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UNE ANALYSE FINANCIERE COMPAREE DES COOPERATIVES DE TRAVAILLEURS ET DES ENTREPRISES CAPITALISTES EN FRANCE par Jacques DEFOURNY Universite de Liege et CIRIEC Introduction Depuis le milieu des annees septante, un nombre croissant d'etu- des ont ete realisees en France sur les societes cooperatives ouvrieres de production (SCOP). C'est que, au cours de cette periode, la coopera- tion de travail a connu, en France comme dans de nombreux autres pays industrialises, un essor assez etonnant. En effet. le nombre de SCOP est passe de 600 a 1260 unites entre 1975 et 1984 et celles-ci emploient aujourd'hui plus de 35000 travailleurs. Divers auteurs, parmi lesquels J.-L. Bonhommet (1975), D. Linhart (1975), G. Laurent (1975), H. Lancelot et T Schluck (1976). D. Demous- tierC1979et 1984), M.F Brive(1980). M. Foutelet(1981). H. Sibille(1982) J.-L. Laville et I. Mahiou (1984), A. Chataignieret at. (1984) ont effectue d'importants travaux sur le phenomene SCOP en mettant surtout en evidence divers aspects de la vie interne de ces entreprises. que ce soit d'un point de vue organisationnel ou sur un plan davantage psycho-sociologique. La plupart fournissent egalement des donnees quantitatives assez sommaires sur les naissances et les disparitions de SCOP, les creations et les suppressions d'emplois par secteur. par region, etc... mais il s'agit presque toujours d'informations diffusees par la Confederation des SCOP elle-meme. Quand une analyse econo- mique originale est entreprise, elle sMnscrit generalement dans le cadre d'une etude de cas {') et ne concerne pas I'ensemble de la co- operation de travail. SeulsH. LancelotetTSchluck(1976)etM.Foutelet(1981)onttente d aller plus loin. Les deux premiers auteurs presentent une somme impressionnante de donnees extraites des bilans et des comptes d exploitation de 272 SCOP pour I'annee 1974. Mais curieusement. ils procedent seulement a une analyse de frequence pour I'ensemble de (') Par exemple S. LE CAP=>ENT-E= (1978) et M.F BR:V= (1980).

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UNE ANALYSE FINANCIERE COMPAREEDES COOPERATIVES DE TRAVAILLEURS

ET DES ENTREPRISES CAPITALISTES EN FRANCE

par

Jacques DEFOURNY

Universite de Liege et CIRIEC

Introduction

Depuis le milieu des annees septante, un nombre croissant d'etu-des ont ete realisees en France sur les societes cooperatives ouvrieresde production (SCOP). C'est que, au cours de cette periode, la coopera-tion de travail a connu, en France comme dans de nombreux autrespays industrialises, un essor assez etonnant. En effet. le nombre deSCOP est passe de 600 a 1260 unites entre 1975 et 1984 et celles-ciemploient aujourd'hui plus de 35000 travailleurs.

Divers auteurs, parmi lesquels J.-L. Bonhommet (1975), D. Linhart(1975), G. Laurent (1975), H. Lancelot et T Schluck (1976). D. Demous-tierC1979et 1984), M.F Brive(1980). M. Foutelet(1981). H. Sibille(1982)J.-L. Laville et I. Mahiou (1984), A. Chataignieret at. (1984) ont effectued'importants travaux sur le phenomene SCOP en mettant surtout enevidence divers aspects de la vie interne de ces entreprises. que cesoit d'un point de vue organisationnel ou sur un plan davantagepsycho-sociologique. La plupart fournissent egalement des donneesquantitatives assez sommaires sur les naissances et les disparitionsde SCOP, les creations et les suppressions d'emplois par secteur. parregion, etc... mais il s'agit presque toujours d'informations diffuseespar la Confederation des SCOP elle-meme. Quand une analyse econo-mique originale est entreprise, elle sMnscrit generalement dans lecadre d'une etude de cas {') et ne concerne pas I'ensemble de la co-operation de travail.

SeulsH. LancelotetTSchluck(1976)etM.Foutelet(1981)onttented aller plus loin. Les deux premiers auteurs presentent une sommeimpressionnante de donnees extraites des bilans et des comptesd exploitation de 272 SCOP pour I'annee 1974. Mais curieusement. ilsprocedent seulement a une analyse de frequence pour I'ensemble de

(') Par exemple S. LE CAP=>ENT-E= (1978) et M.F BR:V= (1980).

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leurs 29 variables puis a une analyse de variance pour les ventes, lavaleur ajoutee et le resultat de Texercice en retenant comme variablesexplicatives le secteur, la region et la periode de creation de I'entre-prise. Ils appliquent egalement a quelques grandeurs significatives dubilan, une analyse factorielle en composantes principales mais leursresultats sont tres decevants. D'ailleurs, ils concluent en soulignant lan6cessite de comparer un echantillon de SCOP a un echantillon deRM.E. classlques.

De son cote, apres avoir developpe un modele organisationnelpour rendre compte des differentes etapes de la vie d'une SCOP, M.Foutelet (1981) se penche sur le theme de lefficacite economique descooperatives. Sur base d'un echantillon de 100 entreprises, elle calculele ratio moyen «resultat d'exploitation/production interne»»pour 1978 et1979 en regroupant les SCOP en cinq categories de taille. Elle obtientainsi un pourcentage de benefice assez nettement superieur pour lescooperatives occupant moins de 50 salaries, mais 11 faut noter que cescalculs sont taits tous secteurs confondus et qu'une repartition secto-rielle differente selon les categories de taille peut fortement biaiser lesresultats. D'ailteurs, en comparant les secteurs entre eux, sur base dum^me ratio, I'auteur constate que les SCOP de I'imprimerie et cellesde la metaliurgie et mecanique se situent largement au-dessus de lamoyenne de son echantillon et que le secteur du batiment et des tra-vaux publics se situe en-dessous. Enfin, et ceci nous concerne encoredavantage, Tauteur cite une publication de I'lNSEE selon laqueile letaux «excedent brut d'exploitation/production interne hors taxes«serait de 7,18% en 1976 pour I'ensemble des entreprises francaisesde la construction et de 7,59% pour les entreprises du secteur derimprimerie. Ces chiffres sont compares a ceuxdes SCOP de ces deuxbranches pour la meme annee (respectivement 5,7 % et 9 %) maisM. Foutelet conclut que ces donnees sont insuffisantes pour en tirerdes enseignements sur I'efficacite des SCOP par rapport a celle desentreprises classiques.

A cote des livres, theses et memoires mentionnes ci-dessus, unnombre impressionnant d'articles est venu enrichir ta litterature consa-cr6e aux SCOP. Mais ici encore, ladominante est largement sociologi-que et quand des themes economiques sont abordes, ils le sont defacon assez superficielle. Ouant aux comparaisons chiffrees avec desentreprises conventionnelles, elles sont totalement absentes. Un arti-cle tres recent de J. Defourny, S. Estrin et D. Jones (1985) fait exception,mais il exploite en fait une partie des donnees utilisees pour la presenteanalyse pour tester a travers une fonction de production d'eventuellesrelations entre la performance des SCOP et plusieurs indices de parti-cipation des travaitteurs.

En conclusion, si la recherche scientifique sur les cooperatives detravailleurs en France connalt un succes considerable, leur analyse

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economique est fortement sous-deveioppee et ii nous a semble interes-sant de reprendre lefilon de H. LancelotetT. Schluckqui avaient revelelexistence d'une source extremement riche de donnees quantitatives.

Les donnees pour les cooperativeset les entreprises capitalistes

Depuis 1970, la Confederation des SCOP envoie a chacune de sesentreprises membres, un volumineux questionnaire sur I'activite deI'annee anterieure. Les reponses sont retranscrites sur quatre « borde-reaux »fort semblables a des documents comptables classiques. Bienqu'ils soient en principe confidentiels, D. Jones a pu obtenir une copiedu fichier informatique ainsi constitue pour les annees 1978 et 1979.Quant a nous, nous avons pu copier tous les bordereaux non infor-matises des annees 1970 a 1977. Avec I'aide de Saul Estrin, un fichierinformatique unique a ete constitue contenant 69 variables (y com-pris les variables «dummies» pour le secteur. la region, le mode decreation et le statut juridique) et couvrant 541 SCOP sur 10 annees(1970-1979) ('). Ce sont les donnees de ce fichier concernant les entre-prises du secteur du batiment-travaux publics (78 a. 239 entreprisesselon les annees) et du secteur de !'imprimerie-presse-6dition (12 a 62entreprises) que nous utilisons dans la presente analyse.

Ces deux secteurs ont ete choisis parce qu'ils represented depuisplus de 100 ans les deux grands bastions des SCOP, mais aussi et sur-tout parce que nous avons pu obtenir des donnees precises et detailleesconcernant I'ensemble des entreprises franpaises dans la constructionet l'imprimerie. En effet, sur base des declarations fiscales des entrepri-ses, riNSEE construit un compte d'exploitation, un compte de resultatet un bilan agreges au niveau sectoriel (̂ ). De 1967 a 1977,1'lNSEE aetabli de tels comptes agreges pour les entreprises constituees en socie-tes. Depuis 1971, la meme institution dresse ces comptes sectoriels encouvrant non seulement les societes mais aussi les entreprises indivi-atieilfesoumises au regime du benefice reel (EIBR). De plus, les postesles plus importants de ces differents comptes sont egalement calculesen repartissant les entreprises d'un meme secteur en cinq classes detaille. Pour nos comparaisons, nous retlendrons trois de ces categories:les entreprises qui occupent moins de 10 salaries, celles qui emploiententre 10 et 99 salaries et celles qui ont entre 100 et 999 salaries. Nouslaisserons de cote les categories superieures car tres peu de SCOP enFrance emploient plus de 1000 travailleurs.

Les correspondances entre les donnees recueillies pour les SCOPet celles de I'INSEE au niveau des secteurs ont pu etre etablies defacon rigoureuse parce que toutes ces donnees proviennent d'une

(;) Au 31 decemtjre 1979. on comptait 689 SCOP-{") Selon les annees, de tels comptes existent sur microfiches pour 40. 100. vci'e

meme 600 d-visions sectorielles.

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meme source: (es declarations fiscales des entreprises . En recoltantaupres de quelques SCOP des copies de leurs declarations fiscales,nous avons d^termin^ les correspondances entre ces documents et lesbordereaux. Comme d'autre part, les liaisons entre les declarations fis-cales et les comptes sectoriels de I'lNSEE sont detaillees dans diversesnotices methodologiques, les variables retenues sont definies exacte-ment de la meme maniere du cote des SCOP et du cote de TINSEE.

II. Les cooperatives de travailleurs dans ie bdtiment et Timprimerie

Avant de passer ^ l'analyse financiere comparee, notons quelquescaracteristiques des SCOP dans les deux secteurs consideres. Toutd'abord, si Ton se reporte d6s a present aux colonnes 3 et 4 destableaux de r6sultats (pp. 70 et 71), on remarque que les SCOPemploient tres souvent un nombre de travailleurs superieur a iamoyenne sectorielle. Toutes tailles et toutes annees confondues, onobtient une moyenne de 73 personnes dans les cooperatives du bati-ment contre 40 seulement dans i'ensemble du secteur, et une moyennede 40 travailieurs contre 25 dans I'imprimerie. Bien sur, le grand nom-bre d'entreprises individuelies dans ces deux branches est en partieresponsable de ces differences mais celles-ci sont seulement atte-nu^es si Ton ne compte que les seules societes.

En tant que cooperatives de travailleurs, les SCOP ont un capitalsocial essentiellement detenu par leurs salaries. C'est ce que traduitla colonne 6: en general, les travailieurs possedent au moins 80 % etsouvent plus de 90 % du capital social de leur entreprise. Cependant,tous les travailleurs ne sont pas societaires: dans le secteur de I'impri-merie, 64 % des travailleurs en moyenne detiennent des parts de capi-tal et ce pourcentage tombe meme a 29 % pour ies SCOP du batiment(colonne 5).

La faiblesse du societariat dans le secteur de la construction nemanque pas d'etonner et peut jeter un doute sur la specificite coopera-tive de ces entreprises. Plusieurs remarques cependant s'imposent ici.Tout d'abord, il faut souiigner dans cette branche la tres forte presenced'une main-d'ceuvre immigree dont la mobility est elevee et qui est sou-vent peu interessee par un investissement de long terme lorsqu'ellecompte rentrer un jour au pays. Un autre facteun moins specifique ala construction, reside dans ie fait que certains avantages du societa-riat, comme la participation aux benefices, sont souvent etendus a tousles travailleurs (*). Enfin, s'il est frequent que le groupe fondateur destravailleurs les plus anciens tende a se replier sur lui-meme, remar-quons aussi que le taux de societariat dans les moyennes et grandescooperatives, ou il est le plus faible, augmente presque constammentau cours des annees septante.

C) II n'est pas rare que le « privilege - des societaires se ramene a la participationaux risques.

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III. Le calcul et Tinterpretation des ratios

Venons-en a present a I'analyse comparee proprement dite. Avecles donnees relatives aux SCOP, nous avons procede aux memes agre-gations sectorielles que celles realisees par riNSEE. Nous avonsensuite calcule de part et d'autreioute une serie de ratios habituelle-ment utilises pour i'analyse financiere des entreprises. Uinterpretationde ces ratios se fera done comme si I'ensemble des SCOP ou I'ensem-bie des entreprises d'un meme secteur constituaient une seule entite.Une autre approche aurait consiste a faire, pour chaque secteur, lamoyenne des ratios calcuies au niveau de chaque entreprise. Elle nousetait interdite par la nature meme, agregee, des donnees INSEE. Deplus, elle aurait exige un systeme de ponderation pourtenir compte deimportance variable des entreprises. La methode utilisee tci a i'avan-tage d'etre plus simple et de prendre en compte de toutes fapons lespoids respectifs des entreprises.

Pour chaque ratio, nous avons d'abord pris les entreprises toutestailles confondues, et nous avons compare les SCOP aux seules socie-tes d'une part, aux societes et entreprises indiv'tduelles (EIBR) d'autrepart. Cependant, faute de place, ces resultats ne sont pas publies iciet nous nous contenterons d'en mentionner les elements les plus signi-ficatifs. Nous avons affine ensuite Tanalyse en etudiant les m^mesratios calcuies pour trois groupes d'entreprises constitues selon lataille de celles-ci. Ces resultats par classes de taille sont fournis parles tableaux ci-apres (pp. 70 a 77).

La division en trois de notre population SCOP reduit fortement lenombre d'entreprises dans certaines categories, en particulier pour laclasse de 100 a 999 salaries dans Timprimerie. De meme, la classe de1 a 9 salaries dans les deux secteurs est assez faible de 1971 a 1977.Enfin, I'annee 1977, qui est toujours la moins bien couverte, donneraparfois des resultats contredisant la tendance generale des autresann^es. Dans ce cas, afin d'eviter des repetitions trop lourdes, nouscommenterons les resuitats en negligeant ceux de 1977.

^. LA PRODUCTIVITE DU TRAVAIL

Le rapport «valeur ajoutee brute/nombre de personnesempioyeesw (ratio R1) est souvent pris comme un indicateur de la pro-ductivlte du travail.

Chronologiquement et sans distinction de tailles, il est d'abordsuperieur dans les SCOP puis il y est ensuite inferieur. Le retournementse fait en 1974 dans le batiment et en 1978 dans I'imprimerte. D'unemaniere generale cependant, les ecarts restent assez faibles, surtoutdans le batiment ou ils sont toujours inferieurs a 5%.

En realite, cette constatation generale faite toutes tailles confonduesocculte des evoiutions diametralement opposees dans les 3 categories

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constituees sur base de la taille des entreprises (pp. 70 et 71). La situa-tion decrite ci-dessus ne se retrouve que pour les grandes SCOP del'imprimerie, mais celles-ci ne sont que deux ou trois selon Tannee. LesSCOP se trouvent dans une position plus defavorable quand elles sontde petite ou de grande taille dans le batiment, ou de petite taille dansrimprimerie: elles sont alors presque toujours dominees par Tentre-prise moyenne de leurs secteurs respectifs. Par contre, et c'est la le pre-mier resultat tres remarquable, les SCOP de taille moyenne quirepresentent 73% de nos 1239 observations C) dans le batiment et69 % de nos 334 observations dans rimprimerie ont, dans tous les cassauf un, une productivite apparente du travail superieure a la moyennesectorieile.

On parle de productivite apparente car le ratio R1 depend forte-ment de Tintensite capitalistique du processus de production. Celle-cine peut guere etre approchee que sur base de donnees comptables,compte tenu surtout des differences qui peuvent exister dans les tauxd'amortissement. Neanmoins, si Ton accepte cette approximation, lerapport ci-dessus peut se decomposer comme suit:

Valeur ajoutee brute par travailleur =

Valeur ajoutee brute Immobilisations nettes (̂ )Immobilisations nettes Nombre de personnes employees

Le premier terme a savoir la valeur ajoutee par unite de capital(ratio R2) est toujours superieur, souvent tres nettement, dans lesSCOR Par conire I'intensite capitalistique de ces dernieres (ratio R3)est toujours tres inferieure a celle des autres entreprises si I'on rai-sonne toutes tailles confondues. L'ecart tend meme a s'accroTtre avecle temps pour atteindre a peu pres 40 % dans le batiment et 30 % dansrimprimerie C). Cet ecart croissant explique sans doute le passagedes SCOP d'une position favorable a une situation d'inferiorite en ter-mes de valeur ajoutee par personne.

Si Ton deflate les donnees par I'indice des prix des biens d'inves-tissement, on constate qu'en termes reels (francs francais de 1970), lemontant des capitaux investis par personne employee dans les SCORne passe que de 7,3 a 8,1 millions de FF entre 1970 et 1979 dans ie bati-ment et de 13,8 a 16,6 millions de FF dans l'imprimerie. Ce dernier sec-teur connaTt pourtant une mutation technologique considerable quiexige des investissements de plus en plus lourds, comme en temoigne

(-) On parle d'une observation pour une donnee ou une serie de donnees 'elati-ves k une SCOP sur une ann6e.

(-) Les immobilisations nettes contiennent les -autres valeurs immobilisees-alors que celles-ci devraient etre exclues pourne retenir que les immobilisations d'exploi-tation. Ne disposant pas des seules immobilisations d'exploitation pour les SCOR nousavons introduit le mdme biais dans les donnees INSEE.

('} Pourcentages calcules par rapport aux chiffres pour I'ensemble Gesses du secteur, toutes tailles confondues.

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revolution de son intensite capitalistique qui passe de 14,9 a 23,9 mil-lions entre 1971 et 1979. Seules les grandes imprimeries cooperativessemblent parvenir a suivre dans une large mesure cette progressiontechnologiqoe f). Dans le batiment par contre, les grandes cooperati-ves sont aussi faiblement capitalisees par rapport aux autres entrepri-ses que Ies cooperatives de taille moyenne. Quant aux petites SCOP,elles ont le plus souvent un rapport capital-travail au moins deux foisplus faible que leurs homologues capitalistes.

Vu le caractere tres laboristique des SCOP en general, il est plutotetonnant que leur vaieur ajoutee par travailleur soit proche et souventmeme superieure a la moyenne sectorielle quand elles emploient plusde 10 salaries. En effet, a quantites de main-d'ceuvre egales, les entre-prises disposant de moins de capital ont en principe une moindre pro-ductivite du travail. On c'est Tinverse que Ton constate ici C)-

Alternativement, la vaieur ajoutee par travailleur peut etre decom-posee par le produit suivant:

Vaieur ajoutee par travailleur =

Vaieur ajoutee brute Production totaleProduction totale Nombre de travailleurs

Le premier rapport (ratio R4) est appelee taux de vaieur ajoutee.Largement influence par le degre d'integration verticale de I'entreprise,il ne constitue pas en lui-meme un indicateur d'efficacite ou de competi-tivite. Ici en tout cas, il donne lieu a une constatation assez surpre-nante: alors que dans la construction, le taux de vaieur ajoutee desSCOP n'est que legerement superieur a celui du secteur (5 a 10%),dans Timprimerie par contre, il le depasse en permanence d'environ50%. Compte tenu de ce que nous savons sur la vaieur ajoutee partravailleur, cette difference s'explique par le second rapport ci-dessus.De fait, la production totale par travailleur (ratio R5) au niveau sectorieldepasse celle des SCOP de facon beaucoup plus considerable dansI'imprimerie que dans le batiment. Ceci est vrai quelle que soit la tailledes entreprises.

Lensemble des resultats analyses jusquMci nous permet de cernerles premiers grands traits de la SCOP type et de son homologue capita-liste dans deux secteurs de I'economie francaise. Les SCOP disposentde quantites beaucoup plus faibles du facteur capital. Dans le bati-

(-) II ne sagit que d une hypothese. La difference entre SCOP et entrepnses capi-lalistes pourraient aussi etre due a une forte croissante des participations financierescrois6es et done des -autres valeurs immobilisees- dans la presse et I'edition ou lescooperatives sont peu presentes.

(̂ ) En particulier, si I'on considere les imprimeries de taille moyenne, le nomorenoyen de travailleurs est quasiment identique dans les SCOP et les autres entrepnses.L'intensite capitalistique des premieres est pour chaque annee nettement plus faible etleur vaieur a|outee par tete neanmoins chaque fois superieure.

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ment, elles compensent en partie ce manque de capital en employantnettement plus de travaideurs mais c'est beaucoup moins le cas dansrimprimerie. II en resulte que la production totale par travailleur dansles cooperatives est inferieure a celle des autres entreprises. Cepen-dant, si la valeur de la production de ces dernieres est superieure, c'estdavantage a cause de quantites plus importantes d'inputs intermediai-res que grace a une plus grande valeur ajoutee. En termes simples,on pourrait sans doute dire qu'avec plus de machines, elles peuventutiliser ou transformer de plus grandes quantites de matieres premie-res (par exemple papier et encre dans rimprimerie, ciment et briquesdans le batiment) mais qu'elles n'engendrent pas pour autant davan-tage de richesse, sauf quand elles sont de petite taille. Dans les SCOPde taille moyenne, la valeur ajoutee brute par travailleur est m^me tou-jours superieure alors que ces entreprises emploient moins de capitalet plus de travail.

2. LA REMUNERATION DU TRAVAIL

Alors que dans les entreprises traditionnelles, les travailleursnegocient le niveau de leurs salaires avec le patronat dans un rapportd'opposition, les travailleurs societaires dans une SCOP peuvent ledeterminer eux-memes: letacteur travail y assure Tessentiel de la fonc-tion entrepreneuriale avec les prerogatives que celle-ci comporte enmatiere de management et d'utilisation des produits d'exploitation. Laremuneration du travail est done, du point de vue des travailleurs, unindice de performance de la cooperative comme la remuneration ducapital en est un pour I'actionnaire d'une societe capitaliste.

Une premiere illustration de la preeminence du facteur travail dansles SCOP est fournie par le ratio R6: la proportion de la valeur ajouteeutilisee en frais de personnel est sensiblement superieure dans lescooperatives quelle que soit la taille de celles-ci (en moyenne 86 %contre 83% dans le batiment et 83% contre 79% dans I'imprimerie).

En construisant le ratio «frais de personnel/nombre de travail-leurs» (R 7), on obtient non pas le revenu effectif moyen des salariesmais bien le cout moyen de ceux-ci pour leur entreprise. Toutefois, dansla mesure ou les charges sociales sont proportionnellement tes memespour tous les employeurs d'un meme secteur, le rapport ci-dessus con-vient parfaitement dans une perspective comparative.

Globalement, si Ton raisonne toutes annees et toutes tailles con-fondues, un travaiileur gagne plus dans une SCOP que dans une entre-prise classique de la meme branche. Mais il faut nuancer cetteaffirmation quand on prend en compte la taille des entreprises. Eneffet, la situation est regulierement defavorable aux travailleurs despetites SCOP de rimprimerie et dans une moindre mesure a ceux desgrandes SCOP de la construction. Par contre, et c'est sans doute la leprincipal resultat, la remuneration du travail dans les cooperatives de

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taille intermediaire se maintient constamment au-dessus de lamoyenne sectorieile aussi bien dans une branche que dans I'autre.

On notera cependant que beaucoup de travailleurs associes sevoient retenir un certain pourcentage de leurs salaires mensuels. Cessommes sont versees sur des«comptes courants d'associes >» et trans-formees en parts de capital social en fin d'annee. Cette pratique resulted'engagements statutaires de souscription formules comme suit dansles statuts-types proposes par la Confederation des SCOP:«si I'asso-cie est lie a la cooperative par un contrat de travail ou par un mandatsocial, il s'engage a souscrire et a liberer, chaque exerclce, des partspour un montant egal a ... % de la remuneration percue de la coope-rative au cours de Texercice** (article 10 cite par A. Antoni. 1980.p. 58).

II est tres difficile de se faire une idee precise de Timpact reel deces retenues sur la remuneration effectivement perpue par les travail-leurs des lors qu'on considere plusieurs SCOP Non seulement le pour-centage fixe par les statuts varie d'une entreprise a I'autre, mais en plusce systeme fonde sur la proportionnalite et la progressivite des verse-ments n'est pas choisi par toutes les SCOP, certaines preferant unmode de souscription forfaitaire et fixe. Enfin, les parts de capital sontremboursees au pair lorsque Ie travailleur associe quitte la SCOR maisleur valeur reelle a ce moment depend du temps ecoule depuis la sous-cription. elle-meme souvent etalee sur plusieurs annees. S'il s'averedone quasi impossible de determiner exactement la remunerationeffective des travailleurs des cooperatives, des avis recueillis a la Con-federation et aupres de plusieurs SCOP permettent neanmoins de pen-ser que Timpact moyen de ces retenues ne depasse generalement pas2 % ou 3 %. En effet, il ne faut oublier que ces engagements de sous-cription ne concernent que les associes, c'est-a-dire environ un tiersdes travailleurs dans la construction et deux tiers dans rimprimerie. IIen resulte que I'essentiel des constatations faites plus haut reste vala-ble et que les ecarts par rapport a la moyenne sectorieile sont seule-ment legerement accentues ou attenues suivant que les frais depersonnel par tete etaient inferieurs ou superieurs du cote cooperatif.

Enfin, en plus de leurs salaires, les travailleurs peuvent se voir dis-tribuer une partie des benefices realises par leur entreprise. Lamoyenne, par personne employee, de cette participation aux resultatsest calculee avec le ratio R8, et Ton constate que malgre sa faiblessepar rapport au montant des salaires, elle est beaucoup plus importantedans ies SCOP,a l'exception des grandes imprimeries. En France d'ail-(eurs, les cooperatives de production doivent partager entre les travail-leurs une part des profits au moins egale a celle qui va aux detenteursdu capital social. Cela ne fait evidemment que renforcer la tendancea une meilleure remuneration du travail au sein de la majorite desSCOP

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Toutefois, une remarque analogue a ceile concernant les retenuessalariales s'impose ici, dans la mesure ou une grande partie des som-mes distribuees au titre de la participation des salaries dans les SCOPest en fait convertie en capital social. En effet dans les annees septante,les SCOP ont tres largement exploite les possibilites offertes par uneloi de 1969 sur les « accords de participation » au sein des entreprisesfrancaises. Ces accords stipulent que les benefices distribues auxsalaries sont exoneres des charges sociales et de I'impot sur le revenu,pour autant qu'ils restent bloques pendant cinq ans dans une «reservede participation»»au sein de I'entreprise. De plus, avant meme I'expira-tion de ce detai, les salaries peuvent convertir en parts de capital leurscr^ances sur la reserve de participation. Alors que la plupart des entre-prises frangaises n'ont guere utilise ces dispositions legates, 80 % dessalaries des SCOP ont accepte, par de tels accords, le blocage de toutou partie des repartitions de benefices C). Ces sommes, sur comptescourants bloques ou sous forme de parts sociales, ont represente pourles cooperatives de production, une source majeure de financementqui a cependant perdu de son importance avec la reduction, due a lacrise ^coriomique, des marges beneficiaires et des excedents distri-buabies ("). Pour I'instant, on retiendra simplement que I'augmenta-tion reelle de la remuneration du travail, due a la participation auxbenefices dans les SCOP, est sensibiement inferieure a ce que suggerele ratio R 8, m^me si en general elle demeure certainement plus impor-tante que dans les autres entreprises.

3. LA RENTABILITE

La rentabilit^ peut s'apprecier de differents points de vue suivantles grandeurs auxquelles on rapporte le resultat d'une entreprise. Pournotre part, nous prendrons successivement comme denominateur laproduction totale, les valeurs immobilisees nettes et les fonds propres.

a) La rentabilite de la vaieur produite

Comme nous ne disposons pas du chiffre d'affaires pour les SCOPmais bien de leur production totale, c'est la rentabilite de la vaieur pro-duite plutot que celle des ventes que nous allons examiner. D'autrepart, deux indicateurs differents du resultat seront utilises.

Tout d'abord, rapportons a la vaieur produite le resultat netd'exploitation c'est-a-dire le resultat apres deduction des amortisse-

('") La Confederation des SCOP estime que plus de la moitie des participationsdes travailleurs associes et environ un quart des participations des travailleurs non asso-cies sont converties en capital.

(") J. Gautier (1983. p. 40) a calcule qu'au bout de 15 ans a'application dusysteme, les accords de participation ont permis de garder dans les SCOP des sommesplus importantes que les parts sociales classiques et que les comptes courants d'asso-cies traditionnels.

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ments, des provisions pour pertes et charges et des charges financie-res diminuees des produits financiers (ratio R10). Si Ton calcule unemoyenne ponderee des taux annuels. on obtient respectivement 2.2 %et 4.8% pour toutes ies SCOP du batiment et de I'imprimerie. PourI'ensemble des societes de ces deux secteurs, le taux moyen s'elevea 2,0 % et 4.0 % mais, si Ton ajoute les entreprises individuelles. ia ren-tabilite dans la construction monte a 2,5 p/o.

Toutes tailles et toutes annees confondues, la rentabilite moyennedes cooperatives est done comparable a celle des autres entreprises.il n empeche que I'analyse par categorie de taille revele des realitesdiametraiement opposees dans les petites et les grandes entreprises:la rentabilite de ia vaieur produite dans les petites SCOP est en generaltres inferieure a la moyenne sectorielie tandis que c'est I'inverse dansles grandes SCOP Quant aux SCOP employant entre 10 et 99 travail-leurs, leur rentabilite moyenne sur I'ensemble de la decennie est lege-rement superieure a celie de ieurs homologues capitalistes (3.2%contre 2,8 % dans le batiment et 4.3 % contre 4.1 % dans I'imprimerie).

Ces differences entre les categories de tailie s'expliquent engrande partie par ia place qui est laissee au resultat d'exploitation dansI affectation de la vaieur ajoutee. Ainsi dans les petites SCOP, le bene-fice d'exploitation represente une part de la vaieur ajoutee (ratio R9)beaucoup plus faible que dans les entreprises capitalistes de memetaille, et cela parce que les frais de personnel absorbent en moyenne10 % de plus de la vaieur ajoutee. Le resultat moyen d'exploitation despetites cooperatives est meme parfois negatif. Par contre, on releveune evolution tres positive dans les SCOP moyennes du batiment quirepresentent plus de mille observations: tout comme pour les autresentreprises du secteun la part du benefice d'exploitation dans la vaieurajoutee baisse regulierement au fil des ans, mais elle remonte a partirde 1978 puis depasse meme la moyenne sectorielie qui. elle. continuede baisser.

Une mesure complementaire du ratio RIO consiste a eliminer duresultat I'incidence des elements non lies a I'exploitation proprementdite. en particulier les amortissements, les frais et produits financiersainsi que les provisions et les charges non imputables a I'exercice Onobtient alors Texcedent brut d'exploitation qui, rapporte a la production,fournit la marge brute d'exploitation. Pour notre part, ne disposant pasde I excedent brut d'exploitation en ce qui concerne les SCOP, nousnous contenterons d'une mesure approximative en retirant de ia vaieurajoutee brute I'ensemble des frais de personnel. En principe. il faudraitaussi retirer les taxes et impots indirects. mais on peut raisonnablementf^^Rfiji-qutro-Hittrmmsinurrne-dnaisiera gue>e la comparaison entre lesSCOP et les autres entreprises.

La marge brute d'exploitation ainsi approchee (ratio Rii) confirmepour le secteur de I'imprimerie les tendances constatees avec la renta-

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66 JACQUES DEFOURNY

bilite de la valeur produite. Dans le batiment, par contre, les differencesentre moyennes cooperatives et sectorielles sont attenuees et memeinversees pour les grandes entreprises.

Pour comprendrfe ces divergences, il faudrait sans doute analyserles divers postes qui separent I'excedent brut du benefice net d'exploi-tation, mais nous n'avons pas pu les isoler. Neanmoins, une autremaniere d'apprehender la marge brute d'exploitation consiste a trans-former le ratio R11 en un produit:

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Excedent brut d'exploitation (+ imp, ind.) Valeur ajouteeValeur ajoutee Production totale

Cette formulation montre que la marge brute d'exploitation resultede la combinaison de deux effets: la part de profit dans la valeur ajou-tee (ratio R12) et la part de la valeur ajoutee dans la production (ratioR4 deja envisage). Comme le premier facteur est en general plus faibledu cote cooperatif ci cause de la part plus grande des frais de personneldans la valeur ajoutee, seul le second facteur peut faire remonter lamarge brute d'exploitation des SCOP. C'est bien le cas puisqu'on a vuqu'K etait toujours superieur pour les cooperatives, beaucoup pluscependant dans Timprimerie que dans ta construction, ce qui expliquela meilleure marge d'exploitation des SCOP dans le premier secteur.

En resume, si Ton combine les resultats obtenus pour la rentabilitede la valeur produite et pour la marge brute d'exploitation, II apparattque la capacity beneficiaire des petites SCOP est largement inferieurea celle des petites entreprises capitalistes. Pour les cooperatives degrande taille et de taille moyenne, elie est comparable a la moyennesectorielle dans le batiment tandis qu'elle est sensiblement superieurea celle-ci dans le secteur de I'imprimerie grace a un taux de valeur ajou-tee particulierement eleve.

b) Le rendement des immobilisations

Nous aurions voulu etudier la rentabilite de I'actif total mais lesdonnees bilantaires recueillies pour les SCOP de 1970 a 1977 concer-nent uniquement le long terme. C'est pourquoi nous nous limiteronsau rendement des immobilisations.

En principe, le rendement brut des immobilisations s'exprime parle rapport«excedent brut d'exploitation/immobilisations brutes ». NousI'approcherons avec les approximations dont nous disposons, a savoirI'excedent brut d'exploitation augmente des impots indirects d'unepart, les valeurs immobilis^es nettes d'autre part.

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ANALYSE F I N A N C | £ R E C O M P A R E E 67

De Texamen du ratio R13. il ressort que le rendement ainsi calculepeut varier tres fortement d'une annee a Tautre. Si Ton calcule sur toutela decennie des moyennes ponderees, les resultats respectifs delensemble des SCOP et des autres entreprises sont tres proches dansIe secteur de I'imprimerie (525% et 49,5%) mais plus eloignes Tunde I'autre dans le batiment (57,9% et 47,0%). II faut cependant noterque le rendement des immobilisations est particulierement faible dansles petites cooperatives de ce dernier secteur.

Le remplacement de I'excedent brut par le benefice net d'exploita-tion paraTt une bonne facon de completer le ratio precedent. II s'agitmeme d'une mesure plus orthodoxe puisqu'on a une grandeur netteaudenominateur Mieux encore, comme les valeursimmobiliseescom-prennent ce que le plan comptable f rancais appelle les««autres valeursimmobilisees**, il est logique de prendre en compte les produits finan-ciers qui en resultent, et c'est precisement le cas du resultat d'exploita-tion tel que nous I'avons enregistre.

Le nouveau ratio (R14) ne fait cependant que confirmer les tendan-ces deja constatees. On notera simplement ici que le rendement desimmobilisations est lie a la rentabilite de la valeur produite par la rota-tion des immobilisations (ratio R15).

Benefice net d'exploitationValeurs immobilisees nettes

Benefice net d'exploitation Production totaleProduction totale Valeurs immobilisees nettes

Or. la rotation des immobilisations ou plutot des valeurs immo-bilisees est pratiquement toujours plus elevee que la moyenne secto-rielle dans les SCOP de la construction et tres souvent inferieure dansles imprimeries cooperatives. C'est pourquoi le rendement des immo-bilisations dans les premieres depasse davantage la moyenne du sec-teur (%

Mais arretons-nous aux imprimeries cooperatives de grande tailleet de taille moyenne ou la rotation des valeurs immobilisees est plusfaible que dans les autres entreprises quelle que soit Tannee conside-ree. Cela tend a montrer que les immobilisations de ces SCOP, nette-ment moindres que dans I'ensemble du secteur, ne sont cependant pastrop f aibles au regard de leur production. On dira done que les coopera-tives employant au moins dix travailleurs dans I'imprimerie sont certesmoins capitalistiques mais, a Tinverse des petites SCOP, pas necessai-rement sous-capitalisees.

('-) On a vu en effet que la rentabilite de la valeur produite des SCOP par rapporta la moyenne sectorielle etait quant d elle plutot meilleure dans I'imprimerre.

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66 JACOUES DEFOURNY

c) La rentabilite des fonds propres

Dans une entreprise capitaliste, c'est la rentabilite des fonds pro-pres, plus encore que la rentabilite de la production ou de Tactif, quiinteresse I'investisseur et Tanalyste externe. En effet, il s'agit la dela rentabilite ultime des fonds que Tactionnaire confie a Tentreprisesous forme de capitaux a risque.

II en va autrement pour les cooperatives ou la remuneration ducapital est de toute facon limitee a un certain pourcentage. Dans lesSCOP francaises, ce taux maximum est egal a Tinteret percu sur lesobligations emises pendant le semestre precedent. Mais la remunera-tion du capital cooperatif peut evidemment descendre bien en-dessousde ce plafond et m§me §tre nul pour les mauvaises annees. Aussi, ilest clair que la participation au capital d'une SCOP est beaucoupmoins un placement financier qu'un moyen de renforcer la structurefinanci^re de I'entreprise. Les avantages escomptes se situent essen-tiellement au niveau de la securite d'emploi et de revenu, et dans laparticipation a la gestion.

Bien que la rentabilite des fonds propres ne revete done pas lameme importance dans les entreprises classiques et dans les coopera-tives, elte demeure un critere interessant pour comparer les performan-ces des unes et des autres. En principe, c'est le resultat de I'exerciceavant ou apres impots que Ton rapporte a la valeur des fonds propresfigurant au bilan, et cela afin de tenir compte des charges non decais-sees; les amortissements, les provisions et les reductions de valeur.Pour notre part, nous savons que nous disposons seulement d'unresultat net d'exploitation qui est plutot un resultat net courant avantimpots puisqu'il inclut I'impact des produits financiers en plus de celuides amortissements et des provisions pour pertes et charges.

A I'examen du ratio R16, la rentabilite des fonds propres se revelepresque toujours inferieure dans les SCOR et Tecart est generalementd'autant plus grand que les entreprises sont petites. Une exceptionnotable concerne les grandes cooperatives du batiment ou les fondspropres ont chaque annee une meilleure rentabilite que dans le restedu secteur.

Ces differences s'expliquent avant tout par la rotation des fondspropres qui lie la rentabilite des fonds propres a celle de la valeur pro-duite. En effet, la rotation des fonds propres (ratio R17) est tres large-ment inferieure dans les SCOP, sauf dans la construction au-dela de100 travailleurs.

Conclusions

Pour terminer, essayons de rassembler les principaux elements decette analyse financiere comparee pour transformer la s6rie de traitsesquisses en une image plus nette des 300 cooperatives examinees.

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ANALYSE FINANCIERE COMPAREE 69

En fait, il se degage non pas une mais bien deux images assezcontrastees. Tout d abord, celle des petites cooperatives: elles demar-rent avec tres peu de capital et restent toujours beaucoup plus labo-ristiques que les autres entreprises de meme taille. Malgre cela. dansle secteur du batiment, elles arrivent a une productivite apparente dutravail proche de la moyenne sectorielle et offrent meme des salairesplus eleves. Par contre, le manque de capital fait fortement baisser lavaieur ajoutee par travailleur dans les petites imprimeries cooperati-ves, et les revenus des travailleurs s'en ressentent.

Dans tous les cas. les SCOP de moins de 10 personnes distribuenten salaires une proportion particulierement elevee de la vaieur ajoutee.ce qui reduit tres sensibiement leur rentabilite au sens classique duterme. Mais ce concept n'a evidemment pas la meme importance pourles travailleurs des SCOP qui se paient avant que se degage le resultatd'exploitation. II n'empeche que la faiblesse de celui-ci diminue les pos-sibilites d'investissement et augmente les risques de sous-capitalisa-tion. Le circuit est ainsi boucle et il parait engendrer plus de difficultespour les SCOP dans Timprimerie, ou il faut beaucoup d'argent pours'adapter au progres technique, que dans la construction ou de nom-breux corps de metiers n'ont pas besoin d'un materiel tres lourd.

Ouand elles emploient plus de 10 travailleurs. les SCOP semblentfranchir un seuil dans leur performance economique et une secondeimage prend forme. Certes. elles sont toujours plus laboristlques queleurs homologues capitalistes. Mais cela ne les empeche pas d'etretres souvent plus productives et au moins aussi rentables que ces der-nieres tout en payant mieux leur personnel. C'est que. malgre un chiffred affaires inferieur par personne employee, elles atteignent souventune vaieur ajoutee par tete superieure parce que la charge de leursinputs intermedialres, sans doute Nee au processus de production estproportionnellement moins importante.

Les resultats les plus remarquables sont le fait des cooperativesde taille intermediaire. Aussi, le nombre moyen de travailleurs au seinde celles-ci se situant entre 25 et 40. on pourrait peut-etre suggererqu une taille de cet ordre combine le plus efficacement les avantagesd une gestion participative et d'une propriete collective avec les exi-gences d une economie de concurrence.

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