UNIVERSITÉ de CAEN
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FACULTÉ de MÉDECINE
Année 2017
THÈSE POUR L’OBTENTION
DU GRADE DE DOCTEUR EN MÉDECINE
Présentée et soutenue publiquement le : 25 septembre 2017
par
Madame Hélène ROUZET épouse BENTH
Née le 29 mars 1987 à Tours (Indre et Loire)
:
RESSENTI DES ENFANTS DE MÉDECINS CONCERNANT
LEUR PRISE EN CHARGE MÉDICALE
Étude qualitative par entretiens semi-dirigés menés auprès
d’enfants âgés de 6 à 18 ans de médecins généralistes et spécialistes
Président : Monsieur le Professeur Emmanuel BABIN
Membres : Monsieur le Professeur Jacques BROUARD
Monsieur le Professeur Xavier LE COUTOUR
Monsieur le Docteur Lionel CAPDEPON
Directeur de thèse : Docteur Lionel CAPDEPON
UNI VE RSIT É DE CAE N · NORMANDI E
UFR DE SANTÉ – FACULTÉ DE
M ÉDECINE
Année Universitaire 2016/2017
Doyen
Professeur Emmanuel TOUZÉ
Vice-Doyen
Professeur Boris BIENVENU
Assesseur
Professeur Guy LAUNOY
Professeur Christian MARCELLI
Responsable administrative
Madame Sarah CHEMTOB
PROFESSEURS DES UNIVERSITÉS - PRATICIENS HOSPITALIERS
M. AGOSTINI Denis Biophysique et médecine nucléaire
M. AIDE Nicolas Biophysique et médecine nucléaire
M. ALLOUCHE Stéphane Biochimie et biologie moléculaire
M. ALVES Arnaud Chirurgie digestive
M. BABIN Emmanuel Oto-Rhino-Laryngologie
M. BÉNATEAU Hervé Chirurgie maxillo-faciale et stomatologie
M. BERGER Ludovic Chirurgie vasculaire
M. BERGOT Emmanuel Pneumologie
M. BIBEAU Frédéric Anatomie et cytologie pathologique
M. BIENVENU Boris Médecine interne
Mme BRAZO Perrine Psychiatrie d’adultes
M. BROUARD Jacques Pédiatrie
M. BUSTANY Pierre Pharmacologie
Mme CHAPON Françoise Histologie, Embryologie
Mme CLIN-GODARD Bénédicte Médecine et santé au travail
M. COQUEREL Antoine Pharmacologie
M. DAO Manh Thông Hépatologie-Gastro-Entérologie
M. DAMAJ Ghandi Laurent Hématologie
M. DEFER Gilles Neurologie
M. DELAMILLIEURE Pascal Psychiatrie d’adultes
M. DENISE Pierre Physiologie
M. DERLON Jean-Michel Éméritat jusqu’au 31/08/2018 Neurochirurgie
Mme DOLLFUS Sonia Psychiatrie d'adultes
M. DREYFUS Michel Gynécologie - Obstétrique
M. DU CHEYRON Damien Réanimation médicale
M. DUHAMEL Jean-François Éméritat jusqu’au 31/08/2018 Pédiatrie
Mme ÉMERY Évelyne Neurochirurgie
M. ESMAIL-BEYGUI Farzin Cardiologie
Mme FAUVET Raffaèle Gynécologie - Obstétrique
Mme GALATEAU-SALLÉ Françoise Anatomie et cytologie pathologique
M. GÉRARD Jean-Louis Anesthésiologie et réanimation
M. GUILLOIS Bernard Pédiatrie
Mme GUITTET-BAUD Lydia Épidémiologie, économie de la santé et prévention
M. HABRAND Jean-Louis Cancérologie option Radiothérapie
M. HAMON Martial Cardiologie
Mme HAMON Michèle Radiologie et imagerie médicale
M. HANOUZ Jean-Luc Anesthésiologie et réanimation
M. HÉRON Jean-François Éméritat jusqu’au 31/08/2018 Cancérologie
M. HULET Christophe Chirurgie orthopédique et traumatologique
M. HURAULT de LIGNY Bruno surnombre jusqu’au 31/01/2017 Néphrologie
M. ICARD Philippe Chirurgie thoracique et cardio-vasculaire
Mme JOLY-LOBBEDEZ Florence Cancérologie
Mme KOTTLER Marie-Laure Biochimie et biologie moléculaire
M. LAUNOY Guy Épidémiologie, économie de la santé et prévention
M. LE COUTOUR Xavier Épidémiologie, économie de la santé et prévention
Mme LE MAUFF Brigitte Immunologie
M. LEPORRIER Michel Éméritat jusqu’au 31/08/2017 Hématologie
M. LEROY François Rééducation fonctionnelle
M. LOBBEDEZ Thierry Néphrologie
M. MANRIQUE Alain Biophysique et médecine nucléaire
M. MARCÉLLI Christian Rhumatologie
M. MAUREL Jean Chirurgie générale
M. MILLIEZ Paul Cardiologie
M. MOREAU Sylvain Anatomie/Oto-Rhino-Laryngologie
M. MOUTEL Grégoire Médecine légale et droit de la santé
M. NORMAND Hervé Physiologie
M. PARIENTI Jean-Jacques Biostatistiques, info. médicale et tech. de communication
M. PELAGE Jean-Pierre Radiologie et imagerie médicale
Mme PIQUET Marie-Astrid Nutrition
M. RAVASSE Philippe Chirurgie infantile
M. REZNIK Yves Endocrinologie
M. ROUPIE Éric Thérapeutique
M. TOUZÉ Emmanuel Neurologie
M. TROUSSARD Xavier Hématologie
Mme VABRET Astrid Bactériologie - Virologie
M. VERDON Renaud Maladies infectieuses
Mme VERNEUIL Laurence Dermatologie
M. VIADER Fausto Neurologie
M. VIVIEN Denis Biologie cellulaire
Mme ZALCMAN Emmanuèle Anatomie et cytologie pathologique
PROFESSEUR DES UNIVERSITÉS
M. LUET Jacques Éméritat jusqu’au 31/08/2018 Médecine générale
PROFESSEUR ASSOCIÉ DES UNIVERSITÉS À TEMPS PLEIN
M. VABRET François Addictologie
PROFESSEURS ASSOCIÉS DES UNIVERSITÉS À MI-TEMPS
M. de la SAYETTE Vincent Neurologie
Mme DOMPMARTIN-BLANCHÈRE Anne Dermatologie
Mme LESCURE Pascale Gériatrie et biologie du vieillissement
M. SABATIER Rémi Cardiologie
PRCE
Mme LELEU Solveig Anglais
UNI VE RSIT É DE CAE N · NORMANDI E
UFR DE SANTÉ – FACULTÉ DE
M ÉDECINE
Année Universitaire 2016/2017
Doyen
Professeur Emmanuel TOUZÉ
Vice-Doyen
Professeur Boris BIENVENU
Assesseur
Professeur Guy LAUNOY
Professeur Christian MARCELLI
Responsable administrative
Madame Sarah CHEMTOB
MAITRES DE CONFÉRENCES DES UNIVERSITÉS - PRATICIENS
HOSPITALIERS
M. AOUBA Achille Médecine interne
Mme BENHAÏM Annie Biologie cellulaire
M. BENOIST Guillaume Gynécologie - Obstétrique
M. BESNARD Stéphane Physiologie
Mme BONHOMME Julie Parasitologie et mycologie
M. BOUVIER Nicolas Néphrologie
M. COULBAULT Laurent Biochimie et Biologie moléculaire
M. CREVEUIL Christian Biostatistiques, info. médicale et tech. de communication
Mme DEBRUYNE Danièle Éméritat jusqu’au 31/08/2019 Pharmacologie fondamentale
Mme DERLON-BOREL Annie Hématologie
Mme DINA Julia Bactériologie - Virologie
M. ÉTARD Olivier Physiologie
M. GABEREL Thomas Neurochirurgie
M. GRUCHY Nicolas Génétique
M. GUÉNOLÉ Fabian Pédopsychiatrie
M. HITIER Martin Anatomie - ORL Chirurgie Cervico-faciale
M. LANDEMORE Gérard Histologie, embryologie, cytogénétique
M. LEGALLOIS Damien Cardiologie
Mme LELONG-BOULOUARD Véronique Pharmacologie fondamentale
Mme LEPORRIER Nathalie Éméritat jusqu’au 31/10/2017 Génétique
Mme LEVALLET Guénaëlle Cytologie et Histologie
M. LUBRANO Jean Chirurgie générale
M. MITTRE Hervé Biologie cellulaire
M. REPESSÉ Yohann Hématologie
M. SESBOÜÉ Bruno Physiologie
M. TILLOU Xavier Urologie
M. TOUTIRAIS Olivier Immunologie
MAITRES DE CONFÉRENCES ASSOCIÉS DES UNIVERSITÉS À MI-TEMPS
Mme ABBATE-LERAY Pascale Médecine générale
M. COUETTE Pierre-André Médecine générale
M. GRUJARD Philippe Médecine générale
M. LE BAS François Médecine générale
M. SAINMONT Nicolas Médecine générale
REMERCIEMENTS
Aux membres de mon jury
Monsieur le Professeur Emmanuel BABIN,
Professeur des universités, Chirurgien maxillo-facial, spécialisé en oto-rhino-laryngologie et chirurgie
cervico-faciale, Praticien Hospitalier, Chef de service et Chef de pôle au CHU de Caen.
Vous me faites l’honneur de présider ce jury. Merci de l’intérêt que vous avez manifesté pour
mon sujet, de votre disponibilité et de votre implication tout au long de ce travail. Veuillez
trouver ici l’expression de toute ma reconnaissance et de mon profond respect.
Monsieur le Professeur Jacques BROUARD,
Professeur des universités, Pédiatre, Praticien Hospitalier et Chef de service au CHU de Caen.
Je vous remercie d’avoir accepté si promptement de juger ce travail sans me connaître. Soyez
assuré de toute mon estime.
Monsieur le Professeur Xavier LE COUTOUR,
Professeur des universités, Praticien Hospitalier et Chef de service d’hygiène hospitalière au CHU de Caen.
Je vous remercie d’avoir accepté de prendre part au jury de cette thèse et de vous être intéressé
à mon travail. Veuillez recevoir ma respectueuse considération.
Monsieur le Docteur Lionel CAPDEPON,
Médecin généraliste à Colombelles
Merci infiniment d’avoir accepté la direction de cette thèse. Merci d’avoir cru en moi et de
m’avoir laissé carte blanche pour mener à bien ce projet qui me tenait tant à cœur. Sans toi, ces
années de recherche n’auraient pu aboutir. Reçois mon amitié et toute ma gratitude.
À ceux qui ont contribué à l’élaboration et à la soutenance de cette thèse
À tous les enfants de mon étude et à leurs parents,
Un grand merci à vous, parents, qui avez accepté de m’accueillir au sein de vos foyers, et surtout
à vous, enfants de médecins, qui avez répondu avec autant d’enthousiasme et de sincérité à mes
questions. J’ai pris beaucoup de plaisir à vous rencontrer. Merci de m’avoir consacré votre
temps, ce travail n’aurait pas vu le jour sans vous. J’espère avoir été fidèle à votre ressenti.
À Michaël,
Je te remercie pour toute l’aide que tu as pu m’apporter au cours de l’élaboration de ce travail.
À Pauline,
Un grand merci pour tout le temps passé à la réalisation des graphiques, à la correction et à la
mise en page de ma thèse. Saranghae
À mes enfants,
Merci de m’avoir inspiré ce sujet. Merci à toi, Mathieu, d’avoir été le premier participant de
cette enquête et de m’avoir aidé à retranscrire ton interview. Merci à toi, Émilie, d’avoir
participé, à ta façon, au coloriage… pardon… au codage de mes entretiens.
À mes parents,
Je vous remercie de votre disponibilité et de votre aide pour l’organisation de ma journée de
soutenance.
À tous ceux qui me font le plaisir d’assister à ma soutenance,
Je vous suis reconnaissante d’avoir pris le temps d’être auprès de moi en ce jour singulier.
À ceux qui ont influencé mon parcours
Aux Professeurs et Docteurs en Médecine qui ont marqué mon cursus universitaire,
Professeur Muriel Rainfray (Chef de Pôle Gérontologique – CHU de Bordeaux)
Docteur Laurent Lion (Chef de Service de Gastro-entérologie et Hépatologie – CH de Vire)
Docteur Thierry Maugard (Chef de Service de Pédiatrie – CH de Cherbourg)
Docteurs Anne-Gaëlle Ameline, Anne-Sophie Bourguignon et Marianne Hamon (Praticiens
Hospitaliers – CH d’Aunay-sur-Odon)
Docteurs Éliane Cendrier (Médecin Généraliste à Caen) et David Ménard (Médecin Généraliste à
Ryes)
Docteurs Étienne Gaillard, Christian Delamare et Jean-Yves Blanche (Médecins Généralistes à
La-Rivière-Saint-Sauveur)
Merci pour vos précieux enseignements qui ont, en partie, façonné le médecin que je suis
devenue.
Aux Médecins Généralistes dont j’ai eu le privilège de croiser le chemin,
Docteurs Martine Lamoulie Dorbessan et Gérard Mirieu De Labarre (Médecins Généralistes à
Villenave d’Ornon)
Docteur François Cauchard (Médecin Généraliste à Saint-Pierre-sur-Dives)
Docteurs Florence Capdepon, Jeanne Boutemy et Thomas Zengerlé (Médecins Généralistes à Ifs)
Docteur Stéphane Caillet (Médecin Généraliste à Ouistreham)
Docteurs Anne-Sophie Bouyer, Estelle Chaillou, Bernard Seguin (Médecins Généralistes à
Champtoceaux)
Je suis reconnaissante d’avoir pu évoluer à vos côtés. J’ai pour vous une très grande affection
et une sincère admiration.
À tous ceux que je n’ai pas cités,
Médecins, externes, internes et équipes soignantes, merci à celles et ceux qui m’ont aidé et
soutenu.
À mes proches
À mes loulous, Mathieu et Émilie
À vous qui êtes à l’origine de cette thèse, à vous qui me procurez tant de bonheur jour après
jour. Que ce soit en tant que mère poule que je suis, ou en tant que médecin consciencieuse que
je m’efforce d’être, je veillerai sur vous tout au long de votre vie et ferai en sorte qu’elle soit la
plus douce et la plus belle possible. Je vous aime infiniment.
À Michaël,
À celui qui partage ma vie depuis quinze ans et dont j’ai le privilège d’être l’épouse.
Tu as enduré auprès de moi ces longues années d’études, ces innombrables heures de recherche
et mes interminables journées de travail. Tu es toujours là pour moi. À mon tour, je veux prendre
soin de toi et faire en sorte que tu ne regrettes jamais de vieillir à mes côtés. Je t’aime plus que
je ne saurais te le dire.
À Mamounette et Papounet,
Merci de m’avoir supportée ces trente dernières années, merci d’avoir toujours été là pour moi,
merci de m’avoir toujours fait confiance. Merci d’être mes parents. Je vous aime.
À Sophie, Thibaud et Pauline,
Sœurette, frérot et jumelette, je vous adore. Faisons en sorte de toujours rester aussi proches.
À mamie Ginette, papy Géno, tatie Marie-Chantal et tonton Patrick,
À vous qui me faites le grand plaisir d’assister à ma soutenance, et à ceux qui la regardent de
plus haut. Vous avez une place privilégiée dans mon cœur, j’espère vous rendre fiers de moi.
À mes beaux-parents, à tous mes beaux-frères et belles-sœurs, à mes non moins nombreux
neveux et nièces, à ma filleule, et à tout le reste de ma famille,
Merci de votre soutien et de votre compréhension pendant ces longues années. Je suis heureuse
que vous fassiez partie de ma vie. J’espère, dorénavant, pouvoir passer plus de temps auprès de
vous.
À mes précieuses amies, Keyla, Pauline, Bénédicte et Dorothée,
À toutes ces heures passées sur les bancs de la faculté, à ces moments, parfois difficiles où nous
nous sommes serrées les coudes en stages, et, surtout, à nos prochaines rencontres qui, je
l’espère, seront plus fréquentes. Vous me manquez.
Et pour finir, à tous ceux qui auront le courage de lire cette thèse.
J’espère humblement que cette étude, fruit de quatre années de réflexion, d’enquête et de
rédaction, pourra vous éclairer sur le soin aux proches, mais surtout sur le vécu de nos enfants.
Puisse cette thèse susciter de la curiosité auprès de ceux qui ne se seraient pas encore interrogés
sur ces problématiques, et faire cheminer les autres dans leurs incertitudes.
ABRÉVIATIONS
▪ AMA: American Medical Association
▪ BMA : British Medical Association
▪ CH : Centre Hospitalier
▪ CHU : Centre Hospitalier Universitaire
▪ CIL : Correspondant Informatique et Liberté
▪ CP : Cours Préparatoire
▪ CSP : Code de Santé publique
▪ DR : Docteur
▪ PMI : Protection Maternelle et Infantile
TABLEAUX ET FIGURES
Tableau 1 : Spécialité et exercice des parents médecins .......................................................... 51
Tableau 2 : Critères déterminant le choix entre les parents ..................................................... 66
Tableau 3 : Critères déterminant le choix entre parent médecin et médecin extérieur ............ 67
Tableau 4 : Avantages liés au parent médecin ......................................................................... 98
Tableau 5 : Avantages liés au médecin extérieur ................................................................... 100
Tableau 6 : Inconvénients liés au parent médecin .................................................................. 102
Tableau 7 : Inconvénients liés au médecin extérieur ............................................................. 103
Tableau 8 : Comparaison des évaluations des parents médecins avec les notes attribuées par
leurs enfants ............................................................................................................................ 114
Figure 1 : Âge et sexe des enfants interrogés ........................................................................... 49
Figure 2 : Profession des parents .............................................................................................. 50
Figure 3 : Médecins parmi les parents...................................................................................... 50
Figure 4 : Département de résidence des familles interrogées ................................................. 53
Figure 5 : Médecins principaux et secondaires des enfants ..................................................... 54
Figure 6 : Répartition de la prise en charge médicale de l'enfant selon les enfants et selon leur
parent ........................................................................................................................................ 55
Figure 7 : Degré de prise en charge de l'enfant selon la spécialité du parent ........................... 57
Figure 8 : Proportions d'enfants pris en charge par le parent en fonction de son sexe ............ 59
Figure 9 : Nombre d'enfants pris en charge par le médecin parent ou le médecin tiers en
fonction de leur âge .................................................................................................................. 60
Figure 10 : Durée des entretiens en fonction de l'âge des enfants ............................................ 63
Figure 11 : Médecin(s) préféré(s) par l'enfant .......................................................................... 70
Figure 12 : Médecins prenant en charge la traumatologie ....................................................... 75
Figure 13 : Médecins réalisant les vaccins ............................................................................... 78
Figure 14 : Lieux d'examen de l’enfant par le parent médecin ................................................ 85
Figure 15 : Perception du parent médecin par l'enfant ............................................................. 90
Figure 16 : Avantages et inconvénients relatifs aux médecins parents et aux médecins extérieurs
.................................................................................................................................................. 96
Figure 17 : Évaluation de leur prise en charge par les participants ........................................ 104
Figure 18 : Notes attribuées par les enfants selon leur type de prise en charge médicale ..... 112
Figure 19 : Notes attribuées par les enfants en fonction de leur âge ...................................... 114
SOMMAIRE
REMERCIEMENTS ....................................................................................................................
ABRÉVIATIONS ........................................................................................................................
TABLEAUX ET FIGURES .........................................................................................................
SOMMAIRE ................................................................................................................................
INTRODUCTION ...................................................................................................................... 1
1. Propos introductifs ............................................................................................................. 1
2. État des lieux des encadrements législatifs et éthiques ...................................................... 3
3. État des lieux des vécus et pratiques à travers la littérature ............................................... 9
4. État des lieux des recommandations dans la littérature .................................................... 26
5. Objectifs de l’étude .......................................................................................................... 30
MATÉRIELS ET MÉTHODES ............................................................................................... 31
1. Choix du type d’étude ...................................................................................................... 31
2. Population étudiée ............................................................................................................ 35
3. Grille d’entretien .............................................................................................................. 40
4. Recueil des données ......................................................................................................... 43
5. Traitement des données .................................................................................................... 45
RÉSULTATS ET ANALYSE .................................................................................................. 47
1. Recrutement des participants ........................................................................................... 47
2. Description de la population étudiée ................................................................................ 48
3. Description des entretiens réalisés ................................................................................... 62
4. Résultats d’enquête .......................................................................................................... 65
DISCUSSION ........................................................................................................................ 117
1. Analyse critique du choix du sujet ................................................................................. 117
2. Analyse critique de la méthode ...................................................................................... 119
3. Analyse critique des résultats de l’étude, confrontés aux données de la littérature ....... 124
CONCLUSION ...................................................................................................................... 143
BIBLIOGRAPHIE ................................................................................................................. 147
ANNEXES ............................................................................................................................. 157
ANNEXE 1 : Le Serment d’Hippocrate ............................................................................. 157
ANNEXE 2 : Base pédagogique (Dautel et Jeanne) .......................................................... 158
ANNEXE 3 : Questionnaire préalable ............................................................................... 159
ANNEXE 4 : Guide d’entretien ......................................................................................... 160
ANNEXE 5 : Entretien test codé ........................................................................................ 162
ANNEXE 6 : Grille d’analyse ............................................................................................ 169
ANNEXE 7 : Sollicitation des médecins par email ........................................................... 170
ANNEXE 8 : Formulaire de consentement ........................................................................ 171
ANNEXE 9 : Fiche de traitement ...................................................................................... 172
ANNEXE 10 : Table des matières ..................................................................................... 175
1
INTRODUCTION
1. Propos introductifs
Ma fille tousse et a de la fièvre, nous sommes samedi soir : vais-je, en tant que médecin
généraliste remplaçante, l’examiner à mon domicile, ou vais-je, en tant que maman souhaitant
conserver ce seul statut, attendre lundi pour prendre rendez-vous avec son médecin habituel ?
Voilà la question que je me pose à chaque fois que l’un de mes enfants est malade.
Ce dilemme de soigner ou non son enfant, chaque médecin y est forcément confronté.
Ne sachant quelle attitude adopter, je me suis, dès la naissance de mon ainé, intéressée au
positionnement de mes confrères vis-à-vis du suivi et de la gestion des pathologies de leurs
enfants.
On retrouve de nombreux articles relatifs aux soins des proches. Une revue de la littérature
menée par M. BEGUIN (1) en 2013 met en évidence que 76 à 99 % des médecins ont déjà
soigné un proche, bien qu’il soit communément admis, en particulier dans la littérature
étrangère, qu’il est préférable d’éviter de le faire (2–6).
Les études sont plus succinctes en ce qui concerne la prise en charge de ses propres enfants. La
quasi-totalité des médecins généralistes les aurait déjà soignés (7,8), dont 60 à 70 %
exclusivement (9,10). Les travaux de thèses sur ce sujet sont récents et principalement soutenus
par des femmes. Peut-on supposer que la féminisation de la profession soit à l’origine de ces
nouvelles considérations ?
Dans tous les cas, le fait de ne pas s’impliquer dans le suivi médical de ses propres enfants ne
semble pas aussi évident que celui de ne pas soigner un autre membre de sa famille. Pourquoi
l’enfant n’est-il pas un proche comme les autres ?
Dans le cas de proches majeurs, il revient au patient de choisir son médecin et donc de se tourner
vers son parent ou vers un tiers. Le mineur, lui, n’a pas cette liberté avant ses 16 ans (11). Que
l’on soit médecin ou non, c’est à nous, parents, en tant que représentants légaux, de prendre les
décisions, y compris médicales, relatives à nos enfants.
2
Par ailleurs, la question du choix du médecin concerne chaque parent, médecin ou non,
notamment quand il s’agit de s’orienter vers un médecin généraliste ou vers un pédiatre.
Lorsqu’il s’agit d’une famille composée d’un, voire de deux parent(s) médecin(s), la situation
est plus complexe puisqu’il s’y rajoute la décision de s’impliquer, ou pas, dans la prise en charge
médicale de l’enfant.
Jusqu’à présent, la majorité des thèses se sont penchées sur les motivations ayant amené les
médecins à soigner ou non leurs enfants (9,12–17).
L’impact de ce choix sur la prise en charge médicale a été récemment évoqué. Ainsi, un
changement d’attitude du médecin consulté était mis en évidence lors du témoignage de parents
médecins (12) et tout dernièrement lors d’entretiens directs avec leurs confrères sollicités (18).
Parallèlement, les praticiens reconnaissent manquer d’objectivité lorsqu’il s’agit de leurs
enfants (12, 16, 17, 19–21) et interférer lors de la prise en charge de leur enfant par un tiers (2,
12, 14, 16, 20, 22), ce que confirmaient les médecins consultants (18).
Ces différences de pratiques, liées au statut d’enfant de médecin, modifient-elles réellement le
suivi médical ? Deux doctorantes se sont attachées à évaluer la qualité du suivi médical des
enfants de médecins : l’une d’elles s’est entretenue avec les conjoints de médecins sur les soins
accordés à leurs enfants (10). L’autre a interrogé les médecins généralistes et pédiatres soignant
les enfants de médecins (18). Elles concluent toutes deux l’absence de différence significative
dans le suivi global de ces enfants.
Néanmoins, les travaux récents soulignent que l’avis des principaux intéressés n’a que très peu
été étudié (10, 12, 17, 18, 23). En effet, quelques thèses ont cherché à connaître le ressenti des
proches (23–26), et notamment des conjoints (10,13), concernant leur prise en charge et celle
de leurs enfants par leur proche médecin. Les avantages et les inconvénients relayés par ces
derniers sont finalement assez superposables à ceux rapportés par les médecins eux-mêmes.
Toutefois, il s’agit, de nouveau, d’un avis extérieur pouvant ne pas correspondre à celui des
enfants de médecin.
Aussi, puisqu’il est finalement difficile de savoir si nous faisons ou non le bon choix en soignant
ou en ne soignant pas nos enfants, nous avons décidé de leur poser directement la question,
avec l’objectif suivant : étudier le ressenti des enfants de médecins concernant leur prise en
charge médicale actuelle.
3
2. État des lieux des encadrements législatifs et
éthiques
2.1. Encadrement législatif du soin aux proches
2.1.1. Encadrement législatif en France
2.1.1.1. Code de Santé publique
L’article R4127-7 (27) est peu explicite, mettant simplement en avant le fait que le médecin
doit soigner tout patient indépendamment de sa situation « le médecin doit écouter, examiner,
conseiller ou soigner avec la même conscience toutes les personnes quels que soient leur
origine, leurs mœurs et leur situation de famille (…) ou les sentiments qu’il peut éprouver à
leur égard ».
2.1.1.2. Code de Sécurité Sociale
Contrairement à certains organismes de santé américains (comme le régime d'assurance-santé
de l'Ontario (28) qui ne permet pas de facturer le traitement de la famille immédiate), le Code
de Sécurité Sociale rembourse de la même façon tous les patients, qu’ils soient traités ou non
par un médecin avec lequel ils auraient un lien de parenté. Un parent médecin peut, quelle que
soit sa spécialité, être le médecin traitant de sa famille. « Le médecin traitant choisi peut être
un généraliste ou un spécialiste. Il peut être un médecin hospitalier » Article L162-5-3 (11).
2.1.2. Encadrement législatif à l’étranger
Certains états américains imposent la tenue d’un dossier médical documentant tous les actes,
interrogatoires et examens cliniques avant toute prescription et interdisent la prescription de
substances contrôlées pour leurs proches (29).
Certains hôpitaux, comme le « Barnes-Jewish Hospital », ont établi un règlement du personnel
médical interdisant aux soignants de prendre en charge un membre de leur famille proche
(conjoint, enfant, parent, fratrie), sans accord du chef de pôle (30).
4
2.2. Encadrement éthique du soin aux proches
2.2.1. Encadrement éthique en France
2.2.1.1. Le Serment d’Hippocrate
Le Serment d’Hippocrate (Annexe 1) est relativement ambigu. En effet, d’un côté il stipule
« Je donnerai mes soins à l’indigent et à quiconque me les demandera », ce qui sous-entend
qu’un médecin doit soigner un proche qui le souhaiterait. De l’autre, il préconise de « préserver
l’indépendance nécessaire à l’accomplissement de ma mission », ce qui pourrait justifier de
maintenir une distance suffisante avec ses patients, ce qui est difficile lorsqu’il s’agit de ses
propres enfants.
2.2.1.2. Code de déontologie médicale
L’article 6 rejoint le Serment d’Hippocrate, notifiant que « le médecin doit respecter le droit
que possède toute personne de choisir librement son médecin [et] doit lui faciliter l’exercice de
ce droit ».
L’article 7, quant à lui, reprend le Code de Santé Publique cité précédemment, suggérant ainsi
que le fait d’être un proche de médecin, y compris son enfant, ne présente pas d’obstacle
déontologique à le choisir comme médecin référent.
2.2.1.3. Positionnement du Conseil de l’Ordre des Médecins
Le Conseil National de l’Ordre des Médecins commente le code de Déontologie et se
positionne plus clairement sur la démarche du soin aux proches. Il reprend le Code de Santé
Publique pour émettre quelques réserves : « le médecin va soigner un ami, un proche ou une
personnalité avec une attention renforcée, des précautions supplémentaires, qui peuvent être
aussi bien bénéfiques que nuisibles. L'objectivité nécessaire à l'action du médecin
s’accommode mal de sentiments subjectifs. » (31)
5
2.2.2. Encadrement éthique à l’étranger
2.2.2.1. Traité d’éthique médicale du Docteur Percival
Le docteur Thomas Percival, médecin et philosophe anglais, recommandait aux médecins, dans
le premier manuel d’éthique paru en 1803, de ne pas soigner ses proches, car ceci risquerait
d’obscurcir son jugement et de produire de l’insécurité dans sa pratique. (32)
2.2.2.2. Code d’éthique médicale de l’AMA
L’AMA (American Medical Association) s’est inspiré du traité du Docteur Percival pour
l’élaboration de son code d’éthique médicale. C’est donc sans surprise qu’on y retrouve dans
l’Opinion 1.2.1 (anciennement Opinion 8.19), la recommandation de ne pas soigner ses
proches, sauf en cas d’urgence. Toutefois, le texte est plus nuancé puisqu’il laisse tout de même
la possibilité de prendre en charge occasionnellement les problèmes bénins aigus.
En outre, ce code aborde pour la première fois la question du libre choix des enfants de
médecins. Ceux-ci pourraient se sentir obligés d’accepter les soins de leur parent pour ne pas
l’offenser : « Patients may feel uncomfortable receiving care from a family member (…) This
discomfort may particulary be the case when the patient is a minor child, who may no feel free
to refuse care from a parent » (33).
2.2.2.3. Code de déontologie du Québec
Le code de déontologie des médecins du Québec, réactualisé en 2015, préconise également,
dans l’article 70, de s’abstenir de soigner ses proches : « Le médecin doit, sauf dans les cas
d'urgence ou dans les cas qui manifestement ne présentent aucune gravité, s'abstenir de se
traiter lui-même ou de traiter toute personne avec qui il existe une relation susceptible de nuire
à la qualité de son exercice, notamment son conjoint et ses enfants. » (34)
2.2.2.4. Positionnement de la BMA
Les lignes directrices de la British Medical Association (BMA), citée dans une étude
malaisienne (21), sont superposables : “it is not advisable for doctors to assume responsibility
for the diagnosis and management of their own health problems or those of their immediate
family, except in the most unusual circumstance”.
6
2.3. Encadrement législatif et éthique de la prise en charge
des mineurs
2.3.1. L’autorité parentale
L’autorité parentale est encadrée par le Code Civil français (35).
Article 371-1 : « L'autorité parentale est un ensemble de droits et de devoirs ayant pour finalité
l'intérêt de l'enfant. Elle appartient aux parents jusqu'à la majorité ou l'émancipation de
l'enfant pour le protéger dans sa sécurité, sa santé et sa moralité, pour assurer son éducation
et permettre son développement, dans le respect dû à sa personne. Les parents associent l'enfant
aux décisions qui le concernent, selon son âge et son degré de maturité. »
Article 371-2 : « Cette obligation ne cesse pas de plein droit lorsque l'enfant est majeur. »
Dans le cadre de la prise en charge médicale, c’est à partir de seize ans que l’enfant peut choisir
librement son médecin traitant. Néanmoins, selon l’article L162-5-3 du Code de Sécurité
Sociale, « le choix du médecin traitant suppose, pour les ayants droit mineurs, l'accord de l'un
au moins des deux parents ou du titulaire de l'autorité parentale. » (11)
Il existe deux exceptions, rappelées par la Haute Autorité de Santé dans son guide relatif à la
prise en charge des enfants et adolescents en établissements de santé (36) :
Article L.111-5 du Code de Santé Publique : « le médecin (…) peut se dispenser d'obtenir le
consentement du ou des titulaires de l'autorité parentale sur les décisions médicales à prendre
lorsque l'action de prévention, le dépistage, le diagnostic, le traitement ou l'intervention
s'impose pour sauvegarder la santé d'une personne mineure, dans le cas où cette dernière
s'oppose expressément à la consultation du ou des titulaires de l'autorité parentale afin de
garder le secret sur son état de santé. » (37)
Article L.5134-1 : « Le consentement des titulaires de l'autorité parentale ou, le cas échéant,
du représentant légal n'est pas requis pour la prescription, la délivrance ou l'administration de
contraceptifs aux personnes mineures (…) [et] sont protégées par le secret pour les personnes
mineures. » (38)
7
2.3.2. Prise en compte de l’intérêt de l’enfant
L’ensemble des législations françaises et internationales concourent à souligner la primauté de
l’intérêt du mineur dans toutes les décisions le concernant.
Cette réflexion est reprise par l’article 3§1 de la Convention des Nations Unies relative aux
droits des enfants « Dans toutes les décisions qui concernent les enfants, qu'elles soient le fait
des institutions publiques ou privées de protection sociale, des tribunaux, des autorités
administratives ou des organes législatifs, l'intérêt supérieur de l'enfant doit être une
considération primordiale. » (39)
2.3.3. Prise en compte de l’avis de l’enfant
L’article 371-1 du Code Civil s’est appuyé sur l’article 12§1 de la Convention des Nations
Unies pour assurer la prise en compte des opinions du mineur : « Les États partis garantissent
à l'enfant qui est capable de discernement le droit d'exprimer librement son opinion sur toute
question l'intéressant, les opinions de l'enfant étant dûment prises en considération eu égard à
son âge et à son degré de maturité. » (39)
S’il n’est pas obligatoire, le consentement du mineur doit ainsi toujours être recherché : « Le
consentement du mineur (…) doit être systématiquement recherché s'il est apte à exprimer sa
volonté et participer à la décision. » Article L.1111-4 du Code de Santé publique. (40)
Ces principes sont repris dans la synthétique Charte Des Enfants Hospitalisés (41) :
Article 4 : « Les enfants et leurs parents ont le droit de recevoir une information sur la maladie
et les soins, adaptés à leur âge et leur compréhension, afin de participer aux décisions les
concernant ».
Article 5 : « Les enfants et les parents ont le droit d'être informés pour participer à toutes les
décisions concernant la santé et les soins ».
8
2.3.4. Confidentialité et secret professionnel
À l’instar de tout adulte, le mineur a le droit au respect de sa vie privée, de son intimité et du
secret médical. (42)
Cette règle fondamentale du secret professionnel, difficile à opposer aux représentants de
l’autorité parentale en cas de divergence de point de vue avec le mineur, est pourtant légiféré
en faveur de ce dernier dans l’article R.1111-6 du Code de Santé Publique : « La personne
mineure qui souhaite garder le secret sur un traitement ou une intervention dont elle fait l’objet
dans les conditions prévues à l’article L.1111-5 peut s’opposer à ce que le médecin qui a
pratiqué ce traitement ou cette intervention communique au titulaire de l’autorité parentale les
informations qui ont été constituées à ce sujet. Le médecin fait mention écrite de cette
opposition. » (40)
2.4. Synthèse des recommandations législatives et éthiques
En résumé, si aux États-Unis ou au Canada il est respectivement déconseillé et interdit de traiter
sa famille, il n’existe aucun texte en France réglementant ou restreignant le soin aux proches.
Seul l’Ordre des Médecins se positionne plutôt en défaveur d’une telle prise en charge, mettant
en garde le praticien des risques inhérents au manque d’objectivité. Il n’en conserve pas moins
son libre arbitre au moment de son choix.
Il est bon de rappeler que légalement, l’enfant devrait, en fonction de son degré de maturité et
de compréhension, pouvoir participer à cette réflexion.
9
3. État des lieux des vécus et pratiques à travers
la littérature
3.1. Études relatives au ressenti du médecin soignant ses
proches
Selon L. MASSON (8), 82 % des médecins refusant de soigner leur conjoint évoquent l’affectif.
La doctorante S. CORNEC-LASSERRE (7) souligne le dilemme que le soin aux proches
soulève pour le médecin : « d’un côté la relation affective rend inacceptable le refus de soin
sur le plan moral et de l’autre une qualité de soins moindre par manque d’objectivité est
inacceptable sur le plan professionnel ».
P. DAGNICOURT (16) s’est attachée à identifier les interférences entre la relation de soin et
la relation affective préexistante. Dans un sens, le lien affectif influence la relation de soin : que
ce soit l’attitude du médecin, l’observance du proche-patient ou la relation professionnelle avec
les confrères. Dans l’autre, la relation de soins a des répercussions sur les liens familiaux et
impacte le bien-être personnel du médecin.
Elle a ensuite analysé les attitudes adoptées par les médecins face aux demandes de soins de
leurs proches. Les avis sont partagés entre ceux choisissant d’emblée de soigner leurs proches,
ceux refusant systématiquement de le faire et ceux cédant à contrecœur. Il semble que la
personnalité intrinsèque du médecin joue un rôle non négligeable, selon qu’il ait fort caractère
(il saura plus facilement dire non), confiance en lui (prendre en charge sa famille ne lui posera
pas de problèmes et inversement), peur du regard des autres ou, à l’opposé, besoin de
reconnaissance. Enfin, les expériences vécues peuvent conforter ou, au contraire, modifier le
positionnement initial du médecin : certains relativisent les difficultés liées aux soins aux
proches après les avoir surmontées, d’autres y sont directement confrontés et en mesurent tous
les dangers. Un médecin relate ainsi qu’en refusant catégoriquement de délivrer un certificat
médical à son frère sans examen préalable, il avait permis à un confrère de diagnostiquer une
insuffisance aortique sévère qui aurait engagé le pronostic vital de son proche sans intervention
chirurgicale rapide, soulignant l’importance de garder la même rigueur avec ses proches
qu’avec ses patients.
10
F. MANASTERSKI (19) a interrogé des médecins généralistes sur les leviers et freins dans la
prise en charge de leurs proches. En dépit de la facilité et de la praticité d’une telle situation,
les médecins semblent conscients des risques liés à ces suivis particuliers. Pour limiter ces biais,
ils restreignent leur implication dans la prise en charge de leurs parents à des avis ponctuels,
évitant les pathologies lourdes ou touchant la sphère intime.
L’étude américaine de L.B. DUSDIEKER (43) met en évidence qu’outre les avantages
pratiques que procure le fait de soigner ses propres enfants, les médecins parents font également
ce choix pour leur confiance en leurs propres diagnostics et prises en charge thérapeutiques.
Cet argument est peu avancé par les médecins français interrogés dans les thèses de médecine.
Ainsi, les interviews de la doctorante S. FINELLE (44), menés auprès de médecins généralistes
soulignent avant tout les difficultés rencontrées par ces derniers : poids de l’incertitude, des
responsabilités, des remords en cas d’erreur médicale, mais également impact sur la vie
familiale avec confusion des rôles, conflits éventuels, envahissement de la vie privée et
difficultés à se défausser. Les médecins interrogés conseillaient de ne soigner ses proches qu’en
cas d’urgence ou en posant des limites précises, sans jamais traiter les pathologies lourdes, et
s’attachaient à valoriser le médecin traitant et à orienter vers des spécialistes.
Il en est de même pour J. PELTZ-AIM (20) qui a interrogé des médecins sur leur
positionnement vis-à-vis des maladies de leurs proches. Les praticiens sont majoritairement
réticents à soigner leurs proches, évoquant :
- une prise en charge incomplète en termes d’interrogatoire, d’examen clinique et de pose de
diagnostic. La sphère intime constitue un vrai obstacle dans le soin au proche : « demander à
mon beau-père s’il a une autre partenaire, ça ne me gêne pas. Demander à mon père s’il a une
maitresse, ça, ça m’embête » ;
- un cadre de consultation (soin au cabinet, sur rendez-vous, rémunéré, avec déclaration du
médecin traitant et examen complet) respecté par un seul médecin sur 22 ;
- la difficulté à voir et à accepter la maladie d’un proche, la perturbation de la rationalité ;
- le défaut d’observance, par manque de crédibilité voire de légitimité ;
- le poids des responsabilités, le médecin préférant souvent être médecin référent plutôt que
médecin traitant ;
- le fait d’être médecin malgré eux, avec certes, une facilité d’accès aux soins pour le proche,
mais, en contrepartie, l’intrusion de la vie professionnelle dans la vie privée.
11
En parallèle, J. PELTZ-AIM nous livre son témoignage personnel concernant la prise en charge
de son propre enfant : « Moi qui suis si fière d’aller voir le médecin quand elle ne va pas bien
pour ne pas être son médecin, mais être « juste sa mère », je me retrouve ce jour à ne pas suivre
la prescription qui lui a été donnée. Malgré mes efforts, je vais à l’encontre de ce que je
voudrais faire « en théorie ». Et pourquoi me‐suis‐je justement promis de ne pas m’occuper de
ma fille en tant que médecin ? Parce que j’ai peur ! J’ai peur de mal faire, de tout minimiser
pour ne pas voir la gravité, ou au contraire, de toujours penser au pire. Bref, j’ai peur de ne
pas être « compétente » comme je saurai l’être pour quelqu’un d‘autre. ».
On constate l’impact des mentalités propres à chaque pays avec l’étude réalisée en Malaisie par
H. NIK-SHERINA (21). En effet il souligne que, dans ce pays, les liens familiaux très étroits
et le respect majeur des anciens rendent difficile le refus de prise en charge des parents proches.
Si certains médecins sont satisfaits de pouvoir le faire, un grand nombre de participants se sent
mal à l’aise par peur de l’erreur de diagnostic et de gestion des pathologies, peur du manque
d’objectivité et peur de l’impact de mauvais résultats sur la relation familiale. Ils se disent
généralement plus prudents pour les conjoints et parents que pour leurs enfants, dont les
affections mineures sont prises en charge « sans scrupules ». Les auteurs achèvent leur étude en
conseillant d’instaurer une formation adéquate, de s’efforcer à réaliser un examen complet, y
compris intime, du proche, de conserver son objectivité, d’être capable d’annoncer les
mauvaises nouvelles, d’anticiper tout conflit familial potentiel et surtout de connaître ses
propres limites.
Même si elle s’intéresse aux conjoints de médecins et non à leurs enfants, l’étude américaine
de P.E. BOIKO (45) mérite également d’être citée pour son originalité. En effet, l’auteur a
choisi de comparer l’attitude d’avocats par rapport à celle de médecins face aux problèmes
médicaux de leur épouse. Globalement, la prise en charge de symptômes bénins différait peu,
si ce n’est que les médecins réalisaient davantage l’interrogatoire et l’examen clinique. On peut
se permettre d’extrapoler ces résultats pour prendre un peu de recul face aux doutes que peut
ressentir le parent soignant ses enfants : en effet, même si la prise en charge peut ne pas paraître
optimale, car subjective, elle est peut-être préférable à une automédication effectuée par un
parent non médecin. Cependant, la crainte de l’erreur et le manque de distance professionnelle
lui font conseiller aux proches de choisir un autre médecin que leur conjoint.
12
La thèse soutenue par O. HURÉ (12) en 2008 est l’une des seules à se pencher exclusivement
sur le fait de soigner ses enfants. Selon les médecins généralistes interviewés, il est plus facile
de prendre en charge son enfant plutôt qu’un autre proche. Ils évoquent un choix plus naturel,
avec une relation d’autorité entraînant une meilleure compliance, une relation filiale « subie »
et non « choisie » comme le sont les relations adultes/adultes des autres proches. Il a cherché à
identifier ce qui a initialement déterminé les médecins à soigner leurs enfants. S’ils évoquaient
les arguments classiques de manque d’objectivité, du poids des responsabilités et de confusion
des rôles, certains avançaient également leur volonté de ne pas vacciner, leur propre vécu en
tant qu’enfants de médecin, quelques-uns dénonçant l’absence de suivi médical et d’écoute par
leur parent, ou encore le refus de prise en charge par le confrère. L’implication dans le suivi de
leurs enfants variait également au fils des années, souvent par fatalité, face à « la vraie vie », à
« l’évolution naturelle » des choses, à l’indisponibilité, voire à une rupture de prise en charge
du tiers (déménagement de la famille, retraite du praticien…). Les enfants eux-mêmes peuvent
solliciter leur parent médecin, dès 5 ans environ, âge à partir duquel ils sont moins amenés à
consulter leur médecin traitant. De temps en temps, c’est le conjoint qui demande à ce que son
proche majore ou minore sa participation aux soins. Parallèlement, les médecins regrettent
parfois le désinvestissement du conjoint dans le suivi médical de leurs enfants.
Dans sa thèse soutenue en 2016 (17), J. GOUBET a également demandé aux parents médecins
généralistes s’il faut soigner ses enfants. Une fois encore, les intervenants sont partagés entre
le caractère naturel voir immuable d’être médecin à tout moment, y compris auprès de ses
enfants, et le manque d’objectivité, frein majeur à des soins optimaux. Elle s’est également
penchée sur l’influence de la profession du généraliste lors de l’hospitalisation de son enfant,
mettant en évidence une prise en charge hospitalière plus rapide, plus courte, plus attentionnée.
La relation soignant-soigné est perçue comme meilleure, qu’il s’agisse de la communication,
de la relation confraternelle ou de la confiance. Le statut de médecin, enfin, permet de réassurer
l’enfant et l’entourage dans ces situations. En contrepartie, le parent médecin doit faire face à
ses émotions, son sentiment d’impuissance, accepter de déléguer, limiter son interventionnisme
et savoir reconnaître ses propres limites.
13
3.2. Études relatives au ressenti de l’entourage soigné par
son proche médecin
En 2014, G. BLEUEZ (24) a répertorié, par questionnaires, les déterminants poussant les
patients à opter pour un proche médecin : la confiance, la rapidité, la disponibilité et la gratuité
étaient évoquées. Mais paradoxalement, ces derniers aspects pratiques étaient cités en parallèle
comme pouvant être délétères pour le praticien (non-respect du planning, absence de
rémunération). Le manque d’objectivité et les difficultés à évoquer les problèmes intimes
étaient enfin avancés.
M. DA SILVA (26), en 2014, s’est directement entretenu avec des proches de médecin pour
connaître leurs attentes et leur ressenti concernant l’influence du lien préexistant.
Elle définit le proche comme étant une personne entretenant des relations étroites avec
quelqu’un d’autre, sans obligatoirement de lien familial. Cette distinction permet d’ouvrir la
réflexion sur le soin aux patients devenus proches.
Il apparaît que les proches ont conscience que l’empathie laisse place à de la sympathie.
L’auteur met, elle aussi, en évidence que les avantages relayés par les proches peuvent être
néfastes pour le médecin. Ainsi leur grande disponibilité, pratique pour le patient, peut être à
l’origine de saturation et de surmenage pour le praticien.
À noter que son étude inclut un fils de 15 ans. Celui-ci cite comme principal avantage la
disponibilité « il me remplit ma licence vite fait le soir… voire la veille du match » et la
connaissance du patient « qui me connaît mieux que lui ».
N. MADEC (10) a questionné les conjoints de médecin sur leur suivi médical. Les femmes se
tournent davantage vers leur conjoint médecin que les hommes (76,5 % versus 68 %). 54 % des
conjoints pensent que le fait que leur prise en charge se fasse par leur conjoint la rend
particulière en termes de prévention. Dans certains cas, elle est meilleure du fait d’une
information plus complète, de conseils quotidiens ou d’une proximité rassurante. En revanche,
d’autres dénoncent un manque de temps, un défaut de prise en charge globale, une négligence
et une difficulté à exprimer leur ressenti, l’un déclarant « la relation de soins est faussée par la
proximité affective des conjoints ».
14
Tout récemment, J. GARAND (23) s’est elle aussi intéressée au ressenti des proches.
Tous les médecins de cette étude ont réalisé le suivi systématique de leurs enfants, vaccins
compris. On note toutefois que cette thèse a été menée dans une zone de désert médical. Un
enfant indique même avoir été suivi par son père pour son traitement de substitution par
Méthadone®, bien qu’il estime que son père l’ait fait à contrecœur. Lui-même a initialement
éprouvé des difficultés à en parler à son parent, mais celui-ci étant le seul à mener une bonne
prise en charge thérapeutique, le bénéfice médical l’a emporté sur l’affect.
L’ensemble des sondés sont satisfaits de leur prise en charge par leur proche médecin et aucun
n’a essuyé de refus de soins de la part de ces derniers. De façon générale, les médecins proches
délivrent régulièrement des messages de prévention, que ce soit, dans le cas des enfants, en tant
que médecin ou en tant que parent.
Enfin, à l’instar des autres proches, les enfants de médecins adultes interrogés ne souhaitent pas
être pris en charge par leur parent en cas de maladie grave, en particulier cancéreuse, afin de
les épargner.
En 2015, E. CANIATO (25) s’est entretenue avec 12 proches. Il s’agit d’une enquête qualitative
ayant inclus également des enfants de médecins, âgés de 29 à 36 ans.
Il ressort trois situations distinctes : le parent médecin traitant déclaré, le parent médecin
conseiller et le parent non sollicité, maintenu dans une relation filiale exclusive.
Ces situations particulières pouvaient être à l’origine d’une confusion des rôles avec parfois un
manque de crédibilité du parent soignant ou à l’inverse une idéalisation de ce dernier, une
infantilisation ou une minimalisation des symptômes du soigné avec une éducation médicale
rigoureuse. Ces aspects délétères étaient contrecarrés par les avantages pratiques d’accès aux
soins, le sentiment d’être privilégié ainsi qu’un sentiment de confiance accrue.
E. CANIATO soulève également le fait que bien que tous les proches de médecins rapportent
un facteur de risque de survenue d’événements indésirables, aucun ne semble faire le lien avec
une majoration du risque d’erreur médicale, probablement par déni, conscient ou non, ou par
perte d’objectivité.
E.K. FROMME (22) a classé les situations à risque en trois catégories : risque faible, modéré
et élevé. Le fait d’être le médecin traitant de son proche fait partie des situations à haut risque
puisque ce rôle implique une prise en charge globale difficilement respectée dans ce cas de
figure.
15
Ces facteurs de risque de survenue d’erreurs ont été identifiés par V. DELMAS (46) comme
étant, dans le contexte particulier de soins aux proches :
- le manque de formalité de la consultation ;
- l’attitude de temporisation ;
- l’anamnèse incomplète ;
- la banalisation des symptômes ;
- l’examen clinique sommaire ;
- le manque d’objectivité ;
- la tenue aléatoire du dossier médical ;
- la non-compliance des proches ;
- la remise en question des directives du proche médecin.
Selon V. DELMAS, le défaut d’objectivité est l’un des principaux facteurs plaçant le parent
médecin dans une situation à risque : « l’affect se voit être un énorme scotome dans le
raisonnement et la prise en charge médicale de ses proches ; il obscurcit et altère le champ
visuel du praticien qui ne parvient pas à percevoir de façon objective le tableau qui se présente
à lui ».
La personnalité du médecin peut également majorer le risque d’erreurs. Ainsi, le médecin
perfectionniste est davantage vulnérable puisque se répercutent sur lui la peur de commettre des
erreurs, le stress lié au désir de réussite et l’embarras provoqués par le manque de confiance en
soi et le doute. Les personnalités compulsives se traduisent par une rigidité, un entêtement, une
incapacité à déléguer, un orgueil ou une dévotion excessive au travail.
Elle a enfin identifié l’impact de ces évènements indésirables sur le praticien lui-même :
- impact psycho émotionnel : émotions négatives à type de sentiment douloureux, anxiété,
agacement, culpabilité, regret, déception ;
- mise en place de mécanismes de défense : attitude rétrospective le plus souvent, puis à
relativiser, à se chercher des excuses, à se résigner, ou à l’inverse à assumer ou aller de l’avant ;
- modification de la relation avec le proche : gêne voire rancœur du médecin, colère de
l’entourage, tension dans la relation… pouvant amener une modification des demandes du
proche au médecin ;
- modification de la pratique : remise en question, recherche des facteurs de causalité, pratique
plus exigeante par la suite voire parfois décision de ne plus soigner ses proches.
Aussi, si le médecin décide, « même conscient du danger (…), par choix délibéré ou sous la
contrainte [de] s’engager dans des soins, cela nécessite de se fixer des règles et une remise en
cause permanente ».
16
3.3. Études relatives au ressenti des confrères soignant les
proches de médecin
Dans sa thèse soutenue tout récemment, A. ARSICAUD (18) soulève la problématique des
particularités de la consultation lorsque le patient est enfant de médecin. Pour cela, elle a réalisé
des entretiens semi-dirigés auprès de médecins généralistes et de pédiatres soignant des enfants
de médecins.
Les médecins sollicités estiment que les parents médecins amènent moins souvent leurs enfants
en consultation que les autres parents de leur patientèle. Lorsqu’ils le font, c’est principalement
pour le suivi de leurs enfants, en particulier lorsqu’ils sont nourrissons puis adolescents, ou
lorsque l’évolution d’une pathologie est défavorable.
Il est intéressant de voir que cette prise en charge « décalée » ne dérange pas les médecins
traitants, l’un des médecins interrogés déclarant « [les médecins-parents] prennent ce qu’ils ont
besoin de prendre pour s’ajuster. Et moi je dis ce que j’ai besoin de dire pour jouer mon rôle
de médecin traitant, de famille et de confrère. Après ils font ce qu’ils veulent ».
La majorité des médecins traitants s’adresse aux consultants en termes médicaux, et estime que
cette situation permet un gain de temps. À l’inverse, certains regrettent qu’en miroir, les parents
médecins exposent les symptômes en langage technique, cela les déstabilisant et influençant
leur diagnostic, parfois jusqu’à l’erreur médicale « il m’a parlé d’otite (…) Ce gosse avait une
fracture de la clavicule que je n’ai pas vue (…) il m’a embrouillé avec son discours médical ».
Ils pointent du doigt le manque d’objectivité des parents-médecins, par excès (un généraliste
amène sa fille pour un ganglion et déclare d’emblée qu’il pense qu’elle a une leucémie), ou par
défaut (un parent consulte quatre jours après une chute, il s’avère que l’enfant a une fracture).
La question de la rivalité est abordée : le médecin doit davantage justifier sa prise en charge,
certains préférant même se contenter de la coordonner. Cela peut aboutir à une situation de
stress, le médecin traitant ressentant un manque d’expérience, des difficultés accrues à annoncer
une maladie grave ou la peur d’être jugé, cette sensation s’atténuant au cours du suivi ou avec
l’expérience.
Malgré cela, les médecins traitants reconnaissaient être plus disponibles, par confraternité, mais
donner moins de conseils pratiques, excepté lorsque le parent est d’une spécialité éloignée de
la pédiatrie. Ils estiment d’ailleurs que les parents médecins non pédiatres ou non généralistes
agissent comme des parents lambdas.
17
Tous les médecins interrogés essaient de faire abstraction du médecin face à eux, en s’efforçant
de maintenir une prise en charge identique à celle des autres patients. Pour cela, ils conseillent
d’être eux-mêmes, sans se mettre la pression, de garder la bonne distance, sans se laisser
influencer et en montrant leur confiance en eux, tout en restant humbles, confraternels,
empathiques face à l’inquiétude des parents.
Quelques lignes soulignent enfin l’importance de ne pas oublier l’enfant. Pourtant, comme dans
tous les travaux étudiés, celui-ci n’est que très peu mentionné, ou alors toujours à travers les
yeux de son médecin ou de son parent.
Dans son article (6), J. MCSHERRY, médecin universitaire américain prenant en charge de
nombreux étudiants enfants de médecin, dénonce le comportement de ces parents soignant leur
enfant à distance. Il raconte le cas d’une fille de médecin qu’il a pris en charge pour une
affection aiguë. Son père lui a demandé de ne pas suivre le traitement prescrit par le médecin
tiers, mais uniquement celui qu’il lui ordonnait, sans avoir connaissance que celle-ci prenait
une contraception interagissant avec ses médicaments, sa fille ne voulant pas que son père soit
au courant de son activité sexuelle.
Il décrit un "medical doctors-parent syndrome". Il s’agit du comportement délétère des parents
médecins, plus ou moins grave selon leur degré d’implication dans la prise en charge médicale
à distance de leur enfant (médecin secondaire, médecin traitant exclusif). Il ne remarque pas de
différence selon que le parent est homme, femme, généraliste ou spécialiste. Il note que ces
étudiants n’ont la plupart du temps jamais d’examens complets, pas de dossiers médicaux, des
vaccinations inadaptées et mal documentées, pas de possibilité de discuter de leur
développement ou de leur sexualité avec un tiers. Ils souffrent de « négligence médicale
bénigne » ou à l’inverse d’une « paranoïa médicale ». Lorsque le parent est le médecin traitant
exclusif, les enfants deviennent plus secrets et ressentent le besoin de chercher des soins dans
les salles d’urgence ou les cliniques anonymes.
Il conclut donc en insistant sur l’importance de faire confiance à son enfant et au confrère
consulté, et de leur laisser à tous deux leur autonomie.
18
3.4. Études relatives aux modalités de prise en charge de
l’enfant de médecin
M. COUSIN (47) ne retrouve pas de différence significative de prise en charge de l’enfant de
médecin en fonction de l’âge du praticien, de son ancienneté, de son mode d’exercice.
Contrairement aux autres résultats d’enquête (9, 13, 17), il ressort de cette étude que 42 % des
médecins ont recours plus fréquemment à l’antibiothérapie pour leurs enfants que pour leur
patientèle, ce que O. HURÉ (12) explique par une plus grande anxiété de certains parents (12).
Le schéma vaccinal des enfants de médecin apparaissait en revanche identique à celui des autres
enfants de leur patientèle.
Selon une étude suisse (48), 92 % des praticiens suivent les recommandations vaccinales pour
leurs enfants. Les spécialistes non pédiatres sont plus réticents que les pédiatres à réaliser les
vaccins non obligatoires et tarderaient plus à vacciner leurs enfants.
Pour N. MADEC (10), par contre, les enfants de médecin ont une meilleure couverture
vaccinale que la population générale puisque l’ensemble des enfants de médecin sont à jour du
calendrier vaccinal. 62,5 % des parents médecins vaccinent eux-mêmes leurs enfants (25 % des
enfants de moins de 2 ans, 72,5 % des plus de 7 ans).
La question de l’examen systématique n’a été abordée que pour les enfants de moins de 6 ans :
l’examen systématique est réalisé à 40,5 % par le parent, 20 % par le pédiatre et 14,5 % par un
généraliste.
Concernant le carnet de santé, il est utilisé dans 79 % des cas, en particulier par les mères
généralistes (93,5 % versus 74 % pour les hommes). La courbe staturo-pondérale est tenue à
jour par 61,5 % des parents médecins, 73 % des médecins extérieurs et 100 % des pédiatres, en
nuançant toutefois le fait que cette courbe est systématiquement remplie chez le nourrisson
alors qu’elle ne l’est que dans 39,5 % des cas chez les plus de 16 ans, tous praticiens confondus.
Une fois encore, les femmes médecins sont plus scrupuleuses dans la tenue des courbes.
66,5 % des certificats sont réalisés par les parents médecins, délivrés dans 29 % des cas sans
interrogatoire ni examen clinique préalables.
La majorité des enfants se tournent vers leurs parents médecins pour discuter des addictions et
de la sexualité, ces thèmes étant abordés dans le cadre familial et non lors d’une consultation
médicale.
19
16,5 % demandent toutefois à consulter un médecin extérieur, les hypothèses soulevées par la
thésarde étant la pudeur, le secret médical, les conflits intrafamiliaux ou le manque d’écoute
ressenti.
La première contraception est prescrite par le gynécologue (37 %) ou le parent (30 %), le tiers
restant correspondant à un médecin extérieur.
D’après J. GARAND (23), il existe un stress notable des pères à soigner leur enfant nourrisson
(les mères médecins ne sont pas citées). L’examen systématique des jeunes enfants était
systématique et complet, tandis que celui des adolescents est beaucoup plus succinct. Les
enfants de médecins devenus adultes gardaient leur parent comme médecin traitant, même après
un déménagement. Les consultations sont majoritairement téléphoniques, y compris pour ceux
vivant juste à côté.
B. JOFFRE BERTHOMME (9), enfin, a réalisé une enquête par questionnaires auprès de
médecins généralistes afin de déterminer les intervenants prenant en charge les enfants de
médecins. Le plus souvent, il s’agit du parent, qui réalise les examens systématiques, vaccine,
soigne les maladies courantes, voire les traumatismes. Il a recours à un spécialiste pour les
pathologies lourdes ou invalidantes, mais est souvent à l’origine des hospitalisations. Les
médecins pensent majoritairement pouvoir garder une attitude professionnelle et objective face
à leurs enfants, mais sont moins sûrs d’eux quant au fait d’avoir une prise en charge similaire à
celle de leur patientèle.
20
3.5. Études relatives aux enfants face à leurs soins
3.5.1. État des lieux des jeunes face à leur santé
Selon l’étude de M. CHOQUET publiée dans l’ouvrage Les Adolescents et leur Santé (49), les
filles consultent, de façon significative, davantage que les garçons entre 16 et 18 ans. 17 % des
garçons et 11 % des filles âgés de 16 à 18 ans n’ont, en revanche, consulté aucun médecin en
l’espace de 3 ans. L’étude souligne également que le médecin sous-estime les troubles
fonctionnels ressentis par les adolescents.
Selon une enquête nationale réalisée en 1993 par l’INSERM (50), 10 % des adolescents ne
parlent à personne de leurs problèmes de santé. Parmi ceux qui osent en parler, les deux tiers
choisissent leurs parents comme premiers interlocuteurs, les médecins étant leur premier
recours dans moins de 14 % des cas.
Selon le Professeur D. SOMMELET (51), le pédiatre libéral ne suivrait que 20 % des enfants
de 0 à 18 ans. Il voit ponctuellement 40 à 60 % des enfants de 0 à 2 ans et très sporadiquement
(en moyenne un jour sur 2 deux) un adolescent. Ces chiffres sont à opposer au généraliste qui
assure 80 % ses consultations de l’enfant dès 2 ans.
On peut donc imaginer que le médecin généraliste reste le contact de premier recours pour les
enfants consultant, à leur initiative, un médecin.
D’après l’étude de 1999 citée dans l’ouvrage La Médecine de l’Adolescent (42), un quart des
adolescents auraient souhaité un jour consulter un médecin sans que ses parents en soient
informés, mais deux tiers auraient renoncé par crainte que ses parents ne le sachent.
Pourtant, une enquête réalisée en 2014 par UNICEF met en évidence le grand malaise des
enfants et adolescents en France (52). Ainsi, 81 % des enfants de 6 à 18 ans interrogés se disent
tristes ou cafardeux, 52 % pensent ne plus avoir goût à rien, 64 % à perdre confiance en eux-
mêmes. 28 % des adolescents répondants ont même reconnu avoir déjà pensé au suicide et 11 %
avoir déjà tenté de se suicider.
C’est dire l’importance du dépistage du mal-être de nos enfants et la vigilance dont nous devons
faire preuve, aussi bien en tant que parents qu’en tant que médecins.
21
3.5.2. Les différents types de relations enfant-médecin
La relation patient-médecin
L’ouvrage Psychologie Médicale (53) souligne que la relation soigné-soignant est une relation
d’inégalité, faite d’attentes et d’espérances mutuelles. Le malade recherche inconsciemment
une « figure protectrice » dont il attend « guérison ou du moins soulagement (…) aide et
protection ». L’attente affective peut transformer les rapports d’échange en « rapports de
force ». La relation patients-médecins peut être alors comparée aux relations enfants-parents ou
élèves-maîtres.
Le mécanisme de transfert de l’adulte, qui correspond à l’investissement affectif du patient sur
le médecin, peut être rapproché de la même façon à « l’idéalisation » par l’enfant de ses parents
et leurs pouvoirs.
En parallèle, la notion de contre-transfert correspond aux mouvements affectifs du médecin en
réaction à ceux de son patient. Le risque d’une affection trop marquée serait « d’entraîner les
deux partenaires dans une relation envahissante et pas toujours maitrisable pour laquelle la
rupture brutale devient alors la seule solution ».
Que dire alors de la relation enfant-médecin dans laquelle le lien filial élève au premier plan les
affects de chacun des deux partis ?
P. ALVIN et D. MARCELLI (42) ont distingué 3 types de relations médecin-enfant, selon
l‘ancienneté et la place qu’occupe le médecin traitant au sein de la famille du mineur.
Évocation des médecins suivant un enfant depuis longtemps
Il y a un avantage certain à connaître l’enfant depuis longtemps, à savoir une bonne
connaissance de ses antécédents et de son contexte familial. Malheureusement, cela peut
également empêcher le médecin de percevoir l’évolution de l’enfant vers l’adolescence et par
la même de reconnaître le nouveau statut dont il pourrait se réclamer.
Il est intéressant de noter que les auteurs comparent ici le médecin de famille de longue date à
un parent : « cela équivaudrait en somme à s’identifier à un parent qui ne voit pas grandir son
enfant ». On peut aisément penser que cet écueil est prééminent chez le parent-médecin.
Pour limiter ce piège, P. ALVIN et D. MARCELLI conseillent de « savoir demander à
l’adolescent directement ce qu’il en pense, après avoir précisé qu’il semble maintenant arrivé
à l’âge où il pourrait être reçu comme un adolescent ».
22
Évocation des médecins soignant déjà le reste de la famille
À nouveau, le médecin a l’avantage de bien connaître le cadre familial, mais cela peut s’avérer
être une « source potentielle de difficultés eu égard à la question centrale de la confidentialité »
(42), l’adolescent pouvant être réticent à faire part à son médecin de préoccupations relevant de
l’intimité ou de difficultés relationnelles intrafamiliales notamment.
Si l’on extrapole cette réflexion à l’enfant exclusivement pris en charge par son parent médecin,
on peut craindre qu’il soit encore plus difficile pour ce dernier de se confier à son parent.
Évocation des médecins ne connaissant pas l’adolescent
La consultation est cette fois-ci « a priori libérée de tout préjugé » (42), mais implique une
évaluation de part et d’autre par le médecin et par l’adolescent. La mise en place d’une relation
de confiance est nécessaire pour que ce dernier puisse se livrer.
3.5.3. Représentations de la consultation chez le médecin par l’enfant
A. GENESLAY (54) a réalisé une thèse ayant pour objectif de décrire les représentations que
se font les enfants de 5-6 ans de leur consultation chez le médecin, au travers de focus group.
Bien qu’il ne s’agisse pas d’enfant de médecins, il est intéressant de voir que les enfants dès
leur plus jeune âge ont leur propre avis concernant les soins reçus. Ainsi, ils relèvent ne pas
toujours consulter un médecin, notamment lorsqu’ils ne sont « pas beaucoup malade » ou que
leur maman peut les soigner, et que la demande de consultation est toujours à l’initiative de leur
parent. Certains enfants souhaiteraient être inclus dans l’échange entre leurs parents et le
docteur. Quelques-uns préfèreraient avoir un autre médecin que celui choisi pas leurs parents.
Enfin, on constate qu’ils jugent, dès le plus jeune âge, les compétences de leur médecin « Un
bon docteur, ça veut dire qu’il nous guérit ».
H. FEY (55) s’est, lui, penché sur les perceptions et attentes des enfants de 10-11 ans dans leur
relation avec leur médecin. S’ils ne savent pas encore définir le mot « pudeur », beaucoup
d’enfants expriment leur gêne et leur retenue, voire leur honte et leur angoisse se rapportant à
l’intrusion dans leur intime, en particulier dans l’examen physique. La pudeur se vit également
face à un tiers, que ce soit le médecin ou l’accompagnant. Ce dernier est tantôt désiré, car
rassurant, tantôt repoussé, dans une recherche d’autonomisation et d’intimité avec le médecin.
Les enfants interrogés préfèreraient un médecin de même sexe qu’eux, une explication au
préalable des actes réalisés, un déshabillage partiel et adapté, une plus grande considération et
un respect de leurs opinions.
23
3.6. Synthèse de ces études
3.6.1. Cadre des soins
Environ 70 % des consultations seraient effectuées en dehors du cabinet médical (10,56) : elles
sont réalisées par téléphone ou au domicile du médecin ou du proche, ce qui est apprécié par la
famille, car levant la contrainte du déplacement au cabinet. Le suivi des ainés vivant loin se fait
pour certains à l’occasion des réunions familiales. Mais par conséquent, les consultations sont
plus brèves, moins approfondies, voire moins crédibles aux yeux des proches.
86 % des consultations sont faites en dehors des horaires d’ouverture des cabinets (56).
Les conditions sont inadaptées pour les médecins qui n’ont ni dossier médical, ni matériel
médical et probablement pas toujours l’envie après une journée de travail (10).
Exceptionnellement, les proches consultent au cabinet médical pour que leur proche médecin
les « écoute » enfin (23).
3.6.2. Motivations du médecin
Nous avons listé l’ensemble des motivations du médecin à soigner ou non ses proches, à la
lecture des différentes études de la littérature.
Choix de soigner
Choix naturel, voire évident, tradition familiale dans les lignées de médecins, devoir moral,
volonté de rendre service, sentiment d’utilité ou de plaisir, fierté, satisfaction personnelle,
renforcement de son identité familiale ou des liens avec le proche, compréhension du tiers de
sa profession, expériences vécues positivement, enrichissement de sa pratique professionnelle.
Choix de ne pas soigner
Souhait de ne se positionner qu’en tant que proche, manque de confiance en soi ou
d’expérience, gestion plus difficile des incertitudes, peur de jugement des proches, poids des
responsabilités, appréhension des conflits familiaux et des sentiments personnels de culpabilité
et de regret en cas d’évolution défavorable, peur de ne pas gérer les affects, influence de
l’enseignement reçu, décision commune avec le proche, demande de soin hors champs de
compétences.
24
Raisons pour lesquelles le médecin soigne alors qu’il ne voudrait pas
Peur de blesser, difficultés à refuser les sollicitations répétées ou insistantes, demandes
mineures pouvant conduire à une implication plus conséquente (« pris dans l’engrenage »), sens
du devoir, obligation sociale et familiale de soins, en particulier en situation d’urgence ou
lorsque le patient refuse de consulter un autre médecin, manque de confiance envers les
confrères ou malaise de ces derniers à prendre en charge les proches, enfants notamment,
absence d’autres recours, choix de la facilité en dépit de ses convictions.
3.6.3. Motivations du proche
Les déterminants avancés par les proches à être, ou non, suivis par un médecin de leur famille
suggèrent un certain recul et une certaine réflexion antérieure vis-à-vis de cette prise en charge
particulière.
Souhait d’être soigné par son proche
Climat de confiance, réassurance, avantages pratiques et économiques, accès faciles aux
médicaments et aux spécialistes, prise en charge privilégiée, avec sentiment de soins de
meilleure qualité.
Souhait de ne pas être soigné par son proche
Pudeur physique et psychologique, proximité du lien, confusion des rôles, risque de litiges,
risque de complaisance, peur d’imposer une charge de travail supplémentaire ou une trop
grande responsabilité au médecin (notamment en cas de maladie grave), crainte de non-respect
du secret médical dans la famille.
3.6.4. Avantages et inconvénients de soigner son proche
Bien qu’ils le fassent communément, la revue de la littérature démontre que les médecins
évoquent beaucoup plus d’inconvénients que d’avantages à soigner leurs proches.
25
Bénéfices liés à la prise en charge d’un proche
Avantages pratiques d’accès aux soins, bonne connaissance du patient, facilité à le réévaluer
régulièrement, meilleur respect de ses conseils, patient parfois plus docile, meilleure prise en
charge par les confrères.
Difficultés relatives à la prise en charge d’un proche
Examen clinique aléatoire, manque de matériel, absence de cadre, interrogatoire incomplet,
éloignement géographique, manque d’objectivité, prise en charge excessive parfois,
minimaliste, voire attentiste, souvent, familiarité et manque d’autorité à l’origine
d’inobservance, attente de services médicaux meilleurs et plus rapides par les proches, mise en
doute des aptitudes professionnelles par le proche, risque de complaisance dans les certificats,
prescriptions sans examens cliniques ou complémentaires préalables, confiance exagérée,
embarras, difficultés lors de l’annonce de mauvaises nouvelles, demande de disponibilité
permanente avec majoration de la charge de travail et risque de saturation, conflits en cas de
refus de soins, difficultés à maintenir le secret médical, interférence dans la relation de soins
avec le médecin extérieur.
3.6.5. Avantages et inconvénients d’être soigné par son proche-médecin
Les avantages et inconvénients avancés par les proches recoupent en partie ceux des médecins
eux-mêmes.
Privilèges liés à la prise en charge par un proche
Avantages pratiques à type de rapidité de prise en charge, disponibilité, absence de
déplacements et gratuité des soins, fierté, confiance, franchise, avis consultatif confortant la
prise en charge d’un confrère, réassurance en cas d’urgence notamment.
Écueils liés à la prise en charge par un proche
Pudeur physique et psychologique à l’origine d’un interrogatoire et d’un examen limités, voire
d’omissions, procrastination, manque de crédibilité du médecin proche, absence de
disponibilité et de considération de la part de celui-ci, dérangement pour le médecin proche,
avec parfois sentiment d’impatience voire d’agacement en découlant.
26
4. État des lieux des recommandations dans la
littérature
4.1. Arguments avancés dans la littérature en faveur ou en
défaveur de la prise en charge de ses proches
Si seules quelques doctorantes françaises (10,16) se positionnent clairement contre la prise en
charge de ses proches, les avis sont souvent beaucoup plus tranchés dans la littérature étrangère.
Ainsi, M. MAILHOT (2), résidente canadienne, dénonce le soin aux proches qui, selon elle,
peut entraîner un conflit des rôles, une relation thérapeutique mal définie, rendant difficiles le
respect de l’intimité et le maintien de l’objectivité. Le diagnostic et la qualité des soins peuvent
être biaisés par un défaut d’interrogatoire ou d’examen clinique, conscient ou non, par pudeur
ou gêne. Elle estime qu’en traitant un membre de la famille, le risque de commettre une erreur
est plus important que lors du soin aux autres, et qu’il est donc imprudent de devenir le médecin
d’un membre de sa famille, voire d’un ami.
C.A. JACOB (3) a publié un court article dans lequel elle exhorte les médecins à ne pas soigner
leur propre famille, après être passée à côté d’une ostéomyélite multifocale récidivante chez
son fils de 10 ans.
Une étude américaine de 2007 (5) a également opposé les points de vue de plusieurs praticiens
sur un cas éthique particulier, à savoir l’opération chirurgicale de son propre enfant. L’exemple
pris était celui d’un jeune athlète olympique de 25 ans nécessitant une autogreffe pulmonaire
pour laquelle le chirurgien le plus compétent s’avérait être son père.
Les médecins favorables à ce que le chirurgien opère son fils avançaient :
- le fait d’être plus impliqué, permettant de faire le maximum ;
- l’honneur et le privilège de pouvoir soigner ses proches ;
- le fait qu’un garagiste répare sa propre voiture : pourquoi un médecin ne soignerait-il pas sa
famille ?
27
Les praticiens contre cette pratique objectaient :
- l’altération du jugement par les émotions ;
- la dégradation des relations familiales en cas de complications ;
- la difficulté de maintien de la confidentialité ;
- les difficultés à communiquer franchement avec le patient.
Ces arguments contre la prise en charge du proche sont globalement superposables à ceux
avancés par l’AMA (57).
L’américain D. KENNETH (58) conteste les directives de cette association en déboutant ses
principales objections :
- concernant l’influence des sentiments personnels sur la prise en charge du proche, il estime
que les médecins sont formés au cours de leurs études à être objectifs et savent passer la main
lorsque cela est nécessaire. Il trouve aberrant qu’on puisse, sous prétexte qu’il s’agit de sa
famille, remettre en question les qualifications du praticien « your license to practice medicine
is valid for virtually everybody except for those most important to you », ou son bon sens en
administrant des soins sans le consentement du proche, ou au-delà de ses compétences « I do
not know of any physician who would compromise the well being of a loved one by rendering
care outside his area of expertise » ;
- concernant le manque de rigueur à l’interrogatoire et à l’examen du fait d’une plus grande
pudeur, il reconnaît que les proches, comme les médecins, peuvent ne pas être à l’aise dans
certaines situations, mais qu’il est facile de l’expliquer au proche et de l’adresser à un confrère
le cas échéant ;
- dans le cas particulier des enfants mineurs, il rejette l’idée qu’une institution puisse vouloir se
substituer à l’autorité parentale dans le choix du soignant du mineur, ce d’autant que l’enfant
peut lui-même préférer un membre de sa famille avec lequel il serait plus détendu. La
problématique du parent, médecin de son propre enfant, n’est en revanche pas abordée par
l’auteur.
- concernant l’impact possible de résultats médicaux péjoratifs, il concède qu’ils puissent
affecter les relations familiales, mais n’admet pas que l’AMA intervienne dans ces
considérations personnelles. On peut cependant suggérer qu’il soit opportun pour le médecin
d’avoir pris cet aspect en considération avant de choisir de soigner son proche.
D. KENNETH conclut son article en déclarant qu’il serait temps de reconnaître aux patients le
droit de choisir leur propre médecin, même s’il s’agit d’un membre de leur famille.
28
4.2. Propositions apportées par la littérature
Comme pour n’importe quel proche, la prise en charge de son propre enfant nécessite une
réflexion antérieure sur les enjeux d’un tel choix, comme le conseillent O. HURÉ (12) et S.
FINELLE (44) en conclusion de leur thèse.
On peut, pour cela, se baser sur les sept questions proposées par J. LA PUMA (59), référent
international sur le sujet, avant de soigner un proche, hors cas d’urgence :
· Suis-je formé pour gérer la demande de soins de mon proche ?
· Suis-je trop proche pour l'interroger sur son histoire personnelle, son état physique, et pour
être porteur de mauvaises nouvelles le cas échéant ?
· Puis-je être suffisamment objectif pour ne pas dispenser trop ou pas assez de soins ou de façon
inappropriée ?
· Est-ce que mon implication médicale est susceptible de provoquer ou d'intensifier des conflits
intrafamiliaux ?
· Mes proches seront-ils plus compliants si les soins sont prodigués par un médecin
indépendant ?
· Vais-je autoriser le médecin à qui j'adresse mes proches à s'occuper d'eux ?
· Suis-je prêt à rendre des comptes à mes pairs et à la société pour cette prise en charge ?
Dans sa thèse, P. DAGNICOURT (16) propose de compléter ces questions :
· Est-ce que les soins peuvent modifier mon identité familiale ?
· Les soins peuvent-ils être réalisés dans de bonnes conditions pratiques et techniques ?
· Suis-je prêt à faire face aux critiques de mon proche et du reste de la famille ?
· Est-ce que la relation de soin est susceptible de compromettre mon bien-être personnel ?
E.K. FROMME (22), conseille de se poser la question suivante : « Qu'est-ce que je pourrais
faire dans cette situation si je n'avais pas un doctorat en médecine ? » La nécessité d’avoir des
connaissances médicales indique qu’on sort de son rôle de parent et nécessite une plus grande
prudence.
Pour J. KERRIGAN (30), un médecin doit faire pour son proche ce qu’il ferait pour un autre
patient, en prenant en compte le bénéfice pour le patient (« primum non nocere »), et en
respectant son autonomie et son choix éclairé.
29
J. MCSHERRY (6), médecin universitaire traitant les enfants de confrères, liste une série de
propositions pour le parent qui, malgré ses avertissements, souhaiterait soigner son enfant :
· ne pas fournir une grosse pharmacie à son enfant : il doit consulter un médecin si besoin ;
· ne pas faire de prescriptions téléphoniques ;
· faire appel à un confrère, même s’il le juge moins compétent, car il a l’énorme avantage d’être
sur place ; lui faire confiance ou l’appeler en cas de doute sur sa prise en charge ;
· faire confiance à son enfant, le laisser être responsable de ses actes et avoir son propre médecin.
En se basant cette fois-ci sur l’avis des parents médecins soignant leurs enfants, O. HURÉ (12)
prodigue les conseils suivants, plus spécifiques à cette population :
· ne pas s’impliquer si l’on est trop anxieux ou préoccupé par le poids des responsabilités ;
· se remettre en cause en permanence et savoir passer la main ;
· s’autoriser le recours à un pédiatre les premières années pour se familiariser avec son rôle de
parent et prendre confiance ;
· garder un tiers pour le suivi régulier, permettant d’avoir un avis extérieur en cas de doute ;
· être particulièrement rigoureux si l’on souhaite assurer le suivi exclusif.
Comme le conseillent plusieurs auteurs (16, 20, 60), le cadre et les étapes d’une consultation
standard doivent être respectés, le proche devant être soigné comme n’importe quel patient.
J. LA PUMA (59) préconise même le paiement de la consultation, la prescription et les conseils
étant mieux suivis en cas de rémunération. G.L. EASTWOOD (60) et P. DAGNICOURT (16)
suggèrent en outre d’exposer les difficultés et les conséquences éventuelles des soins au proche
afin qu’ils choisissent cette relation de soins en connaissance de cause.
E. CANIATO (25) s’interroge également sur la pertinence d’un cadre législatif qui pourrait,
selon ses conclusions, rassurer le médecin soignant ses proches ou, à l’inverse, le conforter dans
son choix de ne pas le faire, et faciliter son refus.
Une telle législation semble difficile à mettre en place et à appliquer, compte tenu de la diversité
des situations médicales auxquelles le médecin proche est confronté, et de la complexité des
facteurs intrinsèques et extrinsèques influençant sa décision de soins. À défaut, une
sensibilisation à cette problématique au cours du cursus universitaire est l’une des propositions
récurrentes de la littérature française (16, 46, 61).
M. DAUTEL et J. JEANNE (62) ont proposé, après sollicitations d’experts sur le sujet, une
base pédagogique qui pourrait être utilisée à cet effet (Annexe 2).
30
5. Objectifs de l’étude
Comme le souligne A. GENESLAY (54) dans sa thèse, « trop souvent au sein du trio médecin-
enfant-parent, seuls les adultes dialoguent. Or, les enfants méritent d’être écoutés. Ils ont un
jugement sur leur médecin, leur consultation, bien sûr influencé par celui de leur famille, mais
ils ont aussi leur avis propre ».
Parce qu’ils sont les mieux placés pour en parler, notre étude a pour objectif de connaître le
ressenti des enfants de médecin concernant leurs soins, en nous entretenant directement avec
eux.
Les objectifs secondaires sont de déterminer :
- l’influence des caractéristiques intrinsèques et extrinsèques du parent médecin sur la prise en
charge médicale de son enfant ;
- les critères de choix du médecin référent de l’enfant ;
- les particularités de la consultation médicale de l’enfant de médecin par rapport à ses pairs ;
- les différences d’évaluation de la prise en charge médicale des enfants de leur point de vue et
de celui de leurs parents.
31
MATÉRIELS ET MÉTHODES
1. Choix du type d’étude
1.1. Choix d’une étude qualitative
Notre étude s’intéressant au ressenti et au vécu d’enfants de médecins, c’est tout naturellement
que nous nous sommes orientés vers une étude qualitative.
C’est une stratégie de recherche combinant diverses techniques de recueil et d'analyse
qualitative dans le but d’expliquer un phénomène en le comprenant et en faisant ressortir ses
mécanismes déterminants. Elle permet l’étude de données verbales, difficilement mesurables.
L’étude qualitative se distingue en effet par le « caractère vécu de l’information recueillie, qui
a la propriété d’être subjective » (63). Explorant ainsi les émotions, les sentiments, les
comportements et les expériences personnelles des individus (64), l’étude qualitative est la
méthode de choix pour notre enquête.
1.2. Choix d’une enquête par entretiens
Il existe trois grands types de techniques de recueil de données qualitatives : les techniques
d’observation directe, les questionnaires et les entretiens.
L’observation est une technique qui consiste à collecter des données observables de terrain,
sans intervention de la part du chercheur.
Le questionnaire est une suite de questions standardisées permettant le recueil de données
précises auprès d'un nombre important de participants, facilement quantifiables, lorsqu’il s’agit
de questions fermées.
L’entretien est défini par A. BLANCHET et N. GOTMAN comme « l’obtention par une
personne A d’une information biographique (vécue et subjective) d’une personne B, à
l’initiative de A et au bénéfice de sa recherche ».
32
Contrairement au questionnaire qui est figé et strictement identique pour chacun des sujets,
l’entretien est variable d’un individu à l’autre puisque son déroulement dépend de l’interaction
interviewer/interviewé. En outre, les réponses obtenues par questionnaire peuvent être
provoquées, voire fabriquées par la question elle-même, tandis que « le discours recueilli par
entretien est le prolongement d’une expérience concrète ou imaginaire » (63).
1.3. Choix du mode d’entretien
Notre étude portant sur le ressenti d’individus d’âges différents, nous nous sommes interrogés
sur les techniques d’interviews préconisées par les sociologues chez l’enfant et l’adolescent.
1.3.1. Le focus groupe
C’est une technique d'entretien de groupe composé de personnes répondant aux critères de
sélection de l’étude.
Cette technique d’entretien permet aux enfants, et notamment aux plus jeunes et aux plus
timides, de s’exprimer plus facilement, stimulés par les propos de leurs pairs. À l’inverse, elle
peut être inhibitrice, par crainte de jugement des autres participants ou peur de s’affirmer.
D’un point de vue pratique, le focus group produit un volume important d’informations,
rapidement et à moindre coût, mais il nous semblait très contraignant, pour les enfants et leur
famille, d’imposer pour l’entretien une date et un horaire fixes, convenant à tous, et de les faire
se déplacer dans un lieu à définir. Cette méthode est beaucoup plus facilement utilisable lorsque
l’on étudie des enfants d’un même groupe, d’une même classe par exemple.
Par ailleurs, nos questions s’adressant également à une population d’adolescents, ce type
d’entretien nous paraissait beaucoup moins adapté aux questions d’ordre intime ou délicates.
(65).
33
1.3.2. L’entretien individuel
Nous avons donc opté pour les entretiens individuels semi-dirigés. Il s’agit d’interviews face à
face, basées sur une série de questions ouvertes. Ils reposent sur un guide d’entretien dont les
thèmes ne sont pas nécessairement abordés dans le bon ordre.
Ce type d’entretien favorise la libre expression de la personne interrogée, sans tabous ni gênes.
L’entretien a en effet pour but non seulement « de faire décrire, mais de faire parler sur ». Il
permet l’« accès aux représentations, pratiques, profondément inscrites dans l’esprit des
personnes et qui ne peuvent que rarement s’exprimer à travers un questionnaire ou en groupe ».
(65). L’un de ses inconvénients est que ces représentations ne sont pas forcément le reflet de la
réalité, mais c’est justement l’objectif principal de notre étude, à savoir connaître le ressenti
personnel des enfants, plus que les données objectives de leur prise en charge.
Le fait qu’il soit semi-directif permet de recentrer l’interviewé sur le sujet s’il s’en écarte, ou
de le relancer si tout le champ n’a pas été totalement exploré, sans pour autant influencer ou
interrompre le participant au cours de ses réponses, l’entretien permettant des « réajustements
en cours de route » (63).
On l’oppose ainsi à l’entretien directif dans lequel le chercheur pose chaque question dans un
ordre préétabli, laissant peu de place à l’initiative et à l’interactivité, les réponses étant plutôt
fermées (oui/non) ; et à l’entretien libre, sans cadre, plutôt utilisé pour les sujets plus sensibles
ou les récits de vie.
Dans son étude relative aux interviews d’enfants, O. VANHEE (66) met en garde contre la
participation parfois minimale des enfants, intimidés lors d’entretiens individuels avec un
adulte. Il conseille de réaliser un entretien au préalable avec les parents pour disposer
d’informations permettant de relancer les enfants pendant l’entretien. La réalisation des
interviews dans la chambre des enfants est également préconisée.
34
1.4. Ajout d’un questionnaire préalable pour les parents
Lors de la sollicitation du parent médecin, nous avons choisi de joindre un court questionnaire
à remplir par celui-ci ou son conjoint (Annexe 3).
Ce questionnaire avait pour but :
- de s’assurer que les critères d’inclusion et d’exclusion étaient respectés ;
- de recueillir les informations préalables pour préparer l’entrevue et relancer l’enfant hésitant
au cours de l’entretien, à l’instar des entretiens préliminaires conseillés par O. VANHEE (66) ;
- de vérifier l’exactitude des réponses données par les enfants concernant les modalités de leur
prise en charge médicale et ainsi de limiter les erreurs pouvant fausser l’analyse des données ;
- de comparer le ressenti des parents avec celui de leurs enfants ;
Ce questionnaire vient compléter notre enquête par entretien à usage principal, les propos
recueillis lors des interviews restant notre source d’information principale (63).
35
2. Population étudiée
2.1. Définition de la population
Comme évoqué précédemment, c’est à la fois mon expérience personnelle et la pauvreté des
données de la littérature concernant la prise en charge médicale spécifique des enfants de
médecins qui nous ont orientés vers l’étude ciblée de cette catégorie de « proches de médecins ».
Encore faut-il définir ce qu’est un enfant de médecin.
Selon Le Petit Larousse (67), le nom singulier « enfant » a deux significations :
- « Fils ou fille de quelqu’un »
- « Garçon ou fille avant l’adolescence », l’« adolescence » étant elle-même définie de façon
assez vague comme la « période de la vie entre l’enfance et l’âge adulte, pendant laquelle se
produit la puberté et se forme la pensée abstraite ».
La terminologie MESH (68) distingue 3 catégories d’« enfants » en fonction de leurs âges :
- Enfant d’âge préscolaire : enfant de 2 à 5 ans ;
- Enfant : enfant de 6 à 12 ans ;
- Adolescent : adolescent de 13 à 18 ans.
Dans notre étude, c’est davantage le statut de fils ou fille de médecin que la catégorie d’âge qui
nous intéresse. Nous nous soucions avant tout de l’impact du lien de filiation entre le parent-
médecin et son enfant-patient. Cette définition d’enfant sur le plan de la filiation est néanmoins
insuffisante comme critère d’inclusion, puisqu’elle ne comprend aucune limite d’âge.
36
2.2. Mode de sélection des sujets
2.2.1. Choix des limites d’âge
Nous avons choisi d’inclure les enfants de médecins de 6 à 18 ans pour avoir un éventail large
de leurs ressentis, comprenant aussi bien la spontanéité des plus jeunes que le vécu des plus
âgés.
Concernant la limite d’âge inférieure, nous nous sommes basés sur les travaux de recherche
de psychologie du développement de l’enfant pour déterminer l’âge adéquat permettant de
répondre pertinemment aux questions posées.
Pour F. de SAUSSURE, c’est à 6 ans que se résout le complexe d’Œdipe, caractérisé par
l’identification aux parents, une prise de conscience du moi par rapport aux autres et
l’apparition de sentiments durables (69). Avant 6 ans, le langage verbal n'est pas, pour J.
PIAGET, considéré en tant qu'instrument de communication efficace, car il est décrit comme
égocentrique (70). Pour H. WALLON, l’enfant entre, à 6 ans, dans le stade catégoriel, qui est
une phase de domination des activités intellectuelles. Il devient alors capable d’attention,
d’effort et de mémoire volontaire (71).
En somme, l’âge de 6 ans apparaît comme l’âge minimal requis pour que l’enfant puisse
exprimer sa propre pensée.
Concernant la limite d’âge supérieure de 18 ans, nous nous sommes basés sur deux constats :
- d’un point de vue civil, 18 ans est l’âge de la majorité en France et de l’émancipation vis-à-
vis de ses parents, l’âge où l’adolescent devient adulte ;
- dans la littérature, c’est l’âge moyen à partir duquel la plupart des parents médecins arrêtent
de soigner leurs enfants (9,13).
En outre, nous avons vu qu’en France, l’âge légal pour choisir soi-même son propre médecin
traitant est de 16 ans (28), sous réserve d’accord d’un titulaire de l’autorité parentale. (28)
Avoir dans notre échantillon des sujets âgés de 16 à 18 ans nous permettait d’étudier l’impact
de cette législation sur la prise en charge médicale des adolescents concernés.
37
2.2.2. Choix des médecins concernés
Dans la littérature française, l’intégralité des thèses étudiées s’intéresse à la prise en charge des
proches de médecins généralistes, thésés ou internes (72) et plus récemment à ceux de pédiatres
(18, 47, 73).
La littérature étrangère met quant à elle en évidence que les médecins généralistes sont les plus
sollicités par leurs proches (74,75).
Afin de déterminer si la spécialité médicale du parent médecin influence la prise en charge
médicale de son enfant, nous avons décidé d’élargir le recrutement aux enfants de médecins
aussi bien généralistes que spécialistes.
De la même façon, la quasi-totalité des médecins interviewés dans les études françaises sont
des médecins libéraux.
Il nous a semblé opportun d’étendre le recrutement aux médecins libéraux et salariés, exerçant
en cabinet privé ou en structures de soins.
2.2.3. Choix du lieu de recrutement
Initialement prévu dans la région caennaise, lieu de soutenance de cette thèse, le recrutement
des enfants de médecin a été étendu, pour raisons personnelles, à mes départements de
formation (Gironde et Calvados) ou d’exercice (Calvados, Loire-Atlantique et Maine-et-Loire).
Pour des motivations pratiques, à l’exception des contacts directs dans l’entourage
professionnel ou par bouche-à-oreille, les médecins contactés ont été sélectionnés dans un
périmètre d’une trentaine de kilomètres de mes lieux de résidence ou d’exercice.
38
2.2.4. Critères d’inclusion et d’exclusion retenus
Critères d’inclusion :
- être fils ou fille de médecin généraliste ou spécialiste, libéral ou hospitalier ;
- être âgé de 6 à 18 ans au moment de l’entretien ;
- être volontaire pour participer à l’étude.
Critères d’exclusion :
- être personnellement connue de l’enfant, dans un souci d’impartialité et de confidentialité ;
- ne pas avoir l’autorisation parentale d’être interviewé et inclus.
Contrôle des critères d’inclusion et d’exclusion
Le questionnaire préalable fourni au parent lors du recrutement a permis de sélectionner les
sujets volontaires en fonction des réponses fournies. Les participants étaient inclus après
obtention des autorisations parentales.
2.2.5. Principe de variation maximale
Le principe de variation maximale est un critère de qualité permettant de recruter des personnes
hétérogènes pour contraster les situations recueillies. Les variables retenues sont l’âge et le sexe
de l’enfant, le fait d’être soigné par un parent médecin/un autre médecin/les deux/deux parents
médecins, la spécialité et le type d’exercice du parent médecin.
L’objectif est en effet d’avoir une population d’enfants de médecin variée permettant d’obtenir
un maximum de prises en charge médicales différentes ou différemment vécues.
39
2.3. Nombre de sujets à inclure
Dans le cadre d’études qualitatives, la taille de l’échantillon ne doit pas forcément être
importante, mais l’échantillon, sans être représentatif, doit être le plus diversifié possible pour
explorer largement la complexité du phénomène étudié.
Selon A. BLANCHET et N. GOTMAN, « la détermination du nombre d’entretiens nécessaires
à une enquête [dépend] du thème de l’enquête (faiblement ou fortement multidimensionnel) et
de la diversité des attitudes supposées par rapport au thème […] et enfin des moyens dont on
dispose (en temps et argent) ».
Le corpus d’une enquête par entretiens est généralement moins conséquent que celui d’une
enquête par questionnaires, les informations recueillies par entretiens n’ayant pas à être validées
par sa « probabilité d’occurrence » et ayant un poids équivalent à une information répétée de
nombreuses fois dans des questionnaires (63).
Dans l’objectif d’une variation maximale de l’échantillon, nous avons rejeté les propositions
d’enfants ayant accepté de participer à l’étude, mais pour lesquels nous avions déjà des profils
similaires, en termes de critères d’inclusion, notamment pour les enfants de 8 à 10 ans dont le
ou les parent(s) étai(en)t spécialiste(s) en clinique.
Nous avons pu nous le permettre puisque les études qualitatives n’ont comme déterminant du
nombre d’entretiens suffisants que la saturation théorique.
La saturation de l'information est atteinte lorsque les informations recueillies deviennent
répétitives et que la lecture des données d’entrevues n’apporte plus d'éléments nouveaux ou
complémentaires.
En pratique, celle-ci est généralement obtenue après une vingtaine d’entretiens dans les thèses
de médecine générale consultées (7,12).
2.4. Recrutement des sujets
Contacter directement les enfants de médecins paraissant aussi peu réalisable que peu éthique,
nous sommes, au préalable, passés par les médecins pour leur expliquer notre travail et obtenir
un rendez-vous avec leur(s) enfant(s).
Ce contact avec les praticiens a été établi de vives voix ou par email (Annexe 7).
40
3. Grille d’entretien
3.1. Principes d’élaboration du guide d’entretien
Nous avons élaboré un canevas d’entretien, qui est une trame servant de base à la discussion
avec les interviewés, afin de structurer l’entrevue, d’obtenir une certaine homogénéité des
réponses et de garder la même rigueur dans la démarche. Contrairement au questionnaire, le
guide d’entretien « structure l’interrogation, mais ne dirige pas le discours ». Il faut savoir s’en
éloigner voire l’oublier et accepter les digressions des participants.
Il permet en outre que les « données produites puissent être confrontées aux hypothèses » (63)
en autorisant une comparaison entre les entretiens.
Nous l’avons organisé en trois parties :
La première partie expose le contexte social, avec des questions succinctes permettant de
déterminer les caractéristiques de l’enfant, son environnement familial et son médecin habituel.
La deuxième partie détermine les modalités pratiques de la prise en charge médicale : choix
du médecin consulté, cadre de la consultation, suivi médical, particularités de la prise en charge
de l’enfant de médecin.
La troisième partie s’intéresse au ressenti de l’enfant à proprement parler : qualité des soins
reçus, considérations, sentiments éprouvés lors de la consultation, crédibilité du médecin,
implication dans le choix de ce dernier, avantages et inconvénients liés aux soignants,
évaluation de la prise en charge médicale globale.
Les deux premières parties avaient pour but de déterminer le cadre de la prise en charge des
enfants de médecins. Elles permettaient en outre de répondre à plusieurs objectifs secondaires
de l’étude et de comparer les modalités de prise en charge décrites par les sondés à celles
rapportées par la littérature.
La dernière partie correspondait à l’objectif principal de notre thèse, à savoir le vécu et le
ressenti des enfants de médecin.
Le guide d’entretien est présenté en annexe (Annexe 4).
41
3.2. Difficultés rencontrées lors de l’élaboration du guide
Lors de la rédaction du canevas, nous avons été confrontés aux difficultés d’établir un
questionnaire unique face à la diversité des cas étudiés.
La première difficulté concernait le vocabulaire à utiliser, le questionnaire s’adressant aussi
bien à des enfants de CP qu’à de jeunes adultes de 18 ans. Il fallait que les questions soient
simples et compréhensibles pour les plus jeunes, tout en restant suffisamment précises et
pertinentes pour obtenir un maximum d’informations exploitables.
Nous avons surmonté cette difficulté en utilisant des questions ouvertes, avec la possibilité
d’énumérer des propositions de réponse permettant de guider les plus jeunes notamment.
Le principe d’entretiens semi-dirigés nous laisse l’opportunité d’adapter au cours de l’entretien
la formulation des questions selon l’âge du sujet interrogé et de les expliciter avec des exemples
auprès des plus petits.
La deuxième difficulté résidait dans le fait d’uniformiser le questionnaire face à des situations
médicales très hétérogènes (soins apportés par le parent médecin, les parents médecins, un
médecin extérieur, plusieurs praticiens, dont le médecin parent…).
Nous avons choisi de définir deux trames principales permettant au possible de pouvoir établir
un parallèle entre toutes les prises en charge puis d’adapter les questions en fonction de la
situation médicale du sujet.
À cet effet, le questionnaire préalable destiné aux parents a également pour vocation de préparer
et d’ajuster le canevas en amont de l’entretien en fonction de l’âge et de la prise en charge de
l’enfant.
42
3.3. Expérimentation du canevas d’entretien
Un entretien test a été réalisé afin de valider la grille d’entretien et de reformuler au besoin les
items du canevas.
J’ai interviewé mon fils de 5 ans pour des raisons pratiques d’une part, et pour m’assurer que
les questions seraient compréhensibles pour des enfants de 6 ans.
Cet essai permettait également de me familiariser avec la technique d’entretien individuel.
Il n’a évidemment pas été inclus dans l’étude.
Nous le présentons en annexe (Annexe 5), avec un exemple de codage.
3.4. Modifications ultérieures du guide
De nouvelles problématiques non présentes dans le canevas d’entretien initial ont été soulevées
par les interviewés au cours des rencontres successives, nous amenant à enrichir au fur et à
mesure le guide d’entretien. Cette pratique fait partie intégrante des études qualitatives par
entretien, comme le décrivent A. BLANCHET et N. GOTMAN : « la réflexion se poursuit tout
au long de l’enquête et opère le plus souvent par allers et retours d’une phase à l’autre, tout
entretien pouvant suggérer des hypothèses dont on cherchera des indices au cours des
entretiens suivants, et venir ainsi infléchir le guide initial d’entretien » (63).
Nous avons par exemple ajouté des items relatifs aux différences de prise en charge entre les
enfants de médecins et les autres patients après que les participants les aient évoquées.
43
4. Recueil des données
4.1. Technique de recueil des données
Nous avons recueilli les données selon deux méthodes :
- un questionnaire adressé au (x) parent(s) médecin(s), qui nous était retourné, après obtention
d’une réponse favorable à la réalisation d’un entretien avec l’un ou plusieurs de leurs enfants
(dans le cas d’une fratrie, nous demandions à ce qu’il y ait un questionnaire par enfant
interviewé).
- les entretiens semi-dirigés réalisés auprès des enfants de médecins.
4.2. Modalités de recueil des données
4.2.1. Réalisation des entretiens
Le choix du lieu de l’entretien était laissé aux médecins sollicités, permettant ainsi de favoriser
un climat de confiance et de limiter les contraintes pour leurs enfants.
Nous nous sommes adaptés aux disponibilités des familles volontaires.
L’entretien débutait par la présentation de l’enquêtrice puis l’exposition du thème de l’étude et
son objectif.
4.2.3. Enregistrement des entretiens
Les données étaient enregistrées sur dictaphone après accord du participant et de ses parents,
via un formulaire de consentement (Annexe 8), les interrogés étant, pour la quasi-totalité,
mineurs. Ces derniers avaient été informés au préalable du caractère confidentiel et anonyme
des informations recueillies.
44
4.3. Autorisation de traiter le sujet et protection des
données
L’autorisation de traiter le sujet a été accordée par le Département de Médecine Générale de
l’Université de Caen.
Avant toute inclusion de données personnelles relatives aux parents et enfants dans la partie
qualitative de l'étude, nous avons déclaré le traitement de données auprès du Correspondant
Informatique et Liberté de l'Université de Caen (CIL). Cette déclaration a fait l’objet de la
production et de l’inscription d’une fiche de traitement au registre Informatique et Libertés de
l'Université de Caen (Annexe 9).
Selon les recommandations du CIL, aucune donnée médicale n’a été retranscrite et les
enregistrements ont été détruits une fois codés, afin de ne pas compromettre l’anonymat des
participants et de ne pas violer le secret médical.
Les entretiens ont été anonymisés afin qu’aucun des propos cités ne puisse être attribué à un
enfant désigné par son nom ou ses caractéristiques intrinsèques.
45
5. Traitement des données
L’analyse de données implique de retranscrire les données qualitatives, à savoir ce qu’ont dit
les interviewés, le plus objectivement et le plus fidèlement possible, de coder les informations
recueillies puis de les traiter.
5.1. Retranscriptions des données
Les entretiens ont été retranscrits mot à mot, sans en changer le texte ni l’interpréter, en
s’attachant à respecter les silences ou les hésitations entre parenthèses et à mentionner les
comportements gestuels au besoin. Le texte obtenu, correspondant aux données brutes de
l’enquête, est appelé « verbatim ».
Les entretiens ont été anonymisés en les nommant par la lettre E pour entretien suivie du nombre
correspondant à l’ordre de réalisation des entretiens.
5.2. Codage des données
Le codage décrit, classe et transforme les données qualitatives brutes en fonction d’une grille
d’analyse comportant des catégories d’analyse. (76)
La grille d’analyse est définie a posteriori, en fonction des données recueillies (codage ouvert),
ou au préalable, en fonction des objectifs de l’étude (codage fermé). (76)
Codage ouvert
Les données sont lues ligne par ligne et organisées en unités de codage. Ce découpage reste
centré par la question de recherche, pouvant s’appuyer sur les items de la grille d’entretien. Les
unités de codage sont comparées, associées et réorganisées en catégories d’analyse dégageant
les thèmes principaux.
Le codage ouvert est donc un processus d’abstraction des données : ces dernières sont analysées
individuellement pour être ensuite généralisées. Il repose sur la démarche inductive qui consiste
à obtenir des conclusions générales à partir de cas particuliers.
46
Codage fermé
Les données sont lues ligne par ligne puis codées en fonction des hypothèses de recherche
initiales. La grille d’analyse est définie avant les entretiens. Les données sont utilisées pour
tester la validité des idées selon une démarche déductive de traduction des données (76).
Le but de notre étude étant de généraliser le vécu d’un échantillon d’enfants, sans forcément en
connaître a priori les pratiques et les ressentis, c’est la démarche inductive de généralisation du
codage ouvert que nous avons utilisé.
5.3. Analyse des données
Les données brutes sont découpées en unités de codage (76) pouvant être :
- syntaxiques : le verbatim est découpé en phrases et mots-clefs qui ont une signification
proche ;
- sémantiques : ce sont des idées clefs correspondant à des séries de phrases, des morceaux de
phrases ou des mots ;
- psychologiques : elles sont liées au contexte. Sont ainsi codés les sensations, les émotions, les
gestes, les regards…
En pratique, une première lecture des verbatims avait pour but de dégager les thèmes principaux
en associant un code couleur à chacun d’entre eux. Une seconde lecture longitudinale, entretien
par entretien, a permis de repérer les mots, les phrases et les idées clefs pertinents pour notre
étude. Ils ont été découpés en unités de codages, surlignées à l’aide du code couleur établi
préalablement ou secondairement enrichi lorsque de nouvelles thématiques, non mises en
évidence à la première lecture, se dégageaient. Lors d’une troisième lecture, transversale cette
fois, via le code couleur, ces unités de codage ont été associées et regroupées en catégories
d’analyse correspondant aux thèmes principaux définitifs.
Les catégories d’analyse ainsi dégagées sont présentées en annexe (Annexe 6). Les thèmes
communs les plus pertinents ont été développés dans la discussion.
47
RÉSULTATS ET ANALYSE
Nous avons choisi de synthétiser certaines données obtenues sous forme de graphiques et de
calculer quelques moyennes et pourcentages nous permettant de dégager des tendances
générales. S’agissant d’une étude qualitative dont l’objectif principal est le recueil de ressentis,
nous n’avons nullement la prétention d’en faire des statistiques significatives, notre échantillon
n’étant pas suffisant pour être représentatif de la population générale. Les tendances mises en
évidence ont pour vocation d’être secondairement confrontées aux résultats de la littérature.
1. Recrutement des participants
1.1 Recrutement par contact direct
Quatre parents médecins ayant accepté que leur(s) enfant(s) participent à l’étude étaient des
connaissances de la doctorante et ont été contactés directement. Six enfants ont ainsi été inclus.
1.2. Recrutement par email
Nous avons contacté par email 20 médecins généralistes de mon secteur d’exercice et envoyé
environ 300 emails au sein d’établissements de soins dont nous avions pu trouver les adresses
des praticiens sur internet. Il s’agissait de deux cliniques privées, un hôpital public de proximité,
une structure psychiatrique et un établissement de soins de suites et de réadaptation. Environ
un cinquième des emails n’a pas pu être délivré et nous ne connaissons pas le taux de courriels
effectivement parvenus aux intéressés.
34 médecins nous ont répondu par email, dont 20 négativement, n’ayant pas d’enfant
susceptible d’être inclus dans notre étude. Parmi eux, de nombreux étaient malgré tout très
intéressés par le sujet et souhaitaient obtenir les résultats de cette enquête.
Finalement, 15 médecins ont répondu favorablement à nos sollicitations, avec 33 enfants
correspondants aux critères d’inclusion. Afin de respecter le principe de variation maximale,
nous avons proposé des entretiens à 25 d’entre eux. Les parents d’enfants non initialement
sélectionnés ont accepté d’être recontactés en cas de non-saturation des données à l’issue des
31 entretiens programmés, ce qui ne s’est pas avéré nécessaire.
48
2. Description de la population étudiée
Un tableau synthétique intégrant les caractéristiques de l’enfant, de ses parents et de ses
médecins a été réalisé pour faciliter l’analyse et la rédaction de cette thèse. Bien qu’il eût été
fort pertinent de l’intégrer, nous avons choisi de ne pas le faire afin de conserver au mieux
l’anonymat de nos participants. En effet, on peut imaginer qu’un enfant désigné par son sexe,
son âge, sa fratrie, son lieu de résidence et avec mention des spécialités et lieux d’exercice de
ses parents serait aisément identifiable.
La population analysée est donc citée avec l’initiale de chaque entretien, et exceptionnellement
associée à l’une de ses caractéristiques lorsque celles-ci semblent particulièrement contributives
pour l’analyse des données (âge, fratrie, profession du parent).
Enfin, bien que notre étude concerne aussi bien des enfants que des adolescents et même une
personne majeure, nous utiliserons le terme « enfant » pour les décrire, dans le sens filial du
terme.
49
2.1. Âge et sexe des enfants de médecin
Les enfants interviewés étaient âgés, le jour de leur entretien, de 6 à 18 ans, avec une moyenne
d’âge de 11 ans (figure 1).
Figure 1 : Âge et sexe des enfants interrogés
Alors que le projet initial était de n’interroger que des enfants mineurs, nous avons choisi
d’intégrer à notre étude un enfant de médecin(s) de 18 ans révolus, appartenant à une fratrie de
trois enfants, l’entretien avec ce dernier ayant été particulièrement riche et pertinent pour notre
analyse.
Nous avons dû en revanche refuser plusieurs demandes de participation d’enfants dont les âges
ne correspondent pas aux critères d’inclusion.
De la même façon, nous avons malheureusement écarté plusieurs propositions d’entretiens avec
des enfants dont les tranches d’âges étaient surreprésentées (8 et 10 ans) dans un souci de
variation maximale.
Parmi les 31 enfants de médecin(s), 17 sont des filles et 14 des garçons.
La répartition des âges entre les deux sexes est relativement homogène puisque les filles
rencontrées étaient âgées en moyenne de 10,6 ans (âges extrêmes 6 et 17 ans) contre 11,4 ans
chez les garçons (âges extrêmes 7 et 18 ans).
50
2.2. Profession des parents
2.2.1. Profil des parents participants à l’étude
Parmi les 28 parents ayant accepté de faire participer leur(s) enfant(s) à notre étude, 19 sont des
médecins, dont 58 % de femmes (figure 2).
Figure 2 : Profession des parents
58 % des enfants ont un de leur parent médecin. Pour 42 %, ils le sont tous les deux (figure 3).
Figure 3 : Médecins parmi les parents
Au sein des parents non médecins, quatre sont rattachés au milieu médical (un pharmacien
hospitalier, un kinésithérapeute libéral, une infirmière hospitalière et une conceptrice rédactrice
du secteur médical).
51
2.2.2. Profil professionnel des parents médecins
Parmi les parents médecins, 37 % sont médecins généralistes, exerçant pour la plupart en
cabinet privé, les deux tiers restants étant des médecins spécialistes travaillant en majorité au
sein d’établissements de soins privés (tableau 1).
PROFESSION En cabinet En structure
Interniste X
Généraliste X
Urgentiste X
Généraliste X
Biologiste X
Pédiatre X
Anesthésiste-réanimateur X
Chirurgien orthopédique X
Généraliste X
Interniste X
Généraliste X
Généraliste X
Urgentiste X
Gynécologue-obstétricien X
Radiologue X
Généraliste et gériatre X X
Chirurgien digestif, endocrinologique, bariatrique X
Médecin de PMI X
Anesthésiste réanimateur X
TOTAL 5 15
Tableau 1 : Spécialité et exercice des parents médecins
52
2.2.3. Perception de la profession du parent par l’enfant de médecin
Trois enfants ne savent pas ce que l’un de leurs parents fait comme travail : E12 (6 ans), E17
(8 ans), E18 (7 ans).
Nous pouvons classer les réponses des enfants en trois catégories en ce qui concerne leur
évocation de la profession de leur(s) parent(s) médecin(s) :
Description vague et succincte : 7 enfants âgés de 6 à 10 ans qualifient leur parent de
« docteur » ou « médecin » sans plus de précision, avec parfois la mention du lieu d’exercice :
« à l’hôpital », « à la clinique » ou « dans un cabinet ».
Description précise et exacte par 19 enfants. Après 13 ans en particulier, les enfants libellent
avec pertinence et précision la spécialité de leur parent, comme :
- « chirurgienne, spécialisée dans la main » ;
- « anesthésiste réanimateur » ;
- « chirurgien gynécologue obstétricien » ;
- « il travaille à SOS médecins et il travaille aussi (…) en tant que gériatre » ;
- « médecin de PMI (…) elle est médecin généraliste [de formation] ».
Description confuse ou simplement descriptive par 5 enfants :
- E4 : « Mon père il travaille en fait sur la médecine… des remèdes » ;
- E5 : « Mon père il est médecin, mais c'est pas un consultant. Il travaille surtout sur les
molécules tout ça et il est beaucoup dans son bureau » ;
- E7 : « quand les bébés ils naissent et bon si ils sont pas en bonne santé ben elle les opère ou
elle leur fait des piqures pour voir s’ils sont en bonne santé » ;
- E14 : « je crois qu’il est interniste ou un truc dans le genre » ce qui signifie « qu’il travaille
dans… bah… à l’intérieur ! » ;
- E25 : « Il est chirurgien. J’crois qu’il est généraliste, mais j’suis pas sûr ».
On constate logiquement que la description de la profession du parent est d’autant plus précise
que le répondant est âgé.
On peut malgré tout s’interroger sur la méconnaissance ou la représentation floue de la
profession du parent pour un tiers des enfants interrogés. Celles-ci pourraient être source de
confusion dans la perception de leur prise en charge médicale, certains n’étant pas même sûrs
que leur parent soit médecin ou le croyant à tort (E4 et E5).
53
2.3. Localisation de la population étudiée
2.3.1. Lieu de résidence des familles
Figure 4 : Département de résidence des familles interrogées
Parmi les 31 enfants interrogés, 2 résidents en Gironde, 3 dans le Calvados, 1 dans le Maine-
et-Loire et 25 en Loire-Atlantique (figure 4).
2.3.2. Lieu de travail des parents
Tous les parents médecins travaillent dans le département où ils résident à l’exception d’un,
habitant en Loire-Atlantique et exerçant dans le Maine-et-Loire.
79 % des médecins de notre étude travaillent en zone urbaine, 21 % en zone semi-rurale.
La distance moyenne entre le lieu de résidence des familles et le lieu de travail de chacun des
parents médecins est de 13,8 kilomètres avec un minimum de 0,5 kilomètre et un maximum de
44 kilomètres.
54
2.4. Médecins référents de l’enfant de médecin
2.4.1. Médecins actuels de l’enfant
Le parent médecin est le premier recours dans la prise en charge médicale de l’enfant (figure 5).
Figure 5 : Médecins principaux et secondaires des enfants
Pour un peu plus de la moitié des participants, il est leur médecin principal, voire exclusif. Deux
enfants déclarent consulter conjointement un pédiatre (E18) et un gynécologue (E26).
Parmi les parents ayant fait le choix de soigner leurs enfants, nous remarquons que la majorité
sont des couples de médecins (62,5 %). 77 % enfants ayant leurs deux parents médecins sont
d’ailleurs totalement soignés par eux.
Parmi les 15 enfants consultant principalement un médecin tiers, 80 % sont selon eux,
occasionnellement pris en charge par leur parent. Les 20 % restants ne le sont jamais, le parent
n’ayant qu’un avis consultatif (E14, E15, E16).
Lorsque le médecin référent est un médecin extérieur, il s’agit soit d’un pédiatre, soit d’un
médecin généraliste, sans différence notable entre les deux spécialités (47 % versus 53 %).
55
2.4.2. Répartition de la prise en charge entre le parent médecin et le médecin
extérieur
La prise en charge médicale globale diffère du point de vue des parents (issu du questionnaire)
et du point de vue des enfants (issu des entretiens).
Figure 6 : Répartition de la prise en charge médicale de l'enfant selon les enfants et selon leur parent
Il apparaît à la lecture de la figure 6 que les parents attribuent un rôle majeur au médecin extérieur
dans la prise en charge médicale de leur(s) enfant(s) tandis que les enfants placent le(s) parent(s)
médecin(s) au premier plan. En effet, selon eux, ils sont soignés peu ou prou par leur(s) parent(s)
médecin(s) dans 90 % des cas alors que 19 % des parents médecins n’ont pas déclaré intervenir.
56
Est-ce une volonté du parent médecin de minimiser la place prépondérante prise par celui-ci à l’égard
du suivi médical de son enfant, car pouvant paraître contraire aux préconisations d’éviter les soins
aux proches ? Une mère, médecin semble devoir se justifier de ce fait auprès de ses confrères « quand
on va à l’hôpital et qu’ils demandent le médecin généraliste, maman, de elle-même, elle dit “oui je
sais que c’est pas bien, mais c’est moi parce que je suis médecin” » (E30).
Est-ce, à l’inverse, une exagération par l’enfant de la place du parent médecin dans sa prise en charge
médicale du fait d’une perception différente de la notion de soignant ? On remarque en effet que ces
derniers intègrent à la prise en charge médicale la bobologie et l’administration des médicaments
(« quand j’suis malade, elle me donne des médicaments » E10), non spécifiques à la profession de
médecin, mais inhérents à chaque parent. C’est ce que souligne E26 en fin d’entretien : « après pour
tous les enfants malades en général les deux parents peuvent s'en occuper. Je pense notamment par
exemple aux gastros ou les trucs comme ça où on est obligé de rester à la maison pendant plusieurs
jours ». C’est encore plus flagrant lorsque le soignant est parfois désigné comme étant un membre de
la fratrie (« quelque fois ya aussi mes sœurs qui me soignent. Elles savent faire » E25) ou un adulte
extérieur (E4 évoque sa nounou et E21 les animateurs à l’école).
2.4.3. Impact de la spécialité du parent sur la prise en charge de l’enfant
Le choix d’être médecin référent n’est pas réservé qu’aux médecins généralistes et aux
pédiatres puisque quatre spécialistes l’ont fait, qu’il s’agisse de spécialités médicales ou
chirurgicales. Néanmoins, les médecins généralistes restent plus nombreux à le faire
systématiquement (57 % des parents médecins généralistes contre 33 % des parents médecins
spécialistes). Le médecin pédiatre a par ailleurs choisi de confier la prise en charge principale
de ses enfants à un tiers.
D’après la figure 7, on ne dégage pas de variation nette entre le type de spécialité du parent et
le choix de le soigner ou non. Ainsi, les parents ayant des spécialités dites médico-techniques,
que sont l’hématologie biologique et la radiologie dans notre étude, soignent occasionnellement
leurs enfants.
57
Figure 7 : Degré de prise en charge de l'enfant selon la spécialité du parent
À l’inverse, des spécialistes médicaux comme les internistes ne prennent que très rarement,
voire jamais, leurs enfants en charge. On note néanmoins que certains spécialistes (un
urgentiste, un interniste, un radiologue et un chirurgien) n’interviennent que peu souvent, leur
conjoint médecin étant le premier recours. Ce conjoint est dans trois cas un médecin généraliste.
Tous les médecins généralistes en revanche sont impliqués dans la gestion des maladies de leurs
enfants.
La spécialité du parent n’influe pas sur le choix du spécialiste : le pédiatre est choisi par un
parent généraliste, deux parents urgentistes et un parent spécialiste. Le médecin généraliste est
préféré par deux parents spécialistes et deux parents généralistes. Nous soulignerons que la
seule médecin pédiatre de notre étude a choisi un médecin généraliste pour le suivi de ses
enfants.
58
2.4.4. Impact du lieu d’exercice du parent sur la prise en charge de l’enfant
Impact de la structure de soins
Parmi les parents soignant exclusivement leurs enfants, 60 % exercent en cabinet privé et 40 %
en établissements de soins.
Parmi ceux soignant partiellement leurs enfants, un tiers sont en cabinet privé et les deux tiers
restants en établissements de soins.
Ceux ne soignant que rarement ou jamais leurs enfants sont tous issus d’établissements de soins.
Les parents médecins auraient donc tendance à soigner davantage leurs enfants lorsqu’ils
exercent en cabinet privé. Néanmoins, notre étude n’incluant malheureusement pas d’enfants
de médecins spécialistes à exercice individuel, on ne peut pas savoir si cette différence est liée
à la structure ou à la spécialité du parent, les proportions étant superposables.
Impact de la distance entre le travail et le domicile
La différence de trajet est négligeable entre les médecins soignant leurs enfants, qui travaillent
à 13 kilomètres de leur domicile, et ceux les confiant à un tiers (14,6 kilomètres).
59
2.4.5. Impact du sexe du parent médecin sur la prise en charge de l’enfant
Figure 8 : Proportions d'enfants pris en charge par le parent en fonction de son sexe
Proportionnellement, il y a autant d’enfants exclusivement soignés par leur mère médecin que
d’enfants soignés par leur père médecin (respectivement 44 % et 42 %).
Les femmes médecins semblent néanmoins presque toujours s’impliquer, même a minima, dans
la prise en charge médicale de leur enfant (88 %) tandis que près d’un tiers des hommes
médecins ne le font que très rarement voire pas du tout (figure 8).
60
2.4.6. Évolution du choix du médecin avec l’âge de l’enfant
La figure 9 met en évidence que le médecin extérieur est de moins en moins sollicité au fur et
à mesure que l’enfant grandit, laissant place à une implication plus importante du parent
médecin. Cette tendance est confirmée par une moyenne d’âge plus élevée des enfants suivis
par leur parent médecin (12,4 ans) que celle des enfants suivis par un médecin tiers (9,4 ans).
Nous le constatons également avec quatre participants (E13, E28, E30 et E31) qui indiquent
avoir été suivis dans la petite enfance par un médecin extérieur puis par leur parent :
- E13 : « avant, c’était mon médecin traitant (…) je sais plus, je crois que c’était jusqu’à mes 3
ans » ;
- E28 : « quand j'étais gamin, j'allais voir un pédiatre, au tout début, parce que maman
voulait… je ne sais plus pourquoi » ;
- E30 : « quand j’étais petite (environ 10 ans) j’en avais, mais en fait je crois qu’il est parti à
la retraite et du coup oui on n’en a pas tellement retrouvé ».
Figure 9 : Nombre d'enfants pris en charge par le médecin parent ou le médecin tiers
en fonction de leur âge
Les enfants principalement pris en charge par un médecin extérieur ont en moyenne 9 ans
lorsqu’ils sont suivis par un pédiatre et 9 ans et demi lorsqu’ils le sont par un médecin
généraliste. L’âge de l’enfant ne semble donc pas influencer le choix du spécialiste pour notre
population âgée de 6 à 18 ans.
61
2.4.7. Médecin traitant déclaré
Trois participants sont âgés de plus de 16 ans et ont donc déclaré un médecin traitant : deux
auraient déclaré leur père, et le troisième, bien qu’exclusivement soigné par ses parents, a
déclaré un médecin extérieur :
- E22 : « J'aurais dit papa (…), mais je n'étais pas au courant de cette déclaration (…) Mais
après quand, à l'école, on demande le nom du médecin traitant, je mets toujours papa » ;
- E26 : « J'ai demandé du coup à ce que ce soit mon père, ça ne me gênait pas forcément, dans
la continuité… (…) J'en ai parlé un peu avec ma mère, j'avais déjà ma petite idée en plus pour
la question… et du coup elle m'a proposé, elle m'a dit « est-ce que ça te dérange, est-ce que tu
veux un autre médecin quoi » et j’ai dit « bah… moi comme ça me va » (…). « Elle m'a dit que
après ben… tout dépendait de moi, si je voulais avoir un autre médecin, c'est moi qui voyais.
Si je voulais avoir mon père en tant que médecin et bien c'était très bien parce qu'il n'y avait
pas de démarches à faire après si je veux un autre médecin c'est pas du tout gênant. J'ai juste
à demander et puis on essaie de trouver un autre médecin qui prend en tant que médecin traitant
et puis voilà ». « Après, si je veux changer un jour, ça m'étonnerait qu'il y ait des difficultés là-
dessus. Du coup je me suis dit : je suis pas totalement bloquée là-dedans, y'a pas une obligation
de 50 000 jours (rires) du coup ça me va très bien » ;
- E28 : « C'est pas mes parents. Je sais pas si y’a le droit d'avoir les parents… c'est Monsieur…
enfin Docteur R. Enfin je ne l’ai jamais vu, mais c'est Docteur R. ».
2.5. Médecins référents de la fratrie
La quasi-totalité des enfants a le même médecin référent que leurs frères et sœurs, que ce soit
le/les parent(s) ou un médecin extérieur. Seule une des enfants est fille unique.
Une fratrie a toutefois recours à de nombreux spécialistes en fonction des pathologies de
chacun, expliquant les divergences partielles de prise en charge entre les trois enfants, même si
un des enfants à sa propre explication : « bah L. il a plus de médecins que nous parce qu’il est
plus grand » (E20).
Une enfant rapporte enfin, avec une certaine frustration, que si son parent refuse de la soigner,
elle et sa fratrie, il n’hésite pas à se soigner lui-même « papa des fois quand… il a des rhumes
ou des choses comme ça, il écrit lui-même sa… son ordonnance » ou son épouse « c’est plus
lui qui lui fait ses piqûres » (E14).
62
3. Description des entretiens réalisés
3.1. Nombre d’entretiens
31 entretiens ont été menés au cours de cette étude, entre le 10 juillet 2016 et le 27 février 2017,
permettant d’arriver à saturation des données.
Ce nombre conséquent d’entrevues, supérieur aux autres thèses analysées, s’explique par la
diversité des prises en charge possibles compte tenu de notre thème pluridimensionnel.
3.2. Déroulement des entretiens
Les entretiens se sont déroulés au domicile des enfants, le plus souvent dans leur chambre,
parfois dans le salon, selon leur préférence. Il a été expliqué aux parents qui souhaitaient rester
auprès des plus jeunes qu’il était préférable que ces derniers soient seuls pendant l’entretien
pour ne pas influencer leurs réponses, mais que le choix leur appartenait à eux et aux enfants.
Même si certains participants étaient un peu anxieux, tous ont accepté de jouer le jeu et chaque
entretien s’est donc déroulé individuellement, à l’exception de E25 dont l’interview a eu lieu
en présence d’un camarade.
Nous nous sommes attachés à instaurer un climat de confiance en nous efforçant d’avoir une
écoute active, bienveillante et empathique afin que le participant ne se soucie pas de
l’impression produite sur l’investigateur, ce qui aurait compromis la véracité des réponses.
L’attitude s’est efforcée d’être la plus neutre possible pour ne pas l’influencer.
63
3.3. Durée des entretiens
Le début de l’entretien a été défini comme la première question posée, la fin correspondant au
moment où le sujet interrogé estime ne plus rien avoir à ajouter.
La durée moyenne des entretiens est de 10 minutes et 16 secondes, le plus court étant de 6
minutes et 38 secondes, le plus long de 20 minutes et 28 secondes.
La durée des interviews ne diffère pas selon le sexe de l’enfant (10 minutes et 21 secondes pour
les filles contre 10 minutes et 12 secondes pour les garçons).
Figure 10 : Durée des entretiens en fonction de l'âge des enfants
En revanche, la figure 10 montre que plus le participant est âgé et plus l’entretien tend à durer
longtemps. Ainsi, de 6 à 12 ans, la durée moyenne d’un entretien est de 8 minutes et 52 secondes
alors qu’il est de 12 minutes et 50 secondes de 13 à 18 ans.
00:00
02:24
04:48
07:12
09:36
12:00
14:24
16:48
19:12
21:36
5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19
Du
rée
(min
)
Âge (années)
64
3.4. Attitudes durant les entretiens
L’ensemble des entretiens s’est déroulé dans une ambiance sereine et décontractée. Nous avons
néanmoins pu constater des attitudes différentes selon les enfants au cours des entretiens.
Ainsi, les plus jeunes étaient parfois hésitants, comme E2 et E13, ou peu loquaces, comme E6
et E21, haussant beaucoup les épaules. Certains ont pu se montrer déconcentrés au cours de
l’interview, comme E2, E4 (distrait par ses chats), et E6 (s’amusant avec ses jouets).
D’autres ont eu des rires gênés lorsqu’ils étaient sondés sur certains sujets, à l’image de E4 (à
l’évocation des certificats médicaux signés sans examen préalable) ou E27 (confiant être
examinée sur le canapé).
L’évocation des avantages et/ou inconvénients à avoir un parent médecin a pu mettre certains
participants mal à l’aise (comme E9, E10 ou E27), redoutant sans doute d’émettre des critiques
négatives envers leur parent. E26 par exemple, semblait vouloir justifier une prise en charge
qui pourrait, à ses yeux, être considérée comme non optimale : « Euh… il me semble qu'il… je
sais plus (réfléchi). Attends, je me pose la question (rires gênés)… Après, j'ai pas vraiment de
soucis de santé tout ça donc… ».
Parallèlement, certains participants mettaient alors en avant les qualités de leur parent :
- E20 : « mais si elle saurait faire, elle saurait faire mieux que tout le monde ! » ;
- E16 : « Mon père est un très très bon médecin ». « J’ai toujours admiré mon père dans sa
façon de prendre rapidement une décision ». « C’est un très bon père aussi ».
Beaucoup d’enfants se sont montrés enthousiastes lors de l’interview (comme E5, E10 « ça
c’est une question ! » et E22 « j’ai pu raconter mon torticolis ! »), spontanés, voire volubiles
(comme E5, E10, E16, E26, E30 et E28 « on n’a pas encore parlé de ça encore ! »). Ces derniers
paraissaient ravis de pouvoir s’exprimer sur le sujet, certains s’étant déjà spontanément
questionnés à ce propos. Ainsi :
- E14 relate avoir interrogé son père vers l’âge de 8 ans sur son choix de ne pas la soigner : « Je
lui avais posé des questions comme ça et puis il m’avait répondu que “j’ai pas envie de me
tromper” »
- E26 a déjà réfléchi au fait d’avoir un médecin traitant extérieur « ah oui, alors ça c'est une
question que je me suis posée » (…) « bah évidemment, parce que comme la majorité de mes
amis c'est un médecin traitant extérieur, la question vient “qu'est-ce que ça ferait ?” ».
65
4. Résultats d’enquête
4.1. Déterminants du choix du médecin
4.1.1. Qui choisit le soignant ?
Lorsqu’on demande aux enfants de médecin qui choisit le médecin à consulter, un ne le sait pas
(E2) et trois déclarent que ce sont eux :
- E6 affirme que c’est elle-même, car sa maman « fait ce que je veux », mais, en pratique, ne
sait pas qui elle choisirait, ni pourquoi ;
- E8 parfois : « bah oui, par exemple quand je m’étais ouvert la tête, c’est moi qui a choisi qui
allait m’enlever les points de suture » ;
- E28 : « Parfois je choisis moi… j'aime beaucoup choisir (rires) ». Notamment selon
« l'ambiance actuelle à la maison… ».
Les 80 % restants indiquent que ce ne sont jamais eux, mais toujours leurs parents qui prennent
la décision, comme en témoignent :
- E4 : « en même temps à la maison je décide pas beaucoup de choses ! » ;
- E7 : « non, c’est pas moi qui choisit » ;
- E10 : « non, je leur fais confiance quoi » ;
- E15 : « c’est lui [son père] qui décide parce qu’en moyenne il sait ».
Parmi ces enfants qui ne choisissent pas d’eux-mêmes, la majorité déclare ne pas spécialement
vouloir le faire. C’est le cas de E1 « pas forcément », E2, E3 « ça m’est égal », E19, E21, E23
« j’m’en fiche un peu » et E29.
Seule E7 aimerait elle-même choisir son docteur, mais ne sait pas qui elle choisirait.
66
4.1.2. Selon quels critères de choix d’après les enfants ?
Déterminants du choix entre les deux parents médecins
Spécialité/
Compétences
E1 : « maman elle est plus spécialisée dans les enfants et papa plus dans
les adultes »
E9 : « mon père il sait ptet moins… moins faire ».
E10 : « si je me suis cassé le poignet, c'est plutôt ma mère qui va me faire
un plâtre par exemple (…) Autrement, par exemple, si j'ai une angine, ou
quelque chose comme ça, c'est plus mon père qui est un peu mieux
spécialisé dans les médicaments. »
E22 : « Après c'est papa qui fait tout ce qui est ordonnance et tout du
coup… je me tourne plus vers lui. »
E24 : « moi ça m’est jamais arrivé, mais R. (…) c’est plutôt papa qui lui
avait fait un point de suture. »
E27 : « bah quand on a plutôt mal au ventre, ou des choses comme ça,
comme c'est la spécialité de papa il est plus… c'est plutôt lui qui nous
consulte, qui fait un diagnostic. Alors que plutôt les maux de tête ou les
choses comme ça, c'est maman. »
E28 : « Ça dépend pour quoi. Ça dépend, quand c’est des maux de ventre
et tout ça, c'est le domaine de papa. Pour tout ce qui est vaccin et tout ça
c'est maman (…) maman plus pour tout ce qui est soin infirmier plutôt ».
« Je sais que je préfèrerais me faire vacciner par ma maman parce que je
sais qu'elle me vaccine bien, qu'elle vaccine très très bien… j'aime
beaucoup les massages au ventre de papa… (rires) (…) Ça dépend encore
une fois de la… de la maladie. »
Disponibilité
E10 : « Autrement après ça dépend de la disponibilité de mes parents »
E11 : « c’est plus ma mère, ça dépend en fait (…) Ça dépend surtout de
la disponibilité. »
E22 : évoque la disponibilité
E23 : évoque la disponibilité
E24 : évoque la disponibilité
E25 : « Un peu les deux ça dépend qui est là »
Tableau 2 : Critères déterminant le choix entre les parents
67
Déterminants du choix entre le parent et un médecin extérieur
Gravité/
pathologie
E4 : « ça dépend quelle maladie. Si c'est une maladie qui est pas très grave,
c'est mon père qui me soigne. Mais si c'est des maladies graves, ou des
trucs comme ça c'est pas mon père. Mais comme j'ai pas eu de maladie
grave, de grosses maladies, bah que mon père en fait. »
E5 : « Ben c'est surtout que avant je vais voir mon père pour savoir si c'est
quelque chose de grave et pour savoir si j'ai besoin d'aller voir un médecin
spécialiste des enfants ou pas, et après si mon père me dit qu'il faut que
j'aille voir le pédiatre parce qu'il sait pas ce que c'est bah j'y vais quoi (…)
c’est pour pas prendre de rendez-vous pour rien. »
E7 : « bah si j’ai mal au ventre, si j’ai mal à l’oreille, bah elle le fait, mais
si par exemple j’me suis fait quelque chose de grave, bah je vais voir le
docteur D. »
E8 : « par exemple quand je dis que j’ai mal au ventre, elle me dit si j’ai un
problème… par exemple l’appendicite ou (…) si juste ça va passer. »
E14 : « j’fais des réactions souvent, sur la peau en fait et…. faut toujours
qu’il essaie de savoir en fait ce que j’ai… mais on va toujours voir le
médecin derrière. »
E16 : « quand j’ai un problème immédiat, quand j’ai une douleur quelque
part j’demande à mon père sinon (…) par exemple quand c’est un mal de
gorge persistant et tout, c’est le médecin de famille qui s’en charge. ».
« C’est toujours euh… papa nous examine avant pour être sûr si c’est utile
d’aller voir le médecin de famille. » « Il a le droit de me diagnostiquer mon
père s’il a envie, mais c’est le médecin de famille qui prend les décisions. »
E19 : « je pense que Monsieur D c’est pour les choses un petit peu plus
grave et Monsieur S un petit peu moins ». Et sa maman « pour les petites
maladies genre… euh… des rhumes… »
E31 : « par rapport à des maladies pas très graves »
E20 : la pathologie
Disponibilité du
soignant
E5 : « quand je suis malade et qu'il n'y a pas de rendez-vous prévu, mon
père il m'examine. »
E21 : « parce qu’elle est occupée des fois »
Domaines de
compétences du
soignant
E5 : « Mais comme il est pas forcément dans... avec les enfants, il peut pas
forcément savoir précisément c'que j'ai, mais... ».
E11 : « par exemple un ORL, parce que bah voilà, c’est pas la spécialité de
nos parents ».
E16 : « des domaines d’expertises que mon père ne maîtrise pas forcément,
parce que mon père fait de la médecine interne, il est très… il connaît
beaucoup de choses, mais j’suis pas sûr qu’il connaisse tout en médecine. »
Type de
consultation
E8 : Médecin extérieur pour l’examen systématique
E17 : « j’y vais pour le sport (…) et pour faire des piqûres des fois » ainsi
que l’examen systématique.
E19 : madame M pour le suivi
Ne sait pas E2 – E3 – E6 – E15
Tableau 3 : Critères déterminant le choix entre parent médecin et médecin extérieur
68
4.1.3. Quels sont les déterminants évoqués par les parents ?
Dans le questionnaire préalable, nous avons demandé aux parents les raisons de leur choix de
médecin pour leur enfant.
Parents n’effectuant pas le suivi médical de leur(s) enfant(s)
Trois arguments sont avancés par les parents médecins ayant recours à un médecin extérieur.
Le refus de s’impliquer dans la prise en charge de leur enfant pour 5 parents, bien qu’ils avouent
intervenir parfois pour les pathologies aiguës :
- Je ne veux pas m’occuper de leur suivi (vaccination, développement), mais souvent je gère
l’aigu.
- Pour le regard d’un médecin spécialiste, qui ne soit pas moi, même s’il m’arrive de prescrire
occasionnellement.
- Je ne souhaite pas être le médecin de mes enfants, hors urgences.
- Peur de passer à côté.
- Je ne souhaite pas soigner mes proches, en particulier mes enfants, besoin d’un œil extérieur.
La confiance envers le médecin extérieur pour 2 parents :
- « par bouche-à-oreille »
- « présence d’un excellent généraliste connaissant bien l’allaitement maternel »
Les pathologies spécifiques des enfants pour un parent, nécessitant le recours à des spécialistes.
Parents effectuant le suivi médical de leur(s) enfant(s)
Quatre raisons principales poussent les parents à soigner leur(s) enfants (s).
L’aspect pratique est mentionné par 5 parents :
- Facilité
- Praticité
- Plus pratique
L’évidence pour un parent dont le choix s’est fait naturellement.
L’absence de pathologies particulières, un parent justifiant parce qu’ils sont en bonne santé.
L’absence d’alternative pour un autre, déclarant n’avoir pas le choix, sans plus de détail.
- Simplicité et disponibilité
- Facilité
69
4.1.4. Quelle influence a le parent médecin sur le choix du soignant ?
Comme décrit précédemment, c’est en grande majorité le parent qui choisit le médecin de son
enfant. Toutefois, on peut supposer que c’est le cas dans la majorité des familles, que l’un des
parents soit ou non médecin.
Nous avons donc recherché si le fait que le parent soit médecin avait une influence sur le choix
du médecin tiers précisément consulté.
Les médecins généralistes et spécialistes consultés sont essentiellement choisis par le parent
médecin.
Cinq enfants pensent que leur parent médecin connait bien le praticien choisi :
- E16 : « On est très amis avec le médecin traitant (…) on est toujours ravis d’aller le voir. »
- E22 : « C'était à la polyclinique (…). C'est un ami de mes parents (rires). »
- E28 : « c’est un ami de mes parents »
- E30 : « c’est quelqu’un que maman connaît. »
- E31 : « elle connaît les médecins et elle est sûre qu’ils sont bien ». « C’est des collègues. Parce
que du coup, comme ça, elle a pas à prendre de rendez-vous c’est plus rapide pour elle ».
Pour six autres ils n’ont aucun lien personnel ou professionnel avec le médecin choisi. Il s’agit
de E3, E7 « c’est juste son docteur », E14, E15 « je ne pense pas, je pense qu’il est seulement
médecin », E27, ainsi que E8 « c’est juste que bah ma mère elle l’aime bien (…) elles se
connaissent bien parce que le docteur D elle me suit au moins depuis que j’ai 3,4 ans ».
Un enfant ne sait pas si son parent a des liens avec le médecin : « elle m'a parlé un p'tit peu de
la famille du pédiatre, mais j’suis pas sûre... » (E5).
Enfin, il apparaît que le recours à un médecin extérieur est parfois un choix affectif du parent
médecin : « avant, elle pensait que… que j’allais plus trop l’aimer si elle me faisait des piqures
quand j’étais p’tit » (E13).
70
4.1.5. Quelles sont les préférences de l’enfant ?
Préférence de médecin (figure 11)
Figure 11 : Médecin(s) préféré(s) par l'enfant
La majorité des enfants préfère que leur soignant soit leur(s) parent(s) :
- E1 : « mes parents » ;
- E2 : « parce que c’est mon papa et ma maman » ;
- E12 : « que ce soit maman (…) parce que c’est ma maman (rires) » ;
- E13 : « que maman » ;
- E18 : sa maman « bah parce qu’elle fait super bien le médecin » ;
- E20 : « je voudrais aller voir maman [tout le temps] » ;
- E21 : « maman » ;
- E23 : ses parents « Hum moi j’resterais comme ça. C’est l’habitude aussi, j’vois pas trop de
problèmes » ;
- E26 : « j'allais toujours voir mon père parce que c'est beaucoup plus pratique ». « Après, il y
a eu des fois comme ça ou je réfléchissais si ça serait pas forcément mieux d'avoir un médecin
traitant extérieur… (…), mais après, pour une question pratique, ça ne me dérange pas plus
que ça. Du coup, pour l'instant ça reste mon médecin traitant » ;
71
- E28 : « Ah non, ça, je préfère que ce soient mes parents » ;
- E30 : « vu que du coup maintenant j’ai l’habitude euh qu’ce soit ma maman bah… c’est vrai
qu’c’est plus facile… c’est un peu la voie de la facilité, en même temps bein j’pense je prendrai
le temps d’la réflexion, mais euh… mais… j’pense que oui quand même parce que c’est, c’est
vrai qu’c’est plus facile quand même. ».
Deux en revanche, soignés exclusivement par leur médecin traitant, souhaitent qu’il reste leur
seul médecin référent :
- E14 : « je choisirais toujours mon docteur actuel, il est très bien » ;
- E16 : « personnellement, je trouve que ce soit mieux que ce soit le médecin de famille qui fasse
le travail ». « J’ferais plus confiance à mon médecin traitant qu’à mon père en ce cas, parce
que c’est à mon médecin traitant de s’occuper de moi techniquement donc euh… si… si ça
devait arriver je choisirais plutôt mon médecin traitant s’ils me disaient deux trucs opposés. »
Ou en tous cas n’en changerait pas : « bah non, parce que je la connais depuis que je suis toute
petite, docteur Q » (E7).
La prise en charge actuelle mixte par le proche médecin et le médecin extérieur semble
appréciée par E4 : « ça me va bien comme ça », E5, E17, E19 et E3 « voir le docteur Q de temps
en temps, mais que ce soit papa et maman qui me soignent aussi ».
72
Différences de prise en charge souhaitées par l’enfant
Si une grande partie des répondants veut garder sa prise en charge actuelle, d’autres proposent
un autre schéma :
- E20 : « Je voudrais aller voir maman [tout le temps] » ;
- E25 : « Ça dépend c’que j’ai. La plupart du temps ça aurait été mes parents, mais… s’ils sont
pas là ou si j’ai genre une maladie du genre un cancer… bon j’aimerais pas que ça arrive…
j’préfèrerais vraiment des médecins spécialisés dans le domaine (…) comme ça je guérirai
vite » ;
- E31 : « Bah j’pense que j’prendrais un médecin juste pour faire les visites de routine et puis
ce serait maman qui me soignerait après quand j’me ferais mal ou des trucs comme ça (…) qui
me donnerait des médicaments, des pommades… des choses comme ça. ». « J’pense qu’on
prendrait un médecin généraliste, parce que déjà quand tu vas à l’hôpital ils demandent tout
le temps ton médecin généraliste, et après quand maman elle dit qu’c’est elle et ben les… les…
[médecins] et ben déjà ils te prennent pas très au sérieux et après ils trouvent que c’est pas
bien du tout (…) ».
Nous notons également que parmi les onze participants préférant être soignés par leur(s)
parent(s), quatre sont actuellement majoritairement pris en charge par un médecin tiers.
Préférence entre les deux parents médecins
Les enfants ont quasiment tous répondu qu’ils n’avaient pas de préférence entre leurs parents
médecins (E1 « aucune préférence », E2, E10, E11 et E24 « Non, en fait ça peut être n’importe
lequel entre les deux »).
Seule E22 a un médecin préférentiel entre ses deux parents « Bah généralement, quand je vais
pas bien, j'appelle papa d'abord… (rires). C’est plutôt papa d’abord… Mais maman s'occupe de
nous aussi. »
73
4.1.6. Quel médecin choisira l’enfant à l’âge adulte ?
Dix enfants ont évoqué la façon dont ils pensent être pris en charge dans le futur, une fois
devenus adultes.
Trois adolescents continueraient à être suivis par leurs parents :
- E11 : « je pense que tant qu’ils seront médecins, je vais les garder comme médecins » ;
- E27 : « je pense que je garderai mes parents » ;
- E28 : « Là, je suis à A., déjà. Je rentre à peu près tous les week-ends pour le moment ça va,
mais ça va être de plus en plus compliqué avec le travail. J'arrive à faire ça parce que je ne
suis pas trop loin (…) je rentre à peu près tous les week-ends pour le suivi (…). Non, de toute
façon dès que j'ai un problème de santé, je les appelle. » Il gardera toujours ses parents en
première ligne « ça c’est sûr. Même dans 20 ans… (…) Et même quand mon gosse aura un
problème de santé, je pense que je les appellerai (rires) ».
Sept autres pensent choisir un médecin traitant extérieur, mais tous aimeraient solliciter leur
parent médecin pour des avis consultatifs :
- E10 : « j’pense que quand j’serai plus grand, j’aurai un autre médecin forcément. Enfin…
pour l’instant ça me va hein. Bah ouais par exemple quand je serai majeur », mais continueras
à solliciter ses parents « Euh bah ouais j’pense parce que p’tet qu’on fait un peu plus confiance
à ses parents qu’à… bah pas un inconnu, mais quelqu’un qu’on connaît moins quoi. » ;
- E16 : « j’sais pas euh... monsieur L. est très compétent. J’espère dans la mesure du possible
continuer avec lui parce qu’on s’entend très bien, mais bon… si c’est un autre excellent
médecin traitant euh… jdirai jamais non. J’utiliserais p’tet un peu plus le médecin traitant
comme je serai moins à la maison. Mais si jamais j’ai un problème, bien sûr j’appellerai mon
père » ;
- E22 : « J'y ai pas trop réfléchi, mais j’pense que je prendrai plutôt un médecin à côté parce
que bah je n'habiterai sûrement peut-être pas à N. ou autre et donc je ferai plus en fonction de
moi, de ce qui est le plus pratique pour moi, et j’pense qu’un médecin à côté c’est... J’irai
toujours demander des conseils aux parents et les consulter d'abord… » ;
- E23 : « Euh, ptet que si j’part [ais] de la maison, si j’vais vivre autre part, j’aurais plus
facilement contact avec un médecin extérieur, mais pour des raisons aussi pratiques, si j’ai des
problèmes, des questions j’peux facilement leur envoyer un sms et ptet avoir un peu les deux
j’pense » ;
74
- E26 : « Si jamais j’habite vraiment très loin, à l'autre bout de la France, évidemment ça va
être compliqué de garder mon père comme médecin traitant donc je pense peut-être que
j'essaierai de trouver un médecin traitant bah plus proche tout simplement ». Mais « Je pense
que j'aurais tendance à l'appeler un peu (…) pour savoir ce qu'il en pense. Parce que des fois
aussi y a pas forcément besoin de voir un médecin et du coup… je pense que j'aurais tendance
à l'appeler pour lui dire “tiens, qu'est-ce que t'en penses, j'ai ça comme symptômes…” » ;
- E30 : « j’pense que ça serait plus facile d’avoir quand même un médecin traitant, mais
j’pourrais toujours lui demander des conseils. »
- E31 : « bah j’pense que oui elle m’conseillera et j’aurai un médecin à côté. »
Un des participants fait part de son avis concernant la réaction prévisible de ses parents s’il
venait à changer de médecin : « ils vont bien vouloir parce que « fais un peu comme tu veux, tu
deviens grand ». Et puis j’pense peut-être que d’un côté ils seront un peu déçus, mais ils le
prendront pas trop mal quand même j’pense » (E10).
75
4.2. Choix du médecin selon le motif de consultation
4.2.1. Prise en charge de la traumatologie
La traumatologie bénigne est majoritairement gérée par les parents tandis que les traumatismes
plus sévères sont le plus souvent pris en charge par les services d’urgences (figure 12).
Nous noterons que les parents ayant réalisé des plâtres ou des points de suture sont tous
chirurgiens (E10, E25, E26, E28).
Figure 12 : Médecins prenant en charge la traumatologie
Prise en charge de la bobologie
Nous regroupons ici les traumatismes bénins ne nécessitant pas de gestes techniques (plaies
superficielles, entorses bénignes).
Neuf enfants de médecins évoquent ces petits traumatismes, pris en charge dans la quasi-totalité
de cas par le parent médecin, à l’exception de E26 dont la mère est infirmière, plus disponible
et tout aussi qualifiée pour la réalisation de pansements, et de E7 et E19, orientés vers un
médecin extérieur en cas d’entorse.
Certains apprécient cette prise en charge immédiate à domicile, comme E5 « il a pu me dire que
j'avais la cheville foulée et tout ça et ça m'a empêché d'aller chez un docteur. ».
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D’autres préfèreraient dans la mesure du possible que cette prise en charge se fasse par un autre
médecin plutôt que leurs parents, comme E30 et E31 « ça me gêne pas que ce soit ma maman,
mais ce que j’aime mieux bah c’est que ce soit dans un cabinet avec des vrais outils et tout »
ou E14 « Ah non c’est mon... c’est tout l’temps mon docteur traitant… (Rigolant) avec mon
père je pense que j’ui dirais des insultes, comme ça doit faire mal, sinon avec mon docteur
j’pense que... » [elle n’aurait pas le choix].
Prise en charge des plaies profondes
Parmi les enfants ayant eu une plaie nécessitant des points de suture, deux ont été pris en charge
par leur médecin traitant (E8 et E19), trois par des urgentistes (E13, E20, E31) et trois par leur
père :
- E25 « ça m’a fait très très mal », mais « j’préfère que ce soit papa comme ça c’est vite… enfin
c’est fait » ;
- E26 « Euh je me suis ouvert la lèvre quand j'étais plus jeune. C'est mon père qui m'avait
recousu à la maison il me semble » ;
- E28 « J'ai eu un point de suture, c'est mon père qui m'a recousu (…) à la clinique. Je devais
avoir 7, 8 ans, par là... un peu plus. J’voulais trop que ce soit mon papa (rires). Je crois que
j'ai rien senti alors que c'était quand même un anneau comme ça ( me montre avec ses doigts) ».
Deux enfants auraient préféré être pris en charge par leur mère, mais :
- E8 « maman elle avait pas le matériel et du coup elle m’avait dit que ça lui demanderait du
temps parce qu’il fallait qu’elle aille chercher et tout » ;
- E20 « je sais pas si elle sait faire » (la maman est urgentiste).
Prise en charge des fractures
Les plâtres ont été réalisés pour deux enfants au service des urgences (E14, E28, E31), pour un
par un médecin des pistes aux sports d’hiver (E30), et pour le dernier par sa mère, chirurgien
orthopédique (E10). Ses enfants (E9, E10, E11) apprécient cette situation « par exemple quand
on s’ouvre c’est, c’est pratique d’avoir une mère chirurgienne » (E11).
De la même façon, même si ça n’est pas le parent qui réalise l’acte technique, certains estiment
le comportement de ce dernier face à une situation d’urgence « très jeune j’ai percuté une table,
à 4 ans (…) j’ai eu quand même une grosse fracture à l’arcade sourcilière, il a tout de suite
hum… comment dire, pris euh… il a tout de suite appelé le médecin de façon instinctive et
tout. » (E16).
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4.2.2. Prise en charge des maladies
Lorsque les enfants évoquent des maladies, bénignes, pour la plupart, c’est majoritairement le
parent médecin qui s’en occupe. Nous mentionnerons :
- E10 « si j'ai une angine, ou quelque chose comme ça, c'est plus mon père qui est un peu mieux
spécialisé dans les médicaments » ;
- E22 : « dès que j’suis malade c’est mes parents qui s’en occupent » ;
- E24 : « quand j’en ai besoin… souvent on a déjà des trucs à la maison, mais si besoin,
pourquoi pas papa peut faire un certificat [une prescription] » ;
- E30 : « il y a pas très longtemps j’ai eu une infection (…) je trouvais ça un p’tit peu bizarre
donc euh j’ai demandé à maman, elle était pas là donc je lui ai téléphoné. Et elle m’a dit bah
s’qui fallait faire, et comme ça a été fait très vite (…) ça s’est calmé direct du coup euh elle m’a
mis une espèce de pommade et tout, et voilà. Alors que si j’avais attendu, et qu’j’étais allée voir
un médecin, j’aurais ptet eu un vrai traitement et ça aurait été embêtant, surtout qu’j’étais en
vacances... ».
Pour trois participants, c’est le médecin tiers qui intervient pour toutes les pathologies, le parent
n’ayant qu’un éventuel rôle consultatif :
- E14 : « il essaie de trouver ce que j’ai », mais consulte toujours son médecin derrière ;
- E16 : « j’avais des douleurs quelque part il a (…) tout de suite appelé le médecin, il a pas
hésité une seconde à chercher… il sentait que c’était grave donc il a pas hésité et j’avais une
infection probablement, et donc il l’a fait rapidement et donc j’ai pas eu de problèmes par la
suite ». « J’me sentirais mal si c’était mon père qui me faisait les ordonnances » ;
- E20 : « Docteur S. quand j’ai une petite maladie, genre une bronchite ou autre ».
Enfin, ce peut être l’un ou l’autre, en fonction de la pathologie :
- E7 : « Dr D. elle regarde pas mon ventre. Quand j’ai mal au ventre, c’est maman qui le fait » ;
- E19 : « quand je suis malade, je vais voir monsieur S. » et sa maman « pour les petites
maladies genre euh… des rhumes ».
Nous constatons que de nombreux enfants mentionnent n’être que très peu malades, comme
l’explique E5 avec sa propre théorie : « Après j’ai eu des maladies comme tous les enfants, mais
en fait très peu parce que en fait j’ai des médecins à la maison ».
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4.2.3. Prise en charge des vaccins
Réalisation des vaccins
Figure 13 : Médecins réalisant les vaccins
D’après la figure 13, c’est majoritairement le parent médecin qui réalise le vaccin de son enfant
(E6, E9, E10, E11, E12, E13, E22, E23, E24, E25, E26, E27, E28, E29). Il s’agit des parents
déclarant être les médecins principaux de leurs enfants, à l’exception de la mère d’E6, qui
indique ne pas vouloir soigner ses enfants.
Lorsque les parents sont tous deux médecins, c’est le parent considéré comme médecin
principal qui vaccine.
Pour E26, le vaccin, bien que souvent réalisé par son père médecin, est parfois fait par sa mère,
infirmière : « C'est lui et ma mère qui me faisaient les vaccins en général (…) comme elle est
infirmière, elle peut piquer. »
Les vaccins sont généralement réalisés à la maison : « C’est maman (…) à la maison (…) parce
qu’elle achète les vaccins et après elle nous les fait » (E12).
Mais il l’est parfois aussi en structure par le parent médecin : « Ben j’ai eu une fois où j’étais
allée… j’sais plus où, c’était ni une clinique ni un hôpital… j’sais pas vraiment c’que c’était.
Et là j’ai été vacciné par mon papa, mais c’était là-bas et sinon c’est mon papa tout le temps,
bah… dans le salon, sur le canapé... » (E25).
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Les pères et mères médecins vaccinent autant leurs enfants.
Dans un tiers des cas, c’est un médecin extérieur qui vaccine l’enfant (E1, E5, E7, E14, E15,
E16, E17, E19, E20). C’est le plus souvent le médecin traitant, sauf lorsqu’il s’agit de vaccins
spécifiques : « on va aux campagnes de vaccinations la plupart du temps (…), j’ai pas de
souvenirs de mon médecin de famille faisant une euh… me faisant un vaccin. » (E16).
Un participant estime que son parent n’est pas habilité à faire lui-même les vaccins : « c'est les
pédiatres qui font ça parce qu'on est pas dans... ça peut pas être mon père parce qu'on est pas
du tout dans un endroit euh... médical et puis bah aussi... j'suis un enfant et il faudrait que ce
soit quelqu'un plus spécialisée... pas forcément dans les enfants, mais dans la médecine
généraliste ou euh pédiatre. Parce que mon père il est pas vraiment... il fait pas des vaccins
aux gens » (E5).
Quatre enfants sont vaccinés parfois par leur parent, parfois par leur médecin extérieur. C’est
le cas de E18, E21, E31 et E30 « mes vaccins de routine, je sais pas trop. Une fois j’suis partie
à l’étranger, j’suis allée voir un médecin pour qu’il me fasse mes vaccins, et ensuite j’suis
repartie c’était l’année suivante et là cette fois c’est maman qui me les a faits ».
Enfin, trois interviewés ne se souviennent pas avoir eu de vaccin (E2, 7 ans, « je pense que j’en
ai jamais eu », E3 et E4).
Respect du calendrier vaccinal
Cinq enfants évoquent spontanément la rigueur de leur parent dans le suivi des vaccinations :
- E5 : « Mais par rapport aux vaccins aussi ma mère comme elle se renseigne sur les maladies
du moment du coup, parce qu'elle travaille là-dedans, elle essaie de m'obtenir un maximum de
vaccins. Enfin j'vais pas dire que ça me fasse très plaisir, mais (…) J'fais un maximum de
vaccins » ;
- E11 : « J’crois oui qu’ils les font tous » ;
- E22 : « je sais qu'on est à jour et il nous a fait par exemple le vaccin contre le cancer du col
de l'utérus tout ça… » ;
- E26 : « par contre ils ont toujours été vigilants là-dessus » ;
- E28 : « Elle est à fond pour les vaccins… moi aussi d'ailleurs ».
80
Avis des enfants concernant leur vaccination
Deux enfants rapportent qu’ils n’aiment pas les vaccins : E13, qui que soit le médecin faisant
l’acte, et E5, même si elle reconnaît l’importance de ces derniers « dans un sens j'aime pas trop
les vaccins, mais dans un autre ça empêche des maladies ».
Trois interviewés apprécient que les vaccins soient réalisés par leur parent :
- E22 : « Quand j'étais petite [ça m’embêtait] un p’tit peu… parce que j'avais l'impression que
ça n'était pas sérieux, dans le sens où voilà c’était mon papa donc il ne pouvait pas faire de
vaccins (…) Mais maintenant j'ai confiance. » Elle préfère désormais que ce soit son père ;
- E23 : « C’est papa plutôt », ce qui ne l’embête pas « pas du tout ! au contraire, c’est presque
plus rassurant en fait » ;
- E29 : « maman (…) je préfère que ce soit maman ».
À l’inverse, deux autres affichent leur préférence pour qu’un médecin en centre de vaccination
effectue les vaccinations :
- E30 : « j’pense que je préfère que ce soit le médecin parce que j’suis plus rassurée, déjà
qu’j’aime pas trop les vaccins… voilà. Ça fait plus sérieux, mais… et puis en plus du coup vu
qu’il m’avait tout expliqué avant… après je savais déjà du coup s’qu’elle allait me faire comme
vaccins vu que le médecin m’avait déjà expliqués, mais… pour autant, j’pense que j’préfère
euh... [une consultation dédiée] » ;
- E31 : « elle a essayé de nous faire des vaccins compliqués et bah c’était moins… enfin c’était
mieux avec les spécialistes. Parce que déjà elle nous mettait pas de patch, donc ça faisait un
peu plus mal… et puis les spécialistes ils ont une meilleure technique pour planter l’aiguille ».
Il n’y a donc pas règle concernant les vaccins, certains enfants se sentant plus rassurés lorsqu’ils
sont faits par leur parent, d’autres préférant que ce geste soit réalisé par des médecins extérieurs,
plus crédibles et expérimentés à leurs yeux.
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4.2.5. Prise en charge de la gynécologie/urologie
Médecin consulté
- Le médecin référent est le parent :
C’est le cas de E22, qui, bien que s’étant initialement tournée vers sa mère, spécialiste, est
désormais suivie par son père, gynécologue obstétricien : « Bah… je sais que avant, quand
j'avais des petits problèmes de règles et tout (…), je demandais à maman, mais chaque fois elle
me disait va voir papa puisque c'est lui qui sait donc… au début ça me faisait un peu bizarre,
parce que j’étais petite, j'étais un peu gênée, mais maintenant plus trop. Il m'a prescrit la pilule,
des choses comme ça donc ça va, c'est à lui que j'en parle. »
- Le médecin référent est un gynécologue :
Comme E26 : « Actuellement j'ai un implant, du coup c'est pas lui qui me l'a fait (…) ça m'aurait
pas forcément dérangé, mais je préférais quand même que ce soit mon gynéco… que ce soit la
même prise en charge au niveau gynéco… ».
- Le premier recours est la mère pour l’adolescente, qu’elle soit médecin ou non.
Lorsqu’il s’agit d’un avis consultatif, l’adolescente va plus spontanément se tourner vers sa
maman, même si le père est le parent médecin, comme E5 : « Ah oui, ma mère j'ui en ai posé
des questions ! Oui parce que en plus sa mère elle lui avait pas trop expliqué par rapport aux
règles tout ça et du coup elle m'explique bien. Et moi j'appréhende assez ça ».
De même, E30 dont la maman est médecin se tournera en premier lieu vers sa maman avant
d’envisager de voir un spécialiste : « ensuite en tant que médecin bah... du coup ptet qu’elle
m’dira d’aller voir des spécialistes, je sais pas. ».
Préférences des adolescents
Concernant l’examen gynécologique, trois adolescentes déclarent préférer qu’il soit réalisé par
un médecin extérieur :
- E22 : « Oui je préfèrerais… que ce soit quelqu’un d’autre » ;
- E23 : « si c’est dans le domaine de la gynécologie, j’préfèrerais que ce soit pas mes parents
(rires) » ;
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- E26 : « je me voyais pas avoir mon père en tant que médecin gynécologue (…) parce que je
pars du principe que c'est une zone, on va dire, plus intime, donc ça me gênait un peu que ce
soit mon père là-dessus… »
Nous avons également posé la question de l’examen intime chez le garçon. E25, bien
qu’hésitant, se tournerait plutôt vers son père médecin : « Ah, je me suis déjà posé la question :
je sais pas… aujourd'hui je dirais que… je pense que ça ne me dérangerait pas parce qu'on est
très ouvert dans la famille. Non, je pense plutôt papa pour répondre à la question, je pense. Et
les filles plutôt maman je suppose [mère médecin également]. Mais non, je pense qu'il n'y aura
pas de gêne (…) Je réfléchirais à deux fois quand même je pense, mais… je pense que non. Pas
de gêne. »
4.2.6. Quid de la sexualité
Quatre participants abordent les questions de sexualité avec leur parent médecin :
- E23 : « ça m’est arrivé d’en parler un p’tit peu, mais pas beaucoup. Sinon on est aussi pas
mal informé avec l’école » ;
- E26 : « Ça j'ai pas de tabous là-dessus, j'en parle très facilement, notamment sur la
contraception » ;
- E28 : « on en parle très librement » ;
- E30 : « j’pense que j’m’adresserai quand même d’abord à ma maman, puisque… bah… c’est
quand même une des personnes les plus proches de moi ».
Deux adolescents auraient recours à un médecin extérieur :
- E10 parce qu’il serait gêné : « ptet quelqu’un d’autre parce que euh… » ;
- E16 parce qu’il ne souhaite pas impliquer son père dans sa prise en charge médicale : « Ça
pose pas de problèmes de poser une question un jour à son père (…) mais en tant que père,
j’veux dire j’ui poserai jamais la question en tant que médecin ».
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4.2.7. Examen systématique de l’enfant
Examen systématique par le parent médecin
L’examen systématique est réalisé pour onze participants (E9, E10, E11, E12, E13, E22, E23,
E24, E26, E27, E28) par leur(s) parent(s) médecin, ces derniers étant tous désignés comme
médecins exclusifs de leurs enfants. La majorité de ces examens se limitent à la mesure et à la
pesée « Bah on se mesure à la maison, on se pèse à la maison, et puis on note tous les six mois
je crois » (E10).
Cet examen est effectué de façon régulière, une à deux fois par an pour certains (E9, E10, E11,
E27), a priori uniquement lorsqu’ils étaient enfants pour les plus âgés « Quand on était petit,
maman me mesurait tous les ans. Elle nous pesait aussi. » (E22).
Il est dans la majorité des cas réalisé au domicile (E10, E12 parfois, E23, E24, E26, E27, E9 :
« On marque sur la porte notre taille »), rarement au cabinet médical (E12, E13). Ceci peut
s’expliquer par le fait que seule la mère de ces deux derniers exerce en cabinet privé.
Examen systématique par le médecin traitant
Pour huit enfants (E5, E8, E15, E16, E17, E19, E20), l’examen systématique est assuré par un
médecin extérieur, qu’il soit pédiatre (E4 9 ans, E5 13 ans, E19 10 ans, E20 8ans), ou généraliste
(E8 10 ans, E15 12 ans, E16 15 ans, E17 8ans).
L’examen est décrit comme étant plus complet par les enfants, comme E5 « souvent c'est pour
des visites euh générales plutôt pour voir si j'avais une scoliose, pour voir si j'avais un problème
à me mesurer enfin... » ou E20 « pour faire des tests des yeux ou des oreilles des fois, [pour
voir si tout va bien]. ».
Ici encore cette prise en charge concorde avec les la désignation du médecin généraliste ou du
pédiatre comme médecin principal de l’enfant.
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Examen systématique par un pédiatre puis le parent
Deux enfants ont été initialement suivis par un pédiatre, puis au départ de ce dernier,
intégralement pris en charge par leur parent, y compris pour les examens systématiques,
devenus très irréguliers :
- E30 : « [petite] je faisais aussi des trucs de routine, genre le poids… ». Actuellement : « [c’est
ma mère] enfin… pas forcément hyper régulièrement, mais de temps en temps oui... » ;
- E31 « oui j’me souviens, une fois c’était bah une visite juste de routine où [le pédiatre] m’a
fait les réflexes et tout ça ».
4.2.8. Rédaction des certificats médicaux
L’ensemble des 31 enfants interviewés pratiquent une activité sportive.
Interrogés sur le certificat de non-contre-indication à la pratique d’un sport, beaucoup d’enfants
ne savent pas nous dire qui le délivre ni s’il occasionne un examen clinique, en particulier les
plus jeunes (E3, E4, E6, E7, E9, E12, E18, E19, E20, E21, E24, E25).
Ils seraient rédigés pour 5 enfants par leur médecin traitant, 3 n’apportant pas plus de précisions
(E8, E15, E17) et 2 affirment que c’est au terme d’un examen clinique dédié (E14, E16).
Pour 12 autres enfants, le certificat est délivré par le parent médecin, sans examen préalable :
E1, E5 « il signe comme ça », E11, E13, E22, E24, E26, E27 « il signe juste », E28 « la signature
[rires) », E29, E30 « un peu comme ça (rires gênés) ».
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4.3. Cadre de consultation
4.3.1. Lieu d’examen par le parent médecin
Figure 14 : Lieux d'examen de l’enfant par le parent médecin
Nous avons demandé aux participants où leur parent médecin les examinait lorsque cela était
nécessaire (figure 14).
90 % des répondants ont indiqué leur domicile.
Parmi eux, 4 sont examinés en différents endroits de la maison : E3 « n’importe où », E17
« dans le salon, dans le bureau… un peu partout… », E24 « euh soit dans la véranda, soit euh…
soit là où j’suis en fait », E29 « dans le bureau souvent ou dans ma chambre ou… ».
14 participants, soit la majorité des enfants consultés au domicile, évoquent le salon (E5, E12,
E14, E21, E22, E23), 7 précisant qu’ils sont examinés sur le canapé (E1, E4, E6, E7, E8, E25,
E28).
La chambre est le deuxième lieu d’examen le plus fréquent, cité par 5 enfants (E22, E26, E29,
E30, E31).
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De façon plus anecdotique, la cuisine, la salle de bain et les toilettes sont mentionnées cinq
fois :
- E9 : « ça dépend, des fois c’est sur la table, comme si c’était un lit, on met un drap dessus et
ils m’examinent » ;
- E13 : « dans la salle de bain » pour les vaccins ou la bobologie ;
- E15 : « en fait les médicaments ils sont dans la cuisine du coup on va là généralement » ;
- E20 : « dans la salle de bain » ;
- E25 : « quelque fois dans la salle de bain parce qu’il y a des produits aussi, quelque fois dans
les toilettes parce que c’est là, parce que ya des tiroirs avec des médicaments » ;
Il apparaît que dans ces cas précis, le lieu choisi correspond souvent à celui où se trouvent les
médicaments ou le matériel de premiers soins.
Seuls trois des enfants sont examinés au cabinet médical de leur parent (médecin généraliste) :
systématiquement pour E18, parfois pour E12 et E13. Le choix du lieu d’examen semble être
fonction du matériel et du motif de consultation :
- E12 : « Quand elle a ses affaires chez nous, et quand elle a pas ses affaires, et ben on va au
cabinet » ;
- E13 : Au cabinet « pour me peser, me mesurer ».
On notera que parmi les cinq parents généralistes exerçants en cabinet privé, seuls deux d’entre
eux y emmènent leur(s) enfant(s) pour les examiner.
Enfin, deux enfants soulignent avoir déjà été pris en charge par leur parent à la clinique ou à
l’hôpital lorsqu’il s’agissait de traumatologie (E28 et E10 « Bah j'ai déjà été […] un peu à
l'hôpital. Mais après ça dépend de ce qu'il y a, si c'est pas très grave ou si c'est plus important.
Ça dépend […] La dernière fois c'était il y a deux ans, je crois, pour un plâtre »).
Trois participants nous ont fait part de leur préférence quant au fait d’être examiné à leur
domicile ou au cabinet médical de leur parent :
- E13 : « à la maison [parce que], j’suis habitué à être à la maison du coup » ;
- E26 (interrogée sur la possibilité de consulter son père à son cabinet) : « ça me ferait bizarre,
je pense pas. Ça me ferait trop bizarre. Dans ce cas-là, autant avoir un médecin autrement » ;
- E25 : « Bah j’ressens pas la même impression qu’être assis euh j’sais pas dans une salle
d’attente en train de stresser parce qu’il y a un docteur qui va arriver (rires). J’suis plutôt…
zen. »
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4.3.2. Parent accompagnant lors d’une consultation médicale
Consultation au cabinet médical d’un médecin extérieur
Parmi les 14 enfants évoquant leur consultation chez un médecin extérieur, 6 déclarent être
accompagnés par leur mère dans la majorité des cas, qu’elle soit elle-même médecin (E6, E8,
E21, E28) ou non (E4, E5). Les 8 autres sont accompagnés indifféremment par l’un ou l’autre
de leurs parents (E3, E14, E15, E16, E17, E19, E24) voire par leur nounou (E24).
Le choix du parent accompagnant dépend principalement de leur disponibilité (E1, E3, E8, E14,
E16, E17, E19, E28).
Pour E8, il s’agit aussi d’un choix personnel du parent : « elle a plus de temps et aussi elle
préfère venir… elle comprend mieux les mots… »
Consultation au cabinet du parent médecin
Nous avons vu que trois enfants consultent parfois au cabinet de leur mère médecin.
E12 et E13 sont accompagnés par leur père, le plus souvent en dehors des consultations (« le
soir ou le week-end » pour E13, « après les autres » pour E12), mais parfois sur les horaires de
consultation.
E18, issue d’une famille monoparentale, va généralement au cabinet de sa mère avec elle le
week-end, ou, parfois, avec sa mamie.
Consultation au domicile
Cinq enfants (E22, E23, E24, E25, E26) ont évoqué la présence ou non de leur deuxième parent
lors d’un examen par le parent médecin au domicile.
En pratique, cela dépend de la disponibilité du deuxième parent (E22, E24) voire de la gravité
de la gravité (E23 : « Ça dépend aussi de la gravité de la blessure, mais en général un seul ça
suffit » [rires]).
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4.3.3. Comparaison de l’examen clinique
Pour quatre enfants (E2, E6, E7 et E17), l’examen clinique ne diffère pas selon qu’il est effectué
par le médecin traitant ou par le parent, tandis que pour six autres, il existe une dissemblance
notable :
- E5 : « mon pédiatre il fait différemment. Il m'examine plus sur l'ensemble du corps (…) alors
que mon père c'est surtout quand j'ai mal à un endroit en fait donc il vérifie ça surtout ». « Le
pédiatre souvent il me demande de me mettre en sous-vêtements alors que là mon père il me
palpe le ventre en soulevant un peu le tee-shirt » ;
- E16 : « Non, bien sûr que non, mon père (…) c’est... très très sommaire hein… ». « Mais toute
façon c’est… mon père ne m’examine que pour un problème immédiat. Si je dis euh, « papa
j’ai mal, j’ai mal au niveau des amygdales », il vient et vérifie mes amygdales et il voit s‘il y a
un problème, c’est tout. Il me pèse pas, il me mesure pas tous les trois jours euh... jamais ».
« Le médecin de famille, il mesure, il m’pèse (…) il fait l’examen complet » ;
- E31 : « le pédiatre il examine mieux, il a des outils, et puis… il prend son temps, il a un
cabinet... [maman examine] juste là où j’ai mal ».
Il apparaît que l’examen clinique est plus succinct lorsqu’il s’agit du parent-médecin, qui se
limite souvent à l’examen de la zone douloureuse. Néanmoins, parmi ces six enfants, il faut
noter que trois sont considérés comme exclusivement soignés par un médecin extérieur (E5,
E16, E21), deux occasionnellement par la mère (E1, E3) et un exclusivement par la mère (E31).
Pour E19, l’examen clinique diffère également selon les médecins extérieurs consultés, et pour
E3, selon le parent examinateur, mettant en évidence qu’au-delà de la considération parent/tiers,
l’examen clinique reste médecin-dépendant.
Quatre participants enfin déclarent n’être jamais examinés par leur parent, ce qui correspond à
leur prise en charge médicale exclusive par un tiers (E1, E4, E14, E19).
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4.3.4. Tenue du carnet de santé
Concernant la tenue du carnet de santé, il apparaît que la majorité des enfants interrogés ne
savent pas si les pathologies y sont inscrites (E2, E3, E14, E17, E18, E22, E24, E25, E26, E29).
Quatre sujets affirment toutefois que leur médecin référent le remplit régulièrement (E1, E14,
E16, E17) et pour deux autres, leur parent note également les maladies (E12, E30).
Pour beaucoup d’enfants principalement soignés par leur(s) parent(s), ces derniers inscrivent
surtout les vaccins et/ou leur taille et poids :
- E10 (13 ans) : « en tout cas ils mettent tout le temps les vaccins, enfin la date des vaccins » ;
- E11 (15 ans) : « ouais ils notent (…) le poids et la taille oui, mais pas quand on est malade » ;
- E22 (17 ans) : « Euh… tout ce qui est vaccin oui : papa note après chaque vaccin la référence
tout ça. Après je sais pas trop… Non je pense pas. (…) quand je vois mon carnet de santé,
quand j'étais enfant, c'était bien écrit… maintenant plus trop » ;
- E23 (15 ans) : « Euh surtout plus pour les vaccins, les choses comme ça. Mais quand j’suis
malade, non, pas vraiment » ;
- E26 (17 ans) : « Bah il a beaucoup noté par rapport aux vaccins déjà. Et sinon, je sais pas s'il
est très rempli mon carnet… ça fait longtemps que je ne l'ai pas vu » ;
- E27 (15 ans) : « Non, juste les vaccins et les tailles, poids… » ;
- E28 (18 ans) : « Maman oui. Papa jamais. Maman elle note bah notre taille, les vaccins, elle
note aussi les vaccins…… voilà, c'est tout »
Sept enfants considèrent que leur(s) parent(s) médecin(s) ne rempli(ssen)t jamais le carnet de
santé (E1, E7, E8, E9, E15, E16, E31).
Enfin, E13 relève que sa mère ne « note que quand je vais chez un autre docteur » et E26
souligne qu’elle remplissait elle-même la courbe staturo-pondérale « Je faisais ̏ oh tiens, on l'a
pas rempli ̋… (rires). J’aimais bien mettre les petites croix ».
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4.4. Particularités de la prise en charge médicale
4.4.1. Perception du parent médecin
Figure 15 : Perception du parent médecin par l'enfant
Nous avons demandé aux enfants s’ils percevaient leur parent médecin comme un vrai docteur
ou comme leur parent uniquement (figure 15).
Pour 17 d’entre eux (55 %), leur parent est perçu comme un « vrai docteur » (E15, E21),
lorsqu’il examine son enfant, « crédible » dans son « rôle » de médecin : « Complètement (…)
c'est… des supers docteurs ! C'est le docteur à ma disposition » (E28).
13 % des enfants voient plus leur parent comme leur papa ou leur maman qui joueraient au
docteur plus qu’en véritable médecin (E3, E30, E31, E16 : « c’est mon père, il m’a jamais fait…
comment dire… d’auscultation au sens médical du terme (…) bien sûr, il a une rigueur de
médecin, mais bon ».
91
Pour sept participants, soit près de 23 % d’entre eux, leurs parents à la fois un père/une mère et
un docteur :
- E1, E12, E24, E25 « les deux » ;
- E4 « à mon avis ils sont autant » ;
- E10 « bah j’les vois un peu des deux : un peu parents normaux et puis médecins (…) j’les vois
un peu dans leur rôle de médecin parce que… ils savent ce qu’ils font. » ;
- E26 : « Bah pour moi il est deux en fait, tout simplement : c'est mon père, mais quand il
m'examine c'est… c'est aussi mon médecin et… pour moi c'est vraiment les deux en fait (…)
C’est un mélange en pratique, parce que ça reste mon père… mais après oui, dans ce cas-là,
quand il m'examine c'est… je le vois comme un médecin ».
Ce point de vue a varié avec le temps pour une fille de médecin (E22) : « [petite] c’était mon
papa donc il ne pouvait pas faire de vaccins (…), mais maintenant j’ai confiance ».
Deux enfants ne savent pas se positionner : E9 et E5, qui perçoit ses parents comme des
médecins, mais différents de son médecin traitant « Euh... pas comme des médecins
consultants... pas comme ça j'pense. (…) ils sont médecins, mais euh... (…) Différemment, oui
c'est ça... ils font avancer enfin (rires gênés) avancer la science... enfin ils sont dans la science.
C’est pas les personnes qui viennent faire des vaccins ou qui travaillent aux urgences pour
nous aider ou des trucs comme ça quoi. »
Lorsque nous demandons aux enfants d’argumenter la différence de perception entre leur parent
et un médecin extérieur :
- certains décrivent un examen clinique moins crédible, comme E14 : « Je dirais que c’est un
vrai docteur, mais il le fait pas voilà, il prend pas son stéthoscope, voilà il fait pas... ce genre
de choses » ou E31 « bah non c’est pas pareil parce que bah là c’est sur mon lit et maman elle
le fait avec ses mains alors le docteur il a pleins d’outils et de choses comme ça (…) ça fait
moins médecin » ;
- d’autres ne savent pas pourquoi… comme E30 « Quand je vois un vrai docteur, enfin… c’est
pas pareil, y a quand même une différence » ou E8 « Ce qui est différent c’est que c’est maman !
mais sinon bah oui c’est pareil ».
92
4.4.2. Impact du statut d’enfant de médecin sur la prise en charge médicale
As-tu l’impression d’être soigné comme les autres enfants/adolescents de ton âge ?
Pour E19, E24, E27 et E31, le fait d’être enfant de médecin (et exclusivement soigné par leur
parent pour les 3 derniers) n’entraîne pas de différence notable quant à leur suivi médical en
comparaison avec celui des jeunes de leur âge.
Pour d’autres, avoir un parent médecin modifie forcément leur prise en charge médicale
globale.
Certains apprécient ainsi des soins plus rapides et plus efficaces :
- E20 : « oui ça change les choses (…) ça change que elle peut me guérir quand je me suis fait
mal, qu’elle connait plein de choses en docteur » ;
- E29 : « Oui, mais vu qu'ils doivent, enfin mes amis, vu qu'ils doivent prendre des rendez-vous
et bien c'est un peu plus long. ».
D’autres soulignent une moindre médicalisation :
- E22 : « Alors je suis sûre que c'est différent parce que je vois à l'école, autour de moi, dans
mes amis, parfois y’en a pour des petites choses, ils restent chez eux, alors que nous bah nous
jamais puisque les parents disent « prends un médicament et puis ça va passer »… Et ça passe
toujours puisque c'est des petites choses. Sauf quand on a une grippe, on reste à la maison bien
sûr, mais si on a un peu mal au ventre, un peu mal à la tête, il y en a pleins qui restent chez eux
une matinée, un après-midi, mais nous… pas… on va à l’école (rires) » ;
- E28 : « J’dirais que jsuis moins médicalisé oui, de par mes parents qui s’inquiètent moins. »
« J’pense que je vais moins chez le médecin qu’eux… parce que je sais j’ai des copains, déjà
tout ce qui est ostéopathe ça y va, ils ont des rendez-vous toutes les semaines ou presque par
leurs parents (…) ».
Un participant remarque qu’être enfant de médecin lui confère une meilleure connaissance du
domaine de la santé que ses pairs : « Oui, c'est différent parce que… bah parce que j'ai été bercé
là-dedans. Déjà j’ai l’impression d’avoir plus de connaissances médicales qu’eux… c’est un
peu prétentieux, mais… ouais, l’impression d’avoir plus de connaissances là-dedans
qu’eux… » (E28).
93
E20 souligne cependant que plus que la profession du parent, c’est avant tout son état de santé
qui détermine la prise en charge médicale d’un enfant : « Bah y’en a peut-être des autres enfants
qui ont des particularités à être soigné parce que pas la même peau que d'autres, des maladies
que les autres n'ont pas… du coup je pense que je suis soigné comme certains, mais pas comme
tous les enfants ».
As-tu l’impression que ton parent médecin te soigne comme ses autres patients ?
Les avis sont très partagés sur ce sujet.
Ainsi, à l’image d’E10, qui juge que ses parents « sont assez rigoureux, ça va », E12, E15, E17
et E30 pensent que leurs parents les soignent comme les autres enfants. C’est aussi le cas de
E11 qui prend l’exemple du plâtre réalisé par sa mère : « Bah je pense qu'ils vont aussi bien le
faire, parce qu'après s'il est pas bien fait, et qu'on l’enlève il va falloir qu'on en remette après,
donc après ça… ils perdent du temps, voilà. Et puis après, je sais pas trop comment ils sont
soignés, mais je pense qu’ils font ça plutôt pareil. ».
À l’inverse, d’autres participants estiment que leur parent les soigne différemment des autres
consultants de leur patientèle.
Pour E14, cela se traduit par une prise en charge plus attentive : « Bein jpense qu’il fait plus
attention, mais aussi ce... jpense que... aussi sur ses autres euh patients il fait très attention,
mais voilà ».
3 autres enfants estiment que leur parent médecin a tendance à minimiser les symptômes,
comme :
- E26 parlant de son père : « Je pense qu'il y a une petite différence (…) Après, il est pas non
plus « oh bah non t’as rien, tu te débrouilles ». Il est pas comme ça. Ça reste mon médecin
traitant donc… mais je pense qu'il a tendance un peu à minimiser ». « Les inconvénients, ça
pourrait être justement une différence par rapport au traitement de son enfant et d'un patient
plus inconnu on va dire. Ça pourrait être ça après… après ça dépend des médecins » ;
- E28 : « Je me suis déjà dit, si ça n’avait pas été papa et maman, ils auraient peut-être vu ça
un peu différemment (…) J’ai eu une acné à un moment plutôt forte… mais j’étais leur fils donc
c’était « mon fils tu es beau » (…) Probablement que si j’avais été dans une famille normale,
enfin une famille sans médecin, on aurait pris rendez-vous chez un dermato » ;
94
- E31 : « bah j’pense que justement les médecins, enfin juste maman, j’pense que des fois elle
en fait pas assez et qu’elle se rend pas compte qu’on a mal parce que, elle, elle pense que c’est
pas grave et elle est médecin elle dit « bon bah c’est pas une grosse maladie, on va pas les
soigner, ça passera… Et des fois elle m’dit ça, bah j’trouve que c’est pas bien, mais non… elle
en fait jamais trop ».
Pour E30, sa mère sait être objective, mais la proximité de son parent modifie sa prise en charge
que ce soit avec une attitude plus attentiste ou plus rapide selon le diagnostic : « j’pense qu’il y
a des choses j’pourrais être moins soignée. Mais en même temps il y a d’autres choses par
exemple où quand maman elle voit qu’il faut qu’je prenne des antibiotiques sinon ça va pas
s’calmer, ptet que j’le fais plus vite que d’autres enfants, donc euh voilà ça dépend ».
Enfin pour E16, l’affectif tient une place beaucoup trop importante pour permettre à un proche
médecin de soigner objectivement sa famille : « En fait pour moi un membre de la famille ne
devrait pas soigner son enfant, il ne peut pas être objectif. C’est un peu comme si on demandait
à un juge de juger quelqu’un de sa famille au tribunal. Pour moi c’est préférable que ce soit
par un membre de la famille qui prenne en charge ses enfants, ses parents… ».
E27 n’est pas en mesure de donner son avis « Ben je ne sais pas trop comment elle examine les
autres enfants du coup… ».
As-tu l’impression que le médecin que tu consultes te soigne comme ses autres patients ?
La majorité des enfants questionnée à ce sujet considère que leur médecin adopte la même
attitude envers eux qu’envers le reste de leurs patients (E14, E15, E27, E30, E16 : « pour moi
ça n’a sûrement pas d’importance. Si mon père était ingénieur en quelque chose, j’pense qu’il
nous soignerait de la même façon ».). E17 trouve que son médecin ne s’adresse pas
différemment à sa mère médecin qu’à lui « je pense qu’il parlait plus à moi, plutôt, pour me
poser des questions : si des fois j’ai mal au sport… (…), ils parlent comme avec moi ». E8 note
simplement qu’« elle [son médecin] me pose des questions des fois sur comment elle [sa mère]
me soigne ».
Seule E22 trouve que son statut d’enfant de médecin a joué sur sa prise en charge lorsqu’elle a
consulté un spécialiste : « J'avais un peu l'impression d'être « l'enfant de » (rires). »
E5 enfin ne peut se prononcer, n’ayant pas de point de comparaison : « Bah je sais pas… moi
mes parents ils sont médecins et je peux pas savoir comment les pédiatres ils réagissent avec
des parents non médecins… parce que mes parents ils sont médecins et ils l'ont toujours été. ».
95
4.4.3. Respect des prescriptions
S’agissant d’enfants, nous ne traitons pas ici du respect des prescriptions par le proche, mais du
respect des prescriptions par le parent médecin, selon leur enfant.
Si deux enfants ne se prononcent pas (E1, E17), les sept autres ayant abordé le sujet affirment
que oui. Il s’agit de E6, E15, E19, mais aussi :
- E5 : « en fait c'est surtout ma mère qui gère ça. Elle respecte vraiment ce que dit le médecin. »
- E14 : « je pense qu’il le suit, qu’il le suit à la lettre ».
- E16 : « Ça leur vient pas à l’idée [de contester la prescription]... ils ont parfois une
connaissance de quelques… quelques médicaments qu’il faut utiliser à certaines doses, mais
ils respectent rigoureusement l’ordonnance la plupart du temps. »
- E20 « bah oui parce que j’ai confiance ! ».
Nous constatons que ces quatre enfants sont soignés quasiment exclusivement par leur médecin
de famille, leur parent ne souhaitant pas s’impliquer dans leur prise en charge médicale.
4.4.4. Respect du secret médical
La notion de secret médical, plus complexe à appréhender, n’a été abordée qu’avec les
adolescents. Elle est d’ailleurs interprétée différemment selon les participants.
Pour E10, il s’agit du secret médical concernant sa propre santé ; les choses qu’il voudrait garder
confidentielles vis-à-vis de son parent médecin : « ben y’a souvent des choses qu’on veut garder
un peu à soi après… je saurais pas trop quoi dire quoi ».
Pour E11, il s’agit du secret médical concernant la santé des autres ; le fait que ses parents
discutent de leur patientèle au domicile : « le soir ils parlent un peu de la journée, mais ils ne
donnent pas de nom en fait ».
En pratique, pour trois adolescents, le fait que leur parent soit leur médecin n’entrave en rien le
respect du secret professionnel (E27, E30, E26 : « Je pense qu'il garde vraiment le secret
médical comme tout médecin le ferait »).
Pour E23 en revanche, le secret médical serait moins respecté par ses parents médecins :
« Bon, j’ai pas eu vraiment de problème qui nécessite un grand secret donc j’peux pas trop
dire, mais j’pense que si c’est à la maison ou si c’est mes parents, facilement ça va se
transmettre chez mes frères et sœurs et tout (…) Que si ça se fait dans un endroit plus
professionnel ça serait plus secret ».
96
4.5. Avantages et inconvénients liés aux soignants
Figure 16 : Avantages et inconvénients relatifs aux médecins parents et aux médecins extérieurs
Il ressort de la figure 16 que, globalement, les enfants voient davantage de bénéfices que
d’inconvénients à avoir un parent médecin, et qu’il est plus profitable d’avoir un parent médecin
que d’avoir un médecin extérieur.
Il ne s’agit que d’une tendance dont nous allons étudier plus en détails.
97
4.5.1. Avantages liés au parent médecin
Pas de
déplacement
E1 : « y’a pas besoin d’aller chez le docteur T ».
E3 : « on n’a pas besoin d’aller voir le docteur Q (…) pour m’examiner et
lui demander ».
E5 : « Du coup j'y vais pas pour rien [chez le médecin], c'est mes parents
qui jugent ».
E9 : « On n’est pas obligé d’aller à l’hôpital pour euh une ptite coupure
parce que nos parents ils savent pas faire ».
E10 : « par exemple, quand on est malade, pas forcément aller à Saint-
Nazaire ou à Nantes ou se déplacer ».
E12 : « c’est bien (…) parce que comme ça j’ai pas besoin de prendre la
voiture ».
E13 : « quand t’as des maladies t’es pas obligé d’aller toujours
euh...…chez le médecin tu peux rester chez toi. (…) Comme ça elle te soigne
plus vite ».
E23 : « Euh bah, j’dirais qu’on a pas besoin de se déplacer, que… ils
peuvent tout faire sur place ».
E24 : « De pas avoir besoin d’aller à l’hôpital à chaque fois qu’il y a un
problème ».
E25 : « c’est qu’on n’est pas obligé de tout le temps aller à l’hôpital, on
peut se faire soigner sur place ».
E26 : « c'est pratique d'avoir le médecin à la maison, y a pas besoin de se
déplacer… » ; « puis oui, c'est quand même très pratique d'avoir un
médecin à la maison quand même ».
E28 : « et puis aussi les consultations à domicile (rires) ».
E29 : « Bah oui, parce que du coup on ne se déplace pas très souvent »
E30 : « s’qui est bien aussi c’est que du coup on est pas obligé d’se déplacer
pour aller à l’hôpital… ».
Pas d’attente E22 : « on est soigné tout de suite (…) y’a pas d’attente… ».
E28 : « Et puis y’a pas les attentes dans les salles d’attente tout ça ».
Consultation et
diagnostic
rapides et à
domicile
E3 : « comme j’ai souvent des otites et bien (…) papa et maman ils savent
quoi faire ».
E5 : « déjà le fait qu'ils régulent et puis le fait qu'ils savent faire un
maximum de soins on va dire ».
E14 : « des fois qu’il nous diagnostique ».
E16 : « il te fait une auscultation gratuite (…) ça se refuse pas, forcément ».
E17 : « Bah c’est qu’elle peut me soigner pendant la nuit ».
E20 : « Et bien c'est qu'elle peut nous guérir correctement quand on se fait
des petites blessures, quand on va pas bien, qu'on a mal quelque part… ».
E20 : « elle peut me guérir quand je me suis fait mal, (elle) connaît plein
de choses en docteur ».
E22 : « je trouve que c’est pratique, dans le sens où dès qu'on est malade
ils… paniquent pas, ils savent quoi faire ».
E23 : « et aussi ben si on a un problème, ils sont capables de nous
diagnostiquer enfin, en quelque sorte ils peuvent nous dire bah c’qui va
pas, c’qui va et nous soigner ».
E29 : « par exemple quand on a mal au ventre et que ça dure bien c’est plus
vite fait pour examiner ».
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Avis consultatif
expertise
E19 : « je pense que elle sait quand on doit aller chez le docteur et quand
ça ne vaut pas la peine ».
E31 : elle sait à peu près c’que t’as comme maladie, si c’est grave ou pas,
s’il faut consulter (…) ça fait un premier test avant d’aller consulter ».
Possibilité d’être
rassuré
E5 : « Quand j'leur demande euh des choses sur la médecine, des conseils,
des trucs comme ça, ou genre est-ce que c'est normal que j'ai mal au ventre
à ce moment-là ou des trucs comme ça ils savent m'expliquer donc c'est
assez pratique, comme ça je m'inquiète pas ».
E30 : « j’ai pas besoin de m’inquiéter pour des choses qui sont pas graves »
Confiance
E8 : « oui, parce que j’avais plus confiance en elle parce que bah c’est ma
maman. Donc j’ai moins peur ». « C’est toujours bien de savoir sur qui
compter pour toujours avoir quelqu’un quand même ».
E16 : « Il te met en confiance quand euh… t’as quelque chose, il te surveille
de toute façon, il est souvent très ouvert sur les problèmes de santé ».
E19 : « Et bien… justement elle prend plus au sérieux quand on a une
blessure. Et puis voilà… »
E28 : « ils me connaissent déjà, donc y a pas besoin de… y’aura, à mon
avis, moins de fautes de diagnostic parce qu'ils me connaissent (…) ils
savent ma forme actuelle… c'est ceux qui me connaissent le mieux donc… »
Médicaments/
Matériel
accessibles
E5 : « Et à la maison on a assez de médicaments... contre les douleurs euh...
de ventre ou de tête, enfin voilà »
E15 : « il sait ce qu’il faut donner (…) c’est pratique du coup »
E16 : « il s’y connaît en médecine, il sait quel produit prendre si tu as des
p’tites gênes, un p’tit mal »
E17 : « si c’était pas un docteur, elle saurait pas trop quoi me donner
comme médicament ».
E22 : « Par exemple, si on a besoin d'un médicament, quelque chose, papa
fait une ordonnance, et on va à la pharmacie, c'est hyper simple ».
E23 : « On a aussi pas mal de matériel en cas de soucis, enfin des
médicaments, tout ça ».
E24 : « d’avoir facilement des médicaments accessibles ».
E27 : « Et puis pareil, pour les médicaments, en pharmacie, on peut avoir
les ordonnances directes ».
E28 : « pour les médicaments (…) des trucs comme ça qu'on n'avait pas le
droit d'avoir sans ordonnance… c'est ces avantages (…) Et le matériel
aussi, on a du matériel si besoin ».
Délivrance de
certificats
E5 : « Et puis il y a les certificats médicaux, c'est papa, c'est très pratique. »
E10 : « quand on a besoin d'un certificat médical, pas besoin d'aller en
demander un à son médecin, qui est parfois assez loin, quand on a besoin
en urgence ».
E11 : « c’est pratique (…). Par exemple, pour les certificats médicaux, on
est pas obligé d’aller les chercher… »
E24 : « des certificats, c’est l’avantage ».
E27 : « oui ! (rires) Bah déjà on ne perd pas de temps à aller voir tous les
médecins pour les certificats, tout ça ».
E28 : « pour les certificats médicaux ».
Vaccination
optimisée
E5 : « comme je l'ai déjà dit, ma mère elle essaie de nous avoir un maximum
de vaccins aussi, même s'ils sont pas obligatoires ».
E31 : « bah j’pense que c’est avantageux parce que déjà elle sait les vaccins
qu’il faut faire ».
Tableau 4 : Avantages liés au parent médecin
99
Parmi tous les enfants interrogés, un seul n’a pas su trouver d’avantages au fait d’avoir un parent
médecin (E21).
Parmi tous les autres, c’est avant tout le côté pratique qui a été cité (E5, E11, E15, E20, E22,
E26 « Bah déjà le côté pratique, autant financier que au niveau de il est tout le temps-là »).
Parmi ces aspects pratiques, les participants évoquent le fait de ne pas avoir à se déplacer, de
ne pas avoir à attendre, de bénéficier d’une consultation ou d’un diagnostic rapide et à domicile,
de pouvoir obtenir des médicaments facilement et d’avoir du matériel sur place.
En parallèle, la compétence du parent médecin est soulignée par les enfants, qui apprécient
parfois d’avoir un avis consultatif, une prise en charge optimisée, comme pour les vaccins, et
d’être rassurés sur leur santé si besoin.
Enfin, la notion de confiance accrue envers son parent médecin est également évoquée.
D’autres aspects plus singuliers sont mis en avant par quelques participants.
Nous mentionnerons ainsi la fierté et l’admiration de certains enfants pour leur parent :
- E16 : « ça a que des avantages d’avoir un père médecin en fait, à mon avis » ;
- E28 : « Il y a des énormes avantages. Je trouve que c'est la profession qui offre le plus
d’avantages. Déjà c'est super classe de dire que ses parents sont docteurs, juste pour l'image.
Après je sais que quand on dit je suis docteur… je sais que quand j'étais petit, papa était dans
la voiture, les policiers, on se faisait contrôler… Il avait dit « je dois me dépêcher, j'ai une
urgence » ou un truc comme ça… « je suis docteur », déjà le policier il était… au-dessous… il
était fragilisé… déjà. Ça c'est un truc qui m'avait impressionné quand j'étais petit » ;
- E20 : « Et aussi qu'elle est très gentille ! » ;
Et d’autres avantages auxquels seuls nos enfants peuvent penser :
- E1 : « Ça pollue moins » ;
- E14 : « Pour moi les avantages, j’pense que ça serait déjà qu’on peut aller manger à sa
clinique » ;
- E18 : « C’est bien (…) parce que les gens vont payer pour elle, pour qu’elle ait de l’argent » ;
- E26 : « ça peut être un avantage aussi pour certains amis : par exemple s’ils ont mal quelque
part ou ils ont une blessure, ils peuvent me demander « ah ben ça tu peux pas demander à ton
père ce qu'il en pense tout ça et… » pour ce côté-là, c'est quelque chose qui est très pratique. » ;
- E31 : « j’pense que c’est bien parce que du coup on devient pas gros et en même temps comme
ça on saura pour quand on sera plus grand et pour nos propres enfants ».
100
4.5.2. Avantages liés au médecin extérieur
Quatre enfants ne voient pas d’intérêt à avoir un médecin extérieur : E1, E21, E29 et E22 « Bah
j’me rends pas trop compte parce que je ne suis pas souvent malade donc du coup je n'ai pas
trop besoin… » et 2 n’ont pas d’opinion.
Douze autres se sont exprimés sur des avantages bien distincts à avoir un médecin tiers :
Matériel E8 : « oui parce qu’elle a plus le matériel nécessaire (…) elle a tout sur
place. »
Confiance /
Discrétion
E14 : « Bah déjà j’ai moins peur, parce que mon papa euh... j’ui avais
demandé la question, et puis il m’avait dit euh (imitant son père) : « Moi
j’aurais peur, j’aurais peur de faire une moindre petite chose » donc du
coup moi je pense que j’ai... niveau médical, j’ai plus confiance en mon
docteur traitant. Et euh... bah jpense que voilà, s’il se trompe bah... c’est
pas mon papa, parce que jle vois pas tous les jours mon docteur traitant. »
E23 : « Euh pas spécialement, ptet plus le côté euh discrétion, le fait de
pas trop parler à ses parents (…)
Ptet qu’on aura plus de confiance à voir avec quelqu’un qu’on ne connaît
pas. »
Avis extérieur
E15 : « oui j’aime aussi (…) comme ça si papa sait pas, l’autre médecin
sait peut-être », permet d’avoir deux avis.
E20 : « Il y a d'autres docteurs qui savent… ce que ma maman ne sait pas.
Mais ma maman elle sait ce que d'autres docteurs ne savent pas. »
E31 : « bah oui j’pense que c’est plus sécuritaire et par exemple si on a
des maladies graves qu’on sait pas… et bah maman elle pourra jamais le
découvrir alors que le médecin il pourrait le savoir. »
E17 : « si elle [sa maman] est malade »
Compétences
complémentaires
E19 : « Et bien ma maman elle ne sait pas forcément faire les points de
suture »
E25 : « dans les spécialités parce que mes parents ils savent un peu tout
faire, mais ils sont surtout forts en chirurgie et en radiologie »
E28 : « Bah pour les spécialistes, les dermatos par exemple. Je dis ça
parce que j'y suis déjà allé, par exemple pour l'acné, ou on se fait
contrôler les grains de beauté : ça, papa et maman ne peuvent pas faire ».
Cadre
E26 : « … Le côté plus extérieur, probablement, qui pourrait donner
l'impression d'avoir comme un vrai médecin entre guillemets parce que
ça reste un père aussi… (…) Ouais, voilà, le cadre justement. Ça pourrait
être ça le côté positif ».
Crédibilité
E30 : « l’intérêt c’est que si jamais après c’est plus grave il faut une
hospitalisation bah, quand c’est un médecin traitant ça fait un peu plus
hum… euh comment dire… jtrouve… m’fin, j’sais pas comment expliquer,
mais… du coup vis-à-vis des médecins de l’hôpital, ils pensent que c’est
mieux suivi... … ça fait un suivi qui est plus… plus réglo enfin voilà... »,
il y a plus d’objectivité… »
Tableau 5 : Avantages liés au médecin extérieur
101
4.5.3. Inconvénients liés au parent médecin
Douze interviewés trouvent qu’il n’existe aucun inconvénient à avoir un parent médecin (E1,
E5, E6, E9, E12, E13, E15, E17, E18, E20 « Ah bah non pas du tout ! », E27 et E29 « Humm
non… que des avantages »).
E25 n’a pas d’avis sur la question.
La moitié restante a des arguments à opposer au fait que leur parent soit médecin, certains étant
souvent évoqués, comme la minimisation des symptômes ou l’impact de l’affect, d’autres étant
plus singuliers et propres aux enfants, comme l’inflexibilité du parent médecin, plus prudent et
rigoureux concernant la santé de ses proches.
On note également que certains regrettent parfois la profession de leur parent, non pas de par
son impact sur leur prise en charge médicale, mais de par l’impact sur la vie familiale.
Minimisation/
Attente
E7 : « des fois faut attendre quand elle me dit « attends » ».
E22 : « Bah j’dirais que peut-être parfois ils ont tendance à… à pas trop
prendre en compte les symptômes. Enfin par exemple, j'ai un exemple en tête :
une fois j'étais petite, j'étais peut-être au CE1, et je m'étais fait mal au cou.
Et puis papa m'avait dit ça va passer, il n'y a pas de souci, ne t'inquiète pas
et puis au final j'avais un torticolis et ça avait été une journée horrible à
l'école parce que j'avais mal… enfin voilà ».
E23 : « Inconvénients, bah ptet que du coup ils prêtent un peu moins attention
à.. à quand on a des problèmes, bah voilà ils vont facilement dire que ça va
passer tout seul ; si on est malade, bah ils vont nous donner un médicament
ils vont nous dire d’aller à l’école… ils vont pas trop s’attarder là-dessus
(…). Des parents qui ne sont pas médecins vont facilement dire à l’enfant
d’aller se reposer et d’aller voir le médecin… justement, des trucs comme
ça. »
E24 : « Oui c’est euh (rires gênés). C’est par exemple, si t’as mal quelque
part, et que tu veux l’utiliser pour pas aller à l’école, et ben ça marche pas,
ils savent très bien c’que t’as et euh ils s’en fichent. »
E26 : « on peut minimiser au contraire, je pense que ça pourrait être un
inconvénient si c'était trop flagrant, trop gênant. (…) Je me suis posée
quelque fois la question, mais ça me gêne pas plus que ça ».
E28 : « Ils ont tendance à minimiser dans certains cas. »
E31 : : « déjà quand toi t’as très mal, mais que ta maman elle sait qu’c’est
pas grave ou qu’elle pense que c’est pas grave, elle ira pas te faire consulter,
même si ya… elle pense ça. Alors que des gens qui sont pas médecins iront
quand même faire consulter leurs enfants, au cas où. Nous, on va jamais, au
cas où, et j’trouve ça c’est un désavantage ».
102
Inflexibilité
E11 : « Pff bah parfois j’en vois (rires gênés). Par exemple quand j’voulais
avoir un scooter j’ai demandé, mais j’ai rapidement abandonné vu que bah
ma mère elle en voit tous les jours des gosses qui sont accidentés ».
E31 : « un avantage et en même temps un désavantage c’est que bah elle suit
c’que tu manges. Bah c’est un désavantage parce que du coup tu peux pas
manger n’importe quoi ».
Manque
d’objectivité
E16 : « C’est jamais arrivé… ça peut arriver ptet qui fasse un mauvais
diagnostic, qu’il soit dans l’erreur, dans ce cas-là voilà pourquoi j’dis je
ferais sûrement plus confiance à… quand mon père me dit de prendre un
médicament, je préférais avoir l’avis du médecin traitant avant ».
« Ça peut engendrer des… je sais pas, des problèmes émotionnels donc euh…
on peut pas totalement être euh… être objectif quand même, sur euh… son
fils ».
E26 : on a pas forcément envie que ses enfants soient atteints de maladies,
pareil… on a moins tendance à vouloir les soigner parce que « pas chez
moi »… (rires).
Manque de
confiance
E30 : « quand j‘étais petite, euh bah… quand j’étais p’tite j’aimais pas parce.
J’pensais que j’pouvais pas lui faire confiance, mais maintenant j’pense que
non. »
Défaut de
matériel
E8 : « parce qu’on doit tout aller chercher, ça prend du temps »
E28 : « du coup par contre, on a les médicaments périmés aussi (rires) en
contrepartie… »
Surcharge de
travail
E26 : « j'imagine en tout cas si je me mets à sa place que quand on voit des
malades toute la journée, on n'a pas forcément envie que ce soit aussi dans
sa famille… (…)
Impact sur la
vie familiale
E10 : « Bah quand on est médecin on est souvent un peu occupé, donc on
rentre parfois tard le soir. Bah c'est un peu ça, parfois ils rentrent un peu
tard de temps en temps, mais après ça va. Et puis ils sont de garde le week-
end souvent ».
E19 : « Elle part souvent et plus que les autres parents. »
E28 : « Le fait que les deux soient médecins peut-être aussi, et que les
conversations tournent pas mal autour de la médecine ça peut-être… même
si ça m’a toujours plutôt intéressé, ça a pu déjà me saouler quand ils partent
dans leurs grands mots tout ça. »
E28 : « ouais peut-être je ne suis pas toujours dans le même état d'esprit, moi
qui veux faire un ingénieur, ils ont un état d’esprit un peu différent du mien,
mais je m’entends très bien avec eux. Y’a pas de problèmes. Mais c’est des
états d’esprit différents. »
Tableau 6 : Inconvénients liés au parent médecin
103
4.5.4. Inconvénients liés au médecin extérieur
Peu d’enfants se sont exprimés sur le sujet, les désagréments de consulter un médecin extérieur
recoupant souvent les avantages à avoir un parent médecin sur place.
Nous citerons tout de même la réponse de E8 : « bah j’aurais préféré que le docteur D ce soit
maman (rires) ».
Attente E7 : « dans la salle d’attente il faut attendre »
Déplacements
E20 : « Non, mais c'est que ma maman elle a un peu de mal à faire plein
de déplacements. »
E30 : « si par exemple ma mère elle avait aucune connaissance en
médecine, dès qu’il y a un p’tit truc j’devrais m’déplacer, c’est vrai que
c’est pas très pratique. »
Gêne E19 : « bah moi, même si je leur dis tout des fois, j’ose moins leur dire,
alors que ma maman j’peux tout lui dire »
Tableau 7 : Inconvénients liés au médecin extérieur
104
4.6. Évaluation de la prise en charge médicale
Figure 17 : Évaluation de leur prise en charge par les participants
Il apparaît, à la lecture rapide de la figure 17, une évaluation globalement positive de leur prise
en charge par les enfants de médecin, indépendamment du médecin qui les suit.
4.6.1. Qualité du suivi médical
Onze participants se sont prononcés sur la qualité de leur suivi médical. Il s’agissait à chaque
fois d’enfants suivis par leur(s) parent(s).
Sept sont satisfaits de leur suivi global : E11, E13, E23, E24, E25, E27 et E10, qui apprécie
notamment que ses parents s’enquièrent régulièrement de sa santé : « Souvent, quand je rentre
d'une activité, par exemple je fais du judo, parfois le soir ils me demandent “ça va, tu t'es pas
fait mal ?”, surtout que j'ai des problèmes de dos ».
105
Trois ont des avis indécis, notamment par défaut de comparaison avec des prises en charge
« classiques » :
- E22 : « Bah… j’me rends pas trop compte. Tout ce qui tout ce qui est vaccin oui parce qu'ils
font attention et tout ça, mais après… bah c'est tout, ils ne m'embêtent pas trop. » ;
- E26 : « Après, du coup, comme j'ai toujours été habituée à avoir mon père comme médecin
traitant, je ne sais pas non plus ce que ça fait d'avoir un médecin traitant autre. Mais après je
ne pense pas avoir un mauvais suivi quoi, je pense que c'est correct, voilà. ». « Après s'il y a
quelque chose qui me perturbe ou qui me convient pas, je peux en parler assez facilement donc
du coup… ça se fait facilement » ;
- E30 : « du coup parfois c’est un peu troublant de pas avoir de médecin spécial, parce que du
coup quand c’est vraiment un truc euh… parfois je sais pas si maman elle m’donne des trucs à
la légère ou pas, voilà quoi, parfois c’est un peu troublant, mais sinon oui, j’pense que oui ».
On peut néanmoins émettre l’hypothèse selon laquelle les enfants interrogés éprouvent une gêne
ou des scrupules à émettre une opinion négative de leur prise en charge qui mettrait à défaut
leur parent.
Seul E31 n’hésite pas à exprimer son mécontentement lorsqu’on lui demande s’il estime avoir
un bon suivi médical : « bah non parce qu’en fait on le fait que quand on a besoin alors que
normalement on devrait le faire plus souvent. Alors que là c’est que quand on a besoin. Par
exemple si on partait au ski ben là elle me mesurerait pour le ski et tout ça ».
4.6.2. Qualité de l’examen clinique
La majorité des participants estime bénéficier de bons examens cliniques, qu’ils soient réalisés
par leur parent (E6, E8, E10, E12, E17, E18, E23, E26, E27, E28, E30) ou par leur médecin
extérieur (E4, E5, E6, E8, E17, E20).
Quatre enfants (E1, E9, E11, E31) ne savent se prononcer, notamment parce qu’ils n’ont pas eu
l’occasion d’avoir un examen complet :
- E1 : « ça fait quand même assez longtemps que j’suis tombée malade donc… » ;
- E11 : « bah oui euh après j’peux pas trop le dire parce que en fait j’tombe pas très souvent
malade » ;
- E31 : « bah oui j’pense (hésite). Je sais pas en fait parce que j’ai très peu de souvenirs de
médecins généralistes ».
106
4.6.3. Temps accordé
La plupart des interviewés se disent satisfaits du temps accordé par leur médecin, qu’il
s’agisse de leur parent (E2, E3, E6, E10, E11, E12, E13, E15, E17, E24, E26, E30) ou d’un
tiers (E8, E14, E15, E17, E19, E20, E21).
Nous citerons pour exemple :
- E10 : « Bah ouais, sur le coup, ils prennent le temps parce que on leur dit un truc, par rapport
à notre santé, bah p’tet qu'ils peuvent pas le faire tout de suite, mais ils vont essayer de s’en
occuper quoi ». « … J’pense qu’ils vont trouver une solution. Donc après, s’ils ont besoin d’un
peu de réflexion ben je leur laisse » ;
- E24 : « Ah oui, quand j’ai mal, oui, que ce soit l’un ou l’autre, oui, ils prennent le temps » ;
- E26 : « Non, si je lui demande, il prend vraiment le temps. En plus, ça peut-être à n'importe
quelle heure… bah on ne choisit pas quand on est malade, mais oui, il prend vraiment le temps.
(…) après s'il peut pas, c'est comme les médecins, de toute façon, on ne peut pas toujours le
voir le jour même si… non, il prend vraiment le temps de m'examiner quand c'est nécessaire »
Certains sont plus mitigés sur ce sujet concernant leur parent :
- E14 : « ça dépend des fois je pense » ;
- E28 : « Oui, plutôt ouais… bah c’est peut-être parfois un peu minimisé. Après je ne suis pas
du genre à me plaindre non plus… » ;
- E29 : « Oui, ça va, mais souvent quand je leur dis… enfin ils disent que ça va passer… »
Et d’autres jugent le temps accordé par leur parent insuffisant :
- E7 : « bah elle dit « attends » des fois parce qu’elle est occupée » ;
- E22 : « parfois j'ai l'impression que… bah ils me disent « bah prends un médicament, ça va
passer »… ils ne font pas trop attention au début et c’est s’ils ont l’impression qu’on est
vraiment malade qu'ils s'en occupent » ;
- E25 : juge qu’ils vont trop vite.
107
4.6.4. Qualité d’écoute
La plupart des enfants sont satisfaits de la qualité d’écoute de leur parent concernant leur santé
(E2, E3, E6, E7, E12, E17, E18, E22 « quand j'ai des problèmes ou autres oui, je pense » et
E25 « bah oui là ils vont m’écouter, parce que ça veut dire que j’suis malade à mon avis »).
Il en est de même concernant les enfants consultant un médecin extérieur, à l’image de E7, E8,
E14, E21.
Les plus jeunes extrapolent néanmoins ce manque d’écoute à leur vie quotidienne et non
spécifiquement à leurs soins :
- E1 : « entre les deux parce que ma sœur elle veut tout le temps être la première à parler » ;
- E25 : « Bah euh, ça dépend. Genre quand je saigne beaucoup là, ils m’écoutent, mais quand
c’est mon frère qui me frappe ils ne m’écoutent pas ».
4.6.5. Prise au sérieux des plaintes fonctionnelles
Les avis sont très partagés concernant la prise au sérieux des plaintes fonctionnelles des enfants.
Ainsi, pour 12 d’entre eux, leur médecin traitant (E14, E19) et leurs parents (E8, E9, E12, E13,
E15, E19, E24 « ils s’en fichent pas », E26 « je pense qu’il me prend au sérieux », E29, E31)
prennent en compte leurs symptômes.
Deux autres ont le sentiment que leurs parents font fi de leurs plaintes :
- E11 l’évoque à plusieurs reprises : « bof, ils doutent toujours un peu ». « Ils disent « on attend
de voir », des fois bah tu prends de l’Efferalgan® ». « Ce qui me fait peur c’est plus s’ils vont
me croire ou pas ». Il se dit parfois frustré par rapport à ça ;
- E17 : « bah pas toujours (…) quand j’ai un tout p’tit bobo, par exemple là je me suis coupée,
bah elle n’a pas mis de pansement parce que ça ne saignait pas ». Elle aimerait que sa maman
en fasse plus « parce que des fois bah ça goutte et elle ne veut pas mettre de pansements (…)
alors qu’on en a pleins ».
108
D’autres avis sont moins tranchés.
- E14 : « ça dépend » ;
- E23 : « oui plutôt. Après ptet qu’ils prêtent ptet un p’tit peu moins attention que… un médecin
qui soit pas mes parents, parce que du coup ils peuvent se dire facilement « prend un
médicament et ça va passer » donc… » ils n’y consacrent pas une véritable consultation ;
- E28 : « Plutôt par papa que par maman ». « [Maman] c’est plutôt “prends un Doliprane®” » ;
- E30 : « parfois si c’est sur des p’tits trucs, y a ptet des gens qui vont prendre des médicaments
direct alors que moi j’en prends pas parce que maman elle va m’dire bah… ça sert à rien ça
va passer tout seul ».
Toutefois, cette temporisation est justifiée aux dires de certains enfants eux-mêmes :
- E21 : « des fois non, des fois oui. Parce que des fois, je mens et des fois, je ne mens pas » ;
- E5 : « je sais pas vraiment du coup parce que y a des moments c'est vrai, j'ai mal, mais ça va
passer... Mais en fait mes parents, quand j'ai mal, me demandent depuis combien de temps j'ai
mal et ils essaient de me trouver des solutions, mais ils me disent pas directement "on va aller
voir le médecin, on va aller aux urgences..." ». « Je trouve ça bien parce que des fois j'ai très
mal au ventre et 10 minutes après j'ai plus du tout mal alors si on avait été chez le médecin ça
aurait servi à rien ».
Il ressort ainsi que les participants ont confiance dans le jugement de leur parent.
- E4 : « ça dépend, parfois ils vérifient (…) à mon avis ils savent bien si j’suis malade ou pas » ;
- E27 : « Bah moi j'ai très souvent quelque chose donc… je reviens souvent le soir en disant
que j'ai mal à la tête ou quelque chose comme ça donc… souvent, ça passe dans la soirée ou le
lendemain donc… je prends un Doliprane®. Mais après, quand ça commence à durer, c'est là
qu'ils commencent à avoir les médicaments les trucs comme ça » ;
- E16 : « oui et non je vous dirais, parce que… beaucoup de maladies il disait « non [E16] tu
somatises, non tu… c’est un mal qui va passer et tout », j’ai… j’ui fais confiance la plupart du
temps parce qu’il est médecin il a raison. ». « Personnellement je… je connais moins de choses
que lui en médecine, donc euh je lui fais confiance (…) la plupart du temps, mon père paraît
très cool comme ça, mais il prend vraiment les problèmes de santé au sérieux ».
Enfin, E14 relève que ce recul face à un symptôme aigu formulé par l’enfant est également
valable pour un parent non médecin : « Elle me dit bein (…) c’est en rigolant hein, “j’te taperai
à un autre endroit et comme ça au moins t’auras (rigole) mal à un autre endroit”… ».
109
4.6.6. Liberté de parole
74 % des enfants osent tout dire
22 enfants déclarent aborder facilement leurs problèmes de santé avec leur(s) parent(s). Nous
citerons parmi eux :
- E1 : « j’ose tout dire » ;
- E4 : « non j’ai pas peur [de parler] » ;
- E16 : « oui parce qu’il m’ausculte gratuitement, il me dit s’il y a un problème ou non. ».
- E28 : « Avec lui, je parle très librement ».
Deux interviewés notamment ont conscience qu’il est dans leur intérêt de ne pas omettre de
symptômes :
- E10 : « Ouais, parce que je pense que si on ne dit pas tout, ça peut s'aggraver, et s'aggraver
très très grave. Ça peut se terminer en cancer par exemple (…). Et voilà quoi, c’est mieux de
tout dire » ;
- E30 : « j’sais pas trop, euh en général j’essaie de tout dire parce que… sinon ça peut
troubler… enfin [fausser le diagnostic] ».
La moitié des enfants suivis par un médecin extérieur osent lui parler aussi librement qu’à leur
parent (E7, E8, E16, E21 et E15 : « généralement je dis la même chose… aux deux »).
19,4 % des enfants n’osent pas tout dire
Il existe différentes raisons pour lesquelles les enfants n’osent pas tout dire.
Les enfants n’osant pas s’exprimer face à leur médecin traitant évoquent leur timidité :
E1 « c’est plutôt mes parents qui disent au docteur T. J’suis plus timide », E2 et E3 « ça dépend,
ça dépend de mon humeur aussi ».
Deux autres préfèrent ne pas ennuyer leurs parents avec des soucis de santé qu’ils jugent bénins
et transitoires :
- E9 : « Bah pas tout le temps. Des fois au tennis j’ai un peu mal au poignet, mais ça fait déjà
plusieurs fois donc je sais qu’ça va passer… » ;
- E13 : « Quand c’est des maladies de rien du tout comme les rhumes, non ».
110
Enfin E25 avoue ne pas toujours parler de ses symptômes de façon intéressée : « quelque fois
non, parce que si c’est en vacances j’attends la fin des vacances pour leur dire, comme ça,
y’aura pas d’école ».
En aucun cas les enfants réticents à parler de leur santé n’évoquent la crainte du jugement.
6,4 % des enfants hésitent à tout dire
Pour E20 et E26, « ça dépend des sujets ».
4.6.7. Peur du médecin
De façon prévisible, aucun enfant ne déclare craindre d’être consulté par son parent médecin
(E12, E16, E23).
Trois enfants estiment ne pas avoir peur avec leur médecin référent (E2, E16, E3 « non, plus
maintenant »).
Seuls deux avouent ne pas être à l’aise avec leur médecin traitant (E1, 8 ans, et E8, 10 ans, qui
a moins d’appréhension avec sa maman).
111
4.6.8. Gêne ressentie
24 enfants affirment ne pas être gênés lorsqu’ils sont consultés par leur parent, dont :
- E5 : « Euh non parce que, en plus, il examine pas de la même façon que le pédiatre (…) ça
me gêne pas vraiment, en tout cas moins que le pédiatre » ;
- E16 : « non, je n’ai jamais… jamais eu de honte » ;
- E24 : n’est pas souvent examiné « mais si ça devait arriver, ça ne me gênerait pas » ;
- E26 : « non, ça ne me gêne pas » ;
- E28 : « pas du tout (…) En même temps, on ne m'a jamais… on ne m'a jamais consulté tout
nu donc euh… (…) donc sinon aucune gêne ».
Il en est de même avec 12 enfants lorsqu’ils sont examinés par leur médecin extérieur, comme :
- E14 : « [non] parce que c’est mon médecin, et après, voilà quoi » ;
- E20 : « non pas du tout ! » ;
- E30 : « non, y a pas de différence avec un médecin ».
Quelques-uns sont plus mitigés, que ce soit :
- avec leur médecin traitant, comme E12 ou E8, bien que cette gêne s’amenuise avec le temps :
« bah avant je pense que oui, mais maintenant bah… de moins en moins » ;
- avec leur parent, pour certains examens, tel que E10 : « Bah… ça dépend un peu… quelle
partie » ;
- avec les deux quand il s’agit de l’intimité, comme E22 : « je sais pas trop, peut-être un p’tit
peu. Peut-être que je préfèrerais que ce soit maman parce que c'est une femme. » « Ce serait
différent parce que c'est un médecin extérieur, je me dirais que c'est un professionnel… bah
comme mes parents, mais… mais c'est mes parents donc… ».
Trois, enfin, avouent être gênés lorsqu’ils consultent leur médecin traitant : E29, E1 « un p’tit
peu » et E5, en particulier quand il n’est pas du même sexe : « après c'est une question de sexe
parce que quand c'est un pédiatre masculin qui m'examine, je suis pudique en fait, donc ça me
gêne un peu, mais quand la personne qui remplace le pédiatre que j'avais avant est une femme,
je me sentais beaucoup plus à l'aise. Et à l'inverse, c'était mon frère qui était plutôt mal à
l'aise. »
112
4.6.9. Notes attribuées à la prise en charge médicale actuelle
La moyenne des notes allouées par les enfants concernant leur prise en charge médicale est de
8,8/10, avec des minimales à 7 et des maximales à 10.
Comparaison des notes attribuées en fonction du type de prise en charge de l’enfant
Figure 18 : Notes attribuées par les enfants selon leur type de prise en charge médicale
Prise en charge mixte, par un médecin extérieur et le parent médecin
Les neuf enfants suivis de façon mixte ont accordé la note la plus élevée, de 9,2/10.
L’un, parmi eux, a distingué la prise en charge par son parent (10/10) de celle de son pédiatre
(8/10) : « le docteur Q. je trouve qu’il fait un peu mal des fois » (E22).
Prise en charge majoritaire par un médecin extérieur
Les enfants suivis principalement par leur médecin tiers sont satisfaits de leur prise en charge
avec une note moyenne de 9/10.
Même si son parent n’a qu’un rôle purement consultatif, E16 apprécie son suivi actuel :
« Comme personne n’est parfait j’peux pas mettre 10, mais j’mettrais entre neuf et demi et…
neuf. C’est la moindre des choses pour moi, ils sont tous les deux excellents et se complètent
parfaitement. »
113
Prise en charge exclusive par le parent médecin
C’est lorsque les enfants sont suivis exclusivement par leur parent qu’ils sont les plus sévères
dans leur notation, avec malgré tout un très correct 8,4/10.
Il ressort de leurs témoignages une petite frustration lié au manque de considération face à leurs
plaintes, parfois :
- E10 : 8-9 « parce que j’suis bien soigné, mais ouais comme j’ai dit t’à l’heure quand, par
exemple, quand on est un peu soigné on n’est pas toujours direct, directement pris en charge
entre guillemets (…). Par exemple s’ils ont un autre truc à faire, par exemple un autre patient
à voir, bah il nous dit « si tu peux attendre un p’tit peu, même si tu as un peu mal » bah voilà
quoi (soupirs) » ;
- E23 : 7-8 « en fait quand même j’trouve qu’ils font bien leur travail hein, mais comme j’disais,
ils m’prêtent peut-être un peu moins attention » ;
- E26 : 8-9 « parce que des fois je peux avoir la sensation que justement il minimise ou quoi
(…) [mais] je pars du principe qu'il prend quand même ces consultations comme si j'étais une
vraie patiente donc là-dessus… » ;
- E31 : 7 « j’pense je mettrais 7 parce que j’suis bien soigné… mais en même temps enfin
j’pourrais être mieux soigné, mais j’en ressens pas particulièrement le besoin ».
Comparaison des notes attribuées en fonction du sexe de l’enfant
Les filles ayant davantage tendance à vouloir répondre « comme il faut » (66), nous nous
sommes questionnés sur l’influence possible du sexe de l’enfant sur la distribution des notes.
Bien que notre échantillon ne soit pas suffisamment conséquent pour une quelconque analyse
statique, nous remarquons que l’évaluation ne semble pas différer de façon notable selon que
l’enfant soit une fille (8,9/10) ou un garçon (8,7/10).
Comparaison des notes attribuées en fonction de l’âge de l’enfant
La figure 18 met en évidence des différences d’âge en fonction du type de prise en charge : le
groupe d’enfants soigné par ses parents (moyenne d’âge de 13 ans) attribue ainsi des notes plus
basses que celui ayant une prise en charge composite (moyenne d’âge de 9 ans et demi).
Nous nous sommes donc demandé si l’âge pouvait impacter la note octroyée.
114
Figure 19 : Notes attribuées par les enfants en fonction de leur âge
Une fois encore, la figure 19 ne semble pas montrer de différence importante d’évaluation selon
l’âge des enfants. Pour exemple, les participants de 6 et 18 ans attribuent tous les quatre la note
maximale.
Comparaison aux évaluations faites par les parents médecins
94 % des parents pensent que leur enfant est probablement satisfait de sa prise en charge
actuelle. L’un précise que sa fille saurait dire si elle ne voulait pas que ce soit lui. Un autre
relativise cependant pour l’un de ses trois enfants, évoquant le regret de ce dernier de ne pas
être plus écouté dans ses plaintes, parfois. Un seul parent présume que ses enfants sont
mécontents de leur prise en charge actuelle.
Satisfaction selon le parent Notes des enfants concernés Moyenne des notes
Oui 9 – 9 – 10 – 10 – 10 – 9,5 – 10 – 9
7 – 10 – 9,5 – 7 – 10 – 8,5 9,2
Plutôt oui 9,5 – 9 – 8 – 8,5 – 8,5 – 9 – 8,5
9,25 – 8 – 7,5 – 9 – 8,5 – 9 – 10 – 7 8,6
Non 7,5 – 7 7,25
Tableau 8 : Comparaison des évaluations des parents médecins avec les notes attribuées par leurs enfants
Leurs impressions sont plutôt en adéquation avec la moyenne des notes attribuées, bien qu’au
final tous les enfants se disent globalement satisfaits de leur prise en charge médicale.
115
4.6.10. Souhaits des participants
90 % des sujets sont satisfaits de l’organisation de leur prise en charge médicale actuelle et ne
souhaiterait pas en changer, comme en témoignent :
- E5 : « c'est bien parce que j'ai jamais eu des... des problèmes qui ont pas été… neutralisés on
va dire » ;
- E10 : « j’trouve qu’ils sont bien comme médecins ». « J’suis plutôt bien… correctement pris
en charge » ;
- E15 : « de tout façon, moi j’aime bien les choses qui marchent, du coup si ça marche (…)
j’veux pas changer » ;
- E22 : « enfin quand je suis avec les parents, ils s'occupent de moi, ils me soignent, tout va bien
donc pour l'instant, je n'ai pas eu trop de problèmes » ;
- E5 : « actuellement, ça me va bien parce que je sais qu'ils gèrent assez bien les rendez-vous
et qu'ils savent quand est-ce qu'il faut que j'aille le voir... et à chaque fois quand ils m'ont amené
chez le médecin, c'était pour euh... pour une bonne raison enfin… »
Quatre interviewés aimeraient voir leur(s) parent(s) plus attentif(s) et interventionniste(s) dans
leur prise en charge :
- E11, qui voudrait être davantage pris au sérieux ;
- E14, parfois frustrée de ne pas être soignée par son père « des fois j’aimerais bien genre euh,
bein au lieu d’aller chez le docteur, se réveiller voilà et tout, jpense que j’aimerais bien qu’il
me soigne », mais comprenant son point de vue « je comprends, parce que après c’est ma santé
qui est en jeu donc euh… » ;
- E23, qui regrette une certaine minimisation de ses plaintes ;
- E29, qui souhaiterait être soignée davantage « maman veut pas tout le temps donner des
médicaments quand on est malade alors que papa il dit que sinon que pour guérir plus vite il
faut en prendre donc voilà ».
Trois autres apprécieraient parfois avoir un avis extérieur :
- E28 : « Non. Euh… peut-être un avis plus… parfois je disais que c’était bien d’avoir quelqu’un
qui me connaissait bien, mais parfois un avis plus… reculé… » ;
- E30 : « du coup, pour moi, le fait de voir une personne à l’extérieur, bah ça fait que j’ai
vraiment un truc. Du coup, j’ai vraiment un soin, enfin c’est plus… voilà » ;
- E31 : « bah j’pense qu’on prendrait un médecin généraliste ».
116
Enfin, deux enfants ont des souhaits plus personnels :
- E8 : que sa mère ait les compétences et le matériel de son médecin traitant pour le prendre
intégralement en charge « docteur D ce serait bien que ce soit maman et maman qu’elle ait tout
le matériel » ;
- E25 : que ses parents se spécialisent dans tous les domaines pour pouvoir tout gérer eux-
mêmes : « Les choses que j’aimerais changer c’est que (…) mes parents ils [sachent] mieux
faire les choses (…) dans lesquelles c’est pas leur domaine. [Qu’ils sachent] comment avoir
les meilleurs médicaments, comment faire pour avoir une parfaite santé ».
117
DISCUSSION
1. Analyse critique du choix du sujet
Les travaux relatifs au soin des proches, popularisés par J. LA PUMA dans les années 90, sont
de plus en plus nombreux, y compris parmi les thèses de médecines générales. Les enquêtes
centrées sur les enfants de médecin étaient, jusqu’à présent, peu nombreuses. Pourtant, les
enfants sont les proches les plus souvent pris en charge par le praticien au sein de sa famille,
devant les conjoints puis les parents (8).
Si des études concernant le suivi médical des enfants de médecin commencent à paraître, seuls
quelques entretiens sporadiques ont, à notre connaissance, été menés auprès de ces derniers. Ils
étaient, pour la plupart, adultes, libérés de l’emprise parentale, et ainsi assimilables aux autres
proches (23, 25, 26).
N. MADEC (10), qui s’est attachée à questionner les conjoints de médecin sur leur suivi
préventif et celui de leurs enfants, a ainsi souligné que l’avis direct des enfants aurait permis
d’être plus objectif, ce que soulignaient d’ailleurs deux conjoints dans les questions ouvertes.
Les deux doctorants ayant cherché à répondre à la problématique de la prise en charge de ces
enfants en interrogeant des parents médecins ont conclu leur thèse de la même façon :
- pour O. HURÉ (12), l’entretien auprès des enfants « pourrait apporter d’importantes
révélations » ;
- pour J. GOUBET (17), « il serait donc intéressant de recueillir et de considérer davantage le
vécu des enfants soignés par leurs parents généralistes. Une connaissance approfondie de leur
ressenti pourrait modifier à long terme la prise en charge de leur santé, s’il s’avérait réel que
cette situation soit source de souffrance pour l’enfant », point de vue partagé par l’un des
praticiens interviewés : « maintenant, il faudrait interroger mes enfants, parce qu’eux ils sont
super sévères ! Ils sont très critiques ».
Notre travail permet donc d’apporter un regard nouveau sur ce sujet qui semble interpeler de
plus en plus les nouvelles générations de médecins.
118
En outre, les médecins sollicités par email pour interviewer leurs enfants ont paru réellement
motivés par le sujet de cette thèse, faisant part de leur vif intérêt concernant ce que pouvaient
penser leurs enfants, question que certains ne s’étaient jusqu’alors pas forcément posée.
De la même façon, plusieurs parents médecins ont longuement échangé avec moi au terme des
entretiens menés avec leurs enfants, ayant eux-mêmes beaucoup d’interrogations ou de
convictions sur le sujet.
Enfin, l’enfant de médecin lui-même, quel que soit son âge, semble réclamer un droit de parole.
Ainsi, au cours des interviews menés par J. GOUBET (17), un des généralistes sollicités a
spontanément déclaré à l’enquêtrice « [mes enfants] m’ont dit : « franchement, c’est pas toi
qu’elle doit interroger, c’est nous ! » (…) je m’en suis pris plein la tronche ensuite sur ce sujet-
là, bah je me suis rendu compte que peut-être qu’ils l’avaient très mal vécu... (…) C’était rigolo,
parce qu’il voulait vraiment que vous l’interrogiez dessus... À mon avis, vous auriez eu une
version radicalement différente ».
À titre anecdotique, nous évoquerons également l’entretien de E25, mené en présence d’un ami
du même âge (10 ans), lui aussi fils de médecin. Il ne partageait pas toujours l’avis de son
camarade et était très désireux d’être interviewé également, preuve que les enfants aussi aiment
être entendus.
119
2. Analyse critique de la méthode
2.1. Choix de la méthode
La valeur scientifique des recherches qualitatives a longtemps été décriée. En effet,
l’extrapolation des critères de scientificité, bien connus des études quantitatives (que sont la
validité interne et la validité externe), et leur application aux recherches qualitatives restent
controversées (77). Ainsi, la validité interne, qui correspond à vérifier si les observations sont
fidèles à la réalité ou crédibles (et donc que le chercheur observe vraiment ce qu’il croit observer
et que le résultat obtenu est réel et non dû à un biais et au hasard) se traduit en recherche
quantitative par la mise en évidence d’une différence significative notamment. En recherche
qualitative, on évoque le feed-back des sujets et la technique de triangulation des sources et des
méthodes. La validité externe ou transférabilité correspond à la « possibilité de généraliser les
observations à d’autres objets ou contextes ». En recherche quantitative, il s’agira de démontrer
la représentativité des échantillons en fonction de la puissance statistique. En recherche
qualitative, c’est la notion de saturation de données qui permet de la définir, sous réserve d’une
description la plus exacte possible de la population étudiée (77).
La revue Exercer (64) promeut la rigueur à tous les niveaux de l’enquête qualitative plutôt que
des critères de validité stricts tels que ceux sus cités, comme garants de représentativité des
résultats.
Selon M. DRAPEAU, « la valeur d’une recherche scientifique est grande partie dépendante de
l’habileté du chercheur à démontrer la crédibilité de ses découvertes » (77).
2.1.1. Forces de la méthode
Si l’on s’attache, malgré tout, aux seuls critères de scientificité pour juger la représentativité de
cette étude, nous évoquerons la saturation des données et leur triangulation comme forces.
Nous sommes arrivés à saturation des données après avoir réalisé 31 entretiens, nombre bien
supérieur à ceux retrouvés dans l’ensemble des thèses étudiées, ce qui nous a amenés à refuser
la participation d’enfants dont les profils laissent présager une probable similitude de réponses
par rapport à celles déjà obtenues (mêmes catégories d’âge et de sexe des enfants, même secteur
professionnel des parents médecins).
120
En outre, l’ajout d’un questionnaire adressé aux parents a permis de réaliser une triangulation
des données par la réalisation de deux techniques de recueil d’informations différentes (par
entretien et par questionnaire) et par la comparaison de deux sources de données (les enfants et
leurs parents).
Nous avons enfin confronté ces données à celles obtenues dans la littérature, avec une recherche
bibliographique se voulant la plus riche possible.
Concernant le choix de notre méthode de recueil de données, les entretiens individuels
permettaient d’interroger des enfants d’âges variés, tandis que N. MADEC (10), qui proposait
la réalisation d’une enquête par questionnaires, restreignait le champ d’étude aux adolescents,
aptes à répondre seuls aux questions posées par écrit.
En outre, les entretiens semi-dirigés offraient la possibilité de questions ouvertes, malléables au
cours des entrevues, facilitant ainsi l’obtention de réponses plus riches encore que celles
attendues, favorisées par l’anonymat du recueil.
Nous avons cherché à réunir les critères de validité suivants :
- le principe de variation maximale lors de l’échantillonnage ;
- l’élaboration d’un canevas d’entretien basée sur les résultats de la littérature ;
- la réalisation d’un entretien test pour le valider.
2.1.2. Limites de la méthode
Comme évoqué précédemment, nous nous sommes attachés à réaliser cette étude avec le plus
de rigueur possible pour pouvoir en exploiter les résultats.
Néanmoins, parmi les critères de scientificité utilisés dans les études qualitatives, nous n’avons
pas réalisé de feed-back, correspondant à une réévaluation des observations retranscrites par les
sujets, cette étape étant chronophage et probablement peu pertinente auprès d’une population
d’enfants.
Concernant la saturation des données, le plus faible taux de participation d’enfants de médecins
exerçant en cabinet privé nous amène à nous interroger sur le fait que la multiplicité d’entretiens
auprès d’enfants de cette catégorie aurait pu finir par faire émerger de nouvelles données. Cette
considération reste très hypothétique, les derniers entretiens menés auprès d’enfants de
médecins travaillant au sein de leur cabinet n’ayant pas amené de nouvelles informations
comparativement aux premiers.
121
2.2. Choix de la population
Nous avons souhaité être les plus exhaustifs possible en intégrant aussi bien des médecins
généralistes que spécialistes, libéraux ou hospitaliers, permettant ainsi une plus grande
représentativité des enfants de médecins et une comparaison de leur prise en charge selon le
statut de leur parent. Le choix des limites d’âge avait en outre été décidé après réalisation de
recherches documentaires sur le développement psychosocial de l’enfant, afin d’assurer
l’obtention d’entretiens exploitables. Si les entretiens des plus âgés se sont avérés les plus longs
et les plus instructifs, avec un certain recul et un avis très critique sur leur prise en charge, les
rencontres avec les plus jeunes n’en étaient pas moins riches de leur spontanéité et de leurs
affects, au premier plan dans cette relation particulière de parent-médecin à enfant-patient.
2.3. Recrutement
2.3.1. Mode de recrutement
Afin d’obtenir la plus grande diversité de situations, nous avons sélectionné, parmi les réponses
positives, les situations médicales les plus différentes possible, au nom de la variation
maximale. Nous avons, pour limiter au maximum les biais de sélection, inclus les enfants de
médecin au fur et à mesure de leur réponse, en déclinant à regret les réponses favorables lorsque
la situation médicale décrite dans le questionnaire préalable semblait superposable à celles
d’enfants déjà inclus.
2.3.2. Lieu de recrutement
Pour des raisons pratiques, nous avons limité notre recrutement à une trentaine de kilomètres
de mes lieux de résidence ou d’exercice. Il aurait été intéressant d’y inclure des médecins ruraux
afin de mieux appréhender l’impact du lieu d’exercice sur le choix du suivi de l’enfant.
Néanmoins, dans son enquête, M. COUSIN (47) ne met pas en évidence de relation entre le
type de soins effectués et le milieu d’activité rural ou urbain.
De la même façon, S. TOUMELIN (13) note que la distance entre le lieu de travail et le domicile
des parents médecins n’est pas citée comme étant déterminante dans les modalités de prise en
charge d’un membre de sa famille, ce que corrobore notre étude.
122
2.4. Recueil des entretiens
2.4.1. Recueil des entretiens
N’ayant pas d’expérience dans les techniques d’entretien, on peut évoquer le biais
d’investigation dans la mesure où les réponses des interrogés ont pu être influencées par les
questions de l’investigatrice. Toutefois, l’efficience en termes de qualité d’écoute et du guidage
semble s’être améliorée au fur et à mesure de leur réalisation.
Par ailleurs, on peut supposer que les sujets les plus jeunes, par manque de compréhension de
la question ou par incertitude, aient donné des réponses erronées. De même, les enfants et
adolescents ont pu, par peur du jugement, soucis de bien répondre ou volonté de ne pas mettre
en défaut leur parent, ne pas s’exprimer avec une totale franchise sur certains points, laissant
craindre un biais de déclaration.
Selon A. BLANCHET et N. GOTMAN (63), « les résistances manifestées par l’interviewé au
cours d’un entretien de recherche […] sont davantage liées au désir de ne pas perdre la face
(à la fois parce que l’interviewé avance dans l’inconnu et parce qu’il est amené à produire un
discours sur une scène non conventionnelle) qu’à un processus de refoulement psychique ».
2.4.2. Variation de durée des entretiens
Selon S. OCTOBRE (78), « les plus forts échanges se rencontrent dans les milieux les plus
dotés économiquement et/ou culturellement » tandis que « ceux qui discutent moins
fréquemment se recrutent parmi les familles d’employés et d’ouvriers non qualifiés »
Cette variation liée au milieu familial n’intervient pas dans notre étude, chaque enfant interrogé
évoluant dans un milieu culturel et économique a priori similaire puisqu’ayant tous, au moins
un parent médecin.
123
Selon O. VANHÉE (66), « parmi les entretiens les plus longs […], on retrouve exclusivement
des enfants à l’aise scolairement, dont les parents sont fortement dotés scolairement et qui ont
l’habitude de discuter avec eux ». « À l’inverse, les enfants avec lesquels l’entretien a duré le
moins longtemps […] sont souvent en difficultés scolaires et ont redoublé une classe ».
Le niveau scolaire des participants n’ayant pas été évalué dans notre étude, nous ne pouvons
analyser le poids de cette composante sur la durée des entretiens.
En pratique, et avec une certaine évidence, c’est avant tout l’âge des enfants qui semble avoir
retenti sur la durée des entretiens.
O. VANHÉE (66) soulignait enfin l’impact possible du sexe sur la variation de durée. Selon
lui, la « socialisation féminine » amène les filles à être plus « dociles », à vouloir bien répondre
aux questions, et à parler plus spontanément de leurs pratiques.
Dans notre recherche, il s’avère que la durée moyenne des entretiens est similaire chez les
garçons et chez les filles.
2.5. Analyse des données
L’atteinte de la saturation des données a été déduite par la doctorante et donc soumise à sa
subjectivité.
S’agissant d’un projet individuel, toutes les étapes de ce travail de thèse ont été réalisées seule.
L’analyse des entretiens n’a donc malheureusement pas bénéficié de triangulation des données,
pouvant être à l’origine d’un biais d’interprétation.
124
3. Analyse critique des résultats de l’étude,
confrontés aux données de la littérature
3.1. Qui sont les médecins de nos enfants ?
3.1.1. Le médecin référent est majoritairement le parent
Notre étude a mis en évidence que selon les parents, 51 % des enfants ont pour médecin
principal leur(s) parent(s) médecin(s). Si ces résultats sont superposables à ceux de S. CORNEC
(53 %) (7), ils diffèrent de ceux de B. JOFFRE BERTHOMME (9) et de N. MADEC (10) qui
retrouvaient respectivement 75 % et 61,5 % de parents déclarant être principalement ou
exclusivement les médecins de leurs enfants.
Nous notons également qu’en ne prenant en compte que les déclarations des enfants de notre
enquête, les parents médecins seraient 64 % et non plus 51 % à être leur médecin référent. Cela
suppose un biais de déclaration, sans que l’on puisse assurément affirmer qu’il provienne des
parents, modérant leur implication, car contraire à ce qu’ils voudraient faire ou à ce qu’ils
pensent être recommandé dans leur pratique ; ou des enfants, lié à une mauvaise interprétation
du rôle de soignant ou un défaut de mémorisation, beaucoup ayant soulevé le fait de n’être que
très peu souvent malades.
Cette différence est similaire si l’on observe la proportion de parents ne soignant jamais ou
rarement leurs enfants. Dans notre étude, il s’agirait de 19 % du ou des parent(s) médecin(s)
selon eux, contre 10 % seulement selon leurs enfants. Pour B. JOFFRE BERTHOMME (9) et
V. VALLEREND (61), ils ne sont que 2 à 5 %, tous âges confondus. Cette dernière signale, à
ce sujet, que « 56 % des généralistes pensent qu’il ne faut pas soigner ses proches, mais 96 %
le font quand même ».
Pour les enfants de médecins âgés de plus de 16 ans, c’est le parent qui est déclaré comme
médecin traitant dans 74,5 % des cas selon N. MADEC (10), alors qu’il ne l’est que rarement
pour M. DA SILVA (26). Dans notre enquête, le parent est le médecin traitant déclaré pour
deux participants sur trois. Le seul participant ayant déclaré un médecin extérieur est pourtant
exclusivement soigné par ses parents spécialistes. Il aurait été intéressant de connaître les
motivations d’une telle démarche.
125
3.1.2. Tous les parents médecins peuvent être amenés à soigner leurs enfants,
qu’ils soient généralistes ou spécialistes
On remarque qu’à l’exception de la thèse de M. COUSIN (47) comparant les attitudes des
médecins généralistes et pédiatres, les cinq autres études citées auparavant ont une population
intégralement composée de parents médecins généralistes, tandis que notre enquête s’est élargie
à tous types de spécialités. Nous avons donc cherché à évaluer l’impact du type de profession
sur le choix de traiter ses proches.
Il apparaît, dans notre étude, que les spécialistes comme les généralistes soignent leurs enfants
de façon exclusive, bien que les parents généralistes soient proportionnellement plus nombreux
à le faire et s’impliquent systématiquement, même a minima. Le type de spécialité du parent
médecin semble, en revanche, ne pas avoir pas de retentissement sur la démarche de soins.
P. DAGNICOURT (16) évoque également l’influence de la spécialité des proches médecins
dans leur implication. Ainsi, certains omnipraticiens considèrent que la fonction de médecin
généraliste expose davantage aux sollicitations des proches : « Mon mari qui est médecin
biologiste, personne l’embête. (…) Mais moi je suis censée tout connaître ». À l’inverse, elle
est parfois une échappatoire, facilitant le refus « c’est peut-être plus facile de dire là faut
demander l’avis de quelqu’un de spécialisé ». Le médecin généraliste enfin serait plus
confronté à des pathologies bénignes et fréquentes tandis que le spécialiste s’expose à des
diagnostics de gravité « moi je vois le plus fréquent et lui il voit le plus grave ».
Dans notre étude, la quasi-totalité des participants n’a heureusement jamais été confrontée à
des maladies graves. En revanche, le défaut de compétences dans certains domaines,
notamment pédiatriques, a été plusieurs fois avancé par les enfants comme justification émise
par leur parent de ne pas les traiter, pour certaines pathologies.
Dans la thèse de S. CART (73), le manque de connaissances inhérent à la spécialité du médecin
(en l’occurrence le soin aux proches adultes par le pédiatre), est un réel frein à la prise en charge
des membres de sa famille. Pour nos répondants, cette limite ne paraît toutefois pas empêcher
la prise en charge d’un enfant par son parent, quelle que soit sa formation médicale.
126
Du point de vue des médecins tiers en revanche, le parent médecin amenant son enfant se
distingue selon sa spécialité : le généraliste appréhende mieux la prise en charge, le pédiatre
consulte moins que ses pairs, et les autres spécialistes, en particulier psychiatres, consultent
aussi souvent que les parents non médecins (l’un des médecins interrogés soulignant que
« même le calendrier vaccinal ils ne le connaissent pas. ») (18).
3.1.3. Le sexe du parent médecin impacte peu sur la prise en charge de l’enfant
Différentes recherches de médecine générale (10, 47, 61, 79) rapportent que les médecins
hommes prennent plus souvent en charge leurs enfants que les médecins femmes.
Paradoxalement, une étude de la DREES de 2004 (80) met en évidence que ce sont les jeunes
femmes médecins qui suivent le plus les enfants dans la population générale.
Selon l’article de W.L. PARSONS, « les femmes consacraient plus de temps au soin des enfants
et éprouvaient plus de sentiment de culpabilité sur leurs performances que les hommes » (81).
Cela signifierait que bien qu’elles soient amenées à faire plus de pédiatrie que les hommes, les
femmes médecins seraient plus anxieuses à l’idée de prendre en charge leurs propres enfants,
par manque de confiance en elles notamment.
C’est contraire aux résultats que nous avons obtenus puisque, comme dans l’étude de
V. VALLEREND (61), les pères sont aussi souvent médecins référents de leurs enfants que les
mères médecins. De surcroit, les mères s’investissent toujours un minimum dans la prise en
charge de leurs enfants tandis que les pères n’interviennent quasiment jamais dans 32% des cas.
Ceci peut s’expliquer par le fait qu’indépendamment de leur profession, les femmes médecins
sont aussi des mères et que ce statut seul leur confère un rôle privilégié dans la surveillance de
la santé de leurs enfants. En effet, selon un article français de C. CICCHELLI-PUGEAULT
(82) paru en 2003, « dès la grossesse (…), la femme vit en première ligne la surveillance de sa
santé et celle de son enfant, et elle est construite en partenaire privilégiée du médecin qui la
suit. Dans la continuité de la phase initiale, la mère prendra généralement en charge le contrôle
médical du nourrisson (…). Au quotidien, l'enfant apprend ainsi que le souci sanitaire est
féminin dans la société dans laquelle il grandit. »
De la même façon, si pour N. MADEC (10) les hommes réalisent plus souvent les vaccins de
leurs enfants que les femmes, dans notre étude, les pères et les mères vaccinent autant leurs
enfants.
127
3.1.4. Plus l’enfant grandit et plus son parent s’implique dans sa prise en
charge
La littérature montre que les parents médecins ont tendance à confier le suivi de leurs enfants à
un tiers lorsque ceux-ci sont nourrissons, puis s’impliquent de plus en plus au fur et à mesure
qu’ils grandissent, avec une nouvelle distance instaurée à l’adolescence. Cette tendance est
relevée par les médecins soignant les enfants de confrères, interviewés par A. ARSICAUD (18).
Ainsi, pour N. MADEC, seuls 25 % des parents médecins suivent leurs enfants avant 2 ans (10).
Pour des raisons évidentes de degré de langage et de maturité, notre enquête ne permet pas
d’étudier la prise en charge des nourrissons et enfants d’âges préscolaires. Toutefois, quatre
participants ont indiqué avoir d’abord été suivis par un médecin généraliste ou un pédiatre dans
leur petite enfance, avant d’être pris en charge par leur(s) parent(s).
Selon M. COUSIN (47), les médecins généralistes et pédiatres suivent respectivement 95 % et
80 % de leurs enfants avant 16 ans, puis seulement 55 % et 20 % après 16 ans. Dans notre étude,
on observe que les enfants sont majoritairement suivis par un praticien extérieur de 6 à 9 ans,
puis principalement par leur(s) parent(s) à partir de 13 ans. Même si notre échantillon n’est pas
suffisant pour être représentatif de la population, il contredit quelque peu cette tendance selon
laquelle l’adolescent consulte préférentiellement un tiers.
Comme dans l’étude de O. HURÉ (12), certains de nos participants évoquent un départ à la
retraite du médecin référent ou leur âge plus avancé qui ne nécessiterait plus un suivi spécifique
par un pédiatre. Un nouveau médecin traitant ne semble pas avoir été cherché dans ces cas-là,
les aspects pratiques d’avoir un médecin à domicile paraissant prendre le dessus.
Si l’on reprend l’information selon laquelle un quart des adolescents aimeraient consulter un
médecin extérieur sans en informer leur parent (42), on peut regretter l’absence de recours pour
les adolescents étant exclusivement pris en charge par leur(s) parent(s). En effet, même si cette
situation semble appréciée par ces enfants, il semblerait bon que les parents médecins faisant
ce choix n’hésitent pas à proposer à leurs enfants une consultation au moins ponctuelle avec un
praticien extérieur pour qu’ils puissent aborder des problématiques plus intimes ou
personnelles, sans craintes de jugement ni omissions volontaires pouvant être néfastes pour la
gestion de leur santé.
128
3.1.5. Le médecin extérieur est le plus souvent un médecin généraliste ou un
pédiatre, sans lien systématique avec le parent médecin
Pour N. MADEC (10), la majorité des médecins tiers consultés sont des généralistes (20 %
contre 5 % de pédiatres) et sont extérieurs au cercle amical. Dans notre étude également, une
courte majorité des médecins extérieurs ne semble pas avoir de liens professionnels ou
personnels avec le parent médecin. Les enfants sont, en revanche autant suivis par un généraliste
que par un pédiatre, indépendamment de leur âge.
Pour M. COUSIN (47), les pédiatres qui ne suivent pas leurs enfants les confient
systématiquement à un confrère pédiatre. La pédiatre de notre étude fait donc figure d’exception
puisqu’elle a choisi de confier ses enfants à un médecin généraliste.
3.1.6. Le choix du médecin consulté est majoritairement effectué par le parent,
en fonction de la pathologie, de la disponibilité et des compétences du médecin
Comme pour les enfants de la population générale (54), la majorité des enfants de notre étude
ne choisissent pas eux-mêmes le médecin qu’ils souhaitent consulter, mais s’en accommodent
pour la plupart, faisant confiance à leurs parents.
A. GENESLAY (54) démontre que pour le jeune enfant, le choix du médecin est principalement
basé sur des critères physiques ou de genre. Il ne correspond pas toujours à celui de leurs
parents, mais ils n’osent pas le dire de peur d’être grondés.
E. CANIATO (25) remarque que, même à l’âge adulte, le choix du médecin traitant n’est pas
toujours discuté en amont, pouvant être imposé, y compris aux enfants majeurs. Dans le cas de
relations filiales, les enfants peuvent se sentir contraints d’accepter certains soins du fait de
l’autorité naturelle du parent ou de la peur de le vexer en sollicitant un confrère.
Pourtant, les études relatives aux enfants-patients dans la population générale montrent bien
que les enfants aimeraient être davantage impliqués dans leur prise en charge médicale (54, 55,
83).
129
Lorsqu’il s’agit de choisir entre le parent médecin et un médecin extérieur, le critère principal
décrit par les enfants est le type de pathologie et sa gravité. Ainsi, il ressort que le parent est
souvent consulté en première intention pour gérer les affections bénignes et juger de la nécessité
d’une consultation par un confrère le cas échéant.
C’est ce qui ressortait des thèses d’O. HURÉ (12) ou d’A. ARISCAUD (18) : les problèmes
aigus sont souvent gérés au domicile, parfois de peur de déranger pour rien, parfois après
autorisation téléphonique demandée au confrère, celui-ci n’étant sollicité qu’en deuxième
intention, lorsque l’évolution est défavorable. Le parent ne peut avoir enfin qu’un rôle
consultatif, fonction préférée par nombres de médecins (14, 44, 74, 79).
La disponibilité, la spécialité et les compétences du médecin sont également déterminantes, en
particulier quand il faut choisir entre ses deux parents médecins, comme le soulignent
également les médecins interrogés par O. HURÉ (12).
3.1.7. Les déterminants de choix de médecin évoqués par les parents diffèrent
de ceux des enfants
Quand ils font appel à un tiers, les parents médecins interrogés dans notre court questionnaire
évoquent le refus de s’impliquer (par « peur de passer à côté » notamment), la confiance envers
le confrère et la nécessité d’avis spécialisés. La confusion des rôles, avec la volonté de ne pas
être perçu comme un soignant, mais comme le parent, et la culpabilité en cas d’évolution
défavorable, mentionnées dans de nombreux travaux, n’ont pas été avancées par les parents,
mais par certains enfants eux-mêmes. Enfin, contrairement aux thèses relatives aux proches en
général, les problématiques de jugement et de conflits familiaux trouvent beaucoup moins leur
place dans notre population d’enfants.
Parallèlement, les aspects pratiques, l’évidence et l’absence d’alternative justifient, pour les
autres parents interrogés, leur implication dans le suivi médical de leur enfant. Ce dernier aspect
est rapporté par O. HURÉ (12), dont l’un des médecins déplore avoir essuyé beaucoup de refus
de prise en charge de ses enfants par ses confrères généralistes, seul un pédiatre ayant
finalement accepté de les suivre.
130
L’épanouissement personnel du médecin dans cette prise en charge, mis en évidence dans
différentes études (fierté, satisfaction d’être utile, gain d’expérience) n’a pas été évoqué par les
parents médecins, peut-être parce que l’enquête était centrée sur le ressenti de leurs enfants et
non le leur.
Enfin, lorsqu’il s’agit de soigner ou non ses propres enfants, le parent médecin n’est pas, comme
il pourrait l’être avec d’autres membres de la famille, confronté à des choix effectués à
contrecœur, sous l’insistance de ces derniers (79), puisqu’il bénéficie de l’autorité parentale
qu’il n’a pas sur les autres proches. Nous n’avons ainsi pas eu le sentiment, à l’écoute des
discours des enfants, que leurs parents s’étaient déjà pliés à leur volonté.
3.1.8. Les motifs de consultations influent sur le choix du médecin, avec des
prises en charge différentes selon qu’il est le parent ou un tiers
Pour les enfants dont la prise en charge est mixte (par le parent et par un tiers), le médecin
extérieur est souvent préféré lorsqu’il s’agit d’un examen systématique. L’examen clinique est
alors décrit par nos participants comme étant plus complet que lorsqu’il est effectué par le
parent. En effet, même si les parents, référents de leurs enfants, tâchent de les examiner de façon
systématique une à deux fois par an, la consultation se résume généralement à la mesure et à la
pesée le plus souvent notées dans le carnet de santé. Dans la littérature les deux tiers des courbes
staturo-pondérales seraient tenus à jour par le parent médecin (10), même si certains parents
médecins reconnaissent être peu rigoureux sur ce point (17).
Similairement, les enfants suivis, au moins partiellement, par un médecin extérieur, semblent
plutôt le consulter pour la délivrance de certificats médicaux de non-contre-indication à la
pratique sportive. Si pour N. MADEC (10), près de la moitié des certificats d’aptitude délivrés
par 66,5 % des parents médecins le sont sans examen clinique préalable, aucun des 12 enfants
de notre étude ayant su nous désigner leur parent comme rédacteur de ces certificats estime
avoir bénéficié d’une consultation dédiée. Une fois encore, il est difficile de savoir s’il s’agit
d’un biais de mémorisation chez nos participants ou d’une volonté de « bien répondre » des
médecins interrogés par N. MADEC (10). Nous constatons d’ailleurs une gêne des enfants
lorsqu’ils « avouent » que leurs parents signent leurs certificats « comme ça ».
131
Pour B. JOFFRE BERTHOMME (9), 52 % des traumatismes sont soignés par le parent. Dans
notre étude, ce sont également les parents qui gèrent la plupart des traumatismes bénins. Les
sutures, par contre, sont réalisées aussi bien par le parent que par le médecin traitant ou les
services d’urgences. Alors que certains parents redoutent parfois la réalisation d’actes
potentiellement douloureux (17, 21) sur leurs enfants, il apparaît que les enfants préfèrent
finalement que ce soit eux qui suturent leurs plaies. Il n’y a aucun retour négatif sur les sutures
réalisées, les enfants se sentant, au contraire, plus en confiance et souvent fiers de leur parent.
Les avis sont plus partagés concernant les vaccins. Dans notre enquête comme dans la littérature
(9,10), ceux-ci sont majoritairement effectués par le parent médecin, la vaccination étant le soin
le plus souvent pratiqué par les médecins auprès de leur famille selon M. COUSIN (47). La
couverture vaccinale est décrite comme identique (10), voire meilleure (47), chez les enfants
de médecins que dans la population générale. Les participants de notre étude ont ainsi
spontanément évoqué la rigueur de leur parent concernant le schéma vaccinal. En revanche, le
ressenti face à la vaccination est différent d’un enfant à l’autre. Pour certains médecins (17), la
confiance de l’enfant pour son parent faciliterait l’examen clinique et les vaccinations. Dans
notre enquête, si certains se sentent plus rassurés lorsque cet acte est réalisé par leur parent,
d’autres jugent le médecin extérieur plus crédible et plus à même de le faire. Certains
généralistes questionnés par J. GOUBET (17) ont fait le choix d’arrêter de vacciner leurs
enfants après avoir vu leur regard suite à ce geste douloureux. Quelques-uns font le choix de
réaliser le vaccin à leur cabinet, pour dissocier le rôle de parent de celui de médecin (23).
Concernant la prise en charge plus particulière de la gynécologie, l’adolescente se tourne
spontanément en première intention vers sa mère, qu’elle soit ou non médecin, et préfèrera avoir
recours à un médecin tiers dans la majorité des cas. Notre étude inclut un père gynécologue
obstétricien, qui est actuellement le référent de sa fille dans ce domaine. Comme lui, 30 % des
parents médecins prescrivent la première contraception (10). Sa fille ne fait pas mention
d’examen gynécologique. On peut se demander si c’est lui qui les effectuera ou si, à l’image
des autres proches de médecin, elle aura recours à un médecin extérieur, comme le privilégient
d’ailleurs bon nombre de parents médecins (17).
De la même façon, les questions relatives à la sexualité sont librement abordées avec les parents,
mais certains enfants préfèreraient se tourner vers un tiers pour avoir un avis strictement
médical.
132
3.2. Quel est l’impact du statut d’enfant de médecin sur sa
prise en charge médicale ?
3.2.1. Le cadre de consultation est différent, avec des examens
majoritairement plus sommaires, effectués au domicile
L’examen clinique s’effectue au domicile des enfants dans 90 % des cas, en première intention
dans le salon ou dans la chambre, y compris lorsque le parent a son cabinet privé (98 % selon
L. MASSON (8)). Trois enfants soulignent qu’ils préfèrent qu’il en soit ainsi, le premier par
habitude, le deuxième parce que c’est moins stressant et le troisième parce qu’il estime qu’il
serait plus pertinent d’aller directement voir un autre médecin plutôt que de se déplacer pour
voir son propre parent. Ceci démontre que plus que les qualités du parent soignant, c’est surtout
sa proximité et sa disponibilité qui sont déterminantes dans le choix du médecin. Ainsi,
E. CANIATO relevait que si l’on supprimait ces privilèges, les membres de la famille ne
voyaient plus d’intérêt à consulter leur proche médecin (25).
Seule une enfant est toujours soignée par son parent généraliste à son cabinet, situé à proximité
immédiate. Pour les autres, c’est l’absence de matériel qui peut amener leur parent à les
consulter sur leur lieu de travail.
Dans notre étude et celle d’A. ARSICAUD (18), comme dans toutes les familles, c’est le plus
souvent la maman qui accompagne l’enfant, indépendamment de son statut de médecin
« médecin ou pas, 70 à 80 % des enfants sont accompagnés par la mère ». C’est toutefois le
parent médecin qui assiste à la consultation lorsqu’il s’agit d’une consultation plus
préoccupante.
Si certains de nos sondés ne voient pas de différences entre l’examen clinique de leur parent et
celui d’un médecin tiers, d’autres, plus nombreux, considèrent que l’examen clinique de leur
parent est plus succinct. Nous notons cependant que l’examen varie également d’un médecin
extérieur à l’autre et reste avant tout médecin-dépendant. Les parents médecins interrogés dans
la littérature reconnaissent que leur examen est plus sommaire (7), ciblé en fonction des
plaintes, mais le justifie par le fait qu’ils puissent réexaminer leurs enfants rapidement et aussi
souvent que nécessaire selon l’évolution des symptômes (12, 17).
133
Le carnet de santé et les courbes staturo-pondérales seraient davantage tenus par les femmes
médecins dans la population générale et par les médecins extérieurs pour les enfants de
médecins N. MADEC (10). La majorité des participants se souviennent surtout de leur parent
inscrivant les vaccins, le poids et la taille, et ce sans différence entre le père et la mère, ces
enfants étant principalement ceux dont les deux parents sont médecins.
3.2.2. Si certains perçoivent leur parent comme un véritable médecin, il existe
souvent une confusion des rôles pour les autres
A. GENESLAY (54) décrit les fonctions symboliques du médecin pour l’enfant, à la fois
maternelle (proche, gentil, bienveillant, soulageant), paternelle (autoritaire) et sexuelle (ayant
le droit de toucher, de regarder, et rompant en qualité de tiers la relation fusionnelle avec le
parent de sexe opposé). Lorsque le médecin et le parent sont la même personne, quel symbole
cela représente-t-il pour l’enfant ?
Dans notre enquête, la moitié des enfants voit leur parent comme un « vrai médecin », crédible
dans son rôle, alors que pour d’autres, il reste avant tout leur mère ou leur père. Pour le quart
restant, il est autant l’un que l’autre. En aucun cas, la profession médicale du parent ne vient
remettre en cause sa représentation en tant que mère ou père aux yeux de l’enfant.
Pour E. CANIATO (25), c’est le manque de cadre et de formalité qui amplifie la confusion des
rôles, avec une théâtralisation des soins, qui ressort particulièrement chez le jeune enfant, son
parent « jouant au docteur » ou à l’inverse étant idéalisé.
Dans la littérature, cette confusion des rôles est redoutée par les parents médecins (2, 12, 44,
44), et suggérée par les proches (25,84). Pour certains médecins, cette vision modifiée du monde
médical peut néanmoins être bénéfique. Les soins médicaux, banalisés par le cadre familial,
sont alors moins effrayants (17).
134
3.2.3. Les enfants de médecins sont soignés sans distinction par leur médecin
extérieur, mais souvent a minima par leur parent, comparativement à leurs
pairs
Par rapport aux enfants et adolescents de leur âge, nos participants pensent en majorité être
traités différemment. Ils apprécient ainsi une prise en charge plus rapide, car ne nécessitant pas
l’attente d’un rendez-vous, et parfois plus attentive, mais regrettent souvent une moindre
médicalisation. Ainsi, pour les maladies bénignes pour lesquelles leurs amis consultent
facilement leur praticien et manquent l’école, les enfants de médecins devaient prendre un
antalgique et attendre que « ça passe ». C’est également ce que dénonce un des médecins
interrogés par O. HURÉ, elle-même fille de médecin et ayant fait le choix de ne pas être celui
de ses enfants : « Je n’ai pas eu de suivi (…) Je dois avoir eu les vaccinations jusqu’à l’âge de
onze ans (...) Les infections étaient traitées en cinq minutes en regardant par la fenêtre (…) Au
bout de quinze jours, on avait peut-être droit à un antibiotique… donc aucune écoute » (12).
E. CANIATO (25) souligne cette ambivalence du proche, désireux de conserver son statut de
privilégié, mais jaloux de ne pas se sentir soigné comme le reste de la patientèle, le cas échéant.
Les enfants adultes qu’elle a interviewées décrivent également une « éducation médicale à la
dure » parfois dénoncée par les confrères consultés. Ils constatent en effet parfois un retard de
prise en charge, qu’ils expliquent dans certains cas par le fait que le parent médecin soit dans
le déni d’une pathologie grave chez son enfant (18).
Un médecin, questionné par S. TOUMELIN (13), explique ce manque de considération pour
les pathologies bénignes par une dédramatisation des plaintes en regard des maladies graves
qu’il peut voir au cabinet. On peut néanmoins s’interroger sur son comportement face aux
symptomatologies bénignes des autres enfants de sa patientèle : les prend-il également à la
légère ou leur accorde-t-il une consultation dédiée ? Cette dernière hypothèse suggèrerait bien
une différence de traitement entre l’enfant de médecin et ses pairs.
Ce manque d’objectivité est l’un des thèmes majeurs des études relatives aux soins des proches,
critiqué par leurs auteurs (2, 3, 6–8, 10, 12, 16, 17, 19, 20, 22, 24–26, 46, 84), comme M.
MAILHOT qui dépeint des relations caractérisées par la sympathie et non plus l’empathie,
rendant difficile la prise de recul et de décisions appropriées, rationnelles et neutres (2).
135
On constate toutefois que tous les médecins, indépendamment de leur statut de parent, ont
tendance à sous-estimer les troubles fonctionnels ressentis par les adolescents (50). On peut
suggérer que tout adolescent peut se retrouver frustré au décours d’une consultation chez son
docteur, au cours de laquelle ses plaintes n’auraient pas été entendues.
Il est intéressant de souligner qu’aucun de nos interviewés ne mentionne, à l’inverse, une prise
en charge par excès. La notion de maximisation des soins est pourtant parfois mentionnée
comme autre conséquence de la perte d’objectivité (18), le parent médecin redoutant le pire
pour son enfant. Est-ce parce que leurs parents sont réellement raisonnables ou parce que les
enfants sont plus marqués par le manque d’écoute que par la diligence de leur parent face à
leurs maladies ?
S’agissant des médecins extérieurs qu’ils sont amenés à consulter, la plupart des enfants
considèrent qu’ils adoptent la même attitude envers eux qu’envers le reste de leur patientèle.
Une seule a déjà eu l’impression d’être « l’enfant de ». Leur point de vue est cohérent si l’on se
réfère à l’avis des intéressés (18) : outre le fait d’avoir tendance à être plus disponibles pour la
famille de leurs confrères et à leur délivrer moins de conseils pratiques, les médecins tiers
s’efforcent de faire abstraction de leur statut et de les traiter comme les autres patients.
Enfin, le statut d’enfant de médecins modifie le comportement de l’enfant lui-même. Ainsi, un
de nos participants estime avoir de meilleures connaissances médicales que ses pairs grâce à
son environnement familial. Un parent médecin interviewé par J. GOUBET a un point de vue
totalement opposé. Pour lui, prendre en charge son enfant serait un frein à son autonomisation
à l’âge adulte, l’enfant s’en remettant systématiquement à son parent : « il n’a jamais passé la
porte d’un cabinet ; il n’a pas de carte vitale, il ne s’est même pas inscrit à sa caisse
d’assurance maladie » (17). Cet inconvénient devrait être pallié par un cadre plus rigoureux et
la déclaration d’un médecin traitant dès 16 ans, y compris lorsqu’il s’agit du parent.
136
3.2.4. Pour les enfants de médecin, leur parent n’interfère pas dans la prise en
charge du médecin tiers consulté
Dans la littérature, les proches eux-mêmes reconnaissent quelquefois que leur proximité avec
le médecin impacte leur suivi des directives (2, 12, 14, 16, 20, 22, 46). Ce défaut d’observance
est consécutif à un manque de crédibilité, voire de légitimité du proche médecin (20). Les
conseils sont moins pris au sérieux, et les capacités, les méthodes, voire les compétences du
médecin connu comme parent peuvent être remises en question (2). Ceci rejoint la confusion
des rôles décrite précédemment et qui, bien que n’entravant pas le respect des prescriptions
chez l’enfant, le rend parfois incrédule vis-à-vis de la prise en charge du parent.
Pour autant, nos participants ne remettent pas en doute le respect des prescriptions des médecins
extérieurs par leur parent, en particulier lorsqu’ils sont exclusivement soignés par un tiers.
Pourtant, que ce soit à la demande du proche ou de sa propre initiative, le médecin proche est
amené à interférer dans les relations de soins extérieurs (25), certains médecins reconnaissant
ne pas toujours respecter les prescriptions des médecins sollicités (20).
De la même façon, les parents médecins regrettent que leur statut de médecin biaise l’attitude
de leurs confrères envers eux. J. GOUBET (17) signale même la surprise, voire
l’incompréhension de certains médecins voyant arriver en consultation le fils d’un confrère,
réactions génératrices de culpabilité ou de gêne pour le parent médecin. Pour éviter ces écueils,
ces derniers laissent parfois leur conjoint assister aux consultations, voire cachent leur
profession, ce qui peut être considéré comme irrespectueux par le corps médical.
On retrouve donc chez le parent médecin lui-même une ambivalence, puisqu’il souhaite être
considéré comme un parent lambda (12), rester neutre, mais s’octroie souvent un droit de regard
sur les avis et prescriptions des confrères (17,25). Il peut en résulter une perte de crédibilité du
médecin extérieur si ses prescriptions sont remises en question et une perte d’occasion de
construire la relation de soins avec ce dernier (72).
La question de la prise en charge hospitalière de l’enfant de médecin a été abordée par J.
GOUBET (17), et décrite comme globalement améliorée, même si elle implique un gros travail
sur lui-même pour le parent médecin. Nous n’avons pas de points de comparaison puisque dans
notre étude, aucun enfant n’a évoqué d’hospitalisation. Pour les médecins interrogés par B.
JOFFRE BERTHOMME (9), en revanche, plus de la moitié ont vu leur enfant hospitalisé, en
majorité à leur demande, et 40 % ont été suivis pour des pathologies graves.
137
3.2.5. La situation particulière des enfants de médecin rend difficile le respect
du secret médical
Selon le Code de Santé Publique (85), un mineur peut garder le secret sur ce qui a trait à sa
santé, y compris envers ses représentants légaux.
On peut s’interroger sur le respect du droit à l’intimité et au secret médical des mineurs dont
les parents médecins sont à la fois les représentants légaux, titulaires de l’autorité parentale, et
les garants de la confidentialité des informations médicales de leur enfant patient.
En pratique, nos répondants sont partagés sur cette question. À l’instar des médecins interrogés
par J. PELTZ AIM (20) ou B. JOFFRE BERTHOMME (9), certains estiment que leur parent
« garde vraiment le secret médical comme tout médecin le ferait ». À l’opposé, un de nos
répondants pense que les informations médicales circulent plus facilement au sein de la famille,
comme le dénonce M. MAILHOT (2) en affirmant que la confidentialité peut-être plus
facilement violée ou compromise au sein d’une famille, notamment lorsque les autres membres
insistent pour savoir « ce qui se passe ».
On peut craindre que ces adolescents se sentent dans l’impossibilité de confier leurs inquiétudes
et leurs problèmes d’ordre médicaux à un professionnel de santé neutre, à même de les aider
sous couvert du secret médical.
Pour P. ALVIN et D. MARCELLI (42), cette difficulté doit être anticipée par tout médecin afin
qu’il « sache percevoir ce climat d’ambiguïté et en fasse part lui-même au jeune, tout en lui
suggérant lorsque nécessaire une alternative auprès d’un autre confrère ». On ne peut que
conseiller cette démarche au parent médecin.
138
3.3. Comment les enfants de médecins jugent-ils leur prise
en charge médicale globale ?
3.3.1. Les avantages et inconvénients relayés par les enfants de médecins à
avoir un parent comme médecin recoupent ceux cités dans la littérature
traitant des soins aux proches.
Les aspects pratiques sont les avantages cités le plus fréquemment. Il s’agit de l’absence de
déplacement et d’attente, la rapidité du diagnostic et des soins, l’accès facilité aux médicaments
et la délivrance de certificats médicaux. Certains enfants évoquent une optimisation de leur
prise en charge médicale, qu’il s’agisse d’une grande réactivité face aux maladies, d’une double
expertise ou d’une couverture vaccinale maximale. Enfin, de par leur statut de parent, les
enfants se sentent plus rassurés et ont davantage confiance que s’il s’agissait d’un médecin
extérieur. Certains enfants sont admiratifs de leurs parents et très fiers qu’ils soient médecins,
rejoignant le ressenti de l’entourage qui peut être amené à idéaliser son proche médecin (25) ou
celui du parent médecin lui-même, amusé de ce constat (17).
À l’opposé, seule la moitié des participants voyaient des inconvénients au fait que leur parent
soit médecin. La minimisation des symptômes et le retard de prise en charge étaient les plus
souvent cités. Les plus âgés relevaient le risque de manque d’objectivité et une mentionnait le
manque de confiance, par défaut de crédibilité du parent. Il est intéressant de noter qu’un
participant avait conscience que le fait de soigner sa famille pouvait occasionner un surplus de
travail pour le praticien, comme le regrettent souvent les conjoints de médecins (24,26).
Parallèlement, le recours à un médecin tiers permet d’obtenir un avis extérieur, parfois plus
crédible ou sécurisant pour l’enfant lui-même, notamment dans des domaines où leur parent
pourrait être moins compétent ou pour des sujets plus intimes où la discrétion est de mise. La
gêne ressentie envers un inconnu peut toutefois être inhibitrice à son tour.
139
3.3.2. Les enfants de médecins sont globalement très satisfaits de leur prise en
charge médicale.
À l’instar des proches interrogés par J. GARAND (23) et C. BOUVE (86), les enfants de notre
étude sont contents de leur suivi médical. Ils ont attribué la note moyenne de 8,8/10 à leur prise
en charge médicale globale. L’âge et le sexe de l’enfant ne paraissent pas influencer l’évaluation
par les enfants de leur suivi. En revanche, les intéressés sont légèrement plus frustrés par leur
prise en charge lorsqu’elle est exclusivement assurée par leur(s) parent(s) médecin(s), comme
le suggèrent leurs témoignages récurrents vis-à-vis du manque de considération de leurs plaintes
par ce(s) dernier(s).
Les enfants n’ont pas toujours su nous répondre concernant la qualité de leur suivi systématique,
n’ayant pas de points de comparaison avec d’autres prises en charge médicales. Si une
adolescente critique son suivi médical, assuré par sa mère, qu’elle n’estime pas assez régulier
et rigoureux, la majorité des participants le juge satisfaisant.
Il en est de même pour l’examen clinique, jugé correct par les interviewés, qu’il soit effectué
par leur parent ou par un tiers. Certains ne se prononcent toutefois pas, estimant n’avoir pas eu
d’examen complet depuis très longtemps.
Les trois quarts de nos participants abordent facilement leurs problèmes de santé avec leur(s)
parent(s), d’une part parce qu’ils se sentent à l’aise, et d’autre part parce qu’ils estiment qu’il
est dans leur intérêt de ne rien cacher pour ne pas fausser le diagnostic. Certains préfèrent eux-
mêmes temporiser avant de parler de leurs symptômes à leur parent, notamment quand ils les
jugent bénins ou les pensent transitoires. D’autres évoquent leur timidité, voire une certaine
appréhension face au médecin tiers, et préfèrent laisser la parole à leur parent accompagnant.
Toutefois, qu’il s’agisse de leur parent médecin ou d’un tiers, aucun enfant ne semble craindre
la peur du jugement.
Concernant la gêne ressentie face aux différents soignants, la plupart des enfants ne signalent
aucun embarras, soit parce qu’il s’est amenuisé avec le temps, soit parce qu’ils savent passer
outre leur pudeur face à un soignant, qu’il soit proche ou inconnu. Quelques-uns avouent tout
de même être moins à l’aise lorsqu’il s’agit de la sphère intime ou d’un examen clinique effectué
par praticien de sexe opposé, y compris s’il s’agit de leur parent.
140
Le temps accordé, la qualité d’écoute et la prise au sérieux de leurs plaintes fonctionnelles sont
jugés suffisants par une grande partie de nos sujets. Pour d’autres, leurs parents médecins sont
trop rapides dans leurs soins, temporisent trop avant de les examiner, ou font fi de leurs plaintes,
rejoignant ainsi la minimisation de la prise en charge souvent reprochée aux médecins proches,
et reconnue par quelques-uns (17).
Toutefois, si certains enfants estiment parfois nécessiter une prise en compte plus importante
de leur symptomatologie, ils s’en remettent entièrement au jugement de leur parent auquel ils
font parfaitement confiance.
Les enfants de médecins adultes interrogés par E. CANIATO (25) reprochaient également cette
prise en charge médicale rigoureuse dans l’enfance, mais la jugeaient a posteriori bénéfique
puisqu’ayant permis d’acquérir une certaine autonomie dans le soin. Leur analyse se faisait
donc en deux temps, avec une prise en charge médicale évaluée négativement dans l’enfance et
plutôt positivement adulte. Il serait intéressant de connaître le point de vue de nos participants
critiques lorsqu’ils seront devenus adultes.
3.3.3. L’estimation faite par les parents médecins de la satisfaction de leurs
enfants est en adéquation avec le ressenti de ces derniers
À notre connaissance, seule l’étude de S. TOUMELIN (13) a comparé le point de vue des
proches, ici les conjoints, à celui du médecin parent concernant leurs soins. Les deux partis sont
unanimes quant à leur contentement face à leur situation médicale, chaque famille organisant
sa prise en charge en fonction des écueils et des particularités imposés par ce contexte
particulier. Il apparaît que la définition claire des rôles de chacun contribue à la satisfaction
globale des intéressés.
Nous parvenons à la même conclusion dans notre enquête. En effet, conformément à
l’évaluation positive faite par les enfants, la quasi-totalité les parents médecins ayant répondu
à notre questionnaire préalable pensent que leurs enfants sont satisfaits de leur prise en charge
actuelle.
141
Une mère médecin présume toutefois que ses deux enfants doivent être mécontents qu’elle les
prenne en charge. Ces derniers relatent effectivement regretter l’absence d’avis extérieurs, et
attribuent une note inférieure à celles de leurs pairs concernant leur suivi. Pour autant, il ne
semble pas y avoir de modification du suivi actuel envisagé.
Comme S. TOUMELIN (13), on peut suggérer qu’une discussion entre le parent médecin et ses
enfants sur ce sujet pourrait permettre à ces derniers d’exprimer leurs doléances, et au parent
d’exposer les raisons de son choix actuel de les soigner. La situation pourrait alors être revue,
ou mieux comprise par chacun des partis.
Ainsi, par opposition, la cadette d’une famille nous a semblé parfois frustrée que son père se
désengage complètement de ses soins. Dès l’âge de 8 ans, ils en ont discuté, son parent lui
expliquant avoir peur de passer à côté et ne pas être prêt à assumer le poids des responsabilités
en découlant. L’enfant a très bien entendu ces arguments et, comme ses frères, approuve
finalement cette prise en charge exclusive par un tiers.
Un médecin interrogé par O. HURÉ (12) déclare justement que « faire plaisir à son enfant en
le soignant soi-même n’est pas forcément ce qu’il y a de mieux à faire pour lui ». Par contre,
dans son étude, les médecins estiment que les enfants bénéficiant d’une prise en charge mixte
se montrent « compréhensifs » tandis que ceux soignés par leur parent éprouvent plaisir et fierté,
ce qui, on l’a vu, n’est finalement pas toujours le cas.
3.3.4. Si la grande majorité des enfants ne souhaitent pas changer leur prise
en charge actuelle, la littérature est beaucoup plus divisée concernant
l’implication du parent médecin
Dans notre étude, 90 % des participants sont satisfaits de leur prise en charge médicale actuelle,
qu’elle soit assurée par leur(s) parent(s) médecin(s), par un tiers, ou qu’elle soit mixte. Seule
une poignée aimerait voir leur(s) parent(s) plus interventionniste(s) ou plus présent(s), ou au
contraire, pouvoir bénéficier d’un avis extérieur.
142
Dans la littérature relative aux soins des proches, les avis sont souvent beaucoup plus tranchés,
et, à l’exception de D. KENNETH (58), principalement contre l’implication du parent proche.
Parmi eux, nous citerons M.R. HUSAIN et B. BHUTTO (4), qui considèrent que les médecins
devraient orienter leurs proches vers des confrères afin qu’ils bénéficient du meilleur traitement,
sans erreur de jugement ni stress, M. MAILHOT (2), C.A JACOB (3), J. MCSHERRY (6) ou
encore N. MADEC (10) : « Chez l’enfant une prise de distance est également nécessaire. Une
prise en charge par un médecin autre serait donc préférable ». De la même façon, F. DOLTO,
dans son ouvrage Les chemins de l’éducation (87), sous-entend une perte de chance pour
l’enfant suivi par son parent : « Malheureusement pour certains enfants leurs parents médecins
les soignent et c’est très dommage parce qu’ils mêlent une intersubjectivité inconsciente à ce
qui devrait rester, autant que possible objectif. Un médecin n’est jamais tout à fait objectif vis-
à-vis d’un patient, mais quand c’est un parent ce n’est pas possible ».
Les proches et médecins interviewés dans les différentes enquêtes ont bien conscience du risque
d’erreurs inhérent à l’implication d’un praticien dans le suivi de sa famille et mis en relief par
V. DELMAS (46).
L’étude d’O. HURÉ (12) illustre que par crainte de mal prendre en charge leur enfant, souvent
dans un souci d’objectivité, les parents confient le soin de leurs enfants à un confrère lorsque la
pathologie est grave, lorsqu’elle nécessite des actes techniques ou simplement pour le suivi
systématique.
Malheureusement, ces précautions peuvent également majorer le risque d’erreurs, en lien avec
la « collusion de l’anonymat » décrite par M. BALINT (88). Il s’agit de la dilution des
responsabilités face à la multiplicité des intervenants : « des décisions vitales sont prises sans
que personne ne s’en sente entièrement responsable ». Si ce principe est souvent utilisé pour
évoquer la prise en charge conjointe des patients par le médecin généraliste et le médecin
spécialiste, elle peut également être extrapolée au double suivi des enfants de médecins, par
leur(s) parent(s) et par leur médecin traitant. C’est ce que note E. CANIATO (25) dans son
enquête : le double suivi médical peut être à l’origine d’une baisse de la qualité de soins, chacun
des médecins se reposant sur l’autre, parfois au point qu’aucun des deux n’examine le patient.
143
CONCLUSION
Initialement abordée dans la littérature américaine, la question du soin aux proches est de plus
en plus étudiée dans thèses françaises. Ces travaux ont d’abord décrit les motivations du
médecin à soigner sa famille, puis se sont penchés sur le point de vue des proches eux-mêmes,
et, plus récemment, des confrères prenant en charge le médecin et son entourage.
Plusieurs de ces études pointent du doigt l'absence d'enquêtes centrées sur l'enfant. Il s'agit
pourtant du proche le plus souvent pris en charge par le médecin. Cette démarche semble, dans
ce cas, être une évidence pour beaucoup de praticiens. Les avantages pratiques de proximité,
de disponibilité et de gain de temps sont des déterminants récurrents en faveur d'une telle prise
en charge, prenant le dessus sur le manque d'objectivité pouvant altérer le jugement et la qualité
des soins.
Si les études récentes ne mettent pas en évidence d'impact évident d’une telle attitude sur le
suivi des enfants de médecins, ceux-ci, devenus adultes, jugent pourtant péjorativement leur
prise en charge médicale dans l'enfance par leur parent.
Faut-il alors s'impliquer dans le suivi médical de nos enfants ?
Il n'existe pas, en France, de cadre législatif permettant de répondre à cette question. Tout au
plus, les codes déontologiques et éthiques tendent à déconseiller une telle conduite. Le poids
des responsabilités, l'altération des liens familiaux, la surcharge de travail et l'intrusion
professionnelle dans la vie privée sont autant de conséquences néfastes pour le médecin, qu'il
se doit de prendre en compte avant de décider de soigner son proche. Conscient de ces risques,
le médecin se trouve parfois piégé malgré lui dans une relation de soins avec un membre de sa
famille, après avoir cédé à d'incessantes sollicitations de la part du proche, ou après avoir été
pris dans l'engrenage d'une prise en charge médicale dans laquelle il passe d’un rôle consultatif
à un rôle interventionniste.
Lorsqu'il s'agit de soigner son propre enfant, le médecin se positionne dans une relation
d'autorité dans laquelle il est le principal décideur. Pour autant, les différents textes relatifs aux
droits de l'enfant lui reconnaissent le droit au respect de son intimité et du secret médical,
préconisant la prise en considération de ces opinions et l'obtention de son consentement éclairé
lorsqu'il s'agit de sa santé, dès lors que son degré de maturité le permet.
144
Nous n'avons retrouvé aucune référence littéraire à une quelconque prise en compte de l’avis
de l'enfant de médecin, mineur, vis-à-vis de sa prise en charge médicale. Pourtant, les études
relatives au vécu des enfants face à leur consultation médicale mettent en évidence que dès leur
plus jeune âge, ceux-ci aimeraient être impliqués dans les décisions relatives à leur santé, en
particulier lorsqu'il s'agit du choix de leur médecin.
Nous avons donc jugé pertinent de nous appuyer, enfin, sur l'avis des enfants de médecins pour
avancer dans notre réflexion concernant leur prise en charge médicale. Nous avons, pour cela,
recueilli leurs témoignages au travers d'entretiens semi-dirigés réalisés à leur domicile.
Il ressort de notre enquête que le médecin peut ainsi soigner exclusivement son enfant,
conjointement avec un ou des intervenants extérieurs, où le confier totalement à un tiers.
En pratique, le médecin référent de l'enfant est majoritairement son parent, quel que soit son
sexe, son type d'exercice ou même sa spécialité. En effet, si les médecins généralistes
s'impliquent toujours dans la prise en charge de leur enfant, les médecins spécialistes, tous types
de spécialités confondus, peuvent être amenés à assurer le suivi médical complet de ce dernier.
Quand il a recours à un confrère, le médecin choisit préférentiellement un médecin généraliste
ou un pédiatre, avec lequel il n'a pas forcément de lien personnel ou professionnel, et dont il
respecte les prescriptions.
Lorsqu'ils justifient leur décision de soigner, ou non, leurs enfants, les parents médecins
interrogés par questionnaires avancent le refus de s'impliquer, la confiance envers le confrère,
la nécessité d'avis spécialisés, la praticité, l'évidence et l'absence d'alternatives. Nos enfants
avancent, eux, le type et la gravité de la pathologie, la disponibilité des soignants et les
compétences du médecin comme déterminants permettant de choisir entre les différents
intervenants.
Ainsi, pour les pathologies bénignes, les vaccinations, et la rédaction de certificats médicaux,
le parent est de loin le premier recours, tandis qu'il passe plus facilement la main pour les lésions
traumatiques sévères, les examens systématiques et le suivi gynécologique, excepté lorsqu’il
est le médecin traitant exclusif.
Il apparaît que la prise en charge diffère selon le médecin : le confrère extérieur est plus
rigoureux dans l'examen clinique et la tenue du carnet de santé, tandis que le parent est, lui, plus
disponible, avec des suivis très majoritairement effectués au domicile, même lorsque le parent
a un cabinet médical à proximité.
145
Cette absence de cadre participe à la confusion des rôles, certains enfants ne voyant pas leur
parent médecin comme un vrai docteur, lorsqu'il les soigne. Le manque de crédibilité du parent
est l'un des motifs amenant les enfants à préférer l'intervention d'un tiers.
En outre, un nombre non négligeable de participants reprochent à leur parent leur attitude
minimaliste et attentiste face à leurs plaintes, comparativement aux autres enfants et adolescents
de leur âge. Les avis sont partagés concernant le respect du secret médical, certains considérant
qu'il est maintenu comme pour n'importe quel autre patient, et d'autres redoutant un manque de
confidentialité liée à la proximité familiale.
Les enfants tirent malgré tout avantage de leur statut, avec une prise en charge plus rapide, sans
contrainte d'horaires ou de déplacements, dans un climat de confiance et de réassurance.
Plusieurs apparaissent fiers d'avoir un parent médecin.
Finalement, les enfants sont très satisfaits de leur prise en charge médicale actuelle avec une
note moyenne de 8,8/10, en adéquation avec les évaluations qu'en font leurs parents. Une
majorité d'enfants souhaiterait ainsi conserver son parent comme médecin référent à l'âge
adulte. Ceux qui pensent se tourner vers un autre médecin traitant, principalement pour des
contraintes géographiques, garderont leurs parents en premier recours pour des avis
consultatifs.
On peut cependant s'interroger sur la sincérité de leurs réponses, les enfants pouvant craindre
d'émettre un avis négatif sur leurs parents auprès d'une enquêtrice elle-même mère et médecin.
Certains participants n'ont toutefois pas hésité à critiquer l'organisation actuelle de leurs soins,
souvent jugés minimalistes, voire peu crédibles, ou à l'inverse à regretter ouvertement une
implication seulement partielle de leur parent. Dans tous les cas, la plupart ont semblé ravis de
pouvoir exprimer leur opinion.
C'est justement ce qui ressort de cette recherche. Son protagoniste, l'enfant de médecin, veut
être entendu et pris en considération. Ainsi, indépendamment de l'implication de leurs parents
dans leur prise en charge actuelle, dont ils sont finalement tous globalement satisfaits, nous
remarquons que le choix de l’organisation de leurs soins est d'autant plus apprécié qu’il leur a
été expliqué par leurs parents.
En somme, notre étude ne permet pas, à l'instar de celle de J. PELTZ AIM, de définir une
conduite à tenir, un « guide », chaque expérience étant « particulière » (20).
146
Nous n'avons pas non plus la prétention de juger telle ou telle prise en charge, car, comme le
conclut O. HURÉ dans sa thèse, « il n'y a pas de mauvaises façons de faire » (12).
Toutefois, à l'analyse des différents témoignages des enfants de médecins de notre étude, on
peut suggérer au parent soignant exclusivement son enfant de faire preuve de la plus grande
rigueur quant à son suivi systématique, de se remettre perpétuellement en question et de ne pas
hésiter à proposer à l'enfant un point de vue extérieur, même ponctuel, que ce dernier pourrait
ne pas oser réclamer.
Au parent qui a fait le choix de ne pas s'impliquer dans la prise en charge de son enfant, nous
l'invitons à expliquer à ce dernier les déterminants d’une telle décision, cette situation pouvant
être source de frustration et de jalousie pour l'enfant.
Aux parents traitant conjointement leur enfant avec un tiers, par choix initial ou par facilité
finalement, nous leur recommanderons la plus grande prudence, cette répartition pouvant
paraître pratique et sécurisante, mais pouvant être à l'origine d'une collusion de l'anonymat,
voire d’incompréhension et de perte de crédibilité du parent ou du médecin extérieur aux yeux
de l’enfant.
Enfin, nous ne pouvons que conseiller aux parents médecins qui s'interrogent sur le bien-fondé
de leur démarche de soins actuelle de prendre le temps d'écouter les avis, ressentis, et doléances
de leurs enfants. Les décisions médicales inhérentes à leur santé seront d'autant mieux vécues
et comprises que ces derniers y auront participé.
Que les médecins se rassurent cependant, ces considérations sont à relativiser au vu de la
satisfaction globale des intéressés. En outre, on notera que la majorité des plaintes et écueils
évoqués pourraient être extrapolés aux populations d'enfants de parents non médecins. Ainsi,
le choix arbitraire du médecin par le parent, le manque d'écoute, ou encore le défaut de
considération de ses symptômes sont autant de griefs que l'enfant ou l'adolescent lambda
pourrait reprocher à ses parents ou à son médecin traitant.
Il serait intéressant de vérifier cette hypothèse en menant des entretiens basés sur un guide
superposable au nôtre, auprès d'enfants de la population générale, pour comparer leur ressenti
et leur vécu à ceux mis en évidence dans notre thèse.
147
BIBLIOGRAPHIE
1. BEGUIN Marion
Synthèse de la littérature sur les réponses à apporter en tant que médecin à une demande
de soins venant d’un de ses proches
Thèse d’exercice : Médecine : Grenoble : Université Joseph Fourier : 2013GRE15106
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Caring for our own families.
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Never treat your own family.
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A surgeon operates on his son: wisdom or hubris?
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6. MCSHERRY J.
Long-distance meddling: do MDs really know what’s best for their children?
CMAJ Can Med Assoc J. 1 sept 1988 ; 139(5) : 420‑2.
7. CORNEC-LASSERRE Sophie
Soigner ses proches en tant que médecin généraliste
Thèse d’exercice : Médecine : Lille : Université du droit et de la santé : 2005LIL2M068
8. MASSON Loïc
Le médecin généraliste face à la demande de soins de ses proches : quelle est la demande ?
Comment de médecin y répond-il ? Quels problèmes cela lui pose-t-il ? L'expérience de 47
médecins généralistes installés en Ville Nouvelle
Thèse d’exercice : Médecine : Paris 5 Necker : 1996PA05N045
9. JOFFRE BERTHOMME Bérangère
Quels médecins pour les enfants de médecins généralistes ? A propos d'une enquête réalisée
auprès de 186 médecins généralistes libéraux du Rhône
Thèse d'exercice : Médecine : Lyon 1 : 2001LYO1M071
148
10. MADEC Nolwenn
La prévention au sein de la famille du médecin généraliste : description à partir d’une
enquête menée auprès de 100 conjoints
Thèse d’exercice : Médecine : Université de Nantes : 2010NANT058M
11. CODE DE LA SECURITE SOCIALE
Article L162-5-3 [en ligne]
https://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do;jsessionid=7D0FE101E8C77D98340A
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0006740743&dateTexte=20170825&categorieLien=cid#LEGIARTI000006740743
(consulté le 25/08/2017)
12. HURE Olivier
Être ou ne pas être le médecin de ses enfants : Enquête qualitative réalisée à partir
d’entretiens semi-dirigés auprès de vingt médecins généralistes exerçant à Paris
Thèse d’exercice : Médecine : Paris Descartes : 2005PA05N102
13. TOUMELIN Sandrine
La prise en charge médicale de la famille du généraliste : conjoint et enfants
Thèse d’exercice. Médecine : Université de Rennes 1 : 2009REN1M013
14. BOUQUET-LAUTIE Marie-Emilie
Déterminants de la prise en charge de ses proches, en particulier de ses enfants, par le
médecin généralistes : étude qualitative auprès de médecins girondins par focus groupe
Thèse d’exercice : Médecine : Université de Bordeaux II : 2012BOR2M085
15. JEAN-LOBSTEIN Aude
Audit sur le suivi médical des enfants de médecins généralistes
Thèse d’exercice : Médecine : Université de Rouen : 2010ROUEM007
16. DAGNICOURT Pauline
Soigner ses proches, une attitude à raisonner ? : réflexion sur les interférences entre la
relation de soin et la relation préexistante par enquête qualitative
Thèse d’exercice : Médecine : Université d’Angers : 2012ANGE1042
17. GOUBET Justine
Le médecin généraliste face à la santé de ses enfants : peut-on soigner ses enfants ?
Thèse d’exercice : Médecine : Université de Picardie : 2016AMIEM067
18. ARSICAUD Aude
Soigner l’enfant d’un confrère, une consultation différente ? Entretiens auprès de médecins
généralistes et de pédiatres [en ligne]
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19. MANASTERSKI Fabien
Étude des leviers et des freins dans la prise en charge par un médecin généraliste de
membres de sa famille : enquête auprès de médecins généralistes de Meurthe et Moselle
Thèse d’exercice : Médecine : Université de Bordeaux : 2014BORDM029
20. PELTZ-AIM Jennyfer
Comment les médecins se positionnent-ils vis-à-vis des maladies de leurs proches ?
enquête qualitative auprès de 22 médecins exerçant en région parisienne.
Thèse d’exercice : Médecine : Paris 7, Université Paris Diderot : 2012PA07M105
21. NIK-SHERINA H, NG CJ.
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23. GARAND Julie
Médecin traitant de sa propre famille, quelles sont les difficultés à soigner ses proches
(parents, conjoint, enfants) ? : Enquête qualitative menée auprès de proches de médecins
généralistes ardennais
Thèse d’exercice : Université de Reims Champagne-Ardenne : 2015REIMM034
24. BLEUEZ Gatien
Prise en charge d’un patient par un médecin généraliste membre de sa famille : étude par
questionnaire auprès de 50 patients
Thèse d’exercice : Médecine : Amiens : Université de Picardie : 2014AMIEM114
25. CANIATO Elsa
Ressentis et attentes des patients soignés par leur proche-médecin: enquête qualitative
auprès de 12 proches de médecins généralistes exerçant en région Rhône-Alpes
Thèse d’exercice : Médecine : Lyon : Université Claude Bernard : 2015LYO1M106
26. DA SILVA Mélanie
Quelles sont les attentes et le ressenti des proches du médecin généraliste ? Étude
qualitative auprès de 12 patients des Alpes Maritimes
Thèse d’exercice : Médecine : Université de Nice Sophia Antipolis : 2014NICEM063
27. CODE DE LA SANTE PUBLIQUE
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Soigner ses proches: une erreur ?
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Attitudes des médecins généralistes et des pédiatres du Nord-Pas-de-Calais vis-à-vis des
soins à leur propre famille
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Représentations de l’enfant de 5-6 ans sur ses consultations auprès du médecin généraliste
Thèse d’exercice : Médecine : Université d’Angers : 2013ANGE013M
55. FEY Hadrien
La relation enfant-médecin : perceptions et attentes des 10-11 ans : étude qualitative sur la
pudeur et le rapport au genre
Thèse d’exercice : Médecine : Lyon : Université Claude Bernard : 2016LYO1M348
56. BONVALOT Valérie
Médecin traitant de sa propre famille : différences de pratique dans la relation thérapeutique
intrafamiliale
Thèse d’exercice : Médecine : Université d’Aix-Marseille II : 2009AIX20003
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Quand le médecin généraliste soigne sa famille: enquête en Basse-Normandie
Thèse d’exercice : Université de Caen. UFR de médecine : 2009CAEN3023
62. DAUTEL Marion et JEANNE Julie
Quelles propositions de la littérature sont susceptibles d’aider le médecin à gérer la
demande de soin de son proche ? Enquête auprès d’un groupe d’expert
Thèse d’exercice : Médecine : Grenoble : Université Joseph Fourier : 2015GRE15142
63. BLANCHET A, GOTMAN A.
L’entretien: L’enquête et ses méthodes. 2e édition.
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Psychologie clinique et psychopathologique. Premier et second cycles universitaires 2e
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(Collection Grand Amphi Psychologie)
72. MARIN MARIN Laura
Positionnement des internes en médecine générale face aux problèmes de santé de leurs
proches : enquête quantitative et qualitative auprès des internes du département de
médecine générale de Paris-Diderot
Thèse d’exercice : Université Paris Diderot - Paris 7 : UFR de médecine : 2013PA07M093
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73. CART Sybille
Vécu des médecins généralistes et des pédiatres du Nord-Pas de Calais en tant que soignant
de leur famille
Thèse d’exercice : Médecine : Lille : Université du droit et de la santé : 2014LIL2M089
74. REAGAN B, REAGAN P, SINCLAIR A.
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Le choix d’un proche comme médecin traitant : le point de vue des patients
Thèse d’exercice : Médecine : Université de Bordeaux : 2016BORDM200
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86. BOUVE Camille
Soigner ses proches : quelle résonnance chez les soignés ? Etude du ressenti des proches
par enquête qualitative
Thèse d’exercice : Médecine : Université d’Angers : 2015ANGE066M
87. DOLTO F.
Les chemins de l’éducation.
Editions Gallimard; 2014. 462 p.
88. BALINT M.
Le Médecin, son malade et la maladie.
Paris, France: Payot; 1960. 422 p.
157
ANNEXES
ANNEXE 1 : Le Serment d’Hippocrate
Je promets et je jure d'être fidèle aux lois de l’honneur et de la probité dans l'exercice de la
Médecine.
Je respecterai toutes les personnes, leur autonomie et leur volonté, sans discrimination.
J'interviendrai pour les protéger si elles sont vulnérables ou menacées dans leur intégrité ou
leur dignité. Même sous la contrainte, je ne ferai pas usage de mes connaissances contre les
lois de l'humanité.
J'informerai les patients des décisions envisagées, de leurs raisons et de leurs conséquences.
Je ne tromperai jamais leur confiance.
Je donnerai mes soins à l'indigent et je n'exigerai pas un salaire au-dessus de mon travail.
Admis dans l'intimité des personnes, je tairai les secrets qui me seront confiés et ma conduite
ne servira pas à corrompre les mœurs.
Je ferai tout pour soulager les souffrances. Je ne prolongerai pas abusivement la vie ni ne
provoquerai délibérément la mort.
Je préserverai l'indépendance nécessaire et je n'entreprendrai rien qui dépasse mes
compétences. Je perfectionnerai mes connaissances pour assurer au mieux ma mission.
Que les hommes m'accordent leur estime si je suis fidèle à mes promesses. Que je sois couvert
d'opprobre et méprisé si j'y manque.
158
ANNEXE 2 : Base pédagogique (Dautel et Jeanne)
159
ANNEXE 3 : Questionnaire préalable
Questionnaire préalable pour les parents
1. Quel âge a votre enfant ?
2. Quelles sont vos professions ?
➢ Vous :
➢ Son autre parent :
3. Qui est le médecin de votre enfant ?
o Vous
o Son autre parent
o Un médecin généraliste
o Un pédiatre
o Plusieurs médecins :
4. Avez-vous d’autres enfants ?
Sont-ils soignés par le même médecin ?
5. Pourquoi ce choix de médecin(s) pour votre enfant ?
6. Pensez-vous que votre enfant soit satisfait de sa prise en charge médicale ?
160
ANNEXE 4 : Guide d’entretien
A. ENVIRONNEMENT SOCIAL
1. Quel âge as-tu ?
2. Quel travail font tes parents ?
➢ Ton père :
➢ Ta mère :
3. Actuellement qui est ton médecin ? (traitant pour les plus de 16 ans)
➢ Ton père/mère/les deux
➢ Un médecin généraliste
➢ Un pédiatre
➢ Plusieurs médecins
4. As-tu des frères et sœurs ? Ont-ils le même médecin que toi ?
B. PRISE EN CHARGE MÉDICALE
❖ TON MÉDECIN HABITUEL EST TON
PARENT
1. T’a-t-il toujours soigné ? si non sais-tu
pourquoi ce changement ?
2. Si tes deux parents sont médecins :
a. est-ce toujours le même qui te soigne ?
b. pourquoi est-ce l’un plutôt que l’autre ?
➢ Ça dépend du problème de santé ?
➢ Ça dépend de leur disponibilité ?
➢ Ça dépend de ce que tu veux ?
➢ Tes parents décident et tu ne sais pas
pourquoi ?
3. Est-ce toujours ton parent que tu consultes
ou vois-tu d’autres médecins ?
Si oui ? est-ce que :
➢ Ça dépend du problème de santé ?
➢ Ça dépend de leur disponibilité ?
➢ Ça dépend de ce que tu veux ?
➢ Tes parents décident et tu ne sais pas
pourquoi ?
4. Il t’examine à son cabinet ou à la maison ?
5. Ton parent non-médecin est-il avec toi
pendant la consultation ?
6. Ton parent note-t-il la consultation dans
ton carnet de santé ?
7. Ton parent effectue-t-il lui-même les
vaccins/les certificats médicaux ?
❖ TON MÉDECIN HABITUEL EST UN
CONFRÈRE
1. Ton médecin actuel a-t-il toujours été ton
médecin traitant ? si non sais-tu pourquoi
ce changement ?
2. Si tu es soigné par un médecin et ton
parent :
a. lequel vois-tu le plus souvent ?
b. pourquoi est-ce l’un plutôt que l’autre ?
➢ Ça dépend du problème de santé ?
➢ Ça dépend de leur disponibilité ?
➢ Ça dépend de ce que tu veux ?
➢ Tes parents décident et tu ne sais pas
pourquoi ?
3. Le médecin que tu consultes connait-il
bien/travaille-t-il avec ton parent ?
4. Le médecin t’examine-t-il de la même
façon que ton parent ?
5. Est-ce ton parent non médecin ou ton
parent médecin qui t’accompagne ?
6. Ton parent suit-il l’avis/la prescription
de ton médecin ?
7. Est-il arrivé que ton parent effectue lui-
même tes vaccins ou tes certificats
médicaux ?
161
C. RESSENTI DE L’ENFANT
1. A. Quels sont les avantages :
➢ De consulter ton parent ?
➢ De consulter ton médecin traitant ?
B. Quels sont les inconvénients :
➢ De consulter ton parent ?
➢ De consulter ton médecin traitant ?
2. Trouves-tu :
➢ Que tu as un bon suivi médical ?
➢ Que ton médecin t’examine correctement ?
➢ Que ton médecin t’accorde assez de temps ?
➢ Que ton médecin t’écoute suffisamment ?
➢ Que ton médecin prend tes plaintes/maladies/bobos au sérieux ?
3. Comment te sens-tu pendant la consultation ?
➢ Oses-tu tout demander/dire ?
➢ (pour les plus grands) Penses-tu que ton médecin respecte le secret médical ?
➢ Es-tu gêné par l’examen clinique ?
➢ As-tu peur de ce que va penser ton parent médecin ?
4. Considères-tu que ton parent comme un « vrai » docteur ?
5. Trouves-tu que tu es soigné comme les autres patients ?
6. Est-ce toi qui as choisi ton médecin ?
➢ Si oui : pourquoi choisir/ne pas choisir ton parent ?
➢ Si non pourquoi ? aurais-tu voulu choisir toi-même ?
7. Au final, es-tu content qu’il soit ton médecin ? préfèrerais-tu que ce soit quelqu’un d’autre ? Pourquoi ?
8. Quelle note de 0 à 10 (échelle numérique ou échelle visuelle verticale) mettrais-tu à ta prise en charge
médicale ?
162
ANNEXE 5 : Entretien test codé
Quel âge as-tu Mathieu ?
5 ans.
Quel travail font tes parents ?
Euh… informaticien et docteur.
D’accord, qui est ton médecin ?
Ma maman.
C’est ta maman ? Est-ce que tu as un autre médecin que ta
maman ?
Oui.
C’est qui l’autre médecin ?
Je me rappelle plus comment il s’appelle.
C’est une femme ou un homme ?
Une femme.
D’accord.
Qui est-ce qui te soigne le plus souvent ? Ta maman ou la
femme médecin ?
Heu… ma maman.
C’est ta maman qui te soigne le plus souvent.
Bah oui !
D’accord
Est-ce que tu as des frères et sœurs, Mathieu ?
Une petite sœur, et… j’ai pas de frères.
D’accord, et est-ce que ta petite sœur elle a le même médecin
que toi ?
Oui.
C’est aussi ta maman qui la soigne ?
Oui.
Et est-ce que la dame docteur elle la soigne aussi ?
Oui.
D’accord.
Tous les deux, moi, Émilie et moi.
Profession du parent
Médecin référent
Soins aux proches
163
Est-ce que c’est toujours ta maman qui t’a soignée ou est-ce
que, au début c’était quelqu’un d’autre ?
Au début c’était quelqu’un d’autre, et maintenant c’est la dame
qui soigne et ma maman, maintenant c’est les deux qui me
soignent.
D’accord.
Est-ce que tu sais pourquoi tu vois ta maman plutôt que l’autre
docteur ?
Non.
Est-ce que tu sais, si ça dépend de ta maladie ? Est-ce qu’il y a
des maladies où tu vas plutôt voir l’autre docteur et des
maladies pour lesquelles tu vas voir ta maman ?
Non… (distrait).
Ça dépend pas de la maladie ?
Heu… si ça dépend.
D’accord, est-ce que tu as des exemples : est-ce que tu saurais
me dire quand est-ce que tu vas chez le docteur et quand est-ce
que c’est maman qui te voit ?
Heu… je sais pas, j’ai… j’ai été trois fois chez… le docteur
femme qui me soigne.
Et tu te souviens pourquoi tu avais été chez la femme qui te
soigne ?
(hausse les épaules)
Tu ne te souviens plus de ce que tu avais comme maladie ou
comme bobo ?
Non… Pour voir si j’ai grandi je crois.
D’accord. Et ta maman, qu’est-ce qu’elle soigne comme bobo
ou comme maladie ?
Je m’en rappelle plus.
D’accord.
Est-ce que tu sais si ça dépend de la disponibilité, par exemple,
est-ce que tu vas voir ta maman quand l’autre médecin n’est pas
là ou parce que c’est le week-end ?
Je sais pas.
Tu sais pas non plus.
Est-ce que c’est toi qui choisis qui tu vas voir ?
Non.
Non, c’est pas toi qui choisis ? D’accord.
Ta maman est-ce qu’elle t’examine dans un cabinet médical
comme la dame docteur, ou est-ce qu’elle t’examine à la
maison ?
À la maison.
D’accord, et elle t’examine dans quelle pièce à la maison ?
Dans le salon… heu sur le canapé en fait.
Choix du médecin
Attitude
Choix du médecin
Examen systématique
Choix du médecin
Lieu d’examen
164
Est-ce qu’elle t’examine pareil que l’autre médecin ?
Non.
Qu’est-ce qu’il y a de différent ?
Je sais pas.
Est-ce que ton papa est avec toi lorsque ta maman t’examine ?
… Des fois.
Des fois et des fois pas ?
Non.
Est-ce que tu sais si ta maman elle note ce que tu as comme
maladie dans ton carnet de santé, tu sais le petit livre qui parle de
tes maladies ?
Oui.
Elle le note dedans ?
Des fois.
Est-ce c’est ta maman qui fait tes vaccins, des piqûres des choses
comme ça ?
Non.
Qui est-ce qui te fait des piqûres ?
Personne me fait des piqûres.
D’accord.
Est-ce que tu sais si ta maman connaît bien l’autre dame docteur
chez qui tu vas ?
Oui.
Elles travaillent ensemble ?
Non.
Non ? D’accord.
Quand tu vas chez l’autre dame médecin, qui est-ce qui vient
avec toi ? Est-ce que c’est ta maman, est-ce que c’est ton papa
ou est-ce que ça dépend ?
Ça dépend.
Les deux t’ont déjà emmené ?
(hausse les épaules).
Et quand la dame docteur elle fait une ordonnance, elle donne
des médicaments parce que tu es malade, est-ce que ta maman
elle donne bien les médicaments comme la dame a dit ou est-ce
qu’elle fait autre chose ?
La dame me donne pas de médicament, mais ma maman oui.
Examen clinique
Consultation chez le
médecin
Carnet de santé
Prise en charge des
vaccins
Choix du médecin
Consultation chez le
médecin
Représentation des soins
165
C’est ta maman qui les donne les médicaments ?
Que ma maman, seulement maman.
D’accord.
Personne d’autre.
D’accord, est-ce que tu trouves que tu es bien soigné ?
Oui.
Est-ce que tu trouves que ta maman elle t’examine bien ?
Bah oui.
Et l’autre docteur est-ce qu’il t’examine bien ?
Oui.
Tu préfères que ce soit qui qui t’examine ?
Les deux.
Les deux, d’accord.
Est-ce que tu trouves qu’ils passent assez de temps à
t’examiner ? Pour regarder tes bobos, regarder tes maladies ?
Maman oui.
Est-ce que tu trouves que ta maman elle écoute bien ce que tu
veux dire, par exemple, quand tu es malade ou que tu as mal
quelque part, est-ce que tu trouves que ta maman elle prend le
temps de t’écouter et qu’elle croit ce que tu dis ?
Oui.
Oui, et l’autre docteur ?
Euh oui.
Elle prend le temps d’écouter ce que tu as à dire aussi ?
Heu… Je dis rien.
Tu ne parles pas avec l’autre docteur ? Tu lui dis pas où tu as
mal ?
Non non…
Qui est-ce qui dit où tu as mal ?
L’autre docteur qui demande… ou maman.
D’accord.
Et est-ce que pendant la consultation, pendant qu’on t’examine,
tu oses parler avec ta maman, pour lui dire des choses, si tu as
mal ici, mal par-là ?
Oui.
Et avec l’autre docteur est-ce que tu oses parler ?
Oui.
Représentation des soins
Qualité des soins
Choix du médecin
Qualité des soins
Consultation chez le
médecin
Qualité des soins
166
Est-ce que ça te gêne quand ta maman t’examine ?
Non.
Et est-ce que quand l’autre docteur elle t’examine, est-ce que ça
te gêne ?
Non. Ça me gêne pas quand on m’examine, toujours.
Et est-ce que tu as peur quand on t’examine ?
Non.
D’accord, est-ce que tu penses que ta maman est un vrai
docteur ?
(Hésite)… oui.
C’est le même docteur que l’autre, elle fait le même métier ?
Heu je m’en rappelle plus… je sais pas jveux dire (gêné).
Quand ta maman t’examine, tu trouves qu’elle ressemble plus à
une maman ou à un docteur ?
C’est plus ma maman.
D’accord.
C’est pas toi qui as choisi ton médecin en fait ?
Non, c’est ma maman. Quand c’est plus grave je vais chez
l’autre médecin et quand c’est moins grave je vais chez ma
maman.
D’accord, donc ta maman s’occupe de ce qui est moins grave,
et l’autre de ce qui est plus grave c’est ça ?
Oui.
D’accord, est-ce que tu sais pourquoi ?
Non.
D’accord.
Est-ce que toi tu aimerais choisir chez qui tu vas ? Ta maman
ou l’autre docteur, tu aimerais que ce soit toi qui choisisses ?
Oui.
Oui, et si tu devais choisir, tu choisirais qui ?
Euh… l’autre docteur.
Tu préférerais que ce soit toujours l’autre docteur plutôt que ta
maman ?
Souvent l’autre docteur, encore.
Pourquoi ?
Puisque là-bas, il y a un circuit de voitures de course !
D’accord, tu aimes bien aller là-bas parce qu’il y a le circuit de
voiture de course c’est ça ?
Et qu’elle m’examine mieux.
Alors pourquoi elle t’examine mieux ?
Qualité des soins
Attitude
Vrai docteur
Choix du médecin
Examen clinique
167
Et aussi je vais là-bas, puisque quand elle… quand elle prend le
stéthoscope pour regarder le cœur ça fait des guilis (rires)
Et avec ta maman ça fait pas de guilis ?
Si. Et après elle fait tout de suite des guilis maman, alors que
chez le docteur il me fait pas des guilis mais quand même j’aime
bien.
D’accord.
Et est-ce que ça t’embête d’attendre dans la salle d’attente ?
Non.
Non ?
Toute façon j’attends jamais là-bas.
D’accord.
Toute façon il n’y a pas de salle d’attente.
Ah bon ?
Ah si y en a ! Et ça te dérange pas d’attendre dans la salle d’attente ?
Non.
D’accord.
Si tu devais mettre une note à la façon dont tu es soigné...
... Ça veut dire quoi une note ?
Alors, bein pour savoir si tu as de bons docteurs ou pas, si tu
aimes bien être soigné comme tu l’es maintenant. Tu mettrais
combien ? 0 ça veut dire que elles te soignent pas bien du tout,
1 elles te soignent un petit peu bien, voilà, on monte on monte,
5 ça veut dire qu’elles te soignent plutôt bien, et 10 c’est
qu’elles te soignent très très très très bien, donc tu peux choisir
entre 0, 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10.
Ma mère ou l’autre médecin ?
Alors ta maman comment elle te soigne ?
Heu… elle me soigne heu…. 9.
Donc ça veut dire qu’elle te soigne plutôt très bien c’est ça ?
Acquiesce.
D’accord. Et l’autre docteur te soigne comment ?
10 ! 10 c’est très très bien : elle te soigne très très bien ?
Oui.
Donc tu préfères aller chez l’autre docteur pour être soigné ?
Oui.
D’accord.
Examen clinique
Représentation des soins
Consultation chez le
médecin
Inconvénients
Évaluation des soins
168
Et pourquoi tu trouves qu’elle te soigne mieux l’autre docteur ?
Parce que… en fait euh… Elle regarde plus longtemps dans mes
oreilles, plus longtemps elle m’examine.
Tu trouves qu’elle t’examine mieux ?
(Hoche la tête). Puisqu’elle prend du temps elle m’examine
mieux.
D’accord très bien Mathieu.
Est-ce que tu aimerais bien que ta maman, la prochaine fois, te
demande où tu veux aller ?
Oui.
Tu aimerais bien que ce soit toi qui choisisses ton docteur ?
Ouais.
D’accord et donc tu voudrais que ce soit la dame docteur qui te
soigne le plus souvent ? C’est ça ?
Oui.
Pour toi c’est quoi l’avantage d’avoir une maman docteur ?
C’est quoi un avantage ?
Qu’est-ce que tu trouves bien dans le fait d’avoir une maman
docteur ?
Bah ma maman des fois, quand je me fais mal, et que maman
elle est à la maison, bah… je peux me faire soigner plus vite et
rejouer un peu plus vite.
Et est-ce qu’il y a des inconvénients, c’est-à-dire des choses qui
ne sont pas bien dans le fait d’avoir une maman docteur ?
Non ! Ils sont tous très bien ! Et est-ce qu’il y a des avantages, des choses qui sont bien, dans
le fait d’avoir un autre docteur ?
Euh oui… parce qu’en fait il y a des jeux là-bas.
Et il y a des choses que tu n’aimes pas quand tu vas voir un autre
docteur ?
Oui yen a. Ça arrive pas souvent, mais des fois yen a. Quand je
suis sur… sur l’espèce de lit, quand maman est en train de parler
avec le docteur ça prend un peu de temps et je reste sur le lit un
peu longtemps et moi j’aime pas trop.
Est-ce qu’il y a autre chose ?
Non.
D’accord Mathieu, on a fini.
Est-ce que tu voulais me raconter d’autres choses sur la façon
dont tu es soigné ?
Oui, c’est parce que en fait, aussi, ma mère, c’est que, elle va
aussi m’examiner bien, je voulais pas lui mettre 9 en fait, je veux
lui mettre 10 aussi, 10 pareil. Parce que maman c’est la
meilleure ! (rires)
(Rires). D’accord.
Examen clinique
Relance, information
complémentaire
Choix du médecin
Avantages
Inconvénients
Avantages
Inconvénients
Attitude
(fierté)
169
ANNEXE 6 : Grille d’analyse
1. PROFESSION DES PARENTS
2. MÉDECIN RÉFÉRENT
3. CHOIX DU MÉDECIN
4. EXAMEN CLINIQUE
5. PRISE EN CHARGE DE LA TRAUMATOLOGIE
6. PRISE EN CHARGE DES MALADIES
7. PRISE EN CHARGE DES VACCINS
8. EXAMEN SYSTÉMATIQUE
9. LIEU D’EXAMEN
10. CARNET DE SANTÉ
11. CONSULTATION CHEZ LE MÉDECIN
12. CERTIFICAT DE SPORT
13. VRAI DOCTEUR
14. AVANTAGES
15. INCONVÉNIENTS
16. QUALITÉ DES SOINS
17. ÉVALUATION DES SOINS
18. REPRÉSENTATION DES SOINS
19. ATTITUDE
20. SIMILITUDES DE PRISE EN CHARGE
21. SEXUALITÉ/GYNÉCOLOGIE
22. SECRET MÉDICAL
23. SOINS AUX PROCHES
170
ANNEXE 7 : Sollicitation des médecins par email
Cher confrère,
Tout récemment arrivée dans la région, je suis actuellement remplaçante en médecine générale
à Champtoceaux. Je prépare en parallèle ma thèse d’exercice sur la prise en charge médicale
des enfants de médecins, sous la direction du Dr Lionel Capdepon, médecin généraliste à
Colombelles dans le Calvados, et présidée par le Pr Emmanuel Babin, Chef de Pôle de la
chirurgie, chirurgien ORL et cervico-facial du CHU de Caen.
Il apparaît qu’une majorité d’entre nous soigne ses propres enfants, sans que l’on sache si cela
influe ou non sur la qualité de leur prise en charge. Mais plutôt que de vous demander votre
avis sur le sujet, nous avons trouvé plus pertinent de nous intéresser directement à ce que
pouvaient en penser les principaux concernés, à savoir vos propres enfants.
J’ai donc choisi la question de recherche suivante : « Ressenti des enfants de médecins
généralistes et spécialistes concernant leur prise en charge médicale ».
Pour réaliser cette étude qualitative, je souhaiterais m’entretenir avec vos enfants, âgés de 6 à
18 ans, pour recueillir leurs sentiments et leur vécu.
Il s’agirait d’un entretien individuel, réalisé au lieu de votre choix, enregistré, avec vos accords,
sur dictaphone, puis retranscrit et analysé anonymement.
À cet effet, je me permets de vous solliciter pour obtenir votre approbation et exposer mon
projet à votre/vos enfant(s).
Si vous acceptez de m’aider dans cette recherche, je vous serais reconnaissante de remplir le
formulaire de consentement ainsi que le court questionnaire ci-joint (à me renvoyer par mail ou
courrier), me permettant d’inclure votre/vos enfant(s) dans mon étude et d’obtenir quelques
données complémentaires. S’agissant d’enfants mineurs, le formulaire de consentement devra
être rempli par chacun de ses représentants légaux.
Je me tiens disponible si vous souhaitez avoir plus de détails sur mon travail de thèse ou pour
tout renseignement complémentaire. Je pourrai enfin, si vous le désirez, mettre à votre
disposition les résultats de mon étude, une fois celle-ci achevée.
Je vous remercie par avance du temps accordé à ma requête et de l’aide que vous pourrez
m’apporter.
Bien cordialement,
Hélène ROUZET BENTH
171
ANNEXE 8 : Formulaire de consentement
Formulaire de consentement (un exemplaire par enfant à remplir par chacun de ses représentants légaux)
Présentation du cadre de la recherche :
Cette étude est réalisée dans cadre du projet de thèse d’Hélène ROUZET BENTH, dirigée par le Dr Lionel
Capdepon et présidée par le Pr Emmanuel Babin, pour l’obtention du grade de Docteur en médecine.
Nature de l’étude :
La recherche a pour but d’étudier le ressenti des enfants de médecin concernant leur prise en charge médicale.
Déroulement de la participation :
L’entretien, de type individuel, se déroulera dans un lieu de votre choix. Il aura une durée approximative de 20
minutes et sera enregistré sur dictaphone, avec votre consentement.
Participation volontaire et droit de retrait :
Vous et vos enfants êtes libres de participer à ce projet. Les réponses aux questions ont un caractère facultatif et le
défaut de réponse n’aura aucune conséquence pour le sujet. Vous ou vos enfants pouvez mettre un terme à
l’entretien à tout moment, sans avoir à fournir de raisons et sans aucun préjudice. Si vous décidez de mettre fin à
votre participation, tous les renseignements personnels vous concernant, incluant les enregistrements, seront alors
détruits.
Confidentialité et gestion des données :
Toutes les informations personnelles concernant les participants sont conservées le temps de l’étude de façon
anonyme et confidentielle. Elles seront, ainsi que l’enregistrement audio de l’entretien et sa transcription détruits
au terme de la rédaction de la thèse. Si les données devaient être utilisées pour donner lieu à une publication, elles
seraient anonymisées.
Cette étude a fait l’objet d’une déclaration du traitement de données auprès du Correspondant Informatique et
Liberté de l’Université de Caen.
Information aux participants :
Vous avez la possibilité d’obtenir des informations supplémentaires concernant cette étude auprès de
l’investigatrice. Les résultats de la recherche seront disponibles fin 2017.
Engagement de l’investigatrice :
L’investigatrice s’engage à préserver absolument la confidentialité et le secret professionnel pour toutes les
informations concernant les participants.
Signatures et consentements spécifiques
Je soussigné(e) ______________________________________________, représentant(e) légal(e), de l’enfant
_________________________________, né(e) le __________________, consens librement à participer à la
recherche intitulée « Ressenti des enfants de médecin concernant leur prise en charge médicale ». J’accepte de
plus la participation de mon enfant à un entretien individuel et à son enregistrement dans le cadre de cette même
étude. J’ai pris connaissance du formulaire et j’ai compris le but et la nature de cette recherche.
Date : ___________________
Signature du participant, de la participante Signature de l’investigatrice
172
ANNEXE 9 : Fiche de traitement
173
174
175
ANNEXE 10 : Table des matières
INTRODUCTION
1. Propos introductifs
2. État des lieux des encadrements législatifs et éthiques
2.1. Encadrement législatif du soin aux proches
2.1.1. Encadrement législatif en France
2.1.2. Encadrement législatif à l’étranger
2.2. Encadrement éthique du soin aux proches
2.2.1. Encadrement éthique en France
2.2.2. Encadrement éthique à l’étranger
2.3. Encadrement législatif et éthique de la prise en charge des mineurs
2.3.1. L’autorité parentale
2.3.2. Prise en compte de l’intérêt de l’enfant
2.3.3. Prise en compte de l’avis de l’enfant
2.3.4. Confidentialité et secret professionnel
2.4. Synthèse des recommandations législatives et éthiques
3. État des lieux des vécus et pratiques à travers la littérature
3.1. Études relatives au ressenti du médecin soignant ses proches
3.2. Études relatives au ressenti de l’entourage soigné par son proche médecin
3.3. Études relatives au ressenti des confrères soignant les proches de médecin
3.4. Études relatives aux modalités de prise en charge de l’enfant de médecin
3.5. Études relatives aux enfants face à leurs soins
3.5.1. État des lieux des jeunes face à leur santé
3.5.2. Les différents types de relations enfant-médecin
3.5.3. Représentations de la consultation chez le médecin par l’enfant
3.6. Synthèse de ces études
3.6.1. Cadre des soins
3.6.2. Motivations du médecin
3.6.3. Motivations du proche
3.6.4. Avantages et inconvénients de soigner son proche
3.6.5. Avantages et inconvénients d’être soigné par son proche médecin
4. État des lieux des recommandations dans la littérature
4.1. Arguments avancés dans la littérature en faveur ou en défaveur de la prise en charge de
ses proches
4.2. Propositions apportées par la littérature
5. Objectifs de l’étude
176
MATÉRIELS ET MÉTHODES
1. Choix du type d’étude
1.1. Choix d’une étude qualitative
1.2. Choix d’une enquête par entretiens
1.3. Choix du mode d’entretien
1.3.1. Le focus groupe
1.3.2. L’entretien individuel
1.4. Ajout d’un questionnaire préalable pour les parents
2. Population étudiée
2.1. Définition de la population
2.2. Mode de sélection des sujets
2.2.1. Choix des limites d’âge
2.2.2. Choix des médecins concernés
2.2.3Choix du lieu de recrutement
2.2.3. Critères d’inclusion et d’exclusion retenus
2.2.4. Principe de variation maximale
2.3. Nombre de sujets à inclure
2.4. Recrutement des sujets
3. Grille d’entretien
3.1. Principes d’élaboration du guide d’entretien
3.2. Difficultés rencontrées lors de l’élaboration du guide
3.3. Expérimentation du canevas d’entretien
3.4. Modifications ultérieures du guide
4. Recueil des données
4.1. Technique de recueil des données
4.2. Modalités de recueil des données
4.2.1. Réalisation des entretiens
4.2.3. Enregistrement des entretiens
4.3. Autorisation de traiter le sujet et protection des données
5. Traitement des données
5.1. Retranscriptions des données
5.2. Codage des données
5.3. Analyse des données
RÉSULTATS ET ANALYSE
1. Recrutement des participants
1.1 Recrutement par contact direct
1.2. Recrutement par email
2. Description de la population étudiée
2.1. Âge et sexe des enfants de médecin
2.2. Profession des parents
2.2.1. Profil des parents participants à l’étude
2.2.2. Profil professionnel des parents médecins
177
2.2.3. Perception de la profession du parent par l’enfant de médecin
2.3. Localisation de la population étudiée
2.3.1. Lieu de résidence des familles
2.3.2. Lieu de travail des parents
2.4. Médecins référents de l’enfant de médecin
2.4.1. Médecins actuels de l’enfant
2.4.2. Répartition de la prise en charge entre le parent médecin et le médecin extérieur
2.4.3. Impact de la spécialité du parent sur la prise en charge de l’enfant
2.4.4. Impact du lieu d’exercice du parent sur la prise en charge de l’enfant
2.4.5. Impact du sexe du parent médecin sur la prise en charge de l’enfant
2.4.6. Évolution du choix du médecin avec l’âge de l’enfant
2.4.7. Médecin traitant déclaré
2.5. Médecins référents de la fratrie
3. Description des entretiens réalisés
3.1. Nombre d’entretiens
3.2. Déroulement des entretiens
3.3. Durée des entretiens
3.4. Attitudes durant les entretiens
4. Résultats d’enquête
4.1. Déterminants du choix du médecin
4.1.1. Qui choisit le soignant ?
4.1.2. Selon quels critères de choix d’après les enfants ?
4.1.4. Quels sont les déterminants évoqués par les parents ?
4.1.5. Quelle influence a le parent médecin sur le choix du soignant ?
4.1.6. Quelles sont les préférences de l’enfant ?
4.1.7. Quel médecin choisira l’enfant à l’âge adulte ?
4.2. Choix du médecin selon le motif de consultation
4.2.1. Prise en charge de la traumatologie
4.2.2. Prise en charge des maladies
4.2.3. Prise en charge des vaccins
4.2.5. Prise en charge de la gynécologie/urologie
4.2.6. Quid de la sexualité
4.2.7. Examen systématique de l’enfant
4.2.8. Rédaction des certificats médicaux
4.3. Cadre de consultation
4.3.1. Lieu d’examen par le parent médecin
4.3.2. Parent accompagnant lors d’une consultation médicale
4.3.3. Comparaison de l’examen clinique
4.3.4. Tenue du carnet de santé
4.4. Particularités de la prise en charge médicale
4.4.1. Perception du parent médecin
4.4.2. Impact du statut d’enfant de médecin sur la prise en charge médicale
178
4.4.3. Respect des prescriptions
4.4.4. Respect du secret médical
4.5. Avantages et inconvénients liés aux soignants
4.5.1. Avantages liés au parent médecin
4.5.2. Avantages liés au médecin extérieur
4.5.3. Inconvénients liés au parent médecin
4.5.4. Inconvénients liés au médecin extérieur
4.6. Évaluation de la prise en charge médicale
4.6.1. Qualité du suivi médical
4.6.2. Qualité de l’examen clinique
4.6.3. Temps accordé
4.6.4. Qualité d’écoute
4.6.5. Prise au sérieux des plaintes fonctionnelles
4.6.6. Liberté de parole
4.6.7. Peur du médecin
4.6.8. Gêne ressentie
4.6.9. Notes attribuées à la prise en charge médicale actuelle
4.6.10. Souhaits des participants
DISCUSSION
1. Analyse critique du choix du sujet
2. Analyse critique de la méthode
2.1. Choix de la méthode
2.1.1. Forces de la méthode
2.1.2. Limites de la méthode
2.2. Choix de la population
2.3. Recrutement
2.3.1. Mode de recrutement
2.3.2. Lieu de recrutement
2.4. Recueil des entretiens
2.4.1. Recueil des entretiens
2.4.2. Variation de durée des entretiens
2.5. Analyse des données
3. Analyse critique des résultats de l’étude, confrontés aux données de la littérature
3.1. Qui sont les médecins de nos enfants ?
3.1.1. Le médecin référent est majoritairement le parent...
3.1.2. Tous les parents médecins peuvent être amenés à soigner leurs enfants, qu’ils soient
généralistes ou spécialistes
3.1.3. Le sexe du parent médecin impacte peu sur la prise en charge de l’enfant
3.1.4. Plus l’enfant grandit et plus son parent s’implique dans sa prise en charge
3.1.5. Le médecin extérieur est le plus souvent un médecin généraliste ou un pédiatre, sans
lien systématique avec le parent médecin
179
3.1.6. Le choix du médecin consulté est majoritairement effectué par le parent, en fonction
de la pathologie, de la disponibilité et des compétences du médecin
3.1.7. Les déterminants de choix de médecin évoqués par les parents diffèrent de ceux des
enfants
3.1.8. Les motifs de consultations influent sur le choix du médecin, avec des prises en
charge différentes selon qu’il est le parent ou un tiers
3.2. Quel est l’impact du statut d’enfant de médecin sur sa prise en charge médicale ?
3.2.1. Le cadre de consultation est différent, avec des examens majoritairement plus
sommaires, effectués au domicile
3.2.2. Si certains perçoivent leur parent comme un véritable médecin, il existe souvent une
confusion des rôles pour les autres
3.2.3. Les enfants de médecins sont soignés sans distinction par leur médecin extérieur,
mais souvent a minima par leur parent, comparativement à leurs pairs
3.2.4. Pour les enfants de médecin, leur parent n’interfère pas dans la prise en charge du
médecin tiers consulté
3.2.5. La situation particulière des enfants de médecin rend difficile le respect du secret
médical
3.3. Comment les enfants de médecins jugent-ils leur prise en charge médicale globale ?
3.3.1. Les avantages et inconvénients relayés par les enfants de médecins à avoir un parent
comme médecin recoupent ceux cités dans la littérature traitant des soins aux
proches.
3.3.2. Les enfants de médecins sont globalement très satisfaits de leur prise en charge
médicale.
3.3.3. L’estimation faite par les parents médecins de la satisfaction de leurs enfants est en
adéquation avec le ressenti de ces derniers
3.3.4. Si la grande majorité des enfants ne souhaitent pas changer leur prise en charge
actuelle, la littérature est beaucoup plus divisée concernant l’implication du parent
médecin
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES
ANNEXE 1 : Le Serment d’Hippocrate
ANNEXE 2 : Base pédagogique (Dautel et Jeanne)
ANNEXE 3 : Questionnaire préalable
ANNEXE 4 : Guide d’entretien
ANNEXE 5 : Entretien test codé
ANNEXE 6 : Grille d’analyse
ANNEXE 7 : Sollicitation des médecins par email
ANNEXE 8 : Formulaire de consentement
ANNEXE 9 : Fiche de traitement
ANNEXE 10 : Table des matières
180
« Par délibération de son Conseil en date du 10 novembre 1972, l’Université
n’entend donner aucune approbation ni improbation aux opinions émises
dans les thèses ou mémoires. Ces opinions doivent être considérées comme
propres à leurs auteurs ».
181
VU, le Président de Thèse
VU, le Doyen de la Faculté
VU et permis d’imprimer
en référence à la délibération
du Conseil d’Université
en date du 14 décembre 1973
Pour le Président
de l’Université de CAEN et P.O
Le Doyen
182
TITRE DE LA THÈSE :
RESSENTI DES ENFANTS DE MÉDECIN CONCERNANT LEUR PRISE EN CHARGE
MÉDICALE : étude qualitative par entretiens semi-dirigés menés auprès d’enfants âgés de 6 à
18 ans de médecins généralistes et spécialistes.
RÉSUMÉ :
INTRODUCTION : Si la littérature déconseille de soigner ses proches, la majorité des
médecins assurent pourtant le suivi de leurs propres enfants. L’impact de ce choix sur la qualité
de leur couverture médicale, mais surtout l’avis des intéressés n’ont que très peu été étudiés.
Objectif : comment les enfants de médecins jugent-ils leur prise en charge médicale ?
MÉTHODE : Étude qualitative par entretiens individuels semi-dirigés auprès d’enfants de 6 à
18 ans de médecins généralistes et spécialistes, enregistrés, anonymisés puis retranscrits
intégralement pour être analysés après codage ouvert manuel.
RÉSULTATS : Les 31 enfants interrogés sont principalement traités par leur parent,
généraliste ou spécialiste, homme ou femme, pour les pathologies bénignes, les vaccinations et
la délivrance de certificats médicaux. Les médecins extérieurs, choisis par le parent, assurent
les examens systématiques et gèrent les affections graves. Les enfants garderaient
majoritairement leur prise en charge médicale actuelle, quelle qu’elle soit.
DISCUSSION : Le suivi médical de l’enfant de médecin est particulier, avec la praticité de
consultations rapides au domicile et un sentiment de confiance et de fierté accrues envers le
parent médecin, mais parfois un manque de crédibilité, liés à la confusion des rôles. L’enfant
peut regretter des soins jugés minimalistes ou attentistes.
CONCLUSION : À défaut de définir une prise en charge idéale, chaque participant étant
satisfait de l’attitude de son parent, on ne peut que conseiller à ce dernier de donner la parole à
son enfant, pour ajuster et optimiser ses décisions médicales, celles-ci étant d’autant mieux
vécues que les enfants y participent.
MOTS CLÉS :
Enfants de médecins--Soins médicaux
Enfants de médecins--Psychologie
Relations médecin-patient
Parents et enfants