THE LESSONde Kristina Grozeva et Petar Valchanov

Bulgarie Version originale sous titrée en français - 1h45 Au cinéma le 9 Septembre 2015

DISTRIBUTIONZED

Martine ScoupeJulie Rouyer

39, rue des Prairies 75020 Paris

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PROGRAMMATIONC Comme…

Christian Fraigneux+33 4 90 67 08 52

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ZEDHamdi Mezara

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PRESSEAgnès Chabot

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SYNOPSIS

Dans une petite ville bulgare, Nadia, enseignante d’anglais, cherche à confondre un de ses élèves qu’elle soupçonne de vol, en rappelant à la classe les principes moraux de la vie en société. Au même moment, de lourdes difficultés financières menacent sa famille. Déterminée à garder la tête hors de l’eau, elle tente par tous les moyens de collecter l’argent nécessaire avant qu’il ne soit trop tard. Jusqu’où ira-t-elle pour sauver sa famille?

ENTRETIEN

1. Comment avez-vous eu l’idée de ce film ?

Il y a quelques années nous sommes tombés par hasard sur un fait divers qui nous a donné l’idée de départ du scénario. Nous avons travaillé le scénario dans l’idée de dépasser le simple fait journalistique et de créer une parabole sociale contemporaine.

2. Le personnage féminin doit souvent faire face à des figures masculines corrompues, la majorité des figures tutélaires sont montrées négativement. Pour vous est ce un reflet de la société dans laquelle vous vivez ?

Dans les Balkans, et plus particulièrement en Bulgarie, la corruption s’est infiltrée dans toutes les couches de la société allant jusqu’à devenir un modèle, essentiel à la survie de tout un chacun bien qu’allant à l’encontre de principes moraux fondamentaux. Par ailleurs, nous vivons encore avec le poids d’une société qui véhicule une figure masculine brute et primitive surtout dans la province où se déroule le film. Cependant, le film ne se veut en aucun cas une attaque en règle de la gente masculine. Nous ne voulons pas que le spectateur ait une mauvaise image des hommes en général. Le mari de Nadia, si on s’y attarde, possède de grandes qualités : non seulement c’est un bon père, un bon mari, mais il a également gagné une bataille contre l’alcoolisme.

3. Vous profitez du combat de votre personnage pour évoquer certains maux de nos sociétés : tout comme Nadia qui se retrouve seule dans son combat. Un des sentiments qui se dégage du film est « le chacun pour soi en priorité », un abandon généralisé de la solidarité au profit de l’argent. D’où vous vient cette réflexion ?

Depuis plus de 25 ans, nous vivons dans une période dite de transition. Ca ressemble un peu au Far West, sauf que cela se passe dans l’Est. Beaucoup de gens se sentent inutiles et improductifs. Cela concerne beau-coup d’intellectuels, d’érudits, d’ingénieurs, de physiciens et de professeurs qui ne trouvent pas leur place dans ce nouveau monde et qui se retrouvent désespérés, sans emploi. Sans parler des retraités qui ont travaillé toute leur vie et dont la pension est si maigre qu’elle ne suffit pas à payer les factures de base. S’ajoute à cela une grande pauvreté spirituelle qui touche toute la société.

4. C’est généralement dans ces situations que la pègre et la criminalité prospèrent, comme on le voit dans le film. Est-ce un constat que vous avez pu faire à partir de votre propre expérience ?

Chacun d’entre nous est confronté à la corruption dans sa vie quotidienne. Par exemple quand vous êtes ar-rêtés par un agent de la circulation et qu’il vous demande d’une voix sirupeuse : « Que fait-on maintenant ?», vous glissez un billet avec votre permis pour ne pas perdre de temps. De la même façon, vous pouvez offrir un café à un employé municipal pour qu’il prête attention à votre dossier. La corruption fait partie intégrante de nos vies. La criminalité est visible à chaque coin de rue et fait irruption à tous moments. Tout citoyen bul-gare, quelque soit son âge ou son éducation, sait par exemple qu’il doit s’effacer devant des voitures noires de luxe, même si les conducteurs sont dans l’illégalité. Certaines personnes vivent au dessus des lois et nous avons malheureusement appris à vivre avec.

5. La violence évoquée dans le film se retrouve également à l’intérieur de la cellule familiale lorsque le père abandonne sa fille en lui préférant sa nouvelle femme. Pourtant, on ne tombe jamais dans la tragédie, une pointe d’humour est toujours présente. Comment êtes-vous parvenus à trouver cet équilibre ? Nous avons sans cesse mélangé la comédie et la tragédie. Cet équilibre entre la tristesse et l’humour nous semble plus proche de la réalité, de la vie réelle. Nous ne voulions pas manipuler le spectateur en renforçant le côté mélodramatique, d’où l’absence de musique et de grands mouvements de caméra.

6. Vous privilégiez les plans rapprochés - que ce soit les plans taille poitrine gros plan. Pourquoi ce choix ? Comment avez-vous appréhendé ce travail avec le chef opérateur, ainsi que l’actrice ? Les personnages principaux sont tous filmés en gros plan, en opposition aux caractères secondaires qui s’in-scrivent dans des plans plus larges, comme si on les observait du point de vue de Nadia. Dès le scénario, nous avons décidé de narrer l’histoire à travers son regard. Tout ce que nous voyons est à travers ses yeux. Cela renforce l’empathie du spectateur à son égard et permet de rentrer plus facilement dans son monde intérieur.

7. Comment avez-vous choisi l’actrice Margita Gosheva ? Durant le tournage a t-elle improvisé ou les scènes étaient-elles répétées ? Nous connaissons Margita depuis longtemps, elle a tourné dans un film de fin d’études de Kristina et a joué pour nous dans une mini série. Lorsque nous l’avons vu dans le film Trois jour à Sarajevo, où elle est par-ticulièrement brillante, son incarnation de Nadia est devenue une évidence. Le film est très écrit. C’est grâce à cette structure narrative très forte que nous avons pu laisser les comédiens improviser pendant le tournage.

8. Une énergie permanente se dégage du film, cette intention était-elle déjà présente dans le scénario ? Comment l’avez-vous transposée durant le tournage ? Cette énergie nous a guidé à tout moment dans l’écriture du scénario et c‘est une direction que nous avons donné dès le premier jour du tournage aux acteurs. A partir du moment où la quête était commencée, nous voulions absolument faire passer l’idée que rien ni personne ne pourrait arrêter Nadia.

9. La musique brille par son absence, sauf lorsque Nadia retrouve le billet qu’elle s’est fait volé. Pouvez -vous expliquer ces choix ?La musique que vous entendez dans cette scène n’est pas une musique composée spécifiquement pour le film, mais une musique de fond. Pendant que nous la tournions, il y avait une classe de chant à côté et vous enten-dez donc les voix des élèves qui répètent.L’absence de musique ne relève pas de contraintes financières. C’est un choix assumé. La musique est vraiment un élément destiné à renforcer l’émotion, à guider les réactions des spectateurs, ce que nous voulions éviter absolument. Nous voulions raconter une histoire comme un éclat de vie portée par les émotions de l’héroïne, portée par ses actions, ses décisions sans donner trop d’indices au spectateur. Ce sont ses choix qui déclenchent toutes les émotions.

10. Vous sentez-vous proches de cinéastes contemporains du cinéma bulgare ? Oui effectivement, nous nous sentons proches d’autres cinéastes qui participent au renouveau du cinéma bulgare. Nous appartenons à la même famille que Milko Lazarov, réalisateur de Aliénation ou encore Konstantin Bozhanov, Nikolai Todorov, Maya Vitkova, Pavel Vesnavok et le documentariste Ilian Metev, dont le film Sofia’s Last Ambulance a été sélectionné à Cannes à la Semaine de la Critique. Nous espérons vivement fédérer un mouvement du jeune cinéma bulgare qui se sert les coudes pour faire émerger un cinéma contemporain de qualité et qui ne se bat pas pour obtenir des subventions ou qui perdrait son âme sur l’autel du box office.

11. Avez-vous une cinématographie de référence (américaine, française…) ? Vos inspirations tendent-elles vers un cinéma comme celui des frères Dardenne ? Nous avons été très influencés par les cinéastes des années 1960 aux années 1980 comme Rangel Valchanov, Ed-uard Zhariev, Georgi Diulgerov…Nous nous sentons également proches de scénaristes comme Valeri Petr ov et Georgi Mishev.Malheureusement les changements politiques des années 1990 ainsi que la crise financière ont conduit au démantèlement du système et seulement un ou deux films par an ont été produits dans ces années là. Il y a beaucoup de premiers films réalisés par des metteurs en scène de plus de 50 ans. Nous avons perdu le lien intergénérationnel, mais la situation s’améliore peu à peu.De nouveaux talents voient le jour et ne craignent pas de se lancer dans la production de leurs films, même sans soutien financier. Bien sûr nous avons été imprégnés de l’univers des frères Dardenne, mais nous nous reconnaissons aussi dans la Nouvelle Vague roumaine, le réalisateur espagnol Fernando de Aranoa, et si on remonte dans le temps, le cinéma néoréaliste italien. Nous aimons les films qui réussissent à capter l’air du temps, qui dissèquent la société et qui peuvent trans-former, grâce à une mise en scène sans fioritures, une histoire réaliste en une parabole universelle.

Entretien avec Kristina Grozeva et Petar Valchanov Réalisé en Mai 2015

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KRISTINA GROZEVA, Co-Scénariste et Co-RéalisatriceKristina Grozeva obtient son diplôme de journaliste en 2000 à l’université de Sofia et en réalisation cinéma et audiovisuel à la NATFA (National Academy for Theatre and Film Arts) en 2005. Pour ses court-métrages Bird of Heaven et Gap, elle reçoit plusieurs prix dans de nombreux festivals internationaux (prix de la meilleure première fiction au Bulgarian Film Academy Awards, mention spéciale au festival étudiant International de Casablanca et au festival international du film Mediaschool à Lodz).

PETAR VALCHANOV, Co-scénariste et Co-RéalisateurPetar Valchanov obtient un diplôme de réalisation en 2008 à la Nafta. Ses court-métrages remportent de nombreux prix : Shock (2001) au festival de Karlovy Vary, Resurrection (2003) au festival de Velingrad, Therapy aux festivals de Wiesbaden, Bucharest et Sofia. Avec Kristina Grozeva il réalise en 2010 le documentaire A Parable of Life et le téléfilm Forced Landing. Ils ont récemment co-écrit et co-réalisé le court-métrage Jump (2012) premier film bulgare nominé aux European Film Awards. Ce film a été récompensé à Bruxelles, Busan, au Bulgarian Film Academy et à Montpellier.

FICHE ARTISTIQUEMargita Gosheva : Nadia – La ProfesseureIvan Barnev : Mladen – Le mari de NadiaStefan Denolyubov : Le mafieux Ivanka Bratoeva : La belle-mère de NadiaIvan Sasov : Le père de Nadia

FICHE TECHNIQUE Auteurs et Réalisateurs : Kristina Grozeva et Petar Valchanov Photographie : Krum Rodriguez Producteur : Kristina Grozeva, Petar Valchanov, Magdalena Ilieva (Abraxas Film) ; Konstantina Stavrianou, Rena Vougioukalou (Graal) Co-producteur : Poly AngelovaSon : Dobromir Hristoskov et Veselin ZografovMonteur : Petar ValchanovDécors : Vanina GalevaCostumes : Kristina Tomova

LISTE DES PRIX EN FESTIVAL (non exhaustif)Prix d’interprétation féminine au festival Premiers Plans d’Angers Prix Ingmar Bergman du meilleur premier film au festival de Göteborg Grand Prix du jury international, prix du public, prix de la critique FIPRESCI et prix du meilleur film

Bulgare au festival international du film de Sofia Sélection officielle au festival international de Toronto Kutxa, Premier prix des nouveaux réalisateurs au festival de San Sebastian Prix de la compétition au festival de Varsovie Prix spécial du jury “Alexandre de bronze” et prix du meilleur scénario au festival international de Thessalonique Prix special du Jury au festival international de Tokyo Prix FIPRESCI au festival international Molodist