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Education à l’environnement et au développement durable (EEDD)
Les principes du développement durable
Mai 2006
François-Nicolas Boquet
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Le Développement Durable : un concept nouveau qui suscite des interrogations
Est-il un oxymore ou…une platitude ?
Une utopie ou une pratique ?
Un effet de mode ou une orientation pérenne ?
Pourquoi en parle-t-on autant ?
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Le Développement Durable est un concept internationalné au cours des années 1980 :
il revisite les enjeux de la démographie et de la croissance
MalthusEssai sur le principede la population
1798 Révolutionindustrielle…
…puis 30 glorieuses
1968
Club de Rome
+ rapportMeadows
(1972)
1972
Conf. ONU sur l’envt
de Stockholm+ création
PNUE
1980 1987 1992 2002
Stratégie de préservation
mondiale(PNUE/UICN/WWF)
Notre futurcommun(rapport
Brundtlandpour l’ONU)
Sommetde Rio(ONU)
Sommetde Jo’burg
Rio+10(ONU)
Stopper la croissance
démographique ! Forte croissance économique
Croissanceéconomique
zéro !
DéveloppementDurable !
Forte croissance démographique
Fortes perturbations sur l’environnement (ressources/pollution)
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La définition du rapport de Mme Brundtlanddans son rapport de 1987 : « Notre futur commun »
C’est un développement qui répond aux besoins
du présent sans compromettre
la capacité des générations futures de répondre aux leurs.
1/Agir sur le long terme pour la survie de l’humanité2/ Rechercher une meilleure équité
3/ Modifier nos modes de production pour ne pas détruire le capital naturel
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La reprise de certains constats déjà formulésnotamment par le Club de Rome
La croissance économique infinie fondée sur l’utilisation de ressources finies et épuisables, n’est pas durable
La croissance démographique et son accélération récente = un risque accru de pression sur l’environnement
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La nouveauté apportée par le Développement Durablepar rapport au club de Rome
Ne pas stopper la croissance économique car elle seule permet l’amélioration des conditions de vie
– Parvenir une croissance économique élevée dans les pays en développement
– Découpler la croissance économique de l’utilisation des ressources épuisables dans les pays développés
– Investir les gains issus de l’activité économique dans l’innovation
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Le rapport Brundtland précise les 3 piliers sur lesquels se fonde le développement durable
Il s’agit d’essayer de trouver des actions« gagnant/gagnant/gagnant » ! Mission impossible ?
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Un exemple : les enjeux des émissions de gaz à effet de serre
Les menaces– Sur l’environnement
• Modification de la composition atmosphérique entraînant une élévation du niveau des mers et des changements climatiques importants + modification des écosystèmes
– Sur l’économie • Risques accrus en matière d’assurance• Risques de banqueroutes
– Sur le social/sociétal• Risques de santé publique directs et indirects• Risques de perte d’emplois• Accroissement des flux migratoires
Les pistes d’évolution débattues– Réduire le niveau de production sans modifier les technologies actuelles ?– Découpler l’économie à l’égard des ressources d’énergie fossile avec les technologies
nouvelles déjà identifiées ? avec de nouvelles technologies à découvrir ?
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Quelques analogies thermodynamiquesfréquemment utilisées (1/3)
La notion de système
Le développement durable est fondé sur l’analyse des effets systémiques et notamment des effets de boucles
Ressources
Exemple
Transfor-mation
Utilisationhumaine
Polluants /Déchets
Impact sur la santé humaineRisques
de contamination
Ensemble d’éléments en interaction et formant un tout.
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Quelques analogies thermodynamiquesfréquemment utilisées (2/3)
Le 2ème principe de la thermodynamique (définition simplifiée)
Lors d’une transformation d’un système, l’entropie augmente
l’entropie peut également être assimilée à un niveau d’organisation, ce qui donne :
A toute action d’organisation correspond corrélativement une désorganisation plus grande
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Quelques analogies thermodynamiquesfréquemment utilisées (3/3)
Le 2ème principe de la thermodynamique (suite)
=> un exemple : le maintien de l’intégrité du corps humain– Action d’organisation : utilisation des ressources pour respirer
se nourrir, se soigner etc… de façon à se maintenir en vie
– Action de désorganisation : dégradation des substances et produits utilisées
Idée clé : il ne s’agit pas de vivre dans l’illusion d’actions qui ne seraient que créatrices d’organisation,
mais d’identifier des actions choisies en connaissance de causedes désorganisations qu’elles créent.
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Revenons à la définition du rapport Bruntdlandet aux questions qu’elle pose…
C’est un développement qui répond aux besoins
du présent sans compromettre
la capacité des générations futures de répondre aux leurs.
Selon vous, quelles sont les questions poséespar cette définition compte tenu
de votre profession ?
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Au moins trois questions majeures sont posées par cette définition
Les besoins du présent sont les besoins de qui ?– L’orientation du rapport : vers une meilleure équité entre les
être humains quel que soit leur territoire d’origine
Quel est l’horizon de temps correspondant au futur ?– Pas d’horizon précis
Et surtout : qui se charge de définir les besoins des générations futures ?– Idée que c’est la génération actuelle qui doit faire ses meilleurs
efforts pour y parvenir…
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Les parties prenantes : de nouveaux porte-paroles des générations futures
Les cycles courts des gouvernements / parlements (env. 5 ans) sont peu adaptés pour la prise en compte du long terme en raison des enjeux électoraux
Les finances publiques ne permettent pas toujours de débloquer des moyens suffisants
=>Emergence de parties prenantes présentant un certain niveau d’expertise, stable dans le temps et parfois aussi, des moyens d’actions
Quelques exemples : organisations non gouvernementales (locales,nationales, internationales), experts scientifiques, syndicats,
organismes consultatifs nationaux, entreprises, sociétés de cotation…
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Le développement durable : un concept rassembleur pour débattre du futur…
Le développement durable ne postule pas de contradictions entre : économie, social et environnement
Il concerne des sujets complexes, systémiques, impliquant beaucoup d’acteurs
Il encourage la solidarité entre les générations et entre les territoires
Le développement durable favorise la création de lieux de débats pour créer une indispensable intelligence collective des problèmes,
voire pour partager une vision à long terme
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…mais qui ne permet pas de résoudre tous les problèmes par enchantement !
Lorsqu’il faut passer du diagnostic et de la vision commune de long terme (quand elle a pu s’établir) au plan d’action concret :
– Les conflits d’intérêts et les enjeux de pouvoir de court terme persistent
– Les moyens suffisants ne sont pas toujours mis sur la table
– Les problèmes restent complexes et le niveau de connaissance reste parfois incomplet
– Les parties prenantes ont souvent du mal à passer du diagnostic à l’action
Le développement durable implique nécessairement la négociationet un véritable effort de mise en œuvre (ce qui est difficile !)
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Le cadre international de l’ONU joue un rôle primordialpour favoriser la négociation
1972 : naissance du programme des Nations-Unies pour l’environnement
1992 : Sommet de Rio– Lancement des conventions sur :
• Le changement climatique
• La biodiversité
• La désertification
– Instauration d’une commission développement durable de l’ONU pour suivre la mise en œuvre de l’Agenda 21
1997 :– signature du protocole de Kyoto sur le changement climatique
(objectifs quantifiés)
– Lancement du Global Reporting Initiative (GRI) avec le soutien du PNUE
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Le cadre international de l’ONU joue un rôle primordialpour favoriser la négociation
2000 : Initiatives « Objectifs du Millénaire » + « Global Compact » du secrétaire général de l’ONU
2002 : Sommet « Rio+10 » à Johannesburg centré sur le développement durable et les partenariats public / privé
2005 : entrée en vigueur du Protocole de Kyoto (période 2008-2012)
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Zoom sur les 10 principes du Global Compact de l’ONU(engagement volontaire des entreprises)
Droits de l’homme
1.Respect et promotion des droits de l’homme2. Pas de complicité vis-à-visdes violations des droits de l’homme
Droits du travail
3.Liberté d’association et droit à lanégociation collective4.Elimination du travail forcé5. Abolition du travail des enfants6. Elimination des discriminationsdans l’emploi et la profession
Environnement
7. Approche de précaution8. Initiatives pour promouvoir uneplus grande responsabilité environnementale9. Mise au point et diffusion detechnologies respectueuses del’environnement
Lutte contre la corruption
10. Lutte contre la corruption soustoutes ses formes, y comprisl’extorsion de fonds et les pots-de-vin
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L’Union européenne veut se montrer en pointesur les questions de développement durable
1986 : l’acte unique européen fonde la politique communautaire sociale et celle de l’environnement (intégration dans le traité de la communauté européenne)
1997 : intégration du développement durable dans le traité d’Amsterdam au titre des objectifs de l’Union européenne => parvenir à un développement équilibré et durable
1998 : Conseil européen de Cardiff => intégration de l’environnement dans les politiques sectorielles
2001 : Stratégie européenne de développement durable 2002 : livre vert sur la responsabilité sociale des entreprises 2005 : Mise en œuvre du système de quotas d’émissions de
gaz à effet de serre anticipant la contrainte de Kyoto
80 % de la législation environnementale en France est d’origine communautaire
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Zoom sur les 4 priorités de la stratégie communautairedu développement durable de 2001
Changement climatique
>Respecter l’objectif de Kyoto de l’UE(-8 % émissions GES en 2010/1990)> Production d’électricité en 2010assurée à 22 % par sources d’énergiesrenouvelables
Transports écologiquement viables
>Investir dans les infrastructures dechemins de fer, voies navigables…>Mieux refléter le coût des transports
Limiter les risques contre la santé publique
>Mise en œuvre de la réglementationsur les produits chimiques (REACH)>Plan d’actions sur les maladiesinfectieuses + résistance auxantibiotiques>Mise en place d’un réseau européen de veille sanitaire
Gérer les ressources de façonresponsable
>Réorienter la PAC vers plusde durabilité>Réexaminer les pressions liéesà la pêche>Arrêter l’érosion de biodiversitéen 2010
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En France, l’Etat ne s’intéresse vraiment au développement durable de façon institutionnelle que depuis 2002
1971 : création du Ministère de l’environnement 1993 : création de la Commission française pour le développement durable
(organe consultatif rattachée au Premier Ministre) 2001 : Loi NRE => obligation d’informations sociales et environnementales dans
les rapports annuels des sociétés cotées 2002 : transformation en Ministère de l’Ecologie et du Développement Durable
– Le secrétariat d’Etat au développement durable rattaché en 2002, est transformé en Délégation Interministérielle au Développement Durable en 2004
2003 : formalisation d’une stratégie nationale du développement durable– Adoptée par un Comité interministériel du Développement Durable, créé en 2003– A partir des observations du Conseil National du Développement Durable
• nouvel organe consultatif rattaché auprès du Premier Ministre, créé en 2003• Représenté par 85 représentants de la société civile
2004 : proposition d’indicateurs de développement durable + Plan santé-environnement
2005 : adoption de la Charte de l’Environnement
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Zoom sur les thèmes abordés par la stratégie nationaledu développement durable de 2003
Dimension sociale et sanitaire du développement durable Citoyen, moteur du développement durable Activités économiques, entreprises et consommateurs Changement climatique et énergie Transport Agriculture et pêche Prévention des risques, des pollutions et des autres atteintes à
la santé et à l’environnement Vers un Etat exemplaire (Achats publics) Action internationale (ONUE ?)
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Avis personnel sur l’apport du développement durable (1/2)
Un concept rassembleur pour s’écouter, débattre et créer une valeur collective
Ce concept introduit de la transversalité et bouscule les spécialités « métiers » qui ont l’habitude de travailler de façon autonome
Besoin de surmonter les réticences à travailler à plusieurs en raison du sentiment de se faire déposséder de son expertise / de sa propriété intellectuelle => valoriser l’apport de chacun pour la meilleure compréhension de l’ensemble
Un concept qui ne suffit pas à lui seul pour prendre des décisions => alterner l’approche systémique (plus proche de la compréhension) et
l’approche analytique pour passer du concept à l’action=> besoin d’une personne compétente, légitime et ouverte pour accompagner
ce processus
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Avis personnel sur l’apport du développement durable (2/2)
La transversalité est une nécessité pour progresser dans le sens du développement durable
Or, en France et notamment au sein des pouvoirs publics: elle n’est pas toujours habituelle, elle n’est pas valorisée et il y a peu de moyens pour la développer
L’approche du développement durable nécessite un effort général de pédagogie pour répondre aux demandes de cohérence et de compréhension globale et pour donner du sens à l’action
COMPRENDRE > TOUT PRENDREINTELLIGENCE > ETABLIR DES LIENS ENTRE
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Merci de votre attention !
François-Nicolas Boquet
Directeur Environnement
Association française des entreprises privées
Membre du Conseil National du Développement Durable
Coordonnées :
01 43 59 71 38