avec la Commission de la santé et de la sécurité du travail (CSST), l ’Association sectorielle paritaire pour la santé et la sécurité du travail, secteur affaires municipales (APSAM) et l’Association sectorielle paritaire du secteur transport et entreposage (ASTE), une grille d’autoévaluation quipourra servir à tous les autres centresde tri, commente Jacques Lavoie. Ils’agit d’une grille où tous les élémentsconcernant la santé et la sécurité du travail seront pris en considération, tels que les risques biologiques, les substances chimiques, les agents phy-siques, l’ergonomie, les risques méca-niques, l’entretien, la maintenance et la réparation des équipements de même que la prévention des incendies.Elle pourra guider les responsables de la santé et de la sécurité du travaildes autres centres de tri qui souhaitentprocéder à certaines améliorations ou à un réaménagement majeur. » PT

Benoit Fradette

23Été 2004 Prévention au travail

Chariots élévateurs ettroubles musculo-squelettiques

Pour en savoir plus

LAVOIE, Jacques,Serge GUERTIN etChristine VERDON.Intégration de lasanté et de la sécuritédu travail lors de la conception duréaménagement d’un centre de tri dematières recyclables,

Rapport R-347, 34 pages, 5,35$.

LAVOIE, Jacques et Serge GUERTIN.Évaluation des risques à la santé et à lasécurité du travail dans les centres de trides matières recyclables, Rapport R-212,80 pages, 7,50$.

LAVOIE, Jacques, Pierre BOULIANE,Serge GUERTIN et Denise GILBERT. La prévention des risques à la santé et à lasécurité du travail dans les centres de tride matières recyclables, Fiche techniqueRF-212, 6 pages, gratuite.

Téléchargeables gratuitement àwww.irsst.qc.ca.

LAVOIE, Jacques et Serge GUERTIN.‘Evolution of Health and Safety Risks in Municipal Solid Waste RecyclingPlants’, in Journal of the Air and WasteManagement Association, no 51, 2001, p. 352-360.

La France et le Québec partenairesde recherches

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24 Prévention au travail Été 2004

Un tour complet de l’environnement sonoreLes chercheurs s’étaient donné commeobjectif de mesurer l’exposition au bruit des conducteurs et d’estimer leurdose quotidienne de bruit. Ils voulaientaussi évaluer l’importance de l’expo-sition totale au bruit par rapport auxvaleurs de référence, de même que lescontributions respectives des différentessources de bruit.

Pour ce faire, les scientifiques ontmesuré le niveau de bruit provenant de différentes sources — moteur duvéhicule en fonction du type de par-cours (à l’arrêt et en marche, trajets ruralet urbain, route et autoroute), les conver-sations des élèves de niveaux primaire et secondaire, le service de radio à bandepublique, communément appelé CB, et les équipements d’hiver, comme lachaufferette et le dégivreur. Ces mesuresont été effectuées en après-midi sur desparcours réels. Les chercheurs ont aussi

tenu compte des différences entreles marques et les modèles de véhicules. Dix autobus, de fabri-cation récente pour la plupart et de 72 passagers, provenant de 2 compagnies, ont servi à l’étude. Il s’agit des marques et modèles Blue Bird TC-2000, GMC, Thomas,Freightliner FS65 et International30S. Parallèlement, les respon-sables de l’étude ont évalué lesbruits de toutes sources perçus par les conducteurs durant unejournée de travail.

La principale source de bruit ?Ce n’est guère surprenant, les pas-sagers constituent une source debruit. Les niveaux mesurés dansun autobus rempli d’élèves du pri-maire peuvent atteindre jusqu’à

83,5 dB(A) et 78,1 dB(A) dans le casd’élèves du secondaire. Les moyennessont toutefois de 78,1 dB(A) pour lesélèves du primaire et de 74,3 dB(A) pourceux du secondaire. Le service de radio

à bande publique — d’une utilisationponctuelle et très limitée — génère luiaussi un niveau de bruit élevé, soit 83,4 dB(A) en moyenne. Par ailleurs, en ce qui concerne le bruit provenantdu moteur, les chercheurs ont cons-taté, pour l’ensemble des véhicules, desniveaux de 66,3 dB(A) en moyennelorsqu’ils sont à l’arrêt et de 75 dB(A)lorsqu’ils sont en mouvement. Sur uneautoroute, le niveau moyen observé est de 78,5 dB(A). De plus, les véhiculesde type conventionnel se sont avérésmoins bruyants que les autobus à front plat. Enfin, l’utilisation de l’équi-pement d’hiver (chaufferette, dégivreur,etc.) produit en moyenne des niveaux de bruit de 77,4 dB(A).

Plus de 638 000 enfants qué-bécois prennent p lace , mat in e t soir, à bord d’autobus scolaires. Pour les transporter, plus de 9 500 véhi-cules parcourent environ un million de kilomètres par jour. Les conducteursrisquent-ils à la longue de dévelop-per une surdité professionnelle en rai-son du bruit ambiant ? Quels sont les bruits les plus intenses dans un auto-bus scolaire? Jusqu’à tout récemment,il y avait peu de données disponibles sur le sujet. Cette recherche, menée parl’IRSST à la demande de l’Associationdu transport écolier du Québec (ATEQ),est une première dans l’estimation,selon la norme ISO, des risques de sur-dité encourus par ces travailleurs.

Point de départAu cours des dernières années, plusieursconducteurs d’autobus scolaires se sontplaints du niveau élevé de bruit relié àleur travail. Or, exception faitede deux études réalisées, l’uneen 1993 par le CLSC de l’Estuaire,à Rimouski, l’autre en 1996 parle CLSC des Faubourgs, à Mont-réal, il y avait peu de donnéesdisponibles sur le sujet.

ResponsablesPierre Marcotte1, Paul-ÉmileBoileau2 et Jérôme Boutin3, del’équipe Sécurité-ingénierie del’IRSST.

RésultatsLes résultats démontrent que la conduite d’autobus scolairesne constitue pas une menace sérieuse de surdité profession-nelle.

UtilisateursLes membres de l’Association du trans-port écolier du Québec (ATEQ), l’Associa-tion sectorielle paritaire transport etentreposage (ASTE) et les conductriceset conducteurs d’autobus scolaires.

3

2

1

Le bruit produit par le moteur est

légèrement plus élevé en milieu rural,

les autobus y circulant majoritairement

sur des rangs où la vitesse permise

est plus rapide qu’en milieu urbain.

Trop bruyant,

Tout a été pris en compte pourmesurer l'exposition au bruit

des conducteurs d'autobus scolaires : le niveau de bruit

provenant du moteur du véhicule en fonction du typede parcours, les conversationsdes élèves de niveaux primaire

et secondaire, le service de radio à bande publique,et les équipements d'hiver.

Trop bruyant,d’autobus scolaire ?

Rechercheà l’IRSST

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C’est confir-

mé, les

passagers

d’un auto-

bus scolaire

constituent

une source

de bruit,

mais pas

davantage

une source

de surdité

que les ap-

pareils de

chauffage,

de climati-

sation ou

de commu-

nication

dont les

véhicules

sont

équipés.

25Été 2004 Prévention au travail

Pour en savoir plus

MARCOTTE, Pierre,Paul-ÉmileBOILEAU et JérômeBOUTIN. Étude del’exposition profes-sionnelle au bruit des conducteursd’autobus scolaires,Rapport R-364, 42 pages, 5,35$.

Téléchargeable gratuitement àwww.irsst.qc.ca.

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Globalement, les conducteurs se-raient exposés à des niveaux quoti-diens équivalents variant de 74,6 dB(A)à 85,2 dB(A) selon la norme ISO 1999 et de 57,3 dB(A) à 77,3 dB(A) selon le Règlement sur la santé et la sécurité du travail (RSST). Il s’agit de niveauxrelativement faibles. Selon le RSST, aucun travailleur ne doit être exposé à un niveau de bruit continu dépassant90 dB(A) sur une période de 8 heures.Or, un conducteur d’autobus est auvolant de son autobus pendant trois àcinq heures par jour en moyenne.

Très peu de risquesLe risque que les conducteurs d’autobusscolaires développent des problèmes de surdité a été estimé en utilisant lanorme ISO 1999, ce qui est une pre-mière. Ainsi, une personne se situant au 95e percentile sur une distributionnormale de susceptibilité aux effets nocifs du bruit, qui est soumise à uneexposition quotidienne maximale de85,2 dB(A), aurait un déficit calculé de1,0 dB après une exposition d’un an et de 3,3 dB après 40 ans. « En général,le risque de développer des problèmesde surdité est très faible, précise PierreMarcotte, responsable de l’étude. Toute-fois, les bruits impulsifs et stridentsémis par les enfants sont un peu plusdommageables que les bruits station-naires, mais pas suffisamment pourcauser de la surdité. » PT

Benoit Fradette

le métier de conducteur

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26 Prévention au travail Été 2004

Rechercheà l’IRSST

les mines et il n’est pas nécessairementadapté à cet environnement. Quant àl’indice ACP, il calcule les échangesthermiques entre l’homme et son mi-lieu en tenant compte des données environnementales, de la tenue vesti-mentaire et de la charge de travail.Toutefois, il ne vérifie que la tempéra-ture corporelle et ne mesure pas lespertes hydriques, alors que souvent, cesont elles qui limitent la durée d’expo-sition des travailleurs aux ambianceschaudes des mines profondes. » Deplus, l’indice ACP s’est avéré difficiled’application et sa documentation scientifique est incomplète. Par ailleurs,la norme ISO considère à la fois lahausse des températures corporelles et les pertes hydriques. « Elle permet de vérifier si les pertes sudorales ne sont pas trop élevées, affirme Pierre C.Dessureault, ce que ne fait pas l’ACP.En plus, cette norme est soutenue scientifiquement par un organisme reconnu et fait l’objet de mises à jourrégulières. »

Les contraintes thermiquesposent des problèmes aux travailleursdes mines dites profondes (de l’ordre de 1 400 mètres ou plus). La chaleur dégagée par la paroi rocheuse et le niveau d’humidité extrêmement élevé rendent difficiles les conditions de travail, particulièrement en saison chaude. En plus de ce contexte envi-ronnemental, la charge de certainestâches lourdes et la tenue vestimen-taire nécessaire rendent l’exécution dutravail encore plus ardue.

Or, une lourde charge de travail exé-cutée dans une ambiance chaude est la combinaison parfaite pour faire augmenter la température interne du corps. Aux alentours de 41°C, undéséquilibre du système de régulationde la température peut se produire.C’est le coup de chaleur. Il peut être fatal. À un niveau d’atteinte moinsgrave, nombreux sont les cas de dé-shydratation sérieuse, de syncope etd’épuisement. C’est pour prévenir detelles situations que l’on mesure la contrainte thermique.

L’Association minière du Québec(AMQ) a demandé à la CSST, qui en a confié le mandat à l’IRSST, d’exa-miner le potentiel de l’indice Air CoolingPower (ACP) comme outil de gestion de la contrainte thermique dans lesmines souterraines.

Ce mandat visait à vérifier si cet in-dice est plus représentatif des conditionsde travail et s’il permet une meilleuregestion des contraintes thermiques. Il a été réalisé par Pierre C. Dessureault, pro-fesseur au Département d’ingénierie del’Université du Québec à Trois-Rivières(UQTR). Actuellement, les inspecteursde la Commission utilisent l’indice WetBulb and Globe Temperature (WBGT),tel que l’exige la réglementation.

Deux volets« Une partie de l’étude voulait compa-rer les différents indices de contraintes

Contraintes thermiques dans les mines L’outil de mesure idéal

n’existe pas encore

Illu

stra

tio

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Ph

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hathermiques ; une autre vérifiait l’en-

semble de ces indices comme outils de prévention en mesurant l’astreintethermique, c’est-à-dire la réactionphysiologique des travailleurs », pré-cise Pierre C. Dessureault. Quatre indices ont été comparés aux fins de l’étude, soit le WBGT, l’ACP et deux variantes de l’indice ISO (ISO7933-1989 et la version révisée faisantl’objet d’une proposition, notée ISO7933-2000). Les données environne-mentales, c’est-à-dire les températuresde l’air, son rayonnement et sa vitesse,l’humidité ainsi que la pression baro-métrique ont été enregistrées à desprofondeurs variant de 1 460 mètres à 2 150 mètres. L’astreinte thermique a été estimée sur la base des pulsa-tions cardiaques des travailleurs. Cinq sujets âgés de 21 à 49 ans ont fait l’objet d’une surveillance durantleur quart de travail. Ils effectuaient les tâches jugées les plus contrai-gnantes.

Trois indices« Le WBGT assure un niveau deprévention acceptable, commentePierre C. Dessureault. C’est toutefois un indice empirique. Il a été élaborédans des conditions tout à fait diffé-rentes de celles que l’on observe dans

Les contraintes thermiques posent des problèmes

aux travailleurs des mines dites profondes. La chaleur

dégagée par la paroi, le niveaud'humidité extrêmement élevé

particulièrement en saisonchaude, la charge de certaines

tâches et la tenue vestimentairerendent les conditionsde travail plus ardues.

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Vers un nouvel indice ?À court terme, l’application combinéedes indices WBGT et ISO 7933 peut assurer une sécurité acceptable à cer-taines conditions, dont le contrôle strictde l’acclimatement des travailleurs etl’utilisation de facteurs de correctionpour la tenue vestimentaire. SelonPierre C. Dessureault, il faut estimer ladépense énergétique de façon conser-vatrice, utiliser les deux indices à la fois et retenir le plus exigeant, assurerun suivi médical étroit des travailleurset leur donner une formation sur le tra-vail en ambiance chaude. Enfin, on doits’efforcer de conserver de l’eau potableet des boissons contenant des électro-lytes accessibles partout. « Toutefois,ajoute-t-il, il y aurait lieu d’étudier lapertinence d’utiliser un paramètre beau-coup plus simple, soit la températurehumide naturelle. Avec ce paramètre,on peut élaborer un nouvel indice spé-cifique aux mines profondes qui nouspermettrait d’obtenir de meilleurs ré-sultats. On peut le faire avec un appa-reil qui mesure le taux d’humidité dans l’air, le psychromètre. Il est facile àutiliser autant par les hygiénistes et les superviseurs que par les travailleurs.De plus, il n’y a aucun risque d’erreur.Enfin, un tel indice permettrait de limiter au maximum l’instrumenta-tion requise et de récupérer l’avantagede l’indice WBGT, c’est-à-dire ne pas devoir mesurer la vitesse de l’air, ce que nécessitent l’ACP et l’ISO 7933. Celareste cependant à valider. » PT

Benoit Fradette

27Été 2004 Prévention au travail

Il peut être plus dangereuxd’utiliser un masque respiratoiremuni de cartouches saturées que dene pas en porter. Les travailleursdoivent donc connaître la durée devie des cartouches qu’ils utilisent enfonction des solvants qu’ils manipu-lent. Des experts se sont réunis leprintemps dernier pour mettre en commun leurs connaissances sur lesujet. Cet atelier a également été leprétexte à l’organisation d’un mini-colloque auquel une soixantaine depersonnes ont assisté.

D’un côté, l’équation…Gerry Wood, du Industrial Hygieneand Safety Group du Los Alamos National Laboratory, du Nouveau-Mexique, était présent à cette rencontre. Considéré comme unesommité dans le domaine, il est l’auteur d’un modèle mathématiquequi permet de déterminer le tempsde service d’une cartouche chimiqueà un solvant. Avec le temps, il a raffiné son modèle pour tenir comptedes conditions environnementales.Aujourd’hui, ce modèle est à l’originede l’élaboration de plusieurs outilsinformatiques d’évaluation du tempsde service des cartouches chimiques, notamment celui de l’OccupationalSafety and Health Administration(OSHA) des États-Unis.

Certains fabricants d’équipementsde protection respiratoire disposentégalement d’un outil informatique deprédiction du temps de service descartouches chimiques, mais celui-cine réfère qu’à leurs produits. SimonSmith, le représentant de la compa-gnie 3M, a expliqué la démarche del’application du « modèle Wood » àl’élaboration de leur logiciel.

… de l’autre, les testsDe son côté, l’IRSST mène desrecherches sur le temps de servicedes cartouches chimiques depuis

Temps de service des cartouches chimiques

Pour en savoir plus

DESSUREAULT,Pierre C. et MathieuDOUCET. Évalua-tion des indices de contrainte thermiqueen mines profondes,Rapport R-350, 28 pages, 5,35$.

Dossier « Contraintesthermiques – Alerte

chaude ! », Prévention au travail, vol. 17,no 2, printemps 2004, p. 7-14.

Téléchargeables gratuitement àwww.irsst.qc.ca.

plus de 15 ans. Le responsable de ces travaux est Jaime Lara, del’équipe Sécurité-ingénierie. Desrecherches réalisées précédemmentavaient permis de développer desconnaissances et une expertise importante dans ce domaine. Parcequ’il est rare qu’un seul contaminantsoit présent en milieu de travail, desétudes ont été menées sur la duréede vie des cartouches à des conta-minants multiples. L’originalité destravaux que M. Lara conduit actuelle-ment avec son équipe : l’évaluationde la durée de vie de 6 cartouchesde compagnies différentes à 10 sol-vants. Tous ces tests tiennent compteégalement des caractéristiques ducharbon et des conditions environne-mentales de température et d’humi-dité. Les résultats sont comparés àceux obtenus théoriquement par le « modèle Wood ».

Le professeur Richard Chahine,de l’Institut de recherche sur l’hydro-gène (IRH), de l’Université du Québecà Trois-Rivières (UQTR), collaboreau projet de l’IRSST. Parce qu’il uti-lise le charbon pour stocker l’hydro-gène avec lequel il travaille, l’IRH est spécialisé dans la caractérisationdu charbon, qui est aussi la matière filtrante utilisée dans les cartouches.

Quelques obstacles restent à franchir, mais les scientifiquescroient pouvoir mettre au point, d’ici quelques mois, un logiciel servant à estimer le temps de service des car-touches chimiques aux vapeurs d’en-viron 200 solvants, prioritairementceux qui figurent dans le Règlementsur la santé et la sécurité du travail.L’assemblage des pièces du casse-tête permettra à l’IRSST d’établirune séquence de remplacement descartouches chimiques, contribuant àune meilleure utilisation des masquesrespiratoires par les travailleurs. PT

Marjolaine Thibeault

Les pièces du casse-tête se mettent en place

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28 Prévention au travail Été 2004

Anabelle Viau-Guay

Université Laval

Se lon Anabe l l e V iau -Guay : « D’autres profes-sions ont rencontré un peules mêmes problèmes et se sont penchées du côté dela pratique réflexive commevoie de solution. Nous allonsfaire le lien entre l’ergonomieet cette pratique. C’est pourça, entre autres, que j’ai uncodirecteur à la faculté dessciences de l’éducation de

l’Université Laval. Il se fait là beaucoup de recherches sur la pratique enseignante, et plusieurs dispositifs pédagogiques y ont été créés, comme l’analyse de pra-tique, les enregistrements vidéo, la tenue d’un journal de bord, les rencontres de groupe, les relations de men-torat, etc. »

L’ergonomie pose comme principe qu’une meilleureconnaissance du travail effectif peut contribuer à la conception de formations mieux adaptées à la réalité. Les travaux d’Anabelle Viau-Guay consisteront donc, dansune première étape, à étudier sur une longue période, par observations et entretiens, le processus réflexif d’un ergonome dans le contexte de sa pratique quotidienne, en situation d’intervention réelle. Cela permettra d’éta-blir comment, dans l’action, un ergonome réfléchit à sa pratique et la remet en question pour la transformer. Une deuxième étape visera à formuler des recommanda-tions pour une formation qui favoriserait une habituderéflexive plus systématique chez les ergonomes.

Anabelle Viau-Guay n’est qu’à mi-chemin de son doctorat. Cela semble un peu tôt pour parler d’avenir,mais elle espère poursuivre en recherche « parce qu’energonomie, je peux faire de la recherche-action, et c’estce que j’aime », dit-elle. Et l’enseignement? « Oui, aussi,je trouve que l’ergonomie est une discipline fascinante et encore trop peu connue au Québec. » PT

Loraine Pichette

Réfléchir à la profession d’ergonome

Boursière

En octobre 2003, après avoir obtenu unedistinction pour son article publié dans la revue Travailet santé, Anabelle Viau-Guay recevait, en janvier 2004, le prix du meilleur mémoire de la faculté des sciences sociales de l’Université Laval. C’est sans compter toutesles bourses d’excellence qui jalonnent son parcours universitaire.

Au départ lancée en relations industrielles, AnabelleViau-Guay bifurque au moment d’entreprendre sa maî-trise : « Ce qui m’a attirée vers l’ergonomie, c’est que ça me permettait de me pencher sur le phénomène du travail en sortant un peu de la dynamique conflic-tuelle des relations syndicales-patronales. À mes yeux,l’ergonomie permettait de travailler au niveau de la personne en tant qu’utilisatrice des situations de travailet de rejoindre les intérêts de toutes les parties dans un contexte constructif. »

Anabelle Viau-Guay poursuit maintenant un doc-torat sur mesure à l’Université Laval, où elle étudie la dimension réflexive de la pratique de l’ergonome, en vuede contribuer à l’amélioration de la formation univer-sitaire dans cette discipline.

Réflexif, dites-vous ? Est réflexif ce qui est propre à la réflexion, c’est-à-dire au retour de la pensée sur elle-même. Dans plusieurs disciplines comme l’enseignement, la psychologie ou letravail social, la recherche a montré qu’il est possible, etdésirable, de former des praticiens réflexifs. Des prati-ciens capables d’examiner leur propre pratique et de latransformer d’eux-mêmes, tout au long de leur chemi-nement professionnel, pour à la fois s’améliorer et mieux affronter les réalités du métier.

De nombreux ergonomes, ici comme ailleurs, mettenten effet en doute la capacité de la formation universitaireinitiale à les préparer aux contextes extrêmement variéset changeants des milieux de travail. Cela serait parti-culièrement difficile pour les jeunes qui commencent.

Le programme de bourses de l’IRSSTAnabelle Viau-Guay est une des étudiantes qui bénéficie du programme de bourses d’études supérieures de l’IRSST. Celui-ci vise à former des chercheurs en santé et en sécurité du travail au Québec. Il s’adresse à des candidats de 2e et de 3e cycle ou de niveau postdoctoral dont le programme derecherche porte spécifiquement sur la prévention des acci-dents du travail et des maladies professionnelles ou sur la réadaptation des travailleurs qui en sont victimes.

Pour obtenir des informations sur le programme de bourses de l’IRSST, on peut téléphoner au (514) 288-1551, écrireà [email protected] ou visiter le site www.irsst.qc.ca.

Rechercheà l’IRSST

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29Été 2004 Prévention au travail

L’entretien des plancherspour la prévention des chutespar glissadeQUIRION, François, Fichetechnique RF-359, 14 pages,gratuite. Version anglaise, RF-366.

Dans le cours de recherchessubventionnées par l’IRSST,QInc a mené, depuis six ans,des travaux visant à réduire l’in-cidence des chutes par glissadechez les travailleurs du Québec.Pendant cette période, une séried’études expérimentales, menéessur le terrain et en laboratoire,confirment que l’optimisationde l’entretien réduit la glissancedes planchers. Ces travaux ontconduit à la rédaction de rap-ports techniques. Le présentdocument résume, de façoncondensée et dynamique, les activités de recherche réaliséespar QInc entre 1997 et 2002. Il s’adresse aux intervenants ensanté et en sécurité du travailqui font face à la probléma-tique des chutes par glissade.

Toutes ces publicationspeuvent être commandéespar la poste. Les prix indiqués comprennent lataxe et les frais d’envoi.Elles sont aussi disponiblesgratuitement en versionPDF dans notre site web.

Évaluation du confinementdes aires de préparation lorsde l’application de peinture LAZURE, Louis et JacquesLESAGE, Rapport R-353, 60 pages, 6,42 $.

Les ateliers de peinture auto-mobile constituent une cibleprioritaire pour la préventionde l’asthme professionnel causépar l’exposition aux isocyanates.En collaboration avec l’associa-tion sectorielle paritaire du sec-teur concerné, l’IRSST a déjàeffectué deux études, la premièresur l’évaluation des niveaux d’exposition aux isocyanates etla seconde, sur l’efficacité descabines à peinture. Pourobtenir une vue d’ensemble desniveaux d’exposition aux isocya-nates dans ces ateliers, il restaità documenter les postes de travail situés à l’extérieur descabines à peinture, notammentdans les nouvelles « aires depréparation » ventilées (prepstations) que certains de ces mi-lieux utilisent depuis quelquesannées. Les auteurs ont évaluéles niveaux d’exposition poten-tiels et la capacité d’éliminationdes contaminants présents dansl’air ambiant de ces aires depréparation. Cette publicationdocumente l’efficacité des me-sures préventives dans ce typed’environnement.

Rapport d’activité 2003IRSST, la recherche en actionDirection des communica-tions, 20 pages, gratuit.Version anglaise disponible.

Une ligne de conduite claire etprécise guide l’IRSST depuis 23 ans : réaliser des recherchespour réduire les risques pour lasanté et la sécurité des travail-leurs. Pour ce faire, l’Instituts’est doté de différents méca-nismes qui assurent aux mi-lieux de travail une recherchenon seulement de haute qualité

scientifique, mais aussi unerecherche utile. Ainsi, en 2003,il a réussi à rassembler quelque350 scientifiques autour de 202projets, tous reconnus pertinentset prioritaires par ses instances,composées de représentants destravailleurs, des employeurs etde membres de la communautéscientifique.

Le Rapport d’activité 2003présente quelques projets, acti-vités et chercheurs qui ont mar-qué le paysage de la santé et de la sécurité du travail autantsur la scène locale et nationalequ’internationale. En plus d’uncalendrier résumant les princi-paux faits saillants de l’année,on y trouve la liste des publica-tions scientifiques.

Développement d’instrumentsde mesure de performance ensanté et en sécurité du travailà l’intention des entreprisesmanufacturières organiséesen équipes semi-autonomesde travailROY, Mario, Sophie BERGERONet Lucie FORTIER, Rapport R-357,74 pages, 6,42 $.

Constatant qu’il peut être contre-productif de mesurer la perfor-mance en santé et en sécuritédu travail en se basant unique-ment sur les indicateurs asso-ciés à la fréquence et à la gravité des accidents, qui ne témoignent que d’une partie dela réalité et souvent de façoninexacte, les auteurs proposentune nouvelle approche qui permet aux organisations d’agiravant la survenue d’événementset de mettre l’accent sur lesprocessus, les systèmes et lesvaleurs de comportements por-teurs de risques. Ils présententune classification des types(mesures réactives et pro-actives)et des outils de mesure utilisésen santé et en sécurité du travail, ainsi que les catégoriesd’objets mesurés. La versionpréliminaire d’un questionnaire

d’autodiagnostic axé sur lesvaleurs prédictives qu’ils en-tendent valider à court termesur le terrain est égalementprésentée. L’approche proposéeet l’outil à venir permettraientaux entreprises, quel que soitleur mode d’organisation, d’ali-menter leur tableau de bord de gestion de la santé et de la sécurité au travail, tout en acquérant une culture d’appren-tissage de la prévention qui favorise et valorise l’identifica-tion des situations porteuses derisques potentiels.

AussiLogiciel d’analyse et de gestion du bruit OUIE2000Phase 2 : Intégration demesures expérimentales et évaluation de puissanceacoustique typeL’ESPÉRANCE, André, RapportR-351, 26 pages, 5,35 $.

IDVQ : l’indice d’impact de la douleur au cou et auxmembres supérieurs sur la viequotidienne – Développementet validation d’une nouvellemesure de l’état de santépour les travailleurs atteintsde lésions musculo-squelettiques du cou et des membres supérieursSTOCK, Susan, Patrick LOISEL,Marie-José DURAND, DavidSTREINER, Peter TUGWELL,Rhoda REARDON, JacquesLEMAIRE, Micheline BOUCHER,Susan DARZINS, Peter DILWORTH, Nathaly GAUDREAULT, Rapport R-355,99 pages, 7,49 $.

Accroître les efforts deprévention : la santé et la sécurité du travail dans la construction au QuébecBRUN, Jean-Pierre, Rapport R-358, 48 pages, 5,35 $.

Linda SavoieMarjolaine Thibeault

29

Nouvellespublications

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30 Prévention au travail Été 2004

Rechercheà l’IRSST

Substances chimiques et agents biologiquesQuantification de la variabilité biologique Mise à jour des données(099-332)Complémentaire à la surveil-lance environnementale, la surveillance biologique vise àmieux documenter et contrôlerl’exposition des travailleurs àdiverses substances chimiques.Dans une activité préalable, leschercheurs ont utilisé la modé-lisation toxicocinétique pourquantifier la variabilité des fac-teurs qui ont une influence surles indicateurs biologiques d’ex-positions relatifs aux substancesfigurant dans le Guide de sur-veillance biologique de l’IRSST.Cependant, la norme ou lavaleur de l’indicateur biologiqued’exposition de sept de ces substances ont depuis lors été modifiées et une nouvelle substance a été ajoutée à laliste. En tenant compte de ceschangements, les scientifiquesappliqueront la même méthodepour élaborer de nouveaux mo-dèles toxicocinétiques propresaux substances en cause. Cesdonnées mises à jour seront intégrées dans le guide de l’Ins-titut, ce qui permettra aux in-tervenants en santé de mieuxadapter leurs stratégies d’échan-tillonnage aux différents mi-lieux de travail et de favoriserainsi une utilisation plus judi-cieuse de la surveillance biolo-gique de l’exposition.

Responsables : Robert Tardif,Université de Montréal ; GinetteTruchon, IRSST

Développement et validationd'une méthode d'échantillon-nage et d'analyse globalepour l'évaluation des aminesen milieu de travail(099-274)Présentes dans plusieurs pro-duits chimiques, peintures, adhésifs, polymères et caout-choucs utilisés dans les milieuxde travail, les amines posentune diversité de risques pour la santé des travailleurs qui ysont exposés. Dans une pre-mière étape, les chercheurs ontnotamment repéré un réactif permettant de prélever simulta-nément trois amines différentes et d'en faire une analyse quan-titative. Ils veulent maintenantpoursuivre la mise au point de cette méthode analytique en utilisant le même réactifpour recueillir et analyser unedizaine d'amines. Au terme decette activité, l'IRSST disposerad'une méthode originale et vali-dée d'échantillonnage et d'éva-luation globale des amines, cequi lui permettra de répondreaux demandes des intervenantsen prévention. Grâce à ce nou-vel outil, on pourra mieux éva-luer les risques de l'expositionprofessionnelle aux amines dansles entreprises québécoises.

Responsable : Jacques Lesage,IRSST ; Huu Van Tra, Université duQuébec à Montréal

Troubles musculo-squelettiquesÉvaluation de l’efficacitéd’un tabouret ergonomiquechez des instrumentistes à cordes : analyse de la stabi-lité posturale et de l’activitédes muscles posturaux du bassin et du tronc(099-190)Comme bon nombre de travail-leurs qui doivent maintenir uneposture assise statique, les mu-siciens souffrent fréquemment

psychosociaux des manuten-tionnaires. Ce deuxième projetvise à enrichir ce modèle afind’en dégager les éléments spéci-fiques à chaque type de maga-sin et ceux qui peuvent êtregénéralisés aux commerces decette catégorie. Il en résulteraun bilan exhaustif des détermi-nants du travail dont découlentles risques auxquels les travail-leurs sont exposés et des propo-sitions d’avenues de solutionsadaptées à ce secteur, distinctdu milieu industriel. Ces connaissances, qui s’avèrent essentielles pour amorcer laprévention des TMS dans cedomaine, permettront de pro-duire un guide pratique destinéaux intervenants en santé et ensécurité du travail.

Responsables : Marie St-Vincentet André Plamondon, IRSST ;Daniel Imbeau et Denys Denis,École polytechnique de Montréal

Apprentissage des tâches etprévention de TMS : analysedes situations de formationvécues par des formateurs et des travailleurs du secteuravicole(099-276)Plusieurs études ont démontrél’importance et la gravité destroubles musculo-squelettiques(TMS) dans le secteur avicole.On connaît aussi l’influence des lacunes de la formation en entreprise à cet égard. Unerecherche précédente a permisde réaliser deux vidéos de for-mation pour faciliter l’intégra-tion de la santé et de la sécuritédu travail dans l’apprentissagedes tâches, destinées respecti-vement aux formateurs et auxtravailleurs. Cette fois, leschercheurs feront une analysecomplémentaire des donnéesrecueillies alors pour mieuxdocumenter les conditions de laformation et de l’apprentissagedes tâches. En connaissant plus à fond ces paramètres, ilspourront mieux comprendre lasituation propre au milieu agro-alimentaire et déterminer lesobstacles et les facteurs favo-rables à l’utilisation des vidéos,de même qu’à l’appropriationdes stratégies de prévention desTMS que ces outils présentent.Les entreprises disposeront

Recherches en cours

de troubles musculo-squelet-tiques. Depuis quelque temps,le marché offre des chaises, desbancs et des tabourets qui au-raient la capacité de réduire lafatigue et les douleurs au dos.La faculté de musique de l’Uni-versité Laval a aussi conçu untabouret ergonomique, fondésur le principe de la posture assise dynamique. Dans le butde quantifier et de valider l’effi-cacité de ce type de sièges, leschercheurs compareront la sta-bilité posturale et l’activité decertains muscles posturaux deviolonistes et d’altistes utilisantun banc standard et un tabou-ret ergonomique. Ils tenterontde confirmer l’hypothèse voulantque l’emploi d’un tabouret ergo-nomique contribue à diminuerl’activité de la majorité desmuscles étudiés et à retarder la manifestation de la fatiguemusculaire, tout en atténuantl’amplitude et la fréquence desmouvements du tronc. Les di-verses retombées de cette étudepourront profiter non seulementaux instrumentistes utilisant untabouret, mais aussi aux autrestravailleurs qui doivent adopterune posture assise prolongée.

Responsables : NormandTeasdale, Ursula Stuber, MartinSimoneau et Denis Rancourt,Université Laval

Commerce de détail Phase II : Analyseergonomique approfondiedans trois magasins degrande surface(099-210)Malgré le peu d’études existantessur la question, l’analyse desdonnées statistiques sur les lésions professionnelles, la littérature scientifique et les connaissances des chercheurspermettent de cibler les maga-sins à grande surface commeétant particulièrement à risquepour les troubles musculo-squelettiques (TMS), principa-lement les maux de dos. Cetteactivité fait suite à une recherchemenée dans un magasin entre-pôt d’une grande chaîne, laquellea permis de produire un mo-dèle diagnostique décrivant les principales composantes du travail qui sont à l’origine desfacteurs de risques physiques et

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31Été 2004 Prévention au travail

ainsi de pistes de travail addi-tionnelles pour soutenir leursefforts de formation, tandis queles ergonomes et les formateurspourront mieux structurer laprévention des TMS.

Responsables : Céline Chatigny etAndré Balleux, Université deSherbrooke

Production d’outils d’infor-mation pour la préventiondes TMS au cours des projetsd’aménagement de biblio-thèques(099-329)Dans une étude exploratoire, les chercheurs ont établi un lienentre les activités du travail enbibliothèque et de nombreuxfacteurs de risque de troublesmusculo-squelettiques (TMS).Ils ont documenté commentdifférents choix faits pendantun projet d’aménagement concernant les missions, l’archi-tecture et l’organisation du travail d’une bibliothèque, pou-vaient contribuer à l’apparitionde telles lésions. Cela a permisà l’Association sectorielle pari-taire du secteur affaires munici-pales (APSAM), en collaborationavec la CSST, de produire unguide ergonomique sur le réa-ménagement d’un comptoir deservice. Poursuivant la valori-sation des résultats de leurrecherche, les scientifiques éla-boreront de nouveaux docu-ments, avec la coopération del’APSAM : un guide sur l’ergo-nomie appliquée à l’aménage-ment d’une bibliothèque et desfiches techniques sur les élé-ments les plus importants pourprévenir les TMS dans ce milieude travail. Cette fois encore,l’APSAM diffusera ces publica-tions et les utilisera pour créerdes activités de formation. Lesbibliothèques disposeront ainsid’outils pertinents pour effectuerdes choix d’équipements etd’aménagement qui tiennentcompte de la prévention desTMS.

Responsables : Élise Ledoux, IRSST ; Marie Bellemare, LouisTrudel et Sylvie Montreuil,Université Laval

Évaluation de l’implantationet de l’impact du programmePRÉVICAP(099-282)Les lésions musculo-squelettiques(LMS) constituaient 37,3% desmaladies professionnelles in-demnisées au Québec en 2000,occasionnant 40,7% dessommes déboursées. La CSSTsouhaite obtenir une évaluationscientifique de l’implantation du programme de réadaptationPRÉVICAP, actuellement à l’essai dans quatre régions. Les chercheurs étudieront la capacité de ce programme àrépondre aux besoins des travail-leurs risquant une incapacitéprolongée, comparativementaux approches conventionnelles,ses effets sur les probabilités deretour au travail et ses aspectséconomiques. L’analyse de son implantation permettra de dégager les facteurs liés àson déroulement satisfaisant :contexte socio-économique, caractéristiques des entrepriseset degré de coordination entreles acteurs. Ce projet permettrade mesurer l’efficacité et la renta-bilité du programme PRÉVICAP,ainsi que de connaître les modi-fications organisationnelles quipourraient optimiser la prise encharge des travailleurs victimesd’une LMS visant leur retourrapide et durable au travail. Les conclusions fourniront à laCSST des données essentiellespour juger de la pertinence degénéraliser la mise en place duprogramme PRÉVICAP.

Responsables : Michèle Rivard,Jean-Louis Denis, Sébastien Cabonet André-Pierre Contandriopoulos,Université de Montréal ; MichelRossignol, Université McGill ;Henriette Bilodeau, Université duQuébec à Montréal

Modèle de réduction descontraintes environnemen-tales pour une clientèle en réadaptation au travail(099-318)Malgré les efforts consentis pourprévenir les troubles musculo-squelettiques (TMS), ceux-cicontinuent d’affecter de nom-breux travailleurs et d’occasion-ner des coûts humains, sociaux

et financiers substantiels, parti-culièrement pour ceux dont lapériode d’incapacité se prolonge.Des études récentes indiquentque parmi les divers types d’in-terventions de réadaptation quiont été tentées depuis quelquesannées, celles qui impliquent le milieu de travail semblentprometteuses. La chercheuretentera de mieux définir et docu-menter les mécanismes suscep-tibles d’expliquer l’efficacité deces interventions, afin de les articuler ensuite dans un modèlethéorique. Les connaissances découlant de ce projet pourrontservir à améliorer les services deréadaptation, ce qui accroîtra leschances des travailleurs atteintsde TMS de retourner au travail.Pour leur part, les intervenantsbénéficieront d’une meilleurecompréhension des interventionsde réadaptation en milieu detravail réel, ainsi que d’outilspour en mesurer les effets inter-médiaires.

Responsable : Marie-José Durand,Université de Sherbrooke

AccidentsImpact de la dérive physiolo-gique sur la mesure de lacharge de travail(099-281)En ergonomie, la mesure de ladépense énergétique constitueune piste privilégiée pour déter-miner les exigences physiquesd’une tâche. Mais puisqu’elle requiert des appareils coûteux et encombrants, les ergonomesutilisent habituellement des esti-mations tirées de tables de coûtsénergétiques, établies sur la basedes relations entre la fréquencecardiaque (Fc) et la consomma-tion d’oxygène (VO2). Or, ces relations ont été déterminées enlaboratoire, dans des conditionsqui peuvent varier sensiblementde la réalité du terrain. De plus,au fur et à mesure que la jour-née de travail progresse, diversphénomènes naturels, dont la

fatigue, et des facteurs tels quel’ambiance thermique peuventfaire augmenter la fréquencecardiaque et, par conséquent,modifier la relation Fc -V02. Lechercheur étudiera la fidélité de cette relation en fonction du moment de la journée et de différentes conditions de travail. Il résultera de cette rechercheune meilleure compréhensiondes limites de ce procédé pourévaluer la dépense énergétique.

Responsable : François Trudeau,Université du Québec à Trois-Rivières

Consortium de rechercheinterdisciplinaire sur letransfert de connaissances,les accidents du travail et leur contexte(099-325)Des chercheurs de l’IRSST, del’Université de Sherbrooke et del’Université Memorial de Terre-Neuve, membres du programmeSafetyNet, ont obtenu une sub-vention conjointe des Institutsde recherche en santé duCanada (IRSC) leur permettantde créer un consortium derecherche interdisciplinaire ensanté et en sécurité du travail.Établi pour cinq ans, ce parte-nariat régional de trois orga-nismes s’adjoindra de nouveauxmembres. Le consortium pourraainsi améliorer sa capacité derecherche et de transmission du savoir en matière de lésionsprofessionnelles, de mêmequ’offrir des stages d’étudesmultisites, un laboratoire detransfert de connaissances, troissymposiums et un institut d’été.Avec l’aide du Réseau en réa-daptation au travail du Québec(RRTQ), il proposera une for-mation de cycle supérieur etpostdoctorale, élaborera denouveaux modèles d’analyse etde prévention, et favorisera ladiffusion rapide des résultatsdes recherches à un éventailélargi de secteurs économiquesde l’est du Canada.

Responsables : Barbara Neis,Université Memorial de Terre-Neuve ; Mario Roy, Université deSherbrooke ; Esther Cloutier etDanièle Champoux, IRSST

Claire Thivierge

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32 Prévention au travail Été 2004

Que s’est-il passé ?Février 2003. On doit monter une

maison usinée dans un centre d’exposi-tion. Le temps presse. Cinq jours pourachever la construction, exécuter lamenuiserie, les raccordements d’élec-tricité et de plomberie, tirer les joints et peindre, décorer et meubler. En cedeuxième jour de travail, un ouvrierpose du bardeau d’asphalte sur le toitde la maison de type plain-pied. Pourfixer les bardeaux, il utilise un outilpneumatique, alimenté par un tuyau à air relié à un compresseur électrique. Il monte sur la toiture à l’aide d’uneéchelle. Cette dernière est appuyée contre le rebord du toit, dont elle dé-passe de 50 cm. Elle repose sur un panneau d’aggloméré déposé direc-tement sur le sol de béton du bâtiment.Le travailleur redescend en passantdans la noue du toit afin d’aller chercherdu matériel. Pour atteindre l’échelle, iltente de s’appuyer sur les montants decette dernière. Elle glisse. Le travailleurperd l’équilibre et fait une chute de plusde trois mètres sur le sol de béton. Il esttransporté à l’hôpital où il sera soignépour des blessures graves à la tête.

En 2001, un accident semblable seproduit. Un plâtrier fait des travaux de jointoiement dans le garage d’unerésidence. Son échelle enjambe la cage d’escalier menant au sous-sol de la maison. Elle est appuyée contre le muret posée sur le sol en béton du garage.Le pied de l’échelle dérape sur le béton.Le travailleur tombe de l’échelle etmeurt de ses blessures. Il a 35 ans.

Qu’aurait-il fallu faire ?Il faut toujours utiliser le matériel le

plus approprié au genre de travaux àexécuter. Avant d’arrêter son choix surune échelle, il vaut mieux envisagerl’échafaudage, la nacelle, l’escalier ouencore la plate-forme élévatrice. Et si lasolution de l’échelle est retenue, il fauts’assurer qu’elle est conforme à la régle-mentation et de la bonne longueur.Lorsqu’elle est utilisée comme moyend’accès, elle doit dépasser d’au moins90 cm le niveau auquel on cherche à accéder.

Dans les deux accidents, les pieds del’échelle reposent sur une surface lisse,sans être retenue à la base par une per-sonne ou attachée solidement à sonsommet. Quand on utilise un tel acces-soire, on doit s’assurer que sa positionest stable avec un appui ferme au sol.L’angle de l’échelle doit se situer entre70 et 75 degrés par rapport au sol. Dansune échelle, le travailleur doit utiliser

la technique des trois points d’appui. Le travailleur devrait également porterun équipement de protection contre les chutes.

Finalement, les travailleurs et lescontremaîtres doivent recevoir une formation sur le matériel utilisé et connaître les dangers inhérents à leurstâches. PT

Julie Mélançon

Nos personnes-ressources : Laurent Desbois, ingénieur, Yvon Papin, conseiller, et André Turcot, ingénieur, tous trois de la Direction de la prévention-inspection de la CSST.

Les accidentsnous parlent

Une échelle glisse et un contremaître fait une chute sur un sol de béton dans un centre d’exposition. Un autre travailleur tombe d’une échelle dans un puits d’escalier.

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Chutes d’échelles

Pour en savoir plus

Couvreurs, les échelles ça vous concerne :pas de compromis... sur les règles de sécu-rité (DC 500-155).

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33Été 2004 Prévention au travail

● ■ Le harcèlement au travail : comment l’éliminerCote VC-001520 – Durée 18 minutesCote VC-001599 (version anglaise)

La vidéocassette met en scène des acteurs qui interprètent six petits sketches présentant diverses formes de harcèle-ment au travail. Ils sont tour à tour victimes, agresseurs, complices ou témoins. Ils discutent ensuite entre eux de ce qu’ils viennent de tourner. Ils trouvent des similitudes avec leurs propres expériences. Les scènes montrent un cas de harcèlement sexuel, d’abus de pouvoir ou d’autorité, de discrimination d’une personne handicapée, de racisme, d’exclusion par discrimination et d’abus verbal. On y définitégalement le harcèlement comme étant tout simplementimportun et déplacé. On suggère aussi des méthodes et desactions pour éviter que le harcèlement se produise. Troisrecommandations concluent cette vidéo : si on a déjà har-celé quelqu’un, se promettre de ne plus recommencer. Si on a déjà été harcelé, en parler. Enfin, il faut aider à rendre notre milieu de travail plus sûr et plus accueillant pour tout le monde.

La vidéocassette est accompagnée d’un guide. On peut l’utiliser comme élément d’une session de formation sur leharcèlement au travail. Produite par Workwell TrainingVideos.

▲ La protection des yeuxCote VC-001497 – Durée 10 minutes

Certaines situations de travail comportent des risques pour les yeux non protégés. Les agressions qu’ils peuventsubir sont essentiellement de quatre types : mécaniques,chimiques, thermiques et par rayonnement. Les premières se produisent lors de projections de particules ou de mor-ceaux de métal, de matériaux ou de végétaux. La cornée peut alors être éraflée ou encore perforée si les particulesarrivent à grande vitesse. Au cours de manipulations de produits dangereux, d’interventions sur des canalisations ou des récipients qui en contiennent, des agressions chi-miques sont possibles. Certains de ces produits ont un effet irritant sur l’œil et ses muqueuses. D’autres brûlent ou rongent la cornée. Quant aux agressions thermiques, elles se produisent pendant le travail à chaud des métaux et lamanipulation de gaz liquides très froids. Si les yeux ne sont pas protégés, des gouttelettes de métal en fusion, desparticules incandescentes ou du liquide très froid peuvent les atteindre. La chaleur diffuse en profondeur et en sur-face et détruit une partie considérable des tissus de l’œil.

Les rayons infrarouges, ultraviolets, laser peuvent aussi l’agresser, l’irriter, voire le brûler. Si l’exposition est répé-tée, le cristallin se détériore et cela peut causer une cata-racte. On évite tous ces risques en portant des équipementsde protection individuelle appropriés et conformes à la réglementation. Produite par A.G.E.

▲ Les risques de chutes de hauteur :les équipements de protection individuelleCote VC-001563 – Durée 10 minutes

La vidéocassette présente les harnais antichutes et leurs sous-systèmes. L’équipement comprend quatre éléments : leharnais, le dispositif de liaison, les connecteurs et l’ancrage.Le harnais est constitué de sangles réglables. Il a pour fonc-tion de répartir sur l’ensemble du corps les forces dévelop-pées pendant la chute sans créer de lésions. Les dispositifs de liaison sont de plusieurs types : les longes, les antichutesà rappel automatique et les absorbeurs d’énergie qui peuvents’intégrer à une longe ou à un antichute. Les connecteurs permettent de les fixer au point d’accrochage du harnais et du point d’ancrage. Les ancrages, quant à eux, peuvent être ponctuels ou continus, mais ils doivent être sûrs et robustes. La vidéocassette est produite par A.G.E. PT

Julie Mélançon

● Information grand public▲ Information spécialisée■ Avec document ou guide d’accompagnement

Modalités d’emprunt à l’audiovidéothèque de la CSSTLes documents vidéo sont prêtés gratuitement. Il suffit de rem-plir et de signer une demande d’emprunt. Toute personne peutvenir chercher et rapporter les vidéocassettes, pendant les heuresde bureau — 8 h 30 à 16 h 30 —, du lundi au vendredi. Le vision-nement peut se faire sur place, moyennant réservation de la salle(capacité de quatre personnes). L’audiovidéothèque peut aussiexpédier les documents à l’emprunteur ; la CSST paie les fraisd’expédition mais les frais de retour sont à la charge de l’em-prunteur.

Pour obtenir un formulaire de demande, pour réserver la sallede visionnement ou emprunter une vidéocassette :Téléc. (514) 906-3024 – Tél. (514) 906-3085 ou 1 888 873-3160Courriel : [email protected], rue De Bleury, 4e étage, Montréal (Québec) H3B 3J1

Santéet sécurité en images

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Ce n’est pas d’hier qu’on se pré-occupe de santé et de sécurité du tra-vail chez Infasco. Dès 1989, en effet, onimplante des méthodes pour assurer lasécurité. Un ingénieur industriel et lereprésentant à la prévention analysentchaque poste. On améliore les outils. Ondonne de la formation. Résultat : unebaisse de la fréquence des accidentsde 54% de 1989 à 1993. Puis on atteintun plateau. Le comité de santé et desécurité, insatisfait, décide de faire appel à l’Association sectorielle pari-taire (ASP) Métal Électrique. Mario Benjamin, représentant syndical de lasection locale 6839 des mé-tallos FTQ, raconte : « PierreLamoureux, conseiller en ges-tion de la prévention de l’ASPMétal Électrique, a joué unrôle majeur. Il nous a aidés à dresser notre bilan en santéet sécurité. Notre façon defaire avait atteint ses limites.Dans un premier temps, on amené des entrevues dirigéesde groupes cibles de tous lespartenaires de l’usine. En-suite, on a établi un plan d’action et redéfini le rôle du comité de santé et de sécurité. » Des possibilités de solutions sont retenues. Cer-taines activités du comité desanté et de sécurité de l’usinedoivent être décentralisées.

D’après Charles Côté, coordonnateur en santé et sécurité de l’entreprise, « lesobjectifs à ce moment-là

directeur de l’École de relations indus-trielles de l’Université de Montréal, pro-fesseur titulaire en gestion de la santé etde la sécurité et chercheur au GRASP(groupe de recherche sur les aspects sociaux de la santé et de la prévention), « il s’agit de l’évolution normale qu’onobserve dans beaucoup de milieux detravail. La façon de passer à une autreétape consiste à élargir le cercle des personnes qui s’occupent activement du dossier santé et sécurité dans l’en-treprise. Ça veut dire organiser les ser-vices et les équipes de travail pour qu’ilsintègrent mieux au quotidien cette pré-occupation. Ce faisant, on se trouve àdécentraliser, c’est-à-dire qu’on passed’une structure qui s’occupe de la santéet de la sécurité pour toute l’entrepriseà de petits regroupements de personnesqui verront aux problèmes de santé et de sécurité dans leur service respectif.C’est plus efficace que l’étape anté-rieure, parce qu’il y a plus de gens quitravaillent à l’amélioration de la situa-tion. Mais on ne peut pas commencerdans une usine en mobilisant un tropgrand nombre de travailleurs. Il faut dé-marrer quelque part, par un petit noyau.Et tranquillement, on élargit le cercle. »

34 Prévention au travail Été 2004

InfascoCette entreprise située à Marieville sur la Rive-Sud de Montréal

fabrique des boulons et des écrous. Sa capacité de production

atteint 1,2 million de livres (544 000 kg) de boulons par jour,

ce qui en fait la première entreprise du genre au monde. Son

autre particularité ? Sa prise en charge exemplaire de la santé et

de la sécurité dans les opérations et dans la gestion quotidienne.

Bilan d’un programme de prévention solide comme l’acier…

Pour calibrer un

chariot élévateur

au propane,

un mécanicien

installe la sonde

d'un appareil de

détection (4 gaz)

afin de vérifier

les émanations

de monoxyde

de carbone (CO).

Il s'assure égale-

ment que les

gaz d'échappe-

ment sont éva-

cués de façon

efficace pour

éviter une

surexposition

ou une intoxi-

cation au CO.Ph

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Resserrer les boulons

Par Julie Mélançon étaient de réduire les accidents du travail et les frais directs reliés au finan-cement. Pour y parvenir, on devaitremettre la sécurité en priorité au mêmetitre que la qualité et la production. Les contremaîtres devaient devenir des acteurs de première ligne. Il fallait convaincre l’employeur d’investir dansl’inconnu, car il n’y a pas de garantie de résultats. C’est un acte de foi. L’en-treprise l’a fait et ç’a été bénéfique. »

Le comité doit cesser graduelle-ment d’exercer lui-même les fonctionsd’inspection et orienter davantage sonaction sur la mise en place de mé-thodes ou de procédés qui aideront les contremaîtres et les travailleurs à agir eux-mêmes. D’après Marcel Simard,

Infasco

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une soudure, l’installation d’un dis-positif automatique d’ouverture desportes, des modifications au procédé ou à l’équipement, de l’entretien pré-ventif. Le procédé fonctionne main-tenant depuis sept ans. »

Les travailleurs ont trouvé parfoisdes idées simples, mais ingénieuses, qui ont résolu certains problèmes. Exemple ? Tous les boulons sont misdans des paniers, d’énormes caissons de métal. Vides, ils pèsent entre 68 et82 kg. Ils servent à alimenter une ma-chine. Des palans existaient, mais ilsn’étaient pas utilisés. Résultat : bien des

35Été 2004 Prévention au travail

Une enceinte insonorisante emmure

maintenant les boulonneuses. Cette

modification a permis de réduire

considérablement le bruit dans

l'usine et d’améliorer la qualité de vie.

de la prévention

maux de dos. Un travailleur a eu l’idéed’inventer un diable pour transporterles paniers. L’appareil a été conçu surplace et on l’utilise dans toute l’usine.

D’autres nouveautés se sont impo-sées. Nouvelle méthode de cadenassageplus facile d’application. Formation des travailleurs qui doivent l’utiliser.Conception d’un permis et formation destravailleurs relativement aux espacesclos. Participation du comité au proces-sus de modification et d’aménagementdes installations. Amélioration de l’ou-tillage à partir de données statistiques.Amélioration de la qualité de l’air endiminuant la concentration de mo-noxyde de carbone. Design modifié des passerelles et application d’unematière antidérapante.

André Dupras, inspecteur à la Direc-tion régionale Saint-Jean-sur-Richelieude la CSST, a apporté un soutien cons-tant lors de l’implantation de certainsde ces nouveaux outils ou méthodes de travail. Il mentionne que « autant du côté de la direction que de celui des travailleurs, l’ouverture à la prise en charge et à l’implantation de me-sures préventives au sein de l’entreprisea contribué à l’amélioration du dossierde santé et sécurité du travail ».

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Une partie du défi consiste à définirle rôle des superviseurs en santé et sécu-rité, à les former aux aspects juridiquesde la sst, à leur fournir des outils de ges-tion, à fixer des objectifs clairs et réali-sables afin d’évaluer la performance.Pour Mario Benjamin, il est essentielque les contremaîtres soient formés :« La formation entrait dans le cadred’une réforme globale des responsabi-lités de chacun. On voulait que le mes-sage soit le même pour tous. Or, lescontremaîtres n’étaient pas formés enprévention au sens de la loi, alors queles délégués suivent des cours syndi-caux. On ne parlait pas le même lan-gage ! Cette orientation a produit desfruits dès le début. » M. Simard renché-rit : « L’avantage d’une formation com-mune, c’est que ça met tout le mondesur le même pied. Mais surtout, çadonne un cadre de référence communpour évaluer, prendre connaissance etanalyser les problèmes auxquels on va demander aux gens de trouver des solutions. Des solutions qui font l’objet d’un consensus entre les différentes par-ties prenantes au dossier. Pour arriver à cette concertation, il faut donner deséléments communs de formation et d’in-formation. Pour que tous acquièrent la faculté de voir les problèmes de la même manière, de les évaluer et de les prioriser de la même façon. Et de mettreen commun leur énergie pour trouverdes solutions efficaces qui vont tenircompte non seulement des aspects desanté et de sécurité, mais des contraintesopérationnelles reliées à l’application des solutions. Si on ne le fait pas, la solution n’est pas appliquée par les travailleurs ni par les contremaîtres, qui la trouvent trop contraignante. »

Inspection par le travailleurParallèlement, on crée une méthoded’inspection où les travailleurs font partie du processus. C’est-à-dire quechacun inspecte son poste. Charles Côté explique : « On a d’abord implantéla méthode au cœur de l’usine : lesboulonneuses. Les travailleurs ont été formés. Et ils ont trouvé environ1000 modifications à apporter, demineures à majeures : une réparation,

Les passerelles ont été recouvertes

d'une matière antidérapante.

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La réticence au changementD’après M. Simard, « quand on intro-duit un changement de ce genre, il y atoujours de la résistance. De la part des travailleurs et des superviseurs, qui n’yvoient qu’un surplus de travail. » MarioBenjamin renchérit : « On obligeait desdélégués et des contremaîtres à s’asseoirpour une formation commune, ce quiétait assez inhabituel. On demandait laparticipation de tous. L’inspection despostes par les travailleurs eux-mêmesdevait être acceptée par eux pour réus-sir. Autre point majeur pour que çafonctionne : le service d’entretien était-il capable de répondre à la demande ?Dès les premières inspections, les tra-vailleurs ont vu beaucoup de correctifsà apporter. Il ne fallait pas embourberl’entretien et se trouver incapable derépondre aux attentes qu’on venait decréer. Car les travailleurs déjà réticentsauraient dit : “ Votre affaire, ça marchepas. Ne venez plus me voir pour fairedes inspections. J’ai demandé telle choseet vous ne me l’avez pas donnée. ” »M. Côté renchérit : « Pour éviter d’em-bourber le service d’entretien, une struc-ture a été établie. Elle permet au servicede trier : telle chose est une priorité, ça prend tant de temps pour la faire, et ce sera terminé à telle date. Le sys-tème permet au service d’entretien demieux planifier ses tâches. Même s’il y a des défaillances dans l’usine, il reste qu’une partie est planifiable. Et le comité s’assure que les réparations et les demandes de modifications sontfaites. » Mais maintenant, le volume dedemandes s’est stabilisé et le système est bien implanté.

Bilan de l’aventureSi on compare la situation actuelle aveccelle qui existait lors du dépôt du bilande 1995, le plan de réalisation d’Infasco

est un grand succès. Chaque activitéd’envergure reliée à la santé et à la sécu-rité a rapporté des dividendes presqueinstantanés. Et le succès s’est main-tenu. La fréquence des indemnisationsa diminué de moitié, largement moinsde 10 par année et l’indice de gravité afondu également. Mario Benjamin tientà préciser que ce n’est pas du camou-flage de chiffres : « Certains employeursse servent de l’assignation temporaire à outrance pour baisser leurs chiffresd’accidents réels. Ce n’est pas le cas, cheznous. On évalue chaque sujet avant del’affecter à une tâche temporaire. Ons’est donné une structure pour gérer ça.Je tiens à le dire, car c’est capital. Unechose ne ment pas : le registre des pre-miers soins. Chez Infasco, les consulta-tions ont diminué de moitié. »

Les travailleurs et l’employeur y onttrouvé leur compte. Chaque travailleuren retire une amélioration de sa qua-lité de vie et la fierté de participer. PourM. Benjamin, « ce qui préoccupe le tra-vailleur, c’est sa sécurité. Être capable devieillir avec tous ses morceaux. Mais çareste très fragile. Il faut garder la mêmeintensité et demeurer vigilant... Deux travailleurs ont perdu la vie chez Infascole 12 janvier 1999, à la suite d’une explo-sion. Pourtant, on se pensait au-dessusde ça. Ce n’est pas parce qu’on a de bons résultats qu’on maîtrise tout. Il faut continuer, ne pas relâcher. Car justearrêter de faire de la prévention, c’est un recul. Automatiquement, les situa-tions se détériorent. Attention ! Rien n’est acquis. »

L’entreprise s’est rendu compte,quant à elle, que c’est payant de faire de la prévention. M. Côté confirme :« On a un taux personnalisé parce qu’on fait partie du régime rétrospectif.Dans notre secteur, le tarif oscille de-puis six ans autour de 4 $ pour 100 $

de masse salariale. Notre taux est 60 % plus bas, ce qui représente une réduction notable des cotisations.L’adoption d’un mode de gestion dé-centralisé a été la meilleure décision du comité. Ce n’est jamais évident defaire confiance, mais c’est à partir de làqu’on peut instaurer un mode de ges-tion de partenaires. La gestion de lasanté et de la sécurité a été intégréedans les responsabilités des contre-maîtres, permettant ainsi d’en faire une préoccupation quotidienne. Il fautêtre partenaire dans la prévention pouravoir du succès. »

Selon Marcel Simard, le secret de la réussite provient de plusieurs ingré-dients : le leadership de la direction, des modifications apportées à certainssous-systèmes de gestion qui viennentsoutenir et contrôler jusqu’à un cer-tain point l’exécution des fonctions parles cadres et les travailleurs, et enfin uneformation appropriée pour qu’ils se sentent à l’aise dans ces nouvelles tâches-là. « Ce qui ressort des différentes étudessur les processus de changement reliés à la décentralisation et la responsabi-lisation des cadres en santé et sécuritédu travail, c’est que la stratégie gagnanteest systémique. C’est-à-dire que si onveut modifier des comportements ou des usages, aussi bien chez les gestion-naires que chez les travailleurs, il fautnon seulement changer les mentalités,les attitudes et les connaissances, maiségalement certains éléments du contextede travail. Pour soutenir les nouvellesméthodes de travail. Exemple : si vousdemandez aux superviseurs de consa-crer une partie de leur temps à la pré-vention, mais que vous ne modifiez pasla méthode d’évaluation de leur rende-ment pour y intégrer la composantesanté et sécurité, ils ne seront pas trèsenthousiastes à l’endroit des nouvellestâches. Ils vont se dire qu’on n’y accordepas beaucoup d’intérêt. Pour que l’en-treprise envoie le message clair que c’estsérieux, il faut qu’elle fasse une placedans le système principal qui évalue,contrôle, récompense, valorise la bonneperformance en rapport avec les prio-rités de l’entreprise. Il faut donc que la santé et la sécurité figurent dans ses priorités. » C’est ce qu’a fait Infasco.Et c’est un franc succès ! L’entreprise ad’ailleurs reçu le trophée Lachance-Morin remis par l’ASP Métal Électriquepour souligner le travail accompli auchapitre de la prévention. PT

36 Prévention au travail Été 2004

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Charles Côté

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sont dotés d’une bar-rière de protection. Unappareil sur quatre nepossède pas de zone deprotection. Quand elleest là, elle n’est pas to-talement sûre dans lagrande majori té des cas. Finalement, plus du tiers des appareilsprésentent un risque de

coincement de la tête ou du cou.La vigilance s’impose donc. Il est

possible de prévenir le service de garde,l’école ou la municipalité lorsqu’on constate qu’un appareil comporte undanger. En ce qui concerne la Ville de Montréal, on peut téléphoner au(514) 872-1111.

Source : Consommation, volume 14, no 2,Été 2003.

37Été 2004 Prévention au travail

S’amuser…c’est sérieux !Sûrs, les terrains de jeux ? Peut-être pas tant que ça… Bon an mal an, 28 500 enfants canadiens se retrouventau service des urgences d’un hôpital après s’être blessés au terrain de jeux.

D’après Debbie Friedman, chefdu service de traumatologie de l’Hô-pital de Montréal pour enfants, « la plupart du temps, les enfants tombentd’un appareil. Et les blessures les plusfréquentes sont les fractures des bras,les contusions, les lacérations et lestraumatismes crâniens. »

Selon le Système canadien hospi-talier d’information et de recherche enprévention des traumatismes, ces acci-dents sont graves. En effet, dans près de la moitié des cas, les jeunes victimesont besoin d’un suivi médical. Les appa-reils le plus souvent en cause? Les grim-peurs, les balançoires et lesglissoires. La majorité des bles-sures surviennent dans un parcpublic (37,2%) ou dans la courd’une école ou d’un service degarde (34,8%).

Quoi faire alors ? Avant la visite au terrain de jeux, s’as-surer que tous les cordons desvêtements de l’enfant ont été retirés. Opter pour le cache-couau lieu du foulard. Comme lefait remarquer David Fortier,représentant de l’Institut na-tional de santé publique duQuébec dans le dossier de lasécurité des aires de jeux, « enhaut des glissoires, il y a des endroits où un foulard ou descordons de capuchon peuventêtre retenus. C’est très dange-reux, car l’enfant peut s’étran-gler ». Et si on s’y rend à vélo, ilvaut mieux laisser le casque surle vélo. Ce dernier pourrait coincer latête à un endroit où elle aurait dû nor-malement passer.

Pour un enfant de moins de cinq ans,attention ! Il ne faut pas qu’il s’aventuresur des appareils conçus pour les plusâgés. Et il doit apprendre à jouer entoute sécurité (attendre son tour, éviterde bousculer, tenir la rampe, etc.) Lesenfants de cinq à neuf ans ont aussi besoin de la supervision d’un adulte. Àcet âge, ils sous-estiment les dangers et courent des risques inutiles. Ils sont,du reste, le groupe le plus à risque. Celas’explique facilement, commente AnneGillian Maufette, conseillère pédago-gique et auteure du livre Revisiter les

Pour en savoir plus

Association canadienne de normalisa-tion, norme sur les aires et équipementsde jeu.

Marc-Antoine et

Emmanuelle s'amusent.

La vigilance s'impose...

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environnements extérieurs pour enfants :« À cet âge, on n’a pas peur des hau-teurs. Et on a besoin de relever des défis, ce qui incite à courir des risques. »

Il arrive aussi que le matériel soitmal conçu. David Fortier explique :« Parfois, sur des appareils très hauts,il n’y a pas de barrière pour empêcher

les enfants de tomber. La zone de protection (surface sur laquelle les appareils sont posés) est souvent inap-propriée. Le matériau se compacte avecle temps, au point qu’il n’arrive plus àamortir une chute. Parfois, des appa-reils sont trop près les uns des autres.D’autres sont mal entretenus, des bou-lons dépassent ou des rebords sonttranchants. »

Qu’en est-il des parcs de chez nous?Une enquête terrain a été menée parl’Agence de développement de réseauxlocaux de services de santé et de ser-vices sociaux de la Montérégie et aporté sur 100 aires de jeu. Conclusion?Seulement deux appareils sur trois

Par Julie Mélançon

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Au cours du mois d’avril 2002, unsondage téléphonique sur les percep-tions des maladies mentales, commandépar la Fondation des maladies men-tales, a permis de constater des faits peu encourageants. Plus des deux tiers despersonnes interviewées ont affirmé que« le nombre de dépressions en milieu detravail a fortement augmenté au coursdes dernières années ». Plus de 40 %des répondants ont aussi avoué que, si eux-mêmes souffraient d’une maladiementale, « ils n’oseraient pas en parlerà leur patron ». Enfin, près du tiers ontreconnu qu’ils ne connaissaient aucundes symptômes liés à la dépression.

Au Québec, selon un communiquépublié par la Fondation, on constate unehausse notable du « nombre de cas in-demnisés liés au stress, à l’épuisementprofessionnel ou à d’autres facteurs d’ordre psychologique »1. Ces cas ont doublé en dix ans et « on observe une hausse considérable des débours pour

ces lésions : 1,5 million de dollarsen 1990 et 5,3 millions en 2000, soit 300 % d’augmentation en dix ans ». Unesituation inquiétante, qui coûte cher à la collectivité et aux entreprises. AuCanada, outre la souffrance des malades,le désarroi — et parfois l’incompréhen-sion — des proches, « les estimations dupoids financier des troubles de santémentale varient entre 13 et 14 milliardsde dollars, dont 8 à 10 milliards en absences2 ». « Mais ces chiffres pour-raient atteindre 20 milliards de dollarspar année, dont 4 milliards pour leQuébec3 ». Pas étonnant, donc, si l’Orga-nisation mondiale de la santé (OMS)prévoit qu’en 2020, la dépression sera la deuxième cause d’invalidité dans lemonde, tout juste après les maladies cardiovasculaires.

« Ça me travaille »La Fondation des maladies mentales adécidé de s’attaquer au problème avecun programme de sensibilisation auxmaladies mentales en milieu de travail.

38 Prévention au travail Été 2004

Le mentalau travail,

Connaissez-vous les symp-

tômes de la dépression en

milieu de travail ? Et si vous

étiez atteint d’une maladie

mentale, en parleriez-vous

à votre employeur ? Ces deux

questions ont été posées

à 600 adultes, récemment.

Préoccupants, les résultats.

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Rien ne vaut le témoignage de ceux qui ont vécu

l’épreuve de la dépression en milieu de travail et qui, évidemment,

sont parvenus à s’en sortir.

Par Monique Legault Faucher

1. Les statistiques sur l’augmentation des pro-blèmes de santé et de maladie mentale au travail, Fondation des maladies mentales, etdonnées de la Direction de la statistique et de la gestion de l’information de la CSST.

2. Ranno, J. P., Santé mentale et stress au travail, Montréal, Sun Life du Canada, vice-présidence opérations vie et groupe invali-dité, 2000.

3. Chaire de gestion en santé et sécurité du travail de l’Université Laval.

Concrètement, il s’agit d’« un pro-gramme visant à détecter les pro-blèmes de santé mentale et à inciter les adultes à consulter afin qu’ils re-çoivent un traitement approprié ». Inti-tulé Ça me travaille, ce programme,élaboré pour les milieux de travail etparrainé par l’Ordre des conseillers enressources humaines et en relations industrielles agréés du Québec, com-porte trois volets susceptibles d’inté-resser les travailleurs et les employeurs.

Une conférence midi de soixante minutes offre des contenus dyna-miques et interactifs assortis d’exemplesconcrets. But visé ? « Augmenter lesconnaissances, démystifier les mala-dies mentales, plus particulièrement la dépression, faire tomber les tabous, favoriser la consultation, augmenter les habiletés pour la reconnaissance des symptômes de dépression pour les

au travail, aïeLe mental

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personnes et pour leur entourage ». Unanimateur peut se rendre dans les en-treprises à l’heure du dîner ou pendantles heures de travail et s’adresser à ungroupe de travailleurs.

Le deuxième volet du programmepropose un atelier d’une durée de troisheures, à l’intention des gestionnaires,cette fois. Animé par un formateur spé-cialisé en maladies mentales et en ges-tion, l’atelier aborde, entre autres, « leprotocole en regard du départ et du retour d’un employé au travail ». Il offreégalement des connaissances et des ou-tils pour la gestion du personnel atteint.

Enfin, deux ateliers d’une durée detrois heures chacun, animés par un for-mateur spécialisé en maladies mentaleset en techniques de relation d’aide, pro-posent une formation aux groupes depairs aidants reconnus par l’entreprise.Ces derniers peuvent en effet fournir un bon soutien aux personnes de leur entourage, dépister les principauxsymptômes de dépression, de troublesanxieux et de la personnalité et suggéreraux collègues en détresse de consulteravant de toucher le fond du baril.

Pour tous !À l’automne 2003, la Fondation des maladies mentales dressait « un bilan

positif des résultats obtenus lors de la phase pilote de son programme Çame travaille ». Tant et si bien qu’elle a décidé de l’offrir désormais à tous lesemployeurs intéressés, histoire d’aug-menter le nombre de personnes infor-mées et sensibilisées.

En effet, en quelques mois à peine,plusieurs patrons d’entreprises et bonnombre de travailleurs ont assisté auxateliers de formation et aux conférencesmidi de la Fondation. « Ces activités ontpermis de former plus de 1000 diri-geants et travailleurs de PME et degrandes entreprises », note SuzanneDubois, directrice générale de la Fondation. Quelques noms ? « Hydro-Québec, O-I Canada Corp., Les OutilsGladu, la Société de transport de Montréal, Urgence-Santé. »

« Les commentaires recueillis sonttrès positifs, estime Mme Dubois. Ilparaît évident que le programme adonné des résultats concrets puisque, à la suite des présentations, des per-sonnes atteintes de maladies mentalesont pu être rapidement identifiées et recevoir l’aide nécessaire. »

Les efforts, les campagnes, les pro-grammes destinés à prévenir les bles-sures physiques font désormais partiedu paysage, au Québec. Mais il reste

encore beaucoup à faire pour prévenirles lésions psychologiques qui cons-tituent un grave problème de société.Une enquête montréalaise menéeen 2001 par la Direction de la santépublique a montré que plus de 50 %des personnes ayant besoin de soins en santé mentale ne consultaient pas. Et pourtant, c’est bien la premièrechose à faire si l’on veut s’en sortir. Enoutre, « lorsqu’ils sont bien informéssur les symptômes, les travailleurs etleurs collègues ont la possibilité deprévenir des troubles mentaux commela dépression », estime le Dr MartinTremblay, psychiatre au Centre hos-pitalier de l’Université de Montréal, codirecteur de la Clinique ExpertiseNeuroSciences et porte-parole médicalde la Fondation des maladies mentales.

La bouée du soutien !Rien ne vaut le témoignage de ceux qui ont vécu l’épreuve et sont parvenusà s’en sortir. « J’ai souffert de la dé-pression en milieu de travail, avoue Carole Montour, employée du milieugouvernemental. Ce fut une période dif-ficile, pleine de doute et de décourage-ment. » Heureusement, Mme Montourétait bien entourée : « Mes amis, col-lègues et employeurs m’ont beaucoupaidée à traverser cette épreuve. Les per-sonnes les plus précieuses sont cellesqui ont su m’accompagner dans masouffrance et ma détresse sans avoirpeur et sans me juger. » PT

39Été 2004 Prévention au travail

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Pour en savoir plus

Fondation des maladies mentales,tél. (514) 529-5354, poste 226. Site Web :www.fmm-mif.ca

Carte de visite…

Organisme sans but lucratif fondéen 1980 par le Dr Yves Lamontagne, la Fondation des maladies mentales a pour objectif de démystifier les maladiesmentales, de contribuer à leur dépistageet de financer des programmes derecherche et des organismes commu-nautaires. La Fondation a à son actif desréalisations majeures. Entre autres, laconstruction du Centre de recherche Fernand-Seguin, la Campagne Solidairespour la vie, qui a déjà sensibilisé plus de 300 000 jeunes, parents et parte-naires du Québec aux symptômes de ladépression. MLF

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voies que les chariots élévateurs. Quandles engins venaient approvisionner leslignes ou chercher les produits finis, il y avait encore des rencontres. » Le di-recteur de l’entrepôt renchérit de façontrès imagée : « C’était comme des pois-sons au milieu d’un banc de requins ! »M. Lizotte enchaîne : « Ces contacts sontéliminés aujourd’hui. Un convoyeur aété installé. Les voies sont distinctespour les piétons et les chariots éléva-teurs. Les voies piétonnières sont déli-mitées par des garde-corps métalliques.S’il y a une fausse manœuvre, le pié-ton est protégé. Le problème au départ, c’est que l’aménagement s’est fait dansle contexte d’un calendrier restreint etdu caractère cyclique de la production.L’entreprise connaissait une croissancetrès rapide. Il a donc fallu s’adapter encours de route. »

Comme la production avait aug-menté, il y a eu également une augmen-tation de palettes manutentionnées.D’après Marc Boily, gérant des res-sources humaines, « la quantité dematériel et de palettes était trois fois

supérieure à ce qu’elle était en tempsnormal. Et le système informatisé degestion d’inventaire n’était pas à jour, cequi entraînait de longs retards. Les gensse demandaient : “ Te souviens-tu où est telle composante? ” Ils cherchaientpartout. Pendant qu’un fouillait dansune allée, l’autre passait et l’accrochait,etc. Il y avait beaucoup de déplacementsinutiles. Aujourd’hui, toutes les tran-sactions sont faites en temps réel. »

L’élément déclencheurÀ la suite du déménagement, il y a euaugmentation des accidents du travail.Le risque de collision avec un chariotélévateur était devenu une probabi-lité un peu trop facilement envisa-geable. M. Lizotte explique : « On parled’accidents du travail, mais il s’agissaitsurtout d’incidents. Les piétons ne sesentaient pas en sécurité et les caristesne se sentaient pas à l’aise de circulerparmi eux. »

Un constat s’est imposé, il fallait revoirles processus de gestion des opérationsen parallèle avec un aménagement

40 Prévention au travail Été 2004

On ne joue pas avec la sécuritéUn aménagement à la hâte dans un nouveau bâtiment qui a trois fois la

superficie du précédent, soit l’équivalent de 17 terrains de football. De nombreuxchariots élévateurs. Beaucoup d’espace pour circuler. En additionnant le tout,

on obtient une usine devenue un immense terrain de jeu pour caristes ! Et… un défi de taille pour la santé et la sécurité,

que Mega Bloks a relevé avec succès !

Au Canada, Mega Bloks est la plus grande entreprise de jouets. Elle fabrique et distribue des jeux de construction en plastique emboîtables et des jouets éducatifs pour les enfantsd’âge préscolaire. Elle emploie quelque1000 personnes et dessert plus de100 pays à partir de 11 bureaux répar-tis dans le monde. La société fabrique65% de ses produits à Montréal. Les ins-tallations de fabrication comprennentdes machines de moulage par injectionde plastique aux capacités multiples,qui génèrent une production de septmilliards de composantes par année,des dispositifs spécialisés de comp-tage automatique et des chaînes demontage intégrées conçues pour ungrand nombre de produits. En fait, l’entreprise a connu une croissance assez phénoménale au cours des der-nières années. En 2001, faute de place,un déménagement s’imposait.

Le déménagement s’est échelonnéd’avril à décembre, ce qui coïncide avec la période de pointe, de juin à novembre, car l’industrie du jouet estsaisonnière. La période des fêtes de fin d’année est capitale pour la vente de jouets. Le temps presse. Le directeur de l’entrepôt raconte : « On est entrédans l’usine alors que l’aménagementn’était pas achevé. Il y avait des bull-dozers, de la rénovation, de la démoli-tion. » Les travaux nécessaires étaientmajeurs puisqu’il s’agissait d’un entre-pôt construit dans les années 50.

La surface de production se trouve au centre de l’usine encerclée par l’en-trepôt. François Lizotte, conseiller en santé et sécurité du travail et environne-ment, nous explique que les travailleurscôtoyaient constamment les chariots élévateurs : « Pour entrer dans l’usine et en sortir, ils étaient dans les mêmes

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De gauche à droite :

Marc Boily, gérant

des ressources

humaines, François

Lizotte, conseiller en

santé et sécurité du

travail et environ-

nement, tous deux

de Mega Bloks et

Christiane Lambert,

inspectrice à la CSST.

Par Julie Mélançon

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Page 41: Été 2004 –Volume 17, no 3laprevention.be/download/magazines/CSST/pdf/secourisme04.pdf · Secourisme en milieu de travail Le programme de secourisme en milieu de travail de la

optimal de l’usine. Christiane Lambert,inspectrice à la CSST, a travaillé de concert avec l’entreprise dans le dossierdu réaménagement. Elle se souvient :« Il y avait trop d’incidents. Et beau-coup de pertes de temps, de déplace-ments inutiles. Or qui dit accident, ditvisites de l’inspecteur. Alors ils ont dé-cidé de foncer dans le réaménagement,en pleine période de pointe, encore unefois ! Des mesures temporaires ont toutde suite été mises en place : la signa-lisation, l’installation de miroirs et degarde-corps le long des allées de circu-lation, la formation des caristes, desrencontres avec les superviseurs, etc. »

RéaménagementLa direction, très consciente de l’ur-gence d’agir, a créé un comité formé des gérants aux opérations. Le directeurde l’entrepôt se souvient : « Un premier plan d’usine a été proposé. Et la direc-tion a dit non, il n’est pas assez bon. »Mme Lambert trouvait pourtant qu’il yavait déjà une nette amélioration. « Jeme disais qu’ils avaient fait un grandbout de chemin. Mais la direction voulaitque les allées de piétons ne croisent pasles chariots élévateurs. Ils sont donc allés plus loin. Finalement, ils ont réussileur réaménagement. Dans l’immédiat, le premier plan était acceptable, maiseux voyaient plus loin. Ils s’orientaientvers le long terme. Ils ont acquis unmatériel qui diminuait la manutentionpar des chariots élévateurs. »

rappelle : « Avant l’arrivée du convoyeur,on avait six à huit chariots élévateursqui sortaient du matériel des lignesd’assemblage. Aujourd’hui, plus un seulchariot ne circule à proximité des lignesd’assemblage et un seul est nécessaireaux quais d’expédition. »

Le contrôle de l’inventaire est éga-lement venu diminuer le nombre dechariots élévateurs. Le directeur de l’en-trepôt explique : « Avant, une partie ducontrôle d’inventaire était fait manuel-lement. Ça veut dire que s’il y avait unbesoin de blocs rouges sur une ligned’assemblage, le superviseur appelaitl’entrepôt. Et les gens de l’entrepôt me-naient des recherches pour les trouver.Maintenant, sur chaque palette il y a un code-barres. Tout est scanné et enre-gistré en fonction de son emplacement.Ça va beaucoup plus vite ! Et il y amoins de composantes perdues. Avant,il y avait même des travailleurs à piedqui cherchaient du matériel ! On est désormais capables de voir sur ordina-teur où sont les composantes sur leplancher. Tout ce qui entre dans l’usineet tout ce qui en sort est scanné. On sait exactement où se trouve le matériel en temps réel. » Deux objectifs ont été atteints. Un contrôle de l’inventaireplus précis. Et les caristes n’ont plus à chercher des composantes, ce qui adiminué les déplacements et de ce fait,les risques d’accidents.

41Été 2004 Prévention au travail

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Des voies piétonnières et de la

signalisation ont été aménagées

pour assurer la sécurité de tous.

Les opérateurs utilisent désormais

des transpalettes manuels et vont

déposer la marchandise sur un

convoyeur central, une nouvelle

acquisition.

L’entrepôt où circulent les chariots setrouve maintenant d’un côté de l’usine.Donc, ils ne vont plus dans la zone deproduction. De l’autre côté de l’usine,toutes les aires de production ont été regroupées : l’ensachage, l’assemblage et le moulage. Les opérateurs utilisent désormais des transpalettes manuels etvont déposer la marchandise sur unconvoyeur central, une nouvelle acqui-sition. Les produits finis cheminent sur ce convoyeur, arrivent à un quai d’expédition et atterrissent dans une remorque. Le directeur de l’entrepôt se

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De nouveaux chariotsTous les chariots élévateursont été remplacés. Le di-recteur de l’entrepôt se sou-vient qu’au début, ils étaientc o m m a n d é s s a n s t e n i rcompte des caractéristiquesspécifiques propres aux opé-rations, mais plutôt selon ce qui était disponible aumoment même dans les entreprises de location de chariots. M. Boily précisequ’une analyse des besoins réels a étéfaite : « Les chariots où le conducteur esten position assise ne convenaient pasnécessairement au type d’aménagementqu’on avait. Ceux où les conducteurssont en position debout nous permettentd’entrer dans les allées et d’aller chercherle matériel dans les étagères avec unrisque moindre de heurter et d’endom-mager les structures métalliques. On a aussi tenu compte de l’ergonomie, des maux de dos. Tout a été pensé pour la sécurité : avertisseurs sonores, té-moins lumineux, meilleure visibilité. Par ailleurs, les chariots élévateurs sontélectriques, ce qui exige une zone de re-chargement de batteries, dont le poidsest appréciable. Et susceptible de causerdes maux de dos aux travailleurs appe-lés à les soulever manuellement. » Lesystème a donc été modifié pour qu’il n’y ait plus de manipulation de batterie.Tout est fait mécaniquement, désormais.

Formation des caristesUne formation générale a d’abord étédonnée en 2001. Puis, chaque cariste a été formé, d’abord en salle de cours,ensuite sur le terrain, accompagné d’unformateur professionnel. Et l’entre-prise tente de garder le plus possible ce personnel, dans lequel elle a investi.M. Boily raconte : « Avant, en périodede pointe, on avait une grande fluc-tuation à la hausse de conducteurs de chariots. En fin de saison, on n’avait

plus les mêmes besoins. Donc, on procé-dait à des mises à pied. On ne retrouvaitpas ces caristes par la suite. Mais commenotre besoin de caristes est maintenantmoins élevé, on peut maintenir à l’annéeà peu près le même nombre de conduc-teurs sans faire de mises à pied. Noussommes ainsi en mesure de développerleurs compétences. » Chaque candidatqui veut travailler comme cariste chezMega Bloks doit passer un test théo-rique, même s’il possède une carte decompétence. S’il réussit, il doit passer untest pratique sur le plancher qui dure environ une heure. S’il est embauché, il a une formation plus poussée et il estparrainé.

BilanLe problème des chariots élévateurs aété réglé, mais en réalité, il s’agit debeaucoup plus que ça. Pour François Lizotte, ancien travailleur devenu pré-ventionniste sur le plancher, « ce quicompte, c’est que l’entreprise a vraimentune vision globale. Et cette volonté dechangement vient directement de la direction. Il ne s’agit pas seulement deschariots élévateurs et des piétons, mais

de l’ensemble des mesurestouchant la santé et la sécu-rité des travailleurs. Ce n’estplus une préoccupation,mais une priorité ! L’entre-prise n’a pas vu le réamé-nagement en termes dedépense mais plutôt d’in-vestissement. Les travail-leurs ont beaucoup appréciéce qui a été fait. Le milieude travail s’est grandementamélioré. Il y a un stress enmoins. »

Aujourd’hui, l’entreprisea un comité d’opération qui cherche à améliorer le milieu : hygiène, santé et sécurité, cafétéria, etc.Mais le bloc principal, c’est la santé et la sécurité. Lecomité regroupe des ges-tionnaires et des travailleursde tous les secteurs de laproduction : l’assemblage, le

moulage, l’ensachage et l’entrepôt.La structure de supervision a égale-

ment changé. Chaque superviseur de dé-partement ou de service est maintenantentouré d’un groupe de coordonnateurspermettant ainsi d’être plus près des travailleurs. Ces coordonnateurs sont surle plancher avec les travailleurs. Cette sensibilisation sur le terrain est d’autantplus nécessaire que les travailleurs ap-partiennent à diverses nationalités. Cequi fait que la communication n’est pastoujours facile. Mme Lambert enchaîne :« Il y a beaucoup de supervision pouraider les gens à se prendre en main. C’estla première fois que je vois dans uneusine un changement aussi radical sur la conduite de chariots et la prise encharge. Il a fallu transformer complè-tement la mentalité de l’usine. Ce que j’ai apprécié, c’est que j’ai senti tout de suite que la direction et le présidentembarquaient. La sécurité va de pairavec la production et on ne fait pas deparallèle. D’ailleurs, le comité d’opéra-tion est un comité de santé et de sécu-rité doublé d’un comité de production.Ça va ensemble. Et c’est pourquoi çafonctionne ! »

Pour Marc Boily, le bilan est positif :« La prise en charge et la préventionaident dans tous les sens. C’est plus pro-ductif. Le nombre d’accidents a dimi-nué. Le sentiment d’appartenance s’estdéveloppé. Et l’efficacité s’est accrue. »Un méga succès. PT

42 Prévention au travail Été 2004

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Une voie réservée aux chariots

élévateurs. De multiples

protecteurs et mesures de

renforcement contre les

impacts ont été installés afin

d'éviter que les structures

métalliques soient affaiblies

et s'effondrent.

L’entreprise n’a pas vu le réaménagement

en termes de dépensemais plutôt d’investissement.

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Jour après jour, moisaprès mois, le souci de laprévention des accidentsdu travail et des maladiesprofessionnelles se répand au Québec. Danscette chronique destinéeà diffuser l’information,Prévention au travailvous propose de courtsextraits d’articles et dereportages, aussi variésque possible, publiés parses partenaires dans des revues, magazines ou bulletins de liaison.

Bobo au dos, doc« Depuis mars 2000, les méde-cins disposent d’outils d’éduca-tion à transmettre aux personnesatteintes de lombalgie. Ainsi,une brochure, “ Tournez le dosà la lombalgie ”, et une vidéo-cassette ont été produites par laFédération des médecins omni-praticiens du Québec pourl’usage exclusif des médecinstraitants, afin que ces derniersen distribuent des exemplaireset prêtent la cassette à leurs pa-tients. Ces documents expliquentles choses à faire et à proscrirelors d’une atteinte au dos, eninsistant sur la reprise des acti-vités et sur le fait que la dou-leur disparaît d’elle-même aprèsquelques jours. On y proposeégalement des exercices de ren-forcement et d’assouplissementà effectuer. Les médecins sontfortement invités à adoptercette nouvelle approche et àremplir un formulaire de priseen charge d’un patient présen-tant une lombalgie, acte pourlequel ils reçoivent une compen-sation financière. Alors, si unde vos travailleurs revient d’uneconsultation pour une lésion audos avec une brochure et uneattitude positive, dites-vous qu’ilest en de bonnes mains. »

Convergence, revue de gestionde la santé-sécurité du Centrepatronal de santé et sécuritédu travail du Québec, vol. 20,no 1, février 2004, p. 12.

Lino en diable…« Déposer des rouleaux delinoléum sur un diable, les ymaintenir en équilibre, lestransporter d’un lieu à un autre,les prendre du diable pour lesdéposer sur le plancher et fina-lement, tirer sur le linoléumpour le mesurer et le poser,telles sont les opérations quedoivent exécuter quotidienne-ment, année après année, lesposeurs de revêtements souplesnon équipés d’un “ dévidoir àlinoléum ”. […] Quand ils ontde grandes surfaces à couvrir,les poseurs doivent manipulerde 20 à 25 rouleaux par jour.Savez-vous combien pèse unrouleau de linoléum? Au basmot : plus de 210 kilos. Lourdfardeau pour les épaules et efforts outranciers pour le dos ![…] Chez Intrasol Savard inc.,les contraintes liées à la manu-tention ont considérablementdiminué grâce au dévidoir àlinoléum. […] Fabriqué de ferde la tête au pied, […] il secompose essentiellement dedeux parties : un chariot auquelest arrimé un diable doté à sa base d’une plate-forme surlaquelle on dépose un rouleaude linoléum que l’on retient audiable par une courroie. »

Prévenir aussi, publié parl’Association paritaire pour lasanté et la sécurité du travaildu secteur de la construction,vol. 18, no 4, hiver 2003-2004,p. 4.

Gants blancs« En station-service, rencontrerun client agressif n’est pas raresurtout si plusieurs facteurs s’ajoutent à sa mauvaisehumeur : température, coût de l’essence, circulation. Unprincipe toutefois reste vrai :pour prévenir les agressions, ilfaut éviter l’affrontement. […]L’attitude diplomatique en cinq

points. Laissez le client agressifvider son sac avant de parler.Ne l’interrompez pas. […] Àvotre tour de parler, baissez leton. Commencez toujours pardire que vous êtes désolé mêmesi le client exagère. […] Dans lecas de l’insatisfaction de vosservices, commencez toujourspar chercher à comprendreavant de vous faire comprendre.[…] Réglez une chose à la fois.Ne sautez pas aux conclusions.Envisagez une concession devotre part afin d’en gagner une plus importante du côté du client. Mettez l’accent sur le problème et non sur la per-sonne. Partez du principe quece conflit va se reproduire tantque vous ne trouverez pas unesolution. »

Auto Prévention, magazine en santé et sécurité du travaildans le secteur des servicesautomobiles, vol. 18, no 1,mars 2004, p. 6.

Non-agir« Le non-agir est un conceptcréé et adopté par le Centre hos-pitalier Pierre-Janet qui désigneune intervention strictementpsychologique pour gérer unesituation de crise d’agressivité.Le non-agir peut ou non com-porter la délégation de l’arrêtd’agir à une autre instance, exemple la police. […] La procé-dure du non-agir s’inscrit d’em-blée dans une perspective desanté et de sécurité au travail.En tout temps, on doit s’assurerd’une intervention réfléchie, respectant les principes de sécu-rité. La règle d’art est évidem-ment d’éviter les coups et lesblessures, de diminuer lesrisques, d’éliminer le danger àla source et de faire appel à desforces externes, si nécessaire.C’est aussi de s’occuper desautres clients qui vivent la tension et d’assurer l’intégritéphysique et psychologique de

tous les travailleurs impliqués.[…] Le mandat d’arrêt d’agir etsa procédure sont disponiblesau Centre hospitalier Pierre-Janet. Tout établissement dusecteur aux prises avec lesmêmes problèmes que nousavons traversés (recrudescencedes agressions, plusieurs inter-venants durement blessés) et intéressé à en prendre connais-sance peut s’adresser à notreservice de santé et de sécuritédu travail. »

Objectif Prévention, revued’information de l’Associationparitaire pour la santé et lasécurité du travail du secteurAffaires sociales, vol. 27, no 1,2004, p. 6.

Vive la règle !« Les coupures aux doigts etaux mains sont fréquentes enimprimerie. Plusieurs de cesblessures sont associées à lamanipulation d’objets coupants(couteaux, exactos). […] ChezWinpak Heat Seal inc., on a décidé d’intervenir sur le pro-cessus de coupe d’un adhésif.[…] Les travailleurs en préim-pression ont comme tâche de couper l’adhésif qui fixe la plaque sur le cylindre. […]Ayant déjà été blessé en effectuant une coupe, AndréBoudreau, chef d’équipe, cher-chait une solution à ce pro-blème. C’est en magasinantdans une quincaillerie qu’il adéniché une règle de métallarge avec une poignée sur ledessus. […] La poignée de la règle surélève la main du tra-vailleur lors de la coupe. »

Graphiprévention, bulletin de l’Association paritaire desanté et de sécurité secteurimprimerie et activitésconnexes, vol. 20, no 2, avril2004, p. 11.

43Été 2004 Prévention au travail

Lupour vous

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44 Prévention au travail Été 2004

Enraccourci

Cadenasser… et vivreLa question qui justifie la rédaction dulivre est posée d’entrée de jeu. « Com-ment assurer la fiabilité de l’informationvisant à sécuriser les travaux sur les équi-pements industriels ? » Le problème estréel. Ceux qui ont le savoir et l’expériencepartent à la retraite, les machines quel’on connaît bien sont remplacées par de nouvelles dont on sait peu de choses.Avec, pour résultat, que l’information essentielle se perd dans le décor.

Des accidents graves mettant en causele cadenassage surviennent trop souvent,hélas ! Un spécialiste de la question a eu la bonne idée d’écrire un livre sur le sujet. Alain Daoust, diplômé en relationsindustrielles, est membre de l’Ordre desconseillers en relations industrielles et res-sources humaines du Québec. Il détientégalement la certification canadienne Professionnel de sécurité agréé du Canada.Le cadenassage, on peut dire qu’il connaît.Aussi, son livre Le cadenassage, une ques-tion de survie, publié par le Groupe decommunication Sansectra inc. et Impact,division des éditions Héritage inc., offrela possibilité de mettre en place, dans lessecteurs d’activité concernés, une sorte decarte routière destinée à sécuriser les tra-vaux quotidiens et spéciaux en lien avecle cadenassage. Des antécédents médicaux,des tableaux, des photos et des encadréspermettent au lecteur d’acquérir des connaissances ou d’enrichir celles qu’il adéjà. L’auteur souhaite susciter « le désirde s’engager, de trouver des solutions et de participer activement à la créationde lieux de travail qui réaffirment l’im-portance de préserver l’intégrité des per-sonnes qui font les entreprises ».

Une fondation qui a de l’oreilleVous ne la voyez pas, mais elle existe et vous la côtoyez quotidiennement.La surdité figure parmi les déficiences physiques les plus répandues au Québec. Chez nous, plus de 700000 personnes de tous âges éprouvent des difficultés d’audition. Or ce handicap, congénital ou accidentel,entraîne une détresse et des souffrances trop souvent méconnues. On nepeut parler de surdité sans évoquer le principal agresseur connu, le bruit, très présent en milieu de travail. « On estime que 20 % des cas de surdité chez l’adulte seraient attribuables au bruit en milieu de travailet pourraient survenir à la suite d’une exposition plus ou moins pro-longée »1, rappelle la Fondation de la surdité de Montréal.

Cet organisme sans but lucratif, affilié à l’Institut Raymond-Dewar(IRD), centre de réadaptation spécialisé en surdité et en communica-tion, a pour mission de collecter des fonds pour assurer le mieux-être des sourds, malentendants, sourds-aveugles et des personnes affligées de troubles fonctionnels de communication. Son objectif premier? Répondreaux besoins des usagers de l’IRD en leur permettant l’accès à certainsavantages, services et activités inaccessibles par le réseau d’établissements.Les fonds recueillis chaque année permettent d’aider des centaines de personnes sourdes ou malentendantes à jouir d’une meilleure qualité de vie en se chargeant des frais d’activités de loisir et surtout de forma-tion tout en contribuant financièrement à des projets de recherche. Deuxd’entre eux sont déjà concrétisés : une vidéo pour enfants présentant un conte en langue québécoise des signes ; l’aménagement du Centre dela petite enfance Lafontaine afin d’y accueillir 15 enfants sourds. Projetsà venir : programme de téléenseignement linguistique, mise en place d’un réseau de téléréadaptation en déficience auditive avec les éta-blissements régionaux. Pour en savoir plus : Fondation de la surdité de Montréal, 3600, rue Berri, Montréal (Québec) H2L 4G9. Tél. (514)284-2214, poste 3440. Téléc. (514) 284-9587. Courriel : [email protected]. Sur le bruit, ses méfaits et des conseils de prévention : www.hc-sc.gc.ca/francais/vsv/environnement/bruit_loisirs.html.

1. Plan d’action en santé du Québec.

La santé et la sécurité dans les hôpitauxLe 17 mars 2004, le Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM) atenu un colloque sur la maîtrise d’œuvre dans les chantiers de constructiondes centres hospitaliers. De 2001 à 2004, le CHUM a géré des travaux derénovation et de construction de plus de 70 M$. Il a ainsi développé unesolide expérience dans la gestion et l’application des normes de construction,incluant la santé et la sécurité du travail. Le colloque était l’occasion de fairevaloir l’apport d’ingénieurs, de conseillers techniques, d’architectes et detechniciens du CHUM, mais aussi de représentants de la CSST. Le CHUM a eneffet compris la nécessité et la valeur ajoutée d’établir un partenariat avec la CSST. Le colloque a ainsi permis de faire connaître un aspect du travail desinspecteurs qui est parfois méconnu : le soutien en milieu de travail. Au pro-gramme, la protection à la fois des travailleurs, des employés et des patients,le concept de diligence raisonnable, les enjeux et les défis de la maîtrised’œuvre et enfin, la gestion efficiente des problématiques liées à l’amiante.Jacques Lamonde, président du conseil d’administration et chef de la directionde la CSST, qui a prononcé une allocution d’ouverture, a tenu à souligner que« la CSST a prouvé, de façon particulièrement réussie dans le cas du CHUM,qu’elle peut accompagner une démarche de prise en charge par le milieu detravail. Ce partenariat a permis d’éliminer les risques et ainsi, de protéger lespersonnes et réduire les coûts inhérents à la santé et la sécurité. » On vousreparlera de ce colloque sous peu.

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45Été 2004 Prévention au travail

Un manuel incontournable !Dans le numéro Printemps 2003, on vous avait annoncé que l’Asso-ciation québécoise pour l’hygiène, la santé et la sécurité du travail(AQHSST) s’était donné tout un défi : éditer un manuel sur l’hygiènedu travail. Le comité éditorial mis sur pied pour voir à la productiond’une version totalement nouvelle de l’édition de 1985 intitulée Hygiènedu travail, apte à répondre aux nouveaux besoins des lecteurs, ap-prentis du métier ou professionnels aguerris, n’a pas chômé. Il s’étaitfixé comme objectif mai 2004. Le défi a été relevé avec brio et le nouveau-né a été baptisé au cours du congrès annuel de l’AQHSST. Ila fallu des milliers d’heures de travail à une impressionnante brochette

de 69 spécialistes, tant de la CSST, de l’IRSST etde l’AQHSST que de la Direction de la santépublique de Québec, d’Hydro-Québec et de diversmilieux de la santé, du travail et des universités,pour rédiger le Manuel d’hygiène du travail : du diagnostic à la maîtrise des facteurs de risque.

L’information, qui s’adresse au monde de la francophonie, est en relation étroite avec lespréoccupations actuelles de l’hygiène du travail.Le titre est on ne peut plus évocateur du contenu.Non seulement le manuel indique à l’utilisateurdes façons de faire pour formuler un diagnostic,mais il le guide dans sa démarche pour parvenirà la plus grande maîtrise possible des facteurs de risque. Le document, qui compte environ 1 100 pages, constitue une référence incontour-nable, une manière de bible pour tous les hygié-nistes, les techniciens en hygiène du travail, lescollèges et les universités qui les forment. BrigitteRoberge, présidente de l’AQHSST et coordonna-trice du comité éditorial, tient à souligner « lacontribution majeure des spécialistes qui ont travaillé à la rédaction du document, dûmentrévisé par leurs pairs, histoire d’en assurer la qualité, sur le plan du contenu scientifique ». Pour reconnaître ce formidable travail d’équipe,l’AQHSST a attribué le prix Méritas au comité éditorial. Une récompense bien méritée !

En ballon…Imaginez le scénario du pire. Vous êtes dans un immeuble enflammes. La sortie par les escaliers de secours vous est totalementcoupée. Restent les fenêtres. Oui, mais vous êtes au… disons21e étage. Au secours, les pompiers ! Vous voilà contraint à un toursur la grande échelle, rapido. À moins que…

Un astucieux inventeur belge, Lodewijk Vanluffelen, a déposéun brevet qui pourrait vous permettre de vous passer de la grandeéchelle et de faire un petit tour en ballon. « Un ballon dont l’undes côtés serait aplati, afin qu’il puisse s’approcher tout contre lafaçade de l’immeuble. Il serait guidé par des câbles à partir du sol,et pourrait ainsi atteindre une fenêtre, ou le toit, où seraient réfu-giés les rescapés ». Leurs poids suffiraient à faire tout gentimentredescendre le ballon vers le sol. Une barbe à papa avec ça ? Source : Agence Science-Presse, Hebdo science & technologie, no 1214.

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[Prévention au travail]Donnez-nous une brève descrip-tion des CARD.

[Emmert Clevenstine] Ce sontdes fiches préparées à l’intention desmilieux de travail. Elles consistent à expliquer, en une seule page, les dan-gers des produits chimiques. Elles sontdestinées aux responsables de la santéet de la sécurité dans les entreprises et les syndicats. Leur point fort, par rapport aux fiches toxicologiques, c’est la concentration de l’informationsur une seule feuille de papier plutôtque la dizaine de pages des fiches toxicologiques existantes. Les CARDdécrivent les dangers inhérents à l’uti-lisation d’un composé chimique pur, les méthodes de prévention, les actionsà prendre en cas d’incendie, la meil-leure façon d’entreposer les produits etun certain nombre de directives ou de

lois nationales et internationales. Les« préventeurs » apprécient avoir à leurdisposition des renseignements qu’ilspeuvent consulter aisément en milieu de travail. Les CARD présentent doncles points essentiels au recto, et lesautres renseignements détaillés, tels que les propriétés physiques et toxico-logiques, figurent au verso.

[PT] Qui prépare les CARD ?

[EC] Elles sont rédigées par unequinzaine d’institutions participantes.Ces dernières choisissent un certainnombre de composés, à partir d’uneliste préparée par le secrétariat centraldu projet, pour rechercher toutes les informations nécessaires à la prépara-tion d’une CARD. La première versionest normalement préparée par deux institutions, une institution responsableet une institution-sœur. La responsablerédige un brouillon et le transfère à l’institution-sœur, pour faire confirmerles données et les interprétations avantde l’expédier au secrétariat qui l’insèreà l’ordre du jour d’une réunion de révi-sion par les pairs. La rédaction d’uneCARD doit respecter les instructionsd’un guide du compilateur rédigé dès le début du projet, et constammentrévisé et amélioré. Ce guide consigne

une liste de phrases standard et une description des conditions d’utilisationde chaque phrase. Par exemple, s’il y a un point d’éclair de telle ou tellevaleur, il faut ajouter sur la fiche le mot« inflammable ». Si le point d’éclair estplus élevé, il faut écrire « combustible »,etc. Cette méthode a deux avantages :d’abord, l’utilisation d’une collection dephrases standard donne une cohérenceterminologique à toutes les CARD; onen compte actuellement plus de milletrois cents. En outre, la traduction envue d’une diffusion dans plus d’unetrentaine de langues dont le français, le néerlandais, l’espagnol, le japonais, et le swahili s’en trouve facilitée.

[PT] Où pouvons-nous trouverles CARD ?

[EC] Dans le site Internet du CIS.En voici l’adresse : http://www.ilo.org/public/english/protection/safework/cis/products/icsc/index.htm. Dans cesite, les CARD sont en anglais. Pour l’instant, nous dirigeons l’utilisateurfrancophone vers le site du NIOSH (National Institute for OccupationalSafety and Health, États-Unis) àl’adresse suivante : http://www.cdc.gov/niosh/ipcs/french.html. On y trouve aussides versions dans d’autres langues.

46 Prévention au travail Été 2004

Perspectives

Connaissez-vousC’est tout simple !

« Il existe actuellement

plus de 1 300 CARD, précise

M. Clevenstine. Tous les mois,

sur le site Web du Bureau

international du travail,

plus de 10 000 visiteurs les

regardent ou les téléchargent. »

Emmert Clevenstine est chef du Centre internationald’informations de sécurité et de santé au travail (CIS) du Bureau international du travail (BIT), une unité duprogramme « Travail sécuritaire ». Il coordonne également,avec ses homologues de l’Organisation mondiale de la santé(OMS), le projet des « International Chemical Safety Cards »(Fiches internationales de sécurité chimique), familièrementappelées les CARD. Prévention au travail l’a interviewé aucours d’un entretien téléphonique.

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L’Institut de santé publique, à Bruxelles,est responsable de la traduction fran-çaise. Historiquement, NIOSH a fourniles premiers programmes de création,de gestion, d’informatisation et de traduction des CARD et il continue àcréer des versions Web pour plusieursinstitutions.

[PT] Comment se fait la révisionpar les pairs, gage de qualité ?

[EC] La révision se fait lors des deux réunions régulières au coursdesquelles le rédacteur d’une CARD est confronté au groupe de travail, comprenant l’institution-sœur, et il doitdéfendre ses conclusions. Nous avons,en plus des institutions rédactrices desCARD, des spécialistes, entre autres, du National Chemical Emergency Cen-ter de Grande-Bretagne ou de la FAO (Organisation des Nations-Unies pourl’alimentation et l’agriculture), qui nerédigent pas de CARD, mais qui appor-tent leur compétence au processus.

[PT] Les décisions sont-ellesprises par consensus ?

[EC] Oui !

[PT] Est-ce facile d’atteindrece consensus ?

[EC] Normalement oui ! Mais chaque réunion se termine avec deux ou trois CARD qui contiennent un problème non résolu. Ce ne sont pastoujours des divergences d’avis entre les rédacteurs et leurs pairs, mais les participants doivent s’adapter à de nouvelles données, à des changementsde réglementations, etc.

[PT] Les industries privées peuvent-elles fournir des donnéeset participer aux réunions à titred’observatrices ?

[EC] Après la révision par les pairs,les CARD sont envoyées à la Fédérationdes organisations nationales des in-dustries chimiques. Dans l’esprit duprincipe de tripartisme du BIT, nous en-voyons aussi systématiquement les

CARD à la Fédération internationale des travailleurs de la chimie et de l’énergie. Nous recevons leurs com-mentaires et les invitons à nous four-nir des renseignements sur les CARD.Ils contrôlent aussi celles qui sont publiées sur nos sites Web.

[PT] Comment un lecteur ouune lectrice de Prévention au travail peut-il ajouter un produità la liste ?

[EC] Les propositions viennentgénéralement des institutions partici-pantes et du secrétariat. La CSST par-ticipe à ce projet depuis ses origines. Àl’Institut de recherche Robert-Sauvé ensanté et en sécurité du travail (IRSST),nous avons un représentant en la per-sonne de Marc Baril qui recevra volon-tiers tout commentaire ou suggestion.

[PT] Y-a-t-il de nouvelles ten-dances qui pointent à l’horizon ?

[EC] L’environnement devient deplus en plus important, surtout à lasuite de l’adoption du Système géné-ral harmonisé de classification et d’étiquetage des produits chimiquespar l’ONU et l’OCDE (Organisation de coopération et de développementéconomiques). C’est une extension dusystème de l’ONU pour le transport des matériaux dangereux qui couvreaussi l’utilisation, la distribution, la

commercialisation grand public etl’harmonisation de la classificationpour tous les marchés.

[PT] Les CARD sont-elles làpour de bon ?

[EC] Nous l’espérons ! Même si nous n’avons pas de bons indica-teurs sur l’ampleur de leur utilisa-tion, nous croyons qu’elles sont utiles.Sur le site Web du BIT, nous avons plus de 10 000 visiteurs par mois ; i l s regardent ou té léchargent de80 000 à 120 000 CARD. Les adresses Internet des visiteurs sont très variées :universités, particuliers, commerces dedifférents pays dont ceux en voie dedéveloppement.

[PT] En guise de conclusion ?

[EC] Les CARD sont complémen-taires aux fiches signalétiques. Leursimplicité représente un avantage pourla communication rapide des risques.Cependant, il faut se rappeler qu’ellesne sont qu’une partie de tout un réseaud’information dont les EnvironmentalHealth Criteria, les Concise Interna-tional Chemical Assessment Document,(CICAD) auxquels Marc Baril de l’IRSSTparticipe également. La simplicité rela-tive demeure donc le principal atout des CARD. PT

Guy Perrault

47Été 2004 Prévention au travail

les CARD ?

Photo d’archives, prise au cours d’une réunion du groupe de travail

dans une des grandes capitales européennes. Les spécialistes repré-

sentent divers pays, entre autres, la France, le Canada, l’Angleterre,

la Hollande, la Finlande et l’Espagne.

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